region:amérique latine

  • MAR de RABIA est une formation née début 2015 au Vénézuela à Maracaibo, également appelée « La cuisine de Satan ». Ce tsunami mélange furieusement punk, hardcore et thrash.
    En 2016, sort un 1er EP « La Destrucción Inminente ».

    Le groupe a quitté le #Vénézuela pour fuir la dictature militaire, prenant ainsi part à la grande vague de migration qui frappe le continent d’Amérique Latine. Dans un pays détruisant son propre environnement (extractions de minéraux, pétrole, etc…), Mar De Rabia a choisi d’exprimer son mécontentement face à une dictature sourde.

    Cette année, le groupe sort son second EP « La Infección Cultural », décrivant ainsi ce qu’est la vie dans une ère digne de G. Orwell.

    https://www.kalvingrad.com/event/punk-mar-de-rabia-bof

    https://marderabia.bandcamp.com/track/sistema-condena

    https://marderabia.bandcamp.com
    source Aredje : http://aredje.net/agenda/index.php?quoi=ext
    #aredje #trash-metal #punk

    Le 12/7 à la gueule noire

  • Libre-échange ou écologie !
    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/07/HALIMI/60058

    En remportant 10 % des sièges lors de l’élection du Parlement européen, les écologistes ont réveillé un vieux débat sur le positionnement politique de leur mouvement. Est-il plutôt de gauche, comme le suggèrent la plupart des alliances qu’il a nouées jusqu’ici, ou plutôt libéral, comme l’indiquent à la fois le ralliement à M. Emmanuel Macron de plusieurs anciens dirigeants écologistes (MM. Daniel Cohn-Bendit, Pascal Canfin, Pascal Durand) et certaines coalitions qui, en Allemagne, incluent déjà la droite et les Verts ?

    A priori, libéralisme et protection de l’environnement devraient former un couple explosif. En 2003, un théoricien libéral aussi essentiel que Milton Friedman concluait en effet : « L’environnement est un problème largement surestimé. (…) Nous polluons dès lors que nous respirons. On ne va pas fermer les usines sous prétexte d’éliminer tous les rejets d’oxyde de carbone dans l’atmosphère. Autant se pendre tout de suite (1) ! » Et dix ans avant lui, Gary Becker, autre pourfendeur de ce qu’on n’appelait pas encore l’« écologie punitive », « Nobel d’économie » lui aussi, avait jugé que « le droit du travail et la protection de l’environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés ». Mais déjà il espérait : « Le libre-échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en développement » (2).

    On comprend par conséquent que les angoisses relatives à l’avenir de la planète aient réhabilité le terme longtemps honni de « protectionnisme ». En France, lors d’un débat de la campagne des élections européennes, les têtes de liste socialiste et écologiste ont même réclamé, presque dans les mêmes termes que Mme Marine Le Pen, « un protectionnisme aux frontières de l’Union européenne (3) ». On mesure les conséquences éventuelles d’un tel changement de cap dès lors que le libre-échange constitue le principe historique fondateur de l’Union, en même temps qu’il est le moteur économique de son État le plus puissant, l’Allemagne.

    Dorénavant, chacun sait que l’éloge, devenu consensuel, des producteurs locaux, des circuits courts, du retraitement sur place des déchets est incompatible avec un mode de production et d’échange qui multiplie les « chaînes de valeur », c’est-à-dire organise la noria des porte-conteneurs sur lesquels les composants d’un même produit « traverseront trois ou quatre fois le Pacifique avant qu’il n’arrive dans les rayons d’un magasin (4) ».

    Les occasions de confirmer dans les faits son refus d’un libre-échange écologiquement destructeur ne vont pas manquer dans les prochaines semaines. Les parlementaires de l’Union européenne devront en effet ratifier — ou plutôt, espérons-le, rejeter — un accord de libéralisation commerciale avec quatre États d’Amérique latine, dont le Brésil et l’Argentine (UE-Mercosur), un autre avec le Canada (CETA), un troisième avec la Tunisie (Aleca). On verra alors si une « vague verte » a vraiment déferlé sur le Vieux Continent.

    Serge Halimi

  • Christophe Ventura : « Nous sommes peut-être à l’aube d’un séisme politique au #Brésil »
    https://lemediapresse.fr/international/christophe-ventura-nous-sommes-peut-etre-a-laube-dun-seisme-politique-

    Au Brésil, l’immense scandale de #Corruption #Lava_Jato pourrait bien avoir été instrumentalisé pour détruire politiquement le Parti des Travailleurs et son leader historique, #Lula, actuellement incarcéré. Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste de l’Amérique Latine, revient sur les dernières révélations du média d’investigation The Intercept et leurs probables conséquences.

    #International #Bolsonaro #Dallagnol #Dilma #Mecanismo #Moro #Petrobras #Roussef

  • In memoriam Malcolm Menzies

    Claudio Albertani, Malcolm Menzies

    https://lavoiedujaguar.net/In-memoriam-Malcolm-Menzies

    En 2010, Malcolm Menzies (1934-2019) acceptait de répondre aux questions de Claudio Albertani. En hommage à l’ami disparu en mai 2019 à Paris, nous republions cet entretien.

    Vous êtes l’auteur de quatre romans et d’un livre de contes. Vous écrivez dans votre langue natale, l’anglais, mais vos ouvrages ont été publiés en traduction française et, pour l’un d’eux, espagnole. Dans vos travaux, vous combinez la plus rigoureuse recherche historique avec un travail passionné d’imagination littéraire et un souci constant de perfection esthétique. Le résultat est un univers riche et intense avec des personnages que vous arrachez aux mensonges qui les entourent et que vous nous restituez avec leurs idéaux, leurs passions et aussi leurs contradictions. Quels auteurs classiques ont inspiré votre travail ?

    La littérature est la passion de ma vie, mais il est clair que mes livres trouvent leur inspiration dans l’histoire de ce qui est connu sous le nom d’« anarchisme ». Suis-je anarchiste ? Je ne sais pas. Qu’est-ce qu’un anarchiste ? Je déteste toutes les étiquettes et je ne me sens pas à l’aise dans le monde des doctrines. Disons que mon concept d’individu ressemble à celui de l’anarchisme individualiste. J’admire beaucoup d’écrivains. En Amérique latine, j’aime José Eustasio Rivera, Borges, Rulfo, Sarmiento et les Brésiliens Guimaraes Rosa et Euclides da Cunha, parmi d’autres. (...)

    #Malcolm_Menzies #littérature #anarchie #Makhno #Bonnot #Victor_Serge #Darien #Cayenne #Clément_Duval #Colombie #FARC #Marulanda #Costa_Rica

  • Politique industrielle au #Chili : pour un nouveau paradigme
    https://www.cetri.be/Politique-industrielle-au-Chili

    Le débat sur l’importance de l’industrie manufacturière a longtemps été occulté par le néolibéralisme. La majeure partie de l’Amérique latine est confrontée à une désindustrialisation suite aux politiques adoptées ces dernières décennies. À l’encontre du modèle actuel, une politique industrielle est envisageable au Chili, qui reposerait sur la formation de clusters autour de ses principales ressources (...)

    #Alternatives_Sud_-_extraits

    / Chili, #Industrialisation

  • À qui profite le contenu des pages Facebook tunisiennes liées à Israël ? – Inkyfada
    https://inkyfada.com/fr/2019/06/03/tunisie-facebook-israel

    Le 16 mai 2019, Facebook annonce la désactivation de 265 pages ou comptes liés à une société israélienne dont le but est d’influencer l’opinion publique, principalement dans des pays africains. En Tunisie, 11 pages sont concernées. Inkyfada a eu accès à la quasi-totalité du contenu publié par ces pages. À qui profitent-elles ? Un candidat se dégage en particulier. Enquête.

    Que cette campagne ait été commandée directement par un candidat, des personnes ou des entités qui lui sont favorables, une société en est l’instigatrice, selon Facebook. Il s’agit de la société Israélienne Archimedes Group . Son objectif ? "Changer la réalité" pour "gagner des élections à travers le monde"

    “CHANGER LA RÉALITÉ”

    Archimedes Group opérait principalement en Afrique, mais aussi en Asie du Sud-Est et en Amérique Latine et affichait clairement ses intentions sur son site internet, avant qu’il ne soit lui-même supprimé à la suite de la révélation de ses méthodes par Facebook. 

    “Nos équipes ont joué un rôle significatif dans de nombreuses campagnes politiques ou publiques, comme des élections présidentielles ou d’autres projets sur les réseaux sociaux à travers le monde”, précisait encore Archimedes. 


    Capture d’écran de la page "a propos" du site de la société Archimedes Group avant sa suppression.

    Pour cela, la société israélienne affirmait avoir développé un ensemble d’outils et méthodes “innovantes” afin de “changer la réalité selon les souhaits de ses clients". Parmi ces outils, Archimedes Group propose à ses clients d’acquérir “Archimedes Tarva” , un produit décrit comme un logiciel de gestion de campagne. 

    “Développé par des experts de premier plan dans le domaine des réseaux sociaux et écrit par nos meilleurs développeurs, il inclut des outils d’automatisation et de gestion de campagnes sur les réseaux sociaux, la création de plateformes à grande échelle et des opérations illimitées de comptes en ligne. 

    La licence comprend la formation et la mise en oeuvre sur site, ainsi qu’un service technique 24h/7j”.

    Selon plusieurs sources dont l’AIPAC, puissant lobby américain de soutien à Israël, Elinadav Heymann est désigné comme le PDG d’ Archimedes Group. Il est à ce jour difficilement traçable en ligne, sa biographie ayant été supprimée de nombreux sites qui le référençaient depuis la révélation par Facebook de ses activités. L’un d’eux, negociations.ch, le présentait aussi comme un ancien agent du renseignement de l’armée de l’air israélienne.

    [Rick Gates Sought Online Manipulation Plans From Israeli Intelligence Firm for Trump Campaign](https://www.nytimes.com/2018/10/08/us/politics/rick-gates-psy-group-trump.html)

    Ce n’est pas la première fois qu’une société israélienne gérée par un ancien agent du renseignement est citée pour ce type d’activités. En 2016, Rick Gates, un responsable de la campagne électorale de Donald Trump avait approché la société Psy-Group, alors composée d’anciens agents des services du renseignement israélien, rapporte le New York Times. Un document élaboré par Psy-Group détaillait alors un plan d’action élaboré notamment pour cibler et influencer des milliers de délégué·es républicain·es.

    [L’unité militaire 8200, la face longtemps cachée de la high-tech israélienne](https://www.letemps.ch/economie/lunite-militaire-8200-face-longtemps-cachee-hightech-israelienne)

    Il n’est pas étonnant de trouver des sociétés israéliennes spécialisées dans ces techniques de manipulation de masse, par le biais des réseaux sociaux. Les compétences technologiques développées au sein de l’armée à des fins de cyberdéfense et de contre-espionnage ont dessiné le modèle économique israélien tourné vers le numérique et les nouvelles technologies. Ainsi, confirme Fabrice Epelboin, enseignant au MediaLab de Sciences Po Paris, de nombreuses start-ups y sont créées par des vétérans de l’armée formés au sein des unités du renseignement israélien.

    Des sociétés comme Archimedes Group, spécialisées dans la manipulation des masses sur les réseaux sociaux afin d’influencer l’opinion publique sur des sujets souvent politiques peuvent servir des États, des marques mais aussi des groupes politiques de manière décentralisée.

    #tunisie #facebook #manipulation #manipulation_en_masse #élections #changer_la_réalité #israël #archimedes_group

  • Une nostalgie maladive de tricontinentale ?
    https://www.cetri.be/Une-nostalgie-maladive-de

    Les mouvements de gauche progressistes latino-américains ont toujours été confrontés à l’hostilité permanente de l’impérialisme américain et de ses affidés locaux. Les États-Unis sont intervenus directement (avec leurs forces armées ou via des milices) pour imposer des régimes plus ou moins fantoches, favorables à leurs intérêts, notamment en Amérique centrale et aux Caraïbes, et cela dès le XIXe et au début du XXe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale et la signature du « Traité interaméricain d’assistance (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / #Le_Sud_en_mouvement, Les Possibles (Attac - France), Amérique latine & Caraïbes

    #Les_Possibles_Attac_-_France_ #Amérique_latine_&_Caraïbes

  • [Dataviz] Simulated Dendrochronology of U.S. Immigration 1790-2016

    où les auteurs montrent comment la métaphore des"lignes de vie" lisibles sur les troncs d’arbres permet de visualiser la temporalité de courants migratoires.

