• Comment la police veut combattre les black blocs , Jean-Marc Leclerc
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-la-police-veut-combattre-les-black-blocs-20201218

    Des black blocs marchant devant un scooter en feu, lors de la manifestation des « gilets jaunes », le 12 septembre à Paris. Xeuhma/Hans Lucas via AFP

    ENQUÊTE - Le combat qui s’engage pour tenter de contenir les #casseurs sera de longue haleine. Plusieurs options sont sur la table.

    « Force reste à la loi. Plusieurs centaines de casseurs étaient venues pour commettre des violences. La stratégie de fermeté anticasseurs - 142 interpellations et encadrement du cortège - a permis de les en empêcher, de protéger les commerçants ». Le tweet volontariste du ministre de l’Intérieur après la #manifestation parisienne du 12 décembre dernier contre la loi « sécurité globale » masque une autre réalité : pour parvenir à ce résultat, il a fallu mettre sur le terrain trois policiers ou gendarmes par casseur. Il y avait 500 casseurs sur le pavé parisien ce samedi-là et 3 000 membres de forces de l’ordre, dont une moitié mobilisée sur l’essaim des enragés venus en découdre.

    « Près de 150 interpellations dans un cortège de 5 000 manifestants, c’est bien, mais après les gardes à vue, l’essentiel des interpellés échappera à une peine effective, faute de preuves suffisantes, aux yeux des magistrats du siège », spécule un professionnel du #maintien_de_l’ordre.


    Comment l’épisode Notre-Dame-des-Landes sert de laboratoire à la Chancellerie, Paule Gonzalès
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-l-episode-notre-dame-des-landes-sert-de-laboratoire-a-la-chanceller
    Des forces de l’ordre face à des zadistes, le 17 mai 2018. GUILLAUME SOUVANT/AFP

    DÉCRYPTAGE - À l’époque, les parquets de Nantes et de Saint-Nazaire étaient confrontés à des difficultés aujourd’hui récurrentes dans les manifestations.


    Classique : Au “Figaro”, un journaliste [Jean-Marc Leclerc] qui connaît très bien l’Intérieur, 28/11/11
    https://www.telerama.fr/medias/au-figaro-un-journaliste-qui-connait-tres-bien-l-interieur,75644.php
    ...désigné en 2011 par un ministre de l’intérieur comme "personnalité qualifiée" pour être membre d’un "groupe de travail sur l’amélioration du contrôle et de l’organisation des bases de données de la police [!]"...

    #police #renseignement_opérationnel #black_bloc #justice #Judiciarisation

    #paywall (il doit manquer des morceaux)

    • Clappings, fumigènes, « ACAB »... Dans les manifestations, l’influence des supporteurs « ultras » au sein du black bloc, Abel Mestre (...)
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/19/violences-pendant-les-manifestations-des-supporteurs-de-football-ultras-deso

      Les supporteurs de football radicaux sont de plus en plus présents dans le cortège de tête. Le phénomène s’est amplifié pendant le mouvement des « gilets jaunes », puis avec celui contre la loi « sécurité globale ».

      A première vue, la scène est classique. Le 28 novembre, lors de la manifestation parisienne contre la loi « sécurité globale », des manifestants affrontent les forces de l’ordre, comme c’est devenu la règle à chaque manifestation depuis le mouvement contre la loi travail, en 2016. Ils font partie du cortège de tête et sont adeptes de la stratégie du black bloc, où des militants radicaux se réclamant de l’antifascisme, de l’anarchisme ou de l’autonomie revêtent une tenue entièrement noire, masques ou cagoules compris, afin de ne pas être identifiables. Mais, si l’on s’attarde sur les détails, ce qu’il se passe ce jour-là semble incongru. La charge se fait derrière une banderole qui est bien particulière : elle représente un portrait de Diego Maradona, joueur de football argentin et idole d’une partie de la gauche, mort trois jours plus tôt.

      Cette irruption du football dans une manifestation politique n’est pas anecdotique. Elle marque les liens forts qui unissent depuis plusieurs années, notamment à Paris, une partie des supporteurs radicaux des tribunes, les ultras, et ceux du mouvement social. Les « ultras » – qui soutiennent de manière collective et organisée leur équipe avec des chants, des slogans et des scénographies, pour qui la violence est acceptée mais n’est pas une fin en soi, contrairement aux hooligans – étaient ainsi présents dans les cortèges contre la loi travail il y a un peu plus de quatre ans, pendant le mouvement des « gilets jaunes » en 2018-2019 et, donc, cette fois-ci contre la loi « sécurité globale ». Edouard (le prénom a été changé), la petite trentaine, supporteur du PSG et qui manifeste dans le cortège de tête, confirme : « Il y a pas mal d’ultras qui viennent des tribunes. Cette fois-ci, c’est dans de plus fortes proportions : il y en avait 30 à 50 en première ligne aux dernières manifs. »

      Plus encore que numériquement, l’influence ultra se note dans certains codes repris dans les cortèges : des chants rythmés par des clappings (comme le chant Siamo tutti antifascisti, « nous sommes tous antifascistes »), la généralisation des fumigènes (utilisés par les seuls cheminots dans les années 1990) et, surtout, le mot d’ordre « ACAB ». Cet acronyme signifie « All Cops Are Bastards » (« Tous les flics sont des bâtards »). On peut le retrouver dans sa déclinaison numérique (« 1312 », selon l’ordre des lettres dans l’alphabet), voire dans une version « horaire » avec, parfois, des rassemblements convoqués à 13 h 12. Il est peu à peu devenu un signe transversal de ralliement et de sentiment antipolice.

      Des codes « spectaculaires »

      Au départ, ACAB est une chanson d’un groupe skinhead londonien, The 4-Skins, sortie au début des années 1980. La première fois que des ultras le reprennent sur une banderole, c’est à Padoue, en Italie, dans les années 1990. Sa déclinaison numérique est quant à elle l’idée des supporteurs de Livourne. « Les ultras importent des codes, une nouvelle manière de faire. Ces codes sont repris car ils sont spectaculaires dans l’espace public, encore plus dans une manifestation, explique au Monde Sébastien Louis, docteur en histoire contemporaine, spécialiste du supportérisme radical. Chez les ultras, il y a une cohésion de groupe, où le collectif est mis en avant par rapport aux individualités. Il y a aussi des personnes prêtes à aller au contact, qui sont disposées à la violence. C’est quelque chose que les militants d’extrême gauche n’ont pas, à part dans les manifs. »

      Olivier Laval, ancien ultra parisien, qui collabore à Encré dans la tribune, revue spécialisée sur ce thème, détaille : « Les ultras ont une aptitude à faire face aux forces de l’ordre. Aucun segment de la population n’est autant confronté au maintien de l’ordre qu’eux. Quand, toutes les semaines, tu vois des CRS ou des gendarmes mobiles, ils ne t’impressionnent plus. Ils savent se fondre dans la masse pour ne pas se faire repérer, leur mode opératoire est fait de petits groupes mobiles. »

      Le sigle « ACAB » est, en tout cas, passé des tribunes aux cortèges. La multiplication des affaires de violences policières, aussi bien pendant les manifestations qu’en dehors, joue ainsi un rôle de ciment pour des contestations protéiformes qui dépassent les structures traditionnelles syndicales et partidaires. Les images d’affrontements avec les forces de l’ordre lors des manifestations peuvent également attirer des supporteurs au départ peu politisés, pour qui le réflexe « antiflic » reste une base de la culture ultra.

      Ce mélange des genres n’est pas nouveau. Il est même consubstantiel aux ultras. Cette mouvance est née dans l’Italie de la fin des années 1960. Pour la première fois, des jeunes tifosi s’organisent au sein de groupes aux noms provocateurs comme les Fedayn (AS Roma) ou les Brigate rossonere (« brigades rouges et noires ») du Milan AC. Certains d’entre eux reprennent même le geste mimant le pistolet P38, comme dans les cortèges de la gauche extraparlementaire de l’époque. « Il s’agit davantage d’une source d’inspiration et d’une récupération des noms et des symboles que de l’expression immédiate d’une culture politique. Les ultras ne sont pas des courroies de transmission des organisations extraparlementaires qu’ils parodient », nuance Sébastien Louis, dans son livre référence Ultras, les autres protagonistes du football (Mare et Martin, 2017).

      En près de cinquante ans, les interactions entre ultras et contestation politique ont cependant évolué, voire ont changé de nature : en Europe, les idées d’extrême droite ont peu à peu gagné les esprits, en particulier en Italie (Vérone, Lazio Rome, entre autres) ou encore en Grèce. Au Moyen-Orient, les ultras ont joué un rôle important lors de la révolution égyptienne de 2011 contre le régime d’Hosni Moubarak. Ces supporteurs deviennent, ici ou là (Turquie, Tunisie…), des acteurs politiques évoluant hors des structures institutionnelles.

      Une « porosité limitée »

      En France, dans la géographie des virages ultras, Paris est une exception. Pourquoi certains ultras viennent-ils aujourd’hui dans le cortège de tête ? La polarité entre les tribunes Auteuil du Parc des Princes (dont les abonnés sont souvent issus des quartiers populaires et ont, au fil du temps, assumé un discours antiraciste) et Boulogne (où de nombreux supporteurs, par le passé, étaient d’extrême droite) a joué il y a quelques années le rôle d’un catalyseur, d’un accélérateur de conscientisation politique.

      Pour comprendre ce phénomène, il faut revenir aux années 2005-2010 et à la « guerre des tribunes parisiennes ». Les ultras d’Auteuil prenant de plus en plus de poids, les incidents et les affrontements se multiplient et s’intensifient avec leurs rivaux de Boulogne, en particulier les hooligans. Jusqu’au 28 février 2010, où une bagarre entre les deux tribunes laisse un blessé grave, Yann Lorence, du kop de Boulogne. Il mourra après trois semaines de coma. A la suite de ces événements, le président du PSG de l’époque, Robin Leproux, met en place son plan de sécurisation du stade, les ultras se retrouvant « à la rue ». Edouard se souvient : « L’antagonisme avec Boulogne a radicalisé une minorité à Auteuil. C’est comme ça que j’ai rencontré des militants, en allant traîner à Ménilmontant [quartier parisien où les antifascistes sont implantés]. »

      Sébastien Louis confirme : « Paris est un cas spécifique en raison de l’opposition entre les Tigris Mystic [groupe de la tribune Auteuil, aujourd’hui dissous] et Boulogne, de la violence qui a continué autour du stade [en 2010]. » Il poursuit : « C’est vrai qu’il y a des signes de politisation, comme la banderole à Auteuil dénonçant la politique extrêmement répressive de la Chine contre les Ouïgours [en 2019], mais il faut rester prudents. Certains ultras fréquentent des activistes de gauche, ils se nourrissent. Mais la porosité est limitée. Peu d’ultras sont militants et peu de militants sont ultras. » En clair : si des ultras participent à certaines manifestations, la grande majorité se tient très éloignée de la politique. Certains préfèrent ainsi les actions caritatives, comme à Saint-Etienne où ils distribuent des colis alimentaires.

