• Aux Etats-Unis, la course effrénée au nucléaire civil
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/06/12/aux-etats-unis-la-course-effrenee-au-nucleaire-civil_6612464_3234.html

    La renaissance nucléaire américaine est une cause nationale. Elle est soutenue à la fois par les démocrates et par les républicains. « De tout ce que je fais sur le climat, le domaine qui bénéficie du plus de soutien transpartisan est le nucléaire », se réjouissait Bill Gates, lors du lancement des travaux. Le 23 mai, Donald Trump a signé quatre décrets visant à quadrupler la production d’ici à 2050, amplifiant un mouvement lancé par Joe Biden, qui voulait la tripler. « Il est temps pour le nucléaire », a proclamé le président républicain depuis le bureau Ovale.

    De très nombreuses start-up ont levé des centaines de millions de dollars pour commercialiser de nouveaux réacteurs, innovants soit par leur technologie, soit par leur taille. Elles s’envolent en Bourse et valent des milliards, au point de frôler la bulle, chacun ayant sa spécificité : Oklo, la firme dont le secrétaire à l’énergie de Donald Trump, Chris Wright, était administrateur, fonctionne au métal fondu et a vu son action multipliée par 6 en un an, avec une capitalisation de 7 milliards de dollars. NuScale (multiplié par 4 ; 10 milliards de dollars) et Nano Nuclear (multiplié par 4,2 ; 1,2 milliard de dollars) tournent à l’eau pressurisée mais sont de petite taille, tout comme le spécialiste des réacteurs de sous-marins BWX Technologies (+ 50 %, 12 milliards de dollars).

    Les projets foisonnent, mais aucun de ces réacteurs n’a encore été construit ou testé. Cette tâche incombe en partie au ministère fédéral de l’énergie et au Laboratoire national de l’Idaho, perdu à 300 kilomètres de la centrale de Kemmerer, dans les plateaux déserts de l’Idaho, au sud-ouest du célèbre parc de Yellowstone. C’est là que fut installé un gigantesque centre d’essai de réacteurs civils après la seconde guerre mondiale. Prudents, les chercheurs installés à Chicago (Illinois) s’étaient dit qu’il valait mieux mener ces types d’expérimentations loin de toute population. Le site de 2 300 kilomètres carrés (plus de vingt fois la superficie de Paris) reste intimidant – « l’usage de la force mortelle est autorisé », lit-on en avertissement –, mais l’accueil est chaleureux pour vanter la renaissance nucléaire américaine.

    « Tout le monde avance aussi vite que possible », se réjouit Jess Gehin, directeur associé du Laboratoire national de l’Idaho, alors que Donald Trump veut diviser par deux ou trois le processus, en réduisant à dix-huit mois les délais d’autorisation. Sa mission : tester l’application de technologies ayant fait l’objet de recherches approfondies au XXe siècle. « Nous avons construit 52 réacteurs. Toutes ces technologies, nous les avons étudiées ici, elles ne sont donc pas vraiment nouvelles. Ce qui est nouveau, c’est la commercialisation, le transfert de certaines technologies vers le secteur privé », explique Jess Gehin, qui salue la spécificité américaine, le financement des entreprises par le capital-risque et l’aide scientifique de l’Etat : « Chacune de ces entreprises a levé des centaines de millions de dollars. » Pas de centralisation : « Le marché choisira », confirme Jess Gehin, qui résume son état d’esprit : « Aux Etats-Unis, nous avons des centaines de types de réacteur et un seul type de fromage. En France, il existe des centaines de types de fromage et un seul type de réacteur. »

    [...]

    Depuis un an, tous les géants du numérique s’efforcent d’acquérir l’électricité d’une centrale nucléaire traditionnelle pour alimenter leurs serveurs informatiques : fin 2024, Microsoft décide avec l’exploitant Constellation de relancer le deuxième réacteur arrêté sur le tristement célèbre site de Three Mile Island, en Pennsylvanie ; début juin 2025, Meta signe un accord de fourniture d’électricité pour vingt ans avec une autre centrale nucléaire de Constellation, dans l’Illinois. Celle-ci avait failli fermer en 2017, avant d’être sauvée par l’Etat d’Illinois.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Nucléaire : les start-up se multiplient sur le marché des petits réacteurs

    Mais d’autres vont plus loin et veulent développer des réacteurs d’un nouveau type, plus petits, d’une capacité d’environ 80 mégawatts. Amazon a signé des accords avec Energy Northwest et le concepteur X Energy pour construire quatre petits réacteurs (small modular reactor) pour un total de 320 mégawatts pouvant être porté à 960. Google a fait de même, avec Kairos, une start-up fondée en 2017, pour développer sept réacteurs nucléaires d’une puissance totale de 500 mégawatts d’ici à 2035. L’ambition est d’éviter les projets gigantesques tels Vogtle ou Flamanville, aux dépassements de coûts souvent incontrôlés, et d’envisager une production en série, voire en usine pour les petits modules.

    [...]

    L’un des sujets problématiques, toutefois, reste le retraitement et l’approvisionnement en combustible. ....

    https://archive.ph/5YidN

    #écologie_capitaliste #nucléaire #TerraPower #IA #refroidissement #réacteur_au_sodium #réacteur_à_sel_fondu #délais_d'autorisation #Microsoft #Meta #Amazon #Google

  • La Banque mondiale va soutenir des projets nucléaires « pour la première fois depuis des décennies »
    https://www.connaissancedesenergies.org/afp/la-banque-mondiale-va-soutenir-des-projets-nucleaires-pour-

    Connaissance des Énergies avec AFP parue le 11 juin 2025

    La #Banque_mondiale (#BM) va soutenir des projets de production d’#énergie à partir du #nucléaire « pour la première fois depuis des décennies », a annoncé mercredi le président de l’institution, Ajay Banga, au personnel dans un courrier que l’AFP a pu consulter.

    Cela passera par un soutien « aux efforts de prolongement des #réacteurs existants dans les pays qui en ont déjà, à l’amélioration des réseaux et infrastructures. Nous allons également travailler à l’accélération du potentiel des petits réacteurs modulaires (#PRM) qui offriront une option viable à plus de pays à long terme », a expliqué dans son mail le président de la BM.

    #SMR

    A fond dans l’mur. Apparemment, l’argent magique existe.

  • Petits réacteurs nucléaires modulaires : neuf modèles suivis par l’Autorité de Sûreté
    https://www.enviscope.com/petits-reacteurs-nucleaires-modulaires-neuf-modeles-suivis-par-lautorite-

    Michel Deprost 11/06/2025 - A la une, Nucléaire

    Les projets de petits #réacteurs #modulaires (#PRM) ou Small Modular reactors (#SMR) visent à répondre à des besoins en électricité à des niveaux moindres de puissance et d’une manière plus décentralisée. L’#ASNR suit l’émergence de neuf modèles.

    Les petits réacteurs modulaires introduisent une rupture dans la logique historique du #nucléaire civil qui a visé depuis des décennies à construire des réacteurs de plus en plus puissants : 600 MW, 900 MW, 1300 MW. Pour chaque accroissement de la puissance, il a été nécessaire de repenser en profondeur la conception globale y compris le génie civil. L’augmentation de la puissance a interdit, par nature, la construction en grandes séries.

    Des standards de sûreté identiques

    Les petits réacteurs modulaires sont présentés comme une solution flexible. En 2024, 9 modèles de petits réacteurs modulaires étaient suivis par l’ASNR sans compter le projet #Nuward porté par #EDF. Paul Durliat, chef de la Division de Lyon de l’ASNR, rappelle que pour les petits réacteurs modulaires la réglementation est la même que pour les réacteurs actuels. « Généralement ils présentent des standards de sûreté […] très élevés mais posent beaucoup de questions : il faut démontrer la capacité à construire du combustible dans des conditions de sûreté satisfaisante ». Ils imposent aussi de #prévoir le #démantèlement et la gestion des #déchets. Il faut enfin prendre en considération le fait que ces réacteurs seraient installés dans des zones plus densément peuplées que les réacteurs actuels.

    Une démarche cadrée

    L’ASNR a mis en place une démarche pour suivre l’avancement de ces projets avec différentes étapes. Certains, pourraient faire une Demande d’Autorisation de Création (#DAC). Jimmy Energy a déjà déposé sa demande, pour un projet de réacteur à haute température de 20 MWth. L’instruction est en cours. #Calogena est en phase de pré-instruction pour un projet de réacteur à eau légère de 30 MWth. Les porteurs de projets #NAAREA et de #Newcleo préparent leur DAC car ils ont validé la phase préparatoire. #Thorizon, jeune pousse néerlandaise qui s’implante à Lyon est en cours de phase préparatoire, au stade de la revue.

    Eric Zelnio chef du pôle LUUD ASN relève : « ça fait longtemps qu’on n’a pas eu autant de compétiteurs avec des solutions différentes. […] On peut raisonnablement penser que tout ne se traduira pas par des installations en fonctionnement […] parmi celles qui iront au bout un certain nombre d’options permettront peut-être des réemplois de matière ». Pour Eric Zelnio, il est prématuré de prévoir la part des PMR par rapport à l’ensemble du cycle […] il faut au moins attendre l’horizon 2030, pour voir qui arrive à concrétiser ses projets.

  • The Rule of #Idiots - The Chris Hedges Report
    https://chrishedges.substack.com/p/the-rule-of-idiots

    The last days of dying empires are dominated by idiots. The Roman, Mayan, French, Habsburg, Ottoman, Romanoff, Iranian and Soviet dynasties crumbled under the stupidity of their decadent rulers who absented themselves from reality, plundered their nations and retreated into echo chambers where fact and fiction were indistinguishable.

    Donald Trump, and the sycophantic buffoons in his administration, are updated versions of the reigns of the Roman emperor Nero, who allocated vast state expenditures to attain magical powers; the Chinese emperor Qin Shi Huang, who funded repeated expeditions to a mythical island of immortals to bring back a potion that would give him eternal life; and a feckless Tsarist court that sat around reading tarot cards and attending séances as Russia was decimated by a war that consumed over two million lives and revolution brewed in the streets.

    In “Hitler and the Germans,” the political philosopher Eric Voegelin dismisses the idea that Hitler — gifted in oratory and political opportunism, but poorly educated and vulgar — mesmerized and seduced the German people. The Germans, he writes, supported Hitler and the “grotesque, marginal figures,” surrounding him because he embodied the pathologies of a diseased society, one beset by economic collapse and hopelessness. Voegelin defines stupidity as a “loss of reality.” The loss of reality means a “stupid” person cannot “rightly orient his action in the world, in which he lives.” The demagogue, who is always an idiote, is not a freak or social mutation. The demagogue expresses the society’s zeitgeist, its collective departure from a rational world of verifiable fact.

    • C’est ume critique du fascisme (au sens large) de l’intérieur.
      https://de.m.wikipedia.org/wiki/Eric_Voegelin

      Voegelin est l’exemple idéal pour démontrer la continuité de la pensée voire de l’idéologie bourgeoise sous les Kaiser en passant par le national-socialisme et les États Unis jusqu’au plus profond de l’état anticommuniste allemand.

      Der autoritäre Staat

      Politisch bekannte sich Voegelin Mitte der 30er Jahre zum österreichischen Ständestaat. In dieser Zeit veröffentlicht Voegelin sein Werk Der autoritäre Staat: Ein Versuch über das österreichische Staatsproblem (1936)[9], worin er den Dollfuß-Putsch (siehe Austrofaschismus) und den dadurch entstandenen Ständestaat befürwortet. Gegen Pluralität setzt er Gemeinschaft. Dabei lehnt er sich eng an das autoritäre und totalitäre Staatsdenken von Dollfuß, Carl Schmitt, Ernst Rudolf Huber und Ernst Jünger an, während er zugleich die Reine Rechtslehre von Hans Kelsen einer scharfen Kritik unterzieht

      puis

      Die Veröffentlichung (von „Rasseidee“) erfolgte auf Empfehlung von Alfred Baeumler, bei dem sich Voegelin nicht nur nach einer Publikationsmöglichkeit, sondern auch nach einer Assistentenstelle erkundigt hatte. Baeumler war der gerade nach Berlin berufene Inhaber eines Lehrstuhls für Philosophie und Politische Pädagogik. Er schrieb schon seit 1932 im Völkischen Beobachter, war Anfang 1933 im Eilverfahren in die NSDAP aufgenommen worden und schritt nach seiner Antrittsvorlesung an der Spitze seiner Studenten zur Bücherverbrennung. Publikationsstrategie wie Zukunftsplanung verweisen darauf, daß Voegelin in seinen Ausführungen kein Hindernis für eine Mitarbeit im nationalsozialistischen Wissenschaftsbetrieb sah.“

      – Hund zur Voegelin-Baeumler-Verbindung 1933

      D’ailleurs c’est un contre-sens de classer parmi les dying empires le règne de l’empereur Qin Shi Huang Di, fondateur de la Chine impériale qui a continué à exister pendant plus de deux mille ans après sa disparition.

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Dynastie_Qin

      Cet empereur n’a peut-être fondé qu’une dynastie (dynastie Qin, : 秦朝 ; Qín Cháo) à existence brève mais il a établi une culture et un système socio-économique et politique qui exerce toujours une influence sur le monde actuel.

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Qin_Shi_Huang

      Son nom de famille était Ying (嬴) et son prénom Zhèng (政), choisi dit-on parce qu’homonyme du mois de sa naissance (正), le premier de l’année chinoise. Le nom personnel du souverain n’étant pas, par respect, employé de son vivant, il était donc pour ses contemporains le « roi de Qin ». Les historiens le mentionnent néanmoins comme « roi Zheng de Qin ». En 221 av. J.-C., il prit officiellement le titre de « Premier auguste souverain » (Shi Huangdi 始皇帝), en référence aux souverains légendaires les trois Augustes et les cinq Empereurs (三皇五帝, sān huáng wǔ dì.)

      Le premier empereur de Chine aussi avait besoin d’une idéologie justifiant son régime ultra violent et il choisit l’appellation Huangdi pour symboliser sa relation imaginaire avec l’empereur jaune mythique.

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hu%C3%A1ngd%C3%AC

      L’Empereur Jaune (chinois : 黄帝, pinyin : huángdì) est, selon la tradition chinoise, un souverain civilisateur de la haute Antiquité qui aurait régné de 2697 à 2597 ou de 2698 à 2598 av. J.-C.. Il n’est pas mentionné dans les plus anciennes sources, mais il apparaît à l’époque des Royaumes combattants et occupe une place prééminente chez les historiographes de la dynastie Han.
      ....
      Il représentait le souverain idéal pour le courant philosophico-politique huanglao qui eut les faveurs de la cour jusque Han Wudi. À cet égard, de nombreux textes politiques ou techniques furent attribués à lui ou ses assistants, dont les Quatre Livres de Huangdi et le Huangdi Neijing. Divinisé, il est resté un dieu et un immortel taoïste.

      La déscription du mode de production asiatique par Marx nous a fourni une approche imparfaite quoique utile à l’histoire asiatique au contraire des idéologies qui tournent autour des dynasties, des grands hommes et leurs relation avec les êtres célestes..

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mode_de_production_asiatique

      Les Spengler, Voegelin et al. ne nous font pas avancer dans notre compréhension du monde. Les imbéciles et meurtriers réactionnaires par contre éprouvent un bonheur pervers quand ils se servent dans ce bric à brac idéologique pour donner un semblant de sens historique à leurs méfaits.

      #idéologie #fascisme #idéalisme #science_politique #réactionnaires #histoire #Chine #capitalisme

  • #China builds world’s first #thorium #reactor with US secret files
    https://interestingengineering.com/energy/china-builds-world-first-thorium-reactor

    Chinese scientists have completed a major breakthrough in clean energy by reloading fresh fuel into a working #thorium_molten_salt reactor.

    They did this while the reactor continued running, marking a significant step forward in the global push to use thorium as a safer and more abundant alternative to #uranium in #nuclear #power.

    The milestone was revealed at a closed-door meeting on April 8 at the Chinese Academy of Sciences (CAS), where project chief scientist Xu Hongjie shared the news with colleagues.

    Egalement là :
    https://seenthis.net/messages/1110191
    https://seenthis.net/messages/1112414

  • Parce qu’on m’a encore énervée, j’ai fait un post linkedin qui va devenir un post de blog sous peu...

    « Aude tu peux relire rapidement et valider ? c’est #urgent ! »

    Je dé-teste le #management_par_l'urgence et je ne remercierai jamais assez mon ancienne cheffe qui m’a appris à questionner les urgences et à ne plus les accepter comme "allant de soi".

    Du coup je peux désormais répondre :
    👉 Est-ce que ça peut attendre la réunion qu’on a déjà de prévue demain ?
    👉 Est-ce que tu peux traduire urgent par une #deadline réelle ? (par exemple urgent ça veut dire dans 2 h ou dans une journée ?)
    👉 Et il va se passer quoi si je réponds un peu en #retard ? (spoiler, 9 fois sur 10, rien).

    Et grâce à ça, je m’évite l’aller simple vers le burn-out (j’ai frôlé, j’ai donné, je recommande pas), et je protège aussi mes proches et mes équipes.

    Mais c’est quand même ultra dur à faire quand on travaille (dans le monde pro ou associatif) avec des drogués de l’urgence...

    Vous faites comment vous ?

    J’ai écrit ce fil parce que récemment on m’a un peu agacé, et alors j’ai trouvé cet article que je voulais partager ...
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/toujours-plus-vite-jusquou-irons-nous-avant-de-ne-plus-pouvoir-tenir-la-cadence

    Voilà, du coup j’en ai fait un article de blog ...
    https://blogz.zaclys.com/depuis-les-gorces/cest-urgent

    https://social.sciences.re/@AudeCaussarieu/114267555975870488
    #urgence #cadence #rythme #néo-management #travail

    • Urgence toxique

      Le management par l’urgence

      Je dé-teste le management par l’urgence. Je déteste quand on me demande de faire des trucs en « comptant sur ma #réactivité » ou « ça serait bien que ça soit fait avant mercredi », pourquoi mercredi ? Aucune idée.

      C’est insupportable parce que :

      1. J’ai une tonne de trucs à faire, j’ai besoin de hiérarchiser, et donc j’ai besoin de savoir pour quand c’est réellement. Si tout le monde me dit « #au_plus_vite », je ne sais pas faire. Et si je veux répondre à toutes les demandes urgentes ou pressées de mon entourage, je vais finir en #burn-out.

      2. En fait, il n’y a rien d’urgent. Je n’ai pas un métier où je sauve des vies. Je n’ai pas d’activité associative ou militante où je sauve des vies. Donc si le flyer ne part pas à temps, si la réunion est décalée d’une semaine, en fait, il ne se passe pas grand chose. À part le mécontentement de certaines personnes qui se font un honneur d’être réactives en toutes circonstances.

      3. Quand c’est urgent, on n’a pas le temps de réfléchir. Est-ce qu’il y aurait une meilleure manière de faire ? À quel problème cherche-t-on à répondre réellement ? ... Pas le temps, c’est urgent, dis oui, fait ce que je te demande !!! Vite !!!

      4. Souvent l’urgence est une excuse pour contourner les procédures, et pour voler du temps aux autres. « Oui oui on a une réunion demain mais je préfère que tu regardes aujourd’hui c’est vraiment urgent je me suis engagé. » Donc parce que Jean-Michel s’est engagé, je dois maintenant prendre sur mon temps pour lui résoudre son problème ?

      5. C’est en fait un comportement de manipulateur. Le manipulateur utilise l’urgence – et ma bonne conscience – pour me tordre le bras et essayer de me faire faire quelque chose que je ne veux pas faire.

      C’est du #management_toxique de mettre en permanence une #pression sur toutes les personnes avec qui on travail parce que c’est pressé / urgent. C’est une manière d’abuser du temps et de l’énergie des autres en se justifiant par le fait que « Ah mais elle pouvait dire non hein, je ne l’ai pas forcée à dire oui ». Non tu as juste envoyé 2 mails à 1 heure d’intervalle et un slack en disant à quel point c’était important pour le groupe / l’entreprise et que ça aiderait beaucoup si je le faisais vite.

      J’ai évidemment rencontré ce comportement toxique dans le monde professionnel (vive la start-up nation où tout doit aller viiiite !), mais aussi dans le monde associatif ou militant. Et là ça me désespère.

      Pourquoi ils font ça ?

      Je ne suis pas dans la tête des manipulateurs qui veulent que je fasse des choses en me mettant en quatre même si je dis que je n’ai pas le temps. Moi, je suis plutôt dans la team des personnes qui écoutent d’abord les besoins des autres et qui ont toujours peur d’embêter.

      Mais en en discutant autour de moi, j’ai quelques hypothèses sur ces personnes :

      – Peut-être qu’elles gèrent leur charge mentale et leur anxiété en passant le bébé à quelqu’un d’autre.

      - Peut-être qu’elles ne sont pas capables elles mêmes de prendre du #recul sur la demande de quelqu’un d’autres qui leur met la #pression, et du coup, elles poussent sur les personnes sous elles. Parce qu’on met rarement de la pression sur son patron, si ?

      – Du coup, je me dis que c’est encore un mécanisme de #pouvoir et de #domination : en faisant ça, elles montrent leur importance et leur capacité à diriger les autres.

      – Et peut-être ce sont juste des mouches du coche. Elles ont besoin de s’agiter pour exister et alors qu’elles empêchent tout le monde de travailler convenablement, elles sont convaincues de leur propre importance...

      Répondre à l’urgence

      Je ne remercierai jamais assez mon ancienne cheffe qui m’a appris à questionner les urgences et à ne plus les accepter comme “allant de soi”. Avant, j’écoutais les urgences des autres, les deadlines qu’ils me donnaient, et j’essayais d’y répondre, quitte à me lever à 4 heures du matin pour finir à temps.

      1. Questionner

      Mon ancienne cheffe m’a appris à ne plus répondre directement « oui », mais à questionner l’urgence. J’ai appris à poser des questions comme :

      – Est-ce que ça peut attendre la réunion qu’on a déjà de prévue demain ?

      – Tu as besoin de ça pour quelle date ? (par exemple urgent ça veut dire dans 2 h ou dans une journée ?) Un mastonaute me disait qu’il aimait demander : « C’est urgent pour quand ? » (https://piaille.fr/@yanncphoto/114268331396473237)

      – Quel est le risque si on ne fait pas ça pour demain ? (spoiler, 9 fois sur 10, rien).

      2. Dire non

      L’autre truc que j’ai appris, c’est à dire non. Enfin plus précisément à ne pas dire oui.
      J’ai appris à me demander ce qui serait un délai convenable pour moi. C’est encore work in progress mais j’y arrive de mieux en mieux. J’ai appris à répondre « Je pourrais le faire pour le XXX », sans m’excuser, sans expliquer. Le plus surprenant, c’est que souvent, ça suffit.

      Mais avec certains forceurs, ça ne suffit pas. Soit il faut répéter non, soit je finis par craquer et le faire et je suis ensuite très en colère et j’écris un long article de blog...

