region:nord du maroc

  • Bab Sebta
    https://www.nova-cinema.org/prog/2019/170-a-fabrica-de-nada/pedro-pinho-terratreme/article/bab-sebta

    Pedro Pinho, 2008, PT, VO ST ANG, 110’

    Marqués par les images sur-médiatisées de ces grappes humaines d’émigrants d’Afrique noire qui tentent de rejoindre l’Europe, Pedro Pinho et Frederico Lobo en ont pris le contre-pied : prendre le temps de la rencontre, remonter le fil de Tanger à Oujda, de Nouhadibou à Nouakchott, autant de lieux qui voient affluer des personnes voulant franchir cette frontière via Bab Sebta ("la porte de Ceuta" en arabe), une des deux enclaves espagnoles situées au nord du Maroc. S’y croisent, des bateaux très convoités pour aller vers le nord, et d’autres qui ramènent des poissons plutôt que des noyés. De longs moments où l’on s’attache aux parcours de quelques-uns. Les portraits d’hommes et de femmes sont filmés dans leur quotidien, sans pathos, dramatisation ni (...)

  • Pétain, la vie d’un salaud et la persistance des ordures. Jacques-Marie Bourget - 10 Novembre 2018 - Le blog de Jacques-Marie Bourget
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-marie-bourget/blog/101118/petain-la-vie-dun-salaud-et-la-persistance-des-ordures
    et https://www.legrandsoir.info/petain-la-vie-d-un-salaud-la-persistance-des-ordures.html

    Pétain grand chef de guerre à Verdun : faux. Pétain complotant contre la République dès 1935 : vrai. Pétain complice des banques des financiers, des industriels pour que nous ayons Hitler plutôt sue le Front Populaire : vrai. C’est vrai que ça méritait un éloge.

    J’aime beaucoup le Président Macron. Dans cette période où l’on doit chaque soir passer la balayette sous son lit afin de débusquer le terroriste qui doit s’y cacher, avec lui on rigole. Macron c’est, recyclé, le vieux slogan publicitaire d’un grand magasin : « A tout instant il se passe quelque chose aux Galeries Lafayette ». Cette fois le Président a décidé de nous distraire avec Pétain. C’est inattendu, ça fait vieux monde... Mais tant pis. Après avoir fait la guerre aux Russes – par son émanation de RT France – il était logique qu’il louât le Maréchal ; que revoilà.


    Pour être juste, car le temps est au certifié, à l’exact, au vérifié, à l’équitable, remarquons que ce malheureux Macron est mal entouré. Autour de lui s’ébat une nuée de jeunes gens qui ne l’aident guère. Paresseux ? Non. Mais le hasard fait que tous ces biens diplômés n’avaient qu’un seul livre d’histoire, et qu’ils ont fini de le colorier. Benalla aurait pu être un rempart en rendant, par l’écran de ses larges épaules, le discours pétainiste inaudible. Mais Benalla, « l’épaule droite », nous manque, j’espère que les prud’hommes vont le réintégrer.

    Personne, au Palais, aucun vieux bouc intello, mariné dans le jus des archives, pour indiquer au Président l’emplacement des champs de mines. Et l’histoire de Pétain, son action, sa philosophie sont du TNT. Une bombe à retardement qu’il ne faut pas toucher, pas plus que le sarcophage de Tchernobyl. Réactiver le Maréchal ça pue, ça déchire, ça blesse, ça injurie, ça offense, ça ment, ça met plus de boue qu’une crue de l’Aude. En plus on se demande quelle raison peut-il y avoir de parler de ce sycophante ? Pourtant, sur le ton de l’ancien bon élève de troisième, certains prétendent : « Mais il y a deux bouts au cadavre. Le très au poil des poilus, puis l’horreur de Montoire et des lois anti juives ». Eh non. Le Pétain c’est comme le merlu oublié l’avant-veille sur la table : tout est à jeter. Et que le président de l’Assemblée se nomme Ferrand n’est pas un argument ultime pour louer le Maréchal.

    Il y a des lustres – et même des lampadaires, mon merveilleux ami Alain Riou journaliste à l’ancienne – c’est-à-dire ultramoderne – m’avait prêté un livre (qui m’a été ensuite volé) : « L’affaire Pétain », signé Cassius (j’ai appris plus tard que c’était là le pseudo du grand chercheur Henri Guillemin). Ce bouquin avait été publié en Suisse juste après la guerre. C’est dans ses pages que j’ai découvert l’envers d’une histoire qui n’était donc qu’un décor, du Potemkine. Celle qui a conduit la France à la catastrophe de 1940.

    La véritable histoire, celle qui n’a pas été écrite à l’encre d’Epinal, nous dit que la défaite est le résultat d’un lent complot. Son ordre de mission, secret, s’inscrivait dans les petits papiers du Comité des Forges et ceux de son outil armé, la Cagoule : « Mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Pétain, dans ce putsch, devait être notre Hitler, notre Mussolini, notre Franco français. Le guide gaulois au sein de l’Europe nouvelle. Etonnant pour un petit pépère, héros en retraite, qui, nous a-t-on claironné- n’a accepté le pouvoir qu’en faisant « don de sa personne à la France », pour nous « préserver du pire ».

    J’ai ensuite potassé L’étrange défaite de Marc Bloch, un homme qui devrait être au Panthéon. Ou plutôt non. Puisqu’on y trouve maintenant un peu n’importe qui, au gré des livres lus à Emmanuel par sa grand-mère. Bloch fut historien, militant de la paix, torturé et assassiné par la Gestapo le 16 juin 1944.

    Le fil de ce complot pétainiste est contenu dans l’ouvrage de Bloch écrit en 1940 mais publié six années plus tard. L’intellectuel résistant a déjà percé le mystère de la défaite d’une France qui, en 1939, avait « la première armée du monde ». Et Bloch de nous expliquer avec calme comment l’élite bancaire et la haute bourgeoise ont livré le pays aux nazis : pourquoi le Maréchal était là.

    Le dernier clou dans le cercueil de cette histoire fausse comme un jeton, je l’ai planté en dévorant Le Choix de la défaite d’Annie Lacroix-Riz. Une femme à laquelle, en guise de pardon, Macron devrait envoyer une gerbe de fleurs. Les preuves sur Pétain étirant son crime sont, dans cette Bible, les notes secrètes, les rencontres cachées, les extraits de livres et de journaux, les télégrammes, les arrêtés et lois scélérats. En lisant Lacroix-Riz, en devenant intime avec les bourreaux, on éprouve la honte rétroactive du complice. On devient le secrétaire, le greffier du complot de Laval et Pétain. Puisque ces deux-là ne se sont pas découverts en 1940, puisqu’ils ont préparé leur coup de l’Etat Français bien avant la débâcle. Ainsi c’est un comploteur factieux, un assassin de la République qui a pris le pouvoir. Pas du tout un maréchal gâteux, à moustaches, qui aimait les fleurs les chiens et prendre les petites filles sur ses genoux.

    Maintenant, tordons le bâton de ce Pétain « héros de Verdun », qui a fait image d’Epinal dans la pensée du Président. En 1940, alors ministre des Colonies, Georges Mandel écrit : « C’est une erreur que de nommer Pétain au cabinet. Il était défaitiste durant la guerre. Je crois que nous allons vers un armistice. Sa présence en est une preuve ». Tiens, ça coûte pas cher et ça peut éviter des grosses bêtises, abonnons l’Elysée à la revue Historia. Elle n’est pas de niveau universitaire mais écrit souvent juste. L’an dernier le magazine historique publie, sous la signature de Jean-Yves Le Naour, docteur en histoire, un article très clair intitulé : « Pétain l’imposture de Verdun ». Voilà. Au printemps, au moment de préparer les cérémonies de novembre, il suffisait de demander à Benalla (qui était encore au staff) de traverser la rue et de se procurer Historia. Pardon, cher docteur Le Naour, si je cite votre texte à la hache, il s’agit donc de Verdun en1916 :

    « ...la situation qui se rétablit in extremis le 26 février ne doit rien à sa présence ni à ses ordres, mais au sacrifice des poilus, d’une part, et aux instructions du général de Castelnau... il multiplie les ordres : il y fait avancer le 20e corps, arrivé en renfort... le 26 février, l’offensive allemande est enrayée. Sans cette intervention énergique de Castelnau, la chute de la rive droite de la Meuse ...était inéluctable.

    La vérité...Pétain attrape mal et se réveille le 26 avec une toux vive, une pneumonie pour les uns, une bronchite pour d’autres. Quoi qu’il en soit, il est contraint de garder le lit... On est, en tout cas, très loin de la légende de l’homme qui, par son seul charisme, redonne confiance à la troupe.

    S’il est flatté par la presse, qui lui tresse des lauriers de papier, la raison est purement politique.

    Les politiques, exaspérés par Joffre, en ont assez du « grand-père » et rêvent de s’en débarrasser...Le rapport avec Pétain ? En autorisant les éloges sur le général chargé de la défense de Verdun, le gouvernement est tout simplement en train de préparer un successeur à Joffre... Le portrait de Pétain paraît en couleurs dans L’Illustration, puis en noir et blanc dans Le Miroir. Il s’attache en même temps les services des écrivains Henry Bordeaux et Louis Madeleine, ce qui démontre un sens aigu de la publicité. Passé du grade de colonel à celui de général d’armée en seulement deux ans, Pétain se sent pousser des ailes... La gloire de Pétain, qui apparaît en mars 1916, alors que la situation est toujours précaire, est donc une gloire fabriquée ».

    Bon, c’est quand même un historien, un chercheur, docteur des Universités, qui écrit ça. Et grand merci à lui. Même si c’est moins bien qu’Éric Zemmour, notre Michelet de BFM University. Je n’ai pas évoqué le sort immonde des « mutins », ces révoltés que Pétain a fait fusiller à la chaîne, pour l’exemple. On ne fait pas Verdun sans aller à rebrousse poilus.

