region:levant

  • La Ligue arabe déclare le Hezbollah terroriste
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/03/11/97001-20160311FILWWW00259-la-ligue-arabe-declare-le-hezbollah-terroriste.ph

    Les ministres arabes des Affaires étrangères réunis vendredi au siège de la Ligue arabe au Caire ont classé groupe « terroriste » le mouvement libanais chiite Hezbollah, a annoncé un diplomate du Bahreïn lisant à la presse une résolution de l’organisation.

    • La délégation saoudienne se casse durant le discours de l’Irak qui les traite de terroristes, alors que le Hezbollah et le Hamas, seuls (à ses yeux) ont sauvé l’honneur arabe (http://www.raialyoum.com/?p=404698 et http://www.raialyoum.com/?p=404650). Du coup, dans son commentaire, Rai al-youm imagine fort bien la fin de la Ligue arabe, ou sa duplication en deux organismes rivaux. انسحاب الوفد السعودي احتجاجا على خطاب وزير الخارجية العراقي يذكرنا بانقسام الجامعة العربية اثناء “عاصفة الصحراء”.. فهل ستكرر “عاصفة الحزم” المشهد نفسه ونصحو على جامعتين؟ واي منهما ستكون عربية؟ | رأي اليوم
      http://www.raialyoum.com/?p=404698

    • Saudi Delegation Walks out of AL Meeting as Iraqi FM Praises Hezbollah
      http://www.almanar.com.lb/english/adetails.php?eid=260016&cid=56&fromval=1&frid=56&seccatid=66&s1=1

      Iraqi media reported that Jaafari defended Hezbollah and Iraqi Popular Mobilization forces (PMF) who are fighting against Takfiri group, ISIL (so-called Islamic State in Iraq and Levant).

      “PMF and Hezbollah preserved the dignity of the Arabs and whoever accuses them of terrorism they are themselves terrorists.”

      The Iraqi FM rejected attempts to distort the image of Hezbollah, saying that the party’s Secretary-General Sayyed Hasan Nasrallah "is an Arab hero.

      Following Jaafari’s remarks, the Saudi delegation walked out of the meeting, al-Iraqiyyah TV quoted an official at the foreign ministry as saying.

    • Dans l’épouvantable parlance des communiqués de presse repris par les agences avant d’arriver dans nos médias, quand Jaafari balance en pleine réunion que ceux qui accusent le Hezbollah de terrorisme sont eux-mêmes des terroristes, ça devient « l’Irak [a] émis des réserves concernant cette décision ».

      ​La Ligue arabe déclare le Hezbollah libanais groupe "terroriste"
      http://www.itele.fr/monde/video/la-ligue-arabe-declare-le-hezbollah-libanais-groupe-terroriste-157045

      Le Liban et l’Irak ont tous deux émis des réserves concernant cette décision. Dans ces pays, la communauté chiite conserve un poids politique important. L’Algérie, de son côté a fait des « remarques », a précisé le diplomate bahreïni, sans plus de précision.

      Durant les discussions ce vendredi, la délégation saoudienne a quitté le conseil momentanément pour protester contre l’attitude du ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim al-Jaafari, qui refusait la qualification du Hezbollah comme « terroriste ». A la sortie de cette réunion, Ibrahim al-Jaafari a campé sur sa position. Au micro de la chaîne égyptienne CBC Extraa, il a salué le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, « qui fait face au terrorisme et à Israël avec courage ».

    • Et l’Algérie n’a pas fait que des « remarques » :

      Affaire Hezbollah : Alger, Beyrouth et Baghdad refusent de suivre Ryad
      http://www.huffpostmaghreb.com/2016/03/12/hezbollah-alger-beyrouth_n_9444804.html

      Sur un ton très diplomatique mais assez clair pour ne pas déplaire aux pays du Golfe, le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel a fait valoir que la décision n’est pas conforme à la légalité internationale.

      Les résolutions onusiennes et les des organisations terroristes établies par l’ONU « n’incluent pas les composantes politiques reconnues aux niveaux national et international et présentes sur la scène sociopolitique nationale ».

      La déclaration de M.Messahel confirme clairement que l’Algérie n’a pas validé la décision prise et lève l’équivoque entretenue par un responsable du Bahreïn, Wahid Moubarak Sayar, qui a déclaré que le Liban et l’irak ont émis « des réserves » et l’Algérie a fait des « remarques ».

  • Raqqa/Deïr az-Zor : avec les préparatifs pour la bataille de Mossoul la course à la prise du contrôle du territoire syrien sous contrôle de Da’ich entre des alliances concurrentes se met en place doucement, mais sûrement.

    Selon Elijah Magnier, le régime et ses alliés ne lanceront pas la bataille sur Raqqa tant que la bataille de Mossoul ne sera pas lancée par les Américains et leurs alliés. D’abord parce que ce serait s’exposer à des déplacements de troupes de Da’ich d’Irak vers la Syrie, et ensuite parce que le principal danger reste al-Nousra qui dispose de soutiens extérieurs. En attendant cette bataille de Mossoul, ils se concentrent donc sur al-Nousra dans la province d’Idlib et essaient de se positionner pour reprendre 3 villes à Da’ich : Qaryatayn, Palmyre et Tabaqa
    https://elijahjm.wordpress.com/2016/03/01/the-raqqa-offensive-needs-mosul-first-and-the-iraqi-popular-mobi
    The Raqqa offensive needs Mosul first and The Iraqi Popular Mobilisation Force to Syria

    The Syrian “axis of resistance”, formed of the Iranian Revolutionary Guard Corps (IRGC), Lebanese “Hezbollah” Special Forces, Iraqi of the PMF, Pakistani and Afghan militias, all operating in Syria and backed by Russia, are preparing new military plans to advance on two main axes in the north of Syria: The first, in the northwest in Jisr al-Shughur, Idlib and rural areas of Aleppo to counter al-Qaeda in the Levant – Jahbat al Nusra and its allies. The second, is the attack against ISIS on three fronts: Qariyateyen, Palmyra, and Tabqa, without going too close to Raqqa. Both al-Qaeda and its Jihadist allies on one hand, and ISIS on the other, are not included in any cease-fire or deal related to a possible peace process or Cease-fire in Syria. While Russia and its allies prepare for their war in Syria, the U.S.A is gathering Iraqi forces and many American advisors around Mosul for the Iraqi J-Day.

    La reprise de Qaryatayn et Palmyre (Tadmor), qui sont encore loin d’être faites, permettrait d’attaquer ensuite non seulement Raqqa par le sud mais aussi de briser le siège de Deïr az-Zor. Quant à Tabaqa, sa prise permettrait de couper Raqqa de toute la rive ouest du lac Assad et d’un accès à la Turquie au nord.

    En tout cas, côté Irak, les préparatifs pour la bataille de Mossoul semblent se mettre en place. D’autant que le YPG a récemment progressé en prenant la ville de Shedadeh sur l’axe Hasakeh-Deïr az-Zor. Et les déclarations d’officiels américains sont assez ambigües pour laisser penser que la course vers Raqqa, au moins par l’Irak pour la coalition américaine, est lancée :
    http://www.defenseone.com/threats/2016/02/battle-mosul-has-begun/126304
    The Battle for Mosul Has Begun

    “We are focused on eliminating the enemy in Raqqa every single day. We’re doing airstrikes there constantly,” McGurk said. “We know more now than we ever did before, and we’re beginning to constrict [the coalition’s] hold on Raqqa.”
    Carter called Shadadi “a critical node for ISIL training and logistics, as well as for its oil enterprise. As our partners take control of Shadadi, I believe we will learn a great deal more about ISIL’s criminal networks, its criminal enterprise, and what it does to sustain them.”
    McGurk said the Mosul push will be guided from a new joint operations center in Makhmur, southwest of the Kurdish capital of Irbil. The coalition also has forces in Sinjar, Hit, and al-Assad Air Base to the south, a key special operations launching point which has remained under U.S. and Iraqi control.
    “Because of our strategy and our determination to accelerate our campaign, momentum is now on our side and not on ISIL’s,” Carter said.

    Al-Monitor s’intéresse lui aussi au sujet :
    http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/02/syria-regime-advance-raqqa.html#ixzz41f6V3BGR
    Is Syrian regime about to retake Raqqa ?

    Regarding the next steps, the same leader in Athriya said, “Our operations will continue along the Athriya-Raqqa axis, and our forces will secure the road from Athriya to Khanasir. The Russian air force will protect the two forces [on the Athriya-Khanasir and Athriya-Raqqa axes] against any attacks that might risk us losing the regions we retook.” The Syrian regime managed to regain control over the town of Khanasir on Feb. 25.
    Abdel Rahman Daoud, a political analyst close to the Syrian regime, told Al-Monitor, “The Syrian army will stand its ground in the Raqqa battle because regaining the province is an important step to eliminate the danger of division, and because the Russian leadership wants to block the way to any US attempt to control IS’ main stronghold amid the public field race between Russia and the United States.”
    The Raqqa battle is still relatively far away if we look at it from the perspective of distances that the Syrian army would have to cross. But from an ambitious perspective, it has become imminent. IS has blocked the road the Syrian regime would need to cross to reach the north of the country. This might make the regime’s ambitions harder to fulfill.

  • Des rebelles syriens traversent la frontière turque pour combattre les Kurdes
    http://www.lorientlejour.com/article/970976/des-rebelles-syriens-en-renfort-depuis-la-turquie-pour-combattre-les-

    Selon l’OSDH, les nouveaux combattants munis d’armes appartiennent à une mosaïque de groupes rebelles et islamistes notamment à Faylaq al-Cham (Légion du Levant).

    « En fait ils sont venus de la province (mitoyenne) d’Idleb et de l’ouest de la province d’Alep. Ils ont pénétré en Turquie par le poste-frontière d’Atmé pour revenir en Syrie par Bab al-Salama afin d’éviter les territoires tenus par les kurdes ou le régime », a expliqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

    Pour l’expert sur la Syrie, Thomas Pierret, Faylaq al-Cham est la « branche militaire officielle des Frères musulmans, proche de la Turquie ». Selon lui, ils vont pouvoir renforcer Azaz mais il leur sera difficile de reprendre les secteurs pris par les FDS.

    « Ces renforts peuvent contribuer à empêcher la chute d’Azaz, mais eu égard à l’appui aérien russe dont bénéficient les YPG, je doute que ces derniers puissent être chassés de l’essentiel des positions conquises ces derniers jours », a-t-il dit à l’AFP.

  • Lilia Marsali

    Projet de Master

    Titre de mon projet de Master :

    Djihadistes français ou le rejet de la culture médiatique postcoloniale : déconstruction d’un phénomène minoritaire surmédiatisé dans la presse francophone d’élite.

    Par une absence d’application de solutions politiques internationales radicales en matière de justice internationale en Syrie, le conflit syrien a malheureusement attiré des jeunes français soit d’héritage musulman, soit convertis, de tranches d’âges, d’origines, et de catégories socioprofessionnelles diverses, qui ont par « mécanismes » endossé volontairement le rôle de « défenseurs » des opprimés abandonnés par les grandes puissances mondiales. C’est dans une vision biaisée de « héros » que ces djihadistes français accourent pour sauver ceux-là même qui subissent depuis plus de trois ans les exactions du régime syrien soutenu par des milices internationales avec lesquelles ces « nouveaux héros » de la toile terroriste désiraient rivaliser. Les djihadistes français ont ainsi rejoint facilement le groupe djihadiste armée le plus radical, classé « terroriste », l’Etat Islamique d’Iraq et du Levant nouvellement renommé Etat Islamique, dénommé Da’ech en Syrie et dans la presse francophone, et ce sans avoir réellement réfléchi aux conséquences de leur engagement.
    Les djihadistes français sont de facto majoritairement représentés dans la presse francophone bien qu’ils ne représentent qu’une minorité de la population musulmane en France. Les raisons de cette surmédiatisation viennent en partie des exactions commises par leur groupe radical sur des minorités ethnico religieuses : les chrétiens, les yazidis, les kurdes mais aussi par les enlèvements de journalistes étrangers et des décapitations appliquées comme sentences. Ces djihadistes ont choisi d’exprimer leur colère sous couvert de l’Islam qu’ils maîtrisent peu en général. Ils sont « chaperonnés » par des discours religieux de leur chef Al Baghdâdi autoproclamé « Calife » qui font office de lois. Ces lois que l’on désignerait de réceptacle de colères et d’amertumes certes inspirées de la substance du texte coranique détourné par opportunisme sont l’aboutissement de tout un mélange d’expériences, de frustrations, de mal être et de projections. Paradoxalement cette attention médiatique se fait rare lorsque les exactions sont portées sur des membres de la majorité religieuse en Syrie. Ainsi les djihadistes concentrent l’attention des agences de presse francophone.

    Pourquoi ces jeunes français musulmans minoritaires ont – ils quitté leur pays, sacrifiant leur confort matériel, pour se fondre dans une extrême violence qu’ils n’avaient peut-être pas expérimentée auparavant dans leur environnement en France ? L’empathie, l’identification à un groupe religieux étranger en détresse, l’indignation réelle n’expliquent pas tout. Aussi je souhaiterais explorer les raisons qui les ont conduits à rejoindre spécifiquement un mouvement d’une extrême violence plus dangereux qu’Al Qaeda, à travers une réflexion sur leur comportement sociologique en France et leur degré de conscientisation politique. Tout d’abord en tant qu’acteurs citoyens et ensuite en tant qu’audience passive ou active.

