• Entre « pire » et « moindre mal » ? Le tandem Le Pen-Macron, ou comment être piégé entre deux variantes du bonapartisme, Emmanuel Barot
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    ... ces phénomènes, de même que les évolutions des régimes, sont incompréhensibles sans la prise en compte des rapports de classes qu’ils reflètent, fût-ce, à l’image d’une élection, de façon indirecte ou détournée, en bref comme des miroirs déformants : sans cela aucune politique révolutionnaire conséquente n’est possible. Et il se trouve que ces divergences, stratégiques et potentiellement idéologiques au sein du FN sur tel ou tel point, sont indissociables des contradictions du bloc électoral sur lequel le FN tente de s’appuyer pour gagner. Comme le rappelle Juan Chingo dans un article récent, « le bloc lepéniste est un agrégat électoral formé par des secteurs sociaux disparates, parfois opposés entre eux d’un point de vue politique, comme dans le cas des secteurs ouvriers ou de petits commerçants, dont l’orientation est hétérogène par rapport à des questions comme le rôle de l’Etat et des services publics, la question du profit des entreprises et du monde de l’entreprise en tant que tel. Il s’agit là de contradictions sociales et économiques profondes que personne ne sait réellement comment contenir au cas où le FN venait à arriver au pouvoir. »

    La nécessité de s’adresser à différentes catégories sociales lui impose de ne pas trancher de façon trop brutale quand des aspirations distinctes voire opposées émergent, de formuler dans ce cas des propositions ambiguës ou suffisamment générales, surtout si elles portent sur des sujets cardinaux, services publics, salaires, etc., de façon à ne pas cliver ou en évitant de rentrer dans la discussion sur les moyens concrets de les réaliser.

    A la différence, le fascisme historique, par exemple dans l’Allemagne des années 30, disposait d’une base sociale et électorale beaucoup plus homogène, constituée en grande partie des classes moyennes, qui composaient la moitié de la population nationale, ruinées par l’hyperinflation et le chômage de masse, dans un contexte où la bourgeoisie avait en face d’elle un mouvement ouvrier puissant, qui avait déjà fait chuter le kaiser, et, moyennant deux tentatives révolutionnaires, avait poussé la république de Weimar dans ses retranchements. Il devait être capable de répondre à la pression de cette petite-bourgeoisie, capitaliser son désespoir en la mettant en mouvement et en l’armant. Le fascisme fut le seul mouvement capable de structurer sa haine en l’orientant contre la classe ouvrière armes à la main.

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