region:rocheuses

    • Le titre original c’est « Two potentially life-friendly planets found orbiting a nearby star », un peu moins flippant.

      Cela dit, en anglais comme en français, le terme « habitable » désigne en astronomie une région d’un système planétaire et un environnement où pourrait se trouver une forme de vie. Un astronome (espagnol…) l’utilise en ce sens dans l’article : « see if they are actually habitable and, perhaps, even inhabited ». Donc il n’est bien sûr pas vraiment question de se chercher une planète de rechange…

      Mais faut reconnaître que le mot est assez ambigu, pas très rigoureux et que si ce genre de recherches a pu faire rêver, aujourd’hui clairement ça ferait plutôt cauchemarder…

  • Harry Martinson, la société des vagabonds, Traduit du suédois par Denise & Pierre Naert – Texte revu par Philippe Bouquet, éditions Agone 2004 :

    Les raisons d’arpenter les routes du pays, année après année, se comptaient par milliers.

    L’une des plus belles était les forêts, la forêt.

    Les forêts avaient une façon de se dissimuler derrière elle-mêmes, d’arbres en arbre, de crête en crête, et de ne jamais cesser de promettre quelque chose de caché. Il en émanait une attraction forte et irrésistible, mais impossible d’atteindre ce but car, si on tentait de le faire, il se déplaçait sans cesse, tel un oiseau, d’arbre en arbre en appelant comme un coucou, chantant comme un merle ou jaillissant comme un épervier de marmites rocheuses des marais recouverts de carex. La forêt glissait de sapin en sapin avec le brouillard et les reflets du soleil et exerçait sans trêve une influence fabuleuse sur l’esprit. Les bûcherons essayaient d’échapper à cette fascination en travaillant dur et en s’attaquant au corps même de la forêt sous la forme du troncs et de bois de chauffage. C’étaient les bouchers de arbres. Au moyen de leur hache, ils dépouillaient le sapin du châle de murmures, d’émotions et de sombre promesses de quelques choses de lointain dont il entourait son tronc. Ils dénudaient la forêt. La hache faisait aussi bien tomber la branche qui avait servi d’abri nocturne au coq de bruyère que le rameau qui avait continué le perchoir de l’oiseau chanteur. Un seul coup suffisait à trancher pour toujours la cime qui avait été la tour du haut de laquelle sifflait le merle et le coucou. Ils dépouillaient la forêt de ce qui était, à son tour la forêt de chaque arbre et s’en prenait directement au bois de construction. Pourtant ils n’échappaient pas à l’ensorcellement. Ils n’arrivaient jamais à élaguer et à abattre les espoirs que la forêt avait nourris en eux.

    Et si, enfant, vous marchiez dans la forêt sans but particulier ou simplement pour cueillir des baies ou rechercher des vaches échappées, la forêt tout entière s’avançaient, se refermait autour de vous, resserrait sur vous ses vagues et vous étiez pris, à la fois effrayés et pleins d’attente. La forêt, avec ses alternances constantes de formes et de sonorités, d’ombre et de lumière, persuadait celui qui s’y promenait d’espérer sans cesse autre chose, elle l’incitait à sa façon ténébreuse à forger de nouveaux pressentiment, l’un derrière l’autre sans fin. Et il en allait de même de la grande route qui traversait un bois ; elle empruntait les traits de la forêt qui l’entourait et n’était pas avare de promesses. Elle disait : « suis-moi au-delà du tournant là-bas, où se trouvent ces grands sapins. » Et quand on y parvenait, elle vous promettait de nouveau que vous alliez voir ce que vous alliez voir, après le prochain virage et ainsi de suite. Nombreux étaient les jeunes garçons qui étaient devenus chemineaux de cette manière, parce qu’ils étaient liés au serpent de la route par leurs espérances, coude après coude, lieue après lieue.

    C’est pour cela que les vagabonds convaincus ne s’arrêtent pas plus que nécessaire dans les agglomérations. Quand ils ont mendié leur morceau de pain, ils se remettent en route pour que le chemin reprenne sa place en eux comme un ruban d’espoir se déroulant dans leur esprit et dans leur âme et sans lequel ils ne peuvent vivre. Ils ne se sentent en sécurité que lorsque le chemin s’étale de nouveau devant eux, toujours aussi prometteur et menteur. Ils foulent cette voie qui leur apporte la paix au cours de leur marche, pas à pas sous leur pieds, tandis que que la vision de la route les pénètre d’espoir, non sous la forme de promesses successives cernées de vide, mais comme un ruban infini de promesses coulant en eux pendant toute leur vie. Le chemin devient un fleuve de promesses qui s’engouffre par leurs yeux et ressort par leurs talons, un fleuve de promesses qui est son propre but : l’accomplissement de soi-même. La seule condition pour qu’il en soit ainsi est de marcher indéfiniment

  • « L’archéologie évangélique soutient l’occupation israélienne » en Cisjordanie - Wilson FACHE à Jérusalem et Salomé PARENT à Tel Shiloh - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1172376/-larcheologie-evangelique-soutient-loccupation-israelienne-en-cisjord
    https://s.olj.me/storage/attachments/1173/150324_938945.jpg/r/800

    ❝Des archéologues évangéliques ont fait des territoires palestiniens leur terrain de jeu pour retrouver les traces de prétendus sites bibliques. Leur but : démontrer l’authenticité de leur vision messianique du christianisme, avec pour conséquence de légitimer l’occupation militaire israélienne.
    Wilson FACHE à Jérusalem et Salomé PARENT à Tel Shiloh | OLJ
    28/05/2019

    Une journée de fouilles archéologiques commence toujours par une lecture de la Bible. « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie », répète le groupe de vingt chrétiens évangéliques, en majorité américains. Il est à peine cinq heures du matin à Jérusalem, l’heure pour les Associates for Biblical Research de monter à bord d’un bus en direction de Tel Shiloh, en Cisjordanie. C’est là, disent-ils, que le tabernacle originel – la tente qui abritait l’arche d’alliance à l’époque de Moïse – aurait reposé pendant près de quatre siècles.

    Le site est baigné dans une douce lumière matinale. Le visage couvert d’un chapeau de cow-boy beige et de lunettes de soleil, le Dr Scott Stripling, chef d’équipe, affiche un sourire éclatant. S’il correspond à l’image hollywoodienne surannée d’un archéologue, son travail est pourtant loin d’être conventionnel. Fiers évangéliques, ce Texan et son équipe estiment que la Bible doit être lue littéralement et peut servir de manuel à leurs recherches archéologiques.

    « La Bible est-elle un document historique fiable ? J’ai des confrères israéliens qui ne sont pas d’accord, mais moi je pense que oui », explique-t-il, parlant de « préjugés » contre l’Ancien Testament qui, selon lui, n’a pas moins de valeur historique que les textes de l’Égypte ancienne ou de Mésopotamie. « Je ne me balade pas avec une Bible dans une main et une pioche dans l’autre, se justifie Scott Stripling. Je suis religieux, mais ça ne signifie pas que je suis biaisé. Je suis capable de compartimenter. » C’est la troisième année de fouilles dans la colonie de Tel Shiloh, située dans la zone C de la Cisjordanie, soumise à un contrôle israélien total, et M. Stripling espère trouver de nouveaux indices qui pourront confirmer que le mythique tabernacle a bien un jour reposé ici. L’année dernière, ils avaient déjà découvert une grenade en céramique, un fruit symboliquement associé au sanctuaire sacré. Emeline et Perry Ginhart, un couple d’Américains fraîchement mariés, espèrent faire d’autres découvertes qui les aideront à soutenir l’authenticité de leur vision messianique du christianisme. Sous le soleil brûlant, le couple passe sa lune de miel à examiner le parterre dont il est en charge. « En aidant Israël, nous aidons notre cause. Notre Créateur nous a donné ces terres pour que nous en prenions soin », se félicite M. Ginhart.

    Une relation interreligieuse opportuniste
    « Je vois souvent des Américains idiots qui payent des fortunes pour venir grattouiller la terre. C’est tout simplement de l’archéologie confessionnelle. C’est ça le mot-clef. Et dès lors qu’elle est confessionnelle, elle s’éloigne de l’orbite de la science », assène amer un archéologue européen actif au Proche-Orient. « Les évangéliques et l’archéologie, ce sont des contes de Perrault. Ça n’a aucun sens. Il faut que l’armée israélienne arrête le massacre archéologique dans les territoires », implore ce spécialiste, qui souhaite rester anonyme.

    Les pièces déterrées à Tel Shiloh sont ramenées chaque jour à Jérusalem, avant d’être analysées en collaboration avec l’agence gouvernementale chargée du patrimoine dans un processus pour le moins opaque. À la mi-mai, la Cour suprême a statué qu’Israël n’était pas obligé de divulguer des informations sur les fouilles archéologiques menées en Cisjordanie, rejetant un appel de deux organisations non gouvernementales. Depuis la convention de La Haye de 1954, il est pourtant interdit de fouiller dans un territoire occupé, sauf en cas de menace sur le patrimoine. Un argument régulièrement utilisé par Scott Stripling pour justifier ses travaux. « Tout ce que nous trouvons est stocké en Israël, et si une solution politique au conflit est trouvée, les responsables du territoire auront alors accès aux objets. Mais je serai mort avant que ça n’arrive », dit-il en riant.

    Leah Tramer, l’une des rares Israéliennes de l’équipe, collabore régulièrement avec les évangéliques américains qui viennent creuser dans la région et pour qui la « Judée et Samarie » – le nom biblique de la Cisjordanie – est une extension naturelle de l’État d’Israël. « C’est merveilleux que des chrétiens nous aident à redécouvrir notre passé », se réjouit cette assistante à l’Université d’Ariel, située dans une grande colonie. La relation interreligieuse qui existe entre certains juifs israéliens et des « chrétiens sionistes » est parfois qualifiée par ses critiques d’opportuniste. Un sous-ensemble de la communauté évangélique étant convaincu de la signification biblique du retour des juifs sur la terre de leurs ancêtres, préambule prophétique indispensable au retour du Messie et à la fin des temps, tandis que les Israéliens sont à la recherche d’alliés pour légitimer leur occupation militaire vieille d’un demi-siècle.

    L’archéologie comme outil politique
    S’il ne fait aucun doute que les juifs ont un lien historique avec la Cisjordanie, c’est la façon dont les découvertes archéologiques sont instrumentalisées pour éclairer le patrimoine d’un peuple plutôt qu’un autre pour des raisons politiques et idéologiques qui est source de controverse. « Israël utilise l’archéologie comme outil politique à Jérusalem-Est et en Cisjordanie pour tenter de justifier sa présence. Cela explique pourquoi ils travaillent avec des évangéliques, qui soutiennent le même récit », analyse Yonathan Mizrachi, directeur de l’ONG israélienne Emek Shaveh, l’une des deux organisations signataires de la pétition déboutée par la Cour suprême. « Les évangéliques ne font pas de la recherche pour le bénéfice de la communauté locale, mais pour leur propre bénéfice et pour soutenir l’occupation, » assène-t-il.

    En 2013, Scott Stripling avait trouvé à Khirbet el-Maqatir des restes humains qu’il estimait être des juifs tués pendant la grande révolte contre Rome il y a environ 2 000 ans. Il les a ensuite remis à la colonie d’Ofra, qui les a enterrés en secret en 2017. « L’inhumation a servi de symbole pour les résidents, selon lesquels la colonie – illégale en vertu du droit international – n’est en fait qu’une continuation de l’ancienne implantation juive historique sur cette terre », estime Michael Press, un expert en archéologie en Israël et dans les territoires palestiniens. « Le fait que les résultats de ces fouilles servent à renforcer le contrôle israélien sur la Cisjordanie est très dommageable. Mais il n’y a pas d’institution pour faire respecter le droit international et personne ne veut exercer de pression, donc rien ne changera. »

    De nombreux autres sites à travers les territoires occupés ont soulevé la controverse, comme la « cité de David », un complexe archéologico-touristique censé être, selon les références bibliques, l’emplacement d’origine de Jérusalem à l’époque du roi David, il y a 3 000 ans. Depuis son exploitation, ce site n’aura de cesse d’alimenter les polémiques en raison de son emplacement en plein cœur du quartier palestinien de Silwan, à Jérusalem-Est. Surtout, le site est administré par une organisation privée controversée, Elad, à l’objectif explicite : « la revitalisation résidentielle », un euphémisme qui désigne une politique assumée de colonisation avec l’implantation de familles juives israéliennes dans le quartier.

    « Jamais plus important que les gens qui vivent à la surface »
    D’après la population palestinienne locale, les fouilles archéologiques menées en sous-sol ont sévèrement endommagé une quinzaine d’habitations. Mazen Aweida, 48 ans, montre d’un geste las les fissures épaisses qui courent le long des murs de sa maison. L’évier de la cuisine est à moitié effondré, et le sol de la chambre est tellement gondolé qu’il semble près d’exploser. « J’ai des enfants en bas âge, et j’ai peur que des débris ne tombent sur eux. Ça me stresse énormément. J’ai toujours peur que mon fils soit blessé », murmure ce père de sept enfants en jetant un regard vers son petit garçon, assis à côté d’une cicatrice béante qui file du sol au plafond. « La seule option, c’est qu’ils trouvent une solution pour stopper la dégradation. En tout cas, je ne partirai pas, même si la maison s’effondre sur nous, » prévient Mazen Aweida.

