region:europe du sud - est

  • Le plus ancien traitement de minerai de plomb en Europe. Découvertes sur le site de Pietrele sur le Bas Danube, datant du 5ème millénaire avant notre ère.

    Onze contenants biconiques des sites de l’âge du cuivre, provenant des sites de Pietrele et de Blejeşti en Roumanie ont été étudiés à l’aide de la p-XRF. Dans la plupart des cas, des traces de plomb pourraient être mesurées sur leurs surfaces.

    Des échantillons de scories provenant de deux cuves et de l’argile d’une autre ont été analysés à l’aide de méthodes de laboratoire, à savoir la SEM, la DRX, la LIA et la microscopie optique.

    Les contenant étaient évidemment utilisés comme une sorte de creuset dans lequel des restes de scories et du minerai de galène ont été détectés. On ne sait toujours pas quel produit final a été obtenu en fondant de la galène de cette manière. La quantité de ces contenant dans la colonie de Pietrele, leur apparence en tant que biens funéraires à Pietrele et à Vărăști (Roumanie) et leur présence présumée dans un certain nombre d’autres colonies de peuplement de l’âge du cuivre en Roumanie et en Bulgarie montrent l’importance de ce phénomène. Cela devait être une pratique répandue et plus ou moins connue, une part importante des habitudes culturelles au cours d’une période donnée dans le Bas-Danube et probablement même plus loin. Pour la première fois, de vastes expériences sur le minerai de plomb peuvent être présentées dans un horizon chronologique clair, env. 4400–4300 avant notre ère en Europe du Sud-Est.

    The earliest lead ore processing in Europe. 5th millennium BC finds from Pietrele on the Lower Danube
    https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0214218
    https://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?id=10.1371/journal.pone.0214218.g025&size=inline
    https://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?size=inline&id=10.1371/journal.pone.0214218.g005
    #Néolithique #Plomb #Europe_de_l'est

  • L’UE compte sur la Serbie pour bloquer les réfugiés

    Des agents de la Frontex devraient bientôt être déployés en Serbie. L’objectif : sécuriser les frontières extérieures de l’Union européenne contre de nouvelles arrivées de réfugiés. Mais Belgrade espère aussi marquer des points auprès de Bruxelles pour accélérer son intégration...

    En Serbie, on ne s’agite au sujet des migrations illégales qu’en cas d’incident, supposément provoqué par les réfugiés, ou à l’occasion d’un rapport sensationnaliste concernant leur « séjour prolongé » dans le pays. Mais l’annonce du déploiement prochain d’hommes de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, à ses frontières a provoqué l’émoi de la population et des médias.

    Que signifierait donc un accord conclu entre Frontex et la Serbie ? Rien de spécial. La Serbie pourrait ainsi se rapprocher de l’Union européenne en termes de politiques de gestion des migrations. En pratique, cela signifierait seulement qu’aux passages frontaliers, les policiers serbes seraient épaulés par des membres des forces de l’ordre d’un État-membre de l’UE, missionnés par Frontex. Ces derniers seraient mobilisés aux frontières sud de la Serbie, mais aussi à celles de l’Albanie et de la Macédoine, pays des Balkans avec lesquels Frontex a signé un accord identique.

    « Protéger les frontières de l’UE »

    La réponse « rien de spécial » doit néanmoins être considérée moins d’un point de vue administratif que d’un point de vue colonial. Le développement de la coopération avec Frontex ne représente pas seulement la poursuite du dialogue avec l’UE, mais également une sorte de « délégation de sa souveraineté ». Cette délégation ne serait pas forcément inopportune dans une perspective d’intégration, mais le rapport de domination exercé par Bruxelles sur Belgrade laisse peu de marge de manœuvre à la Serbie.

    Les médias serbes ont expliqué que les représentants de Frontex « protégeraient les frontières de l’UE ». Certes, certains secteurs au sein de l’UE sont considérés comme « poreux », mais la vague de réfugiés de 2015 a complètement bousculé la perspective. Les frontières avaient alors été « ouvertes » sur la route des Balkans et le corridor contrôlé, assurant le transit des candidats à l’exil jusqu’à leur destination finale dans l’ouest et le nord de l’UE. La signature de l’accord entre Bruxelles et Ankara en mars 2016 en a marqué la fermeture définitive. Tout le monde pensait alors que le problème des migrations illégales massives serait résolu, mais la contrebande n’a fait que croître tandis que la sécurité des réfugiés et des migrants était davantage mise en danger.

    De nouvelles « zones de sécurité »

    Il y a quelques mois, l’accueil en logements collectifs pour des personnes débutées de leurs demande d’asile dans l’UE a également été évoqué. Les rumeurs selon lesquelles ces centres d’accueil pour demandeurs d’asile seraient construits dans les pays des Balkans ont récemment été confirmées par les sommets des Etats autrichien et allemand. La mise en place de telles structures ne serait pas envisageable en Serbie, qui accueille déjà environ 4000 migrants qui souhaitent poursuivre leur route vers l’UE, soit les 2/3 de ses capacités totales d’accueil (6000 places). La tâche d’empêcher les migrants de pénétrer dans l’UE a été confiée à la Turquie où se trouvent actuellement plus de 3,5 millions de réfugiés syriens.

    Jusqu’à présent, la gestion des réfugiés en Serbie a été clairement définie par les politiques de l’UE relatives aux migrations illégales et en conformité avec l’agenda européen. Dans cette optique, le déploiement de la mission Frontex dans les pays non-européens serait de limiter le déplacement libre des migrants et des réfugiés, sous le prétexte de « lutter contre les migrations illégales ».

    Le temps dira si cet engagement s’inscrit dans la logique du renforcement des Balkans comme « zone de sécurité » entre l’UE et les pays tiers. Une situation similaire s’était produite en 2000. Les « politiques de développement » incitaient l’Albanie, la Macédoine, le Kosovo et la Serbie à « trier » les citoyens avant de les autoriser à voyager dans l’UE. En a résulté en l’adoption des accords de réadmission et de retour. L’action coordonnée entre ces États et l’UE a fait qu’aujourd’hui il n’y a de moins en moins de demandeurs d’asile en provenance de l’Europe du sud-est au sein de l’UE. Reste à savoir si les pays des Balkans sauront ainsi discipliner les personnes qui ne sont pas leurs citoyens, ou si Frontex s’en chargera.

    https://www.courrierdesbalkans.fr/serbie-ue-frontex-refugies

    #Frontex #asile #migrations #frontières #réfugiés #anti-chambre #fermeture_des_frontières #militarisation_des_frontières

    • A contre-courant, #Sarajevo affiche sa solidarité

      Quelque 600 migrants parmi les 8 000 entrés dans le pays depuis le début de l’année sont actuellement en transit dans la capitale.

      La scène est devenue familière. Sur le parking de la gare de Sarajevo, ils sont environ 300 à former une longue file en cette soirée chaude de juillet. S’y garera bientôt une camionnette blanche d’où jailliront des portions des incontournables cevapcici bosniens, quelques rouleaux de viande grillée servis dans du pain rond, accompagnés d’un yaourt. Une poignée de femmes et quelques enfants se mêlent à ces jeunes hommes, venus de Syrie, d’Irak, du Pakistan ou d’Afghanistan et de passage en Bosnie sur la route vers l’Europe de l’Ouest. Environ 600 des 8 000 migrants entrés dans le pays depuis le début de l’année sont actuellement en transit dans la capitale. La majorité est bloquée dans le nord-ouest, en tentant de passer en Croatie.