      « Rupture générationnelle »

      Il n’empêche. La situation des tribunes parisiennes a contribué à l’émergence d’une nouvelle génération de militants, dont l’Action antifasciste Paris-Banlieue (AFA) est la composante la plus connue. « Il y a eu une rupture générationnelle dans le mouvement antifasciste parisien, confirme Marco (le prénom a été changé), 33 ans, qui évolue dans ces milieux. Avant, c’était très influencé par le punk rock et les redskins [skinheads d’extrême gauche], la CNT [Confédération nationale du travail] était hégémonique. Le nouveau mouvement antifa naît avec une génération tournée vers le stade, notamment à Auteuil, qui est fortement implantée en banlieue et qui a plus une culture rap. Le lien se fait au moment de “la guerre des tribunes”, où des gens du stade sont venus avec les antifas pour aller trouver les mecs de Boulogne. » A en croire certains activistes du cortège de tête, il y a aujourd’hui une « agrégation » entre les militants « autonomes, des “gilets jaunes”, des gens qui viennent du stade. Et les antifascistes font le lien ».

      Il est vrai qu’une des particularités de l’AFA est d’être à la confluence de ces divers mouvements. Ses militants théorisent l’idée d’« autodéfense populaire », qui entend combattre, selon leur terminologie, « les aspects fascistes » du régime politique français, notamment, selon eux, les violences policières dans les quartiers populaires ou la « justice de classe ». Une répression qui s’exprime, toujours selon ces militants, d’abord dans les quartiers populaires mais aussi envers les supporteurs de football, avant de se généraliser à l’ensemble du mouvement social. En découle une convergence des objectifs contre un système qui s’incarne dans un adversaire commun : le policier.

    • « Le black bloc est difficile à cerner, il s’agrège et se défait au gré des événements » , Sylvain Boulouque, historien, 29 avril 2019
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/29/le-black-bloc-un-ensemble-heterogene-aux-traditions-politiques-bigarrees_545

      Plusieurs générations et traditions politiques cohabitent au sein de cette mouvance qui pratique l’émeute urbaine pour lutter contre le capitalisme, explique l’universitaire Sylvain Boulouque dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. Depuis maintenant une vingtaine d’années, dans de nombreuses manifestations et partout dans les démocraties libérales, un nouveau groupe est apparu dans les cortèges : le black bloc, qui se présente comme une nouvelle pratique de l’anticapitalisme, en réplique aux nouveaux moyens de surveillance et de contrôle, et aux mutations de l’économie mondiale.

      Le black bloc est avant tout une pratique manifestante. Formés de plusieurs dizaines ou centaines de personnes qui se masquent le visage et se couvrent de vêtements noirs, ces groupes cherchent à faire reculer les barrages policiers et à ouvrir un trajet non officiel aux manifestations. Ils assument et s’efforcent de banaliser un niveau de violence urbaine impliquant des risques élevés, tant pour les membres des forces de l’ordre que pour eux-mêmes, et pour les manifestants de base pris dans les affrontements.

      De plus en plus souvent mixte – la présence de femmes y est en augmentation –, le black bloc est difficile à cerner, tant politiquement que socialement.
      Au-delà de l’aversion commune envers le « capitalisme », il recrute sur des bases plus affinitaires que strictement idéologiques. Il s’agrège et se défait au gré des événements. Défiant l’ordre public, il s’en prend à tout bien matériel susceptible de symboliser le libéralisme économique et laisse derrière lui, inscrits au fil des dégradations, des slogans souvent rédigés dans une veine sarcastique.

      Anonymat

      Le black bloc n’a pas pignon sur rue. Si des appels explicites à l’émeute urbaine circulent et peuvent être relayés, notamment sur certains sites et sur les réseaux sociaux, ils ne sont pas signés et, comme la tenue noire, renvoient à l’anonymat. Ses membres, sauf exception, ne revendiquent jamais ouvertement leur participation.
      Pour pouvoir se mettre en ordre de bataille, le black bloc bénéficie de la bienveillance des autres manifestants qui, sans prendre part aux affrontements, protègent sa formation. Le « cortège de tête », informel, avec lequel il n’a pas de démarcation claire, est à la fois son refuge et sa protection.

      Dans ces groupes, plusieurs générations et plusieurs factions politiques cohabitent. Les plus anciens ont transmis l’expérience acquise depuis les années 1970. Si dans les deux décennies suivantes, les actions violentes sont devenues moins fréquentes, la culture de l’émeute n’a pas pour autant disparu.

      Anarchisme

      En Europe, ces pratiques renaissent à Gênes (Italie) en 2001 puis à Evian (Haute-Savoie) en 2003. Une nouvelle vague d’émeutiers émerge à Strasbourg, puis à Poitiers en 2009, rejoints ensuite par une frange des participants aux « zones à défendre » de Notre-Dame-des-Landes (loire-Atlantique) et de Sivens (Tarn) entre 2014 et 2018.
      S’y mêlent certains manifestants contre la « loi travail » en 2016, des participants aux mouvements universitaires de 2018, jusqu’à la « casse » d’ampleur du 1er mai 2018. Il semble falloir compter aujourd’hui aussi avec le ralliement de « gilets jaunes ».

      Le black bloc forme donc un ensemble hétérogène aux traditions politiques bigarrées, comme le résume le slogan « Beau comme une insurrection impure », renvoyant au mélange des appartenances et des révoltes. Il bénéficie de la mansuétude voire du soutien tacite d’une partie de la gauche radicale anticapitaliste.

      Les groupes se réclamant de l’anarchisme sont une composante importante, comme l’indiquent les drapeaux noirs et noir et rouge ainsi que le « A » cerclé bombé sur les murs. A la frontière entre anarchisme et marxisme, les différents courants héritiers de « l’autonomie » des années 1980, refusant les formes traditionnelles de la contestation politique, sont très présents.

      De manière toujours informelle et déterminée par des choix individuels, des membres et des sympathisants de diverses déclinaisons du marxisme, se réclamant pour quelques-uns du maoïsme et pour d’autres du trotskisme, participent aussi aux affrontements. Cette porosité – impensable jusque dans les années 1990 – s’explique par l’affaiblissement des barrières idéologiques, les solidarités de terrain l’emportant sur les appartenances politiques.

      Patchwork idéologique

      L’explication est à chercher dans leurs engagements spécifiques et notamment dans la sociabilité associative.
      Toujours sans aucune généralisation possible, les émeutiers peuvent appartenir à des nébuleuses variées : antifascistes radicaux, membres de collectifs contre les violences policières, aide aux migrants, écologie radicale, collectifs féministes, groupes de « solidarité internationale » avec les Palestiniens et les Kurdes, par exemple. La pratique sportive joue aussi un rôle, des sports de combat jusqu’au football, notamment à travers les clubs de supporteurs des villes ouvrières ou des quartiers populaires.

      Loin du cliché sur les émeutiers issus prioritairement des milieux intellectuels, le black bloc actuel est beaucoup plus divers dans sa composition sociale. Si les premières analyses des participants au début des années 2000 montraient un haut niveau d’études, les différents éléments aujourd’hui recueillis soulignent une présence plus forte des milieux populaires.

      Cette « sédimentation » insurrectionnelle repose également sur des cultures musicales partagées. Si les plus anciens ont baigné dans l’atmosphère du punk rock anglais, les générations récentes ont de nouvelles références, où les paroles et les concerts soulignent la détestation de l’ordre social.

      Les références historiques mises en avant témoignent aussi de ce patchwork idéologique : la Révolution française, la Commune de Paris restent incontournables mais s’y ajoutent les révoltes contemporaines. Les slogans utilisés soulignent le caractère bigarré d’une mouvance où se mêlent le vocabulaire propre aux banlieues, les clins d’œil aux séries télévisés, mais aussi la reprise d’aphorismes de René Char, comme « Agir en primitif et prévoir en stratège ».

      Le black bloc souligne l’hétérogénéité des formes de l’anticapitalisme contemporain. Ses participants sont pour beaucoup des enfants de la démocratisation scolaire. Majoritairement issus des banlieues proches et plus marginalement des centres-villes, beaucoup se sont formés à la politique sur les bancs de l’université.
      Les métiers qu’ils exercent recoupent en grande partie les classes moyennes. Ils renouvellent une volonté de rupture avec le fonctionnement de la société actuelle et s’inscrivent dans une forme de continuité, comme si les « enragés » d’hier étaient devenus les « ingouvernables » d’aujourd’hui.

      #anticapitalisme #black_bloc #analyse #histoire

    • Black blocs : qu’est-ce que la « violence légitime » ?
      https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/05/09/black-blocs-qu-est-ce-que-la-violence-legitime_5296478_4401467.html

      La violence est un état de fait, elle est aussi un problème de droit, analyse le professeur de philosophie Thomas Schauder. Sans une certaine dose de violence, l’ordre peut-il être respecté ? Et sans violence, l’ordre pourrait-il être renversé ?

      #violence_politique #violence_légitime

    • Black bloc : « La multiplication des manifestations a offert à certains l’occasion d’apprendre le cycle provocation-répression », Sylvain Boulouque, Historien
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/21/black-bloc-la-multiplication-des-manifestations-a-offert-a-certains-l-occasi

      Tribune. Contrairement à ce qui est généralement affirmé, le black bloc n’est pas un mouvement politique, mais une pratique manifestante, apparue d’abord dans la mouvance autonome allemande et qui s’est depuis développée dans la gauche émeutière européenne. L’un des premiers Schwarzer Blocks est apparu à Frankfurt, le 1er mai 1980. Il s’agissait d’un groupe anarchiste manifestant le visage découvert.

      L’expression est ensuite reprise par la police allemande pour désigner les autonomes tentant d’empêcher les expulsions des squats. Elle connaît une réappropriation positive dans les années 1990 et se dessine sous sa forme actuelle. Le black bloc est aujourd’hui une pratique manifestante internationale qui se retrouve aussi bien à Hongkong, à Barcelone, à Santiago…

      Les émeutiers ne se revendiquent pas forcément de cette mouvance. Cette pratique prend une tonalité particulière en France parce qu’elle s’inscrit dans la continuité de deux siècles d’émeutes urbaines depuis la Révolution française. En France, actuellement, de l’observation du phénomène black bloc, quelques constantes se dégagent.

      Une force capable de défier l’Etat

      Le bloc se constitue en avant ou dans le cortège au début ou au cours des manifestations. Pour se développer, il doit bénéficier d’un effet de surprise, d’un terrain et d’un milieu favorables. Le bloc se forme au sein d’une foule plutôt bienveillante, parfois appelée, en fonction de sa place dans la manifestation, « cortège de tête ». Il lui sert de zone de protection et de refuge. Ses participants s’habillent de noir pour rester dans l’anonymat et éviter toute personnalisation, par refus du principe du chef et parfois même par romantisme révolutionnaire.

      Les émeutiers se pensent et se constituent comme une force capable de défier l’Etat. Ses membres affirment une forme de désobéissance civile. Ils rejettent les manifestations imposées par les pouvoirs publics et s’inscrivent dans une logique révolutionnaire visant à rompre avec les pratiques dites réformistes des manifestations pacifiques. Le recours à la violence est une de ses expressions possibles. Il est l’affaire de choix individuels ; tous les manifestants physiquement présents au sein du bloc ne participent pas à l’émeute ou à des actions violentes, mais se montrent solidaires ou refusent de condamner les choix des autres.