    Question de principe : certains résidents estiment aujourd’hui que les fouilles archéologiques font partie d’une stratégie visant à chasser les habitants palestiniens pour prendre le contrôle de leurs terrains. Contactée à plusieurs reprises, la direction d’Elad n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. Elle avait par le passé déjà balayé ces allégations d’un revers de la main, niant toute forme de responsabilité dans la détérioration de maisons palestiniennes. « Ils ont le droit de rechercher des vestiges de leur histoire – si tant est que de tels vestiges existent bien à cet endroit, estime Sahar Abassi, coordinatrice dans un centre social de Silwan. Mais quoi qu’ils trouvent dans le sous-sol, ce ne sera jamais plus important que les gens qui vivent à la surface. »

    À 13h tapantes, le son d’un chofar, un cor traditionnel juif, résonne à travers les collines rocheuses de Tel Shiloh pour marquer la fin de la journée. Les participants seront de retour à l’aube à la recherche du tabernacle, bien qu’ils n’aient encore rien trouvé de concluant. Peu importe. « L’absence de preuve, prévient M. Stripling, n’est pas la preuve d’une absence. »

    #archéologie #palestine

  • Amis du film
    https://www.nova-cinema.org/prog/2019/172-folk-on-film/varia/article/expo-21564

    Pendant des décennies, la revue belge « Amis du film » (1953-1982) a été un titre régulier et fiable dans les kiosques à journaux bruxellois, ses couvertures portant fièrement les portraits officiels des grands noms du cinéma hollywoodien et européen. Entre les mains de l’artiste de collage bruxellois Antek, ces images sont remodelées de manière à la fois ludique et cauchemardesque. Le visage de Jacques Tati est envahi par les traits de Paul Robeson ; Kim Novak fusionne avec la sienne, en version plus jeune ; le visage gracieux d’Audrey Hepburn est remplacé par une chaîne de montagnes rocheuses ; l’éternellement chic Ingrid Bergman se transforme en une misérable, fumant une clope de manière maussade… Une collection de 20 images qui vous fera voir sous un jour nouveau ces anciens (...)

  • Wildlife de Paul Dano, j’aime les airs pénétrés et réfléchis de ce jeune cinéma américain pédant qui fait semblant de réfléchir, ici au fait que l’ American Way Of Life de la fin des années cinquante, début des années soixante était un mensonge délétère qui a potentiellement corrompu les destinée de millions de jeunes Américains et Américaines à la fois abimées par les relations coincées de leurs parents et une incapacité générale de s’élever à un niveau trop haut du bonheur à l’américaine, le tout en brassant mille coquetteries d’images, de belles voitures trop grandes aux carrosseries rutilantes et des paysages aux Rocheuses de carte postale : oui, dans ce film les Rocheuses accouchent d’une souris qui enfonce des souricières ouvertes.

  • Toujours dans l’art paréital mais cette fois-ci à l’autre bout du globe.

    L’art rupestre d’il y a 40 000 ans en Indonésie ressemble étonnamment à celui d’Europe (janvier 2017)
    nota : l’article parle d’art rupestre mais il s’agit d’art pariétal. Les exemples ci-dessous, extraits de ce même article, présentent des exemples d’art pariétal et d’art rupestre.

    http://www.epochtimes.fr/lart-rupestre-dil-y-40-000-ans-en-indonesie-ressemble-etonnament-a-celui-

    https://www.youtube.com/watch?v=ZVEqkVDn6Y4

    En 2014, des archéologues de l’université de Wollongong en Nouvelle-Galles du Sud et du Centre National d’Archéologie d’Indonésie ont été surpris par la découverte d’un art rupestre préhistorique indonésien. Cet art sophistiqué a été découvert dans les grottes de Maros sur l’île indonésienne de Sulawesi, ou Célèbes.

    Les chercheurs ont découvert des dessins et des gravures sur des surfaces de pierre vieux de 40 000 à 35 000 ans. Ils auraient ainsi été faits à la même période que les peintures rupestres en Europe selon les dernières datations, comme le souligne les chercheurs M. Aubert et A. Brumm de l’université de Wollongong, dans leur étude publiée dans Nature en 2014.

    De manière générale « la composition de la peinture de la préhistoire n’a pas changé pendant des milliers d’années.

    Espagne

    Des scientifiques espagnols ont découvert dans la grotte de Nerja en Andalousie un vestige du plus ancien art rupestre créé par l’homme de Néandertal, il y a entre 43 500 et 42 300 ans, et n’ayant pas été fait pas l’homme moderne que nous connaissons...

    Inde

    En 2014, le géologue indien Nitish Priyadarshi a décrit à Epoch Times ses découvertes d’art rupestre dans les collines de Ranchi dans l’État de Jharkand en Inde. Selon le rouge ocre utilisé, le géologue suggère qu’il correspondrait à un art vieux de 5 000 à 30 000 ans...

    Australie

    Le plus ancienne œuvre sur pierre d’Australie a été datée de 28 000 ans. Elle est située sous le fameux site de Narwala Gabammang dans le nord du pays, et est décrite comme la chapelle Sixtine de l’art préhistorique, selon l’université de Queensland du Sud...

    Colombie

    L’art rupestre de Colombie dans le Chiribiquete pourraient dater d’il y a 17 000 ans, selon les archéologues du pays. Un groupe interdisciplinaire de scientifiques est allé dans ce massif montagneux en 1992 et a fait la découverte surprenante « d’un nombre significatif de sites pictographiques d’une beauté stupéfiante et majestueuse consistant en 36 abris de pierre, avec plus de 200 000 dessins, ce qui en fait la plus grande découverte de pictographes amazoniens jusqu’à présent rapporté dans le monde scientifique », selon la description donnée dans le livre Serranías y Sierras.

    Lybie

    L’art de la pierre préhistorique réalisé sur les masses rocheuses du Tadrart Acacus dans le sud de la Lybie, à la frontière du Tassili n’Ajjer algérien, a plus de 14 000 ans et est considéré par l’UNESCO comme « d’une valeur universelle extraordinaire ».

    Argentine

    L’art rupestre en Argentine a au moins 9 000 ans. Parmi les rochers faisant jusqu’à 200 mètres de hauteur près du Río Pinturas à Santa Cruz dans le sud du pays, se trouvent des peintures faites par un groupe de natifs du pays, les ancêtres des Tehuelches, qui ont vécu il y a entre 9300 ans et 1000 ans, en restant protégés du vent, de la neige et de la pluie dans des conditions incomparables.

    Égypte

    L’archéologue Giulio Lucarini a présenté en 2014 son étude sur le désert occidental égyptien, à Farafra, en montrant des photographies de dessins du Néolitique remontant à il y a 6000 à 7000 ans.

    #préhistoire #art_pariétal #art_rupestre #néandertal #université_de_Wollongong #Centre_National_d’Archéologie_d’Indonésie #Asie #39900BP #grottes_de_Maros #Sulawesi #Célèbes

  • En Cornouailles, une nouvelle ville émerge sur les terres du prince Charles Le Moniteur - 17/11/17 - AFP
    https://www.lemoniteur.fr/article/en-cornouailles-une-nouvelle-ville-emerge-sur-les-terres-du-prince-charle

    Charles, l’héritier du trône britannique, se veut un prince bâtisseur. Sous son égide et sur ses terres de Cornouailles, dans l’extrême sud-ouest de l’Angleterre, une nouvelle ville dans la ville est en cours de construction à Newquay, avec l’ambition de revitaliser cette zone située dans une région pauvre, anciennement minière.


    A distance de marche des côtes rocheuses et du centre de Newquay, cette station balnéaire de Cornouailles prisée des surfeurs, 137 maisons sont déjà sorties de terre depuis le lancement, en 2014, de la construction de Nansledan (« large vallée » en cornique), nouvelle extension de la ville voulant allier tradition et modernité. « Nous voulons créer une communauté viable. Nous allons aussi construire une école, une église, des bureaux, des commerces », détaille Alastair Martin, dirigeant du Duché de Cornouailles, gestionnaire privé des avoirs du prince Charles, qui opère en coopération avec les autorités locales.
    https://www.youtube.com/watch?v=72YskHVH050

    Vidéo
    Au total, quelque 4.000 logements doivent être érigés en 40 ans sur le site de 218 hectares appartenant au Duché. « Pour une ville de seulement 20.000 personnes, c’est beaucoup », souligne le conseiller municipal Louis Gardner.

    L’ambition est de « régénérer la ville existante et diversifier son économie », explique l’architecte, Hugh Petter, du bureau Adam Architecture. Celle-ci dépend principalement du tourisme et des emplois saisonniers faiblement rémunérés.

    Les maisons neuves, d’un ou deux étages, s’alignent le long de rues proprettes aux noms corniques, avec leurs façades de pierre ou de plâtre pastel, rehaussées de toits d’ardoise typiques de ce coin du pays. « C’est quelque chose de vraiment bien pour Newquay ainsi que pour moi », s’enthousiasme Theresa Ferguson, une employée de l’aéroport tout proche qui s’est installée là en juin, en faisant fi du remue-ménage ambiant. Les bâtisses vertes, roses ou bleues rappellent à Mme Ferguson le petit village d’origine de sa mère en Irlande, Allihies.
     

    Abeilles et arbres fruitiers
    Mais Nansledan se veut aussi un exemple de ville moderne et durable, traduisant sur le terrain deux passions du prince Charles, l’architecture et l’environnement. « Il est très impliqué (…) et se rend sur place deux fois par an », affirme M. Petter, l’architecte. L’héritier du trône britannique n’en est pas à son coup d’essai. Le projet s’inspire des principes déjà éprouvés à Poundbury, nouvelle localité érigée à Dorchester (sud de l’Angleterre) et parfois critiquée pour son côté « Disneyland » en raison des styles architecturaux hétéroclites adoptés.

    Plus homogène dans son genre, Nansledan veut offrir un cadre de vie à l’opposé des cités-dortoirs de banlieue où la voiture est reine, et privilégier proximité, mixité sociale et nature. « Vous pourrez emmener votre enfant faire de la balançoire tout en surveillant vos légumes », dit Hugh Petter en évoquant les espaces de jeux intégrés aux jardins ouvriers. Les arbres du lotissement seront tous fruitiers, les plantations dans les rues, comestibles et des briques d’accueil pour abeilles intégrées aux maisons.

    Au-delà du style de vie, l’objectif est de créer un emploi par foyer, grâce aux nouvelles activités que le projet est censé attirer sur place (commerces, bureaux…), et de construire 30% de logements sociaux ou de logements moins chers que le marché, indiscernables des habitations de plus haut standing.

    Les acheteurs ou locataires ciblés sont les habitants locaux, et non des vacanciers en quête de résidence secondaire, dans cette région où la multiplication des maisons de vacances est accusée d’avoir fait monter en flèche les prix de l’immobilier. « Newquay a besoin de plus de logements abordables et je pense que Nansledan pourrait aller plus loin encore » que les 30% de logements sociaux promis, estime Louis Gardner, favorable à une proportion plus élevée. Les maisons mises en vente le sont souvent à plus de 300.000 livres (environ 340.000 euros), ce qui est « hors de portée de la famille moyenne », déplore-t-il.

    Globalement, la construction de Nansledan ne suscite toutefois que peu de critiques. Mais la cherté des maisons était déjà le grief principal émis contre le projet de Tregunnel Hill, 174 logements déjà construits par le Duché dans la ville, un modèle miniature de Nansledan. Des centaines d’habitants s’étaient alors aussi opposés au bétonnage de l’espace vert où ils ont été érigés.
     
    Quid des emplois ?
    Grâce à Nansledan, « il y aura un gros dividende économique pour la population et les entreprises locales », assure Hugh Petter, alors que 21 millions de livres (23,7 millions d’euros) ont déjà été investis. 

    La promotion de l’économie locale commence dès la construction, avec l’utilisation de matériaux extraits de carrières environnantes, comme l’ardoise ou le granit. « Nous avons passé les cinq dernières années à former une main-d’oeuvre capable d’atteindre les standards élevés qui sont exigés de nous », explique Mark Jackson, chef de chantier chez Morrish Builders, un des trois entrepreneurs qui emploient au total une centaine de personnes sur le site.

    Grâce à ce projet entre autres, Fraser Parkin, coiffeur dans le centre-ville, a déjà observé une hausse de la fréquentation de son commerce, qui n’est plus tributaire de la seule saison touristique. Il s’inquiète toutefois : les nouveaux arrivants pourraient « avoir du mal à trouver un boulot ». Créer suffisamment d’emplois qualifiés pour les habitants les plus aisés, notamment, sera « un défi », abonde Louis Gardner.

