• Parlons d’idées de suicide, par Thierry Marot (sur un horrible réseau social de milliardaire)

    (TRIGUEUR OUARNING : idées suicidaires, idéation morbide et autres joyeusetés folâtres. D’un autre côté, si vous avez besoin d’un avertissement avant de lire quoi que ce soit qui risque de nous percuter, vous devez aussi vous demander si vous ne contemplez pas un peu trop votre nombril).

    On peut sans doute trouver curieux de parler comme ça de sa dépression sur Facebook. Mais si je le fait, c’est parce que je pense qu’au delà d’un cas individuel - le mien en l’espèce -, cette affaire de dépression est, comment dire…intéressante. Pas la mienne, de dépression, qui serait plus intéressante que les autres, elle ne l’est pas, encore une fois on ne devient pas intéressant parce qu’on traverse un épisode de dépression. Ce qui est intéressant en revanche, c’est comprendre, chercher à comprendre. D’où ça vient, qu’est-ce qui y a aboutit, quel entonnoir de circonstances, de chocs, de traumas, de tristesses mal cicatrisées et de fantômes du passé et du présent se sont cristallisés dans cette rupture avec la “normalité”. Le processus et ce qu’on ressent avant pendant et espérons le après l’épisode, ça oui, ça vaut la peine d’écrire dessus et de l’exposer, je crois.
    Et donc malheureusement, l’idée d’en finir m’a traversé. C’est ça dont je parlais quand je disais hier que novembre et décembre ont été épouvantables : le désir morbide qui se fait jour, s’incruste et entame son travail de sape, aidé en cela par les incessantes ruminations tourbillonnantes et obsédantes qui sont le quotidien du déprimé. Et ces ruminations rendent fous. Elles détachent du réel, elles fragmentent, elles fracturent, morceaux par morceaux, tout ce qu’on croyait être soi. Ne reste…presque plus rien sinon la fascination de l’appel du néant.
    Vous savez ce qui se passe, quand on est au bord de faire une connerie ?

    Ce n’est pas du tout ce qui est décrit dans une certaine littérature “romantique” où l’on part se suicider dans la décision tragique, en en faisant des tonnes et en déclamant son dégoût du monde. Esthétisation assez dégoûtante, d’ailleurs, on parle là d’une maladie et pas d’un caprice, mais nous avons lu René Girard et nous savons que le romantisme est un mensonge réactionnaire, donc non, ce n’est pas comme ça que ça se passe.
    On flotte.
    Il finit par se passer un petit “ploc” dans la tête, et on se retrouve à flotter à deux centimètres du sol. On a perdu contact avec le réel et on est dans un état de délire, il n y a pas d’autre mot. Pas nécessairement un délire extravagant, d’ailleurs, avec cris et trucs qui se cassent. Mais c’est un état de délire où ce qui était jusque-là réel est temporairement suspendu.

    C’est là, quand on est à deux centimètres du sol, que c’est dangereux. C’est dans ce moment qu’on peut passer à l’acte. En finir, qui juste avant était encore une idée horrible qu’on rejetait, devient une solution non seulement viable mais pire : évidente.
    C’est d’ailleurs à ce moment que si vous voyez quelqu’un qui jusque là était dans une grande tristesse, depuis longtemps, et qui passait son temps à se plaindre et à vous hurler dessus - le déprimé est en colère, il n’a juste pas les moyens de la diriger sur les bonnes personnes - devenir tout d’un coup presque calme, avec l’air d’être “un peu ailleurs” : faites gaffe et surveillez cette personne de vraiment près. Elle flotte. Là, à ce moment, elle peut vraiment faire une connerie.
    Mais l’instinct de vie est puissant. Très puissant, il vous ramène de force dans le réel, et en reposant les pieds au sol, on s’ébroue, on cligne des yeux et on se demande où on était passé pendant ces quelques minutes étranges et dangereuses.

    Vouloir mourir, se donner la mort, c’est devenir à la fois juge, procureur et accusé. Il y a aussi la partie avocat, mais dans la dépression c’est un avocat timide et timoré qui ne pèse pas lourd face à la férocité de l’accusation et le jugement implacable. Et ce qui frappe, et c’est me rendre compte de ce que je vais dire qui m’a aidé à sortir de ces vilaines idées, c’est la disproportion ridicule entre les fautes dont je m’accusais moi-même, et la sanction. La mort, bigre, rien moins. Mais pour…quoi ? Quels crimes à ce point hideux et impardonnables aurais-je donc commis ? Ai-je tué ? Ai-je violé ? Suis-je responsable d’un accident mortel, est-ce que j’ai pris des décisions qui ont eu des conséquences tragiques pour d’autres, ou insisté pour faire tourner un réacteur nucléaire russe jusqu’à explosion, ou bombardé un orphelinat au napalm, que sais-je ?? Même pas. La vraie raison ? Vous voulez vraiment savoir ? C’est embarrassant.
    Vouloir mourir parce qu’on est pas à la hauteur de l’idée qu’on se fait de soi-même.
    Oui, sur ce coup là, je ne suis pas très fier de moi.
    (J’ai finalement dans ma vie assez peu de choses à me reprocher, mon dernier crime en date est d’avoir tardé à remplir ma déclaration Urssaf. L’administration est certes de plus en plus exigeante, mais je crois que ça ne mérite pas la mort. Je crois, hein).

    Alors, tous les trucs, la vie m’a appelée, ou la vie est fantastique, elle vaut la peine blablabla, je n’y crois pas. Actuellement, ma vie n’est pas fantastique. Elle a une drôle de tronche, et je ne suis pas très sûr de vraiment l’apprécier, pour être honnête.
    Mais bon. C’est celle que j’ai.
    La seule vraie question, désormais, est : quoi faire d’elle pour la suite.
    Et ça en revanche, j’ai quand même un peu l’espoir que ça va être intéressant.
    (Merci d’avoir lu jusqu’au bout).

  • Covid-19: 25 soldats espagnols testés positifs à Dakar rapatriés
    https://www.seneweb.com/news/Sante/covid-19-25-soldats-espagnols-testes-pos_n_326459.html

    Le ministère espagnol de la Défense a rapatrié 25 soldats de l’armée de l’air déployés à Dakar, après avoir été testés positifs à la Covid-19. Ces derniers ont commencé à présenter des symptômes de la maladie, c’est ainsi qu’ils ont subi des tests Pcr. Des diagnostics à l’issue desquels, il a été constaté que 25 d’entre eux étaient infectés, bien qu’asymptomatiques, rapporte elespanol.com visité par Seneweb

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#espagne#militaire#sante#depistage#raptriemen

  • Over 100 Immigrants From Ethiopia to Land in Israel Thursday - Haaretz
    Their arrival comes days after the swearing in as immigration minister of Pnina Tamano-Shata, the first Ethiopian-born member of the Israeli cabinet

    With Israel loosening its coronavirus-related restrictions, 119 immigrants from Ethiopia are scheduled to arrive in the country on Thursday. This is the second group of Falashmura – descendants of the Ethiopian Jewish community forced to convert to Christianity in the late 19th and early 20th centuries – to land in Israel since the outbreak of the pandemic.