      Force est de constater que les actions du black bloc ne sont médiatisées que lorsque certains de ses participants ont recours à la violence. Ainsi, peu de commentateurs ont fait état de l’existence d’un « pink bloc » lors de la manifestation féministe du 23 novembre 2019 à Paris ; personne, ou presque, n’a relevé qu’à Hambourg, le 6 décembre dernier, un black bloc de plus de 3 000 personnes a manifesté pacifiquement pour afficher sa solidarité avec cinq manifestants incarcérés lors de précédentes manifestations pour des actions violentes.

      Des émeutiers pas tous issus de la catégorie des CSP +

      Inversement, les dégradations sont filmées en direct avec une forme de fascination, voire une certaine délectation. Elles sont ensuite reprises en boucle et font l’objet d’une avalanche de déclarations politiques, traduisant les discours sécuritaires qui viennent étayer des projets de lois ou des discours politiques dans les traditions des mouvements de droite conservatrice ou nationaliste, sur lesquels se greffe une pseudo-analyse du phénomène black bloc, souvent éloignée des réalités sociopolitiques.

      Les émeutiers appartiendraient tous à la catégorie des CSP +, seraient des enfants de bonnes familles, voire des enfants d’enseignants. Or, excepté quelques cas isolés, rien ne permet de valider ces hypothèses. Régulièrement brandi par une partie de la sphère politique de gauche et de droite, le thème des provocations policières – les « casseurs » seraient manipulés pour discréditer les mouvements revendicatifs, voire certains d’entre eux seraient des policiers – relève, pour l’essentiel, de la fantasmagorie.

      Cette fantasmagorie rejoint des thèses avancées principalement par le Parti communiste français pour qualifier les actions des autonomes dans les années 1970, sans qu’aucune preuve n’ait été apportée, hormis la réalité de certaines infiltrations à des fins de surveillance. Dans la même logique, une partie de la mouvance antifasciste est parfois incriminée par l’extrême droite, qui, par un procédé rhétorique, cherche à jeter l’opprobre sur le mot même.

      Un reflet de l’évolution d’une partie de la société

      Si les tenues et les pratiques manifestantes peuvent parfois être proches et si quelques manifestants participent à ces actions, rien ne prouve que la majorité des militants qui se revendiquent « antifas » participent aux violences. L’accusation de laxisme de la justice bute sur la réalité des faits. Des dizaines de personnes ont été condamnées à des peines de prison ferme et plusieurs centaines ont été frappées d’interdiction, avec des mises à l’épreuve, de manifester ou de se rendre dans les villes le jour des manifestations depuis 2016.

      Ces débats biaisés empêchent de comprendre la nature et la transformation du phénomène. En effet, si le black bloc est une pratique manifestante, cherchant à renvoyer l’Etat à ses propres contradictions, il est aussi un reflet de l’évolution d’une partie de la société, la renvoyant à sa propre violence. La forme du black bloc semble en mutation, un reflet et une conséquence de la déshumanisation et de la crise sociale, d’une part, et de l’augmentation des violences policières, d’autre part.

      Comme la pratique émeutière se diffuse in situ, par l’expérimentation de la rue, la multiplication des manifestations a offert à de nouvelles générations l’occasion d’apprendre le cycle provocation-répression. Les anciennes générations cohabitent avec de nouvelles, dont le profil évolue. On assiste à un élargissement générationnel – des mineurs aux cinquantenaires –, quantitatif, et à une diffusion géographique du nombre de personnes pouvant potentiellement participer aux émeutes.

      L’émergence d’une nouvelle forme de conflictualité

      Les blocs se formaient principalement dans quelques îlots (Paris, le Grand-Ouest). Aujourd’hui, dans toutes les grandes villes se produit ce type d’action. Socialement, une mutation s’opère. Les informations qui émergent suite aux différents procès et aux comparutions immédiates montrent que toutes les catégories sociales se retrouvent devant la justice. Aux profils majoritairement d’étudiants et d’ouvriers qui composaient les accusés auparavant succèdent, devant les tribunaux, des individus aux situations encore plus précaires.

      Ils viennent non des centres-villes mais des banlieues et, plus encore, des périphéries. La socialisation politique évolue. Les nouveaux émeutiers se sont forgé une opinion de manifestation en manifestation. Les slogans et graffitis qui accompagnent les émeutes se sont modifiés. L’anticapitalisme demeure, mais le caractère sarcastique et symbolique des attaques s’est réduit, sans avoir totalement disparu.

      Cette mutation traduit l’émergence d’une nouvelle forme de conflictualité, illustration d’une rupture interne dans la violence politique et sociale, subie comme exprimée. Le caractère jusque-là codifié des émeutes tend à disparaître. La tendance actuelle est bien plus inscrite comme une forme de révolte contemporaine qui, faute de perspectives, verse dans le nihilisme.

      #autonomes #anticapitalisme #précaires

  • Les possibilités de #fichage de la #police discrètement élargies par trois #décrets

    Trois décrets publiés vendredi au #Journal_Officiel, et passés quasiment inaperçus, créent la polémique et l’inquiétude des défenseurs des libertés. Ils vont permettre aux #forces_de_l'ordre et aux renseignements de collecter beaucoup plus d’#informations et des données très personnelles.

    Ficher les #opinions_politiques de certains Français, les #orientations_sexuelles, la #pratique_sportive, les #comportements_religieux, les activités sur les #réseaux_sociaux, c’est une nouvelle prérogative des forces de l’ordre, grâce à trois décrets parus vendredi en toute discrétion. Concrètement, avec ces décrets, l’exécutif élargit les possibilités de fichage de certains services de police et de #gendarmerie.

    Il ne s’agit pas, théoriquement, de collecter des données de tous les citoyens, mais, selon le décret, de personnes « susceptibles de porter atteinte aux #intérêts_fondamentaux_de_la_Nation, à l’#intégrité_du_territoire, ou des #institutions de la République. Ou encore de constituer une #menace_terroriste ».

    Données relatives aux #troubles_psychologiques, psychiatriques

    Ces nouvelles données, concernant de nouvelles personnes, viendront grossir trois fichiers : le fichier #Prévention_des_atteintes_à_la_sécurité_publique (#PASP), le fichier #Gestion_de_l’information_et_prévention_des_atteintes_à_la_sécurité_publique (#GIPASP) et le fichier #Enquêtes_administratives_liées_à_la_sécurité_publique (#EASP). Ce dernier fichier est utilisé pour réaliser les #enquêtes_administratives_préalables à certains recrutements dans la #fonction_publique.

    Des voix s’élèvent aujourd’hui pour s’inquiéter du périmètre - notamment - très large accordé au recueil des données, sachant que pour les terroristes potentiels, il existe d’autres fichiers. Il est question aussi de mieux surveiller les personnes morales et les groupements, autrement dit les #associations.

    Quant au contenu des données collectées : ce ne sont plus seulement les activités politiques, religieuses, syndicales, mais dorénavant également les #opinions_politiques, les #convictions_philosophiques, religieuses, ainsi que les comportements et habitudes de vie, les #pratiques_sportives... Autant de notions intrusives, sur lesquelles la CNIL a demandé des précisions. Avis non pris en compte.

    Le #renseignement_territorial pourra également enregistrer des données relatives aux troubles psychologiques ou psychiatriques qui peuvent être considérées comme des atteintes au #secret_médical.

    « Les fichiers de police dont on parle ne sont pas des #fichiers_judiciaires, ce sont des fichiers qui sont gérés par la police, seule, pour la police, explique Arthur Messaud, porte-parole de La Quadrature du Net. Ce ne sont pas non plus des fichiers de #contre-terrorisme. On est dans la lutte contre les sectes, la lutte contre les hooligans et la lutte contre les violences autour des trafics de drogue, mais aussi toutes les luttes, les #violences ou les #manifestations non déclarées autour des #mouvements_idéologiques. Il faut bien comprendre que là, quand je dis #violence, c’est tel qu’interprété par la police. »

    « Ce n’est pas un #juge qui va qualifier des #infractions_pénales. Non, c’est la police toute seule pour ces renseignements à elle, qui va surveiller des gens qu’elle considère comme dangereux pour le pouvoir en place » - Arthur Messaud

    Le décret comporte également un couplet sur les réseaux sociaux

    Surveillance actée des activités sur ces réseaux avec possibilité de recueil des #pseudonymes et #identifiant, pas les mots de passe, uniquement les informations mises en ligne volontairement en source ouverte. Mais il sera possible de capter les commentaires et surtout les #photos, #reconnaissance_faciale non exclue.

    La CNIL souligne que le résultat devra être recoupé et qu’il ne suffira en aucune manière à lui seul à fonder une décision à l’égard de la personne.

    Ces décrets apparaissent comme une nouvelle encoche dans nos #libertés. A minima une bombe à retardement si notre histoire démocratique venait à vaciller.

    Il y a 12 ans, le #fichier_Edwige prévoyait de collecter - déjà - des informations sur les opinions des personnes fichées. Des mobilisations citoyennes avaient permis de modifier la donne et le gouvernement avait autorisé le recueil de fichier uniquement sur les activités politiques des personnes et non plus leurs #opinions.

    https://www.franceinter.fr/societe/les-possibilites-de-fichage-de-la-police-discretement-elargit-par-trois-
    #décret #France #données_personnelles

    ping @etraces

  • Éducation. #Samuel_Paty : le #rapport qui accuse la victime

    L’#enquête demandée par Jean-Michel Blanquer à l’inspection de l’Éducation nationale ne répond pas aux questions posées. Elle apporte un récit minutieux, mais biaisé, des faits. Le seul à avoir commis des #erreurs serait… Samuel Paty.

    « La #reconstitution du déroulement des #faits tend à montrer que, tant au niveau de l’établissement qu’aux niveaux départemental et académique, les dispositions ont été prises avec réactivité pour gérer le trouble initialement suscité par le cours sur la #liberté_d’expression de Samuel Paty. »

    La phrase figure en toutes lettres dans le rapport de l’#IGESR (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche) sur les événements ayant abouti à l’#assassinat, le 16 novembre, du professeur d’histoire-géographie, rendu public le 3 décembre. Comme on ne peut pas soupçonner a priori les inspecteurs du ministère de l’Éducation nationale d’un défaut de maîtrise de la langue, il faut prendre soin d’en bien saisir le sens.

    Dédouaner l’institution

    Ce rapport affirme donc qu’il s’agissait, non de protéger un enseignant contre une cabale venue de l’extérieur et qui a abouti à son meurtre, mais de « gérer un #trouble ». Et qu’est-ce qui a « suscité » ce trouble, selon les auteurs ? Non pas les agissements d’un père d’élève qui a publié des vidéos dénonçant le comportement du professeur et appelant à se rassembler devant l’établissement, ni ce que cet appel a entraîné, mais bien… « le #cours sur la liberté d’expression de Samuel Paty. »

    Le texte a beau nier, par ailleurs, que le professeur ait été à aucun moment mis en cause, notamment par l’inspecteur « référent laïcité » qui l’a rencontré le 9 octobre : la formulation choisie trahit l’intention véritable de ce travail. Il s’agit non de faire la lumière sur les #responsabilités et les éventuelles #erreurs des uns et des autres dans cette affaire, mais avant tout de dédouaner l’institution de toute responsabilité éventuelle. Comme l’affirmait Jean-Michel Blanquer, le 21 octobre devant le Sénat : « La logique du “#pas_de_vague” n’est plus la logique de l’#Éducation_nationale. » Vraiment ?

