• Le patrimoine foncier peut-il sauver la France de la faillite ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-fil-eco/le-patrimoine-foncier-peut-il-sauver-la-france-de-la-faillite-1590716

    Face à la dette publique, l’État peut-il exploiter le patrimoine foncier pour financer ses dépenses ? Réduire dettes et inégalités grâce à la terre et l’immobilier  est-il pensable ? Arnaud Orain nous éclaire.

    Dans cette chronique du Fil éco de France Culture, Arnaud Orain soulève que la France fait face à une charge de dette publique croissante qui pourrait devenir son premier poste de dépenses dans les prochaines années. Parallèlement, la valeur du #patrimoine_foncier et immobilier des Français ne cesse de croître depuis 30 ans mais reste concentrés sur une minorité de la population. Historiquement, des économistes comme les physiocrates, Léon Walras ou John Law ont envisagé que l’État tire parti de la #propriété_foncière pour financer ses dépenses. Plus récemment, des économistes contemporains tels qu’Alain Trannoy et Étienne Wasmer proposent une taxe sur la terre de 2% pour soutenir le modèle social et réduire la dette. La question se pose donc : la richesse foncière et immobilière pourrait-elle réellement sauver la France de la faillite tout en réduisant les inégalités ?

    En 2017, un rapport de France Stratégie, organisme rattaché au Premier ministre, avait fait grand bruit : il proposait, en cas de nouvelle crise de la dette, que l’État français se déclare unilatéralement copropriétaire de toutes les terres bâties de l’Hexagone. Pour le droit d’occuper ces terres, particuliers et entreprises auraient dû verser, sous forme de loyer ou à chaque vente, un pourcentage de leur valeur. La plupart des experts économiques avaient à l’époque crié au retour des bolchéviques, le couteau entre les dents. Mais l’idée est-elle si folle d’un point de vue économique ?

    Bien entendu, il existe des précédents radicaux. Si l’on laisse de côté les régimes communistes, dès 1720, l’Écossais John Law avait caressé l’espoir de s’emparer d’une partie des biens de l’Église pour rembourser les dettes de Louis XIV, et la Révolution française procédera à leur nationalisation en 1789 dans le même but. Les premiers économistes libéraux du XVIIIᵉ siècle, les #physiocrates, avaient proposé qu’un souverain soit copropriétaire de toutes les terres du royaume, imposant les propriétaires fonciers tout en épargnant les locataires [fermiers] , dont les investissements devaient enrichir le pays. Un siècle plus tard, Léon Walras envisageait lui aussi le rachat de toutes les terres par l’État, pour financer ses dépenses via les fermages et loyers du sol.

    Les propositions contemporaines et le débat actuel

    Au XXᵉ siècle, les économistes américains Richard Arnott et Joseph Stiglitz ont étudié la possibilité de financer les infrastructures publiques par une taxe sur la #rente_foncière. Plus près de nous, en 2022, Alain Trannoy et Étienne Wasmer ont proposé de financer le modèle social français et la dette par une taxe de 2 % sur la terre, épargnant le bâti pour ne pas décourager les investissements, à l’instar des physiocrates. Alors que le sol qui nourrit et loge redevient un enjeu majeur, la question de la propriété de la terre, qui interroge même chez les libéraux, mérite plus que jamais un large débat démocratique.

    une réforme fiscale digne de ce nom heurte de puissants intérêts et nécessiterait une révolution. on choisi donc de s’en prendre démagogiquement aux très grandes fortunes et à elles seules.
    l’étatisation de ce bien commun qu’est la terre constituerait une réforme structurelle des finances publiques. en faire le projet suppose d’oublier que l’État c’est l’État du Capital. nos économistes tournent en rond. il n’empêche, au moins la propriété, ce « droit naturel », est-elle un chouille mise en débat.

    #fiscalité #terre #propriété-privée

  • DPE : le coefficient énergie primaire de l’électricité revu à la baisse dès 2026 - Diagactu
    https://www.diagnostiqueur-immobilier.fr/technique/dpe-le-coefficient-energie-primaire-de-lelectricite-revu-a

    Une annonce majeure vient de tomber pour le secteur du diagnostic immobilier et de la rénovation énergétique. Le Premier ministre, François Bayrou, a officialisé ce 9 juillet 2025 la révision à la baisse du coefficient de conversion de l’électricité (CEP) dans le calcul du DPE. Une évolution qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2026, avec des impacts significatifs.

    Un coefficient abaissé à 1,9
    Le coefficient d’énergie primaire de l’électricité, actuellement fixé à 2,3, sera abaissé à 1,9 dès le 1er janvier 2026. C’est ce que viennent d’annoncer les services du Premier ministre, François Bayrou, dans un communiqué de presse diffusé le 9 juillet 2025. « Cette évolution permettra de mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire, et de corriger une inégalité de traitement pénalisant jusqu’ici les logements chauffés à l’électricité, y compris lorsqu’ils ont fait l’objet de travaux de rénovation ». Une consultation publique sera lancée dans les prochains jours avant la publication d’un arrêté début septembre.

    850 000 logements vont sortir du statut de passoire thermique
    Pour Matignon, l’objectif de cette révision est de mieux cibler les aides à la rénovation sur les logements dont le chauffage dépend encore des énergies fossiles. Selon les estimations, 850 000 logements, principalement ceux chauffés à l’électricité, vont ainsi sortir de la catégorie de passoire énergétique. Selon Matignon, ces habitations étaient « excessivement pénalisées par la méthodologie antérieure ». Une aubaine pour les bailleurs sous la menace de l’indécence énergétique de leurs logements.
    « En réformant ce paramètre clé, le Gouvernement envoie un signal fort en faveur d’un DPE plus juste et plus cohérent avec nos objectifs énergétiques et de logements plus accessibles et durables pour tous », a déclaré François Bayrou.

    Encore de l’instabilité pour le DPE
    Cette évolution du DPE, qui doit permettre de lever les freins à l’électrification des usages, va soulever d’autres problèmes. Cette nouvelle modification des règles de calcul du DPE risque toutefois de brouiller encore plus l’image de ce diagnostic, son acceptation et sa compréhension par le grand public, et d’obliger les diagnostiqueurs à faire encore preuve d’une grande pédagogie auprès de leurs clients.
    On peut également s’interroger sur la validité des DPE qui seront réalisés avant la révision de ce coefficient, sur l’obligation d’effectuer des audits énergétiques sur des biens potentiellement plus concernés dans quelques mois, etc.

  • L’essor des apparthôtels en ville, ou comment les hôteliers industrialisent le concept du Airbnb
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/07/08/l-essor-des-apparthotels-en-ville-ou-comment-les-hoteliers-industrialisent-l

    « C’est un marché qui croît deux fois plus vite que celui des hôtels en Europe », résume Xavier Desaulles, directeur d’Adagio, une coentreprise d’Accor et de Pierre & Vacances qui dispose de 130 résidences, dont 84 en France. « On a encore de la marge, ajoute-t-il. Aujourd’hui, les apparthôtels représentent environ 3 % de l’inventaire des chambres hôtelières. Aux Etats-Unis, c’est 10 %. »

    Si ce secteur progresse, c’est d’abord parce que le #tourisme s’est fortement développé dans les grandes #villes au cours des vingt dernières années, que cela soit à Paris, mais aussi à Lyon, Nice, Marseille, Bordeaux… C’est aussi parce que l’offre s’est renouvelée (...) avec une image jeune, une décoration travaillée, des espaces de coworking, des apéros avec DJ…

    Si ces résidences se développent, c’est aussi parce que, pour les hôteliers, elles sont plus rentables que l’#hôtellerie classique. Les séjours sont plus longs (trois ou quatre nuits, au lieu d’une ou deux), ce qui limite les besoins en ménage. Les parties communes réduites : il n’y a souvent pas de restaurant. Les besoins à l’accueil sont moins importants… « On a deux fois moins de charges de personnel qu’un hôtel classique, type Ibis, résume Xavier Desaulles, d’Adagio. On peut dégager un bénéfice (avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de 15 %, quand l’hôtellerie est en dessous de 10 %. »

    https://justpaste.it/5jc7d

    #rente_foncière #apparthôtels

  • Squats, bidonvilles, foyers : habiter les marges
    https://souriez.info/Squats-bidonvilles-foyers-habiter-les-marges

    A l’occasion de la sortie du numéro d’été du journal Le Chiffon, discussion autour du thème de son dossier principal : « Habiter les marges ». Avec nous Simon Dautheville et Noé Sotto, deux membres de la rédac, et un invité, Igor Babou, anthropologue qui a participé à la vie collective d’un squat de Noisy-le-Sec, puis de Pantin, le « LEØ » ("Laboratoire écologie Ødéchet"), qui avait fait l’objet d’un reportage dans Le Chiffon n°3 (2021). Ce lieu, après une belle bataille, a été expulsé en (…) #Les_Amis_d'Orwell

    https://www.lechiffon.fr/laboratoire-ecologique-zero-dechet-avec-nos-actions-de-recup-on-ramasse-la
    https://www.lechiffon.fr/avec-jean-baptiste-eyraud-dal-panorama-critique-de-la-lutte-pour-le-logeme
    https://www.lechiffon.fr/tous-les-numeros
    https://www.eterotopiafrance.com/catalogue/l-ecologie-aux-marges
    https://www.labozero.org

  • Meublés Airbnb : quand ubérisation du ménage et main-d’œuvre vulnérable font tourner la machine
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/02/meubles-airbnb-quand-uberisation-du-menage-et-main-d-uvre-vulnerable-font-to


    Une femme de ménage travaille dans un appartement en location Airbnb, à Paris, en septembre 2018. THIBAULT CAMUS/AP

    C’est une recommandation qu’Airbnb formule sur son site Internet, à destination de sa communauté de loueurs de meublés touristiques. Sous la tête de chapitre « Tout ce que vous devez savoir sur les frais de ménage », afin de « garder un prix compétitif », la plateforme préconise : « Négociez avec la personne chargée du ménage. Envisagez de lui demander si elle peut accepter un tarif plus bas en échange de prestations plus régulières. »

    Le #nettoyage, rouage crucial dans l’activité des meublés de tourisme pour assurer une occupation à flux tendu, constitue, en effet, une dépense que les propriétaires, les plateformes et les grandes conciergeries – spécialisées dans la gestion de la location, de l’annonce au dépôt des clés – cherchent à réduire au maximum, pour préserver leurs marges. Derrière les portes closes des meublés touristiques, la massification des Airbnb et la rentabilité attendue de ce type de locations entraînent des cadences et des conditions de travail difficiles.

