• Des étudiants d’AgroParisTech appellent à « déserter » des emplois « destructeurs »

      Huit diplômés de l’école d’ingénieurs agronomes se sont exprimés, lors de leur cérémonie de remise de diplômes, contre un avenir tout tracé dans des emplois qu’ils jugent néfastes.

      « Ne perdons pas notre temps, et surtout, ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous. » Sur la scène de la luxueuse salle parisienne Gaveau, ce 30 avril, ils sont huit ingénieurs agronomes, fraîchement diplômés de la prestigieuse école AgroParisTech, à prendre la parole collectivement. Dans l’ambiance plutôt policée de cette soirée de remise de diplômes, après une introduction de musique disco sous éclairage de néons violet et vert bouteille, ils déroulent, d’un ton calme, un discours tranchant très politique.

      https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/05/11/des-etudiants-d-agroparistech-appellent-a-deserter-des-emplois-destructeurs_

    • « Nous, démissionnaires » : enquête sur la désertion d’en bas

      Les discours vibrants d’étudiants d’une grande école d’ingénieurs agronomes, au moment de la remise de leur prestigieux diplôme, qui déclarent ne pas vouloir suivre la voie royale que notre société de classe leur réserve, ont eu un grand retentissement. Or, si la désertion d’une petite frange de nos élites est un événement, elle masque trop souvent la désertion d’en bas, moins flamboyante mais parfois plus héroïque, des membres de la classe laborieuse. Elle survient actuellement dans tous les secteurs, de la restauration à l’informatique en passant par l’Éducation nationale ou l’associatif. Les démissionnaires d’en bas disent beaucoup du dégoût du travail et de la vie sous le capitalisme. Ils remettent en question avec force la façon dont on produit, dirige et travaille dans ce pays comme ailleurs. Ils sont un groupe dont on ne parle pas mais qui augmente en nombre et dont l’existence est un caillou dans la botte du patronat. Enquête sur la désertion d’en bas.

      Il y a un an, j’ai conclu une rupture conventionnelle et quitté mon dernier CDI. Deux mois plus tard, une amie faisait de même. Six mois plus tard, un autre m’annonçait sa démission. Il y a deux semaines, mon frère a démissionné de son premier CDI, il a vécu ce moment comme une libération. Après des années de brimades et de résistances dans une association, ma belle-mère a fait de même. Autour de moi, au travail, “on se lève et on se casse”. “Félicitations pour ta démission !” est un message que j’envoie plus souvent que “bravo pour ta promotion !” . Le récit du premier rendez-vous Pôle Emploi est devenu, parmi mes proches, plus répandu que celui du prochain entretien d’embauche. Le média en ligne Reporterre nous a informé la semaine dernière que nous n’étions pas les seuls, loin de là. Le phénomène de la « grande démission », qui a concerné aux Etats-Unis autour de 47 millions de personnes, semble toucher la France. L’enquête périodique du ministère du Travail sur les mouvements de main-d’œuvre le confirme : on assiste depuis 2 ans à une augmentation importante des démissions (+20,4% entre le premier trimestre 2022 et le dernier trimestre 2019).

      Ça n’a échappé à personne tant que le matraquage médiatique est intense : des secteurs peinent à recruter, ou perdent du personnel. C’est le cas de la restauration, dont le patronat se plaint, dans Le Figaro, de ne plus oser parler mal à ses salariés de peur qu’ils fassent leur valise. Mais c’est aussi le cas de l’hôpital public ou de l’Education nationale. Les explications médiatiques laissent le plus souvent à désirer : pour le Point, nous aurions perdu le goût de l’effort, tandis que la presse managériale se lamente sur ce problème qui serait générationnel. Ces dernières semaines, le thème de la désertion est essentiellement traité du point de vue d’une petite partie de la jeunesse diplômée et bien née, qui pour des principes éthiques et politiques, refuserait, comme par exemple dans les discours devenus viraux des étudiants d’AgroParisTech dont nous parlions en introduction, de diriger une économie basée sur la destruction de notre habitat pour se reconvertir dans l’agriculture paysanne.

      Mais qu’en est-il de cette désertion du milieu et d’en bas, celle des employés, des cadres subalternes, des fonctionnaires, des techniciens et des exécutants de la société capitaliste qui décident – souvent parce qu’ils n’en peuvent plus – de quitter leur emploi ? Derrière les grands principes, la réalité du travail est exposée dans la cinquantaine de témoignages que nous avons reçue, issus de tous secteurs : la désertion de la classe laborieuse est avant tout une quête de survie individuelle dans un monde du travail absurde et capitaliste. Elle dit beaucoup de la perte de nos outils collectifs de résistance aux injustices, de la solitude des travailleurs dont tout le monde se fout, mais aussi d’un refus puissant de jouer le rôle qu’on nous assigne. La grande démission est-elle une chance à saisir pour changer la société ?

      La démission, une question de survie face à la violence au travail

      Arthur* ne parle pas de « désertion ». Il n’a pas eu l’occasion de faire un discours vibrant lors de sa remise de diplôme. C’est normal, il est devenu apprenti pâtissier dès ses 14 ans et n’a pas eu le temps de souffler depuis. Mais il y a deux mois, il a démissionné de son emploi dans la restauration. Son patron a refusé la rupture conventionnelle, ce dispositif légal qui permet de partir, avec l’accord de son employeur, en échange d’indemnités minimales mais d’un accès aux indemnités chômage. Sa justification ? « Je t’ai appris des valeurs donc tu ne vas pas pointer au chômage ». Parmi les valeurs de ce Père La Morale : l’homophobie, qui a contraint Arthur à devoir cacher sa sexualité, avant d’être poussé au coming out, devant des collègues, par son patron. Dans cette petite entreprise, il a enduré des années de brimades et d’humiliations qui lui ont fait perdre confiance en lui et le goût de son travail. Depuis sa démission, il est sans revenus et a du mal à retrouver un emploi décent. Il n’empêche qu’il vit son départ comme un soulagement, après avoir enduré tête baissée ces années de captivité professionnelle, avec ses horaires décalées, son chef tyrannique et sa paye minimale. Le confinement de 2020 a joué un rôle déterminant dans sa prise de décision : Arthur a enfin eu du temps pour voir ses proches, sa famille, pour s’intéresser à la politique et ainsi, avancer.

      Les problèmes de turnover du secteur de la restauration ne sont quasiment jamais décrits du point de vue d’Arthur et de ses collègues. La presse est entièrement mobilisée pour relayer le point de vue du patronat, qui se plaint d’une pénurie de main-d’œuvre. Arthur rit jaune devant un tel spectacle : « ça me fait autant marrer que ça me dégoûte, m’explique-t-il, et mon patron tenait aussi ce discours de ouin-ouin « il y a un grand turn over plus personne ne veut travailler… » alors qu’on faisait quasiment tous 65h payées 39h ». Le secteur de la restauration est à l’avant-poste de tout ce qui dysfonctionne – ou plutôt fonctionne selon les intérêts du patronat – dans le monde du travail : des salariés isolés, sans représentation syndicale efficace, une hiérarchie omniprésente et intrusive, un travail difficile, en horaires décalés, avec beaucoup d’heures supplémentaires (souvent non payées) et avec peu d’autonomie et où le droit est très peu respecté.

      C’est aussi à cause de la violence généralisée que Yann a quitté plusieurs emplois successifs, dans la manutention puis le bâtiment. Pour lui, le problème venait tout autant de hiérarchies « maltraitantes » que de l’ambiance générale entretenue au sein des entreprises qu’il a connu : « J’avais cette sensation qu’on m’obligeait à bosser avec des personnes que j’aurais détesté fréquenter en dehors, et d’un autre côté qu’on me mettait en compétition avec des gens avec qui j’aurais pu être pote » m’a-t-il raconté. L’ambiance « stupidement viriliste » au travail ne lui convenait pas et il n’a pas trouvé de possibilités d’améliorer les choses.