    En 1925 ce héros au sourire si doux s’ennuie, et le Chemin des Dames épuise ses nuits. Pour mettre une claque à Lyautey, qui patine au nord du Maroc dans la guerre du Rif, on nomme Pétain à sa place. L’idole accepte, ce qui entraine la démission de son aide de camp, le colonel De Gaulle. Le Rif et ses bougnoules sont un double bonheur pour le Maréchal. La mano en la mano avec son compère fasciste, l’espagnol Antonio Primo de Ribera qui participe au carnage maghrébin pour le compte de Franco, Pétain et son frère d’armes utilisent des armes chimiques. En 1926 les pauvres rifains sont anéantis, Pétain a enfin gagné une guerre. « Chimie, vous avez dit chimie ? », heureusement que Macron n’a jamais appris ça... Il aurait été foutu de donner l’ordre à nos frégates d’aller, à l’Ile d’Yeu, bombarder la tombe du Maréchal.
Eloigné du rififi, le héros s’ennuie. Ses collègues maréchaux qui voient autour d’eux monter en pouvoir trop de rastaquouères plutôt rouges, proposent à Pétain de s’allier dans un projet de putsch. Peu soucieux de mettre son statut et sa statue en danger, il fait le sourd, ce qui est de son âge. Bénéfice, il apparait aux hommes politiques comme un « républicain ». Si bien qu’en 1934 il est adoubé dans le gouvernement Doumergue comme ministre de la Guerre. A partir de cet instant il prépare la victoire de l’Allemagne. Il réduit d’un tiers les crédits alloués à la Défense, refuse la solution d’armée blindée proposée par De Gaulle. Ce choix est politiquement trop dangereux car il implique le recrutement de 40 000 mécaniciens a priori catalogués comme de la graine « rouge ». Après l’assassinat de Louis Barthou, qui prêche la nécessité vitale de signer une alliance avec l’URSS, c’est Pétain qui impose son compère Laval. Alors, le Maréchal n’a plus aucun ennemi. Ni à droite ni à l’extrême droite. Il a aussi appui de ses amis synarques et son Laval en Sancho Pança : la fusée de l’Etat Français est sur sa rampe. Face à ces perspectives heureuses le patronat offre au Maréchal une très jolie villa à Villeneuve Loubet.

    Les émeutes fascistes de 1934 ont, dans leur musette, le bâton de ce maréchal déjà prêt à l’offrande de lui-même. Ça ne marche pas et, retour du maudit bâton, voilà le Front populaire avec ses rouges de rouge et le « juif » Blum au gouvernement. Désormais militer aux côtés des nazis, des fascistes, c’est sauver la France de sa racaille cosmopolite. Lors de son court passage comme ambassadeur de France à Madrid, Pétain a toutes les facilités pour pactiser avec les nazis, qui sont là, et les sbires de Mussolini qui sont là aussi. Dans les journaux, le Maréchal continue sa péroraison entamée en 1936 « La France est un bateau sans gouvernail ni pilote ». Il avance, lui et ses sponsors, les banques, les « 200 familles », ceux que l’existence de l’impôt indigne.

    Le reste ? C’est un tout plus connu. En juin 1940 le croupion d’un Parlement de lâches vote les pleins pouvoirs à Pétain. La milice, les rafles, les tortures, les tueries, la trahison, l’indignité forment un quotidien qui est son essence et son existence. Entre deux siestes, il rectifie de sa petite main blanche le projet de « Statut des juifs ». Qu’il rature afin de rendre encore plus grand le crime. Le 24 octobre 1940, à Montoire, en serrant la main d’Hitler il signe le pacte de leur association de criminels.

    En résumé, voilà le monument inhumain, l’homme sans qualités qu’Emmanuel Macron a célébré lors des hommages de Verdun. C’est une faute d’attention. Et un bégaiement : François Mitterrand s’est fait décorer de la Francique par Pétain, et par inadvertance.

    Jacques-Marie BOURGET

    #petain #manu #emmanuel_macron #sycophante #Henri_Guillemin #europe #hitler #mussolini #franco #Marc_Bloch #élites #annie_lacroix-riz #laval #verdun #imposture général_de_Castelnau #Joffre #Front_populaire #Parlement #juifs #françois_mitterrand

  • Colère et incompréhension au Maroc après la condamnation des meneurs du « #Hirak » - France 24
    http://www.france24.com/fr/20180627-indignation-maroc-lourde-condamnation-meneurs-hirak-nasser-zefzaf

    Manifestations, appel à la grève... Mercredi, le Maroc a marqué son indignation à l’issue d’un procès-fleuve de neuf mois qui a vu les meneurs du mouvement de protestation, ayant agité le royaume en 2016-2017, écoper de lourdes condamnations.
    […]
    À l’issue d’un procès fleuve de neuf mois, la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca a condamné mardi soir le leader du mouvement Nasser #Zefzafi et trois de ses compagnons à 20 ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État », un motif passible de la peine de mort selon les textes.

    Accusés comme eux de «  visées séparatistes  », 49 autres militants ont écopé de peines comprises entre un et quinze ans de prison.

    Les avocats de la défense ont refusé de plaider par solidarité avec les prévenus, qui ont boycotté les dernières audiences pour dénoncer la «  partialité de la justice  ».

    Après le verdict, les proches des accusés ont quitté le tribunal en criant leur colère et en scandant «  vive le #Rif  », en référence à la région historiquement frondeuse et marginalisée du nord du Maroc secouée par le mouvement de protestation.

  • « Craintes d’un regain de protestations au nord du Maroc après des peines de prison allant jusqu’à 20 années à l’encontre d’activistes associés aux troubles dans le Rif. »
    مخاوف من تجدد الاحتجاجات في شمال المغرب بعد صدور احكام وصلت حتى السجن 20 عاما بحق ناشطين على خلفية اضطرابات الريف | رأي اليوم
    http://www.raialyoum.com/?p=735751

    Les peines concernent 9 personnes, 23 autres atendent leur verdict. Sur place, bien des personnes craignent une flambée de violence.

    #maroc

  • Au Maroc, la police se retire du centre-ville d’Al-Hoceima
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/07/04/au-maroc-la-police-se-retire-du-centre-ville-d-al-hoceima_5155522_3212.html

    Les forces de l’ordre ont commencé dès le début de la semaine à se retirer « progressivement » des centres d’#Al-Hoceima et Imzouren, deux villes du nord du Maroc secouées par un mouvement de contestation depuis huit mois, selon des sources concordantes.

    Les premiers retraits ont été effectués « progressivement à Imzouren et à la place Mohammed-VI à Al-Hoceima », selon le nouveau gouverneur de la province, Fouad Chourak, qui s’est exprimé, lundi 3 juillet, devant la presse.

    « Ce sont des signaux profonds, j’espère qu’ils seront reçus par chacun. (…) Le retrait se fera par étapes », a poursuivi M. Chourak, disant suivre les « directives » du roi pour « garantir les libertés ». « Si les protestataires réagissent positivement à ces signaux, d’autres suivront, dans le même sillage. La confiance et la sécurité sont liées (…) jusqu’à un retour à la situation normale », a-t-il promis.

    #hirak #Rif

  • Nawal Ben Aissa, figure montante de la contestation dans le Rif marocain
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/02/nawal-ben-aissa-figure-montante-de-la-contestation-dans-le-rif-marocain_5137

    Cheveux lâchés, micro en main, la jeune femme harangue la foule de plusieurs milliers de personnes venues se rassembler pour le cinquième soir consécutif dans le quartier de Sidi Abed, à Al-Hoceima. « Je m’adresse à tous les Marocains : le Rif saigne ! L’Etat nous opprime. Tous les droits des Rifains sont bafoués, lance la militante sous les applaudissements. Mais nous allons continuer à lutter contre cette injustice. Ils peuvent arrêter autant de militants, de jeunes et de femmes qu’ils veulent, nous n’allons pas baisser les bras. » En bas de la rue, des dizaines de véhicules de police et de forces anti-émeutes barrent l’accès au centre-ville.

    Nawal Ben Aissa, 36 ans, est-elle le nouveau Nasser Zefzafi ? Trois jours après l’arrestation du charismatique leader du Hirak, le mouvement social qui secoue le Rif depuis sept mois, la jeune mère de famille – elle a quatre enfants âgés de 4 à 13 ans – semble en tout cas s’imposer comme la figure montante de la contestation. C’est elle qui tient désormais le rôle de porte-voix dans les manifestations qui se tiennent chaque soir après la rupture du jeûne du ramadan dans cette ville du nord du Maroc.

    …depuis sept mois…, il faut cet ingrédient people pour que ce mouvement de fond à Al Hoceima et dans le Rif émerge (un tout petit peu) dans le flot médiatique…

    • Bémol de Tel Quel

      Nawal Ben Aissa est-elle vraiment la relève de Nasser Zafzafi? | Telquel.ma
      https://telquel.ma/2017/06/02/nawal-ben-aissa-bien-releve-nasser-zafzafi_1549031

      Surtout, dans les rangs de la manifestation, on est fier qu’une femme se fasse le visage du mouvement. « C’est la première fois que les femmes sont autant présentes dans les contestations du Rif. C’est historique, » nous confie alors l’un d’entre eux. La presse nationale et internationale étant particulièrement présente ce jour-là aussi, et tentant de rationaliser un mouvement dont les subtilités échappent parfois aux journalistes, elle voit rapidement en Nawal Ben Aissa le nouveau leader du mouvement populaire. La Rifaine de 36 ans se rend accessible pour des interviews au cours desquelles elle incarne une révolte apaisée, pacifique, et féminine.