      Pour aller plus loin

      - Il y a un livre (https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/psychologie-generale/affirmez-vous-face-aux-manipulateurs_9782415000660.php) qui m’a pas mal aidé à comprendre que toutes les personnes qui essaient de me forcer la main pour que je dise oui quand j’ai envie de dire non sont des manipulateurs. Ce livre qui m’a été recommandé par la psychologue du travail qui m’accompagne explique bien tous les mécanismes et donne des techniques pour s’affirmer face aux manipulateurs.

      J’ai récemment cherché des ressources sur l’urgence et sur la pression qu’on se met au travail, mais aussi dans nos associations et dans beaucoup trop de projet. Cet article m’a donné quelques références que j’ai envie de lire ... quand j’aurais le temps 😆 :
      https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/toujours-plus-vite-jusquou-irons-nous-avant-de-ne-plus-pouvoir-tenir-la-cadence

      https://blogz.zaclys.com/depuis-les-gorces/cest-urgent

    • Voilà le principe qui est mien (que mon ancien responsable répétait souvent) : « Il est urgent d’attendre. »

      Où l’on se rend compte bien souvent que les demandes sont effectivement rarement si urgentes que ça. Maintenant qu’on a adopté une méthodologie assez stricte dans mon équipe (à base de « sprints », donc si la demande est hors du sprint c’est niet 90% du temps), on a moins de soucis. Avant ça, quand j’avais un gros doute, pour savoir si c’était vraiment urgent, j’attendais de voir si la personne me relance sur le sujet et parfois le sujet était carrément oublié, c’était juste une lubie passagère d’un gus qui pensait que les petites mains allaient s’activer dans tous les sens pour son plaisir. Sans compter les deadlines fantaisistes : « on veut tel truc absolument pour tel jour » puis, quand on livre le jour J, ça change d’avis ("finalement on déploie le truc dans un mois, on t’avait pas dit ?"), ça tergiverse, on revoit le truc qui a été pensé à la va-vite et finalement sera livré bien plus tard (ou même pas du tout). Donc oui, il faut toujours questionner l’urgence et savoir dire non (quand on peut, évidemment j’ai bien conscience que mes problématiques de travailleur de bureau ne sont pas celles de l’usine, de McDo ou de l’entrepôt Amazon et que quand on est tout en bas de l’échelle dire « non » est rarement une option...).

      Non tu as juste envoyé 2 mails à 1 heure d’intervalle et un slack en disant à quel point c’était important pour le groupe / l’entreprise et que ça aiderait beaucoup si je le faisais vite.

      Ah ah, et à multiplier par le nombre d’outils : le message slack perso pour me dire qu’un message a été envoyé dans un autre salon slack (par la même personne, et que j’ai vu hein) + éventuellement le mail et le ticket sur le même sujet voire le summum : venir dans le bureau pour dire « t’as vu mon slack ? »... Tout ça pose la question au passage de la pertinence d’avoir une messagerie instantanée en entreprise.

  • #Flamanville : le redémarrage d’un réacteur reporté d’un mois à cause d’une fuite d’eau radioactive
    https://www.bfmtv.com/normandie/manche/flamanville-le-redemarrage-d-un-reacteur-reporte-d-un-mois-a-cause-d-une-fuit

    EDF a signalé mardi un « événement significatif » de sûreté sur son #réacteur n°1 de Flamanville, qui n’est pas l’EPR, en raison d’une #fuite de #vapeur d’eau #radioactive détectée le week-end dernier dans le bâtiment #réacteur, ce qui va nécessiter de repousser d’un mois son redémarrage, a-t-on appris vendredi auprès de l’autorité de sûreté et d’#EDF.

    Tu vis à Flamanville, tu te dis que t’es verni.

    • Cette erreur cache un chantier au démarrage difficile, sur fond de grande désorganisation et de souffrance au travail à Eiffage Génie Civil — deux salariés au moins de l’équipe dédiée au projet Penly étaient en arrêt de travail de décembre 2024 à mars 2025.

      [...]

      De son côté, EDF n’a pas été informé de ces écarts par Eiffage Génie Civil et ne les a découverts que le 17 janvier, au travers d’une contre-analyse qu’il a lui-même commandée.
      [...]
      Reporterre a informé l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) de ce problème de béton le 19 février. L’autorité n’était pas au courant, alors qu’elle est légitime à contrôler les ouvrages de génie civil classés « équipements importants pour la protection en matière de sûreté nucléaire » (EIPs) et donc la digue.

      [...]

      Mais c’est surtout le fait que ce granulat soit utilisé pour l’îlot nucléaire, partie ultrasensible du réacteur puisqu’il en abrite le cœur, qui pose un réel problème à l’autorité. D’abord, parce qu’il n’est pas certain que des contrôles renforcés suffisent pour s’assurer que le taux de silex soit satisfaisant. « Si on a une variabilité de ce taux au coup de godet, ce n’est pas en passant d’un contrôle semestriel à un contrôle trimestriel qu’on va régler le problème. EDF va devoir nous faire la démonstration scientifique que le taux d’échantillonnage est cohérent avec la variabilité du granulat », explique l’ASNR.

      [...]

      Alors que le projet EPR2 a déjà pris du retard, cette affaire est un « granulat » dans la chaussure de l’exploitant, et ne laisse rien présager de bon pour la suite du chantier : « On est au démarrage d’un projet et c’est déjà l’omerta, avec perte de confiance entre les différents acteurs du chantier, mise au placard de deux directeurs d’Eiffage Génie Civil, etc. On ne va pas dans la bonne direction et c’est la porte ouverte à d’autres non-conformités », estime une source interne. Ceci, alors que la Cour des comptes alertait mi-janvier sur le fait que la France était « loin d’être prête » à concrétiser son programme de construction de six EPR2, n’est guère rassurant.

  • Les #appels au #boycott contre les #produits_américains s’étendent en #Europe du Nord

    #drumpf_policy #reactions

    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/03/les-appels-au-boycott-contre-les-produits-americains-s-etendent-en-europe-du

    la compagnie Haltbakk Bunkers, opérateur numéro un dans les ports norvégiens, a indiqué qu’elle cessait « immédiatement » de ravitailler les bateaux de la #marine_américaine. Une décision prise à la suite du « plus grand merdier jamais présenté en direct à la télévision par l’actuel président américain et son vice-président », déclare la société, dans un communiqué, publié quelques heures après le clash entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Donald Trump, à la Maison Blanche.

    Aussi radicale qu’elle puisse paraître, cette annonce n’en est qu’une parmi d’autres, dans les pays nordiques, où le mouvement appelant à boycotter les marques américaines prend de l’ampleur. Ces dernières semaines, plusieurs groupes ont vu le jour sur Facebook, listant les produits et services à mettre à l’index. Si l’impact de cette action est encore difficile à évaluer, les participants espèrent inspirer une mobilisation plus large, au niveau européen, capable de faire trembler les entreprises américaines.

  • L’accélération de l’#IA pose déjà des questions de #pénuries d’#eau et d’#énergie

    Le Royaume-Uni comme les États-Unis viennent de présenter de nouveaux plans pour soutenir la mise en place d’#infrastructures pour l’IA dans leurs territoires. Mais actuellement, aux États-Unis, de nouvelles #centrales au gaz sont ouvertes pour répondre aux demandes d’énergie de l’IA. Au Royaume-Uni, l’implantation par le gouvernement de sa « première zone de croissance de l’IA » près d’un nouveau réservoir pose la question des priorités d’#accès_à_l'eau.

    Ce mardi 14 janvier et six jours avant la passation de pouvoir à Donal Trump, Joe Biden a publié un décret pour l’investissement des États-Unis dans des infrastructures. « Je signe aujourd’hui un décret historique visant à accélérer la vitesse à laquelle nous construisons la prochaine génération d’infrastructures d’IA ici aux États-Unis, de manière à renforcer la compétitivité économique, la sécurité nationale, la sécurité de l’IA et l’énergie propre », affirme-t-il.

    Selon certaines estimations, la consommation énergétique de l’IA devrait être multipliée par 4 à 9 d’ici 2050 et la consommation d’énergie des #data_centers aux États-Unis est déjà très carbonée.

    Le #gaz comme source d’énergie future aux États-Unis

    Mais, malgré les différentes annonces d’investissements dans le nucléaire par les géants du numérique, les États-Unis seraient plutôt à l’aube d’un boom de la construction de #centrales_électriques au gaz naturel, selon le Financial Times. Le journal économique américain explique que « les grandes entreprises technologiques se tournent vers les #combustibles_fossiles pour répondre aux énormes besoins en #électricité de la révolution de l’intelligence artificielle, ce qui met en péril les objectifs en matière de climat ».

    Le journal cite le cabinet de conseil en énergie #Enverus qui prévoit qu’au moins 80 centrales électriques au gaz seront construites aux États-Unis d’ici à 2030. Le Financial Times estime la capacité supplémentaire de ces centrales à 46 gigawatts, « soit la taille du réseau électrique norvégien et près de 20 % de plus que ce qui a été ajouté au cours des cinq dernières années ». Et selon Corianna Mah, analyste pour Enverus interrogée par le journal, « le gaz croît en fait plus rapidement aujourd’hui, et à moyen terme, que jamais auparavant ». Aucun des projets qu’Enverus a listés ne prévoit d’être équipé d’un système de capture de dioxyde de carbone.

    Approvisionnement de l’eau dans un lac de barrage prévu pour la population britannique

    De son côté, le gouvernement du Royaume-Uni vient d’annoncer une stratégie nationale pour faire de son pays un leader en matière d’intelligence artificielle. Dedans, il prévoit entre autres des « Zones de croissance de l’IA » (#IA_growth_zones), « des zones bénéficiant d’un meilleur accès à l’électricité et d’un soutien pour les autorisations de planification, afin d’accélérer la mise en place d’une infrastructure d’IA sur le sol britannique », comme l’explique le communiqué du Secrétariat d’État à la science, à l’innovation et à la technologie.

    Mais des questions se posent sur l’emplacement prévu de la première « #zone_de_croissance ». Situé à Culham, au siège de l’Autorité britannique de l’énergie atomique (UKAEA), cet endroit est aussi celui du premier nouveau lac de barrage construit depuis 30 ans aux Royaume-Uni, « qui était censé fournir de l’eau aux habitants du sud-est de l’Angleterre, qui souffre d’un grave problème d’approvisionnement en eau », explique le Guardian.

    Le journal britannique souligne que cette région est celle qui, selon l’agence environnementale nationale, est la plus sensible du pays aux manques d’eau. Entre les réserves d’eau disponibles et la demande attendue sans compter les data centers, le sud-est du pays sera confronté à un déficit potentiel de plus de 2,5 milliards de litres par jour d’ici 2050.

    Du côté énergétique, le gouvernement britannique a mis en place un Conseil de l’énergie de l’IA qui doit travailler avec les entreprises du secteur pour « pour comprendre les demandes et les défis énergétiques » liés à l’intelligence artificielle. Il parie encore sur la possibilité de mettre en place des #SMR (#réacteurs_nucléaires_modulaires).

    « L’expansion de l’IA a été un sujet de préoccupation pour #National_Grid [entreprise de distribution de l’électricité et du gaz notamment au Royaume-Uni], mais la vitesse à laquelle la demande de calcul de l’IA augmente a pris tout le monde par surprise et, à moins que nous n’équilibrions correctement les compromis ci-dessus, avec des politiques appropriées, toute l’énergie verte et bon marché dont nous disposons sera utilisée par les grandes entreprises technologiques, ce qui privera les familles qui souffrent déjà de la pauvreté énergétique », explique Gopal Ramchurn, chercheur de l’université de Southampton, interrogé par le Guardian.

    La #France s’appuie sur son #nucléaire, mais des tensions sont présentes

    Quant à la France, l’instabilité politique ne permet pas d’y voir très clair dans la politique du pays concernant l’IA. Lors de son discours de politique générale, le premier Ministre François Bayrou a évoqué l’IA lorsqu’il a annoncé la création d’un fonds spécial « entièrement [consacré] à la réforme de l’État ». Ce fonds sera financé par des actifs « en particulier immobiliers, qui appartiennent à la puissance publique, de façon à pouvoir investir, par exemple, dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos services publics ».

    Lors de ses vœux, le Président de la Région Normandie Hervé Morin a évoqué la volonté de sa région d’être référente en matière d’intelligence artificielle et d’accueillir des data centers sur trois ou quatre points du territoire. Il a mis en avant « son potentiel énergétique décarboné », faisant référence aux centrales nucléaires de Flamanville, Paluel et Penly et à l’EPR situé lui aussi à Flamanville.

    Mais RTE tirait récemment un signal d’alarme sur le foisonnement de projets de data centers prévus pour l’IA. Si l’entreprise affirmait en novembre à l’Usine Nouvelle avoir « assez d’électricité pour répondre à la croissance des besoins », elle pointait aussi du doigt une « course à la capacité » et un manque de planification :« plusieurs projets ont été abandonnés en raison de tensions sur la distribution de l’énergie », ajoutait-il.

    https://next.ink/165467/lacceleration-de-lia-pose-deja-des-questions-de-penuries-deau-et-denergie

    #intelligence_artificielle #AI #énergie_nucléaire

    • Pourquoi l’IA générative consomme-t-elle tant d’énergie ?

      #DeepSeek défraye la chronique en proposant un modèle dont les #performances seraient comparables à celles des modèles préexistants, pour un coût très réduit en termes de puissance de calcul et de données, et donc une #consommation_énergétique moindre. Quand on sait que Microsoft a indiqué une hausse de 29,1 % d’émission de carbone sur l’année 2023 et que différentes grandes entreprises du numérique investissent dans des capacités de production d’électricité, le tout en lien avec l’essor de l’#IA_générative, l’enjeu est de taille. Pourquoi l’IA générative consomme-t-elle tant ? Décryptage.

      Les grands modèles de langage (Large Language Models ou LLM), comme ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google/DeepMind) ou encore les modèles génératifs d’images comme #Midjourney, sont devenus en très peu de temps des outils incontournables avec des usages qui ne cessent de s’amplifier et de se diversifier. Il est vrai que la fluidité des échanges avec ChatGPT impressionne, et que les promesses de développement sont enthousiasmantes.

      Néanmoins, ces promesses cachent des coûts de calcul, et donc énergétiques, considérables. Or, aujourd’hui l’idée dominante dans l’industrie des modèles génératifs est : « Plus grand est le modèle, mieux c’est. » Cette compétition s’accompagne d’une croissance de la consommation énergétique et, donc, de l’empreinte écologique qui ne peut plus être ignorée et qui questionne quant à sa pérennité et sa viabilité pour la société.
      Pourquoi un tel coût ?

      Un modèle génératif de texte comme un chatbot est un ensemble de paramètres numériques ajustés à partir de données pour accomplir une tâche spécifique. L’architecture dominante s’appuie sur les « transformers ».

      Les #transformers prennent une séquence en entrée, par exemple un prompt (soit votre question), pour la transformer numériquement. En empilant les couches de transformers, le modèle multiplie ces transformations afin de construire la réponse en prolongeant son entrée. Cet empilement de couches confère au modèle son efficacité et fait croître le nombre de paramètres. C’est pourquoi un modèle tel que GPT-4 contient au moins 1 tera (1 000 milliards) de paramètres et nécessite donc au moins 2 tera octets (To) de mémoire vive pour être utilisable.

      Que ce soit pour l’entraînement, pour le stockage des données et des paramètres, ou pour le calcul d’une réponse, des infrastructures de calcul de plus en plus puissantes sont donc indispensables. En d’autres termes, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas juste pour entraîner le modèle que ces techniques sont très coûteuses.

      Des données émerge la « connaissance »

      Avant tout, un modèle génératif doit être « appris ». Pour cela des données (textes, images, sons, etc.) lui sont présentées à maintes reprises afin d’ajuster ses paramètres. Plus il y a de paramètres, plus la phase d’apprentissage est coûteuse en données, mais aussi en temps et en énergie.

      Ainsi, pour un LLM (grand modèle de langage), on parle par exemple de l’ordre de la dizaine de trillions de données (environ 10 trillions pour GPT-4 et 16 trillions pour Gemini) et aux alentours de trois mois de préapprentissage sur environ 20 000 puces A100 de NVIDIA pour le dernier-né d’OpenAI. Ces modèles les plus performants sont en fait une combinaison de plusieurs énormes modèles (les « Mixture of Experts »), GPT-4 étant ainsi le résultat de 16 experts de 110 milliards de paramètres, selon les rares informations disponibles.

      Après cette phase d’apprentissage, le modèle est déployé afin de répondre aux utilisateurs dans une phase dite d’« inférence ». Pour faire face à la demande (ces systèmes construits pour répondre à plusieurs personnes en même temps) avec un temps de réponse satisfaisant, le modèle est alors dupliqué sur différents clusters de calcul. Un article de recherche constate également que les architectures génératives polyvalentes consomment significativement plus d’énergie à l’inférence que les systèmes spécifiques à une tâche, même à taille de modèle équivalente.

      Ce survol des besoins en termes de calcul donne une idée des ordres de grandeur qui se cachent derrière nos interactions — qui semblent si rapides et efficaces — avec ces énormes modèles. Il permet surtout de poser différemment la question de l’évaluation de ces modèles, en y incluant la question de la soutenabilité en termes énergétiques et écologiques. Des travaux récents proposent ainsi un modèle pour évaluer les impacts environnementaux de la fabrication des cartes graphiques et une analyse multicritère des phases d’entraînement et d’inférence des modèles d’apprentissage automatique.
      Obsolescence et frugalité

      Ainsi les grands modèles génératifs nécessitent des infrastructures matérielles colossales.

      Au-delà de considérations économiques, il a été montré que passé un certain point, les gains de performances ne justifient pas une telle explosion du nombre de paramètres. Toutes les applications ne nécessitent pas d’énormes modèles et des approches plus modestes peuvent être aussi performantes, plus rapides et moins coûteuses.

      Sur le plan environnemental, l’apprentissage et l’inférence de modèles massifs ont un coût énergétique qui nécessitent réflexion. Les travaux de certains auteurs soulignent la complexité de mesurer avec précision l’empreinte carbone de ces grands modèles, tout en montrant leur impact considérable : 50,5 tonnes équivalent CO2 (CO2 eq) pour un modèle de 176 milliards de paramètres, appris en 2023… et pratiquement considéré comme obsolète aujourd’hui. Pour rappel, si un Français moyen rejette actuellement environ 10 tonnes CO2 eq par an, l’objectif à l’horizon 2050 pour respecter l’engagement des accords de Paris est d’environ 2 tonnes CO₂ eq par Français et par an.

      Quant à la phase d’inférence (ou d’utilisation, quand on pose une question à GPT), lorsqu’elle est réalisée des millions de fois par jour, comme c’est le cas pour un assistant conversationnel, elle peut engendrer un coût énergétique considérable, parfois bien supérieur à celui de l’entraînement.

      Ainsi, un outil développé en 2019 a permis d’estimer qu’une inférence de ChatGPT 3.5 produisait environ 4,32 grammes de CO2.

      À l’heure où les assistants conversationnels sont peut-être en passe de remplacer les moteurs de recherche standards (Google, Bing, Qwant), la question de son utilisation se pose, car ces derniers ont un coût 10 à 20 fois moindre (0,2 gramme de CO2 la recherche, d’après Google).

      Enfin, la concentration de pouvoir entre quelques acteurs disposant des ressources nécessaires pour développer ces modèles — data centers, données, compétences — pose des problèmes scientifiques en limitant la diversité des recherches, mais aussi stratégiques et politiques.
      Les recherches en IA frugale

      La frugalité consiste à se fixer dès le départ une enveloppe de ressources (calcul, mémoire, données, énergie) et à concevoir des modèles capables de s’y adapter. L’idée n’est pas de sacrifier les performances, mais de privilégier la sobriété : optimiser chaque étape, du choix de l’architecture à la collecte des données, en passant par des méthodes d’apprentissage plus légères, afin de réduire l’empreinte environnementale, d’élargir l’accès à l’IA et de favoriser des applications réellement utiles.

      La recrudescence de travaux de recherche sur ce thème illustre la volonté de penser l’IA sous l’angle de la sobriété. Il s’agit ainsi de replacer la pertinence, l’impact sociétal et la soutenabilité au cœur de la recherche.

      Concrètement, de nombreuses pistes émergent. Sur le plan de l’apprentissage, il s’agit d’explorer des alternatives algorithmiques au paradigme actuel, hérité du milieu des années 1980 et qui n’a jamais été remis en question alors même que les quantités de données et la puissance de calcul n’ont plus rien à voir avec celles qui prévalaient aux débuts de ces modèles.

      Ainsi, au-delà des optimisations techniques, une réflexion méthodologique de fond s’impose, tant le contexte scientifique a évolué depuis les années 1980. Cette réflexion est au cœur, par exemple, du projet Sharp, financé par le programme France 2030. L’étude d’architectures plus compactes et spécialisées est également abordée avec le projet Adapting du même programme.

      Les mathématiques appliquées peuvent jouer un rôle clé en proposant des « représentations parcimonieuses », des méthodes de factorisation, ou en optimisant l’usage de données faiblement annotées.

      Ainsi, en travaillant avec des contraintes de ressources, ces recherches visent un développement en IA plus frugal et donc durable, ainsi que plus accessible, et indépendant de l’hyperconcentration du marché. Elles limitent les externalités négatives — environnementales, éthiques, économiques — liées à la course effrénée vers le gigantisme.

      Mais pour atteindre ces objectifs, il est aussi important d’avancer sur les critères et les méthodes d’évaluations en IA : avec le paradigme dominant actuel, la dimension de frugalité peine encore à s’imposer, que ce soit du côté de la recherche ou industriel. Il ne faut d’ailleurs pas confondre la récente explosion des outils de DeepSeek avec de la frugalité, les coûts en calcul et en données étant eux aussi extrêmement élevés, avec des méthodes probablement éthiquement répréhensibles.

      Ainsi, le monde académique doit mieux intégrer cette dimension afin d’améliorer la visibilité et la valorisation des travaux qui visent la frugalité.
      L’IA que nous développons est-elle vraiment utile ?

      La frugalité en IA n’est pas un simple concept, mais une nécessité face aux enjeux actuels. Les travaux récents sur son empreinte carbone illustrent l’urgence de repenser nos méthodes. Avant même d’envisager les manières de rendre l’IA plus sobre, il est légitime de se demander si l’IA que nous développons est vraiment utile.

      Une approche plus frugale, mieux pensée et mieux orientée, permettra de construire une IA tournée vers le bien commun, s’appuyant sur des ressources maîtrisées, plutôt que sur la surenchère permanente en taille et en puissance de calcul.

      Cet article a été écrit dans le cadre de la troisième édition des Dauphine Digital Days qui a eu lieu à l’Université Paris Dauphine — PSL, du 18 au 20 novembre 2024.

      https://theconversation.com/pourquoi-lia-generative-consomme-t-elle-tant-denergie-247406

    • IA : un puits sans fond de dépenses en énergie, en #eau et en #CO2

      Emmanuel Macron veut croire que la France a « des #data_centers_propres ». Mais les dégâts environnementaux des industries numériques sont déjà tangibles (consommation d’#électricité, émissions de CO2, besoins en eau et en #minerais, conflits d’usage sur le #foncier) alors que l’idée d’une #IA_verte n’est encore qu’une promesse.