    Fragiliser, plutôt que soutenir

    Le rapport reconstitue de manière assez complète et jour par jour le déroulé des faits, depuis le 5 octobre et ce fameux cours d’#EMC (#éducation_morale_et_civique), jusqu’au terrible soir du 16 octobre. Il en ressort que dès le départ, l’affaire a été prise au sérieux par la hiérarchie directe de l’enseignant (et par la plupart de ses collègues) comme par les autorités académiques, ainsi que par les services du ministère de l’Intérieur – #Renseignement_territoriaux et commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. Ainsi lundi 12 octobre – donc dès le lendemain de la publication de la vidéo du père d’élève incriminant Samuel Paty – la conseillère sécurité du #rectorat de Versailles signale les faits au Renseignement territorial, qui alerte le #commissariat de #Conflans, lequel met en place rapidement des patrouilles de police devant le collège…

    Un point particulier sur lequel le rapport ne convainc pas, c’est quand il évoque les « #malentendus » auxquels a pu donner lieu l’action « d’accompagnement du professeur et de l’équipe pédagogique » par le #référent_laïcité. Dans une formulation alambiquée, il explique que ce n’est pas son action, mais son statut d’#IA-PR (Inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional) qui « a pu le cas échéant donner lieu à des malentendus sur le sens et la portée de sa démarche ». En clair : Samuel Paty a cru qu’on venait évaluer et juger son action, et non l’aider à faire face aux attaques dont il était l’objet. Rappelons à ce sujet que l’hebdomadaire Le Point a publié le 20 novembre un courriel envoyé par cet inspecteur, où il indiquait que Samuel Paty ne maîtrisait pas « les règles de la #laïcité ». Le rapport lui-même ne cache d’ailleurs pas que l’intervention de cet inspecteur a eu surtout pour effet de conduire Samuel Paty à reconnaître « la #maladresse qu’il avait pu commettre », en invitant les élèves qui ne souhaitaient pas voir les caricatures à sortir de son cours. Le genre de formulation qui, en effet, est largement de nature à créer un « malentendu »… et à fragiliser, plutôt que soutenir, Samuel Paty.

    Un aveu d’#impuissance

    Résultat de tous ces biais, le rapport aboutit à des #préconisations bien faibles – voire carrément à côté de la plaque – et qui, clairement, ne paraissent pas à la hauteur de l’enjeu : rassurer les enseignants en garantissant que de tels faits ne pourraient se reproduire. Améliorer la #communication – qui en l’occurrence à plutôt bien fonctionné ! – entre services de l’Éducation nationale et services de #police, mettre en place une « #cellule_opérationnelle_de_veille_et_de_suivi » quand une #menace est identifiée, « renforcer la #sécurisation_matérielle des établissements » (rappel : Samuel Paty a été assassiné à l’extérieur…) ou encore mettre en place des « cellules de veille des #réseaux_sociaux au sein des services académiques »… Tout cela sonne plutôt comme un aveu d’impuissance, si ce n’est d’#indifférence. Et montre surtout que seule une véritable #enquête_judiciaire pourra faire la lumière sur ce qui s’est passé à #Conflans-Sainte-Honorine entre le 5 et le 16 octobre. En attendant cet hypothétique débouché, on ne pourra que reprendre et partager la conclusion pleine d’amertume de François Jarraud, fin connaisseur de l’Éducation nationale, sur son site du Café pédagogique : « Tout a été parfait. Tellement parfait que le 16 octobre Samuel Paty était seul face à son assassin. »

    https://www.humanite.fr/education-samuel-paty-le-rapport-qui-accuse-la-victime-697181

  • Coronavirus : les services de renseignement craignent l’embrasement après le confinement - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/coronavirus-les-services-de-renseignements-craignent-l-embrasement-apres-

    Ils ont baptisé leur collectif « Refusons le retour à la normale ». Depuis le 4 avril, ces militants de la mouvance contestataire rennaise préparent des actions chocs à coups de slogans et invitations Facebook à des rassemblements… dont l’heure est connue (11 heures) mais pas le jour. Épidémie de coronavirus oblige. « Notre colère ne sera pas confinée. Retrouvons-nous dans la rue dès la fin du confinement ! scandent-ils sur les réseaux sociaux. Mettons le pouvoir en quarantaine ! »

    Voilà le type de messages qu’analysent quotidiennement les policiers des renseignements français depuis la crise sanitaire. Dans des notes confidentielles sur le « suivi de l’impact du Covid-19 en France », les agents du service central du renseignement territorial (SCRT) alertent sur le risque d’embrasement de la contestation sociale à la sortie du confinement. « Le jour d’après est un thème fortement mobilisateur des mouvances contestataires, lit-on dans ces analyses datées du 7, 8 et 9 avril. Le confinement ne permet plus à la gronde populaire de s’exprimer, mais la colère ne faiblit pas et la gestion de crise, très critiquée, nourrit la contestation. »

    #paywall...

    • C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avait évoqué jeudi « des réseaux d’ultra-droite et d’ultra-gauche très actifs, qui appellent à préparer un certain nombre d’actes », devant la mission parlementaire. Mais sans livrer plus de précisions.


      L’un documents appelant à des actions violentes qu’ont trouvé sur les réseaux les services de renseignement./DR

      Les notes du SCRT révèlent que des groupuscules de la mouvance autonome — tels « Nantes Révoltée » ou « Rouen dans la rue » — exploitent l’exaspération du monde médical face à la pénurie de masques et de matériel de protection. Et appellent ainsi « à une transversalité des luttes », qui associeraient « gilets jaunes et blouses blanches ».

      Des manifestations sont déjà prévues pour le premier samedi post-confinement ou le 21 juin, en hommage à Steve Maia Caniço, ce jeune mort en marge d’une opération de police controversée à Nantes l’an passé. Lors des grèves de novembre contre la réforme des retraites, des rapprochements avaient déjà été observés entre Gilets jaunes radicalisés et cheminots irréductibles.

      « Attestation de déplacement révolutionnaire »
      Dans l’attente de la sortie du confinement, les agents du renseignement anticipent « la création de comités de lutte entre personnes d’un même immeuble » ainsi « qu’une organisation commune à distance ».

      Ils ont constaté la diffusion d’une « attestation de déplacement révolutionnaire » éditée par un média alternatif bordelais se revendiquant des Gilets jaunes. Parmi les cases à cocher de ce document « à utiliser sans modération après le confinement » : « déplacements entre le domicile et le pouvoir indispensables à l’exercice d’émeutes », « participation à des commandos sur demande des assemblées populaires »…

      Selon les policiers du renseignement, ces mêmes collectifs d’ultra-gauche s’exaspèrent des modalités du confinement et y voient l’occasion d’afficher « leur hostilité envers les forces de l’ordre ». « La police représente une menace plus grande que le virus lui-même », assène un site militant radical, affirmant que « le confinement est utilisé pour harceler, humilier et parfois tuer ceux identifiés à risques pour le pouvoir : les habitants des zones pauvres. » Quand un autre site voit dans le projet de « tracking » des malades du Covid-19 « l’efficience de la techno-police » visant à « surveiller les corps et âme de la plèbe ».

      L’ultra-droite mobilisée
      Cette contestation trouve aussi un écho parmi les sympathisants de l’ultra-droite, dont les identitaires. « L’ultra-droite critique la politique anxiogène qui est menée depuis le début de la crise par des technocrates de l’Etat, visant selon elle à culpabiliser et à manipuler les Français », résument les agents du SCRT. Lesquels ont relevé des écrits appelant ouvertement à la révolte violente.

      « La France est une cocotte-minute […] Ce gouvernement macronien a-t-il conscience des sommes de haine et de colère qui s’accumulent ? […] Que les comportements collectifs pourraient se déchaîner contre lui avec toute la brutalité d’une mutinerie sanglante ? » prophétise par exemple un identitaire sur le site du groupuscule la Ligue du Midi. « Toutes les conditions sont réunies pour mettre à bas cette classe politique malfaisante », appuie un militant d’Égalité et réconciliation, estimant que « nous sommes en phrase prérévolutionnaire ».

      « Un risque avéré de rapprochement entre ultras radicaux et syndicats »
      Un membre des services de renseignement résume : « D’un côté, l’ultra-gauche interprète le confinement comme la mainmise de l’Etat et un supposé totalitarisme. De l’autre, l’ultra-droite nourrit fantasmes et théories du complot sur l’origine de la crise. Nous sommes très vigilants sur les formes que prendra cette contestation à l’issue. » D’un côté comme de l’autre de la mouvance, les sympathisants espèrent que la crise débouchera sur un nouveau modèle de société.

      Selon le SCRT, le concept de « jour d’après » séduit aussi les syndicats traditionnels, qui estiment « que la crise démontre les limites du néolibéralisme » où « seule la logique financière prime ». Les victimes économiques de la crise pourraient être tentées de descendre dans la rue.

      « Il y a un risque avéré de rapprochement entre ultras radicaux et syndicats dans les secteurs transport et énergie,° constate David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). °Des pans entiers de l’économie sont à l’arrêt forcé et d’autres en profitent, comme les grands groupes, ce qui crée encore des raisons au complotisme. »

    • pour une fois :-)

      pas de code : ma connexion rame et le paywall met une bonne minute à se mettre en place après affichage de l’intégralité de l’article…
      il m’a suffi d’interrompre le chargement

      (c’était souvent comme ça au début pour la presse nationale et certains titres de la PQR « bloquent » encore ainsi leur contenu, avec quelques variantes…)

    • Covid ou manif, jamais sans mon masque
      https://seenthis.net/messages/835466
      https://expansive.info/Covid-19-Nous-ne-pouvons-compter-que-sur-nos-solidarites-et-nos-resistan
      https://expansive.info/Refusons-le-retour-a-la-normale-2-2173
      vous faites pas chier avec le paywall et leparisen (tête de chien, policier) @expansive et @nantesrevoltee sont sur seenthis.
      expansive affiche le lien www.facebook.com/pasderetouralanormale/
      ett cui-là aussi https://seenthis.net/messages/839048
      et n’oublie pas le meilleur vaccin contre le pouvoir c’est la rue !
      https://kickingrecords.bandcamp.com/track/la-france-dort

    • Ça commence déjà à craquer …

      Bruxelles : affrontements en plein confinement, plus de 40 personnes en garde à vue
      Le décès d’un jeune homme de 19 ans après une course-poursuite avec la police, vendredi soir, à Anderlecht, a provoqué des affrontements dans ce quartier populaire de la capitale.

      http://www.leparisien.fr/faits-divers/bruxelles-affrontements-en-plein-confinement-plus-de-40-personnes-en-gard

      Le 11 avril 2020 à 22h12

      C’est un scénario cauchemardesque en plein confinement. La police belge a arrêté samedi 43 personnes qui avaient pris part à des violences après une collision mortelle entre une voiture de police et un jeune homme à scooter.

      Vendredi, dans le quartier d’Anderlecht, ce garçon de 19 ans prénommé Adil a croisé une patrouille de police qui lui a demandé de s’arrêter, en vain. Alors que les fonctionnaires ont pris en chasse le deux-roues, celui-ci est entré en collision avec une deuxième voiture de police. Son conducteur est mort sur le coup. Un scénario qui rappelle celui qui avait abouti aux émeutes de Villiers-le-Bel en 2007.

