• Pas de répit pour les sans-papiers

    La crise sanitaire n’a pas modifié la politique migratoire de l’Etat français. La traque aux sans-papiers et les reconduites à la frontière se poursuivent.

    https://lecourrier.ch/2020/04/17/pas-de-repit-pour-les-sans-papiers
    #renvois #asile #migrations #France #réfugiés #traque #sans-papiers #expulsions #covid-19 #coronavirus
    #paywall

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  • Les enfants invisibles de #Haraldvangen

    Cet épisode de notre série sur les mineurs sacrifiés aux frontières de l’UE révèle qu’en Norvège, pays champion des droits de l’homme, une centaine d’enfants migrants a tout de même été enfermée depuis 2018. Tout le pays semble ignorer l’existence de ces petits prisonniers… jusqu’aux contrôleurs des conditions de #détention.

    « C’est loin d’être ce que les gens imaginent… La plupart des familles vivent leur séjour ici comme une expérience positive. » Ole Andreas Flaa Valdal, sourire sympathique et barbe de trois jours, a tout sauf l’air d’un gardien de prison. Le directeur de Haraldvangen a troqué son uniforme pour un tee-shirt et un jean décontractés qui lui donnent l’air d’un éducateur cool. C’est d’ailleurs comme cela qu’il se voit : un travailleur social, pas un maton.

    Alentour, le paysage lui donne raison. Nous sommes à une heure d’Oslo, dans un décor enneigé de vacances à la montagne. Haraldvangen, ancienne #colonie_de_vacances entourée de sapins, fait face à un lac bleu étincelant. Ici, des générations de petits Norvégiens ont skié et nagé, étés et hivers durant. Mais depuis deux ans, la grande bâtisse de bois ne résonne plus des rires des enfants. Fin décembre 2017, le gouvernement norvégien a fermé le bâtiment à double tour, installé un feu rouge derrière la porte, fait enlever les poignées des fenêtres pour transformer la colo en bunker. Haraldvangen est devenu la première « #unité_familiale » du pays, un mot fleuri pour désigner un #centre_de_détention pour #mineurs migrants et leurs parents.

    En deux ans, selon les chiffres obtenus par Investigate Europe en février, 97 enfants ont été enfermés là parce que leur demande d’asile a été rejetée et qu’ils ont refusé de quitter le territoire de leur propre chef. Les mineurs et leurs familles ont ensuite été conduits à l’aéroport d’Oslo par l’unité police immigration, avant d’être expulsé « de force ».

    Alors qu’il déambule dans ce décor de chalet fait de meubles Ikea, d’écrans géants, de PlayStation et d’un débordement de peluches, le directeur nous explique les bienfaits de cette nouvelle prison conçue par le gouvernement norvégien. « C’est bien de la détention mais on ne jette pas les gens au fond d’une cellule. » Ole bombe le torse, il est fier du travail accompli. « Ici, on peut se concentrer à fond sur les familles. Et quand les parents sont trop occupés à appeler leurs avocats et les ONG, nous nous occupons des enfants, nous les informons, les impliquons, les amusons. » Lui qui partage son temps entre le centre pour adultes migrants et l’unité familiale mesure bien la différence de traitement.

    Avant la création de l’unité familiale il y a deux ans, les mineurs migrants étaient enfermés avec les adultes, dans le centre de détention pour migrants, Trandum. Entouré de plusieurs niveaux de barrières et de fils barbelés, ce bâtiment collé à l’aéroport d’Oslo n’a rien à envier à un pénitencier. Un pénitencier plongé dans le vrombissement assourdissant des moteurs d’avion qui décollent et atterrissent à toute heure du jour et de la nuit. En 2015, Hicham*, 11 ans, avait raconté son expérience derrière les barreaux à NOAS et Save The Children, deux ONG qui l’avaient pris en charge. « Là-bas, il y a des fils de fer frisés tout autour. J’ai même vu des caméras. Je pense qu’ils avaient mis des barrières pointues pour qu’on ne puisse pas s’échapper. Comme ça si on essaye de se sauver, ça fait mal. » 885 petits migrants ont ainsi été emprisonnés à Trandum entre 2013 et 2017, parfois pour une durée supérieure à trois semaines.

    Mais pendant l’année 2017, la mobilisation des ONG a porté ses fruits. Dans le pays champion international du respect des droits humains, la polémique avait atteint son apogée quand en 2017, dans une décision historique, la cour d’appel de Borgarting (l’équivalent de notre Conseil d’État) a condamné l’État pour avoir enfermé quatre enfants afghans pendant vingt jours. Âgés de 7 à 14 ans, les mineurs « ont été exposés a des traitements dégradants », a statué la cour (notamment à cause des longues durées de détention). Interrogé par Investigate Europe, leur avocat affirme que la police avait choisi de garder ces enfants qui venaient de l’extrême sud de la Norvège derrière les barreaux pendant trois semaines pour des raisons de facilité administrative. Au détriment de leur bien-être psychique et physique, au lieu de les renvoyer chez eux en attendant l’expulsion, les autorités ont préféré « la solution de facilité », dit-il.

    Fin 2017, le gouvernement finit donc par trouver un nouveau lieu pour l’accueil des familles. Mais il ne se contente pas de les déplacer dans une structure identique : il ouvre Haraldvangen, une parenthèse enchantée avant l’expulsion. Un endroit où les enfants migrants peuvent regarder le lac et la neige par la fenêtre. Un chalet forestier où ils entendent le chant des oiseaux et non le bruit angoissant des moteurs des avions. Avant de s’envoler vers un pays souvent inconnu, les enfants ont le droit de goûter à quelques heures de jeux vidéo et de peluches, ils ont même le droit de se faire dorloter par des matons-moniteurs de colo.

    Certes, ils ressentent les angoisses de leurs parents qui se mutilent parfois pour éviter l’expulsion, certes leurs pères et mères sont fouillés à nu ; ils doivent même exécuter des squats (des flexions avec les jambes) dénudés devant les policiers pour vérifier qu’ils ne cachent aucun objet dans leurs parties intimes. Mais à Haralvagen, on leur épargne au moins d’assister à l’humiliation de leurs parents. C’est en tout cas la promesse sur le papier, réitérée aux journalistes qui interrogent les autorités. Cela ne leur coûte rien : comme l’a découvert Investigate Europe, à Haraldvangen, jamais personne n’est venu contrôler.

    Quand il a décidé de déplacer les enfants en 2017, l’État norvégien les a totalement sortis des radars. Le « comité de surveillance » qui est tenu par la loi d’inspecter les centres de détention au moins deux fois par an pour vérifier que les personnes enfermées sont traitées en conformité avec la loi n’a pas mis les pieds à Haralvangen depuis deux ans. Ses inspecteurs se sont pourtant rendus entre cinq et six fois par an à Trandum. Mais l’unité familiale n’a été contrôlée qu’une seule fois, fin 2017, au moment de l’ouverture du centre, quand… il était totalement vide.

    Un problème qui ne dérange pas le comité : « Il est extrêmement rare que des familles avec enfants soient détenues et on nous a informés qu’ils ne gardent pas les enfants très longtemps », nous explique Cathrine Fossen, cheffe du comité. C’est donc sur la base de cette information que les inspecteurs assurent chaque année au gouvernement, au public et à la communauté internationale que les droits fondamentaux des enfants et de leurs parents sont bien respectés. Sans complexe, la responsable soutient que Haraldvangen « est une très bonne unité ». Comment pourrait-elle le savoir ? C’est Investigate Europe qui lui apprend que 97 enfants ont été enfermés ses deux dernières années : « C’est un chiffre plus élevé que je ne le pensais », s’étonne-t-elle.

    André Møkkelgjerd, avocat spécialiste de l’asile en Norvège et auteur de plusieurs rapports sur la détention des enfants, prend la révélation moins à la légère. « C’est totalement inacceptable, s’indigne-t-il. Si l’État a déplacé les enfants détenus, afin que leurs conditions de détention ne soient plus contrôlées, c’est très grave. » Interrogée, l’organisation NOAS, une ONG de soutien aux demandeurs d’asile, va jusqu’à remettre en cause l’indépendance du comité de surveillance, en indiquant que ses membres sont nommés par le ministère de la justice, celui-là même qui est responsable de l’application de la loi sur le retour des migrants.

    L’accusation est très sérieuse dans un pays où la transparence publique est érigée en principe sacré. En fait, la Norvège fait comme la plupart de ses homologues européens : elle enferme des enfants migrants mais maintient, volontairement ou non, ces petits loin des regards de son opinion publique.

    Grâce à une de ses anciennes enseignantes, nous sommes parvenues à retrouver la trace d’un de ces anciens petits prisonniers migrants. Quand nous échangeons au téléphone avec Azad, il est encore une fois derrière les barreaux : le jeune Afghan a été jeté au fond d’une cellule du commissariat d’Athènes, un des lieux de détention réservés aux enfants migrants en Grèce.

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

    Depuis deux mois, il partage donc le destin de misère de ses autres petits voisins de cellule. Il survit tenaillé par la faim, nous dit-il, et se sent tellement « triste ». Mais « qu’est ce que je peux faire d’autre ?, demande-t-il. Où puis-je aller maintenant ? » Après des mois de violences et d’errance, Azad se dit que sa chance est déjà passée : « Mon dernier espoir au monde, c’était la Norvège. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/210420/les-enfants-invisibles-de-haraldvangen

    #familles #mineurs #enfants #Norvège #rétention #détention_administrative #déboutés #renvois #expulsions #prison #Trandum #prisons #prison #MNA #mineurs_non_accompagnés #réfugiés_afghans #nudité #humiliation #invisibilisation #migrations #asile #réfugiés #test_osseux #tests_osseux #âge #Afghanistan #errance

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    #Migrerrance :

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

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  • The increase in cases of #covid-19 in #Guatemala can be directly attributed to the continuation of the deportation of Guatemalans from the United States. According to Hugo Monroy, the Guatemalan health minister, they have seen between 50% and 75% of deportees infected

    https://twitter.com/palabrasdeabajo/status/1250187768942256132
    #renvois #expulsions #migrations #asile #réfugiés #USA #Etats-Unis #covid-19 #coronavirus #épidémiologie #diffusion #Amérique_centrale

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  • Hundreds of migrants stuck in #Niger amid coronavirus pandemic

    As countries close borders to curb spread of coronavirus, aid groups in Niger ’overwhelmed’ by requests of support.

    While countries across Africa have been closing their borders as part of efforts to contain the coronavirus pandemic, migrants and people on the move are paying a high price.

    Over the past two weeks, hundreds of women, men and children have been stuck in Niger, a country that represents a traditional corridor of transit for seasonal labourers from West Africa heading to Libya or Algeria, as well as people hoping to move further to Europe across the Mediterranean Sea.

    “We’re being overwhelmed by requests of support,” said Barbara Rijks, Niger director for the International Organization for Migration (IOM).

    Deportations from Algeria to Niger have been a continuing trend since late 2016, with figures decreasing last year only to begin growing again from February onwards. The migrants, who were arrested during police roundups in Algeria’s coastal cities and forced to travel for days in overloaded trucks, were usually offered assistance by the IOM to return to their countries of origin.

    But now amid the pandemic, they are forced to quarantine in tent facilities set up in the military border post of Assamaka, where temperatures touch 50 degrees Celsius (122 degrees Fahrenheit), or in the southern city of Arlit.

    With borders closed all across West Africa, they risk being stuck in Niger much longer than they expected.

    “We’re extremely worried,” said Abderahmane Maouli, the mayor of Arlit, a city that hosts one of the six IOM transit centres in Niger and a new facility for those that end their quarantine in Assamaka.

    “Despite the border closure, we see that movements are continuing: People travel through minor routes to avoid border controls and reach Arlit without going through the quarantine, and this is a major public health issue for our community,” Maouli told Al Jazeera.

    The deportation of more than 8,000 people by Algeria since January this year, he says, had already put local welfare services under strain.

    ’First warning sign’

    An uncommon push-back operation happened also in late March at the border between Niger and Libya, where a convoy of travellers was intercepted and sent back in the middle of the desert, forcing the IOM to organise humanitarian assistance.

    The quarantine of these groups and other travellers - in a makeshift camp set up in record time - fosters worries from both migrants and local communities in a country already standing at the bottom of the United Nations human development index and facing deadly seasonal outbreaks of malaria and measles. Some 1,400 doctors are operational in Niger, according to the government, serving a population of about 22 million.

    “A first warning sign,” Rijks told Al Jazeera, “was the arrival of 767 people, half of which foreigners, at the border between Niger and Algeria, on March 19: From that moment on, we registered continuous arrivals and each one of these people needs to quarantine for 14 days.”

    Later in March, a convoy of pick-up cars carrying 256 people was pushed-back by Libyan militiamen close to Tummo, a military outpost marking the frontier between Niger and Libya, some 900 kilometres (559 miles) northeast of Agadez, where their perilous desert crossing started.

    Blocked in the garrison village of Madama, Nigeriens and migrants mostly from Nigeria, Ghana and Burkina Faso suffered the unmerciful Saharan heat for days before receiving humanitarian assistance by the IOM and Niger’s Civil Protection Department that organised their transfer to Agadez. Their drivers were arrested for breaching anti-smuggling rules.

    In Agadez, a once-coveted tourist destination for Europeans willing to explore Saharan dunes, they were lodged in a tent facility set up by the IOM alongside the main sports arena, where football games have been temporarily suspended due to the coronavirus pandemic.

    “It’s been a huge challenge, we had to boost our activities in less than one week, adopting hygienic measures in our six transit centres, that are already at full capacity, and opening up new structures to lodge people quarantining,” Rijks said.

    Another 44 people were found at Assamaka in the night between April 4-5 and welcomed at IOM’s quarantine site, where Doctors Without Borders (Medecins Sans Frontieres, or MSF) and the International Federation of the Red Cross provide medical and psychosocial assistance.
    ’Humanitarian corridors’

    IOM operations in Niger scaled up after the government enforced anti-smuggling measures in 2015, to prevent migrants from taking dangerous Saharan trails to Libya or Algeria.

    In the span of a few years, the number of crossings reduced, from about 330,000 in 2016 to 100,000 in 2018, while hundreds of “passeurs” - the French word for smugglers and middlemen active in the transportation business - were jailed.

    As a consequence, more and more people ended up being blocked in the country and turned to the organisation’s voluntary return programmes. From 2017 to early 2020, some 32,000 migrants returned home from Niger with IOM assistance.