      La plupart des témoignages reçus viennent confirmer une tendance lourde du monde du travail des années 2020 : si la violence est aussi répandue, c’est parce que la pression au travail s’est accrue, et pèse sur les épaules de toute une partie des effectifs, des managers aux employés de base. L’absence d’empathie des chaînes hiérarchiques semble être devenue la norme, comme nous l’avions déjà décrit dans un précédent article. C’est ainsi que Sara*, responsable de boutique dans une chaîne d’épicerie, a fini par quitter son emploi, après avoir gravi tous les échelons. Déjà éprouvée par la misogynie continuelle qu’elle subissait au quotidien, elle s’est retrouvée seule face à une situation de violence au travail, sans réaction de sa hiérarchie. Dans cette structure jeune, très laxiste sur le droit du travail, elle n’a pas trouvé de soutien face à la pression continuelle qu’elle subissait. Résultat, nous dit-elle, « j’allais au travail la boule au ventre, je faisais énormément de crises d’angoisse chez moi le soir, beaucoup d’insomnies aussi. J’ai un terrain anxieux depuis l’adolescence mais c’était la première fois depuis des années que j’ai ressenti le besoin d’être sous traitement. Je me sentais impuissante et en danger ».

      Ce témoignage est tristement banal : il semblerait qu’en France, les hiérarchies se complaisent dans l’inaction face aux atteintes à la santé des salariés. Il faut dire que les dernières évolutions législatives ont considérablement favorisé cette nouvelle donne. Nous en avons parlé à de multiples reprises : depuis la loi El Khomri de 2016 et les ordonnances travail de 2017, la santé au travail est reléguée au second plan, et le pouvoir du patronat face aux salariés a été considérablement renforcé. Le prix à payer était, jusqu’ici, l’augmentation du mal-être au travail, du burn out ainsi que des accidents, qui fait de la France une triste championne d’Europe de la mortalité au travail.

      La démission et le turn over qui en résultent, ainsi que la difficulté à recruter dans de nombreux secteurs, est désormais le prix que doivent payer les employeurs, et ils ne sont pas contents : peut-être auraient-ils pu y songer quand ils envoyaient toutes leurs organisations représentatives (MEDEF, CPME…) plaider pour détricoter le code du travail auprès des gouvernements successifs.

      La « perte de sens » : une question matérielle et non spirituelle

      Dans les témoignages reçus, la question du sens occupe une place moins grande que celle des (mauvaises) conditions de travail. Là encore, la désertion d’en bas diffère de la désertion d’en haut décrite dans la presse, où la question du sens et des grands principes est centrale. Au point que les grands groupes s’adaptent pour retenir leurs « talents » (c’est comme ça que les cadres sup appellent les autres cadres sup) en se donnant une « raison d’être » qui ne soit pas que la satisfaction de l’appât du gain des actionnaires. Ce dispositif est permis par la loi PACTE depuis 2019, et il ne sert à rien d’autre qu’à faire croire qu’une boîte capitaliste n’est pas seulement capitaliste : elle aime les arbres, aussi. Quand il s’agit du sens au travail, personne n’évoque la politique de “Responsabilité Sociale et Écologique » que les grands groupes affichent fièrement sur des affiches dans le hall du siège social. En revanche, trois cas de figures semblent se dessiner : le sentiment d’absurdité et d’inutilité, le sentiment de ne pas réussir à faire correctement son travail et de voir ses missions dévoyées, et enfin celui de faire un travail nuisible, intrinsèquement mauvais, qu’il convient de quitter pour des raisons politiques et morales.
      1 – L’absurdité au rendez-vous : « qu’on existe ou pas, ça ne change rien »

      Mon frère a quitté une structure associative où il était constamment noyé de boulot… sans savoir à quoi il servait. « J’ai encore une histoire à la The Office à te raconter » avait-il l’habitude de m’écrire. The Office, brillante série américaine, met en scène des salariés qui font toujours autre chose que leur travail, car constamment sollicités par un patron égocentrique et extravagant les entraînant dans un tourbillon de réunions, formations sécurité, séminaires de team building, concours de meilleur employé etc. Mais à la fin, ils servent à quoi, ces gens qui travaillent ? Dans le cas de mon frère, si le sens était altéré, c’était d’abord en raison d’une mauvaise gestion, d’un objet mal défini par un compromis politique reconduit chaque année par un directoire composé d’élus locaux. Il n’empêche que pour mon frère, l’intérêt de son job pour la société n’était pas avéré : « qu’on existe ou pas, ça ne change rien » m’a-t-il dit avant de décider de partir.

      Le thème des « bullshit jobs », ces métiers inutiles et ennuyeux dont l’existence a été brillamment théorisée par l’anthropologue britannique David Graeber, peut expliquer tout un pan du désamour d’une partie des cadres moyens pour leurs professions vides de sens. Pour mon ami A., son activité de consultant s’inscrivait en partie dans ce paradigme-là. Bien sûr, son action avait une utilité pour l’entreprise cliente, car le logiciel qu’il y mettait en place et pour lequel il formait le personnel à une organisation dédiée améliorait vraiment les choses. Mais que faire si l’entreprise elle-même avait une activité absurde ?

      Le capitalisme contemporain, nous dit Graeber, génère une immense aristocratie constituée de services de ressources humaines et de cabinets de consultants, c’est-à-dire de gens dont le travail est de gérer le travail des autres. Forcément, l’utilité ne tombe pas toujours sous le sens. Cette masse de gens qui dépendent de cette économie des services pour le travail n’a cessé de grossir, et ses contradictions génèrent sa propre croissance : dans ces entreprises où les cadres s’ennuient et se demandent à quoi ils servent, il faut faire venir des consultant en bien-être au travail qui vont organiser des ateliers et des cercles de parole pour parler de ce problème.

      Le problème du sentiment d’absurdité au travail, c’est qu’aucune hiérarchie ne tolère qu’il s’exprime librement. Les techniques de management des années 2020 insistent sur la nécessité de l’engagement, en toute bienveillance évidemment : il s’agit d’être sûr que tout le monde adhère à fond au sens de son travail. Ecrire un hymne en l’honneur de l’entreprise, comme A. a été invité à le faire lors d’un week-end de « team building », poster des photos de son travail et de son enthousiasme sur un réseau social interne, comme doivent le faire les salariés d’un grand groupe agroalimentaire où j’ai eu l’occasion de mener une expertise en santé au travail. Le non-engagement est sanctionné : dans cette entreprise, une évaluation comportementale annuelle se penche sur le niveau d’engagement et d’implication des salariés. Le soupir n’est pas de mise. Comment, dans ces conditions, tenir le coup sans devenir un peu fou ? A., comme d’autres consultants qui m’ont écrit, a choisi la démission.
      2 – La qualité empêchée : « j’aimerais juste pouvoir faire mon travail »

      Le sentiment d’absurdité ne peut expliquer à lui seul la succession de démissions et de déception professionnelle. Au contraire, nombre de récits reçus sont ceux de gens qui croyaient en ce qu’ils faisaient mais se sont vu empêcher de mener correctement leurs missions. La question du sens est le plus souvent abordée sous l’angle de la capacité ou non à bien faire son travail. Or, autour de moi et dans les témoignages reçus pour cette enquête, tout le monde semble frappé de ce que les psychologues du travail appellent la « qualité empêchée ».