      Elle incarne, certes. Mais elle ne dirige pas. Et TelQuel a pu parmi d’autres médias commettre des imprécisions à cet égard.
      […]
      Alors, feu de paille Nawal Ben Aissa ? Les médias, et TelQuel aussi à sa manière, lui ont assurément prêté plus de prérogatives qu’elle n’en avait. Nawal Ben Aissa est l’un des visages de ces manifestations. Un visage beaucoup filmé et photographié au cours des derniers jours. Un visage féminin qui symbolise la forte présence des femmes dans les rangs du mouvement populaire. Le visage d’une femme engagée et investie.

      La figure incontestée du mouvement demeure Nasser Zafzafi. En témoignent ses portraits (sur le t-shirt de Nawal Ben Aissa aussi) et les slogans ("Koulouna Zafzafi") omniprésents dans les manifestations. Sa libération et celle de ses codétenus est devenue la première revendication du Hirak. Une condition sine qua non selon les militants pour, éventuellement, ouvrir la porte du dialogue sur les revendications suivantes.

    • Quant à Nasser Zefzafi (ou Zafzafi) il a été transféré à Casablanca où sa garde à vue (de 96 heures…) a été prolongée.

      Casablanca : Nasser Zefzafi transféré à la prison de Oukacha
      https://www.yabiladi.com/articles/details/54313/casablanca-nasser-zefzafi-transfere-prison.html

      L’information est parvenue via un communiqué du procureur général du roi d’Al Hoceima : Nasser Zefzafi a été transféré à la prison de Oukacha de Casablanca. L’écrit annonce le transfert des dossiers de cinq personnes, dont Nasser Zefzafi, à la Cour d’appel de Casablanca, et ceci suite à la décision de la Chambre criminelle près la Cour de cassation. Ces personnes ont été « arrêtées à Al Hoceima et placées en garde à vue pour leur implication présumée dans des crimes d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ».

      Nasser Zefzafi — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nasser_Zefzafi

      Le 26 mai 2017, lors de la prière du vendredi à la mosquée Mohammed-V d’Al Hoceima, il empêche le khatib (prédicateur) de continuer sa khutba (prêche), prononçant un discours improvisé critiquant les institutions, accusant l’imam de se servir de la religion pour faire un discours politique, et d’être « à la solde du makhzen ». Le jour même le procureur de la cour d’appel d’Al Hoceima a ouvert une enquête et a lancé un mandat d’arrêt contre Nasser Zafzafi.

    • Perturbation du sermon du vendredi (le 26 mai) à Al Hoceima.

      On notera qu’une telle interruption est voisine d’un blasphème (voire assimilable à un blasphème, selon les interprétations) et que le roi est, de par la Constitution marocaine, #Commandeur_des_croyants

      Je ne sais pas si, aujourd’hui au Maroc, la khutba est toujours un attribut de la souveraineté et si celle-ci doit toujours se prononcer en se référant au souverain.

      Al Hoceima : Zefzafi porte atteinte à la prière du vendredi | Infomédiaire
      http://www.infomediaire.net/al-hoceima-zefzafi-porte-atteinte-a-la-priere-du-vendredi

      Le ministère des Habous et des affaires islamiques a fermement dénoncé, ce vendredi, ‘‘ les agissements prémédités’ ’ de Nasser Zefzafi ‘‘ qui a manqué de respect et de considérations dus aux mosquées lors de la prière du vendredi à Al Hoceima ’’, indique un communiqué de ce département. Ci-après le texte intégral du communiqué :

      “ Une mosquée de la ville d’Al Hoceima a connu lors de la prière du vendredi un désordre énorme lorsqu’un individu, debout, s’est mis à crier à la face du prédicateur en le traitant des pires qualificatifs provoquant un chaos l’empêchant de prononcer le deuxième prêche, ce qui a porté atteinte à la prière et à la communauté.

      Outre les dispositions de la loi stipulant des sanctions à l’encontre de toute personne qui entrave l’accomplissement des rites religieux, cet incident constitue, pour la conscience de la nation, un comportement ignoble dans ce pays qui vénère et respecte hautement les pratiques religieuses et les rites.

      Le ministère des Habous et des affaires islamiques dénonce fermement ces agissements préméditées manquant de respect et de considération dus aux mosquées conformément au Verset coranique dans lequel le Tout Puissant dit : ‘Qui est plus injuste que celui qui empêche que, dans les mosquées d’Allah, on mentionne Son nom, et s’efforce à les détruire’ ’’.

    • Al Hoceima : les habitants appelés à boycotter la prière du vendredi (article du vendredi 2 juin)
      https://www.bladi.net/priere-vendredi-al-hoceima-boycott,48364.html

      Le bras de fer continue entre les autorités et le mouvement Al Hirak. Une grève générale de trois jours est annoncée à partir d’aujourd’hui à Al Hoceima.
      Dans des messages largement diffusés sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, le mouvement de contestation appelle à une large mobilisation de boycott du prêche et la prière du vendredi dans toute la ville pour protester, entre autres, contre l’arrestation de leur leader, Nasser Zefzafi.
      […]
      [La responsable de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH)] indique également que depuis le début du ramadan, des rassemblements pacifiques ont lieu tous les soirs après la prière des Taraouih, notamment au quartier populaire de Sidi El Abed.

  • Le militant rifain m.jalloul retrouve sa libérté
    https://www.bladi.info/threads/militant-rifain-m-jalloul-retrouve.452080

    L’activiste Rifain « Mohamed Jalloul » vient d’être libéré aujour’hui après 5 ans et un mois passés dans la prison makhzenienne .

    L’instituteur, syndicaliste, militant des droits de l’Homme , membre du forum des droits de L’Homme du nord du Maroc , membre du mouvement 20 février ,Mohamed Jalloul à étê condamné à 5 ans de prison ferme en 2012 pour ses activités et son engagement dans les manifestations du mouvement protestataires contre la tyrannie et la dictature depuis la première marche de mouvement 20 février 2011.

    Mohamed Jelloul a été reçu en héros devant la porte de la maison d’arrêt de Tifalt par des militants amazighs et par des leaders du mouvement populaire rifain.

    • Le militant Rifain Mohamed Jalloul oblige le tribunal d’Al-Hoceima de parler Tamazight Rifain, SIWEL - Al-Hoceima.
      http://archives.siwel.info/Le-militant-Rifain-Mohamed-Jalloul-oblige-le-tribunal-d-Al-Hoceima-
      10/03/2014

      Au cours de la dernière assisse du jugement en appel du détenu politique Rifain, Abdelhalim Al-Bakkali, auquel Mohamed Jaloul était cité à comparaitre comme témoin, le lundi 10 mars 2014 au tribunal d’Al-Hoceima, ce dernier a crée la surprise. Mohamed Jaloul a effectivement refusé de parler l’arabe marocain et a insisté pour parler en Tamazight Rifain. Il a notamment déclaré : «  je suis amazigh et la constitution marocaine me permet de parler dans ma langue maternelle  », obligeant ainsi le tribunal d’Al-Hoceima d’avoir recours à deux traducteurs pour pouvoir communiquer avec lui.

      C’est la première fois dans l’histoire de la lutte amazighe au Maroc qu’un militant oblige un tribunal à communiquer en tamazight. De ce fait, le militant rifain Jalloul est entré de plain-pied dans l’histoire collective du Rif et de l’amazighité. Il a pu communiquer en Tamazight malgré toutes les tentatives du juge et du procureur du roi pour l’empêcher de parler dans sa langue.

      Ce jugement qui a duré 11 heures s’est terminé par la condamnation du militant Al-Bakkali à deux ans de prison ferme suite a sa participation aux événements d’Aït Bouayach qui se sont déroulés deux ans auparavant, le 08 mars 2012. Ce procès s’est déroulé en présence de témoins et d’autres détenus, dont Mohamed Jaloul auparavant condamné à 6 ans de prison ferme par le tribunal de la première instance, et après la cour d’appel a modifié le jugement a 5 ans de prison ferme.

      Le représentant du pouvoir public marocain qui poursuivait le militants Rifain Al-Bakkali a demandé une condamnation de 10 ans ferme à son encontre. Il lui reprochait, notamment d’avoir brandi le drapeau de la république du Rif durant les événements d’Aït Bouayach en mars 2012. Les juges du tribunal d’Al-Hoceima ont utilisé la photo du drapeau du Rif comme élément de condamnation contre Al-Bakkali.

      #Rif #amazigh

  • Un coup de semonce ?
    http://www.dedefensa.org/article/un-coup-de-semonce

    Un coup de semonce ?

    Nettoyage par broyage

    Il semble qu’au a été découvert une nouvelle technique d’élimination des humains jugés encombrants.

    L’indésirable peut être mis dans une benne à ordure puis broyé et malaxé dans l’engin de ramassage.

    Un marchand de poisson a ainsi été éliminé à Al Hoceima ce vendredi 28 octobre, une ville du Nord du Maroc, située dans une baie qui fut très tôt disputée aux Marocains par l’Espagne et le Portugal, une fois que ces deux nations disposèrent de l’or de leurs colonies américaines. Assez vite, les Sultans (et non les rois) ont délégué aux Rifains la défense de leurs côtes méditerranéennes. Ils étaient alors dispensés de certaines contributions fiscales destinées à l’Etat central.

    Mouhcine Fikri, la trentaine, a voulu récupérer une cargaison qu’il venait d’acquérir sur le marché de (...)

  • THE LAND BETWEEN - Home Page (French)
    http://thelandbetweenfilm.com/home-page-french


    https://www.youtube.com/watch?v=Vf4N_lHOWEA

    Le documentaire THE LAND BETWEEN se déroule dans les montagnes du nord du Maroc et permet au public d’avoir un aperçu sur la vie misérable et clandestine des migrants subsahariens. La plupart d’entre eux rêvent d’aller en Europe en traversant une barrière hautement militarisée près de Melilla, une enclave au nord du continent Africain.