    #Ville #Urbanisme #Angleterre #Logement #durable ? #environnement ? #équilibre ? #greenwashing ? #écologie #green_washing ? #environnement

  • Bonne nouvelle pour la présence d’une vie ailleurs que sur Terre : Il y aurait une activité tectonique sur la lune de Jupiter, Europe

    http://www.gurumed.org/2017/12/06/bonne-nouvelle-prsence-dune-vie-ailleurs-terre-y-aurait-activit-tectonique-

    Des scientifiques avaient déjà repéré des signes géologiques indiquant que des plaques dans la calotte glaciaire de la lune pouvaient plonger les unes sous les autres vers l’océan enfoui de la lune. Maintenant, une nouvelle étude suggère qu’une telle « subduction » est effectivement possible sur Europe et elle montre comment le phénomène pourrait se produire. Les nouveaux résultats devraient intéresser un peu plus les astrobiologistes et tous ceux qui espèrent que la Terre n’est pas le seul monde habité du système solaire.

    Si, en effet, il y a de la vie dans cet océan, la subduction offre un moyen de fournir les nutriments dont elle aurait besoin.
    Ces nutriments incluent des oxydants, des substances qui sont communes sur la surface d’Europe et qui pourraient, selon les chercheurs, aider à fournir une source d’énergie pour la vie.
    Ici, sur Terre, la subduction est principalement due aux différences de température entre les plaques rocheuses relativement froides et donc denses avec le manteau environnant très chaud. Cependant, toujours selon les chercheurs, ces différences thermiques ne peuvent pas être le “moteur” d’Europe : les plaques de glace se réchaufferaient en plongeant, s’équilibrant rapidement à la température de la glace en dessous.

    C’est fascinant de penser que nous pourrions avoir une tectonique des plaques autre part que sur Terre. En se plaçant du point de vue de la planétologie comparative, si nous pouvons maintenant étudier la tectonique des plaques dans cet endroit très différent, cela pourrait nous aider à comprendre comment la tectonique des plaques a commencé sur la Terre.

    #They_live

  • #Radon : trois mille morts par an dans l’indifférence | 60 Millions de Consommateurs
    http://www.60millions-mag.com/2017/09/21/radon-trois-mille-morts-par-dans-l-indifference-11372

    Inodore, incolore, inerte… et radioactif. Le radon est un gaz d’origine naturelle, insoupçonnable, classé « cancérogène certain » par l’Organisation mondiale de la santé. Provenant de la désintégration de l’#uranium en sous-sol, il pénètre dans les bâtiments, s’immisçant par les fissures d’étanchéité, le moindre interstice. Il s’accumule ensuite, à un niveau particulièrement élevé dans les lieux où l’#air est confiné.

    Il est grand temps d’informer largement des risques du radon, à l’origine de 6 à 15 % des cancers du poumon dans le monde, mais également soupçonné de provoquer des #cancers de la peau et des leucémies infantiles. Rien qu’en France, selon les chiffres publiés en 2017 par l’Institut de radioprotection et de sûreté #nucléaire (IRSN), le radon serait responsable de 3 000 décès par an !

    [...]

    Là où le #sol est calcaire, sableux ou argileux, les teneurs sont les moins importantes [...] Les formations rocheuses concernées sont celles constitutives de massifs granitiques (Massif armoricain, Massif central), certaines formations volcaniques (Massif central), mais également certains grès et schistes noirs.

    #santé

    • In a real sense, the center of South America is a blank. A great deal of South American history can be explained by this.

      Mouais, ça n’a pas toujours été ainsi.

      Les cités perdues d’Amazonie - Pour la Science
      http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-les-cites-perdues-d-amazonie-24238.php

      La forêt tropicale amazonienne n’est pas si vierge qu’il y paraît. Une civilisation de pêcheurs, agriculteurs, bâtisseurs de villes et de routes a longtemps occupé la région du #Haut-Xingu .
      […]
      Aujourd’hui, le poumon vert de la planète qu’est la forêt amazonienne occupe le devant de la scène écologique. Bien avant cela, la grande forêt fascinait déjà les Occidentaux, qui, à la simple mention de son nom, imaginaient d’impénétrables jungles à la végétation luxuriante, d’inextricables réseaux de rivières, de dangereuses faunes sauvages, des tribus indiennes vivant à l’âge de pierre… Dans l’imaginaire collectif, les Amazoniens vivaient forcément au sein de sociétés primitives, se contentant d’exploiter les ressources de la nature.

      Or ce n’est pas ce qui s’est passé dans le Xingu. Les Kuikuros sont une importante ethnie au sein de la population amérindienne du Xingu, population que l’on désigne au Brésil par le terme générique de « Xinguanos ». Avec leur aide, nous avons mis en évidence tout un réseau de villes, de villages et de routes anciennes, où vivait autrefois une population sans doute 20 fois plus importante que celle d’aujourd’hui. Cette civilisation a disparu, dévastée par les microbes véhiculés par les Européens. Comment a-t-elle pu passer inaperçue jusqu’à aujourd’hui ?

      Article de Pour la Science de février 2010 (la suite sous #paywall)

    • commentaires de @severo sur tw :

      Técnicamente original: áreas difíciles de acceso -> agua. Humanamente desastroso: invisibilización de tod@s l@s de cordillera y amazonas

      Que estereotipo el que quieren vincular... Si fuera así, ¿por qué construimos el tren bioceánico entre tres países mediante Bolivia?

      (d’ailleurs bien d’autres commentaires en réponse à cette carte sont tout aussi critiques)

  • Ce système de sept planètes pourrait être habitable

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/ce-systeme-de-sept-planetes-pourrait-etre-habitable

    Jamais auparavant la découverte d’un nouveau système exoplanétaire n’avait suscité autant d’enthousiasme de la part des astronomes. C’est en effet pas moins de sept planètes toutes quasiment de la taille de la Terre, et probablement rocheuses comme elle, qui ont été détectées par une équipe internationale autour d’une étoile relativement proche de nous, à 40 années-lumière1. Mieux encore : plusieurs de ces exoplanètes réunissent les conditions pour que de l’eau liquide soit présente à leur surface. De quoi faire de ce système une des cibles les plus prometteuses à ce jour dans la recherche à distance de traces de vie hors du système solaire.

    À quoi ressemblent ces mondes ? Et sont-ils éventuellement propices à héberger la vie ? S’il est impossible aujourd’hui de répondre avec certitude à ces questions – aucune de ces planètes n’ayant pu être photographiée –, les astronomes disposent toutefois de suffisamment d’informations pour commencer à en dresser un premier portrait. Tout d’abord, en raison de leur taille, les sept planètes ont toutes les chances d’être rocheuses comme la Terre. Il ne s’agit donc pas de ces géantes gazeuses où toute forme de vie semble impossible.

    Ensuite, étant donné la distance des planètes à leur étoile et la luminosité émise par l’astre, les astronomes ont pu estimer l’énergie que reçoivent celles-ci. Conclusion : « Trois d’entre elles (e, f et g) sont situées dans la zone dite « habitable » de leur étoile, cette région où il ne fait ni trop froid ni trop chaud pour permettre à l’eau, si elle est présente à leur surface, de rester sous forme liquide », précise Franck Selsis, un des auteurs de la découverte au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux. Un élément indispensable pour permettre à la vie telle que nous la connaissons de se développer.

    #They_live

  • Sept planètes rocheuses découvertes autour d’une étoile naine

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/02/22/sept-planetes-rocheuses-decouvertes-autour-d-une-etoile-naine_5083903_3244.h

    L’étoile Trappist-1 est située à 39 années-lumière de la Terre. Trois de ses planètes se trouvent dans la zone dite d’habitabilité, où l’eau peut exister.

    Trappist-1 est située à 39 années-lumière de nous, dans la constellation du Verseau. Dans le jargon des spécialistes, il s’agit d’une « naine ultra-froide », c’est-à-dire d’une toute petite étoile, dont la masse représente 8 % de celle du Soleil et dont le rayon est à peine supérieur à celui de Jupiter, la plus grosse planète du Système solaire. Et elle est dite « ultra-froide » non pas parce qu’on y gèle – cela reste une étoile… – mais parce que sa température de surface, d’environ 2 200 °C, est très inférieure à celle que l’on mesure pour d’autres astres – 5 500 °C pour le Soleil par exemple.

    C’est précisément ce nanisme stellaire qui a intéressé l’équipe liégeoise lorsque, sous la direction de Michaël Gillon, elle a conçu le petit télescope Trappist (pour « Transiting Planets and PlanetesImals Small Telescope »), installé en 2010 au Chili. Comme son nom complet l’indique, cet instrument exploite le phénomène appelé « transit » : lorsque, pour les observateurs lointains que nous sommes, une planète extrasolaire passe devant son étoile, la luminosité de cette dernière est légèrement amoindrie, une baisse d’éclat dont on peut déduire la présence d’une planète, et son rayon.

    Il y a néanmoins un risque, poursuit le chercheur français : que les exoplanètes situées dans la zone d’habitabilité… ne soient pas habitables. « Dans leur jeunesse, les étoiles naines sont très actives et émettent des rayonnements UV extrêmes, des rayons X, beaucoup de vent stellaire », décrit-il. « Cela n’est pas du tout propice à l’apparition de la vie, reconnaît Valérie Van Grootel. Cela peut éroder l’atmosphère voire la souffler complètement. »

    #They_live

  • Mexican Smuggler Says Trump’s Wall Won’t Stop Him — Here’s Why

    Everything from dogs and blimps to Gamma-ray imaging systems and video surveillance is used to prevent people from crossing the U.S.-Mexico border, making the prospect of a wall seem obsolete.

    http://www.seeker.com/mexican-smuggler-says-trumps-wall-wont-stop-him-heres-why-2260853414.html
    #passeurs #Trump #murs #barrières_frontalières #USA #Etats-Unis #fermeture_des_frontières #frontières

    cc @albertocampiphoto @daphne @marty

    • #Nogales wary about executive order to start building border wall

      NOGALES, ARIZONA – As President Donald Trump signed executive orders in Washington to build a wall and increase enforcement of the U.S.-Mexico border, Carlos Santa Cruz’s small section of fence behind his house was quiet and serene. A landscaper in Nogales and Rio Rico, he has lived right next to the border for 37 years and has seen the changes that have come with different presidential administrations.


      https://cronkitenews.azpbs.org/2017/01/25/nogales-wary-executive-order-building-border-wall

    • Au pied du mur

      Donald Trump veut construire un mur « impénétrable, beau et solide » à la frontière Sud des Etats-Unis. Sur les 3200 kilomètres de démarcation avec le Mexique, un tiers est déjà « barricadé ». Voyage dans un monde de migrants, de trafiquants et de séparations. En pleine canicule.

      Notre périple avait commencé à Phoenix, la capitale de l’Arizona, avec une petite angoisse. Malgré des contacts répétés avec un porte-parole de la Border Patrol – « Vous savez qu’avec la nouvelle administration il faut entre quatre et six mois pour obtenir l’aval de Washington pour passer une journée avec nous ? » –, toujours pas de rendez-vous fixé avec Vicente Paco. Notre interlocuteur était parti en vacances, apparemment sans transmettre le dossier à son collègue, beaucoup moins coopérant. Et puis, soudain, le coup de fil attendu : Vicente Paco !

      Rendez-vous a été donné à #Nogales, sur le parking d’un centre commercial. On file vers la ville, direction sud. Cinq heures de route, avec des cactus à n’en plus finir, une ferme d’autruches, un coyote écrasé et un serpent à sonnette au sort pas plus enviable.

      Nogales ? L’arrivée dans la ville n’est pas des plus chatoyantes. De larges routes, des hôtels de chaîne, les mêmes que l’on retrouvera tout au long du périple, des fast-foods. On retrouve l’agent, comme prévu, sur un parking, sous une chaleur suffocante. Il est pile à l’heure. Les règles sont strictes : interdiction de monter dans sa Jeep sans le fameux sésame de Washington. On le suit donc avec notre voiture. « Elle est solide ? Il va falloir grimper un peu. » En route !

      Le Mexicain qui chasse les Mexicains

      La voilà, la fameuse barrière rouillée qui coupe Nogales en deux. « Vous voyez les traces plus claires sur ces piliers ? glisse Vicente Paco. C’est là où des migrants ont glissé pour descendre côté américain. » On se trouve sur un petit monticule où viennent de passer trois biches. De l’autre côté de la barrière qui s’étend à perte de vue, c’est le Mexique.

      Silhouette svelte et regard volontaire, Vicente Paco, 35 ans, la main gauche toujours posée sur son taser, porte l’uniforme vert de la Border Patrol depuis 2010. Dans sa famille, tous se battent pour la sécurité des Etats-Unis, précise-t-il avec fierté. « Mon grand-père a fait la guerre de Corée, mon père le Vietnam et j’ai moi-même servi pendant quatre ans dans le Golfe. Ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui m’ont poussé à m’engager dans la Navy. » Aujourd’hui, sa tâche principale consiste à traquer les migrants clandestins en plein désert de Sonora et à les déporter. Un Mexicain qui chasse les Mexicains ? « Mon père est devenu Américain, je le suis aussi. Je suis né au Mexique, mais je suis arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 12 ans, légalement », rectifie-t-il. Il ajoute, le regard noir : « Quand je porte l’uniforme, je suis là pour appliquer la loi et servir les Etats-Unis, rien d’autre ne compte. »

      Ici, la barrière s’étend sur 4 kilomètres et fait entre 5 et 8 mètres de hauteur, selon les endroits. Un avant-goût du mur « beau et grand » que Donald Trump veut ériger tout le long de la frontière. Le président américain évalue les coûts de sa construction à 12 milliards de dollars, un rapport du Département de la sécurité évoque le chiffre de 21 milliards. Donald Trump espère envoyer l’essentiel de la facture au président mexicain. « Jamás ! » lui a rétorqué ce dernier.