      L’histoire de Céline*, maîtresse de conférence dans l’université d’une grande ville française, s’inscrit en partie dans ce cadre. Elle aussi a été poussée au départ par une pression administrative constante et l’absence de solidarité de son équipe. Elle a quitté une situation pourtant décrite comme confortable et stable : fonctionnaire, dans l’université publique… Pour elle, son travail est détruit par « les dossiers interminables pour avoir des moyens ou justifier qu’on a bien fait son travail », mais aussi les programmes et l’organisation du travail qui changent constamment et, évidemment, le manque de moyens. Paloma, enseignante dans le secondaire, a pris conscience de son envie de partir lors des confinements, mise face à la désorganisation de l’Education nationale, au niveau du pays comme des deux établissements où elle enseignait. Plus généralement, elle m’a confié que “le plus dur, c’était de constater que les élèves détestent l’école et les profs aussi, et qu’on ne cherche pas à faire réfléchir les élèves ou à développer leur sens critique. Je ne voulais pas contribuer à ça.”

      La question du manque de moyens est omniprésente lorsque l’on discute avec les personnels des services publics. Ce manque, qui se ressent dans la rémunération mais qui transforme toute envie d’agir ou d’améliorer les choses en parcours du combattant face à des gestionnaires omniprésents et tâtillons, brisent l’envie de rester. Les soignant.e.s ne cessent de le répéter, apparemment en vain : « En formation, on apprend que chaque patient est unique et qu’il faut le traiter comme tel, résumait Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers. Mais quand on arrive à l’hôpital, on est face à un processus bien plus industriel, où on n’a pas le temps d’accompagner le patient, d’être à l’écoute. Il y a alors le sentiment de mal faire son travail et une perte de sens ». C’était il y a un an. Désormais, la pénurie de personnel entraîne la fermeture de services d’urgences la nuit, un peu partout en France. Ce sont les patients, et le personnel qui continue malgré tout, qui subissent de plein fouet les départs en masse de l’hôpital public où « la grande démission » n’est pas une légende médiatique.

      Face à ces problèmes très concrets, la question du sens devient presque une opportunité rhétorique pour le gouvernement et les strates hiérarchiques : il faudrait « réenchanter la profession », donner du sens aux métiers du service public à base de communication abstraite, plutôt que de donner les moyens de travailler correctement.
      3 – Le sentiment de faire un travail nocif : ​​”j’étais surtout un maillon de la perpétuation de la violence sociale”

      Hugo* travaillait pour un important bailleur social d’Île-de-France. Désireux de sortir de la précarité continue qu’il connaissait en enchaînant les CDD dans la fonction publique, il est devenu chef de projet dans cette structure, en ayant l’espoir de pouvoir se rendre utile. « J’y suis arrivé plein d’entrain car j’avais à cœur de faire un métier « qui ait du sens » … loger les pauvres, être un maillon de la solidarité sociale, etc ». Il a vite déchanté : « Globalement, je me suis rendu compte que j’étais surtout un maillon de la perpétuation de la violence sociale. In fine, malgré tout l’enrobage du type « bienveillance », « au service des plus démunis », des photos de bambins « de cité » tout sourire, il s’agissait d’encaisser les loyers pour engraisser les actionnaires (c’était un bailleur social privé, pas public). J’ai ainsi participé à une opération de relogement d’une tour de 60 habitants, qui allait être démolie dans le cadre du « renouvellement urbain ». Autant vous dire que les locataires n’étaient pour beaucoup (hormis quelques fonctionnaires communaux ayant encore un peu d’âme) que des numéros. Des « poids » à dégager au plus vite. Toutes les semaines je devais faire un « reporting » sur combien étaient partis, combien il en restait encore, avec un objectif… Je devais faire 3 propositions de logement aux locataires et leur mettre la pression pour qu’ils acceptent, en brandissant la menace de l’expulsion à demi-mot. Je voyais l’angoisse sur le visage des gens. » Hugo a fini par craquer et obtenir – au forceps – une rupture conventionnelle.

      Selma* et Damien* travaillaient aussi dans des professions participant de la façon dont on construit et on habite les villes. La première est urbaniste, le second architecte. Ils ont quitté des métiers pourtant souvent perçus comme intéressants et utiles parce que les effets de leur action leur semblaient vains voire néfastes, sur le plan social et écologique. Pour Selma, les mauvaises conditions de travail liées aux contraintes financières de son entreprise rachetée par un grand groupe sapait la qualité de son travail. Quant à Damien, il déplore les activités de son ancienne agence d’architecture : “Les projets sur lesquels je travaillais étaient très loin de mes convictions : des logements pour des promoteurs, en béton, quasiment aucune réflexion sur l’écologie (au-delà des normes thermiques obligatoires). Je faisais partie d’une organisation qui construisait des logements dans le seul but de faire de l’argent pour les promoteurs avec qui je travaillais.” Sa conclusion est sans appel : “Globalement, j’en suis arrivé à la conclusion que nous allions tous dans le mur (écologique). Les villes seront bientôt invivables, ne sont pas résilientes au changement climatique (essayez de passer un été sans clim à Strasbourg). J’ai constaté que j’étais totalement impuissant pour changer un tant soit peu les choses.”

      Les personnes qui travaillent dans des domaines d’activité nocifs à la société et qui en souffrent évoluent dans une contradiction forte, qui se termine souvent par un départ, faute d’avoir pu faire changer les choses de l’intérieur. Le manque d’autonomie conjugué à la quête de sens peut expliquer le nombre croissant de démissions et la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs (le nucléaire, par exemple, a de grosses difficultés à recruter – étonnant, non ?). Chercher du sens dans son travail pose néanmoins une question de ressources : la stabilité économique doit d’abord être garantie, et la majeure partie de la classe laborieuse n’a pas le luxe de s’offrir le sens et la sécurité tout à la fois.
      La démission : une forme (désespérée) de protestation au travail ?

      Je repense à mes départs successifs (trois, au total : un non-renouvellement de CDD, une démission, une rupture conventionnelle) avec soulagement mais aussi une pointe de culpabilité. Quitter un emploi, c’est laisser derrière soi des collègues que l’on appréciait, avec qui l’on riait mais aussi avec qui on luttait. Deux de mes départs ont été le résultat de petites ou de grosses défaites collectives, accompagné d’un dégoût ou d’un désintérêt pour des secteurs ou des entreprises que j’estimais impossibles, en l’état du rapport de force, à changer. J’ai donc demandé à toutes les personnes qui m’ont raconté leur démission si elles avaient tenté de changer les choses de l’intérieur, et comment cela s’était passé. La majeure partie des personnes qui m’ont répondu ont tenté de se battre. En questionnant la hiérarchie sur les conditions de travail, en réclamant justice, en poussant la structure à s’interroger sur le sens de son action et de ses missions… en vain.

      Les situations les plus désespérées en la matière m’ont sans doute été racontées de la part de démissionnaires du monde associatif. Les associations, des structures où l’on exerce en théorie des métiers qui ont du sens… et qui sont progressivement vidées de leur essence par des hiérarchies calamiteuses, des conditions de travail très dégradées, des logiques néolibérales et gestionnaires qui viennent s’appliquer au forceps, contre l’intérêt des salariés et des usagers… Et le pire, c’est que le discours du sens y est devenu une arme mobilisée par le patronat associatif pour mater les salariés récalcitrants en leur opposant la noblesse de leur mission et la nécessité de ne pas y déroger pour ne pas nuire aux usagers. Antoine, démissionnaire d’une association d’éducation populaire dans l’ouest de la France, résume bien la situation : “dans l’associatif, la répression syndicale est super forte, joli combo avec le côté « on est dans une association alors on est toustes des gens biens et militants donc ça se fait pas de parler de domination”, qui décourage pas mal à se mobiliser…”.