    [...]

    En 2022, VIP Services, une société de nettoyage d’appartements loués sur Airbnb, recrutant des Ukrainiennes en situation irrégulière (avant que l’UE ne leur offre une protection valant autorisation de séjour et droit de travailler), a été condamnée en première instance par le tribunal de Paris pour « traite d’êtres humains aggravée ». Un cas extrême. Le jugement de l’affaire éclaire toutefois sur un système de sous-traitance en cascade : des propriétaires de meublés de tourisme confient leurs biens à une conciergerie de premier plan, HostnFly, elle-même donneuse d’ordres auprès de cette société de nettoyage, VIP Services, recrutant à bas coût des femmes de ménage.

    [...]

    Comme HostnFly, les grandes conciergeries recourent à des applications sur smartphone pour piloter et contrôler le personnel de nettoyage. Nicole Teke-Laurent, doctorante en sociologie du travail à l’IDHE.S-Nanterre, a suivi pour sa thèse une femme de ménage travaillant pour plusieurs locations Airbnb, « équipée d’un diable pour transporter son énorme sac de draps » dans les rues de Paris. « Pour un petit studio, elle devait envoyer à la conciergerie une vingtaine de photos très détaillées retraçant toutes ses tâches : l’évier, le lavabo, la cuvette des toilettes etc., témoigne la sociologue. Un contrôle numérique renforcé par la notation des femmes de ménage, à la fois par les clients des Airbnb et par les propriétaires des appartements, qui postent des avis sur les conciergeries. Cette logique de contrôle constitue une forme de pénibilité supplémentaire. »

    https://archive.ph/qIA4W

    #tourisme #Airbnb #rente_foncière #femmes_de_ménage #uberisation

  • Immobilier : les revers du « coliving », nouvelle industrie de la colocation
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/05/16/les-revers-du-coliving-nouvelle-industrie-de-la-colocation_6606311_3234.html

    Très rentable, la location de chambres au sein d’appartements rénovés prospère sur fond de crise du logement dans les métropoles.


    OLIVIER BONHOMME

    Le modèle économique de cette industrie est tout ce qu’il y a de plus simple. Il s’agit de doubler voire tripler les revenus d’un appartement en y logeant, après rénovation, un maximum de chambres, de salles de bains et une grande cuisine. Le #propriétaire sous-loue son bien à une société – plus d’une vingtaine déjà créées – qui s’occupe des locataires. La décoration est soignée. Les plateformes font leur marge sur les services intégrés au #loyer, lequel s’approche souvent du millier d’euros. « Le Wi-Fi, le gaz, l’électricité, tout ce qu’un locataire aurait de toute façon pris », détaille Axelle Baillet, responsable de Joivy France. « L’assurance, le ménage des parties communes et un fond de course par mois », complète Victor Augais, fondateur de La Casa, qui parvient à louer 12 à 15 chambres par pavillon de banlieue à moins de 1 kilomètre d’une station de métro, de tram ou de RER. Il en exploite déjà une cinquantaine en Ile-de-France et se développe aussi à Lille.

    [...]

    Une trentaine de couples ou de familles bien moins fortunés qu’eux vivaient là depuis toujours ou presque. Un matin, une lettre les a informés que l’immeuble était vendu. Deux mois plus tard, des affichettes les invitaient à prendre rendez-vous pour évoquer les travaux et l’avenir. « “Le ravalement, la réfection de toiture vont affecter votre qualité de vie”, nous a-t-on dit, “on peut vous accompagner dans un nouveau projet” », rapporte l’un des #locataires encore présents, qui, comme ses anciens voisins, a préféré rester anonyme.

    Bien sûr, officiellement, il n’a jamais été question de déloger qui que ce soit. En 2023, au moment où les premiers curages commencent, Lucas, 73 ans, locataire, depuis 1984, d’un 42 mètres carrés pour 516 euros par trimestre (loyer loi de 1948), faisait déjà le décompte. « La dame du bâtiment C est toujours dans le quartier, mais ils l’ont fait partir, détaille-t-il. La dame âgée du E et son mari ont été relogés au A pour vider le E. Moi, ils ont proposé de me trouver un logement ailleurs. J’ai refusé. Avec ma retraite d’ouvrier mécanicien de 1 200 euros, je ne peux pas me le permettre. »

    Elisabeth, 49 ans, régulatrice médicale, qui était née là et n’avait jamais quitté l’appartement – « deux studios réunis du E et du D » –, où ses parents, femme de ménage et manœuvre à la SNCF, s’étaient installés en 1974, a dû, elle aussi, quitter les lieux. Son nom n’était pas sur le bail. Ses parents retraités multipliant les allers-retours en Espagne, le propriétaire a considéré qu’elle était sans droit. « Je venais de faire un AVC [accident vasculaire cérébral], ils ne voulaient pas me croire. Ils m’ont relancée pendant des mois. Avec 1 500 euros [de revenus], comment voulez-vous ? J’ai fini par trouver un appartement avec la cuisine et la salle de bains dans la même pièce. » Ses parents ont reçu une compensation, explique Elisabeth. Deux agences d’architectes et celle des designers Bouroullec ont également quitté les lieux.

    « KV Paris X, un beau projet financé (…) par Anaxago, 4 000 mètres carrés au cœur du 10e arrondissement (…) pour faire une résidence mixte qui mêle coliving et coworking. Maximiser le rendement dans le but de le vendre, sur la base d’un taux de capitalisation en investisseur institutionnel. C’est une opération qui va cibler un taux de rentabilité qui est supérieur à 12 %. » Tout était dit dans cette conférence en ligne donnée par Anaxago, spécialiste de l’investissement immobilier, au printemps 2021.

    Mais de tout cela, Lucas, Elisabeth et la poignée de locataires qui résistent n’en ont rien su. (...)

    https://archive.ph/YyvAs

    edit précédemment
    https://seenthis.net/messages/1071804

    #coliving #logement #racket #rente_foncière

    • Paris, Lyon, Montreuil lancent la bataille contre le « coliving »
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/24/paris-lyon-montreuil-lancent-la-bataille-contre-le-coliving_6649174_3234.htm

      Derrière coliving, cet anglicisme se cache un concept protéiforme, sans définition juridique claire qui renvoie à la fois à cette #industrialisation_de_la_colocation avec des appartements ou maisons réaménagés pour y loger autour d’une cuisine commune un maximum de chambres, réservables en un clic. Mais aussi à ces résidences gérées produites dans le neuf ou après la transformation de bureaux vacants. Une réponse « à un vrai besoin » des étudiants, jeunes actifs, cadres de passage en quête de « convivialité », « lien social », « flexibilité », jurent les professionnels. Un filon développé sur fond de crise du logement, pour contourner les règles, sauver des actifs tertiaires, rétorquent leurs détracteurs. Dans le dossier complet qu’il publie ce mois d’octobre sur le sujet, le cabinet d’études économiques Xerfi recense 24 000 unités en France en 2025 (contre 2 600 en 2020), et en annonce 33 000 en 2028.

      Dans la capitale, c’est la première version qui a commencé par faire parler d’elle. L’histoire d’un îlot d’immeubles, racheté rue du Buisson-Saint-Louis, dans le Xe arrondissement, où les habitants ont été priés de partir pour laisser place à du coliving et des meublés touristiques, est devenue l’une des plus emblématiques. Puis, durant l’été, la municipalité a tiqué lorsque, au détour d’une réunion sur l’aménagement du quartier Hébert, dans le XVIIIe arrondissement, elle a compris que le programme hôtelier annoncé devenait 30 000 mètres carrés de coliving avec des loyers supérieurs à la limite imposée dans le secteur. Le groupement a été prié de revoir sa copie. Dans le XIIIe arrondissement, la Ville a mis son veto sur d’anciens bureaux en bord de Seine promis au même avenir et pousse pour qu’y soit créé du logement social étudiant.

      Appel à une intervention de l’Etat et du législateur
      Lorsque le projet est conditionné à l’obtention d’une autorisation d’urbanisme, le rapport de force est encore possible. A Montreuil, Gaylord Le Chequer, le premier adjoint au maire (PCF), a lui aussi refusé net la proposition d’un promoteur qui proposait de remplir deux immeubles anciennement occupés par les services de la ville par 150 chambres en coliving. « On veut y maintenir de l’activité. Par ailleurs, un loyer à 1 000 ou 1 500 euros ne correspond pas aux besoins d’un Montreuillois qui voudrait décohabiter », justifie l’élu. En revanche, poursuit-il, le coliving développé dans du logement existant, à l’image de cette grande maison à cinq minutes du métro qu’un particulier a racheté plus d’1 million d’euros pour y loger une dizaine de chambres, est autrement plus complexe à freiner.

      https://justpaste.it/chxlr

      Le « coliving », nouvelle marotte des investisseurs sur laquelle l’encadrement des loyers ne s’applique pas
      https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/04/23/le-coliving-nouvelle-marotte-des-investisseurs-sur-laquelle-l-encadrement-de

      Selon une étude du cabinet Xerfi, parue en 2024, en quelques années, le nombre d’exploitants de résidences atteint près de 60 opérateurs : « Le nombre de chambres exploitées a parallèlement augmenté de 70 % entre 2021 et 2023. L’intérêt des investisseurs institutionnels pour ce type d’actif est particulièrement important et ne s’essouffle pas. Ainsi, en 2023, les volumes investis sur ce segment ont dépassé 430 millions d’euros en France. »

      https://justpaste.it/c204a

      Une société de la séparation sait faire marché de la solitude.

      #crise_du_logement #loyers #racket #logement #résidences_gérées #rente_foncière #investisseurs #ville #Paris

  • NOTE de la Plate-forme logement pour touTEs : Cherté et crise du logement
    https://www.droitaulogement.org/2025/03/note-de-la-plate-forme-logement-pour-toutes-cherte-et-crise-du-loge

    [N]ote d’analyse économique, relative à la crise du logement, ses causes et ses effets, réalisée par Pierre Concialdi, économiste, avec la plate-forme logement pour touTEs.

