• https://zilsel.hypotheses.org/2103


    LE RÉALISME KITSCH

    Dans le présent texte consacré à des réflexions contemporaines sur la question du réalisme, Pascal Engel pointe les limites de différentes perspectives philosophiques, qui, à défaut de partager les fantasmagories anthropologico-sociologiques des postmodernes susnommés, partagent toutefois avec ces derniers un goût prononcé pour le kitsch. L’auteur de La Dispute et de La norme du vrai vise en effet à montrer, avec une certaine efficacité nous semble-t-il, et après avoir identifié les principales acceptions de la notion philosophique et épistémologique de « réalisme », que le « carnaval ontologique » dans lequel s’illustrent cette fois-ci le « réalisme spéculatif » de Quentin Meillassoux, les « réalismes accueillants » de Markus Gabriel, de Tristan Garcia ou de Bruno Latour[3], et, dans une moindre mesure, le « réalisme contextualisé » de Jocelyn Benoist ou encore le « nouveau réalisme » de Maurizio Ferraris, ne sont en réalité ni particulièrement « réalistes » (ils semblent bien plutôt incarner diverses formes d’idéalisme), ni ne sont spécialement « nouveaux » — sauf peut-être en ce qui concerne, pour les premiers d’entre eux, une aptitude particulière à la grandiloquence, elle-même favorisée par des moyens de médiatisation jusqu’alors inédits en philosophie (blogs, conférences sur internet, réseaux sociaux électroniques, etc.).

    Il y a une chose au moins dont les nouveaux réalistes ne semblent pas dépourvus, c’est du sens de la publicité.

    Un Beaujolais nouveau n’est pas nécessairement du Beaujolais (cela peut être de la piquette). De même un réalisme nouveau n’est pas nécessairement nouveau : ce qui peut sembler nouveau à l’un peut apparaître comme une vieille lune à l’autre, et on ne sait jamais si ce qui nous apparaît nouveau maintenant sera considéré comme nouveau plus tard. Le problème est que, plus encore que la plupart des termes philosophiques, celui de « réalisme » est d’une plurivocité qui défie les classifications. Sans parler des sens de ce terme en art, qui sont légion, bien des philosophes dans le passé ont été ou se sont appelés « réalistes », même si ce terme n’est vraiment entré dans le vocabulaire qu’après Kant : Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, Descartes, Locke, Reid, Bolzano, Frege, Brentano, Ingarden, Bertrand Russell, Moore, Mackie, Smart, Armstrong, etc. Une école de philosophie américaine, aujourd’hui bien oubliée, s’est jadis appelée « New Realism » (R.B. Perry, R.W.Sellars et alii). Mais on est très rarement « réaliste » tout court. La plupart du temps on est en philosophie un réaliste dans tel ou tel domaine ou sujet : quant au monde extérieur, quant aux universaux, quant aux entités mathématiques ou scientifiques, quant aux valeurs morales ou esthétiques, quant aux vérités logiques ou quant aux vérités juridiques (on parle de « réalisme scandinave » en droit), etc. On est rarement réaliste globalement, et dans tous les domaines, et un même auteur peut être réaliste dans un domaine et pas dans un autre. Platon par exemple est dit « idéaliste » quant aux Idées, mais aussi réaliste quant à sa conception des entités abstraites. Aristote est réaliste en éthique, mais ne l’est pas quant aux entités mathématiques. On est aussi réaliste relativement à un problème. Par exemple on classe souvent Descartes et Locke comme des réalistes indirects quant à la perception, et Reid comme un réaliste direct. Le réalisme généralisé est une notion tout aussi incongrue que celle de « génie universel » ou de couteau suisse intégral. De plus, la notion de ce qui est réel ou pas est, comme nous le rappelle le dialogue d’Alice avec Tweedledum et Tweedledee, souvent égarante :

    “You know very well you’re not real.”

    “I am real !” said Alice, and began to cry.

    “You won’t make yourself a bit realler by crying,” Tweedledee remarked : “there’s nothing to cry about.”

    “If I wasn’t real,” Alice said – half laughing through her tears, it all seemed so ridiculous – “I shouldn’t be able to cry.”

    “I hope you don’t suppose those are real tears ?” Tweedledum interrupted in a tone of great contempt.