    Le film révèle la vie quotidienne des migrants coincés à Melilla ainsi que le mal traitement et les actes de violences qu’ils subissent au quotidien. Le film explore plusieurs questions notamment les raisons qui ont poussé ces personnes à prendre le risque de tout laisser et de quitter leurs pays et leurs familles à la recherche de meilleurs conditions de vie.

  • Les attentats de Bruxelles et les stéréotypes de Pierre Vermeren
    http://contre-attaques.org/magazine/article/les-attentats

    Dans son analyse des profils des terroristes venus de #Belgique, l’historien Pierre Vermeren fait le lien entre djihadime et leur origine Rifaine, du nord du Maroc. Une vision essentialisante selon Khalid Mouna, anthropologue à l’université de Meknès, qui renvoie plutôt les terroristes à leur nationalité Belge. Pourquoi le jihadisme a-t-il frappé Bruxelles ? C’est une question posée aujourd’hui par les médias, les chercheurs, les observateurs, mais aussi les simples citoyens. Lors de deux entretiens (...)

    #Magazine

    / #carousel, Actualités, #Europe, #Immigration, Belgique

  • #Espagne et #Maroc : les exemples polémiques de #Frontex pour illustrer comment stopper les flux d’immigrés

    Feliciano Tisera @felitisera feliciano.tisera@bez.es 3 février 2016

    D’après l’Agence européenne de contrôle des frontières extérieures (Frontex), il est clair que pour arrêter l’immigration illégale, il faut emprunter la voie suivie par l’Espagne. Selon les données européennes, la réalité est incontestable : l’immigration irrégulière vers l’Espagne par la mer a atteint des niveaux très bas. En revanche, alors que #Frontex nomme cela coopération avec les pays émetteurs, les critiques de l’agence parlent plutôt de militarisation de la frontière et dénoncent de graves et systématiques violations des droits de l’homme.

    Selon Frontex, la route de l’Afrique de l’Ouest est fermée grâce aux efforts conjoints de l’Espagne, du Sénégal, du Maroc et de la Mauritanie. C’est la conclusion du Rapport conjoint de la Communauté Afrique-Frontex correspondant à l’année 2015. A cet égard, Frontex souligne également comme facteurs importants pour réduire les tentatives d’entrée à #Ceuta et #Melilla l’application d’un accord de réadmission entre le Maroc et l’Espagne, le renforcement des unités de gardes-frontières marocains aux barrières et le démantèlement de camps d’immigrés « sans-papiers ». De leurs côtés, les associations critiques nomment cela « militarisation de la frontière » et « sous-traitance du contrôle des frontières extérieures de l’UE à un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme. »

    « C’est une sous-traitance du contrôle de la frontière sud de l’UE à un pays dans lequel l’Etat de droit et le respect des droits fondamentaux brillent par leur absence, ce qui nous paraît absolument condamnable, non pour des questions idéologiques, mais parce que cela a des effets directs et dévastateurs sur le respect des personnes qui se trouvent en transit vers l’Europe », a affirmé à bez.es Carlos Arce, coordinateur des questions d’immigration au sein de l’Association Pro-Droits Humains d’Andalousie (APDHA).

    Selon la Gendarmerie Royale Marocaine, 18 000 immigrés subsahariens ont tenté de franchir les barrières de Ceuta et Melilla à l’occasion de 90 tentatives groupées d’entrer sur le territoire européen en 2014 (derniers chiffres disponibles). En complément aux barrières espagnoles, les autorités marocaines ont creusé une fosse et érigé une barrière dans les zones les plus vulnérables du périmètre frontalier qui entoure les villes espagnoles en terre africaine.

    Faute de données connues pour l’année 2015, on peut tout de même relever que le Maroc a déclaré avoir évité en 2014 l’arrivée de 12 267 immigrés irréguliers par la mer (1 746 jusqu’en avril 2015, dernier chiffre disponible). Par nationalité, 41% étaient sénégalais, 33% maliens, 12% guinéens, 9% ivoiriens et respectivement 3% d’algériens, de ghanéens et de nigérians.

    En réponse aux politiques menées, certains migrants subsahariens cherchent à arriver en Espagne par la mer, même si ce phénomène demeure limité. Sur la route ouest-africaine qui relie le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc aux Canaries, la quantité de personnes qui cherchent à arriver par la mer est « insignifiante » selon Frontex, mise à part une légère tendance à la hausse des départs depuis le Maroc en 2014.

    Plus aucun cayuco depuis le Sénagal et la Mauritanie

    Selon Frontex, grâce à l’efficacité des memoranda d’entente entre l’Espagne, le Sénégal et la Mauritanie, c’est en 2008 que le dernier cayuco (pirogue) est arrivé aux Canaries depuis le Sénégal et la dernière arrivée depuis la Mauritanie date de juin 2014 (selon les informations fournies par les délégués mauritaniens et sénégalais de la Communauté d’intelligence Afrique-Frontex).

    Frontex affirme qu’une autre manière de dissuader les migrants d’essayer d’entrer dans l’UE est de négocier avec les pays émetteurs un bon taux de réadmission des personnes expulsées. Selon l’agence, cela décourage les aventures migratoires par la mer et par conséquent, cela évite les accidents mortels.

    En fait, cela est notable dans le cas des Algériens. Si Frontex soutient que les citoyens d’Algérie ont continué à arriver en 2015 sur les côtes andalouses et du Levant espagnol, ce phénomène appelé « harga » (du verbe « brûler » en arabe) a diminué en 2013, principalement du fait de la collaboration entre l’Espagne et les autorités algériennes dans les procédures de rapatriement. Alors qu’en 2013 moins de 400 des quelques 1400 Algériens arrivés en Espagne avaient été rapatriés, en 2015 moins de 400 sont entrés et les autorités ont rapatrié un nombre de personnes encore plus important que celui des personnes entrées sur le territoire espagnol.

    « Si la proportion entre le franchissement illégal des frontières et le retour subséquent par les Etats membres de l’UE affectés étaient en ligne avec la Directive ’Retour’ de l’UE (2008/115/EC), moins de migrants seraient disposés à courir le risque, comme le démontrent clairement le cas des Tunisiens en Italie et celui des Algériens en Espagne », affirme le rapport de Frontex.

    Dans tous les cas, cela n’arrête pas les mafias qui trafiquent les personnes d’explorer de nouvelles voies. Ces dernières années par exemple, les autorités sénégalaises dénoncent l’utilisation de cargos amarrés dans le port de Dakar. Entre 2013 et 2014, des subsahariens ont utilisé pour pénéter sur le territoire européen trois embarcations de ce type qui étaient remorquées vers l’UE pour destruction. De plus, au moins 12 personnes sont mortes en mars 2015 ainsi que plusieurs dizaines d’autres en octobre de la même année, au cours d’incidents qui concernaient des embarcations parties depuis le Maroc.

    « Militarisation et violation systématique des droits de l’homme »

    Les critiques de cette politique européenne, en général des associations de défense des droits de l’homme qui travaillent dans la région, signalent qu’il existe une forte militarisation de la zone et que les droits de l’homme y sont systématiquement violés.

    « La coopération hispano-marocaine fait qu’aux frontières de Ceuta et Melilla, il y a un état de guerre injustifié contre les immigrés, mais en réalité il n’y a pas de guerre, ils ne viennent pas avec des armes ou pour envahir quoi que ce soit. L’emploi de la force militaire contre eux est une atrocité. Pour Frontex c’est bien, mais c’est une politique criminelle, difficilement compréhensible du point de vue des droits de l’homme », signale José Palazón de l’ONG Prodein, qui travaille pour le respect des droits des migrants dans les deux villes espagnoles qui partagent une frontière avec le Maroc.

    Prodein remarque également que les forces marocaines ne sont pas les seules à utiliser la force illégalement. « Le gouvernement espagnol continue d’employer ses forces de sécurité pour commettre des actes contraires à la légalité, même s’il est vrai que les actions les plus brutales sont commises par les forces marocaines », explique Palazón.

    L’Espagne et l’UE feraient-ils appel au gouvernement chérifien pour faire le sale travail qu’ils ne peuvent pas mener à bien sur leur territoire ? « Evidemment. Le Maroc est un pays colonisé par l’UE avec des gouvernants maintenus en place par l’UE, qui acceptent tout », ajoute Palazón.

    L’affaire « Velázquez », symptomatique de l’Espagne

    Le rapport de Frontex arrive dans un contexte de tensions, au moment même où les associations de défense des droits de l’homme dénoncent le refus d’entrée opposé par le Maroc au sacerdote jésuite Esteban Velázquez, à qui on a également retiré le permis de résidence. « Ce religieux catholique était le responsable à Nador de la Délégation des Migrations de l’Archevêché de Tanger depuis 3 ans, durant lesquels il s’est illustré par sa défense des droits fondamentaux et l’assistance humanitaire qu’il apportait aux personnes migrantes et réfugiées qui se trouvent en transit au nord du Maroc, étape finale de leur périple migratoire vers l’Europe », explique-t-on depuis Migreurop, une association d’organisations qui travaillent pour le respect des droits des migrants. Le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel García-Margallo s’est abstenu de tout commentaire sur l’affaire. Selon lui, c’est à l’Etat du Vatican de dénoncer cette situation supposément arbitraire. « Nous trouvons inacceptable l’inaction absolue du gouvernement espagnol face au traitement injuste et si flagrant d’un de ses citoyens, et ce alors qu’il se targue d’entretenir une relation privilégiée avec le gouvernement marocain, qu’il félicite pour son implication dans le contrôle des flux migratoires par des moyens d’une douteuse régularité internationale », ont ajouté les membres de Migreurop.