    #Covid-19#migrant#migration#raptriement#afrique#moyenorient#santé

    https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-over-100-immigrants-from-ethiopia-to-land-in-israel-thursday-1.885

    • Aujourd’hui nous sommes partis à deux avocats, mari et femme, avec en poche nos attestations et nos convocations pour assister deux de nos détenus convoqués devant le juge des libertés et de la détention. Tout allait bien, il faisait beau, les familles nous avaient donné des promesses d’embauche et des attestations d’hébergement qui les faisaient espérer la liberté de leur mari, leur fils. Nous, de notre côté, chemin faisant, nous ferraillions dans la voiture pour affûter nos arguments respectifs. Nous sommes entrés dans un tribunal vide… Puis dans une salle d’audience vide… Et dressés comme nous le sommes à être au garde-à-vous selon le bon vouloir des magistrats, nous avons attendu… Et à un moment un de nos portables a sonné et un greffier nous a dit : « Euh, Maître, euh, on descend pas, y’a pas de débat, vous pouvez rentrer chez vous, z’avez vu la circulaire, toutes les détentions sont prolongées AU-TO-MA-TI-QUE-MENT. »

      En matière pénale, la loi et rien que la loi (pas une circulaire d’interprétation d’une ministre, une bafouille de la directrice des grâces à l’adresse des magistrats ou une décision de ma concierge) fixe les peines encourues pour les crimes et les délits. De même, la loi et rien que la loi, fixe les délais maximums de détention provisoire. En outre, tous les quatre mois en matière correctionnelle, tous les ans en matière criminelle, un détenu a le droit de voir son juge qui décidera si, oui ou non, les conditions sont réunies pour que soit mis fin à sa détention provisoire.

      Evidemment, avec le Covid, du fait du ralentissement de la chaîne pénale et des délais qui pètent, faudrait tout de même pas que les taulards s’égaillent dans la nature. Ainsi, l’ordonnance du 26 mars 2020 dans son article 16, est venue prolonger les délais maximums de détention provisoire de trois à six mois selon la gravité des infractions. Bon, nous avocats, on ne trouve pas ça cool : n’oublions pas que nous sommes champions d’Europe avec la Roumanie du taux de détention provisoire ; un tiers des détenus de nos prisons quand même. Tout ça ne va pas nous aider à faire baisser ces chiffres, mais bon, on comprend, y’a l’Covid.

      Les détentions provisoires, donc, peuvent désormais durer plus longtemps. Mais cela ne change rien au fait que le juge des libertés et de la détention, selon le rythme prévu par la loi, puisse statuer lors d’un débat contradictoire sur la prolongation ou non du mandat de dépôt. Voilà pourquoi nous, avocats, nous sommes venus au tribunal !

      Mais non, Nicole Belloubet, dans sa circulaire d’interprétation de l’ordonnance suivie par son séide Catherine Pignon (directrice des affaires criminelles et des grâces) dans sa bafouille « personnelle et confidentielle » à l’adresse des magistrats, ont décidé péremptoirement qu’en fait, TOUTES les détentions provisoires étaient « de plein droit » prolongées.

      Garder le plus de monde possible en détention
      Comprenons bien : d’un claquement de doigts, une circulaire vient de prolonger le titre de détention de 21 000 détenus . Exit les juges, exit les avocats, exit les audiences, exit tout ! La ministre sucre le droit acquis de tout détenu de voir sa situation réexaminée lors d’un débat permettant à son avocat de le sortir éventuellement au terme de son mandat de dépôt de l’enfer que seront dans quelques jours les prisons. C’est ça la réponse qu’a trouvé la chancellerie à la crise du Covid-19 : garder le plus de monde possible en détention. Cette circulaire viole une quantité incroyable de libertés fondamentales : le droit d’assurer de manière effective sa défense devant un juge, le droit d’assister à son procès, la présomption d’innocence, le droit à un procès équitable pour ne parler que de ceux-là…

      Dites-nous, Nicole, comment on va pouvoir expliquer un truc pareil aux familles : « Madame, pour une bonne administration de la justice, alors qu’il n’a plus le droit de cantiner, qu’il n’a plus le droit aux visites, on va garder votre mari, votre fils… un peu plus longtemps en prison sans qu’un juge le décide et sans que je puisse plaider… Pourquoi ? Ben, parce que c’est comme ça maintenant » ? Comment on va pouvoir leur expliquer ça, hein ? Et dans quelques jours on va effrayer le bon peuple de France avec des images de mutineries sur les toits des maisons d’arrêt.

      Hannelore Cayre, avocate pénaliste au barreau de Paris

      #rapt_de_masse #justice #détention #prison

  • Evadé de l’enfer !

    ‘’Halte !’’ Une voix sortie de nulle part dans l‘obscurité de la mer, nous ordonne de nous arrêter. C’est parti pour un deuxième emprisonnement.
    Pourtant, je croyais avoir fini avec les mauvaises surprises et que l’Eldorado me souriait enfin sur les rives libyennes ; point de départ d’un avenir meilleur.
    Hélas ! Non ! Entre #abus_financiers au niveau des postes de contrôle, #séquestrations, #rapts et #raquettes des passeurs et des groupuscules armés, #rétention et #refoulement des migrants, la migration est un véritable #parcours_de_combattants.
    Je m’appelle S. Zoumana, je suis malien issu d’une famille de trois enfants dont je suis le seul garçon. J’ai 18 ans. Il y’a deux ans, j’ai fait le vent du désert sans m’y être préparé.
    En Libye, dans une geôle de centaines de personnes, toutes nationalités africaines confondues, je vois mon #rêve se brisait ; un Paradis perdu. Quatre mois dans ce #taudis, nous sommes nourris qu’une seule fois par jour et dans une insalubre promiscuité, ont suffi pour attraper cette maladie qui me ronge à petit feu et que je combatte chaque jour.
    Nous devions nous évader de cet endroit et quand plus tard, enfin je décidais de rentrer à la maison, le chemin de retour semblait infernal. C’est à la fois aussi indigne que la montée. En voulant juste traverser la zone algérienne pour le #Mali, nous sommes interpellés, persécutés et livrés par la Police algérienne dans les profondeurs du #désert sans aide humanitaire. Dans ces lots de migrants refoulés y regroupent des femmes enceintes, des enfants, des malades physiques et mentaux. Tous à la merci des rebelles sans cœur qui ont barricadé la route avec de nombreuses postes de transit où l’argent, les portables et même les habits sont monnaie de passage. J’étais vraiment mal en point et je ne croyais pas tenir bon jusqu’à Gao.
    Une fois à la Maison du migrant, je fus administré à l’hôpital. Cela fait plus d’un mois que mon corps est persécuté par les aiguilles de piqûres, de transfusion ou de perfusion. Entre multiples analyses, le médecin soupçonne tantôt une #tuberculose dont les tests de crachats démontent, tantôt une #anémie. En vingt jours, j’ai fondu de 10kg. Pour autant les repas sont riches et variés, pour autant la #maladie gagne du terrain. Je perds espoir !
    Par le biais du centre, j’ai pu entrer en contact avec mon père, lui médecin à l’hôpital à Bamako. En commun accord avec le médecin chef de l’hôpital et du CICR, il a sollicité mon #évacuation sur #Bamako, afin que je puisse bénéficier d’un bon suivi médical et du soutien familial. Hélas le périple continue. A ma grande surprise, j’apprends que le CICR ne déploie leur vol sur Bamako que pour des blessés de guerre et vu les conditions d’insécurité l’hôpital ne compte pas mettre en route leur dernière ambulance. Dès lors, avec la dégradation de la route et l’insécurité sur l’axe #Gao-Bamako qui ont occasionné un détour par #Niamey#Ouagadougou#Bamako, la #Maison_du_migrant prévoit au cours de la semaine, avec le suivi d’un médecin de l’hôpital mettre en disposition un véhicule pour mon voyage. Je prie le Bon Dieu que mon corps puisse résister le trajet et qu’enfin je puisse me rétablir à côté de mes aimés.
    Si par malchance tu viens d’un pays où les questions primaires de #santé et d’#éducation sont mal évaluées par les décideurs comment voudriez-vous que l’immigration s’arrête ?
    Comment pouvons-nous ne pas aspirer à une meilleure vie où les conditions d’un avenir meilleur seront garanties ?
    Telles sont les questions que je me pose sur mon lit de souffrance après deux ans de combat.

