• #Magdalena. Femmes du fleuve

    Magdalena. Femmes du fleuve est un #roman_graphique issu d’un processus de #recherche-création sur la vie des paysannes habitant sur les rives du fleuve Magdalena en Colombie. Le #livre part de la source dans les #montagnes andines et suit le cours du fleuve jusqu’à son embouchure dans la mer des Caraïbes. Il parcourt les histoires de huit femmes et les récits qu’elles tissent en relation avec les gens du fleuve, l’eau, la #faune, la #flore. Le roman montre également les résistances de ces femmes face aux projets d’aménagement et extractifs qui interrompent le cours de l’eau, ainsi que les voies parallèles de réexistence pour réinventer la vie après certaines conséquences irréparables. L’objectif de ce livre, au croisement de la recherche scientifique en géographie et de la création artistique, est de mettre en lumière des #histoires_de_vie qui ne sont pas souvent racontées, des réalités invisibilisées par des récits sur le fleuve essentiellement utilitaristes ou portés par des voix masculines. Magdalena souhaite faire exister non seulement les pluralités de formes selon lesquelles les femmes vivent sur et avec le fleuve Magdalena, ainsi que les continuités écologiques et culturelles qui unissent ce grand territoire de terre et d’eau.

    https://www.ateliermele.com/projets/magdalena-femmes-du-fleuve
    #fleuve #eau #Colombie #récit #femmes #histoires #lutte #résistance #Andes
    #BD #bande-dessinée

  • #France_Travail : des #robots pour contrôler les chômeurs·euses et les personnes au #RSA

    France Travail déploie actuellement des robots visant à automatiser et massifier le contrôle des personnes inscrites à France Travail. Depuis le 1 janvier 2025, cela inclut également les personnes au RSA. Il s’agit d’une nouvelle étape du dangereux projet de #gestion_algorithmique des personnes sans-emplois, porté par le directeur général de France Travail, #Thibaut_Guilluy. Retour sur le contexte de cette mise en place et ses implications sociales.

    Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, les #contrôles réalisés par France Travail sont passés de moins de 200 000 en 2017 à plus de 600 000 en 2024. Il y a tout juste un an, l’exécutif surenchérissait et fixait à l’institution un objectif de 1,5 million de contrôles en 20271.

    Parallèlement était votée, en décembre 2023, la loi dite « #Plein_Emploi », entrée en vigueur le 1er janvier dernier. Cette dernière vient modifier en profondeur les modalités du contrôle des personnes sans-emplois via deux mesures phares. La première est l’extension du pouvoir de contrôle et de #sanctions des personnes au RSA par France Travail. La seconde concerne l’obligation pour toute personne suivie par France Travail – qu’elle soit au RSA ou au chômage – de réaliser 15 « heures d’activité » hebdomadaires sous peine de sanctions.

    C’est dans ce contexte que France Travail déploie actuellement une refonte de son processus de contrôle. Dénommée « #Contrôle_de_la_Recherche_d’Emploi_rénové » (ou « #CRE_rénové »), elle vise tant à « arriver à mettre en oeuvre 1,5 million de contrôles […] à l’horizon 2027 » qu’à prendre en compte les « évolutions introduites par la loi “Plein Emploi” »2.

    #Automatisation et #massification des contrôles

    Pour atteindre l’objectif de massification des contrôles, France Travail mise sur l’automatisation3. Début 2025, ses dirigeant·es ont ainsi annoncé que le « CRE rénové » s’accompagnerait du déploiement de « robot[s] d’aide à l’analyse du dossier » destinés à assister la personne en charge du contrôle. L’objectif affiché est de réaliser des « gains de productivité » permettant de réduire la durée d’un contrôle pour pouvoir alors les multiplier à moindre coût4.

    Pour ce faire, ces « robots » ont pour tâche de classer les personnes ayant été sélectionnées pour un contrôle selon différents degrés de « #suspicion »5 afin de guider le travail du contrôleur ou de la contrôleuse. Concrètement, ils réalisent un #profilage_algorithmique de la personne contrôlée sur la base de l’analyse des #données_personnelles détenues par France Travail.

    Ce #profilage prend la forme d’une #classification en trois niveaux : « #clôture » (pas de suspicion), « #clôture_potentielle » (suspicion moyenne) ou « #contrôle_potentiel » (suspicion forte)6. Ce résultat est alors transmis, en amont du contrôle, au contrôleur ou à la contrôleuse afin de l’inciter à se concentrer sur les dossiers considérés comme suspects par l’#algorithme, tout en clôturant rapidement le contrôle pour les autres.

    France Travail se réfugie dans l’#opacité

    À travers notre campagne France Contrôle, nous avons déjà parlé de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), la première à se lancer dans ce contrôle algorithmique des populations. Le fait qu’elle soit rejointe par France Travail démontre une fois de plus pourquoi il est fondamental de s’opposer, par principe, à l’usage d’algorithmes de profilage à des fins de contrôle. Mais également d’exiger la transparence autour du fonctionnement de ces algorithmes, afin de mieux pouvoir les combattre tant politiquement que juridiquement.

    Dans le cas présent, cette transparence est d’autant plus importante que l’objectif d’un contrôle de la #recherche_d’emploi – « une appréciation globale des #manquements [de la personne contrôlée] afin de sanctionner un comportement général »7 – est très flou et propice à l’#arbitraire. L’analyse du #code de l’algorithme pourrait aussi appuyer un combat juridique, tel que l’actuel contentieux contre la CNAF.

    Mais sur le sujet des « robots » de contrôle – comme sur beaucoup d’autres8 – la direction de France Travail se refuse à toute transparence. Son directeur est allé jusqu’à déclarer à la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) « qu’aucun algorithme n’est utilisé dans le cadre du « CRE rénové » […] » suite à la saisine déposée par des journalistes de Cash Investigation ayant travaillé sur ce sujet9.

    Un profilage policier

    En l’absence de transparence sur le fonctionnement de ces « robots », nous ne pouvons qu’avancer quelques hypothèses sur le fonctionnement du profilage algorithmique. Côté technique, la direction de France Travail a déclaré que le « robot » n’était pas basé sur de l’intelligence artificielle, sans toutefois exclure qu’il puisse l’être à l’avenir10. En conséquence, le profilage serait le résultat d’opérations algorithmiques simples issues de la combinaison de différents critères construits à partir des données personnelles détenues par France Travail11.

    Quant à la nature de ces critères, des pistes sont données par un document distribué aux équipes de contrôle de France Travail il y a quelques mois. Assumant pleinement un discours policier, la direction de France Travail y présente une « grille d’analyse » venant préciser le « niveau d’importance » de différents « indices » permettant de caractériser les « manquements » des personnes contrôlées.

    Parmi ces éléments, notons notamment l’absence de périodes récentes de travail ou de formation, l’absence de mobilisation des outils numériques mis à disposition par France Travail (offres, CV ou carte de visite en ligne), l’absence de contact avec son ou sa conseiller·ère, les résultats des derniers contrôles de recherche d’emploi, l’absence de candidatures envoyées via le site de France Travail ou encore le non-respect des 15 « heures d’activité » prévue par la loi « Plein Emploi ».

    Tout indique que ce travail de #rationalisation du processus de contrôle aurait servi de base à la construction du « robot » lui-même. En effet, en plus du résultat du profilage, le « robot » fait remonter au contrôleur ou à la contrôleuse une liste d’éléments issus de cette grille. Ces remontées permettent alors à la personne en charge du contrôle d’apprécier la décision de classification du « robot », sans pour autant qu’il ou elle ait accès à ses règles de fonctionnement précises.
    Automatisation et violence institutionnelle

    Le déploiement d’algorithmes de profilage à des fins de contrôle participe activement à la politique de #répression et à la #paupérisation des personnes sans-emplois. La massification des contrôles à laquelle contribue ce processus d’automatisation entraîne mécaniquement une hausse du nombre de sanctions et de pertes de #droits associé·es.

    Ainsi, d’après les documents de France Travail, 17% en moyenne des contrôles aboutissent à une radiation12. Dans l’hypothèse où ce taux resterait constant, l’augmentation de 500 000 à 1,5 million de contrôles par an implique que le nombre de radiations associées passerait d’environ 85 000 aujourd’hui à 255 000 en 202713. Ajoutons que l’impact des contrôles n’est pas le même pour toutes et tous : d’après les chiffres disponibles, les personnes n’ayant pas le bac ou étant au RSA sont sur-représentées parmi les personnes radiées suite à un contrôle14. L’automatisation des contrôles est donc une manière d’écarter les plus précaires de France Travail.

    Notons enfin, comme le rappellent cinq chercheurs et chercheuses dans le livre Chômeurs, vos papiers !15, qu’aucun travail scientifique ne vient valider le récit mis en avant par nos dirigeant·es selon lequel les contrôles favoriseraient la reprise d’emploi. Cette hypocrisie politique n’a pour fondement qu’une vision stigmatisante et infantilisante des personnes sans-emplois, visant à nier toute responsabilité collective vis-à-vis du chômage de masse et à le réduire à une problématique individuelle.

    À l’inverse, ajoutent les auteurs·ices, les effets négatifs des contrôles sont largement documentés. En plaçant les personnes contrôlées dans une situation humiliante – « où au stigmate de l’assisté s’ajoute celui du tricheur »16 – s’accompagnant de lourdes démarches de justification, ils induisent un effet dissuasif vis-à-vis de l’accès aux droits. En retour, ils contribuent à l’augmentation du non-recours, dont le taux est estimé à plus de 25% pour l’assurance chômage et à 30% pour le RSA17. À ceci s’ajoute le fait qu’il plonge dans la précarité celles et ceux contraints·es à accepter des postes pénibles, sous-payés et précaires.

    Loi « Plein Emploi » : des contrôles aux effets démultipliés

    Tout ceci est d’autant plus inquiétant à l’heure où entre en vigueur la loi « Plein Emploi », qui vient renforcer l’impact et le champ des contrôles réalisés par France Travail.

    En premier lieu via l’instauration d’une obligation de 15 « heures d’activité » pour toute personne sans-emploi18. À la violence qu’elle entraîne en termes de niveau de contrôle et d’intrusion dans la vie privée des personnes contrôlées, cette mesure conjugue une contrainte administrative extrêmement lourde de par la difficulté que chacun·e aura pour justifier ces heures. Elle vient ainsi considérablement renforcer l’arbitraire des contrôles et, de fait, les pouvoirs de répression de France Travail. Si la difficulté qu’il y aura à (faire) respecter cette mesure pourrait la faire paraître presque illusoire, notons cependant que France Travail développe déjà un agenda partagé entre personne sans-emploi et conseiller·ère, c’est-à-dire un outil numérique dédié au contrôle de ces « heures d’activité ».

    En second lieu, parce que la loi « Plein Emploi » vient étendre les prérogatives de contrôle de France Travail sur les personnes au RSA19. Jusqu’alors, les sanctions relatives au RSA relevaient de la compétence du département et le retrait de son bénéfice nécessitait le passage devant une commission pluridisciplinaire dédiée. Via les « suspensions-remobilisations »20, la loi « Plein Emploi » a désormais introduit la possibilité pour les départements de déléguer à France Travail la compétence de suspension du RSA. Dans ce cas, France Travail pourra suspendre le RSA d’une personne à la suite d’un contrôle de manière unilatérale et sans que l’avis d’une commission de contrôle de la suspension soit nécessaire.
    Face au contrôle algorithmique, lutter

    À l’heure où nous écrivons ces lignes, la contestation monte de toute part contre le renforcement des contrôles à France Travail.

    Du Défenseur des Droits à la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), en passant par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion (CNLE), l’ensemble des institutions de lutte contre la pauvreté critiquent vertement la loi « Plein Emploi » et ses velléités autoritaires21.

    De leur côté les associations de lutte contre la précarité se regroupent et dénoncent une réforme « inhumaine, injuste et inefficace », tandis que sur le terrain, les premier·ères concernées s’organisent. En Bretagne, le Conseil départemental du Finistère a ainsi été occupé par des personnes réunies en « Assemblée Générale contre la réforme du Rsa-france-travail »22.