      Un tiers des 3200 kilomètres de frontière sont déjà barricadés. Grâce au Secure Fence Act (2006) signé par George W. Bush dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001. Avec l’élection de Donald Trump, la chasse aux clandestins est montée d’un cran. Le président dit vouloir s’en prendre avant tout aux « bad hombres », auteurs de viols, de trafic de drogue et autres délits graves, mais depuis son élection, un homme présent sur sol américain depuis trente ans peut désormais être déporté pour avoir conduit sans permis.

      A Nogales, la barrière est presque intimidante. Dès qu’on s’éloigne un peu de la ville, elle se transforme en barricade anti-véhicules, plus basse, dont le but premier est d’empêcher les trafiquants de forcer le passage avec leurs pick-up. La zone est ultra-sécurisée. Tours de contrôle, caméras infrarouges et appareils de détection de mouvements au sol permettent à Vicente Paco et à ses collègues d’être alertés à la seconde du moindre passage illégal. Sans oublier les drones et les hélicoptères. Impossible de se promener dans la ville plus de dix minutes sans tomber sur une des fameuses jeeps blanches à larges bandes vertes de la Border Patrol.

      Vicente Paco s’appuie contre le « mur ». « Avant 2010, on ne pouvait pas voir à travers. C’était dangereux. Nos agents étaient parfois la cible de jets de pierres. » Il tait un drame pourtant omniprésent dans la ville. Le 10 octobre 2012, José Antonio Elena Rodriguez, un Mexicain de 16 ans, a été tué par un agent. Lonnie Swartz était du côté américain. Visé avec ses coéquipiers par des pierres, il a tiré à travers les barreaux. Dix balles ont touché José Antonio, qui s’est vidé de son sang, côté mexicain. En 2014, sa mère, excédée par la lenteur de l’enquête, a porté plainte. Le procès ne cesse d’être repoussé.

      Vicente Paco patrouille seul dans sa Jeep. Dans le secteur de Tucson, détaille-t-il, la Border Patrol dispose de 4000 agents pour surveiller 421 kilomètres de frontière. Ils ont arrêté 64 891 individus d’octobre 2015 à octobre 2016 (415 816 sur l’ensemble du pays). 7989 étaient des mineurs, la très grande majorité (6302) non accompagnés. En 2000, ces chiffres étaient dix fois plus élevés : 616 300 arrestations recensées dans le secteur de Tucson et 1,6 million sur le plan national.

      A sa ceinture, un pistolet, un taser, des menottes, un bâton télescopique, un couteau et des jumelles. A-t-il déjà fait usage de son arme à feu ? « Je ne vais pas répondre à cette question. Tout ce que je peux dire, c’est que le recours à la force est parfois nécessaire. »

      L’effectif des gardes-frontières est passé en quelques années de 10 000 à 21 000 agents. Donald Trump a promis d’en engager 5000 de plus. Les salaires sont attractifs, les conditions de retraite également. Des points indispensables pour limiter les cas de corruption et de collaboration avec les cartels.

      Vicente Paco l’avait dit tout de go : pas question de parler de politique. Il préfère raconter les migrants pourchassés en ville, décrire la partie mexicaine comme un enfer contrôlé par les trafiquants – « N’allez pas côté mexicain seule ! » – et évoquer les 115 tunnels rebouchés par ses collègues. Des souterrains surtout utilisés par les trafiquants de drogue, qui se montrent toujours plus inventifs. Quand ils n’utilisent pas des migrants comme mules, il leur arrive de recourir à des catapultes géantes et à des drones. Ils se moquent des barrières. D’ailleurs, ici à Nogales, la plupart des habitants lèvent les yeux au ciel à la seule évocation du mur de Trump. Personne n’y croit vraiment.

      Nogales côté mexicain, le contraste

      Le lendemain, après quelques tacos de carne asada et une agua fresca de melón, on file, à pied, découvrir « l’autre Nogales ». Pour aller au Mexique, rien de plus simple. Pas de queue et même pas besoin de montrer son passeport. Nogales côté mexicain ? Le contraste est saisissant : marchés folkloriques, petite place où les habitants se racontent leur vie, procession funéraire qui avance au rythme d’une batterie endiablée. Et des cliniques dentaires à profusion, très prisées des Américains. Rien à voir avec cette ambiance pesante des patrouilles de gardes-frontières côté Arizona. C’est du moins la toute première impression qui s’en dégage. Car les cartels de la drogue contrôlent la ville. Et dans les foyers d’urgence, les migrants arrivés jusqu’à la frontière – beaucoup viennent d’Amérique centrale – et ceux qui ont déjà été refoulés ont une tout autre image de Nogales-Sonora. Celle d’un rêve brisé.

      Un nom résonne en particulier. Celui de Guadalupe Garcia Aguilar. C’est le premier cas de déportation fortement médiatisé depuis que Donald Trump a édicté son décret sur la migration illégale le 25 janvier. Arrêtée en 2008 à Phoenix alors qu’elle travaillait avec un faux numéro de sécurité sociale, elle a été libérée six mois plus tard grâce à l’ONG Puente. A une condition : se présenter chaque année devant des fonctionnaires du « ICE », acronyme de Immigration and Customs Enforcement. Un moment source de stress.

      Le 8 février, elle s’est donc pliée à ce contrôle de routine. Mais la guerre lancée par Donald Trump contre les clandestins « criminels », y compris ceux qui ont commis de petits délits ou sur lesquels pèsent des soupçons, lui a fait craindre le pire. Elle avait raison. Guadalupe n’est pas ressortie du bâtiment officiel, là où sa famille et des membres de Puente l’attendaient en chantant « No está sola ! ». Elle a été embarquée dans une camionnette, menottée, et déportée vers Nogales, la ville par laquelle elle était arrivée il y a 21 ans. Ni les cris « Libération, pas déportation ! » ni la tentative d’un homme de s’accrocher à une roue de la camionnette n’ont pu empêcher son expulsion. La voilà séparée de son mari et de ses enfants, restés aux Etats-Unis.

      « Depuis que Donald Trump est au pouvoir, ce genre de drames est fréquent. Les passeurs ont par ailleurs augmenté les prix pour les migrants », souligne Sergio Garcia, avec son accent chantant. Journaliste, il travaille comme porte-parole pour la municipalité de Nogales-Sonora. La corruption est très présente des deux côtés de la frontière, dit-il, et la guerre contre le narcotrafic est « una farsa ». « Comment expliquez-vous que la frontière du pays le plus puissant du monde soit ainsi contrôlée par des groupes armés et des cartels ? Les Etats-Unis ont tout intérêt à ce que le trafic de drogue subsiste. »

      Il est temps de retourner côté américain. Passé les petites tracasseries habituelles et le tampon dans le passeport que l’agent peu aimable ne trouvait pas – il était pourtant bien visible –, restait la dernière question : « Et là, vous transportez quoi, dans ce sac ? » Moi, sans me rendre tout de suite compte de l’absurdité de la situation : « Oh, juste trois crânes ! » Le douanier a vite compris qu’il s’agissait de têtes de mort en céramique richement décorées, un classique de l’artisanat local. Ouf.

      Avec Wyatt Earp, Billy the Kid et deux trumpistes

      Après Nogales, on met le cap sur El Paso, au Texas, et son pendant mexicain, Juarez. Et pour aller à El Paso, un petit détour par Tombstone s’imposait. C’est là que s’est déroulée, en 1881, la fusillade d’OK Corral, le fameux règlement de comptes entre Wyatt Earp, ses frères, Doc Holliday et une bande de coriaces hors-la-loi. On s’y croirait encore. Dans cette bourgade de cow-boys, les habitants vivent à 100% du tourisme. Alors ils font l’effort de s’habiller en vêtements d’époque. Ils le font presque avec naturel. Et puis, il y a des passionnés, capables de commenter pendant des heures, dans deux musées très bien faits, le moindre objet ayant appartenu à Wyatt Earp, Billy the Kid ou Big Nose Kate. On a beau ne pas être passionné par les histoires de westerns, on ne ressort pas tout à fait indemne de cette ville-musée à l’atmosphère si particulière. Est-ce le fait d’avoir dormi dans le bordello de l’époque, dans la chambre de « Scarlet Lady » ?

      Retour à la réalité le lendemain, réveillés par un cri de coyote. Direction la maison de Moe pour le petit-déjeuner. Un sacré personnage, Moe. Tout comme Jane, qui prépare les œufs brouillés et le bacon.

      Des trumpistes purs et durs. « Trump est merveilleux, il veut nous remettre au cœur des préoccupations », souligne Jane. « Ce mur avec le Mexique est nécessaire. Ceux qui viennent illégalement profitent de notre système. Ils acceptent des bas salaires et, surtout, ne dépensent rien aux Etats-Unis ! » Moe acquiesce. Mais il préfère raconter ses souvenirs d’après-guerre – il était à Berlin en 1953 pour le plan Marshall – et nous montrer sa collection de quartz. Dont un avec une tête d’alligator fossilisée. Jane poursuit sur sa lancée : « Le Mexique doit s’occuper des gens qui veulent émigrer : c’est un pays riche en ressources minières, ils devraient avoir le même niveau que nous. » Elle l’assure, tous les touristes qu’elle a rencontrés à Tombstone trouvent Trump « très bien ».

      Après la visite de #Tombstone, la ville « too tough to die » [trop coriace pour mourir], on continue sur El Paso. Six heures de route en prenant des chemins de traverse. On croise un panneau « Proximité d’une prison, prière de ne pas prendre d’auto-stoppeurs », traverse des vergers de pacaniers (noix de pécan) et une ville qui s’appelle Truth or Consequences.

      De El Paso à #Juarez

      #El_Paso, bastion démocrate dans un Etat républicain, est, comme Nogales, opposée au projet de mur de Trump. La ville est aujourd’hui considérée comme l’une des plus sûres des Etats-Unis. Ici, la barrière court sur une courte distance. Par endroits, elle s’arrête abruptement, ou présente des « trous », comblés par des jeeps de la Border Patrol postées devant. Un « mur » mité, en somme.

      On part rejoindre Juarez à pied. Cette fois, il faut payer 50 cents pour traverser le pont qui enjambe le Rio Bravo. Comme à Nogales, pas de passeport à montrer. De l’autre côté, la ville est très animée, mais avec une forte présence policière. Les agents patrouillent en groupes, à pied, en jeeps et en quads. En tenue de combat, épais gilet pare-balles et armés jusqu’aux dents. Parfois le visage masqué. Là encore, on nous fait comprendre qu’il vaut mieux éviter de s’aventurer dans certains quartiers. On avait d’ailleurs hésité à venir à Juarez. La ville traîne une sale réputation : elle a pendant longtemps été considérée comme la plus dangereuse du monde, minée par une guerre des cartels de la drogue. La « capitale mondiale du meurtre », surtout de femmes. Mais, la veille, deux margaritas ont fini par nous convaincre d’y faire un saut. Ou plutôt le barman José, qui les préparait avec passion. Depuis que l’armée mexicaine est intervenue en 2009 pour tenter de neutraliser membres de cartels et paramilitaires, Juarez n’est plus autant coupe-gorge qu’avant, nous avait-il assuré. Les sicarios, ces tueurs liés aux cartels, font un peu moins parler d’eux.

      Lui-même est arrivé illégalement aux Etats-Unis, il y a vingt ans. « J’étais avec mon oncle. A l’époque, on m’avait juste dit de dire « American ! » en passant la douane. Je l’ai fait – je ne connaissais aucun autre mot en anglais – et j’étais aux Etats-Unis ! C’était aussi simple que ça. Les temps ont beaucoup changé », lâche-t-il dans un grand éclat de rire.

      Cette fois, le retour côté américain est plus compliqué. Une douanière fronce les sourcils en voyant notre visa de journaliste. Elle abandonne son guichet et nous dirige vers une salle, pour « vérification ». Zut. On doit déposer nos affaires à l’entrée, s’asseoir – des menottes sont accrochées à la chaise – et attendre de se faire interroger. Une situation désagréable. Un agent à l’allure bonhomme se pointe, visiblement de bonne humeur. Il n’avait qu’un mot à la bouche : tequila. « Quoi ? Vous rentrez du Mexique et vous n’avez même pas acheté de tequila ? » Un piège ? On bredouille qu’on n’aime pas trop ça. On ne saura jamais si c’était un test ou pas. Prochaine étape : Tucson, et surtout Sells, le chef-lieu de la tribu amérindienne des Tohono O’odham.