    La situation n’est pas plus claire pour les philosophes que chez Alice. Comme l’a remarqué Crispin Wright : « S’il y a jamais eu un consensus sur le mot “réalisme” comme terme philosophique technique, ce consensus s’est indubitablement fragmenté sous les pressions exercées par les divers débats – en sorte qu’un philosophe qui viendrait affirmer qu’il est un réaliste en sciences, ou en éthique, n’aurait sans doute, pour la plupart des publics philosophiques, fait rien de plus que se racler la gorge

    Les nouveaux réalistes d’aujourd’hui entendent manifestement réagir, de près ou de loin, au postmodernisme. Ils ont peur de ce dont Rorty n’avait pas peur, d’avoir « perdu le monde »[10]. Mais en même temps, ce qui frappe, dans leurs livres, c’est que les doctrines dont ils nous disent qu’elles portent la marque du réalisme paraissent souvent, pour ceux qui ont une éducation classique en philosophie, assez peu conformes à l’image courante du réalisme. Comment un auteur qui nous dit qu’il n’y a qu’une nécessité, c’est la contingence, un autre qui nous dit que tout existe sauf le monde, un autre qui nous dit que l’activité scientifique ne porte que sur une réalité qui a son mode d’existence propre alors que d’autres discours ont le leur, ou d’autres encore qui nous disent que le vrai réalisme n’a pas à se prononcer sur la réalité de quoi que ce soit, sont-ils encore des réalistes ? N’a-t-on pas envie de leur dire, à la manière de Régis Laspalès dans un sketch fameux : « Tu m’embrouilles ! »

    #philosophie #epistemologie #realisme #french_theory #relativisme #Bruno_Latour #affaire_maffesoli

  • http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article227


    Paul Jorion : Comment la vérité et la réalité furent inventées

    Paul Jorion, anthropologue et économiste récemment auréolé de gloire grâce à sa description précoce des risques systémiques de crise économique dès 2005, a publié en 2009 un livre ambitieux au titre séduisant, Comment la vérité et la réalité furent inventées [1], d’inspiration sans nul doute foucaldienne, se proposant de reproduire la généalogie de concepts centraux dont la valeur d’évidence semble prête à vaciller. C’est peu dire, donc, que l’attente fut grande en ouvrant ce livre, tant par la réputation que l’auteur avait acquise que par le titre alléchant, promettant d’ébranler une de nos certitudes les mieux fondées. De surcroît, le patronage revendiqué par Jorion était séduisant : « L’ouvrage, écrivait ce dernier, constitue un vigoureux plaidoyer en faveur d’un « retour à Aristote », et je me situe donc automatiquement dans la tradition de ceux qui m’ont précédé dans cette voie, comme G. W. Friedrich Hegel, Pierre Duhem, Emile Meyerson ou Alexandre Kojève. » [2]

    Hélas, la déception se substitua bien vite à l’attente, et l’agacement à l’espoir : quoique parcouru çà et là d’intuitions sans doute défendables, l’ouvrage charrie de trop nombreuses approximations et asserte de manière péremptoire des énormités qui, pas une seconde, ne se trouvent démontrées, le tout d’ailleurs structuré par de bien contestables raisonnements.

    L’idée générale que propose Jorion est pourtant féconde ; elle consiste à identifier la naissance de la vérité à l’époque platonicienne, et celle de la réalité-objective, c’est-à-dire de la modélisation mathématique comme univers plus réel que le monde sensible, à la Renaissance – Kepler et Galilée. Le problème réside alors sans doute moins dans la thèse en elle-même, qui mérite que l’on s’y arrête, que dans la manière dont elle est argumentée, tant sur le plan rationnel que sur le plan factuel. En outre, la structure du livre est extrêmement brouillonne, et souffre d’une quasi-absence de construction similaire à un patchwork géant nuisant in fine à la bonne intelligibilité de l’ensemble.

    #épistémologie #philosophie #recherche #relativisme


  • Je commence un fil sur la « Plaque de Pioneer ». Merci d’avance à tous pour vos contributions !
    Et on commence par Wikipédia, avec deux articles :
    Plaque de Pioneer
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Plaque_de_Pioneer

    La plaque de Pioneer est une plaque métallique embarquée à bord de deux sondes spatiales lancées en 1972 et 1973, Pioneer 10 et Pioneer 11, sur laquelle un message pictural de l’humanité est gravé à destination d’éventuels êtres extraterrestres : un homme et une femme représentés nus, ainsi que plusieurs symboles fournissant des informations sur l’origine des sondes.