      Il y a des secteurs qui sont structurellement moins propices à la résistance salariale collective, et l’associatif en fait partie, et pas seulement à cause du discours évoqué par Antoine. Le syndicat ASSO, la branche de Solidaires dédié aux salariés de l’associatif, rappelle qu’il s’agit d’un secteur “très atomisé, où nombre de salarié.e.s se trouvent seul.e.s dans de très petites structures : plus de 80 % des associations emploient moins de 10 salarié.e.s. L’organisation d’élections n’est pas obligatoire selon le code du travail pour les structures de moins de 10 salarié.e.s (6 pour la Convention de l’animation). Très peu de salarié.e.s ont une voix officielle, via un représentant.e du personnel, pour participer aux discussions sur leurs conditions de travail et pas d’appuis en interne en cas de conflit.” Par ailleurs, “près de 30% des salarié.e.s associatifs ne sont pas couverts par une convention collective (contre 8% dans le secteur privé marchand)”. On part donc de plus loin, quand on est salarié de l’associatif, que d’autres, pour améliorer les choses. Mais c’est le cas, d’une façon générale, dans l’ensemble des secteurs du pays qui ont tous subi d’importants reculs en matière de rapport de force salarial. Partout, le patronat est sorti renforcé des différentes réformes gouvernementales.

      C’est le cas à la SNCF, dont le personnel est massivement sur le départ depuis 2018, date de la réforme ferroviaire et d’une longue grève brisée par Macron et Borne, alors ministre des Transports et depuis Première ministre. En 2019, les départs ont augmenté de 40% par rapport à 2018, et ils suivent depuis le même rythme. La direction de la SNCF a tout fait pour briser les collectifs de travail, atomiser les salariés et modifier leurs conditions de travail. Dans Libération, les cheminots racontent comment la fin de leur statut a mis fin, entre autres, à la retraite garantie à 55 ans, compensation d’un rythme de travail épuisant.

      Difficile de résister quand les syndicats sont de moins en moins présents et nombreux. Yann, notre manutentionnaire démissionnaire, s’en prend quant à lui à la perte de culture du rapport de force chez ses collègues : « J’ai 35 ans et j’ai entendu de plus de plus les discours managériaux et les exigences patronales dans la bouche des ouvriers. C’est d’une déprime… Rien à prendre aussi du côté des « anciens » avec des dos défoncés qui ressassent des discours du type « on se plaignait pas avant », « les jeunes veulent plus rien faire »… ». Le problème dépasse largement, selon Yann, la culture de son ex-entreprise. Il s’étonne : “C’est fou que le sujet du malheur au travail ne soit quasiment jamais abordé à part par le côté clinique des burn out. Le sujet est absent de toutes les dernières campagnes électorales.”

      La solitude et la désunion, ou du moins l’absence de culture du rapport de force au travail, est une réalité qu’il est facile d’éprouver : la baisse continue des effectifs syndicaux n’en est que l’illustration statistique la plus flagrante. La démission devient alors une façon de mettre le collectif face à ses contradictions, d’interpeller collègues, direction et la société plus globalement sur les injustices qui s’accumulent. C’est un peu ce que concluait mon amie Orianne, infirmière à l’AP-HP et depuis en disponibilité pour exercer dans le privé. Comme des milliers de soignant.e.s en France, elle a déserté des hôpitaux publics détraqués par les gouvernements successifs – et celui-ci en particulier. Membre du collectif InterUrgences, Orianne s’est pourtant battue pendant plusieurs années, avec ses collègues, pour obtenir une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail, globalement en vain. Les applaudissements aux fenêtres durant le premier confinement n’auront donc pas suffi : le départ a été pour elle une issue personnelle et, dans un sens, collective ; face au manque de soignant.e.s, le gouvernement va-t-il finir par réagir ?

      De là à dire que la démission est une forme radicale et individuelle de grève, il n’y a qu’un pas que nous franchirons pas : car les grèves renforcent le collectif, soudent les collègues autour d’un objectif commun alors que la démission vous laisse le plus souvent seul, même si des effets collectifs peuvent se créer. Antoine a bon espoir que sa démission ait un peu secoué les choses : “mon départ a pas mal remué le Conseil d’Administration de mon association qui a prévu un gros travail sur la direction collégiale entre autres. A voir si cela bouge en termes de fonctionnement interne”, me dit-il. Lorsque mon frère a quitté son association, il s’est demandé si ses supérieurs hiérarchiques allaient “se remettre en question”. Je lui ai plutôt conseillé de ne pas en attendre grand-chose : les hiérarchies sont généralement expertes pour ne pas se remettre en question. Les “départs” sont évoqués, dans les entreprises, avec une grande pudeur, voire carrément mis de côté ou rangés du côté des fameux “motifs personnels” qui sont la réponse préférée des hiérarchies aux manifestations de la souffrance au travail.
      La quête (vaine ?) d’un ailleurs

      “Si ça continue, je vais partir élever des chèvres dans le Larzac moi” : c’est une phrase que j’ai souvent entendu, cliché du changement de vie après des déceptions professionnelles. Force est de constater que ce n’est pas la route empruntée par la plupart des démissionnaires, sinon les départements de la Lozère ou de l’Ariège auraient fait un signalement statistique. La plupart des personnes qui ont témoigné au cours de cette enquête ont des aspirations plus modestes : trouver un emploi avec des horaires moins difficiles, quitter une entreprise toxique, prendre le temps de réfléchir à la suite ou devenir indépendant.

      La reconversion agricole ou la reconversion tout court restent des possibilités accessibles à une minorité de personnes, en raison du temps et de l’argent que cela requiert. Yann, à nouveau, a tout résumé : “J’entends souvent le type de discours sur la perte de sens des CSP+ qui rêvent d’ouvrir un food truck ou un salon de massage, et ça m’irrite au plus haut point. Quand on est cadre, on a le capital financier/scolaire et le réseau pour faire autre chose. C’est nettement plus difficile quand on est préparateur de commande”. Mon compagnon fait partie de celles et ceux qui ont choisi la reconversion agricole comme planche de salut après des expériences désastreuses dans d’autres secteurs de l’économie. Il est le premier à relativiser le discours qui fait de l’agriculture un “ailleurs” au capitalisme . Ce n’est d’ailleurs pas pour ça qu’il a franchi ce cap, mais bien en raison d’un désir de vivre à la campagne, loin de la ville et dans un secteur qui l’intéressait davantage. Mais pour lui ce n’est pas une “alternative” au capitalisme, et c’est loin d’être une activité qu’il conseillerait à toutes celles et ceux qui veulent déserter les bureaux ou les entrepôts de la vie capitaliste : “C’est dur et tu gagnes mal ta vie”.

      Loin de l’image d’Epinal de la reconversion agricole enchantée où l’on vit d’amour et d’eau fraîche dans des cabanes dans les bois, façon vidéo Brut, l’agriculture, même biologique, s’insère dans un marché et dans des rapports de force qui sont tout sauf anticapitalistes. Le poids politique de l’agriculture intensive, le règne de la FNSEA, le principal lobby agro-industriel qui impose ses vues à tout le monde, avec le soutien du gouvernement, ne font pas de ce secteur un endroit apaisé et éloigné des turpitudes décrites précédemment.