    • Contrairement à sa légende, je ne vois aucun signe de violence dans cette image, si la simple phrase #retrouvons_nous_dans_la_rue est devenue synonyme de violence ça présage …

      L’un documents appelant à des actions violentes qu’ont trouvé sur les réseaux les services de renseignement./DR

      #avec_masques #avec_foulards #avec_lunettes

    • et oui ça se présage … ces étrons assermentés sont violentés par le simple fait qu’un médecin montre son caducé pour certifier qu’il est bien médecin.

      Je comprends, au fil de la conversation, que ce n’est pas d’une verbalisation insensée et abusive dont il s’agit, mais de mon attitude « incivique » car j’aurais « utilisé ma fonction comme d’un Graal pour circuler ! »

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/30/la-policiere-l-attestation-et-les-gens-comme-ca_1783580
      https://seenthis.net/messages/836341

      #leur_travail_de_nazi

    • Retrouvons-nous dans la rue dès la fin du confinement ! scandent-ils sur les réseaux sociaux. Mettons le pouvoir en quarantaine ! »

      Dubitatif je suis ... parce que
      a) il n’y aura pas de réel fin de confinement avant longtemps
      b) avec quoi affronterons-nous les milices (sur)armées du #Macronistan et l’#état_policier ?
      c) ce n’est pas sur les « rézosocios » qu’on pourra efficacement organiser la « résistance ».
      d) on pourrait bien tous·tes se retrouver en #GAV avant d’avoir pu bouger le petit doigt.

    • Se promettre de se retrouver dans la rue masqué au moment du déconfinement, c’est appeler à ruser avec la légalité qui proscrit de se dissimuler le visage dans l’espace public à un moment ou le manque de masques est su de tous, ressenti par un grand nombre de gens. C’est revendiquer de se jouer de la loi à partir d’une situation qui autorise un tel jeu. Un appel à un illégalisme bien éloigné de l’optimisation fiscale ou d’autres pratiques du genre mieux tolérées par l’État. Là est la violence dont il est question pour la police. Rien d’étonnant alors à ce qu’une perspective de maintien de l’ordre considère qu’une telle violence peut en appeler d’autres et que ce soit l’ensemble de ces violences qui doivent être prévenues et réprimées, car sinon comment en limiter la puissance ?
      En plus des méthodes les plus connues (face aux manifs, aux occupations, aux grèves, aux actions), on peut s’attendre à toute sorte de coups tordus répressifs (compter sur des rivalités entre oppositionnels et les développer, par exemple, comme le fit le FBI contre les Black Panthers).

      Par ailleurs, je trouverais pas mal de pas coller du nazi partout. Ça banalise. Et on risque de ne plus distinguer bien les modalités diverses de la délation, des abus de pouvoir, des pratiques policières, de punition, de lois d’exception, d’autoritarisme d’État. Il me semble que fascisme est plus plastique, variable historiquement. Et qu’à propos de la police, la qualifier de fascisante est bien suffisant.

      Pour prévenir et réprimer le désordre qu’occasionnerait un grand nombre de manifestants masqués, les civils, les caméras de surveillance, les drones, et les salles de contrôle préfectorales auraient sans doute à être suppléées comme à Baltimore de moyens d’"enquête aérienne", comme à Baltimore, avec ses « trois avions équipés de caméras haute résolution au-dessus de la ville [dont] les systèmes d’imagerie peuvent photographier jusqu’à 32 miles carrés par seconde, permettant la reconstruction au ralenti de pratiquement tous les mouvements extérieurs. »
      https://seenthis.net/messages/842103
      Restera plus pour dérouter la police qu’à passer comme l’armée israélienne à travers les immeubles ? Rien de marrant, et c’est pas près d’arriver, même si les passages par les toits surveillés par hélicoptère lors d’affrontations en banlieue y invite, mais pas grand chose de nazi non plus.

      Pour ce qui est des manifs sous le confinement, il y eu celle des soignants de l’hosto de je ne sais plus où dans le Nord (restée sur la parking de l’hosto), celles des travailleurs des Baras à Montreuil. J’ai pas connaissance d’autre exemple.

      Pour ce qui est des affrontements avec la police, il y en a sporadiquement dans divers quartiers en ce moment aussi. Après trois morts lors d’opération de police (Béziers, Angoulème, Bruxelles) liées au confinement, on a affaire à Bruxelles à une des rares villes ou la banlieue est dans la ville (comme à Marseille), le populaire non trié en coeur de ville. C’est pas fréquent du tout, sauf de manière dispersée, diffuse, y compris à Paris même, ou comme petites enclaves, dans plein de villes, ce qui permet de cantonner et réprimer aisément les manifestations d’hostilité. On a plutôt des villes policées et des quartiers que l’on dit relégués où si des ripostes à la présence et à l’action de la police ont lieu, elles sont le plus souvent vouées à rester locales voire invisibles (contre exemple novembre 2005), sauf à faire l’objet de campagnes politiques (collectifs des blessés par la police Comité vérité pour Adama Traoré).

      @tintin, la police (et le journal) dit « vous allez voir, on va essayer de gérer un truc qui risque d’être gros », ils sont pas dans le rabâché « les extrêmes se rejoignent » mais alertent sur une contestation qui a deux visages, celui de la gauche extraparlementaire (si on peut encore parler comme ça...) étant présenté comme potentiellement plus composite et donc susceptible d’être ingérable, et celui de l’extrême droite activiste. Par là il désignent un adversaire principal qui n’est pas de droite. Pas étonnant les flics sont plutôt fachos et le l’État-patron en redemande.
      Quand la fascisation répond plus à une poussée révolutionnaire (cf Lazzarato), elle s’invente des menaces (cf @sombre : le risque est faible, cf @arno : avec son « camp », Lallement se pignole), entre intox et auto-intox.

      #ennemi_intérieur #lejourd'après

    • Confinement : l’extrême gauche prépare la révolte du jour d’après
      https://www.letelegramme.fr/bretagne/confinement-l-extreme-gauche-prepare-la-revolte-du-jour-d-apres-14-04-2

      À Rennes (35) comme à Nantes (44), l’extrême gauche prépare l’après confinement. Les services de renseignement estiment que la rentrée sociale de septembre sera plus compliquée que jamais.

      Emmanuel Macron l’a annoncé lundi soir, le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai. Pour les activistes membres de l’extrême gauche, cette prolongation sonne comme un nouveau coup de matraque permettant la poursuite d’une « expérimentation totalitaire » qui, sous couvert de bloquer l’épidémie de Covid-19, évite, en fait, « l’insurrection et la grève générale ». Pour contrer cela, les messages et les invitations se multiplient sur les réseaux sociaux.

      Les activistes appellent au rassemblement « insurrectionnel ». Créé le 4 avril à Rennes, le collectif « Refusons le retour à la normale » a déjà fixé le lieu et l’heure d’un premier rendez-vous de l’après confinement : 11 h - place de la République. Quant au jour, ce sera celui même du déconfinement.

      Le jour d’après, thème mobilisateur

      Dans le même registre, la reprise des « assemblées générales », censées faire converger les Gilets jaunes, les chômeurs et précaires en lutte, les membres du groupuscule d’ultra-gauche Défense collective, ainsi que des activistes féministes et des étudiants sont également programmées à 19 h à l’Hôtel-Dieu, le même jour.

      « L’interdiction de rassemblements a privé les militants d’extrême gauche de leur terrain de jeux, explique un policier rennais du service de renseignement territorial. C’est historique. Jamais, ils n’ont autant rongé leur frein. Donc, ils préparent le jour d’après. Après le confinement, la contestation sociale va reprendre, voire s’intensifier. Dans ce contexte, les propos de Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef sont une bêtise sans nom ! Des gens vont perdre leur travail, se retrouver au chômage, n’obtiendront pas leurs primes, toucheront un salaire amputé, devront liquider leurs congés sans partir en vacances, et lui, il incite à travailler plus sans contrepartie ? Autant jeter de l’huile sur le feu ! »

      Quelle sera l’intensité des mouvements sociaux, telle est la question. « Ça va dépendre de ce que décidera le gouvernement. Fera-t-il passer la réforme des retraites ? s’interroge ce policier spécialiste des mouvements sociaux. À seulement deux ans de l’élection présidentielle, cela paraît délicat. Autre inconnue : quelles seront les avancées pour les hospitaliers ? Les syndicats seront très attentifs à cela. » Le groupuscule autonome, Nantes révoltée, le sait. Il exploite d’ores et déjà l’exaspération du monde médical face à la pénurie de masques et de matériel de protection. Le but ? Faire « converger les luttes Gilets jaunes blouses blanches ».

      Enfin, quid de la manière dont le confinement sera levé. « Il y a fort à parier que tous les rassemblements resteront interdits afin d’éviter la propagation massive du virus, ajoute un autre spécialiste du renseignement. Si l’extrême gauche appelle à manifester, ce sera interdit par la préfecture. Le centre-ville sera barricadé par des cordons de CRS. Et les commerçants seront de nouveau privés d’activité. Et le cirque rennais recommencera. En septembre, assurément, la rentrée sociale sera compliquée. »

    • Dans un éclair de lucidité, « les agents du service central du renseignement territorial », autrement dit, la police politique du gouvernement, craignent un « embrasement après le confinement ». C’est un article du journal Le Parisien qui l’affirme. Il a fallu trois semaines aux enquêteurs pour en arriver à cette conclusion. Et des heures à glander devant des pages Facebook pour se faire peur.
      https://www.nantes-revoltee.com/%f0%9f%94%a5-lucide-le-gouvernement-craint-deja-la-revolte-lors-du-
      l’article du torchon parisien est disponible sur le site de @nantesrevoltee 12/4/2020

      Cet article démontre que le pouvoir craint d’avantage le déconfinement que la crise sanitaire. Avec des dirigeants pareils, on risque de ne pas être déconfinés avant le mois de juillet !

    • Contestation sociale : un printemps calme avant un automne chaud ? Anne Vidalie, le 17/04/2020 https://www.lexpress.fr/actualite/societe/contestation-sociale-un-printemps-calme-avant-un-automne-chaud_2123960.html


      Les policiers du renseignement parisien n’excluent pas quelques échauffourées le 1er mai. AFP / Hans Lucas

      Contrairement à leurs collègues du renseignement territorial, les policiers parisiens ne prévoient pas d’embrasement du front social avant la rentrée de septembre.

      #Paris #paywall

  • Signature d’une convention entre le #CNRS et la Direction du #renseignement_militaire

    Suite à l’appel attentats-recherche lancé le 18 novembre 2015 par le CNRS, ce dernier et la Direction du renseignement militaire ont mis en place une #collaboration concrétisée par la signature d’une #convention entre les deux parties le jeudi 30 mai 2018. A l’origine de ce partenariat, qui va aujourd’hui bien au-delà, les sciences humaines et sociales dont l’expertise de terrain des chercheurs permet une vision complète de situations géostratégiques complexes. Retour sur ce partenariat avec #Fabrice_Boudjaaba, directeur adjoint scientifique de l’Institut des sciences humaines et sociales.

    http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/signature-dune-convention-entre-le-cnrs-et-la-direction-du-renseignement-milita
    #recherche #université #militarisation_de_la_recherche #armée #SHS #sciences_humaines_et_sociales #France

    cc @isskein @tchaala_la @marty @daphne

    • #Intelligence_campus. Le premier écosystème européen civil et militaire en traitement de la #donnée

      Intelligence Campus : un espace de 250 hectares situé sur la base aérienne de #Creil.