      « Ici, l’accueil est différent de tous les pays par lesquels nous sommes passés. Les gens nous aident. Ils essaient de nous trouver un endroit où prendre une douche, dormir. Les flics sont corrects aussi. Ils ne nous tabassent pas », raconte un Syrien sur les routes depuis un an. Plus qu’ailleurs, dans la capitale bosnienne, les habitants tentent de redonner à ces voyageurs clandestins un peu de dignité humaine, de chaleur. « Les Sarajéviens n’ont pas oublié que certains ont été eux-mêmes des réfugiés pendant la guerre en Bosnie[1992-1995, ndlr]. Les pouvoirs publics ont mis du temps à réagir face à l’arrivée des migrants, contrairement aux habitants de Sarajevo qui ont d’emblée affiché une solidarité fantastique. Grâce à eux, une crise humanitaire a été évitée au printemps », affirme Neven Crvenkovic, porte-parole pour l’Europe du Sud-Est du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

      En avril, 250 migrants avaient mis en place un campement de fortune, quelques dizaines de tentes, dans un parc du centre touristique de Sarajevo. L’Etat qui paraissait démuni face à cette situation inédite ne leur fournissait rien. « Dès que nous avons vu venir des familles, nous nous sommes organisés. Des gens ont proposé des chambres chez eux, ont payé des locations », raconte une bénévole de Pomozi.ba, la plus importante association humanitaire de Sarajevo. L’organisation, qui ne vit que des dons des particuliers en argent ou en nature, sert actuellement un millier de repas par jour dans la capitale bosnienne et distribue vêtements et couvertures. Lors du ramadan en mai, 700 dîners avaient été servis. Des nappes blanches avaient été disposées sur le bitume du parking de la gare de Sarajevo.

      Non loin de la gare, un petit restaurant de grillades, « le Broadway », est tenu par Mirsad Suceska. Bientôt la soixantaine, cet homme discret apporte souvent des repas aux migrants. Ses clients leur en offrent aussi. Il y a quelques semaines, ils étaient quelques-uns à camper devant son établissement. Un groupe d’habitués, des cadres qui travaillent dans le quartier, en sont restés sidérés. L’un d’eux a demandé à Mirsad de donner aux migrants toute la nourriture qui restait dans sa cuisine. « Quand je les vois, je pense aux nôtres qui sont passés par là et je prends soin de ne pas les heurter, les blesser en lançant une remarque maladroite ou un mauvais regard », explique Mirsad. Dans le reste du pays, la population réserve un accueil plus mitigé à ces voyageurs.

      http://www.liberation.fr/planete/2018/07/29/a-contre-courant-sarajevo-affiche-sa-solidarite_1669608

    • Et au contraire... la #non-hospitalité

      Le guide de l’hospitalité que n’a pas écrit #Christian_Estrosi

      En juillet 2013, le maire LR de #Nice, Christian Estrosi, envoyait à 3 500 édiles ses recommandations pour éviter la concentration de populations migrantes. Le Perou, un collectif d’urbanistes, a adressé en juillet aux mêmes communes un guide de l’hospitalité, issu de leurs expériences dans des bidonvilles.

      http://www.liberation.fr/france/2018/08/07/le-guide-de-l-hospitalite-que-n-a-pas-ecrit-christian-estrosi_1671153

      Pour télécharger le #guide du #Perou :
      http://www.romeurope.org/wp-content/uploads/2018/08/Guide_PEROU_images.pdf

    • Barcellona e Open Arms si uniscono per salvare vite umane nel Mediterraneo

      La nave #Open_Arms avrebbe dovuto lasciare il porto di Barcellona in direzione della zona SAR della Libia per continuare il suo compito umanitario di osservazione e salvataggio, ma la Capitaneria di porto, che dipende dal Ministero dello Sviluppo spagnolo, le ha negato l’autorizzazione a partire fino a quando non sarà garantito un accordo con le autorità della zona SAR del Mediterraneo per lo sbarco delle persone salvate in mare. È improbabile che ciò avvenga, vista la chiusura dei porti di Italia e Malta.

      In risposta, la sindaca di Barcellona Ada Colau ha inviato una lettera al Ministro dello Sviluppo, José Luis Ábalos, chiedendo l’immediata revoca del blocco della nave OpenArms. La sindaca esprime la preoccupazione che per ragioni amministrative il governo spagnolo non riesca a proteggere i migranti che intraprendono un viaggio molto pericoloso attraverso il Mediterraneo, in fuga dall’orrore. Esorta inoltre il Ministero ad attuare le azioni necessarie per superare il più rapidamente possibile gli ostacoli amministrativi che impediscono alla nave di lasciare il porto di Barcellona.

      Allo stesso modo, il Comune di Barcellona ha firmato un accordo di collaborazione con Open Arms per lo sviluppo del progetto della fondazione per la protezione dei migranti a rischio di naufragio e conseguente pericolo di morte imminente per le aree SAR nel Mediterraneo centrale come emergenza umanitaria. L’accordo persegue inoltre l’obiettivo di denunciare la situazione di violazione dei diritti umani nel Mediterraneo.

      Il progetto Open Arms “Protezione per presenza, soccorso umanitario e comunicazione di emergenza nel Mediterraneo” si articola in tre filoni di lavoro:

      – Protezione attraverso la presenza nella zona SAR, la visibilità come deterrente per eventuali violazioni dei diritti umani e la garanzia di protezione per le persone trovate in mare.

      – Protezione attraverso l’azione, con il salvataggio di persone in pericolo di morte in acque SAR e sbarco con garanzie di sicurezza.

      – Comunicazione di emergenza, per rendere visibile e denunciare l’attuale situazione di violazione dei diritti dei migranti nel viaggio attraverso il Mediterraneo e le sue frontiere.

      L’accordo, in vigore fino all’ottobre del 2019, finanzierà con 497.020 euro il 35,4% del progetto della ONG. Con questo contributo la città di Barcellona si riafferma come città rifugio, vista la presenza minima di ONG nel Mediterraneo centrale dalla scorsa estate a causa della chiusura dei porti italiani e maltesi e della criminalizzazione e blocco delle imbarcazioni delle ONG di soccorso umanitario.

      Il Comune di Barcellona e Open Arms concordano sul fatto che la situazione di crisi e il blackout umanitario al largo delle coste libiche richiedano un’azione di emergenza con il massimo sostegno delle istituzioni pubbliche, in particolare delle città europee, sull’esempio di questo accordo.


      https://www.pressenza.com/it/2019/01/barcellona-e-open-arms-si-uniscono-per-salvare-vite-umane-nel-mediterrane

      #Barcelone

    • Siracusa pronta ad accogliere i migranti della Sea Watch. Sindaco: «Cittadini disponibili a ospitarli nelle loro case»

      Il primo cittadino del capoluogo aretuseo, #Francesco_Italia, ha già scritto al ministro della Marina mercantile chiedendo di consentire l’attracco della nave. «Al resto, penseremo noi, la Curia e le associazioni di volontariato disposte a prestare aiuto»

      https://meridionews.it/articolo/73871/siracusa-pronta-ad-accogliere-i-migranti-della-sea-watch-sindaco-cittadi
      #Syracuse #Siracusa

    • Numéro spécial sur villes et hospitalité de la revue Plein Droit :