      J’ai voulu un temps m’y lancer moi aussi (depuis, je me contente d’être vendeur au marché, ce qui me convient très bien) et j’ai vu, lors des formations que je suivais, l’attraction que le secteur exerçait sur de nombreux salariés désireux de changer, littéralement, d’horizon. J’ai vu ceux d’en bas, qui luttaient pour obtenir un lopin de terre à peine cultivable, et ceux d’en haut, qui rachètent des domaines immenses, font creuser des étangs et plantent le jardin bio-permaculture de leur rêve – pardon, font planter par des ouvriers agricoles – et semblent y jouer une vie, comme Marie-Antoinette dans la fausse fermette construite pour elle dans les jardins de Versailles. Puis ils s’étonnent que la population locale ne les accueille pas à bras ouverts… Bref, le monde agricole n’est pas un ailleurs, il est une autre partie du capitalisme où il faut lutter – même si le paysage y est souvent plus beau. Et d’ailleurs, les agriculteurs démissionnent aussi – de leur métier ou, c’est une réalité tragique, de leur propre vie. Les exploitants agricoles ont malheureusement la mortalité par suicide la plus élevée de toutes les catégories sociales.

      S’il y a bien un désir qui réunit la majeure partie des démissionnaires à qui j’ai parlé, et qui m’a moi-même animé, c’est celui de sortir du lien de subordination et du monde étouffant de l’entreprise en devenant indépendant. Ce désir d’indépendance, souvent snobé, quand on est de gauche, car il s’apparenterait à de la soumission déguisée en autonomie entrepreneuriale, n’est pourtant pas vécu comme un “projet” disruptif et capitaliste. Bien au contraire, les gens qui choisissent la voie de “l’auto-entrepreneuriat” et du freelance savent que c’est aussi une précarité économique que l’on peut vivre si on en a les moyens : quelques économies, un niveau de qualification suffisant, un petit réseau… Mais parfois, après avoir subi la violence du lien hiérarchique, on peut s’en contenter si c’est une possibilité. Mohamed, ingénieur, résume ce qui, pour lui, mène à l’envie d’indépendance, et qui résulte directement des impasses structurelles du travail sous le capitalisme contemporain : “Je n’ai que trois possibilités : faire partie d’un grand groupe (Atos, Orange, Thales, etc.), pire solution car travaillant exclusivement pour des actionnaires avec un boulot qui n’a aucun sens. Repartir en PME, ce qui est très bien pour 5 ans maximum mais on finit toujours par se faire racheter par les gros. Ou devenir indépendant.” Mais pour beaucoup, après la démission, c’est la quête d’un boulot salarié “moins pire” qui reste le seul choix possible.

      Démissionnaires de tous les secteurs, unissons-nous !

      Poussés dehors par des entreprises et des services publics de plus en plus macronisés (c’est-à-dire où la violence des rapports humains, la fausseté du discours et la satisfaction des actionnaires ou des gestionnaires prennent toute la place), nous sommes amenés à chercher des recours possibles pour mener une vie plus tranquille, un peu à l’égard de la guerre que le capitalisme nous mène. Mais l’ailleurs n’existe pas, ou bien il implique des choix de vie radicaux et sacrificiels. “Je me demande s’il y a moyen de dire fuck à la société capitaliste sans devenir un primitiviste babos qui ne se lave plus”, me résumait cette semaine mon frère, sans pitié. Franchement, sans doute pas. On peut s’épargner des souffrances inutiles en refusant le salariat, des boulots absurdes et profondément aliénants – quand on le peut – mais partout où on l’on se trouve, il faut lutter.

      Ce constat serait plombant si j’étais le seul à avoir quitté à répétition mes derniers emplois. Mais ce n’est pas le cas. Nous, démissionnaires, sommes des dizaines de milliers. Nous, les rescapés des ruptures conventionnelles, les démissionnaires sans allocations, les abandonneurs de postes, rejoignons chaque jour le cortège ordinaire des licenciés, des en-incapacité-de-travailler, des accidentés, des malades, de tous ceux qui ont été exclus ou se sont exclus du cursus honorum que le capitalisme accorde à celles et ceux qui ne font pas partie de la classe bourgeoise : baisse la tête, obéis au chef, endette-toi, fais réparer ta voiture et peut-être qu’à 40 ans tu seras propriétaire de ton logement.

      Nous, démissionnaires, sommes si nombreux et si divers. Les écœurés du virilisme des chantiers comme Yann, les saoulées du sexisme de boutique comme Sara, les rescapés de la brutalité patronale comme Arthur, les Selma et Damien qui ne veulent pas nuire aux habitants en faisant de la merde, les Céline, Paloma et Orianne qui n’ont pas rejoint le service public pour maltraiter élèves et patients mais aussi les Mohamed, les Hugo qui ne veulent pas engraisser des actionnaires en faisant de l’abattage de dossier pour gonfler les chiffres… Démissionnaires = révolutionnaires ? En tout cas, leur démission est une preuve de non-adhésion au système capitaliste.

      Démissionnaires de tous les secteurs : vous n’êtes pas seuls, nous sommes des milliers, et notre existence fait le procès de l’entreprise capitaliste. Notre amour du travail bien fait, de la justice et de la solidarité sont incompatibles avec la façon dont le capitalisme transforme nos activités, même celles qui en sont a priori le plus éloignées. Démissionnaires de tous les secteurs : unissons-nous !

      https://www.frustrationmagazine.fr/enquete-desertion

      #désertion #désertion_d'en_bas #démissionnaires #travail

  • #Conférence_de_presse conjointe sur la réponse européenne à la #menace_terroriste

    Une conférence de presse a eu lieu hier à Paris, avec #Sebastian_Kurz (chancelier autrichien), #Angela_Merkel, #Mark_Rutte (Pays Bas) ainsi qu’avec le président du Conseil européen, #Charles_Michel, et la présidente de la Commission européenne, #Ursula_Von_der_Leyen.

    La conférence de presse complète est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=zL6_Ewwy8dE&feature=youtu.be

    Message reçu via la mailing-list Migreurop, 11.11.2020 (que j’anonymise et modifie légèrement) :

    Lors de cette conférence ont été tenu des propos potentiellement inquiétants par Emmanuel #Macron. Dans sa prise de parole officielle, il a déclaré : « Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’#immigration_clandestine et le terrorisme, mais il nous faut regarder lucidement les #liens qui existent entre ces deux phénomènes. » (à 4mn52sec.)
    Parfaite illustration de l’utilisation rhétorique de la litote !
    En résumé tout ce qui est dit avant le « mais » ne compte pas…

    Plus tard dans la conférence de presse, une journaliste lui pose la question du respect du #droit_d’asile, et il répond ceci : « Tout particulièrement, et c’est un sujet dont nous devons nous emparer collectivement, nous constatons dans tous nos pays à un dévoiement de ce qui est le droit d’asile. Le droit d’asile est fait pour les #combattants_de_la_paix, pour ceux qui prennent un #risque dans leur choix politique dans leur pays. Et nous voyons de plus en plus aujourd’hui de personnes qui viennent demander le droit d’asile en Europe et qui viennent de pays qui ne sont pas en #guerre, auxquels nous donnons des centaines de milliers de #visas chaque année. Donc il y a un dévoiement, qui est utilisé chaque année par des trafiquants, par des réseaux qui sont bien identifiés. » (à 35mn20sec.)