    Reçu via la mailing-list de Migreurop
    #militarisation_frontalière #externalisation #frontières #contrôles_frontaliers #droits_humains

  • Molenbeek, un nid de terroristes ? Ce quartier de Bruxelles est le lieu d’une belle alternative
    http://www.reporterre.net/Molenbeek-un-nid-de-terroristes-Ce-quartier-de-Bruxelles-est-le-lieu-d-u

    Molenbeek, près de Bruxelles, est présenté comme un repaire de terroristes. Comme toujours, la réalité n’est pas si simple. Car dans ce grand quartier de Bruxelles, une initiative de parc urbain autogéré est devenue un exemple extraordinaire de mixité et de tolérance.

    @supergeante

    • A Molenbeek, dans la spirale de la misère et de l’islam radical

      « Molenbeekistan », « nid de djihadistes ». Depuis les attentats de Paris, Molenbeek, commune de Bruxelles, est sous les feux de l’actualité, considérée comme la plateforme du terrorisme européen. Plongée dans ce quartier qui a sombré et où l’Arabie saoudite a massivement financé l’émergence d’un islam wahhabite.

      http://www.mediapart.fr/journal/international/201115/molenbeek-dans-la-spirale-de-la-misere-et-de-lislam-radical?onglet=full

    • De notre envoyée spéciale à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles, Belgique). Quand elle a appris que deux des fils Abdeslam étaient impliqués dans les tueries de Paris – l’un, Brahim, s’est fait sauter devant un bar du XIe arrondissement « comme s’il était à Kaboul » et l’autre, Salah, est en cavale –, Souad s’est effondrée en larmes et en prières. Elle « sentait que le malheur se rapprochait encore une fois du quartier ». Déjà, l’été dernier, pendant les vacances dans le village natal, dans le nord du Maroc, elle avait demandé à son mari, un retraité de la Stib, la RATP bruxelloise, de convaincre les enfants de rester au pays. « Au Maroc, c’est une dictature mais je préfère la dictature à l’anarchie, là-bas les policiers font peur, nos petits-enfants seront biens tenus. Pas comme à Molenbeek où tout est permis et les gosses à la rue nuit et jour. »

      Souad était déjà « traumatisée, dépassée » par l’histoire de la famille N. Ces lointains cousins, immigrés en Belgique comme eux, avaient organisé une « talba », une récitation du Coran, pour un de leurs gamins qui s’était radicalisé sans que personne s’en aperçoive et qui avait rejoint la Syrie, cédant à « l’appel du Cham » de Daech. Il était mort quelques mois plus tard, « shuhada », « martyr », selon un bref message de l’organisation qui avait plongé la mère dans la folie et le père dans la dépression. Souad, la soixantaine, voyait souvent les femmes de cette famille autour d’un thé à la menthe pour passer les après-midi « mais depuis cette tragédie, elles ne fréquentent plus personne, le djihad est un sujet tabou, les familles ont honte, comme si Satan les avait frappées ».

      Ce mercredi, dans son salon oriental, sous une photo de La Mecque où elle est allée en pèlerinage, Souad se demande « quelle drogue on donne à nos enfants pour qu’ils deviennent des monstres », un chapelet à la main. Elle raconte qu’elle ne sort plus de peur d’être harcelée par les journalistes « qui nous prennent pour des animaux » et pleure les victimes de Paris, « les musulmans d’Europe qui vont être encore plus stigmatisés » mais aussi « l’enfer que doit vivre la mère Abdeslam ». « Ici, c’est un village, on se connaît tous », dit-elle, scotchée sur Maghreb TV, une télé belge communautaire qui diffuse en arabe et qui a dépêché ses caméras sur la place communale de Molenbeek.

      Le quartier est l’un des poumons de la ville, à quelques mètres du métro Comte de Flandre et à moins d’un quart d’heure à pied de la Grand-Place de Bruxelles, épicentre touristique de la capitale européenne. S’y tient tous les jeudis un marché « qui donne l’impression d’être à Tanger », dit un commerçant. Il se présente comme « un des rares Blancs » à tenir encore un commerce dans ce qui a muté, au fil des décennies, en « un laboratoire de ville à 90 % musulmane », « un ghetto ethnique ». « Maroc-enbeek », 97 000 habitants sur six kilomètres carrés : plus de la moitié sont des immigrés marocains ou descendants, concentrés dans la partie basse de la ville, le triangle « Comte de Flandre-Étangs noirs-Ribaucourt ».

      Décrochage scolaire, chômage (jusqu’à 60 % chez les jeunes dans les quartiers est), discriminations de l’école à l’embauche, familles nombreuses sans revenus du travail entassées dans des logements minuscules dont un quart ne possède pas encore le confort minimal (W.-C., douche), trafic de cannabis importé par des Rifains, banditisme… Molenbeek, « Petit Manchester » ouvrier florissant dans les années 1960, a été foudroyé par la désindustrialisation. Le quartier est devenu, un demi-siècle après le premier accord bilatéral de recrutement de main-d’œuvre entre la Belgique et le Maroc (puis avec la Turquie), l’emblème du croissant pauvre et délinquant de Bruxelles qui tourne autour du canal. Tous les indicateurs sociaux sont au rouge, à quelques kilomètres du rond-point Schuman et des institutions européennes.

      Depuis samedi, les médias du monde entier cherchent à comprendre comment cette commune, que le ministre de l’intérieur belge Jambon, de la très droitière N-VA, veut « nettoyer » (et Zemmour « bombarder »), s’est muée en « nid à djihadistes ». Ils occupent la place communale avec leurs fourgons satellites, enchaînent les duplex, vont et viennent du dôme de la « maison communale » (la mairie) accolée au commissariat de police, au numéro 30, à l’autre bout de la place, une petite maison de trois étages au-dessus d’un Pakistanais qui vend des tissus orientaux. C’est ici, dans un logement social, que vit la famille Abdeslam, sous pression médiatique maximale.

      Lundi, en fin d’après-midi, sur le pas de la porte de l’immeuble, Mohamed, frère aîné des deux terroristes présumés, employé au service « population » de la commune depuis dix ans, s’est exprimé sous les flashs après une arrestation musclée et plusieurs heures de garde à vue : « J’étais accusé d’acte terroristes (…) mais en aucun cas je n’ai été lié de près ou de loin à une intervention à Paris. (…) Les gens de la commune savent de quoi je suis capable et de quoi je ne suis pas capable. Je n’ai jamais eu d’ennuis avec la justice. J’avais un alibi. » « Momo », comme l’appellent ses collègues, assure n’avoir « rien remarqué » chez ses frères. Comme tous ceux qui connaissaient Salah et Brahim Abdeslam.

      « Bienvenue à Hollywood, la plus grande fabrique de films »

      « Pas inconnus de la justice, les deux frères avaient commis des délits de droit commun mais ils appartiennent à une famille modérée, ouverte, originaire de Tanger, au Maroc, qui n’avait jamais fait parler d’elle sur le plan religieux », dit un travailleur social sous couvert d’anonymat. « Je les connais depuis qu’ils sont petits et je ne les ai jamais vus à la mosquée », renchérit Jamal Habbachich, à la tête d’un comité consultatif qui fédère seize mosquées de Molenbeek. Abdel, 26 ans, qui alterne périodes de chômage et d’intérim, passait ses journées et ses soirées aux « Béguines », le café qui appartenait à Brahim Abdeslam et que gérait Salah. C’était un bar d’hommes dans cette ville où les femmes sont pour la plupart voilées et où « tu n’en verras jamais une dans un bar, ni dans la rue le soir sauf si elle sort d’un mariage », dit Abdel.

      Le café a été fermé le 5 novembre par les autorités, pour « consommation de substances hallucinogènes prohibées » après une descente de police en août. On y menait une vie de bamboche, fumait du shit, buvait un verre de thé à la menthe ou des Jupiler (bière belge), en jouant aux dés et en regardant les matchs de foot. « C’était tout sauf des radicaux qui voient la vie en "haram" (illicite) ou en "halal" (licite). Ils ne faisaient pas la prière à ma connaissance. Leur "trip", c’était les filles, les discothèques, la fête », raconte Abdel.

      Abdel ne croit « pas du tout » ce qui tourne en boucle sur les chaînes d’information, sur les fils Abdeslam et le cerveau présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, Molenbeekois bien connu, mort dans l’assaut lancé ce mercredi dans un appartement à Saint-Denis. « C’est des montages. Comment on peut tenir un coffee-shop et se faire sauter quinze jours après ? Comment on peut être Abaaoud l’homme le plus recherché du monde planqué en Syrie et revenir à Paris incognito en passant les frontières dans un contexte ultra-sécuritaire même en empruntant la route des réfugiés syriens ? », dit le jeune homme en prenant à témoin ses copains.

      Tous lisent là « encore un complot de la Grande Puissance, l’Amérique, la France pour salir les musulmans ». « Si j’envoie par SMS à mon répertoire la question, "croyez-vous aux événements dont les médias nous matraquent depuis vendredi", 95 % va me répondre "Non" », assure sans ciller Samir, 28 ans et déjà dix de chômage. Ils ne sont pas allés ce mercredi au rassemblement sur la place communale en mémoire des victimes de Paris où 2 500 personnes, dont le frère Abdeslam depuis un balcon, se sont recueillies, allumant des bougies, des lumières contre les ténèbres.