      Le dilemme de la tribu des #Tohono_O’odham

      A #Sells, les cactus sont plus nombreux que les habitants. C’est ici, en plein désert de #Sonora, que les Tohono O’odham (« peuple du désert ») ont leur gouvernement, leur parlement, leur prison et leur police tribale. Rendez-vous était pris avec Verlon Jose, le numéro deux de la tribu amérindienne. Mais il nous a posé un lapin. On a donc eu droit au chef (chairman), Edward Manuel, un peu moins habitué aux médias.

      Bien décidés à s’opposer au mur de Donald Trump, les Tohono O’odham se trouvent dans une situation particulière : 2000 de leurs 34 000 membres vivent au Mexique. La tribu est coupée en deux. Elle l’est de fait déjà depuis le traité de Gadsden de 1853, mais elle refuse que des blocs de béton concrétisent cette séparation. Certains membres ne pourraient alors même plus honorer la tombe de leurs parents. D’ailleurs, dans leur langue, il n’y a pas de mot pour dire « mur ». « Le projet de Donald Trump nous heurte pour des raisons historiques, culturelles, mais aussi spirituelles et environnementales. Et parce que nous n’avons même pas été consultés », dénonce, sur un ton ferme mais calme, Edward Manuel.

      Chez les Tohono, pas de rideau de fer comme à Nogales, mais du sable, des arbustes secs, des montagnes et des canyons. Avec, par endroits, des Normandy-style barriers, des sortes de structures métalliques qui émergent du sable, de quoi empêcher des véhicules de passer. Mais pas les hommes, ni les animaux.

      Edward Manuel et sa « Nation » ont avalé bien des couleuvres. Ils ne voient pas d’un bon œil la militarisation de la frontière, mais ont dû apprendre à collaborer avec la Border Patrol, déjà bien présente sur les 100 kilomètres de frontière qui passent par leurs terres. Car les cartels de la drogue y sont très actifs. Des membres de la tribu ont été séquestrés et brutalisés. Le chairman parle lentement. « Il y a un cartel en particulier qui contrôle la zone. Nos jeunes sont parfois recrutés. Ce sont des proies faciles : le taux de chômage est élevé dans la tribu. Se voir proposer plusieurs milliers de dollars est très tentant. »

      La réserve est aussi devenue un corridor mortel pour les migrants. Edward Manuel brise un autre tabou. « Si nous en trouvons en difficulté, nous les soignons dans nos hôpitaux, avec l’argent fédéral que nous recevons. » Délicat. Quand des corps sont retrouvés, la police tribale mène des enquêtes et doit transférer les dépouilles à l’institut médico-légal de Tucson pour procéder à des autopsies, coûteuses. Mais parfois, nous dit-on, les dépouilles sont enterrées là où elles sont trouvées, et resteront probablement à jamais anonymes. D’ailleurs, le long de la route qui mène à Sells, nous avons été frappés par le nombre de petites croix fleuries. Des accidents de la route, mais pas seulement. Des clandestins morts déshydratés, aussi.

      Le chef évoque un chiffre : la tribu dépense près de 3 millions de dollars par an pour « gérer ces problèmes de frontière », une somme non remboursée par le gouvernement fédéral et à laquelle s’ajoutent les frais médicaux. Alors, forcément, la tentation est grande de vouloir laisser un plus grand champ d’action aux agents de la Border Patrol. Même si leurs courses-poursuites en quad dans le désert brusquent leur quiétude et effraient le gibier qu’ils aiment chasser. C’est le dilemme des Amérindiens : ils veulent conserver leur autonomie et défendre leurs droits, mais la situation tendue les contraint à coopérer avec les forces de sécurité. Au sein de la tribu, des divisions apparaissent, entre les plus frondeurs et les pragmatiques. Mais ils sont au moins unis sur un point : personne ne veut du mur de Trump. « Les 21 tribus de l’Arizona nous soutiennent dans notre combat », insiste le chef.

      Edward Manuel tient à relever les effets positifs de cette coopération : en dix ans le nombre d’arrestations a baissé de 84%. La barrière anti-véhicules installée en 2006 y est pour beaucoup. La police tribale a procédé à 84 186 arrestations dans la réserve en 2006, chiffre qui est tombé à 14 472 en 2016.

      Le chef est également préoccupé par l’impact qu’un « vrai mur » aurait sur la migration des animaux. « Et qui a pensé au problème de l’écoulement naturel de l’eau en période de mousson ? La nature est la plus forte. » Le porte-parole venu de Tucson acquiesce discrètement. Ce n’est pas un membre de la tribu, mais il a fallu passer par lui pour que les Amérindiens puissent s’exprimer dans un média.

      La problématique des Tohono rappelle celle de propriétaires de terrains privés, du côté du Texas notamment, menacés d’expropriation pour que Donald Trump puisse construire son mur. Plus d’une centaine d’actions en justice ont déjà été lancées. Certains ont accepté des portions de barrière sur leur terrain, en échange de compensations. Et d’un code électronique pour pouvoir franchir le grillage qui s’érige sur leur propriété.

      Edward Manuel semble fatigué. Mais il a encore une chose à dire : il a invité Donald Trump à venir « voir concrètement ce qui se passe du côté de Sells. Il verra bien que ce n’est pas possible de construire un mur ici. » Le président avait accepté l’invitation. Des dates avaient même été fixées. Puis la Maison-Blanche a annulé, sans jamais proposer de nouvelles dates. Pourquoi ? Seul Donald Trump le sait.

      Les morts qui hantent le désert de Sonora

      On continue notre route vers l’ouest, avec un crochet par l’Organ Pipe Cactus National Monument. Le désert de Sonora est d’une beauté insolente. Des drames s’y déroulent pourtant tous les jours, parfois en silence, comme étouffés.

      Le 15 juin, en début de soirée, la Border Patrol a joué une scène digne d’un mauvais film d’action : elle a pris d’assaut un campement humanitaire en plein désert, dans le but de dénicher des clandestins. Et elle en a en trouvé quatre. L’ONG No More Deaths est sous le choc. C’est elle qui gère ce camp un peu spécial, dont le but est de soulager, le temps d’une étape, les migrants qui se lancent dans une traversée périlleuse depuis le Mexique. Une tente, du matériel médical, des lits et beaucoup d’eau, voilà ce qu’elle leur propose.

      « La Border Patrol connaissait l’existence de ce camp et, jusqu’ici, elle tolérait sa présence », explique Chelsea Halstead, qui travaille pour une autre ONG active dans la région. Un accord a été signé en 2013 : les agents s’engageaient à ne pas y intervenir. Mais le 15 juin, alors qu’ils traquaient déjà depuis plusieurs jours les clandestins aux abords du camp, ils ont décidé de troquer les goutte-à-goutte contre des menottes. Une quinzaine de jeeps, deux quads et une trentaine d’agents lourdement armés ont investi le camp. Chelsea Halstead : « Les migrants risquent maintenant de penser qu’un piège leur a été tendu. C’est dévastateur pour le travail des humanitaires. »

      #No_More_Deaths s’attelle depuis treize ans à empêcher que des migrants meurent dans le désert. Des bénévoles vont régulièrement y déposer des réserves d’eau. Depuis 1998, plus de 7000 migrants ont trouvé la mort dans les quatre Etats (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas) qui bordent le Mexique. Environ 3000 ont péri dans le seul désert de Sonora, déshydratés.

      Dans l’Organ Pipe Cactus National Monument, une réserve de biosphère qui abrite d’étonnantes cactées en forme d’orgues, une pancarte avertit les randonneurs : « Contrebande et immigration illégale peuvent être pratiquées ici. Composez le 911 pour signaler toute activité suspecte. » Interrogé, le manager du parc relativise les dangers. Une plaque en marbre devant le centre des visiteurs raconte pourtant une triste histoire. Celle de Kris Eggle, un apprenti ranger, tué à 28 ans par les membres d’un cartel qu’il était en train de poursuivre.

      Ce jour-là, pas loin de la piste, on aperçoit un bout d’habit pris dans les ronces. Par terre, une chaussure, sorte d’espadrille raccommodée, avec le genre de semelles qui ne laisse pas de traces. Celles que privilégient les migrants. Ils les recouvrent parfois avec des bouts de tapis.

      Pour passer aux Etats-Unis par cette région hostile, les migrants peuvent débourser jusqu’à 6000 dollars. Plus le chemin est périlleux, plus le prix augmente. C’est bien ce que dénoncent les activistes : la militarisation de portions de frontière pousse les migrants à emprunter des chemins toujours plus dangereux, en alimentant l’industrie des « coyotes » – le nom donné aux passeurs –, qui eux-mêmes travaillent parfois main dans la main avec les cartels de la drogue.

      Les « coyotes » abandonnent souvent les migrants en plein désert après avoir empoché l’argent. Ce n’est que la première difficulté à laquelle les clandestins font face. Poursuivis par les agents de la Border Patrol, ils sont parfois également traqués par des milices privées composées d’individus lourdement armés à l’idéologie proche de l’extrême droite qui, souvent, cherchent « à faire justice » eux-mêmes. Quand ils ne tombent pas sur des brigands. Des cas de viols et de meurtres sont signalés. Dans le désert, c’est la loi du plus fort.

      « Chaque jour, entre trente et plusieurs centaines de gens passent par illégalement dans la région », raconte un agent de la Border Patrol, à un checkpoint à la sortie du parc, pendant qu’un chien sniffe l’arrière de la voiture. « Surtout des trafiquants. »

      Chelsea Halstead travaille pour Colibri, un centre qui collabore avec l’institut médico-légal de Tucson. L’ONG s’est donné un but : identifier les corps, donner un nom aux restes humains retrouvés dans le désert. Faire en sorte que « Doe 12-00434 » ou « Doe 12-00435 » retrouvent enfin leur identité. « Nous avons obtenu l’an dernier l’autorisation de procéder à des tests ADN. Cela simplifie considérablement nos recherches. Avant, on recueillait les informations de familles qui n’ont plus de nouvelles d’un proche, et nous les transmettions aux médecins légistes. Mais s’il n’y avait pas de signalement particulier, comme une caractéristique au niveau de la dentition ou du crâne, c’était comme rechercher une aiguille dans une botte de foin. » En prélevant des échantillons d’ADN chez les familles de disparus, Colibri espère pouvoir identifier des centaines de corps encore anonymes. Un bandana, une poupée, une bible : tous les objets retrouvés dans le désert, à proximité ou non de restes humains – les animaux sauvages sont parfois passés par là –, ont une histoire, que l’ADN peut permettre de reconstituer.

      Mais le centre se heurte parfois à un obstacle : la peur. « Notre travail n’a pas vraiment changé avec l’élection de Donald Trump. Mais les déportations sont plus massives, chaque clandestin se sent potentiellement en danger », précise Chelsea. Une femme a été arrêtée et déportée alors qu’elle subissait une opération pour une tumeur au cerveau, rappelle-t-elle. Autre exemple : une victime de violence conjugale. Son compagnon a dénoncé son statut migratoire, et la voilà expulsée. « Les clandestins sont tétanisés. Ils craignent d’être arrêtés en se rendant chez nous. Une famille de Los Angeles, qui nous avait fourni de l’ADN, nous a appelés pour nous dire qu’un de leur fils a été déporté peu après. »

      Chelsea est encore toute tourneboulée par l’épisode du raid. Dans le désert, quand un migrant parvient à trouver une balise de sauvetage et appelle le 911, il tombe généralement sur la Border Patrol, et pas sur des équipes médicalisées. « Ils veulent nous faire croire qu’ils sauvent des vies, mais ils s’empressent de déporter les migrants. On a même eu droit à une fausse opération de sauvetage par hélicoptère, où un agent de la Border Patrol jouait le rôle d’un migrant ! » assure-t-elle.

      A #Ajo, on n’aime pas parler de migration illégale

      Depuis le parc de cactus, on remonte vers la petite ville d’Ajo. Les gens ne sont pas toujours bavards, ni les journalistes bienvenus. Chez Marcela’s, la Marcela en question, une Mexicaine, n’avait visiblement pas très envie de parler immigration illégale ce jour-là. Sa préoccupation : faire fonctionner son petit restaurant. Elle a trouvé un bon créneau : elle est la seule de la ville à offrir des petits-déjeuners. Alors plutôt que de répondre aux questions, elle file chercher le café.

      Départ pour #Yuma, située à la confluence du Colorado et de la rivière Gila. De l’autre côté de l’eau, le Mexique. Après avoir fait un tour en ville et tenté d’approcher le mur – le nombre de sens interdits nous fait faire des kilomètres –, on descend vers #Gadsden. Là, à force de chercher à approcher la barricade, on l’a vue de très près, en empruntant, sans le remarquer tout de suite, un chemin totalement interdit. D’ailleurs, à cet endroit, le « mur » s’est arrêté sec au bout de quelques centaines de mètres.

      Plus rien. Ou plutôt si : du sable, des ronces et des pierres. Plus loin, la barricade se dédouble. A un endroit, elle jouxte une place de jeu, qui semble laissée à l’abandon.