      À rebours des politiques migratoires impulsées par les États, des municipalités ont décidé de se montrer solidaires des migrant⋅e⋅s qui passent ou qui s’installent sur leur territoire, et de leur venir en aide, voire de les protéger contre des autorités étatiques qui ne cherchent qu’à les chasser. Villes-refuge, villes sanctuaires, villes solidaires, villes d’asile, villes rebelles, les qualificatifs sont aussi nombreux que les degrés d’hospitalité qui vont de l’affichage médiatique à une réelle politique municipale qui crée les conditions d’un accueil digne des exilé⋅e⋅s. Et quand les municipalités se montrent également hostiles à l’égard des migrant⋅e⋅s, il arrive que les citoyen⋅ne⋅s prennent le relais, faisant fi des menaces institutionnelles, de la pression policière ou du climat xénophobe, parfois pour parer à l’urgence humanitaire, parfois pour favoriser une réelle cogestion fondée sur l’autonomie. Ces expériences multiples d’hospitalité et d’activisme local montrent que l’humanité peut l’emporter sur la fermeté, n’en déplaise aux gouvernements.


      https://www.gisti.org/spip.php?article5812

    • #BD publiée par @vivre sur la commune de #Fourneaux :

      La BD reportage « Après l’arrivée » raconte une histoire d’accueil. Comment 33 réfugiés, débarquant du jour au lendemain de la jungle de Calais, s’inscrivent dans le récit d’une commune de Savoie et de ses habitants. Un dessinateur, HERJI, une journaliste, Julie Eigenmann, sont partis à leur rencontre et ont ramené dans leur valise ce reportage dessiné. L’histoire pourrait se dérouler un peu partout sur la planète, parce qu’il s’agit d’humanité, de partage et de ces rencontres qui montrent qu’un autre monde est possible.


      https://asile.ch/sommaire/ve-165-decembre-2017

    • #Convention_sur_l'accueil de #Grande-Synthe :

      Dans un contexte de sécurisation et de fermeture des frontières européennes, l’#accueil des réfugiés s’impose dans le débat public et dans nos réalités locales.

      Grande-Synthe reçoit la Convention nationale sur l’accueil et les migrations, 2 jours de débats pour réfléchir collectivement à une politique d’accueil fondée sur la solidarité et le respect des droits humains et pour questionner les pouvoirs publics. Avec la participation de nombreuses associations et ONG impliquées quotidiennement ainsi que de personnalités : Anne Hidalgo (Maire de Paris), Benjamin Stora (Historien, Professeur et Président du Musée national de l’histoire de l’immigration), Edwy Plenel (Médiapart), Eric Piolle (Maire de Grenoble), Frederic Leturque (Maire d’Arras), Pierre Laurent (Secrétaire national du PCF) mais également Benoit Hamon, Aurélien Taché (Député LREM), Eric Coquerel (Député – France Insoumise), Michel Agier (Dir. d’études à l’EHESS), Rony Brauman (co-fondateur de MSF) , Cédric Herrou, ainsi que des représentants du HCR, de la Cimade, de MDM et des associations locales…

      Autour de cette convention ouverte à tous, une programmation culturelle plurielle : expo, humour, concert, docus…

      http://convention-accueil-grande-synthe.fr

    • Des dizaines de villes inventent une politique d’accueil des migrants

      Jeudi et vendredi s’est tenue à Grande-Synthe la première #Convention_nationale_sur_l’accueil_et_les_migrations. Des élus aux associatifs, tous les acteurs de l’aide aux migrants ont jeté des ponts entre les initiatives locales, cherchant à construire un réseau des villes accueillantes.

      https://reporterre.net/Des-dizaines-de-villes-inventent-une-politique-d-accueil-des-migrants

    • Entre accueil et rejet : ce que les villes font aux migrants. Ce que les villes font aux migrants

      ce livre permet de mieux comprendre la diversité et la complexité des formes de l’accueil des migrants sur notre continent. Il nous fait saisir comment cet enjeu refaçonne les liens sociaux, les valeurs et les émotions collectives, et interroge les définitions pratiques de la citoyenneté prise dans un jeu de frontières. Dans un contexte d’anxiété identitaire qui se manifeste par la fermeture des frontières, le confinement et les expulsions, ce livre montre que la ville peut constituer un pôle de résistance et de contournement, voire de renversement des décisions de l’État central.

      Il est constitué d’enquêtes claires et approfondies menées dans plusieurs grandes villes européennes (Paris, Copenhague, Berlin, Barcelone, Istanbul…), et de témoignages d’acteurs concernés (migrants, militants, observateurs directs…).

      http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/bibliotheque-des-frontieres/entre-accueil-et-rejet-ce-que-les-villes-font-aux-migrants.html

    • Les ciutats fan front a la necessitat urgent d’habitatge públic

      Les ciutats europees han de fer front a la necessitat urgent d’habitatge públic. Per això, molts governs municipals estan reforçant les seves polítiques amb mecanismes innovadors que permetin fer front a la crisi de l’habitatge i a l’expulsió dels veïns dels seus barris.

      L’Ajuntament de Barcelona ha presentat un projecte per construir pisos d’estada temporal de construcció ràpida, sostenible i de qualitat. La iniciativa, anomenada APROP (Allotjaments de Proximitat Provisional), oferirà una resposta urgent mentre es construeixen les promocions d’habitatge públic, que requereixen de més temps.

      Responsables del consistori barceloní van explicar ahir aquest projecte en un acte organitzat per l’Observatori DESC i el propi Ajuntament.

      La jornada, anomenada ‘Urgent: solucions innovadores en habitatge públic’, es va celebrar al Pati Manning de Barcelona i hi van participar representants de les ciutats d’Amsterdam i Munic, a banda d’entitats com la Federació d’Associacions de Veïns i Veïnes de Barcelona (FAVB), la Fundació Hàbitat 3 i l’Institut de Tecnologia de la Construcció de Catalunya (ITeC), entre d’altres.

      http://ajuntament.barcelona.cat/lescorts/ca/noticia/les-ciutats-fan-front-a-la-necessitat-urgent-dhabitatge-pzblic

      Et dans ce cadre, le projet #APROP:
      https://www.barcelona.cat/infobarcelona/en/temporary-local-housing-to-combat-gentrification-2_622017.html
      #Barcelone

    • Sanctuary in the City : #Beirut

      The world’s refugee crisis is a global responsibility that is especially discharged locally, in particular, in Lebanon, where refugees and displaced persons form a large percentage of the national population. Since the beginning of the Syrian Crisis in March 2011, Lebanon has been a refuge for many hundreds of thousands of people fleeing war. This project explores how municipalities cope with the crisis within the normative framework of human rights and corresponding obligations. It seeks to give voice to the experience of Beirut among the world’s cities claiming to apply that framework in policies, practice, services and local democratic leadership and administration.

      Through a series of workshops and other survey tools, the project captures the expressions, principles and experiences of local governance amid the refugee/displacement crisis. It seeks to channel the experience of refugees, civil society and local authorities by expressing operational principles and allows people in Beirut to identify what works and what could work better.