    Devant la multiplication des oppositions et la diversité des modes d’actions, nous appelons toutes celles et ceux qui refusent la destruction de notre système de protection sociale et la violence des politiques néo-libérales dont elle s’inspire à s’organiser et à rejoindre ces luttes de la manière qui leur convient le mieux.

    De notre côté, nous tâcherons d’y contribuer à travers la documentation de cette infrastructure numérique de surveillance que les dirigeant·es de France Travail mettent en place dans le cadre de la loi « Plein Emploi ». Nous appelons par ailleurs les personnes ayant connaissance des critères utilisés par les robots de contrôle à nous contacter à algos@laquadrature.net ou à déposer des documents de manière anonyme sur notre SecureDrop (voir notre page d’aide ici). Si vous le pouvez, vous pouvez nous aider en nous faisant un don.

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    References

    ↑1 Pour les chiffres de 2017, voir l’étude de Pôle Emploi « Le contrôle de la recherche d’emploi : l’impact sur le parcours des demandeurs d’emploi » disponible ici. Pour 2024, voir « Bilan du Contrôle de la recherche d’emploi » disponible ici. Pour les annonces d’Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir voir cet article de 2017 et cet article de 2021. L’objectif de 1,5 million a été annnoncé par Gabriel Attal en 2024, voir cet article.
    ↑2 « Information en vue d’une consultation sur le contrôle de la recherche d’emploi rénové », Comité Social d’Entreprise Central des 9 et 10 octobre 2024, disponible ici.
    ↑3 A noter que le CRE rénové s’accompagne aussi d’une réduction des droits des personnes contrôlées afin de réduire le temps nécessaire à un contrôle. Il s’agit de mettre en place une procédure « flash » permettant de faire « l’économie de l’entretien téléphonique » et/ou de l’envoi d’un formulaire à la personne contrôlée, deux choses qui étaient systématiques jusqu’alors lors d’un CRE. En cas d’« avertissement avant sanction », la personne contrôlée disposera de 10 jours pour justifier de sa situation. Voir « Information sur le pilote du contrôle de la recherche d’emploi (CRE) rénové », Comité Social d’Entreprise Central des 13 et 14 mars 2024, disponible ici.
    ↑4 « Information sur le pilote du contrôle de la recherche d’emploi (CRE) rénové », Comité Social d’Entreprise Central (CSEC) des 13 et 14 mars 2024, disponible ici.
    ↑5 La sélection des personnes relève d’un autre traitement algorithmique. Elles sont le fruit de requêtes ciblées (métiers en tensions…) et aléatoires, de signalements agence ou encore d’« alertes automatiques » incluant désormais certains des flux provenant de la « gestion de la liste ». Voir le document « Information sur le pilote du contrôle de la recherche d’emploi (CRE) rénové », Comité Social d’Entreprise Central des 13 et 14 mars 2024, disponible ici.
    ↑6 Ces informations se basent sur des discussions avec des équipes de France Travail ayant eu accès aux résultats des profilages réalisés par les robots. Notons aussi l’existence d’une catégorie « erreur » pour les dossiers n’ayant pas pu être traités par l’algorithme.
    ↑7 « Information sur le pilote du contrôle de la recherche d’emploi (CRE) rénové », Comité Social d’Entreprise Central des 13 et 14 mars 2024, disponible ici.
    ↑8 Une grande partie de nos demandes d’accès aux documents administratifs restent sans réponse. Nous reviendrons sur ce point dans un article dédié.
    ↑9 L’avis de la CADA citant le directeur de France Travail est disponible ici.
    ↑10 Propos tenus lors du CSEC de France Travail du 22 novembre 2024.
    ↑11 On pense assez naturellement à un algorithme du type « arbre de décision ».
    ↑12 Voir le tableau 1 du document Le contrôle de la recherche d’emploi en 2023, France Travail, disponible ici. A noter que ce chiffre est passé à 20% dans les régions ayant expérimentées le CRE rénové avant sa généralisation. Voir la slide 15 de ce document présenté en Comité Social et Economique Central de France Travail le 9 octobre 2024.
    ↑13 A noter ici que l’effet de la loi « plein emploi » sur le nombre total de radiations n’est pas clair. En effet, une partie de la « gestion de la liste » – situations entraînant auparavant une radiation automatique tel que l’absence à un rendez-vous ou l’absence à formation – est transférée au CRE. Pour des statistiques sur les radiations et les sorties des personnes inscrites à France Travail est disponible ici sur le site de la DARES.
    ↑14 Voir Le contrôle de la recherche d’emploi en 2023, France Travail, tableau 2, disponible ici. Voir aussi le tableau 1 de l’étude « Le contrôle de la recherche d’emploi : l’impact sur le parcours des demandeurs d’emploi », Pôle Emploi, 2018.
    ↑15 C. Vives, L. Sigalo Santos, J.-M Pillon, V. Dubois et H. Clouet, « Chômeurs, vos papiers ! », 2023. Cet essai revient sur les aspects historiques, politiques et sociologiques du contrôle dans les politiques publiques de l’emploi. Concernant l’impact des contrôles, notons l’étude « Le contrôle de la recherche d’emploi : l’impact sur le parcours des demandeurs d’emploi » publiée par Pôle Emploi en 2018, qui ne permet pas de conclure, tels que les résultats sont présentés, à un quelconque impact statistiquement significatif du contrôle.
    ↑16 V. Dubois, « Contrôler les assistés », Chapitre 10. Voir aussi l’article de Lucie Inland disponible ici, cet article du Monde et le rapport du Défenseur des Droits « La lutte contre la fraude aux prestations sociales » disponible ici. La Fondation pour le logement des défavorisés, le Défenseur des droits et le collectif Changer de Cap ont par ailleurs collecté de nombreux témoignages décrivant la violence vécue par les allocataires lors des contrôles. Difficultés de recours, contrôles répétés, suspension automatique des prestations sociales, intrusion humiliante dans les moindres recoins de la vie privée. Nous vous invitons à lire l’ensemble de ces témoignages disponibles ici.
    ↑17 C. Hentzgen, C. Pariset, K. Savary, E.Limon, « Quantifier le non-recours à l’assurance chômage », Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques, 2022, disponible ici. Céline Marc, Mickaël Portela, Cyrine Hannafi, Rémi Le Gall , Antoine Rode et Stéphanie, Laguérodie « Quantifier le non-recours aux minima sociaux en Europe », 2022, disponible ici.
    ↑18 Le nombre « d’heures d’activités hebdomadaires » à réaliser peut être diminué en fonction des difficultés personnelles (handicap, parent isolé…). Voir l’article 2 de la loi pour le « Plein Emploi ».
    ↑19 L’obligation d’inscription concerne aussi les personnes en situation de handicap suivies par Cap Emploi et les « jeunes » accompagnés par une mission locale ayant conclu un « Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie » ou un « contrat d’engagement jeune ». Voir l’article 1 de la loi pour le « Plein Emploi ».
    ↑20 L’article 3 de la loi pour le « Plein Emploi » prévoit notamment la possibilité pour un département de déléguer le « prononcé des mesures de suspension du versement du RSA » pour les personnes dont France Travail est l’organisme référent. L’article 2 de la même loi une coopération accrue entre France Travail. Il précise aussi que France Travail est en charge du contrôle du « Contrat d’Engagement » des personnes au RSA dont il est l’organisme référent et qu’il peut proposer au Conseil Départemental des sanctions (suspension/radiation) concernant le versement du RSA. Des précisions seront apportées par décret dont une version préliminaire a fuité dans la presse.
    ↑21 Voir notamment la déclaration de la CNCDH, l’avis du CNLE et cette étude publiée par le Secours Catholique, Aequitaz et ATD Quart Monde.
    ↑22 Voir notamment cet appel et cet article sur leur action au conseil départemental du Finistère. Vous pouvez les contacter à l’adresse ag-rsa-francetravail-brest chez riseup.net.

    https://www.laquadrature.net/2025/05/22/france-travail-des-robots-pour-controler-les-chomeurs%C2%B7euses-et-le

    #contrôle #surveillance #loi_plein_emploi #chômeurs

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    voir aussi : https://seenthis.net/messages/1116620
    ping @karine4

  • Magdalena. Femmes du fleuve

    Magdalena. Femmes du fleuve est un roman graphique issu d’un processus de #recherche-création sur la vie des paysannes habitant sur les rives du #fleuve_Magdalena en #Colombie. Le livre part de la source dans les #montagnes andines et suit le cours du fleuve jusqu’à son embouchure dans la mer des Caraïbes. Il parcourt les histoires de huit #femmes et les #récits qu’elles tissent en relation avec les #gens_du_fleuve, l’#eau, la #faune, la #flore. Le roman montre également les #résistances de ces femmes face aux projets d’aménagement et extractifs qui interrompent le cours de l’eau, ainsi que les voies parallèles de réexistence pour réinventer la vie après certaines conséquences irréparables. L’objectif de ce livre, au croisement de la recherche scientifique en géographie et de la création artistique, est de mettre en lumière des #histoires_de_vie qui ne sont pas souvent racontées, des réalités invisibilisées par des récits sur le #fleuve essentiellement utilitaristes ou portés par des voix masculines. Magdalena souhaite faire exister non seulement les pluralités de formes selon lesquelles les femmes vivent sur et avec le fleuve Magdalena, ainsi que les continuités écologiques et culturelles qui unissent ce grand territoire de terre et d’eau.

    https://www.lcdpu.fr/books/56262F9A-AA2F-4EB3-B417-6E4660FC8A84
    #BD #livre #bande-dessinée #aménagement_du_territoire #extractivisme

  • À #Bordeaux, une chercheuse engagée pour l’#écologie se voit interdite de labo

    De plus en plus de centres de recherche sont soumis à un #régime_administratif_spécial, qui conditionne leur #accès à une #autorisation. Les #refus – jamais motivés – sont de plus en plus nombreux.

    Ada* aurait dû commencer le 3 mars son travail postdoctoral au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (LaBRI). Mais quatre jours plus tard, alors qu’elle s’étonne de n’avoir toujours pas signé son contrat, un couperet imprévu tombe : l’accès au laboratoire lui est refusé.

    Le #LaBRI est en effet classé #zone_à_régime_restrictif (#ZRR). On ne peut y pénétrer sans l’accord du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et ce dernier a donné un avis défavorable, sans motivation.

    C’est cette décision – exceptionnelle pour une personne de nationalité française – qu’Ada contestait pour « #excès_de_pouvoir » jeudi 15 mai devant le tribunal administratif de Bordeaux. L’affaire a été mise en délibéré.

    Les zones à régime restrictif ont été créées par un #arrêté du 3 juillet 2012 relatif à « la protection du potentiel scientifique et technique de la nation ». Lorsqu’un laboratoire est classé en ZRR, il devient impossible d’y accéder sans autorisation du chef d’établissement, lequel est tenu de suivre l’avis rendu par le haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    Quatre risques justifient l’interdiction de pénétrer dans une ZRR : l’atteinte aux #intérêts_économiques de la nation ; le renforcement d’arsenaux militaires étrangers ; la prolifération d’#armes_de_destruction_massive ; le #terrorisme.

    L’#impact_environnemental de l’#intelligence_artificielle

    Ada ne rentre dans aucune de ces catégories. Elle est de nationalité française. Son casier judiciaire est vierge. Elle ignore ce qui lui est reproché, réduite aux suppositions. Sa participation aux manifestations contre la réforme des retraites en 2023, durant lesquelles il lui arriva d’être prise dans une nasse policière ? Ses engagements écologistes au sein de divers collectifs, comme l’Atelier paysan ?

    L’itinéraire intellectuel d’Ada est en cohérence avec son engagement. Sa thèse de doctorat, soutenue fin 2024, comprend deux parties distinctes, correspondant à l’évolution de sa réflexion en cours de thèse : la première de mathématiques, sa formation d’origine ; la seconde d’analyse du rôle politique du numérique inspirée de la philosophie critique des technologies.