    “People were usually staying for a few weeks in transit centres, where we arranged travel documents with consulates, before going back to their country of origin, while now they’re stuck in our transit centres and this adds frustrations,” said Rijks.

    She hopes that - despite border closures - governments in West Africa will agree soon on organising “humanitarian corridors to return their citizens from Niger”.

    While Rijks noted that countries are willing to receive back their citizens, the closure of land and air transportation routes, coupled with the need to set up costly quarantine facilities for returnees on arrival, put more strain on an already fragile logistic organisation.

    Currently, 2,371 people - mostly Nigerians, Guineans, Cameroonians and Malians - are lodged in the IOM’s six transit centres, Rijks said, while the size and number of new facilities set up to quarantine migrants are increasing by the day.
    ’Perfect storm’

    Niger has confirmed 342 coronavirus cases and 11 deaths as of Thursday, with the vast majority of cases found in the capital, Niamey. The country has introduced a series of containment measures to slow the spread of COVID-19, the disease caused by the coronavirus, including the closure of international borders, a ban on gatherings and non-essential activities and a night curfew.

    In addition to migrants on the move, humanitarian organisations are particularly concerned about the fate of 420,000 refugees and internally displaced Nigeriens who escaped violence by armed groups along the country’s borders with Nigeria, Chad, Mali and Burkina Faso. These people often live in crowded settlements, where physical distancing is a luxury.

    “On top of displacement caused by jihadists, malnutrition risks and socio-economic vulnerability, COVID-19 represents the perfect storm for Niger,” said Alessandra Morelli, country director for the UN’s refugee agency (UNHCR), pointing also at the interruption of evacuation flights for refugees from Libyan detention centres who are temporarily hosted in Niger while awaiting opportunities to resettle to Europe or North America.

    Morelli said the programme was launched in 2017 to offer “a vital lifeline” for the most vulnerable refugees detained in Libya.

    “We took them out of prisons, brought them here by plane and assisted them in their asylum and resettlement claim.”

    About 3,000 people have been evacuated to Niger so far and more than 2,300 resettled to Canada, Germany, Sweden, Netherlands, France and other countries.

    All operations are currently suspended.

    While the number of coronavirus cases grow by the day, with deepening worries over the effect of a severe outbreak in already fragile countries in the region, some refugees hosted in the reception centre of Hamdallaye started producing soap for local communities.

    “It’s a sign of hope in the midst of this situation,” said Morelli, whose WhatsApp account blinks continuously with information on new displacements and violence along Niger’s sealed borders.

    https://www.aljazeera.com/news/2020/04/hundreds-migrants-stuck-niger-coronavirus-pandemic-200409131745319.html
    #IOM #OIM #immobilité #confinement #fermeture_des_frontières #Assamaka #épidémie #Arlit #Afrique_de_l'Ouest #centre_de_transit #centres_de_transit #renvois #Algérie #refoulement #push-back #quarantaine #migrerrance #frontières #Tummo #Madama #Agadez #passeurs
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  • Damien : s’engager pour s’intégrer

    Damien a demandé l’asile en #Suisse. Il a rapidement appris le français et il relate ici son expérience d’#engagement_politique au sein du groupe « #Droit_de_rester pour tou-te-s ». Participer à un groupe militant lui aura permis de mieux comprendre le fonctionnement de la société suisse et de son système politique. Il a également reçu un #soutien important, notamment moral, face à ses propres difficultés. Damien est resté sans statut en Suisse pendant plusieurs années, a été renvoyé par #vol_spécial dans son pays d’origine, et a finalement obtenu une #admission_provisoire après une seconde demande d’asile.

    https://www.youtube.com/watch?v=78QkCcVojcw&feature=youtu.be


    #asile #migrations #réfugiés #témoignage #renvois #expulsions #résistance #lutte #audio

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  • Vidéo hotspots

    #Migreurop lance aujourd’hui une vidéo pour dénoncer les politiques migratoires européennes mortifères, et en particulier les #hotspots en Grèce et en Italie. Au vu de la situation sanitaire actuelle, cette vidéo est accompagnée d’un communiqué (FR/EN/ES), auquel les membres du réseau ont eu l’occasion de contribuer, pour exiger que tous les camps d’étranger.e.s soient vidés et que ces dernier.e.s aient également le droit d’être protégé.e.s.

    La vidéo :
    https://vimeo.com/402154419


    (elle existe en français, anglais et espagnol)

    #vidéo #migrations #réfugiés #asile #hotspot #Grèce #Italie #militarisation_des_frontières #fermeture_des_frontières #Règlement_Dublin #Dublin #approche_hotspot #tri #catégorisation #migrants_économiques #relocalisation #ressources_pédagogiques #renvois #expulsions #renvois_forcés #décès #morts #indifférence #politiques_migratoires

    Le communiqué :
    https://seenthis.net/messages/838573

    ping @karine4 @_kg_

    • Greece quarantines Ritsona migrant camp after finding 20 corona cases

      A migrant camp north of the Greek capital Athens has been placed under quarantine after 20 asylum seekers there tested positive for the novel coronavirus.

      The developments occurred after a 19-year-old female migrant from the camp gave birth in hospital in Athens, where she was found to be infected. Authorities then conducted tests on a total of 63 people also staying at the government-run Ritsona camp outside Athens, deciding to place the facility under quarantine after nearly a third of the tests came back positive. Meanwhile, health officials will continue to conduct tests on residents of the camp.

      The infections observed at Ritsona camp are now the first known cases among thousands of asylum seekers living across Greece, with most staying in overcrowded camps mainly on the Aegean islands. The Ritsona camp, however, is located on the Greek mainland, roughly 75 kilometers northeast of Athens, housing about 3,000 migrants.

      Quarantine and isolation at Ritsona

      The Greek migration ministry said that none of the confirmed cases at Ritsona had showed any symptoms thus far. However, in a bid to protect others, movement in and out of the Ritsona camp, will be restricted for at least 14 days; police forces will monitor the implementation of the measures.

      According to the Reuters news agency, the camp has also created an isolation area for those coronavirus patients who might still develop symptoms.

      ’Ticking health bomb’

      Greece recorded its first coronavirus case in late February, reporting more than 1,400 cases so far and 50 deaths. The country’s official population is 11 million. Compared to other EU countries at the forefront of the migration trend into Europe such as Italy and Spain, Greece has thus far kept its corona case numbers relatively low.

      However, with more than 40,000 refugees and migrant presently stuck in refugee camps on the Greek islands alone, the Greek government has described the current situation as a “ticking health bomb.”

      Aid organisations stress that conditions in the overcrowded camps are inhumane, calling for migrants to be evacuated from the Greek islands. Greek Prime Minister Kyriakos Mitsotakis that Greece was ready to “protect” its islands, where no case has been recorded so far, while adding that he expects the EU to do more to help improve overall conditions in migrant camps and to assist relocate people to other EU countries.

      “Thank God, we haven’t had a single case of Covid-19 on the island of Lesbos or any other island,” Mitsotakis told CNN. “The conditions are far from being ideal but I should also point out that Greece is dealing with this problem basically on its own. (…) We haven’t had as much support from the European Union as we want.”

      https://www.infomigrants.net/en/post/23826/greece-quarantines-ritsona-migrant-camp-after-finding-20-corona-cases

      #camp_de_réfugiés #asile #migrations #Athènes #coronavirus

    • Greece quarantines camp after migrants test coronavirus positive

      Greece has quarantined a migrant camp after 23 asylum seekers tested positive for the coronavirus, authorities said on Thursday, its first such facility to be hit since the outbreak of the disease.

      Tests were conducted after a 19-year-old female migrant living in the camp in central Greece was found infected after giving birth at an Athens hospital last week. She was the first recorded case among thousands of asylum seekers living in overcrowded camps across Greece.

      None of the confirmed cases showed any symptoms, the ministry said, adding that it was continuing its tests.

      Authorities said 119 of 380 people on board a ferry which authorities said had been prevented from docking in Turkey and was now anchored off Athens, had tested positive for the virus.

      Greece recorded its first coronavirus case at the end of February. It has reported 1,425 cases and 53 deaths, excluding the cases on the ferry.

      It is the gateway to Europe for people fleeing conflicts and poverty in the Middle East and beyond, with more than a million passing through Greece during the migrant crisis of 2015-2016.

      Any movement in and out of the once-open Ritsona camp, which is 75 km (45 miles) northeast of Athens and hosts hundreds of people, will be restricted for 14 days, the ministry said. Police would monitor movements.

      The camp has an isolation area for coronavirus patients should the need arise, sources have said.

      Aid agencies renewed their call for more concerted action at the European level to tackle the migration crisis.

      “It is urgently needed to evacuate migrants out of the Greek islands to EU countries,” said Leila Bodeux, policy and advocacy officer for Caritas Europa, an aid agency.

      EU Home Affairs Commissioner Ylva Johansson said it was a stark “warning signal” of what might happen if the virus spilled over into less organised facilities on the Greek islands.

      “(This) may result in a massive humanitarian crisis. This is a danger both for refugees hosted in certain countries outside the EU and for those living in unbearable conditions on the Greek islands,” she said during a European Parliament debate conducted by video link.

      More than 40,000 asylum-seekers are stuck in overcrowded refugee camps on the Greek islands, in conditions which the government itself has described as a “ticking health bomb”.

      Prime Minister Kyriakos Mitsotakis has said Greece is ready to protect its islands, where no case has been recorded so far, but urged the EU to provide more help.

      “The conditions are far from ideal but I should also point out that Greece is dealing with this problem basically on its own... We haven’t had as much support from the European Union as we wanted,” he told CNN.

      https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-greece-camp/greece-quarantines-camp-after-migrants-test-coronavirus-positive-idUSKBN21K

    • EU : Athens can handle Covid outbreak at Greek camp

      The European Commission says Greece will be able to manage a Covid-19 outbreak at a refugee camp near Athens.

      “I think they can manage,” Ylva Johansson, the European Commissioner for home affairs, told MEPs on Thursday (2 April).

      The outbreak is linked to the Ritsona camp of some 2,700 people who are all now under quarantine.

      At least 23 have been tested positive without showing any symptoms. Greek authorities had identified the first case after a woman from the camp gave birth at a hospital earlier this week.

      “This development confirms the fact that this fast-moving virus does not discriminate and can affect both migrant and local communities,” Gianluca Rocco, who heads the International Organization for Migration (IOM) in Greece, said in a statement.

      Another six cases linked to local residents have also been identified on the Greek islands.

      Notis Mitarachi, Greece’s minister of migration and asylum, said there are no confirmed cases of the disease in any of the island refugee camps.

      “We have only one affected camp, that is on the mainland, very close to Athens where 20 people have tested positive,” he said.

      Over 40,000 migrants, refugees and asylum seekers are stuck on the islands. Of those, some 20,000 are in Moria, a camp on Lesbos island that is designed to house only 3,000.

      It is unlikely conditions will improve any time soon with Mitarachi noting major changes will only take place before the year’s end. He said the construction of new camps on the mainland first have to be completed.

      “We do not have rooms in the mainland,” he said, when pressed on why there have been no mass evacuations from the islands.

      He placed some of the blame on the EU-Turkey deal, noting anyone transferred to the mainland cannot be returned to Turkey. Turkey has since the start of March refused to accept any returns given the coronavirus pandemic.

      Despite the deal, Mitarachi noted 10,000 people had still been transferred to the mainland so far this year. He also insisted all measures are being taken to ensure the safety of the Greek island camp refugees.

      In reality, Moria has one functioning faucet per 1,300 people. A lockdown also has been imposed, making any notions of social distancing impossible.

      He said all new arrivals from Turkey are separated and kept away from the camps. Special health units will also be dispatched into the camps to test for cases, he said.

      Mitarachi is demanding other EU states help take in people, to ease the pressure.

      Eight EU states had in early March pledged to take in 1,600 unaccompanied minors. The Commission says it expects the first relocations to take place before Easter at the latest.
      The money

      Greece has also been earmarked some €700m of EU funds to help in the efforts.

      The first €350m has already been divided up.

      Around €190m will go to paying rental accommodation for 25,000 beds on the mainland and provide cash assistance to 90,000 people under the aegis of the UN refugee agency (UNHCR).

      Another €100m will go to 31 camps run by the International Organization for Migration. Approximately €25m will go to help families and kids on the islands through the UNHCR.

      And €35m is set to help relocate others out of the camps and into hotels.

      The remaining €350m will go to building five new migrant centres (€220m), help pay for returns (€10m), support the Greek asylum service (€50m), enforce borders (€50m), and give an additional €10m each to Frontex and the EU’s asylum agency, Easo.

      https://euobserver.com/coronavirus/147973

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      Avec ce commentaire de Marie Martin, reçu via la mailing-list Migreurop, le 03.04.2020 :

      Des informations intéressantes issues de l’article de Nikolak Nielsen, paru dans EuObserver aujourd’hui sur les fonds de l’UE dédiés à l’accueil et aux transferts depuis les hotspots.

      C’est assez paradoxal de voir la #Commissaire_européenne affirmer que le Grèce pourra gérer un éruption du Covid19, laissant presque penser à un esseulement de la Grèce.

      En vérité, l’article indique, chiffres à l’appui, que plusieurs actions sont financées (700M euros dédiés dont 190M pour le UNHCR afin de payer des hébergements à hauteur de 25 000 lits sur la péninsule et de l’assistance financières à 90 000 personnes réfugiées).
      Ces #financements s’ajoutent aux engagements début mars membres de relocaliser des mineurs isolés dans d’autres pays de l’UE (8 Etats membres).

      Toutefois, si l’UE ne fait donc pas « rien », les limites habituelles au processus peuvent être invoquées avec raison : #aide_d'urgence qui va essentiellement au #HCR et à l’#OIM (100M pour l’OIM et les 31 camps qu’elle gère et 25M d’aide pour les familles et les enfants dispatchés sur les îles, via le UNHCR), 35M serviront à soutenir la relocalisation hors des camps dans des #hôtels.