    J’ai pensé à explorer deux cas de figures liés dans les faits. La récupération d’un mouvement contestataire « La Marche pour l’Egalite et les Droits » devenue par stratégie politique « La Marche des Beurs » et la création d’une culture de dépendance via un programme télévisuelle Le Jamel Comedy Club où les stéréotypes battent leur plein, ont endigué toute forme de conscientisation politique dans les banlieues et au-delà après les émeutes en 2005. « La Marche pour l’Egalite et les Droits » fut un premier échec de conscientisation politique et l’échec d’un manque de visibilité d’une minorité religieuse dans l’industrie médiatique française. Etrangement Jamel Debbouze sera en 2013 le personnage principal du film sur « La Marche des Beurs ». L’absence de projets culturels en banlieues autres que le divertissement médiatisé favorisera par conséquent la création d’une culture de dépendance pour catalyser un mouvement social contestataire. En effet, afin d’apaiser ce mouvement contestataire légitime assez violent dans sa forme l’industrie médiatique française a essayé de rendre visible une minorité ethnique en jouant sur les egos, les paillettes, la reconnaissance via le « star system » jusqu’à engendrer un climat malsain de contradiction. En outre « « La Marche des Beurs » et les émeutes en banlieues ont en commun des revendications d’ordre politique et sociale. Cependant l’apparition d’une revendication à caractère religieux du mouvement ouvrier de l’immigration révèlera par la suite d’autres revendications sociétales à caractère religieux dans un espace laïc qui empêche toute forme d’épanouissement privé d’ordre religieux et qui se posera en contradiction avec la représentation médiatique du jeune « Beur » laïc, moitié athée, moitié musulman et des fantasmes créés autour. Laïcs et religieux, « beurs » ou « musulmans », tous deux stigmatisés sont pourtant concernés par les mêmes revendications. Idem pour les émeutes en banlieues : là où le vide laisse s’installer une culture médiatique post coloniale sera la période qui suit les émeutes en banlieues. Ce problème ne sera pas dans le champ médiatique résolu par l’intégration de programme télévisuel de divertissement censé correspondre aux attentes d’une jeunesse contestataire. Bien au contraire il résidera une absence de conscientisation majeure politique en France malgré des foyers d’organisation tels que le MIB englouti par les Indigènes de la République paradoxalement trop médiatisés depuis les émeutes de banlieues cependant lent à s’engager dans la scène politique, et un militantisme associatif actif, complètement ignoré, puis écrasé par un militantisme opportuniste.
    Afin de déconstruire ce phénomène minoritaire de djihadistes pour en extraire les causes réelles de leur passage à l’action à l’étranger, il serait pertinent de travailler sur l’hypothèse d’un rejet d’une culture médiatique post coloniale instaurée à la suite des émeutes des quartiers en France et de mettre en rapport les insatisfactions d’une minorité de citoyens français avec cet ersatz médiatique préfabriqué à la hâte censé catalyser une certaine tranche de la population issue d’une culture populaire ou pas . On pourrait ainsi réfléchir sur les effets et les conséquences d’une mauvaise représentation médiatique de leur groupe ethnico religieux. Aussi, les djihadistes français représentent un phénomène contestataire apolitique minoritaire qui révèle une histoire citoyenne à travers son désengagement total des luttes et du militantisme puisqu’ils s’expatrient brutalement vers un autre environnement. Il serait également intéressant d’explorer les raisons de ce désengagement afin de comprendre sa transfiguration dans un champ de violence, en un état de guerre où tout avenir est incertain. Ainsi, l’approche de cette réflexion empirique s’inscrit dans des démarches de déconstruction d’un phénomène sociologique violent, minoritaire, représenté médiatiquement dans la presse francophone et dans une méthode d’analyse de la critique du discours de la presse francophone. Il serait pertinent de montrer enfin en quoi le paradoxe qui s’impose, à savoir une représentation accrue dans la presse francophone d’élite en tant que djihadistes et une invisibilité médiatique de leur groupe sociologique en tant qu’individu français, est-il la clef de compréhension d’un rejet d’une culture médiatique identifié qui mènerait à une forme de violence.

  • En attente de l’ultime tempête… pourvu que ce soit la bonne, celle du grand nettoyage –
    par Pepe Escobar - 31.01.2016 - Traduit et édité par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone
    http://lesakerfrancophone.fr/en-attente-de-lultime-tempete-pourvu-que-ce-soit-la-bonne-celle-d

    (...) La politique étrangère américaine, sur le plan du commerce et sous l’administration du canard boiteux Obama, se borne à pousser l’Otan à s’engager dans des pactes commerciaux ; TPP [Océan Pacifique] et TTIP [Océan Atlantique], qui concernent l’UE et le Japon, tous deux en stagnation et / ou en récession, tout en excluant la Chine. Cela signifie que tous deux sont, finalement, mort-nés ; personne, nulle part, ne peut augmenter sa croissance économique en excluant la Chine.

    En termes de Guerre froide 2.0, la politique étrangère des États-Unis implique maintenant un théâtre latent de guerre US+Otan englobant le Maghreb, la Corne de l’Afrique, le Levant, le bassin de la mer Caspienne, le golfe Persique, l’océan Indien, la mer de Chine du Sud, et l’ensemble de l’Europe de l’Est jusqu’aux régions frontalières russes.

    Comme on pouvait s’y attendre, les contribuables américains financent la mentalité de la Guerre froide 2.0 avec un Pentagone qui garde bien vivante la possibilité d’une confrontation militaire directe contre les trois pôles clés de l’intégration eurasienne : la Russie, la Chine et l’Iran.

    Pivot vers nulle part

    La myriade de problèmes économiques qui se posent au turbo-capitalisme américain sont structurels et absolument insolubles dans le cadre du système économico-politique en place, qui est en fait un crypto-consensus incestueux entre Washington et Wall Street. Les fissures entre les Maîtres de l’Univers eux-mêmes sont proches d’apparaître avec éclat au grand jour alors que la planète s’embarque dans un changement tectonique vers un ordre économique et politique plus multipolaire centré sur l’Eurasie.(...)

    http://www.strategic-culture.org/news/2016/01/31/waiting-for-perfect-storm.html
    repris par
    http://russia-insider.com/en/waiting-perfect-storm/ri12574

  • Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme les organes judiciaires d’Idlib, mis en place par la coalition rebelle Jaysh al-Fatah, ont décrété que quiconque apportait de la nourriture aux villes chiites assiégées de Fouah et Kefraya serait exécuté en place publique.
    http://www.syriahr.com/en/?p=44028

    The “judicial” authorities in Idlib province issued a statement, in which they showed that any material smuggling whether it was food or other stuff to the towns of Al-Fu’ah and Kafriya which are inhabited by Shiite citizens and besieged by the Islamic factions and Jabhat Al -Nusra (al-Qaeda in Levant) is strictly prohibited, and in the statement they said that whomever do otherwise will be “executed in public square” starting 3 days from the date of publishing the statement, they also said that this decision was made so that the siege of the fighters is not weakened, and the people of Al-Fu’ah and Kafriya won’t get any help, so they don’t endure and resist the siege of the “Mujahideen”, the thing which may weaken the position of “Mujahideen” who seek to “exploit the siege of Rawafid” in those villages to break the siege on the people who are trapped in Madaya and other besieged areas, to put pressure on “Nusayri criminal regime” and force them to lift the siege from “our people”.

  • #Espagne et #Maroc : les exemples polémiques de #Frontex pour illustrer comment stopper les flux d’immigrés

    Feliciano Tisera @felitisera feliciano.tisera@bez.es 3 février 2016

    D’après l’Agence européenne de contrôle des frontières extérieures (Frontex), il est clair que pour arrêter l’immigration illégale, il faut emprunter la voie suivie par l’Espagne. Selon les données européennes, la réalité est incontestable : l’immigration irrégulière vers l’Espagne par la mer a atteint des niveaux très bas. En revanche, alors que #Frontex nomme cela coopération avec les pays émetteurs, les critiques de l’agence parlent plutôt de militarisation de la frontière et dénoncent de graves et systématiques violations des droits de l’homme.

    Selon Frontex, la route de l’Afrique de l’Ouest est fermée grâce aux efforts conjoints de l’Espagne, du Sénégal, du Maroc et de la Mauritanie. C’est la conclusion du Rapport conjoint de la Communauté Afrique-Frontex correspondant à l’année 2015. A cet égard, Frontex souligne également comme facteurs importants pour réduire les tentatives d’entrée à #Ceuta et #Melilla l’application d’un accord de réadmission entre le Maroc et l’Espagne, le renforcement des unités de gardes-frontières marocains aux barrières et le démantèlement de camps d’immigrés « sans-papiers ». De leurs côtés, les associations critiques nomment cela « militarisation de la frontière » et « sous-traitance du contrôle des frontières extérieures de l’UE à un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme. »

    « C’est une sous-traitance du contrôle de la frontière sud de l’UE à un pays dans lequel l’Etat de droit et le respect des droits fondamentaux brillent par leur absence, ce qui nous paraît absolument condamnable, non pour des questions idéologiques, mais parce que cela a des effets directs et dévastateurs sur le respect des personnes qui se trouvent en transit vers l’Europe », a affirmé à bez.es Carlos Arce, coordinateur des questions d’immigration au sein de l’Association Pro-Droits Humains d’Andalousie (APDHA).

    Selon la Gendarmerie Royale Marocaine, 18 000 immigrés subsahariens ont tenté de franchir les barrières de Ceuta et Melilla à l’occasion de 90 tentatives groupées d’entrer sur le territoire européen en 2014 (derniers chiffres disponibles). En complément aux barrières espagnoles, les autorités marocaines ont creusé une fosse et érigé une barrière dans les zones les plus vulnérables du périmètre frontalier qui entoure les villes espagnoles en terre africaine.

    Faute de données connues pour l’année 2015, on peut tout de même relever que le Maroc a déclaré avoir évité en 2014 l’arrivée de 12 267 immigrés irréguliers par la mer (1 746 jusqu’en avril 2015, dernier chiffre disponible). Par nationalité, 41% étaient sénégalais, 33% maliens, 12% guinéens, 9% ivoiriens et respectivement 3% d’algériens, de ghanéens et de nigérians.

    En réponse aux politiques menées, certains migrants subsahariens cherchent à arriver en Espagne par la mer, même si ce phénomène demeure limité. Sur la route ouest-africaine qui relie le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc aux Canaries, la quantité de personnes qui cherchent à arriver par la mer est « insignifiante » selon Frontex, mise à part une légère tendance à la hausse des départs depuis le Maroc en 2014.

    Plus aucun cayuco depuis le Sénagal et la Mauritanie

    Selon Frontex, grâce à l’efficacité des memoranda d’entente entre l’Espagne, le Sénégal et la Mauritanie, c’est en 2008 que le dernier cayuco (pirogue) est arrivé aux Canaries depuis le Sénégal et la dernière arrivée depuis la Mauritanie date de juin 2014 (selon les informations fournies par les délégués mauritaniens et sénégalais de la Communauté d’intelligence Afrique-Frontex).

    Frontex affirme qu’une autre manière de dissuader les migrants d’essayer d’entrer dans l’UE est de négocier avec les pays émetteurs un bon taux de réadmission des personnes expulsées. Selon l’agence, cela décourage les aventures migratoires par la mer et par conséquent, cela évite les accidents mortels.

    En fait, cela est notable dans le cas des Algériens. Si Frontex soutient que les citoyens d’Algérie ont continué à arriver en 2015 sur les côtes andalouses et du Levant espagnol, ce phénomène appelé « harga » (du verbe « brûler » en arabe) a diminué en 2013, principalement du fait de la collaboration entre l’Espagne et les autorités algériennes dans les procédures de rapatriement. Alors qu’en 2013 moins de 400 des quelques 1400 Algériens arrivés en Espagne avaient été rapatriés, en 2015 moins de 400 sont entrés et les autorités ont rapatrié un nombre de personnes encore plus important que celui des personnes entrées sur le territoire espagnol.

    « Si la proportion entre le franchissement illégal des frontières et le retour subséquent par les Etats membres de l’UE affectés étaient en ligne avec la Directive ’Retour’ de l’UE (2008/115/EC), moins de migrants seraient disposés à courir le risque, comme le démontrent clairement le cas des Tunisiens en Italie et celui des Algériens en Espagne », affirme le rapport de Frontex.

    Dans tous les cas, cela n’arrête pas les mafias qui trafiquent les personnes d’explorer de nouvelles voies. Ces dernières années par exemple, les autorités sénégalaises dénoncent l’utilisation de cargos amarrés dans le port de Dakar. Entre 2013 et 2014, des subsahariens ont utilisé pour pénéter sur le territoire européen trois embarcations de ce type qui étaient remorquées vers l’UE pour destruction. De plus, au moins 12 personnes sont mortes en mars 2015 ainsi que plusieurs dizaines d’autres en octobre de la même année, au cours d’incidents qui concernaient des embarcations parties depuis le Maroc.

    « Militarisation et violation systématique des droits de l’homme »

    Les critiques de cette politique européenne, en général des associations de défense des droits de l’homme qui travaillent dans la région, signalent qu’il existe une forte militarisation de la zone et que les droits de l’homme y sont systématiquement violés.

    « La coopération hispano-marocaine fait qu’aux frontières de Ceuta et Melilla, il y a un état de guerre injustifié contre les immigrés, mais en réalité il n’y a pas de guerre, ils ne viennent pas avec des armes ou pour envahir quoi que ce soit. L’emploi de la force militaire contre eux est une atrocité. Pour Frontex c’est bien, mais c’est une politique criminelle, difficilement compréhensible du point de vue des droits de l’homme », signale José Palazón de l’ONG Prodein, qui travaille pour le respect des droits des migrants dans les deux villes espagnoles qui partagent une frontière avec le Maroc.