    Chaque ligne correspond à une année et chaque point à 100 immigrants. Les lignes ont une orientation qui varie en fonction du pays de provenance, la couleur des points correspond à la région du monde concernée (L’Europe en vert, le Canada en bleu, l’Afrique en Rouge et l’Amérique latine en jaune, etc.)

    https://pic.infini.fr/hf0S1zgL/NMGDdmCy.PNG

    Pour montrer tout ça, une animation est proposée : https://vimeo.com/276140430

    En savoir plus : https://web.northeastern.edu/naturalizing-immigration-dataviz

    #dataviz #USA #immigration #migrants #métaphore #représentation #flows

  • [publication] « L’ESPOIR EST LA LAISSE DE LA SOUMISSION » ... Telle est la dure leçon que m’a permis d’illustrer #Laurent_Cauwet en m’offrant un portfolio au coeur du somptueux pavé de poésies qu’est ATTAQUES#2. Merci à lui.
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/46893833075

    Flickr

    ValK. a posté une photo :

    "Cette revue d’un genre nouveau regroupe des poètes et artistes d’Europe, du monde Arabe et d’Amérique Latine. Elle se réfléchit sur des bases décoloniales, en confrontant les réalités et les modernités des différents continents, des différent pays. Et surtout, elle réfléchit ses modernités en essayant d’éviter ce à quoi l’institution travaille : les « formalismes d’avant-gardes », et interroge la notion d’engagement (tout en évitant celle d’art engagé), avec pour ambition de refabriquer des liens là où les réflexes nationalistes voire identitaires se rajoutent aux frontières pour travailler la séparation, et de re-forcer des possibilités de circulations des paroles, voire de circulation des personnes.
    Au sommaire : trois dossiers (Amérique latine : l’art dans la rue ; Brésil : poésie politique ; Jeunes étrangers à la rue : paroles ouvertes) ; des rubriques (théoriques : avec quels outils se réapproprier le monde ; polémiques : nourrir les débats ; historique : notre histoire est toujours demain) ; des parties « libres » de chantiers poétiques."
    C’est une co-édition "les presses du réel / al dante" à retrouver avec quelques extraits par ici : http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=7233

  • Brésil : les fantômes du nazisme hantent le gouvernement de Bolsonaro
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/14/les-fantomes-du-nazisme-hantent-le-bresil-de-bolsonaro_5423173_3210.html

    A l’heure où des membres du gouvernement brésilien ne cachent pas un alignement idéologique avec le nationalisme des années 1930, un article évoque la protection accordée à d’anciens nazis par le père de l’actuel ministre des affaires étrangères.

    Les opposants au gouvernement de Jair Bolsonaro parlent d’une « dynastie du mal », les autres s’offusquent qu’on exhume les péchés d’un père pour attaquer le fils. Reste la gêne, au lendemain de la publication de l’article du quotidien Folha de Sao Paulo, mardi 12 février, révélant qu’Henrique Araujo, père du ministre brésilien des affaires étrangères Ernesto Araujo, a contribué à empêcher l’extradition du criminel nazi Gustav Franz Wagner dans les années 1970 à l’époque de la dictature militaire (1964-1985).

    L’ancien sous-commandant du camp d’extermination de Sobibor en Pologne était, à l’instar de divers ex-SS, parvenu à fuir l’Europe, trouvant refuge au Brésil après un passage par la Syrie. Devenu gardien d’une propriété dans l’Etat de Sao Paulo, celui dont le sadisme et la brutalité lui valurent le surnom de « la bête », tentait alors d’y faire oublier son passé.

    Né à Vienne en 1911, Gustav Wagner adhère au parti nazi à vingt ans et s’illustre tout d’abord, en 1940, pour sa participation au génocide des malades mentaux dans le centre de mise à mort de Hartheim en Autriche. Loué dans les rangs SS pour son efficacité et son expertise dans l’usage criminel du monoxyde de carbone il est, deux ans plus tard, affecté au camp de Sobibor où, bras droit de Franz Stangl, il est chargé du tri des déportés, destinés tantôt à la chambre à gaz tantôt au travail forcé.

    Décrit comme une brute prompte à fouetter les prisonniers sans raison il aurait, entre autres barbaries, frappé à mort deux détenus qui ne parlaient pas allemand, sous prétexte qu’ils n’obéissaient pas à ses ordres, tiré une balle dans la tête du jeune Abraham âgé d’une quinzaine d’années, sous les yeux de ses frères, car l’adolescent s’était montré incapable de se lever de sa paillasse, et abattu un nouveau-né dans les bras de sa mère.

    Démasqué par le chasseur de nazis Simon Wiesenthal

    La scène a été immortalisée dans le film Les Rescapés de Sobibor, de Jack Golf, sorti en 1987, qui relate également la mutinerie de 1943 et la fuite de près de 300 détenus, dont une centaine seront repris. A Sobibor, partie intégrante de l’« opération Reinhard » – l’extermination systématique des juifs de Pologne – quelque 250 000 personnes ont été assassinées.

    Le bourreau de Sobibor est démasqué en 1978 par le chasseur de nazis Simon Wiesenthal, qui assure au journaliste de Jornal do Brasil Mario Chimanovitch avoir reconnu Gustav Wagner sur la photo d’une fête tenue à l’hôtel Tyll, à Itatiaia dans l’Etat de Rio de Janeiro pour célébrer l’anniversaire d’Hitler. Onze ans après l’extradition de son compère Franz Stangl, en 1967, qui s’était aussi réfugié au Brésil, Wagner, affolé à l’idée d’être rattrapé par le Mossad, les services secrets israéliens, se rend de lui-même à la police brésilienne.

    Les demandes d’extradition formulées alors par Israël, la Pologne, l’Autriche sont déclinées une à une par le procureur général de l’époque : Henrique Araujo. Le père du ministre de Jair Bolsonaro récuse la demande de l’Etat hébreu, arguant que celui-ci n’existait pas au moment des crimes. Pour la Pologne et l’Autriche, il retient la prescription des faits d’homicide (vingt ans), qu’il se garde de qualifier de crime contre l’humanité.

    Ce dernier argument ne vaut pas « en théorie », écrit-il pour la demande formulée par l’Allemagne qui, en 1967, avait déjà réclamé l’arrestation du nazi. Mais Henrique Araujo exige davantage de preuves dans un dossier épais d’un millier de pages. Un an plus tard les juges de la Cour suprême appelés à se prononcer refusent l’extradition. Le 3 octobre 1980, Gustav Wagner est retrouvé mort, un couteau planté dans la poitrine. On parle de suicide.

    Failles mémorielles

    Henrique Araujo, connu pour son appui à la censure, a eu un rôle-clé mais pas définitif dans la protection du criminel. « S’il a manqué de sensibilité et de volonté, son analyse est techniquement correcte vu les lois de l’époque », constate Bruno Leal professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Brasilia.
    Serge Klarsfeld, interrogé par téléphone, rappelle aussi qu’« à l’époque en Amérique latine, dans les dictatures comme dans les démocraties, les demandes étaient la plupart du temps refusées ». L’historien et avocat de la cause des déportés avait, de fait, réclamé en vain sous la présidence du socialiste Salvador Allende l’extradition de Walter Rauff du Chili.

    Il n’empêche. « Les régimes militaires en Amérique latine ont fait preuve de complaisance avec les crimes nazis. Ce n’est pas un mystère. Mais à une époque où le Brésil semble perdre la mémoire, il n’est pas inutile de le rappeler », note Géraldine Schwarz, auteure de Les Amnésiques (éd. Flammarion, 2017), livre fondé sur l’histoire de sa famille, qui souligne les failles mémorielles de l’époque nazie dans lesquelles s’engouffre l’extrême droite.
    Le rafraîchissement des esprits est d’autant plus salutaire que « le discours de membres de l’actuel gouvernement laisse poindre un alignement idéologique avec certaines idées sombres des années 1930 », souligne l’historien Michel Gherman.

    La Folha de Sao Paulo rappelle à ce titre les écrits du ministre des affaires étrangères en 2017, qualifiant le régime nazi, le national-socialisme, « de gauche » tout en faisant l’éloge du « sentiment national authentique » qu’il contenait.

    Jair Bolsonaro est encore plus explicite. En 2012 lors de l’émission de télévision « CQC Sem Saída », sorte de jeu de la vérité, l’actuel chef de l’Etat, alors député, avait confié (après avoir qualifié la dictature militaire d’« excellente » et confessé sans honte avoir frappé sa femme) considérer Hitler comme « un grand stratège ». Dans une partie coupée lors de la diffusion mais encore visible sur Youtube, il compare la Shoah au « génocide » provoqué par les détournements de fonds dédiés à la santé, tout en laissant entendre que les juifs seraient, pendant la guerre, morts de faim et de froid.

  • L’Equateur retire l’asile à Julian Assange, la police britannique l’arrête dans l’ambassade (VIDEO) — RT en français
    https://francais.rt.com/international/60877-equateur-retire-asile-julian-assange-police-britannique-arrete-am
    https://www.youtube.com/watch?v=7Z00wtysST4

    Le lanceur d’alerte Julian Assange, réfugié depuis près de sept ans dans l’ambassade d’Equateur à Londres, a été arrêté ce 11 avril par la police britannique après que Quito a révoqué son asile.

    #WikiLeaks

    • Des fois qu’y est un rapport...
      https://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201902/20/01-5215529-lequateur-obtient-102-milliards-de-dollars-du-fmi-et-de-la-banqu

      L’Équateur a obtenu 10,2 milliards de dollars de crédits de la part d’organismes internationaux, principalement le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, avec lesquels le gouvernement précédent avait rompu, a annoncé mercredi le président Lenin Moreno.

    • Sinon, j’adore la langue de bois :

      Un accord avec le FMI améliorera le cadre de restructuration économique et permettra l’accès aux autres organisations multilatérales comme la Banque mondiale (BM), la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Corporation andine de développement (CAF). C’est pourquoi à la fin du mois de janvier 2019 s’est tenue une réunion avec le président de la République de l’Équateur, Lenín Moreno, son ministre des Finances Richard Martínez, et la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.

      Cette rencontre promet des bénéfices, mais aussi des conditions à remplir par l’Équateur. Parmi les mesures du FMI figurent l’augmentation de la TVA, la subvention pour l’essence, la restructuration de la dette actuelle, le calcul de l’âge de la retraite, les réformes des contributions de sécurité sociale et la flexibilité du travail .

      Cette alliance aurait de ce fait pour résultat une consolidation budgétaire et un bon positionnement dans le marché mondial. En outre, cela comporterait la reprise des relations avec le FMI après avoir rompu tout lien avec lui au cours du gouvernement de l’ancien président, Rafael Correa. Une équipe du FMI se trouve déjà à Quito pour envisager l’amélioration du cadre de politique économique, ce qui peut comporter des avantages pour les citoyens équatoriens, essentiellement les plus pauvres et les plus vulnérables . De même, il y aurait une amélioration en ce qui concerne la compétitivité, la génération d’emplois, le renforcement des bases institutionnelles de la dollarisation et la lutte contre la corruption, d’après le porte-parole du FMI, Gerry Rice.

      http://www.espaces-latinos.org/archives/75085
      Le gros foutage de gueule!

    • Cependant, le Venezuela est loin d’être le seul pays d’Amérique latine à être visé par ces armes financières déguisées en institutions financières “indépendantes”. Par exemple, l’Equateur – dont l’actuel président a cherché à ramener le pays dans les bonnes grâces de Washington – est allé jusqu’à effectuer un “audit” de son asile de journaliste et éditeur de WikiLeaks, Julian Assange, afin de gagner un sauvetage de 10 milliards de dollars du FMI. L’Équateur a accordé l’asile à Assange en 2012 et les États-Unis ont demandé avec ferveur son extradition pour des charges encore scellées depuis lors.

      De plus, en juillet dernier, les États-Unis ont menacé l’Équateur de “mesures commerciales punitives” s’ils introduisaient à l’ONU une mesure visant à soutenir l’allaitement maternel plutôt que les préparations pour nourrissons, ce qui a stupéfié la communauté internationale mais a mis à nu la volonté du gouvernement américain d’utiliser des “armes économiques” contre les nations latino-américaines.

      http://unpeudairfrais.org/wikileaks-revele-que-les-etats-unis-ont-utilise-le-fmi-et-la-banque-

    • Il s’agit, a affirmé l’ex-chef d’Etat, de la révélation par le site Wikileaks « au niveau mondial » de l’existence d’« un compte secret au Panama, à la Balboa Bank », au nom de la famille Moreno. La semaine dernière, WikiLeaks déjà avait établi un lien entre le risque d’expulsion d’Assange et la publication d’informations privées compromettantes pour Lenin Moreno. « Des rumeurs injurieuses ! », avait réagi Quito. Selon Rafael Correa, ces accusations de corruption ont été « l’élément détonateur » qui a poussé Lenin Moreno à se « venger » en permettant à la police britannique d’entrer dans l’ambassade de Londres pour arrêter Assange.

      « Quelque chose d’incroyable, vraiment sans précédent », a-t-il dénoncé, rappelant que le fondateur australien de WikiLeaks, âgé de 47 ans, avait acquis en 2017 la nationalité équatorienne. Dans un tweet en fin de matinée, Rafael Correa avait déjà fustigé son ancien allié, ex vice-président sous sa mandature, le qualifiant de « plus grand traître de l’histoire latino-américaine ». Moreno a défendu le retrait de l’asile accordé à Assange, une décision présentée comme « souveraine ».

      http://www.lefigaro.fr/flash-actu/assange-une-vengeance-personnelle-du-president-equatorien-20190411

      On sent que le FMI n’a pas dû beaucoup insister, vu que le nouveau président équatorien est un gros corrompu !