      Le reste des financements octroyés s’intègrent dans la logique de gestion des #hotspots :

      350M euros serviront à construire 5 nouveaux centres
      10M pour financer les retours
      50M pour soutenir l’administration grecque dédiée à l’asile (sans précision s’il s’agit de soutien à l’aide juridique pour les demandeurs d’asile, d’aide en ressources humaines pour l’administration et l’examen des demandes, ou du soutien matériel dû dans le cadre de l’accueil des demandeurs d’asile)
      10M pour #Frontex
      10M pour #EASO

      #retour #aide_au_retour #renvois #expulsions #argent #aide_financière #IOM

  • L’#Allemagne suspend les « #transferts_Dublin »

    A cause de la pandémie de coronavirus, Berlin a mis en pause les renvois de demandeurs d’asile vers d’autres pays européens. En revanche, les expulsions vers des pays tiers sont toujours possibles.

    Le ministre allemand de l’Intérieur a affirmé cette semaine que les renvois vers d’autres pays de l’UE dans le cadre du règlement de Dublin n’auront plus lieu « jusqu’à nouvel ordre ».

    Un porte-parole a assuré sur la chaîne publique allemande ARD que la Commission européenne été les Etats membres de l’UE seraient informés très prochainement de cette décision. Néanmoins, selon l’ARD, les expulsions vers des pays tiers peuvent toujours avoir lieu.

    L’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) avait déjà informé auparavant les tribunaux administratifs allemands que « l’Office suspend tous les transferts Dublin jusqu’à nouvel ordre ». Ceux-ci seraient intenables en raison des restrictions de voyage et des fermetures dues au Covid-19.

    Le BAMF précise que cette suspension ne veut pas dire que les Etats qui adhèrent au règlement de Dublin (les membres de l’UE, l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Lichtenstein) ne seront plus dans l’obligation d’assumer leurs responsabilités en matière de droit d’asile dans l’avenir.

    Les #expulsions ne s’arrêtent pas

    Les autorités allemandes avaient suspendu fin février les renvois vers l’Italie, le pays actuellement le plus durement touché par la pandémie. Une partie du monde politique et des ONG de défense des migrants comme Pro Asyl ont appelé le gouvernement à Berlin à étendre ce moratoire à toutes les expulsions de demandeurs d’asile.

    Pour le député de gauche Ulla Jelpke, « les expulsions vers des pays tiers doivent être suspendus tout comme les transferts Dublin d’autant que les systèmes de soins sont très fragiles dans beaucoup de pays d’origine. »

    Pour le moment, le ministère allemand de l’Intérieur n’a toujours pas annoncé un moratoire complet des expulsions. Il note au contraire que beaucoup de pays refusent eux-aussi l’entrée d’étrangers sur leur territoire ou limitent les possibilités d’entrée à un très petit nombre de personnes. L’Allemagne va donc pour l’instant continuer à procéder aux expulsions vers les pays « où celles-ci sont encore possibles dans le contexte actuel ». De plus, le ministère rappelle que « les expulsions dépendent de la capacité des Etats fédérés allemands à les mener et de l’état de santé des étrangers concernées ».

    Que va-t-il arriver au règlement de Dublin ?

    Il est encore peu clair si le règlement de Dublin va être totalement suspendu son. Si c’était le cas, explique la ARD, des personnes pourront demander l’asile en Allemagne dans le futur même s’ils sont arrivés par un autre pays européen.

    La procédure actuelle prévoit qu’une personne doit faire sa demande d’asile dans le premier pays par lequel il est entré en Europe.

    En 2019, l’Allemagne a procédé à plus de 8.400 renvois dans le cadre de la procédure Dublin. La majorité des expulsés étaient des Albanais, des Nigérians et des Géorgiens.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/23716/l-allemagne-suspend-les-transferts-dublin
    #Dublin #règlement_Dublin #renvois_Dublin #asile #migrations #réfugiés #coronavirus

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    ajouté à la métaliste sur les procédures d’asile en lien avec le coronavirus :
    https://seenthis.net/messages/834052

    ping @karine4

  • Les autorités congolaises rapatrient près de 1.500 Burundais de #Goma

    Les autorités congolaises ont rapatrié près de 1.500 Burundais en situation irrégulière à Goma, dans la province du #Nord-Kivu. Il s’agirait des membres d’une #secte fuyant des exactions dans leur pays d’origine, parmi lesquels il y aurait des personnalités impliquées dans un putsch manqué.

    Le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Kasivita Nzanzu, a déclaré à VOA Afrique que « ces Burundais n’avaient pas de statut de réfugiés mais ils ont réussi, à la surprise des autorités, à traverser la province du Sud-Kivu, frontalière avec le Burundi, pour se masser à Goma », chef-lieu de sa province.

    « Ils se réclament d’une secte mystico-religieuse, ’#Ezebya', en conflit avec l’église catholique dont ils sont des dissidents et affirment fuir des exactions », a révélé M. Kasivita.
    « Ce qui a écœuré les habitants de Goma, c’est que ces Burundais soutenaient que la RDC est leur terre promise. Nous avions le devoir de faire respecter les lois de l’immigration car il y a une histoire entre le Congo et ses voisins et nous sommes encore victimes aujourd’hui pour avoir accepté des réfugiés rwandais dans notre pays en 1994 », a expliqué le gouverneur.

    Selon les autorités, le service des migrations les a d’abord ramenés de Goma à Kavivira, post-frontalier entre le Sud-Kivu et le Burundi, et ensuite vers leur pays.

    Selon une dépêche de l’AFP, les services de sécurité congolais auraient identifié des personnalités impliquées dans un coup d’Etat manqué au Burundi.

    « Nous avons reçu beaucoup d’appels du Burundi, des gens qui affirment que leurs enfants ont été amenés de force en RDC, dans ce groupe, par des parents ou des proches, sans leur consentement », a affirmé M. Kasivita.

    Pour certains défenseurs des droits de l’homme, les autorités congolaises devaient quand-même tenir compte du droit humanitaire international pour assurer la protection de ceux de ces Burundais dont la survie dépend d’un asile.

    « Les autorités congolaises devaient examiner leur situation au cas par cas et voir s’il s’avérait que certains ont réellement fui des exactions. Les rapatrier, comme cela a été fait, les met en danger alors que le droit international protège quiconque fuit son pays pour des raisons de survie, » a estimé le coordonnateur du Comité des droits de l’homme et du développement (CODHOD), Henri Christian Longendja.

    L’Est de la RDC connaît une situation instable depuis les années 90 due, entre autres, par la présence de nombreux groupes armés et mouvements rebelles.

    https://www.voaafrique.com/a/pr%C3%A8s-de-1-500-burundais-en-situation-irr%C3%A9guli%C3%A8re-%C3%A0-goma-rapatri%C3%A9s/5332547.html
    #Congo #réfugiés_burundais #RDC #renvois #expulsions

    • La RDC expulse plusieurs centaines de Burundais « en séjour illégal »

      La République démocratique du Congo (RDC) a expulsé mardi plusieurs centaines de Burundais – plus de 1.600 selon des médias locaux – accusés de séjour illégal dans la région de Goma, dans l’est du pays. Après avoir vécu en clandestinité à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, plus de 1.609 personnes – en majorité des femmes et enfants mais tous de nationalité burundaise – ont été rapatriées mardi vers leur pays d’origine, a indiqué le site d’information LINTERVIEW.CD.

      Cette opération s’est déroulée à Bukavu, chef-lieu de la province voisine du Sud-Kivu où les deux bateaux qui les transportaient ont accosté mardi matin, après une nuit dernière sur le lac Kivu.

      Leur présence à proximité de Goma a été signalée vendredi par les habitants aux autorités congolaises, d’après le ministre provincial de l’Intérieur de Nord-Kivu, Jean Bosco Sebishimbo.

      « Nous avons constaté qu’il y a plus de 1.400 Burundais en séjour irrégulier », a déclaré sur place le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Carly Nzanzu Kasivita.

      « Ils se disent réfugiés mais n’ont jamais acquis le statut de réfugié », a-t-il ajouté.

      Les services de sécurité congolais ont identifié « parmi ces immigrés (…) des personnalités impliquées dans un coup d’État manqué au Burundi », a avancé la présidence de la République sans autre précision.

      Ces « immigrés » agissent « sous le label de la secte mystico-religieuse Ezebya, dissidente de l’Eglise catholique burundaise », selon le communiqué de la présidence parvenu à l’AFP.

      Cette secte est en conflit avec l’église catholique « dont ils sont des dissidents et affirment fuir des exactions », selon M. Kasivita.

      Ses membres sont des adeptes de la prophétesse Zebiya, qui assure avoir eu des visions de la Vierge dans le nord du Burundi.​

      https://afrique.lalibre.be/47881/la-rdc-expulse-plusieurs-centaines-de-burundais-en-sejour-illegal

  • #Métaliste autour de l’éventuelle #suspension (ou non) de la #procédure_d'asile en raison de la #crise_sanitaire... mais aussi d’autres éléments en lien avec la procédure d’asile, dont le #règlement_Dublin

    #coronavirus #covid-19 #asile #migrations #réfugiés #auditions #renvois_Dublin

    ping @thomas_lacroix @karine4 @isskein

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    A mettre en lien avec la question de la #rétention - #détention_administrative :

    https://seenthis.net/messages/835410

  • #Coronavirus : l’Italie ne reprend provisoirement plus de requérants d’asile de Suisse

    En raison de la propagation du coronavirus, les autorités italiennes ont décidé de ne plus reprendre jusqu’à nouvel ordre de requérants d’asile dans le cadre du système Dublin. Les #transferts qui avaient déjà été planifiés sont donc reportés.

    Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a été informé de cette mesure par le ministère italien de l’Intérieur. Elle concerne tous les pays européens qui souhaitent transférer en Italie des requérants d’asile dont la demande relève, conformément au règlement Dublin, de sa compétence. La décision a été prise en raison de la propagation du coronavirus dans plusieurs régions de la péninsule. La suspension des transferts Dublin doit permettre de préparer et de mettre en œuvre d’autres mesures dans le domaine de la santé.

    Compte tenu de cette décision, le SEM doit donc reporter les transferts qui avaient déjà été programmés. Plusieurs vols devant embarquer un total de dix requérants ces prochains jours ont ainsi dû être annulés. Les personnes concernées demeureront provisoirement dans les centres d’asile de la Confédération ou dans des structures cantonales.

    https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-78264.html
    #Italie #Dublin #asile #migrations #réfugiés #renvois_Dublin #suspension #report

  • "Ils m’ont emballé comme un colis" : le cri de détresse d’un Camerounais expulsé de Turquie

    Dans une série de vidéos publiées à la mi-février, un homme est emballé dans du film plastique à bord d’un avion de la #compagnie_aérienne Turkish Airlines. Ces images ont largement circulé au Cameroun, pays d’origine de ce passager, et ont suscité une vague d’indignation. La rédaction des Observateurs de France 24 a pu recueillir le témoignage de cet homme qui dénonce un traitement violent et humiliant de la part de cette entreprise et des autorités turques.

    Notre rédaction a pu identifier une série de quatre #vidéos montrant un incident à bord du vol numéro TK667 reliant Istanbul et Yaoundé la nuit du 27 au 28 janvier 2020.

    https://twitter.com/Ehuzud/status/1229365329727512576?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

    Cette première vidéo montre le moment où le passager a commencé à protester contre son expulsion. Elle a été filmée par sa compagne qui se trouvait non loin. À la fin de la vidéo, une hôtesse de la compagnie #Turkish_Airlines, reconnaissable à son uniforme, l’empêche de filmer.

    https://twitter.com/abelamundala/status/1229288299216461824?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

    Cette deuxième #vidéo montre le moment où les trois hommes qui entourent le passager commencent à lui retirer le film plastique qui entoure son torse. Ces images ont également été filmées par sa compagne.

    Ces deux vidéos ont été publiées dès le 28 janvier sur Facebook et ont été transmises à l’influenceur camerounais #David_Eboutou par une passagère de l’avion Istanbul Yaoundé. On y voit le passager libéré de la plupart de son enveloppe de plastique et les hommes qui l’entourent essayer de le libérer du scotch et des menottes qu’il a aux chevilles.

    En observant attentivement la série de vidéos, on voit clairement que l’homme est menotté à l’aide de sangles en plastique noir au niveau des poignets et de menottes aux chevilles. Par-dessus, ses vêtements ont été rajoutées plusieurs couches de #film_plastique, consolidées avec du large #scotch transparent.

    Un des trois hommes qui entoure le passager porte un rouleau de ce type de scotch à la main. On aperçoit également un masque chirurgical qui pend aux oreilles du passager et qu’il portait probablement avant de manifester sa colère à bord.

    « On m’a dit que mon visa était un faux et on m’a arrêté »
    La rédaction des Observateurs de France 24 a pu retrouver cet homme. Emmanuel Fosso Someon Chedjou, 47 ans, est marchand de chaussures à Douala au Cameroun. Il a fourni plusieurs documents à notre rédaction permettant de prouver qu’il a bien effectué ce voyage et qu’il a été expulsé de l’aéroport d’Istanbul. Notre rédaction a également pu discuter avec six passagers qui étaient à ses côtés dans le centre de détention de l’aéroport. Tous ont livré un témoignage concordant avec le sien.


    Je voulais me rendre à Dubaï avec ma compagne pour acheter un stock de chaussures et j’ai fait appel à une agence de voyage pour tout préparer. C’était ma première fois et j’ai compris trop tard que je m’étais fait arnaquer.

    Le vol pour Dubaï passait par Istanbul avec une #escale de 8 heures, c’était le 21 janvier.

    https://scd.observers.france24.com/files/imagecache/observers_full_width/rfi_multimedia_element_image/documents_dubai.jpeg

    Sur cette photo prise avant le départ, on voit que le voyage entrepris par #Emmanuel_Chedjou et sa compagne vers Dubai devait durer du 21 au 29 janvier.

    Quand nous sommes arrivés ma compagne est restée dans la zone de transit et j’ai voulu sortir de l’aéroport faire une course, vu que notre temps d’attente était très long. Arrivé au contrôle des passeports, on m’a dit que mon visa de transit était un faux et on m’a arrêté. On m’a emmené dans une sorte de centre de détention et j’ai retrouvé là-bas ma compagne qui avait été arrêtée entre temps.

    Ce document, en turc et en anglais, détaille qu’Emmanuel Chedjou est décrété « #passager_non_admissible », ou INAD dans le jargon de l’aviation pour le motif suivant : « Visa ou permis de résidence contrefait ».

    https://scd.observers.france24.com/files/imagecache/observers_full_width/rfi_multimedia_element_image/selfie.jpeg

    Un selfie pris par Emmanuel Chedjou dans l’aéroport d’Istanbul, reconnaissable à son plafond, peu de temps avant son arrestation.