    Sommaire
    1. Des logements de plus en plus chers
    2. Des prix tirés par la spéculation foncière
    3. L’immobilier de rapport : un patrimoine fortement concentré
    4. De plus en plus de logements vacants malgré une crise d’offre
    5. L’envolée des loyers et des profits associés
    6. Chute des aides au logement depuis 2017
    7. L’État, générateur et profiteur du logement cher
    8. Paupérisation des locataires et hausse des taux d’effort
    9. Un nombre record d’expulsions en 2022

    #logement #logement_social #propriété_privée #locataires #loyers #crise_du_logement #allocation_logement #expulsion #droit_au_logement #APL #fiscalité #sans_abris #mal_logés #DALO #prioritaires_DALO #cadeaux_fiscaux #gentrification #rente_foncière #spéculation

    • Crise du logement : les impayés de loyers augmentent, les expulsions explosent en 2024
      https://www.europe1.fr/societe/crise-du-logement-les-impayes-de-loyers-augmentent-les-expulsions-explosent-

      Signe de l’aggravation de la crise du logement en France, les commissaires de justice ont constaté en 2024 une explosion des expulsions de locataires, en hausse de 87% sur un an, et des procédures juridiques pour #impayés de loyers toujours plus nombreuses.

      L’année dernière, 24.000 procès-verbaux d’expulsion de ménages ont été délivrés, contre 12.825 en 2023, selon des chiffres présentés jeudi par la Chambre nationale des commissaires de justice.

      Régis Granier, vice-président de la Chambre nationale des commissaires de justice, explique cette hausse par "une purge des dossiers bloqués par le Covid". A laquelle s’ajoute une "problématique de pouvoir d’achat et de crise du logement", selon Benoît Santoire, président de la chambre.

      Expulsions en forte hausse, loyers et charges de copropriété impayés… la crise du logement s’est aggravée en 2024
      https://www.leparisien.fr/immobilier/expulsions-en-forte-hausse-loyers-et-charges-de-copropriete-impayes-la-cr

      19 023 expulsions en présence des forces de l’ordre en France en 2023, soit 17 % de plus que l’année précédente.

    • UN LOGEMENT DÉCENT, STABLE, ABORDABLE POUR TOUTES ET TOUS ! NON AUX EXPULSIONS ET AU LOGEMENT CHER !
      https://www.ldh-france.org/un-logement-decent-stable-abordable-pour-toutes-et-tous-non-aux-expulsio

      Jamais depuis 50 ans, il n’y a eu autant de locataires menacé-es d’expulsion à l’approche de la fin de la trêve hivernale, ni autant de demandes HLM (2,6 millions), de mal-logé-es (4,2 millions), ni autant de sans-abris (350 000 dont des femmes, des enfants, des retraité-es…). Beaucoup de résident·es de foyers de travailleurs ou résidences sociales sont expulsé-es pour hébergement d’un·e proche.

      Non seulement les APL ont baissé et les prix de l’énergie ont flambé, mais depuis fin 2023, les loyers augmentent plus vite que l’inflation et les revenus ! Ainsi les locataires HLM et beaucoup de locataires du privé subissent en 2025 plus de 3% de hausse de loyer, alors que l’inflation se rapproche des 1%… Comparé aux loyers de 2023, les locataires et les résident-es paieront en 2025 un 13e mois de loyer en plus !
      Les jugements d’expulsions et les expulsions forcées sont massifs. Depuis la #loi_Kasbarian-Bergé, les locataires refusant de « s’auto-expulser » peuvent même être condamné·es à une amende pénale et les occupant·es sans titre de logements vacants sont mis·es à la rue, sans jugement, même en hiver !

  • Euro Disney : ces plus-values qui interrogent la Cour des comptes


    Une vue générale du parc Euro Disney, à Marne-La-Vallée, en 2017. BERTRAND GUAY / AFP

    Comme souvent sur ces terrains particuliers qui entourent les parcs #Disneyland, dans l’Est parisien, la double transaction s’est déroulée dans la journée. La parcelle, 15 hectares préparés par l’établissement public EpaFrance au bord d’un golf, en Seine-et-Marne, a d’abord été proposée à la société Euro Disney. Laquelle, ce jeudi 5 septembre 2019, ne s’est pas fait prier pour l’acheter (1,63 million d’euros), ni pour la revendre aussitôt (17,2 millions d’euros) pour que la société de conseil Deloitte installe à deux pas de la gare TGV de Marne-la-Vallée, à huit minutes de Roissy, son campus européen de formation de cadres.

    « Soit un prix multiplié par plus de dix », relève la Cour des comptes, dans un rapport publié le 10 janvier consacré à EpaFrance, l’aménageur chargé de réaliser l’une des plus vastes opérations d’#urbanisme en métropole. L’une des plus singulières aussi, puisqu’elle est directement liée aux intérêts du géant américain, qui, il y a près de quarante ans, choisissait l’Ile-de-France pour investir l’Europe.

    La Cour ne se risque pas à recommander une remise à plat de la convention de 1987, celle-ci ayant quasi rang de traité international, dont l’Etat et Disney sont les principaux signataires, et les communes exclues. Elle ne nie pas non plus le succès de l’opération : 718 millions d’euros d’investissements publics, qui ont généré 8,8 milliards d’investissements privés depuis l’ouverture du premier parc en 1992. Disneyland Paris est la première destination touristique en Europe (deux fois plus de visiteurs qu’au Louvre, trois fois plus qu’à la tour Eiffel). Le chômage dans ce coin d’Ile-de-France est plus bas qu’ailleurs, 400 entreprises s’y installent chaque année.

    (...) la donne de départ « condui[t] l’Epa, organisme d’Etat, à mettre en œuvre les décisions d’une entreprise privée, dans des domaines relevant de l’action publique ».

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/13/euro-disney-ces-plus-values-qui-interrogent-la-cour-des-comptes_6495544_3234

    https://justpaste.it/gtl5v

    edit on se souviendra que c’est un gouvernement PS qui a construit des routes, une gare, et concédé des terrains à cette boite, au nom de l’emploi.

    #spéculation #rente_foncière #immobilier #tourisme #artificialisation_des_sols #logement

  • « #Gentrification : quand les espaces populaires s’embourgeoisent »

    Épisode 2/4 : #Marseille, Tu me fends le cœur de ville

    À Marseille selon une récente étude de l’INSEE, 80 % des logements de particuliers sont détenus par des multipropriétaires dans le centre ancien de Marseille et 75 % dans l’ensemble de la ville. Selon l’institut, ces statistiques témoignent d’une “concentration de la propriété immobilière à Marseille, notamment à des fins de rentabilité locative”. Du locatif privé que les propriétaires négligent.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/marseille-tu-me-fends-le-coeur-de-ville-5871381

    • #Saint-Ouen. Ici, c’est le Grand Paris, « Gentrification : quand les espaces populaires s’embourgeoisent », Épisode 1/4
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/saint-ouen-ici-c-est-le-grand-paris-1246840

      À mesure que #Paris s’embourgeoise sous l’effet de de la désindustrialisation, de la mondialisation et des politiques urbaines de l’État et la municipalité depuis la fin du 19e siècle, la #gentrification se diffuse au-delà du périph : Les Lilas, Montreuil, Pantin,... Saint Ouen.

      #93 #logement #ville #bourgification #radio

    • Concernant Marseille, outre la description de la gentrification, il y a plusieurs moments dans ce podcast que je trouve plutôt intéressants en ce qu’ils soulignent les petites contradictions et la complexité des phénoménes sociaux et urbains.

      Le membre du collectif du quartier Félix Pyat et l’équipe de la radio « attaqués » par une habitante. 6:12

      Le sociologue précaire qui habite à Noailles et se désigne comme « micro-gentrifieur ». 14:15

      L’habitante de la Plaine qui se demande si elle ne fait pas partie du public cible des nouvelles boutiques d’artisans qui s’ouvrent dans son quartier et son voisin trop cool qui détient une carte d’agent immobilier 52:50-54:43

      Marta qui observe que la lutte contre la gentrification ou le carnaval indépendant de la Plaine deviennent eux-mêmes des sortes d’attraits : « anarco-tourisme » 54:55.

    • Oui, c’est un point tenu par l’émission : la gentrification vient à la fois du bas (payer pareil pour plus de mètres carré) et du micro (d’innombrables micro-gentrifieurs, avec les artistes à l’avant-garde, comme de fut le cas il ya longtemps pour Montparnasse, en toute innocence, mais désormais moins innocents), et du haut (édiles, projets urbanistiques, intérêts immobiliers constitués, entreprises).

      À Saint-Ouen, le rôle gentrifieur du PC (qui tenait autrefois la marie), puis d’une municipalité ayant Levallois-Perret pour modèle (pas de nouveaux logements sociaux, le taux légal étant déjà plus qu’assuré), puis d’une municipalité socialo-verte (allez, zyva, un éco-quartier) est souligné par Anne Clerval.

      À Marseille : La Provence qui publie un article annonçant un taux d’occupation record des #Airbnb lors du carnaval de La Plaine, pour partie organisé part celleux qui font campagne contre les « locations saisonnières » qui font exploser les loyers.

      Bref, de forts bonnes émissions radio qui montrent la vigueur d’effets structuraux.