    • L’arrestation de Julian Assange à Londres est « très choquante », estime Dick Marty. « Assange n’a fait que dire la vérité. Il a révélé des actions criminelles et réveillé la conscience internationale », déclare l’ancien rapporteur sur les prisons secrètes de la CIA pour le Conseil de l’Europe.

      L’ancien procureur général tessinois dénonce les pressions de « l’empire » américain sur les Etats impliqués dans cette affaire et les méthodes de la justice américaine.

      « Moi-même, j’évite pour l’instant de voyager aux Etats-Unis, révèle-t-il. Ils pourraient m’interroger sur les sources de mes rapports et me retenir, car je ne pourrais évidemment pas les dévoiler. »

      « Il faut être réaliste, ce n’est pas un système dans lequel, si vous êtes un cas de sécurité nationale, vous pouvez espérez de la justice », estimait lui-même Julian Assange en parlant des Etats-Unis dans un entretien à la RTS en 2015.

      https://www.rts.ch/info/monde/10359555--je-suis-choque-assange-n-a-fait-que-dire-la-verite-clame-dick-marty.ht
      https://www.rts.ch/play/tv/popupvideoplayer?id=10359748&startTime=9.486

    • A tous ceux qui nous ont abandonné : nous n’oublierons pas. A tous les autres : nous nous battrons jusqu’au bout pour empêcher l’extradition et la mise au ban de celui qui fut, il y a deux ans, reconnu par l’ONU comme le seul détenu politique du continent.

      Les cinq ans de prison auxquels fait face théoriquement Julian Assange sont d’évidence une façon pour les Etats-Unis d’obtenir son extradition – en prétendant à une peine légère – afin d’ensuite dévoiler l’ensemble des autres poursuites qui pourraient le mener à la prison à vie.

      Il n’y a aucun doute sur le fait que cette procédure, enclenchée dès le départ dans un seul but, détruire Wikileaks et cet individu, est politique et ne s’achèvera que lorsqu’il sera complètement écrasé.

      C’est à nous de l’éviter.

      Juan Branco

    • Contrary to Reports, the U.S. Gov. Can Add Charges After Assange Extradition
      http://accuracy.org/release/contrary-to-reports-the-u-s-gov-can-add-charges-after-assange-extradition

      He said today: “The New York Times report is wrong and understates the dangers to Assange. What it states is normally the case in extradition treaties, but it’s not the case in the relevant U.S.-British extradition treaty.

      “Once the U.S. government has Assange over here, they can concoct whatever charges they want to against him for anything and then ask the British to waive what’s called the Rule of Specialty. That could add up to much more than the current five years Assange is facing. The British government will almost certainly consent, unless Jeremy Corbyn becomes prime minister.

    • Assange refuse d’être extradé vers les Etats-Unis
      https://information.tv5monde.com/info/assange-refuse-d-etre-extrade-vers-les-etats-unis-298090

      Le représentant de la justice américaine, Ben Brandon, a confirmé jeudi qu’il risquait une peine maximale de cinq ans de prison.

      Mais les soutiens de Julian Assange craignent que les charges ne soient alourdies, la justice britannique n’ayant pas encore reçu tous les documents concernant la demande américaine.

    • La communication est une science toujours inexacte, et parfois mensongère. La majorité actuelle en fait la démonstration quotidienne. Car de la même façon que le président de la République dénonce officiellement les comptes anonymes utilisés sur les réseaux sociaux pour mieux s’en servir dans sa propagande (voir ici notre article), il ne cesse de propager des mensonges tout en prétendant combattre les « fake news ».

      C’est Emmanuel Macron lui-même qui s’est approprié cet anglicisme. Mais qu’on les nomme fake news, informations fallacieuses, « infox », fausses nouvelles, ou juste mensonges, l’intention est la même. Tromper en toute connaissance de cause.

      Il ne s’agit en effet pas ici de faire part de divergences d’analyse, de prétendre que le président ment quand il affirme que la suppression de l’impôt sur la fortune est une bonne chose pour l’économie française. Il est probable que le président croie en ce qu’il dit.

      Il ne s’agit pas non plus de s’attarder sur ses jugements à l’emporte-pièce, du type « Je traverse la rue et je vous trouve du travail ». Il est ici question de mensonges purs et durs. De faits sciemment déformés, omis ou transformés.

      Sibeth Ndiaye, la nouvelle porte-parole du gouvernement, anciennement chargée des relations presse à l’Élysée, doit se mordre les doigts d’avoir un jour dit la vérité à L’Express à propos des bobards de l’exécutif : « J’assume de mentir pour protéger le président. »

      Depuis, elle a nié avoir tenu ces propos. Mais ne dément-elle pas pour « protéger le président » ?

      Comme s’il voulait décrédibiliser par avance les informations à paraître, Emmanuel Macron assurait le 26 juillet 2018 à ses amis, aux prémices de l’affaire Benalla, que « nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité ». En réalité, c’est l’Élysée qui cherche à l’en détourner.

      Les fausses vidéos de l’affaire Benalla (Emmanuel Macron)

      Ismaël Emelien, en promotion pour la sortie de son livre écrit avec David Amiel, a eu les plus grandes difficultés à se défendre. Le 19 juillet 2018, au lendemain des révélations du journal Le Monde sur les agissements d’Alexandre Benalla, le conseiller spécial du chef de l’État avait orchestré la riposte en faisant diffuser par un compte anonyme sur les réseaux sociaux des vidéos censées dédouaner Benalla.

      Deux problèmes se posent. Tout d’abord, Ismaël Emelien a utilisé une vidéo issue des caméras de surveillance de la police, ce qui est illégal. Il prétend qu’il ne connaissait pas l’origine de ces vidéos. Qu’il n’a pas pensé à se renseigner.

      Mais l’Élysée a aussi fait circuler, avec la bénédiction de Sibeth Ndiaye qui a conseillé aux journalistes d’aller consulter ces vidéos, le film d’un homme très agité poursuivant un groupe d’hommes vêtus de noir, chaise à la main.

      Le problème, comme l’a raconté Le Monde, est qu’il ne s’agit pas du tout du jeune homme immobilisé par Alexandre Benalla place de la Contrescarpe. La vidéo a été tournée le soir, bien après l’intervention musclée d’Alexandre Benalla. Et selon une enquête publiée jeudi 4 avril par le site la-bas.org, l’homme à la chaise poursuivait en réalité des militants « antifas ».

      Mais Emmanuel Macron lui-même a endossé ce mensonge, alors que la comparaison des deux hommes sur ces vidéos ne tromperait pas un enfant familier du jeu des sept erreurs (chaussures de couleurs différentes, blouson sans fourrure…).

      Quelques jours plus tard, le 26 juillet, à la Maison de l’Amérique latine, outre le fait qu’il se plaint de cette « presse qui ne recherche plus la vérité », Emmanuel Macron lance : « Les images tournent en boucle d’une scène inadmissible et que je condamne. Je ne vois jamais la scène d’avant, la scène d’après. Quel est le contexte, qu’est-ce qui s’est passé ? S’agissait-il d’individus qui buvaient gentiment un café en terrasse ? Que s’est-il passé juste ensuite ? »

      Le chef de l’État fait ensuite clairement référence à cette vidéo tournée postérieurement. « J’ai cru comprendre qu’il y avait des images, poursuit-il. Où sont-elles ? Sont-elles montrées avec la même volonté de rechercher la vérité et d’apporter de manière équilibrée les faits ? Non. » Avant de conclure : « Je vois un pouvoir médiatique qui veut devenir un pouvoir judiciaire. »

      La réalité est tout autre. Des investigations journalistiques ont mis en lumière des faits avérés sur lesquels la justice enquête aujourd’hui.

      La perquisition à Mediapart sur les enregistrements Crase/Benalla (Nicole Belloubet)

      Après que nous avons diffusé les extraits d’une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, Mediapart a reçu, le vendredi 1er février, une demande de réquisition de ces extraits par les juges d’instruction de l’affaire du 1er Mai.

      Nous avons tout de suite fait savoir que nous ne nous opposions pas à cette réquisition judiciaire, de façon que des juges indépendants puissent authentifier les documents publiés et statuer, notamment, sur la violation du contrôle judiciaire.

      Cet accord a été renouvelé le lundi 4 février, à 9 heures.

      Pourtant, ce même lundi 4 février, peu après 11 heures, notre journal a fait l’objet d’une tentative de perquisition après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris des chefs d’« atteinte à l’intimité de la vie privée » et de « détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception et de télécommunications ou de conversations ».

      Deux procureurs du parquet de Paris se sont présentés à notre journal et nous ont annoncé qu’ils venaient pour procéder à une perquisition, et non réquisitionner les enregistrements publiés.

      Vu que nous avions déjà donné notre accord pour la réquisition judiciaire, la tentative de perquisition n’avait qu’un seul objectif : identifier nos sources, et faire peur à tous ceux susceptibles de nous parler.

      Devant l’Assemblée nationale, et pour justifier cette tentative de perquisition, la ministre de la justice Nicole Belloubet a cependant déclaré le 5 février : « Mediapart a dans un premier temps refusé cette remise, mais comme la presse s’en est fait l’écho, depuis, les bandes sonores ont été remises à la justice, ce qui est une très bonne chose, je crois, pour que toute la vérité soit faite dans cette affaire. »

      En mélangeant sciemment les deux procédures, Nicole Belloubet a menti.

      Geneviève Legay, blessée à Nice par un policier (Emmanuel Macron)

      Lors de rassemblements à Nice, le 23 mars, Geneviève Legay, porte-parole d’Attac, est blessée lors d’un rassemblement de gilets jaunes.

      Le lundi 25 mars, le procureur de la République indique, lors d’une conférence de presse, que Geneviève Legay « n’a pas été touchée par des policiers. Il n’y a aucun contact direct entre un policier et cette dame ».

      Dans un entretien avec Nice Matin, publié le lundi 25 mars, le président de la République déclare à son tour, sans la moindre prudence, que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ». Il ajoute quelques phrases qui ont profondément irrité Geneviève Legay : « Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. […] Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. »

      Or dès le 23 mars, comme nous l’avons révélé, un policier expliquait le jour même du rassemblement sur procès-verbal qu’au vu des premiers éléments de l’enquête, la victime, âgée de 73 ans, avait été heurtée par « un homme portant un bouclier ».

      Au cours de son audition, un autre policier, ayant participé à la charge, avait précisé : « Nous avons chargé, donc effectivement nous avons poussé les personnes devant nous. […] C’est après la charge en me retournant que j’ai constaté qu’une femme était à terre. »

      Le gouvernement et les chômeurs « trop » indemnisés (Édouard Philippe)

      Le premier ministre et la ministre du travail affirment qu’un chômeur sur cinq gagnerait plus au chômage que dans son travail précédent. Ce chiffre est en réalité totalement vicié et aboutit à un mensonge qui salit 600 000 personnes.

      Comment est-ce possible ? Le gouvernement compare deux périodes qui ne sont pas les mêmes. Avec une méthode de calcul différente, l’Unédic aboutit au chiffre de moins d’un salarié sur 25 se retrouvant dans la situation décrite par l’exécutif.

      Pour le sociologue spécialisé dans les politiques de l’emploi Mathieu Grégoire, il s’agit donc d’« un artefact statistique » et d’« une manipulation assez troublante des chiffres ».

      Selon le gouvernement, ce sont les salariés en contrats courts, généralement peu qualifiés et peu rémunérés, qui sont censés « trop » profiter de l’assurance-chômage. Et en dépit du calcul erroné, c’est sur eux que le gouvernement devrait faire porter l’essentiel des économies à venir.

      Le nombre d’ultras parmi les gilets jaunes (Emmanuel Macron)

      Le jeudi 31 janvier, Emmanuel Macron reçoit cinq journalistes pour une « discussion informelle » autour d’un café. Le président de la République se montre très offensif au moment de dénoncer les violences commises lors des manifestations des « gilets jaunes ». Selon lui, elles seraient l’œuvre « de 40 à 50 000 militants ultras qui veulent la destruction des institutions ». « Face aux violences orchestrées par les extrêmes », rapporte Paris-Match, le chef de l’État « met en garde contre la ‘‘fachosphère’’ et la ‘‘gauchosphère’’ qui ont surinvesti les réseaux sociaux ».

      Pourtant, dans les jours précédents, selon nos enquêtes, des notes des services de renseignement sont remontées à l’Élysée. Et elles disent précisément l’inverse de ce que prétend Macron.

      En effet, à ce moment-là, l’ultradroite se désengage « à Paris comme en province ». Selon la DGSI, « la scène d’ultradroite est quasi inexistante au sein des cortèges ». Même au plus fort de leur mobilisation les premières semaines du mouvement, les services ne comptaient que « quelques centaines d’individus » relevant de cette mouvance.