    On m’a confisqué mon téléphone et on m’a demandé de signer des papiers que je ne pouvais pas lire puisqu’ils étaient en turc. J’ai aussi demandé à parler à un avocat et les officiers qui étaient là ont refusé.

    Je ne savais pas exactement qui étaient ces officiers, si c’étaient des policiers, des gendarmes ou des agents de sécurité. Ils ne portaient pas d’uniformes.

    Deux jours plus tard, ils ont voulu me déporter une première fois, le 23 janvier. J’ai protesté en disant que je voulais poursuivre mon voyage vers Dubaï et les officiers m’ont frappé. Un fois arrivé sur la passerelle de l’avion, j’ai protesté à nouveau et crié. À ce moment-là, l’équipage et le pilote de Turkish Airlines sont sortis et ont refusé de me prendre à bord. Ils ont demandé à ce que je sois pris en charge par le HCR.

    Mais il n’en a rien été.

    « Ils ont pris les rouleaux de film plastique utilisés pour emballer les valises »

    J’ai continué de subir des tabassages et des menaces pour que je rentre dans mon pays. Le 28 janvier vers 13 h ils sont venus me chercher pour me rapatrier sur un vol vers Yaoundé, au Cameroun. J’ai protesté à nouveau et cette fois ils m’ont mis dans une pièce spéciale.

    Il y avait une dizaine d’officiers et ils s’y sont mis à plusieurs pour me maîtriser. Ils ont d’abord mis des sangles en plastique à mes pieds et à mes poignets, puis de véritables menottes en métal. Ensuite ils ont rempli ma bouche de mouchoirs et l’ont fermée avec du scotch.

    Enfin, ils ont pris deux grands rouleaux de film plastique, ceux qui sont utilisés dans les aéroports pour emballer les valises. Ils m’en ont mis des couches et des couches du cou jusqu’aux pieds, si bien que c’était absolument impossible de bouger. À ce moment-là, j’ai vraiment commencé à avoir du mal à respirer.

    Trois d’entre eux m’ont mis dans un fauteuil roulant et m’ont emmené dans un avion qui partait pour Yaoundé. À l’intérieur ils m’ont porté comme un colis jusqu’à mon siège.

    Quand les passagers étaient tous installés et qu’il restait environ 15 minutes avant le décollage, j’ai réussi à cracher les mouchoirs qui étaient coincés dans ma bouche et j’ai pu crier à l’aide.

    Les passagers ont tout de suite réagi quand ils m’ont vu et ont protesté pour qu’on me libère de tout ce plastique. Ma compagne était dans l’avion elle m’a vu ainsi et a pris deux vidéos pour garder des preuves.

    Mes habits s’étaient déchirés quand je me battais avec les policiers et j’ai demandé à récupérer mon bagage à main pour me changer. Dans la poche de mon jean déchiré, que j’avais laissé sur mon siège, il y avait 2 400 euros en liquide que j’avais pris pour commercer à Dubaï. Quand l’officier m’a rendu le pantalon, les poches étaient vides. Il m’a dit : « tu as déjà de la chance, on va te tuer ».

    « Ils m’ont laissé dans un hall pendant deux jours sans rien à manger »

    Après tout ça, une hôtesse de Turkish Airlines m’a accompagné à l’extérieur de l’avion dans lequel était restée ma compagne, qui s’est donc envolée pour Yaoundé. Elle m’a demandé pourquoi j’étais sous escorte et je lui ai dit qu’il était inacceptable de traiter les gens de cette manière, que j’étais malade et que j’avais besoin de soins. Elle m’a laissé dans un hall de l’aéroport, devant un bureau de Turkish Airlines, sans rien. J’étais obligé de mendier pour manger.

    Au bout de deux jours, un homme qui se présentait comme le chef du personnel de Turkish Airlines m’a dit : « on ne peut pas te soigner et tu ne peux pas rester en Turquie, tu restes ici sans te laver, tu vas choisir un pays où on va te déposer et tu vas partir ». Ensuite, des officiers sont venus me chercher pour me ramener au centre de détention.
    Une nuit, un des policiers qui m’avait emballé dans du plastique m’a dit en m’apportant un café qu’ils allaient m’emmener à Abuja, au Nigeria. Je lui ai répondu que ce n’est pas mon pays et que c’est très loin de chez moi. Il m’a dit que c’est à côté [800 kilomètres séparent Abuja de Douala, NDLR].

    À ce moment-là j’étais vraiment épuisé, je n’en pouvais plus et j’ai fini par céder. J’ai pris la carte d’embarquement pour ce vol et ils m’ont mis de simples menottes pour m’emmener dans l’avion. Une fois que j’étais assis ils les ont enlevées et sont sortis de l’appareil.

    https://scd.observers.france24.com/files/imagecache/observers_portrait_width/rfi_multimedia_element_image/boarding_pass_abuja.jpeg

    La carte d’embarquement d’Emmanuel Chedjou pour le vol d’Istanbul à Abuja.

    Je suis arrivé à #Abuja dans la nuit du 30 au 31 janvier et une dame rencontrée dans l’avion m’a aidé à organiser mon voyage en voiture jusque chez moi. Je suis arrivé à la maison le 4 février [soit deux semaines après son arrivée en Turquie, NDLR].

    Entre l’agence de voyage qui m’a arnaqué et ce qu’il s’est passé à Istanbul, j’ai perdu environ 7 millions de francs CFA, soit 10 590 euros [des chiffres que notre rédaction n’a pas pu vérifier de façon indépendante, NDLR]. Avec cet échec, j’ai donc perdu non seulement mon capital mais j’ai aussi perdu toute crédibilité dans ma communauté. Plus personne ne veut commercer avec moi. Je veux dénoncer la compagnie Turkish Airlines et ces officiers qui m’ont humilié. Je veux aujourd’hui me faire dédommager et, si c’est possible, je porterai plainte.

    « Ils prenaient les téléphones des Noirs mais pas ceux des Blancs »

    Emmanuel Chedjou dénonce par ailleurs un traitement discriminatoire dans le centre de détention où sont mis en attente tous les passagers n’ayant pu passer les frontières de l’aéroport. Selon lui, les personnes noires sont systématiquement privées de leurs téléphones portables et sont détenues dans une pièce séparée.

    Un avis partagé par un autre passager resté détenu pendant 6 jours à la même période que lui, #Johnny_Mabaya, un Congolais de 20 ans.

    Moi, contrairement à Emmanuel, je ne parle pas l’anglais. Il y avait donc un gros problème de communication et ça générait beaucoup de tensions. On nous servait de la nourriture quasi immangeable et on nous frappait régulièrement. Tous les téléphones des Noirs étaient confisqués, mais pas ceux des Blancs. On était aussi tous détenus dans une pièce séparée.

    Le jour où ils ont emballé Emmanuel dans du plastique on a entendu beaucoup de cris, et tout d’un coup, ça s’est arrêté. On a compris qu’ils avaient réussi à lui fermer la bouche. Quelques jours plus tard c’était mon tour, j’ai essayé de protester moi aussi, mais j’ai vite cédé par peur qu’ils me fassent la même chose.

    Deux femmes, l’une Congolaise et l’autre Camerounaise, nous ont confirmé que les ressortissants africains étaient traités différemment. Un passager ukrainien détenu brièvement au même endroit nous a confirmé qu’il avait pu garder son téléphone portable dans le centre de détention.

    Que se passe-t-il à l’aéroport d’Istanbul ?

    Très peu d’associations de défense des réfugiés et d’avocats spécialistes de ce domaine ont accès au centre de détention de l’aéroport d’Istanbul. D’après nos recherches, plusieurs avocats de l’ONG « Refugee Rights Turkey » ont pu le visiter, mais l’organisation a décliné notre demande d’interview.

    L’autorité administrative de l’aéroport est responsable de cet endroit, comme le précise la loi sur les obligations des transporteurs aériens du 7 novembre 2015. Cependant, les responsabilités sont partagées : la compagnie aérienne s’assure du retour au pays le plus rapide possible du passager non admissible sur le sol turc et l’entreprise gestionnaire de l’aéroport veille à ce que le temps d’attente soit passé dans un endroit dédié et dans des conditions dignes et sécurisées.

    Aucun texte de loi turc ne précise quelles unités de police ou de sécurités privées sont chargées d’escorter les passagers à bord des avions, ni de quels moyens ils disposent légalement pour les contrôler s’ils refusent d’obtempérer. Selon un ancien cadre de l’aviation civile turque, les compagnies aériennes font appel à des services de sécurité privée pour ce type de cas. Une affirmation que nous n’avons pas été en mesure de vérifier.

    Selon Piril Erçoban, coordinatrice de l’association turque de défense des réfugiés Mütleci-der, les images de l’expulsion d’Emmanuel Chedjou sont « révoltantes ».

    « Peu importe le statut de la personne, cette pratique est inacceptable. Ça ne peut être légal. Les autorités doivent prendre des mesures administratives et légales contre les personnes responsables et ne plus tolérer ce type de pratiques dans les zones frontalières ou de transit ».

    La Direction générale de la gestion des migrations (DGMM en turc), branche du ministère de l’Intérieur turc, a déclaré le 22 février sur Twitter que « de telles pratiques ne peuvent absolument pas être acceptées » et annoncé que « deux enquêteurs ont été missionnés » pour établir les faits avant que « le nécessaire soit fait concernant les responsables ».

    « Le passager concerné a essayé d’entrer dans notre pays avec un faux document le 21 janvier et son entrée n’était pas autorisée. L’étranger concerné a été soumis à trois tentatives de renvoi les 21, 22 et 27 janvier. Il n’a pas pu être renvoyé en raison de sa résistance et parce qu’il a retiré ses vêtements dans l’avion lors de la dernière tentative. Il a finalement été renvoyé le 30 janvier lors d’une quatrième procédure », détaille l’institution dans son communiqué.

    Notre rédaction a contacté la compagnie aérienne Turkish Airlines pour obtenir des explications sur cet incident. Cette dernière n’a pas répondu à nos questions. Nous publierons sa réponse quand elle nous parviendra.❞

    https://observers.france24.com/fr/20200221-turquie-cameroun-expulsion-avion-turkish-airlines-passa

    #renvois #renvois_forcés #asile #migrations #réfugiés #Turquie #réfugiés_camerounais #Cameroun #déshumanisation #inhumanité #dignité #Emmanuel_Fosso_Someon_Chedjou #expulsion #déportation
    #menottes #sangles

    ping @karine4 @isskein @reka

  • Trapped in Dublin

    ECRE’s study (https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2020/842813/EPRS_STU(2020)842813_EN.pdf) on the implementation of the Dublin Regulation III, has just been published by the Europpean Parliament Research Service which commissioned it.

    Drawing largely on statistics from the Asylum Information Database (AIDA) database, managed by ECRE and fed by national experts from across Europe, and on ongoing Dublin-related litigation, the study uses the European Commission’s own Better Regulation toolbox. The Better Regulation framework is designed to evaluate any piece of Regulation against the criteria of effectiveness, efficiency, relevance, coherence and EU added value.

    There are no surprises:

    Assessing the data shows that Dublin III is not effective legislation as it does not meet its own objectives of allowing rapid access to the procedure and ending multiple applications. The hierarchy of criteria it lays down is not fully respected. It appears inefficient – financial costs are significant and probably disproportionate. Notable are the large investments in transfers that do not happen and the inefficient sending of different people in different directions. The human costs of the system are considerable – people left in limbo, people forcibly transferred, the use of detention. The relevance and EU added value of the Regulation in its current form should be questioned. The coherence of the Dublin Regulation is weak in three ways: internal coherence is lacking due to the differing interpretations of key articles across the Member States+; coherence with the rest of the asylum acquis is not perfect; and coherence with fundamental rights is weak due to flaws in drafting and implementation.

    So far, so already well known.

    None of this is news: everybody knows that Dublin is flawed. Indeed, in this week’s hearing at the European Parliament, speaker after speaker stood up to condemn Dublin, including all the Member States present. Even the Member States that drove the Dublin system and whose interests it is supposed to serve (loosely known as the northern Member States), now condemn it openly: it is important to hear Germany argue in a public event that the responsibility sharing rules are unfair and that both trust among states and compliance across the Common European Asylum System is not possible without a fundamental reform of Dublin.

    More disturbing is the view from the persons subject to Dublin, with Shaza Alrihawi from the Global Refugee-led Network describing the depression and despair resulting from being left in limbo while EU countries use Dublin to divest themselves of responsibility. One of the main objectives of Dublin is to give rapid access to an asylum procedure but here was yet another case of someone ready to contribute and to move on with their life who was delayed by Dublin. It is no surprise that “to Dublin” has become a verb in many European languages – “dubliner” or “dublinare”, and a noun: “I Dublinati” – in all cases with a strong negative connotation, reflecting the fear that people understandably have of being “dublinated”.

    With this picture indicating an unsatisfactory situation, what happens now?

    Probably not much. While there is agreement that Dublin III is flawed there is profound disagreement on what should replace it. But the perpetual debate on alternatives to Dublin needs to continue. Dysfunctional legislation which fails the Commission’s own Better Regulation assessment on every score cannot be allowed to sit and fester.

    All jurisdictions have redundant and dysfunctional legislation on their statute books; within the EU legal order, Dublin III is not the only example. Nonetheless, the damage it does is profound so it requires attention. ECRE’s study concludes that the problems exist at the levels of design and implementation. As well as the unfair underlying principles, the design leaves too much room for policy choices on implementation – precisely the problem that regulations as legal instruments are supposed to avoid. Member States’ policy choices on implementation are currently (and perhaps forever) shaped by efforts to minimise responsibility. This means that a focus on implementation alone is not the answer; changes should cover design and implementation.

    The starting point for reform has to be a fundamental overhaul, tackling the responsibility allocation principles. While the original Dublin IV proposal did not do this, there are multiple alternatives, including the European Parliament’s response to Dublin IV and the Commission’s own alternatives developed but not launched in 2016 and before.

    Of course, Dublin IV also had the other flaws, including introducing inadmissibility procedures pre-Dublin and reduction of standards in other ways. Moving forward now means it is necessary to de-link procedural changes and the responsibility-sharing piece.