      #propriété #centre-villes #tourisme #rente_foncière #société_de_loisirs

  • A Paris, quand des immeubles entiers sont convertis en apparthôtels de luxe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/20/a-paris-quand-des-immeubles-entiers-sont-convertis-en-apparthotels-de-luxe_6

    .... le modèle tourne avec des coûts bien moindres que dans l’hôtellerie. « Par rapport à un hôtel classique, on a des besoins en personnel divisés par trois. On peut être rentable avec moins de mètres carrés », explique Xavier O’Quin, cofondateur d’Edgar Suites, l’une des entreprises les plus en vue de ce petit monde des #apparthôtels, avec plus de 600 unités réparties dans une vingtaine d’immeubles. Pas d’espaces communs, pas de salle de petit déjeuner, un accueil réduit, des procédures qui profitent à fond de la digitalisation, un ménage seulement à la demande…
    Ce jour-là, Xavier O’Quin nous fait visiter un hôtel particulier du XVIIe siècle, près des Halles, qui appartenait jusqu’en 2020 au barreau de Paris, et qu’il a découpé, en 2022, en onze appartements mansardés. Certains offrent une belle vue sur l’église Saint-Eustache. « Vous voyez, il y a des plantes, des livres dans la bibliothèque, du mobilier vintage. L’idée, c’est de se sentir dans un vrai appartement parisien », explique ce diplômé d’un master of business administration à HEC. En 2021, sa société a levé 100 millions d’euros auprès de BC Partners, ce qui lui a permis de racheter plusieurs immeubles. Parmi eux, un bureau de 2 500 mètres carrés dans le 15e arrondissement – l’ex-siège de la marque de vêtements Caroll –, qui ouvrira bientôt avec une cinquantaine d’appartements hôteliers. D’autres projets sont en cours à Levallois-Perret, Clichy, Châtillon (Hauts-de-Seine)…

    https://justpaste.it/fd069

    #Paris #tourisme #apparthôtels #rente_foncière #luxe #industrie_du_luxe #Ville_de_Paris

  • Les expulsions locatives en hausse : « C’est avant tout un problème de loyers impayables » - Basta !
    https://basta.media/expulsions-locatives-hausse-avant-tout-probleme-loyers-impayables
    https://basta.media/local/cache-gd2/46/b8b2778cdbf90e3011c5825dec3b9d.webp

    S’il y a des loyers impayés en France, c’est, dans la plupart des cas, parce que ces loyers sont impayables. Il y a une déconnexion croissante, et à mon avis intenable à terme, entre l’évolution des loyers d’une part, et l’évolution des revenus de la population d’autre part. Les dettes de loyers sont le symptôme d’un mécanisme structurel de dérégulation du marché immobilier et d’une envolée des prix qui creuse l’écart avec les revenus de la population, particulièrement des populations modestes. Un problème de loyers impayés en France, c’est avant tout un problème de loyers impayables.

    « 99,99 % des squats portent sur des logements vides ou sur des locaux qui ne sont pas des logements, mais des hangars, des immeubles de bureaux »

    Pourquoi parler des expulsions est selon vous essentiel pour comprendre la fabrique de la pauvreté et le creusement des inégalités sociales ?

    Les expulsions sont à la fois les symptômes et les conséquences d’un processus qui accroît les inégalités par le haut et par le bas. Par le haut, parce que ces mécaniques de spéculation immobilière viennent enrichir les propriétaires de logements, qui sont déjà les ménages les plus fortunés. Et par le bas, parce que cela vient appauvrir les familles qui étaient déjà pauvres. Une expulsion vient grever de manière durable et radicale la vie et les chances de vie des individus et des familles qui en pâtissent.

    #logement #pauvreté #profitation

    • Basta ! : Dans les médias, on lit souvent des paroles de propriétaires apeurés de voir leurs logements squattés. Mais on entend très peu les voix de locataires expulsés. Est-ce une impression que vous partagez ?

      Avec l’actualité législative autour de la loi Kasbarian-Bergé contre l’occupation illicite des logements, on a donné beaucoup la parole à des #propriétaires, petits ou grands – puisqu’en fait, ce qu’est un petit propriétaire n’est pas véritablement défini. À l’inverse, on a très peu entendu les familles privées de logement, qui sont contraintes – parce qu’elles ne le font jamais de gaieté de cœur – de s’abriter des rigueurs de la rue, du froid, de la violence de l’espace public. Je ne sais pas si ces gens-là s’imaginent ce que ça veut dire de dormir dans la rue aujourd’hui.

      La catégorie des « petits propriétaires », ces ménages qui n’ont qu’un seul logement locatif, concerne une minorité de la population. En France, environ la moitié des ménages sont propriétaires de leur résidence principale. Les ménages qui sont propriétaires de deux logements ne représentent qu’environ un quart. Souvent ils possèdent un domicile principal et un domicile secondaire – qui n’est pas loué, mais plutôt utilisé pour les vacances.

      Les petits propriétaires qui louent des logements sont, d’un point de vue juridique ou économique, des investisseurs. Lorsqu’ils investissent dans la pierre et qu’ils louent, ils prennent un risque. Dans ce risque, il y a la possibilité d’avoir des pertes. Parmi les pertes, il y a le fait de ne pouvoir collecter ses loyers ou de voir son bien détourné de sa fonction.

      Ce que je reproche aux petits propriétaires, et surtout à leurs porte-parole, c’est de ne pas s’appliquer à eux-mêmes la morale capitaliste qui est la leur. On ne demande jamais au corps social de pleurer des larmes de crocodile sur la situation des investisseurs en bourse qui perdent leur mise. Les propriétaires, c’est une catégorie de ménages qui veut le profit et la pitié.

      #revenu #salaire #rente_foncière #squats #expulsions #Camille_François

  • Remaniement : l’arrivée de Kasbarian au ministère du Logement irrite la gauche et des associations
    https://www.lefigaro.fr/politique/remaniement-l-arrivee-de-kasbarian-au-ministere-du-logement-ulcere-la-gauch

    L’élu d’Eure-et-Loir, nommé jeudi après un mois sans ministre spécifiquement chargé du #Logement, a la lourde tâche d’affronter une crise historique, avec une production en berne, un allongement sans fin du nombre de ménages en attente d’un HLM, ou une saturation des structures d’hébergement d’urgence. Sa nomination au ministère du Logement, après deux anciens socialistes - Patrice Vergriete et Olivier Klein - marque un net coup de barre à droite, lui dont le principal fait d’armes en matière de logement est d’avoir fait adopter, en 2023, une loi durcissant les peines contre les squatteurs [et les locataires !!].

    Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, a ainsi confié à l’AFP « espérer que le nouveau ministre délégué au Logement sera plus attentif aux souffrances des mal logés et aux difficultés que connaissent nos concitoyens en matière de mal-logement qu’il ne l’a été au moment où il a porté une loi qui a fait beaucoup de dégâts ».

    « Provocation »

    Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement, première association de locataires HLM et proche du Parti communiste, a lui estimé sur franceinfo que son arrivée était « une véritable gifle à tout le secteur du logement » et une « déclaration de guerre aux locataires ». « Une provocation », ont jugé de concert plusieurs élus de gauche. « Nommer celui dont le seul fait d’armes est d’avoir facilité les expulsions est un crachat aux visages des 4 millions de personnes mal logées et 330.000 personnes sans-abris », a ainsi dénoncé sur X la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.

    « Guillaume Kasbarian est l’auteur de la loi la plus répressive sur les expulsions depuis des décennies », a lancé sur le même réseau le communiste Jacques Baudrier, adjoint au Logement à la mairie de Paris, tandis que le chef des sénateurs écologistes Guillaume Gontard moquait l’arrivée d’un « ministre du délogement ».

  • Habitat indigne : l’incroyable cadeau du gouvernement aux marchands de sommeil | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/180124/habitat-indigne-l-incroyable-cadeau-du-gouvernement-aux-marchands-de-somme

    Publié au plein cœur de l’été, le 29 juillet 2023, le décret habitat 2023-695 va entraver la lutte contre les marchands de sommeil et autres propriétaires abusifs en tirant vers le bas toutes les normes de qualité des logements mis en location.

    Censé harmoniser les deux textes qui régissent aujourd’hui les normes des habitations en location, le décret « décence » et le règlement sanitaire départemental, il était pourtant attendu depuis des années. Il aurait dû être l’occasion d’intégrer de nouvelles normes qualitatives, notamment liées au dérèglement climatique, en prenant en compte l’impact des fortes chaleurs dans le bâti. Personne n’avait imaginé qu’il ferait sauter les garde-fous existants, au prétexte de la crise du logement.

    Enfin, personne… parmi les naïfs.
    #logement #pourritures

  • Politique du logement : Oxfam dénonce une fabrique des inégalités | Lucie Delaporte
    https://www.mediapart.fr/journal/france/041223/politique-du-logement-oxfam-denonce-une-fabrique-des-inegalites

    L’arrivée massive d’acteurs financiers dans le secteur du logement, encouragée par les pouvoirs publics, a renforcé la concentration du patrimoine immobilier. L’ONG dénonce une politique qui aggrave les inégalités sociales.

    La crise du logement qui sévit ne vient pas de nulle part et ne touche pas la population de manière égale. Si des millions de Français souffrent du mal-logement, une minorité s’est également fortement enrichie grâce à l’immobilier ces dernières années.

    Dans un rapport percutant https://oxfam.app.box.com/s/cjxltf26pr3965zcb7z3nd7y2fg5xdzn/file/1374828771976 , l’ONG Oxfam pointe la fabrique à inégalités qui s’est emparée du secteur.
    Au-delà des aspects conjoncturels liés à la hausse des taux d’intérêt, des coûts de l’énergie et des matériaux qui ont mis à l’arrêt la construction, les difficultés à se loger que rencontrent actuellement de plus en plus de ménages sont liées à une financiarisation du logement, encouragée par les pouvoirs publics.
    Ce mouvement mondial, qui a déjà fortement touché l’Union européenne – entre 2010 et 2023 les prix des logements y ont augmenté de 46 % et les loyers de 21 % –, touche aujourd’hui d’autant plus la France qu’elle a engagé un désinvestissement des politiques publiques sur le sujet.

    #logement #logement_social #fiscalité #niches_fiscales #financiarisation #loyers

    • Ces vingt dernières années, les prix de l’immobilier ont donc augmenté quatre fois plus vite que les revenus bruts des ménages (+ 125,6 % entre 2001 et 2020 contre 29 % pour le revenu disponible des Français).
      Sur ce point, le rapport d’Oxfam relève que le « désengagement » de l’État « a ouvert la voie au secteur privé et aux investisseurs financiers, jusqu’à la financiarisation du logement aidé ».
      La production de logements sociaux s’est par exemple effondrée, passant de 126 000 logements financés en 2016 à 96 000 en 2022 et l’État a tout misé sur le soutien à la production de logements intermédiaires financés par le secteur privé.
      Le chapitre rédigé par Thibault Le Corre et Renaud Le Goix sur la financiarisation du logement social et intermédiaire est à cet égard très éclairant. Pour les chercheurs, « ce processus transforme le logement en un produit financier, et aboutit à une gestion avant tout “financière” du logement ».