    Le postdoctorat qu’elle aurait dû commencer à Bordeaux prolongeait cette réflexion par un travail de sociologie des controverses sur l’impact environnemental de l’intelligence artificielle.

    Ada ne s’attendait absolument pas à se voir, de fait, interdite de laboratoire. « Quand je l’ai appris, je me suis dit : alors ce ne sont pas que des mots lorsque les militants écologistes sont qualifiés d’écoterroristes. » Elle est à présent au chômage, et ses droits expireront bientôt.

    Sollicité par Mediapart, le directeur du LaBRI renvoie prudemment vers le service de presse de l’#université_de_Bordeaux, une des tutelles du laboratoire, qui se montre quelque peu gêné. Formellement, c’est le président de l’université qui a pris la décision d’interdire à Ada l’accès au LaBRI, et c’est donc lui qui était assigné devant le tribunal administratif.

    Mais même à l’issue de l’audience, l’université reconnaissait ne pas savoir encore totalement ce qui est imputé à la jeune chercheuse. « Ces dispositifs sont volontairement flous et opaques, dans le but d’empêcher les personnes mises en cause de se défendre, puisqu’elles ignorent ce qui leur est reproché », observe Ada.

    Les #sciences_humaines_et_sociales concernées

    L’#opacité entourant la mise en place des ZRR est manifeste. La liste n’en est pas publique mais leur nombre ne cesse clairement de s’accroître. En 2019, un rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques relevait déjà que « le rythme d’augmentation du nombre de ZRR, d’environ 20 % par an, ne laisse pas d’interroger ».

    En 2024, une commission d’enquête sénatoriale sur les politiques publiques face aux ingérences étrangères recensait 931 ZRR en France, dont 201 créées en 2023. L’année prochaine, la totalité des laboratoires de l’Institut national de recherche en #informatique et en #automatique vont être classés en ZRR.

    Et depuis l’arrêté du 24 octobre 2024, certaines sciences humaines et sociales sont également concernées. On voit pourtant mal en quoi des recherches en psychologie comme les « sciences et techniques des activités physiques et sportives » ou encore l’ergonomie devraient être protégées d’un risque d’espionnage.

    Dans le même temps, les refus d’accès sont devenus de plus en plus fréquents : 1,7 % jusqu’en 2019, 2,7 % en 2023 selon les rapports parlementaires précédemment cités… et 7 % en 2024 pour les 6 000 demandes d’accès gérées par le CNRS, d’après les chiffres communiqués à Mediapart par l’organisme, qui n’a pu nous préciser le nombre, parmi eux, de ressortissant·es français·es.

    Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche n’a pas donné suite à nos demandes de chiffres récents sur le nombre de ZRR et de refus d’y accéder.

    Pour Baptiste Pagnier, de la CGT des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, « il y a beaucoup de refus à bas bruit, concernant très majoritairement des étrangers. Les contestations en justice sont peu nombreuses, et rarement gagnantes ».

    Christine Buisson, de SUD Recherche, estime que « l’extension des ZRR pose un problème de #conditions_de_travail, parce qu’elle génère des complications pour les recrutements, même de stagiaires, avec des refus réguliers qui perturbent le fonctionnement des laboratoires déjà contraints de recruter beaucoup de précaires ».

    Les deux syndicats ont fait parvenir au tribunal administratif de Bordeaux des mémoires en intervention, au côté de la Ligue des droits de l’homme et de l’Assemblée des directions de laboratoire, elle aussi inquiète des contraintes administratives et des atteintes aux libertés académiques que portent en elles les ZRR.

    Tous estiment que la confirmation par le tribunal administratif de l’interdiction faite à Ada d’accéder à son laboratoire postdoctoral créerait un précédent extrêmement grave.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/160525/bordeaux-une-chercheuse-engagee-pour-l-ecologie-se-voit-interdite-de-labo
    #ESR #recherche #université #France #justice #SHS #it_has_begun

  • #Droit_de_la_montagne : panorama des ressources

    Cette fiche donne des pistes pour la #recherche_documentaire en droit de la montagne en précisant les principales ressources imprimées ainsi que numériques en accès libre ou sur abonnement.

    Le droit de la montagne désigne un ensemble de règles de #droit_public et de #droit_privé qui répondent aux enjeux spécifiques des territoires de montagne :

    Aménagement des territoires : construction et urbanisation en altitude, protection des terres agricoles, pastorales et des forêts en montagne, préservation des rives des plans d’eau, développement raisonné des équipements touristiques…
    Protection de l’environnement : préservation des espaces naturels en montagne (parcs, réserves, sites classés…), protection de la flore et de la faune montagnardes, limitation de la chasse et de la pêche…
    Encadrement des loisirs motorisés en montagne
    Responsabilité des auteurs d’accidents…

    https://www.jurisguide.fr/fiches-pedagogiques/droit-de-la-montagne-panorama-des-ressources
    #montagne #ressources #ressources_pédagogiques #aménagement_du_territoire

  • Publication de la Petite #encyclopédie de la science ouverte

    Développée par le #Comité_pour_la_science_ouverte, la Petite encyclopédie de la science ouverte vise à diffuser des connaissances claires et complètes sur dix sujets clés de la science ouverte :

    - #Infrastructures de science ouverte
    - #Données de recherche ouvertes
    - Langues scientifiques
    - Usages de la science ouverte
    - Monitoring de la science ouverte
    - #Bibliométrie
    - Economie de la science ouverte
    - Accès diamant
    - #Transparence de la #recherche
    - #Intégrité de la recherche

    haque sujet est traité séparément dans un article encyclopédique publié en anglais et en français, qui synthétise plusieurs sources telles que des publications scientifiques, des rapports, des ressources bibliographiques et des données.

    Conçu dès le départ comme un bien commun, chaque article est publié sous licence libre, sur deux espaces : une première fois sous la forme d’un article encyclopédique sur le site web encyclo.ouvrirlascience.fr (https://encyclo.ouvrirlascience.fr), et une deuxième fois sous la forme d’un article Wikipédia mis à jour de manière indépendante. La version Wikipédia évoluera de façon autonome avec le système de contribution collective de l’encyclopédie collaborative.

    https://www.ouvrirlascience.fr/publication-de-la-petite-encyclopedie-de-la-science-ouverte
    #ESR #économie
    #science_ouverte #édition_scientifique

  • Trump limoge Carla Hayden, directrice de la Bibliothèque du Congrès
    https://actualitte.com/article/123695/international/trump-limoge-carla-hayden-directrice-de-la-bibliotheque-du-congres

    Aux États-Unis, Donald Trump poursuit son entreprise de purge au sein de l’administration et des institutions publiques. Sa dernière victime en date n’est autre que Carla Hayden, nommée directrice de la Bibliothèque du Congrès par Barack Obama, en 2016. Première femme, mais aussi première personnalité afro-américaine à assumer cette fonction, Hayden a récemment été visée pour ses positions libérales en matière d’accès aux ouvrages, à l’encontre du mouvement de censure des livres encouragé par Trump.

    Publié le :

    09/05/2025 à 12:19

    Antoine Oury

    Ce jeudi 8 mai, la directrice de la Bibliothèque du Congrès a reçu un simple message électronique lui indiquant que « ses responsabilités [...] prenaient fin immédiatement », rapporte Politico, qui a consulté l’email en question. La Maison-Blanche a confirmé la décision et le départ de Hayden, mais sans apporter de commentaires supplémentaires.

    Nommée en 2016 par Barack Obama, Carla Hayden, première personnalité afro-américaine à diriger la prestigieuse institution, devait effectuer un mandat de dix ans, qui devait donc se conclure dans quelques mois seulement — il était toutefois renouvelable.

    Au moment de sa nomination, Hayden, forte de son expérience à Baltimore, avait notamment pour mission de moderniser la « Library of Congress », la bibliothèque nationale des États-Unis, dont les principales fonctions restent la promotion de la littérature et la lutte contre l’analphabétisme. Carla Hayden avait ainsi eu à cœur de rendre l’institution plus accessible et plus présente, par des actions délocalisées, auprès des populations.

    La Bibliothèque du Congrès joue aussi un rôle culturel important en faisant régulièrement entrer des œuvres audiovisuelles et musicales dans ses répertoires dédiés. Elle reconnait ainsi leur influence durable sur la culture américaine, apportant une légitimité institutionnelle importante à certains genres négligés.
    « Il est temps de lui montrer la sortie »

    Quelques jours seulement avant le limogeage de Carla Hayden, le Daily Mail avait relayé le réquisitoire du président de l’American Accountability Foundation, Tom Jones, contre la directrice de la Bibliothèque du Congrès. « Le président et son équipe ont réalisé un incroyable travail, nécessaire depuis longtemps, de purge du gouvernement fédéral des libéraux de l’État profond », soulignait celui-ci. « À présent, il est temps de montrer la sortie à Carla Hayden et Shira Perlmutter [directrice du Bureau du Copyright, NdR] et de faire passer l’Amérique d’abord en matière de régulation de la propriété intellectuelle. »

    L’American Accountability Foundation se présente comme une sorte de groupe de réflexion conservateur dont le principal objet, à sa création en 2020, était la critique des personnalités nommées par Joe Biden dans l’administration américaine. La référence à l’« État profond », dans la bouche de son président, incarne cette théorie complotiste selon laquelle l’administration serait manipulée par des forces hostiles au peuple américain.

    #Bibliothèque #Library_of_Congress #Trump #Limogeage

  • RFK Jr.’s HHS Orders Lab Studying Deadly Infectious Diseases to Stop Research
    https://www.wired.com/story/hhs-niaid-irf-ebola-disease-research-stop

    According to an email viewed by WIRED, the Integrated Research Facility in Frederick, Maryland, was told to stop all experimental work by April 29 at 5 pm. The facility is part of the National Institute of Allergy and Infectious Diseases (#NIAID) and is located at the US Army base Fort Detrick. It conducts research on the treatment and prevention of infectious diseases that are deemed “high consequence”—those that pose significant risks to public health. It has 168 employees, including federal workers and contractors.

    The email, sent by Michael Holbrook, associate director for high containment at the Integrated Research Facility, says the lab is terminating studies on Lassa fever, SARS-Cov-2, and Eastern equine encephalitis, or EEE, a rare but lethal mosquito-borne disease that has been reported in several northern US states. [...]

    The facility’s director, Connie Schmaljohn, has also been placed on administrative leave, according to the email. Previously, Schmaljohn served as a senior research scientist at the US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases. She has more than 200 research publications, and her work has led to several clinical trials of first-of-their-kind vaccines. Schmaljohn also did not respond to an inquiry from WIRED.

    #santé #rfkjr #recherche #biosafety

  • L’IA fait changer d’avis ? Une expérience contastable | LinkedIn
    https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7323318195103203329

    Jusqu’à présent, je ne disposait que de l’article pulié par des chercheurs de Facebook qui voulait démontrer leur capacité à changer le « mood » des utilisateurstrice de la plateforme. Une expérience sans système déontologique de contrôle, comme celle-ci. Qui visait à attirer les publicitaires vers Facebook (ce qui a bien marché :-)

    L’IA ne se contente pas d’inonder le web de texte synthétique que personne ne lit : elle vous fait changer d’avis. C’est la conclusion d’une étude controversée réalisée par des chercheurs de l’Université de Zurich.

    L’expérience a suscité une vive réaction à cause de son protocole inhabituel : au lieu de tester la capacité de persuasion des chatbots sur des participants en environnement contrôlé (ce qui avait déjà été fait), les chercheurs ont cherché à savoir si les chatbots étaient persuasifs dans le « monde réel ».

    L’expérience a donc été conduite in vivo, sur la plateforme Reddit, à l’insu de ses utilisateurs qui pensaient échanger avec d’autres humains.