      A San Diego, le « mur » se jette dans le Pacifique

      On décide un peu plus tard de poursuivre l’aventure jusqu’à San Diego. La route est presque droite. On traverse le désert de Yuha, des montagnes rocheuses, des réserves amérindiennes, des champs d’éoliennes et des parcs de panneaux solaires. Avec un détour par Calexico – contraction de « California » et de « Mexico » – pour avaler deux-trois tacos. En face, son pendant, Mexicali, mariage entre « Mexico » et « California ». A Calexico, on a beau être encore aux Etats-Unis, l’espagnol domine. Dans la petite gargote choisie pour midi, l’ambiance est étrange. Les clients ont tous des visages boursouflés et tristes.

      L’entrée à #San_Diego est impressionnante, avec ses autoroutes à voies multiples. Ici, le « mur » se jette dans le Pacifique. On parque la voiture dans le Border State Park, et c’est parti pour 30 minutes de marche sous un soleil cuisant. Une pancarte avertit de la présence de serpents à sonnette. Très vite, un bruit sourd et répétitif : les pales d’hélicoptères, qui font d’incessants va-et-vient. On se trouve dans une réserve naturelle. Au bout de quelques minutes, la plage. Elle est déserte. On se dirige vers la palissade rouillée. Le sable est brûlant. Le bruit des vagues est couvert par celui des hélicoptères. Et par la musique qui émane de la jeep d’un agent de la Border Patrol, posté face au Mexique. Pas vraiment de quoi inspirer les Californiens : ils ont de belles plages un peu plus loin, sans barbelés, sans panneaux leur indiquant de ne pas s’approcher de la palissade, sans caméra qui enregistre leurs faits et gestes. De l’autre côté, à Tijuana, c’est le contraste : des familles et des chiens profitent de la plage, presque accolés aux longues barres rouillées. Un pélican passe nonchalamment au-dessus de la barrière.

      Le week-end, l’ambiance est un peu différente. Le parc de l’Amitié, qui porte aujourd’hui très mal son nom, ouvre pendant quelques heures, de 10 à 14 heures. C’est là que des familles, sous l’étroite surveillance de la Border Patrol, peuvent, l’espace de quelques instants, franchir la première barrière côté américain, se retrouver dans le no man’s land qui sert de passage pour les jeeps des gardes-frontières, et se diriger vers la deuxième. Pour enfin pouvoir, à travers un grillage, toucher, embrasser leurs proches. C’est le sort de familles séparées par la politique migratoire.

      Ce parc a été inauguré en 1971 par l’épouse du président Richard Nixon. Jusqu’à mi-2009, il était possible de s’étreindre et de se passer des objets, presque sans restriction. Puis, le parc a fermé, le temps de construire une nouvelle barrière, en acier cette fois, de 6 mètres de haut. Il a rouvert en 2012. Ses environs sont désormais quadrillés en permanence par des agents de la Border Patrol. En jeeps, en quads et à cheval. C’est devenu l’une des portions de frontière les plus surveillées des Etats-Unis. Avec Donald Trump, elle pourrait le devenir encore plus.

      Sur la piste des jaguars
      La construction du mur « impénétrable, beau et solide » de Trump aurait des conséquences désastreuses sur l’écosystème, avertissent les scientifiques. Les rares jaguars mexicains venus aux Etats-Unis pourraient en pâtir. Et en matière de jaguars, Mayke et Chris Bugbee en connaissent un rayon.

      Mayke est un berger malinois femelle. Elle était censée faire carrière dans la traque aux narcotrafiquants, détecter drogues et explosifs, mais la Border Patrol n’en a pas voulu : la chienne a peur des gros camions. Peu importe : Mayke a aujourd’hui une existence bien plus fascinante. Repérée par le biologiste Chris Bugbee, elle a été formée pour surveiller un autre type de clandestin venu tout droit du Mexique : El Jefe. L’un des rares jaguars à avoir foulé le sol américain.

      El Jefe (« le chef ») vient probablement de la Sierra Madre, une chaîne de montagnes du nord du Mexique. La dernière fois qu’il a été filmé aux Etats-Unis – il lui arrive de se faire avoir par des pièges photographiques –, c’était en octobre 2015. Depuis, plus rien. A-t-il été tué, braconné par des chasseurs ? Ou est-il reparti au Mexique, à la recherche d’une femelle ? Aucune piste n’est à écarter.

      Une chose est sûre : El Jefe est un jaguar malin. Chris Bugbee ne l’a jamais vu. Grâce à Mayke, il a trouvé des traces de sa présence – des excréments, des restes de mouffettes où tout a été dévoré sauf les glandes anales, et même un crâne d’ours avec les traces de dents d’un jaguar, peut-être les siennes –, mais n’a jamais croisé son regard. « El Jefe est très prudent. Il nous a probablement observés pendant des missions. Il est arrivé qu’il apparaisse sur des images de caméras à peine 12 minutes après mon passage, raconte Chris Bugbee. Ma chienne, par contre, l’a probablement vu. Un jour, elle s’est brusquement immobilisée sur ses pattes, comme tétanisée par la peur. Elle est venue se cacher derrière mes jambes. Je suis presque sûr que c’était lui. Cela devait en tout cas être quelque chose d’incroyable ! »

      Auteur d’un mémoire de master consacré aux alligators, Chris Bugbee s’est installé à Tucson avec sa femme, qui s’est, elle, spécialisée dans les ours noirs, puis les félins. Il a d’abord entraîné des chiens à ne pas attaquer des serpents à sonnette. Puis il s’est pris de passion pour les jaguars et s’est intéressé de près à El Jefe, qui rôdait pas loin. Ni une, ni deux, il décide de faire de Mayke le premier chien spécialisé dans la détection de ces félins aux Etats-Unis. Il l’entraîne avec de l’excrément de jaguar récupéré d’un zoo. Tous deux se mettent ensuite sur la piste d’El Jefe pendant quatre ans, dans le cadre d’un projet de l’Université de l’Arizona, dont le but est de surveiller les effets sur la faune de la construction de premières portions de palissades de long de la frontière.

      En été 2015, le projet prend fin, mais Chris Bugbee veut continuer. Il finit par obtenir le soutien du Center for Biological Diversity. Grâce à ses pièges photographiques, il réussit à cerner les habitudes d’El Jefe. Des images censées rester discrètes et utilisées uniquement à des fins scientifiques, jusqu’à ce que Chris Bugbee décide de les rendre publiques, sans demander l’avis de ses anciens chefs ni celui des agences fédérales associées au projet, « qui de toute façon ne font rien pour préserver les jaguars ». Il avait hésité. Le risque en révélant l’existence d’El Jefe est d’éveiller la curiosité de braconniers.

      Mais Chris veut sensibiliser l’opinion publique à la nécessité de protéger cette espèce, qui revient progressivement aux Etats-Unis. Car le mur de Donald Trump la menace. Tout comme le projet d’exploitation d’une mine de cuivre, pile-poil sur le territoire d’El Jefe. En février 2016, il diffuse donc une vidéo de 41 secondes qui montre « l’unique jaguar aux Etats-Unis ». C’est le buzz immédiat. La vidéo a été visionnée des dizaines de millions de fois. Du côté de l’Université de l’Arizona et du Service américain de la pêche et de la faune, l’heure est par contre à la soupe à la grimace. Chris Bugbee est sommé de rendre son matériel et son véhicule.

      « Je ne regrette pas d’avoir diffusé la vidéo, souligne aujourd’hui Chris Bugbee. L’opinion publique doit être alertée de l’importance de protéger cette espèce. C’est incroyable de les voir revenir, peut-être poussés vers le nord à cause des changements climatiques. Dans les années 1900-1920, il existait un programme d’éradication de ces prédateurs. La population des jaguars aux Etats-Unis a presque été entièrement décimée vers 1970. » Il ajoute : « Mais avec le projet de Trump, ce serait clairement la fin de l’histoire du retour des jaguars aux Etats-Unis. »

      Le dernier jaguar femelle recensé aux Etats-Unis a été tué dans l’Arizona en 1963. Depuis, les jaguars observés dans le pays se font rares. Ces vingt dernières années, sept jaguars ont été aperçus. Les deux derniers ont été photographiés récemment, l’un d’eux en décembre 2016 dans les montagnes Huachuca. Juste au nord d’une petite portion de frontière sans barricade.

      Les jaguars de Sonora et les ocelots ne seraient pas les seuls animaux affectés par la construction d’un mur. Beaucoup d’espèces migrent naturellement entre les deux pays. Des coyotes, des ours, des lynx, des cougars, des antilopes ou des mouflons. Ou encore les rares loups gris du Mexique. Même des animaux de très petite taille, comme le hibou pygmée, des tortues, des grenouilles ou des papillons risquent d’être touchés. Les animaux volants pourraient être gênés par des radars et des installations lumineuses, qui font partie des méthodes de détection de passages illégaux de migrants ou de trafiquants.

      Chris Bugbee continue de se promener sur les terres d’El Jefe dans l’Arizona, dans l’espoir de retrouver, un jour, des signes de sa présence. Quant à Mayke, elle pourrait bientôt avoir une nouvelle mission : « Je vais probablement l’entraîner à trouver des ocelots. Eux aussi commencent à remonter depuis le Mexique. »


      https://labs.letemps.ch/interactive/2017/longread-au-pied-du-mur
      #décès #morts #mourir_aux_frontières

      Avec une carte des morts :

      sur les tunnels, v. aussi :
      https://seenthis.net/messages/625559

  • Sous le plateau d’Albion, la science (presque) sans bruit

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/10/17/a-rustrel-vaucluse-la-science-presque-sans-bruit_5015174_1650684.html

    Le portail, un tantinet rouillé, est ouvert. Il donne sur un vaste et vide parking en plein air, au bitume fatigué, qui offre une vue splendide sur la vallée. A quelques kilomètres au sud, apparaissent au milieu des arbres les taches colorées des carrières d’ocre du Colorado provençal, petite merveille du Luberon. A l’opposé, le regard grimpe sur des pentes de garrigue, coupées de courtes falaises calcaires, jusqu’au sommet qui masque le Ventoux, à 30 kilomètres plus au nord.

    Le « blockhaus »

    Au pied de cette colline, l’image est moins belle. Un épais mur gris, flanqué d’un Algeco blanc, évoque un blockhaus, éclairé la nuit par un vieux lampadaire.

    Il y a plus de vingt ans, il n’aurait pas été possible d’entrer aussi facilement sur ce site austère. De nombreux sas et contrôles d’identité auraient dû être franchis avant même de pénétrer dans le « blockhaus ». De 1971 à 1996, il abritait en effet l’un des deux postes de commande de tir des missiles stratégiques dit du plateau d’Albion, cette vaste zone de 800 km2 située à environ 1 000 mètres d’altitude, au-dessus du parking. C’est à 1,5 kilomètre de l’entrée bétonnée et à 500 mètres sous terre que, 24 heures sur 24, deux officiers de tir pouvaient à tout moment tourner les clés activant les têtes nucléaires réparties dans les 18 silos enterrés du plateau.

    Désormais, plus de clés, ni de bombes. Le centre névralgique de la dissuasion française est devenu un laboratoire de recherche assez éclectique où se retrouvent physiciens des particules, hydrologues, géologues, électroniciens, biologistes ou même historiens, pour des recherches civiles, publiques ou privées.

    « Lorsqu’on m’a signalé que l’armée abandonnait ce site, j’ai sauté sur l’occasion, se souvient le physicien Georges Waysand, retraité du CNRS. Après ma première visite, j’étais éberlué. »

    En effet, il découvrait là un lieu parfait pour mener à bien ses expériences ultrasensibles de détection de particules extraterrestres, appelée matière noire. Comme la Terre est en permanence bombardée de particules connues, il est difficile de repérer un signal nouveau dans tout ce fatras. En jouant le rôle de bouclier naturel, la roche facilite a priori la détection. C’est pourquoi bon nombre d’expériences de ce genre se retranchent dans des tunnels, comme à Modane (à la frontière franco-italienne) ou au Gran Sasso en Italie.

    « D’ici, on ressent la houle de la Méditerranée »

    Ce qui l’a séduit aussi, c’est le « saint des saints », la pièce centrale dans laquelle les deux officiers passaient leur journée, assis devant les pupitres. Cette capsule de 28 mètres de long pour huit de large est encore plus isolée des perturbations du monde extérieur : mur en béton armé d’un mètre d’épaisseur, blindage en acier mi-doux bloquant toutes les fréquences au-dessus de 40 Hz, suspensions de l’ensemble pour empêcher les vibrations… En toutes circonstances, les deux officiers devaient pouvoir répondre aux ordres de tir. « Il y avait même la fibre optique !, se réjouit Georges Waysand. Ce tunnel n’a pas d’équivalent dans le monde. »

    En quelques mois, il rédige un rapport présentant l’intérêt de ce site pour des activités pluridisciplinaires. Il songe à la matière noire, mais aussi à des mesures précises de champ électromagnétique non perturbées par l’environnement artificiel. Il ajoute aussi la géologie après avoir fait venir des spécialistes qui lui disent que ce site est « meilleur que ce qu’ils imaginaient ». Il se révélera en effet que, au cœur du parc naturel régional du Luberon, l’absence d’autoroutes, d’usines, de voies ferrées, d’éoliennes… garantit un niveau de secousses résiduelles inférieures au bruit sismique minimum mondial ! « D’ici, on ressent la houle de la Méditerranée », déclare Christophe Emblanch, directeur de l’unité de formation et de recherche (UFR) Sciences, technologies, santé de l’université d’Avignon. « C’est magique », savoure-t-il.