    Unfortunately, the negotiations, especially between the Member States, are currently stuck in a cul-de-sac that focuses on exactly this kind of unwelcome deal. The discussion can be over-simplified as follows: “WE will offer you some ‘solidarity’ – possibly even a reform of Dublin – but only if, in exchange, YOU agree to manage mandatory or expanded border procedures of some description”. These might be expanded use of current optional asylum procedures at the border; it might be other types of rapid procedures or processes to make decisions about people arriving at or transferred to borders. In any case, the effect on the access to asylum and people’s rights will be highly detrimental, as ECRE has described at length. But they also won’t be acceptable to the “you” in this scenario, the Member States at the external borders.

    There is no logical or legal reason to link the procedural piece and responsibility allocation so closely. And why link responsibility allocation and procedures and not responsibility allocation and reception, for instance? Or responsibility allocation and national/EU resources? This derives from the intrusion of a different agenda: the disproportionate focus on onward movement, also known as (the) “secondary” movement (obsession).

    If responsibility allocation is unfair, then it should be reformed in and of itself, not in exchange for something. The cry will then go out that it is not fair because the MS perceived to “benefit” from the reform will get something for nothing. Well no: any reform could – and should – be accompanied with strict insistence on compliance with the rest of the asylum acquis. The well-documented implementation gaps at the levels of reception, registration, decision-making and procedural guarantees should be priority.

    Recent remarks by Commissioner Schinas (https://euobserver.com/migration/147511) present nothing new and among many uncertainties concerning the fate of the 2016 reforms is whether or not a “package approach” will be maintained by either or both the co-legislators – and whether indeed that is desirable. One bad scenario is that everything is reformed except Dublin. There are provisional inter-institutional agreements on five files, with the Commission suggesting that they move forward. ECRE’s view is that the changes contained in the agreements on these files would reduce protection standards and not add value; other assessments are that protection standards have been improved. Either way, there are strong voices in both the EP and among the MS who don’t want to go ahead without an agreement on Dublin. Which is not wrong – allocation of responsibility is essential in a partially harmonised system: with common legal provisions but without centralised decision-making, responsibility allocation is the gateway to access rights and obligations flowing from the other pieces of legislation. Thus, to pass other reforms without tackling Dublin seems rather pointless.

    While certainly not the best option, the best bet (if one had to place money on something) would be that nothing changes for the core legislation of the CEAS. For that reason, ECRE’s study also lists extensive recommendations for rights-based compliance with Dublin III.

    For example, effectiveness would be improved through better respect for the hierarchy of responsibility criteria, the letter of the law: prioritise family unity through policy choices, better practice on evidential standards, and greater use of Articles 16 and 17. Minimise the focus on transfers based on take-back requests, especially when they are doomed to fail. To know from the start that a transfer is doomed to fail yet to persist with it is an example of a particularly inhumane political dysfunction. Effectiveness also requires better reporting to deal with the multiple information gaps identified, and clarity on key provisions, including through guidance from the Commission.

    Solidarity among Member States could be fostered through use of Article 33 in challenging situations, which allows for preventive actions by the Commission and by Member States, and along with the Temporary Protection Directive, provides better options than some of the new contingency plans under discussion. The use of Article 17, 1 and 2, provides a legal basis for the temporary responsibility-sharing mechanisms which are needed in the absence of deeper reform.

    In perhaps the most crucial area, fundamental rights compliance could be significantly improved: avoid coercive transfers; implement CJEU and ECtHR jurisprudence on reasons for suspension of transfers – there is no need to show systemic deficiencies (CK, Jawo); make a policy decision to suspend transfers to the EU countries where conditions are not adequate and human rights violations are commonplace, rather than waiting for the courts to block the transfer. Resources and political attention could focus on the rights currently neglected: the right to family life, the best interests of the child, right to information, alternatives to detention. Evaluating implementation should be done against the Charter of Fundamental Rights and should always include the people directly affected.

    Even with flawed legislation, there are decisions on policy and resource allocation to be made that could make for better compliance and, in this case, compliance in a way that generates less suffering.

    https://www.ecre.org/weekly-editorial-trapped-in-dublin

    #asile #migrations #réfugiés #Dublin #Dublin_III #Better_Regulation #efficacité #demandes_multiples (le fameux #shopping_de_l'asile) #accélération_des_procédures #coût #transferts_Dublin #renvois_Dublin #coûts_humains #rétention #limbe #détention_administrative #renvois_forcés #cohérence #droits_humains #dépression #désespoir #santé_mentale #responsabilité #Dublin_IV #procédure_d'asile #frontières #frontière #mouvements_secondaires #unité_familiale #inhumanité #solidarité #Temporary_Protection_Directive #protection_temporaire #droits #intérêt_supérieur_de_l'enfant

    –—

    Commentaire de Aldo Brina à qui je fais aveuglement confiance :

    Les éditos de #Catherine_Woollard, secrétaire générale de l’#ECRE, sont souvent bons… mais celui-ci, qui porte sur Dublin, gagne à être lu et largement diffusé

    ping @karine4 @isskein

    • #Résolution du Parlement européen du 17 décembre 2020 sur la mise en œuvre du règlement #Dublin_III (2019/2206(INI))

      Extrait :

      Les procédures de transfert ont fortement augmenté en 2016-2017 et génèrent des coûts humains, matériels et financiers considérables ; déplore toutefois que les transferts n’aient été effectués que dans 11 % des cas, ce qui aggrave encore la surcharge souvent importante des régimes d’asile et confirme le manque d’efficacité du règlement ; juge essentiels les efforts visant à garantir l’accès à l’information et des procédures rapides pour le regroupement familial et les transferts de demandeurs d’asile

      https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2020-0361_FR.html

      #statistiques #chiffres

  • Interior expulsa a otros 36 malienses a Mauritania desde Canarias

    Un nuevo vuelo de #Frontex partió desde Tenerife Norte el pasado 17 de febrero con 51 personas a bordo, de las cuales ninguna era mauritana.

    El Ministerio del Interior continúa expulsando a migrantes desde Canarias hacia un país que no es el suyo. El pasado lunes 17 de febrero febrero, un nuevo vuelo de la Agencia Europea de Fronteras (Frontex), el tercero en lo que va de año, partió desde el aeropuerto de Tenerife Norte hacia Mauritania con 51 personas a bordo. Tal y como ha reconocido el Mecanismo Nacional de Prevención de la Tortura, ninguna de ellas tenía nacionalidad mauritana. En concreto, la mayoría de ellas procedía de Malí (36), 13 eran senegalesas, una de Gabón y otra de Costa de Marfil.

    Durante el operativo de deportación los técnicos examinaron las condiciones del embarque, la documentación relativa a las devoluciones y, además, se realizaron tres entrevistas durante el vuelo. No ha sido hasta este miércoles 19 cuando se han notificado en el Defensor del Pueblo los detalles de la deportación, a pesar de que Televisión Española ya había adelantado este martes que un vuelo de Frontex con medio centenar de migrantes había salido desde Tenerife.

    A pesar de las denuncias sociales que han recibido estas expulsiones ejecutadas por el Gobierno de España, ya son 139 los migrantes deportados por el Ejecutivo, aprovechando el acuerdo bilateral que firmó en 2003 con Mauritania. De esta cifra, 106 son malienses, de los cuales al menos 14 expresaron su voluntad de solicitar protección internacional por la situación de conflicto que atraviesa su país de origen, donde, según Acnur, a diario se detectan secuestros, ataques a escuelas y hospitales, asesinatos, vulnerabilidad infantil y agresiones sexuales. Aún así, este grupo fue internado en el CIE de Hoya Fría y enviado a Mauritania el 20 de enero.

    Interior justifica estas devoluciones asegurando que el acuerdo con Mauritania se aplica también a quienes, a pesar de no tener nacionalidad mauritana, hayan pisado el país durante su itinerario. Sin embargo, de acuerdo con los autos de internamiento a los que tuvo acceso Canarias Ahora, estas 14 personas coincidieron en que habían partido desde Senegal hacia el Archipiélago de forma directa.

    Distintas ONG como la Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR) o el Servicio Jesuíta a Migrantes así como la Unión Progresista de Fiscales han denunciado estas expulsiones exprés. Además, CEAR ha asegurado que, una vez en manos de las autoridades mauritanas, los malienses son trasladados hasta la frontera con Malí, quedando de nuevo expuestos ante la guerra.

    https://www.eldiario.es/canariasahora/365diasmigraciones/Interior-expulsa-malienses-Mauritania-Canarias_6_997460253.html

    #expulsions_sud-sud #asile #migrations #réfugiés #expulsions #renvois #déportation #réfugiés_maliens #Mauritanie #Espagne #Canaries #îles_canaries

    ping @karine

    • A Hard Lesson for Migrants Who Give Up: There May Be No Welcome Mat Back Home

      Jessica Kablan, 27, came back to Ivory Coast seven months pregnant by a man she had turned to for protection on the road.Credit...Yagazie Emezi for The New York Times

      THIAROYE-SUR-MER, Senegal — The fishing village has long sent its men to sea, but after foreign trawlers scraped the bottom clean, the men began coming back empty-handed. It has long sent its men abroad for work, too, but their luck is often no better.

      Last November, when El Hadji Macoura Diop, a 37-year-old fisherman, failed to reach Europe by boat, he could not bring himself to call his wife and tell her he was giving up. “I knew it would just destroy her,” he said.

      Hard as it is to leave home for an unknown land and an uncertain future, coming back, migrants say, can be even harder. Often, they feel ashamed to admit defeat, especially to families that may have scrimped to raise money for their trip. And they struggle to reintegrate into the societies they left behind.

      In 2010, when he was 19, Yaya Guindo fled his life herding cattle in a small farming village in Ivory Coast. Last winter, after eight years on the road working in construction and at restaurants, he returned, broken and defeated, from a detention center in Libya.

      He tried to go home, he said, but his friends mocked him. “I didn’t have anything,” he said. “I was embarrassed.”

      The experiences of Mr. Diop and Mr. Guindo are far from unusual. Researchers estimate that one out of four people who migrate in search of opportunity return to their country of birth — some by choice, others not.

      Just since 2017, the International Organization for Migration has helped more than 62,000 migrants return to 13 countries in West and Central Africa, transported on charter flights and buses arranged by the agency. Many said they wanted to go home after being detained in abysmal conditions in Libyan detention centers, like one in Tajoura that was bombed in early July, killing more than 50 people.

      Once back, they are offered help reintegrating, including temporary shelter, pocket money, job training and psychological counseling.

      “These people left for a reason, and if you don’t address that, they will keep dying at sea,” said Florence Kim, a spokeswoman for the International Organization for Migration, which runs the program. “If you give people what they needed in the first place, they don’t need to take the risks.”

      The organization placed Mr. Guindo in a training program as a restaurant worker in a trendy neighborhood of Abidjan, the largest city in Ivory Coast. Other returning migrants have been given training as carpenters, tailors or shopkeepers.

      But after the initial support, the migrants are on their own.

      “We’re trying not to create a parallel system where migrants who are coming back to their country would have better service than Ivorians who chose not to leave,” Lavinia Prati, a reintegration officer for the International Organization for Migration.

      The transition can be rocky.

      Mr. Guindo, for example, has angered his employers by skipping work to play basketball for a local club. He says he needs to maintain good relations with the club because it is giving him housing in exchange for playing.

      Yet as hard as it is to adjust, Mr. Guindo said he was staying put.

      “I saw people dying of hunger, I saw women raped, men beheaded,” he said. “What I saw, what I lived, what I heard — I would not leave again.”

      Another returnee to Ivory Coast, Jessica Kablan, 27, came back seven months pregnant by a man she had turned to for protection on the road. Although the nature of the relationship was intrinsically coercive, it seemed to her the best choice she could make under the circumstances. When her boyfriend back home — who had helped pay for her trip — realized she was pregnant, he ended the relationship.

      She does not blame him.

      “I came back with a child,” she said. “How could he accept that?”

      Meliane Lorng, a psychologist who counsels returning migrants through the International Organization for Migration, says the women with children often don’t tell their families that they are back, “because the infant is the living testimony that they were raped.”

      Uncounted other migrants, like the fisherman, have returned on their own, without the help of humanitarian agencies.

      Thiaroye-sur-Mer has been a major source of migration for more than a decade. Hundreds of men have tried to reach Europe — mainly Spain. Everyone knows the migrant motto, “Barca ou barzakh”: Wolof for “Barcelona or die.”

      Some make it. Some die trying. And some return, said Moustapha Diouf, himself a returned migrant, who created a community center for them.

      To the outsider, Thiaroye-sur-Mer can seem like an idyllic place, not somewhere people would be eager to leave: Men sit on the beach, mending their nets, while children play in the surf. But when they do come back home, migrants often get a stark reminder of why they left in the first place.

      One recent day, Mr. Diop, the fisherman who abandoned his attempt to reach Europe, and his five partners came back to shore with about 100 small silver fish called sardinella in their nets. Once the owner of the boat got his share, they would earn about a dollar each, he said.

      There was a time when some migrants setting off in hopes of a better life left right from the shores of the village by pirogue, the colorfully painted wooden canoes used for fishing. More recently, the grapevine has advised them to go by air to Morocco, where Senegalese do not need visas, and then catch passage across the Mediterranean with a smuggler.

      From the roofs of the village houses, the view of the ocean goes on forever. It is easy to imagine that Europe might be just beyond the horizon. And it is possible to forget, if only for a moment, the many dangers of the journey.

      Often, it is the women who encourage the men to migrate.

      Mr. Diop’s mother, Fatou Ndaw, 55, chose him to go because he was the oldest of three brothers, and a fisherman. “He was the one who knows how to read the signs of the ocean,” she said.

      Mr. Diop tried twice.

      On his first attempt, in 2006, he headed for the Canary Islands. Along the way, he watched as six people from his village died after bouts of vomiting and dehydration, their bodies tossed overboard with a prayer.

      Mr. Diop landed, but he was deported two days before an uncle living in Spain arrived to claim him, he said.

      To pay for his second attempt, last fall, Mr. Diop’s mother sold her jewelry; his wife, Mbayang Hanne, saved the money that she earned frying doughnuts under a tent on the beach and selling them with coffee.

      Mr. Diop bought a round-trip plane ticket to Casablanca, where he did not need a visa and could stay with a childhood friend. From there, he took a bus to Tangier and boarded a boat for Spain.