      À l’ultragauche, alors ? Pas plus. « L’ultragauche s’est impliquée de manière limitée dans un mouvement perçu comme populiste et réactionnaire », écrit-on à la DGSI. Des sources dans différents services de renseignement donnent un même chiffre de 300 militants « au grand maximum » d’ultras de droite et de gauche réunis au plus fort du mouvement, début décembre. En mars, ils n’étaient plus que quelques dizaines.

      Dans la même interview, le président de la République décrit le mouvement des gilets jaunes comme « une manipulation des extrêmes, avec le concours d’une puissance étrangère : la Russie de Poutine ». Or la DGSI et la DGSE n’auraient toujours pas trouvé la moindre trace d’ingérence russe. Et l’Élysée n’a jamais voulu nous faire part de ses sources sur le sujet.

      Le retour des djihadistes français (Emmanuel Macron)

      « Contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre, il n’y a pas un programme de retour des djihadistes qui est aujourd’hui conçu, nous restons sur la même doctrine », explique à l’occasion du « grand débat » Emmanuel Macron à des élus de la Région Grand Est. Selon lui, il n’y aurait donc jamais eu de programme de retour des djihadistes français. Pas question de donner l’impression de tergiverser.

      Selon nos informations, les services des ministères des affaires étrangères, de la défense, de l’intérieur et de la justice travaillaient pourtant bien depuis l’automne 2018 au retour des djihadistes détenus par les Kurdes de Syrie.

      Les conditions du programme de retour étaient tenues pour acquises par les principaux acteurs du dossier lorsque, dans la première quinzaine de février, le président de la République a changé d’avis.

      Qu’est-ce qui a fait changer Emmanuel Macron de position et l’a ainsi fait aller à l’encontre des préconisations de son administration ? L’Élysée n’a pas répondu à nos sollicitations.

      Le chlordécone ne serait pas cancérigène (Emmanuel Macron)

      « Il ne faut pas dire que ce pesticide est cancérigène. » En une phrase, le président de la République a soulevé l’indignation, en particulier des élus d’outre-mer qui lui faisaient face le vendredi 1er février, à l’Élysée, pour une rencontre dans le cadre du grand débat national.

      La discussion portait sur la dangerosité du chlordécone, un pesticide extrêmement toxique et perturbateur endocrinien, classé « cancérigène possible » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès 1979 et utilisé jusqu’en 1993 dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique. Ce jour-là, pour le président, « il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que ce produit n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs ».

      Presque tous les Guadeloupéens et les Martiniquais sont contaminés au chlordécone, selon une étude publiée par Santé publique France en 2018. Et les sols sont pollués pour quatre cents à sept cents ans.

      Estomaqués par les propos du président, l’urologue Pascal Blanchet et le chercheur à l’Inserm Luc Multigner ont répondu en rappelant, entre autres, que « l’exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate ».

      Face à la polémique, l’Élysée a maladroitement tenté de faire machine arrière, plaidant le malentendu, sans convaincre personne.

      La mort de Jamal Khashoggi (Jean-Yves Le Drian)

      Dès le 6 octobre 2018, soit quatre jours après la disparition de Jamal Khashoggi, un notable saoudien exilé aux États-Unis et devenu chroniqueur au Washington Post, qui n’est jamais ressorti de son consulat à Istanbul où il venait chercher des papiers administratifs, les autorités turques commencent à laisser filtrer des informations auprès de la presse indiquant que le journaliste a été tué dans l’enceinte diplomatique.

      Les jours suivants, la police et le gouvernement turcs distillent de plus en plus de preuves des agissements d’une équipe de tueurs saoudiens composée de proches du prince hériter Mohammed ben Salamane, qui aurait interrogé, torturé, puis découpé en morceaux la victime.

      Le 11 octobre, Ankara laisse entendre qu’elle possède un enregistrement audio de ce qui s’est déroulé à l’intérieur du consulat, qui ne laisserait aucune doute sur la culpabilité des Saoudiens.

      Le 10 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme que l’enregistrement a été fourni aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l’Allemagne et au Canada.

      Pourtant, Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères bien timide sur le dossier, nie le 12 novembre sur France 2 avoir eu connaissance de l’enregistrement. Et il ajoute : « Si le président turc a des informations à nous donner, il faut qu’il nous les donne », soulevant l’indignation des autorités turques.

      Après une longue enquête, Mediapart a obtenu la confirmation auprès de sept diplomates et fonctionnaires du renseignement français que le Quai d’Orsay, à son plus haut niveau, avait bien eu accès à ces enregistrements à la date où le ministre s’exprimait.

      L’hommage au maréchal Pétain (Florence Parly)

      À l’occasion des cent ans de l’Armistice, l’état-major des armées souhaitait organiser, « en présence du président de la République », un hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Philippe Pétain. Dans un premier temps, l’Élysée laisse passer cette option, qui se retrouve inscrite dans le programme officiel des célébrations.

      Mais face à l’ampleur de la polémique, l’hommage est finalement retiré in extremis. Ce qui n’empêche pas la ministre des armées Florence Parly de jurer au micro de BFM-TV que « l’État-major n’a jamais imaginé rendre hommage au maréchal Pétain », mais qu’il souhaitait uniquement « rendre hommage aux maréchaux qui sont aux Invalides ».

      Cette cérémonie était pourtant bel et bien prévue, comme l’a d’ailleurs confirmé l’Élysée à Mediapart. Et il n’y a pas de place pour le doute. Chaque étape de cette « itinérance mémorielle » avait été minutieusement préparée : les dossiers de presse sur le site de la Mission du centenaire et sur celui du ministère de l’éducation nationale ne faisaient pas mystère de la présence du président de la République.

      Pataugeant dans ses dénégations, Emmanuel Macron aura au passage jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », même s’il a « conduit des choix funestes » pendant la Seconde. Des déclarations qui ont fait bondir la plupart des historiens.

      Un paparazzi placé en garde à vue pour rien (l’Élysée)

      Le Palais n’a pas attendu les derniers mois pour diffuser des craques. Dès septembre 2017, l’Élysée fait fuiter dans Challenges une information censée montrer à quel point Emmanuel Macron est un président magnanime. « EXCLUSIF. Emmanuel Macron vient de décider d’abandonner ses poursuites judiciaires qu’il avait engagé [sic] contre un paparazzi. »

      La réalité est autre. Selon des informations obtenues à l’époque par Mediapart, s’il est mis un terme à cette affaire très médiatisée, c’est en fait parce que le parquet de Marseille a classé sans suite l’enquête préliminaire ouverte en août pour « harcèlement » et « atteinte à la vie privée ». La plainte de l’Élysée ne tenait pas la route : le photographe mis en cause, Thibaut Daliphard, n’avait commis aucun des délits que l’Élysée lui reprochait.

      Ce photographe avait été contrôlé une première fois par un officier de sécurité devant la résidence privée de Marseille où les époux Macron passaient quelques jours de vacances au mois d’août, et s’était vu répondre qu’il n’y aurait pas de possibilité de prendre des clichés ce jour-là.

      Le lendemain, l’Élysée venant de confirmer que le couple présidentiel y passait ses vacances, le photographe s’était présenté à nouveau devant la résidence pour aller aux nouvelles, sans appareil photo.

      Selon Thibaut Daliphard, il s’était alors heurté à un homme qu’il avait pris pour un policier et qui lui avait déclaré : « Je n’aime pas votre métier », « Ce que vous faites, c’est du harcèlement », puis « Je vais vous placer en garde à vue, je vais vous faire coffrer pour 48 heures ».

      Selon Thibaut Daliphard, alors qu’il attend les forces de l’ordre, son téléphone sonne. « Je décroche le téléphone, il me saute dessus, essaie de me l’arracher, je me débats, puis il me dit : vous êtes en garde à vue, vous n’avez pas le droit de téléphoner. » Puis arrivé au commissariat du VIIIe arrondissement de Marseille, le commissaire présent sur place lui aurait confié : « Je suis désolé, on me demande de vous placer en garde à vue. »

      Thibaut Daliphard restera six heures en cellule. Le matériel, la carte-mémoire et l’ordinateur de ce journaliste sont fouillés.

      Ce n’est qu’un an plus tard, à l’été 2018, que Thibaut Daliphard découvrira que l’homme qui l’a violenté n’était pas un policier. Mais Alexandre Benalla.

  • Leçons du mouvement des Gilets jaunes, Badiou
    https://drive.google.com/file/d/1VGECYnlh_LgRRwKvtgd_uSU7liyudQvm/view

    La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990.
    D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

    Où l’on vérifie que « le plus grand penseur français » (Aude Lancelin) se montre apte à dégouter du marxisme voire de toute théorisation tout lecteur un tant soit peu attentif qui se refuse à définir le soulèvement Gilets jaunes comme une mobilisation des « classes moyennes », fussent-elles « populaires ».
    Je vais pas égrener ici le genre de « catégories sociales » qui sont au coeur de ce soulèvement, du cariste à l’aide soignante, de l’infirmière aux intérimeuses. Juste signaler, par exemple, que seule l’idéologie autorise à considérer globalement les #auto_entrepreneurs comme des patrons (de qui ?!, à combien ?).

    #idéologie #Bad_You !! #shame #classes_moyennes #Gilets_Jaunes #marxisme_fossile

    • Une version reçue par mel, histoire de ne pas avoir besoin d’un compte gougueule

      Leçons du mouvement des « gilets jaunes » - Alain Badiou —

      Que faut-il penser, ce qui s’appelle penser, et non courir en aboyant, de la contradiction, violente, durable, entre le mouvement des gilets jaunes et les autorités de l’Etat, conduites par le petit président Macron ?
      J’ai dit fermement, dès le tour final des élections présidentielles, que je ne me rallierai jamais ni bien entendu à Marine Le Pen, capitaine de l’extrême-droite parlementaire, ni à Macron, qui montait ce que j’ai appelé « un coup d’Etat démocratique », au service pseudo-réformateur du grand capital.

      Aujourd’hui, je ne change évidemment rien à mon jugement sur Macron. Je le méprise sans aucune retenue. Mais que dire du mouvement des gilets jaunes ? Je dois avouer qu’en tout cas, dans ses débuts, l’année dernière, je n’y ai rien trouvé, que ce soit dans sa composition, ses affirmations ou ses pratiques, qui soit à mes yeux politiquement novateur, ou progressiste.

      Que les raisons de cette révolte soient nombreuses, et qu’à ce titre on puisse considérer le mouvement comme légitime, je l’accorde sans hésiter. Je connais la désertification des zones rurales, le triste silence des rues abandonnées dans les villes petites, et même moyennes ; l’éloignement continu, pour des masses de gens, des services publics, du reste peu à peu privatisés : dispensaires, hôpitaux, écoles, bureaux de poste, gares de la SNCF, téléphone. Je sais qu’une paupérisation, d’abord rampante, puis accélérée, affecte des populations qui, il y a quarante ans encore, bénéficiaient d’un pouvoir d’achat en progression quasi continue. Il est certain que les formes nouvelles de la fiscalité, son aggravation, peuvent apparaître comme une des causes de cette paupérisation. Je n’ignore nullement que la vie matérielle de familles entières devient un casse-tête, notamment pour de nombreuses femmes, du reste très actives dans le mouvement des gilets jaunes
      En résumé : il y a en France un très fort mécontentement de ce qu’on peut nommer la partie laborieuse, majoritairement provinciale, et aux revenus modérés, de la classe moyenne. Le mouvement des gilets jaunes est une représentation significative, en forme de révolte active et virulente, de ce mécontentement.

      Les raisons historico-économiques de cette levée sont, pour qui veut bien les entendre, parfaitement claires. Elles expliquent du reste pourquoi les gilets jaunes renvoient le début de leurs malheurs à il y a quarante ans : en gros, les années quatre-vingt, début d’une longue contre-révolution capitalo-oligarchique, appelée à tort « néo-libérale » alors qu’elle était libérale tout court. Ce qui veut dire : retour à la sauvagerie du capitalisme du XIXe siècle. Cette contre-révolution venait en réaction aux dix « années rouges » — grosso modo de 1965 à 1975 —, dont l’épicentre français fut Mai 68 et l’épicentre mondial la Révolution Culturelle en Chine. Mais elle fut considérablement accélérée par l’effondrement de l’entreprise planétaire du communisme, en URSS, puis en Chine : plus rien, à échelle mondiale, ne s’opposait à ce que le capitalisme et ses profiteurs, singulièrement l’oligarchie trans-nationale des milliardaires, exercent un pouvoir sans limites.
      Bien entendu, la bourgeoisie française a suivi le mouvement contre-révolutionnaire. Elle en a même été une capitale intellectuelle et idéologique, avec les agissements des « nouveaux philosophes », qui ont veillé à ce que l’Idée communiste soit partout pourchassée, non seulement comme fausse, mais comme criminelle. De nombreux intellectuels, renégats de Mai 68 et du maoïsme, ont été de consciencieux chiens de garde, sous des vocables fétiches et inoffensifs, comme « liberté », « démocratie », ou « notre république », de la contre-révolution bourgeoise et libérale.