      Karim, qui a quitté l’école à 16 ans et vit de « petits deals », ne se sent « pas concerné » : « On n’était pas "Charlie" en janvier parce qu’on ne peut pas rire de tout et se moquer de la religion, du prophète comme il le faisait. On ne va pas être "Paris" en novembre. Il y a eu des morts, O.K., qu’ils reposent en paix, mais on ne croit pas au "terrorisme", c’est une invention de l’Occident. Chaque fois, qu’il y a "un attentat" ou "une tentative", cela passe toujours comme par hasard par Molenbeek et les quartiers où il y a des musulmans concentrés. C’est la seule fois de l’année où on parle de nous dans les journaux, jamais pour parler du racisme, du chômage, de la misère, des violences policières que nous subissons avec nos parents. Du jour au lendemain, on découvre qu’untel avec qui on était à l’école, jouait au foot, à la boxe, est devenu un bourreau et pose avec une kalach sur Facebook au milieu de cadavres. Mais que fait la police alors si nous sommes un foyer du djihadisme mondial depuis tant d’années ? »

      Devant l’un des deux derniers établissements scolaires de Bruxelles qui accepte le port du foulard (tous deux à Molenbeek), des jeunes filles, voilées ou cheveux lâchés, sortent de cours, oscillant entre « c’est faux, c’est un complot », « c’est vrai, c’est bien fait pour la France qui bombarde la Syrie ». À « Molen », nombre d’habitants rencontrés, dont beaucoup de jeunes, refusent de croire que la ville est un foyer de l’islam radical européen, une base arrière des cellules djihadistes notamment françaises. Les théories du complot circulent à la vitesse du « téléphone arabe », révélant l’étendue de la fracture entre la population de ces quartiers bannis et le reste de la société.

      Depuis l’offensive médiatique, « la parano » a gagné les habitants qui voient « des agents extérieurs », « des espions au service du roi du Maroc », « des flics belges déguisés » partout, jusque dans les rangs des journalistes. « Bienvenue à Hollywood, la plus grande fabrique de films. Moi, je vole mais je ne suis pas un terroriste, je suis incapable de tuer une mouche », rigole un sans-papiers algérien. Tout de contrefaçon vêtu – jeans, blouson en cuir, montre, besace –, il fume un joint sur la chaussée de Gand, le grand axe de drague et commerçant de la ville, essentiellement des boutiques « ethniques » à bas prix, boucheries et snack halal, magasins de meubles, vaisselle et gadgets orientaux, vêtements islamiques, « jilbabs » et « kamis » sombres, « made in China »...

      « Molenbeek est en train de payer des décennies de harcèlement religieux »

      Pourtant, la réalité est là, impressionnante. Quand ils ne sont pas des enfants du cru, les islamistes radicaux se forment, se cachent, se lèvent derrière les murs, les caves et les garages des petites maisons en briques rouges de Molenbeek. Malgré le durcissement de la législation antiterroriste belge, le démantèlement de filières de recrutement depuis les années 1990, les chemins du terrorisme ne cessent de mener à cette commune parmi les plus pauvres de Belgique, lui valant le retour du surnom « Molenbeekistan ».

      « La religion poussée à l’extrême par les obscurantistes est devenue l’occupation principale des chômeurs qui n’ont plus que le choix entre le trafic de drogue ou le djihad. Tu n’as pas de travail ? Fais la prière cinq fois par jour et attends l’appel de l’imam au café en fumant un joint. Tu n’es pas marié, tu es frustré sexuellement, socialement ? On va te donner 70 vierges si tu te fais sauter », soupire un commerçant musulman qui aimerait bien « un peu de diversité, de Blancs ».

      Aujourd’hui, ce sont Abdelhamid Abaaoud, les frères Abdeslam, le Français Bilal Hadfi qui s’est fait exploser devant le Stade de France et qui vivait à Bruxelles… qui font la une des journaux. Hier, et la liste n’est pas exhaustive, c’était Hassan el-Haski, l’un des cerveaux des attentats de Madrid de 2004 (191 morts, 1 800 blessés) ; Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles en mai 2014, originaire de Roubaix ; Ayoub el-Khazzani, qui a raté l’attaque du Thalys Bruxelles-Paris en août dernier ou encore des protagonistes de « la cellule de Verviers » démantelée lors d’un assaut policier mortel au lendemain des attentats de Charlie-Hebdo, de Montrouge et de l’HyperCacher en janvier.

      C’était aussi les prédicateurs Jean-Louis Denis dit le Soumis, Fouad Belkacem aujourd’hui derrière les barreaux (il a pris douze ans en février). Ce dernier, à la tête de Sharia4Belgium, prônait le djihad armé entre Anvers et Bruxelles. En 2012, une quinzaine de membres de son groupuscule salafiste ont provoqué des émeutes avec la police de Molenbeek en réaction au contrôle d’identité d’une femme en niqab dans le tram (cette dernière s’était rebellée et avait cassé le nez d’une policière).

      « La ville est pour eux un arrondissement de Paris comme Anvers, une annexe des Pays-Bas. Ils peuvent s’y procurer facilement des armes, des faux papiers grâces aux filières criminelles, se planquer grâce à la densité de logements et se fondre dans la population de type arabo-musulmane », analyse l’anthropologue et militant associatif Johan Leman. Il a suivi toutes les mutations de la commune, de l’arrivée des premières générations d’immigrés venus travailler dans les mines, creuser le métro bruxellois aux premières radicalisations de leurs enfants nés sur le sol belge. C’est ici aussi que les Tunisiens Dahmane Abd el-Sattar et Bouraoui el-Ouaer ont fomenté l’assassinat du commandant afghan Massoud tué deux jours avant le 11 septembre 2001 sur ordre de Ben Laden.

      El-Sattar était l’époux de Malika el-Aroud, « la veuve noire », muse du djihadisme belge, deux fois femme de martyrs (elle s’est remariée avec Moez Garsallaoui, un Belgo-Tunisien tué par un drone au Pakistan en 2012). Fille d’ouvrier marocain, condamnée en 2008 à huit ans de prison et désormais sous le coup d’une procédure de déchéance de nationalité, elle avait envoyé vers l’Afghanistan des dizaines de jeunes.

      Le Franco-Syrien Bassam Ayachi, « cheikh » sulfureux, doyen des terroristes belges en Syrie où il est retourné en 2013, avait présidé à l’époque son mariage religieux avec el-Sattar. Il a dirigé pendant vingt ans, avec son fils (mort en Syrie en 2013), le Centre islamique belge (CIB) de Molenbeek. Un sanctuaire du salafisme radical, démantelé seulement en 2012 par la justice, qui a envoyé de nombreux combattants vers l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie.

      « Molenbeek est en train de payer des décennies de harcèlement religieux et de laxisme politique. On a laissé des fous de Dieu, des salafistes et des Frères musulmans, payés par le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Égypte, le Maroc, semer le malheur, la pagaille, le foulard. Ils ont fait de l’islam des sectes qui imposent un Coran de la terreur, sur des individus fragiles, ignorants, des gamins qui ont décroché du système scolaire dont les parents sont analphabètes, qui ne parlent ni l’arabe ni la langue des imams. » Rue Ribaucourt, le gérant de la librairie El-Itra (l’être originel en arabe) fulmine dans son local désert en lisant Grabovoï, « un grand penseur russe qui peut sortir nos consciences de la déchéance ». Sans concession, le libraire, « un musulman laïque », met « dans la même poubelle » le terroriste Bassam Ayachi et l’islamologue Tariq Ramadan qui tient régulièrement conférence dans la ville.

      Trois anciens, barbes longues et fournies, anoraks sur djellabas jusqu’aux genoux, passent devant sa vitrine : « Il y a trente ans, ils buvaient de l’alcool, fumaient, mais on leur a lavé le cerveau, les voilà singes. » Pas un client depuis samedi dans sa boutique, « que des journalistes qui ne connaissent rien à l’islam ». « À ce rythme, je vais fermer. Je tiens la seule vraie librairie de la ville qui propose du sacré et du profane face aux innombrables librairies coraniques, toutes affiliées à un groupuscule, salafistes, frères musulmans », râle le commerçant. Il raconte qu’un jour de campagne électorale, « un politicien » est rentré dans sa librairie : « Il m’a demandé ce que je voulais. Je lui ai dit : ferme les mosquées et je voterai pour toi. Il m’a pris pour un fou musulman et il a tourné les talons. Mais il est là le grand problème de Molenbeek. »

      « Un week-end comme celui-ci flingue tout le boulot des travailleurs sociaux »

      La ville compte officiellement 24 mosquées, organisées par pays, dont quatre seulement sont reconnues par la région de Bruxelles-Capitale (les imams y sont payés par les autorités). Elle compte aussi des dizaines de lieux de cultes ou associations privés, dans les anciennes maisons ouvrières, que personne ne sait vraiment chiffrer ni surveiller. Seize des 24 mosquées sont contrôlées par un conseil consultatif (onze sont arabophones, deux pakistanaises, une africaine, une turque, une bosniaque).

      Jamal Habbachich, 59 ans, un Belge originaire du sud marocain, est à la tête de ce conseil. Il donne rendez-vous dans la mosquée Attadamoune, 500 fidèles le vendredi, près des Étangs noirs, et appelle « la communauté à se remettre en question » : « Nous sommes à l’image de la Belgique, divisés, communautarisés dans nos mosquées. Chacun son pays, sa tribu, ses mentalités. Le Maghreb, c’est l’anarchie totale à l’inverse de la Turquie ou le Pakistan qui sont très structurés. Aucun de leurs jeunes ne part au djihad contrairement à nos fils du nord du Maroc et d’Afrique du Nord qu’on retrouve dans tous les dossiers de terrorisme avec les convertis. »

      Pour lui, « le mal vient des monarchies du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, qui versent leurs pétrodollars sur l’Occident et imposent dans nos quartiers des courants dangereux et une lecture très rigoriste et binaire de l’islam, "halal", "haram", sans nuances de gris. Chez les Marocains, c’est très fort et c’est un terreau fertile pour les recruteurs radicaux qui veulent décerveler nos jeunes ». Ce jeudi, dans les médias, Rachid Madrane, ministre PS de l’aide à la jeunesse à la Fédération Wallonie-Bruxelles, a reconnu « le péché originel » : « On a confié les clés de l’islam en 1973 à l’Arabie saoudite pour s’assurer un approvisionnement énergétique (…) Le résultat, c’est que la pratique de l’islam apaisé qui était celle des personnes qu’on a fait venir du Maroc a été infiltrée par du wahhabisme, du salafisme. »

      Le Royaume belge découvre ainsi qu’il a trop longtemps fermé les yeux sur l’emprise wahhabite. La Grande Mosquée du Cinquantenaire, à Bruxelles, financée dans les années soixante par la Ligue islamique mondiale, une ONG musulmane au service du régime saoudien, est emblématique de cette liaison dangereuse. Rachid Madrane souhaite plus d’imams formés en Belgique, qui prêchent en français, en néerlandais, plus d’arabophones dans les services de renseignements.