    Il s’agit en fait d’une sorte de « bouteille à la mer interstellaire », les chances pour qu’elle soit retrouvée étant extrêmement faibles.

    Les sondes Pioneer furent les premiers objets construits par des humains à quitter le système solaire. Les plaques sont attachées aux sondes de manière à être protégées de l’érosion des poussières interstellaires ; si bien que la NASA s’attend à ce que la plaque (et la sonde elle-même) survive plus longtemps que la Terre et le Soleil.

    Un message plus détaillé et évolué, le Voyager Golden Record, est embarqué sous la forme d’un disque vidéonumérique par les sondes Voyager, lancées en 1977.

    Le Voyager Golden Record
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Voyager_Golden_Record

    Le Voyager Golden Record est un disque embarqué à bord des deux sondes spatiales Voyager, lancées en 1977. Ce disque de 12 pouces contient des sons et des images sélectionnés pour dresser un portrait de la diversité de la vie et de la culture sur Terre, et est destiné à d’éventuels êtres extraterrestres qui pourraient le trouver.

    Tout comme son précurseur la plaque de Pioneer, il s’agit d’une « bouteille à la mer interstellaire », les chances pour que ces disques soient retrouvés étant extrêmement faibles. De plus, s’ils l’étaient, ce serait dans un futur très lointain : les sondes Voyager ne se retrouveront pas à moins de 1,7 année-lumière d’une autre étoile avant 40 000 ans. Donc, plus qu’une tentative sérieuse de communication avec des extraterrestres, ces disques ont un sens symbolique.

    Sur le couvercle du vidéodisque est gravé le schéma explicatif du mode de lecture ainsi que les symboles inscrits sur la plaque de Pioneer. Le disque lui-même comprend de nombreuses informations sur la Terre et ses habitants, allant des enregistrements de bruits d’animaux et de cris de nourrisson, jusqu’au bruit du vent, du tonnerre, ou d’un marteau-piqueur. Sont aussi compris les enregistrements du mot « Bonjour » dans une multitude de langues, des extraits de textes littéraires et de musique classique et moderne.

    Une source d’uranium 238 (choisi pour sa période radioactive de l’ordre de 4,5 milliards d’années) est également embarquée à bord des sondes, permettant de déterminer le temps écoulé depuis le lancement par datation radioactive.

    The Voyager Interstellar Record
    https://www.youtube.com/watch?v=Rat2vEMojeM&feature=youtu.be&list=PLA5Z0m2JKyVJUgkMG08WP8KsAvLrjfkj


    Avec plus précisément le titre The Sounds of Earth : https://soundcloud.com/brainpicker/the-sounds-of-earth-the-golden

    Et les images envoyées dans l’espace.
    116 Images of the Voyager Golden Record – a Message for Extraterrestrial Life
    http://webodysseum.com/art/116-images-of-the-voyager-golden-record

    #Plaque_de_pioneer
    #Voyager_Golden_Record
    #Pioneer_10
    #Pioneer_11
    #Sounds_of_Earth
    #Epistémologie
    #Histoire_des_Sciences
    #STS
    #Esthétique

    • http://link.springer.com/chapter/10.1007/978-94-010-1451-9_11
      On the Critique of Scientific Reason de P. K. Feyerabend
      Dans une note :

      Carl Sagan, surely one of the most imaginative scientists alive warns us not to unduly restrict the possibilities of life, and he mentions various types of ‘chauvinism’ (oxygen-chauvinism: if a planet has no oxygen, then it is uninhabitable; temperature chauvinism: low temperatures such as those on Jupiter and high temperatures such as those on Venus make life impossible; carbon chauvinism: all biological systems are constructed of carbon compounds) which he regards as unwarranted (The Cosmic Connection, New York 1975, Ch. 6). He writes (page 179): “It is not a question of whether we are emotionally prepared in the long run to confront a message from the stars. It is whether we can develop a sense that beings with quite different evolutionary histories, beings who may look far different from us, even ‘monstrous’ may, nevertheless, be worthy of friendship and reverence, brotherhood and trust”. Still, in discussing the question whether the message on the plaque of Pioneer 10 will be comprehensible to extraterrestrial beings he says that “it is written in the only language we share with the recipients: science” (18; cf. p. 217: messages to extraterrestrial beings “will be based upon commonalities between the transmitting and the receiving civilization. Those commonalities are, of course, not any spoken or written language or any common, instinctual encoding in our genetic materials, but rather what we truly share in common — the universe around us, science and mathematics.”) In times of stress this belief in science and its temporary results may become a veritable maniac-making people disregard their lives for what they think to be the truth. Cf. Medvedev’s account of the Lysenko case.