      One outcome of the project will be a local charter that gives voice to this community of practice among the world’s cities that are facing comparable challenges. The charter will form a basis for exchange, mutual learning and guidance for local administrations in future. The Beirut charter is seen as one tangible way to give credit to the people of Beirut for their role in assuming a local responsibility that the wider world shares.

      http://hic-mena.org/spage.php?id=qG8=

      Ici pour télécharger la charte de la ville de Beirut :
      http://www.hlrn.org/img/documents/Beirut_Charter_to_share_EN.pdf
      #ville-refuge

    • Migrants’ (Denied) Right to the City

      The history of cities in the Indian sub-continent goes as far as the middle of the third millennium BC with the emergence of cities like Harappa and Mohenjo Daro in the Indus valley (Champakalakshmi 2006:8). During different phases of Indian history, many new cities have emerged and many have declined, shaping the history of India (Ramachandran 1995). The dynamics of city growth shows that migration has been a very important component as cities were centres of trade, manufacturing and services. These functions could not have been sustained without migration and migrant labour. People migrate to cities not only for work, but also on account of business, education, marriages, natural disasters and conflicts etc. As cities have evolved through various migrations over a long period of time, they are characterized by diversity in terms of ethnic and religious identities, occupations, language, culture, food habits and so on. In fact heterogeneity is the hallmark of cities and innovations -in which migrants have played a very significant role -are central to their existence. Migration, especially internal migration, contributes significantly to the growth of Indian cities. The Indian Constitution guarantees freedom of movement and freedom to settle within the territory of India as a fundamental right of all citizens (Article 19). Yet migrants face several barriers in terms of access to civic amenities, housing and employment, as well as restrictions on their political and cultural rights because of linguistic and cultural differences. These discriminations are articulated in various parts of India in the theory of ’sons of the soil’, which evokes anti migrant sentiments (Weiner 1978, Hansen 2001). Migrants are all the more vulnerable to discrimination and exploitation as many of them are poor, illiterate and live in slums and hazardous locations prone to disaster and natural calamities. As such, the condition of migrants in cities needs to be addressed squarely in urban policies and programmes.

      https://www.researchgate.net/publication/234169322_Migrants'_Denied_Right_to_the_City

    • Mobile Commons, Migrant Digitalities and the Right to the City

      This book examines the relationship between urban migrant movements, struggles and digitality which transforms public space and generates mobile commons. The authors explore heterogeneous digital forms in the context migration, border-crossing and transnational activism, displaying commonality patterns and inter-dependence.



      https://www.palgrave.com/us/book/9781137412317
      #livre

    • Ce qu’ils font est juste : ils mettent la solidarité et l’hospitalité à l’honneur

      L’étranger est par essence louche, suspect, imprévisible, retors, de taille à commettre des avanies, même s’il survit dans le plus profond dénuement, s’il souffre de la faim, du froid, qu’il n’a pas de toit pour se protéger. L’étranger, homme, femme ou enfant, représente toujours un danger, qu’il faut combattre à tout prix.

      La loi dispose que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France » encourt jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

      Cette sanction pénale est réservée aux « aidants » désintéressés, animés par le seul élan d’humanité et de dignité vis-à-vis d’eux-mêmes et de ceux voués à tout juste subsister. Ils ont choisi, en connaissance de cause, de commettre ce qu’on appelle le « délit de solidarité » ou « d’hospitalité ». Des expressions devenues familières, dans leur obscénité, depuis qu’on a vu traduits devant les tribunaux des « désobéissants », paysans, professeurs, élus municipaux, citoyens bienfaisants coupables d’avoir, sans contrepartie d’aucune sorte, secouru, protégé, rendu service à des hommes, femmes et enfants qui n’avaient pas l’autorisation de fouler la terre française.

      Les élections présidentielle et législatives en France ont fourni l’occasion d’une chasse aux désobéissants, comme si la majorité des candidats s’étaient accordés pour rassurer l’opinion en la sommant de collaborer : la France ne laissera pas entrer chez elle des hordes de réfugiés, de migrants si menaçants. Chaque jour a apporté son nouveau délinquant, lequel n’a pas désarmé, il est entré en résistance. Il offre le gîte, le couvert, la circulation à des exilés miséreux, il est capturé par des policiers, punit par des magistrats… et il recommence, parce que l’hospitalité et la solidarité ne sont pas une faveur mais un droit, un devoir et qu’il aime accomplir ce devoir-là.

      Des écrivains ont accepté avec enthousiasme d’écrire, à leur guise, dans une nouvelle, fiction ou rêverie, leur respect pour ces gens de bien, et leur inquiétude de voir agiter les spectres de graves menaces incarnés par des êtres humains réduits à peu de choses. Pas seulement : c’est aussi vers l’Autre que va leur curiosité, l’Autre qui gagne toujours à être connu et non chassé.

      http://www.donquichotte-editions.com/donquichotte-editions/Argu.php?ID=147

  • #Démographie : les #Balkans à l’heure du grand exode

    Dans les montagnes des Balkans, l’émigration est une vieille tradition, déjà attestée à l’époque ottomane. Le régime socialiste yougoslave n’a guère tenté de la contrecarrer, signant dès les années 1950 des conventions migratoires avec la Turquie puis, au cours de la décennie suivante, avec l’Allemagne fédérale. L’Autriche, la Suisse, la Belgique, la France se sont également vite imposées comme des destinations privilégiées. Plutôt que de maintenir un plein emploi factice plombant les caisses de l’État, il valait mieux que cette main-d’œuvre excédentaire parte à l’étranger.

    Ces gastarbajteri – le terme allemand, Gastarbeiter, désignant les « travailleurs invités » et passé dans la langue serbo-croate pour désigner l’ensemble des émigrés – envoyaient en outre des sommes appréciables à leur famille, des apports de devises permettant de soutenir l’économie autogestionnaire du régime yougoslave.

    Après les guerres de la fin du XXe siècle et leurs flux de réfugiés, les difficultés économiques d’une interminable « transition » poussèrent à nouveau les Balkaniques au départ. Au début des années 2000, le retour à la paix et la relative embellie économique avaient pourtant permis, dans la plupart des pays de la région, la réémergence timide des classes moyennes, laminées au cours de la décennie précédente.

    Cette amorce de normalisation économique et sociale n’a guère duré. L’Europe du Sud-Est a été durement frappée dès 2008 par la crise économique qui a sonné le glas d’un modèle de croissance basé sur le couple privatisations-investissements étrangers, ces derniers n’étant jamais arrivés. En situation de quasi-faillite, tous les États de la région ont dû demander l’assistance du Fonds monétaire international (FMI) et engager des plans drastiques d’économie, taillant dans les salaires de la fonction publique, réduisant encore plus le montant déjà très faible des retraites. Dans ces conditions, alors que sont même fragilisées les solidarités familiales qui ont longtemps permis aux sociétés balkaniques de « tenir », l’exode a repris et ne cesse de s’amplifier.

    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/pages-europe/pe000070-demographie-les-balkans-a-l-heure-du-grand-exode-par-jean-arnault-derens-et/article
    #déclin_démographique #exode #émigration #migrations #Macédoine #Serbie #Bosnie-Herzégovine #Monténégro #Albanie #Kosovo

  • Quand le début des années 1990 annonçait le monde d’aujourd’hui…

    Le début des années 1990 était hanté par le « retour » des nations et des nationalismes, de l’ethnicité et du « tribalisme », et par le « retour » du religieux. L’Europe de 1912 regardait avec horreur les guerres balkaniques, sans s’imaginer qu’elle céderait en 1914 aux fureurs nationalistes. Le nationalisme des guerres balkaniques des années 1990 semblait le reste d’un autre âge, même si on craignait un peu que l’Europe prétendue « post-nationale » puisse être infectée. Il fallait donc « européaniser » les Balkans (appelés dès lors « Europe du Sud-Est ») pour les sauver.
    Aujourd’hui, l’utilisation du nationalisme radical par des « hommes forts » semble se répandre au sein de l’Union européenne, qui pourrait se « balkaniser ». Le Royaume-Uni en sort, au nom du nationalisme et pour trouver la prospérité ailleurs, comme l’ont fait les Baltes à la fin des années 1980 et les Slovènes en 1991, en faisant imploser l’Union soviétique et la Yougoslavie.
    Alors que le Traité de Maastricht était signé en 1992, c’est de replis protectionnistes qu’on s’inquiétait, avec une « forteresse Europe », l’ALENA nord-américain (signé en 1992), et un recentrage asiatique des économies d’Asie (en particulier le Japon) qui risquait de marginaliser les Occidentaux. La création de l’OMC en 1994 devait faire disparaître ce risque. Aujourd’hui, l’OMC semble en panne, et le protectionnisme revenir à la mode.
    Commençait aussi à monter alors la peur du « populisme » en Amérique latine : celui-ci contestait la démocratie « technocratique » mise en place pour sortir de la crise de la dette, qui semblait avoir privé le peuple du pouvoir et mené à une « décennie perdue » de croissance nulle, voire de récession. Depuis près de dix ans, l’Europe connaît sa crise de la dette, sa « décennie perdue », la contestation d’élites assujetties aux technocraties de Bruxelles et de Francfort, et connaît ses poussées qualifiées, elle aussi, de populistes.