    Ces mots sont inquiétants…
    D’abord parce que Macron, quand il parle du droit d’asile sous cette forme, ne parle pas du droit d’asile au sens de la #convention_de_Genève, mais bien uniquement de l’asile sous sa forme constitutionnelle française.
    #Asile_constitutionnel : "toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la #liberté" (alinéa 4 du préambule de la Constitution de 1946)
    L’OFPRA le détaille comme ceci :
    "existence d’une #persécution_effective (et donc pas seulement d’une #crainte_de_persécution)
    les auteurs des persécutions peuvent être déterminés ou non, organisés ou non
    le demandeur a fait preuve d’un engagement actif en faveur de l’instauration d’un régime démocratique ou des valeurs qui s’y attachent (liberté d’expression, liberté d’association, liberté syndicale...)
    l’engagement du demandeur doit être dicté par des considérations d’#intérêt_général (et non d’ordre personnel)"

    Cette forme est bien plus restrictive que l’asile au sens de la Convention :
    Article 1, A, 2 :
    « toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays. ».

    Quand Emmanuel Macron déclare que c’est un sujet dont les pays européens doivent s’emparer collectivement, est-ce qu’il ne faut pas craindre que des discussions au sein des Etats-membres s’engagent sur une #restriction des #critères d’attribution de l’asile ? Voire une #remise_en_cause de l’asile conventionnel ?
    Ce vendredi doit se tenir une réunion du Conseil Européen, avec tous les ministres de l’intérieur européens. Il faut rappeler que Gérald Darmanin aurait évoqué une remise en cause du droit d’asile, le 18 octobre. Sujet qui n’aurait « pas été à l’ordre du jour » du conseil de défense, contrairement à son souhait.
    https://blogs.mediapart.fr/david-t/blog/191020/itineraire-dune-info-gatee

    Ce #glissement _émantique de la France, qui je l’espère ne va pas déteindre sur les autres Etats-membres.

    #extrémisme_violent #terrorisme #asile #migrations #réfugiés

    ping @isskein @karine4

  • La France doit supprimer sa deuxième vague. #Suppression #RemiseÀZéro #Reconfinement
    Thread by Panda31808732 on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1316836435144646657.html

    La tragédie de la deuxième vague, c’est qu’elle ne se produit pas tant qu’on la craint. Car on reste prudents. Du coup, elle ne vient pas. Et comme elle ne vient pas, on ne la craint plus. Donc on lève trop de restrictions, la vigilance baisse et on déclenche la deuxième vague.
    3. Piège très classique, très prévisible dans laquelle la France est tombée à pieds joints cet été.

    Maintenant que les cigales ont bien dansé tout l’été, sous l’œil apathique des autorités, voici venu l’automne, c’est-à-dire le temps de la facture.

    #covid #coronavirus

  • La France doit supprimer sa deuxième vague. #Suppression #RemiseÀZéro #Reconfinement, Thread by Panda31808732 on Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1316836435144646657.html

    La tragédie de la deuxième vague, c’est qu’elle ne se produit pas tant qu’on la craint. Car on reste prudents. Du coup, elle ne vient pas. Et comme elle ne vient pas, on ne la craint plus. Donc on lève trop de restrictions, la vigilance baisse et on déclenche la deuxième vague.

    3. Piège très classique, très prévisible dans laquelle la France est tombée à pieds joints cet été.

    Maintenant que les cigales ont bien dansé tout l’été, sous l’œil apathique des autorités, voici venu l’automne, c’est-à-dire le temps de la facture.

    La première vague, avec son temps de doublement entre 3 et 4 jours, avait déferlé avec une telle violence qu’elle avait appelé d’elle-même à sa propre suppression avec le confinement. Les régions relativement épargnées, à l’Ouest, ne l’avaient été que parce que le confinement...
    … avait cassé l’exponentielle avant qu’elle n’atteigne la même ampleur que dans le Grand Est ou en IDF.

    La deuxième vague, qui doublait de taille tous les ~14 jours au zénith de sa croissance estivale, a d’abord ressemblé à une montée progressive des eaux.

    6. L’incompétence totale du gouvernement (refus acharné de l’intervention précoce, pourtant la moins chère et la plus efficace) a laissé se recréer une énorme masse d’eau qui faisait pression sur le barrage précaire de nos défenses.

    L’arrivée de l’automne a explosé ce barrage.
    7. Autour de 5% de la population, soit 3+ millions de personnes (modèle Pasteur, premiers résultats Epicov et Sapris), a été infectée lors de la première vague, jusqu’à fin juin. La dernière semaine de septembre, je dirais que plus de 200 000 personnes ont été infectées.

    8. Pour référence, ça doit à peu près être l’équivalent du pic de la première vague en Allemagne.

    À cette heure, nous avons plus de contaminations en 1-2 jours que la Corée du Sud en 8 mois d’épidémie (qui a commencé à décoller là-bas en février, comme ici ; mais eux l’ont vu).
    9. Il nous faut "vivre avec le virus", mais de toute évidence il y a eu un énorme malentendu sur ce que signifie cette phrase. Ce n’est pas une expression littérale. Il ne s’agit pas de vivre avec le virus lui-même, mais avec sa menace.
    10. "Vivre avec le virus" ça veut dire vivre avec un petit nombre de cas par jour, bien identifiés et circonscrits dans des foyers qui ne débordent pas.

    Pas des dizaines de milliers d’infections par jour avec 80% des cas d’origine inconnue et >150 entrées quotidiennes en réa.
    11. Depuis le départ, SARS-CoV-2 a été lourdement sous-estimé en France. Une erreur monumentale que nous avons payé très cher au printemps, et que nous allons de nouveau payer extrêmement cher.
    L’évaluation des risques a été faite de façon très grossière, au niveau de la santé publique comme dans les autres domaines. Exemple : "les vieux risquent de mourir, mais les jeunes ne risquent pas grand-chose".

    Faux, il y a la question des séquelles :

    Thread by @Panda31808732 : « D’après un suivi du CHU de Rennes, entre 10 et 15% des patients non-hospitalisés interrogés n’avaient toujours pas repris leur activité, 6 semaines après la maladie. "Ils p…
    https://threadreaderapp.com/thread/1280973285363200006.html

    12b. Macron a enfin commencé à aborder ce sujet hier, un bon point. Il aurait cependant dû parler du fait qu’une proportion significative de personnes infectées, MÊME jeunes et non hospitalisées, finissent en malades au long cours (symptômes incapacitants pendant des mois).

    13. SARS-CoV-2 peut infliger un large éventail de dommages (sanitaires, socio-économiques, politiques, etc.) à une société, tout simplement parce qu’un degré trop élevé de circulation d’un pathogène aussi redoutable entrave le fonctionnement ordinaire de la vie sociale.
    14. Maintenant, il est urgent d’arrêter les conneries, d’arrêter les frais et de devenir un peu sérieux dans la gestion de cette pandémie, parce que le fiasco de la deuxième vague, après celui de la première, va entraîner une casse énorme dans la société.
    15. Donc, proposition : pour gérer au mieux cette crise, à partir de maintenant, faisons ce qu’ont fait tous les pays sérieux — adoptons une stratégie de suppression de SARS-CoV-2.
    [16. Vous pouvez lire la suite sur ce lien (page HTML), ou en-dessous, selon votre convenance.

    Merci quand même de RT le premier message de ce fil si vous avez trouvé la lecture intéressante.]