      Un mouvement de #concentration inédit

      Les auteurs rappellent que depuis la crise financière de 2008, les opérateurs financiers se sont intéressés au logement social et intermédiaire perçu comme « permettant aux investisseurs de percevoir des rendements stables et peu risqués ».
      Les effets de cet afflux de « propriétaires financiarisés », encouragés par d’avantageuses niches fiscales, ont des conséquences néfastes très documentées sur les #locataires : hausse des prix, accélération des #expulsions, moindre investissement dans l’entretien des bâtiments. Pris dans cette logique, le logement doit devenir pour ces investisseurs toujours plus rentable.

      Les niches fiscales conçues pour orienter l’épargne vers le logement locatif notamment intermédiaire ont largement contribué à ce mouvement de financiarisation et ont lourdement pesé sur le budget de l’État. Oxfam a calculé que trois niches fiscales (LMNP, SIIC et Censi-Bouvard) ont ainsi coûté 11 milliards d’euros en douze ans, ce qui aurait pourtant permis la construction sur cette période de 70 500 logements sociaux.
      Ces niches fiscales, qui ont profité aux ménages les plus aisés, ont aussi renforcé un mouvement de concentration du patrimoine immobilier inédit. « Début 2021, les 10 % les plus riches en patrimoine concentraient 44 % du patrimoine immobilier. Cette accumulation du #patrimoine_immobilier conduit au constat actuel qui est que 3,5 % des ménages détiennent plus de cinq logements soit 50 % des logements mis en location par des particuliers », note le rapport d’Oxfam s’appuyant sur les derniers chiffres de l’Insee.
      Des chiffres qui expliquent en grande partie le poids de la #rente et de l’#héritage dans la société française où « le patrimoine hérité représente 60 % du patrimoine des Français·es aujourd’hui contre 35 % au début des années 1970 ».
      L’État a-t-il intérêt à changer de braquet ? Pas vraiment s’il ne s’intéresse qu’aux recettes fiscales générées par le secteur. Comme cette fiscalité repose sur la valorisation du patrimoine, plus les revenus tirés de l’immobilier sont importants, plus les recettes augmentent. « La fiscalité aujourd’hui, qui ne prend pas en compte l’impact sur les inégalités de richesses et de patrimoine, n’a donc pas intérêt à changer pour la puissance publique. »
      Pour contrer cette tendance, Oxfam propose de limiter l’accès d’acteurs privés « financiarisés » au financement du logement, particulièrement le logement aidé.
      L’ONG défend aussi la constitutionnalisation du #droit_au_logement en le mettant au même niveau que le droit à la propriété.

      #propriété_privée #rente_foncière fiscalement assistée

    • Création de logements sociaux : un nombre record de communes sont « hors la loi »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/06/creation-de-logements-sociaux-un-nombre-record-de-communes-sont-hors-la-loi_

      La Fondation Abbé Pierre publie, mercredi 6 décembre, son palmarès des mauvais élèves du logement social : 659 municipalités n’ont pas rempli leurs objectifs, soit 64 % des communes soumises à la loi Solidarité et renouvellement urbain.

      https://archive.is/nKpum

  • Paris veut s’attaquer aux logements inoccupés pour stopper la baisse de la population
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/05/paris-veut-s-attaquer-aux-logements-inoccupes-pour-stopper-la-baisse-de-la-p

    Pour chiffrer ce phénomène, la Ville de #Paris s’est tournée vers l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), qui a rendu, mardi 5 décembre, un rapport « qui nous préoccupe beaucoup », reconnaît Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris. L’étude fait état, sur la période récente, d’une explosion du nombre de #logements_inoccupés : en 2020, ils représentaient 19 % des habitations à Paris (262 000 logements), contre 14 % en 2011 (191 000 logements) . Une évolution qui se traduit par une baisse de la population parisienne, la capitale ayant perdu sur cette période en moyenne 11 500 habitants chaque année, alors qu’elle en gagnait près de 14 000 par an entre 2006 et 2011.

    Ce terme « inoccupé » englobe toutefois différents types d’habitations, qui ont pour point commun de ne pas être des résidences principales : des logements vacants, des résidences secondaires et des logements occasionnels, utilisés pour des raisons professionnelles – ces deux dernières catégories pouvant abriter des occupants de temps à autre.
    Répartition « très inégale » des résidences secondaires
    C’est la courbe de ces résidences secondaires et occasionnelles qui a grimpé en flèche ces dernières années, leur part passant de 3 % dans les années 1970, à moins de 7 % en 2011 puis à 10 % en 2020 (soit 134 000 logements ). Une augmentation « en partie liée à la hausse des locations meublées touristiques non déclarées », avance l’APUR. Ce dernier a recensé, en février 2023, 55 000 annonces sur le seul site d’Airbnb et estime que près de 90 000 logements sont utilisés à Paris pour de la location touristique, avec un taux de fraude très élevé. La Ville de Paris estime en effet qu’environ 25 000 appartements parisiens sont détournés de leur usage de résidence principale, pour être loués sur des plates-formes de courte durée, tout au long de l’année.

    [...]
    Par comparaison, la part des #logements_vacants a peu évolué au cours de ces cinquante dernières années. Paris en compte aujourd’hui 128 000 (9 % des habitations), mais cette vacance est pour l’essentiel « frictionnelle », liée à la rotation des ménages entre déménagements et emménagements. En réalité, moins de 19 000 logements s’avèrent vacants depuis plus de deux ans (soit 1,3 % des logements parisiens) . Ce qui représente malgré tout cinq années de construction à Paris.

    (...) D’après les scénarios démographiques de l’APUR, si la part des logements inoccupés continuait à progresser selon la tendance récente, Paris pourrait perdre 247 000 habitants d’ici à 2040.

    https://archive.is/QhjMN

    #logement #tourisme #rente_foncière #Ville_de_Paris

  • Centre-ville : un collectif marseillais revendique le rapt de 40 boîtes à clefs Airbnb - Marsactu
    https://marsactu.fr/bref/centre-ville-un-collectif-marseillais-revendique-le-rapt-de-40-boites-a-cle

    Dans un communiqué anonyme, un collectif de Marseillais et Marseillaises du centre-ville revendique “le kidnapping de 40 boîtes à clefs sécurisées et la dégradation de 21 d’entre elles“. Pour ces derniers, ces installations permettant aux propriétaires de biens immobiliers de les louer, à la chaîne pour de courte durée, et sans se déplacer sont, “le symbole de [leur] colère”. “Ainsi les touristes peuvent choisir la vue mer ou sur la Bonne mère pour passer quelques jours à Marseille et nous nous n’avons plus (vue sur) rien, écrivent-ils. Rareté des logements, augmentation des loyers, accès de ceux qui restent aux plus fortunés, évacuation forcée parfois, peur de perdre son logement sinon. […] Combien de gens à la rue pour combien de meublés touristiques sans âme ?”

    Le collectif, qui dit ne plus rien attendre de la mairie, demande “le retour à la location de tous [les] logements, des conditions d’accès à ceux-ci adéquates avec les revenus et les profils des Marseillais et Marseillaises.” Sinon, ajoutent les protestataires, il faudra s’attendre à d’autres kidnappings de boîtes à clefs, mais aussi des “attaques de petits trains” ou encore des “touristes jetés dans le Vieux-Port”.

    #Marseille #tourisme #Airbnb #meublés_touristiques #logement #rente_foncière #propriété #luttes

  • #Propriété_collective des #terres : « Des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste »

    basta ! : Dans le secteur agricole, on compte seulement une installation pour deux à trois cessations d’activité, alors qu’un agriculteur sur quatre doit partir à la retraite d’ici 2030. L’accès à la terre est-il le frein principal à l’activité agricole en France ?

    Tanguy Martin : L’accès à la terre est clairement un frein, économique d’abord. La terre, selon les régions, peut coûter assez cher. S’y ajoutent les coûts des bâtiments, du cheptel, des machines, dans un contexte où les fermes n’ont cessé de grandir en taille depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Il y a aussi un principe de défiance : c’est plus facile de vendre ses terres, ou de les louer à son voisin qu’on connaît depuis très longtemps, qu’à quelqu’un qu’on ne connaît pas, qui peut vouloir faire différemment, non issu du territoire... Or, 60 % des gens qui veulent s’installer aujourd’hui ne sont pas issus du milieu agricole. Les freins administratifs se combinent à ce parcours du combattant.

    Aujourd’hui l’accès à la terre se fait par le marché : les terres sont allouées aux gens capables de rentabiliser une ressource, et pas forcément aux gens capables de nourrir un territoire ou de préserver un environnement.

    À partir de quel moment la terre agricole est-elle devenue une marchandise ?

    Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la terre est restée un bien de prestige et de pouvoir à travers lequel on maîtrise la subsistance de la population. Mais après 1945, l’agriculture est entrée dans le capitalisme : on commence à faire plus de profit avec la terre et la production de nourriture, voire à spéculer sur le prix de la terre.

    La terre est même depuis devenue un actif financier. Aujourd’hui, les sociétés dites à capitaux ouverts (financiarisées), dont le contrôle peut être pris par des non-agriculteurs, ont fait main basse sur 14 % de la surface agricole utile française. C’est plus d’une ferme sur dix en France [1]. Le phénomène a doublé en 20 ans !

    Peut-on vraiment parler de spéculation sur les terres en France alors même que le prix stagne en moyenne à 6000 euros par hectare depuis plusieurs années ? Il est quand même de 90 000 euros par hectare aux Pays-Bas !

    Depuis quelques années, le prix de la terre stagne et on pourrait en conclure qu’il n’y a pas de spéculation. En réalité, le prix de la terre a globalement augmenté en France sur les 20 dernières années.

    Actuellement, ce prix augmente dans certaines régions et baisse dans d’autres. Les endroits où l’on peut spéculer sur la terre sont globalement ceux où l’agriculture s’est industrialisée : les zones céréalières dans le centre de la France, de betteraves en Picardie, de maïs dans le Sud-Ouest... Là, le prix de la terre continue à augmenter.

    En revanche, il y a des endroits en déprise, notamment les zones d’élevage comme le Limousin, où le prix de la terre peut baisser. Les prix augmentent aussi à proximité des villes et des zones touristiques, où la terre risque de devenir constructible.