    S. Zoumana

    #récit #parcours_migratoire #itinéraire_migratoire #migrations #asile #réfugiés #migrants_maliens #Libye #Algérie #santé

    Reçu via la mailing-list de Migreurop, le 24 juillet 2018. Envoyé par Eric Alain Kamdem de la Maison du migrant de Gao.

    @sinehebdo, voici un autre #mot
    « j’ai fait le vent du désert sans m’y être préparé. »
    –-> #faire_le_vent_du_désert
    #terminologie #vocabulaire

  • Intel aurait-il utilisé Minix 3 s’il était sous GPL ? Le créateur de Minix se dit déçu de ne pas avoir été informé de l’utilisation de son OS

    https://www.developpez.com/actu/171796/Intel-aurait-il-utilise-Minix-3-s-il-etait-sous-GPL-Le-createur-de-Minix

    Retournant quelques années en arrière, Andrew Tanenbaum raconte qu’il se doutait qu’Intel avait un intérêt pour MINIX 3. Des ingénieurs de l’entreprise l’ont en effet contacté au sujet d’un « projet interne secret » et lui ont posé un grand nombre de questions techniques sur MINIX 3 ; des questions auxquelles il dit qu’il était heureux de répondre. Ensuite, les ingénieurs d’Intel ont commencé à lui demander d’apporter plusieurs modifications à MINIX 3, « par exemple, réduire la taille de la mémoire et ajouter des ifdefs dans certaines parties du code, afin qu’elles puissent être désactivées statiquement en définissant des drapeaux dans le fichier de configuration principal », dit-il. Pour information, un ifdef est une directive de compilation conditionnelle pour le préprocesseur qui permet de sélectionner certains bouts de code lorsque certaines conditions sont remplies.

    D’après le créateur de Minix, ces modifications ont permis de réduire encore plus l’empreinte mémoire en désactivant de manière sélective un certain nombre de fonctionnalités qui ne sont pas toujours nécessaires, telles que le support de virgule flottante. Cela a également rendu le système encore plus modulaire, bien qu’il l’était déjà.

    « Un autre indice [montrant qu’Intel était intéressé par l’OS] était la discussion sur la licence », poursuit-il. « J’ai (implicitement) compris que le fait que MINIX 3 utilise la licence Berkeley était très important. J’ai déjà été confronté à cette situation lorsque des entreprises m’ont dit qu’elles détestaient la GPL parce qu’elles ne voulaient pas dépenser beaucoup de temps, d’énergie et d’argent pour modifier un bout de code, et être ensuite obligées de le donner à leurs concurrents gratuitement. Ces discussions ont été la raison pour laquelle nous avons mis MINIX 3 sous licence Berkeley en 2000. »

  • « Chez nous » : #Lucas_Belvaux filme le #Front_national
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/230217/chez-nous-lucas-belvaux-filme-le-front-national

    Sortie en salle de Chez nous, dans lequel le cinéaste Lucas Belvaux transforme le Front national en Rassemblement national populaire et #Marine_Le_Pen en Agnès Dorgelle. Moins un film sur le parti d’extrême droite que sur l’extrémisme comme langage diffus, et d’autant plus nocif.

    #Culture-Idées #38_Témoins #André_Dussollier #Catherine_Jacob #Cinéma #Emilie_Dequenne #Guillaume_Gouix #Pas_son_genre #rapt

  • Et si l’ère post-travail était en fait promise à un âge d’or ?
    http://www.rslnmag.fr/post/2014/05/30/Et-si-lere-post-travail-etait-en-fait-promise-a-un-age-dor-.aspx

    Dans un monde du travail envahi par les robots, la majorité des êtres humain n’aura-t-elle bientôt plus besoin de travailler ? Loin des utopies techno-béates, les représentations d’un tel futur tiennent plutôt, généralement, du bonheur impossible cher aux dystopies. Pourtant, est-il si inimaginable de prévoir cet avenir dans sa version heureuse ?

    #Automatisation #Chômage #Emploi #Prospective #Robotisation #Silicon_Valley #Travail #Économie_de_la_contribution

    • Oui, parce que les proprios des robots veulent garder toute la richesse produite pour eux seuls, parce qu’ils pensent aussi que c’est la meilleure solution pour réduire la concurrence sur les ressources naturelles : plus besoin de prolos, ils peuvent donc crever en masse et laisser les survivants profiter à fond de de tout le reste. En gros, cette évolution pourrait effectivement être une évolution d’émancipation, mais je pense qu’elle est prévue comme une évolution d’anéantissement.
      #surnuméraires

    • @koldobika Après avoir lu la réflexion de @monolecte on pourrait être tenté de croire que c’est parce que la pénurie n’aura pas lieu - pas pour ceux qui profiteront pleinement du progrès.

      Je pense que c’est plutôt un symptôme de la sclérose de l’état démocratique moderne :
      Tout le monde en a conscience mais il est impossible d’y remédier parce ce qu’on est obligé à faire des compromis avec les forces destructives. Ça s’appelle pluralisme : tant que tu ne portes pas de croix gammée ou le drapeau rouge révolutionnaire on t’accepte et ta position sera pris en compte tant que tu saches attirer du monde par ta propagande.