    Avec un demi-milliard d’utilisateurs, Reddit est le plus grand forum d’Internet. La plateforme est organisée autour de communautés thématiques appelées « subreddits ». L’une d’elles, baptisée « r/ChangeMyView » (près de 4 millions de membres), invite les utilisateurs à exposer leur opinion et à défier les autres de les faire changer d’avis. Tous les sujets de société y passent, des plus triviaux aux plus clivants.

    La règle est simple : vous publiez votre point de vue, puis d’autres membres vous répondent en essayant de vous faire changer d’avis. Si un argument vous convainc, vous pouvez récompenser son auteur d’un « delta » (Δ). Les utilisateurs convaincants cumulent ces deltas en guise de trophées virtuels sous leur pseudonyme.

    Les chercheurs ont donc testé la capacité des modèles de langage (notamment GPT-4o, Claude 3.5 et Llama 3.1) à faire changer d’avis les utilisateurs. Ils ont recueilli 500 publications originales et ont demandé aux chatbots de rédiger des réponses convaincantes, tenant compte de l’historique des auteurs.

    Le résultat est sans équivoque : les chatbots sont extrêmement persuasifs, bien davantage que la plupart des utilisateurs humains. Plus précisément, lorsqu’on mesure leur capacité de persuasion en nombre moyen de deltas recueillis par commentaire, ceux-ci sont plus persuasifs que 99% des utilisateurs humains (et que 98% des membres expérimentés du forum).

    Reddit a déposé une plainte auprès de l’université, dénonçant des méthodes de recherche inacceptables. L’université a répondu en affirmant prendre la question "très au sérieux" mais en refusant d’empêcher la publication de l’étude, jugeant l’expérience justifiée par l’importance de ses résultats (ce que conteste évidemment Reddit).

    Avant l’IA générative, influencer l’opinion impliquait un compromis : toucher un large public avec des messages génériques OU cibler un petit nombre de personnes avec des messages personnalisés. Cette étude montre qu’il est désormais possible de générer à grande échelle des arguments personnalisés très persuasifs.

    Le modèle des plateformes, fondé sur la prédation de l’attention, ne les incite pas à combattre les contenus synthétiques tant que ceux-ci génèrent des revenus publicitaires. Il est donc urgent de leur imposer d’amplifier les sources fiables d’information.

    #Conviction #Influence #Industrie_influence #Recherche #Déontologie #Reddit

  • White House Proposal Could Gut Climate Modeling the World Depends On
    https://www.propublica.org/article/trump-noaa-budget-cuts-climate-change-modeling-princeton-gfdl

    According to the document, NOAA’s overall funding would be slashed by 27%, eliminating “functions of the Department that are misaligned with the President’s agenda and the expressed will of the American people” including almost all of those related to the study of #climate change. The proposal would break up and significantly defund the agency across programs, curtailing everything from ocean research to coastal management while shifting one of #NOAA’s robust satellite programs out of the agency and putting another up for commercial bidding. But its most significant target is the office of Oceanic and Atmospheric Research ⎯ a nerve center of global climate science, data collection and modeling, including the Geophysical Fluid Dynamics Laboratory [#GFDL]⎯ which would be cut by 74%. “At this funding level, OAR is eliminated as a line office,” the memo stated.

    The total loss of OAR and its crown jewel in #Princeton represents a setback for climate preparedness that experts warn the nation may never recover from.

    If we don’t understand what’s happening and why it’s happening, you can’t be adapting, you can’t be resilient. You’re just going to suffer,” Don Wuebbles, an atmospheric scientist who sits on NOAA’s scientific advisory board, told ProPublica. “We’re going to see huge impacts on infrastructure and lives lost in the U.S.

    There are other national climate #models, but they also appear to be in jeopardy of losing funding. The National Science Foundation supports the National Center for Atmospheric Research [#NCAR], but the foundation announced it was freezing all research grants on April 18. NASA’s Goddard Institute for Space Studies [#GISS] has a model, but the institute could see cuts of up to 47%. And the Department of Energy, home to a fourth climate modeling system, is also under budget pressure.

    Without the models, and all the sensor networks and supporting NOAA research programs that feed them, “We’ll go back to the technical and proficiency levels we had in the 1950s,” said Craig McLean, a 40-year veteran of NOAA who, until 2022, was the agency’s top administrator for research and its acting chief scientist. “We won’t have the tools we have today because we can’t populate them by people or by data.”

    #recherche

  • Le gouvernement annule 3,1 milliards d’euros de crédit pour les missions #écologie, #économie et recherche et #enseignement_supérieur

    Selon un #décret publié samedi au « Journal officiel », ces annulations sont faites dans le cadre de l’effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025.

    Le gouvernement a acté, samedi 26 avril, au Journal officiel (JO) des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros dans le cadre de l’#effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025 déjà annoncé par Bercy début avril.

    La ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d’euros devaient permettre de tenir les objectifs de déficit public pour cette année dans un contexte de croissance moindre. « Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable. C’est la manière de faire face quoi qu’il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

    Une partie de cette somme s’est concrétisée à travers le décret publié au JO. « Afin de prévenir une détérioration de l’équilibre budgétaire sur le budget de l’Etat », « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros en autorisations d’engagement », peut-on lire dans le JO. « Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d’année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d’exécution des politiques publiques, selon les termes convenus dans la loi de finances initiale pour 2025 ».

    « Respecter la trajectoire de redressement des #comptes_publics »

    Parmi les annulations de #crédits, sont concernés la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d’euros), la mission « économie » (517,7 millions d’euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d’euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d’euros).

    « La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret. « Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s’est engagé », est-il ajouté.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/26/budget-2025-le-gouvernement-annule-3-1-milliards-d-euros-de-credit_6600269_8
    #ESR #université #France #coupes_budgétaires #budget #recherche

  • Thread de #Julien_Gossa sur Mastodon :
    Les scientifiques américains sont réellement en danger. Jouer avec ce type de situation seulement pour gagner un peu de crédit politique est très dangereux.
    https://social.sciences.re/@juliengossa/114375605162671356

    « On n’a déjà pas assez d’argent pour fonctionner normalement » : la France peut-elle accueillir des scientifiques étrangers ?
    https://www.leparisien.fr/futurs/on-na-deja-pas-assez-dargent-pour-fonctionner-normalement-la-france-peut-

    D’abord, il faut bien le dire : ce n’est pas une petite embrouille qui permet pépouze de tirer quelques marrons du feu.

    Les scientifiques américains sont réellement en danger, pour de bon. Pour l’instant, ça coupe surtout dans les #budgets. Mais les #arrestations_arbitraires ont déjà commencé.

    Donc on n’est plus dans le contexte #MakeOurPlanetGreatAgain ou #AIforHumanity, où on pouvait se permettre de raconter n’importe quoi, de claquer quelques millions puis d’oublier le bouzin après s’être auto-congratulé.

    Là, il va y avoir des conséquences concrètes, plus que juste gâcher du fric.
    https://www.huffingtonpost.fr/international/article/macron-a-t-il-vraiment-made-our-planet-great-again-un-an-apres-sa-phr

    Or, tout pousse à croire qu’il ne s’agit qu’un d’un coup de com’ à l’usage exclusif de l’image de M. Macron.

    « Un conseiller a lâché dans les grilles de l’Elysée : "Incroyable, Trump l’a sauvé" ».

    « sauver » M. Macron coute beaucoup moins cher que sauver des scientifiques. Mais à quel prix ?

    https://www.liberation.fr/politique/a-lelysee-le-dernier-carre-des-fideles-demmanuel-macron-20250418_VHMP3NU645AZ5DFC6DNZIHGCIA/?redirected=1

    Dans ce fil, je donnais trois conditions pour que cette démarche se passe bien.

    Aucune n’est remplie, et ça va même à l’exact inverse. On a pratiquement la garantie que ça se passe mal.

    1. Bien accueillir des #scientifiques_étrangers sans mieux traiter en même temps les #scientifiques_français va générer mécaniquement du #mécontentement et du #quiet-quitting.

    Globalement, on ne sauve rien, on ne fait que dégrader la science (qui ne va déjà pas bien du tout).

    Mais en plus le #dispositif est parti pour être famélique, donc pour décevoir les espoirs des scientifiques américains.

    C’est en fait un simple « outil », et l’État financera au maximum la moitié du coût de l’opération.

    https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/lancement-de-la-plateforme-choose-france-science-une-

    Donc plus de la moitié du coût va reposer sur les université d’accueil, qui ne peuvent déjà pas boucler leur budget.

    On imagine le CA :
    – Point 1 : 15 M€ pour accueillir des ricains 💪
    – Point 2 : -20% de postes, -30% de budget des composantes, suppression du chauffage au bâtiment B
    https://www.francetvinfo.fr/sciences/ils-sont-motives-par-la-liberte-academique-le-president-d-aix-marseille

    Le Ministre le sait bien, et ouvre déjà son parapluie : L’effort d’accueil des chercheurs américains « doit se faire au niveau européen ».

    Donc c’est soit les universités, soit l’Europe qui doit payer. En somme, tout le monde, sauf l’État français qui en pourtant commanditaire.
    https://www.nouvelobs.com/sciences/20250419.OBS102961/l-effort-d-accueil-des-chercheurs-americains-doit-se-faire-au-niveau-euro

    Le chiffrage me parait totalement délirant : 330 k€/an pour une équipe, c’est une toute petite équipe, déjà installée en France, et avec un environnement papier/crayon/laptop.

    Et on ne prévoit rien pour accueillir les familles de ces scientifiques, les loger, l’école des mioches, etc.

    Ça mène au point 2, la #politique_scientifique.

    Elle se voit sur la #liste fermée des #thématiques concernées par le dispositif.

    D’abord, cette liste montre qu’on n’est pas du tout sur du papier/crayon/laptop. 330k€ pour une équipe dans ces domaines, c’est juste une blague.

    Surtout, on constate que cette liste exclut les #SHS - c’est-à-dire la discipline la plus en risque aux USA. Et pas seulement en risque de définancement. Ça pue la prison à plein nez.

    Le Ministre répond en substance "oui c’est vrai, mais il y a écologie qui est aussi menacée". L’aveu est terrible.

    L’aveu est terrible car il montre bien que l’intention n’est pas d’accueillir des scientifiques empêchés et persécutés, mais de profiter de la situation pour voler une paire de cerveaux considérés comme rentables par notre gouvernement.

    Tout ça en parlant de refuge pour les #libertés_académiques.

    Se prévaloir des libertés académiques tout en restreignant politiquement les #domaines_de_recherche. Formidable !👏

    Et il y a #écologie et écologie : l’écologie Total (pétrole à tous les étages, mais "vert") et l’écologie "arrêtez vos conneries on va tous crever".

    Laquelle vise le gouvernement ?

    Et là on arrive au point 3. la politique démocratique.

    L’administration Trump attaque très exactement les mêmes scientifiques que Macron attaquait dès 2020 en les considérant « coupable » de « casser la République en deux ».

    Les mêmes qu’on exclu du dispositif de « refuge ».

    https://www.lesinrocks.com/actu/macron-juge-le-monde-universitaire-coupable-davoir-casse-la-republique-e

    M. Macron aurait pu - même sans le reconnaitre publiquement - réaliser que l’offensive obscurantiste à laquelle il a lui-même participé pouvait conduire à des choses très graves, comme ce qui se passe notamment aux USA.

    Mais il a préféré s’entêter, et rester une politique de #vol_des_cerveaux.

    Tout cela est très dangereux, parce que ça va casser le moral des scientifiques français, mais qu’en plus ça va générer beaucoup de #frustration et de #déception auprès des scientifiques américains, dont beaucoup ont réellement besoin d’un #refuge.

    C’est le contraire de l’#humanisme.

    Pour les petits besoins de sa com’ personnelle, M. Macron est en train d’engager la responsabilité et la réputation de la France, mais sans mettre les moyens, et en ciblant l’inutile.

    En vouloir à la France va être tout à fait légitime. Et c’est très grave.