    Prodein remarque également que les forces marocaines ne sont pas les seules à utiliser la force illégalement. « Le gouvernement espagnol continue d’employer ses forces de sécurité pour commettre des actes contraires à la légalité, même s’il est vrai que les actions les plus brutales sont commises par les forces marocaines », explique Palazón.

    L’Espagne et l’UE feraient-ils appel au gouvernement chérifien pour faire le sale travail qu’ils ne peuvent pas mener à bien sur leur territoire ? « Evidemment. Le Maroc est un pays colonisé par l’UE avec des gouvernants maintenus en place par l’UE, qui acceptent tout », ajoute Palazón.

    L’affaire « Velázquez », symptomatique de l’Espagne

    Le rapport de Frontex arrive dans un contexte de tensions, au moment même où les associations de défense des droits de l’homme dénoncent le refus d’entrée opposé par le Maroc au sacerdote jésuite Esteban Velázquez, à qui on a également retiré le permis de résidence. « Ce religieux catholique était le responsable à Nador de la Délégation des Migrations de l’Archevêché de Tanger depuis 3 ans, durant lesquels il s’est illustré par sa défense des droits fondamentaux et l’assistance humanitaire qu’il apportait aux personnes migrantes et réfugiées qui se trouvent en transit au nord du Maroc, étape finale de leur périple migratoire vers l’Europe », explique-t-on depuis Migreurop, une association d’organisations qui travaillent pour le respect des droits des migrants. Le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel García-Margallo s’est abstenu de tout commentaire sur l’affaire. Selon lui, c’est à l’Etat du Vatican de dénoncer cette situation supposément arbitraire. « Nous trouvons inacceptable l’inaction absolue du gouvernement espagnol face au traitement injuste et si flagrant d’un de ses citoyens, et ce alors qu’il se targue d’entretenir une relation privilégiée avec le gouvernement marocain, qu’il félicite pour son implication dans le contrôle des flux migratoires par des moyens d’une douteuse régularité internationale », ont ajouté les membres de Migreurop.

    Reçu via la mailing-list de Migreurop
    #militarisation_frontalière #externalisation #frontières #contrôles_frontaliers #droits_humains

  • Le nouveau truc diplomatique fashion dans le club du CCG, déclarer "moi aussi je suis prêt à envoyer des « ground troops » contre Da’ich". Après l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis :
    http://www.aljazeera.com/news/2016/02/uae-ready-send-ground-troops-syria-160207103946820.html

    The United Arab Emirates (UAE) is ready to send ground troops to Syria as part of an international coalition to fight against the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL) group, a top official has said.
    The announcement comes just days after Saudi Arabia expressed the same position, saying that it was prepared to deploy troops to fight ISIL in Syria if the US-led coalition were to agree.
    “Our position throughout has been that a real campaign against [ISIL] has to include a ground force,” the UAE’s Minister of State for Foreign Affairs Anwar Gargash said at a news conference in Abu Dhabi on Sunday.
    Gargash added that “US leadership on this” would also be a prerequisite for the UAE.
    He did not elaborate about how many troops the UAE could send - but added: "We are not talking about thousands of troops" .

    Bon, on est d’accord, hein, on en enverra pas des milliers. Mais bon, deux trois gars qui pèlent les oranges tandis que les boys américains font le match, c’est déjà ça, non ? Alors Barack, on y va ou pas ?

    • Le Koweït aussi, enfin pas vraiment des troupes au sol, hein. Mais bon comme on est solidaires de nos amis du CCG, et tout ça et tout ça, disons plutôt un peu de renseignement, ça ira ? Ah ! On se charge aussi du dessert, ok ? :
      http://www.reuters.com/article/mideast-crisis-kuwait-idUKL8N15O188

      “Kuwait stands shoulder-to-shoulder with our brothers in Saudi on all fronts. We are always ready and able to provide what is needed to our Gulf partners within the confines of our constitution,” said Sheikh Mohammad al-Mubarak Al-Sabah, Kuwait’s minister for cabinet affairs, in an interview in Dubai.
      Speaking late on Monday, he said this could be “intelligence-sharing, the provision of establishments required by the coalition to facilitate their activities”. He did not elaborate.

  • Nouvel e-mail déclassifié, au titre de la FOIA, reçu par Hillary Clinton au State Department, envoyé par son conseiller Sydney Blumenthal, et daté d’avril 2011, un mois après le début des opérations de la « coalition » contre Kadhafi.
    Cet e-mail évoque une série de motifs ayant incité Sarkozy à attaquer le régime libyen dont notamment le fait que Kadhafi projetait d’utiliser ses importantes réserves d’or et d’argent (143 tonnes d’or) pour établir une monnaie panafricaine adossée à un dinar libyen en or qui constituerait une alternative au franc CFA dans les pays de l’Afrique francophone :
    https://www.foia.state.gov/searchapp/DOCUMENTS/HRCEmail_DecWebClearedMeta/31-C1/DOC_0C05779612/C05779612.pdf

    On April 2, 2011 sources with access to advisors to Salt al-Islam Qaddafi stated in strictest confidence that while the
    freezing of Libya’s foreign bank accounts presents Muammar Qaddafi with serious challenges, his ability to equip and
    maintain his armed forces and intelligence services remains intact. According to sensitive information available to this
    these individuals, Qaddafi’s government holds 143 tons of gold, and a similar amount in silver. During late March, 2011
    these stocks were moved to SABHA (south west in the direction of the Libyan border with Niger and Chad); taken from
    the vaults of the Libyan Central Bank in Tripoli.
    This gold was accumulated prior to the current rebellion and was intended to be used to establish a pan-African currency
    based on the Libyan golden Dinar. This plan was designed to provide the Francophone African Countries with an
    alternative to the French.franc (CFA).

    (Source Comment: According to knowledgeable individuals this quantity of gold and silver is valued at more than $7
    billion. French intelligence officers discovered this plan shortly after the current rebellion began, and this was one of the
    factors that influenced President Nicolas Sarkozy’s decision to commit France to the attack on Libya.
    According to these
    individuals Sarkozy’s plans are driven by the following issues:
    a. A desire to gain a greater share of Libya oil production,
    b. Increase French influence in North Africa,
    c. Improve his intemal political situation in France,
    d. Provide the French military with an opportunity to reassert its position in the world,
    e. Address the concern of his advisors over Qaddafi’s long term plans to supplant France as the dominant power in
    Francophone Africa)

    RT a brièvement traité l’information :
    https://www.youtube.com/watch?v=CtkCpyrIoLg

    • Via site Levant Report : http://levantreport.com/2016/01/04/new-hillary-emails-reveal-propaganda-executions-coveting-libyan-oil-an
      L’article analyse cet e-mail et plusieurs autres de la même période (mars-avril 2011), déclassifiés en décembre 2015.
      Ainsi dans un e-mail du 27 mars 2011, Blumenthal évoque des cas d’exécutions sommaires de combattants/mercenaires pro-Kadhafi par les milices de la rébellion.
      Il évoque aussi l’entraînement et l’assistance directe que reçoivent ces milices de la part des Forces spéciales de la France, du Royaume-Uni et de l’Egypte qui surveillent le transfert des armes dont elles bénéficient :
      https://www.foia.state.gov/searchapp/DOCUMENTS/HRCEmail_DecWebClearedMeta/31-C1/DOC_0C05782401/C05782401.pdf

      An extremely sensitive source added that the rebels are receiving direct assistance and training from a small number of Egyptian Special Forces units, while French and British Special Operations troops are working out of bases in Egypt, along the Libyan border. These troops are overseeing the transfer of weapons and supplies to the rebels.

      Rappel : quelques jours auparavant la résolution au CS de l’ONU comportait un embargo sur les armes...

      Par ailleurs dans le même email le conseillerde Clinton prétend que Sarkozy s’inquièterait d’informations faisant état de l’infiltration au sein du Conseil National Libyen d’al-Qaïda au Maghreb Islamique et du GCL (branche libyenne d’al-Qaïda) et qu’il aurait demandé à un sociologue (nom masqué) ayant des contacts en Israël, en Syrie et dans d’autres pays du Moyen-orient d’évaluer ce risque :

      Sarkozy is also concerned about continuing reports that radical/terrorist groups such as the Libyan Fighting Groups and Al Qa’ida in the Islamic Maghreb (AQIM) are infiltrating the NLC and its military command. Accordingly, he asked sociologist
      who has long established ties to Israel, Syria, and other nations in the Middle East, to use his contacts to determine the level of influence AQIM and other.
      terrorist groups have inside of the NLC. Sarkozy also asked for reports setting out a clear picture of the role of the Muslim Brotherhood in the rebel leadership.

  • Dynamic Maps and Graphs | ACLED
    http://www.acleddata.com/visuals/maps/dynamic-maps

    The dynamic maps below have been drawn from ACLED Version 6. They illustrate key dynamics in event types, reported fatalities, and actor categories. Clicking on the maps, and selecting or de-selecting options in the legends, allows users to interactively edit and manipulate the visualisations, and export or share the finished visuals. The maps are visualised using Tableau Public.

    #conflit #cartographie #Afrique

    • #ACLED #GDELT et d’autres bases d’événements : un résumé ici par « Georgine » :
      http://www.poliscirumors.com/topic/gdelt-suspended/page/8#post-95140

      ACLED is basically an incident database - each “event” codes a “happening” rather than a simple action, in the case of ACLED a day of violence in a location perpetrated by a group - it’s much more similar to Wikileaks data and/or the Global Terrorist Database. For each of their events, they extract a ton of information that is connected to the event - so basically one ACLED / GTD / UCDP-GED etc. etc. event can be 100 GDELT events. Don’t get me wrong, being curated and manually collected, it’s leaps and bounds better than GDELT in terms of data quality (the number of false positives and negatives is tons lower), but ACLED is one of the worse incident datasets out there, if not the worse (they did come first though). It’s simply not reliable across cases, the geocoding is pretty poor, and I’ve read an working paper (done by some guys in Berlin, comparing their independently collected benchmark data with some incident datasets), and ACLED was the “odd one there”.
      A far, far better choice is UCDP-GED, they are fairly close to ACLED in what they capture (also only Africa), but the quality and documentation is leaps and bounds better, plus they code far more information per event, plus they are compatible with other datasets (ACLED isn’t), i.e. UCDP-GED has reliable estimates of battle deaths, while ACLED doesn’t really (they’ve added them as an after-thought, and much of them are simply extracted from nowhere). Plus UCDP has the intention to (at least one day) be global with their UCDP-GED while ACLED seems to want to be regional forever. There are issues with UCDP-GED as well - their inclusion criteria is strict, and, like all Uppsala products, they are 1-2 years “behind” real time.
      You also have AID-DATA (Aid flows in Africa, by World Bank, I have no idea how far they’ve gone), SCAD (protests in Africa), MMAD (mass-movements in autocracies), GTD (terrorism), etc. etc. They all follow the “incident” pattern rather than the VRA-LEVANT-GDELT pattern.
      P.S. Note that I don’t work for any of these projects, but worked quite a bit with UCDP-GED, ACLED, GTD and GDELT. Good luck!

  • Selon le site d’al-Jazeera, le porte-parle des SDF, Syrian Democratic Forces (principalement les forces kurdes du YPG), leur a confirmé que l’armée américaine a bien pris le contrôle d’une base aérienne en Syrie. Ceci à la suite d’un accord avec le YPG qu’elle appuie, concomitamment avec les Russes, l’armée US se voit donc octroyer la base de Rmeilan, au nord-est, en zone kurde syrienne, aux confins de la Turquie et de l’Irak.
    http://www.aljazeera.com/news/2016/01/takes-control-rmeilan-airfield-syria-160119141331681.html

    US troops have taken control of Rmeilan airfield in Syria’s northern province of Hasakah to support Kurdish fighters against the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL), a spokesperson for the Syrian Democratic Forces (SDF) told Al Jazeera.
    The airfield near the city of Rmeilan, which will become the first US-controlled airbase in Syria, was previously controlled by the US-backed Kurdish People’s Protection Units (YPG).
    The airfield is close to Syria’s borders with Iraq and Turkey.
    ISIL in Syria confronted by new alliance of opposition groups
    “Under a deal with the YPG, the US was given control of the airport. The purpose of this deal is to back up the SDF, by providing weapons and an airbase for US warplanes,” Taj Kordsh, a media activist from the SDF told Al Jazeera on Tuesday.
    "This airport was previously controlled by the YPG for over two years now. This strategic airport is close to several oil bases - one of the biggest in this area.
    “Rmeilan airport was previously used for agricultural purposes by the Syrian government,” he said.
    Previous reports published by the Syrian Local Coordination Committees say that the US has been preparing and expanding Rmeilan airport for a while now.
    When asked by Al Jazeera, a US CENTCOM media operations officer did not confirm or deny the reports.
    [...]
    The UK-based Syrian Observatory for Human Rights monitor also reported on Monday that the US had taken control of the airbase.
    Sourcing activists, the Observatory said the airfield is still being prepared for use by the US.

    Avec la base de Bashiqa en Irak, occupée par les forces armées turques et ce malgré l’opposition déclarée de Baghdad, mais avec l’aval du Gouvernement Régional du Kurdistan irakien et l’appui de la milice de l’ex-gouverneur de Mossoul, Nujaïfi, c’est donc la deuxième base militaire étrangère à s’implanter récemment dans la région et ce en violant clairement la souveraineté des Etats syrien et irakien - ou de ce qu’il en reste...