    http://theconversation.com/quand-le-debut-des-annees-1990-annoncait-le-monde-daujourdhui-72859

  • Albanie : La Chine s’offre l’aéroport de Tirana

    La direction de l’aéroport international de Tirana a annoncé dans un communiqué de presse son rachat par l’entreprise publique chinoise #China_Everbright_Limited (CEL). Un nouveau trophée balkanique pour Pékin, qui devient un partenaire économique incontournable dans l’Europe du sud-est.


    https://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/aeroport-de-tirana.html

    #Albanie #Chine #aéroport
    cc @reka

  • A la frontière gréco-macédonienne, le « #tri » des migrants profite aux #réseaux_mafieux

    Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010216/la-frontiere-greco-macedonienne-le-tri-des-migrants-profite-aux-reseaux-ma
    #Grèce #asile #migrations #réfugiés #Macédoine #passeurs

    • L’article complet:

      Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

      Macédoine, de nos envoyés spéciaux.- La flamme d’une bougie vacille dans l’obscurité, quelques morceaux de tissus ont été tendus pour voiler une fenêtre brisée par laquelle s’engouffre le vent glacial qui descend des montagnes de la Macédoine voisine. Pour tenter d’endiguer le flux de candidats à l’exil, les autorités de Skopje ont posé des barbelés tout le long de la frontière méridionale du pays et, depuis le 18 novembre, seuls les ressortissants d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie ont la permission de s’engager dans le « corridor » qui conduit vers la Serbie, la Croatie, la Slovénie puis l’Autriche. Le statut de réfugiés est systématiquement refusé aux citoyens de toutes les autres nationalités, désormais considérés comme des « illégaux ». Chaque nuit, des dizaines de personnes campent donc dans les chambres en ruine d’un hôtel désaffecté, dont la carcasse se dresse au bout du parking de la station-service d’Evzoni, sur l’autoroute qui file vers Thessalonique, à un kilomètre de la frontière. « Nous ne pouvons pas faire de feu, sinon la police arrive et nous renvoie à Athènes », explique un homme engoncé dans un sac de couchage, au milieu d’un monceau de détritus, de conserves éventrées et de bouteilles en plastique.

      Des taxis déposent sans cesse de petits groupes de migrants sur le parking, d’autres arrivent à pied. Ici, tous ou presque viennent d’Algérie ou du Maroc. En contrebas, de l’autre côté de l’autoroute, se cache un autre hôtel, le Hara. Il propose des chambres à 40 euros la nuit, mais les migrants qui n’ont pas suffisamment d’argent s’allongent sur la terrasse, derrière une bâche, pour prendre un peu de repos. D’autres partagent du pain dans la salle de restaurant. Ici, tout se paie, mais il y a Internet, une ressource vitale pour contacter les passeurs, étudier les itinéraires qui permettent de forcer les barbelés dressés par la Macédoine le long de ses frontières avec la Grèce, ou simplement pour parler avec la famille restée au pays. Omar, un jeune Marocain d’une vingtaine d’années, porte une vilaine cicatrice sur la joue : il a été agressé il y a quelques jours par d’autres réfugiés, qui lui ont volé son argent et son téléphone portable. Ces violences sont fréquentes. Le 25 janvier, un Pakistanais est mort dans une bagarre avec des Afghans, deux autres, blessés, ont été hospitalisés.

      Larbi a déjà tenté deux fois de passer en Macédoine, les deux fois il a été arrêté. « Il y a des trous dans le grillage », explique cet homme de 33 ans, originaire du sud du Maroc. « Mais souvent ce sont des pièges : les Macédoniens te laissent entrer, mais quelques centaines de mètres plus loin, l’armée arrive. » Le « tarif » est bien établi : un tabassage en règle, puis la remise à la police grecque. Chaque jour, celle-ci remplit des autocars de « refoulés », qui sont ensuite abandonnés à leur sort dans des stations-services de la périphérie d’Athènes, à 600 kilomètres de là.

      Dans son pays, Larbi était guide de montagne et sa famille possède un petit hôtel. Depuis deux ans, il n’y a plus de touristes ou presque, aussi s’est-il résolu à partir. Il s’est rendu en avion à Istanbul, a payé 700 euros son passage vers l’île grecque de Lesbos, puis s’est caché dans un camion pour monter dans un ferry vers le port du Pirée. « Depuis Athènes, le trajet jusqu’à Belgrade coûte de nouveau 700 euros. Nous avons confié l’argent à un ami qui remettra la somme quand nous serons rendus à destination. » Son rêve, rejoindre son frère aîné installé à Alicante, dans le sud de l’Espagne. « Là-bas, les salaires ne sont pas mauvais, même pour les clandestins. Au minimum, on est payés 50 euros la journée. Et puis au bout de trois ans, tu es sûr d’être régularisé. » Parti du Maroc, Larbi a donc décidé de faire le tour du Bassin méditerranéen pour arriver en Europe ; pour lui, la « route des Balkans » est désormais la voie de passage la plus sûre. De toute façon, il a aussi de la famille en Belgique et aux Pays-Bas. Si ça ne marche pas en Espagne, il tentera sa chance plus au nord. « Moi, si je viens en Europe, c’est pour travailler », clame-t-il, la capuche de sa parka rabattue sur le crâne pour se protéger du froid. Autour de lui, tout le monde acquiesce.

      Si Larbi et ses compagnons parviennent à franchir la frontière macédonienne, d’autres épreuves les attendent sur la route : dans le nord de la Macédoine, les kidnappings ont repris. Les migrants sont enfermés dans des maisons des villages de Lojane et Vaksince, accolés à la frontière avec la Serbie et repaires connus de trafiquants, jusqu’à ce qu’ils s’acquittent d’une rançon. Les volontaires des réseaux de soutien aux migrants diffusent les cartes de routes alternatives qui passent par la montagne du Karadag, au-dessus de ces hameaux, mais il faut être en excellente condition physique pour les emprunter. Plus au nord, l’accès à la Croatie leur étant interdit, de plus en plus de « clandestins » passent à nouveau par la Hongrie, dont la frontière est également défendue par un mur de barbelés. Ces dernières semaines, 200 réfugiés campaient dans la « jungle » de Subotica, tout au nord de la Serbie, fréquentée par les migrants depuis 2011. C’est là que les passeurs viennent recruter leurs clients pour le franchissement de la frontière. Les obstacles posés par les États ont pour première conséquence de faire grimper les tarifs et de justifier les « prestations » offertes par ces bandes criminelles.