      Bien sûr il y aussi des situations où ces forces exercent ouvertement leur pouvoir : quand le gouvernement Merkel fait arrêter le développement de la production locale d’énergie solaire et du vent au profit des grands producteurs ou quand Kofi Annan appelle en vain pour une action concertée contre la catastrophe climatique, la position de @monolecte devient plausible.

      Lors ce qu’on tourne le regard vers les Etats Unis où sévissent les sectes évangélicales avec leur fucking rapture on comprend que les contrées de la raison ne s’étendent pas sur toute la planète, qu’il faut accepter que ces forces destructives existent vraiment et qu’elles jouent un rôle important partout. L’enlèvement risque d’avoir lieu, mais il n’aura rien de spirituel.

      Les alternatives se dessinnent de plus en plus clairement. On se souvient de socialisme ou barbarie , c’est un vieux truc français des années 1950. A l’époque il c’était encore d’une dichotomie alors qu’aujourd’hui il s’agit d’alternatives concrètes.

      Le révolutionnaire Ernest Mandel a identifié ce changement de paradigme après la recupération du territoire de la #DDR défunte par le #capitalisme de l’ouest.
      https://www.npa2009.org/content/une-biographie-syst%C3%A9matique-d%E2%80%99ernest-mandel-par-michael-l%C3%B

      Pendant ses dernières années, Mandel avait remplacé le dilemme classique « socialisme ou barbarie » par celui, apocalyptique, de « socialisme ou mort » ; le capitalisme nous conduit, insistait-t-il, à la destruction de l’humanité par la guerre nucléaire ou par la destruction écologique.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_Mandel
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Socialisme_ou_barbarie

      #rapture #enlevement #entrückung #socialisme_ou_barbarie

    • ça me fait penser aux trois scénarios d’Hervé Kempf
      http://www.reporterre.net/spip.php?article2102

      - Dans le scénario oligarchique, la classe dirigeante refuse la logique de la situation, et continue de proclamer la nécessité d’augmenter l’abondance matérielle par la croissance du PIB. Malgré un effort d’amélioration de l’efficacité énergétique – qui sera nécessaire dans tous les scénarios -, cette politique entraîne l’aggravation de la crise écologique et l’augmentation des prix de l’énergie, d’où un blocage de la croissance entraînant des frustrations d’autant plus grandes qu’une très forte inégalité perdure. Ces frustrations suscitent une montée des tensions sociales que l’oligarchie tente de détourner en stigmatisant les immigrants et les délinquants. Elle renforce l’appareil policier, ce qui lui permet au passage de réprimer les mouvements sociaux. De surcroît, la compétition mondiale pour les ressources et la dispute quant à la responsabilité de la crise planétaire enveniment les relations internationales, ce qui alimente le moulin sécuritaire et nationaliste. Le régime oligarchique, au départ encore respectueux des formes extérieures de la démocratie, les abolit progressivement.

      – Dans le scénario de gauche croissanciste, les dirigeants s’obstinent à chercher la croissance du revenu moyen, en corrigeant cependant l’inégalité sociale, à la marge pour ne pas heurter les « élites économiques ». Les tensions intérieures aux pays occidentaux sont certes moins fortes que dans le scénario oligarchique, mais le poids de la crise écologique et les tensions internationales restent tout aussi accablantes, générant rapidement les mêmes effets de frustration et de conflit. L’oligarchie, ou sa fraction la plus réactionnaire, harcèle les dirigeants en s’appuyant sur l’extrême-droite. Il faut alors choisir, si cela est encore possible, une franche rupture avec le croissancisme, ou être entrainé dans la débâcle.

      – Dans le scénario écologiste, les dirigeants convainquent les citoyens que la crise écologique détermine l’avenir proche. Remettant explicitement en cause la démesure de la consommation matérielle, la politique économique réoriente une part de l’activité collective vers les occupations à moindre impact écologique et à plus grande utilité sociale – l’agriculture, l’éducation, la maîtrise de l’énergie, la santé, la culture… La création d’emplois ainsi permise rend populaire cette politique, permettant d’engager ouvertement la lutte contre les privilèges de l’oligarchie : le système financier est socialisé et les inégalités sont drastiquement réduites. Cela rend possible de transformer le modèle culturel de prestige que définissent les plus aisés. De plus, la réduction des inégalités atteste que le mouvement vers la moindre consommation matérielle est partagé par tous, ce qui le rend supportable. Enfin, elle signifie que la société reprend la part de la richesse collective que s’est appropriée l’oligarchie depuis les années 1980 - près de 10 % du PIB. Ces ressources servent à améliorer le niveau de vie des plus pauvres et à investir dans les nouvelles activités écologiques et sociales. Sur le plan international, les relations sont pacifiées, parce qu’il est aisé de plaider pour une orientation écologique des politiques. La confiance mutuelle l’emporte, les dépenses militaires reculent, la crise écologique est évitée, les jeunes générations peuvent prendre en main le monde nouveau.

      Ce tableau appelle plusieurs remarques. Sur le fond, il signifie qu’il nous faut reconquérir la démocratie dans un contexte mental radicalement différent de celui dans lequel elle s’est développée. Durant les XIXe et XXe siècle, elle a grandi et convaincu parce qu’elle était une promesse d’amélioration du sort du plus grand nombre, promesse qu’elle a accomplie, en association avec le capitalisme. Aujourd’hui, le capitalisme délaisse la démocratie, et il nous faut la revigorer en annonçant un bien-être, un « bien vivre », fondamentalement autre que celui qu’il fait briller. Qui, d’abord, évitera la dégradation chaotique de la société. Qui, ensuite, ne sera plus fondé sur les séductions de l’objet, mais sur la modération illuminée par un lien social renouvelé. Il nous faut inventer une démocratie sans croissance.

    • @monolecte :

      [...] plus besoin de prolos, ils peuvent donc crever en masse et laisser les survivants profiter à fond de de tout le reste.

      Besoin encore de consommateurs pourtant. Et pour deux raisons : consommer bien sûr mais aussi produire les données que les robots exploiteront.

      On a déjà des robots qui nous libèrent massivement du travail : on a donc inventé la société du #chômage à la place de celle des #loisirs tant espérée.

      Vrai... Le déficit intellectuel est patent.

      @koldobika :

      Je comprends toujours pas comment dans ces scénarios ils ne tiennent pas compte de la pénurie énergétique à venir, ni de la pénurie de métaux rares nécessaires à la construction de tout matériel électronique.