  • Comment écrire pour Al Jazeera ?
    1. Innover dans les concepts en écrivant « massacre » entre guillemets.
    2. Préciser, dans le premier paragraphe, que le massacre a eu lieu dans un « quartier tenu par le gouvernement syrien ».
    3. Bien préciser, dans le second paragraphe « qu’au moins 80 des tués étaient des miliciens pro-gouvernement ».
    4. Ne pas oublier de préciser, dans le quatrième paragraphe au sujet des 400 civils enlevés, « y compris des familles des combattants pro-gouvernementaux ».

    ISIL ’massacre’ reported in Syria’s Deir Az Zor
    http://www.aljazeera.com/news/2016/01/isil-massacre-reported-syria-deir-ez-zor-160116192050214.html#

    The Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL) group has been accused of carrying out a massacre in Syrian government-held districts in the eastern city of Deir Az Zor with a monitoring group saying more than 130 people were killed.

    The UK-based Syrian Observatory for Human Rights said on Saturday that at least 80 of those killed were pro-government militiamen and the rest were civilians, as the armed group captured the northern suburb of al-Baghaliyeh.

    The Observatory added that at least 400 civilians, including families of pro-government fighters, were abducted.

  • La guerre ultime pour le contrôle des pipelines se joue en Syrie
    Par Pepe Escobar | Strategic Culture Foundation, le 8 décembre 2015 | traduction [JFG-QuestionsCritiques]
    http://questionscritiques.free.fr/edito/Pepe_Escobar/syrie_pipelines_guerre_ultime_071215.htm

    La Syrie est une guerre de l’énergie. Elle met en scène une compétition géopolitique vicieuse entre deux projets de gazoducs concurrents. C’est la guerre ultime du Pipelineistan, terme que j’ai inventé, il y a longtemps, pour décrire les champs de bataille impériaux pour le contrôle de l’énergie au 21ème siècle.

    Tout a commencé en 2009, lorsque le Qatar a proposé à Damas la construction d’un pipeline, depuis son [gisement gazier de] North Field[1] — contigu avec le gisement de South Pars qui appartient à l’Iran —, traversant l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie et la toute la Turquie, pour approvisionner l’Union Européenne.

    À la place, Damas a choisi en 2010 de donner la faveur au projet concurrent, le [gazoduc] Iran-Irak-Syrie de 10 milliards de dollars, connu également sous le nom de « pipeline islamique ». Cet accord fut officiellement annoncé en juillet 2011, lorsque la tragédie syrienne était déjà en mouvement. En 2012, un protocole d’accord a été signé avec l’Iran.

    Jusque-là, la Syrie était éliminée, sur le plan géostratégique, parce qu’elle n’avait pas autant de pétrole et de gaz que le pétrodollar club du CCG. Mais, les initiés connaissaient déjà son importance en tant que corridor énergétique stratégique. Plus tard, l’importance de la Syrie s’accrut avec la découverte d’un potentiel offshore pétrolier et gazier conséquent.
    (...)
    Mais, le jeu s’est évidemment durci, avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et Israël passant progressivement à la vitesse turbo avec toutes sortes d’opérations secrètes privilégiant les rebelles « modérés » et autres, avec le même objectif d’un changement de régime.

    Désormais, le terrain de jeu s’est encore étendu, avec la réserve offshore de gaz naturel récemment découverte dans toute la Méditerranée orientale — au large d’Israël, de la Palestine, de Chypre, de la Turquie, de l’Egypte, de la Syrie et du Liban. Toute cette zone pourrait contenir jusqu’à 1,7 milliards de barils de pétrole et jusqu’à 122.000 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Et ce pourrait n’être que le tiers de la totalité des réserves de combustibles fossiles dans le Levant.

    Du point de vue de Washington, le jeu est clair : essayer d’isoler autant que possible de ce nouveau filon exceptionnel en Méditerranée orientale la Russie, l’Iran et un « régime inchangé » en Syrie.

    Et cela nous conduit à la Turquie — à présent dans la ligne de mire de Moscou après avoir abattu le Su-24.
    (...)

    #Pipelineistan #Gaz

  • Thomas Piketty : « Le tout-sécuritaire ne suffira pas »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/21/le-tout-securitaire-ne-suffira-pas_4814707_3232.html

    Face au #terrorisme, la réponse doit être en partie sécuritaire. Il faut frapper Daech, arrêter ceux qui en sont issus. Mais il faut aussi s’interroger sur les conditions #politiques de ces #violences, sur les #humiliations et les #injustices qui font que ce mouvement bénéficie de soutiens importants au #Moyen-Orient, et suscite aujourd’hui des vocations sanguinaires en #Europe. A terme, le véritable enjeu est la mise en place d’un modèle de développement social et équitable, là-bas et ici.

    C’est une évidence   : le terrorisme se nourrit de la poudrière inégalitaire moyen-orientale, que nous avons largement contribuée à créer. Daech, «  Etat islamique en Irak et au Levant  », est directement issu de la décomposition du régime irakien, et plus généralement de l’effondrement du système de frontières établi dans la région en 1920.

    • Le tout-sécuritaire ne suffira pas | Le blog de Thomas Piketty
      http://piketty.blog.lemonde.fr/2015/11/24/le-tout-securitaire-ne-suffira-pas-2

      Si l’on examine la zone allant de l’Egypte à l’Iran, en passant par la Syrie, l’Irak et la péninsule Arabique, soit environ 300 millions d’habitants, on constate que les monarchies pétrolières regroupent entre 60  % et 70  % du PIB régional, pour à peine 10  % de la population, ce qui en fait la région la plus inégalitaire de la planète.

      Encore faut-il préciser qu’une minorité des habitants des pétromonarchies s’approprient une part disproportionnée de cette manne, alors que de larges groupes (femmes et travailleurs immigrés notamment) sont maintenus dans un semi-esclavage. Et ce sont ces régimes qui sont soutenus militairement et politiquement par les puissances occidentales, trop heureuses de récupérer quelques miettes pour financer leurs clubs de football, ou bien pour leur vendre des armes. Pas étonnant que nos leçons de démocratie et de justice sociale portent peu au sein de la jeunesse moyen-orientale.

      Pour gagner en crédibilité, il faudrait démontrer aux populations qu’on se soucie davantage du développement social et de l’intégration politique de la région que de nos intérêts financiers et de nos relations avec les familles régnantes.

      Déni de démocratie

      Concrètement, l’argent du pétrole doit aller en priorité au développement régional. En 2015, le budget total dont disposent les autorités égyptiennes pour financer l’ensemble du système éducatif de ce pays de près de 90 millions d’habitants est inférieur à 10 milliards de dollars (9,4 milliards d’euros). Quelques centaines de kilomètres plus loin, les revenus pétroliers atteignent les 300 milliards de dollars pour l’Arabie saoudite et ses 30  millions d’habitants, et dépassent les 100 milliards de dollars pour le Qatar et ses 300  000 Qataris. Un modèle de développement aussi inégal ne peut conduire qu’à la catastrophe. Le cautionner est criminel.

      Quant aux grands discours sur la démocratie et les élections, il faudrait cesser de les tenir uniquement quand les résultats nous arrangent. En 2012, en Egypte, Mohamed Morsi avait été élu président dans une élection à la régulière, ce qui n’est pas banal dans l’histoire électorale arabe. Dès 2013, il était expulsé du pouvoir par les militaires, qui ont aussitôt exécuté des milliers de Frères musulmans, dont l’action sociale a pourtant souvent permis de pallier les ­carences de l’Etat égyptien. Quelques mois plus tard, la France passe l’éponge afin de vendre ses frégates et de s’accaparer une partie des maigres ressources publiques du pays. Espérons que ce déni de démocratie n’aura pas les mêmes conséquences morbides que l’interruption du processus électoral en Algérie en 1992.

      Reste la question  : comment des jeunes qui ont grandi en France peuvent-ils confondre Bagdad et la banlieue parisienne, et chercher à importer ici des conflits qui ont lieu là-bas  ? Rien ne peut excuser cette dérive sanguinaire, machiste et pathétique. Tout juste peut-on noter que le #chômage et la #discrimination professionnelle à l’embauche (particulièrement massive pour les personnes qui ont coché toutes les bonnes cases en termes de diplôme, expérience, etc., comme l’ont montré des travaux récents) ne doivent pas aider. L’Europe, qui avant la crise financière parvenait à accueillir un flux migratoire net de 1 million de personnes par an, avec un chômage en baisse, doit relancer son modèle d’intégration et de création d’emplois. C’est l’#austérité qui a conduit à la montée des égoïsmes nationaux et des tensions identitaires. C’est par le développement social et équitable que la haine sera vaincue.

  • Moyen-Orient - L’Arabie saoudite soutient-elle l’EIIL ? -
    Texte par Wassim NASR

    France 24
    http://www.france24.com/fr/20140619-arabie-saoudite-soutien-financier-eiil-djihadistes-irak-syrie

    L’avancée fulgurante des djihadistes de l’EIIL en Irak, mais aussi dans l’est de la Syrie, pose la question de l’origine de leur financement. Certains évoquent un rôle de l’Arabie saoudite. La réalité est plus complexe.

    L’Arabie saoudite soutient-elle l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) ? A-t-elle facilité les dernières victoires militaires du groupe en Irak ? C’est ce qu’affirment aujourdhui les spécialistes qui accusaient déjà la monarchie saoudienne de financer l’EIIL en Syrie.

    Ces accusations s’appuient sur un argumentaire désormais « classique » rappelant le rôle de Riyad en Afghanistan lors de la guerre entre les moudjahidines et l’armée soviétique (1979 - 1989) en concertation avec Washington. Même l’embryon d’Al-Qaïda, Maktab al-Khadamat créé par Abdullah Azzam et par Oussama Ben Laden, avait bénéficié indirectement de cette aide. Peut-on pour autant en conclure que Riyad et Washington étaient les commanditaires des attentats du 11 septembre 2001 ? Non.

  • Hollande a conduit une politique aventureuse au Proche-Orient

    Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval quitteront leur base de Toulon mercredi 18 novembre pour la Méditerranée orientale où ils arriveront à la mi-décembre pour participer aux opérations contre Daech (acronyme de l’État islamique en Irak et au Levant, autoproclamé) et ses groupes affiliés. Annoncé il y a une quinzaine de jours par un communiqué de l’Élysée, cet appareillage est sans rapport avec les attentats de vendredi dernier à Paris. Il répond en revanche à la volonté de renforcer à la fois le potentiel de frappe français dans la région et la visibilité de l’implication militaire de Paris, au moment où l’engagement russe sur le terrain bouleverse les rapports de force et les données diplomatiques.

    Les 12 Rafale, les 9 Super-Étendard et l’avion de surveillance Hawkeye, embarqués à bord du Charles-de-Gaulle, s’ajouteront aux 6 Rafale basés aux Émirats arabes unis et aux 6 Mirage 2000 déployés en Jordanie, pour porter à 33 le nombre d’appareils de combat à la disposition de l’Élysée aux frontières de l’Irak et de la Syrie. C’est modeste, comparé à l’énorme armada (près de 500 appareils) déployée par les États-Unis dans la région. Suffisant, pour donner à Paris une voix dans le débat diplomatique et stratégique. Insuffisant pour disposer de l’autorité que revendiquent les dirigeants français.

    Engagée depuis septembre 2014 au sein de la coalition d’une soixantaine de pays réunie par les États-Unis, la France participe – modestement – aux opérations destinées à endiguer l’expansion de l’État islamique. Selon les statistiques de la coalition, la part de l’aviation française dans les frappes lancées depuis un an est d’environ 5 % ; l’armée de l’air américaine, forte de ses bases dans la région et de ses porte-avions, assumant la majorité (67 %) des bombardements contre les installations et les troupes de l’État islamique.

    Dans un premier temps, ainsi que l’avait précisé François Hollande en annonçant qu’il avait décidé de répondre à la demande d’appui aérien du gouvernement de Bagdad, les frappes françaises ont été concentrées sur des cibles irakiennes. « Nous ne pouvons pas intervenir [en Syrie], affirmait le chef de l’État en février 2015, car nous ne voulons pas courir le risque que notre intervention puisse aider Assad ou Daech. » Les Rafale et les Mirage limitent alors leur horizon au ciel irakien. Selon l’état-major français, plus de 450 objectifs de l’EI en Irak auraient été atteints et détruits en un an.

    Mais le 8 septembre dernier, changement de stratégie. Deux Rafale, basés aux Émirats arabes unis, entreprennent un premier « vol de reconnaissance » au-dessus de la Syrie pour identifier des cibles éventuelles. « L’Élysée et la Défense, expliquait alors à Mediapart une source informée, ont décidé de constituer et de tenir à jour une liste d’objectifs qui pourraient être frappés en représailles après un attentat de Daech contre la France, ou qui peuvent être frappés préventivement, pour empêcher des attentats en préparation ou pour désorganiser l’infrastructure politico-militaire de Daech, conformément au principe de légitime défense mentionné dans la charte des Nations unies.

    « L’une des difficultés majeures est que les installations de Daech sont dispersées sur un vaste territoire et souvent au sein de la population civile, ce qui implique une préparation et une exécution minutieuse des frappes. En plus d’être moralement difficiles à défendre, des dégâts collatéraux seraient exploités par l’appareil de propagande de l’État islamique et seraient totalement contre-productifs. »

    Moins de trois semaines plus tard, 6 appareils français dont 5 Rafale frappent un camp d’entraînement de Daech près de Deir Ez-Zor, à l’est de la Syrie. Avant les frappes de représailles déclenchées dans la nuit du 15 au 16 novembre sur Raqqa, moins d’une demi-douzaine d’autres raids avaient été lancés, notamment contre des installations pétrolières exploitées par Daech. Comment s’explique cette volte-face de François Hollande ? Officiellement, pour Paris, les enjeux ont changé sur le terrain : Daech est devenu l’ennemi principal, devant Assad. « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles », avance François Hollande lors de sa conférence de presse du 7 septembre. « Notre ennemi, c’est Daech, Bachar al-Assad, c’est l’ennemi de son peuple », précise même le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian lors d’une interview à France Inter, le 16 septembre.

