• @raspa Le sanglot du vieil homme blanc hétéro
    http://www.gqmagazine.fr/sexactu/articles/notallmen-parlons-en/54686
    (un peu de Pascal Bruckner pour napper le tout ? http://www.ina.fr/video/CPB83051688/l-homme-blanc-a-travers-le-monde-video.html
    Dans cette émission, il y a aussi une super intéressante interview d’André Brink sur sa condition d’écrivain blanc anti-apartheid en Afrique du Sud. Lui ne critiquait pas Pinochet « à 10 000 km de Santiago »)

    • @raspa : l’autobiographie d’André Brink s’appelle « Mes bifurcations ». Meilleur titre d’autobio pour quelqu’un avec un engagement militant ever.
      Regard à la fois critique et constructif sur son milieu d’origine, étapes de construction de sa pensée et de son action politique, sans tomber dans une vision type « destin » ou « sauveur blanc ». Ça se lit bien, France Culture l’a aussi merveilleusement mis en feuilleton (lecture d’extraits).

    • « Si on ne peut plus nommer le groupe dominant, on ne peut pas se battre pour plus d’égalité. » J’aime bien cette phrase qui peut être appliquée à plein de situation.
      Sinon : les vieux hommes blancs sont-ils une classe « en-soi » ou « pour soi » ?

      (pas encore pu voir l’émission sur André Brink)

    • Etant donné les réactions #NotAllMen qui surgissent à chaque dénonciation féministe, et les petites magouilles et réactions outrées des politiciens/membres de CA de grandes entreprises/[note ici l’instance de pouvoir à laquelle tu penses] à chaque tentative d’instaurer plus de parité et de diversité de profils... j’aurai tendance à dire « classe pour soi »...

    • Pourtant... si le but du dominant est de perpétuer sa domination, il a tout intérêt à la rendre invisible, naturelle, à l’institutionnaliser. Et d’effacer aussi les classes, de nier leur existence. Le discours explicite (dans le cadre du patriarcat) n’est pas « les hommes ont gagné, ce sont les plus forts, soyons fiers d’être des hommes, des gagnants » mais plutôt « la société est très bien comme ça, tout le monde est heureux, il n’y a vraiment aucune raison de parler de rapports de force, d’ailleurs les femmes sont des hommes comme les autres (ou presque) ». La classe dominante devient hégémonique, crée un discours qui nie les rapports de domination entre classes, qui nie les classes... et donc cette classe dominante disparait ! Du moins dans le champ de vision de ses membres. Elle cesse d’être une classe « pour soi », elle devient « la norme, le point de référence » (on passe de « le masculin l’emporte sur le féminin » #rapportdeforce à « le masculin est le neutre » #hégémonie). Les réactions #notallmen consistent à ramener le problème au niveau des comportements individuels ("je ne me comporte pas comme ça, donc je ne suis pas un dominant"), ne pas reconnaître (ou comprendre) les rapports de classe et comment celles-ci sont intériorisées, à quel point leur reproduction est inconsciente. Ces réactions, elles peuvent même être comprises comme des distanciations (maladroites) de la part de certains de ces hommes, du fait qu’ils ne se considèrent pas membre d’une classe masculine oppressive, et même qu’ils ne perçoivent pas l’existence des classes. Ce que je veux dire en fait, c’est que je pense que ces réactions que tu cites ne sont pas tant des « défense de classe » que l’expression du malaise devant un discours qui rompt totalement avec leur vision de la société. Ce n’est même pas le refus de se faire assigner à une classe d’oppresseur... c’est le refus de voir et de comprendre la société en matière de classe et d’oppression. Tu me disais toi-même « les hommes comme classe sociale ça a vraiment du mal à être intégré par les mecs ». Ceux qui défendent le système ne sont pas nécessairement conscient de défendre une classe, ils n’ont pas besoin d’en être conscients pour le défendre. Je pense que c’est un trait de l’hégémonie, du succès de la domination y compris sur les dominants. Et c’est ce qui explique que des dominés peuvent tout à fait se retrouver à défendre la domination, à la justifier, à nier leur oppression. Ce pavé est beaucoup trop long parce que je n’arrive plus à revenir à la ligne dans les commentaires, désolé.

    • Intéressant ce que tu dis, sur le fait que ce sont des réactions pour continuer à nier / ne pas conscientiser cette existence de classe (et même se détacher de la classe au-cas-où-elle-existerait. On n’est jamais trop prudent).
      En fait, dans mon commentaire, j’avais aussi très en tête ce que disent les Pincçon-Charlot dans « Riche, pourquoi pas toi ? » à propos des systèmes de défense des riches. Les non-riches font des manif, les riches dînent avec le Préfet ou la nièce du ministre, prennent rendez-vous avec le conseiller machin... Et c’est pas clair si ce sont des réactions motivées par une défense de classe (avec donc une vraie conscience de classe « pour soi ») ou par une défense de son « mode de vie », de ses « valeurs » (donc sans cette conscience de classe vraiment franche). Probablement que comme souvent, ça dépend des gens.
      Mais sans doute que ce parallèle est foireux, que les riches ont une conscience plus forte d’appartenir à un même groupe social comparativement au groupe « hommes ». D’autant que comme tu dis, le discours de rapport de force est totalement gommé, avec le mythe de l’égalité déjà là, voire que les femmes ont pris le pouvoir...
      Il n’y aurai alors que chez les hommes pro-féministes ayant travaillé la question et chez les masculinistes militants qu’il y aurait cette vision de classe, avec une « classe pour soi » bien affirmée chez les mascu...
      (un jour il faudra quand même qu’on aille se coltiner un peu sérieusement ces définitions « en soi » et « pour soi », plutôt que de blablater à partir de la définition tirée de mon lointain passé d’étudiante que j’ai pu t’en donner !)

      (et « entrée », ça marche bien pour les retours ou saut de ligne chez moi)