      Si le climat était une intelligence artificielle (IA), le monde serait en train de le sauver. Face au tsunami d’investissements publics et privés programmés pour ses infrastructures, il est tentant de détourner le fameux slogan : « Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé. » Car si ces annonces financières brillent de l’or des profits à venir, elles éclipsent un problème tout aussi exponentiel : les impacts environnementaux désastreux de l’IA.

      109 milliards d’euros en France dans les prochaines années annoncés par Emmanuel Macron, ainsi qu’un projet de méga data center cofinancé par les #Emirats_arabes_unis ; 500 milliards de dollars débloqués pour #Stargate (« la porte des étoiles ») et ses futurs data centers aux États-Unis par #OpenAI et #SoftBank ; 65 milliards de dollars par #Meta, la maison-mère de #Facebook, qui a par ailleurs démoli un centre de données en cours de construction pour le remplacer par un autre adapté aux besoins de l’IA. #Microsoft veut débourser 80 milliards de dollars en divers équipements techniques dans le même objectif.

      Secteur industriel en plein boom ou au bord d’une bulle financière, l’avenir le dira. Mais l’#empreinte_carbone et matérielle de la ruée mondiale vers les #données_numériques est, elle, déjà palpable. Une requête via #ChatGPT consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche Google, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ses expert·es anticipent une explosion de la demande énergétique, équivalente à la consommation actuelle d’un pays comme la Suède ou même l’Allemagne – selon la place du curseur sur la fourchette d’estimation.

      Requêtes énergivores

      Pourquoi ? Deux explications principales semblent faire consensus parmi les spécialistes. D’abord, des raisons strictement matérielles : les #serveurs configurés pour l’#IA_générative utilisent beaucoup plus de courant électrique que leurs prédécesseurs. Notamment parce qu’ils utilisent des puces spécifiques, les #GPU (« # graphics_processing_unit », des #processeurs_graphiques), « qui ont des capacités de #calcul nécessaires à la #technologie d’apprentissage qui permet aux modèles d’IA d’améliorer leur performance, explique Loup Cellard, chercheur associé au médialab de Sciences Po. Une requête sur ChatGPT demande plus de mémoire vive et plus de capacité de #stockage qu’une simple recherche sur un moteur internet ».

      Or, chacun de ces services correspond à des besoins matériels supplémentaires. « Faire une requête ChatGPT pour demander un truc que pourrait donner Google, c’est comme couper votre baguette de pain avec une scie électrique : ça marche mais ça n’est pas la meilleure utilisation que vous pouvez faire des ressources », résume Sylvain Waserman, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), selon qui « il serait absurde de s’opposer à l’IA et il est irresponsable de ne pas s’intéresser à ses impacts ».

      La phase d’entraînement des machines est plus intense en énergie à l’unité, car elles doivent être beaucoup stimulées pour ramasser et distribuer les données. Mais c’est bien sûr celle des usages qui finalement est la plus énergivore, car le nombre des utilisateurs de la technologie dépasse de loin celui des ingénieur·es qui la développent.

      Ainsi « la migration vers le cloud, l’essor de l’IA générative et les #cryptomonnaies sont les trois principaux vecteurs de la reconfiguration en cours des impacts des centres informatiques » selon l’association GreenIT, dont les rapports font référence. Les data centers, les cryptomonnaies et l’intelligence artificielle ont consommé près de 2 % de l’électricité mondiale en 2022, selon l’AIE. Cela peut sembler dérisoire. Mais la quantité d’électricité qu’ils consomment pourrait doubler en 2026 (par rapport à 2022). Il existe aujourd’hui plus de 8 000 centres de données dans le monde, principalement situés aux États-Unis.

      Les data centers adaptés aux besoins de l’intelligence artificielle consomment 18 % de l’électricité des centres informatiques, alors qu’ils n’en représentent que 2 % de la quantité dans le monde, selon les dernières estimations de GreenIT. Ils émettent près de 4 % de tout le CO2 de la filière numérique, soit déjà plus que l’ensemble des ordinateurs portables en circulation. Selon #France_Datacenter, le lobby du secteur, la demande supplémentaire liée à l’IA générative en France d’ici à dix ans sera de 1 gigawatt, l’équivalent d’un petit réacteur nucléaire.

      Mais les opérateurs de data centers n’aiment pas trop aborder le sujet de leurs impacts environnementaux. Interrogé par Mediapart sur ses besoins en électricité pour soutenir le développement de son activité, #Amazon_Web_Service (#AWS), la branche data center du Gafam, répond par la liste très détaillée de ses investissements et créations d’emplois à venir, sans un mot sur ses besoins énergétiques.

      « Avec l’IA, on pourrait changer d’échelle d’ici à 2030 en termes d’impact environnemental car ses serveurs ne représentent que 2 % des équipements et la demande est très importante pour les années à venir, constate Cécile Diguet, spécialiste des infrastructures numériques. Aujourd’hui, le numérique est un des secteurs qui nous mettent dans le rouge quant au respect des limites planétaires : consommation d’énergie, de ressources en minerais et terres rares, en eau. Les technologies et le numérique prétendent régler des problèmes qu’ils aggravent. Grâce à une IA, on pourra peut-être traiter une base de données plus vite ou mieux gérer la complexité de réseaux d’électricité. Mais en définitive, l’accumulation perpétuelle de matériels et de data centers fait que tous les gains en énergie sont consommés derrière. Le numérique n’est pas source de sobriété. »

      C’est particulièrement vrai concernant les quantités de minerais utilisés pour fabriquer les équipements (centres de données mais aussi puces et autres composants) nécessaires à l’IA – et les déchets en résultant. Ils sont la « colonne vertébrale » de l’intelligence artificielle, selon la chercheuse états-unienne Kate Crawford, qui appelle à créer un nouvel atlas du monde pour visualiser les besoins matériels, financiers et politiques de l’IA, qu’elle décrit comme un système « extractiviste » (Contre-Atlas de l’intelligence artificielle, Zulma, 2024).

      En Chine, l’institut de recherche sur le réseau électrique s’attend à ce que la demande en électricité des centres de données double d’ici à 2030 (par rapport à 2020). Cette consommation est dopée par l’expansion rapide de la 5G et de l’Internet des objets. Le concurrent chinois de ChatGPT, #DeepSeek, a été développé à moindre coût économique et avec moins de consommation énergétique, promettent ses fabricants. Mais personne n’est aujourd’hui en mesure de le vérifier.

      En Europe, le cas de l’#Irlande est spectaculaire : les data centers y représentent 17 % de toute la demande en électricité du pays. C’est autant que toute la consommation du résidentiel en ville. Si tous les projets de centres de données qui ont été approuvés sont menés à terme dans les prochaines années, ils utiliseraient 32 % de tout le courant électrique. Au #Danemark, qui mise aussi sur l’économie des data centers tout en soutenant une initiative européenne de réduction du CO2 du numérique, les centres de données pourraient avaler 20 % de l’électricité en 2026. Est-ce soutenable, alors que le Pacte vert européen fixe aux États l’objectif de réduire d’au moins 38 % leur consommation d’énergie finale d’ici à 2050 ? Pour la Commission européenne, la demande en électricité des data centers pourrait augmenter de 30 % dans l’Union entre 2018 et 2030.

      #Bilan_carbone désastreux

      Surtout que, malgré l’essor des énergies dites renouvelables dans le monde, les sources d’électricité du numérique restent globalement très émettrices en carbone. Apple et Google prétendent être neutres en impact climatique, mais c’est parce qu’ils achètent des crédits de compensation carbone, rappelle la chercheuse Kate Crawford. Elle cite l’exemple de la Chine, où l’industrie des centres de données tire à 73 % son électricité du charbon. En France, l’Ademe a dû revoir à la hausse l’empreinte carbone des data centers à 42 % du secteur du numérique, en intégrant les centres de données à l’étranger que font tourner les utilisateurs nationaux.

      En 2022, l’ensemble du secteur numérique a émis autant de CO2 que le secteur des poids lourds (un peu plus de 4 % de tous les rejets de carbone) dans l’Hexagone. Mais grâce à son électricité décarbonée, la France cherche à se positionner sur le marché des usines à données : « Les data centers en France, ce n’est pas comme aux États-Unis où on utilise du pétrole et du gaz. Ce sont des data centers propres », a prétendu Emmanuel Macron dimanche 9 février.

      Ainsi, entraîner le modèle #GPT3 de la firme OpenAI équivaudrait à conduire 112 voitures à essence pendant un an, selon des scientifiques cités dans AOC par les chercheurs Loup Cellard et Christine Parker. Ils y critiquent pourtant les méthodes d’évaluation des impacts de l’intelligence artificielle. Selon eux, les gains écologiques que permettrait « l’IA verte » sont surestimés et potentiels, alors que les impacts sont immédiats et réels. Les projets de récupération de chaleur pour chauffer une piscine, une résidence, une usine, un hôpital sont multiples et s’affrontent à des obstacles : niveau de température de sortie pas toujours assez haut, risque d’intermittence, etc. – voir aussi le rapport de l’ONG Beyond Fossil Fuels sur le sujet.

      « L’IA n’est pas une activité différente des autres, ajoute Loup Cellard. C’est une industrie capitaliste comme une autre, à laquelle se posent les mêmes questions de responsabilité environnementale, de calcul et de mise en visibilité de ses impacts. »

      À titre d’exemple, de nombreux opérateurs de data centers sont des #fonds_d’investissement_immobiliers (#Real_Estate_Investment_Trust, #Digital_Realty, #Equinix), comme le remarque l’Ademe. La multiplication de leurs constructions ainsi que l’augmentation de leur taille posent des problèmes d’#artificialisation et d’#urbanisme : quelle forme de villes annonce la multiplication des centres de données ? Qui a envie de vivre à côté d’un immeuble de serveurs et de ses stocks de fioul inflammable ? En France, un véritable cluster s’est développé à l’ouest de la #Seine-Saint-Denis (La Courneuve, Saint-Denis, Le Bourget, Dugny) et au nord de #Marseille.
      Parmi les effets déjà tangibles aujourd’hui : la consommation en #eau. Car les data centers doivent être refroidis. Plus ils grossissent et produisent de la chaleur, plus la quantité d’eau nécessaire à baisser leur température est importante. Cette question peut s’avérer critique en période de canicule, signale l’Ademe dans un avis de novembre dernier – en France, ses expert·es estiment qu’en fonction de leur système, ils peuvent consommer 2 litres d’eau par kilowattheure. Au prochain épisode de sécheresse, combien de personnes accepteront que leur data center continue d’être alimenté alors que leur eau potable est coupée ? Et qui décidera ?

      Ainsi #Thames_Water, principale compagnie britannique de distribution d’eau, a demandé aux opérateurs de data centers, notamment à #Google_Cloud et #Oracle, un plan de réduction de leur consommation, jugée excessive à l’été 2022 pendant un pic de chaleur. À Amsterdam, Microsoft a dû présenter un plan drastique de réduction de ses besoins en eau. Aux États-Unis, un des plus gros data centers en fonctionnement est celui de l’agence de renseignement NSA, qui s’étend sur plus de 100 000 mètres carrés dans l’Utah, une terre particulièrement exposée à la sécheresse. Il avale à lui tout seul plus de la moitié de la consommation de l’eau de l’État, autour de 60 %, selon une étude.

      Ouvrir le capot des IA ?

      Après avoir longtemps refusé de révéler la quantité de liquide absorbée par son data center, la NSA a finalement fait savoir en 2022 qu’il avait besoin de près de 90 millions de litres d’eau – soit 35 fois la piscine olympique de Paris 2024 – chaque mois. L’Utah mise sur l’industrie des centres de données et leur vend son eau à des prix battant toute concurrence. Les méga hangars à serveurs s’y multiplient – il y en a deux douzaines aujourd’hui. Mais le Grand Lac salé s’en ressent, selon les défenseurs de l’environnement qui s’inquiètent de le voir s’assécher. En novembre 2022, il a atteint son étiage le plus bas, au point de mettre en danger son écosystème, et notamment ses populations de crustacés, dont se nourrissent des millions d’oiseaux migrateurs.

      En France, l’Ademe estime que les data centers pourraient utiliser 6 % de l’électricité en 2050 – aujourd’hui, le numérique en dépense 11 %. Selon RTE, le gestionnaire des réseaux, les data centers en France pourraient tripler leur consommation d’électricité d’ici à 2035, passant d’environ 10 térawattheures aujourd’hui à 28, selon leur plus haute projection. Les demandes de raccordement de nouveaux centres de grande taille sont en très forte hausse depuis quatre à cinq ans, note l’Ademe, et dépassent de 8 gigawatts – soit plus de quatre réacteurs EPR.

      Son président, Sylvain Waserman, veut défendre la thèse « d’une IA française et européenne qui pourrait trouver un avantage concurrentiel en étant plus respectueuse des ressources ». Il estime que ce peut être une piste de différenciation face à des Gafam « qui jamais n’accepteront qu’on ouvre le capot pour étudier leur impact ».

      En attendant, le gouvernement vient de désigner 35 sites privilégiés pour y construire de nouveaux data centers : simplification des procédures administratives, possible dérogation aux obligations de débat public, réduction des délais de recours juridiques… Sans savoir si les industriels accepteront de communiquer sur leur empreinte énergétique, ils bénéficient d’ores et déjà d’une belle offre de dérégulation.

      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/100225/ia-un-puits-sans-fond-de-depenses-en-energie-en-eau-et-en-co2

    • #Antonio_Casilli : « L’intelligence artificielle est l’une des industries extractives de notre époque »

      Professeur de sociologie à Télécom Paris, à l’Institut Polytechnique de Paris, il est l’auteur d’En attendant les robots, enquête sur le travail du clic (Seuil, 2019), dont une version augmentée vient de paraître en anglais aux éditions University of Chicago Press. Antonio Casilli est aussi co-auteur du documentaire Les Sacrifiés de l’IA, qui se penche sur les conditions de production des technologies d’IA utilisées en Occident, et sera diffusé sur France 2 le 11 février.

      À cette occasion, et en parallèle du sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, Next l’a rencontré.

      (#paywall)

      https://next.ink/169487/antonio-casilli-lintelligence-artificielle-est-lune-des-industries-extractives

    • L’IA générative a le potentiel de détruire la planète (mais pas comme vous le pensez)

      Le risque premier avec l’intelligence artificielle n’est pas qu’elle s’attaque aux humains comme dans un scénario de science-fiction. Mais plutôt qu’elle participe à détruire notre #environnement en contribuant au #réchauffement_climatique.

      La course à l’intelligence artificielle (IA) s’intensifie. Le 9 février, veille du sommet de l’IA à Paris, Emmanuel Macron promettait 109 milliards d’euros d’investissements publics et privés dans cette technologie pour les années à venir. Il entend concurrencer les États-Unis sur ce terrain, en faisant référence au programme « #Stargate » promis par Donald Trump, qui prévoit des dépenses de 500 milliards de dollars (484 milliards d’euros) dans l’IA aux États-Unis.

      Des deux côtés de l’Atlantique, ces centaines de milliards seront principalement investis dans la construction de nouveaux centres de données pour entraîner puis faire fonctionner les outils d’intelligence artificielle. Pourtant, les impacts environnementaux de ces « data centers », mis de côté dans ce sprint à l’IA, présentent un danger réel pour notre planète.

      « Plus grand est le modèle, mieux c’est »

      L’ouverture au public de l’agent conversationnel d’OpenAI, ChatGPT, en novembre 2022 a marqué un tournant dans les usages de l’intelligence artificielle. Depuis, des dizaines d’IA génératives sont accessibles avec la capacité de résoudre des problèmes variés, allant de la rédaction d’un email professionnel à des suggestions de recette de tartes, en passant par des lignes de code informatique.

      Ces grands #modèles_de_langage (en anglais, « #Large_language_models », ou #LLM), avec un grand nombre de paramètres, se sont développés ces dernières années, comme #Gemini de #Google, #Le_Chat de l’entreprise française #MistralAI ou #Grok de #X. D’autres modèles permettent de créer de toutes pièces des images – on pense à #Dall-E ou #Midjourney –, des vidéos ou des chansons.

      Si leur utilisation est gratuite (bien que des versions payantes existent), le prix est payé non seulement par les utilisateurs dont les données personnelles sont captées, mais aussi par les populations les plus vulnérables au changement climatique. Avec leurs dizaines voire centaines de milliards de paramètres et des terabytes de données pour les alimenter, faire tourner les systèmes d’IA générative demande beaucoup de #puissance_de_calcul de #serveurs, situés dans des centres de données. Donc beaucoup d’#électricité.

      Ces chiffres ne font qu’augmenter à mesure que les modèles se perfectionnent. « Aujourd’hui, l’idée dominante dans l’industrie des modèles génératifs est : "Plus grand est le modèle, mieux c’est" », résument les chercheurs Paul Caillon et Alexandre Allauzen dans The Conversation. Malgré un manque de transparence des entreprises, la consommation d’électricité de leurs modèles et leur #impact_climatique ont fait l’objet d’estimations par nombre de chercheurs et institutions.

      Combien consomme une requête ChatGPT ?

      On sait déjà que la version de ChatGPT sortie en mars 2023, #GPT-4, a demandé plus de puissance de calcul que la précédente. Le Conseil économique et social (Cese), dans un avis de septembre 2024, cite OpenAI et explique : entraîner la troisième version de son modèle de langage a demandé l’équivalent de l’énergie consommée par 120 foyers américains. La version suivante a multiplié par 40 cette consommation, avoisinant la consommation de 5000 foyers.

      Selon une étude, début 2023, une requête ChatGPT consommait environ 2,9 Wh d’électricité, soit presque dix fois plus qu’une simple recherche Google (0,3 Wh). D’autres études estiment l’impact carbone d’une requête à ChatGPT autour de 4 à 5 grammes d’équivalent CO2.

      Produire une image, c’est pire. La startup #HuggingFace, à l’origine de l’IA #Bloom, a été l’une des premières à estimer les émissions de gaz à effet de serre de ces modèles. Dans une étude co-écrite avec l’Université états-unienne de Carnegie-Mellon, elle montre que la génération d’image est de loin la plus polluante des requêtes formulées à une IA générative (l’étude ne prend pas en compte les vidéos).

      Pour donner un ordre d’idée, générer 1000 images correspondrait à conduire environ 7 kilomètres avec une voiture essence. En comparaison, 1000 textes générés équivalent à moins d’un 1 mètre parcouru avec un même véhicule. Mais leur utilisation massive rend cet impact non négligeable. Selon le PDG d’OpenAI Sam Altman, à la fin de l’année 2024, plus d’un milliard de requêtes étaient envoyées à ChatGPT par jour.

      En janvier 2023, soit quelques mois après qu’elle a été rendue accessible au public, ChatGPT avait accumulé 100 millions d’utilisateurs. Selon une estimation de Data for Good, rien que ce mois-là, l’utilisation de ChatGPT aurait pollué à hauteur de 10 113 tonnes équivalent CO2 – soit environ 5700 allers-retours en avion entre Paris et New York.

      En décembre 2024, selon son PDG, le service avait atteint les 300 millions d’utilisateurs… par semaine. Et ce, avec une version bien plus performante – donc bien plus polluante – que la précédente.

      De plus en plus de personnes utilisent l’IA au quotidien, et pour de plus en plus de tâches. Installés dans nos smartphones, accessibles en ligne ou même intégrés dans les frigos haut de gamme, les outils d’intelligence artificielle sont presque partout.

      Une explosion de la consommation d’électricité

      Selon l’Agence internationale de l’énergie, les centres de données représenteraient aujourd’hui environ 1 % de la consommation d’électricité mondiale. Mais cette consommation risque d’augmenter avec les usages croissants et le développement de nouveaux modèles d’IA. Selon l’agence, la consommation des centres de données pour l’IA et les cryptomonnaies a dépassé 460 TWh en 2022. C’est autant que la consommation de la France. D’ici l’année prochaine, selon les scénarios, cette demande en électricité pourrait augmenter de 35 % (160 TWh en plus) à 130 % (590 TWh) ! « Soit l’équivalent d’au moins une Suède et au maximum une Allemagne » de plus dans le monde en quelques années.

      Une autre étude de l’ONG Beyond Fossils Fuels est encore plus alarmiste : « Au cours des six prochaines années, l’explosion de la demande en énergie des centres de données dans l’UE [Union européenne] pourrait entraîner une hausse de 121 millions de tonnes des émissions de CO2, soit presque l’équivalent des émissions totales de toutes les centrales électriques au gaz d’Italie, d’Allemagne et du Royaume-Uni en 2024 combinées » écrit l’ONG en février 2025.

      Les grandes entreprises de la tech cherchent à faire oublier leurs promesses écologiques. Selon le Financial Times, dans un article d’août 2024, les Gafam tentent de remettre en cause les règles de « zéro carbone net » qui leur permettent de compenser leurs émissions de CO2 par le financement d’énergies renouvelables (des règles déjà critiquées pour leur mode de calcul qui dissimule une grande partie de l’impact carbone réel de leurs consommation d’électricité).

      « Ces géants de la technologie sont sur le point de devenir les plus gros consommateurs d’énergie de demain, dans leur course au développement d’une intelligence artificielle énergivore », écrit le média britannique. Les émissions de gaz à effet de serre de Google augmentent par exemple de 13% par an (selon des chiffres de 2023). Une hausse notamment portée par l’augmentation de la consommation d’énergie de ses centres de données. Les émissions de #Microsoft ont bondi de 29 % entre 2020 et 2023.

      Des investissements massifs aux dépens des populations

      Les chefs d’État des États-Unis comme de la France ont pourtant annoncé des investissements massifs dans l’IA pour les années à venir. L’Union européenne, par la voix d’Ursula von der Leyen, a également annoncé un investissement de 200 milliards en partenariat avec de grands groupes.

      Dans les trois cas, ces centaines de milliards d’euros sur la table serviront majoritairement à construire des centres de données pour permettre l’entraînement puis l’utilisation de ces technologies. En France, en amont du sommet de l’IA, le fonds canadien Brookfield a annoncé investir 15 milliards d’euros dans la construction de centres de données, tandis que les Émirats arabes unis ont mis entre 30 et 50 milliards sur la table pour la construction d’un centre de données géant.

      Il est peu probable que cette consommation d’électricité massive ne se fasse pas au détriment des populations. En Irlande, les centres de données monopolisent une part grandissante de l’électricité du pays, ils représentent aujourd’hui plus de 20 % de sa consommation. Cette situation crée des tensions avec les habitants, qui voient leurs factures augmenter alors que la consommation des ménages n’augmente pas.
      Des engagements « durables » non contraignants

      Aux États-Unis, raconte un article de Vert, Microsoft va rouvrir le premier réacteur de la centrale nucléaire de Three Mile Island, site d’un accident en 1979 qui avait irradié toute cette partie de la Pennsylvanie et traumatisé les habitants. Les géants de la Tech – Google, Amazon et Microsoft en tête – cherchent également à investir dans les « petits réacteurs modulaires » nucléaires, en cours de développement, pour alimenter leurs centres de données, ce qui pose la question de la sûreté d’une multitude de petites installations nucléaires face au risque d’accidents. Autre conséquence : le retour en grâce du charbon, fortement émetteur en gaz à effet de serre. Dans l’État de Géorgie, la promesse faite il y a trois ans de fermer toutes ses centrales à charbon a été abandonnée pour répondre au pic de demande d’électricité créé par les centres de données.