    Il est clair que l’État islamique, par sa pratique quotidienne de la terreur dans les zones qu’il contrôle, et par la mise en scène constante, sur les réseaux sociaux, de sa propre violence, incite à la fois les Syriens à fuir en masse et propage, à l’extérieur, l’image d’une barbarie de nature à nourrir un exode. De là à négliger la sauvagerie du régime d’Assad, le largage de barils d’explosifs sur les zones civiles, le recours permanent à la terreur et à la torture, il y a un pas. Que François Hollande et Laurent Fabius, pourtant ardents partisans du « dégagement » de Bachar, ont franchi.

    La pression du ministère de la défense

    Pourquoi, avant même le carnage organisé par Daech à Paris, François Hollande et son ministre des affaires étrangères ont-ils tout à coup changé d’avis ? Parce que depuis un an au moins, l’état-major et le ministère de la défense, qui disposaient de renseignements précis, demandaient, parfois contre l’avis du Quai d’Orsay, l’autorisation de mener des frappes sur la Syrie. Là se trouvent, expliquaient-ils, la tête, le gros de l’infrastructure et les camps d’entraînement de l’EI qui nous menace. Mais aussi parce que trois événements, de nature différente, mais tous liés à la perception que le public, en France, peut avoir de la crise du Proche-Orient, se sont succédé en moins de deux semaines. Et ont convaincu le président français – et ses conseillers en communication – de changer de ligne sur la Syrie.

    Le premier a été l’attentat avorté, grâce à l’intervention de passagers courageux, à bord du train Thalys, le 21 août 2015, dans le nord de la France. Le terroriste, Ayoub el-Khazzani, un citoyen marocain, qui était armé d’une kalachnikov, d’un pistolet automatique et de neuf chargeurs, n’était à première vue pas lié au conflit syrien mais membre de la mouvance islamiste radicale et incarnait la menace du djihadisme international sur la vie quotidienne, la liberté de mouvement, la sécurité des Européens et en particulier des Français. Il a ravivé, dans le public, la conviction que le terrorisme était, aussi, à nos portes.

    Le deuxième événement a été la découverte, le 2 septembre, sur une plage de Bodrum en Turquie, du cadavre du petit Aylan, mort noyé, comme son frère et sa mère, après le naufrage de l’embarcation qui devait leur permettre de rejoindre l’île grecque de Kos. Alors que l’Europe entière était confrontée à l’exode des Syriens fuyant la terreur et à un constat cruel sur les limites de sa compassion et de son hospitalité, la photo du petit cadavre, diffusée en quelques heures dans le monde entier par les réseaux sociaux, est aussi apparue comme une interrogation sur la responsabilité et l’indifférence des Européens face à la tragédie qui broie leurs voisins du Sud.

    Le troisième événement a été la destruction, le 31 août 2015, du temple de Bêl à Palmyre, rasé au bulldozer par les combattants de l’État islamique, suivi quelques jours plus tard par le dynamitage des tours funéraires sur le même site. Revendiqué avec une jubilation tapageuse par les djihadistes, ce crime contre l’héritage culturel mondial inestimable que représentait Palmyre illustrait jusqu’à la caricature l’intolérance fanatique des dirigeants de Daech et leur volonté aveugle de détruire tout ce qui a précédé l’islam tel qu’ils le conçoivent et d’interdire toute autre célébration que celle de leur Dieu.

    Aux yeux des communicants de l’Élysée et du Quai d’Orsay, il y avait là une convergence de facteurs qui ne pouvait être négligée et qui incitait à décider un changement d’attitude face à la Syrie. L’émotion, l’inquiétude et l’indignation permettaient de le « vendre » à l’opinion publique française, faute de le rendre lisible à nos alliés et cohérent aux yeux des observateurs avertis. Est-ce ainsi, en faisant converger l’actualité et la communication, qu’on définit et met en œuvre une politique étrangère ? Beaucoup en doutent parmi les diplomates, en fonction ou mués en experts et consultants par la retraite.

    Invité début octobre à tirer les conclusions d’un colloque intitulé « La France a-t-elle encore une politique au Moyen-Orient ? », l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine a pris la parole en prévenant : « J’espère ne désespérer personne », avant d’admettre qu’il « y a bien une politique étrangère française de facto », mais qu’elle se résume au Proche-Orient à des « morceaux de politique française juxtaposés ». « La France n’a pas de véritable vision », déplorent des personnalités aussi différentes que Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po, Yves Aubin de La Messuzière, ancien diplomate, excellent connaisseur du monde arabe, ou Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris.

    Pourquoi ? D’abord, peut-être parce que la définition de la politique française, en particulier dans cette partie du monde est partagée, voire parfois disputée, entre l’Élysée et le Quai d’Orsay, avec dans le dossier syro-irakien, une forte présence de la Défense. Ensuite parce que les équations personnelles des principaux responsables, l’influence de leurs principaux conseillers, le poids et l’héritage des différentes administrations n’aident pas à construire une cohérence. Ensuite parce que, comme le relève un diplomate « notre politique actuelle au Proche-Orient est plutôt de réaction que d’action. Elle manque cruellement de réflexion sur la longue durée ».

    Si au Maghreb, la politique de la France, selon Hubert Védrine, consiste à « s’entendre le moins mal possible simultanément avec l’Algérie et le Maroc », au Machrek, elle est peu cohérente, déséquilibrée, au point de faire redouter à certains diplomates de ne plus correspondre aux intérêts fondamentaux, à long terme, de notre pays.

    L’exemple des relations entre la France et l’Arabie saoudite illustre parfaitement ce travers. Sur quoi sont-elles fondées ? Sur l’examen pragmatique des forces et faiblesses de ce pays ? Sur son respect des valeurs auxquelles la France est, en principe, attachée ? Sur son influence positive et stabilisatrice dans la région ? Sur l’évaluation à long terme de nos intérêts respectifs ? On peut en douter.

    En choisissant de faire de cette monarchie absolue wahhabite, qui a déjà exécuté 146 condamnés depuis le début de l’année, notre partenaire privilégié au Moyen-Orient, François Hollande et Laurent Fabius, efficacement aidés par le précieux Jean-Yves Le Drian, ont donné la priorité à leur chère « diplomatie économique », sacrifié quelques principes et dilapidé quelques cartes diplomatiques de valeur.

    L’alliance privilégiée avec le camp sunnite

    Le régime saoudien nous a acheté des hélicoptères de combat, des navires de patrouille, des systèmes de surveillance. Des centrales nucléaires EPR et une vingtaine d’autres projets sont en discussion. L’Arabie saoudite nous a aussi commandé 3 milliards de dollars d’armement destinés à l’armée libanaise et a réglé la facture des deux navires Mistral, vendus à l’Égypte. Les princes saoudiens ont-ils été guidés dans ces choix par leur seule confiance dans la technologie française ? Non.

    Les faveurs faites depuis quelques années à Paris sont surtout pour Riyad une manière de manifester sa mauvaise humeur à Washington et de rétribuer la France pour son zèle. Les princes reprochent à Obama d’avoir renié son engagement en refusant de frapper Damas à l’automne 2013, lorsque le régime syrien a utilisé des gaz chimiques contre son propre peuple, alors que les avions français étaient prêts à décoller pour participer à des représailles internationales. Ils lui reprochent aussi le rôle majeur joué par Washington dans la négociation de l’accord sur le nucléaire iranien, qui a rouvert à Téhéran les portes du concert des nations. Là encore, ils opposent l’attitude de Washington, jugée exagérément complaisante à l’égard des mollahs, à celle de Paris, longtemps réticent à la normalisation des relations avec l’Iran.

    En demeurant silencieux sur le caractère médiéval du régime saoudien, sur le statut quasi esclavagiste de la femme, sur les violations innombrables des droits de l’homme, en oubliant que la doctrine religieuse du royaume, le wahhabisme, a servi de terreau à tous les djihadistes ou que de nombreux princes ou personnalités ont été – ou demeurent ? – de généreux mécènes pour les mouvements islamistes radicaux, à commencer par celui d’Oussama Ben Laden, Paris ne manque pas seulement à ses devoirs moraux – la diplomatie a pris l’habitude de s’en affranchir – mais apparaît, aux yeux de toute la région, comme l’allié privilégié des régimes sunnites. D’autant que ces bonnes dispositions à l’égard du royaume saoudien s’étendent aussi aux monarchies du Golfe, wahhabites également, à commencer par le richissime Qatar, qui a commandé 24 Rafale.

    Témoignage suprême des bonnes dispositions des émirs à son égard, François Hollande a été invité en mai dernier, hommage exceptionnel, à participer à une réunion du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit autour de l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman. Difficile après cela, pour les diplomates français, de critiquer l’écrasement des revendications démocratiques à Bahreïn ou de reprocher à l’aviation saoudienne, engagée aux côtés du régime dans la guerre civile du Yémen, de bombarder sans scrupule, en plus des populations civiles, les trésors du patrimoine architectural. Difficile aussi de dénoncer le rôle de certaines familles ou institutions wahhabites du Golfe dans le financement des groupes djihadistes…

    Discutable sur le plan diplomatique, ce choix de l’alliance privilégiée avec le camp sunnite est aussi contestable sur le plan stratégique, notamment au regard du rôle que Paris entend jouer dans la lutte contre Daech et la résolution de la crise syrienne. Surtout au moment où l’Iran, de retour sur la scène diplomatique internationale après la conclusion de l’accord sur le nucléaire et sur le point de disposer de nouveau des revenus de ses hydrocarbures, entend retrouver son rang et disputer à Riyad le rôle de première puissance de la région.

    « En s’enfermant dans le rôle de “bad cop”, pendant les négociations sur le nucléaire iranien, la France s’est trompée, estime François Nicoulaud, ancien ambassadeur en Iran. Son choix était d’autant moins judicieux qu’elle a assez peu pesé dans la négociation, écrasée par le rouleau compresseur américain. »

    En Irak, il est clair aujourd’hui qu’aucune solution ne peut être trouvée, pour la stabilisation du régime comme pour la lutte contre Daech, sans la contribution de l’Iran, majeure à ce jour, et de la Russie. Paris semble en avoir pris son parti en poursuivant sa modeste contribution à la coalition militaire internationale. En Syrie, où Moscou et Téhéran participent à la défense du régime de Bachar al-Assad contre son opposition et dans une moindre mesure contre l’État islamique, Paris, après avoir cru à la chute de Bachar puis soutenu, sans grand succès, les composantes non djihadistes de l’opposition qui combattaient le régime, est en train d’évoluer, sous la pression des faits, c’est-à-dire du rapport de force sur le terrain.

    Alors qu’il proclamait, depuis le début de la crise, comme son ministre des affaires étrangères, que « Bachar ne fait pas partie de la solution » à la crise syrienne, François Hollande admettait, début septembre, que le départ du dictateur syrien sera « à un moment ou à un autre posé dans la transition ». L’entrée en scène, sur le plan militaire, de la Russie aux côtés du régime syrien, l’admission à la mi-septembre par le secrétaire d’État américain John Kerry que « le départ [d’Assad] ne doit pas forcément avoir lieu le premier jour du premier mois de la transition », ont dilué, de fait, le poids de la position française dans les discussions sur la recherche d’une sortie de crise. Au point qu’à l’assemblée générale de l’ONU, fin septembre, Ban Ki-moon n’a même pas mentionné la France parmi les pays (États-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran, Turquie) qui pouvaient jouer un rôle dans la résolution du conflit syrien.

    L’offensive terroriste internationale de Daech – attentats meurtriers en Turquie, explosion en vol revendiquée de l’avion russe qui survolait le Sinaï, carnage de la semaine dernière à Paris – semble avoir provoqué un consensus au moins provisoire contre l’EI. Au cours de la conférence internationale qui réunissait samedi dernier à Vienne les représentants de 17 pays – dont la Russie, les États-Unis, la France, l’Iran, la Turquie, les pays arabes –, des divergences persistaient sur le destin de Bachar al-Assad et sur la liste des groupes syriens qui doivent être acceptés comme mouvements d’opposition ou sont rejetés comme terroristes.

    Mais selon Laurent Fabius, l’accord était presque total sur la nécessité de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme » et une feuille de route définissant un calendrier de transition politique en Syrie a été adoptée. « Au cours des discussions, a constaté un diplomate étranger, il était clair que la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie partageaient des positions communes, ou très voisines, sur les groupes rebelles syriens qui doivent participer à la transition. »

    Le tropisme pro-israélien mal maîtrisé de Hollande

    La priorité donnée à la « diplomatie économique », c’est-à-dire aux contrats spectaculaires, est si décisive qu’elle assourdit les jugements, voire les mises en garde des diplomates sur le terrain. La vente des navires Mistral à l’Égypte, payée par l’Arabie saoudite, a ainsi été décidée en tenant compte du poids majeur de Riyad dans l’économie égyptienne – qui permet au Caire d’affirmer à l’étranger sa légitimité – mais en négligeant les faiblesses de l’alliance égypto-saoudienne, pourtant relevées dans une note à diffusion restreinte de l’ambassadeur de France, André Parant, du 9 juillet dernier.