    Thread by @Panda31808732 : 1. La France doit supprimer sa deuxième vague. #Suppression #RemiseÀZéro #Reconfinement La tragédie de la deuxième vague, c’est qu’elle ne se produit pas tant qu’on la craint…
    https://threadreaderapp.com/thread/1316836435144646657.html

    17. Distinguons 4 notions :
    a) éradication : zéro cas de Covid-19 sur Terre
    b) élimination : zéro cas résultant d’une transmission domestique persistante (plusieurs générations d’infections) sur un territoire donné
    c) suppression : contrôle de la circulation du virus pour maintenir durablement la transmission domestique sous un seuil (très) bas donné
    d) atténuation : passage au ralenti du virus dans la population pour ne pas saturer les capacités du système de santé

    19. L’éradication est hors de portée, et il est probable qu’on n’y parvienne jamais.

    L’élimination est une modalité de la suppression (élimination = suppression jusqu’à zéro).
    20. La suppression se fixe un objectif, par exemple "pas plus de X cas par jour/semaine sur une zone donnée," et déploie des mesures de contrôle pour s’y tenir. Lorsque ce seuil est dépassé, on déclenche aussitôt des mesures supplémentaires de contrôle de l’épidémie.
    21. L’atténuation est l’option par défaut (SARS-CoV-2 est un pathogène au cours naturel si dévastateur qu’aucun pays n’est dans un laisser-faire total).
    22. Un tableau pour synthétiser les options stratégiques possibles face à SARS-CoV-2. 

    Toute la question stratégique se résume à : quels coûts payer, par qui, pendant combien de temps et pour quels résultats (espérés… et réels).

    23. La France suit une stratégie d’atténuation horriblement mal exécutée. L’absence totale de contrôle en février/mars a forcé au confinement, et la perte de contrôle depuis juillet (exponentielle pendant 14 semaines sur 15) signale un nouvel échec.

    24. On peut aussi considérer que la France, avec d’autres, a innové et inventé une nouvelle catégorie épidémiologique. On pourrait l’appeler la stratégie de la flottaison : un savant mélange de navigation à vue et de n’importe quoi multiplié par l’âge du capitaine.

    25. Il va bien falloir comprendre un jour que tant qu’on pensera cette pandémie à partir de l’hôpital, au lieu de prendre le problème À LA SOURCE (= les contaminations, quel que soit leur cours clinique), on ne s’en sortira pas.

    26. Car, comme le dit la sagesse populaire :

    (Surtout quand on ne sait pas guérir…)

    #LesBonnesAstuces

    #Dépister, #tracer, #isoler n’est pas une stratégie en soi, c’est un dispositif, une méthode qui peut servir différents objectifs stratégiques : élimination, suppression, atténuation (car même pour atténuer, il faut garder le contrôle et baisser la vitesse de circulation du virus).
    29. Ce qui est clair, comme le prouve de fait cette deuxième vague, c’est que la stratégie française ne garantit pas un contrôle suffisant du virus et donc une certaine continuité/stabilité de la vie sociale par temps de pandémie sévère.
    30. Donc il faut changer de braquet et durcir le contrôle exercé sur la circulation du virus — d’où la proposition de remise à zéro et de suppression ici.
    31. Est-ce que la suppression fonctionne ? Bien sûr, elle a été mise en œuvre avec succès dans de nombreux pays, avec des outils variés. Quelques exemples de pays de l’OCDE ou asiatiques.
    32. [Note : je ne prends pas d’exemples venus d’Afrique, car les sociétés sont différentes : moins urbanisées, plus jeunes, etc. Mais on aurait aussi des leçons de gestion à recevoir de certains pays africains, qui ont été bien meilleurs qu’ici.]

    #covid-19

    • la page tronquait le thread (panne de twitter hier alors qu’il y a 193 touits...), ce n’est plus le cas

      Il y a bien sûr des réponses qui se font l’écho de ce que l’on entend beaucoup (dans mon milieu familial compris) : « ce n’est pas une exponentielle si on prend le critère décisif d’une épidémie, le nombre de morts », avec courbe(s) à l’appui, comme il se doit

    • Je crois que fondamentalement, les gens (et les journalistes et les politiciens) pensent que « croissance exponentielle », ça veut dire « qui augmente très rapidement ». Pas le fait qu’on double à intervalle régulier.

      D’ailleurs quand quelqu’un poste une courbe sur une échelle logarithmique sur Touiteur (graduée 1, 10, 100, 1000), ça ne manque pas : quelqu’un vient faire remarquer que la courbe est… fausse.

  • In the fallout from COVID-19, Latin America risks losing its remittance lifeline - Equal Times
    #Covid-19#migrant#migration#remise#Ameriquelatine

    https://www.equaltimes.org/in-the-fallout-from-covid-19-latin
    https://www.equaltimes.org/local/cache-gd2/b0/b6d445029e1f5ea863f40718511e95.jpg?1592976615

    The average minimum wage in Venezuela as of May 2020 was 400,000 bolívares a month (approximately US$2.33 using historical exchange rates), supplemented by an additional 400,000 bolívares in food vouchers. Even with two jobs and a degree in chemical engineering, Cubillan struggled to make a living. Instead, he now zips across Buenos Aires as a delivery driver. Though far from the dreams he had for himself, it is more than he could have done at home.

  • Bangladesh faces a remittances crisis amid COVID-19 | World Economic Forum
    #Covid-19#migrant#migration#Bangladesh#remises

    https://www.weforum.org/agenda/2020/06/bangladesh-faces-a-remittances-crisis-amid-covid-19

    The coronavirus pandemic highlights the need for better cooperation over migration.
    Bangladesh has offered incentives to encourage expatriate workers to send their money through legal channels.
    Public bodies and remittance services providers must improve access to digital solutions.

  • Nepal faces a crisis as COVID-19 stems the flow of remittances | World Economic Forum
    #Covid-19#migrant#migration#nepal#remises

    https://www.weforum.org/agenda/2020/06/nepal-faces-a-crisis-as-covid-19-stems-the-flow-of-remittances

    Remittances represent more than a quarter of Nepal’s economic output.
    The pandemic means migrant workers have swapped the risk of death or injury at work with the reality of poverty and homelessness.
    Financing a shift from subsistence to commercial farming could help prevent food shortages and stimulate employment.
    Digitization could make migrant workers more resilient to shocks.

  • Remittances set to drop 30% in 2020 ; Philippines, Egypt among most exposed | ZAWYA MENA Edition
    #Covid-19#migrant#migration#Monde#remises

    https://www.zawya.com/mena/en/business/story/Remittances_set_to_drop_30_in_2020_Philippines_Egypt_among_most_exposed-ZAWYA

    During the global financial crisis (GFC), remittances fell by about 5 percent. As the COVID-19 recession affects even more countries simultaneously, especially host countries in the emerging markets, a drop of 20-30 percent seems possible, a latest report from Institute of International Finance (IIF) said.

  • UN agency says COVID-19 an opportunity to fix remittance system
    #Covid-19#migrant#migration#remises#caraibes

    http://www.jamaicaobserver.com/news/un-agency-says-covid-19-an-opportunity-to-fix-remittance-system_195

    ROME, Italy (CMC) — The International Fund for Agricultural Development (IFAD) says that the COVID-19 pandemic is both a challenge and an opportunity to fix the remittance system in the Caribbean and other places.

  • Impact of COVID-19 on remittances
    #Covid-19#migrant#migration#Nepal#remises

    http://thehimalayantimes.com/opinion/impact-of-covid-19-on-remittances

    According to the World Bank’s latest Migration Brief, global remittances are expected to take a dramatic fall by about 20 per cent to US$ 445 billion in 2020 from US$ 554 billion in 2019 due to the economic crisis brought about by the COVID-19 pandemic along with the lockdowns. This decline, the sharpest drop in recent history, is largely attributed to a decrease in the wages and employment of migrant workers. Remittances to low and middle-income countries (LMICs), on the other hand, are also estimated to go down by 19.7 per cent to $445 billion, signifying a loss of a key financing lifeline for many vulnerable households. Despite this decline, remittance flows are expected to become even more crucial as a source of external financing for LMICs as the decline in foreign direct investment (FDI) is expected to be bigger, that is, more than 35 per cent owing to the travel bans and disruption in international trade, among others.