      L’objectif est de faire émerger une #solution_technologique permettant de détecter et de reconnaître des objets dans une image satellite de très haute résolution. Cette solution sera expérimentée par les interprètes photo du ministère de la Défense dans le cadre d’une démarche d’#innovation ouverte.

      Les gagnants du défi :

      recevront le Prix de l’Intelligence Campus et du DGA Lab
      seront mis en relation avec des grands groupes du secteur civil et de la défense
      bénéficieront de dispositifs de conseil et d’accompagnement de l’Intelligence Campus et de la #DGA pour favoriser le développement de leur produit

      A travers son #Centre_de_Formation_Interarmées_du_Renseignement (#CFIAR) et ses partenariats avec le monde universitaire, le Projet Intelligence Campus assure une offre de #formation unifiée sur tous les domaines du #renseignement d’#intérêt_militaire - #imagerie, #cyber, #ROEM, #GEOINT, #GEOPOL, méthodologie de l’analyse... - au profit des agents de la #Direction_du_Renseignement_Militaire, des armées, des autres #agences_de_renseignement, des attachés de Défense et des partenaires étrangers. Il développe aussi des formations à destination des entreprises et des
      centres de recherche intéressés par les problématiques sécuritaires et l’intelligence des données.


      http://www.intelligencecampus.com
      #images_satellitaires #sécurité #complexe_militaro-industriel

      –-> et ce concept... #écosystème_civile_et_militaire

      cc @fil

    • Texte de réaction de chercheur.e.s CNRS bordelais par rapport à l’obsession sécuritaire qui gagne le CNRS, le monde de la recherche et plus généralement la société française.

      Reçu par email via la liste Geotamtam :

      L’obsession sécuritaire gagnerait-elle le CNRS ?

      Ce 30 mai 2018, une convention a été signée entre la direction du CNRS et la direction du renseignement militaire. D’après le Directeur Adjoint Scientifique de l’InSHS, cette convention s’adresse tout particulièrement aux collègues qui travaillent sur les questions de sécurité et les "régions lointaines". Ces collègues seront désormais invités à travailler formellement avec le renseignement militaire :

      http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/signature-dune-convention-entre-le-cnrs-et-la-direction-du-renseignement-milita

      Cette convention s’inscrit dans un contexte plus général. Elle fait suite à l’« #appel_attentats-recherches » qui avait été lancé par le CNRS il y a trois ans et que plusieurs d’entre nous avaient déjà dénoncé. Elle s’inscrit aussi dans la lignée d’un autre dispositif : le "#Pacte_Enseignement_Supérieur" lancé récemment par le ministère des Armées. Ce pacte doit déboucher sur l’attribution de "#labels_d'excellence", associés à une subvention de 300 000 euros, pour les "centres de recherche universitaires en pointe sur les questions de #stratégie et de défense".

      Ces évolutions posent de multiples problèmes. Le premier concerne nos pratiques de terrain. Que nous travaillions sur les questions de sécurité ou sur ces "régions lointaines", notre crédibilité scientifique d’enquêteur.e.s repose sur notre capacité à ne pas être perçus comme les acteurs de telle ou telle politique sécuritaire. Dans ce contexte, il est inconcevable d’entretenir un lien privilégié, et encore moins ostentatoire, avec le renseignement militaire. Même s’il ne s’agit pas de surévaluer les échos que peut avoir le rapprochement entre le monde de la recherche et celui du renseignement militaire, ne risque t-on pas de se voir fermer l’accès au terrain ?

      Deuxièmement, ces développement introduisent des biais dans le choix et la construction des objets. Dans les études aérales, la "sécurité" devient le prisme conceptuel à partir duquel on interroge des objets allant des pratiques religieuses aux révoltes sociales en passant par les politiques économiques. Dans les études sur la violence, la violence dite "terroriste" se trouve singularisée et hyperbolisée par rapport aux autres #violences (sexistes, sociales, anti-terroristes, etc.). Dans les études sur la guerre, la "stratégie" (de la France) devient le mot-clef à partir duquel on cherche à comprendre ce fait social. Ce faisant, on perd de vue les autres dimensions de la #guerre (genrées, postcoloniales, symboliques, bureaucratiques, etc.) tout en entretenant une confusion entre #recherche_scientifique et #expertise.

      Le troisième problème déborde la question de la recherche. Depuis quelques années, les #attentats et le #terrorisme ont été imposés comme objets essentiels de notre quotidien et du gouvernement de ce quotidien. Dans chaque école de chaque commune de France, des enfants doivent, à partir de l’âge de trois ans, participer chaque année à un exercice de simulation attentat pour se préparer à l’éventualité d’une intrusion terroriste dans leur établissement. Dans chaque wagon de chaque train, les voyageurs sont invités à prévenir les contrôleurs en cas de colis ou de comportements suspects. Sur chaque porte principale de chaque administration, on peut voir un panneau « alerte attentat » lorsque l’on pénètre les lieux. Dans chaque musée, chaque bibliothèque, chaque salle de spectacle, des vigiles fouillent les sacs à l’entrée et canalisent les déplacements. Le rapprochement entre les institutions de recherche et le ministère des Armées participe de cette logique de constitution du "terrorisme" en menace existentielle, logique dont les études sur la sécuritisation ont dénoncé les effets.

      Pour cela, il nous paraîtrait opportun que les laboratoires de recherche et les université se positionne contre la convention du 30 mai 2018 et cette dynamique plus générale que nous voulons, par ce texte et après beaucoup d’autres, dénoncer.

      Signataires :
      Elara Bertho, chargée de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Vincent Bonnecase, chargé de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Chloé Buire, chargée de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Mathias Delori, chargé de recherche CNRS au Centre Emile Durkheim
      Vincent Foucher, chargé de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Caroline Guibet-Lafaye, directrice de recherche CNRS au Centre Emile Durkheim
      Ophélie Rillon, chargée de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde

    • L’obsession sécuritaire gagnerait-elle le CNRS ?

      Ce 30 mai 2018, une convention a été signée entre la direction du CNRS et la direction du renseignement militaire. D’après le Directeur Adjoint Scientifique de l’InSHS, cette convention s’adresse tout particulièrement aux collègues qui travaillent sur les questions de sécurité et les "régions lointaines". Ces collègues seront désormais invités à travailler formellement avec le renseignement militaire :

      http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/signature-dune-convention-entre-le-cnrs-et-la-direction-du-renseignement-milita

      Cette convention s’inscrit dans un contexte plus général. Elle fait suite à l’« appel attentats-recherches » qui avait été lancé par le CNRS il y a trois ans et que plusieurs d’entre nous avaient déjà dénoncé. Elle s’inscrit aussi dans la lignée d’un autre dispositif : le "Pacte Enseignement Supérieur" lancé récemment par le ministère des Armées. Ce pacte doit déboucher sur l’attribution de "labels d’excellence", associés à une subvention de 300 000 euros, pour les "centres de recherche universitaires en pointe sur les questions de stratégie et de défense".

      Ces évolutions posent de multiples problèmes. Le premier concerne nos pratiques de terrain. Que nous travaillions sur les questions de sécurité ou sur ces "régions lointaines", notre crédibilité scientifique d’enquêteur.e.s repose sur notre capacité à ne pas être perçus comme les acteurs de telle ou telle politique sécuritaire. Dans ce contexte, il est inconcevable d’entretenir un lien privilégié, et encore moins ostentatoire, avec le renseignement militaire. Même s’il ne s’agit pas de surévaluer les échos que peut avoir le rapprochement entre le monde de la recherche et celui du renseignement militaire, ne risque t-on pas de se voir fermer l’accès au terrain ?

      Deuxièmement, ces développement introduisent des biais dans le choix et la construction des objets. Dans les études aérales, la "sécurité" devient le prisme conceptuel à partir duquel on interroge des objets allant des pratiques religieuses aux révoltes sociales en passant par les politiques économiques. Dans les études sur la violence, la violence dite "terroriste" se trouve singularisée et hyperbolisée par rapport aux autres violences (sexistes, sociales, anti-terroristes, etc.). Dans les études sur la guerre, la "stratégie" (de la France) devient le mot-clef à partir duquel on cherche à comprendre ce fait social. Ce faisant, on perd de vue les autres dimensions de la guerre (genrées, postcoloniales, symboliques, bureaucratiques, etc.) tout en entretenant une confusion entre recherche scientifique et expertise.

      Le troisième problème déborde la question de la recherche. Depuis quelques années, les attentats et le terrorisme ont été imposés comme objets essentiels de notre quotidien et du gouvernement de ce quotidien. Dans chaque école de chaque commune de France, des enfants doivent, à partir de l’âge de trois ans, participer chaque année à un exercice de simulation attentat pour se préparer à l’éventualité d’une intrusion terroriste dans leur établissement. Dans chaque wagon de chaque train, les voyageurs sont invités à prévenir les contrôleurs en cas de colis ou de comportements suspects. Sur chaque porte principale de chaque administration, on peut voir un panneau « alerte attentat » lorsque l’on pénètre les lieux. Dans chaque musée, chaque bibliothèque, chaque salle de spectacle, des vigiles fouillent les sacs à l’entrée et canalisent les déplacements. Le rapprochement entre les institutions de recherche et le ministère des Armées participe de cette logique de constitution du "terrorisme" en menace existentielle, logique dont les études sur la sécuritisation ont dénoncé les effets.

      Pour cela, il nous paraîtrait opportun que les laboratoires de recherche et les université se positionne contre la convention du 30 mai 2018 et cette dynamique plus générale que nous voulons, par ce texte et après beaucoup d’autres, dénoncer.

      Signataires :
      Elara Bertho, chargée de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Vincent Bonnecase, chargé de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Chloé Buire, chargée de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Mathias Delori, chargé de recherche CNRS au Centre Emile Durkheim
      Vincent Foucher, chargé de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde
      Caroline Guibet-Lafaye, directrice de recherche CNRS au Centre Emile Durkheim
      Ophélie Rillon, chargée de recherche CNRS à Les Afriques dans le Monde

      Texte reçu par email le 6 juin 2018 via la mailing-list geotamtam

  • Intelligence Campus Entreprise : le #renseignement_militaire s’allie aux #start-up, Le Lab/Idées - Les Echos Business
    http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/idees-de-business/0211575837490-le-renseignement-militaire-s-allie-aux-start-up-3035

    La Direction du renseignement militaire veut capitaliser sur la #French_Tech. Elle ouvre un campus d’expertise basé à Creil, réunissant start-up, grandes entreprises, écoles et instituts de #recherche.

    #drm #jeunes_pousses

  • Le crash de Malte lève un coin du voile sur les vols de la #DGSE
    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/10/25/le-crash-de-malte-leve-un-coin-du-voile-sur-les-vols-de-la-dgse_5019859_3210

    Un avion ALSR (avion léger de #surveillance et de #reconnaissance), loué par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) à la société CAE aviation, s’est écrasé, lundi 24 octobre au matin, à Malte, juste après le décollage. Les cinq occupants, trois personnels de la direction technique de la DGSE et deux pilotes de #CAE, sont morts dans l’embrasement de l’appareil, après avoir tenté, en vain, de revenir vers l’aéroport.