      Face à ces risques pour les populations locales comme pour celles les plus vulnérables au changement climatique dans le monde entier, les actions semblent faibles. Une déclaration d’intention a été signée à l’issue du sommet de l’IA, notamment avec l’Inde et la Chine. Il prévoit entre autres la création d’un observatoire de l’impact énergétique de l’IA, sous la responsabilité de l’Agence internationale de l’énergie. Il planifie également la création d’une « coalition pour l’IA durable » avec de grandes entreprises du secteur.

      Ces engagements en matière d’intelligence artificielle signés par les États et les entreprises présentes ne sont pas contraignants, et ne sont pas tournés vers l’action immédiate. De plus, ni le Royaume-Uni ni les États-Unis, qui concentre un tiers des centres de données du monde, n’ont signé ce texte.

      https://basta.media/l-ia-generative-a-le-potentiel-de-detruire-la-planete-mais-pas-comme-vous-l

      #schéma #visualisation #comparaison

    • Comment l’intelligence artificielle et ses data centers s’accaparent l’eau

      La consommation d’eau de l’intelligence artificielle est souvent oubliée des discussions sur l’impact de cette technologie. Pourtant, les centres de données consomment chaque année des milliards de mètres cubes d’eau – et cela risque d’empirer.

      Google a soif. En 2023, les centres de données et les bureaux de la multinationale du numérique ont à eux seuls englouti 24 milliards de litres d’eau – dont la grande majorité utilisée par les data centers. C’est l’équivalent de la consommation d’eau annuelle d’environ 453 000 Français. La question des besoins en eau est l’un des grands enjeux environnementaux du numérique. Il est amplifié par le développement rapide et incontrôlé de l’intelligence artificielle (IA).

      Chaque année, les grandes entreprises de la tech augmentent de dizaines de pourcents leur consommation d’eau. Entre 2021 et 2022, Microsoft a accru de 34 % la quantité d’eau utilisée pour ses activités, et Google de 20 %. Cela représente des milliards de litres d’eau, en grande partie potable, prélevés en plus chaque année. La course au développement d’intelligences artificielles toujours plus performantes – et donc toujours plus polluantes – participe à cette augmentation. Rien que l’entraînement de GPT-3 (la version en usage jusqu’à mars 2023 du robot conversationnel d’OpenAI) aurait consommé 700 000 litres d’eau dans les centres de données de Microsoft basés aux États-Unis.
      Des centres de données géants dans des régions en proie à la sécheresse

      Les ressources en eau globales sont déjà mises en danger par le réchauffement climatique. De nombreuses régions du monde sont en stress hydrique : l’accès à l’eau y est limité, si ce n’est difficile. Selon des estimations de chercheurs, partagées par The Washington Post, un grand centre de données – comme ceux des Gafam – peut consommer entre 3,8 et 19 millions de litres d’eau par jour.

      Ces millions de litres sont utilisés pour produire l’électricité qui les alimente, mais aussi, pour environ un quart, directement pour le refroidissement des serveurs de ces centres de données. Si cela représente encore une faible partie de la consommation d’eau à l’échelle mondiale, les conséquences locales se font souvent déjà sentir. Le journal américain cite l’exemple de la commune de The Dalles, dans l’Oregon, où Google s’accapare plus d’un quart de l’eau de la petite ville.

      Le refroidissement par l’eau est brandi comme argument écologique par les grandes entreprises. Google, par exemple, s’est vanté d’avoir réduit son empreinte carbone de 300 000 tonnes de CO2 en 2021 grâce à des centres de données refroidis par de l’eau plutôt qu’avec de l’air conditionné. Malgré ses promesses de plus grande responsabilité écologique, deux ans plus tard encore, plus de 30 % de l’eau utilisée venait de zones où les risques de pénurie d’eau sont considérés comme moyens ou élevés.

      En Espagne, à une centaine de kilomètres de Madrid, la ville de Talavera de la Reina s’apprête à accueillir un centre de données de 191 hectares, propriété de Meta (la maison-mère de Facebook et Instagram). Depuis 2022, une trentaine de projets similaires ont été lancés dans le pays, rapporte le média indépendant espagnol elDiario.es. Dans la région de l’Aragón, « la situation est grave : 146 000 hectares ne peuvent être cultivés et 175 000 autres sont gravement endommagés par le manque d’eau ». C’est pourtant là qu’Amazon a décidé d’investir 15,7 milliards d’euros pour installer ses centres de données « hyperscale », autrement dit de très grande taille.
      « 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau en 2027 »

      Amazon tente de montrer patte blanche, promettant un approvisionnement électrique provenant à 100 % d’énergies renouvelables, mais des mouvements écologistes s’opposent vivement à ce projet. « Nous refusons le discours selon lequel cette méga-infrastructure serait bénigne pour les territoires, bien au contraire. Les dégâts écologiques et sociaux causés par le déploiement massif de centres de données peuvent déjà être observés dans d’autres territoires tels que la Virginie (États-Unis), le Mexique, l’Irlande et les Pays-Bas », écrit Tu Nube Seca Mi Río (« Ton nuage assèche ma rivière »).

      « La consommation directe d’eau pour le refroidissement représentera la moitié de la consommation totale d’eau de la ville de Saragosse (plus de 300 000 personnes et ses commerces et entreprises) et aurait permis d’irriguer 170 hectares de terres, [et ce,] si les chiffres avancés par projet sont respectés, ce qui semble fort peu probable. » Le collectif, qui agrège plusieurs associations écologistes espagnoles, dénonce les conséquences multiples qu’auront ces data centers pour l’accès à l’eau dans la région, tant pour l’agriculture, pour les populations que dans la lutte contre les incendies, de plus en plus fréquents. Tu Nube Seca Mi Río alerte aussi sur le danger pour la faune locale.

      Ce risque n’est pas présent qu’à l’étranger. En France, à Marseille, le collectif Le nuage était sous nos pieds – composé notamment de la Quadrature du Net – dénonce « la quasi-absence des enjeux environnementaux et territoriaux des infrastructures du numérique dans le débat public », entre autres quand il est question de la construction de nouveaux data centers. « Le méga-ordinateur surchauffe, renvoie l’air ou l’eau chaude dans une ville déjà trop souvent sujette à la canicule, pompe des quantités astronomiques d’eau et d’électricité sur le réseau public, et ne génère pratiquement aucun emploi direct », résument-ils, face à un nouveau projet de l’entreprise Digital Realty dans la ville.

      Le développement et la massification de l’utilisation de l’intelligence artificielle entraînent les entreprises dans une course effrénée à la construction de centres de données, sans considérer les conséquences écologiques et sociales. Selon une étude menée par des chercheurs et chercheuses de l’Université de Cornell, aux États-Unis, en 2023, « la demande mondiale en IA devrait représenter 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau en 2027, soit plus que le prélèvement annuel total d’eau de quatre à six Danemark ou de la moitié du Royaume-Uni ».

      https://basta.media/comment-intelligence-artificielle-IA-data-centers-gafam-s-accaparent-eau

    • Big tech’s water-guzzling data centers are draining some of the world’s driest regions

      #Amazon, #Google, and #Microsoft are expanding data centers in areas already struggling with drought, raising concerns about their use of local water supplies for cooling massive server farms.

      In short:

      - The three largest cloud companies are building or operating 62 data centers in regions facing water scarcity, including in Spain, #Arizona, and other drought-prone areas across five continents.
      - Amazon’s new centers in Spain’s #Aragon region are licensed to use enough water to irrigate hundreds of acres of farmland annually, and the company has requested a 48% increase in water for its existing sites.
      – Tech firms promise to become “water positive” by 2030, but experts and even internal critics say offsetting water use elsewhere doesn’t solve shortages in the communities where centers operate.

      Key quote:

      “Neither people nor data can live without water. But human life is essential and data isn’t.”

      — Aurora Gómez, Tu Nube Seca Mi Río

      Why this matters:

      Data centers are the invisible engines of the internet — processing everything from emails to AI, video calls to cloud storage — but they come with a physical footprint. That footprint includes massive energy use and a surprising dependence on fresh water to keep machines cool. In places where droughts are worsening with climate change, the demands of these centers are clashing with local needs for drinking water and agriculture. Some of these regions are already edging toward desertification, and water-intensive industries like tech may tip them further. Critics worry that promises of sustainability are greenwashing efforts that mask the environmental costs of maintaining digital infrastructure.

      https://www.dailyclimate.org/big-techs-water-guzzling-data-centers-are-draining-some-of-the-worlds-
      #Espagne

    • Big tech’s new datacentres will take water from the world’s driest areas

      Amazon, Google and Microsoft are building datacentres in water-scarce parts of five continents
      Luke Barratt, Costanza Gambarini and data graphics by Andrew Witherspoon and Aliya Uteuova
      Wed 9 Apr 2025 13.30 CEST
      Last modified on Wed 9 Apr 2025 17.40 CEST

      Amazon, Microsoft and Google are operating datacentres that use vast amounts of water in some of the world’s driest areas and are building many more, the non-profit investigatory organisation SourceMaterial and the Guardian have found.

      With Donald Trump pledging to support them, the three technology giants are planning hundreds of datacentres in the US and across the globe, with a potentially huge impact on populations already living with water scarcity.

      “The question of water is going to become crucial,” said Lorena Jaume-Palasí, founder of the Ethical Tech Society. “Resilience from a resource perspective is going to be very difficult for those communities.”

      Efforts by Amazon, the world’s largest online retailer, to mitigate its water use have sparked opposition from inside the company, SourceMaterial’s investigation found, with one of its own sustainability experts warning that its plans are “not ethical”.

      In response to questions from SourceMaterial and the Guardian, spokespeople for Amazon and Google defended their developments, saying they always take water scarcity into account. Microsoft declined to provide a comment.

      Datacentres, vast warehouses containing networked servers used for the remote storage and processing of data, as well as by information technology companies to train AI models such as ChatGPT, use water for cooling. SourceMaterial’s analysis identified 38 active datacentres owned by the big three tech firms in parts of the world already facing water scarcity, as well as 24 more under development.

      https://www.theguardian.com/environment/2025/apr/09/big-tech-datacentres-water

      Datacentres’ locations are often industry secrets. But by using local news reports and industry sources Baxtel and Data Center Map, SourceMaterial compiled a map of 632 datacentres – either active or under development – owned by Amazon, Microsoft and Google.

      It shows that those companies’ plans involve a 78% increase in the number of datacentres they own worldwide as cloud computing and AI cause a surge in the world’s demand for storage, with construction planned in North America, South America, Europe, Asia, Africa and Australia.

      In parts of the world where water is plentiful, datacentres’ high water usage is less problematic, but in 2023 Microsoft said that 42% of its water came from “areas with water stress”, while Google said 15% of its water consumption was in areas with “high water scarcity”. Amazon did not report a figure.

      Now these companies plan to expand their activities in some of the world’s most arid regions, SourceMaterial and the Guardian’s analysis found.

      “It’s no coincidence they are building in dry areas,” as datacentres have to be built inland, where low humidity reduces the risk of metal corrosion, while seawater also causes corrosion if used for cooling, Jaume-Palasí said.
      ‘Your cloud is drying my river’

      Amazon’s three proposed new datacentres in the Aragon region of northern Spain – each next to an existing Amazon datacentre – are licensed to use an estimated 755,720 cubic metres of water a year, roughly enough to irrigate 233 hectares (576 acres) of corn, one of the region’s main crops.

      In practice, the water usage will be even higher as that figure doesn’t take into account water used to generate the electricity that will power the new installations, said Aaron Wemhoff, an energy efficiency specialist at Villanova University in Pennsylvania.

      Between them, Amazon’s new datacentres in the Aragon region are predicted to use more electricity than the entire region currently consumes. Meanwhile, Amazon in December asked the regional government for permission to increase water consumption at its three existing datacentres by 48%.

      Opponents have accused the company of being undemocratic by trying to rush through its application over the Christmas period. More water is needed because “climate change will lead to an increase in global temperatures and the frequency of extreme weather events, including heat waves”, Amazon wrote in its application.

      “They’re using too much water. They’re using too much energy,” said Aurora Gómez of the campaign group Tu Nube Seca Mi Río – Spanish for “Your cloud is drying my river” – which has called for a moratorium on new datacentres in Spain due to water scarcity.

      Spain has seen rising numbers of heat-related deaths in extreme weather events linked by scientists to the climate crisis. Last month, Aragon’s government asked for EU aid to tackle its drought.

      Farmer Chechu Sánchez said he’s worried the datacentres will use up water he needs for his crops.

      “These datacentres use water that comes from northern Aragon, where I am,” he said. “They consume water – where do they take it from? They take it from you, of course.”

      With 75% of the country already at risk of desertification, the combination of the climate crisis and datacentre expansion is “bringing Spain to the verge of ecological collapse”, Jaume-Palasí said.

      Asked about the decision to approve more datacentres, a spokesperson for the Aragonese government said they would not compromise the region’s water resources because their impact is “imperceptible”.
      Water offsetting

      Amazon does not provide overall figures for the water its datacentres use worldwide. But it does claim that it will be “water positive” by 2030, offsetting its consumption by providing water to communities and ecosystems in areas of scarcity elsewhere.

      Amazon says it is currently offsetting 41% of its water usage in areas it deems unsustainable. But it’s an approach that has already caused controversy inside the company.

      “I raised the issue in all the right places that this is not ethical,” said Nathan Wangusi, a former water sustainability manager at Amazon. “I disagreed quite a lot with that principle coming from a pure sustainability background.”

      Microsoft and Google have also pledged to become “water positive” by 2030 through water offsetting, as well as finding ways to use water more efficiently.

      Water offsetting ca not work in the same way as carbon offsetting, where a tonne of pollutants removed from the atmosphere can cancel out a tonne emitted elsewhere, said Wemhoff, the Villanova University specialist. Improving access to water in one area does nothing to help the community that has lost access to it far away.

      “Carbon is a global problem – water is more localised,” he said.

      Amazon should pursue water accessibility projects “because it’s the right thing to do”, not to offset the company’s usage and make claims about being “water positive”, Wangusi said.

      In March, Amazon announced that it would use AI to help farmers in Aragon use water more efficiently.

      But that is “a deliberate strategy of obfuscation” that distracts from the company’s request to raise water consumption, said Gómez, the campaigner.

      Amazon said its approach shouldn’t be described as offsetting because the projects are in communities where the company operates.

      “We know that water is a precious resource, and we’re committed to doing our part to help solve this challenge,” said Harry Staight, an Amazon spokesperson. “It’s important to remember many of our facilities do not require the ongoing use of water to cool operations.”
      ‘Extreme drought’

      Amazon is by far the biggest owner of datacentres in the world by dint of its Amazon Web Services cloud division, but Google and Microsoft are catching up.

      In the US, which boasts the largest number of datacentres in the world, Google is the most likely to build in dry areas, SourceMaterial’s data shows. It has seven active datacentres in parts of the US facing water scarcity and is building six more.

      “We have to be very, very protective around the growth of large water users,” said Jenn Duff, a council member in Mesa, Arizona, a fast-growing datacentre hub. In January, Meta, the owner of Facebook, WhatsApp and Instagram, opened a $1bn datacentre in the city, and Google is developing two more.

      The surrounding Maricopa county, where Microsoft also has two active datacentres, is facing “extreme drought”, according to the National Oceanic and Atmospheric Administration. In June 2023, Arizona state officials revoked construction permits for some new homes there due to a lack of groundwater.

      Drought has not halted Google’s plans for a second Mesa datacentre, while its first centre has a permit to use 5.5m cubic metres of water a year – about the same quantity used by 23,000 ordinary Arizonans.

      “Is the increase in tax revenue and the relatively paltry number of jobs worth the water?” said Kathryn Sorensen, an Arizona State University professor and a former director of Mesa’s water department. “It is incumbent on city councils to think very carefully and examine the trade-offs.”

      Google said it won’t use the full amount of water in its Mesa permit as it plans to use an air cooling system.

      “Cooling systems are a hyperlocal decision – informed by our data-driven strategy called ‘climate-conscious cooling’ that balances the availability of carbon-free energy and responsibly sourced water to minimise climate impact both today and in the future,” said Google spokesperson Chris Mussett.
      Stargate

      In January at the White House, Trump announced “Project Stargate”, which he called “the largest AI infrastructure project in history”.

      Starting in Texas, the $500bn joint venture between OpenAI, the American software company Oracle, Japan-based SoftBank and Emirati investment firm MGX will finance datacentres across the US.

      The day before the Stargate announcement, Trump’s inauguration date, the Chinese company DeepSeek launched its own AI model, claiming it had used far less computing power – and therefore less water – than its western rivals.

      More recently, Bloomberg has reported that Microsoft is pulling back on some of its plans for new datacentres around the world. Microsoft has also published plans for a “zero water” datacentre, and Google has said it will incorporate air cooling to reduce water use – though it isn’t yet clear how its systems will work.

      “I’ll believe it when I see it,” said Jaume-Palasí. “Most datacentres right now are going from air cooling to water cooling because liquid is more efficient when you try to cool down high-density racks, which are the ones that are mostly being used for AI.”

      And while the Trump administration has pledged to fast-track new energy projects to power these new datacentres, it has so far said nothing about the water they could use up.

      “Neither people nor data can live without water,” said Gómez. “But human life is essential and data isn’t.”

    • https://www.npr.org/2024/09/20/nx-s1-5120581/three-mile-island-nuclear-power-plant-microsoft-ai

      Three Mile Island, the power plant near Middletown, Pa., that was the scene of the worst commercial nuclear accident in U.S. history, will reopen to power #Microsoft's #data_centers, which are responsible for powering the tech giant’s cloud computing and artificial intelligence programs.

      Constellation #Energy, which bills itself as America’s largest producer of “clean, #carbon-free energy,” announced Friday that it had signed its largest-ever power purchase agreement with Microsoft.

      “Powering industries critical to our nation’s global economic and technological competitiveness, including data centers, requires an abundance of energy that is carbon-free and reliable every hour of every day, and #nuclear_plants are the only energy sources that can consistently deliver on that promise,” said Joe Dominguez, Constellation Energy’s president and CEO.

      The deal will create approximately 3,400 jobs and bring in more than $3 billion in state and federal taxes, according to the company. It also said the agreement will add $16 billion to Pennsylvania’s GDP.

      The agreement will span 20 years, and the plant is expected to reopen in 2028. It will be renamed the Crane Clean Energy Center in honor of Chris Crane, who died in April and served as the CEO of Constellation’s former parent company.

      #Pennsylvania’s nuclear energy industry plays a critical role in providing safe, #reliable, #carbon_free #electricity that helps reduce emissions and grow Pennsylvania’s economy,” Gov. Josh Shapiro said.

      Unlike power plants using fossil fuels, like coal or natural gas, nuclear plants do not directly release carbon dioxide or other greenhouse gas emissions driving global warming.

      The partial nuclear reactor meltdown at Three Mile Island happened on March 28, 1979, when one of the plant’s two reactors’ cooling mechanisms malfunctioned. The #reactor that will be reopened to power Microsoft’s data centers was not involved in the accident.

      #AI #IA
      #Intelligence_artificielle #Consommation_énergétique

    • “Before it was prematurely shuttered due to poor economics, this plant was among the safest and most reliable nuclear plants on the grid, and we look forward to bringing it back with a new name and a renewed mission to serve as an economic engine for Pennsylvania," Dominguez said.

      Ben tiens. Il a juste une conception des générateurs de vapeur foireuse qui fait qu’en cas de brèche sur le circuit primaire ils se vident en quelques dizaines de secondes, privant le dit circuit d’une source d’évacuation de l’énergie. Précisément un des problèmes lors de l’accident.

  • The automated Fortress Europe : No place for human rights

    29,000 people have died in the Mediterranean over the past ten years while trying to reach the EU. You would think that the EU wanted this tragedy to stop and scientists across Europe were working feverishly on making this happen with the latest technology. The opposite is the case: With the help of so-called Artificial Intelligence, digital border walls are being raised, financed with taxpayers’ money.

    Drones, satellites, and other digital monitoring systems: For decades, the EU’s external borders have been upgraded with state-of-the-art surveillance technology to create so-called smart borders. Now, algorithms and Artificial Intelligence are increasingly adding to the wall.

    Their development is funded with millions of euros by EU research programs with names like Horizon 2020 or Horizon Europe. The funded projects read like a catalog of surveillance technologies. Instead of trying to save people from losing their lives, they put all of us in danger.

    It doesn’t come as a surprise that most initiatives are kept secret. The public learns next to nothing about them. Law enforcement and border authorities prefer not to be bothered with giving insights into their work. They try to avoid a democratic debate about the research and development of this sort of AI-driven surveillance technology.
    WE FOUND OUT ABOUT WHAT THE EU PREFERS TO KEEP OUT OF THE PUBLIC’S EYE

    When we asked for information on research projects in which such systems are being developed, we received many responses that wouldn’t give us any substantial information.

    The European Research Executive Agency (REA) is mandated by the EU Commission to fund and manage innovative projects in virtually all areas of research, including Horizon 2020. Still, the REA isn’t particularly outspoken about their research projects.

    We had tried, for example, to obtain details about the ROBORDER project‘s “methodology applied for the evaluation of the system performance” through access to information requests. At first, we were denied it in reference to the “protection of the public interest as regards public security.” The identity and affiliation of individuals involved in the ethics review process would also not be shared, to protect their “privacy and integrity.” REA also cited “commercial interests” and the protection of intellectual property as lawful grounds to refuse disclosure: “releasing this information into public domain would give the competitors of the consortium an unfair advantage, as the competitors would be able to use this sensitive commercial information in their favour.” These reasons given to us to avoid disclosure were common reactions to all the requests we sent out. But in the end, REA did provide us with information on the methodology.

    More transparency is urgently needed. ROBORDER aims at developing unmanned vehicles to patrol EU borders, capable of operating in swarms. Such capabilities would most likely be of interest to the military as well. In fact, research by AlgorithmWatch and ZDF Magazin Royale shows that in a market analysis conducted within the ROBORDER project, “military units” have been identified as potential users of the system. Documents we obtained show that members of the research team met with prospective officers of the Greek Navy to introduce the ROBORDER system.

    Military applications would exclude ROBORDER from Horizon 2020 funding, which is reserved for civilian applications. However, an EU Commission’s spokesperson said that the mere fact that a “military audience” was also chosen to disseminate the project does not “per se call into question the exclusively civilian application of the activities carried out within the framework of this project.”

    The ROBORDER project was executed as planned until its scheduled end in 2021. Its output contributed to later projects. At a national level, one is REACTION, which is funded by the EU’s Border Management and Visa Instrument and coordinated by the Greek Ministry of Immigration and Asylum. AlgorithmWatch and ZDF Magazin Royale tried to ask the Greek research center CERTH – which coordinated ROBORDER and is now working on REACTION – what results or components exactly were adopted, but we didn’t get an answer.