      #Plaque_de_pioneer
      #Relativisme
      #Feyerabend
      #Épistémologie

    • Carl Sagan & Ann Druyan
      Saturday, December 07, 1985

      Lloyd Moss talks to Pulitzer-Prize-winning astronomer Dr. Carl Sagan and his wife, author Ann Druyan, about their ten-year collaboration and their upcoming book, Comet. They discuss the Voyager Interstellar Record Project and the collection of culture and music that was curated for it. They discuss the five musical selections which were culled from the twenty-seven works used in the Voyager project.

    • Et un projet similaire de la même veine, plus récent (2012)
      https://en.wikipedia.org/wiki/EchoStar_XVI

      The Creative Time was launched with EchoStar XVI into outer space an archival disc created by artist Trevor Paglen called The Last Pictures. Made of ultra-archival materials, the disc is expected to orbit the Earth for billions of years affixed to the exterior of the communications satellite. A silicon disc has one hundred photographs selected to represent modern human history.

      http://www.kurzweilai.net/the-last-pictures-launches-with-echostar-xvi-satellite
      The Last Pictures launches with EchoStar XVI satellite

      http://creativetime.org/projects/the-last-pictures

      Since 1963, more than eight hundred spacecraft have been launched into geosynchronous orbit, forming a man-made ring of satellites around the Earth. These satellites are destined to become the longest-lasting artifacts of human civilization, quietly floating through space long after every trace of humanity has disappeared from the planet.
      Trevor Paglen’s The Last Pictures is a project that marks one of these spacecraft with a visual record of our contemporary historical moment. Paglen spent five years interviewing scientists, artists, anthropologists, and philosophers to consider what such a cultural mark should be. Working with materials scientists at Massachusetts Institute of Technology, Paglen developed an artifact designed to last billions of years—an ultra-archival disc, micro-etched with one hundred photographs and encased in a gold-plated shell. In Fall 2012, the communications satellite EchoStar XVI will launch into geostationary orbit with the disc mounted to its anti-earth deck. While the satellite’s broadcast images are as fleeting as the light-speed radio waves they travel on, The Last Pictures will remain in outer space slowly circling the Earth until the Earth itself is no more.

      #Echostar
      #The_Last_Pictures

    • http://onlinelibrary.wiley.com.gate3.inist.fr/doi/10.1002/2013EO400004/pdf
      Nick Sagan Reflects on Voyager 1 and the Golden Record

      © 2013. American Geophysical Union. All Rights Reserved.
      Eos
      , Vol. 94, No. 40, 1 October 2013
      Nick Sagan Reflects on Voyager 1
      and the Golden Record
      When scientists confirmed on 12 September that NASA’s Voyager 1 spacecraft had entered
      interstellar space (
      Eos, 94
      (39), 339, doi:10.1002/ 2013EO390003), the probe was acknowledged
      as the first human- made object to travel into that realm. The probe and its twin, Voyager 2, each
      carry a 12-inch gold- plated copper disk, known as the Golden Record.
      The Golden Record is a time capsule containing images, music, and sounds from planet
      Earth that were selected for NASA by a committee chaired by the late astronomer Carl Sagan.
      The Golden Record includes greetings to the universe in 55 different languages. The greeting in
      English was recorded by then 6-year-old Nick Sagan, son of Carl Sagan and NASA Pioneer
      spacecraft plaque artist Linda Salzman.
      When it was confirmed that Voyager 1 had entered interstellar space,
      Eos
      contacted Nick
      Sagan, now 43 and a writer and producer, for his comments.