    #renseignement_technique

  • #Renseignement_militaire : le ciel a des yeux, la mer des oreilles - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2016/06/22/renseignement-militaire-le-ciel-a-des-yeux-la-mer-des-oreilles_1461053

    Après les nombreuses révélations sur la surveillance massive des mails, échanges sur Facebook ou communications sur Skype (liste non exhaustive), on avait presque oublié que le renseignement venait aussi d’en haut, des avions, drones ou satellites qui filment au-dessus de nos têtes. En France, la Direction du renseignement militaire (#DRM) s’est spécialisée dans le recueil et l’analyse de ces images aériennes. Elle organise mardi et mercredi sa première « convention nationale du renseignement d’origine image et géospatial » sur la base de Creil (Oise), à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris.

    #ROIM #ROEM #SIG #hélios #Musis #drone

  • Comment les services de renseignement ont mis en place une #Surveillance générale du Net dès 2009
    https://www.mediapart.fr/journal/france/060616/comment-les-services-de-renseignement-ont-mis-en-place-une-surveillance-ge

    Bien avant les révélations d’Edward Snowden, la #France avait mis en place un dispositif de surveillance automatisé de son réseau internet via l’installation de sondes sur l’ensemble du réseau ADSL. Ce programme, baptisé « IOL » pour Interceptions obligatoires légales, permettait de détourner le trafic d’un usager en entrant simplement son identifiant. Il permettait également de collecter « en temps réel », et potentiellement en masse, les métadonnées, pratique pourtant non autorisée à l’époque.

    #libertés_publiques #Renseignement_Qosmos

  • Les #métadonnées téléphoniques révèlent des informations très privées
    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/05/18/les-metadonnees-telephoniques-revelent-des-informations-tres-privees_4921532

    Ils sont ainsi parvenus à déterminer que l’un des participants venait de se voir diagnostiquer un problème cardiaque : après un long appel à un centre de cardiologie, l’homme avait appelé un laboratoire médical, puis reçu plusieurs coups de fil d’une pharmacie, avant d’appeler le service consommateur d’une entreprise qui commercialise des outils permettant de surveiller son rythme cardiaque. Dans d’autres cas, la seule analyse des métadonnées a permis de montrer l’existence de grossesses, ou le fait qu’une personne avait acheté une arme à feu.

    #renseignement_électronique #vie_privée

    Rien de déjà connu

  • #ecoutes de #Thierry_Solère : l’invité surprise de la #DGSE
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050516/ecoutes-de-thierry-solere-linvite-surprise-de-la-dgse

    En 2012, quinze jours avant sa mise sous #Surveillance présumée par la DGSE, le député LR Thierry Solère avait rencontré, lors d’un dîner de voisinage, le directeur technique… de la DGSE, en charge de ce type d’interceptions. L’histoire, dévoilée par l’élu aux enquêteurs, jette un nouveau trouble sur cette affaire.

    #France #Claude_Guéant #législatives_2012 #renseignement_extérieur #UMP

  • COP 21 : les renseignements font la tournée des squats du 94
    http://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2015/11/19/cop-21-les-renseignements-font-la-tournee-des-squats-du-

    Ce jeudi 19 novembre au matin, un agent du renseignement est venu toquer à la porte de plusieurs squats d’Ivry, en vue de la COP 21. Une pote sonne à la porte du Moulin. Je regarde par la fenêtre et … Continue reading →

    #LIVRES #état_d'urgence #état_policier #manifestation #occupation_policière #paris #répression #renseignement_généraux #rg #squat #surveillance

  • Renseignement : l’armée française prête à interconnecter son système d’information
    http://www.itespresso.fr/renseignement-armee-francaise-prete-a-interconnecter-systeme-information-

    La direction générale de l’armement (DGA) qui pilote le programme de système d’information des armées (SIA), a chargé Airbus Defence and Space de l’industrialisation, du déploiement et du support des systèmes DOPEC (Dispositif pour l’optimisation de l’emploi des capteurs) et CSD (Coalition shared data server).

    L’initiative s’inscrit dans le cadre des travaux de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) visant à coordonner la collecte, le traitement, la diffusion et le partage de données de renseignement, surveillance et reconnaissance interarmées (JISR).

    [...]

    D’ici 2020, des systèmes de renseignement militaire de 9 pays de l’OTAN – États-Unis, Canada, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas et Norvège – devraient être interconnectés. Les systèmes DOPEC et CSD constituant le volet français de ce réseau [...].

    DOPEC peut décliner un ordre politique ou de commandement en actions pour capteur embarqué dans un drone, un satellite d’observation, un avion de mission, etc., et pour chaque acteur impliqué dans le bon fonctionnement des opérations de renseignement sur le terrain. Les images, les vidéos et les communications obtenues sur le terrain et/ou sur Internet sont collectées, exploitées et alimentent le personnel autorisé.

    #Airbus_Defence_and_Space #Coalition_shared_data_server #Direction_générale_de_l'Armement #Dispositif_pour_l’optimisation_de_l’emploi_des_capteurs #Forces_armées_françaises #France #Organisation_du_traité_de_l'Atlantique_nord #Renseignement_militaire #Surveillance_globale #Système_d'information_des_armées

  • 2006-2012 : Hollande, Sarkozy et Chirac écoutés
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230615/2006-2012-hollande-sarkozy-et-chirac-ecoutes

    Au-delà des trois chefs d’État français, des ministres, des hauts fonctionnaires, des parlementaires et des diplomates ont été surveillés téléphoniquement pendant près d’une décennie par les services secrets américains, selon des documents obtenus par WikiLeaks.

    #France #National_Security_Agency #Politique #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Surveillance_électronique #WikiLeaks #Écoutes_téléphonique #États-Unis

  • Un arsenal parlementaire contre la menace djihadiste
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/06/01/les-propositions-de-la-commission-d-enquete-sur-les-filieres-djihadistes_464

    La commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus #djihadistes, créée en décembre 2014 à l’initiative du député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, se proposait d’examiner l’adéquation de la réponse publique à la menace terroriste. Après six mois de travail, son rapporteur, le député PS des Bouches-du-Rhône, Patrick Mennucci, soumettra son rapport, que Le Monde a pu consulter, au vote de la commission mardi 2 juin.

    Un mois après l’adoption à une large majorité du projet de loi renseignement par l’Assemblée nationale, ces travaux parlementaires ont de nouveau fait l’objet d’un « large consensus » , selon Patrick Mennucci, signe que le sentiment d’ urgence face à la menace terroriste transcende les clivages politiques. (...)

    La commission d’enquête appelle le gouvernement à renforcer les moyens administratifs et judiciaires destinés à l’endiguer, tout en insistant sur la nécessité « d’apporter une réponse autre que sécuritaire à un phénomène qui a pris profondément racine dans notre corps social » .

    Lutter contre la radicalisation en prison
    Le rôle de la #prison dans le processus de radicalisation est « controversé », souligne le rapport. Plus de la moitié des personnes parties vers la zone irako-syrienne étaient inconnues des services de police, et seuls 15 % des condamnés pour terrorisme avaient déjà été incarcérés. Pour autant, « la quasi-totalité de ceux qui ont commis des actes violents au nom du djihad » avaient un passé de délinquant , de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah et Mehdi Nemmouche.

    La prison apparaît comme un pivot essentiel de la lutte contre le djihadisme : point de départ de nombreux parcours de radicalisation, elle en constitue également le point de chute pour la moitié des 213 Français rentrés de Syrie (105 individus sont incarcérés pour leur implication dans des filières irako-syriennes).

    S’il salue les expériences menées dans plusieurs prisons visant à isoler les « leaders recruteurs » et à créer des quartiers dédiés pour les autres détenus radicalisés, le rapport met en garde contre le risque de mélanger les « djihadistes endurcis », les « repentants », les « traumatisés » et ceux qui sont « en voie de radicalisation ». Le document suggère donc d’améliorer la « grille d’#évaluation du degré de radicalisation » et de repenser les critères de regroupement de ces détenus. Patrick Mennucci appelle également à une réflexion « sur un régime d’#isolement plus adapté aux détenus radicalisés » (il est aujourd’hui limité à deux ans), en s’inspirant de la législation italienne prévue pour les groupes mafieux ou #terroristes.

    Le rapporteur juge que le bureau du #renseignement_pénitentiaire ne dispose « que de très peu de moyens pour assumer ses missions » et appelle à la création d’un véritable service de renseignement pénitentiaire. Cette disposition, qui figure dans le projet de loi renseignement, se heurte à l’opposition de la ministre de la justice, Christiane Taubira, qui avait été, contre toute attente, mise en minorité lors des débats par les députés socialistes alliés à ceux de l’UMP. La mesure devrait faire l’objet d’âpres discussions lors de la lecture devant le Sénat cette semaine.

    Renforcer les services d’enquête
    La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) suit actuellement 162 enquêtes judiciaires, contre 40 au 1er janvier 2012. Or les services judiciaires spécialisés ne comptent que 300 enquêteurs : le rapporteur appelle donc de ses vœux « un doublement des #effectifs de policiers enquêteurs formés à la lutte antiterroriste ».

    La section antiterroriste du parquet de Paris ne compte que neuf magistrats, qui dirigent 157 enquêtes, quand le pôle de l’instruction se limite à huit juges antiterroristes, chargés d’instruire 218 informations judiciaires, dont 112 concernent l’islam radical. Une conjoncture qui conduit Eric Ciotti à déplorer « une situation de tension intenable et de déficit des moyens humains et matériels ».

    Afin de désengorger le #parquet de Paris, le rapport suggère d’assouplir la compétence centralisée de la juridiction parisienne en matière de terrorisme, en permettant à certaines juridictions interrégionales spécialisées, comme celles de Lyon et Marseille, de traiter des infractions terroristes de moindre gravité.

    Etendre l’accès aux #fichiers
    Le rapport regrette par ailleurs que seuls les services « spécialisés » de renseignement, comme la #DGSI, aient accès à certains fichiers tels que le système d’immatriculation des véhicules, le système de gestion des passeports ou des cartes nationales d’identité. Il déplore que les différents services « concourant » au renseignement, comme le Service central du renseignement territorial (SCRT), la DRPP et la gendarmerie « ne bénéficient pas d’un accès à ces différents fichiers ».

    Renforcer le #contrôle aux #frontières
    Le rapporteur propose une batterie de mesures pour mieux contrôler les entrées et sorties du territoire. Il déplore que la mise en place d’un #fichier_de_données_passagers (PNR) européen « ait pris beaucoup de retard ». Conscient qu’un PNR strictement français serait d’un intérêt limité, il appelle de ses vœux la création rapide d’un PNR européen et, « s’il doit être vidé de sa substance », suggère de l’abandonner « au profit de plusieurs PNR bilatéraux ». Les discussions autour de la création d’un PNR communautaire se heurtent pour l’instant aux fortes réticences du Parlement européen.

    Le document propose également de modifier l’article 7 du code Schengen pour permettre un contrôle systématique des passeports des ressortissants de l’espace Schengen venant d’un pays tiers. « Si une personne faisant l’objet d’une fiche “S” [Sûreté de l’Etat] peut revenir dans l’espace Schengen sans que l’Etat ait les moyens juridiques de le savoir – parce que l’article 7 du code Schengen lui interdit de contrôler systématiquement les passeports des ressortissants Schengen – n’est-ce pas l’intérêt même de la fiche “S” qui est remis en cause ? », s’interroge Patrick Mennucci.