    Due to our persistence, we managed to obtain documents for various EU-funded projects. Some of them we received were so heavily redacted that it was impossible to get an idea what they were about. The grant agreement and the annexes to the NESTOR project contained 169 consecutive redacted pages.
    JUST ANOTHER BRICK IN THE AUTOMATED WALL

    An automated Fortress Europe would also impact everyone’s rights, since the technology it facilitates allows governments to find out everything about us.

    How do they do it, you ask? By using face recognition, for example, and by reducing your identity to your face and other measurable biometric features. Faces can be captured and analyzed by increasingly sophisticated biometric recognition systems. In the D4FLY project, they combine “2D+thermal facial, 3D facial, iris and somatotype biometrics.” In projects such as iBorderCtrl, they examine emotions and “micro-expressions,” fleeting facial expressions that last only fractions of a second, to assess whether travelers are lying to (virtual) border officials. That way, risk assessments are automatically created, which could lead to stricter security checks at EU borders.

    Such EU-funded projects are designed to digitalize, computerize, and automate human mobility. The EU envisions a future where law-abiding travelers enjoy uninterrupted freedom, while “risky” people are automatically flagged for further checks.

    As Frontex’ deputy executive director, Uku Särekanno, put it in a recent interview: „What comes next is a very serious discussion on automation. We are looking into how, in the next five to ten years, we can have more automated border crossings and a more seamless travel experience.”

    According to various scientists, this is the result of over two decades’ work, ultimately leading to total remote surveillance and thus to a perfect panoptic society, in which we are utterly dominated by such digital technologies and the underlying logic of security policy.

    WHAT IS IT GOOD FOR? SKIMMING THROUGH THE SURVEILLANCE CATALOGUE

    Checking people requires time and resources. Therefore, some projects aim to automatically “relieve” border officials, which means make them auxiliaries for automated systems that are falsely assumed to be more objective or reliable.

    Automated systems are supposed to detect “abnormal behavior,” increase “situation awareness,” and derive real-time information and predictions ("nowcasts") from multiple sensors attached to individuals, groups, but also freighters or other vehicles. Migration movements are to be predicted algorithmically, by analyzing Google Trends data, content on social media platforms such as Facebook and X (formerly Twitter), and “quantitative (geo-located) indicators of telephone conversations.” But such automated systems can’t replace political decisions by taking available data and leaving the decision to algorithms. The decisions have to be justified. Political decisions are also not only a byproduct of technological solutions and have to be put first.

    Risks become apparent by looking at the ITFLOWS project’s EuMigraTool. It includes “monthly predictions of asylum applications in the EU” and is supposed to “identify the potential risks of tensions between migrants and EU citizens” by providing “intuitions” on the “attitudes towards migration” in the EU using “Twitter Sentiment Analysis model data as input”. The very project’s Users Board, in which organizations such as the Red Cross and Oxfam are represented, warned in a statement against misuse, “misuse could entail closing of borders, instigating violence, and misuse for political purposes to gain support and consensus for an anti-migration policy.” The tool was developed nonetheless.

    In these EU-funded projects, people on the move are constantly portrayed as a threat to security. The FOLDOUT project explicates this core premise in all frankness: “in the last years irregular migration has dramatically increased,” therefore it was “no longer manageable with existing systems.” Law enforcement and border agencies now assume that in order to “stay one step ahead” of criminals and terrorists, automation needs to become the norm, especially in migration-related contexts.

    FRONTEX: IT’S EVERYWHERE

    A driving force in border security is also one of the main customers: Frontex. Founded in 2004, the European Border and Coast Guard Agency has played an increasingly important role in the EU’s research and innovation projects in recent years. The agency’s budget has increased by 194 percent compared to the previous budget, and by an incredible 13,200 percent in the last 20 years. But Frontex’ influence goes far beyond the money at its disposal. The agency intervened to “help,” "actively participate in," and “push forward” several Horizon 2020 projects, addressing “a wide spectrum of technological capabilities critical for border security,” including Artificial Intelligence, augmented reality, or virtual reality.

    In 2020, the agency formalized their collaboration with the EU Commission’s Directorate-General for Migration and Home Affairs (DG-HOME). It allowed Frontex to provide assistance to DG-HOME “in the areas of programming, monitoring and the uptake of projects results.” The agency is now responsible for “identifying research activities,” evaluating research proposals, and the supervision of the Horizon Europe research projects’ “operational relevance.”

    The agency therefore joined EU-funded projects trials, demonstrations, and workshops, held events involving EU-funded projects, and even created a laboratory (the Border Management Innovation Centre, BoMIC) to help implement EU-funded projects in border security. This is complemented with Frontex’s own “Research Grants Programme”, whose first call for proposals was announced in November 2022, to “bring promising ideas from the lab to real applications in border security.”
    HOW IS THIS SUPPOSED TO BECOME REALITY?

    The NESTOR project promises “an entirely functional, next-generation, comprehensive border surveillance system offering pre-frontier situational awareness beyond sea and land borders.” The system is based on optical, thermal imaging, and radio frequency spectrum analysis technologies. Such data will be “fed by an interoperable sensors network” comprised of both stationary installations and mobile manned or unmanned vehicles (that can operate underwater, on water surfaces, on the ground, or in the air). The vehicles are also capable of functioning in swarms. This allows for detecting, recognizing, classifying, and tracking “moving targets” such as persons, vessels, vehicles, or drones. A “Border Command, Control, and Coordination intelligence system” would adopt “cutting-edge Artificial Intelligence and Risk Assessment technologies”, fusing “in real-time the surveillance data in combination with analysis of web and social media data.”

    The key term here is “pre-frontier awareness.” According to the EU, “pre-frontier” refers to “the geographical area beyond the external borders which is relevant for managing the external borders through risk analysis and situational awareness.” Or, to put it bluntly: the very notion of “border” ultimately dissolves into whatever the authorities want it to mean.
    CONCLUSION: ONLY FEW BENEFIT FROM THE AUTOMATED EU FORTRESS AND YOU ARE DEFINITELY NOT ONE OF THEM.

    The list of projects could go on and on (see the box below), but you get the EU’s gist: They perceive migrants as a threat and want to better protect their borders from them by constantly improving automation and ever-increasing surveillance − far beyond existing borders. The EU conjures up the image of a migration “crisis” that we can only hope to end through technological solutions.

    This belief is extensively and increasingly affirmed and shaped by the border and coast guard community in lockstep with the surveillance and security industries, as has been well documented. But it threatens social justice, non-discrimination, fairness, and a basic respect of fundamental rights. “Ethics assessments” only scratch at the surface of the complexity of automating migration. The systems will be developed anyway, even if the assessments fundamentally question whether the systems’ use can be justified at all. Many of these projects should not have been funded in the first place, so they should not be pursued.

    https://algorithmwatch.org/en/automated-fortress-europe
    #AI #IA #intelligence_artificielle #migrations #réfugiés #contrôles_frontaliers #mur_digital #frontières_digitales #technologie #drones #satellites #frontières_intelligentes #smart_borders #Horizon_2020 #Horizon_Europe #surveillance #complexe_militaro-industriel #European_Research_Executive_Agency (#REA) #recherche #ROBORDER #REACTION #Border_Management_and_Visa_Instrument #CERTH #Grèce #NESTOR #biométrie #D4FLY #iBorderCtrl #Frontex #ITFLOWS #risques #EuMigraTool #FOLDOUT #pré-frontière

    ping @reka

  • Débat sur la violence des jeunes : « La répression est une idée populaire, mais c’est un échec »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/24/debat-sur-la-violences-des-jeunes-la-repression-est-une-idee-populaire-mais-

    Face à la description de la « violence déchaînée, morbide, sans règle » de certains jeunes, le 18 avril, par le premier ministre, les historiens que nous sommes proposent d’inscrire un nouveau chapitre au programme d’éducation civique qui lui tient tant à cœur. Il s’intitulerait : « La #justice des #enfants ou la longue histoire d’une addiction à la sanction ». Il permettrait de raconter à nos écolières et nos écoliers comment, depuis le XIXe siècle, ses prédécesseurs ont fait face au « fléau de la #délinquance_juvénile » décrite comme « toujours plus violente, plus nombreuse, plus précoce » (Le Petit Journal, 1907). Les élèves découvriraient sans doute avec surprise que ses propositions s’inscrivent dans une fascinante continuité, qu’elles ont été maintes fois appliquées et qu’à l’épreuve des faits leur efficacité est discutable.

    Le chapitre débuterait en 1810. On ouvrirait ensemble le code pénal de Napoléon (empereur peu réputé pour son laxisme), et les élèves liraient dans ses articles la volonté de ne plus juger un enfant comme un adulte, la nécessité de pouvoir l’excuser du fait de sa minorité. Ils observeraient aussi que, sans doute effrayé par sa propre hardiesse, le législateur impérial s’assure néanmoins que tout enfant capable de marcher et de voler une pomme puisse être envoyé en prison ordinaire.
    L’histoire se poursuivrait avec une analyse de la loi de 1850 « sur le patronage des #jeunes_détenus », censée répondre à l’échec de la #prison. Les députés républicains considèrent alors que le gamin de Paris, le petit vagabond, l’enfant de parents ouvriers – souvent décrits comme abrutis de travail et viciés par l’alcool – doit bénéficier d’une correction avant de « tomber dans la délinquance », pour reprendre les mots de M. Attal. Selon eux, pour le redresser, il est nécessaire de le placer en #internat_disciplinaire, loin de la ville et d’une famille défaillante, afin de le remettre sur le bon chemin.

    Malgré les rapports parlementaires dénonçant le coût de ces institutions, leur violence et le niveau élevé de récidive des jeunes placés, ces « colonies agricoles pénitentiaires » fleurissent. La France est inquiète ! Des bandes de jeunes gens cruels font régulièrement la une de la presse à grand tirage, et les statistiques, déjà, sont formelles : « De 16 à 20 ans le nombre de jeunes délinquants quadruple » (Le Temps, 1899) ; « Inquiétante augmentation de près de 50 % d’enfants délinquants en vingt ans » (Le Journal, 1901).

    Accompagnement social des mineurs

    Le cours aborderait ensuite les temps bouleversés du début du XXe siècle. En 1912, une nouvelle loi a le courage de considérer que l’accompagnement social des mineurs délinquants est une priorité. Elle n’aura ni les moyens ni le temps d’être appliquée, la Grande Guerre ravivant les angoisses d’une dérive de la jeunesse.
    Néanmoins, l’hécatombe de 14-18 modifie en profondeur le regard des Français sur l’enfermement et la peine. Les élèves liraient alors, médusés, que la presse en vient à se scandaliser du sort réservé aux jeunes délinquants dans les « bagnes d’enfants », certains allant même jusqu’à reprendre les mots d’un poète, Jacques Prévert, dénonçant la « chasse à l’enfant ». Soudain, il serait presque possible de croire que le temps de la jeunesse doit être une promesse.

    Nous pourrions poursuivre avec le second conflit mondial. La France occupée puis libérée, souvent grâce à la fougue de jeunes héros ; un hiver 1945 rude amenant son lot de destructions, de violences, de marché noir, et une explosion de la délinquance juvénile. La France peut alors compter sur l’autorité du général de Gaulle, et c’est bien sa signature qu’ils découvriront au bas du préambule de l’ordonnance du 2 février 1945 « relative à l’enfance délinquante ».

    Nous croiront-ils quand nous expliquerons que ce texte fait primer l’éducation sur la sanction ? Que la prison doit être l’exception ? Parviendrons-nous à faire admettre que l’article 17 expose alors que les mineurs « ne pourront faire l’objet que de mesures de protection, d’éducation ou de réforme, en vertu d’un régime d’irresponsabilité pénale » ? [principe jamais appliqué ; quant à l’éducation... ndc] Rapidement, nous devrons ajouter, pour être précis, que cette ordonnance prévoyait des dérogations, laissant la possibilité aux juridictions de lever l’excuse de minorité. Sans oublier que la peine de mort fut applicable aux mineurs jusqu’en 1981.

    Justice spécifique

    Enfin, il serait temps de conclure. Nous pourrions alors évoquer ce texte fondateur qu’est la Convention internationale des droits de l’enfant (1989), sanctuarisant une justice spécifique pour les #mineurs et l’inscrivant dans un ensemble de droits protecteurs et émancipateurs. Il faudrait des trésors d’imagination pédagogique pour expliquer comment cette apothéose des droits se transforme en véritable feu d’artifice de mesures répressives en France : lois, circulaires, ordonnances affirmant la « fermeté » des pouvoirs publics, création de foyers renforcés (1998) puis fermés (2002), construction d’établissements pénitentiaires pour mineurs (2002), levée de l’excuse de minorité pour les 16-18 ans en état de récidive (2007), peines plancher (2007), tribunaux correctionnels pour mineurs (2010), mise à l’épreuve éducative (2024)…

    La leçon se terminerait, et peut-être qu’un doigt se lèverait pour nous demander : mais alors, si les politiques affirment que la violence des jeunes ne cesse d’augmenter, c’est peut-être que toutes ces punitions ne fonctionnent pas ? Pourquoi continuer ?

    La répression est une idée populaire, mais c’est un échec. Pas tant parce que les jeunes seraient d’incorrigibles criminels biberonnés à la violence, mais parce que la sanction brute se fait toujours prophétie créatrice : elle fragilise des jeunes et leurs familles déjà vulnérables, elle sape le travail social et éducatif censé les aider à sortir de la délinquance. Et si, pour une fois, nous avions l’audace de mettre en application les réformes progressistes votées depuis plus de deux cents ans ?

    La supposée crise de l’autorité que nous traversons ne prend pas racine dans un affaiblissement des institutions. Bien loin d’un « réarmement civique » martial, c’est en conférant aux jeunes liberté, égalité et, in fine, pouvoir d’agir que nous les rendrons maîtres de leur propre destin, artisans de la paix sociale dans un monde qu’ils estiment plus juste et solidaire. En somme, sevrons-nous de l’autoritarisme en pensant l’émancipation de la jeunesse.

    Véronique Blanchard est historienne, enseignante-chercheuse à l’université d’Angers (Temos) ; David Niget est historien, enseignant-chercheur à l’université d’Angers (Temos). Ils sont tous les deux spécialistes de l’histoire de l’enfance, de la jeunesse et de la justice.

    #colonies_pénitentaires et aujourd’hui, outre les #CJD, les #établissements_pénitentiares_pour_mineurs, les #centres_éducatifs_fermés

    • Christian Mouhanna, sociologue : « En dépit de dramatiques faits divers, le nombre de mineurs auteurs de délits baisse »
      TRIBUNE
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/24/christian-mouhanna-sociologue-en-depit-de-dramatiques-faits-divers-le-nombre

      Une fois de plus revient sur le devant de la scène politique et médiatique le thème des #mineurs_délinquants, qui seraient de plus en plus jeunes et de plus en plus violents. Premier ministre, ministres, préfets et syndicalistes policiers reprennent tous cette assertion pour désigner une menace qui viendrait fragiliser la tranquillité et la cohésion de la société.

      L’actualité, il est vrai, invite les responsables à réagir : les meurtres de Grande-Synthe (Nord), Romans-sur-Isère (Drôme) ou Viry-Châtillon (Essonne) et l’agression de Montpellier, lors des deux premières semaines d’avril, choquent l’opinion publique. Faut-il pour autant en conclure que nous avons affaire à un phénomène de masse, accentué par les réseaux sociaux et la perte du sens de l’autorité et du devoir parmi les plus jeunes ? Sans minimiser l’émotion légitime suscitée par ces événements, on peut néanmoins observer que les chiffres disponibles ne confirment pas cette impression.

      Les statistiques des tribunaux nous montrent en effet une baisse notable des mineurs auteurs de délits. Ceux qui sont orientés vers les alternatives aux poursuites, sanctions qui concernent les cas les moins graves, ont diminué de 40 % entre 2018 et 2022. Quant aux faits plus graves, qui font l’objet d’une orientation devant les juges des enfants ou les juges d’instruction, ils baissent de 33 % sur la même période. Globalement, le nombre de mineurs condamnés n’a cessé de diminuer depuis 2017. Et ils représentent toujours une infime minorité des auteurs de meurtres ou tentatives de meurtre.

      Durcissement des lois

      On pourrait objecter qu’il s’agit là d’un effet du « laxisme »
      judiciaire dénoncé par certains, mais en ce qui concerne les majeurs, les condamnations et les incarcérations ont augmenté entre 2018 et 2022. Si l’on regarde les établissements pénitentiaires , ceux qui sont réservés aux mineurs – établissements pour mineurs et quartiers mineurs des prisons – affichent un taux d’occupation de « seulement » 60 % fin 2023, alors qu’il dépasse les 145 % dans les maisons d’arrêt pour majeurs. Et beaucoup de ces jeunes incarcérés (56 %) sont en détention provisoire, en attente de jugement. La baisse du nombre de mineurs sanctionnés par l’appareil judiciaire est d’autant plus remarquable que la période considérée se caractérise par un durcissement des lois visant les comportements jugés inappropriés ou incivils des jeunes, notamment dans l’espace public.
      Bien entendu, ces chiffres ne viendront pas consoler la peine des proches des victimes de ces actes. Ils viennent seulement interroger ceux qui instrumentalisent ces faits divers terribles pour en tirer des leçons sur les évolutions de la société et en faire le terreau de politiques prônant davantage de sanctions. Ces derniers ignorent, ou font semblant d’ignorer, que les lois pénalisant les mineurs n’ont cessé de se multiplier depuis le milieu des années 1990, et jusque très récemment.

      Le nouveau code de la justice pénale des mineurs est entré en vigueur le 30 septembre 2021, réformant l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. C’est la quarantième fois que ce texte, à l’origine fondé sur un équilibre entre éducation et sanction, est modifié. Depuis 2002 et les #lois_Perben, une orientation toujours plus répressive n’a cessé de s’imposer à une justice des mineurs par ailleurs de moins en moins bien dotée en moyens matériels et humains. Cette sévérité renforcée n’a pourtant pas apaisé les discours punitifs. Depuis le début des années 2000, les ministres de l’intérieur successifs reprennent la rengaine des « mineurs délinquants de plus en plus jeunes et de plus en plus violents », alimentant un discours anxiogène sur le déclin supposé de nos sociétés.

      Ce discours n’est ni neuf ni étayé par des résultats scientifiquement prouvés, bien au contraire. Toute réflexion s’appuyant sur les nombreux rapports disponibles dans les ministères ou les assemblées législatives, sans parler des laboratoires de recherche et les universités, est écartée au profit d’une #réaction immédiate, sans mise en perspective.

      Au lieu de replacer ces événements dans un cadre plus large, les discours n’hésitent pas à monter en généralité à partir de faits divers certes réels, mais qui ne reflètent pas une situation d’ensemble. Et dans ce cadre du court terme, les solutions proposées ne sont pas le fruit d’une réflexion approfondie : on ressort sans cesse la menace de sanctions plus dures, sans évaluation et sans attendre les effets éventuels des précédents textes votés.

      Stratégie politique

      Dans une période où les fake news et les discours populistes et démagogiques sont dénoncés, il est dommage de voir un gouvernement prétendument réaliste sombrer, pour des raisons de stratégie politique, dans les mêmes travers que les pires idéologues fascinés par la punition des plus faibles. Car les mineurs sont aussi parmi les plus touchés par les homicides intrafamiliaux.

      Si le nombre de mineurs auteurs de délits baisse, en revanche celui de ceux qui sont pris en charge au titre de l’enfance en danger s’est accru. Il représente 72 % de l’activité des juridictions pour mineurs. A l’heure de la disparition de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, il serait peut-être important de remettre ces résultats en perspective et de s’interroger sur le « processus de décivilisation » à l’œuvre, selon le président de la République dans son discours de mai 2023.

      S’agit-il d’un processus dont serait responsable une jeunesse spontanément ancrée dans la violence, ou bien du résultat de choix politiques peu cohérents ? Les cadres politiques actuels auront-ils le courage de leurs prédécesseurs de 1945, pour qui l’enfance délinquante était un défi qu’il fallait relever en donnant plus de moyens à l’éducatif ? Ou se contenteront-ils de continuer à tenter – inutilement – de se construire une légitimité fondée sur la peur et sur leur volonté d’y apporter une réponse par une sévérité accrue ?

      Christian Mouhanna est sociologue, chercheur au CNRS et au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), où il étudie les organisations policières, la justice pénale et le milieu carcéral.

    • Enfants en danger : l’embolie des services chargés de leur protection provoque des situations dramatiques
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2022/05/11/la-protection-de-l-enfance-en-danger-confrontee-a-une-nouvelle-degradation_6

      La mise en œuvre des décisions de justice censées protéger les mineurs maltraités ou délaissés intervient avec des retards croissants, provoquant des situations dramatiques.

      https://justpaste.it/bg1y7

      #enfance

    • Délinquance des mineurs : « Les effectifs des éducateurs de rue sont devenus une variable d’ajustement économique », David Puaud, Anthropologue

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/24/delinquance-des-mineurs-les-effectifs-des-educateurs-de-rue-sont-devenus-une

      « Je vous le dis, la culture de l’excuse, c’est fini. » C’est avec cette ritournelle sécuritaire que le premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé, jeudi 18 avril à Viry-Châtillon (Essonne) une série de mesures visant à lutter contre la violence d’une partie de la jeunesse. Ce discours à l’accent frontiste a réamorcé les vieilles antiennes de l’internat éducatif, de l’autorité à l’école ou de la responsabilisation des parents.

      La remise en cause par Gabriel Attal de l’« excuse de minorité », établie dans le code de la justice pénale des mineurs et dont le principe est consacré par le Conseil constitutionnel, vise une nouvelle fois à privilégier l’aspect répressif par rapport à la prévention et à la protection de l’enfance.

      Et pourtant, de nombreuses études attestent que la prévention et la protection sont essentielles à l’expérience de la citoyenneté et à la remédiation sociale de sujets en voie de marginalisation. A l’été 2023, après la mort de Nahel M. à Nanterre, la France avait été secouée par onze jours de violences urbaines. Au cœur de cette période de turbulences, les plus importantes depuis celles de novembre 2005, des éducateurs de prévention spécialisée, dits « éducs de rue », ont été en première ligne dans de nombreux quartiers populaires.

      Ces « fantassins du travail social », tels que les nomma Pierre Bourdieu dans La Misère du monde (Seuil, 1993), ont pour mission principale de travailler avec des jeunes en situation de marginalité plus ou moins avancée. Soumis à des principes d’intervention fondés sur la libre adhésion, l’anonymat et le secret professionnel, ils favorisent l’inclusion sociale de jeunes en situation de disqualification sociale et/ou préviennent les processus de désaffiliation sociale.

      Désengagement économique

      En 2021, la ministre déléguée chargée de la ville Nadia Hai avait recruté 600 « adultes-relais » au sein de « bataillons de la prévention » dans 45 quartiers prioritaires, 300 médiateurs et 300 éducateurs spécialisés afin de tisser un « filet de protection contre la délinquance de la ville ». On compte aujourd’hui en France environ 4 000 de ces éducateurs de rue, mais déjà en sous-effectifs, ils sont devenus dans de nombreux territoires de l’Hexagone une variable d’ajustement économique.

