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  • Des œuvres pillées sur le territoire de Daesh se retrouvent sur le marché des antiquaires à Londres

    On avait l’habitude de voir les membres de Daesh moins conciliants avec l’art antique. Si l’organisation sème la terreur à chaque zone archéologique qu’elle conquiert, menaçant de tout détruire, comme à Palmyre ou Nimrud, il semblerait qu’elle se garde quelques trésors.

    Après avoir suivi Mark Altaweel, spécialiste du Proche-Orient au laboratoire archéologique de l’UCL, dans les coulisses du marché des antiquaires à Londres, The Guardian révèle la présence, sur le marché britannique, d’antiquités provenant du territoire contrôlé par l’État islamique.

    Dans ses recherches, l’expert est tombé sur plusieurs objets, une petite statue, des fragments d’os, etc. Pour lui leur provenance ne fait aucun doute :

    "Ces pièces sont “tellement distinctives qu’elles ne pouvaient venir que d’une partie très spécifique de la région : celle contrôlée par l’État islamique. […] Ça donne une idée de l’étendue [de ce marché] – dont nous ne voyons que la fin de la chaîne.”

    En revanche, impossible d’affirmer que ces antiquités ont été vendues par Daesh. Leur traçabilité est très difficile. Les revendeurs restent très flous quant à la provenance de leur marchandise. Certains évoquent des “collections de famille” obtenues grâce à des “vendeurs privés”, ou via “une vente aux enchères”. À chaque fois, “il n’y a jamais de trace écrite”, note Mark Altaweel.

    Selon l’archéologue syrien Amr Al-Azm, chercheur à l’université Shawnee dans l’Ohio, la vente d’antiquités est devenue pour Daesh une “entreprise de levée de fonds”. Depuis 2014, l’organisation a organisé son nouveau business. Des fouilles illégales ont débuté et dès l’automne l’EI commençait à “engager ses propres archéologue, des équipes de fouille, toute une machinerie – et c’est à ce moment que nous avons vu un pic dans l’activité de contrebande”, remarque Amr Al-Azm.

    Une pénétration dans le marché noir des antiquités qui coïncide avec les bombardement des forces de la coalition, détruisant les sources de revenus de l’EI – en particulier les sites d’extraction pétrolière. Selon l’Unesco, Daesh est depuis passé au pillage à “l’échelle industrielle”.

    Un marché noir qui transite par la Suisse et l’Allemagne

    Au départ de la Turquie ou du Liban, les objets rejoignent le marché européen par une escale en Suisse ou en Allemagne, hauts lieux de la contrebande d’antiquités.

    Là-bas, les biens pillés “changent de mains, passant du vendeur au conservateur afin de créer une trace écrite qui sera utilisée pour vendre les objets dans des salles de vente aux enchères à Londres et à New York”, détaille Christos Tsirogiannis, chercheur au centre écossais de criminologie (SCCJR).

    Avec la couverture médiatique, les revendeurs commencent à prendre des précautions avec les objets en provenance d’Irak ou de Syrie. Mais tant qu’une demande existera, le marché noir se poursuivra et financera Daesh. Selon une enquête de la BBC, l’Europe reste le marché principal pour les antiquités pillées dans la région de l’EI.

    http://www.lesinrocks.com/2015/07/news/des-antiquites-pillees-sur-le-territoire-de-daesh-retrouvees-sur-le-marc