    « Il est […] clair, notait le diplomate, que la volonté affichée des nouvelles autorités saoudiennes de donner en politique étrangère la priorité au rassemblement du camp sunnite pour faire face à l’Iran nourrit certaines inquiétudes au Caire. […] La solidité de cette alliance […] n’exclut pas une forme de rivalité traditionnelle entre ces deux poids lourds du monde arabe ni des divergences parfois significatives sur le fond. »

    Cette politique aventureuse, dictée par les gros contrats, les coups de cœur et les coups de sang plutôt que par les visions stratégiques à long terme, caractérise de larges pans de l’action diplomatique française au Proche-Orient. Ils ne suffisent pas à expliquer les choix de l’Élysée et du Quai d’Orsay dans un autre dossier régional majeur, celui du conflit israélo-palestinien.

    Sans doute la France reste-t-elle fidèle à sa position traditionnelle en faveur de la création d’un État palestinien viable et indépendant, aux côtés de l’État d’Israël. Sans doute, Laurent Fabius a-t-il multiplié récemment, sans grand succès il est vrai, les initiatives, notamment au sein du Conseil de sécurité, pour faire adopter des résolutions condamnant l’occupation et la colonisation israéliennes. Mais l’Élysée, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, n’a cessé d’être en retrait sur ce dossier, voire d’adopter des positions pro-israéliennes qui constituent un véritable virage par rapport à la politique française traditionnelle.

    « J’ai découvert ce penchant de Hollande, confie un diplomate, pendant son premier voyage officiel en Israël, en novembre 2013, lorsqu’il est apparu que dans la version originelle de son discours devant la Knesset, il avait oublié de mentionner l’attachement de la France à la création d’un État palestinien. L’oubli a été réparé, mais c’était un signe. »

    Signe confirmé par les témoignages d’amitié prodigués, au-delà du protocole, par le président de la République à son hôte, lors du dîner officiel offert par Benjamin Netanyahou. Après avoir entendu le récital d’une chanteuse israélienne, François Hollande, se tournant, visiblement ému, vers le premier ministre israélien, a déclaré : « Je voudrais avoir la voix de cette chanteuse pour dire tout l’amour que je porte à Israël et à ses dirigeants. »

    Cet amour va parfois jusqu’à rendre le président de la République amnésique. Répondant, le 14 juillet dernier, aux questions des journalistes sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, François Hollande a avancé cette explication – selon le texte disponible sur le site de l’Élysée : « Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi, la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. » Comment pouvait-il avoir oublié qu’Israël dispose depuis près de 50 ans – en partie grâce à la France – de l’arme nucléaire, au point de détenir aujourd’hui au moins 80 ogives, qui peuvent équiper des bombes, des missiles air-sol, des missiles balistiques sol-sol ou des missiles mer-sol, embarqués à bord de ses sous-marins ?

    Le tropisme pro-israélien si mal maîtrisé de François Hollande va parfois jusqu’à provoquer des accrochages avec le Quai d’Orsay. Ce fut le cas en juillet 2014, lors du déclenchement de l’opération militaire israélienne contre la bande de Gaza, lorsque le président de la République a affirmé qu’il appartenait à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », et que « la France était solidaire [d’Israël] face aux tirs de roquettes ». Il fallut 48 heures de bombardements israéliens et de nombreuses victimes palestiniennes pour que François Hollande accepte, sous la pression de Laurent Fabius et de plusieurs dirigeants du PS, d’appeler le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour lui dire « son inquiétude sur la situation à Gaza » et déplorer que « les opérations militaires en cours aient déjà fait de nombreuses victimes palestiniennes ».

    Israël-Palestine : « La France pourrait faire beaucoup, elle ne fait pas

    Comment s’explique cette attitude constante de François Hollande ? Le poids, dans son entourage, des admirateurs des « néo-conservateurs » américains, comme son conseiller diplomatique Jacques Audibert, très écouté dans la gestion des négociations sur le nucléaire iranien où il avait dirigé la délégation française pendant 5 ans, n’est pas décisif sur ce point.

    « Pour moi, estime un ancien diplomate, François Hollande est dans une posture de néo-molletisme. Il tient Israël pour un allié naturel et inconditionnel de la France. C’est une des sources de ses conflits avec Fabius, qui relève d’un autre héritage parmi les socialistes. Le résultat, hélas, c’est que la France est très loin de jouer le rôle qui pourrait être le sien dans ce dossier. Lorsque Fabius, manquant de soutien à Paris et d’appuis diplomatiques chez nos partenaires, renonce à présenter à l’ONU sa résolution condamnant la colonisation de la Cisjordanie, parce qu’elle serait confrontée à un veto américain, il manque l’occasion de faire un éclat qui n’aurait pas nui à l’image internationale de la France. »

    Le fantôme de Guy Mollet rôdant au-dessus des contrats de vente d’armes conclus avec des despotes, tandis que le président de la République bombe le torse en jouant au chef de guerre : on pourrait rêver d’une allégorie plus exaltante de la politique extérieure de la France au Moyen-Orient. Il faudra s’en contenter. C’est un ancien collaborateur de François Mitterrand et ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine, qui le constate : « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

    René Backmann

    http://www.mediapart.fr/journal/international/171115/pourquoi-hollande-conduit-une-politique-aventureuse-au-proche-orient?page_

  • Hollande a conduit une politique aventureuse au Proche-Orient | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/international/171115/hollande-conduit-une-politique-aventureuse-au-proche-orient?onglet=full
    article de René Backmann
    « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

    Le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval quitteront leur base de Toulon mercredi 18 novembre pour la Méditerranée orientale où ils arriveront à la mi-décembre pour participer aux opérations contre #Daech (acronyme de l’État islamique en Irak et au Levant, autoproclamé) et ses groupes affiliés. Annoncé il y a une quinzaine de jours par un communiqué de l’Élysée, cet appareillage est sans rapport avec les #attentats de vendredi dernier à Paris. Il répond en revanche à la volonté de renforcer à la fois le potentiel de frappe français dans la région et la visibilité de l’implication militaire de Paris, au moment où l’engagement russe sur le terrain bouleverse les rapports de force et les données diplomatiques.
    Les 12 Rafale, les 9 Super-Étendard et l’avion de surveillance Hawkeye, embarqués à bord du Charles-de-Gaulle, s’ajouteront aux 6 Rafale basés aux Émirats arabes unis et aux 6 Mirage 2000 déployés en Jordanie, pour porter à 33 le nombre d’appareils de combat à la disposition de l’Élysée aux frontières de l’Irak et de la Syrie. C’est modeste, comparé à l’énorme armada (près de 500 appareils) déployée par les États-Unis dans la région. Suffisant, pour donner à Paris une voix dans le débat diplomatique et stratégique. Insuffisant pour disposer de l’autorité que revendiquent les dirigeants français.

    Engagée depuis septembre 2014 au sein de la coalition d’une soixantaine de pays réunie par les États-Unis, la France participe – modestement – aux opérations destinées à endiguer l’expansion de l’#État_islamique. Selon les statistiques de la coalition, la part de l’aviation française dans les frappes lancées depuis un an est d’environ 5 % ; l’armée de l’air américaine, forte de ses bases dans la région et de ses porte-avions, assumant la majorité (67 %) des bombardements contre les installations et les troupes de l’État islamique.

    Dans un premier temps, ainsi que l’avait précisé François Hollande en annonçant qu’il avait décidé de répondre à la demande d’appui aérien du gouvernement de Bagdad, les frappes françaises ont été concentrées sur des cibles irakiennes. « Nous ne pouvons pas intervenir [en Syrie], affirmait le chef de l’État en février 2015, car nous ne voulons pas courir le risque que notre intervention puisse aider Assad ou Daech. » Les Rafale et les Mirage limitent alors leur horizon au ciel irakien. Selon l’état-major français, plus de 450 objectifs de l’EI en Irak auraient été atteints et détruits en un an.

    Mais le 8 septembre dernier, changement de stratégie. Deux Rafale, basés aux Émirats arabes unis, entreprennent un premier « vol de reconnaissance » au-dessus de la Syrie pour identifier des cibles éventuelles. « L’Élysée et la Défense, expliquait alors à Mediapart une source informée, ont décidé de constituer et de tenir à jour une liste d’objectifs qui pourraient être frappés en représailles après un attentat de Daech contre la France, ou qui peuvent être frappés préventivement, pour empêcher des attentats en préparation ou pour désorganiser l’infrastructure politico-militaire de Daech, conformément au principe de légitime défense mentionné dans la charte des Nations unies.

    « L’une des difficultés majeures est que les installations de Daech sont dispersées sur un vaste territoire et souvent au sein de la population civile, ce qui implique une préparation et une exécution minutieuse des frappes. En plus d’être moralement difficiles à défendre, des dégâts collatéraux seraient exploités par l’appareil de propagande de l’État islamique et seraient totalement contre-productifs. »

    Moins de trois semaines plus tard, 6 appareils français dont 5 Rafale frappent un camp d’entraînement de Daech près de Deir Ez-Zor, à l’est de la Syrie. Avant les frappes de représailles déclenchées dans la nuit du 15 au 16 novembre sur Raqqa, moins d’une demi-douzaine d’autres raids avaient été lancés, notamment contre des installations pétrolières exploitées par Daech. Comment s’explique cette volte-face de François Hollande ? Officiellement, pour Paris, les enjeux ont changé sur le terrain : Daech est devenu l’ennemi principal, devant Assad. « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles », avance François Hollande lors de sa conférence de presse du 7 septembre. « Notre ennemi, c’est Daech, Bachar al-Assad, c’est l’ennemi de son peuple », précise même le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian lors d’une interview à France Inter, le 16 septembre.

    Il est clair que l’État islamique, par sa pratique quotidienne de la terreur dans les zones qu’il contrôle, et par la mise en scène constante, sur les réseaux sociaux, de sa propre violence, incite à la fois les Syriens à fuir en masse et propage, à l’extérieur, l’image d’une barbarie de nature à nourrir un exode. De là à négliger la sauvagerie du régime d’Assad, le largage de barils d’explosifs sur les zones civiles, le recours permanent à la terreur et à la torture, il y a un pas. Que François Hollande et Laurent Fabius, pourtant ardents partisans du « dégagement » de Bachar, ont franchi.

    La pression du ministère de la défense

    Pourquoi, avant même le carnage organisé par Daech à Paris, François Hollande et son ministre des affaires étrangères ont-ils tout à coup changé d’avis ? Parce que depuis un an au moins, l’état-major et le ministère de la défense, qui disposaient de renseignements précis, demandaient, parfois contre l’avis du Quai d’Orsay, l’autorisation de mener des frappes sur la Syrie. Là se trouvent, expliquaient-ils, la tête, le gros de l’infrastructure et les camps d’entraînement de l’EI qui nous menace. Mais aussi parce que trois événements, de nature différente, mais tous liés à la perception que le public, en France, peut avoir de la crise du Proche-Orient, se sont succédé en moins de deux semaines. Et ont convaincu le président français – et ses conseillers en communication – de changer de ligne sur la Syrie.

    Le premier a été l’attentat avorté, grâce à l’intervention de passagers courageux, à bord du train Thalys, le 21 août 2015, dans le nord de la France. Le terroriste, Ayoub el-Khazzani, un citoyen marocain, qui était armé d’une kalachnikov, d’un pistolet automatique et de neuf chargeurs, n’était à première vue pas lié au conflit syrien mais membre de la mouvance islamiste radicale et incarnait la menace du #djihadisme international sur la vie quotidienne, la liberté de mouvement, la sécurité des Européens et en particulier des Français. Il a ravivé, dans le public, la conviction que le terrorisme était, aussi, à nos portes.

    Le deuxième événement a été la découverte, le 2 septembre, sur une plage de Bodrum en Turquie, du cadavre du petit Aylan, mort noyé, comme son frère et sa mère, après le naufrage de l’embarcation qui devait leur permettre de rejoindre l’île grecque de Kos. Alors que l’Europe entière était confrontée à l’exode des Syriens fuyant la terreur et à un constat cruel sur les limites de sa compassion et de son hospitalité, la photo du petit cadavre, diffusée en quelques heures dans le monde entier par les #réseaux_sociaux, est aussi apparue comme une interrogation sur la responsabilité et l’indifférence des Européens face à la tragédie qui broie leurs voisins du Sud.

    Le troisième événement a été la destruction, le 31 août 2015, du temple de Bêl à Palmyre, rasé au bulldozer par les combattants de l’État islamique, suivi quelques jours plus tard par le dynamitage des tours funéraires sur le même site. Revendiqué avec une jubilation tapageuse par les djihadistes, ce crime contre l’héritage culturel mondial inestimable que représentait Palmyre illustrait jusqu’à la caricature l’intolérance fanatique des dirigeants de Daech et leur volonté aveugle de détruire tout ce qui a précédé l’islam tel qu’ils le conçoivent et d’interdire toute autre célébration que celle de leur Dieu.

    Aux yeux des communicants de l’Élysée et du Quai d’Orsay, il y avait là une convergence de facteurs qui ne pouvait être négligée et qui incitait à décider un changement d’attitude face à la Syrie. L’émotion, l’inquiétude et l’indignation permettaient de le « vendre » à l’opinion publique française, faute de le rendre lisible à nos alliés et cohérent aux yeux des observateurs avertis. Est-ce ainsi, en faisant converger l’actualité et la communication, qu’on définit et met en œuvre une politique étrangère ? Beaucoup en doutent parmi les diplomates, en fonction ou mués en experts et consultants par la retraite.