    Le gouvernement : "Tout sauf ces sales wokes. On ne veut que du top star grobraino en énergies fossiles ou en IA."
    L’ED : "Le gouvernement ouvre les frontières aux sales wokes"

    C’était couru, mais la stratégie du gouvernement est vraiment perdante-perdantes.
    ¯\(ツ)

    #France #recherche #accueil #chercheurs_en_danger #scholars_at_risk #ESR #USA #Etats-Unis #disciplines

    • Donc mon université a fait l’ouverture du journal de 8h de France culture avec son programme d’accueil des collègues états uniens dont les recherches sont en danger. 15 millions d’euros pour 10 à 20 collègues, sur le modèle #CPJ. Pour comparaison, j’ai appris que l’accueil de 3 collègues Palestiniens dans le cadre de Pause coûte à la même université... 75 000 euros

      Pour qu’on prenne bien la mesure de la #différence_de_traitement, alors que la présidence de l’université annonce qu’elle mobilise ses équipes pour trouver un logement et des places en école pour les familles des collègues états-uniens, voilà le message que les collègues nous envoient pour pouvoir assurer le minimum décent pour les collègues Palestiniens :

      Et voici le message d’appel à #solidarité concernant le troisième collègue palestinien, qui a le mérite de rappeler les conséquences matérielles de la guerre à Gaza et leur impact scientifique :

      #Palestine #deux_poids_deux_mesures

    • Accueil des chercheur∙ses internationaux en France : de qui se moque-t-on ? Communiqué intersyndical CGT-FO-FSE-FSU-Unef-Sud, 2 mai 2025

      Le 5 mai Emmanuel Macron organise un ersatz de cérémonie d’accueil pour « les chercheurs du monde entier » qu’il appelle à rejoindre la France. Ce soudain intérêt du président pour la recherche, nationale ou internationale, questionne alors que l’enseignement supérieur et la recherche sont très brutalement attaqués aux Etats-Unis, avec une remise en cause tout à la fois des libertés qui président partout à la vie universitaire, de la libre détermination des sujets d’enseignement ou de recherche par les enseignants et les chercheurs, ou des financements permettant le plein fonctionnement des institutions d’enseignement et de recherche.

      Des chercheur·ses sont brutalement licenciés, les budgets d’agences de recherche sur le climat comme la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), sur la santé comme la NIH (National Institutes of Health) ou sur l’espace comme la NASA (National Aeronautics and Space Administration) sont largement amputés, des bases de données sont brutalement fermées, les financements fédéraux de plusieurs universités sont gelés, des étudiant·es sont poursuivis par la justice. De nombreux projets de recherche internationaux sont à l’arrêt, les déplacements de chercheur·ses états-uniens sont entravés, leur participation à des groupes internationaux comme le GIEC remis en question.

      Face à cette lame de fond à laquelle sont confrontées l’université et la recherche publiques, l’intersyndicale de l’ESR rappelle que pour lutter contre l’obscurantisme, il est urgent de défendre la liberté de production et de diffusion des savoirs, comme bien commun et facteur de progrès social. La solidarité envers la communauté de recherche mondiale s’impose et il est indispensable de pouvoir accueillir ces collègues tout comme celles et ceux empêché·es de travailler ou persécuté·es dans leur pays, quel qu’il soit.

      Dans ce contexte, la mise en place d’une plateforme “Choose France for Science”, annoncée par le Président de la République française, en réponse à la situation des chercheur·es aux Etats-Unis est choquante, voire indécente.

      Indécente, car la politique du Président Macron depuis 2017 a considérablement affaible l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) en France non seulement par un sous-financement chronique, des regroupements forcés et un pilotage accru, mais aussi par des atteintes quasi incessantes à la liberté académique : attaques sans fondement de la Ministre Frédérique Vidal contre les sciences humaines et sociales, supposées gangrénées par de supposés chercheur·ses « wokistes » ou « islamo-gauchiste », sanctions disciplinaires contre des chercheur·ses qui ont exprimés leur solidarité au peuple palestinien, interdiction de conférences et de séminaires sur la situation à Gaza dans les Universités de Lille, Lyon, Bordeaux, etc. S’y ajoutent les dispositions des Zones à Régime Restrictif (ZRR), qui conduisent à des dérives inquiétantes sur les libertés (dont celle de publication) et les recrutements sous couvert de sécurité nationale.

      Et bien sûr le meilleur moyen d’affaiblir la recherche et la diffusion des connaissance est tout simplement d’assécher les finances publiques des établissements concernés. Sous la présidence Macron (2017 – 2022), le nombre de personnels enseignants titulaires a continué de baisser (-3,1% depuis 2015) tandis que celui des personnels enseignants contractuels explosait dans des proportions inquiétantes (+18,5%) et que le nombre d’étudiant·es augmentait (+325 000 / + 12,5%), la part de la richesse nationale consacrée à la recherche est passée de 2,25 % à 2,22 % (quand les États-Unis y consacrent 3,47 %), le bâti universitaire est en phase de délabrement accéléré (57 % de passoires énergétiques, 1/3 de bâtiments « vétustes »). Après les coupes brutales dans les budgets de l’ESR en février 2024 (-600M€), le gouvernement Macron a encore taillé 950 M€ en 2025 (dont -493 M€ sur la mission enseignement supérieur et recherche)…

      Dans ce contexte, les annonces du gouvernement Macron-Baptiste (ministre de l’ESR) ainsi que certains président·es d’université ne visent qu’à redorer leur image à peu de frais.

      Loin de répondre aux besoins criants des travailleur·ses et des étudiant·es de l’ESR public, ces annonces sont choquantes : évoquer une enveloppe de plus de 300 000 € par an par chercheur·se états-unien accueilli quand le salaire moyen d’un·e enseignant·e–chercheur·ses en France s’élève à 63 000 € brut / an (rapport social unique 2022), quand des milliers d’ATER (attaché·es temporaires d’enseignement et de recherche) payés 22 % au-dessus du SMIC (ou 13 % en-dessous pour les 1/2 ATER), quand 170 000 vacataires sont payés sous le SMIC avec plusieurs mois de retard, quand 35 % des agent·es du secteur ont un statut précaire de contractuel. Et que dire de l’effondrement (-27 % depuis 2000 selon l’INSEE) du pouvoir d’achat des agent·es du secteur public, qui conduit à la paupérisation de toutes et tous, et en particulier des plus modestes (collègues de catégorie B et C notamment), qui assurent l’entretien et l’administration indispensables au fonctionnement de nos universités et organismes de recherche.

      La recherche est œuvre collective, et la concentration des moyens sur quelques individus ou sur quelques laboratoires (comme le prévoyait le projet des Key Labs), dont la contrepartie est leur raréfaction pour la masse des autres, est en réalité un frein aux progrès indispensables.

      Les organisations signataires, outre l’accueil décent de collègues empêchés ou persécutés dans leur pays, continuent de demander un budget ambitieux, à la hauteur des enjeux, pour le service public de l’ESR.

      https://academia.hypotheses.org/62050

    • « #Choose_Europe_for_Science » : l’#opération_Potemkine de Macron sur la recherche française

      Le président de la République veut accueillir les cerveaux américains, martyrisés par l’administration Trump. Mais sa peinture de la France en paradis de la recherche et des libertés académiques ne passe pas.

      « Nous« Nous sommes à un moment de rupture où l’impensable est devenu notre réalité. » Les mots d’Emmanuel Macron lundi 5 mai, en clôture de l’événement franco-européen « Choose Europe for Science », ont dû résonner étrangement aux oreilles de la communauté scientifique publique hexagonale : le président de la République parlait-il des États-Unis ou de la France ?

      Notre pays est bien sûr loin de vivre la guerre impitoyable contre la recherche menée par Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir, sœur de celles lancées par Javier Milei en Argentine ou encore par Narendra Modi en Inde. Mais, comme le rappelle avec force le professeur de physique Bruno Andreotti, du collectif Stand Up for Science, des « formes de continuité » existent.

      Elles se nichent dans une série de mesures réactionnaires et austéritaires qui nuisent à la qualité de la production scientifique française et qui contribuent à installer, y compris sous la présidence d’un Emmanuel Macron, un « imaginaire fasciste » hostile aux libertés académiques.

      Parlons gros sous, d’abord : ce n’est pas aux États-Unis mais en France que, de crédits rabotés en argent non versé, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche a fondu de près 10 % ces quatre derniers mois (environ 2,5 milliards d’euros en moins sur les 25 milliards d’enveloppes prévues).

      Structurellement, la recherche publique a vu son financement chuter de 2 % depuis 2019 et le temps nécessaire pour accéder à un emploi stable n’a jamais été aussi long : les contrats courts et précaires y explosent. Plusieurs universités françaises sont même au bord de la faillite, peinant à trouver l’argent pour simplement payer les salaires et les fluides.
      Pour les chercheurs, l’ironie du désespoir

      Les mots, dans ce cadre, ont un sens : interrogée en décembre sur le sort budgétaire réservé à l’enseignement supérieur et à la recherche française, Hélène Boulanger, présidente de l’université de Lorraine, évoquait auprès de Mediapart une véritable « saignée », qui en médecine évoque un traitement de choc pour éviter la mort.

      Le président de la République peut donc bien lancer son « appel de la Sorbonne », mettre 100 millions d’euros sur la table afin d’accueillir les chercheur·es martyrisé·es par l’administration Trump, chérir « la science libre et ouverte », « trésor » du continent européen.

      « Aux États-Unis, [les universités] furent riches, cannibales, miraculeuses, écrit la philosophe Nadia Yala Kisukidi, dans le magazine Politis. En France, elles rament et on les enfonce depuis plus d’une décennie. »

      Les chercheur·es français·es, sur les réseaux sociaux et dans les boucles de messageries professionnelles, ne sont pas dupes : ils et elles rappellent avec l’ironie du désespoir leurs bricolages de bouts de ficelle, les bureaux délabrés, les amphis bondés, les étudiant·es refusé·es en licence, en master, en thèse, ainsi que les efforts déployés chaque jour dans les laboratoires de recherche pour payer un billet de train, financer les contrats postdoctoraux décents, assumer les frais d’un colloque, répondre à une invitation à l’étranger, y compris dans les domaines les plus prestigieux.

      « Dans mon université, à Rennes 2, je ne vais jamais voir la couleur de ces millions, et on se bat quotidiennement pour sauver des postes, s’est ainsi indignée Anaïs Lefevre-Berthelot, maîtresse de conférences spécialiste du genre et des médias aux États-Unis, à l’occasion de la conférence de presse du collectif Stand Up for Science ayant suivi les annonces présidentielles. On va offrir quoi à nos collègues américains, un contrat court de trois ans et un retour au pays ? C’est une opération de communication. »

      Pour la CGT du supérieur, ces annonces en grande pompe sont même « choquantes », surtout quand il s’agit de dédier, comme l’a fait récemment le président de l’université d’Aix-Marseille Éric Berton, entre 600 000 et 800 000 euros par chercheur·e accueilli·e sur trois ans. Le salaire moyen d’un·e enseignant·e-chercheur·e en France s’élève à 63 000 euros brut par année (selon le rapport social unique de 2022 cité par le syndicat) et des milliers de vacataires, parfois payé·es moins que le Smic, attendent des mois avant de recevoir leur dû.

      Personne ne se risque cependant à minimiser les enjeux du séisme scientifique, mais aussi sanitaire et démocratique, engendré par la chasse aux sorcières que vivent actuellement les États-Unis. « Des gens vont mourir » en raison des décisions de l’administration Trump d’arrêter les recherches sur le VIH, sur les vaccins, sur le climat, insiste encore Anaïs Lefevre-Berthelot.