    • La Nasa met en ligne les messages de Voyager aux extraterrestres
      http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2015/08/04/les-messages-voyager-extraterrestres-mis-ligne-nasa-260603

      [C]omme le faisait remarquer l’un des membres du comité réuni par Sagan :
      « Les chances que la plaque soit vue par un seul extraterrestre sont infinitésimales. Par contre, elle sera vue par des milliards de Terriens. Sa vraie fonction est donc d’en appeler à l’esprit humain et d’œuvrer à son expansion, et de faire de l’idée d’un contact avec une intelligence extraterrestre une expansion désirable de l’humanité. »

  • http://www.t-o-m-b-o-l-o.eu/meta/when-is-grahic-design-quelques-remarques-nominalistes-sur-la-definitio


    When is graphic design ? Quelques remarques nominalistes sur la définition d’une discipline

    Les différentes lunettes du design graphique nous font voir une même chose de plusieurs manières. Il y a design graphique lorsque le paradigme – ou la correction optique, pour filer la métaphore des lunettes – est suffisamment juste pour nous faire entrevoir une chose par le discours dont elle fait l’objet, tout en faisant méconnaître les conditions de félicité de ce discours. Il y a design graphique lorsqu’il y a croyance. Car tout en tenant les choses à distance, le design graphique fait méconnaître cette distance : un des effets du symbole, c’est la naturalisation de la relation qu’il établit. Il suffit par exemple de considérer l’importance de la polarisation rose bleu dans les représentations de l’opposition masculin féminin pour comprendre les effets d’assignation symbolique de la couleur, qui, faisant méconnaître l’arbitraire des catégories qu’elle exprime, les fonde plus efficacement en légitimité. Les représentations du territoire, de l’événement, de l’individu, évoquées plus haut, sont ainsi « orientées » – dirait on en langage courant – par le design, nous éloignant alors d’une vérité première dont il faudrait faire le deuil mais qui cependant nous est constamment présentée comme telle. S’il y a un paradoxe du graphisme, c’est bien à cet endroit qu’il est à chercher. Pour lire une carte, il faut l’investir de l’autorité qu’elle présente, ne pas douter de son objectivité scientifique. Pour pleinement croire à la représentation, il faut méconnaître l’arbitraire des choix qu’a pu opérer le design, s’investir dans le jeu de langage qu’elle instaure, souscrire à l’illusio, à ce que décrit Bourdieu comme un principe d’adhésion aux règles tacites du jeu social, et pourrait-on dire, aux codes visuels du jeu graphique.

    Il n’est pas certain que l’on puisse concevoir une affiche qui puisse définir en propre ce qu’« est » le design graphique, mais ce qu’il est possible de faire en revanche, c’est bien plutôt de décrire les relations symboliques dont le design graphique est l’objet, pour mieux comprendre la manière dont il transforme les rapports de force en rapports de sens.

    #Design #Épistémologie #Relativisme

  • World values lost in translation - The Washington Post
    http://www.washingtonpost.com/blogs/monkey-cage/wp/2014/09/02/world-values-lost-in-translation

    At the dawn of the 21st century, the Vietnamese were the most authoritarian people in the world, according to the World Values Survey. (...) In the next round of the survey only a few years later, however, only a third of the samples in Vietnam and Iran supported military rule, and only one eighth in Albania. Of the four most authoritarian countries from the previous round, only Indonesia remained consistent at 95 percent.

    What happened to cause such dramatic shifts?

    Some scholars looked for causal explanations rooted in economic, social or political change. (...)

    What happened is that the World Values Survey switched translations.

    #sondages #valeurs #traduction #geography_of_bullshit
    (cf http://africasacountry.com/the-cartography-of-bullshit )

    et bien sûr #racisme #relativisme #orientalisme etc

  • Aucun régime n’est meilleur qu’un autre - The Atlantic
    http://www.theatlantic.com/health/archive/2014/03/science-compared-every-diet-and-the-winner-is-real-food/284595

    Quel est le meilleur régime pour la santé ? Aucun estiment deux scientifiques américains qui les ont comparés tous. Les débats entre les tenants d’un régime par rapport aux autres ne fait qu’entretenir le doute et la confusion et pas vraiment progresser la science de l’alimentation. Tags : internetactu fing internetactu2net #alimentation #relativisme

    • J’ai peut être mal compris mais il me semble qu’ils ne disent pas tout à fait cela justement.

      They conclude that no diet is clearly best, but there are common elements across eating patterns that are proven to be beneficial to health. “A diet of minimally processed foods close to nature, predominantly plants, is decisively associated with health promotion and disease prevention.”

      Ils n’ont pas comparé un régime exclusivement mac’do ou un régime Dukan là… Mais déjà un ensemble avec peu d’éléments raffinés et beaucoup de plantes…

      Le titre de l’article indique d’ailleurs « and the winner is Real Food ».