    Invité début octobre à tirer les conclusions d’un colloque intitulé « La France a-t-elle encore une politique au Moyen-Orient ? », l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine a pris la parole en prévenant : « J’espère ne désespérer personne », avant d’admettre qu’il « y a bien une politique étrangère française de facto », mais qu’elle se résume au Proche-Orient à des « morceaux de politique française juxtaposés ». « La France n’a pas de véritable vision », déplorent des personnalités aussi différentes que Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po, Yves Aubin de La Messuzière, ancien diplomate, excellent connaisseur du monde arabe, ou Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris.

    Pourquoi ? D’abord, peut-être parce que la définition de la politique française, en particulier dans cette partie du monde est partagée, voire parfois disputée, entre l’Élysée et le Quai d’Orsay, avec dans le dossier syro-irakien, une forte présence de la Défense. Ensuite parce que les équations personnelles des principaux responsables, l’influence de leurs principaux conseillers, le poids et l’héritage des différentes administrations n’aident pas à construire une cohérence. Ensuite parce que, comme le relève un diplomate « notre politique actuelle au Proche-Orient est plutôt de réaction que d’action. Elle manque cruellement de réflexion sur la longue durée ».

    Si au Maghreb, la politique de la France, selon Hubert Védrine, consiste à « s’entendre le moins mal possible simultanément avec l’Algérie et le Maroc », au Machrek, elle est peu cohérente, déséquilibrée, au point de faire redouter à certains diplomates de ne plus correspondre aux intérêts fondamentaux, à long terme, de notre pays.

    L’exemple des relations entre la France et l’Arabie saoudite illustre parfaitement ce travers. Sur quoi sont-elles fondées ? Sur l’examen pragmatique des forces et faiblesses de ce pays ? Sur son respect des valeurs auxquelles la France est, en principe, attachée ? Sur son influence positive et stabilisatrice dans la région ? Sur l’évaluation à long terme de nos intérêts respectifs ? On peut en douter.

    En choisissant de faire de cette monarchie absolue wahhabite, qui a déjà exécuté 146 condamnés depuis le début de l’année, notre partenaire privilégié au Moyen-Orient, François Hollande et Laurent Fabius, efficacement aidés par le précieux Jean-Yves Le Drian, ont donné la priorité à leur chère « diplomatie économique », sacrifié quelques principes et dilapidé quelques cartes diplomatiques de valeur.

    L’alliance privilégiée avec le camp sunnite

    Le régime saoudien nous a acheté des hélicoptères de combat, des navires de patrouille, des systèmes de surveillance. Des centrales nucléaires EPR et une vingtaine d’autres projets sont en discussion. L’Arabie saoudite nous a aussi commandé 3 milliards de dollars d’armement destinés à l’armée libanaise et a réglé la facture des deux navires Mistral, vendus à l’Égypte. Les princes saoudiens ont-ils été guidés dans ces choix par leur seule confiance dans la technologie française ? Non.

    Les faveurs faites depuis quelques années à Paris sont surtout pour Riyad une manière de manifester sa mauvaise humeur à Washington et de rétribuer la France pour son zèle. Les princes reprochent à Obama d’avoir renié son engagement en refusant de frapper Damas à l’automne 2013, lorsque le régime syrien a utilisé des gaz chimiques contre son propre peuple, alors que les avions français étaient prêts à décoller pour participer à des représailles internationales. Ils lui reprochent aussi le rôle majeur joué par Washington dans la négociation de l’accord sur le nucléaire iranien, qui a rouvert à Téhéran les portes du concert des nations. Là encore, ils opposent l’attitude de Washington, jugée exagérément complaisante à l’égard des mollahs, à celle de Paris, longtemps réticent à la normalisation des relations avec l’Iran.

    En demeurant silencieux sur le caractère médiéval du régime saoudien, sur le statut quasi esclavagiste de la femme, sur les violations innombrables des droits de l’homme, en oubliant que la doctrine religieuse du royaume, le wahhabisme, a servi de terreau à tous les djihadistes ou que de nombreux princes ou personnalités ont été – ou demeurent ? – de généreux mécènes pour les mouvements islamistes radicaux, à commencer par celui d’Oussama Ben Laden, Paris ne manque pas seulement à ses devoirs moraux – la diplomatie a pris l’habitude de s’en affranchir – mais apparaît, aux yeux de toute la région, comme l’allié privilégié des régimes sunnites. D’autant que ces bonnes dispositions à l’égard du royaume saoudien s’étendent aussi aux monarchies du Golfe, wahhabites également, à commencer par le richissime Qatar, qui a commandé 24 Rafale.

    Témoignage suprême des bonnes dispositions des émirs à son égard, François Hollande a été invité en mai dernier, hommage exceptionnel, à participer à une réunion du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit autour de l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et Oman. Difficile après cela, pour les diplomates français, de critiquer l’écrasement des revendications démocratiques à Bahreïn ou de reprocher à l’aviation saoudienne, engagée aux côtés du régime dans la guerre civile du Yémen, de bombarder sans scrupule, en plus des populations civiles, les trésors du patrimoine architectural. Difficile aussi de dénoncer le rôle de certaines familles ou institutions wahhabites du Golfe dans le financement des groupes djihadistes…

    Discutable sur le plan diplomatique, ce choix de l’alliance privilégiée avec le camp sunnite est aussi contestable sur le plan stratégique, notamment au regard du rôle que Paris entend jouer dans la lutte contre Daech et la résolution de la crise syrienne. Surtout au moment où l’Iran, de retour sur la scène diplomatique internationale après la conclusion de l’accord sur le nucléaire et sur le point de disposer de nouveau des revenus de ses hydrocarbures, entend retrouver son rang et disputer à Riyad le rôle de première puissance de la région.

    « En s’enfermant dans le rôle de “bad cop”, pendant les négociations sur le nucléaire iranien, la France s’est trompée, estime François Nicoulaud, ancien ambassadeur en Iran. Son choix était d’autant moins judicieux qu’elle a assez peu pesé dans la négociation, écrasée par le rouleau compresseur américain. »

    En Irak, il est clair aujourd’hui qu’aucune solution ne peut être trouvée, pour la stabilisation du régime comme pour la lutte contre Daech, sans la contribution de l’Iran, majeure à ce jour, et de la Russie. Paris semble en avoir pris son parti en poursuivant sa modeste contribution à la coalition militaire internationale. En Syrie, où Moscou et Téhéran participent à la défense du régime de Bachar al-Assad contre son opposition et dans une moindre mesure contre l’État islamique, Paris, après avoir cru à la chute de Bachar puis soutenu, sans grand succès, les composantes non djihadistes de l’opposition qui combattaient le régime, est en train d’évoluer, sous la pression des faits, c’est-à-dire du rapport de force sur le terrain.

    Alors qu’il proclamait, depuis le début de la crise, comme son ministre des affaires étrangères, que « Bachar ne fait pas partie de la solution » à la crise syrienne, François Hollande admettait, début septembre, que le départ du dictateur syrien sera « à un moment ou à un autre posé dans la transition ». L’entrée en scène, sur le plan militaire, de la Russie aux côtés du régime syrien, l’admission à la mi-septembre par le secrétaire d’État américain John Kerry que « le départ [d’Assad] ne doit pas forcément avoir lieu le premier jour du premier mois de la transition », ont dilué, de fait, le poids de la position française dans les discussions sur la recherche d’une sortie de crise. Au point qu’à l’assemblée générale de l’ONU, fin septembre, Ban Ki-moon n’a même pas mentionné la France parmi les pays (États-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran, Turquie) qui pouvaient jouer un rôle dans la résolution du conflit syrien.

    L’offensive terroriste internationale de Daech – attentats meurtriers en Turquie, explosion en vol revendiquée de l’avion russe qui survolait le Sinaï, carnage de la semaine dernière à Paris – semble avoir provoqué un consensus au moins provisoire contre l’EI. Au cours de la conférence internationale qui réunissait samedi dernier à Vienne les représentants de 17 pays – dont la Russie, les États-Unis, la France, l’Iran, la Turquie, les pays arabes –, des divergences persistaient sur le destin de Bachar al-Assad et sur la liste des groupes syriens qui doivent être acceptés comme mouvements d’opposition ou sont rejetés comme terroristes.

    Mais selon Laurent Fabius, l’accord était presque total sur la nécessité de « coordonner la lutte internationale contre le terrorisme » et une feuille de route définissant un calendrier de transition politique en Syrie a été adoptée. « Au cours des discussions, a constaté un diplomate étranger, il était clair que la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie partageaient des positions communes, ou très voisines, sur les groupes rebelles syriens qui doivent participer à la transition. »

    Le tropisme pro-israélien mal maîtrisé de Hollande

    La priorité donnée à la « diplomatie économique », c’est-à-dire aux contrats spectaculaires, est si décisive qu’elle assourdit les jugements, voire les mises en garde des diplomates sur le terrain. La vente des navires Mistral à l’Égypte, payée par l’Arabie saoudite, a ainsi été décidée en tenant compte du poids majeur de Riyad dans l’économie égyptienne – qui permet au Caire d’affirmer à l’étranger sa légitimité – mais en négligeant les faiblesses de l’alliance égypto-saoudienne, pourtant relevées dans une note à diffusion restreinte de l’ambassadeur de France, André Parant, du 9 juillet dernier.

    « Il est […] clair, notait le diplomate, que la volonté affichée des nouvelles autorités saoudiennes de donner en politique étrangère la priorité au rassemblement du camp sunnite pour faire face à l’Iran nourrit certaines inquiétudes au Caire. […] La solidité de cette alliance […] n’exclut pas une forme de rivalité traditionnelle entre ces deux poids lourds du monde arabe ni des divergences parfois significatives sur le fond. »

    Cette politique aventureuse, dictée par les gros contrats, les coups de cœur et les coups de sang plutôt que par les visions stratégiques à long terme, caractérise de larges pans de l’action diplomatique française au Proche-Orient. Ils ne suffisent pas à expliquer les choix de l’Élysée et du Quai d’Orsay dans un autre dossier régional majeur, celui du conflit israélo-palestinien.

    Sans doute la France reste-t-elle fidèle à sa position traditionnelle en faveur de la création d’un État palestinien viable et indépendant, aux côtés de l’État d’Israël. Sans doute, Laurent Fabius a-t-il multiplié récemment, sans grand succès il est vrai, les initiatives, notamment au sein du Conseil de sécurité, pour faire adopter des résolutions condamnant l’occupation et la colonisation israéliennes. Mais l’Élysée, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, n’a cessé d’être en retrait sur ce dossier, voire d’adopter des positions pro-israéliennes qui constituent un véritable virage par rapport à la politique française traditionnelle.

    « J’ai découvert ce penchant de Hollande, confie un diplomate, pendant son premier voyage officiel en Israël, en novembre 2013, lorsqu’il est apparu que dans la version originelle de son discours devant la Knesset, il avait oublié de mentionner l’attachement de la France à la création d’un État palestinien. L’oubli a été réparé, mais c’était un signe. »

    Signe confirmé par les témoignages d’amitié prodigués, au-delà du protocole, par le président de la République à son hôte, lors du dîner officiel offert par Benjamin Netanyahou. Après avoir entendu le récital d’une chanteuse israélienne, François Hollande, se tournant, visiblement ému, vers le premier ministre israélien, a déclaré : « Je voudrais avoir la voix de cette chanteuse pour dire tout l’amour que je porte à Israël et à ses dirigeants. »

    Cet amour va parfois jusqu’à rendre le président de la République amnésique. Répondant, le 14 juillet dernier, aux questions des journalistes sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, François Hollande a avancé cette explication – selon le texte disponible sur le site de l’Élysée : « Qu’est-ce qu’était ma préoccupation ? Éviter la prolifération nucléaire. Cela veut dire quoi, la prolifération nucléaire ? Cela voulait dire que l’Iran puisse accéder à l’arme nucléaire. Si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, l’Arabie saoudite, Israël, d’autres pays voudraient également accéder à l’arme nucléaire. Ce serait un risque pour la planète tout entière. » Comment pouvait-il avoir oublié qu’Israël dispose depuis près de 50 ans – en partie grâce à la France – de l’arme nucléaire, au point de détenir aujourd’hui au moins 80 ogives, qui peuvent équiper des bombes, des missiles air-sol, des missiles balistiques sol-sol ou des missiles mer-sol, embarqués à bord de ses sous-marins ?

    Le tropisme pro-israélien si mal maîtrisé de François Hollande va parfois jusqu’à provoquer des accrochages avec le Quai d’Orsay. Ce fut le cas en juillet 2014, lors du déclenchement de l’opération militaire israélienne contre la bande de Gaza, lorsque le président de la République a affirmé qu’il appartenait à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », et que « la France était solidaire [d’Israël] face aux tirs de roquettes ». Il fallut 48 heures de bombardements israéliens et de nombreuses victimes palestiniennes pour que François Hollande accepte, sous la pression de Laurent Fabius et de plusieurs dirigeants du PS, d’appeler le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour lui dire « son inquiétude sur la situation à Gaza » et déplorer que « les opérations militaires en cours aient déjà fait de nombreuses victimes palestiniennes ».
    Comment s’explique cette attitude constante de François Hollande ? Le poids, dans son entourage, des admirateurs des « néo-conservateurs » américains, comme son conseiller diplomatique Jacques Audibert, très écouté dans la gestion des négociations sur le nucléaire iranien où il avait dirigé la délégation française pendant 5 ans, n’est pas décisif sur ce point.