      Le professeur Alain Fischer, spécialiste des déficits immunitaires génétiques, a lui souhaité souligner la nécessaire, bien que minimale, prise de position européenne du jour : « Ursula Van der Leyen et Emmanuel Macron ont rappelé que les valeurs académiques sont indispensables, c’est bien et important qu’ils le fassent. »

      D’autres, et Emmanuel Macron le premier, ont pris garde aussi à ne pas réactiver une forme de concurrence mortifère, se faisant les promoteurs de la solidarité vitale entre communautés académiques. « Il n’y aura pas d’effet d’éviction, n’en déplaise aux malthusiens. La science se nourrit de cette émulation, de cette capacité à recruter et à attirer les meilleurs talents », a ainsi martelé le président à la Sorbonne.

      Mais qui notre pays souhaite-t-il réellement accueillir, et dans quel but ? « Attention de ne pas penser qu’aux stars de la recherche, quand on devrait accueillir en priorité les jeunes, les post-doctorants vulnérables, ceux qui ont sans doute le plus à perdre », a noté Alain Fisher.

      S’agissant des profils, Libération a révélé que les chercheur·es en étude de genre ou travaillant sur les minorités, thèmes honnis par l’équipage trumpiste, seraient exclu·es de la politique d’accueil « à la française ». « On peut défendre nos intérêts stratégiques et en même temps porter une vision universaliste », a assumé l’Élysée auprès de nos confrères. Que les « Marie Curie de demain » (pour citer encore le président) qui souhaitent traverser l’océan afin de rejoindre « l’Europe du savoir » se le disent…
      La France n’a rien d’un paradis académique

      Ce n’est pas non plus la première fois que la diplomatie scientifique fonctionne à géométrie variable : un peu plus de 5 000 visas « recherche » ont été délivrés entre 2023 et 2024, selon les statistiques du ministère de l’intérieur, soit une hausse de 12,5 % en un an, mais la grande majorité des chercheurs et chercheuses accueilli·es dans les laboratoires français sont d’abord… européen·nes.

      La réforme des frais d’inscription pour les étudiantes et étudiants étrangers, mise en œuvre à l’occasion du premier mandat d’Emmanuel Macron, s’applique, elle, chaque année plus durement, pénalisant notamment les étudiant·es venu·es du continent africain, souvent moins doté·es financièrement.

      Enfin, le programme Pause, qui finance depuis 2021 des scientifiques en exil (afghans, syriens, turcs, ukrainiens, russes, et récemment palestiniens, dont la sortie est le plus souvent bloquée par Israël…), a vu son budget passer de 7 millions d’euros en 2023 à 3 millions l’an passé, s’inquiète un membre du conseil d’administration.

      Le décalage entre les discours et la réalité semble tout aussi patent sur la défense des libertés académiques. C’est le même Emmanuel Macron qui, en plein délire sur « l’islamogauchisme », accusait en 2020 les universitaires de « casser la République en deux » et de favoriser « l’ethnicisation de la question sociale », son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer organisant deux ans plus tard à la Sorbonne un colloque indigent en forme du procès du « wokisme ».

      Après le 7 octobre 2023, plusieurs universitaires ont également dénoncé une forme de traque de toute parole jugée propalestinienne, tandis que Gabriel Attal, alors premier ministre, attaquait directement Sciences Po, dont il disait ceci, dans une sorte d’anti-intellectualisme primaire : « Le poisson pourrit toujours par la tête. »

      Qu’à cela ne tienne : « Le racisme systémique, le nationalisme chrétien, la suprématie blanche, la haine de la culture, le capitalisme hardcore et le vin qui arrache, c’est là-bas. Pas chez nous, écrit d’une plume teintée d’ironie et d’amertume la philosophe Nadia Yala Kisukidi. En France, l’État de droit est en grande forme. Les espaces critiques, qui renforcent la bonne santé des démocraties libérales (médias, justice, université, multipartisme), ne flanchent pas. »

      Depuis la tribune de Choose Europe for Science, on entend enfin, dans la bouche du président de la République, un opportunisme politique à la limite du cynisme. Il s’agit d’attirer et d’accueillir les chercheuses et chercheurs étrangers soucieux d’une « science libre », mais aussi d’en profiter pour réformer « en profondeur » le système français.

      C’est-à-dire « simplifier », « alléger » les processus dans « la transmission entre recherche fondamentale et appliquée », favoriser encore davantage les « financements publics-privés », « aller plus loin dans les contrats d’objectifs, de moyens et de performance » qui s’imposent désormais aux universités françaises, favoriser les grosses unités comme Paris-Saclay, pourtant contestées.

      En bref, copier le « modèle américain », plus efficace que le modèle européen « ces trois dernières décennies », selon Emmanuel Macron. Sans tirer aucune leçon de la rapidité avec laquelle ce même système, brillant et envié partout dans le monde occidental, a été brisé, en à peine quelques mois, par la force d’un seul homme.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050525/choose-europe-science-l-operation-potemkine-de-macron-sur-la-recherche-fra

    • Etudes sur le #genre ou les #minorités : les scientifiques que la France ne veut pas sauver du trumpisme

      L’Etat veut bien accueillir les chercheuses et chercheurs empêchés de travailler aux Etats-Unis, mais pas tous. Les thématiques considérées comme « wokes » ne font pas partie des cibles du gouvernement.

      C’est l’éléphant qui manque dans la pièce. La France déploie ce lundi 5 mai un grand #plan pour accueillir les scientifiques empêchés de travailler aux Etats-Unis. Dévoilée le 18 avril, la plateforme #Choose_France_for_Science « recensera les projets de recherche » autour d’une liste de #thématiques parmi lesquelles on trouve la santé, le climat, l’intelligence artificielle, le spatial, l’agriculture, les énergies ou encore le numérique. Les études de genre, ou décoloniales, n’y figurent pas. Elles font pourtant partie des thématiques frontalement attaquées par l’administration Trump.

      « Cela n’est pas étonnant. Les attaques contre les recherches médicales ou sur le climat indignent beaucoup plus, en France comme ailleurs, que les attaques ciblant les #sciences_sociales, de la sociologie à l’histoire », se désole la sociologue du CNRS Laure Bereni. Anne Fraïsse, latiniste et présidente de l’université de Montpellier Paul-Valéry, voit là « une forme d’#opportunisme pour attirer des chercheurs étrangers mais pas pour répondre à une forme d’exclusion ».

      Equilibres politiques nationaux

      A l’Elysée, on assume. « On peut défendre nos #intérêts_stratégiques et en même temps porter une #vision_universaliste. Pour le coup, cette initiative est à la croisée de ces deux ambitions-là », assure un conseiller. Les domaines privilégiés sont en lien avec la stratégie, assumée, de « réaffirmer la recherche comme étant un enjeu fort pour le #développement_économique et notre #souveraineté_industrielle ».

      Mathias Bernard, président de l’université Clermont Auvergne, « regrette » lui aussi cette orientation. « Il y a, y compris en France, tout un discours contre les universités qui repose sur la montée en épingle de ce que l’on appelait hier l’#islamogauchisme et aujourd’hui le #wokisme », constate celui qui dirigeait déjà son établissement en 2021, quand sa ministre de tutelle, Frédérique Vidal , dénonçait l’ « islamo-gauchisme »qui, selon elle, « gangrenait » les universités .

      Laure Bereni voit aussi dans ce choix le poids des équilibres politiques nationaux. « Il paraît sans doute plus prudent pour un gouvernement de centre droit dont la légitimité repose sur le soutien tacite du RN, de ne pas défendre des recherches scientifiques sur le genre, la question raciale ou les minorités, qui sont actuellement sous le feu des attaques de droite et d’extrême droite », avance-t-elle. Choisissez la France pour les sciences, donc, mais pas pour toutes les sciences.

      https://www.liberation.fr/sciences/etudes-sur-le-genre-ou-les-minorites-ces-scientifiques-que-la-france-ne-v

      #universalisme

  • Origine, diagnostic, prises en charge : le point sur les troubles du spectre autistique - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=f15aRSnnY3s

    Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) touchent environ 700 000 personnes en France, dont 100 000 jeunes.
    Longtemps mal compris, l’autisme est désormais vu comme un trouble du neurodéveloppement, avec des avancées majeures en génétique et neurosciences.

    Dans cette vidéo, Boris Chaumette, psychiatre et chercheur, explique ce que l’on sait aujourd’hui de l’autisme, comment le diagnostic est posé et quelles sont les nouvelles approches de prise en charge.

    📌 Au programme :
    ⏱️ 00:00 - Introduction
    ⏱️ 02:00 - L’histoire de l’autisme : Du trouble de la relation au trouble du neurodéveloppement
    ⏱️ 06:30 - Vaccins et autisme : La fausse théorie démystifiée
    ⏱️ 10:00 - Les avancées scientifiques : Comprendre l’autisme par la génétique et les neurosciences
    ⏱️ 14:00 - Neurodéveloppement : Qu’est-ce que c’est ?
    ⏱️ 17:30 - Autisme et autres troubles : Dyslexie, dyspraxie et troubles de l’attention
    ⏱️ 20:00 - Diagnostic précoce : Repérer les signes à temps
    ⏱️ 23:00 - Prise en charge des enfants autistes : Thérapies et traitements
    ⏱️ 26:00 - Scolarisation et inclusion des enfants autistes : Les défis actuels
    ⏱️ 27:30 - Conclusion : L’avenir de l’accompagnement des TSA et la neurodiversité

    #autisme #santé #recherche

  • Et si ce n’était pas la #rivière qui avait tué #Blessing_Matthew ? Récit d’une #recherche-action à la #frontière_franco-italienne

    La frontière tue deux fois. La première par le durcissement des contrôles qui augmentent les risques de son franchissement, la seconde quand la #justice est niée face aux violences et aux décès que ces politiques et ces pratiques à la frontière induisent. La reconstitution des circonstances de la noyade d’une jeune femme nigériane de 21 ans dans la Durance en 2018, par une équipe composée de chercheures, d’une association de soutien aux migrants et d’un témoin, révèle non seulement l’enchaînement des événements à l’issue fatale, mais également les causes systémiques de ce #décès. La mort de Blessing Matthew n’est pas attribuable à un accident ou aux dangers de la montagne, comme l’invoquent les autorités françaises, mais aux conséquences de la gestion sécuritaire à l’œuvre à la frontière franco-italienne.

    https://journals.openedition.org/mondesmigrations/351
    #shameless_autopromotion #frontière_sud-alpine #migrations #réfugiés #border_violence #border_death #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #Hautes-Alpes #Alpes #montagne #danger #risques #risques_naturels #France #impunité #border_forensics #architecture_forensique #frontières #La_Vachette #contre-enquête #violence #violences_frontalières #Durance

    ping @isskein @reka

    • Ainsi, dans le cas de Blessing, comme dans celui des autres 189 personnes décédées en tentant de traverser une des frontières alpines depuis 199317, la dangerosité du parcours est le résultat d’une stratégie politique et non d’un environnement « naturel » supposé hostile18. À partir de 2015, la réintroduction des contrôles aux frontières internes à l’espace Schengen et la mise en place d’une infrastructure de plus en plus sophistiquée de surveillance et de contrôles frontaliers ont déclenché un processus de « frontiérisation » de l’espace alpin19.

      (dommage que les images d’illustration soient si petites...)

  • Massive, Unarchivable Datasets of Cancer, Covid, and Alzheimer’s Research Could Be Lost Forever

    Days before Robert F. Kennedy Jr. announced that 10,000 HHS staffers would lose their jobs, a message appeared on #NIH research repository sites saying they were “under review.”

    (#paywall)
    https://www.404media.co/nih-archives-repositories-marked-for-review-for-potential-modification
    #santé #données #effacement #USA #Etats-Unis #trumpisme #médecine #recherche #recherche_médicale

  • La recherche sans les sciences humaines et sociales a-t-elle un avenir ? | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/recherche-sciences-humaines-sociales-a-t-un-avenir/00114547

    Un plaidoyer pour la recherche en sciences humaine au CNRS.
    Deux des signataires (Francesca Musiani et Olivier Alexandre) préparent deux livres à paraître cette année chez C&F éditions.

    Préjugés tenaces

    La « revitalisation » du CNRS passerait donc par l’exclusion de ce qui ne relève pas de « l’instrumentation de haut niveau », soit l’ensemble des sciences humaines et sociales (SHS), ainsi que la philosophie. Cette conception n’est ni neuve, ni isolée.