    Isolé des perturbations électromagnétiques, des vibrations de surface non naturelles et des variations de gravitation, le laboratoire est idéal pour s’intéresser à des effets sismiques, magnétiques, gravimétriques… minuscules, qui, malgré la précision des appareils, seraient noyés dans le « bruit » environnant. D’où le nom de cette installation, née officiellement en 1998 : Laboratoire souterrain à bas bruit (LSBB). Ici, après la discrétion militaire, règne donc le silence.

    A l’accueil, Daniel Boyer, cheveux très longs, cachant son passé d’ancien sous-officier appartenant au petit groupe de dix personnes en permanence sur le site à l’époque des missiles, est le directeur adjoint du site.

    « Lors d’une de mes premières visites, nous avons eu une coupure totale de courant dans la capsule. C’était impressionnant, se souvient Georges Waysand. Heureusement j’étais avec un militaire, qui, en un quart d’heure, a pu le rétablir. Cela m’a confirmé dans mon choix de conserver les personnes connaissant ce lieu. » Daniel Boyer et Alain Cavaillou, deux permanents du LSBB, ont ainsi rejoint les rangs de l’université de Nice et sont devenus cosignataires de nombreux articles de recherche. « Travailler sous terre n’est pas un problème car on peut sortir facilement : la porte n’est pas loin ! Et ce n’est pas plus dur que d’exercer dans un endroit sans fenêtre comme une salle de contrôle aérien, un bloc opératoire… », constate, serein, Daniel Boyer.

    « Prenez une veste », lance-t-il alors qu’en cette fin d’été les 20° C sont atteints. « Il fait moins de 15° dans les tunnels », ajoute-t-il en montant sur le Fenwick, le véhicule électrique qui servait déjà du temps de la base militaire. C’est parti !

    Pas pour longtemps. Un sas de décompression, rare installation ajoutée par les chercheurs, doit être franchi. « Cela permet de mettre en surpression l’air des galeries afin d’empêcher le radon, radioactif, de sortir des roches », explique Alain Cavaillou. Deux portes sont nécessaires car s’il n’y en avait qu’une, son ouverture créerait une onde minuscule, mais suffisante pour agiter les multiples capteurs posés dans les tunnels et fausser les résultats.

    « Le paradis des géologues »

    Le véhicule redémarre, cahotant légèrement au milieu du couloir gris béton, large de quatre mètres environ et éclairé par une lumière blafarde. La fraîcheur est bien là. Après 400 mètres linéraires, virage à angle droit sur la droite. Nouvel arrêt. « Ici c’est le paradis des géologues », explique Elisabeth Pozzo di Borgo, enseignante-chercheuse à l’université d’Avignon et membre du conseil scientifique du LSBB. Elle pousse une porte dans l’alignement de la première partie du tunnel. Les parois rocheuses sont ici apparentes. Plusieurs trous sont percés dans la roche pour l’étudier et en recueillir de l’eau d’infiltration. Une faille est visible.

    « Ce tunnel nous donne accès au plus grand réservoir calcaire du crétacé d’Europe, du même âge que les roches des champs pétrolifères du Golfe. Cette zone fait environ 1 000 km2 », rappelle Christophe Emblanch. C’est de ce réservoir que l’eau sortira notamment à la célèbre Fontaine-de-Vaucluse, à quelques kilomètres plus à l’ouest. « Après la pluie, comment l’eau circule-t-elle dans cette roche ? Quand et comment sort-elle ? Quels effets ont les pompages ? Comment se diffuserait une pollution ?… Beaucoup de questions se posent aux hydrologues », note Christophe Emblanch, qui comptabilise une soixantaine de prélèvements sur et autour du site, ainsi que plusieurs forages.

    Cette partie du LSBB est un autre cadeau des militaires. C’était en effet la partie anti-souffle du dispositif. Au lieu d’aller en ligne droite de l’entrée au centre de tir, le tunnel fait un coude à angle droit puis, 100 mètres plus loin, un second vers la gauche. Au bout de la première partie, un couloir droit, en cul-de-sac, a été creusé sur 250 mètres de long, là où les hydrogéologues s’égaient. Sur un plan, cela forme un « U ». Si une bombe explosait près du site, le souffle pénétrerait dans la galerie principale, puis s’engouffrerait dans ce couloir vide, au bout duquel l’onde serait réfléchie, revenant vers le souffle initial et l’atténuant.

    Le saint des saints

    Retour sur le Fenwick en direction du saint des saints, atteint après encore 800 mètres. Une lourde porte avec un volant métallique en garde l’entrée. L’ancien poste de commande de tir est au bout d’un étroit couloir dans lequel des ordinateurs enregistrent les données des instruments à l’intérieur de la pièce et les envoient par les fibres optiques aux laboratoires. Sur un écran, un signal mesure les minuscules fluctuations du champ magnétique dans les trois directions de l’espace. Elisabeth Pozzo di Borgo prend alors une chaise et la fait tourner sur un pied. Les courbes se mettent à osciller à la cadence de la chaise ! Le champ magnétique a été perturbé, ce que le magnétomètre, à quelques mètres de là dans la capsule, a enregistré. Evidemment ouvrir la dernière porte de cette fameuse capsule n’échappe pas au détecteur. La pièce qu’on découvre, avec ses couleurs orange et marron, semble surgie directement des années 1970.

    « C’est le fin du fin du bas bruit », salue la chercheuse. « La première fois qu’on a fait des mesures de variation du champ magnétique dans cette pièce, on trouvait zéro », se souvient Georges Waysand. Finalement, la valeur moyenne se révélera cinq à huit fois plus faible que celle du champ magnétique terrestre. Surtout, ses variations sont cent fois plus faibles que l’activité cérébrale d’une personne en phase de sommeil. Au centre de la pièce de 120 m3, au demeurant assez vide, trône l’un des fleurons du laboratoire, un magnétomètre supraconducteur de grande précision. Grâce à lui, les chercheurs ont vu des choses incroyables. Par exemple, en 2012, la « respiration » de la Terre. En permanence, sous l’effet des mouvements des océans, des continents, de l’atmosphère ou des séismes, des ondes de surface apparaissent, comprimant ou dilatant globalement la Terre. Des sismomètres l’ont confirmé par fort séisme, mais ces ondes de surface secouent aussi verticalement le ciel, jusqu’à l’ionosphère, la partie chargée électriquement de l’atmosphère à partir de 60 kilomètres. Et qui dit déplacement de charges dit champ magnétique perturbé… jusqu’aux bas-fonds provençaux.

    « Nous avons aussi “vu” de cette manière des orages magnétiques, des sylphes (des éclairs lumineux de la haute atmosphère) ou des précurseurs des tremblements de terre comme celui du Sichuan en Chine, en 2008 », liste Elisabeth Pozzo di Borgo, qui voit aussi le soleil se lever et se coucher par ses effets magnétiques.

    Ce calme parfait a aussi donné l’idée à une équipe de Vancouver d’effectuer des électroencéphalogrammes dans la capsule. « Cela nous permet de voir l’activité dans une bande de fréquence, supérieure à 30 Hz, comme nulle part ailleurs. Ces ondes sont en effet très difficiles à mesurer de façon fiable dans un environnement hospitalier standard ou même dans un labo de recherche classique. Pour cela, elles sont souvent ignorées », témoigne Guy Dumont, de l’université de Vancouver. « Cela pourrait déboucher sur une meilleure compréhension des fonctions cérébrales, aussi bien chez des sujets sains que chez des sujets présentant certaines pathologies (épilepsie, Alzheimer, Parkinson) ou souffrant de lésion à la moelle épinière. Ou bien sur la mise au point d’équipements plus performants pour le diagnostic, le suivi ou le traitement de certaines de ces pathologies », complète le chercheur, qui compte bien revenir au LSBB après ses deux visites en 2009 et 2014.

    Capteurs sismiques d’un nouveau genre

    A la sortie, une autre porte ouvre sur un espace plus restreint. Le lieu est pile à la verticale du sommet de la montagne, 500 mètres plus haut, où se situait l’antenne transmettant les ordres de tir. Ce jour-là, des capteurs sismiques d’un nouveau genre sont en train d’être démontés après deux mois d’enregistrement. « Si l’on ose dire, nous avons eu de la chance avec le séisme en Italie le 24 août [298 morts] », indique Frédéric Guattari, de la société Ixblue. Cette entreprise française spécialisée dans les gyroscopes à fibre optique pour la navigation va lancer les premiers sismomètres capables d’enregistrer non pas des mouvements de translations du sol mais des mouvements de rotation.

    A l’intérieur de ces instruments, de la lumière circule, dans les deux sens, dans des bobines enroulant près de 15 kilomètres de fibres. Si la terre « tourne », la théorie relativiste montre que les chemins aller et retour n’auront pas la même longueur ; la différence étant reliée à l’angle de rotation. Pour tester leur système, les ingénieurs d’Ixblue collaborent avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), qui a disposé des capteurs classiques en plusieurs endroits afin d’estimer aussi les fameuses rotations. Réponse dans quelques mois.

    Au retour, on jette un œil sur une autre activité originale du LSBB : la métrologie électronique de haute précision. Les mémoires et processeurs, malgré tout le soin avec lequel ils sont fabriqués, peuvent faire des erreurs. Une particule peut taper la matière et déclencher une réponse inappropriée. Cette particule peut venir du ciel ou de la décroissance radioactive de certains atomes du circuit. Sous la roche, il ne reste que cette dernière et les constructeurs de circuits, en l’occurrence ceux de l’entreprise américaine Xilinx, qui teste ici la fiabilité de ses composants. D’autres entreprises, Total, Teleray, Staneo… ont aussi loué les services du LSBB.

    De retour dans la salle de réunion, après avoir déposé la lourde veste tenant chaud, on assiste à l’une des scènes qui justifient le concept du LSBB. Des étudiants tchèques venus pour étudier, grâce à des antennes en surface, les éclairs de la haute atmosphère découvrent avec gourmandise un chercheur disposant d’autres instruments, qu’il serait intéressant de comparer. « C’est très pluridisciplinaire. Des sujets naissent en se croisant. Et dans un couloir de 4 mètres de large, ça arrive souvent ! », résume Christophe Emblanch. C’est d’ailleurs comme cela qu’est née la collaboration Ixblue-CEA. « Dès le début, il a été clair pour moi qu’il ne s’agissait pas d’empiler des expériences les unes à côté des autres pour faire du volume, mais bien d’avoir entre elles des échanges, notamment parce que très souvent le bruit des unes est le signal des autres et réciproquement, ce qui ouvre des problématiques et des protocoles nouveaux », insiste Georges Waysand. Tous les deux ans, les utilisateurs de tous horizons du LSBB se retrouvent pour découvrir les travaux en cours, de l’ordre de la vingtaine d’expériences différentes.

    Collaboration interdisciplinaire fortuite

    L’exemple le plus fameux de collaboration interdisciplinaire fortuite est lié au magnétomètre. Peu après l’avoir installé en 2001, en analysant les données, les chercheurs, dont le directeur du LSBB, Stéphane Gaffet, ont vu une anomalie, attribuée dans un premier temps à un problème sur l’appareil. Un géologue à qui les « magnéticiens » parlaient de ce souci constate qu’au moment où la saute d’humeur du magnétomètre se produisait, les sismomètres avaient ressenti un tremblement de terre en Inde. Bien entendu les chercheurs ont vérifié que les fluctuations magnétiques n’étaient pas que de simples mouvements de translation de l’instrument. Ils ont alors démontré que c’était le déplacement des charges électriques – contenues dans l’eau qui s’infiltre dans le massif – qui avait modifié le champ magnétique en bougeant dans le réservoir calcaire sous l’effet du tremblement de terre. D’ailleurs, l’équipe réfléchit à un nouveau dispositif expérimental de suivi des masses d’eau grâce au magnétomètre, même en l’absence de secousses sismiques.

    « Le plaisir de ce travail vient de la diversité des thèmes abordés », estime Alain Cavaillou. « C’est très enrichissant aussi d’échanger avec des correspondants étrangers », ajoute Daniel Boyer, qui, comme son collègue, ne regrette pas cette reconversion rare, qui est d’ailleurs l’objet d’études en sciences humaines et sociales.

    L’histoire n’est pas terminée. Peut-être que bientôt sera signée définitivement la convention faisant du LSBB une unité mixte de service entre les cinq partenaires, CNRS, Observatoire de la Côte d’Azur, universités d’Avignon, de Marseille et de Nice… Peut-être que bientôt aussi un bâtiment plus confortable sera construit pour l’accueil des chercheurs sur le parking, afin, comme toujours, de limiter encore le « bruit » dans ce monde du silence.