    En France, ce sont les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) qui sont en charge de réguler le marché des ventes des terres agricoles. Elles sont très critiquées. Que faut-il faire de ces organisations ?

    Les Safer ont participé à limiter les inégalités d’accès à la terre et un prix de la terre relativement bas en France. C’est vrai, même s’il y a d’autres explications aussi, comme la plus faible valeur ajoutée produite par hectare en France.

    Pour autant, les Safer doivent encore évoluer pour pouvoir répondre aux enjeux alimentaires et agricoles du 21e siècle, il faut arriver à démocratiser leur gouvernance. Celles-ci restent aujourd’hui très liées aux décisions du syndicalisme majoritaire (de la FNSEA, ndlr). Les Safer doivent aussi devenir plus transparentes. Actuellement, les réunions de décision se tiennent à huis clos : c’est censé protéger les gens qui prennent les décisions pour qu’ils soient éloignés de certaines pressions, mais cela crée une opacité très délétère pour l’institution.

    Un autre élément à revoir, c’est la façon dont on fixe les objectifs politiques des Safer. Ces dernières, quand elles achètent une terre, doivent la revendre à la personne qui répond aux objectifs politiques qui sont notamment fixés dans des documents nommés « schémas directeurs régionaux des exploitations agricoles ».

    Ces documents, écrits par l’État et validés par arrêté préfectoral, décrivent quel type d’agriculture vont viser les Safer et d’autres instances de régulation foncière. Or, ces documents, du fait que le syndicat majoritaire est largement consulté, défendent plutôt la prolongation de l’agriculture vers son industrialisation. Il y a donc un enjeu à ce que ces documents soient écrits pour défendre une agriculture du 21e siècle qui défend l’agroécologie, et des paysannes et paysans nombreux sur les territoires. À ces conditions-là, il n’y a pas de raison de vouloir se passer des Safer.

    Le fait que nous ayons un système qui alloue la terre, non pas en fonction de l’offre et de la demande, mais en vertu d’un projet politique censé répondre à l’intérêt général, est un trésor inestimable en France qu’il faut absolument garder.

    En creux de votre ouvrage se pose la question du rapport à la propriété. Est-il possible de dépasser le modèle du paysan propriétaire ?

    Sur le principe, rien ne justifie le fait qu’à un moment, une personne ait pu dire « cette terre m’appartient ». La terre étant à la fois un lieu d’accueil du vivant et le lieu où l’on produit la nourriture, on peut estimer que la propriété de la terre doit être abolie. Sauf que, dans une société très attachée à la propriété privée, cela paraît utopique.

    Prenons donc le problème d’une autre façon, et voyons ce qu’on peut déjà faire à court terme. Il faut avoir en tête que les agriculteurs ne sont pas majoritairement propriétaires des terres qu’ils travaillent : 60 % de cette surface est louée dans le cadre du fermage. Il y a même des paysan·nes qui décident parfois de ne pas acheter la terre et préfèrent la louer pour éviter de s’endetter.

    D’autre part, on dispose d’une régulation foncière selon laquelle la terre n’est pas une marchandise comme les autres et ne doit pas être uniquement dirigée par le marché. Ces mécanismes juridiques permettent à l’État, aux collectivités locales et aux syndicats agricoles, de définir ensemble qui va accéder à la terre indépendamment du fait que ces personnes soient riches ou pas.

    On a là un embryon qui pourrait faire imaginer un droit de l’accès à la terre en France institué en commun. Il faut renforcer et orienter ces mécanismes – qui ont plein d’écueils ! – vers des enjeux d’alimentation, d’emploi, d’environnement... Chercher à démocratiser la question de l’accès à la terre et « le gouvernement des terres », c’est à la fois une capacité à se prémunir des effets mortifères du capitalisme, et cela permet de penser comment on pourrait gérer les terres autrement.

    Le capitalisme n’est pas une fatalité : il y a d’autres manières d’être au monde, de produire de l’alimentation, de vivre, de sortir d’un monde où le but n’est que la recherche du profit. C’est comme quand on milite pour la sécurité sociale de l’alimentation : la Sécurité sociale en 1946 n’a pas renversé le capitalisme, mais elle a créé des espaces de répits face au capitalisme, extrêmement importants pour que les gens vivent bien et envisagent de transformer la société.

    Le livre dresse un panorama des organisations qui travaillent au rachat des terres pour les mettre à disposition de paysan·nes répondant à des critères socio-environnementaux, avec des règles transparentes d’attribution de l’accès au foncier. Les surfaces acquises restent toutefois modestes. Peut-on uniquement compter sur ce type d’initiatives ?

    Les gens qui s’intéressent à la terre aujourd’hui ont bien compris qu’on n’allait pas abolir la propriété privée demain. Ils ont aussi compris que s’ils voulaient expérimenter d’autres manières de faire de l’agriculture et de l’alimentation, il fallait accéder à la propriété des terres.

    L’idée de la propriété collective, ce n’est pas l’abolition de la propriété privée, mais que des gens se mettent ensemble pour acheter de la terre. C’est ce que fait Terre de Liens en louant ensuite la terre à des paysan·nes qui mettent en œuvre des projets répondant aux enjeux de société, d’emploi, d’environnement, d’entretien du territoire... Mais c’est aussi ce que font d’autres structures de propriété foncière – la Société civile des terres du Larzac, la Terre en commun sur la Zad de Notre-Dame des Landes, Lurzaindia dans le Pays basque, la foncière Antidote, et bien d’autres.

    Tout un tas de gens essaient d’acheter des terres pour en faire des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste. Cela permet d’imaginer d’autres rapports à la propriété. Ce sont des lieux d’expérimentation très importants pour susciter de nouveaux imaginaires, apprendre à faire autrement, créer de nouvelles manières d’être au monde.

    Le problème de ces lieux-là, c’est qu’ils ne peuvent pas permettre un changement d’échelle. Cela ne peut pas être la solution de sortie des terres du capitalisme. Comme elles n’abolissent pas la propriété, s’il fallait racheter toutes les terres, cela coûterait des centaines de milliards d’euros.

    Par ailleurs, ces terres ne sont pas à vendre à court terme – une terre se vend en moyenne tous les 75 ans. D’où la nécessité de faire à la fois des expérimentations de propriété collective, tout en ravivant la question de la régulation foncière pour sortir l’agriculture du capitalisme.

    En quoi la lutte de Notre-Dame des Landes, victorieuse en 2018, a reconfiguré les luttes, notamment anticapitalistes, autour des terres ?

    La question agricole et foncière, en France et même en Europe, était très peu investie par les milieux anticapitalistes. L’activisme des gens qui vont s’installer dans la Zad, les coopérations menées avec des syndicats agricoles comme la Confédération paysanne, ont – non sans débats houleux et conflits internes – mené à une lutte assez exemplaire sur un territoire.

    La répression peut être énorme, mais la capacité de résistance aussi. Cette lutte a produit des façons de faire sur le territoire – en termes d’habitat, d’agriculture collective, de vivre ensemble – inspirantes pour toute une génération militant contre le néolibéralisme et le capitalisme. Beaucoup de milieux politiques aujourd’hui parlent de subsistance, d’alimentation, de terres.

    Notre-Dame des Landes marque aussi le fait qu’avec de moins en moins d’agriculteurs dans la société (2,5 % des gens sont des travailleurs de la terre dont 1,9 % sont des agriculteurs au sens légal), les enjeux agricoles ne peuvent être uniquement du ressort des luttes paysannes. La centralité de ces luttes doit être partagée avec d’autres types d’acteurs politiques, notamment des gens qui habitent le territoire sans être forcément paysans.

    La dynamique des Soulèvements de la Terre est-elle un prolongement de Notre-Dame des Landes ?

    En effet, il me semble que Notre-Dame-des-Landes est une inspiration forte de la pensée qui s’agrège autour des Soulèvements, mouvement riche de sa pluralité. Les Soulèvements montrent que les espoirs nés de l’expérimentation à Notre-Dame-des-Landes sont possibles partout et qu’il va falloir faire différemment dans tous les territoires – chaque endroit ayant ses spécificités.

    Les questions de rapport à la terre ont aussi émergé dans l’espace politique des années 1990, avec les luttes au Chiapas, au Mexique, qui continuent d’inspirer les milieux politiques en Europe et en France. Cette circulation des imaginaires de luttes permet de penser des mondes différemment. Les Soulèvements arrivent à fédérer de manière assez importante et repolitisent très clairement ces questions de la terre. Ils portent ces questions sur tous les territoires qui ont envie de s’en emparer en disant : « C’est possible aussi chez vous ».

    Peut-on sortir l’agriculture du capitalisme ? Pour Tanguy Martin, auteur de Cultiver les communs, il faut combiner les expérimentations de propriété collective tout en s’attachant à la régulation foncière.

    https://basta.media/Propriete-collective-des-terres-des-espaces-de-resistance-face-a-l-agricult
    #agriculture #résistance #capitalisme #accès_à_la_terre #terre #financiarisation #spéculation #Sociétés_d’aménagement_foncier_et-d’établissement_rural (#Safer)

  • Un ex-lobbyiste d’Airbnb recruté à l’Assemblée nationale | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/210923/un-ex-lobbyiste-d-airbnb-recrute-l-assemblee-nationale

    À la veille du projet de loi de finances, pour lequel la question des niches fiscales accordées aux plateformes va être débattue, le député de la majorité François Jolivet, rapporteur chargé des crédits « logement », a embauché l’ex-responsable des affaires publiques d’Airbnb.

    https://contre-attaque.net/2023/09/26/la-republique-des-lobbys-de-airbnb-au-conseil-dun-depute-charge-du-l

    David Miodownick est à l’image du macronisme : jeune cadre dynamique mêlant allègrement public et privé. Sorti de Science Po, il est vite propulsé comme attaché parlementaire au sein du clan Macron. Il va par exemple conseiller Élisabeth Borne alors ministre du travail.
    Puis David Miodownick s’envole vers le privé. Fort de ses contacts au sommet de l’État, il est embauché comme « responsable des affaires publiques d’Airbnb ». En septembre 2023, le député de la majorité François Jolivet, qui est accessoirement « rapporteur chargé des crédits logement » dans la commission des finances, le recrute comme conseiller. Le #lobbyisme en ligne directe. De la multinationale #Airbnb au Parlement, auprès d’un député qui s’occupe de #logement. Et justement, c’est très prochainement qu’un projet de loi de finances doit évoquer la #niche_fiscale Airbnb, sera au centre des débats. Heureuse coïncidence…

    « Pillage du bien public », par Ibrahim Warde (accès libre ⁕ en kiosques, septembre 2023) // https://www.monde-diplomatique.fr/66073
    #macronie #McKinsey

  • Le gouvernement a-t-il autorisé la location de logements ayant une hauteur sous plafond de 1,80 m ?
    https://www.liberation.fr/checknews/le-gouvernement-a-t-il-autorise-la-location-de-logements-ayant-une-hauteu
    Une ébauche de décret permettant de louer des logements de 1,80 m de hauteur, contre 2,20 m actuellement, avait fait polémique en février. La formulation a évolué dans le texte publié fin juillet. Mais pour les spécialistes du mal-logement, le problème reste le même.