    On la retrouve régulièrement dans plusieurs journaux (dont Le Figaro), elle est portée au sein de l’administration Trump qui a écarté les recherches centrées sur les « femmes », les « discriminations », les « inégalités », et elle a également pu exister au sein du CNRS, une institution dont les directions successives furent assurées par des physiciens (12 sur 25), des géologues (cinq), des biologistes (quatre), des mathématiciens (deux), un chimiste et un informaticien, mais jamais par des représentants des SHS.

    Elle repose sur plusieurs préjugés : l’idée que les SHS ne produiraient pas de résultats applicables, qu’elles seraient poreuses à l’idéologie, contrairement à l’étude des phénomènes dits naturels, que les chercheurs recrutés en SHS seraient moins exigeants, voire moins motivés que leurs collègues pratiquant l’expérimentation, et enfin qu’ils pèseraient grandement sur la masse salariale du CNRS.

    L’absence de mise en œuvre des résultats des recherches en sciences humaines et sociales tient plutôt d’un défaut de volonté politique
    Outre qu’elles participent au rayonnement de la France et contribuent au patrimoine intellectuel mondial, les recherches de Raymond Aron et Georges Friedmann sur les sociétés industrielles, d’Edgar Morin et Pierre Bourdieu sur la culture, d’Alain Schnapp et Philippe Descola sur les sociétés passées et éloignées, de Roger Brunet et Catherine Wihtol de Wenden sur les territoires et les migrations, de Chantal Nicole-Drancourt et Sibylle Gollac sur les inégalités de genre permettent pourtant de penser nombre d’applications : sur les flux de population, l’organisation du travail, l’enseignement, la gestion du patrimoine ou la justice sociale. L’absence de mise en œuvre tenant plutôt d’un défaut de volonté politique.

    L’histoire des sciences montre cependant qu’être un scientifique « à la dure » ne protège pas des errements idéologiques tels que le darwinisme social, l’eugénisme ou le jdanovisme1. Des dérives qui ont été le fait de savants menant des recherches expérimentales, qui n’en reposaient pas moins sur des préjugés sociaux, moraux et raciaux.

    Même s’il est hâtif d’en tirer des conclusions sur une différence de compétences entre disciplines, les chercheurs en SHS ne correspondent pas à l’idée reçue d’une population peu motivée et faiblement sélectionnée.

    Bernard Meunier en appelle à une opération magique décrite par René Girard : le sacrifice d’un bouc émissaire (ici les SHS) qui permettrait de « revitaliser » la communauté. Or, rien ne permet sur le plan empirique de considérer que cette solution aurait les résultats escomptés. Tout d’abord, les 1 689 chercheurs et 1 309 ingénieurs et techniciens permanents en SHS ne représentent qu’à peine 15 % des fonctionnaires du CNRS et moins de 5 % des budgets de recherches hors salaires, selon des calculs effectués sur la base du rapport de 2023.

    Les problèmes accablant la recherche en France ne sont donc pas les SHS, mais la mise en place de systèmes de financement et d’évaluation externes. Le poids administratif n’est pas un effet de la crise de croissance du CNRS mais la conséquence du développement du financement de la recherche sur projet via des agences de financement extérieures. Depuis leur mise en place entre 2005 et 2007, l’Agence nationale de la recherche et le Conseil de la recherche européenne concentrent l’attribution des financements au détriment des ressources propres des laboratoires.

    Réattribuer des crédits réguliers directement aux structures de recherche, dont celle du CNRS, répartirait plus équitablement les ressources et réduirait les pertes de temps. Les calculs réalisés sur la base de l’hypothèse d’une suppression du système de financement par projet indiquent que la productivité des chercheurs français pourrait doubler, à investissement constant.

    Faire de cette projection une réalité nécessite de mettre de côté les préjugés idéologiques et d’éviter le piège des rivalités disciplinaires, afin de replacer la recherche au cœur de nos préoccupations.

    Signataires : Olivier Alexandre, chargé de recherche au CNRS, directeur adjoint du Centre internet et société du CNRS ; Enka Blanchard, chargée de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d’automatique, de mécanique et d’informatique industrielles et humaines (LAMIH) ; Francesca Musiani, directrice de recherche au CNRS, directrice du Centre internet et société et Lê Thành Dũng (Tito) Nguyễn, chargé de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d’informatique et systèmes.

    #CNRS #Recherche #Sciences_humaines_et_sociales #SHS #Financement_recherche #Francesca_Musiani #Olivier_Alexandre

  • Les PUF vont bien publier le 30 avril leur ouvrage collectif titré « Face à l’obscurantisme woke » – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/les-puf-vont-bien-publier-le-30-avril-leur-ouvrage-collectif-titre-face-a
    https://www.liberation.fr/resizer/4-kOO9rgCtPc-HlSlJfEV9DVHpI=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1380x1237:1390x1247)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/4SNNRVYQDFDALM4ZN26LOIOSVU.jpg

    Finalement, c’est oui. Dans une lettre aux contributeurs, que Libération a pu consulter, Paul Garapon, directeur éditorial des Presses universitaires de France (PUF), affirme que l’ouvrage collectif titré Face à l’obscurantisme woke, et dirigé par les universitaires Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, sera bien publié le 30 avril prochain. Il affirme même aux auteurs que « la volonté de publier (leur) ouvrage ne (l’)a jamais quitté ».

    Pourtant, la parution de l’ouvrage, initialement prévue pour le 9 avril, avait été suspendue, comme Libération le révélait le 10 mars. Et pour cause, publier un livre dénonçant l’« assaut inédit » du « mouvement woke » sur la science en Amérique du Nord et en Europe peut sembler contestable à l’heure où le président Trump s’attaque aux champs universitaires touchant aux inégalités sociales, aux discriminations raciales, au climat ou encore à la santé. A coup de licenciements, coupes budgétaires drastiques ou censure de mots comme « changement climatique », « genre » et « diversité ». Les PUF estimaient d’ailleurs, dans un communiqué, « que les conditions nécessaires à un accueil serein de ce livre collectif ne sont plus réunies aujourd’hui

    #PUF #recherche #woke #panique_morale ?

    • On se moque parfois du zèle, or il peut être d’avant-garde.

      Les Etats-Unis réclament à des entreprises françaises de se conformer aux lois fédérales anti-discrimination
      https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/28/les-etats-unis-reclament-a-des-entreprises-francaises-de-se-conformer-aux-lo

      « Le contractant ou l’offrant potentiel certifie qu’il (…) ne met pas en œuvre de programmes de promotion de la diversité, de l’équité, et de l’inclusion qui enfreignent les lois fédérales anti-discrimination applicables » aux Etats-Unis, demande un questionnaire attaché au courrier adressé à plusieurs entreprises, que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter.

      ... « Nous vous informons que le décret 14 173, concernant la fin de la discrimination illégale et rétablissant les opportunités professionnelles basées sur le mérite, signé par le président Trump, s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain, quels que soient leur nationalité et le pays dans lequel ils opèrent », peut-on lire dans le courrier publié par Le Figaro.

      "Qu’on leur coupe la langue !" L’émancipation c’était Macron, le refus de la discrimination c’est Trump, la lutte contre le racisme anti-blancs, c’est la gauche.

      Ad libitum.

    • « Le wokisme est l’épouvantail par lequel on cherche à empêcher le débat rationnel sur les discriminations », Isabelle Kersimon, Autrice, Alain Policar, Politiste, Jean-Yves Pranchère Philosophe
      https://archive.ph/oSg2R

      L’antiwokisme procède en vérité d’un désir de simplification, mais aussi de refoulement. Refoulement d’un passé dont on veut minimiser les crimes, de façon qu’il apparaisse comme une sorte d’accident ou d’anomalie au regard de l’universalité de nos principes. A défaut d’être un phénomène identifiable, le wokisme est l’épouvantail par lequel on cherche à empêcher le débat rationnel sur les questions liées aux discriminations et à leur généalogie.

  • Why Hasn’t Columbia U. Sued to Protect Itself?
    https://www.chronicle.com/article/why-hasnt-columbia-u-sued-to-protect-itself

    The pressure on Columbia is immense. The Trump administration canceled $400 million in federal funding because, officials say, the university has not done enough to protect Jewish students from antisemitism. Over the past two weeks, researchers on many National Institutes of Health projects, including studies on diabetes, breast cancer, and maternal mortality, have gotten notifications that their funding is gone. A total of $5 billion in federal grants to Columbia is under review.

    Legal scholars reached this week by The Chronicle agreed that Columbia would have a strong case to make if it were to sue to protect its funding.

    [...]

    On Wednesday, another target emerged. The Trump administration announced that it had frozen $175 million in federal grants for the University of Pennsylvania. The White House posted on X that the funding pause was in response to the university’s policies on transgender athletes’ participation in sports.

    Columbia is not some small, under-resourced institution unable to fight back,” Bagenstos said. “If this institution, with a strong legal case, does not push back, that sends a pretty chilling message to the American academy generally.

    https://archive.ph/rEN9i
    #université #recherche

    • Frappée au portefeuille, l’université Columbia accepte les réformes voulues par Trump
      https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250322-frapp%C3%A9e-au-portefeuille-l-universit%C3%A9-columbia-accepte-l

      L’université, qui n’évoque jamais la question financière dans sa lettre, se dit prête à revoir totalement sa gestion des mouvements de protestation #étudiants, à formaliser une définition de l’antisémitisme ou encore à réformer les départements d’études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique, que le gouvernement souhaitait placer sous « tutelle académique ».

      Columbia a également écrit qu’elle allait se doter d’un nouveau service d’ordre, en embauchant « 36 agents spéciaux » en cours de formation qui auront pour prérogative d’"arrêter" des personnes ou de les expulser du campus quand cela sera jugé « approprié ».

      Le port du #masque sera banni, sauf exceptions liées à des raisons sanitaires notamment, ajoute l’université, invoquant des questions de sécurité, alors que Donald Trump reproche à Columbia de ne pas avoir assez protégé ses étudiants juifs.

      La réforme qui inquiétait le plus le corps professoral depuis la missive gouvernementale, notamment en matière d’indépendance académique, est celle des départements d’étude ciblés.

      Sur ce sujet, Columbia va nommer un vice-recteur en charge de superviser les départements sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique. Il sera chargé de mener une « évaluation approfondie du portefeuille de programmes », en « commençant immédiatement avec le Moyen-Orient ». En particulier, insiste Columbia, l’évaluation portera sur le Centre d’études palestiniennes et l’Institut d’études israéliennes et juives.

      The school has also said it would move forward with several steps not demanded in the government’s March 13 letter. This includes adopting institutional neutrality—which means they will stop taking official positions on most political issues—and launching programming for their hub in Tel Aviv this spring.

      In addition Columbia will develop a free K-12 curriculum on topics such as how to have difficult conversations and foster open inquiry. The school said it already began searches for new faculty members with joint positions in both the Institute for Israel and Jewish Studies and the departments of Economics, Political Science, and School for International and Public Affairs to “contribute to a robust and intellectually diverse academic environment, reinforcing the University’s commitment to excellence and fairness in Middle East studies.”

      WSJ : https://archive.ph/yBSHa

    • Ah ça c’est sûr (comme l’est le fait que la répression des campus sous Biden a bien préparé le terrain).
      Dans l’article du wsj :

      On top of those nine demands [by the Trump administration], Columbia now says it is already taking additional actions to encourage more intellectual diversity at the historically left-leaning institution. 

      ...

      the school believed there was considerable overlap between needed campus changes and Trump’s demands.

    • @kassem :

      I am a Palestinian political prisoner in the US.
      I am being targeted for my activism
      - a letter from Mahmoud Khalil
      https://seenthis.net/messages/1103179#message1105484

      While I await legal decisions that hold the futures of my wife and child in the balance, those who enabled my targeting remain comfortably at Columbia University. Presidents [Minouche] Shafik, [Katrina] Armstrong, and Dean [Keren] Yarhi-Milo laid the groundwork for the US government to target me by arbitrarily disciplining pro-Palestinian students and allowing viral doxing campaigns – based on racism and disinformation – to go unchecked.