      Oui... Mais je pense qu’il y a une sorte de fuite en avant technologique, par exemple vers les promesses que peut faire le graphène entre autre :
      http://seenthis.net/tag/graph%C3%A8ne
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Graph%C3%A8ne

      Soyons clair, ce qui est intéressant dans cet article inintéressant, c’est que les questions qu’amènent les bouleversements technologiques de la Silicon Valley (pour faire simple), ne sont pensées que par les hommes de la Silicon Valley. Il y a un aveuglement total du reste du monde politique et intellectuel, et en particulier à gauche et encore plus particulièrement ici en Europe. Qui sont ceux qui nous alertent du monde à venir ? C’est donc Steve Jurvetson de DFJ, mais aussi Bill Gates de Microsoft http://www.gizmodo.fr/2014/03/17/bill-gates-robots.html :

      La substitution logicielle, qu’elle serve aux conducteurs, aux serveurs ou aux infirmières, évolue. Au fil du temps, la technologie va faire chuter la demande pour ces emplois, et plus particulièrement en ce qui concerne les emplois peu qualifiés. D’ici à 20 ans, la demande de main-d’œuvre pour beaucoup de secteurs sera très inférieure. Je ne pense pas que les gens l’établissent dans leur modèle mental.

      ou Éric Schmidt de Google http://meta-media.fr/2014/03/12/et-voici-lere-dot-com-des-robots-attention-danger.html :

      Je suis très inquiet là dessus. Toutes les données montrent que ça va empirer (…) pour moi, c’est le sujet actuel le plus important pour les démocraties.

      etc.

      Aujourd’hui ce sont les premiers impliqués et les premiers responsables qui sont les plus inquiets. On croit rêver ! Et il ne fait aucun doute qu’ils vont apporter et proposer des « solutions ». Donc une chose est sure, nous y perdrons beaucoup à abandonner ces questions à ces gens.

    • Pour moi il y a d’autres sujets aussi pertinents que la raréfaction des ressources lorsqu’on évoque « La fin du travail (grâce à ou à cause de la robotisation) », à savoir :
      – l’exploitation humaine (femmes et enfants des pays pauvres compris) et l’esclavage moderne (allez, disons pour 99% des « travailleurs » de la planète !)
      – l’épanouissement individuel

      Je pense simplement qu’une version heureuse du #post-travail devrait avoir comme but de limiter au maximum l’exploitation humaine et d’offrir à chacun un peu plus de temps libre pour son propre équilibre et épanouissement, et cela de manière égalitaire - sachant bien évidemment que de l’autre côté, l’ère de la fin-pétrole a ses propres exigences, notamment en main d’oeuvre.

    • J’aurais donc tendance à dire, que le fait que chacun ait à retrousser ses manches pour créer les conditions de sa subsitance, n’a réellement rien à voir avec le fait d’être exploité dans son travail ou d’être obligé d’occuper des emplois contre-productifs pour la société (des emplois de merde par exemple, ou des emplois parasitaires).

    • Le truc, c’est justement de limiter le nombre de convives à table, pas de garantir à chacun son rond de serviette, on se retrouve avec @aude_v.
      L’élimination des surnuméraires a déjà commencé, même si cela se voit plus dans le sud que dans le nord : on fait de la simple survie une question d’argent et on retire l’argent. Rien de plus démonstratif que cela.

      Dans le sud, c’est donc l’accès à l’éducation et aux soins de base, ce genre de choses : personne ne veut payer les 2€ qui suffisent à sauver un enfant du palu. Mais la taille de l’économie informelle permet d’absorber le reste... pour l’instant, tant bien que mal, avec un très beau ratio de pertes, ce qui ne va pas être le cas du nord, comme vous avez pu le remarquer.

      Dans nos villes impossible de manger ou de boire et même de chier sans argent. Il n’existe tout simplement plus d’espace démarchandisés, sauf illégaux. Il suffit de voir avec quelle ardeur on pourchasse les clandos et les SDF qui tentent de se bricoler des abris de fortune : circulez, circulez, sans jamais vous reposer. Vous avez la liberté de circuler, pas celle de vous arrêter. Pour nous qui ne faisons que traverser l’espace public à petits pas pressés pour aller d’un lieu privé à un autre, il n’y a là rien à voir, ressentir ou comprendre. Mais trouve-toi sans destination dans nos grandes cités riches...

      Dans les cambrousses, ce n’est pas mieux : il n’existe en fait pratiquement plus d’autres espaces publics que les routes... où il faut circuler. Tout le reste est proprement délimité, grillagé, clôturé... chaque fois que je dois pisser dans un espace rural, c’est la galère : pas un chemin qui ne soit privé, pas un bosquet qui ne planque pas une maison, une exploitation agricole.

      Il n’existe aucun espace démonétisé.
      Ensuite, l’équation est simple : pour les prolétaires, la seule manière d’avoir accès à l’eau, l’abri, la nourriture, les soins, l’énergie, c’est l’argent. Cherchez de l’eau gratuite, vous verrez. La seule manière d’avoir de l’argent, c’est de travailler. Priver les prolétaires de travail et vous tenez entre les mains leur droit à vivre. Coupez les subsides et les surnuméraires devront se battre entre eux pour survivre une journée de plus. Darwin fera le job !

    • C’est marrant :

      Il ne s’agirait donc pas de rentrer dans une course contre les machines - mais d’inventer de nouvelles façons de travailler avec elles et redéfinir les conditions de vie pour les « humains obsolètes ». Et plus encore, d’agir par la loi pour transformer le système en profondeur : repenser en fonction de ce scénario l’éducation, l’entrepreneuriat et la politique fiscale

      comment tourner délibérément autour du grand tabou en l’évitant soigneusement ? Le noeud essentiel ça s’appelle « redistribution des richesses », et nul ne l’évoque. C’est la seule mécanique à laquelle on n’ose pas toucher dans ce monde où tout doit changer tout le temps, le seul archaïsme toujours rutilant..

      Parler de fiscalité y fait allusion, mais la fiscalité sera toujours un cataplasme de #charité si le fonctionnement capitaliste moyenâgeux pourvoyeur de rentes, de privilèges de propriété et de droit à la spéculation prédatrice perdure.. Pour le reste, la technologie, c’est du gadget...

    • Ici, c’est la guerre des chemins : les gens s’approprient par extension les voiries publiques qui jouxtent leur sacro-sainte propriété et sortent la bave aux lèvres dès qu’on fait remarquer qu’il s’agit d’une confiscation de l’espace public. Et ce n’est rien face aux agriculteurs qui ont vite fait de passer un petit coup de charrue pour régler une servitude de passage qui gêne leur remembrement perso.
      Du coup, même randonner en cambrousse devient compliqué. Il faut pratiquement adhérer à une asso qui va négocier avec les riverains et agriculteurs des autorisations de passage à géométrie variable pour des accès qui devraient être publics.

    • Enfin, bref, c’est la misère et ça tient pas mal à notre liberté perdue de produire et d’échanger dans un cadre démocratique...