      Dans la boutique de la station-service d’Evzoni, les affaires se portent bien, on vend des chaussettes, des bonnets et des sacs de couchage. À la terrasse, deux hommes sirotent un café, indifférents au froid. « Ils sont pakistanais, souffle Kamel, un Algérien, ce sont eux qui contrôlent les passages. » De temps à autre, une camionnette de Médecins sans frontières (MSF) vient assurer une permanence médicale, distribuer un peu de vivres, des couvertures. Des voitures de la police passent sans s’arrêter. Les autorités grecques rapatrient plus au sud les migrants qui se font arrêter par les Macédoniens, elles laissent courir les autres, pas mécontentes de les voir continuer leur route vers le nord.

      « Les enfants représentent au moins un tiers des personnes qui arrivent ici »

      « Pour venir d’Athènes, les migrants doivent payer 25 euros », explique Andres Moret, le coordinateur de MSF pour le nord de la Grèce. « En théorie, le rapatriement forcé vers Athènes devrait être gratuit, mais certains de nos employés ont pris ces bus en se faisant passer pour des migrants. Les chauffeurs demandent de l’argent, souvent jusqu’à 50 euros. » Dans cette région pauvre touchée de plein fouet par la crise, les candidats à l’exil sont devenus une manne. « La police est en contact avec les propriétaires des bus qui sont toujours à côté de la frontière. Ils te disent, ou tu paies ou tu vas en prison. Ici, les gens profitent des migrants. Tout se paie au prix fort, la nourriture, les magasins, les hôtels », se plaint Larbi.

      À quelques kilomètres du poste-frontière, des travailleurs humanitaires affalent les tentes du camp de transit d’Eidomeni menacées par de fortes rafales de vent. Un peu plus loin, quelques toilettes mobiles posées en plein champ ont été renversées. De toute manière, le camp est pratiquement vide : depuis les graves incidents qui ont opposé, en novembre dernier, la police aux « migrants économiques » bloqués sur la frontière, les autorités grecques en interdisent l’accès à tous les réfugiés. Durant trois semaines, plusieurs milliers d’Iraniens, de Marocains et de Pakistanais ont « occupé » le camp d’Eidomeni, avant d’être évacués. De nombreux graffitis peints sur les immenses tentes vides témoignent encore de la longue épreuve de force : « Lebanon + Maroc + Pakistan + Iran + Ghana : they are starving. Let them cross the border. »

      Désormais, les autocars qui amènent les réfugiés depuis Athènes se garent dans des stations-services en amont : c’est là que s’effectue, en théorie, le tri entre nationalités. Les cars reprennent leur route jusqu’à Eidomeni seulement s’ils ont reçu l’assurance que la frontière macédonienne est ouverte et que les migrants peuvent passer sans s’arrêter. Pour pallier les besoins les plus urgents, Médecins sans frontières a installé quelques tentes à la station de Polykastro, à une vingtaine de kilomètres de la Macédoine. Le 1er janvier, près de 3 000 personnes y sont restées bloquées durant 48 heures, alors que les températures descendaient chaque nuit à dix degrés sous zéro. « Il n’y a pas de douches, pas de tentes chauffées », s’indigne Andres Moret. « Les responsables de la station nous empêchent de donner des vêtements chauds, car ils en vendent. Tout doit se négocier, même une simple distribution de soupe. Il ne nous appartient pas de critiquer les décisions politiques, comme celle de fermer la frontière aux ressortissants de certains pays, mais le devoir d’assistance humanitaire qui s’impose à tous n’est pas respecté en Grèce. Les enfants représentent au moins un tiers des personnes qui arrivent ici. Or le flux reste toujours très important, même en hiver. Entre 1 000 et 3 000 personnes par jour, parfois plus. »

      Aux abords du camp d’Eidomeni, un autre graffiti proclame : « Fuck the racket ! » La fermeture de la « route des Balkans » aux soi-disant « migrants économiques » a naturellement relancé l’activité des passeurs et des trafiquants. Dans le nord de la Grèce, un laissez-passer grec trafiqué, prêtant la nationalité irakienne ou syrienne à des ressortissants d’autres pays, se vend 200 euros, mais ces faux, grossièrement falsifiés, ne trompent personne. Pour un passeport d’un pays donnant droit au statut de réfugié, il faut débourser de 3 à 6 000 euros, suivant la qualité du document. Bien peu ont les moyens de s’offrir un tel sésame. « C’est du déjà-vu », s’indigne Andres Moret. « Nous en sommes revenus à la situation du printemps dernier, avant que le corridor humanitaire des Balkans ne se mette en place. »

      Fin janvier, la Macédoine a fermé pendant près de 48 heures sa frontière, suscitant la panique chez les autorités grecques ainsi que parmi les travailleurs humanitaires. Pour justifier cette interruption « temporaire », Skopje avait invoqué « une demande reçue de la Slovénie ». En réalité, les menaces de blocage sont devenues quotidiennes sur la route des Balkans. Comme aucun pays de la région n’a les capacités d’accueillir plusieurs milliers de personnes, tous essaient de stopper le flux en amont. « On ne sait jamais ce que va décider Skopje. Chaque jour, chaque heure même, la situation change. Toutes les six heures, il y a une relève de la police en Macédoine. Le nouveau chef peut décider de fermer la frontière ou de la rouvrir », se désole Antonis Rigas, officier de terrain de MSF en charge du camp d’Eidomeni. Il gratte sa longue barbe blanche : « Cela nous oblige à sans cesse remettre en cause nos plans d’action. Ce n’est pas sérieux. »

      Quand tout se passe sans accroc, des groupes d’une cinquantaine de personnes, c’est-à-dire la contenance d’un bus, passent toutes les demi-heures en direction du camp de Gevglija, à moins d’un kilomètre, le long de la voie de chemin de fer. Côté macédonien, le camp de transit fonctionne à plein régime. Depuis l’automne, de nouvelles tentes pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes chacune ont été montées, ainsi que de nombreux petits baraquements. Des systèmes de chauffage y maintiennent une température acceptable. C’est là que les réfugiés doivent attendre avant de pouvoir monter dans les trains affrétés, irrégulièrement, par la compagnie nationale de chemin de fer macédonienne. « La situation dans le camp s’est nettement améliorée depuis l’été, désormais tout le monde travaille ensemble, les citoyens, les ONG et le gouvernement », explique Lence Zdravkin, une volontaire macédonienne qui coordonne bénévolement depuis des mois les dons des citoyens dans le sud du pays. « Mais depuis quelques semaines, je vois de nouveau des groupes de réfugiés “illégaux” qui remontent à pied vers le nord, ils passent devant chez moi. Ils ont froid, ils souffrent d’engelures, ils sont en danger. » Comme au printemps dernier, quand le « corridor » des Balkans n’avait pas été mis en place, la petite maison de Lence est devenu un havre où les migrants en errance peuvent trouver des vêtements chauds, un peu de nourriture, se reposer avant de reprendre la route. « Dès les vents se calmeront en mer Égée, les flux augmenteront de nouveau et nous serons totalement dépassés. »

  • À la frontière gréco-macédonienne, le « tri » des #migrants profite aux réseaux mafieux
    https://www.mediapart.fr/journal/international/010216/la-frontiere-greco-macedonienne-le-tri-des-migrants-profite-aux-reseaux-ma

    Un migrant coincé à la frontière entre la #Grèce et la #Macédoine, janvier 2016. © Laurent Geslin Alors qu’un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l’Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 #réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l’Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.