      This time, his boat was stopped before it reached international waters. Mr. Diop says he was fingerprinted and dropped at the Algerian border. He walked 16 hours with other migrants until a car picked them up and took them to Casablanca.

      In Casablanca, the weather was bad and the boats were not running. He slept on the street in the rain. His round-trip ticket on Royal Air Maroc was expiring in two days. Homesick and miserable, Mr. Diop called his parents. They advised him to use the ticket to return home.

      He spent some sleepless nights agonizing over whether to call his wife, and decided not to.

      At the airport back in Dakar, he did not even have enough money for a taxi. A stranger took pity on him and drove him home.

      To Mr. Diop’s relief, his wife was out when he got there — but all that did was put off the inevitable. When she returned, she was shocked to find him in the house.

      It was hard to explain why he had failed when so many others had succeeded. Some of his neighbors, Mr. Diop felt, were judging him. But others told him it was not his fault.

      “Europe doesn’t belong to anybody,” he recalled their telling him. “If God decides, one day you’ll have breakfast in Europe. Never give up.”

      And he has not. Mr. Diop says he is not discouraged by deaths he has seen on the migrant path. It is simply part of the risk, he says.

      He and his family are saving for him to leave again.

      https://www.nytimes.com/2019/09/15/world/africa/africa-migrants-return-home.html

    • Video: Sent back to Ivory Coast, illegal migrants face stigma, rejection

      https://youtu.be/n3moMpBDD64

      It’s the contradiction of Ivory Coast. While its economy is one of the most dynamic in Africa, more and more of its people are setting out into the desert towards the Mediterranean in a bid to reach Europe. Some succeed, but for others, the journey is cut short and they are sent back to Ivory Coast. Returning home is often difficult as it comes with a sense of failure and rejection from their loved ones. Our Abidjan correspondents report.

      https://www.france24.com/en/20180905-focus-ivory-coast-returnees-illegal-migrants-europe-libya-mediter

    • Ivory Coast: the migration challenge

      Ivory Coast is one of the major departure points for migrants travelling illegally to Europe. Without a job or a tangible future in their country, many risk their lives seeking a better one abroad. To combat this pattern, the European Union is working in conjunction with the International Organization for Migration (IOM). Collective reintegration projects, such as business partnerships between returning migrants and members of their community, aim to discourage risky irregular migration through sustainable work and dialogue at home. To see how it works, Euronews travels to Ivory Coast, which recently hosted the African Union-European Union summit.

      Abidjan, Ivory Coast’s economic capital, is one of West Africa’s most highly urbanised cities. But behind its apparent success story, and despite being among the world’s biggest exporters of cacao, coffee and bananas, Ivory Coast is still plagued by poverty, which affected nearly half the population in 2015. Many young people faced with unemployment try to reach Europe. According to the IOM and the EU, among the 155.000 migrants who reached Europe between January and November 2017, most came from West Africa.

      Europe isn’t the Eldorado

      We meet Jean-Marie in the capital Abidjan. He is one of many who was seduced by the prospect of a better life beyond his country’s borders. A promising football talent, he was lured to Tunisia by a so-called “sports agent” who took his money and disappeared.

      “In the first weeks everything went well, I only understood it was a scam after a while because I never saw that person again, he disappeared with the 2.500 euros I gave him,” Jean-Marie Gbougouri tells us. “So, in the end, I was stuck over there, I had nothing left. So for me, Eldorado is not necessarily Europe. Of course, we all dream of going to Europe, but not in those conditions. I’m in good shape, but taking a boat to Italy isn’t going to change my situation. So I’d rather go home and invest my energy in my own country and see what happens.”

      The IOM helped Jean-Marie return home and set up a business as a chicken farmer. Voluntary return and its follow-up are priorities for the EU, which funds the IOM’s projects. According to the EU’s foreign policy chief, Federica Mogherini, interviewed by Euronews, the EU has helped 14,000 people return home this year.

      Once home, the migrants need assistance says the IOM’s director in Ivory Coast, Marina Schramm: “There is this point of failure which is why it is extremely important for us to work on the psychological and psychosocial support, create an identity again, build self-confidence. And I think therefore training is extremely important, having a diploma makes someone out of you again, not just someone that came back with nothing.”

      Boosting cacao revenue

      To prevent Ivory Coast’s youth from leaving, there need to be jobs for them. The country is the world’s biggest producer of cacao, most of which is consumed as chocolate in Europe and North America. But cocoa farmers in Africa are deeply affected by the fluctuating prices of cocoa. Overproduction this year caused prices to drop.

      Moreover, what Ivory Coast lacks, says Euronews’ Isabel Marques da Silva, is the processing industry.

      “A cooperative working in the fair trade business gets better prices for its cacao. But the added value is in the transformation process, which does not takes place in Ivory Coast. So in the end, the farmers get less than 10 percent of the price of a chocolate bar made and sold in Europe,” she says.

      There are exceptions like the Société Coopérative Equitable du Bandama, in the town of M’Brimbo, northeast of Abidjan. It brings together Ivory Coast’s first certified organic and fair trade cocoa producers.

      Thanks to this certification they have developed their own trade channels and are therefore spared the price fluctuations of the regular market. The next step would be to make the chocolate locally.

      “We’ll need funding, or at least someone to help train us locally so that we can make the chocolate here,” says SCEB president Jean Evariste Salo. “In Europe, people are tired of eating toxic food, they’re starting to ask for organic produce: organic is the future.”

      Boosting digital growth

      Entrepreneurship in Africa is booming as is the digital economy.

      Computer engineer Guiako Obin is the co-founder of Babylab, a Fab Lab where local children in the deprived neighbourhood of Abobo in Abidjan can come and learn about computers, upcycling and coding.

      “What we need is to lobby local authorities in order to copy what’s being done in other parts of Ivory Coast and Africa,” Guiako tells us.

      The development of digital opportunities was at the heart of the recent EU-Africa Business Forum in Abidjan.

      According to Stefano Manservisi, head of International Cooperation and Development at the EU, “(The priority is) interconnectivity, access to basic information, and access to services which are more transparent, more affordable, in terms also of the relationships between people and the administration, but also people and the market.”

      The forum took place ahead of the EU-African summit, where leaders agreed on four key priorities for the coming years including economic opportunities for youth, peace and security, mobility and migration, and cooperation on governance.

      –-> #vidéo on:

      https://www.euronews.com/2017/12/05/ivory-coast-the-migration-challenge

    • Migrants de retour en Côte d’Ivoire (1/6) : Ibrahim raconte l’enfer libyen

      Des migrants dans un centre de détention, en Libye, avant d’être rapatriés dans leur pays, le 2 décembre 2017

      RFI vous propose une série de reportages sur ces Ivoiriens qui ont tenté de migrer vers l’Europe en partant de la grande ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire, Daloa. Si le phénomène a ralenti aujourd’hui, il y a encore deux ans, ce sont des centaines de jeunes hommes, de jeunes femmes et même d’enfants qui tentaient chaque mois de prendre la très dangereuse route de la Libye dans l’espoir d’embarquer sur un radeau en direction de l’Italie. Ibrahim Doumbia, 31 ans, est l’un d’entre eux. Pour lui, l’enfer a duré plus d’un an.
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      Dans son petit atelier de couture en bord de route à Daloa, Ibrahim Doumbia raconte un rêve d’Europe qui a viré au cauchemar, dès le désert nigérien. « Tu sais, les gens parlent beaucoup de la mer, la mer. Mais là où les gens restent beaucoup, c’est dans le désert. Le désert, c’est un cimetière, confie-t-il. S’il y a un problème d’eau qui arrive à un moment, même à ton frère, le peu d’eau qu’il te reste, tu ne peux pas lui donner. Celui qui nous transporte, souvent, il veut même sortir avec une de nos sœurs, mais la fille ne peut pas refuser, parce que si elle refuse, nous restons tous bloqués dans le désert. »

      En Libye, l’enfer continue. A Bani Walid d’abord. La captivité, le travail forcé, les coups, le viol pour les femmes. Puis une évasion. Arrivé à Tripoli, il tente la traversée vers l’Italie avec des dizaines d’autres, sur deux radeaux de fortune. « Il y avait la tempête. Ce n’était pas facile. Il y avait trop de vagues. Et ils ont commencé à couler. Nous, on était obligés de nous éloigner un peu. Parce que, si d’autres essayaient de plonger dans la mer pour les remonter, nous tous risquions de couler. On les a regardés mourir. On ne pouvait pas. »

      Neuf mois dans un camp pour migrants assimilé à une « prison »

      Après cet échec : de nouveau la détention dans un camp pour migrants. « Moi, je suis resté dans cette prison pendant neuf mois. Chaque jour que Dieu fait, on voyait l’un de nos frères qui mourait. Souvent, vers trois heures du matin, ils venaient et frappaient tout le monde. Chacun essayait d’appeler ses parents, pour qu’ils essaient de tout faire pour les libérer de cette prison-là. »

      Rapatrié il y a deux ans, Ibrahim est un survivant. Hanté chaque nuit par les images de cette aventure dramatique, il s’estime chanceux de s’en être sorti. Aujourd’hui, il tente de dissuader les candidats au départ.

      http://www.rfi.fr/fr/afrique/20190313-migrants-retour-cote-ivoire-16-ibrahim-raconte-conditions-periple-libye

    • Migrants de retour en Côte d’Ivoire (2/6) : une réinsertion incertaine


      Des migrants ivoiriens venus de Libye, de retour au pays, le 20 novembre 2017

      RFI vous propose une série de reportages sur ces Ivoiriens qui ont tenté de migrer vers l’Europe en partant de la grande ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire, Daloa. Chaque mois, des jeunes hommes, des jeunes femmes et même des enfants décident de prendre la très dangereuse route de la Libye dans l’espoir d’embarquer sur un radeau en direction de l’Europe. Des jeunes qui travaillent pour économiser un pécule pour partir, souvent avec l’aide de leur famille. Malheur à ceux qui doivent rentrer au pays où l’emploi stable se fait rare.
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      Jean Martial vient d’obtenir un petit local ou il peut vendre ses fripes. A 35 ans, il a déjà tenté une fois de « partir à l’aventure », mais il s’est cassé les dents en Libye. Pour prendre la route, Jean Martial avait travaillé afin d’économiser 800 000 francs CFA, environ 1 200 euros. Et pour lui permettre de revenir, sa famille lui a envoyé de l’argent.

      Pour autant, cet échec n’a pas fait disparaître son envie d’Europe. « L’Europe, c’est le rêve de chaque personne ici. Si vous voyiez la misère et la souffrance que nous traversons. Aujourd’hui, si tu es en Europe, par la grâce de Dieu tu trouves un petit boulot, tu peux t’occuper de ta famille. Là-bas, au moins, le fonctionnaire est bien payé, le petit débrouillard est bien payé. »

      « Ce qui manque ici, ce sont les opportunités pour les jeunes »

      L’ONG italienne CeVi (Centro di volontariato internazionale) est arrivée en 2006 à Daloa, ville considérée il y a encore deux ou trois ans commela plaque tournante ivoirienne des départs vers l’Europe. CeVi fait notamment de la sensibilisation, auprès des populations et des autorités, et aide ceux qui sont revenus, les « retournés » à se réinsérer.

      « Ce qui manque ici, ce sont les opportunités pour les jeunes et surtout une perspective de stabilité. Parce que, quand on est commerçant, on ne sait jamais combien on va gagner dans le mois, si on va pouvoir envoyer les enfants à l’école, explique Laura Visentin de CeVi. Daloa, c’est vrai, est une grande ville. Mais au final, c’est comme si c’était un village, parce qu’il n’y a pas d’usine. Au-delà de la fonction publique, il n’y a pas d’entreprises. Et le problème c’est que, si un enfant demande un million pour partir, la famille cotise. Mais si un enfant demande un million pour commencer un petit business ici, la famille ne donne pas. »

      Ces dernières années, les stratégies des ONG, des autorités ou des grandes agences semblent porter leurs fruits. Les départs de Daloa ont manifestement baissé, mais le phénomène existe toujours.

      http://www.rfi.fr/fr/afrique/20190314-migrants-retour-cote-ivoire-26-reinsertion-avenir-cevi

    • Migrants de retour en Côte d’Ivoire (3/6) : le récit de Junior, 9 ans

      Migrants au large des côtes libyennes, le 19 juin 2017.

      RFI vous propose une série de reportages sur ces Ivoiriens qui ont tenté de migrer vers l’Europe en partant de la grande ville de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, Daloa. Si le phénomène a un peu ralenti aujourd’hui, il y a encore deux ans, ce sont des centaines de personnes qui tentaient chaque mois de prendre la très dangereuse route de la Libye dans l’espoir d’embarquer sur un radeau en direction de l’Italie. Des hommes, des femmes, et même des enfants, souvent seuls. Junior avait neuf ans quand il a tenté de rejoindre l’Europe avec le rêve de devenir ingénieur.
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      Junior a désormais onze ans et un regard d’acier. Dans son quartier, tout le monde le considère comme un petit génie de l’électronique. Quand il est parti, il n’avait que neuf ans. L’aventure a duré douze mois. Son âge ne lui a pas épargné la faim, la soif, les coups ou la captivité. Ni même d’assister à des meurtres pour rien ou presque. « Il y a le désert, pour le traverser aussi c’était dur. On peut venir là, prendre une lame, te tuer parce que tu as bu l’eau ou bien parce que tu as payé le pain et mangé. On peut arracher ton argent, prendre une lame, te tuer... »

      Un beau matin, Junior a volé l’argent que cachait son père et est parti sans le dire à personne. Direction l’Europe pour devenir ingénieur. « Si j’avais réussi, j’aurais pu aider ma famille, parce que j’ai des petits frères. Il y a beaucoup de mes amis qui sont partis, c’est pour ça que j’ai pris la route. Je peux partir, si je vois que ça ne va pas encore. Je peux retenter. Ou bien je prends une autre route, si je vois qu’il y a une autre route, je peux prendre ça. Ma famille n’a rien, je peux l’aider. »

      « Tu partais pour aller faire quoi là-bas, à ton âge ? »

      Vendeur de pneus rechapés, M. Amossa, le père de junior, a des yeux pleins d’admiration pour ce petit garçon qui lui a donné des mois d’angoisse. « Quand il est revenu, je lui ai demandé : "Tu partais pour aller faire quoi là-bas, à ton âge ?" Il m’a répondu qu’il partait pour développer sa connaissance. Comme lui-même, il aime faire les fabrications. S’il y a délestage, il y a des trucs qu’il fabrique, il donne à sa grand-mère et puis ça alimente la maison. Je ne sais pas comment il a fabriqué tout ça. Au début, c’est vrai, je lui ai dit de rester tranquille, de continuer son étude… S’il veut aller à l’aventure pour se chercher, ça viendra avec le temps. »

      http://www.rfi.fr/fr/afrique/20190315-migrants-retour-cote-ivoire-3-6-junior-9-ans-recit

    • Migrants de retour en Côte d’Ivoire (4/6) : la honte et la gêne après l’échec

      Migrants ivoiriens rapatriés de Libye à leur arrivée à l’aéroport d’Abidjan, lundi 20 novembre 2017.