      Columbia targeted me for my activism , creating a new authoritarian disciplinary office to bypass due process and silence students criticizing Israel. Columbia surrendered to federal pressure by disclosing student records to Congress and yielding to the Trump administration’s latest threats. My arrest, the expulsion or suspension of at least 22 Columbia students – some stripped of their BA degrees just weeks before graduation – and the expulsion of SWC [Student Workers of Columbia] President Grant Miner on the eve of contract negotiations, are clear examples.


    • Souleymane Bachir Diagne, philosophe [en poste à Colombia] : « Notre époque est marquée par un repli identitaire généralisé, l’universalisme est mort de sa belle mort »

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/24/souleymane-bachir-diagne-philosophe-notre-epoque-est-marquee-par-un-repli-id

      Dans un entretien au « Monde », l’intellectuel sénégalais s’alarme de la guerre lancée à l’université Columbia par l’administration Trump et rappelle que « l’Afrique subsaharienne n’a jamais eu une grande importance dans le propos américain ».

      Souleymane Bachir Diagne est à un poste idéal pour observer les décisions de Donald Trump sur l’éducation ou ses prises de position sur l’Afrique. Cet intellectuel, né au Sénégal en 1955, formé à l’Ecole normale supérieure à Paris, notamment par Louis Althusser et Jacques Derrida, enseigne depuis 2008 la philosophie à l’université Columbia à New York.

    • FACULTY UNIONS SUE TRUMP ADMIN: NO HALTING SCIENCE RESEARCH TO SUPPRESS SPEECH | American Federation of Teachers
      https://www.aft.org/press-release/faculty-unions-sue-trump-admin-no-halting-science-research-suppress-speech

      NEW YORK– The American Association of University Professors (AAUP) and the AFT today sued the Trump administration on behalf of their members for unlawfully cutting off $400 million in federal funding for crucial public health research to force Columbia University to surrender its academic independence. While the Trump administration has been slashing funding since its first days in office, this move represents a stunning new tactic: using cuts as a cudgel to coerce a private institution to adopt restrictive speech codes and allow government control over teaching and learning.

      The plaintiffs, who represent members of Columbia University faculty in both the humanities and sciences, allege that this coercive tactic not only undermines academic independence, but stops vital scientific research that contributes to the health and prosperity of all Americans. The terminated grants supported research on urgent issues, including Alzheimer’s disease prevention, fetal health in pregnant women, and cancer research.

      The Trump administration’s unprecedented demands, and threats of similar actions against 60 universities, have created instability and a deep chilling effect on college campuses across the country. Although the administration claims to be acting to combat antisemitism under its authority to prevent discrimination, it has completely disregarded the requirements of Title VI, the statute that provides it with that authority–requirements that exist to prevent the government from exercising too much unfettered control over funding recipients. According to the complaint, the cancellation of federal funds also violates the First Amendment, the separation of powers, and other constitutional provisions.

      […]

  • Cultures globales de l’enquête

    https://www.ouvroir.fr/apropos/index.php?id=72

    Transformation sociale et production de connaissances (xviiie-xxe siècles)

    Les contributions de ce dossier thématique dessinent les contours d’un programme de recherche interdisciplinaire issu d’une réflexion collective entamée lors de deux journées d’études au Centre Marc Bloch en 2020 et 2022. Au cœur de notre questionnement se situe la volonté d’historiciser la notion d’enquête et les pratiques qui lui sont associées ; notion omniprésente comme marqueur d’identité disciplinaire pour les sciences sociales et historiques, mais interrogée seulement récemment comme objet d’étude à part entière. Réinvestissant la formule de « culture de l’enquête » forgée par Dominique Kalifa, nous souhaitons replacer les techniques et savoirs de l’observation qui se développent au xixe siècle au sein d’une histoire plus longue, ancrée dans la colonisation et l’histoire des empires. Ce dossier fait dialoguer plusieurs études empiriques sur des enquêtes déployées du xviiie jusqu’au milieu du xxe siècle, entendant par là même contribuer à une histoire globale de la connaissance par enquête.

    #recherche
    #enquête
    #méthodes

  • L’HCERES et l’évaluation des universités
    https://laviedesidees.fr/L-HCERES-et-l-evaluation-des-universites

    Jugé opaque, bureaucratique et peu fiable, le travail d’évaluation de l’enseignement supérieur mené par l’HCERES suscite régulièrement critiques et mobilisations des universitaires. Clémentine Gozlan revient sur les origines et le fonctionnement de cette bureaucratie qui incarne l’entrée de l’Université dans l’ère du New Public #management.

    #université #recherche #évaluation #mobilisation #Sciences

  • Academic Freedom Index
    https://academic-freedom-index.net

    The Academic Freedom Index (AFI) assesses de facto levels of academic freedom across the world based on five indicators: freedom to research and teach; freedom of academic exchange and dissemination; institutional autonomy; campus integrity; and freedom of academic and cultural expression. The AFI currently covers 179 countries and territories, and provides the most comprehensive dataset on the subject of academic freedom.

    The AFI rests on assessments by 2,363 country experts worldwide, standardized questionnaires, and a well-established statistical model, implemented and adapted by the V-Dem project. The V-Dem project is known for generating sound data on various dimensions of democracy. The Academic Freedom Index uses a Bayesian measurement model method for data aggregation: it not only provides so-called point estimates, but also transparently reports measurement uncertainty in the global assessment of academic freedom. We strongly recommend that users take this uncertainty into account when comparing scores between countries and over time. You can learn more about our research and the index on our website. In addition, this introductory article explains the index design in more detail.

    Katrin Kinzelbach, chercheuse : « La vitesse et le nombre d’attaques contre les universités américaines sont à couper le souffle »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/03/13/katrin-kinzelbach-chercheuse-la-vitesse-et-le-nombre-d-attaques-contre-les-u

    #université #recherche #liberté_académique

  • « Défendons les #sciences face aux nouveaux #obscurantismes »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/03/04/defendons-les-sciences-face-aux-nouveaux-obscurantismes_6576330_1650684.html

    « Défendons les sciences face aux nouveaux obscurantismes »
    #TRIBUNE
    Collectif

    En écho au mouvement américain de protestation contre la politique de Donald Trump, un collectif de personnalités françaises appelle citoyens et scientifiques, dans une tribune au « Monde », à rejoindre le mouvement « Stand up for Science », ainsi qu’à une journée de mobilisation nationale, le 7 mars.Publié hier à 12h00, modifié à 09h00 Temps deLecture 2 min.

    #L’université et la #recherche sont aujourd’hui la cible d’attaques sans précédent aux Etats-Unis, menaçant l’un des piliers de la démocratie : la liberté académique et scientifique. Sous la pression de la nouvelle administration, les coupes budgétaires brutales affectent directement la société, notamment en matière de santé publique et d’environnement.

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Les mesures brutales de la nouvelle administration Trump s’apparentent à une attaque généralisée contre la science et la place de l’expertise dans la société »

    La censure idéologique s’étend, retirant des informations scientifiques essentielles sur les inégalités sociales, la santé et la protection des milieux naturels. A cela s’ajoute une restriction de l’enseignement de l’évolution et des études de genre, couplée à des attaques contre l’intégrité des agences scientifiques. Enfin, les licenciements de jeunes scientifiques et l’interdiction de collaborations internationales se multiplient, aggravant ce tableau alarmant.

    Face à cette offensive obscurantiste, nos collègues américains se mobilisent. Ce sont avant tout les jeunes scientifiques qui portent ce mouvement, rappelant que la science est un commun de la connaissance et qu’elle est essentielle à une société démocratique, inclusive et éclairée. Des rassemblements sont prévus le 7 mars prochain, pour rappeler que produire, partager et rendre accessibles les connaissances scientifiques est crucial pour la société.

    Défendre la liberté
    En tant que défenseurs des libertés académique et scientifique, nous appelons solennellement l’ensemble des acteurs du savoir à se mobiliser pour défendre ces libertés, valeurs essentielles à nos démocraties. Cet ensemble inclut évidemment les scientifiques ainsi que les organisations représentant la communauté académique (académies, institutions médicales, sociétés savantes, syndicats, etc.), mais aussi les acteurs de la transmission : enseignants, étudiants, professeurs – de la maternelle à l’université –, médiateurs et journalistes scientifiques.

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Donald Trump et Elon Musk plongent la science américaine dans un indescriptible chaos »

    Ensemble, nous voulons rappeler l’importance des faits scientifiques, notamment pour la santé, la compréhension des inégalités sociales, les défis climatiques et la biodiversité. Ce qui se joue aujourd’hui aux Etats-Unis pourrait bien préfigurer ce qui nous attend si nous ne réagissons pas à temps.

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    Il est donc urgent de réaffirmer le rôle fondamental des sciences comme moteur d’émancipation et de progrès social, et de renforcer la culture scientifique au sein de la société. L’Europe peut se ressaisir et surmonter son déclin scientifique, technique et économique, à condition de choisir l’investissement dans le savoir, la recherche et l’innovation. En s’appuyant sur l’héritage des Lumières, elle peut bâtir un avenir durable fondé sur la construction et la transmission des savoirs.

    Le 7 mars, mobilisons-nous, affirmons notre soutien aux sciences et défendons un savoir libre et éclairé, seul rempart contre l’obscurantisme et la désinformation. Nous appelons les scientifiques, citoyens et citoyennes à rejoindre le mouvement Stand Up for Science (standupforscience.fr) et à organiser des actions partout en France.

    Lire aussi | Donald « se Trump » sur la science

    Signataires : Serge Abiteboul, informaticien ; Francoise Barre-Sinoussi, virologue ; Bernadette Bensaude-Vincent, philosophe ; Olivier Berné, et organisateur de la marche pour les sciences de 2017 ; Patrick Boucheron, historien ; Mireille Bousquet-Mélou, informaticienne, mathématicienne ; Marie-Paule Cani, informaticienne ; Christophe Cassou, climatologue ; Bruno Chaudret, chimiste ; Anne Cheng, sinologue ; Françoise Combes, astrophysicienne ; Mateo Cordier, économiste ; Dominique Costagliola, épidémiologiste ; Wolfgang Cramer, écologue, géographe ; Charlotte da Cunha, docteure en aménagement du territoire ; Philippe Descola, anthropologue ; Esther Duflo, économiste ; Hugo Duminil-Copin, mathématicien ; Odile Eisenstein, chimiste ; Olivier Faugeras, informaticien et mathématicien ; Alain Fischer, biologiste, médecin ; Patrick Flandrin, physicien et informaticien ; Étienne Ghys, mathématicien ; Sophie Godin-Beekmann, climatologue ; Claude Jaupart, géophysicien ; Alexandra Lavrillier, anthropologue ; Patrick Lemaire, biologiste et organisateur de la marche pour les sciences de 2017 ; Anne L’Huillier, physicienne ; Antoine Lilti, historien ; Valérie Masson-Delmotte, climatologue ; Claire Mathieu, informaticienne ; Agnès Michelot, juriste ; Baptiste Monsaingeon, sociologue ; Cécile Morrisson, historienne ; Emmanuelle Perez-Tisserant, historienne et organisatrice de la marche pour les sciences de 2017 ; Thomas Piketty, économiste ; Vinciane Pirenne-Delforge, historienne ; Johanna Siméant-Germanos, politiste ; Patrice Simon, chimiste ; Antoine Triller, biologiste ; Jocelyne Troccaz, informaticienne et roboticienne ; Jean-Paul Vanderlinden, économiste ; Cédric Villani, mathématicien ; Philippe Walter, chimiste ; Francis-André Wollman, biologiste ; Michaël Zemmour, économiste.

    Liste complète disponible sur le site : https://standupforscience.fr/qui-sommes-nous

    Collectif