      Cependant, la situation de la France, peu à peu, des années quatre-vingt à aujourd’hui, s’est dégradée. Ce pays n’est plus ce qu’il a été pendant les « trente glorieuses » de la reconstruction d’après-guerre. La France n’est plus une puissance mondiale forte, un impérialisme conquérant. On la compare couramment, aujourd’hui, à l’Italie, voire à la Grèce. La concurrence la fait reculer partout, sa rente coloniale est au bout du rouleau et demande, pour être maintenue, d’innombrables opérations militaires en Afrique, coûteuses et incertaines. En outre, comme le prix de la force de travail ouvrière est bien plus bas ailleurs qu’en France, par exemple en Asie, les grandes usines sont toutes peu à peu délocalisées vers l’étranger. Cette désindustrialisation massive entraîne une sorte de ruine sociale qui s’étend de régions entières, comme la Lorraine et sa sidérurgie ou le Nord des usines textiles et des mines de charbon, jusqu’à la banlieue parisienne, du coup livrée à la spéculation immobilière sur les innombrables friches laissées par des industries en perdition.

      La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990. D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

      Les gilets jaunes, arguant de leur bien réelle paupérisation, veulent qu’on leur paie de nouveau ce consentement au prix fort. Mais c’est absurde, puisque précisément le macronisme est le résultat du fait que l’oligarchie, premièrement a moins besoin du soutien des classes moyennes, dont le financement était coûteux, depuis que le danger communiste a disparu ; et deuxièmement n’a plus les moyens de se payer une domesticité électorale de la même envergure qu’autrefois. Et que donc, il faut aller, sous couvert de « réformes indispensables » vers une politique autoritaire : une nouvelle forme du pouvoir d’Etat servira de support à une « austérité » juteuse, étendue du peuple des chômeurs et des ouvriers jusqu’aux couches inférieures de la classe moyenne. Et ce pour le profit des vrais maîtres de ce monde, à savoir les actionnaires principaux des grands groupes de l’industrie, du commerce, des matières premières, des transports et de la communication.

      Dans le Manifeste du Parti communiste, écrit en 1848, Marx examinait déjà ce type de conjoncture, et parlait, au fond, avec précision, de ce que sont aujourd’hui nos gilets jaunes. Il écrivait ceci : La classe moyenne, les petits fabricants, les détaillants, les artisans, les paysans combattent la Bourgeoisie, parce qu’elle compromet leur existence en tant que classe moyenne. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs  ; qui plus est, ils sont réactionnaires  ; ils demandent que l’histoire fasse machine arrière.
      Ils le demandent aujourd’hui d’autant plus âprement que la bourgeoisie française n’est plus en état, vu le tour pris par le capitalisme mondialisé, de soutenir et encore moins d’augmenter leur pouvoir d’achat. Les gilets jaunes « combattent la Bourgeoisie », comme le dit Marx, c’est vrai. Mais ils le font pour restaurer un ordre ancien et périmé, et non pour inventer un nouvel ordre social et politique, dont les noms ont été, depuis le XIXe siècle, « socialisme », ou, surtout, « communisme ». Car pendant presque deux siècles, tout ce qui n’était pas peu ou prou défini selon une orientation révolutionnaire était très justement considéré comme relavant de la réaction capitaliste. Il n’y avait, en politique, que deux grandes voies. Nous devons absolument revenir vers cette conviction : deux voies, en politique, deux seulement, et jamais une poussière « démocratique » de pseudo tendances, sous la houlette d’une oligarchie qui se déclare « libérale ».
      Ces considérations générales nous permettent de revenir aux caractéristiques concrètes du mouvement des gilets jaunes. Ses caractéristiques en quelque sorte spontanées, celles qui ne sont pas dues à des interventions extérieures au courant principal de la levée, sont en réalité « réactionnaires », comme le dit Marx, mais en un sens plus moderne : on pourrait appeler la subjectivité de ce mouvement un individualisme populaire, rassemblant des colères personnelles liées aux formes neuves de la servitude aujourd’hui imposée à tous par la dictature du Capital.

      C’est la raison pour laquelle il est faux de dire, comme le font certains, que le mouvement des gilets jaunes est intrinsèquement fasciste. Non. Le fascisme organise de façon le plus souvent très disciplinée, voire militarisée, des motifs identitaires, nationaux ou racialistes. Il y a dans la présente levée inorganisée – comme l’est toujours la classe moyenne urbaine — et de ce fait même individualiste, des gens de toutes sortes, de tous métiers, qui se pensent souvent, et sincèrement, comme démocrates, qui en appellent aux lois de la République – ce qui, aujourd’hui en France, ne mange pas de pain. A vrai dire, chez la grande majorité d’entre eux, les convictions proprement politiques sont flottantes. Mais à considérer le mouvement — encore une fois tel qu’il se donne dans sa « pureté » initiale – à partir de ses rares aspects collectifs, mots d’ordre, énoncés répétés, je n’y vois rien qui me parle, m’intéresse, me mobilise. Leurs proclamations, leur désorganisation périlleuse, leurs formes d’action, leur absence assumée de pensée générale et de vision stratégique, tout cela proscrit l’inventivité politique. Je ne suis certes pas conquis par leur hostilité à toute direction incarnée, leur crainte obsessionnelle de la centralisation, du collectif unifié, crainte qui confond, comme le font tous les réactionnaires contemporains, démocratie et individualisme. Rien de tout cela n’est de nature à opposer au très odieux et misérable Macron une force progressiste, novatrice et victorieuse au long cours.
      Je sais que les adversaires de droite du mouvement, notamment chez les intellectuels renégats, les ex-révolutionnaires devenus les chantres du pouvoir policier dès lors que l’oligarchie et l’Etat leur assurent des tribunes pour leur bavardage libéral – accusent le soulèvement « gilets jaunes » d’antisémitisme ou d’homophobie, ou encore de « danger pour notre République ». Je sais aussi que s’il existe des traces de tout cela, elles sont le résultat, non d’une conviction partagée, mais d’une présence, d’une infiltration active, de l’extrême-droite dans un mouvement désorganisé au point qu’il est vulnérable à toutes les manipulations imaginables. Mais enfin, ne nous voilons pas la face : Divers indices, notamment des traces évidentes de nationalisme à courte vue, d’hostilité latente aux intellectuels, de « démocratisme » démagogique dans le style crypto-fasciste de « le peuple contre les élites », et de confusion dans les discours, doivent inciter quiconque à être prudent dans toute appréciation trop globale de ce qui se passe aujourd’hui. Acceptons de voir que les ragots des « réseaux sociaux » tenant lieu, pour la majorité des gilets jaunes, d’information objective, la conséquence en est que circulent partout dans le mouvement des pulsions complotistes aberrantes.

      Un proverbe d’autrefois dit que « tout ce qui bouge n’est pas rouge ». Et pour le moment, du « rouge », dans le mouvement des gilets, qui certes « bouge », il n’est pas question : je ne vois, outre le jaune, que du tricolore, toujours un peu suspect à mes yeux.
      Bien sûr, les ultragauches, les anti-fafs, les dormeurs éveillés de nuit-debout, ceux qui sont toujours à l’affût d’un « mouvement » à se mettre sous la dent, les vantards de « l’insurrection qui vient », célèbrent les proclamations démocratiques (en fait, individualistes et à courte vue), introduisent le culte des assemblées décentralisées, s’imaginent refaire bientôt la prise de la Bastille. Mais ce sympathique carnaval ne peut m’impressionner : il a conduit partout, depuis dix ans et plus, à de terribles défaites, payées très chères par les peuples. En effet, les « mouvements » de la dernière séquence historique, de l’Egypte et du « printemps arabe » à Occupy Wall Street, de ce dernier à la Turquie des grandes places, de cette Turquie à la Grèce des émeutes, de la Grèce aux indignés de tous bords, des indignés à Nuit Debout, de Nuit Debout aux Gilets Jaunes, et bien d’autres encore, semblent très ignorants des lois réelles et implacables qui gouvernent aujourd’hui le monde. Passés les grisants mouvements et rassemblements, les occupations de toutes sortes, ils s’étonnent que la partie soit si dure, et que toujours on échoue, voire même qu’on a, chemin faisant, consolidé l’adversaire. Mais la vérité est qu’ils n’ont même pas constitué le début d’un antagonisme réel, d’une autre voie, à portée universelle, au regard du capitalisme contemporain.

      Rien n’est plus important, dans le moment actuel, que d’avoir présentes à l’esprit les leçons de cette séquence des « mouvements », gilets jaunes compris. On peut les résumer en une seule maxime : un mouvement dont l’unité est strictement négative, ou bien échouera, donnant le plus souvent une situation pire que celle qui sévissait à son origine, ou bien devra se diviser en deux, à partir du surgissement créateur, en son sein, d’une proposition politique affirmative qui soit réellement antagonique à l’ordre dominant, proposition soutenue par une organisation disciplinée.

      Tous les mouvements des dernières années, quelle que soit leur localisation et leur durée, ont suivi une trajectoire pratiquement similaire et en vérité catastrophique :
      –- unité initiale constituée strictement contre le gouvernement en place. C’est le moment qu’on peut dire « dégagiste », de « Moubarak dégage » à « Faire la fête à Macron »
      –- unité maintenue par un mot d’ordre complémentaire lui-même exclusivement négatif, après un temps de bagarres anarchiques, quand la durée commence à peser sur l’action de masse, mot d’ordre du genre « à bas la répression », « à bas les violences policières ». Le « mouvement », alors, faute de contenu politique réel, ne se réclame plus que de ses blessures ;
      –- unité défaite par la procédure électorale, quand une partie du mouvement décide d’y participer, une autre non, sans qu’aucun contenu politique véritable ne soutienne ni la réponse positive, ni la négative. Au moment où j’écris ces lignes, la prévision électorale ramène Macron à ses scores antérieurs au mouvement des gilets, le total de la droite et de l’extrême droite à plus de 60%, et le seul espoir de la gauche défunte, la France Insoumise, à 7%.
      –- D’où : venue au pouvoir, par les élections, de pire qu’avant. Soit que la coalition déjà en place les remporte, et ce de façon écrasante (ce fut le cas en Mai 68 en France) ; ou qu’une formule « nouvelle » en fait étrangère au mouvement et fort peu agréable soit victorieuse (en Egypte, les frères musulmans, puis l’armée avec Al Sissi ; Erdogan en Turquie) ; ou que les gauchistes en parole soient élus mais capitulent aussitôt sur le contenu (Syriza en Grèce) ; ou que l’extrême droite soit à elle seule victorieuse (le cas de Trump aux USA) ; ou qu’un groupe issu du mouvement s’acoquine avec l’extrême droite pour s’installer dans le fromage gouvernemental (le cas italien, avec l’alliance du mouvement cinq étoiles et des fascistoïdes de la ligue du nord). Remarquons que ce dernier cas a ses chances en France, si parvient à fonctionner une alliance d’une organisation prétendument venue des « gilets jaunes » et de la secte électorale de Marine Le Pen.

      Tout cela parce qu’une unité négative est hors d’état de proposer une politique, et sera donc en définitive écrasée dans le combat qu’elle engage. Mais pour proposer un au-delà de la négation, encore faut-il identifier l’ennemi, et savoir ce que signifie de faire réellement autre chose que lui, absolument autre chose. Ce qui implique a minima une connaissance effective du capitalisme contemporain à échelle mondiale, de la place décadente qu’y occupe la France, des solutions de type communiste concernant la propriété, la famille (l’héritage) et l’Etat, des mesures immédiates mettant en route ces solutions, comme aussi un accord, venu d’un bilan historique, des formes d’organisation appropriées à ces impératifs.

      Pour assumer tout cela, seul une organisation ressuscitée sur des bases nouvelles peut rallier, en quelque sorte au futur, une partie des classes moyennes en déroute. Il est alors possible, comme l’écrit Marx, que [la classe moyenne] agisse révolutionnairement, par crainte de tomber dans le Prolétariat  : ils défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels  ; ils abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.

      Il y a là une indication précieuse, qui autorise une conclusion partiellement positive, mais sur un point essentiel : il existe sans doute une gauche potentielle du mouvement des gilets jaunes, une très intéressante minorité : celle que constituent ceux des activistes du mouvement qui, en fait, découvrent qu’il faut penser leur cause au futur et non au présent, et inventer, au nom de ce futur, leur ralliement à autre chose que leurs revendications statiques sur le pouvoir d’achat, les taxes, ou la réforme de la constitution parlementaire.
      On pourrait dire alors que cette minorité peut constituer une part du peuple réel, soit le peuple au sens où il porte une conviction politique stable, incarnant une voie réellement antagonique à la contre-révolution libérale.