      Toute la semaine, RFI vous propose une série de reportages sur ces Ivoiriens qui ont tenté de migrer vers l’Europe, en partant de Daloa. Cette ville, la troisième du pays, est la plus grande de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Elle a longtemps été considérée comme un point de départ majeur des Ivoiriens vers l’Europe mais, pour beaucoup, le voyage s’est arrêté avant, souvent en Libye. Pour ces hommes et ces femmes, le retour à Daloa est alors synonyme de honte.
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      Elle souhaite se faire appeler Mimi. Partie pour la Libye afin de gagner l’Europe, elle n’a jamais pu traverser la Méditerranée. Au bout de sept mois de calvaire, elle a été rapatriée à Abidjan par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

      « La manière dont tu rentres au pays, ce n’est pas celle que tu as décidée, ce n’est pas cette manière-là que tu as voulue. On est rentré avec désespoir. On s’est dit qu’on a vraiment perdu du temps, notre argent… On a perdu plein, plein de choses. On n’a vraiment pas le moral. Je me disais que je préférais encore la mort que de revenir comme ça », se confie-t-elle.

      La honte d’avoir menti à sa mère et d’avoir pris son argent. La honte de l’échec, aussi. Les premières semaines, Mimi se cache chez une de ses sœurs, à Abidjan. Puis elle fait un accident vasculaire cérébral (AVC). « Trop de pensées », dit-elle.

      Soignée, elle finira, plusieurs mois après, par retourner à Daloa garder la maison de sa mère qui, à son tour, est partie à Abidjan suivre des soins. A Daloa, le sentiment de honte est encore plus fort et elle ne quitte quasiment pas sa cour.

      « Comme je suis moi-même de Daloa, c’est mon voyage qui m’empêchait de venir m’installer ici à cause de la honte, de la gêne. Le fait de partir et de ne pas avoir réussi le voyage, les gens vont mal l’interpréter. Voilà pourquoi je suis dans mon coin. Je suis là, je ne fais rien pour le moment et tout cela me stresse encore plus. Je suis malade depuis mon retour. Je prends des médicaments pour éviter trop de stress et, par conséquent, je suis renfermée, trop renfermée. Avant, ce n’était pas ça ma vie », témoigne-t-elle.

      Malgré tout, Mimi a un projet, celui d’ouvrir une échoppe de jus de fruits sur la rue qui passe devant sa cour. Plus une thérapie qu’un business.

      http://www.rfi.fr/fr/afrique/20190316-cote-ivoire-migrants-retour-libye-daloa-mediterranee-oim-europe-echec-h

    • Migrants de retour en Côte d’Ivoire (5/6) : sensibilisation auprès des « mamans »

      Des migrants africains secourus au large de la Libye en août 2018.

      Toute la semaine RFI vous propose une série de reportages sur ces Ivoiriens qui ont tenté de migrer vers l’Europe en partant de Daloa. Cette ville, la troisième du pays, est la plus grande de l’ouest de la Côte d’Ivoire a longtemps été considérée comme un point de départ majeur des Ivoiriens vers l’Europe. Aujourd’hui, du constat de tous, le phénomène a fortement ralenti. La répression de quelques passeurs et la sensibilisation de masse sont passées par là. Sensibilisation mieux ciblée aussi, notamment envers les « mamans ».
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      Dans cette cour du quartier Orly, de Daloa, comme chaque mercredi, une douzaine de mamans du quartier se retrouvent pour discuter, boire le thé et manger des bonbons. Parmi ces femmes, Awa Touré.

      « Il y a beaucoup de mamans dont les enfants sont partis. Toutes les mamans se décarcassent pour avoir l’argent pour donner aux enfants qui s’en vont. Mais, moi, mon enfant n’est pas parti. C’est mon seul garçon. Il est commerçant et vend des pneus. Je lui ai dit : « il ne faut pas partir ». Il est resté. Je veux qu’il reste à côté de moi et puis, je me débrouille. L’argent que je touche, je le lui donne. Je veux qu’il ait un magasin à lui », raconte-t-elle.

      La famille, et les mères en particulier, sont souvent pourvoyeuses de fonds pour les candidats au départ. Du coup, ces mamans sont, depuis quelque temps, la cible de la sensibilisation de la part d’ONG. Laura Visentin de l’organisation italienne CeVi, est présente à Daloa, depuis douze ans.

      « On faisait de la sensibilisation avec les jeunes parce que l’on pensait que c’était nos cibles dans la mesure où ce sont eux qui partent. Mais après, on a compris que souvent, ce sont les mamans elles-mêmes qui poussent les enfants à partir et là, nous avons commencé à faire de la sensibilisation avec elles, à montrer des documentaires sur le désert et sur la traversée de la mer. Il y a beaucoup de mamans qui ont commencé à pleurer. Elles ont dit : « Mais moi, j’ai envoyé mon enfant comme ça. Je ne savais pas que c’était comme ça. Personne ne nous a dit ». Et c’est à partir de là que la pression de la famille a diminué un peu et aujourd’hui, les mamans, au lieu d’encourager, elles découragent », explique Laura Visentin.

      Si ce facteur n’est pas le seul qui explique la baisse du nombre de départs de Daloa depuis deux ans, « c’en est un », estiment les acteurs sur le terrain.

      http://www.rfi.fr/fr/afrique/20190317-cote-ivoire-migrants-retour-daloa-ong-cevi-laura-visentin-sensibilisati

    • Migrants de retour en Côte d’Ivoire (6/6) : la lutte contre les passeurs

      Une centaine de migrants ivoiriens rapatriés de Libye, le 20 novembre 2017 (photo d’illustration).

      RFI vous propose une série de reportages sur ces Ivoiriens qui ont tenté de migrer vers l’Europe en partant de Daloa. Cette ville, la troisième du pays, est la plus grande de l’ouest de la Cote d’Ivoire a longtemps été considérée comme un point de départ majeur des Ivoiriens vers l’Europe. Aujourd’hui, du constat de tous, le phénomène a fortement ralenti. La sensibilisation est passée par là. Mais la répression aussi. Aujourd’hui selon le gouvernement, une cinquantaine de passeurs dans tout le pays ont été condamnés.
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      Adama est un repenti. Arrivé d’Abidjan il y a environ cinq ans, il a été pendant deux ans et demi un passeur. Lui préfère le terme de « démarcheur », qui aidait les candidats au départ à atteindre l’Europe, en moyenne une quinzaine par mois.

      « A cette époque-là, j’étais à Daloa. Quand je prenais quelqu’un, bien avant qu’il décolle, je discutais avec la famille. Si on finissait par tomber d’accord, on donnait le chemin au niveau des différents correspondants qu’on avait dans les différentes villes. Quand il arrivait à Agadez, la famille payait le restant d’argent. A l’époque, de la Côte d’Ivoire à la Libye, on prenait 600 000 francs CFA. De la Côte d’Ivoire en Italie, on prenait 900-950 000. »

      Adama a passé un an en prison à cause de son activité. Aujourd’hui, il fait de la sensibilisation lorsqu’il n’est pas dans sa petite menuiserie ouverte aux quatre vents. Il y a quelques années encore, Daloa comptait une trentaine de passeurs, selon lui. La plupart se serait volatilisée.

      La migration ralentit. Conséquence de la politique des autorités, estime Yaya Sylla, premier adjoint au maire, à commencer par la lutte contre ces passeurs.

      « Dans un premier temps, il s’agit de récupérer celui qui le fait. C’est plus facile de le repérer s’il n’est pas de Daloa. Ensuite, nous jouons au niveau de la sensibilisation. Et en tant qu’autorité, nous faisons en sorte de pouvoir mettre la jeunesse au travail. Parce que tout part de là. Nous avons mis beaucoup de programmes en place pour l’emploi des jeunes. »

      Depuis des années, ce sont les ONG et les organisations de jeunesse qui sont en première ligne pour dissuader les candidats au départ de prendre la route, et leurs familles de les soutenir.

      http://www.rfi.fr/fr/afrique/20190318-cote-ivoire-serie-migrants-passeurs-daloa

    • Côte d’Ivoire : retour de Libye de migrants ivoiriens

      Migrants ivoiriens rapatriés de Libye à leur arrivée à l’aéroport d’Abidjan, lundi 20 novembre 2017.

      Quelque 155 migrants ivoiriens en Libye ont été rapatriés lundi soir à Abidjan. Ces candidats à l’émigration en Europe, dont le voyage s’est arrêté en Libye, ont été accueillis par la direction des Ivoiriens de l’étranger et l’Organisation internationale pour les Migrations.
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      Dans la zone charter de l’aéroport d’Abidjan les enfants courent et s’amusent sur les tapis à bagages à l’arrêt. Les parents souvent épuisés par leur périple, parfois gênés de revenir sous les objectifs des appareils photos ou de caméras de télévision, aimeraient que les formalités d’enregistrement soient expédiées pour pouvoir aller se reposer.

      http://www.rfi.fr/fr/afrique/20171121-cote-ivoire-migrants-libye-retour-abidjan-reportage

  • 3 heures, Jalil est menotté : « On vient te chercher pour l’aéroport, prépare-toi »

    Comment vit-on en centre de rétention, où la France place les étrangers qu’elle veut expulser ? Mediapart entreprend une série exceptionnelle sur celui de #Marseille : conditions de vie, #violence, rôle des juges, des policiers ou des médecins… Dans ce premier article, Jalil, jeune Afghan, découvre soudain l’enfermement.


    https://www.mediapart.fr/journal/france/160220/3-heures-jalil-est-menotte-vient-te-chercher-pour-l-aeroport-prepare-toi?o
    #renvois #expulsions #France #témoignage #asile #migrations #réfugiés #déboutés #CRA #détention_administrative #rétention
    ping @karine4 @isskein

  • Emprisonnés, torturés : le sort d’exilés soudanais rejetés par l’Europe

    Au terme d’une enquête entre l’Europe et le Soudan, Mediapart et ses partenaires du collectif The Migration Newsroom ont retrouvé la trace d’exilés soudanais expulsés de France, des #Pays-Bas ou d’#Italie. Tous racontent les menaces subies à leur retour, voire les tortures. De quoi interroger les relations privilégiées entretenues par plusieurs États de l’UE avec la #dictature.

    Jalal a disparu. Plus personne n’a de nouvelles du jeune Soudanais depuis quelques semaines. Expulsé de #France le 28 novembre, l’homme originaire du Darfour nourrissait des regrets. « Devant l’Ofpra [l’office chargé d’attribuer le statut de réfugié – ndlr], il n’a pas raconté son histoire », se lamente un membre d’une association de soutien aux exilés. Résultat, l’office a rejeté logiquement sa demande. Et Jalal a quitté la France sans avoir pu être entendu, malgré une demande de réexamen déposée lors de son passage en centre de rétention. « Je ne veux pas rentrer, je risque de mourir là-bas », expliquait-il dans une interview, quelques semaines avant son départ.

    Dès son arrivée à l’aéroport de Khartoum, en novembre dernier, Jalal est interrogé par des policiers soudanais, selon plusieurs de ses proches que nous avons pu joindre. Ces agents lui posent les mêmes questions qu’à d’autres de ses concitoyens contactés au cours de cette enquête : par où est-il passé lors de son voyage ? Qui a-t-il rencontré ? Qu’a-t-il dit aux autorités françaises dans le cadre de sa demande d’asile ? L’État soudanais se montre très friand de ces informations : on avait d’ailleurs interrogé Jalal sur des éléments similaires lors d’un rendez-vous au consulat en France.

    À Khartoum, ce « débrief » des exilés de retour au pays est l’apanage du Service des renseignements généraux, le nouveau nom du NISS, le puissant service de renseignement soudanais, rebaptisé au printemps dernier après la destitution d’Omar el-Béchir, dictateur pendant trois décennies visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « génocide » au Darfour et « crimes contre l’humanité ».

    À l’aéroport, l’entretien avec les policiers ne dure pas. Jalal sort au bout d’une quarantaine de minutes et se rend chez des amis. Dans la foulée, il passe un coup de fil à Stéphanie, jeune Française avec laquelle il est en contact. Jalal lui annonce son projet de rallier Sennar, une ville à 300 kilomètres au sud de la capitale. Avant cela, il doit juste passer dire bonjour à un proche à Omdurman, une ville qui fait face à Khartoum de l’autre côté du Nil.

    C’est alors qu’il est arrêté par les policiers et emmené en prison – c’est un ami qui rapporte la nouvelle, le jour même, à Stéphanie en France. Jalal est enfermé dans une cellule, seul. Interrogé pendant quatre jours, matin et soir.

    Il n’a pas subi de violences physiques, a-t-il confié à l’un de ses proches, Hamad, que nous avons pu joindre. Mais derrière les barreaux, les policiers l’ont interrogé sur son voyage en France ainsi que sur les relations entretenues en exil. « Ils voulaient savoir qui étaient les Soudanais qu’il a vus en France », relate Hamad. Les officiers semblaient savoir tout de son retour au pays : chez qui il a séjourné, les gens croisés au cours de sa seule journée de liberté… « Il n’a pas été arrêté par hasard. À Khartoum, il y a 4 ou 5 millions de personnes, il était probablement surveillé. »

    Alors que le Soudan est l’une des destinations les plus risquées vers lesquelles la France expulse, trente ressortissants de ce pays ont été renvoyés à Khartoum, entre 2014 et 2018, depuis les centres de rétention de l’Hexagone. Si l’on ajoute ceux que la France a renvoyés vers un autre pays de l’Union européenne (susceptible de les expulser à leur tour), le nombre grimpe à plus de 285, d’après Eurostat. En parallèle, « il y a eu 73 retours volontaires en 2017, et 43 en 2018 », avance le ministère de l’intérieur.