  • Appel de la Suisse à agir contre la chute des transferts de fonds vers les pays à faible revenu
    #Covid-19#migrant#migration#Suisse#remises#Monde

    https://www.tuniscope.com/article

    De nombreux migrants résidant à l’étranger transfèrent régulièrement une partie de leurs revenus à leurs familles restées dans leur pays d’origine.

  • Opinion: How to fill the remittance gaps left by COVID-19 | Devex
    #Covid-19#migrant#migration#remises#Monde

    https://www.devex.com/news/opinion-how-to-fill-the-remittance-gaps-left-by-covid-19-97228
    https://lh6.googleusercontent.com/IR0_5ttUvHX6X1vH5FKADrhK6BeHeRsuIr7--F-R-DgfTsdMLfBnjJNQF7z_g

    When we think of the African diaspora, we often imagine large networks across Europe or North America and the indelible contribution they play to national culture and society. But get in a taxi in Cape Town, South Africa, and there is a high chance your driver is from Malawi, Nigeria, or the Democratic Republic of the Congo.

  • UNCDF and UNDP join forces to improve flow of remittances and counter socio-economic impacts of COVID-19 | UNDP
    #Covid-19#migrant#migration#Monde#remise#ONU

    https://www.undp.org/content/undp/en/home/news-centre/news/2020/UNCDF_UNDP_to_improve_remittances_and_counter_impacts_COVID19.html

    New York – The United Nations Capital Development Fund (UNCDF) and the United Nations Development Programme (UNDP) today announce their joint support for a Member State-led initiative to call on policymakers, regulators and remittance service providers to improve migrants’ access for sending and receiving remittances, and to reduce transfer costs during the ongoing pandemic of COVID-19 outbreaks.

  • Coronavirus threatens Philippines’ ‘economic lifeline’ of OFW remittances | South China Morning Post
    #Covid-19#migrant#migration#Philippines#remise#retour

    https://www.scmp.com/week-asia/economics/article/3084642/coronavirus-threatens-philippines-economic-lifeline-ofw

    An estimated US$30 billion was sent home by overseas Filipino workers in 2019 – a figure that could be set to plummet by up to 20 per cent
    Thousands of workers who lost their jobs in the wake of the pandemic are now returning home to uncertainty and economic hardship

  • En plus du coronavirus, la pauvreté menace les travailleurs migrants centrasiatiques
    #Covid-19#migrant#migration#Russie#coincé#remises

    https://www.novastan.org/fr/kirghizstan/en-plus-du-coronavirus-la-pauvrete-menace-les-travailleurs-migrants-centra

    Alors que les mesures de confinement sont progressivement levées en Russie, des milliers de travailleurs migrants centrasiatiques ne peuvent reprendre le travail, mettant à mal la survie des communautés restées au pays.

  • Covid-19: Remittances to Kerala expected to decline - Times of India
    #Covid-19#migrant#migration#Inde#remise

    https://timesofindia.indiatimes.com/business/india-business/covid-19-remittances-to-kerala-expected-to-decline/articleshow/75607214.cms

    KOCHI: As a result of COVID-19 crisis, remittances to Kerala will drop by 15% in 2020, says S Irudaya Rajan, the noted academic in the field of migration. According to the original estimate, the remittances should have reached Rs 1 lakh crore during 2020.

  • ’Remittance homes’ continue in Guatemala, despite COVID-19 - CSMonitor.com
    #Covid-19#migrant#migration#remise#Guatemala

    https://www.csmonitor.com/World/Americas/2020/0507/Working-thousands-of-miles-from-home-to-build-a-new-one
    https://images.csmonitor.com/csm/2020/04/REMITTANCE_HOMES+LEDE%20PIC.jpg?alias=standard_900x600

    Even as deportations continue, and COVID-19 shutdowns reduce work for migrants, “remittance homes” keep rising in Guatemala’s highlands. They’re symbols of the resilience – and fragility – of the American dream.

  • No Remittance, Likely Contagion: Reverse Migration of 10 Lakh
    Workers Will Test Bihar’s Ability to Feed, Cure - News18
    #Covid-19#Inde#Bihar#migrant#migrationinterne#retour#remise

    https://www.news18.com/news/india/no-remittance-likely-contagion-reverse-migration-of-10-lakh-workers-will-tes

    Since the state-run hospitals have only 390 specialist doctors, 469 general doctors and 566 nurses, the Nitish Kumar government has asked private hospitals to stop OPD services and remain prepared for coronavirus patients.

  • Expert says COVID-19 will impact remittances to Caribbean
    #Covid-19#migrant#migration#remises#caraibes

    http://www.jamaicaobserver.com/news/expert-says-covid-19-will-impact-remittances-to-caribbean_192983

    DENVER, United States (CMC) – A senior official of WorldRemit, the London-based digital money transfer company, says overall remittances to the Caribbean will be severely impacted this year as a result of the novel coronavirus disease (COVID-19) pandemic.

  • Banque mondiale : Chute de 20% des envois de fonds des migrants dans le monde | Webmanagercenter
    #Covid-19#Monde#remises#migrant#migration
    https://www.webmanagercenter.com/2020/04/25/449065/banque-mondiale-chute-denviron-20-des-envois-de-fonds-des-migrants

    Les envois de fonds des migrants dans le monde devraient chuter d’environ 20% en 2020, plombés par la crise économique induite par la pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement, indique la Banque mondiale dans un communiqué récemment publié sur son site.

  • World Bank Forecasts Philippine Remittances to Drop 13% in 2020 - Bloomberg
    #Covid-19#Europe#remise#Philippines#migrant#migration

    https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-04-24/world-bank-forecasts-philippine-remittances-to-drop-13-in-2020-k9dp8xo4

    The World Bank predicts remittances to the Philippines will fall about 13% this year, Dilip Ratha, senior financial economist in Washington, said in an e-mailed reply to questions.

  • Economic Freeze Cuts Remittances, a Lifeline for Migrants’ Families - The New York Times
    #Covid-19#migrant#migration#Monde#Mexique#remise

    https://www.nytimes.com/2020/04/25/world/americas/virus-migrants-mexico-remittances.html

    Migrant workers globally send hundreds of billions of dollars home every year. The economic paralysis with the coronavirus pandemic threatens that.

  • Coronavirus forces Philippine workers to return home, depriving families of income

    The worldwide surge in job losses has upended the US$690 billion global remittance industry, an essential support for many developing economies
    Remittances to the Philippines reached US$30 billion last year, making it one of the biggest foreign-exchange earners after exports
    For millions of Filipinos, money sent home by a relative working overseas can make the difference between hunger and survival. This year, those funds may not arrive.
    With coronavirus bringing the global economy to a standstill, planes carrying workers from abroad back to the Philippines
    have become a common sight at Manila’s airport. The government has repatriated more than 17,000 Filipinos who lost their jobs because of lockdowns abroad. Thousands more are believed to have returned on their own, while others who’ve lost jobs choose to wait it out overseas.
    Beverly Pacultad, 40, returned March 23 from Hong Kong, where she’d been employed as a domestic helper.
    The mother of three had arrived in Hong Kong in November, hoping to save enough to send her oldest daughter to college. She earned twice as much looking after a toddler there as she did as a teacher in Manila, and was able to remit about 40,000 pesos (US$788) to her family. When the pandemic struck
    and Hong Kong shut schools and businesses, her employer – a Chinese family – decided to return to the mainland, no longer needing her services.
    #Covid-19#migrant#migration#Hongkong#Philippines#travailleurmigrant#retour#remisemigratoire
    https://www.scmp.com/news/asia/southeast-asia/article/3080834/coronavirus-forces-philippine-workers-return-home