      « Les mosquées sont moins problématiques qu’internet. Cela l’était il y a encore dix ans mais aujourd’hui, elles sont surveillées. Les islamistes le savent et opèrent à l’extérieur, en privé, sur internet. On voit peu de jeunes dans nos mosquées faute d’imams qui savent répondre en phase avec leurs préoccupations », constate Jamal Habbachich.

      Professeur de religion musulmane dans des établissements professionnels du réseau officiel (les Belges ont une définition de la laïcité radicalement différente des Français), Jamal Habbachich a toutes les peines du monde à convaincre des gamins déboussolés par les prédicateurs du Web. « L’autre jour, une élève de cinquième m’a demandé si j’étais d’accord avec l’imam de Brest, Rachid Abou Houdeyfa, la nouvelle coqueluche des jeunes, pour dire que les faux ongles, c’était "haram". J’ai passé quarante minutes à lui expliquer qu’il n’y avait rien de mal à se rajouter une couche d’ongles ! Les discours de ce type me font peur. J’ai passé deux semaines aussi à rappeler à un ado qui étaient les femmes de Mahomet, Aicha, guerrière, cavalière, infirmière, etc. Il me disait que suivant les préceptes d’un cheikh égyptien sur Youtube, sa femme ne travaillerait jamais. Il m’a soutenu que les femmes ne doivent sortir que trois fois : du ventre de leur mère, du joug parental au joug marital, puis du foyer au cimetière. »

      Dans son bureau à la commune, sous une affiche de lutte contre les contrôles au faciès, l’écolo Sarah Turine, échevine (adjointe) déléguée à la jeunesse, à la cohésion sociale et au dialogue interculturel, islamologue de formation, partage les mêmes craintes et la même analyse : « La logique manichéenne wahhabite a causé beaucoup de dégâts à Molenbeek. Après les attentats du 11-Septembre et la première vague d’islamophobie, les jeunes de la deuxième et troisième génération, ne se sentant pas reconnus comme des Belges à part entière, surtout les garçons, ont hissé en étendard leur identité musulmane. On prend en peine figure aujourd’hui les conséquences du repli religieux qu’on a laissé s’installer en achetant la paix sociale. »

      Depuis samedi, les politiques se renvoient les responsabilités, notamment les bourgmestres Philippe Moureaux, le baron socialiste qui a régné pendant plus de 20 ans sur la commune, et la nouvelle bourgmestre de droite Françoise Schepmans (Mouvement réformateur) qui a raflé la commune en 2012, grâce à une coalition mêlant son parti, le centre-droit (CDH) et les écolos.

      Le premier aurait laissé « Marrakech devenir Peshawar », la seconde « n’aurait rien fait »… Sarah Turine ne veut pas « rentrer dans la polémique ». Quand elle a appris les fusillades de Paris, elle s’est dit « pourvu qu’il n’y ait pas de lien avec Molenbeek » : « Un week-end comme celui-ci flingue tout le boulot des travailleurs sociaux et va stigmatiser un peu plus les habitants de Molenbeek, des musulmans normaux, pacifistes qui encaissent déjà beaucoup d’injustices. » Elle rappelle que sur les cinq communes de la zone de police de Bruxelles-ouest, dont Molenbeek, une cinquantaine de jeunes ont rejoint des milices en Syrie depuis le début du conflit. Une cinquantaine sur des dizaines de milliers de jeunes qui essaient de s’en sortir.

      « Les journalistes ne parlent jamais des énergies dingues que dégage cette ville »

      « On surmédiatise un épiphénomène, certes d’une extrême violence et barbarie. À l’échelle belge, les djihadistes, c’est 500 personnes sur près de 600 000 musulmans. Les taux de chômage, de décrochage scolaire sont beaucoup plus affolants », appuie Corinne Torrekens, chercheuse à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de la radicalisation. « Les journalistes ne viennent que lorsqu’il y a un attentat ou un gros tournage de film. Jamais ils ne parlent des énergies dingues que dégage cette ville, de son terreau associatif, artistique », s’indigne le comédien Ben Hamidou.

      Enfant de Molenbeek, « ma mère adoptive », dit ce natif d’Oran en Algérie, Ben Hamidou monte depuis quinze ans des pièces de théâtre, seul en scène ou avec des gens du quartier. Il joue dans Djihad, la pièce d’Ismael Saïdi qui tourne depuis 2014, tragi-comédie retraçant l’odyssée en Syrie de trois paumés de Molenbeek que l’oisiveté et la quête identitaire conduisent à la guerre sainte. Déclarée d’intérêt public au lendemain des attentats de Charlie-Hebdo par la ministre de la culture et de l’enseignement de Bruxelles, cette pièce est devenue un outil pédagogique dans les écoles des ghettos de riches et pauvres pour appréhender et dépassionner la folie du monde.

      « Les médias sont en train de faire de Molenbeek une zone plus terrible que les banlieues de Paris, où vous envoyez des CRS plutôt que d’y faire de bonnes écoles, quand nous, c’est une ville à taille humaine dans le centre-ville où il y a tout de même de l’investissement », déplore le professeur d’urbanisme Eric Corijn. On le retrouve dans « un endroit positif », la maison des cultures et de la cohésion sociale, théâtre d’initiatives et de diversités.

      « La ville change lentement, ses extrémités se gentrifient, le vieux Molenbeek est en pleine revitalisation, des hôtels ouvrent, on voit des boutiques avec des mini-jupes en vitrine chaussée de Gand, impensable il y a cinq ans ! », martèle-t-il lors de ses visites guidées de la ville comme samedi devant une trentaine d’eurocrates qui n’avaient jamais passé le canal. Près de la maison des Abdeslam, sur la place communale, une brasserie doit ouvrir à l’angle : « Il faut que la commune se débrouille pour que ce soit un lieu hybride où on peut boire du thé à la menthe et du vin. » Déghettoïser. Décommunautariser. « Faire ville ensemble. » C’est l’un des plus grands défis de Molenbeek, coupé en deux, le haut de la ville, bourgeois, branché, blanc, et le bas, populaire, misérable, arabo-musulman.

      « Cela va être difficile. Le mal est fait, l’intégration a échoué. Même si on donnait du travail à tous les chômeurs et ratés du quartier, les familles resteront repliées sur leurs tribus, à se marier entre cousins, à décourager les filles de faire des études. Les politiques ont laissé se mettre en place un petit Maroc du nord avec des élus, des policiers, des profs… tous marocains qui fonctionnent pour certains comme au bled avec des bakchichs. Les rues sont sales, le cannabis est partout dans la ville, dans des cafés légaux et d’autres clandestins derrière des rideaux de fer. Les autorités ne font rien, laisse la drogue détruire nos enfants. » Mounir est « déprimé ». Il veut « déménager avec sa famille dans un quartier tranquille, mettre ses filles dans une école avec des Blancs, car ici, il n’y a pas de mélange et le niveau est très bas ». Il veut « se sentir en Belgique ».

      À quelques rues de là, pas très loin de Ribaucourt, plaque tournante du trafic de drogue, un café aux vitres teintées. À l’intérieur, des habitués, des jeunes et des vieux, une odeur de shit, « cette odeur sans laquelle Molenbeek ne serait pas Molenbeek », dit Soufiane, deux télés, une branchée sur du football et l’autre sur de la “soul” aux clips suggestifs. Point de cendrier. On écrase ses joints au sol. Un sans-papiers algérien, qui tient le bar pour des Rifains, les patrons, balaie régulièrement les mégots. « C’est la technique pour rester propre si jamais la police faisait une descente », explique Soufiane. C’est son heure de détente après le travail, des missions d’intérim dans le BTP, « physiques ». Il y retrouve ses amis, originaires d’Oujda dans le nord marocain comme lui.

      Soufiane s’était rêvé une vie meilleure, des études longues, hors de Molenbeek mais ado, on l’a contraint aux filières professionnelles. « Ici, le système nous tire vers le bas, l’exclusion commence à l’école. On n’a pas le droit d’avoir de l’ambition. On nous veut dans les usines comme nos pères sauf qu’elles n’existent plus. » Dans son quartier, « une femme est partie en Syrie avec les gosses rejoindre son frère ». Sans rien dire à son mari qui a trouvé la maison vide en rentrant du boulot. Vendredi, il priera à la mosquée « pour les victimes de Paris ». En se demandant si ses voisins de prière ne sont pas de Daech : « On devient parano et on ne sait plus quoi penser. »

      De l’autre côté du canal, un commerce tenu par un Arménien qui visionne en boucle toujours les mêmes vidéos d’Abaaoud. Il dit que « tout ça, c’est la faute des politiques qui ont laissé les Arabes imposer leur culture à l’Europe » en sortant un tract de son tiroir. C’est la profession de foi du Vlaams Belang, le parti flamand d’extrême droite raciste et xénophobe. Dehors, un Syrien de Homs, passé par les Balkans, mendie quelques sous avec sa femme et leurs deux enfants. Ils ont peur d’être expulsés « à cause des terroristes »...