    « Le texte rappelle que la règle, la normalité, est une hauteur sous plafond de 2,20 m. Et que l’exception peut descendre en dessous. Cela n’est donc pas vraiment un rétropédalage par rapport à février. » D’autant, donc, que le décret revient à considérer comme salubres certains logements n’ayant qu’1,80 m sous plafond, même si cette hauteur n’est plus mentionnée.

    Sur le fond, Manuel Domergue dénonce « un alignement des règles par le bas. Au-delà de la question technique, on accepte un abaissement des normes alors qu’on est plutôt dans un moment où il faudrait mettre en avant des logements plus grands, mieux isolés ».

    Un point de vue partagé mot pour mot auprès de CheckNews par une source proche du dossier, en désaccord avec la formulation finale et l’orientation politique qu’elle implique. D’après nos informations, la rédaction de ce décret n’est ainsi pas le fruit d’une erreur ou d’une négligence, mais l’aboutissement de débats vifs et complexes entre administrations qui auront duré plus d’un an. Avec en toile de fond le combat entre des enjeux de santé publique et de foncier, dans un contexte de pénurie de logements. Auprès de CheckNews, les observateurs estiment que la santé publique a perdu la bataille.

    Donc c’est pire, il n’y a pas d’abaissement de la limite à 1,8m il n’y a plus de limite du tout. A votre avis dans combien de temps les premiers appartement cercueils serons en locations ?

    #logement #insalubrité

  • Malgré un droit à l’hébergement reconnu, un collectif de sans-papiers se retrouve à la rue | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/110823/malgre-un-droit-l-hebergement-reconnu-un-collectif-de-sans-papiers-se-retr

    Depuis l’évacuation du squat cet été, une soixantaine de personnes a été laissée sur le carreau, dont des femmes et enfants. « Certaines ont eu une solution d’hébergement avec le #115 mais pas toutes. On a essayé de trouver des lieux plus sûrs aux autres pour ne pas qu’elles restent dans la rue », indique Makoun, en passe de devenir l’un des représentants du collectif. D’où l’absence de femmes sur le campement.

    Dans un tweet rédigé le jour de l’expulsion, la #préfecture de #Seine-Saint-Denis a pourtant indiqué que les occupants qui le souhaitaient étaient « orientés vers des hébergements d’urgence », précisant que l’opération se déroulait « dans le calme ». Contactée par Mediapart, celle-ci n’a pas répondu à nos questions.

    Attaquer l’État pour loger des familles sans abri, un outil de plus en plus mobilisé
    8 janvier 2023

    Car le collectif Schaeffer n’est pas un dossier comme les autres. Ses membres se battent depuis des années pour faire reconnaître leur droit à l’hébergement à travers des procédures dites « #Daho » (droit à l’hébergement opposable), entreprises avec l’aide de l’association Médecins du Monde.

    Sur plus de 100 requêtes déposées entre 2017 et 2018, 90 ont abouti. Nourou, 23 ans et originaire de Côte d’Ivoire, fait partie de ceux qui ont voulu y croire. « Au début, c’était une bonne nouvelle pour nous. On pensait que ça allait être un bon changement, qu’on allait être logés », se souvient-il.
    À l’époque, le jeune homme est encore demandeur d’asile mais n’a pas eu accès, comme le veut pourtant le dispositif national d’accueil, à un hébergement, le temps de la procédure d’examen. « On ne connaît pas la loi, c’est à eux [les autorités – ndlr] de nous le proposer », estime-t-il. Pour lui comme pour les autres, « le Daho n’a rien changé ». Il vit de quelques journées de travail au noir payées 50 à 70 euros sur les chantiers de BTP parisiens. L’homme hausse les épaules : « On vit comme on peut. »

    #expulsion #logement #hébergement #rente_foncière #police

  • Le marché des chambres de bonne du « carré d’or »
    https://www.lamarseillaise.fr/societe/le-marche-des-chambres-de-bonne-du-carre-d-or-LD14535871


    Un alignement de 14 « chambres de service » en pied d’immeuble, boulevard Périer. Sur Leboncoin, ces petites annonces ne restent jamais très longtemps. Exiguïté et rentabilité font bon ménage. PHOTOS Captures d’annonces sur Leboncoin

    Dans les quartiers huppés de la ville, les chambres de service se vendent, se louent. Un business de la précarité sociale qui flirte sur le flou des seuils réglementaires de la décence. Quand exiguïté et rentabilité font bon ménage.

    Le marché de la chambre de bonne ne connaît pas la crise. À vendre ou louer, des annonces révèlent le business florissant des « chambres de service » qui flirte souvent avec les seuils réglementaires. Car pour être décent, un logement doit disposer d’une pièce principale de 9 m2 de surface habitable avec une hauteur minimale sous plafond de 2,20 m soit un volume d’au moins 20 m3. Mais qui se déplace vérifier ?

    « Petit pied-à-terre, 8 m2, 108 bd Périer » indiquait, début juillet, une annonce du Boncoin retirée depuis. Elle proposait, pour 28 000 euros, ce qui avait tout l’air d’un débarras en rez-de-chaussée. « C’est une chambre de service. Elle fait 8,76 m2. C’est quasiment le prix d’un garage. Vous pouvez vous en servir de stockage pour commencer » vante le proprio au téléphone. « Bien sûr qu’elle a été louée et qu’elle peut l’être. Mon notaire vous dira tout. Ça s’est toujours loué, entre 330 et 350 euros et ça ne reste pas une journée vide. » Il dit avoir quatre autres chambres sur les quinze de la copro. « Elles ne sont pas toutes pile poil pareil. Il y en a des plus grandes, des plus hautes. J’ai jamais eu de problème. Toilettes et douche en commun. C’est très tranquille. En général c’est beaucoup de Bulgares, de Philippins. Ils partent travailler le matin, rentrent le soir. »

    Quelques jours plus tard, une nouvelle annonce sur le même rez-de-chaussée porte sur une autre « studette » de 9 m2 à 43 000 euros, vendue avec « locataire en place 340 euros par mois ». « Curieux et margoulins » sont invités à ne pas appeler. « On sait dans le quartier que ce n’est pas pour des étudiants, mais des travailleurs précaires, comme les nounous asiatiques qu’on voit les matins emmener les enfants de leur patronne à l’école », glisse une habitante du « carré d’or », le périmètre le plus cossu de Marseille, où les annonces se multiplient. Comme cette vente « idéal investisseur » pour une « chambre de service de 9 m2 actuellement louée 380 euros » rue Jean Mermoz. Ou encore résidence Ile de France sur le Prado, pour une chambre de service refaite de 9,31 m2 vendue louée (450 euros/mois) pour 60 000 euros, soit 6 400 euros le mètre carré.

    Ces chambres de bonne avaient pour vocation de répondre aux besoins d’une bourgeoisie marseillaise soucieuse d’avoir son petit personnel près d’elle. « Avant, l’architecture bourgeoise plaçait les chambres de bonnes sous les toits où on mourrait de chaud l’été. Après guerre, avec l’apparition de l’ascenseur, la nouvelle bourgeoisie veut occuper les derniers niveaux qui offrent les plus belles vues mer. Les architectes André Devin et Yvon Bentz l’ont compris en 1954 en dessinant le "Californie", boulevard Périer. Ils ont mis les chambres de service en rez-de-chaussée ce qui du coup a amélioré la vie du personnel » analyse l’architecte urbaniste poète Nicolas Mémain.

    Mis à part les étudiants [qui ne sont bien sûr pas concernés], la précarité sociale est le marqueur des occupants. Un angle de rue plus haut, le 9 rue Mireille, 8e, une enclave de 38 « pièces indépendantes », réveille le souvenir de l’affaire Ansquer, du nom de l’ancien président de la Banque alimentaire et coordinateur des Assises de l’Habitat pour la Métropole, qui louait des chambrettes parfois inférieures à 9 m2 à des adultes sous tutelle, des femmes battues et des malades mentaux placés par des organismes sociaux.

    #chambre_de_bonne #logement #rente_foncière #Marseille

  • [Plus de talbins pour les zinzins, moins de logement pour les sans-dents] Le logement « intermédiaire », priorité très contestable du gouvernement | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/logement-intermediaire-priorite-tres-contestable-gouvernement/00107475

    Le gouvernement mise sur le logement « intermédiaire » – plus cher que le logement social mais moins cher que le marché – pour loger les classes moyennes, mais c’est un choix coûteux pour les finances publiques, surtout au moment où le logement social s’enfonce dans la crise.

    Toutes les parties prenantes du logement ont été déçues par les non-annonces issues du Conseil national de la refondation (CNR)-Logement, le 5 juin dernier. Toutes ? Non. Les acteurs du logement dit « intermédiaire » se félicitent d’une forme de consécration.

    Alors que la Première ministre Elisabeth Borne avait confirmé la rigueur budgétaire sur le #logement_social ou l’accession à la propriété, le #logement_intermédiaire est le grand gagnant des annonces des dernières semaines.

    Parmi les programmes des promoteurs, le bailleur de la Caisse des dépôts, #CDC-Habitat, compte racheter 17 000 logements, pour en faire majoritairement des logements intermédiaires. #Action_Logement (ex-1 % Logement) compte en racheter 30 000, là aussi a priori pour les confier à sa filiale de logements intermédiaires In’Li.