      Parce que son financement reste facultatif, des départements se désengagent de cette compétence, alors même qu’elle relève de l’aide sociale à l’enfance, dont ils sont responsables. Ainsi, le 29 mars, le conseil départemental de la Vienne a entériné une baisse de 250 000 euros de la dotation annuelle allouée aux services de prévention spécialisée de l’association départementale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence, tout en accordant une subvention de 190 000 euros pour le passage de la flamme olympique. Cette coupe budgétaire entraîne la suppression de cinq postes d’éducateurs dans des quartiers de Poitiers et Châtellerault touchés par les émeutes de l’été 2023. Ainsi, environ quatre cents enfants et familles ne seront plus accompagnés socialement par ces éducateurs de proximité.

      En 2022, le département de l’Ardèche avait annoncé la fin de ses financements en direction de la prévention spécialisée, avant de faire machine arrière et de réduire de moitié la baisse de subvention, en appelant d’autres collectivités à les compléter. A Cognac, le service de prévention spécialisée a disparu à la suite de la non-reconduction de la convention avec l’association socio-éducative locale chargée de cette mission. A Perpignan, huit des douze éducateurs des bataillons de la prévention ont été menacés de licenciement en 2024, et l’incertitude reste de mise pour 2025.

      Equations à inconnues multiples

      Dans de nombreux autres territoires de la République, les services sociaux de proximité sont régulièrement soumis à des équations budgétaires aux multiples inconnues. En effet, les injonctions sécuritaires se sont immiscées au cœur de l’éducatif dans la rue. Certaines équipes sont désormais municipalisées. D’autres, comme celles des bataillons, relèvent des préfectures. La majorité est rattachée aux conseils départementaux qui devraient leur garantir un cadre d’action structuré au sein de la protection de l’enfance. Pourtant, toutes se retrouvent au cœur d’enjeux politico-financiers locaux et nationaux.

      Ces professionnels attachés historiquement au secteur de la protection de l’enfance, dont la mission est d’« aller vers » des jeunes en situation de marginalisation, ont besoin de pérennité et d’engagement à long terme. Dans nos enquêtes menées ces dernières années sur les processus de violence et sur la prévention de la radicalisation, nous constatons que ces spécialistes contribuent à prévenir des situations dramatiques et à rétablir des liens entre les habitants des quartiers populaires et les institutions républicaines. La temporalité de leurs « terrains » est différente de celle du financeur, soumis aux aléas du politique à court terme.

      Force est de constater, malheureusement, que la montée de l’extrême droite et les enjeux électoraux à court et moyen terme ne laissent guère de place à la narration des résultats pourtant probants des actions de prévention qui se jouent sur le long terme.

      Cette cécité à l’égard des acteurs sociaux de proximité renforce la marginalisation d’une partie de nos concitoyens dans les zones dites pourtant « prioritaires ». Colette Pétonnet, pionnière de l’anthropologie urbaine, qualifiait en 1975 de catégorie sacrifiable ces « gens unanimement désignés comme marginaux, asociaux, inadaptés, ou handicapés, suggérant qu’ils sont à la société contemporaine ce que les pharmakoi étaient aux Athéniens, c’est-à-dire à la fois le mal et le remède ». A renier ainsi une partie de la population devenue « victime-émissaire », l’histoire nous raconte que nous en paierons comptant les conséquences sociétales.

      David Puaud est anthropologue au sein du Laboratoire d’anthropologie politique (CNRS-EHESS) et chargé d’enseignement à Sciences Po Paris (campus de Poitiers). Il a notamment écrit « Les Surgissants. Ces terroristes qui viennent de nulle part » (Rue de Seine, 2022) et « Un monstre humain ? Un anthropologue face à un crime sans mobile » (La Découverte, 2018).

    • Comme le souligne l’historienne, Véronique Blanchard, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’État a eu besoin de « forces vive » et a mis en place de nouvelles modalités de contrôle de la jeunesse, via l’ordonnance de 1945. L’étude des donnés statistiques concernant la population envoyées dans les colonies agricoles et industrielles montre que le nombre d’enfants détenus en ces lieux diminua à partir du moment où la législation prolongea l’âge de l’enseignement scolaire obligatoire. Il y a donc transfert de l’exercice du contrôle de la jeunesse, des structures répressive vers l’Éducation nationale. Ce temps scolaire, comme a pu l’être par le passé le service militaire, a pour objectif que le jeune devienne ce que la société attend de lui afin que le fonctionnement du pouvoir puisse perdurer.

      Milot L’incorrigible. Parcours d’un jeune insoumis à la Belle Époque, Collectif l’Escapade. Niet ! éditions.

    • 100 années d’éducation spécialisée mises à la poubelle. C’est ça, ça fait plus d’un siècle qu’on réfléchit à ces questions pour sortir de l’horreur autoritariste imposée par les bourgeois du XIXe… et ces salopards considèrent que rien de tout cela n’existe.

  • Le meilleur remède contre l’éco-anxiété

    https://bonpote.com/le-meilleur-remede-contre-leco-anxiete

    #kevin_jean
    https://mesurs.cnam.fr/laboratoire-mesurs/kevin-jean--1398727.kjsp#

    “Ne soyez plus éco-anxieux, soyez éco-furieux”
    C’est donc peut-être en mettant l’accent, dans les titres de presse ou dans les sujets du 20h, plus sur les causes des #dégradations_environnementales que sur leurs impacts présents ou attendus, qu’on peut espérer transformer l’éco-anxiété, forme d’angoisse face à une menace floue et mal cernée, en éco-colère. C’est le fameux “ne soyez plus #éco-anxieux, soyez #éco-furieux” de Frédéric Lordon, qui fait, au-delà de la formule, l’objet de travaux de #recherche récents.

    Car en effet, l’#éco-anxiété ou la colère climatique semble bien être un tremplin à l’engagement pour les causes environnementales. Dans une étude conduite en 2022 par l’université de Yale, les personnes qui exprimaient un sentiment de détresse climatique (près de 10% de l’échantillon d’étude, en gardant en tête que cette proportion est très dépendante de la formulation de la question posée) rapportaient bien plus fréquemment être passées à l’action pour la cause climatique, de la signature de pétition à l’investissement personnel dans des organisations environnementales. 

    Source : https://climatecommunication.yale.edu/publications/distress-about-climate-change-and-climate-action

    L’éco-anxiété peut donc constituer un tremplin à l’action collective, mais, et c’est là une bonne nouvelle qu’il ne faut pas se lasser de partager, l’action collective pourrait bien être le meilleur remède à l’éco-anxiété. En effet, une étude conduite en 2022 auprès de jeunes américains suggérait que l’engagement au sein d’actions collectives pouvait jouer le rôle de tampon face au risque que l’éco-anxiété peut représenter pour la santé mentale.

    Dans l’étude en question, parmi les jeunes déclarant être affectés par l’éco-anxiété, celles et ceux qui par ailleurs étaient engagé(e)s dans des actions collectives en faveur du climat étaient moins affecté(e)s par des troubles dépressifs. Si ces premiers résultats méritent d’être confirmés dans d’autres études, ils corroborent largement les témoignages de nombreux activistes ou scientifiques engagés pour le climat, de Cyril Dion à Jean Jouzel. 
    [...]

    L’éco-anxiété : un tremplin vers l’action ?
    Rappelons-le, l’éco-anxiété constitue une #réaction saine et justifiée face à l’ampleur des #menaces_écologiques. C’est bien plus la réaction inverse, le déni ou le #cynisme, qui se rapproche du #pathologique

    La succession des événements climatiques extrêmes, et sans doute encore plus les renoncements répétés des élites à répondre à l’ampleur des crises écologiques, constituent le moteur de la diffusion de l’éco-anxiété, y compris chez les populations vulnérables ou défavorisées. 

    Il peut être tentant de chercher des manières individuelles de gérer ce trouble, mais il ne faut pas s’y tromper : c’est bien l’action collective, et elle seule, qui est à même de s’attaquer au moteur du mal.

    Le mouvement écologique a tout intérêt à s’efforcer de faire de l’éco-anxiété un tremplin vers l’action, en communiquant sur les causes ou les freins à l’action plutôt que sur les désastres à venir. Il semblerait d’ailleurs au passage que cibler les opposants à l’action climatique – pétroliers, lobbyistes, politiques – dans des messages en faveur du climat soit particulièrement efficace.

    Il est d’autant plus justifié de le faire car l’#action_collective pourrait bien apporter une certaine forme de soulagement à l’éco-anxiété, et ainsi s’avérer être également une forme de remède à l’échelle individuelle.

    • Les infiltrés : Lordon a raison de citer cette note d’ Intérêt Général, c’est un des seuls travaux qui affronte les difficultés que rencontrerait un gouvernement “vraiment” de gauche qui serait élu, et tente d’y apporter des réponses ⤵️

      Avec du Intérêt Général dedans. (Vers la 5e minute). Et ça c’est la grande classe ! Et les désaccords sont surtout des nuances. Si cela vous intéresse, voilà la note dont parle le grand Fred ▶️ https://interetgeneral.net/publications/pdf/29.pdf
      https://twitter.com/MathsDuPeuple/status/1766485969258045593

      Faire sauter les verrous ! Les clés pour que la gauche ne capitule pas.

      C’est reparti. Un gouvernement tente à nouveau d’imposer « sa » réforme du système des retraites. Comme à chaque reprise, il affronte le refus populaire. Le peuple bat le pavé. La rivière menace de sortir de son lit. L’espoir d’un recul des dominants pointe à l’horizon. Que faudra-t-il faire alors ? Rentrer chez nous et espérer que le pouvoir entende, enfin, l’exigence populaire d’une autre politique ? Comme si la ligne droite des politiques néolibérales tracée par la succession des « réformes » avancées pratiquement tous les quatre ans depuis trente ans était sur le point de connaître la bifurcation tant attendue ?

      « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », a ironisé un jour le physicien Albert Einstein. Peut-on imaginer qu’une victoire du mouvement social sur le projet de « réforme » des retraites concocté par le pouvoir actuel prépare autre chose qu’une nouvelle offensive, le moment venu ? Soit la logique d’un scénario sisyphéen condamnant le courant progressiste à ne s’autoriser qu’un unique espoir : celui de parvenir à repousser l’adversaire, assaut après assaut.

      Si les retraites mobilisent tant, c’est qu’il y est en réalité question de tout ce qui n’est pas la retraite. C’est que, pour tous ceux qui descendent dans la rue, cette période de la vie représente la fin de ce qui a précédé : la fin de la précarité, la fin du chômage, la fin de l’épuisement, la fin des cadences, la fin du diktat managérial, la fin de l’injonction à la productivité, la fin de l’absurde… La retraite, c’est l’espoir de voir le temps ralentir, de se lever quand le sommeil est épuisé, de se libérer des emplois du temps contraints, de ne plus avoir à réfléchir aux moyens de gagner sa vie, de consacrer ses journées à autre chose qu’à l’optimisation de sa propre rentabilité. Parfois, c’est la première occasion de découvrir la planète sur laquelle on s’est agité toute une vie. La retraite incarne donc une sorte de miroir inversé du monde du travail contemporain : on défend la première, car on déteste le second.

      Il n’en va pas autrement du côté du pouvoir. Loin de se limiter à un projet de modification de l’âge légal de départ à la retraite, la réforme actuelle cristallise les exigences d’un système : celles, budgétaires, de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) qui réclament la destruction des dispositifs par répartition ; celles du monde de la finance, qui asservit la vie des salariés à l’extraction des profits ; celles du patronat qui n’imagine pas qu’un citoyen puisse échapper au carcan du salariat ; celles d’un mode de production aveugle qui écrase les êtres et la planète.

      Deux mondes s’affrontent donc actuellement. D’un côté, les possédants qui, banderille après banderille, réforme après réforme, travaillent patiemment à éreinter le mouvement social ; de l’autre, le peuple qui, en défendant les retraites, réclame en réalité la fin d’un système que seule la perspective d’y échapper quelques années avant de mourir rend encore tolérable. Alors, que faire ? Rentrer chez nous ou engager la bataille ? Attendre le prochain assaut néolibéral ou mettre à terre le système qui nous opprime ?

      À nos yeux, l’heure du combat a sonné : dans la rue, dans les institutions et dans les urnes. Car nous ne changerons pas le monde sans prendre le pouvoir. Mais une fois conquis, il s’agira de le conserver et d’affronter les vents contraires avec lucidité et détermination. Pour y parvenir, il faudra livrer bataille : autant s’y préparer. Cela commence par la cartographie des verrous imaginés par nos adversaires pour défendre leurs privilèges.

      https://interetgeneral.net/publications/29.html

  • France : Gravelines : Série noire à la centrale, 5 accidents en 5 semaines

    https://www.sortirdunucleaire.org/France-Gravelines-Serie-noire-a-la-centrale-5-accidents-en-5-sema

    Mi janvier 2024, plusieurs interventions sont en cours sur le réacteur 1 de la centrale #nucléaire de Gravelines (Nord), qui fonctionne à pleine puissance. En lançant ces opérations en même temps, EDF n’a pas anticipé que son réacteur serait privé de plusieurs systèmes qui doivent être pleinement fonctionnels. Manque d’analyse, mauvaise gestion et absence de vision globale, ce nouvel incident montre un sérieux défaut de compétences de l’exploitant nucléaire. Et il n’y a pas que sur le réacteur 1 que les problèmes se multiplient : c’est le 5ème accident déclaré par le site en à peine 5 semaines.

  • Nouveaux dérapages de coûts et de calendrier pour les #réacteurs_EPR anglais d’#EDF à la centrale d’Hinkley Point C
    https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/nouveaux-derapages-de-couts-et-de-calendrier-pour-les-reacteurs-epr-ang

    De nouveaux revers pour les EPR, fleuron du #nucléaire à la française. Le chantier du premier réacteur de nouvelle génération de la centrale d’#Hinkley_Point_C, en Angleterre, devrait connaître entre 2 et 4 ans de retard et un quasi doublement de la facture initiale. La mise en service du premier EPR d’Hinkley Point C est désormais repoussée d’au moins 2 ans, voire 4 ans, soit au mieux en « 2029 », voire « 2030 » ou « 2031 », a annoncé, mardi 23 janvier, le constructeur EDF.

    […] Plus long donc plus cher : le projet voit son coût désormais « évalué dans une fourchette entre 31 et 34 milliards de livres en valeur 2015 », a annoncé l’énergéticien, précisant que les coûts en valeur 2023 sont en cours d’estimation. Cela représente un surcoût de 6 à 8 milliards de livres (7 à 9,3 milliards d’euros) par rapport à la dernière révision qui remonte à 2022. EDF avait alors réévalué le projet à 25-26 milliards en livres 2015, contre 18 milliards estimés au début du projet en 2016. En outre, avec l’inflation, les coûts d’Hinkley Point pourraient encore gonfler, et EDF pourrait avoir à les supporter seul, faute de participation de son partenaire chinois CGN à des coûts supplémentaires.

  • #Angleterre : nouveaux #retard et surcoût pour le 1er #réacteur #EPR d’Hinkley Point, annonce EDF
    https://www.connaissancedesenergies.org/afp/angleterre-nouveaux-retard-et-surcout-pour-le-1er-reacteur-

    AFP parue le 23 janv. 2024 - 20h06

    La mise en service du premier réacteur nucléaire #EPR de la centrale d’#Hinkley_Point C en Angleterre est repoussée d’au moins 2 ans, voire 4 ans, pour une livraison désormais attendue au mieux en 2029, voire 2030 ou 2031 selon les scénarios, a annoncé mardi EDF.

    Le #running_gag continue. Vous imaginez les #EPR de Macron, à quelles dates ils produiront leur premier kWh d’électricité ?

    #EPR #hinkley

    https://seenthis.net/messages/803573
    https://seenthis.net/messages/898625
    https://seenthis.net/messages/961099
    https://seenthis.net/messages/1037972

  • Cartographie de l’écologie d’extrême-droite et réactionnaire
    FLED – Twitter
    https://twitter.com/Eco_Decoloniale/status/1667221356922978322

    En collaboration avec @daphne_dsch journaliste chez @Politis_fr, nous avons réalisé une cartographie de certains partis politiques, mouvements, organisations et personnalités qui abordent l’écologie avec une perspective d’extrême droite ou réactionnaire.

    via @cdb_77

    • Ce qui nous amène à une autre inversion ici, quand on se demande ce que des féministes radicales font dans une liste dénonçant l’écologie réactionnaire : il s’agit de prétendre que les féministes radicales, qui refusent que le fait d’être nées femelles les contraignent aux stéréotypes genrés imposés aux femelles humaines, sont en fait les véritables essentialistes. (Alors que les gens qui prétendent qu’il faut changer de sexe pour se conformer à l’idée stéréotypée qu’on se fait des genres, ne seraient pas du tout essentialistes.)

      Et évidemment, on va ainsi tirer des traits pour relier les radfems et des militantes lesbiennes (rebaptisées TERF, des fois qu’il existe un mouvement organisé de féministes qui se qualifient elles-mêmes de TERF, avec un logo associé), à la Manif pour tous qui, elle, soutient justement les rôles stéréotypés/religieux des mâles et des femelles dans la société.

      On pourrait aussi dans ce tableau s’attaquer aux personnes qui luttent contre la négrophobie (qui refusent que leur identité soit réduite à la couleur de leur peau) et les accuser de racisme parce qu’elles prétendent qu’elles subissent la négrophobie justement à cause de la couleur de leur peau (quel affreux essentialisme), et surtout parce qu’elles n’acceptent pas l’idée que se blanchir la peau serait un acte progressiste de lutte contre la négrophobie. Dans cette logique, je ne serais pas loin de penser que la généralisation du terme « TERF », balancé comme une évidence, est du même tonneau que le terme « racisme anti-blanc ».

    • @arno c’est complexe et on peut s’y perdre un peu (notamment en perdant la possibilité de se questionner sur le transgenrisme et ses attaques contre les féministes au risque d’être catalogué·e transphobe) , parce qu’il y a aussi (d’après mes plus jeunes sources familiales) des radfems qui rallient les fachos par transphobie commune et publient dans les torchons comme V.A …
      #sidération #on_fait_quoi_alors

    • De même, les traits du genre grosbloc vers grosbloc comme Deep Green Resistance <-> Décroissance, font croire qu’il y a alors un lien entre les sous-trucs qui sont à l’intérieur de ses blocs. Or dans « Décroissance » ya… que des trucs de fachos + Pierre Rahbi, et dans l’autre… PMO et Floraisons et Nicolas Casaux n’ont jamais eu de lien avec Krisis, Pierre Rahbi etc, bien au contraire… donc ces liens n’ont aucun sens.

      Càd qu’au lieu de critiquer tels groupes pour les idées précises qu’ils ont (ça pourrait, pourquoi pas), ils font juste des liens avec d’autres groupes pourris qui n’ont aucun rapport.

      Comme si Floraisons critiquaient des trucs qu’illes considèrent essentialistes et anti-féministes pour les mêmes raisons que Thais d’Escufon et la Manif pour tous (comme le dit arno c’est au contraire pour des manières de voir le monde totalement inverse !)

    • Des radfems historiques comme Dworkin et Mackinon ont noué des alliances avec la droite chrétienne américaine, pour lutter contre la pornographie. Elles ont aussi, avec d’autres, participé à des paniques morales colossales, qui ont foutu des milliers de gens innocents en prison.

      Pas facile a entendre, mais comme toutes les grandes institutions, le féminisme a du sang sur les mains.

      Ca me semble important de ne pas escamoter ces liens avec la droite ou l’extrême droite, hier comme aujourd’hui. Je me répète un peu, mais c’est ici même que j’ai contracté une vision presqu’angelique de ces mouvements, porté généralement par des hommes d’ailleurs, comme le traducteur de Dworkin, qui publie ici, martin je ne sais plus comment.

      Par contre c’est vrai qu’en mode carte c’est un peu ultralight pour un écheveau pareil. Et peut-être que les alliances d’aujourd’hui ne sont pas exactement directes. C’est pas très précis là.

    • Ne pas escamoter des glissements et les personnes qui se livrent au confusionnisme, je veux bien (m’enfin je pense qu’il est déjà assez difficile d’échapper aux polémiques autour de Moutot et Stern par exemple). Par contre ces cartes qui systématiquement font dans la culpabilité par association pour résumer radfem à « TERF » et extrême-droite, non, et plus généralement cette façon de placer les féministes radicales comme cibles privilégiées de gens qui se prétendent progressistes, franchement beurk. Surtout si au final pour une partie de la jeunesse désormais, on passe joyeusement de « This machine kills fascists » à « This machine kills TERFs ». (Même topo, mais plus discret parce que sans doute moins facile à faire gober, le lobbying intense contre les femmes et associations « abolitionnistes », requalifiées « putophobes ».)

      On joue au même genre de simplifications à base de culpabilité par association, et d’inversions assez systématiques, pour provoquer la méfiance pavlovienne à l’encontre des mouvements anti-racistes qui n’entrent pas dans les bonnes cases, les mouvements dénonçant l’islamophobie sont d’excellentes cibles pour en prendre plein la gueule, les antifas, les écolos radicaux, etc. et évidemment les pro-Palestinien·nes subissent ce genre de méthodes de manière continue et massive : antisioniste devient antisémite de manière automatique, et partisan de l’apartheid israélien serait le véritable progressisme.

    • @tintin, stp, parler d’institution pour le féminisme, avec du sang sur les mains, qui plus est, et surtout pour Dworkin, c’est je l’espère, une bad blague hein.
      Et je me suis déjà moquée ici de tes assertions contre les radfems https://seenthis.net/messages/1005668#message1005790
      Quitte à se répéter, voila ma réponse

      Curieux comment les féministes radicales sont devenues en quelques années l’ennemi public N°1
      Je pense que le changement climatique elles n’y sont pas pour rien, mais ce n’est que mon point de vue, je peux me tromper.

    • On remarque que certains groupuscules sont très isolés des autres.
      Que l’autoritarisme et la méritocratie est une caractéristique commune.

      C’est chaud de se rendre compte qu’on peut partager des idées avec certains, sans pour autant embrasser le reste.
      – baisse de la démographie
      – liberté et aide publique aux systèmes agricoles indépendants

    • Le seul sang que les féministes ont sur les mains, c’est celui de leurs menstruations et de leurs IVGs.

      Le sang des personnes trans c’est les proxénètes, les pornographes et les putiers qui le verse, pas les féministes.

      Pour ce qui est du rappochement de Stern avec l’ED (Moutot n’est pas une radfem, mais une liberale à mon avis) c’est les consequences des années de harcelement mais aussi liée à l’histoire de Stern, qui etait femen au depart, un mouvement assez proche de l’ED ukrainnienne. Mais en face le mouvement transactiviste est un mouvement masculiniste violent qui appel à la mort des féministes (terf au bucher, une balle une terf qui étaient légion samedi pour les prides) afin de legaliser le proxenetisme et la mise sous hormone cancerigènes à vie de personnes qui souffrent de troubles mentaux liés aux discriminations misogynes et/ou homophobes qu’illes ont subit.