  • Où sont tous les #extraterrestres ? | Passeur de sciences
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2016/01/31/ou-sont-tous-les-extraterrestres

    Devenue célèbre sous le nom de paradoxe de Fermi, cette question posée à une époque où, primo, l’aventure spatiale humaine n’avait pas encore véritablement commencé et où, secundo, on était fort loin de découvrir la première planète extrasolaire – il faut bien que les extraterrestres vivent quelque part – a fait cogiter nombre de chercheurs, qu’ils soient astronomes ou biologistes. Les décennies ont passé et bien des inconnues que mettait en lumière le paradoxe de Fermi se sont estompées. On sait que les exoplanètes rocheuses semblables à la Terre sont sans doute pléthore dans la Voie lactée et on a mieux précisé les conditions favorables à l’apparition de la vie. Dans son livre A l’écoute du vivant, le chercheur belge Christian de Duve, Prix Nobel de médecine, expliquait ainsi que « la vie fait partie de l’Univers. C’est une manifestation normale de la matière qui obéit à ses lois. » Une affirmation qui renforçait encore le caractère « poil à gratter » du paradoxe de Fermi car si le passage de l’inerte au vivant est réellement un processus physico-chimique simple, à condition qu’on ait beaucoup de temps devant soi, qu’est-ce qui empêche qu’E.T. soit partout ou qu’il ait du moins laissé des traces visibles par tous ?

    #paradoxe_de_Fermi

  • Prems ! La plupart des planètes similaires à la Terre ne seraient pas encore apparues

    http://www.gurumed.org/2015/10/23/prems-la-plupart-des-plantes-similaires-la-terre-ne-seraient-pas-encore-app

    Lorsque notre système solaire est né, il y a 4,6 milliards d’années, seulement 8% des planètes similaires à la Terre existaient. Lorsque notre Soleil “s’éteindra”, dans quelques milliards d’années, de nombreuses futures Terres auront encore à se former.

    Il s’avère que, tandis que les galaxies produisaient des étoiles très rapidement à la suite du Big Bang, ce sursaut de productivité n’a utilisé qu’une petite fraction de l’hydrogène et de l’hélium de l’Univers, les éléments nécessaires pour créer des formes plus complexes de matière. Le réservoir de carburant cosmique est, pour ainsi dire, encore presque plein. Cela signifie que de nouvelles étoiles (et de nouvelles planètes rocheuses), continueront à se former à l’avenir. En fait, les chercheurs estiment que la plupart des 92% de planètes restantes apparaitront entre 100 milliards et mille milliards d’années à partir de maintenant.

    Mais rassurez-vous, notre recherche d’une vie ailleurs n’en ai pas énormément compromis. Les astronomes estiment que, actuellement, il y a un milliard de mondes semblables à la Terre dans notre seule galaxie…

  • Scotia deserta
    http://www.larevuedesressources.org/scotia-deserta,2872.html

    Tous ces détroits, ces lacs, ces pertuis... * Et les mouettes à la jetée de Largs : assis dans ce café à la grande fenêtre pleine de vent et de lumière à lire, à observer * A penser... la glace, autrefois je la regarde qui descend depuis la haute arrête centrale jusque dans l’Atlantique je la sens qui creuse les lacs sculpte les crêtes rocheuses lisse les longues plages la terre émerge meurtrie, étourdie dans la lumière arctique les fous de Bassan s’assemblent sur les (...)

    #Kenneth_White

    / #Kenneth_White, #Géopoétique, #Ecosse, #Poésie, #géopoétique

  • Avec la fracturation, l’Oklahoma est passé de deux séismes par an à... 585

    http://trends.levif.be/economie/entreprises/avec-la-fracturation-l-oklahoma-est-passe-de-deux-seismes-par-an-a-585/article-normal-420467.html

    La fracturation hydraulique consiste à injecter à haute pression de l’eau mélangée à du sable et à des produits chimiques pour fracturer les formations rocheuses du sous-sol et en extraire le pétrole et le gaz qui y sont emprisonnés.

    Mais, en plus du pétrole et du gaz, une eau nauséabonde et saumâtre ressort également du sol dont les pétroliers se débarrassent en l’injectant dans d’autres puits, profonds parfois de plus de 1.500 mètres.

    Cet ajout artificiel d’eau dans les sous-sols modifie la pression sur les lignes de faille, causant des glissements qui font trembler la terre, explique M. Choy.

    La gouverneure républicaine Mary Fallin a mis du temps à accepter de reconnaître un lien entre fracturation hydraulique et activité sismique. Devant l’évidence, elle a enfin pris des dispositions cette année et certaines zones commencent à être surveillées, pour être sûrs que l’eau n’est pas réinjectée trop profondément ou en trop grandes quantités.

    « Nous espérons que tout cela aura un impact significatif sur les séismes, mais c’est un processus en cours et nous continuerons à évaluer les résultats que nous obtenons aujourd’hui et avec d’éventuelles autres actions à l’avenir », indique à l’AFP le directeur de la communication de la gouverneure, Alex Weintz.

    Mais le Sierra Club, estimant ces mesures très insuffisantes, a appelé à un moratoire sur les puits de réinjection d’eau dans les 21 comtés d’Oklahoma les plus à risque.

  • Un téléphérique sous-marin près de Marseille
    http://www.laboiteverte.fr/telepherique-marin-pres-marseille

    Le #téléscaphe, c’est pas soviétique, c’est marseillais

    Le téléscaphe, pour téléphérique et scaphandre, de Callelongue, proche de Marseille, a été construit dans les années 1960 par James Couttet et Denis Creissels, il permettait au touristes de goûter aux joies de la plongée sans se mouiller pour la modique somme de 12 francs.

    Inauguré en 1967 il était constitué d’un câble métallique de 500m de long plongé sous la mer à 10m de profondeur qui reliait deux pointes rocheuses de la côte et de cabines pesant 3 tonnes dans lesquelles 6 personnes pouvaient s’installer pour profiter de la vue pendant les 10 minutes que durait la traversée.

    https://www.youtube.com/watch?v=t_Oy7Y_CK3E

    Ce qu’il en reste


    http://www.tout-sur-google-earth.com/t17514-le-telescaphe-telecabine-sous-marin-de-marseille

    Une petite pub

    Un diplôme


    http://www.delcampe.net/page/item/id,293013364,var,Bapteme-de-plongee-dans-le-telescaphe-de-Marseille-Callel

  • The Real Cost of a Hamburger » CounterPunch : Tells the Facts, Names the Names
    http://www.counterpunch.org/2014/05/09/the-real-cost-of-a-hamburger

    Quelques constats assez intéressants sur le coût écologique de l’élevage extensif de #montagne, dans les Rocheuses aux USA. Ou comment le caractère extensif et non industriel de l’#élevage n’est aucunement en soi une garantie qu’il soit soutenable.

    The American West is a grand landscape. It is also an arid, rugged, and unproductive landscape. Aridity is important to ponder. The West’s public lands are dominated by North America’s four or five major desert regions – the Sonoran, Mojave, Chihuahuan, Great Basin, and some include the Colorado Plateau as a fifth. Deserts are defined as regions with minimum precipitation and high evaporation – in other words, they are characterized by siring heat, cloud-less cerulean skies, minimum precipitation, and sparse vegetation. Now add in the fact that moisture roughly correlates with forage production – the less wetness a region receives the more land it takes to support a single cow or sheep.

    In the West, it takes a lot of land to raise one cow – and it takes even more of the public lands to provide enough forage to sustain a livestock operation. For instance, you can reasonably expect to raise a cow year round on a couple of acres of land in someplace wet and relatively flat, like Georgia, but in the arid and mountainous West you may need 200-300 acres to sustain a cow.

    Unfortunately if you are removing enough forage to economically sustain a ranching business, you are not leaving enough to sustain the land’s native wildlife or ecological processes, nor to provide protection for the fragile soils and plant communities. And therein is the problem. It’s ecologically impossible to economically sustain a livestock operation in most of the West if you consider the full ecological costs – statements by livestock advocates to the contrary.

    Some may ask how ranching has survived for multiple generations if it has been destroying the West? The answer is complex. First, ranching isn’t surviving – it has been in decline for decades. There are fewer ranchers today than any time since the West was first settled. The land simply can’t sustain as many livestock operations, in part because overall productivity of western landscapes has declined due to the long term degradation by livestock. And many of the ranchers that have remained in business have succeeded by taking on outside employment. The majority of small and medium size livestock operations today can more accurately be characterized as “hobby ranching” since the real income for most livestock operators comes from a job in town.

    C’est aussi ce qu’il se passait autour de chez moi dans ce qu’était la paysannerie juqu’aux années 1970 (aujourd’hui la donne est faussée par l’industrialisation et les subventions, aujourd’hui si les éleveurs en chient c’est en plus par abandon public et concurrence déloyale) : un élevage très consommateur de ressources et de temps de travail paysan, peu rentable écologiquement et économiquement, et obligeant à bosser à l’extérieur pour compléter les revenus, au détriment de la santé, de la vie familiale et sociale.

    En revanche je passe sur son discours libéral craignos dans les paragraphes suivants où il parle du coût pour la collectivité de maintenir des services public en zones de montagne peu peuplées. Peut-être que ça peut se justifier si les gros ranchers de là-bas sont comparables à nos céréaliers de la Beauce en terme d’usage de fonds publics, mais ça ne saurait se transposer à ce qui se passe ici dans les Pyrénées ou le Massif Central (voir entre autres http://seenthis.net/messages/263430 ).

    Sa conclusion aussi me semble triste, avec encore le modèle de la #wilderness sous-entendant que l’humain ne saurait vivre dans des zones montagneuses, qui seraient entièrement dévolues à la faune sauvage.
    Je trouve l’exemple d’Helen Atthowe http://seenthis.net/messages/261830 bien plus porteur en termes d’#écoumène montagnard (ça se passe dans le Montana à 1000m d’altitude), de vie en bonne entente avec les écosystèmes environnants et leurs ressources, et avec les animaux (sauvages) présents sur la ferme.

    • En matière d’#élevage il faut sortir du dualisme extensif/intensif. Toute la thèse de l’Holistic management (et d’autres courants) c’est de dire que l’extensif c’est une mauvaise gestion du broutage, et que la dynamique des écosystèmes paturés inclue un broutage sous forme de pulsation (broutage fort, rapide, et espacé dans le temps).

      Mais dans tous les cas je pense que les herbivores prennent de la place, et donc ils n’ont pas leur place partout. Près des zones habitées, les volailles et les porcs ont l’avantage de nécessiter moins d’espace et de se rapprocher du régime alimentaire humain car ils sont monogastriques et donc sont tout a fait pourvus pour absorber les déchets. je trouve que le cochon c’est l’exemple même de l’animal qui ne posait pas de soucis pour un gain maximal, contrairement aux vaches laitières, même si cette efficacité se faisait en partie au détriment du bien être de l’animal. Mais dans les zones moins peuplées, plus escarpées, les herbivores me semblent intéressants, et complémentaires aux forêts dans leurs productions (http://seenthis.net/messages/254739#message254751).

  • La langouste / éloignés ensemble
    http://www.vacarme.org/article2569.html

    Cousine du crabe mais de forme allongée et sans pince, la langouste à épines reste tapie dans les fentes rocheuses, diaprée comme un joyau, agitant ses longs fouets flexibles, ses antennes et ses antennules. Qu’attend-elle ? Les rencontres l’assomment. Elle n’est jamais tout à fait prête. Timide comme un gant, palpant l’eau, griffant le flux et le reflux des marées, la plupart du temps elle renonce à sortir. Elle nage seulement par élans comprimés pour assurer sa subsistance, ou sa défense / Au bout du (...)

    #Chroniques / #Feuilletons, #Histoires_naturelles

  • Norvège : des drones à la recherche de pétrole
    http://dronologue.fr/norvege-des-drones-la-recherche-de-petrole

    Les géologues utilisent des drones pour aider à extraire des ressources de la mer du Nord en utilisant les dernières technologies visuelles pour identifier les roches pétrolifères. En utilisant un octocopter équipé d’une caméra pour enregistrer les parois rocheuses dans…Lire la suite →The post Norvège : des drones à la recherche de pétrole appeared first on LE DRONOLOGUE.

  • Luc Guillemot et Jacques Lévy • L’espace-Obama.
    http://www.espacestemps.net/document.php?id=9768

    Obama confirme sa géographie de 2008 : une majorité fondée sur des réseaux face à une forte minorité républicaine appuyée sur des territoires.

    http://www.espacestemps.net/docannexe/image/9768/img-1.jpg

    Inversement, la carte de Romney est nettement territoriale : elle comprend une immense nappe « rouge » continue allant de la Pennsylvanie à l’Arizona, en passant par les Appalaches, les Grandes Plaines, le Texas et les Rocheuses. Cette continuité territoriale résulte de l’addition de deux grands types de situations : petites villes et grandes banlieues, auxquelles s’ajoutent les étendues presque vides d’hommes de l’Ouest intérieur, que le cartogramme, logiquement, rend peu visibles.

    On comprend bien le message et la logique mais visuellement, est-ce que la carte ne montre pas l’inverse : des réseaux en rouge et des points isolés en bleu ? Qu’en pense @reka ?
    #cartographie
    #Obama
    #élection