    « Pour moi, estime un ancien diplomate, François Hollande est dans une posture de néo-molletisme. Il tient Israël pour un allié naturel et inconditionnel de la France. C’est une des sources de ses conflits avec Fabius, qui relève d’un autre héritage parmi les socialistes. Le résultat, hélas, c’est que la France est très loin de jouer le rôle qui pourrait être le sien dans ce dossier. Lorsque Fabius, manquant de soutien à Paris et d’appuis diplomatiques chez nos partenaires, renonce à présenter à l’ONU sa résolution condamnant la colonisation de la Cisjordanie, parce qu’elle serait confrontée à un veto américain, il manque l’occasion de faire un éclat qui n’aurait pas nui à l’image internationale de la France. »

    Le fantôme de Guy Mollet rôdant au-dessus des contrats de vente d’armes conclus avec des despotes, tandis que le président de la République bombe le torse en jouant au chef de #guerre : on pourrait rêver d’une allégorie plus exaltante de la politique extérieure de la France au Moyen-Orient. Il faudra s’en contenter. C’est un ancien collaborateur de François Mitterrand et ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine, qui le constate : « L’écart entre l’idée que la France se fait de son rôle, de ses responsabilités et sa capacité d’action réelle est à la fois ridicule et attristant. »

  • İHD says 602 people killed in violence since June
    http://www.todayszaman.com/national_i-hd-says-602-people-killed-in-violence-since-june_404127.html

    In a press conference in Ankara on Thursday, the İHD President Öztürk Türkdoğan shared the details of a report prepared by the organization, which says that 150 security officials, 271 civilians and 181 PKK terrorists were killed between June 7 and November 9.

    Ever since a suicide bombing in Suruç, Şanlıurfa province, killed 33 activists and injured 100 more on July 20, clashes involving the PKK have grown in number. Two police officers were executed by PKK members on July 22 in retaliation for the Turkish authorities’ perceived failure to prevent the Suruç attack. The violence and PKK-led attacks further escalated when Turkey carried out airstrikes on PKK bases in neighboring northern Iraq.

    Besides the violence erupted as clashes between security officials and the PKK in the south-eastern provinces, twin suicide attacks killed 101 people in Ankara on Oct. 10, in the deadliest attack in the history of Turkey believed to be perpetrated by the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL).

    Violence has engulfed Diyarbakır’s Silvan district, where six civilians and a solider have been killed during a curfew that has been in place due to ongoing clashes between the PKK and security officials since Nov. 2.

    #AKP #Kurdes

  • Liban : Paris peut-il contribuer à apaiser les tensions saoudo-iraniennes au Liban ? - Middle East Strategic Perspectives
    http://www.mesp.me/2015/10/26/liban-paris-peut-il-contribuer-a-apaiser-les-tensions-saoudo-iraniennes-au-liba

    Je n’ai pas accès à cette note mais c’est alléchant... pour poursuivre cette discussion : http://seenthis.net/people/kassem

    Les relations saoudo-iraniennes avec leur dimension libanaise peuvent affecter directement les intérêts français au Liban, pour se limiter à ce seul pays. Les tensions actuelles entre les camps pro-saoudien et pro-iranien, ou même les tensions entre le Hezbollah et l’Ambassade d’Arabie saoudite à Beyrouth, fragilisent le positionnement de la France au Liban, surtout lorsque Paris est perçu comme bien installé sur l’axe arabo-saoudo-sunnite…

    Dans cette note de 6.456 mots, MESP tente d’établir le “lien” entre deux évènements qui ne sont pas visiblement liés : la visite de Cazeneuve au Liban et la saisie de deux tonnes de drogues à bord d’un jet privé appartenant à un prince royal saoudien (Abdelmohsen Ben Walid Ben Abdulaziz). Dans cette note, réservée à ses clients, MESP revient sur

    (i) “l’axe” franco-saoudien et sur l’affaiblissement de ses deux composantes au Levant et au Liban ;

    (ii) l’impact de la déterioration brutale des relations saoudo-iraniennes sur l’influence saoudienne au Liban et sur l’image et l’influence de son partenaire occidental de référence, la France, dans ce pays ;

    (iii) les risques de voir des programmes franco-libanais, financés par Riyad hors DONAS, connaître le même sort de ceux pilotés par ODAS ;

    (iv) le lien entre
    – la disparition à la Mecque de l’ancien Ambassadeur iranien à Beyrouth Ghadanfar Rokon Abadi (qui a échappé à un attentat à Beyrouth),
    – l’apparition à Beyrouth de slogans anti-saoudiens (“Mort aux Al Saoud”) et les menaces qui pèsent sur la sécurité de l’Ambassadeur à Beyrouth Awad Assiri (son prédécesseur avait été évacué par la mer un certain 7 mai, jour de la prise de contrôle de Beyrouth par les milices du 8 Mars),
    – la condamnation à mort (confirmée) du cheikh chiite Nimr al-Nimr, et l’arrestation (pour trafic de drogue) du prince royal saoudien à l’AIB ;

    (v) l’embarras que vit le Ministre de l’Intérieur libanais Nohad al-Machnouk (sunnite, pro-saoudien, en délicatesse avec certaines personnalités de son propre camp haririen) avec l’arrestation, par ses propres services (mais dans un champ d’intervention qui relève, en pratique, du camp politique adverse…), de ce prince saoudien (dont on peut se demander s’il faisait ses emplettes, d’habitude, auprès de milieux chiites de la Béqaa proches du camp anti-saoudien ou auprès de milieux syriens proches du camp saoudien…) ;

    (vi) le rôle que pourrait jouer Paris, sous certaines conditions, afin de normaliser les rapports entre le Hezbollah (directement ou via son sponsor l’Iran, dont le Président Hassan Rouhani est attendu à Paris en novembre) et l’Ambassade d’Arabie saoudite à Beyrouth, et d’espérer éviter une extension du conflit saoudo-iranien sur la scène libanaise.

  • Le musée Sursock tourne le dos à la #francophonie - Sibylle RIZK - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/949003/le-musee-sursock-tourne-le-dos-a-la-francophonie.html

    Beyrouth s’enorgueillit à juste titre de l’inauguration du nouveau musée Sursock, magnifiquement rénové, appelé à devenir l’un des cœurs de la culture libanaise. Mais le nouvel établissement a délibérément choisi de tourner le dos à un pan entier de cette culture : la francophonie. Au prétexte que « l’anglais domine désormais », c’est la langue de Shakespeare qui côtoie l’arabe dans toute la signalétique du musée ainsi que dans les expositions permanentes. Le français fait une brève incursion sur la plaque d’inauguration du musée datant d’avant-guerre et dans l’une des premières expositions temporaires, sur l’histoire de Beyrouth. Et c’est tout.

    Est-ce un combat d’arrière-garde de s’en offusquer ? À quoi bon dans ce cas continuer de lire en français dans ce quotidien ? À quoi bon nous, journalistes et éditeurs en français, nous battons-nous pour continuer de faire vivre cette langue et toutes les valeurs, la culture, la structure de pensée qu’elle véhicule ?

    Le choix du musée est d’autant plus incompréhensible que le président de son comité, l’ancien ministre Tarek Mitri, la directrice Zeina Arida, la directrice adjointe Elsa Hokayem, l’architecte français Jean-Michel Wilmotte, son partenaire libanais Jacques Aboukhaled, et j’en passe, sont tous bien entendu francophones ; de même que la municipalité de Beyrouth (à qui Nicolas Sursock a légué sa demeure pour en faire un musée) : la ville appartient à l’association des mairies francophones.
    La francophonie a pourtant depuis longtemps déjà abandonné la défense de la seule langue française au profit de la diversité culturelle. Un combat que le Liban, pays symbole des diversités – pas seulement linguistique – devrait être le premier à mener car il en va de son existence même. Il ne s’agit donc pas de réclamer le français à la place de l’anglais, mais de s’indigner de l’éradication pure et simple de la langue d’Amin Maalouf.

    Sibylle RIZK
    Rédactrice en chef du Commerce du Levant

  • Ah, tiens, une nouvelle et très belle #théorie_du_complot (une qu’on a le droit) : Russia’s Giving ISIS An Air Force
    http://www.thedailybeast.com/articles/2015/10/08/russia-s-giving-isis-an-air-force.html

    But that Moscow might actually be objectively helping ISIS defeat a common enemy by acting as air support for the jihadists’ ground assaults against U.S. proxies is less well understood, even though it fits with predictions warning that Putin’s adventure in the Levant was never going to be counterterrorist in nature.

  • Un nouveau groupe jihadiste revendique une attaque contre le Hezbollah - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/948210/un-nouveau-groupe-jihadiste-revendique-une-attaque-contre-le-hezbolla

    Le groupe estime également que tous les sunnites du Liban « subissent des attaques répétées ». « Les jeunes sunnites et leurs cheikhs sont jetés en prison sans jugement, pendant que les chabiha et les cheikhs du Hezbollah se déplacent à bord de convois armés ». « Les sunnites n’ont pas le droit de porter des armes alors que des entrepôts d’armes du Hezbollah apparaissent dans toutes les régions libanaises », dénonce encore le groupe.

    « Les Comités de la résistance sunnite » assurent en outre que le Hezbollah est impliqué dans des opérations de trafic de drogue, « l’une des principales sources de financement » du parti après « l’argent iranien », pour lesquelles il bénéficie d’une impunité.

    Je ne serais pas étonné de voir ressurgir en force, avec l’offensive russe, le discours sur l’occupation du « Levant » par l’Iran et ses affidés (les chiites libanais étant toujours un peu suspects de ne pas être d’authentiques locaux...)

    #sunnites_humiliés

  • Live du « The Telegraph » sur les bombardements russes en Syrie,
    http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/russia/11903702/Russias-Vladimir-Putin-launches-strikes-in-Syria-on-Isil-to-US-anger-li

    Are the non-Isil groups being bombed terrorists?

    The groups they are bombing a spectrum of opposition groups from an alliance called Jaish al-Fatah - Army of Conquest - to brigades of “moderate” rebels backed and even, according to one account, trained by the US.
    Jaish al-Fatah made up of hardline groups that include Jabhat al-Nusra, which is aligned to #al-Qaeda, so they are formally designated by the West and the United Nations as terrorists.

    Good ! Hit ALL jihadi groups ! Create a coordination center !
    http://turcopolier.typepad.com/sic_semper_tyrannis/2015/09/httpwwwtelegraphcouknewsworldnewseuroperussia11900853putin-requ

    “So, who else could Russian jets be targeting? Ruth Sherlock writes:

    Russia may have targeted Jaysh al-Fatah as they are the rebel group that poses the greatest threat to Latakia, the regime’s heartland and location of the Russian controlled port of Tartous.

    Some background on who this group are: Jaysh al-Fateh - the Army of Conquest - is a broad alliance of hardline Islamist groups, which includes both Jabhat al-Nusra and Ahrar al-Sham.

    In March this group captured Idlib, making it the second provincial capital to fall to the opposition since the start of the war.

    Since then they have been effective in fighting the regime in Idlib and it looks like they may be able to push on government strongholds in central Syria and Latakia.

    One interesting note - the Russians appear to have been watching this group for a long time: A year ago much of the Ahrar al-Sham leadership was wiped out by an explosion that took place where all the commanders had gathered.” Telegraph

    • Pour vérification plus tard,

      The Telegraph :

      Iran was on Thursday night moving up its ground forces in Syria in preparation for an attack to reclaim rebel-held territory under the cover of Russian air strikes, according to sources close to Damascus.

      Hizbollah, the Lebanese Shia militia which has come to the Assad regime’s rescue in battle-fronts across the country in the past two years, is being prepared to capitalise on the strikes, a Syrian figure close to the regime told The Telegraph

      Sources in Lebanon told Reuters that Iran, which is the main sponsor and tactical adviser to Hizbollah, was sending in hundreds of its own troops to reinforce them.

      Iran made no comment on the claims but Josh Earnest, the White House spokesman, said the move would be an “apt and powerful illustration” that Russia’s military actions had worsened the conflict.

      A Hizbollah-backed advance would fit the pattern of Russian air-strikes, which have predominantly targeted those rebels not aligned to the Islamic State of Iraq and the Levant who currently present the gravest threat on the ground to core regime territory.

      The long-term aim would be to defeat or demoralise the non-Isil opposition, so that Isil became the regime’s only enemy. That would force the West to back President Bashar al-Assad against it.

      “They want to clean the country of non-Isil rebels, and then the US will work with them as Isil will be the only enemy," the Damascus source said.

      In the first instance, an attack in north-western Homs province, the apparent chosen battle-front, would help distract the rebel alliance from attacking Latakia, the stronghold of the Alawite minority from which much of the regime is drawn.

    • Syrie : les Russes ont frappé des rebelles formés par la CIA
      AFP
      Jeudi, 1 octobre 2015

      Les bombardements russes en Syrie de mercredi ont visé des rebelles entraînés et financés par la CIA notamment pour combattre le groupe État islamique, a affirmé l’influent sénateur américain John McCain.

      « Je peux absolument confirmer que ces frappes visaient l’Armée syrienne libre ou des groupes qui ont été armés et entraînés par la CIA », a affirmé jeudi matin M. McCain sur la chaîne de télévision CNN.
      (...)
      Poutine s’attend à une guerre de l’information

      Vladimir Poutine a dit être prêt à la « guerre de l’information » après les accusations de meurtre de civils formulées par l’opposition syrienne en exil contre l’aviation russe, qui a entamé la veille ses premières frappes en Syrie.

      « En ce qui concerne les informations de presse à propos de victimes au sein de la population civile, nous sommes prêts à cette guerre de l’information », a déclaré M. Poutine, affirmant que ces accusations ont été formulées avant même que les avions russes ne décollent dans le ciel syrien.