      Bien sûr, sans incorporation massive des nouveaux prolétaires, les gilets jaunes ne peuvent représenter, tels quels, « le peuple ». Ce serait le réduire, ce peuple, à la nostalgie de la partie la plus démunie de la classe moyenne pour son statut social en perdition. Pour être, aujourd’hui, en politique, « le peuple », il faut que la foule mobilisée comporte un contingent fort et central du prolétariat nomade de nos banlieues, prolétariat venu d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est, d’Amérique latine ; il faut qu’elle affiche des signes clairs de rupture avec l’ordre dominant. D’abord dans les signes visibles, comme le drapeau rouge à la place du tricolore. Ensuite dans ce qui est dit, comme des tracts et des banderoles porteurs de directives et d’affirmations antagoniques à cet ordre. Ensuite encore, dans les exigences minimales qu’il faut clamer, par exemple l’arrêt total des privatisations et l’annulation de toutes celles qui ont eu lieu depuis le milieu des années quatre-vingt. Il faut avoir comme idée maîtresse le contrôle collectif sur tous les moyens de production, tout l’appareil bancaire, et tous les services publics (santé, éducation, transports, communication). Bref, le peuple politique ne peut se contenter, pour exister, de rassembler quelques milliers de mécontents, fussent-ils, ce que je crois, cent mille, et de réclamer d’un Etat — déclaré par ailleurs, à juste titre, détestable — qu’il veuille bien vous « considérer », organiser pour vous des référendums (lesquels, par exemple ?), entretenir quelques services de proximité et remonter un peu votre pouvoir d’achat en diminuant vos impôts.

      Mais passées les exagérations, les rodomontades, le mouvement des gilets jaunes peut être très utile dans l’avenir, comme le dit Marx : du point de vue de son futur. Si en effet nous nous tournons vers cette minorité d’activistes du mouvement des gilets jaunes qui, à force de se réunir, d’agir, de parler, ont compris en quelque sorte de façon intuitive qu’il leur fallait acquérir une vision d’ensemble, à échelle mondiale comme française, de ce qui est la source véritable de leur malheur, à savoir la contre-révolution libérale ; et qui par conséquent sont prêts à participer aux étapes successives de la construction d’une force de type nouveau ; alors, ces gilets jaunes, pensant à partir de leur futur ; contribueront sans aucun doute à l’existence, ici, d’un peuple politique. C’est pourquoi nous devons leur parler, et s’ils y consentent, organiser avec eux des réunions où se constitueront les premiers principes de ce qu’on peut appeler, ce qu’on doit appeler pour être clair, même si le mot est devenu, ces trente dernières années, à la fois maudit et obscur, un communisme, oui, un communisme nouveau. Comme l’expérience l’a montré, le rejet de ce mot a aussi bien donné le signal d’une régression politique sans précédent, celle-là même contre se lèvent, sans trop le savoir, tous les « « mouvements » de la dernière période, y compris ce qu’il y a de meilleur dans les « gilets jaunes » : les militants qui espèrent un nouveau monde.
      Pour commencer, ces nouveaux militants soutiendront ce que je crois être indispensable : créer, partout où on le peut, des grandes banlieues aux petites villes désertées, des écoles où les lois du Capital et ce que veut dire les combattre au nom d’une orientation politique totalement différente, soient enseignées et discutées de façon claire. Si au-delà de l’épisode « gilets jaunes contre Macron blanc », mais porté par ce que cet épisode avait au futur de meilleur, un tel réseau d’écoles politiques rouges pouvait voir le jour, le mouvement, par son indirecte puissance d’éveil, s’avèrerait avoir eu une véritable importance.

    • Considérer les professions intermédiaires uniquement à l’aune de la France est une erreur monumentale, actuellement, et oui, il s’agit bien de la classe moyenne à l’échelle mondiale. Et les Macron, Trump et autres Poutine gouvernent, ou plutôt dirigent, à l’échelle mondiale, eux, dans les sillons des multinationales.

  • Acapatzingo, communauté autonome urbaine
    Un monde nouveau au cœur de l’ancien (I)

    Raúl Zibechi

    https://lavoiedujaguar.net/Acapatzingo-communaute-autonome-urbaine-Un-monde-nouveau-au-coeur-de

    L’autonomie est la façon de faire utilisée par les communautés en résistance ; la communauté est la forme politique qu’adoptent les gens d’en bas pour changer le monde. Pour illustrer cette hypothèse, j’essaie de reconstruire une petite partie du vaste mouvement populaire urbain de Mexico après 1968, étant entendu que l’autonomie est un processus inachevé et inachevable, jamais un point d’arrivée, plutôt une série de passages et de devenirs, de parcours que l’on ne peut reconnaître à des déclarations ou des programmes mais aux traces laissées par les actes quotidiens.

    À mes yeux, la communauté d’habitations Acapatzingo constitue l’une des plus formidables expériences d’autonomie urbaine d’Amérique latine, tant par la profondeur de sa construction communautaire que par la durée de cette dernière, sa vocation à transformer l’ensemble de la société, et sa résistance obstinée au pouvoir des autorités fédérale et municipale. J’aimerais souligner certains aspects qui peuvent aider à appréhender cette expérience singulière, à comprendre son origine, le chemin parcouru, les solutions de facilité évitées et les options retenues. En résumé, le terrible effort que suppose tout processus d’autonomie impliquant, inévitablement, la volonté de ne pas se soumettre aux institutions. (...)

    #Amérique_latine #Mexique #Mexico #autonomie #expérience_urbaine #logement #caciquisme #Manuel_Castells #EZLN

  • Deux interventions télé du 25/02
    • Dominique de Villepin sur France Inter
    • Maurice Lemoine sur RT France

    VIDEO. Venezuela : une intervention militaire extérieure serait « catastrophique » selon Dominique de Villepin
    https://www.francetvinfo.fr/monde/venezuela/video-venezuela-une-intervention-militaire-exterieure-serait-catastroph

    « Je connais l’immense allergie du peuple vénézuélien vis-à-vis de toute interférence américaine », a déclaré lundi 25 février sur France Inter l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui a vécu au Venezuela. « C’est le pays d’Amérique latine qui est le plus marqué de ce point de vue-là », assure-t-il.

    Selon lui, une intervention militaire, que ne l’exclut pas le président américain Donald Trump, serait « catastrophique » : Nicolas Maduro « tient l’armée, une partie de la population et des groupes paramilitaires importants, les ’colectivos’. Le risque d’un bain de sang est là », analyse Dominique de Villepin sur France Inter. "Donald Trump joue avec les mots et joue avec le feu."

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    Venezuela : la situation peut-elle encore s’envenimer ? - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=EZArYOqSJSE

    Entretien du 25/02/2019 avec Maurice Lemoine, journaliste spécialiste de l’Amérique latine. Pour RT France, il revient sur la situation au Venezuela alors qu’une intervention américaine semble imminente.

  • Vivre de la terre (3/4) : Redistribuer la terre : une utopie ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/vivre-de-la-terre-34-redistribuer-la-terre-une-utopie


    Championne des inégalités agraires selon un rapport d’Oxfam, l’Amérique latine se distingue par l’ultra-concentration de ses terres. Le XXe siècle a connu de nombreuses tentatives infructueuses de réformes agraires. Pourquoi semble-t-il impossible d’y concevoir une répartition équitable des terres ?

    Intervenants
    Michel Merlet
    ingénieur agronome, directeur de l’association AGTER.

    Jacobo Grajales
    maître de conférences en science politique à l’Université de Lille et membre du CERAPS.

    Nancy Andrew
    chercheuse associée au LAM, socioliogue du développement rural et spécialiste de la question foncière en Afrique australe.

  • Amérique latine, l’année de tous les dangers | ARTE

    Ce soir à 23h45 et sur le site jusqu’au 19/04/19.

    https://www.arte.tv/fr/videos/078742-000-A/amerique-latine-l-annee-de-tous-les-dangers

    Pourquoi la gauche subit-elle aujourd’hui des revers retentissants en Amérique latine ? Marco Enriquez-Ominami, candidat socialiste malheureux à la présidentielle chilienne en 2017, interroge le Bolivien Evo Morales, le Vénézuélien Nicolas Maduro, l’Équatorien Rafael Correa, l’Uruguayen José Mujica et la Brésilienne Dilma Rousseff.

    Défaite cinglante au Venezuela, virage à droite en Argentine, à l’extrême droite au Brésil, manifestations d’opposition en Équateur, fin de règne à Cuba... : après une vague de succès fulgurants en Amérique latine, à l’aube du XXIe siècle, la gauche est à la peine et subit aujourd’hui des revers retentissants. Comment comprendre les difficultés qui l’accablent ? Candidat malheureux à l’élection présidentielle chilienne de 2017, Marco Enriquez-Ominami, héritier spirituel de ce courant progressiste, interroge ce bilan trouble et controversé. En allant à la rencontre de ses aînés, amis, modèles ou mentors – le Bolivien Evo Morales, le Vénézuélien Nicolas Maduro, l’Équatorien Rafael Correa, l’Uruguayen José Mujica, la Brésilienne Dilma Rousseff... –, parviendra-t-il à tirer les leçons de l’histoire ?

    Instabilité
    Au tournant du XXIe siècle, l’Amérique latine a connu un extraordinaire cycle de croissance économique et de développement social. Ce mouvement massif a radicalement changé le paysage et donné lieu à l’instauration d’une culture démocratique durable, à la mise en place d’États de droit, à une redistribution des richesses qui a fait reculer de manière impressionnante la pauvreté, à l’émergence de nouveaux leaders politiques. Mais, depuis quelques années, cette ère glorieuse a cédé la place à une période de grande instabilité. Depuis 2016, les politiques de ces dirigeants sont remises en question par les citoyens mêmes qui les avaient portés au pouvoir ; le gong marquant la fin des politiques de gauche de l’Amérique latine a sonné. La crise politique dans laquelle se sont englués plusieurs pays montre que les politiques hier opérantes ne sont plus adaptées aux défis qui s’annoncent. Comment éloigner les démons de la dictature ? Comment enrayer durablement la misère et les inégalités si profondément ancrées dans cette région ? Un tour d’horizon géopolitique qui questionne le passé pour mieux appréhender l’avenir.

  • Des changements en vue au #Guatemala ?
    https://www.cetri.be/Des-changements-en-vue-au

    En 2019, on vote au Guatemala. L’occasion de mettre en cause la perpétuation d’un modèle de développement inégalitaire et prédateur qui repose sur les discriminations et le pillage de l’environnement ? Peu probable. Des pas importants ont toutefois été franchis ces dernières années dans la lutte contre la corruption et l’impunité. Les prémices peut-être d’un renversement de tendances. Si le Guatemala éblouit par la beauté de ses gens, la diversité de ses peuples, le tracé de ses paysages, il révolte par la (...)

    #Le_regard_du_CETRI

    / #Le_regard_du_CETRI, #Le_Sud_en_mouvement, #Analyses, Guatemala, Amérique latine & Caraïbes, (...)

    #Amérique_latine_&_Caraïbes #Election

    • Ce qui laisse pantois dans la posture assumée par plusieurs capitales européennes – Berne se maintient pour sa part neutre –, c’est l’emballement à qualifier de « non légitime » le pouvoir en place à Caracas. Alors que ces gouvernements ne cessent de signer des accords commerciaux et militaires avec des régimes qui n’ont pas une once de fonctionnement démocratique. Cela sans oublier leur silence assourdissant lors des renversements de Dilma Rousseff au Brésil, de Manuel Zelaya au Honduras ou de Fernando Lugo au Paraguay.

    • On peut ajouter que l’élection (il s’agit de sa réélection l’année dernière avec entrée en fonction le 10 janvier 2019) de Maduro est peut-être contestable, elle n’est pas illégitime. D’autant plus qu’à l’époque l’opposition s’était – encore une fois – déchirée, n’arrivant pas à organiser un boycott unanime…

      Le véritable coup d’état a eu lieu en août 2017 (cf. mon historique de la crise actuelle https://seenthis.net/messages/755401 ) et à l’époque, les gouvernements occidentaux avaient simplement appelé la Constituante, élue de façon contestable, avec cette fois un boycott total de l’opposition, mais surtout totalement illégitime à s’auto-attribuer les pouvoirs de l’Assemblée nationale, à – justement ! – respecter les accords existants…

  • Trump n’exclut pas une intervention américaine au Venezuela
    https://www.latribune.fr/economie/international/trump-n-exclut-pas-une-intervention-americaine-au-venezuela-806171.html

    Dimanche, lors d’un entretien télévisé, Donald Trump n’excluait pas l’envoi de troupes américaines au Venezuela

    L’envoi de troupes américaines au Venezuela n’est pas exclu, dit Donald Trump dans un entretien diffusé dimanche par CBS. "C’est certainement une option", dit le président des États-Unis dans les extraits diffusés par la chaîne. Washington, qui conteste sa légitimité, a reconnu Juan Guaido, chef de file de l’opposition et président de l’Assemblée nationale, en tant que chef de l’État par intérim.

    La Russie, la Chine et la Turquie continuent de soutenir le dirigeant socialiste, qui bénéficie toujours de l’appui, primordial, des forces armées vénézuéliennes. Important bailleur de fonds du Venezuela ces dernières années et allié de Nicolas Maduro, la Russie a appelé dimanche à la retenue.

    « L’objectif de la communauté internationale doit être d’aider (le Venezuela) sans ingérence destructrice de l’étranger », a estimé Alexandre Chtchetinine, directeur du département Amérique latine au ministère russe des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Interfax.

    Surprise !