    Il suggère enfin de rétablir l’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs, supprimée en 2010 et remplacée en 2014 par une « opposition parentale » à la sortie du territoire. Pour être efficiente, cette mesure supposerait que les parents aient détecté la volonté de départ de leur enfant, ce qui n’est pas toujours le cas, souligne-t-il.

    Comment gérer les retours ?
    Entre « djihadistes endurcis », « djihadistes repentants » et « djihadistes traumatisés », les intentions des Français de retour de Syrie peuvent être diverses, et leur dangerosité « particulièrement difficile à évaluer ». A côté de la réponse pénale, mise en œuvre dès qu’il existe des preuves suffisantes, il conviendrait d’accompagner le retour en France des profils les moins dangereux en imaginant « une réponse autre que sécuritaire ».

    La commission salue donc l’annonce par le premier ministre en avril de la création d’un centre destiné à prendre en charge les jeunes de retour des zones de combat, sur le modèle danois. Cette structure « va constituer le maillon qui faisait défaut au traitement de la radicalisation : la prise en charge des individus de retour du djihad et qui ne font pas l’objet de poursuites judiciaires ». Le rapport s’interroge toutefois sur la pertinence du caractère « volontaire » de cette démarche.

    Patrick Mennucci suggère également de mettre en place des référents, ou « mentors », qui assureront le suivi de chaque personne radicalisée, sur le #modèle_danois là encore. Il appelle enfin à l’élaboration d’un véritable #contre-discours à la propagande djihadiste, en développant la recherche universitaire et en donnant une plus grande publicité aux témoignages de « #repentis ».

    LA FRANCE, PREMIER FOURNISSEUR EUROPÉEN DE DJIHADISTES
    Selon un dernier bilan, en date du 26 mai, 457 Français sont actuellement en Syrie (dont 137 femmes et 80 mineurs), 320 personnes seraient en transit vers les zones de combat, 105 individus y ont déjà perdu la vie (dont huit dans des opérations-suicides), et deux y seraient détenus. 213 personnes seraient déjà rentrées en France tandis que 521 auraient des projets de départ.

    En agrégeant ces données, « la France apparaît actuellement comme le principal pays européen de départ [avec 884 personnes au total], suivie par le Royaume-Uni (700 départs), l’Allemagne (600) et la Belgique (250 environ) », souligne le rapport. Rapporté à la population des Etats européens, le ratio de départs est cependant plus important en Belgique (22 départs par million d’habitants) ou au Danemark (17 départs par million d’habitants).

    Ai mis ici tout l’article, un festival.

  • La baudruche de la loi renseignement
    http://authueil.org/?2015/04/16/2293-la-baudruche-de-la-loi-renseignement

    Les députés viennent d’achever l’examen du projet de loi relatif au renseignement. Le bilan est plutôt positif. Du moins au regard des craintes que l’on pouvait avoir au moment de son adoption en conseil des ministres. Entre les reculs du gouvernement, les améliorations apportées par la commission des lois et son rapporteur, Jean-Jacques Urvoas, le contenu du texte est moins pire à la sortie. Sur le plan politique, la future loi sera à ranger dans la catégorie des mal-nées, de celles qui ont été adoptées dans la douleur et les polémiques. On est loin de l’apparent consensus de départ et de la « lettre à la Poste ». L’affaire est donc en bonne voie d’être neutralisée.

    Peut-être, mais on aura quand même eu droit à un bel aperçu des ambitions de l’état en matière de surveillance et de contrôle, ainsi que ce qu’il est sain ou nom de penser ou de dire. Et je ne trouve pas ça rassurant du tout.

    #Communauté_française_de_renseignement #France #Gouvernement_Manuel_Valls_(2) #Internet #Numérique #Politique #Projet_de_loi_sur_le_renseignement #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Surveillance_globale

  • Loi renseignement : des « Imsi Catcher » espions devant l’Assemblée ?
    http://www.franceinfo.fr/actu/politique/article/des-appareils-pour-espionner-les-conversations-pres-d-une-manifestation-c

    La Quadrature du Net affirme avoir constaté lundi qu’au moins deux « Imsi Catcher » étaient actifs devant l’assemblée pour espionner les communications des manifestants mais aussi celles des députés."Les appareils ne sont plus là, et on ne sait pas qui les a déployés", affirme Adrienne Charnet, la porte-parole de l’association, alors que le projet de loi est précisément sensé encadrer l’usage de ces machines.

    #Assemblée_nationale_(France) #IMSI-catcher #La_Quadrature_du_Net #Liberté_individuelle #Projet_de_loi_sur_le_renseignement #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Surveillance_électronique #Vie_privée

    • Devant l’Assemblée, des valises-espionnes ? « Pas assez de preuves »
      http://rue89.nouvelobs.com/2015/04/16/devant-lassemblee-valises-espionnes-assez-preuves-258704

      Le problème, c’est que nous n’aurons probablement jamais le fin mot de l’histoire. Sauf si un agent se sent une âme de lanceur d’alerte, et souhaite nous contacter – qu’il n’hésite pas.

      C’est par là que l’anecdote prend d’ailleurs un sens nouveau. « Quelle que soit la réalité de qui a fait ça, pourquoi et pendant combien de temps, ça illustre parfaitement la crainte engendrée par le projet de loi », soulève Adrienne Charmet.

      Et en effet, cette histoire reflète parfaitement l’impasse dans laquelle cette logique de surveillance automatisée, invisible et massive, et aujourd’hui portée en France dans le projet de loi sur le renseignement, nous place. A savoir dans une incertitude complète. Sans qu’il soit possible de savoir si notre inquiétude vis-à-vis du respect de nos libertés relève de la vigilance légitime ou de la paranoïa excessive.

      C’est le panoptique en acte : nous voilà prisonnier de cette fameuse cellule, en sachant que l’on peut être observé mais sans savoir si on l’est vraiment. Sauf, et on y revient, si un lanceur d’alerte se décide à nous révéler que nous sommes effectivement scrutés. Et comment.

  • Loi Renseignement : le vrai Vrai/Faux du gouvernement
    http://www.nextinpact.com/news/93808-loi-renseignement-vrai-vraifaux-gouvernement.htm

    Sur son site, le gouvernement a décidé de déchiffrer le vrai du faux dans le projet de loi sur le renseignement. L’enjeu ? Casser l’opposition (bruyante) contre ce texte de surveillance et expliquer au plus grand nombre ses bienfaits. Au lendemain des premiers débats, voilà quelques précisions de rigueur aidées des 11 points de l’argumentaire.

    #Antiterrorisme #France #Gouvernement_Manuel_Valls_(2) #Internet #Lutte_contre_le_terrorisme #Numérique #Pouvoir_législatif #Projet_de_loi_sur_le_renseignement #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Surveillance_globale

  • De la surveillance de masse à la paranoïa généralisée
    http://www.youtube.com/watch?v=27nMNqASbi0

    Il y aura un avant et un après Snowden. Avant, les défenseurs des libertés qui dénonçaient la société de surveillance passaient pour des « paranos ». Ce à quoi je répondais que la paranoïa était plutôt à chercher du côté de la NSA.

    Aujourd’hui, tout le monde a compris que l’on vivait bel et bien dans une société de surveillance. Le problème, c’est que nombre de ceux qui nous qualifiaient de « paranos » sont bel et bien devenus paranoïaques, voire conspirationnistes, persuadés que la NSA, le GCHQ ou la DGSE, Google, Facebook & Microsoft nous espionnent tous. #Wait...

    Non, la NSA, le GCHQ ou la DGSE, Google, Facebook, Microsoft & Cie ne sont pas Big Brother, et ils n’espionnent pas tout le monde tout le temps. Et notre boulot, aujourd’hui, est aussi de comprendre et d’expliquer ce qu’ils font exactement, plutôt que d’entretenir le #FUD ambiant.

    Une très utile conférence de Jean-Marc Manach à Pas Sage en Seine 2014.

    #Big_Brother #Direction_générale_de_la_Sécurité_extérieure #Edward_Snowden #Glenn_Greenwald #Minority_Report #National_Security_Agency #Paranoïa #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Surveillance_de_masse #Surveillance_électronique

  • Vodafone confirme que six pays ont un accès direct à ses métadonnées
    http://www.nextinpact.com/news/88013-vodafone-confirme-que-six-pays-ont-acces-direct-a-ses-metadonnees.

    Comme l’a confirmé à The Guardian Stephen Deadman, responsable des questions de vie privée chez Vodafone, « ces tuyaux existent, le modèle d’accès direct existe ». L’opérateur veut donner un coup de pied dans la fourmilière : « Nous lançons un appel pour que cessent ces accès directs, en tant que moyens pour les agences gouvernementales d’obtenir les données de communications des gens. Sans mandat officiel, il n’y a aucune visibilité externe. Si nous recevons une demande, nous pouvons repousser l’agence. Le fait qu’un gouvernement doive produire un morceau de papier est une restriction importante à la manière dont le pouvoir est utilisé ».

    Voilà, voilà.

    #Métadonnée #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Surveillance_électronique #Télécommunications #Vie_privée

  • Snowden, Terminator et nous
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/050614/snowden-terminator-et-nous

    Il y a un an jour pour jour, un courageux jeune homme nommé Edward Snowden a sacrifié une grande partie de sa vie et de ses libertés pour nous révéler la dure réalité du monde dans lequel nous vivons. Ses révélations en cours nous enseignent et nous permettent de comprendre à quel point notre relation à la technologie a changé à tout jamais, et pourquoi nous ne pourrons plus faire confiance aux machines. Edward Snowden nous a aussi montré le chemin à emprunter pour reprendre le contrôle des machines, et l’importance de cette tâche que plus personne ne peut ignorer.

    Court, simple, efficace : à diffuser largement.

    #Cyborg #Edward_Snowden #National_Security_Agency #Numérique #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Vie_privée

  • Le 11 septembre 2001 fut un « cadeau fait à la NSA », dixit… le n°3 de la NSA
    http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2014/06/01/la-nsa-aurait-pu-empecher-les-attentats-du-11-septembre-2001-deplorent-snowden-et-4-autres-lanceurs-dalerte/#xtor=RSS-32280322

    THINTHREAD (fil mince, en VF), le système d’écoute et d’alerte conçu par Loomis, Binney et Wiebe, bien plus respectueux de la loi et de la vie privée, bien moins cher aussi, et bien plus contrôlé par les autorités, avait été écarté, par les pontes de la NSA, qui préférèrent privilégier la surveillance massive à la surveillance ciblée... trois semaines avant les attentats de 2001.

    A les en croire, une des raisons pour lesquelles leur programme fut délaissé, au profit d’un autre projet, TRAILBLAZER, bien plus intrusif et onéreux (un véritable gouffre financier qui ne marcha jamais et qui fut finalement abandonné) tenait au fait qu’il ne coûtait pas assez cher, et qu’il ne rapportait pas assez d’argent aux sous-traitants privés de la NSA. En clair : le complexe militaro-industriel aurait corrompu les autorités US et responsables de la NSA, et cette « corruption » se serait aggravée après les attentats.

    Les dessous cachés de la surveillance de masse.

    #Complexe_militaro-industriel #Edward_Snowden #National_Security_Agency #Renseignement_d'origine_électromagnétique #Surveillance_de_masse #Surveillance_électronique #Sécurité #Terrorisme #États-Unis