      @aude_v, tout à fait d’accord. Comme tu dis, il appartient aux gens (aux communautés d’habitants) de définir leurs besoins en terme de production et d’échange. Ce que défend initialement l’écologie politique, il me semble, c’est la liberté des communautés à décider par eux-mêmes, non ?

      J’avais tendance à voir dans l’expression « fin du travail », la « fin du travail esclave » et la nécessité de dépasser l’idéologie actuelle du travail.

    • @koldobika Les trois scénarios de Kempf ont déjà été testé implicitement dans le passé, alors on en connaît le résultat. Le modèle oligarchique a provoqué une destruction de la société par la guerre avec comme résultat une phase où le modèle écologique s’imposait pour faire place au modèle croissanciste une fois cette phase de réorganisation et d’accumulation de capital accomplie.

      La population de la ville de Berlin a augmenté jusqu’à 4,48 millions d’individus en 1942 suivi d’une chute brutale vers 3 millions en 1945/46 pour augmenter à nouveau jusqu’à environ 3,5 millions aujourd’hui.
      On peut se faire une idée de ces phases quand on regarde des photos du Tiergarten, l’immense parc du centre ville.

      Plan du parc de 1833 (la parte de Brandebourg à l’est se trouve en bas au centre)

      Panorama estival du Tierparten aujourd’hui

      Le parc transformé en potager après la famine de l’hiver 1945/46

      Photo aerienne permettant de situer les prises de vue
      https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/96/Berlin_Tiergarten_Siegess%25C3%25A4ule_Luftansicht.jpg

      Je crois que ça vaut la peine de s’engager pour empêcher ce cycle de trois phases de se répéter.

      #berlin #histoire

    • Comment limiter les prélèvements sur les ressources quand on observe aujourd’hui l’explosion mondiale du marché des tablettes numériques et des smartphones, alors que les entreprises de la « nouvelle économie » - particulièrement les entreprises de la Silicon Valley comme Google - et les opérateurs de téléphonie mobile, attendent 2 milliards d’abonnés à internet supplémentaires provenant des pays émergeants ou pauvres (inde, chine, etc) ?

      https://blog.mozilla.org/garykovacs/2013/02/bringing-the-worlds-next-2-billion-people-online

      Currently, less than a third of the world’s population are connected to the Internet. But two billion more people will come online in the next five years, primarily through mobile devices and in emerging markets. Every one of those two billion individuals has a unique voice, and an open system is necessary to help them find it.

      –-> traduction « Actuellement, moins d’1/3 de la population mondiale est connectée à l’internet. Mais 2 milliards d’habitants supplémentaires vont rejoindre le monde du Web dans les 5 prochaines années, principalement à travers des appareils mobiles et grâce aux nouvelles offres de marché. Chacune de ces personnes parmi ces 2 milliards est une unique voix, et un système ouvert est nécessaire pour les aider à la trouver. »

      Je pense qu’à l’ère numérique, l’accès à internet est un droit fondamental, et que chaque terrien doit pouvoir accéder et contribuer au monde de l’internet, d’une manière ou d’une autre. Internet me semble en effet un facteur important pour la démocratie. Mais dans un marché de 4 milliards de consommateurs connectés à internet - ça fait un peu bétail, mais bon - , je pense qu’il faudrait parvenir à optimiser l’usage de ces appareils, voire si c’est possible partager l’usage de ces appareils.

      #mozilla #firefoxos #sur-consommation

    • @aude_v, je pense que tu veux dire que la conscience environnementaliste (avec ses constats alarmistes) et celle qui observe la dégradation toujours plus poussée des conditions de vie ne suffiront pas, s’il n’y a pas de réelle volonté de changements des rapports humains : je pense que c’est pertinent de parler de nécessité de réciprocité dans les rapports humains, comme de parler de droits ET de devoirs. Il me semble que tu parles d’abord d’éthique dans les relations.

    • Et à l’échelle historique j’ai l’impression que ce déploiement d’internet sera une brève parenthèse, un feu de paille, par l’effet combiné de l’obsolescence programmée de ce matériel, de l’épuisement des métaux nécessaires à leur fabrication, et de la dé-démocratisation (d’internet, de la voiture, de l’avion) à mesure que le coût de l’énergie se fera sentir, combinée à un captage de richesses par une minorité.

    • Notre maître à penser sur Internet, c’était un gars qui avait écrit à la machine (merci le tipp-ex) et faxé son testament intellectuel, « La sortie du capitalisme a déjà commencé ». On y est pile, vous avez dû remarquer.

      http://kinoks.org/spip.php?article214

      Produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons est la voie royale de la sortie du marché. Elle nous permet de nous demander de quoi nous avons réellement besoin, en quantité et en qualité, et de redéfinir par concertation, compte tenu de l’environnement et des ressources à ménager, la norme du suffisant que l’économie de marché a tout fait pour abolir. L’autoréduction de la consommation, son autolimitation - le self-restraint - et la possibilité de recouvrer le pouvoir sur notre façon de vivre passent par là.

      Il est probable que les meilleurs exemples de pratiques alternatives en rupture avec le capitalisme nous viennent du Sud de la planète, si j’en juge d’après la création au Brésil, dans des favelas mais pas seulement, des « nouvelles coopératives » et des « pontos de cultura ». Claudio Prado, qui dirige le département de la « culture numérique » au ministère de la culture, déclarait récemment : « Le ’job’ est une espèce en voie d’extinction...

    • À propos de biens communs, ce week-end on a revu un couple de nos connaissances qu’on avait pas vu depuis un baille, et dans notre conversation on a parlé d’accès aux terrains mais aussi de leurs voyages en Europe de l’est. Et de mettre les deux en rapports était assez saisissant.

      En fait ces dernières années ils sont allés plusieurs fois vers la Bosnie et le Monténégro avec leur fille, en camionnette retapée. Et là-bas, partout où ils sont allés, les gens n’ont pas de travail ou très peu. Mais ça reste très rural y compris dans les grandes villes. Et les gens ont à peu près tous un toit, un bout de terrain, des légumes, des poules, des cochons. Régulièrement ce couple cherchait un endroit où garer leur véhicule pour dormir sans déranger, mais à chaque fois qu’ils demandaient à quelqu’un pour être poli, ils finissaient toujours par se faire inviter chez les gens, à manger, etc. Et le lendemain ils partaient avec une poche de légumes et de pains alors qu’ils n’avaient rien demandé. Les gens n’ont pas de travail mais ils arrivent à manger et même à offrir des choses aux gens de passage.

      Chez nous, on a encore un peu de travail, on a trois ordis par foyer, mais à moins de faire partie du haut du panier, on a aucun toit à nous, aucun terrain, aucun moyen de se nourrir sans argent et donc sans travail (ou sans voler).

      L’ère post-travail (au sens capitaliste) devra avoir une grande part de ruralité, sinon je ne vois pas comment on peut parler d’émancipation individuelle. Pour pouvoir être socialement progressiste, il ne faut pas être en train de se monter les uns sur les autres pour subvenir à nos besoins de base.