  • Venezuela : la cohésion de l’UE se fracasse sur le cas Caracas - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/02/03/venezuela-la-cohesion-de-l-ue-se-fracasse-sur-le-cas-caracas_1707220

    La décision prise par une #minorité des 28 pays membres de l’#UE marque une rupture. Jusqu’à présent, toutes les prises de position sur la crise vénézuélienne relevaient du #consensus. Il s’agissait de #sanctions économiques contre un régime accusé de ne pas respecter le jeu démocratique en muselant l’opposition, ou de gel des avoirs bancaires de personnalités soupçonnées de corruption ou de malversations. Désormais, l’#Europe, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres enjeux de politique étrangère, est désunie. D’un côté, la #bande_des_six qu’on peut comparer au #groupe_de_Lima, qui réunit les pays d’Amérique latine proches de la #diplomatie des #Etats-Unis.

    De l’autre, des Etats qui privilégient le principe de #non-ingérence, [...]

  • Beauté des femmes, normes, sacrifices
    Femmes à travers l’Histoire : « sois laide et tais-toi ! »

    https://information.tv5monde.com/terriennes/femmes-travers-l-histoire-sois-laide-et-tais-toi-278816

    Dès le début, cela commence mal, très mal, pour les femmes.

    Dans Hippolyte, la pièce d’Euripide, ce contemporain de Socrate écrit sans ciller : "La femme est un mal. Le père qui l’a engendrée et nourrie lui adjoint une dot. L’époux qui prend dans sa maison ce parasite s’amuse à parer la méchante idole et se ruine aux belles toilettes, le malheureux détruisant peu à peu le bien de sa famille (...) Soyez maudites. Jamais je ne pourrai rassasier ma haine contre les femmes (...) Elles ne cessent de faire le mal".

    Claudine Sagaert, sociologue et professeur de philosophie explique : "Dès la Grèce antique, ce n’est pas telle ou telle femme qui est jugée laide, c’est LA femme. On voit se mettre en place une conception de la femme laide qui va partir d’une dimension physiologique. De cette dimension physiologique, on va en déduire une dimension négative du point de vue intellectuel et du point de vue moral".

    Dans son ouvrage Histoire de la laideur féminine (Imago édition) l’auteure passe en revue, explique et décortique les anathèmes qui touchent les femmes laides. Claudine Sagaert s’est appuyée sur des textes philosophiques, médicaux et littéraires.
    Pour un résultat assez stupéfiant.
    Femmes, "Vomissures de la terre"
    Les siècles qui passent ne calment pas les choses. Bien au contraire.
    la sorcière est souvent assimilée à une femme hideuse, résultat d'un commerce avec le diable
    la sorcière est souvent assimilée à une femme hideuse, résultat d’un commerce avec le diable

    Jean Baptiste Louis de Thesacq, médecin français du XVIIIe siècle, affirme : "dire du mal des femmes a été, pour le Moyen Âge, comme pour l’Antiquité, un des lieux communs de la littérature".

    La toute puissante Eglise catholique fait mieux que cela : elle les condamne. Si Marie, mère de Jésus, représente pour les chrétiens la pureté absolue (la voici enceinte bien que n’ayant jamais eu de rapport sexuel avec Joseph, son mari), Eve, mère de l’humanité, incarne à jamais la tentation (elle a mordu, la fourbe, dans le fruit défendu au jardin d’Eden).

    Et surtout, gare aux femmes laides ! Bernardin de Sienne, franciscain prédicateur du XVème siècle, va jusqu’à les traiter de "vomissures de la terre" !
    La laideur au couvent
    Dans son ouvrage, Claudine Sagaert nous rappelle qu’au Moyen-Âge la jeune femme qui souffre d’une disgrâce est envoyée illico dans un couvent tant sa présence au sein
    Nonnes dînant en silence, tout en écoutant la lecture de la Bible (<em>Humilité</em>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_Lorenzetti&quot ; title="Pietro Lorenzetti">Pietro Lorenzetti</a>, 1341
    Nonnes dînant en silence, tout en écoutant la lecture de la Bible (Humilité, Pietro Lorenzetti, 1341
    Wikipedia
    de la famille est perçue comme une insulte. Une femme laide "n’a pas sa place dans le monde, elle y est comme déplacée". Et même au couvent, à l’abri du monde, elle continue de déranger : "Les ecclésiastiques se plaignaient amèrement que les pères marient leurs filles les plus gâtées et abandonnent au Seigneur les plus laides". Pas très catholique pour des hommes d’Eglise...

    La femme laide suscite un rejet, parfois de la haine, jamais de l’indifférence. Elle est une tâche, un rebut, une erreur de casting dans la grande mise en scène de la société, le long métrage de l’existence.
    Forcément encombrante puisque non désirée, non charnelle, non "fécondable", elle doit vivre avec une honte originelle et, surtout, ne pas se faire remarquer, s’effacer autant que possible.

    L’intelligence lui est refusée, la sexualité défendue. Elle est une ennemie désagréable pour tous les hommes mais aussi, pour les femmes, la projection pénible d’un cauchemar vivant.

    Pourquoi ne t’achètes-tu donc pas une paire de lunettes, espèce de laide et vieille salope ?

    Des voyous insultant la chanteuse Susan Boyle
    "La vieille fille laide à sa fenêtre"

    Parmi ces bannies, citons encore "les vieilles filles", un terme qui, selon l’auteure, "indique déjà qu’elle n’est pas une femme. Genre hybride, elle est une fille déjà vieille. Elle n’a donc pas de réel statut". Et de citer plusieurs auteurs, et non des moindres, qui trempèrent leur plume dans la plus acide des encres pour évoquer leur existence.
    Alexandre Dumas : "A l’annonce de la vieille fille, il eût fallu voir les hochements de tête, les grimaces, les sourires de commisération ou de raillerie (..) tous enfin bâtissaient sur ce seul mot de vieille fille un échafaudage de conjectures fâcheuses".
    <em>"Quand il y a une vieille fille dans une maison, les chiens de garde sont inutiles : il ne s&#039;y passe pas le moindre événement qu&#039;elle ne le voie, ne le commente et n&#039;en tire toutes les conséquences" </em>écrit Balzac.
    "Quand il y a une vieille fille dans une maison, les chiens de garde sont inutiles : il ne s’y passe pas le moindre événement qu’elle ne le voie, ne le commente et n’en tire toutes les conséquences" écrit Balzac.
    Pixabay

    Octave Mirbeau :" Elle était fort laide, si laide que personne jamais ne l’avait demandée en mariage, malgré ses six mille livres de rente. (...) Elle avait, en m’embrassant furieusement, des gestes si durs, des mouvements si brusques, que je préférais encore qu’elle me pinçât le bras". Balzac : "Il n’y a rien de plus horrible à voir que la matinale apparition d’une vieille fille laide à sa fenêtre
    Zola et "les repoussoirs"
    Il y a aussi la redécouverte de cette étonnante nouvelle signée Zola, Les repoussoirs.
    Un industriel à l’idée un tantinet cruelle d’inventer un nouvel "article de toilette". Il charge plusieurs courtiers de "recruter" des femmes particulièrement laides dans Paris.
    L&#039;écrivain Emile Zola
    L’écrivain Emile Zola
    (Domaine public)

    L’industriel ne retient que "les faces décourageantes, celles qui glacent par leur épaisseur et leur bêtise". Il va louer leur laideur. Les bourgeoises se précipitent.

    Accompagnées de ces laiderons, elles voient leur beauté aussitôt rehaussée et cet étrange attelage dans les rues est censé séduire les hommes. L’affaire rencontre un grand succès.
    L’écrivain précise : "Le bureau était entouré de clientes qui choisissaient chacune son repoussoir et l’emportaient avec une joie féroce".

    Emile Zola, loin de jubiler sur le sort de ces "repoussoirs" dénonce là l’immense solitude de ces femmes laides. Il condamne cet argent qui peut tout acheter, jusqu’à la dignité des êtres. Lucide, l’écrivain conclut : "Qu’importe au progrès une femme qui souffre ! L’humanité marche en avant."

    Visionnaire Zola...

    Le combat des laides a été celui de toutes celles qui, par leur engagement, se sont autorisées à être fécondes autrement que par leur ventre.

    Claudine Sagaert
    "Le féminisme dénature la femme"
    La féministe occupe une place de choix dans cette farandole de l’exclusion. Ses activités, la défense de la femme et la légitime revendication de ses droits, ne peuvent que la rendre laide. L’auteure note : "Elle s’intéresse à autre chose qu’aux hommes et à leurs désirs. Ainsi, le féminisme dénature la femme, la précipite dans la laideur".

    Dès lors, il
    Le journal satirique <em>L&#039;assiette au beurre</em> du 18 septembre 1909, intitulée "Féminisme et féministes".
    Le journal satirique L’assiette au beurre du 18 septembre 1909, intitulée "Féminisme et féministes".
    s’agit de caricaturer les féministes avec une outrance souvent délirante.
    L’enjeu est de rire mais, surtout, ne pas leur permettre d’accéder au pouvoir politique. Lui seul autoriserait une amélioration du droit des femmes.
    Inadmissible.

    Les féministes sont donc osseuses, odieuses, grimaçantes, non désirables, mais aussi sans scrupule. Ces suffragettes obéissent, pour reprendre l’expression d’un propagandiste franquiste, à une "compensation de frustration hormonale".

    Délicat.

    On ne leur reconnaît à ces féministes (forcément hystériques) aucune intelligence particulière. Elles s’acharnent à vouloir braconner sur des terres interdites.
    Pour les femmes, de toutes les façons, il n’y a guère d’échappatoire. "Belle, la femme est idiote, intelligente, elle est laide", écrit Claudine Sagaert. En somme, le combat des laides a été celui de toutes celles qui, par leur engagement, se sont autorisées, au sens fort du terme, à être fécondes autrement que par leur ventre".


    Le cas Susan Boyle
    L’ouvrage balaie aussi notre époque. Il évoque brièvement le cas emblématique de Susan Boyle. Souvenons-nous. Cette artiste au physique hors norme participe en 2009 au télé-crochet anglais "Britain’s got talent". Lorsqu’elle se présente sur scène, quelques sifflets
    L&#039;actrice et chanteuse Rossy de Palma à Cannes en 2015. Elle est l&#039;une des artistes favorites du réalisateur Pédro Almodovar.
    L’actrice et chanteuse Rossy de Palma à Cannes en 2015. Elle est l’une des artistes favorites du réalisateur Pédro Almodovar.
    Georges Biard, CC BY-SA 3.0 (commons.wikimedia.org)
    fusent et la caméra capte les regards dégoûtés parmi le public. Une cascade de rires accompagne l’aveu de son âge (47 ans). Tout cela s’éteint quelques minutes plus tard quand s’élève sa voix, pure, puissante, indiscutable. A la stupéfaction générale, Susan Boyle semble révéler au monde tout entier qu’on peut être laide et talentueuse.

    Elle accède au rang de star et ses albums, du jour au lendemain, se vendent par millions.
    Mais la célébrité planétaire n’immunise pas contre la bêtise.

    En juin 2017, des voyous s’en prennent à la chanteuse quand, un jour, elle est assise tranquillement dans un bus. Un témoin raconte au quotidien The Telegraph : “Une dizaine ou une quinzaine d’entre eux l’ont cernée et ont commencé à lui lancer des objets. Ils ont mis le feu à un morceau de papier et lui ont jeté au visage. Susan Boyle gagne la sortie sous les insultes qui continuent de pleuvoir : "Pourquoi ne t’achètes-tu donc pas une paire de lunettes, espèce de laide et vieille salope ?"

    Rossy de Palma, l’actrice révélée par le cinéaste espagnol Pedro Amodovar a eu, elle aussi, à souffrir des quolibets durant son enfance. Mais de son physique à nul autre pareil, elle a fait une force. Lors d’un entretien au magazine Paris-Match, elle confiait : "J’avais hâte de quitter l’école, je croyais ainsi pouvoir échapper à la bêtise. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme je le pensais. Je me suis rendu compte que la vie est une grande cour de récréation qu’on ne quitte jamais."