    #International ##OpenEurope #asile

    • Même en mobilisant toutes ses forces de sécurité, Skopje ne sera, de fait, jamais en mesure de boucler hermétiquement ses frontières, comme tente de le faire la Hongrie en construisant un mur de 175 kilomètres le long de ses territoires contigus avec la Serbie. Mais en obstruant pour un temps la « route des Balkans », et en faisant monter la pression sur le terrain, la Macédoine pourrait rappeler aux Européens que l’époque où Bruxelles comptait sur les pays d’Europe du Sud-Est pour externaliser la surveillance de ses frontières est bien terminée. L’UE doit trouver des réponses à la catastrophe humanitaire qui se déroule sous ses yeux.

      #externalisation #migrations #réfugiés #asile

  • « La #Tourmente_grecque » : mortalité infantile + 43 %
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup/310715/la-tourmente-grecque-mortalite-infantile-43

    Le taux de mortalité infantile a progressé en Grèce, depuis le début de la crise, de 43 %. C’est à ce taux que l’on reconnaît le niveau de développement d’un pays. La Tourmente grecque, film de Philippe Menut, rappelle cette triste réalité, et bien d’autres, qui montrent que la Grèce sert de « cobaye » aux spéculateurs.

    Le réalisateur, Philippe Menut, a été journaliste à France 2 et à France 3. Ce film, débuté en 2012, est régulièrement actualisé. Il décrit la crise humanitaire, véritable « guerre économique et sociale » : 30 000 sans-abri à Athènes, retraites réduites de 25 %, budget de la santé amputé du tiers, chômage multiplié par 3, services publics sinistrés. Alors que les prix sont ceux de Paris ou de Londres, les salaires sont ceux de Bulgarie. Le salaire minimum est à 480 €, 40 % des Athéniens ont passé le dernier hiver sans chauffage.

    #Grèce #austérité

    • Alors que les prix sont ceux de Paris ou de Londres, les salaires sont ceux de Bulgarie.

      c’est pas pour faire l’avocat du diable, mais les loyers Athéniens sont (très) loin de ceux de Paris ou de Londres... Je ne sais pas pour la Bulgarie, mais le Smic Serbe est à 150 euros, alors que le grec est de 500... Je sais pas s’il y a vraiment un intérêt à rendre la situation plus dramatique qu’elle n’est...

    • bon selon ce truc http://seenthis.net/messages/377073

      le salaire minimum en #Bulgarie est de 173 euros... (161 pour les serbes). Je ne connais pas Yves Faucoup, peut-être qu’il bosse sérieusement, mais du coup, j’aimerais bien savoir d’où ça vient ce truc de 43%... Il y a quand même un truc dégueulasse à renvoyer la crise grecque dans les cordes de l’imaginaire des balkaneux qui puent des pieds... (aux stéréotypes de merde sur les balkans pour le dire intelligiblement). Je suis franco-grec, j’ai grave les boules avec ce qui se passe en ce moment, mais Syriza a déjà assez merdé comme ça avec ce genre de propagande.

    • D’après Eurostat
      http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=demo_minfind&lang=fr

      +------------------------+------+------------+-------+
      | taux de mortalité infantile (‰)                    |
      +------------------------+------+------------+-------+
      | année                  | UE27 | EuroZone18 | Grèce |
      +------------------------+------+------------+-------+
      | 2004                   |  5,1 |        4,1 |   4,1 |
      | 2005                   |  4,9 |        4,0 |   3,8 |
      | 2006                   |  4,7 |        3,8 |   3,7 |
      | 2007                   |  4,5 |        3,7 |   3,5 |
      | 2008                   |  4,3 |        3,6 |   2,7 |
      | 2009                   |  4,2 |        3,6 |   3,1 |
      | 2010                   |  4,0 |        3,4 |   3,8 |
      | 2011                   |  3,9 |        3,4 |   3,4 |
      | 2012                   |  3,8 |        3,3 |   2,9 |
      | 2013                   |      |            |   3,7 |
      +------------------------+------+------------+-------+

      Mêmes données sur le site de l’Institut de statistiques grec (moins l’année 2013) - publication de mars 2015
      http://www.statistics.gr/portal/page/portal/ESYE/BUCKET/General/LivingConditionsInGreece_0315.pdf

      Graphiquement

      soit une évolution similaire à celle de l’Eurozone
      (les fluctuations sont importantes car les effectifs sont plus faibles - 300-350 décès infantiles par an en Grèce)

      En revanche, d’après les mêmes sources, les naissances (2013) ont baissé de 20% depuis 2008.
      Après une hausse de 14% depuis 2002, il est vrai.

    • pfff je dis merci mais je comprends rien à ces tableaux... Juste la Bulgarie a l’air bien plus loin (7,3 en 2015 (7,3% des enfants qui meurent ?), et la comparaison est conne et blessante pour tout le monde... Bon je veux pas troller non plus... fuck it

    • La vache, merci @intempestive je sais pas comment tu fait pour retrouver tout ça aussi vite...

      #les_chiffres_c'est_complexe (duh) on pourrait dire... Sais pas quoi penser du dit-décryptage... Sûr que le système de santé s’est pris une béquille, pas besoin d’eurostat pour savoir ça, le reste...

      De toute façon, j’ai pas vu le film, à peine lu l’article, donc je ferais mieux de me taire.

      Voulais juste dire que c’est pas la peine de prendre la Bulgarie comme référence du pays de merde (y a Puerto Rico qui monte en ce moment).

      Et que les loyers ne sont pas les même à Paris et à Athènes (les clopes et tout un tas d’autres trucs, d’accord, c’est plus cher ou équivalent en Grèce, ce qui est scandaleux ok ok).

      Aussi dire qu’il y a un drama biz journalo-critique que je sais pas si ce bulgarophobe (eh) en fait parti... mais ça y ressemble quand même un chouia... En tout cas, ça me saoule. Donc ce truc à peut-être pris pour les autres, j’en sais rien, j’ai pas vu le film (bis)...

      En fait peut-être juste qu’ils pensent rééquilibrer le rapport de force en tordant les choses à leur tour, mais ça ne me paraît pas du tout une bonne tactique de combat (en tout cas, c’est fourbe et malhonnête (comme quand Syriza se sert de la ERT pour faire sa propagande). D’autant plus que c’est pas les saloperies qui manquent...

    • Les « chiffres de l’OMS » sont ceux d’Eurostat qui, eux-mêmes, sont ceux de l’Institut statistique de Grèce (il n’y a pas 3 sources différentes pour ce type de statistiques). Et sont ceux reproduits dans le tableau ci-dessus.

      De fait, si on prend 2008-2010, on a bien +41% (différence dues aux arrondis), mais si on prend 2010-2012, on a -24%

      Si on prend du recul (graphique), on a bien un retournement en 2008 avec remontée de la mortalité infantile, mais avec des fluctuations importantes.

    • « Trollation » c’est pas mieux que « trollage » a mon avis @tintin mais c’est aussi rigolo. Sinon essay « Trollisme » peut être, les ismes Ca s’accorde avec tout. Sinon j’ai déjà entendu l’expression avec « troll » sans modification. Ça donnerait "En ce qui me concerne ton « troll » etait bienvenu..."