    • Merci @colporteur
      alors :

      Tous lisent là « encore un complot de la Grande Puissance, l’Amérique, la France pour salir les musulmans ». « Si j’envoie par SMS à mon répertoire la question, "croyez-vous aux événements dont les médias nous matraquent depuis vendredi", 95 % va me répondre "Non" », assure sans ciller Samir, 28 ans et déjà dix de chômage. Ils ne sont pas allés ce mercredi au rassemblement sur la place communale en mémoire des victimes de Paris où 2 500 personnes, dont le frère Abdeslam depuis un balcon, se sont recueillies, allumant des bougies, des lumières contre les ténèbres.

      Karim, qui a quitté l’école à 16 ans et vit de « petits deals », ne se sent « pas concerné » : « On n’était pas "Charlie" en janvier parce qu’on ne peut pas rire de tout et se moquer de la religion, du prophète comme il le faisait. On ne va pas être "Paris" en novembre. Il y a eu des morts, O.K., qu’ils reposent en paix, mais on ne croit pas au "terrorisme", c’est une invention de l’Occident. Chaque fois, qu’il y a "un attentat" ou "une tentative", cela passe toujours comme par hasard par Molenbeek et les quartiers où il y a des musulmans concentrés. C’est la seule fois de l’année où on parle de nous dans les journaux, jamais pour parler du racisme, du chômage, de la misère, des violences policières que nous subissons avec nos parents. Du jour au lendemain, on découvre qu’untel avec qui on était à l’école, jouait au foot, à la boxe, est devenu un bourreau et pose avec une kalach sur Facebook au milieu de cadavres. Mais que fait la police alors si nous sommes un foyer du djihadisme mondial depuis tant d’années ? »

      Ça c’est le discours majoritaire maroxellois. Je l’ai entendu en boucle depuis vendredi (dans la bouche d’hommes maroxellois de Molenbeek). Tu peux danser sur ta tête pour faire entendre un autre son de cloche, les complots ont la côte, c’est affolant, je suis effondrée, car même des personnes que je considère comme intelligentes versent dans ces raccourcis aveugles paranoïdes et victimaires. Les « rifains » sont tellement dans leur monde parfois, que, parfois, il ne reste plus rien qu’un pessimisme profond, car même si Molenbeek est plus complexe que les caricatures que l’on en fait, l’article de Mediapart est un des moins caricatural que j’ai lu jusqu’à présent.

  • Manifestations massives contre Veolia à Tanger et dans le nord du #Maroc
    http://multinationales.org/Revolte-des-bougies-manifestations-massives-contre-Veolia-a-Tanger-

    La question du prix de l’eau et de la #privatisation est en train de provoquer une révolte civique dans un pays largement épargné par la vague des « printemps arabes ». Depuis plusieurs semaines, les habitants de Tanger sont en révolte ouverte contre Veolia, qui gère le service de l’eau et de l’électricité de la ville. Le mouvement - désigné sous le nom de « révolte des bougies » - a gagné d’autres villes du nord du Maroc. Les manifestations ont commencé à Tanger il y a environ deux semaines, en protestation (...)

    Actualités

    / #Eau_et_assainissement, Maroc, #Veolia_environnement, #Eau, #Privatisations, #eau, privatisation, #services_publics, (...)

    #Reuters
    « http://www.reuters.com/article/2015/11/01/morocco-protests-idUSL8N12W07G20151101 »
    « https://stoplydec.wordpress.com/2015/11/01/communique-du-bureau-national-acme-maroc-amendis-redal-lydec-ve »

  • #film | #Ceuta, douce prison
    http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2015/10/17/film-ceuta-douce-prison

    « Ceuta, douce prison » suit les trajectoires de cinq migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta, au nord du Maroc. Ils ont tout quitté pour tenter leur chance en Europe et se retrouvent enfermés dans une prison à ciel ouvert, aux portes du vieux continent. Ils vivent partagés entre l’espoir d’obtenir un « laissez-passer » et la crainte d’être expulsés vers leur pays.

  • « THE LAND BETWEEN » - BANDE-ANNONCE OFFICIEL (versión francés) on Vimeo
    http://vimeo.com/77952265

    « THE LAND BETWEEN » a été tourné dans les montagnes de Gourougou, au nord du Maroc, le lieu où vivent des centaines de migrateur de l’Afrique sub-saharienne. Ils sont cachés dans les montagnes, et sont organisés en réseau de contrebande

    La plupart des migrateurs résidant à Gourougou, rêvent d’accéder à la ville de Melilla, une ville autonome espagnole, formant une encoche sur la côte nord-ouest du Maroc. la ville de Melilla est limitée par une frontière matérialisée par un double système de grillages visant à empêcher les migrateur Africain d’atteindre le continent Européen. La construction de la frontière a été financée par l’Union Européenne. L’Union Européenne n’a seulement pas financé la construction de la frontière, mais également paye le Maroc des millions d’Euros pour que celui ci contrôle ses frontières et les forêts environnantes.

    « THE LAND BETWEEN » est à la fois un portait intime et explosif, décrivant la vie quotidienne des migrateurs dans les montagnes rêvant de franchir les frontières et arriver au camp des migrateurs à Melilla. Le film expose la violence et le maltraitement exercé quotidiennement par les autorités marocaines et espagnoles contre les migrateurs.

    Le film fait le passage de plusieurs questions universelles, et fait la découverte des raisons menant les personnes en question à prendre le risque, et mettre en danger leurs vies pour quitter leurs pays d’origine, leurs familles, leurs amis et partir à la quête d’une vie meilleure.

    #film sans doute référencé par @cdb_77 ou @reka mais dans le cas contraire, voilà !
    #migration #forteresse_Europe

  • Et la frontière devint un marché prospère et militarisé... - Les blogs du Diplo

    Par Elisabeth Vallet

    http://blog.mondediplo.net/2013-11-17-Et-la-frontiere-devint-un-marche-prospere-et

    Septembre 2013. Enclave espagnole de Melilla (nord du Maroc).

    L’assaut est donné juste avant l’aube, le plus violent depuis 2007. Une fois encore, une fois de plus, des migrants se sont jetés contre la barrière frontalière qui sépare le Maroc de Melilla dans l’espoir de pénétrer l’espace Schengen. Le lendemain, une centaine sont passés et viennent grossir les rangs de ceux qui sont déjà retenus dans cette petite enclave de 80 000 habitants, dans des camps en large surcapacité.

    Au même moment, à Ceuta, d’autres migrants tentaient la même manœuvre, mais en passant par la mer, à la nage. Les deux petites enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont désormais une des principales portes d’entrée de l’Union européenne pour les migrants qui arrivent de presque partout en Afrique. Et depuis 2011, le « ressac » provoqué par les révoltes arabes a accru la pression aux frontières de l’espace Schengen. Et crispé les Etats européens

  • Ceuta, douce prison

    « Ceuta, douce prison » suit les trajectoires de cinq migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta, au nord du Maroc. Ils ont tout quitté pour tenter leur chance en Europe et se retrouvent enfermés dans une prison à ciel ouvert, aux portes du vieux continent. Ils vivent partagés entre l’espoir d’obtenir un « laissez-passer » et la crainte d’être expulsés vers leur pays.

    Avec ce film, nous avons voulu raconter la migration, raconter l’impalpable frontière Nord-Sud, raconter l’enclave de Ceuta à travers un autre regard, celui des migrants qui, bloqués à ses portes, fantasment sur une Europe qu’ils n’ont jamais vue. Des semaines durant, nous avons suivis au plus près nos personnages pour partager et ressentir leur quotidien, leurs doutes et leurs espérances. Pour appréhender le rêve d’Europe à travers leurs regards, à travers des enjeux purement humains. Nous avons voulu plonger le spectateur dans cette douce prison, aux cotés d’Iqbal, de Marius, de Simon, de Guy et de Nür, en immersion sans temps mort ni recul, sans voix-off ni commentaire supplémentaire.

    Le film est soutenu par Amnesty Inter­na­tional France, Migreu­rop, La Ligue des Droits de l’Homme, l’Association Européenne des Droits de l’Homme et le mouvement Utopia.

    http://www.ceuta-douce-prison-le-film.com

    #film #Ceuta #migration #Espagne #Maroc

  • Rubrique « relai »

    Un article très intéressant signalé par Sara Prestianni sur la liste Migreurop

    "Renforcement des contrôles à la frontière de Melilla (enclave espagnole située au nord du Maroc et refoulements illégaux de l’Espagne vers le Maroc"

    http://www.eldiario.es/zonacritica/2012/06/15/espana-y-marruecos-colaboran-para-blindar-melilla

    Le représentant du gouvernement espagnol à Melilla se félicite que le Maroc arrêtent tous les migrants qui campent dans les bois à proximité de la frontière avec Melilla (voir dénonciation de rafles massives par les associations marocaines).

    Le 8 et 9 juin 2012, 200 migrants ont essayé de franchir de façon « collective » cette frontière pour « rentrer en Europe ». Mais une fois à Melilla, ils ne sont pas vraiment en Europe, car cette enclave ne fait pas partie de Schengen... Donc les migrants ne peuvent être transférés dans la péninsule que par transfert organisé par la subdélégation du gouvernement qui en autorise qu’une poignée. Et dans la quasi totalité des cas, s’ils sont transféré, c’est pour être enfermés dans un CIE.

    Un groupe de congolais qui avaient passé des années à Melilla sont aujourd’hui enfermés dans les CIE en Espagne et risquent chaque jour l’expulsion vers leur pays (bien que ils n’aient pas vu le consul et que n’existe pas d’accord de réadmission entre le Congo et l’Espagne, et qu’à leur arrivé au Congo, ils seront emprisonnés, comme ça a été le cas pour d’autres congolais expulsés d’Espagne et de Belgique en mars.

    Refoulements illégaux : Selon les associations locales (Prodein) il semble que la police espagnole ait refoulé de manière tout à fait illégale des migrants vers le Maroc. Aucun refoulement ne peut peut avoir lieu sans que la personne ait pu être entendue et enregistrée à Melilla.