      À nous de travailler (hihi) pour que le fait de revenir en arrière matériellement sur certains points, ne signifie pas revenir à l’ensemble d’une époque passée avec ses mauvais côtés sociaux inégalitaires. L’Histoire (et donc y compris l’histoire des conditions matérielles d’existence) n’est pas linéaire.

    • Des fois je me dis que ça devrait pas être difficile de vivre bien. Si les terrains n’étaient pas à des prix prohibitifs, il y aurait moyen de se construire des habitats pour pas cher, et de produire une grosse partie de sa nourriture (ou en tout cas la partie qui coûte cher car gourmande en main d’œuvre) assez facilement. On y ajoute une énergie de chauffage performante (chaleur de décomposition, biogaz, poêles de masse qui prennent des brindilles), et finalement on a une base d’existence sécurisée. Après manque plus que de se mettre d’accord pour gérer le reste de manière sympa. Y aura moins d’entertainment , de gadgets, d’électricité, mais je pense que ça peut être une broutille pour la qualité de vie par rapport à des rues, places, etc aménagées pour que les gens y passent des moments agréables, à jouer au ballon, aux échecs ou aux dominos, à l’ombre des arbres, sans avoir peur qu’une voiture percute ses gosses.

      C’est mon utopie naïve à moi :)

    • L’ère post-travail (au sens capitaliste) devra avoir une grande part de ruralité, sinon je ne vois pas comment on peut parler d’émancipation individuelle. Pour pouvoir être socialement progressiste, il ne faut pas être en train de se monter les uns sur les autres pour subvenir à nos besoins de base.


      #démocratie #délibération #liberté
      Economie basée sur l’identification des besoins des habitants
      L’économie au service des habitants

  • "Cela est maintenant clair pour tous. Le problème des pays sous-développés, du contraste grandissant entre le monde prospère et repu des sociétés industrielles et l’univers famélique où se débat le reste de l’humanité, est un des deux ou trois grands problèmes capitaux de notre temps. En traiter, c’est soulever en chaîne une masse d’autres questions clés. Tout ce Tiers Monde, comme on dit, est hanté par le désir de s’aligner au plus tôt, du moins à certains égards, sur le monde industriel sous un de ses deux aspects ou avec un mélange des deux. Qu’est-ce que cela implique au juste ? Jusqu’où est-il nécessaire d’aller dans l’alignement pour atteindre cette enviable prospérité ? Faut-il aller jusqu’à sacrifier des valeurs particulièrement chéries, qui ont fait la particularité, l’individualité, l’identité des peuples en question ? Et si c’étaient ces valeurs justement qui avaient causé le retard à présent évident ? Ou certaines d’entre elles ?

    Le problème est débattu partout avec cette ardeur et cette passion que soulève seulement ce qui est réellement vital pour tous. Et en particulier dans cette très importante fraction des pays sous-développés que représente le monde musulman. Précisons : le monde où a dominé pendant les derniers siècles la religion musulmane. Car on ne saurait trop préciser, et l’unité de ce monde sur tous les plans est justement en question. Partout dans ces pays donc le débat se noue autour des notions clés : développement économique, socialisme, capitalisme, nation, Islam. Comment doivent être liés ces différents concepts ? La politique la plus immédiate, la plus pratique, la plus quotidienne requiert des éclaircissements et des solutions. Les gouvernants agissent, les idéologues et les politiciens présentent des programmes en fonction des réponses, implicites ou explicites, réfléchies ou passionnelles, théoriques ou pragmatiques qu’on apporte à la question.

    On rejoint vite d’ailleurs des problèmes qui débordent le temps présent, qui débouchent sur des débats plus théoriques et plus fondamentaux. Quels sont les liens, les rapports entre l’activité économique, l’activité politique, l’idéologie religieuse ou non, la tradition culturelle ? Ici les théories s’affrontent, philosophes, sociologues, savants entrent dans le jeu, proposent leurs thèses, inspirées en partie sans doute par les faits qu’ils étudient (ou qu’ils sont censés étudier !), mais aussi par les passions, les intérêts, les aspirations de leur milieu, par les formes de pensée que leur ont léguées leurs devanciers, parfois, et plus souvent qu’on ne pense, par le simple désir de briller dans quelque salon, quelque amphithéâtre ou quelque salle de réunion. Pourtant on peut y retrouver les mêmes orientations générales qui se sont toujours affrontées à propos de la compréhension des phénomènes de la société humaine.

    Ce livre est une contribution à l’éclaircissement de ces problèmes, orienté à la fois vers les phénomènes actuels et vers les grandes questions fondamentales. Je les ai abordées sous un angle particulier. Mais, à l’écrire, je me suis aperçu que tout était néanmoins mis en cause.

    Capitalisme et Islam. La question a été débattue à la fois par les musulmans et par les orientalistes, les économistes et les historiens européens. Peu de gratuité dans ce débat. Les musulmans, sous l’effet de la piété ou du nationalisme, ou des deux, tenaient à montrer que rien, dans leur tradition religieuse, ne s’opposait à l’adoption de méthodes économiques modernes et progressives ou encore que ladite tradition était orientée vers la justice économique et sociale. Certains savants européens sympathiques à l’Islam maintiennent aussi l’une ou l’autre de ces thèses. D’autres qui lui sont plutôt hostiles (et ils sont rejoints par un flot de publicistes dépourvus de toute science) veulent au contraire montrer que l’Islam, en interdisant à ses adeptes toute initiative économique progressive, voue ceux-ci à la stagnation, à moins que (version récente) il ne les prédispose fatalement à une alliance diabolique avec le communisme intrinsèquement pervers. D’où on peut tirer que ces peuples doivent être ardemment combattus dans l’intérêt du progrès de la civilisation en général. Toutes ces thèses, si contradictoires soient-elles, reposent, remarquons-le bien, sur la même présupposition implicite. Elles supposent que les hommes d’une époque et d’une région, que les sociétés obéissent strictement à une doctrine préalalble, constituée en dehors d’eux, en suivent les préceptes, s’imprègment de son esprit sans transformation essentielle, sans qu’ils l’adaptent à leurs conditions de vie et à leurs modes de pensée implicitement suggérés par celles-ci. Cette présupposition, dont les tenants de ces thèses n’ont même pas conscience en général, me paraît fausser toute la problématique de ce débat. Mais j’examinerai néanmoins leurs idées sans tenir compte de cette objection fondamentale puisque, aussi bien, elle ne sera pas admise par tous.