    <em>"La laideur physique n&#039;est pas signe de laideur morale" </em>rappelle Claudine Sagaert
    "La laideur physique n’est pas signe de laideur morale" rappelle Claudine Sagaert
    (Pixabay)
    Un narcissisme industriel
    Notre époque, avec cette mode hystérique des selfies, cette mise à disposition volontaire et à volonté de son image, ce narcissisme quasi industriel exclut, de facto, celles et ceux qui ne répondront jamais aux critères de beauté en vigueur (grands yeux, petit nez, petit menton, bouche charnue, pommettes larges et hautes etc.).
    Sans parler des personnes obèses, anorexiques. "Chacun dans la société contemporaine est ainsi reconnu responsable de son corps et de son visage", appuie Claudine Sagaert "La femme est restée femme grâce à son apparence. On l’appréhende toujours de ce point de vue". Bien entendu, aujourd’hui, personne n’impose à la femme d’être belle, il n’y a pas de dictateur mais disons que c’est un "dictateur intériorisé". La femme ne doit pas avoir de ride, être en surpoids, elle doit soigner son apparence, au risque d’être coupable. On va lui attribuer un certain nombre de défauts : elle manque de volonté, elle est irrespectueuse envers elle-même et envers les autres, etc. Il y a, à notre époque, une normalisation de l’apparence, qui est extrême, et cela dans le monde."
    (Pixabay)

    Dans le monde, vraiment ? " Ecoutez, j’ai vécu six ans au Brésil et ce qui m’a vraiment questionnée dans les pays d’Amérique Latine, c’est que toute la représentation dans la publicité, ce sont des femmes blanches, blondes et souvent très minces. Vous imaginez dans un pays comme le Mexique et le Pérou, où les gens sont typés ? Ca ne correspond pas du tout à leur physionomie ! Quelque part, cela provoque un déni d’identité. Il y a aussi les Asiatiques qui se font débrider les yeux, les Africains et Africaines qui se font blanchir la peau. On comprend que les normes sont extrêmement bien ancrées. Ce qui est plus grave, c’est que l’individu lui-même, dès lors, ne se sent pas à la hauteur. Il sait que dans le domaine de l’emploi, des rapports amoureux, si son apparence ne correspond pas à un certain type de diktat, eh bien il ne sera pas recruté, ou il aura moins de chance lors de relations amoureuses ".

    L’apparence obéit à une mécanique infernale. Et si une femme se trouve un jour frappée de disgrâce, il peut lui arriver d’endosser une sombre culpabilité. Parce que la société la juge responsable de son physique. La voici tout à coup honteuse d’elle-même. "Victime, elle considère paradoxalement ces critiques comme justifiées, elle les intègre au point d’oeuvrer à sa propre dévalorisation".
    Infernal.

  • Francis Dupuis-Déri : « Les hommes sont en crise dès que les femmes avancent vers plus d’égalité et de liberté » - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/01/francis-dupuis-deri-les-hommes-sont-en-crise-des-que-les-femmes-avancent-

    Quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu, la règle semble immuable : dès que les femmes s’affranchissent un tant soit peu des rôles qui leur sont assignés, les hommes se déclarent perdus, déstabilisés, en danger… Le chercheur québécois déconstruit ce mythe qui est avant tout une manipulation rhétorique pour préserver la domination masculine.

    • Francis Dupuis-Déri : « Les hommes sont en crise dès que les femmes avancent vers plus d’égalité et de liberté »
      Erwan Cario, Libération, le 1 février 2019
      https://www.liberation.fr/debats/2019/02/01/francis-dupuis-deri-les-hommes-sont-en-crise-des-que-les-femmes-avancent-

      Quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu, la règle semble immuable : dès que les femmes s’affranchissent un tant soit peu des rôles qui leur sont assignés, les hommes se déclarent perdus, déstabilisés, en danger… Le chercheur québécois déconstruit ce mythe qui est avant tout une manipulation rhétorique pour préserver la domination masculine.

      Qui a écrit : « Les femmes sont devenues si puissantes que notre indépendance est compromise à l’intérieur même de nos foyers, qu’elle est ridiculisée et foulée aux pieds en public » ? Non, pas Eric Zemmour, mais Caton l’Ancien, en 195 avant J.-C., alors que les Romaines se mobilisaient contre une loi leur interdisant de conduire des chars et de porter des vêtements colorés. Le polémiste réac, lui, constatait en 2006, dans son ouvrage le Premier Sexe, que « face à cette pression féminisante, indifférenciée et égalitariste, l’homme a perdu ses repères ». Vingt-deux siècles n’ont donc pas suffi pour que l’homme, le pauvre, trouve sa place dans une société par trop féminisée. Dans son dernier essaila Crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace, qui sortira jeudi en France (Editions du remue-ménage), Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l’Université du Quebec à Montréal, est remonté aux origines de ce discours pour mettre en lumière ses rouages antiféministes.

      Comment cette crise de la masculinité se définit-elle à travers les âges ?

      C’est tout à fait cyclique, avec une intensification en période de crise politique ou économique. Mais elle a toujours à peu près le même canevas et elle est portée par des hommes qui occupent des positions privilégiées. Il y a cinq siècles, par exemple, au sein des cours royales, en Angleterre et en France, le roi, des évêques et des intellectuels considèrent que les hommes de la cour commencent à avoir des comportements efféminés. En parallèle - et c’est toujours comme ça avec ce discours de crise -, les femmes ne restent pas à leur place. Elles empiètent sur des domaines qui sont considérés comme masculins. C’est très élastique, cela va des modes vestimentaires et des coiffures aux métiers réservés aux hommes, en passant par la vie intime, et comment se comportent les conjointes. Cette crise concerne donc, à une époque donnée, la perception des hommes et la perception des transgressions des femmes. A partir de là, on déclare que les hommes sont déstabilisés, en danger, désespérés, perturbés, perdus, parce qu’ils n’auraient plus de modèle. C’est une rhétorique qui porte fondamentalement sur la différence entre les sexes, elle réaffirme une opposition sociale, une opposition économique, une opposition politique. On veut surtout réaffirmer une suprématie masculine dans ces domaines.

      La crise de la masculinité, c’est donc avant tout une mécanique d’autodéfense pour la domination masculine ?

      Tout à fait. On pourrait faire l’exercice avec d’autres discours de crise. D’une manière générale, quand on dit qu’il y a une crise, on appelle à l’aide et on identifie la source du problème qui doit être neutralisée. Quand c’est un incendie ou une inondation, il n’y a pas de débat politique quant à la nature de la menace, mais quand il s’agit d’un sujet social, culturel, économique ou politique, ça oppose des groupes, des catégories ou des classes entre elles. Dans ce cas-là, donc, les hommes appellent les autorités à agir en leur faveur.

      Le problème n’est donc pas la masculinité en crise, mais les femmes qui cherchent à s’émanciper…

      C’est un des multiples registres des discours antiféministes. Certains vont parler de l’ordre divin qui impose telle répartition des rôles, d’autres auront un discours plus nationaliste, axé sur la natalité, comme à la fin du XIXe et au début du XXe où, en France, il fallait des enfants pour la prochaine guerre. On peut aussi avoir de l’antiféminisme à l’extrême gauche, quand on établit que l’ennemi principal, c’est le capitalisme et que le féminisme divise les forces syndicales ou ouvrières. Ma thèse, c’est donc que la crise de la masculinité est une forme rhétorique spécifique qui s’exprime quand les femmes avancent collectivement vers plus d’égalité et de liberté.

      Ce discours de crise connaît-il une grande variation dans le temps et selon les pays ?

      Je suis politologue et, au quotidien, je travaille surtout sur des pays comme la France, le Québec, un peu les Etats-Unis. Quand j’ai projeté d’approfondir le sujet, je suis allé voir les collègues en histoire et j’ai voulu sortir de l’Occident pour voir ce qui se passe ailleurs. Et, des deux côtés, cela a été pour moi une découverte, basée sur le travail d’autres chercheuses et chercheurs. J’ai été complètement éberlué par ce que je trouvais : ça se répète presque toujours à l’identique, dans l’histoire et sur toute la planète. Sur cinq cents ans, en Occident, à des époques où l’égalité n’était pas d’actualité, et aujourd’hui dans des pays où on ne peut soupçonner une prise de contrôle par les féministes, comme la Russie, le Qatar, ou certains pays d’Amérique latine ou d’Asie, le masculin est toujours en crise. Cela peut presque suffire pour établir qu’il y a quelque chose de fallacieux là-dedans.

      Comment est définie cette masculinité en crise ?

      Ce sont toujours un peu les mêmes clichés et les mêmes raisonnements circulaires. Ce sont d’immenses généralités qui cherchent des références hors contexte, que ce soit Dieu qui nous a faits comme ça, ou la nature, avec la chasse au mammouth et la préhistoire, ou la biologie, avec la taille des crânes. Selon qui parle et où on se trouve, il y aura toujours une bonne explication. Et les femmes sont toujours comme on veut qu’elles soient : douces, passives, attentives, attentionnées, surtout pas combattantes, car la compétition est évidemment une caractéristique masculine. Ce qui est inquiétant dans cette conception, c’est que s’il y a un conflit entre les deux sexes, on annonce déjà qui va gagner, puisque le combat et la force ne sont que d’un seul côté. Le comble de l’absurde, c’est qu’on va finir par associer le principe même de l’égalité à la féminité et celui de la hiérarchie et de la structuration organisationnelle à la masculinité. Donc l’égalité provoque mécaniquement une crise de la masculinité, ce qui est incroyable au niveau politique, et ce qui ne laisse pas beaucoup d’espoir.

      Vous expliquez que le discours actuel de la crise de la masculinité prend naissance dans les années 60 avec l’apparition de groupes d’hommes proféministes…

      C’est surtout en termes de réseaux et d’organisation que ça se passe, ce ne sont pas nécessairement les mêmes individus. A cette époque, les féministes radicales s’organisent en groupes de conscience où elles se retrouvent, en non-mixité, à déconstruire leur propre socialisation. Elles commencent d’ailleurs à critiquer sérieusement les réseaux d’extrême gauche comme étant machistes et sexistes. Mais dans ces réseaux, il y a des hommes solidaires qui se disent « qu’est-ce qu’on peut faire pour soutenir ce mouvement ? ». Par effet de mimétisme, ils vont créer des groupes, non mixtes, d’hommes très progressistes en solidarité avec le mouvement féministe. Le problème c’est que, rapidement, ils commencent à développer des discours de moins en moins solidaires avec les femmes et de plus en plus préoccupés par leur nombril. Ils commencent par retourner la réflexion sur eux-mêmes, dans une perspective antisexiste, en parlant du système d’oppression des normes patriarcales sur les hommes. Rapidement, ils vont parler de leurs ex, de leurs conjointes, de leurs mères, etc. Les hommes proféministes vont finalement se retrouver minoritaires. A partir de ce moment, certaines organisations vont commencer à parler uniquement de la question de la paternité. On finit, dans certains congrès, par avoir des ateliers pour trouver un bon avocat ou un bon détective privé destinés aux pères divorcés en conflit au sujet de la garde de leur enfant.

      Sur quoi se base le discours de crise aujourd’hui ?

      Les époques induisent des problématiques particulières. Dans ma recherche, j’ai isolé quatre axes. Le premier, c’est que les hommes ne peuvent plus séduire car les femmes ont pris le contrôle de la sexualité. Le deuxième, c’est la question du suicide des hommes qui est, par exemple, très présente au Québec depuis dix ou quinze ans. Le troisième concerne les difficultés scolaires des garçons, et on termine avec la question de la pension alimentaire et de la garde des enfants qui est directement liée à la question des violences conjugales. En effet, certains prétendent que les femmes « instrumentalisent » ces violences pour obtenir la garde et affirment qu’il y a une symétrie dans la violence entre les sexes, même si celle des femmes serait avant tout « psychologique et verbale ».

      Comment expliquer la facilité avec laquelle ce type de discours se propage ?

      On a l’impression, en surface, que tout ça relève du sens commun. Les gens sont convaincus qu’il y a une crise de la masculinité. On le voit sur les blogs, sur les commentaires d’articles en ligne, ce sont toujours les mêmes arguments qui reviennent. Il est possible très facilement de les déconstruire. Sur l’éducation, par exemple, les inégalités économiques jouent un rôle beaucoup plus important sur la réussite que le sexe des élèves. J’ai découvert, par ailleurs, une citation de John Locke au XVIIe siècle qui se plaint que les garçons réussissent moins bien en apprentissage des langues que les filles…

      Concernant le suicide, on peut remonter à la fin du XIXe siècle et l’étude de Durkheim, où il trouvait, déjà à l’époque, un taux de suicide environ trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

      Vous écrivez que ce mythe est « ridicule et risible, absurde et faux, scandaleux et dangereux »…

      Je voudrais appuyer le terme « dangereux », car c’est un mot que j’ai pesé quand je l’ai écrit. Ce discours de la crise de la masculinité peut aller dans certains cas jusqu’à la glorification de l’assassinat et des meurtres de masse de femmes pour se venger de cette crise qu’elles feraient subir aux hommes, comme avec les attentats en Amérique du Nord des involontary celibats, les incels (1), qui vont jusqu’à tuer car ils n’auraient pas eu une sexualité qui leur reviendrait de droit. Il faut aussi toujours déconstruire ces discours sur la symétrie des violences, car on voit même, aux Etats-Unis, des plaintes déposées contre les refuges pour les femmes victimes de violences, en expliquant que c’est discriminatoire car il n’existe pas d’équivalents pour les hommes, et demandant la fin des subventions.

      Finalement, vous dénoncez le mythe et le discours, mais vous l’attendez, cette crise…

      Si on est dans une société injuste, inégalitaire, dominatrice, si on veut mettre en acte des principes de solidarité, d’égalité et de liberté, on ne peut qu’espérer une crise. Et une vraie, cette fois !

      (1) Le dernier en date remonte au 23 avril 2018, à Toronto. Il a fait 10 morts et 14 blessés. Son auteur, Alek Minassian, a publié sur Facebook un message évoquant « la rébellion des incels ».

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