      Comment être écolo et recommander des transitions hormonales ? J’ai des copines queer, ecolo, ati-vax qui se soigneraient le cancer avec de la camomille et qui se font des soirée testo avec leur pote trans.
      Comment être contre les violences sexuelles et promouvoir le proxenetisme ? L’auto-entreprenariat de son humiliation sexuel sur onlyfan n’est pas differente du systhème traditionnel de la maison close, sauf pour des macronnards convaincus.
      Comment être féministe et prétendre que les femmes s’auto-identifient à leur genre ? Le genre n’est pas une question d’auto-identifdication, les femmes ne s’auto-identifient pas à ce qui est le mécanisme de leur oppression. On ne s’auto-identifie pas plus à son genre qu’on le fait à ses races, ses classes, ses handicapes, son age...

      Le transactivisme n’est pas un mouvement de gauche, au mieux c’est du libéralisme identitaire qui s’auto-identifie de gauche mais à mon avis c’est un mouvement réactionnaire qui détruit méticuleusement tous les aquis des féministes de ces dernières décennies (et pas seulement les aquis féministes, mais ceux de tous les groupes vulnérables, mineurs, homos, personnes racisées, classes sociales défavorisées (le passing est un privilège bourgeois))....

      #inversion_patriarcale #fauxminisme #allié

    • Réaction de Nicolas Casaux :
      https://www.partage-le.com/2023/06/09/politis-la-gauche-technologiste-et-la-chasse-aux-heretiques-par-nicolas-

      Autre imbécilité, Deschamps écrit elle-même que, contrairement à la collapsologie, DGR n’a pas de lien avec « les communautés survivalistes » d’extrême droite, mais relie néanmoins DGR et lesdites « communautés survivalistes » dans sa glorieuse cartographie de « l’écologie d’extrême droite ou réactionnaire ».

      On pourrait continuer longtemps à lister les mensonges et autres absurdités nous concernant dans le torchon de Deschamps/Politis. En fin de compte, ce qui est terriblement dommage, c’est qu’analyser la récupération de l’écologie par des idéologies autoritaires, par l’extrême droite, par diverses sortes de réactionnaires, est effectivement un travail important. Mais avec ce lamentable dossier, Politis n’y contribue pas du tout. Au contraire, il propage un confusionnisme pathétique. On note d’ailleurs que le survivaliste Piero San Giorgio est oublié de la cartographie de l’écologie d’extrême droite de Politis, alors que son concept de B.A.D. (Base d’autonomie durable) a été inventé par Serge Ayoub, un militant d’extrême droite proche des individus qui ont tué Clément Méric. Enfin bref, un travail calamiteux.

    • Combien est détestable la fasciste et sempiternelle phrase « les extrêmes se rejoignent ». Il faudrait faire une cartographie de celleux qui la prononcent à longueur de temps.

      À cet égard, l’extrême gauche et l’extrême droite, la gauche et la droite en géné­ral, se rejoignent lar­ge­ment. Poli­tis rejoint Éric Zem­mour et Marine Le Pen. Tous sou­haitent conser­ver l’es­sen­tiel de la civi­li­sa­tion techno-industrielle.

      Et donc pour cette fois, c’est Cazaux qi-ui te la mouline à sa sauce, argument zéro, grosse fatigue revient.
      #dichotomistes_du_milieu #proverbistes_de_mes_deux

      Et sur le lien donné, pour des personnes qui critiquent la tech et te mettent près de 50 scripts wordpress consorts et google, avec impossibilité de ne pas te faire sniffer tes infos car il y a un blocage sur TOR.

      https://www.partage-le.com/.well-known/captcha/?r=%2F2023%2F06%2F09%2Fpolitis-la-gauche-technologiste-et-la-chasse-aux-

      Our system thinks you might be a robot!
      We’re really sorry about this, but it’s getting harder and harder to tell the difference between humans and bots these days.

      …partage-le.com
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  • « Ecoutez Jeanne Humbert »
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#humbert

    En ce mois de mars, rendons hommage à une des pionnières du combat des femmes pour une libre sexualité, la liberté de la contraception et de l’avortement, Jeanne Humbert (1890-1986), militante libertaire, pacifiste, naturiste et néo-malthusienne. Initié à la fin du XXe siècle par le pédagogue libertaire Paul Robin (1837-1912), le néo-malthusianisme visait à ce que le peuple puisse en contrôlant les naissances améliorer son sort et offrir moins de chair à canon (pour la guerre), de chair à travail (pour l’usine) et de chair à plaisir (pour la prostitution). Eugène (1870-1944) et Jeanne Humbert vont populariser cette forme de lutte (...)

    #pacifisme #néomalthusianisme #libertaire #anarchisme #féminisme #Humbert #PaulRobin

    • On peut saluer l’engagement de Jeanne Humbert sans toutefois adhérer au néomalthusiannisme – car, heureusement, on peut être pour la liberté de contraception et l’avortement sans être malthusien ou néo-malthusien.

      Et rappeler que, pour le courant communiste révolutionnaire, le néo-malthusianisme correspond au degré zéro de la réflexion politique...

      Chaque période de crise a toujours produit son lot de malthusiens expliquant qu’il faut limiter le nombre des naissances – plutôt que de se demander pourquoi le système économique n’est pas capable de donner à chacun « une place au banquet de la nature ». Si bien que les idées de Malthus – déjà violemment critiquées par #Marx et #Engels en leur temps comme une « infâme, une abjecte doctrine, un blasphème hideux contre la nature et l’humanité » – connaissent depuis toujours, régulièrement, des continuateurs non seulement chez les écologistes mais aussi dans de nombreux courants anarchistes.

      Ceux-là, à tous ceux qui, aujourd’hui, sont inquiets des conséquences du réchauffement climatique, des menaces de la pollution de l’air et des eaux, des destructions souvent irrémédiables des milieux naturels avec leur flore et leur faune, de la dégradation de la qualité des aliments, les courants petits-bourgeois leur répondent en n’envisageant que 2 types de solutions : la limitation de la #croissance_économique, qui serait en elle-même un mal, et la limitation de la croissance démographique.

      Or, ni la #technique, ni les #ressources ne sont en cause. C’est l’usage qu’en fait la société de classe, une société basée sur le profit et qui donc ne se préoccupe du cadre de vie, ou de la qualité de la vie, que lorsque cela devient rentable.

      Le problème, c’est cette société dont la capacité de production s’adapte, en régime capitaliste, non pas à l’humanité existante et à ses besoins, mais à sa capacité d’achat – et qui, ce faisant, n’engendre que #pénuries et barbarie.

      Bref : la #surpopulation est le pendant naturel à la #surproduction capitaliste.

      Le problème est donc : non pas la limitation objective des #ressources, ni un trop-plein d’êtres humains, mais le #capitalisme lui-même, incapable d’en tenir compte.

      Le problème n’est pas la surpopulation, mais l’économie capitalisme dont le #mode_de_production engendre inéluctablement la surpopulation.

      Ce qu’il faut, non pas limiter (cette chimère de tout réformiste) mais abattre, c’est l’activité industrielle sur la base de la recherche du profit. Ce qu’il faut abattre, c’est ce système économique qui n’envisage l’implantation des entreprises, l’évacuation des déchets, la pollution de l’air et des cours d’eau, qu’en fonction des seuls critères du moindre coût, et ce au mépris de leurs conséquences dramatiques sur le climat et le milieu naturel.

      Autant dire que le choix qui se pose à l’humanité de façon quantitative n’est pas croissance ou pas, mais : croissance contrôlée, entièrement et consciemment déterminée par les producteurs eux-mêmes en fonction de tous les aspects de l’intérêt humain, ou bien croissance anarchique, entrecoupée d’ailleurs d’arrêts catastrophiques, de destructions brutales ou de périodes de stagnation et de malthusianisme dans certains domaines ?

      C’est pourquoi les communistes révolutionnaires répondent aux courants petit-bourgeois qui veulent limiter les naissances dans un système barbare qu’ils ne posent pas la question de la bonne façon.

      Aujourd’hui, plus que jamais, ce qui compte, c’est de mettre fin aux barrières sociales qui empêchent les progrès techniques de profiter à l’humanité. C’est de rendre possible une société qui puisse diriger et contrôler sa propre croissance, pour la mettre au service de l’humanité.

      C’est la révolution prolétarienne que les écologistes, et tous les courants dans leur sillage, refusent de fait lorsqu’ils promeuvent le #néomalthusiasnisme en guise de solution – cette #théorie_réactionnaire à l’usage du capitalisme sénile.

      #communisme_révolutionnaire #écologie #réaction #anarchisme #néo-malthusiannisme

    • Cher camarade,
      Il faudrait tout d’abord éviter de confondre le malthusianisme (du pasteur Malthus) et le néo-malthusianisme, l’un d’essence essentiellement réformiste et bourgeoise tandis que l’autre est prolétarien et cherche à améliorer le sort immédiat du peuple (et pas lorsque la révolution aura passé). D’autant qu’ils se situaient dans le mouvement ouvrier et ses luttes. Il faut aussi replacer cela dans le cadre de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, de la misère ouvrière… A cette époque, on ne peut oublier que les néo-malthusiens ont été à la pointe du combat pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle… Même si notre but semble être le même – une société débarrassée du capitalisme et auto-organisée –, je ne pense pas qu’il faille négliger les autres combats (contre le racisme, pour le féminisme, contre le [néo]colonialisme, etc.) sans perdre de vue l’objectif final. Vous me faites songer à un vieux bolchevik qui ne voit que le combat économique et la lutte des classes. Comme le pensent les « petits-bourgeois » individualistes et anarchistes, il ne pourra y avoir de révolution sans évolution personnelle : « révolutions-nous ! ». Cela permettra peut-être d’éviter le sort de trop de révolutions qui ont abouti à la barbarie. Ne pas se soucier de la technique et des ressources me paraît dangereux pour toute évolution future. Bien sûr, il ne faut pas se laisser prendre au piège de l’écologie politique ou du capitalisme vert. Permettez-moi d’ajouter que votre morgue et vos certitudes me font sourire, remettez-les en question, doutez, interrogez-vous et mettez un peu de côté votre « catéchisme révolutionnaire »…
      Bien à vous,
      P.B.

      #néo-malthusianisme #anarchisme #communisme_révolutionnaire #luttes

    • 3 points dans cette réponse :
      – le "néo-malthusianisme" ne se résume pas à améliorer "le sort immédiat du peuple" en limitant les naissances en étant "à la pointe du combat pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle", vous le savez probablement très bien. Il cautionne aussi l’idée que les ressources étant limitées, il faudrait limiter la taille des populations. Comme si c’était le problème...
      – "Vous me faites songer à un vieux bolchevik qui ne voit que le combat économique et la lutte des classes". La lutte de classe, certainement : comment mettre fin à la moindre "oppression spécifique" sans débarrasser la société des rapports sociaux de production basés sur l’exploitation ? Comment mettre fin à la moindre discrimnation sans supprimer les rapports sociaux sur lesquels ils se reproduisent et s’épanouissent ? Quant à ne voir que "le combat économique", c’est résumer de manière bien caricaturale le combat qui mènera le prolétariat à s’emparer des moyens de production pour eux-mêmes...
      – "Il ne pourra y avoir de révolution sans évolution personnelle : « révolutions-nous ! »". C’est ce que disent depuis toujours tous les curés. "Changeons nous-mêmes pour changer le monde", cette vieille rengaine pré-marxiste qui repose sur le vieil idéalisme dominant. L’optique matérialisme dit précisément le contraire : renversons les rapports sociaux – ce que le prolétariat par sa position est en situation de faire – pour changer les hommes.

      Quant à voir de la morgue dans une simple réponse de militant, je ne peux que m’en étonner.

  • 1789... La Révolution !
    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/1789-la-revolution

    La révolution française (CLT n°32 du 3 mars 1989, #archiveLO)

    1789 : Les premières étapes de la révolution
    – La convocation des #États_généraux
    – Du #Tiers_État à l’Assemblée nationale
    – 12-14 juillet : l’intervention des masses populaires parisiennes
    – Eté 1789 : les paysans entrent en scène à leur tour
    – 5-6 octobre : les femmes du peuple ramènent le roi à Paris

    De 1790 à 1792 : la révolution s’approfondit
    – L’agitation gagne l’armée royale. Le #massacre_de_Nancy (août 1790)
    #Varennes (juin 1791) : La #monarchie perd son crédit
    – L’Assemblée bourgeoise contre les #sans-culottes
    – Le #club_des_Jacobins
    – L’#Assemblée_Législative succède à la #Constituante (Octobre 1791)
    – La révolution face à la guerre (printemps 1792)
    – 10 août 1792 : les sans-culottes abattent la monarchie

    1793 : « #l'année_terrible »
    – Les Girondins dépassés par la radicalisation du mouvement populaire...
    – ...qui porte #la_Montagne au pouvoir (Juin #1793)
    – « Le peuple français debout contre les tyrans ! » (Août 1793)
    – La #Terreur montagnarde s’appuie sur la mobilisation des masses...
    – ... tout en la conservant sous son contrôle
    – La chute de #Robespierre (27 juillet 1794 - 9 Thermidor)

    1794-1799 : la bourgeoisie à la recherche de sa république
    – La #réaction_thermidorienne / #Thermidor
    – ...contre les soulèvements populaires...
    – ... et face aux tentatives royalistes
    – La #Révolution_française et la naissance de l’Europe moderne
    – L’actualité de la Révolution française : celle de la révolution tout court

    ANNEXE
    #Vendéens et #Chouans contre la Révolution
    Repères chronologiques

  • En #Tunisie, la mort d’une #fillette retrouvée échouée sur une #plage suscite l’#indifférence générale

    Le corps d’une enfant a été retrouvé sur une île de l’archipel des #Kerkennah, au large de #Sfax, en décembre dernier, dans la même position que le petit #Aylan_Kurdi en 2015. Mais contrairement à lui, sa #photo n’a pas fait le tour du monde ni engendré la moindre #réaction politique. Un #silence qui en dit long sur la #banalisation des #naufrages en mer.

    Son corps sans vie a été retrouvé échoué sur une plage, le 24 décembre dernier, vêtu d’un blouson rose bonbon et d’un collant. Âgée d’environ 3 ans, la fillette reposait sur le ventre, face contre terre. Les #îles_de_Kerkennah, au large de Sfax, en Tunisie, ont été les tristes témoins de l’ignominie qui se déroule en #Méditerranée chaque jour : les naufrages qui s’enchaînent à la pelle ; ceux que l’on connaît, parce qu’ils laissent des traces derrière eux, et ceux dont on n’a pas connaissance, qualifiés d’« invisibles », pour lesquels aucune embarcation ni dépouille n’est jamais retrouvée.

    Mais cette fois, il y a une photo. L’enfant a été découvert sur la plage de #Sidi_Founkhal au petit matin, par un habitant de Sfax, originaire des Kerkennah, qui a décidé d’immortaliser l’horreur produite par nos politiques migratoires.

    Retrouvé par Mediapart, Boulbeba Bougacha, âgé de 20 ans, raconte avoir voulu « changer d’air » en allant déjeuner avec ses proches sur la plage, aux alentours de 13 heures, le 24 décembre. « On l’a trouvée là, allongée sur le ventre. On a appelé les autorités, qui sont venues la récupérer. Ça a été un choc. On sait que beaucoup de gens meurent en mer, mais on n’est jamais préparé à voir une chose pareille. »

    Sur la même plage ce jour-là, la mer a expulsé de ses entrailles au moins trois autres corps adultes, tous subsahariens. Boulbeba s’est exprimé sur les ondes de la radio locale Diwan FM, le 26 décembre 2022. Mais, fait surprenant, ni l’information ni la photo n’ont été relayées en Tunisie ou ailleurs, hormis dans quelques rares publications sur les réseaux sociaux. On se souvient de la photo du petit Aylan Kurdi, un enfant kurde retrouvé lui aussi échoué sur une plage de Turquie en 2015, quasiment dans la même position, qui avait suscité l’émoi et l’indignation partout à travers le monde.

    Dans l’archipel de Kerkennah, où règnent les familles de pêcheurs, tout le monde ou presque a entendu parler de la fillette. Mais le choc des premières découvertes de naufragé·es en mer a laissé place, depuis plusieurs années, à une forme de #résilience. « On voit des #cadavres presque tous les jours », lâche Nasser*, qui vit de la pêche.

    Lorsque nous le rencontrons à Remla, capitale des îles Kerkennah, l’homme semble soulagé d’être enfin entendu. Au printemps dernier, il dit avoir trouvé un bébé, âgé d’à peine 2 ans. « La dernière fois, j’ai vu quatre ou cinq morts d’un coup. Quand on appelle la garde nationale, ils nous demandent si ce sont des Blancs ou des Noirs. Si ce sont des Noirs, ils ne se déplacent pas. »

    Des pêcheurs traumatisés

    Depuis les années 2000, l’archipel aux 15 000 âmes s’est transformé en lieu de départ pour les personnes souhaitant émigrer vers l’Europe, du fait de sa proximité avec l’île italienne de Lampedusa. Il attire ainsi les Tunisiens, mais aussi, depuis une dizaine d’années les Subsahariens, de plus en plus nombreux à passer par la Tunisie (et le Maghreb de manière générale) pour tenter de travailler et/ou de prendre la mer.

    « De par sa localisation, Sfax a attiré beaucoup de Subsahariens, d’abord parce que c’est la deuxième plus grande ville de Tunisie et qu’il y a un fort besoin de main-d’œuvre, ensuite parce qu’elle est proche de Kerkennah, où des réseaux de passage existaient déjà », analyse Hassan Boubakri, chercheur à l’université de Sousse et de Sfax.

    Jeudi 9 février, des militaires armés contrôlent la montée à bord du Loud, nom du ferry reliant Sfax à Kerkennah en une heure. Plusieurs hommes voyageant seuls sont mis à l’écart, contrôlés puis interrogés.

    « Les autorités surveillent beaucoup l’île désormais, poursuit le spécialiste des migrations. Les Noirs ne peuvent plus rallier Kerkennah et les Tunisiens doivent présenter un justificatif démontrant qu’ils vont travailler ou rendre visite à des proches pour s’y rendre. » Les pêcheurs qui acceptent de s’exprimer confirment tous l’information. Mais ils précisent que des départs par la mer continuent de s’organiser depuis l’archipel, sans doute par l’intermédiaire des Tunisiens y ayant leur « réseau ».

    Les départs se font aussi depuis Sfax, rendant la traversée plus longue et dangereuse pour les exilé·es. « Une journée comme ça, avec un vent du Nord plutôt fort, va nous ramener plusieurs cadavres sur l’île », assure Nasser, qui se dit traumatisé par la vue de visages défigurés ou de corps à moitié dévorés par les poissons et les oiseaux migrateurs, très présents sur l’île. « La dernière fois, j’étais tellement marqué par ce que j’avais vu que sur le trajet retour vers ma maison, j’ai dû m’arrêter sur le bas-côté pour reprendre mes esprits », poursuit-il, le regard vide et abîmé.

    Il y a aussi les squelettes, que les pêcheurs disent observer surtout sur l’île de #Roumedia, située au nord-est de l’archipel. « Il y a un corps qui est là-bas depuis l’Aïd-el-Séghir [la fête marquant la fin du ramadan – ndlr], donc depuis avril dernier. On l’a signalé mais personne n’est venu le récupérer », regrette l’un des amis de Nasser, également pêcheur.

    Un autre explique avoir culpabilisé après avoir laissé un corps dans l’eau lorsqu’il était au large : « Si je l’avais signalé à la garde nationale, elle m’aurait demandé ensuite de l’accompagner jusqu’au #cadavre. C’était trop loin et il y avait de grandes chances que je n’arrive pas à le retrouver », se justifie-t-il.

    Ce dernier se souvient également avoir trouvé, il y a quelques mois, une femme enceinte sur le bord d’une plage. « C’est très dur pour nous. On sort en mer et on ne sait pas sur quoi on va tomber », ajoute-t-il, expliquant avoir constaté une hausse des naufrages en 2022. Tous affirment que « l’#odeur » est insupportable.

    Une question, qu’ils prononcent du bout des lèvres, les taraude : les poissons qu’ils pêchent et qu’ils donnent à manger à leur famille se sont-ils nourris de ces cadavres dont personne ne se préoccupe, parce que « migrants » ?

    À #Mellita, dans le sud des Kerkennah, d’autres remontent régulièrement des corps dans les mailles de leur filet. Certains, comme Ali*, en trouvent coincés dans leur charfia traditionnel, un barrage visant à bloquer le poisson et à le rediriger vers un piège.

    Dans sa maisonnette, l’homme raconte comment il a ainsi trouvé le corps d’un homme d’une quarantaine d’années coincé sous l’eau. « J’ai appelé la garde nationale à 11 heures. J’ai attendu jusqu’à 15 heures mais personne n’est venu le récupérer. Le lendemain, j’ai retrouvé le corps au même endroit. » La garde nationale aurait invoqué un « manque de moyens ».

    Si dix-huit mille personnes ont réussi à traverser la Méditerranée depuis les côtes tunisiennes en 2022 pour rejoindre l’Italie, « au moins neuf mille migrants ont dû mourir en mer », présume un habitant des Kerkennah, qui préfère garder l’anonymat.

    Pour Hassan Boubakri, également président du Centre de Tunis pour la migration et l’asile (Cetuma), plusieurs signes viennent démontrer que l’on assiste à une #banalisation de la mort en Méditerranée, dans un contexte de multiplication des naufrages. « Il y a les #médias qui font régulièrement le décompte des morts, les pêcheurs qui ne sont plus surpris de sortir des corps de leur filet, les riverains de la mer qui souffrent d’assister à tout cela… »

    Et d’ajouter que cette banalisation se traduit aussi à travers les procédures de plus en plus standardisées pour la prise en charge des naufrages et des corps retrouvés. « Tous les acteurs impliqués, comme la garde nationale, l’appareil judiciaire, la médecine légale ou le Croissant-Rouge, sont devenus, même inconsciemment, parties prenantes de cette banalisation. Tout le monde s’accorde à dire que la Méditerranée est devenue un cimetière, alors que cela devrait susciter de la compassion. Mais on est passés de la #compassion à l’#indifférence, avec très peu de perspectives sur les solutions pouvant protéger les personnes menacées », décrypte-t-il.

    La difficile #identification des non-Tunisiens

    Face à ces drames, plusieurs acteurs s’activent, dans l’ombre, pour tenter de documenter les naufrages et permettre l’identification des victimes, comme la plateforme AlarmPhone. Pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui aide au rétablissement des liens familiaux et travaille en coopération avec le Croissant-Rouge tunisien, la recherche et l’identification des personnes disparues en mer sont indispensables.

    Si les autorités tunisiennes restent responsables pour le processus d’identification des personnes ayant perdu leur vie en mer, le CICR intervient en appui, sur la base d’une « demande de recherche », ouverte le plus souvent par un proche de disparu. Il vérifie alors les informations permettant de faire le lien avec la personne présumée disparue. Quelle est son identité ? Quels vêtements ou quels effets personnels avait-elle ? Quel signe distinctif peut permettre de l’identifier ?