    • tiens tiens, il semblerait que la comparaison Bulgare ait une plus longue histoire que ce que je croyais :

      Lorsque nous avons réagi devant leur exigence de réduire nos salaires pratiqués chez nous, et lorsque nous avons voulu les comparer avec les salaires des autres pays européens correspondants, vous savez ce que M. Thomsen avait-il dit ? ‘Vous faites une grosse erreur. Regardez les salaires en Europe du Sud-est et dans les Balkans, parce que vous y appartenez.’ Lorsque je lui ai demandé, ce qu’il en pensait, et ce que devrait être alors le salaire grec, il m’a dit, ‘300 €, c’est bon". “Quand je leur ai dit, ’tombons d’accord pour comparer la Grèce à un pays européen sur cette question des salaires’, alors leur position fut aussitôt bien claire : ’Il faut pratiquer les salaires de la Bulgarie’ . Rien n’a été implicite de leur part, ils nous l’ont dit”, propos cités par la presse grecque

      via : http://seenthis.net/messages/396379

  • Entre la #Slovénie et la #Croatie, une nouvelle « #Enclava » contestée

    C’est une épidémie : après #Liberland en mars, un nouvel « Etat » a été proclamé en avril sur un arpent inculte de 100 mètres carrés, coincé entre Slovénie et Croatie. Alors que le tracé des frontières entre les deux Etats demeure polémique, Ljubljana a réaffirmé sa souveraineté sur le territoire concerné.


    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/entre-la-slovenie-et-la-croatie-une-nouvelle-enclava-contestee.ht
    #micro-Etat #micro-nation #Balkans #micro-nations #micro-Etats
    cc @reka

  • Seconde Guerre mondiale en #Serbie : quand la #BD travaillait pour les #nazis

    Durant la Seconde Guerre mondiale, certains #dessinateurs et artistes serbes ont collaboré avec l’occupant allemand. Sous la direction du Département de la #propagande en Europe du Sud-Est (Propagand Abteilung Sudost), les auteurs à la solde du général #Milan_Nedić dénonçaient les Juifs, les partisans, l’Union soviétique et l’alliance anglo-américaine. Une face méconnue de la machine de #propagande_nazie.


    http://balkans.courriers.info/article26381.html
    #dessins #WWII #Deuxième_Guerre_mondiale
    cc @reka @albertocampiphoto

  • #GRECE
    La #troïka coupable de la tragédie du pays
    Apostolis Fotiadis
    http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=7898

    ATHENES, Grèce, 20 fév (IPS) - Une crise humanitaire se manifeste en Grèce et dans d’autres pays européens touchés par la récession puisqu’ils subissent de dures mesures d’#austérité en échange d’un plan de sauvetage. Au cœur de cette situation se trouve la troïka, déclarent des syndicats, activistes de la société civile et des droits.

    La troïka – qui regroupe le Fonds monétaire international (#FMI), la Banque centrale européenne (#BCE) et la #Commission_européenne (CE) - représente les créanciers internationaux.

    « La troïka doit savoir désormais qu’elle ne peut plus se cacher derrière son immunité afin d’échapper aux tribunaux grecs pour les violations des droit humains dans ce pays ».

    Elle est de plus en plus accusée d’exiger des réformes économiques qui ont poussé les pays insolvables en Europe du sud-est dans une profonde récession tout en sapant les #droits_humains.

    La Fédération internationale des droits de l’Homme a achevé une mission d’enquête en Grèce visant à évaluer l’impact de la crise sur les droits humains et à indiquer qu’il faut tenir responsables ceux qui sont coupables de violations.

    « Notre visite visait à recueillir des preuves que les mesures d’austérité et les réformes structurelles que le gouvernement a dû mettre en œuvre comme condition de sauvetage ont entraîné une situation dans laquelle non seulement les droits économiques et sociaux, mais aussi civils et politiques ainsi que les vraies bases démocratiques sur lesquelles l’Etat est construit sont menacés », a déclaré à IPS, Elena Crespi, chargée de programme pour l’Europe de l’ouest dans la fédération.

    « Notre objectif final, c’est aussi de mettre en garde contre le risque que ce qui a commencé comme une crise économique mondiale ne se transforme en une crise mondiale des droits humains, dont les effets peuvent être facilement prévus mais très difficiles à maîtriser », a-t-elle indiqué.

    Le 21 janvier, 20 syndicats, des organisations de défense des droits humains et de la société civile à travers l’Europe se sont adressés à Martin Schultz, président du Parlement européen, lui indiquant de demander un rapport sur la situation des droits de l’Homme, de l’Etat de droit et de la démocratie en Grèce.

    « En lisant la Charte des droits fondamentaux de l’UE [Union européenne], il est difficile de trouver un seul article qui n’ait pas été violé par le gouvernement grec au cours des trois dernières années dans le cadre des politiques qu’il a mises en œuvre contre son propre peuple », disait la lettre.

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    Parmi les signataires de la lettre, il y avait l’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme (AEDH), une organisation faîtière de 30 groupes dans 22 Etats membres de l’UE, les grands syndicats grecs, la CNE [la Centrale nationale des employés] - le syndicat du secteur privé belge fort de 167.000 membres affiliés - ainsi que des organisations de la société civile et politiques plus petites, y compris le Réseau européen d’attaque et le ’Corporate Europe Observatory’ (CEO).

    Le CEO a lancé un nouveau projet dénommé ’Troika- Watch’, qui vise à créer un réseau de citoyens pour surveiller l’organisme qui représente les créanciers dans les pays qui mettent en œuvre des programmes d’austérité. Ce projet produira un bulletin mensuel en neuf langues européennes différentes.

    Une résolution proposée par le Comité des affaires juridiques et des droits de l’Homme (PACE) a été adoptée le 31 janvier par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

    Ses projets de recommandations sur la « responsabilité des organisations internationales pour les violations des droits humains » ont proposé que « les organisations internationales soient soumises à des mécanismes contraignants de reddition de comptes et que leur immunité soit limitée ».

    Selon l’assemblée, « les Etats membres doivent être également tenus responsables du rôle qu’ils jouent dans les organisations internationales et du fait de les aider à mettre en œuvre leurs décisions ».

    Le député grec, Notis Marias, représentant du Groupe des démocrates anti-fédéralistes au sein du Conseil de l’Europe, qui a proposé certains des amendements, a déclaré : « La troïka doit savoir désormais qu’elle ne peut plus se cacher derrière son immunité afin d’échapper aux tribunaux grecs pour les violations des droit de l’Homme dans ce pays ».

    Les salaires de base auraient baissé de 22 pour cent depuis le début des mesures d’austérité, le chômage chez des jeunes dépasse 60 pour cent et plus d’un million de personnes ne bénéficient plus d’un type quelconque d’assurance maladie.

    En juin 2013, le FMI a reconnu des erreurs dans la gestion de la crise de la dette grecque qui ont causé la détérioration du scénario de la récession. Mais la troïka n’a jamais produit un rapport d’évaluation d’impact avant de demander des réformes sociales et des mesures fiscales.

    Andreas Fischer-Lescano, professeur de droit et de politique européens à l’Université de Brême, a été nommé par la Confédération européenne des syndicats pour examiner la légalité des protocoles d’accord signés entre les pays renfloués et leurs organismes de crédit. Ses conclusions ont été rendues à la fin de janvier.

    Dans un projet de document, qu’IPS a vu, Fischer- Lescano a indiqué que « c’est la Commission et la BCE, qui, au nom de l’Europe, définissent les conditions qui conduisent des millions d’Européens au désespoir ».

    « Les protocoles d’accord doivent être délégitimés. Il n’y a aucune obligation d’appliquer des dispositions illégales. Les tribunaux nationaux et également les cours internationales comme la Cour de justice européenne et la Cour européenne des droits de l’Homme ainsi que les commissions des droits de l’Homme devront clarifier cela », a-t-il expliqué à IPS.

    « La lutte juridique contre l’austérité ne fait que commencer. L’objectif doit être de défendre les principes de base de la justice sociale en Europe ». (FIN/2014)