    Il n’est que quelques auteurs sérieux, en général d’inspiration
    marxiste, pour avoir posé la question d’une manière impartiale et en même temps conforme à une vue sociologique plus saine des rapports entre les doctrines idéologiques et les réalités sociales. Pourquoi, en vérité, le capitalisme a-t-il triomphé à l’époque moderne en Europe et pas (entre autres) dans les pays musulmans ? Mais aussi pourquoi le capillalisme européen a-t-il envahi si facilement le monde musulman ? Dans le passé et actuellement, l’Islam (ou au moins la tradition culturelle des pays musulmans) ont-ils favorisé ou favorisent-ils le capitalisme, le socialisme, une économie arriérée de type « féodal » ou œncore poussent-ils vers une tout autre voie, vers un système économique nouveau qui leur serait spécifique ? "

    [ Maxime_Rodinson , Islam et Capitalisme ]

    • D’un autre côté, la guerre en cours ne se limite pas à l’affrontement des pays riches contre les pays pauvres, puisqu’elle se fait aussi énormément en interne avec la paupérisation des classes moyennes dans les pays riches et l’indécente prospérité des classes privilégiées des pays pauvres.
      En gros, la seule opposition qui transcende toutes les autres, c’est le capital lui-même et la guerre des classes ne connait pas de frontières, précisément.

    • Ce n’est pas si compliqué : la guerre a lieu entre riches et pauvres, elle est internationale, et certains prétendent de l’avoir déjà gagnée. Qu’ils se détrompent.

      Après il y a la question si j’appartiens à telle classe paysanne, telle classe ouvrière ou si je suis un intello appauvri par ce que mes reportages de foot ou people sont maintenant écrits par des robots. On s’en balance. C’est une question tactique, idéologique, scientifique, trop abstraite qui me fait perdre du temps quand je mène un combat précis pour défendre mon existence contre les dérégulateurs qui mélangent #rapture et #disruption afin de créer le meilleur des mondes cryogénético-élitiste.

      C’est à en vomir, passons aux choses sérieuses.

      Concrètement la question d’appartenance à une classe peut servir afin de constater quels nouveaux alliés potentiels sont à gagner pour combattre dans nos rangs de défavorisés.

      Est-ce qu’une alliance est possible avec les petits bourgeois qui vivent encore de l’exploitation directe de ceux qu’ils emploient ? Est-ce qu’elle se justifie par la présence d’un ennemi commun qui met en danger notre modèle d’affaires précaire au point de ruiner le commerce de mon boss et de me plonger dans la misère totale alors que lui passera des jours tranquilles pour pas cher au bord de la méditerranée confortablement servi par ses esclaves grecques ?

      Oublions les questions trop morales et trop théoriques. Il faut choisir con camp et former les rangs pour relever le défi.

      Bon dimanche à vous tous ;-)

      #lutte_des_classes

    • Les « riches » et les « pauvres », c’est quoi, des catégories bibliques...? ;) Le génie de l’ouvrage de Rodinson, c’est à la fois de permettre le décentrement (sortir de l’ethnocentrisme occidental, dont l’évolutionnisme stalinien n’est qu’un des derniers avatars), tout en conservant l’essentiel, à savoir la lecture « matérialiste » de l’histoire comme méthode*... Car, n’en déplaise, il n’y a pas de voie royale pour l’émancipation (cela se saurait) ! *http://seen.li/143s

  • En #RDC, « recoller des morceaux de vies brisées »
    http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b49f88a0-1f24-11e3-813f-2dea9a637842/En_RDC_recoller_des_morceaux_de_vies_brisées

    Sœur Angélique est la lauréate de la distinction Nansen 2013 pour les #réfugiés. La religieuse congolaise vient en aide aux femmes victimes des sévices de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Elle recevra son prix des mains du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés le 30 septembre

    En dix ans, la religieuse congolaise a aidé plus de 2000 #femmes et jeunes filles déplacées, qui ont subi des atrocités perpétrées par des groupes armés dont la sanguinaire Armée de résistance du Seigneur (#LRA), l’une des guérillas les plus brutales du continent africain. Elle-même a dû fuir les rebelles qui s’approchaient de sa ville. C’était en 2009. « Il y avait des coups de feu partout ; les gens hurlaient, pleuraient. Nous nous sommes retirés dans la brousse, sans nourriture. Je n’ai heureusement pas subi moi-même de violences physiques car j’ai pu quitter ma maison à temps », témoigne-t-elle.

    #Viols, #mutilations, #rapts

    Pas elle. Mais des milliers d’autres. Viols, mutilations, #esclavage_sexuel, #enlèvements, #pillages, traumatismes font partie de son quotidien. Angélique Namaika est là pour soutenir ces femmes victimes de sévices et les aider à être de nouveau acceptées par leur communauté. Elles en sont souvent bannies parce qu’elles sont tombées enceintes de rebelles.

  • La tolérance pour la #polygamie illégale encourage le #rapt des filles
    http://ipsnouvelles.be/news.php?idnews=10976

    Le projet de loi prévoirait également l’imposition d’une amende aux prêtres islamiques qui béniraient des unions qui ne seraient pas préalablement enregistrées au niveau de l’État. Les dignitaires religieux (mollahs) jouent un rôle social crucial dans les villages en fournissant un prétexte religieux aux coûtumes que l’État considère comme étant tabou, particulièrement les rapts de futures mariées, une pratique traditionnelle datant de l’époque soviétique qui s’est perpétuée après l’indépendance du Kirghizistan.

    Cette pratique étant illégale, la plupart des mariages qui en résultent ne sont pas initialement enregistrés auprès de l’État. Cependant, les mollahs aident souvent à confirmer ces mariages forcés aux yeux des communautés locales en présidant tout de même les cérémonies de mariage islamique (« nikâh »).

    Le Code civil kirghize prohibe également la polygamie qui est sanctionnée par une peine de prison de deux ans. Cependant, cette pratique est très répandue parmi les hommes qui, financièrement, peuvent entretenir plus d’une épouse. Les mollahs peuvent également approuver une union polygame en célébrant le « nikâh »

    L’échec du projet de loi lorsque le débat a été ouvert le 26 janvier a détérioré les relations entre les parlementaires masculins et leurs homologues féminines. L’une d’entre elles a affirmé que quelque 94 hommes sur les 120 que rassemble le Parlement kirghize soutiennent la polygamie.

    Munara Beknazarova de Open Line, une ONG basée à Bichkek qui offre du soutien aux victimes d’enlèvement, a expliqué que dans de nombreux villages les mollahs sont conscients du fait que le rapt de futures mariées est « contre les principes islamiques », mais qu’ils célèbrent tout de même les unions si les futures épouses déclarent être consentantes.

    « Au moment où le mollah arrive, la future épouse a souvent été intimidée physiquement, parfois violée et menacée d’exclusion sociale. Il est évident que, de cette manière, elle finit par être consentante », a expliqué Beknazarova. Elle soutient également le fait qu’une union non enregistrée prive la femme concernée ainsi que par la suite, ses enfants, de leurs droits civiques.

    #femmes #sexisme #Kirghizstan