    La démarche est plus simple s’agissant des ressortissants tunisiens, pour lesquels les autorités peuvent consulter le fichier des empreintes digitales et dont les familles, basées en Tunisie, se mobilisent pour les retrouver. Elle est moins évidente s’agissant des exilés non tunisiens, dont les proches restent dans le pays d’origine et n’ont pas toujours d’informations sur le projet ou le parcours migratoire de la personne disparue.

    Dans ce cas, le CICR s’autorise à prendre en compte les informations venues d’ami·es ou de connaissances ayant croisé la route d’une personne portée disparue. Mais parfois, le signalement ne vient jamais. « Certains ont peur de signaler une disparition aux ONG parce qu’ils ne font pas la différence avec les autorités. Ils ne veulent pas avoir des ennuis », commente Yaha, une Ivoirienne et entrepreneure installée à Sfax depuis six ans, qui consacre tout son temps libre à accompagner les proches de disparu·es en mer dans leurs recherches, notamment avec le Croissant-Rouge.

    À Sfax, où nous la retrouvons, Yaha rejoint deux jeunes Ivoiriens, inquiets pour un groupe de sept personnes qui ne donnent plus signe de vie. « Il y a cinq adultes et deux enfants, âgés de 2 ans et de 8 mois. Ils ont disparu depuis deux semaines. On sait qu’ils sont morts en mer. Maintenant, on veut savoir si leurs corps ont été retrouvés », souffle le premier, occupé à chercher leurs photos sur son téléphone. La fillette des Kerkennah ? Ils n’en savent rien. Le second commente : « Les gens ne préviennent pas quand ils partent. Il faut attendre qu’ils disparaissent pour qu’on le sache. »

    Tous deux iront, deux jours plus tard, dans les locaux de la garde nationale de Sfax, où ils pourront accéder au registre et aux photos des naufragé·es. Ils seront accompagnés d’un membre du Croissant-Rouge, dont la présence est censée rassurer vis-à-vis des autorités et aider sur le plan émotionnel, dans un moment particulièrement difficile.

    Identifier les personnes disparues n’est pas chose facile : durant le week-end des 28 et 29 janvier, soit la période correspondant à leur disparition, les acteurs associatifs comptent onze à douze tentatives de traversée, dont au moins trois naufrages.

    Une #morgue dépassée

    Pour l’heure, aucune demande de recherche n’a été enregistrée par le #CICR concernant la fillette des Kerkennah, que ce soit en Tunisie ou en Italie. Plusieurs acteurs locaux redoutent que ses parents soient décédés lors du naufrage. « On pense qu’il n’y a pas eu de survivants pour cette embarcation. Elle a été retrouvée à un moment où il y a eu beaucoup de naufrages. On sait juste qu’elle a la peau noire, comme les adultes retrouvés sur place le même jour », indique un membre du tissu associatif. Selon nos informations, son corps est resté un temps à la morgue de l’hôpital de Sfax, avant d’être inhumé.

    « Quand il y a un naufrage, c’est la #garde_nationale qui doit porter secours. S’il y a des personnes décédées, elle les ramène sur terre, où l’unité technique et scientifique prend des photos et des traces d’ADN. [Les corps] sont ensuite emmenés à la morgue, jusqu’à ce qu’ils soient réclamés ou qu’il y ait un ordre d’#enterrement provenant de la municipalité, pour ceux qui n’ont pas été identifiés », détaille la militante des droits humains. Problème, l’unité médico-légale de l’hôpital de Sfax, qui a une capacité de quarante places, est débordée.

    Sollicitées, leurs équipes n’ont pas souhaité s’exprimer. Mais dans un document que nous avons pu nous procurer, l’unité médico-légale fait état d’une « nette augmentation » des naufrages en mer ces dernières années, les exilé·es représentant désormais 50 % de l’activité des effectifs.

    On y apprend également que les personnes de peau noire représentent la majorité des #victimes et que les enfants, de même que les nourrissons, représentent 5 % des naufragés au large de Sfax sur le premier semestre en 2022. La plupart d’entre eux n’avaient aucun document d’identité.

    L’unité souffre de conditions de travail « difficiles », dues à un manque criant de moyens. À plusieurs reprises, des cadavres ont dû, par manque de place, être entreposés sur un brancard dans les couloirs de l’établissement. « Les migrations dépassent tout le monde, admet Wajdi Mohamed Aydi, adjoint au maire de Sfax chargé des migrations, qui évoque un manque de gouvernance à l’échelle nationale. Il y a des tentatives de traversée et des #accidents chaque semaine, voire chaque jour. On s’occupe de l’#enterrement des personnes non identifiées, en essayant de respecter au mieux leur dignité. » Lorsqu’il n’y a pas de nom, un numéro est inscrit sur la #pierre_tombale.

    Les Subsahariens confrontés à la #précarité et au #racisme

    L’élu pointe aussi un phénomène récent, celui de l’apparition d’embarcations en métal utilisées par les migrants pour la traversée (selon plusieurs sources, certains les fabriqueraient eux-mêmes, sous la houlette des réseaux de passage tunisiens).

    Une information que confirme la militante des droits humains déjà citée : « Ces nouvelles #embarcations en métal sont une catastrophe. Ils cherchent à en fabriquer un maximum de l’heure et ne les soudent pas bien. Les gens ont peu de chances de s’en sortir s’il y a un naufrage car les bateaux coulent plus vite et ils restent coincés à l’intérieur. »

    À six kilomètres au sud de Sfax, dans le quartier défavorisé de #Ben_Saïda, où vit une communauté importante de Subsahariens, Junior s’engouffre dans la maison inachevée qu’il occupe, dont les murs en briques sont restés nus. C’est ici que le jeune Guinéen (Guinée-Conakry), âgé de 16 ans, vit avec au moins soixante-dix autres jeunes, originaires de ce même pays, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Sénégal ou du Mali. Tous ont déjà tenté au moins une fois la traversée et attendent de pouvoir de nouveau tenter leur « chance ».

    Dans l’intérieur sombre de l’habitation, où des matelas et couvertures sont disposés à même le sol, des dizaines de gamins se bousculent, curieux de nous voir pénétrer leur univers. Une majorité de jeunes hommes, encore dans l’adolescence, dont le visage et les corps sont déjà usés par l’exil. « On a été interceptés par la garde nationale il y a deux semaines. Ils nous ont mis en difficulté exprès. Mon frère Mohamed est tombé à l’eau et s’est noyé », résume Junior, encore en état de choc. Il montre une vidéo de la garde nationale fonçant sur une embarcation refusant de s’arrêter en mer. Il montre aussi ses pieds blessés lors de l’interception et restés sans soins depuis.

    Les quelques femmes vivant là, seules ou avec leur enfant, disent être inquiètes pour un couple et son bébé, disparus depuis trois semaines. « On sait qu’ils voulaient traverser. On n’a plus de nouvelles, on pense qu’ils sont morts en mer. » Sur son smartphone, la bouille de l’enfant, dans les bras de sa mère souriante, apparaît.

    Malgré leur disparition en mer, elles veulent partir, elles aussi. « Mais j’ai très peur de l’eau, je ne sais pas nager », hésite l’une d’elles. Elle a quitté son pays pour fuir les violences conjugales. Elle expérimente désormais la violence des frontières.

    Junior n’a pas trouvé la force de contacter le Croissant-Rouge. « J’imagine que mon frère a été enterré. Je n’ai pas cherché à savoir car c’est trop lourd pour moi, ça me fait mal au cœur rien que d’y penser. » Les ados semblent avoir intégré le #risque de mourir en mer. Ils n’ont « pas d’autre choix », assurent-ils. « On ne peut pas rester dans notre pays et on ne peut pas rester ici. »

    Ils dénoncent le « racisme » auquel ils sont confrontés en Tunisie. « Des policiers ont volé mon portable l’autre jour. Au commissariat, ils n’ont pas voulu prendre ma plainte. Dans les épiceries, ils ne veulent pas nous vendre de riz parce qu’il y a une pénurie et qu’on n’est pas prioritaires. »

    Le membre du tissu associatif déjà cité explique : « Leurs #conditions_de_vie se sont durcies. Depuis quelque temps, un blocage a été mis en place à la Poste pour qu’ils ne puissent ni envoyer ni retirer de l’argent. » Il ajoute avoir observé, au cours des derniers mois, de nombreuses « #arrestations_arbitraires » de personnes en situation irrégulière.

    « C’est aussi ça qui pousse les gens à prendre la mer, affirme Yaha. S’ils restent ici sans papiers, c’est comme une prison à ciel ouvert. S’ils veulent rentrer chez eux, ils doivent payer une pénalité [d’un montant maximal de 3 000 dinars tunisiens, soit environ mille euros – ndlr]. Avec cet argent, certains préfèrent partir en Europe, où ils pourront offrir un avenir meilleur à leurs enfants. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/190223/en-tunisie-la-mort-d-une-fillette-retrouvee-echouee-sur-une-plage-suscite-

    #migrations #asile #réfugiés #décès #mourir_en_mer #fille #enfant #enfance #enfants #photographie #racisme #pêcheurs #Alan_Kurdi

    ping @karine4 @_kg_

    • En Tunisie, « il faut dépasser la question des #traversées pour penser l’immigration africaine »

      Dans un contexte où le Parti nationaliste tunisien s’en prend violemment à la communauté subsaharienne et où les naufrages ne cessent de s’intensifier en mer, le géographe #Camille_Cassarini revient sur les évolutions de la présence africaine dans ce pays du Maghreb, dont les politiques migratoires n’échappent pas aux mécanismes que l’on peut observer en Europe.

      DixDix-huit mille personnes ont réussi à rejoindre l’Italie depuis les côtes tunisiennes en 2022. Un chiffre en constante augmentation ces dernières années, démontrant que la crise socio-économique, mais aussi démocratique, dans laquelle s’enfonce la Tunisie ne cesse de pousser des personnes sur les chemins de l’exil.

      À l’heure où les naufrages s’amplifient et où la découverte du corps d’une fillette, échoué sur une plage des îles Kerkennah le 24 décembre dernier, vient brutalement nous rappeler la violence des politiques de fermeture des frontières, Camille Cassarini, chercheur à l’Université de Gênes et chercheur associé au LPED/IRD, alerte sur la nécessité de reconnaître l’immigration africaine en Tunisie.

      Après avoir passé plusieurs années à Sfax pour réaliser sa thèse, ville où la communauté subsaharienne est particulièrement importante, le géographe constate qu’un certain nombre de personnes viennent d’abord pour étudier et travailler.

      « Les personnes subsahariennes sont structurellement irrégularisées par l’État tunisien et leur départ prend avant tout naissance dans ce contexte de vulnérabilité juridique », souligne ce spécialiste des mobilités africaines en Tunisie, estimant que la délivrance d’un titre de séjour et l’ouverture de leurs droits pourraient permettre à certains de se projeter en Tunisie. Il faut, dit-il, cesser de penser ces mobilités sous l’angle du transit vers l’Europe.

      Mediapart : Depuis quand observe-t-on la présence d’exilés subsahariens en Tunisie ?

      Camille Cassarini : Depuis les années 1980, avec principalement des étudiants au départ, issus de classes moyennes supérieures, venus se former dans des instituts publics tunisiens. Il y a un premier changement dans les années 1990, qui correspond au grand pari de Ben Ali sur l’enseignement privé, visant à attirer lesdites « classes moyennes émergentes » d’Afrique.

      C’est ainsi qu’on a vu arriver des Camerounais, Congolais, Sénégalais ou Ivoiriens. Au même moment, il y avait déjà des mobilités de travailleurs qui arrivaient en Tunisie puis tombaient en situation irrégulière, mais on n’en parlait pas du tout.

      Un second changement a eu lieu en 2003, avec l’arrivée de la Banque africaine de développement et de son personnel, qui, à la suite des événements en Côte d’Ivoire, a été déplacée à Tunis. En 2011 enfin, l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire a mis beaucoup d’Ivoiriens sur la route. On estime qu’il y avait alors quelques milliers d’Ivoiriens à Tunis, quelques centaines à Sfax. Ces chiffres ont connu une croissance très forte dans les années qui ont suivi. Je dirais qu’aujourd’hui, entre 30 000 et 50 000 personnes originaires d’Afrique subsaharienne vivent en Tunisie.

      Quel est leur profil ?

      On retrouve toujours une très large majorité de personnes ivoiriennes, ce qui est en soi une particularité, voire un paradoxe, car la Côte d’Ivoire n’était pas un pays d’émigration, contrairement à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. On observe surtout la présence de travailleurs, issus de deux principaux groupes socio-ethniques en Côte d’Ivoire (les Akan et Baoulé, ainsi que les Bété, proches de Laurent Gbagbo), qui, avant, ne migraient absolument pas hors de la Côte d’Ivoire et sont issus de couches sociales assez favorisées.

      Dans quelles conditions de vie évoluent-ils ?

      Jusqu’au Covid-19, tous ces groupes vivaient d’emplois relativement précaires ; pas seulement d’emplois journaliers, payés 25 dinars par jour, mais aussi de petites activités commerciales à la valise (le fait de ramener des produits du pays d’origine pour les revendre en Tunisie).

      Cette population arrivait par avion sans visa et vivait en situation irrégulière (puisque une fois passés les trois mois de séjour autorisés, ils n’ont plus de droit au séjour), dans des logements collectifs, parfois individuels et dans des conditions relativement précaires ; mais des conditions qui, au regard de leur précédente situation en Côte d’Ivoire, n’étaient pas forcément si mauvaises.

      Leur salaire leur permettait d’opérer des renvois de fonds et de soutenir leur famille. Notamment au regard du taux de change qui existait entre le dinar tunisien et l’euro, et donc le franc CFA. À partir de 2018, l’État tunisien a développé une autre politique monétaire, faisant doper les exportations et baisser la valeur du dinar. Les cordons de la bourse ont alors été de plus en plus serrés.

      Quel impact le Covid-19 a-t-il pu avoir sur les migrations de Subsahariens vers et via la Tunisie ?

      Étant donné que ces personnes vivaient majoritairement d’emplois journaliers, sur un marché du travail informel, elles ont été les premières à perdre leur emploi. Elles ont vécu une très forte précarité, notamment parce qu’elles n’avaient ni sécurité sociale, ni parachute, ni aucune structure familiale pouvant leur venir en aide. Et on a vu des choses apparaître pour la toute première fois durant cette période, comme la mendicité et le sans-abrisme. Sur le plan des arrivées, il y a eu une forte baisse des arrivées, mais cela a repris dès que le trafic aérien s’est rouvert.

      Selon les ONG, la présence des Subsahariens a fortement augmenté en 2022. Comment l’expliquez-vous ?

      Les arrivées ont augmenté, oui, mais difficile de dire dans quelle mesure. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a plus seulement que des Ivoiriens. Il y a d’autres nationalités qui ont investi cette route migratoire comme les lieux d’installation ouverts par ces mobilités. Des personnes originaires du Cameroun et de Guinée-Conakry, qui pratiquent les routes migratoires entre Afrique de l’Ouest et Afrique du Nord depuis longtemps.

      Alors qu’on les trouvait beaucoup en Libye, en Algérie ou au Maroc, les mobilités ivoiriennes ont ouvert cette route à travers la Tunisie, notamment jusqu’à Sfax. Aussi, sans doute, parce que des routes s’ouvrent et se ferment en permanence, et que les populations cherchent de nouveaux itinéraires. Chaque groupe en migration a sa propre histoire migratoire.

      Ces populations, différentes les unes des autres, cherchent-elles toutes à tenter la traversée pour l’Europe ?

      Mes travaux montrent que les Ivoiriens sont venus en Tunisie pour travailler et s’installer. Ces mobilités s’apparentent donc de plus en plus à une immigration, avec des gens qui restent plusieurs années, fondent une famille et occupent des emplois et une position sociale en Tunisie. On est face à un début d’immigration qui est appelée à rester.

      Concernant les Guinéens et Camerounais (et je le dis avec beaucoup de prudence car je n’ai pas mené d’enquête sur le sujet), on sait que ce sont des groupes connus pour rechercher une traversée vers l’Europe. On sait aussi que ce sont des groupes surreprésentés dans les demandes d’asile en Europe. C’est une donnée sur laquelle on peut s’appuyer pour faire l’hypothèse qu’ils ne sont pas forcément en Tunisie pour y rester, contrairement aux Ivoiriens. Mais il faudrait y consacrer des travaux.

      L’arrivée de nouvelles nationalités a-t-elle changé la donne pour les réseaux de passage ?

      Oui. Ces nouvelles nationalités ramènent avec elles leur expérience de la route et de la traversée. Certaines personnes sont restées très longtemps en Libye et ont acquis de bonnes connaissances dans la fabrication de bateaux. En arrivant à Sfax, qui est une ville littorale avec toute une économie de la mer, elles se sont mises à fabriquer des bateaux ou à acheter des moteurs. C’est le cas des Guinéens et des Gambiens. Aujourd’hui, on voit de nouveaux types d’embarcation en métal.

      Cela étant dit, aucune économie du passage ne se fait sans l’aval, le soutien et la protection de réseaux de passage tunisiens vers l’Europe. Les personnes en situation de domination quotidienne, sans capital social ni économique, n’ont pas les moyens de mettre en place de tels réseaux. Les Tunisiens cherchent un public, certains Subsahariens leur donnent accès à ce public-là, et ensuite, c’est de la négociation et du business. S’il y a une économie du passage des Subsahariens vers l’Europe, c’est avant tout parce qu’il y a une économie du passage des Tunisiens vers l’Europe.

      Avec l’arrivée de ces nouvelles nationalités, l’économie du passage s’est diversifiée. On a une plus grande offre du passage, pour une demande qui n’est pas nécessairement plus importante qu’avant. La conséquence de cela, c’est que les prix ont baissé. Lorsqu’il fallait payer auparavant 5 000 dinars, 1 000 ou 1 500 dinars suffisent désormais pour partir.

      Avez-vous le sentiment que le nombre de naufrages a augmenté ?

      Les organisations de la société civile disent que cela augmente. Mais depuis le début de mon travail en Tunisie, donc en 2017, j’ai toujours entendu parler des naufrages et des morts qui en découlent. L’ennui, c’est qu’on a beaucoup de mal à décompter ces naufrages, on ne sait pas exactement qui meurt, puisqu’on compte beaucoup de disparus en mer.

      En Tunisie, on sent que cette question des disparitions prend de plus en plus d’importance, d’abord chez les familles de Tunisiens disparus qui se mobilisent, mais aussi chez les familles et proches de Subsahariens, parce qu’elles sont installées en Tunisie. C’est plus compliqué en revanche pour les autres, lorsqu’ils sont en transit et n’ont pas forcément de proches en Tunisie. C’est le travail des organisations telles que la Croix-Rouge internationale que de les aider à retrouver un proche disparu.

      Ceux qui survivent à ces naufrages restent confrontés à de forts traumas et ne sont pas du tout pris en charge ensuite. Cela fait partie de toute cette architecture frontalière, qui consiste à marquer les gens dans leur mémoire, leur corps, leur histoire.

      Qu’est-ce qui pousse les gens à tenter la traversée au risque de perdre la vie en mer ?

      Je crois qu’il faut déconstruire les logiques qui amènent les gens à partir, notamment parce que j’ai connu des personnes qui avaient construit une vie en Tunisie (comme les Camerounais) et qui sont parties malgré tout pour l’Europe. Les traversées sont aussi le produit de la fermeture des frontières qui s’opère en Afrique et, sans nier l’influence des États européens dans ce domaine, il ne faut pas non plus sous-estimer la capacité des États maghrébins et africains à développer leurs propres agendas stratégiques vis-à-vis de la migration.

      En Tunisie, les personnes subsahariennes sont structurellement irrégularisées par l’État tunisien et leur départ prend avant tout naissance dans ce contexte de vulnérabilité juridique : c’est parce qu’on empêche les circulations entre pays africains que ces personnes sont amenées à partir. Soit elles dépensent l’argent économisé dans le paiement de pénalités pour rentrer dans leur pays, soit elles paient une traversée vers l’Europe, le tout sous l’effet conjugué de la baisse du dinar, du renforcement de l’appareil policier tunisien et d’un climat de peur.

      Il faut donc poser la question fondamentale du droit au séjour pour les personnes subsahariennes en Tunisie. On ne parle pas de la nationalité, mais de l’obtention d’un titre de séjour qui leur ouvre des droits. Il faut dépasser la question des traversées pour penser l’immigration africaine en Tunisie.

      La Tunisie nie-t-elle l’existence de cette immigration ?

      Jusqu’ici, il n’y avait jamais eu de débat politique ou de véritable positionnement des acteurs politiques vis-à-vis de l’immigration africaine en Tunisie. Depuis quelque temps, le Parti politique nationaliste tunisien a lancé des campagnes xénophobes et racistes de lutte contre la présence africaine en Tunisie, reprenant les mêmes discours que les partis xénophobes en Europe, autour de la théorie du « grand remplacement ». Pour la première fois, un parti fonde sa rhétorique sur la présence africaine en Tunisie. Ce n’est pas anodin, parce que le pays avait toujours nié cette présence.

      Paradoxalement, cela montre que l’immigration africaine devient un sujet politique. On ne la regarde plus seulement comme une sorte d’extériorité, on la pense au regard de la société tunisienne, de manière très violente certes, mais cela fait naître de nouveaux débats. On voit d’ailleurs des acteurs de la société civile qui, en réaction à cette campagne, appellent à la régularisation. Finalement, on a une politisation latente et progressive de la question des mobilités africaines. On est bien face à une immigration.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/190223/en-tunisie-il-faut-depasser-la-question-des-traversees-pour-penser-l-immig

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    ★ L’ANARCHISME ET LES FAITS RELIGIEUX - Socialisme libertaire

    « Appelez cela Dieu, l’Absolu, si cela vous amuse, que m’importe. »

    Il y a peu de temps encore tout rapprochement ou toute confrontation entre anarchisme et religion aurait pu sembler incongrue. Mais c’était avant que la situation et les débats actuels ne lui redonnent tout à coup une actualité brûlante ; avant qu’aux côtés des ennemis les plus constants de l’anarchisme - le Capital et l’État – le XXIe siècle ne réactualise l’urgence d’un autre combat, d’une dénonciation libertaire de l’idée de Dieu, et plus particulièrement du Dieu monothéiste ; cette « troisième puissance » dont parle Proudhon ; cette clé de voûte logique et imaginaire de l’ordre autoritaire ; cet analogue et cette justification suprême du Capital et de l’État.
    Lumineuse et acérée dans son affirmation première, mais rouillée faute d’usage, et depuis tant d’années, la critique libertaire contemporaine des faits religieux oscille entre trois positions assez nettement différentes : l’une, la plus récente, que l’on peut qualifier de « marxisante » ; une autre, plus ancienne et apparemment contraire à la première, que l’on peut qualifier de « laïque » et de « républicaine » ; et enfin une troisième position, spécifiquement anarchiste cette fois, mais en partie oubliée après le long éclipse de la pensée libertaire (...)

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