    La Première ministre a annoncé l’assouplissement des conditions de production de ces fameux logements, qui pourront désormais être financés dans davantage de zones, alors qu’ ils étaient réservés jusque-là aux zones tendues et hors des communes carencées en Habitation à loyer modéré (HLM) au titre de la loi SRU1.

    Fort besoin de logement social

    Qu’est-ce qu’un logement locatif intermédiaire (LLI) ? C’est un logement, soutenu par un régime fiscal avantageux créé en 2014 et porté par des investisseurs institutionnels privés ou publics, plus cher qu’un logement social mais un peu moins que le marché.

    Contrairement au logement social, son loyer n’est pas calculé selon son coût de production ni pour répondre aux ressources des demandeurs de logement, mais s’exprime en fonction du loyer de marché, souvent 10 % en-dessous.

    Sa production est passée de 8 000 à 18 000 logements financés par an entre 2017 et 2021. Le plan de relance post-Covid avait déjà fait la part belle à ce segment avec l’engagement de la Caisse des dépôts d’en produire 25 000.

    Ce produit semble être devenu la nouvelle martingale du Président de la République, qui a déclaré dans Challenges en mai 2023 qu’il fallait « développer beaucoup plus de logements locatifs intermédiaires pour baisser les prix, parce que la crise du logement se situe là. »

    Profonde erreur d’analyse. Certes, dans les zones très tendues, il existe un creux dans la distribution des loyers, entre les loyers HLM (entre 5 et 10 euros/m²) et ceux du marché libre (qui peuvent monter au-delà de 20 euros/m² en Île-de-France).

    Pourtant, les besoins prioritaires relèvent incontestablement du logement social : 2,4 millions de ménages en attendent un. Un chiffre en hausse rapide ces dernières années.

    Pour être plus précis, la demande, très largement, ne relève même pas du logement social, mais [vu sa définition,] du #logement_très_social. 73 % des demandeurs HLM sont sous les plafonds PLAI (Prêt locatif aidé d’intégration), c’est-à-dire moins d’un Smic pour deux par exemple pour un couple.

    Leurs besoins sont urgents, parfois vitaux. Or, 17 % seulement des personnes sans-abri obtiennent un HLM dans l’année. Et cette part est à peine plus élevée (21 %) pour les personnes en habitat précaire et celles des hébergés chez un tiers (24 %).

    Les personnes en attente d’un logement social plus pauvres encore que les locataires actuels

    Les logements #PLUS (Prêt Locatif à Usage Social) correspondent à l’essentiel des HLM et répondent à un objectif de mixité sociale. Sont par exemple éligibles les personnes seules qui gagnent moins de 21 878 euros par an _[soit, jusqu’à 1823/mois pour les plus solvables...]_en France métropolitaine (hors Paris et Île-de-France). Les personnes étant en dessous de 60 % du PLUS sont souvent éligibles aux logements financés par un #PLAI (Prêt Locatif Aidé d’Intégration). Elles rencontrent des difficultés économiques et sociales importantes pour se loger. Sont par exemple éligibles les personnes seules qui gagnent moins de 12 032 euros par an en France métropolitaine (hors Paris et Île-de-France).

    En revanche, les logements intermédiaires s’adressent à une autre cible sociale, les « classes moyennes », dans le discours officiel. Mais pas n’importe lesquelles, puisque les travailleurs essentiels, ou de seconde ligne, infirmiers, professeurs, pompiers ou éboueurs sont déjà largement sous les plafonds HLM.

    En réalité, les logements intermédiaires s’adressent plutôt aux cadres voire aux cadres supérieures. Les plafonds de ressources pour un couple avec deux enfants, à Lille ou Lyon par exemple, s’élèvent à 90 000 euros par an, soit 7 500 euros par mois…

    Dénaturation du logement social

    Cette banalisation voire dénaturation du logement social au profit de l’intermédiaire, pour noyer le tout dans une vague notion de « logement abordable », est une idée relativement récente en France, qui a été diversement promue par des acteurs influents au sein de l’Etat, de la Caisse des dépôts ou d’Action Logement, comme l’ont décrit minutieusement les chercheurs Matthieu Gimat, Antoine Guironnet et Ludovic Halbert.

    Il y a quatorze ans, le président de CDC-Habitat de l’époque, André Yché, un général reconverti dans le logement, avait adressé au président Sarkozy une « note blanche » qui avait fait grand bruit. Elle conseillait de vendre 10 % des logements sociaux français et de laisser les mains libres aux acteurs publics et parapublics pour rapprocher le monde HLM du secteur privé, utiliser la « #plus-value_latente » de son parc social, réduire les aides publiques et le laisser se financer sur les marchés, quitte à devoir rémunérer les apporteurs de capitaux. Le tout alors que le monde HLM est un secteur à but non-lucratif.

    L’idée fera son chemin. Le secrétaire d’Etat au Logement d’alors, Benoist Apparu, a poursuivi cette orientation dans le privé au sein d’Action Logement après son passage en politique. Le lobbying en faveur de l’intermédiaire se révèle efficace.

    En 2014, sous François Hollande, le taux de TVA applicable est divisé par deux, tombant à 10 % tandis que ce produit se voit exonérer de taxe foncière pendant 20 ans. Une ordonnance permet par ailleurs la création de filiales au sein des bailleurs sociaux destinées au logement intermédiaire, sur le modèle britannique développé quelques années plus tôt.

    Bien que sa ministre du Logement Cécile Duflot s’en méfie au point de réclamer une « muraille de Chine » entre les activités du social et celles de l’intermédiaire, le risque est grand que la priorité des acteurs du logement se porte davantage sur l’intermédiaire, le nouveau produit à la mode, qu’il s’agisse de leurs fonds, de leurs compétences ou surtout des fonciers disponibles.

    Aggravation de la crise du logement

    Depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le discours est revenu en force, comme on l’a vu, mais avec une nouveauté de taille qui change tout. Alors que le gouvernement précédent soutenait le logement intermédiaire et le logement social, le nouvel exécutif, depuis 2017, s’en prend de façon inédite au logement social, avec le relèvement de la TVA du secteur, passée de 5,5 à 10 %, la suppression des subventions d’Etat sous forme d’aides à la pierre et bien sûr la ponction de 1,3 milliard d’euros par an dite « RLS » (Réduction de loyer de solidarité).

    Sans surprise, la production HLM s’est effondrée, passant de 125 000 logements autorisés en 2016 à 95 000 par an entre 2020 et 2022, et sans doute encore moins en 2023. Créer du logement intermédiaire en plus du logement social peut être utile, mais s’il s’agit de le développer à la place du HLM, cette politique se révèle contre-productive pour les mal-logés.

    Or, depuis l’an dernier, la remontée des taux d’intérêt du livret A, auquel le secteur #HLM rembourse sa dette de 150 milliards d’euros à taux variable, fragilise encore plus gravement le secteur. Mais la priorité gouvernementale reste les économies budgétaires, et, à ce titre, le logement intermédiaire, proche des loyers de marché, mobilise moins d’argent public. Tout porte donc à croire que la pénurie de logements accessibles aux #classes_populaires et moyennes va s’accentuer dans les mois à venir, sans que le gouvernement ne s’en soucie.

    #logement #rente_foncière #fiscalité

  • Les propriétaires invisibles
    https://lvsl.fr/ces-proprietaires-invisibles

    Dans cette perspective, le #logement est considéré comme un actif : quelque chose qui fournira un revenu régulier via le loyer que le locataire paiera et qui générera également une plus-value en cas de vente ultérieure. Étant donné que ce sont là leurs motivations sous-jacentes, que recherchent-ils lorsqu’ils investissent dans l’immobilier ? Ils recherchent la capacité d’accoître les loyers qu’ils peuvent tirer de cette propriété et ce, pour deux raisons. La première est que l’augmentation du loyer signifie plus de revenus à empocher ; la seconde, qui est la plus importante, c’est qu’un loyer plus élevé rend l’actif plus précieux pour les acheteurs potentiels à un moment ultérieur. Les gestionnaires d’actifs ne sont pas principalement chargés d’acheter et de détenir des actifs à perpétuité. Leurs activités consistent plutôt dans l’achat et la vente d’actifs. Et lorsqu’ils en achètent, leur principale préoccupation est sa gestion optimale afin de le rendre plus valable aux yeux du marché. Augmenter les loyers se présente comme la meilleure façon de le faire en matière de logement.

    Au cours de la dernière décennie, leur stratégie la plus courante pour acheter des logements à vocation locative a consisté à chercher du côté des marchés locatifs très tendus, où il n’y a pas assez de logements pour répondre à la demande, ce qui créé une pression à la hausse sur les loyers. Tout aussi important, sinon plus : ils cherchent à acheter dans des endroits où ils estiment qu’il n’y a qu’une perspective limitée de construire beaucoup plus de logements locatifs, car cela représenterait une menace claire et actuelle pour leur modèle commercial…

  • Proposition de loi « antisquat » : les experts de l’ONU écrivent à la France leurs inquiétudes
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/04/proposition-de-loi-antisquat-les-experts-de-l-onu-ecrivent-a-la-france-leurs

    Le rapporteur spécial de l’ONU sur le logement convenable, Balakrishnan Rajagopal, et le rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits humains, Olivier De Schutter, ont adressé au gouvernement français une communication officielle longue de huit pages, rendue publique mardi 4 avril. « Nous alertons sur la régression que constitue cette proposition de loi, et sur le risque qu’elle conduise la France à violer ses engagements internationaux », résume M. De Schutter. S’il n’est pas exceptionnel que des rapporteurs de l’ONU transmettent une telle communication à un pays membre, c’est, « à ma connaissance, la première fois que la France est saisie au sujet d’un texte de loi relatif au logement », précise-t-il.

    Mais puisqu’on te dit que c’est comme les coups de matraque dans la gueule, c’est pour aider les pauvres qu’ils font ça ! Bon sang, ils sont obtus à l’ONU.

  • A Bayonne, des milliers de manifestants pour dénoncer les prix de l’immobilier au Pays basque
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/01/a-bayonne-des-milliers-de-manifestants-pour-denoncer-les-prix-de-l-immobilie

    Alors que le nombre d’habitants de la région est en hausse constante, le nombre de résidences secondaires a également fortement augmenté et le prix du mètre carré a bondi de plus 35 % en quatre ans.

    #logement #tourisme #rente_foncière #loyers