    Pendant que plusieurs associations se battent pour faire cesser ces renvois, à commencer par la Cimade et Amnesty International, ce sont plus de 700 Soudanais qui ont été placés en rétention l’an dernier, avec ou sans expulsion à la clef, une partie d’entre eux étant libérés après un recours (ou autre raison).

    Ce qu’il advient de ceux qui atterrissent à Khartoum ? Personne ne le sait. « Et on n’a pas les moyens de vérifier », confiait un diplomate interrogé en février 2019. Cette question fait l’objet d’une véritable cécité de la part des gouvernements européens, dont certains entretiennent une relation privilégiée avec le Soudan, pays clé de la Corne de l’Afrique aux frontières sud de l’Égypte et de la Libye.

    C’est pourquoi Mediapart, en collaboration avec le collectif The Migration Newsroom, a enquêté pendant plusieurs mois entre la France, le Soudan, les Pays-Bas et l’Italie pour retrouver la trace de quinze expulsés d’Europe (interviewés pour certains à Khartoum même). Et les brimades qu’ils racontent tous, les menaces, voire les tortures subies à leur renvoi au pays, obligent à questionner les relations privilégiées entretenues par plusieurs pays de l’UE avec le Soudan.

    Depuis la France, en particulier, Jalal n’est pas le seul à avoir été expulsé et emprisonné, si l’on en croit les témoignages de deux anciens hommes incarcérés à la prison de Bahri, Mohammed S., célèbre dissident, et Khaled (dont nous préférons taire le vrai prénom). Emprisonnés entre mars et novembre 2017, ils répercutent les confidences de deux de leurs compatriotes, codétenus, renvoyés de France après le rejet de leur demande d’asile. Le premier est originaire de la partie orientale du pays, a grandi à deux pas de la frontière avec l’Érythrée ; le second, venu du Darfour, est zaghawa, une ethnie dont les foyers de population sont à cheval entre le Soudan et le Tchad.

    À leur atterrissage à Khartoum, les policiers s’attardent sur leurs profils : ils veulent tout savoir de la demande d’asile du premier, qui avoue s’être fait passer pour érythréen en France afin d’obtenir plus facilement des papiers. Ils soupçonnent le second d’être un espion pour un groupe armé qui se bat pour la libération du Darfour. Tous deux affirment avoir été torturés à de multiples reprises, avant d’être libérés.

    Leur description correspond à celle de deux exilés que la France a renvoyés à la même époque : Mohammed H. et Omar H. En centre de rétention, à Oissel (Seine-Maririme), tous deux avaient reçu la visite d’officiels soudanais, parmi lesquels des militaires, présents en France pour faciliter l’identification et l’éloignement forcé de déboutés de l’asile. L’expulsion survient quelques semaines seulement après cette visite. En permettant celle-ci, la France les a-t-elle mis en danger ? Pas impossible.

    Paris vient d’accorder sa protection, en décembre, à un Soudanais « identifié » en Belgique par une mission similaire. Dans cette décision favorable que Mediapart a pu consulter, la Cour nationale du droit d’asile, basée à Montreuil, écrit sans détour : « Le fait que les autorités soudanaises l’ont interrogé [en Belgique – ndlr] le 21 septembre 2017 sur sa famille et ses activités donne des raisons sérieuses de penser que les craintes de M. d’être placé en détention à son arrivée à Khartoum et maltraité par des membres des forces de sécurité soudanaises sont fondées. »

    Il faut aussi raconter l’histoire de Rami, originaire du Darfour, qui s’était trouvé une famille d’adoption à Nantes, sous l’aile de Françoise, retraitée investie dans le milieu associatif local. « Je l’appelle Raminou, vous pouvez lui demander », rigolait-elle au téléphone. Puis le 3 août dernier, Rami, marqué par son passage en Libye, est renvoyé à Khartoum après un long séjour au centre de rétention de Rennes et le rejet de sa demande d’asile. À l’aéroport Charles-de-Gaulle, les policiers français lui lient les mains et les pieds, le portent jusqu’à l’appareil à bras-le-corps. « Ils m’ont emmené dans l’avion comme un mouton, c’était très humiliant », raconte l’homme que nous avons pu joindre au Soudan, installé depuis dans l’est du pays.

    Les policiers français livrent ensuite Rami aux autorités locales. « L’échange » intervient dans le même bureau par lequel Jalal a transité, contrairement à ce qu’indiquent les autorités françaises selon lesquelles « la remise [des expulsés] se fait au pied de l’avion ». Sur la porte d’entrée, il est écrit « Enquêtes » en arabe. Rami comprend rapidement qu’il s’agit du bureau des services de sécurité soudanais. Pendant quarante-cinq minutes, il a le droit à un débrief en règle. Les fonctionnaires veulent tout savoir de son voyage : « Pourquoi est-il parti en Europe ? Qui a-t-il rencontré sur son chemin ? Comment a-t-il financé le voyage ? Qu’a-t-il dit aux autorités européennes dans le cadre de sa demande d’asile ? »

    Le récit d’Ibrahim, renvoyé le 3 décembre dernier après trois années en France, est en tout point comparable. La même escorte. Les mêmes liens qui lui scient les pieds et les bras dans l’avion (« La police m’avait dit que si je refusais de monter, j’allais un an en prison »). La même arrivée à Khartoum. Le même bureau, où lui sont posées les mêmes questions. Il se trouve que le jeune homme, en 2016, avait été arrêté à Karthoum dans le cadre de manifestations, et qu’il avait été emprisonné pendant treize jours. Alors Ibrahim n’a pas envie que l’on fouille son passé : « Je leur ai dit tout ce qu’il voulait savoir. » Nom, numéro de téléphone, ville d’origine.

    Quand on l’interroge aujourd’hui sur le changement de gouvernement à Khartoum et la fin du règne d’Omar el-Béchir (à l’issue d’un mouvement de contestation populaire, en avril dernier), Ibrahim laisse parler son amertume : « Le NISS n’a pas changé, tout comme la police. La seule chose qui a changé, c’est le président. »

    Ces persécutions à l’encontre des « retournés », de fait, ne datent pas d’hier. Mediapart et The Migration Newsroom ont pu reconstituer, aussi, le parcours de huit autres ressortissants soudanais appréhendés entre 2015 et 2017, menacés et violentés. Six ont notamment été renvoyés de Jordanie, en décembre 2015, dont quatre se sont retrouvés sous écrou à leur arrivée, entre quatre et vingt-deux jours. Tous font état de nombreuses violences et de mauvais traitements.

    Un autre a été expulsé des Pays-Bas le 8 décembre 2017. Son récit ? En tout point semblable à celui des expulsés de France. Lui aussi a été livré directement par la police néerlandaise au service de renseignement soudanais. Lui aussi a été débriefé de longues minutes sur le contenu de sa demande d’asile ou le déroulement de son parcours migratoire. Mais à l’issue de l’entretien, le jeune homme a été emmené, pieds et poings liés, dans le quartier d’Al-Sahafa à Khartoum, dans un bâtiment des Services de renseignement.

    Il y a été enfermé pendant treize jours, torturé et frappé à de multiples reprises à coups de tuyaux en fer.

    À sa sortie, les fonctionnaires soudanais l’ont assigné à résidence, avec l’obligation de venir signer chaque jour une feuille de « présence ». Il a refusé et il est entré en clandestinité.

    Au « frigo »

    Expulsé d’Italie en septembre 2017, Ahmed* a passé, lui, trois mois en prison. Sa santé en pâtit encore aujourd’hui. « Douleurs dans la poitrine, problème d’estomac, maux de têtes », égrène le jeune homme quand nous le rencontrons dans la capitale soudanaise, fin décembre 2019. Voilà deux ans qu’il se cache bien loin de la ville et de la surveillance policière qui s’y déploie. Il travaille dans la construction, confie-t-il, pour nourrir sa famille. Il vit au sud du Darfour, près de la frontière centrafricaine.

    Le récit qu’il fait de son passage en prison est glaçant. Ahmed y séjourne dès sa sortie de l’aéroport. Ce jour-là, il n’est pas le seul à être renvoyé : une dizaine de ressortissants soudanais sont expulsés avec lui. Comme pour Jalal, Rami ou Ibrahim, le jeune homme, trente ans, est livré, dès sa descente d’avion, par son escorte italienne aux policiers du NISS. Arrivé dans les bureaux du service de sécurité soudanais, les fonctionnaires le questionnent. Ahmed est membre d’une ethnie darfouri non arabe, les Dadjo, particulièrement ciblée pendant le génocide au milieu des années 2000. Une grande partie a passé la frontière pour se réfugier au Tchad. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Ahmed a décidé de quitter le pays. « Quand j’étais à l’université, j’étais assez actif politiquement, confie-t-il. À mon retour, le NISS pensait que j’avais donné des informations à des agences “étrangères” sur ce qui se passait au Darfour. »

    Au terme de son interrogatoire, d’une petite quarantaine de minutes, les policiers lui attachent les mains et recouvrent son visage d’un sac. Il est emmené en voiture à la prison de Shendi, l’un des complexes du NISS. Ahmed est installé dans une petite cellule, seul, dans le noir. C’est là qu’il est enfermé pendant trois mois, d’après le récit qu’il en fait. Les policiers l’interrogent à cinq reprises, avec des questions portant sur son séjour en Europe, les informations qu’il aurait pu livrer sur le Soudan : « Si je ne répondais pas aux questions, les officiers étaient de plus en plus nombreux dans la pièce. Au maximum, ils étaient sept autour de moi. Une fois, ils ont menacé de me tuer. »

    En prison, Ahmed est témoin de nombreux actes de torture, notamment un jeune homme électrocuté par les militaires. L’un des traitements les plus cruels auxquels il est soumis ? D’incessantes variations de température dans sa cellule. Soit les policiers arrêtent la climatisation – et c’est la fournaise. Soit, ils la poussent au maximum, le froid est alors glacial. De nombreux militants, interrogés dans une enquête de la BBC, ont décrit des pratiques similaires lors de la révolution soudanaise. Ce type de cellule, surnommée le « frigo », aurait été utilisé depuis 2009 par la police soudanaise pour faire craquer les détenus.

    Au bout de trois mois, Ali est relâché. Non sans quelques précautions de la part de ses anciens geôliers : « Ils ont pris son numéro de téléphone. Après ma sortie, ils m’appelaient tous les jours. Il me disait : “Si tu fais quelque chose, on viendra te chercher. Nous connaissons ta famille, si tu disparais, nous irons les chercher” », témoigne le jeune homme.

    Ali a finalement quitté Khartoum au bout de quarante-cinq jours. Là où il habite, pas de réseau. Il n’a plus eu de nouvelles des policiers. Mais la crainte est toujours là. « Il n’y a pas de droit au Darfour. Il y a des hommes en armes dans la rue, sans aucun mandat. Comment voulez-vous que la situation ait changé ? »

    Il y a plusieurs années déjà, Amnesty International s’était inquiété, dans deux rapports, des risques pour les exilés soudanais renvoyés en particulier depuis la Belgique et l’Italie, après le refus de leur demande d’asile. En décembre 2017, l’Institut Tahrir annonçait que plusieurs demandeurs d’asile en provenance de Belgique avaient ainsi été violentés à leur retour – des conclusions mises en doute un an plus tard par un rapport du CGRA, l’équivalent de l’Ofpra outre-Quiévrain.

    Un accord conclu entre l’Italie et le Soudan, en août 2016, avait aussi été éventé, quelques semaines plus tard, à la suite du renvoi de quarante exilés soudanais par charter. Cet accord a depuis été dénoncé par des militants des droits humains et des avocats – la procédure judiciaire est toujours en cours.

    Côté français, un article de StreetPress avait, en 2017, dévoilé l’existence de liens entre la dictature et Paris : échanges d’informations, visite d’officiels soudanais dans les centres de rétention pour faciliter l’expulsion de ressortissants vers leurs pays d’origine… « Aucun accord n’a été conclu avec les autorités soudanaises et il n’y a pas eu de nouveaux contacts depuis la mission de 2017, oppose aujourd’hui le ministère de l’intérieur. On ne peut donc pas parler de “partenariat” avec les autorités soudanaises. »

    Interrogé sur le cas de ces exilés dont le retour au pays s’avère dangereux, la place Beauvau se borne à des commentaires d’ordre légal : « Une mesure d’éloignement ne peut être décidée que si elle est conforme aux conventions internationales ratifiées par la France (Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et de protection des libertés fondamentales et Convention de Genève relative au statut des réfugiés). » En effet.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/110220/emprisonnes-tortures-le-sort-d-exiles-soudanais-rejetes-par-l-europe

    #renvois #expulsions #retour #Soudan #réfugiés #asile #migrations #réfugiés_soudanais #torture #prison #emprisonnement

    signalé par @karine4
    ping @isskein @reka @_kg_

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    voir aussi ce qui s’était passé lors de renvois de #réfugiés_sri-lankais depuis la #Suisse...

    ODAE roman | Un Sri lankais passe deux ans en prison après son renvoi : la CourEDH condamne la Suisse
    https://seenthis.net/messages/578094

  • La Grèce veut accélérer les expulsions

    La Grèce a commencé à renvoyer près de 30 demandeurs d’asile déboutés par jour vers la #Turquie. C’est la conséquence d’une nouvelle #loi sur l’immigration.

    Le ministre du développement Adonis Georgiadis a affirmé lundi 27 janvier que le nouveau gouvernement grec renvoyait actuellement « autour de 30 migrants par jour et que le Turquie les acceptait ». L’annonce a été faite sur les ondes de la radio Real à Athènes.

    Depuis le 1er janvier 2020, le gouvernement grec a mis en place une loi censée accélérer les procédures de demandes d’asile. Avant cela, par manque de personnel, les renvois vers la Turquie étaient quasiment à l’arrêt. L’un des principes de la nouvelle législation est d’obliger ceux dont la demande d’asile a été rejetée à passer par une évaluation juridique en vue de faire appel de la décision. Avant cette loi, les migrants #déboutés n’avaient qu’à remplir un simple formulaire pour repousser leur expulsion pendant des mois, voire des années.

    Des îles surpeuplées

    Les organisations humanitaires n’ont pas manqué de critiquer cette nouvelle mesure, même si l’accord entre l’Union européenne et la Turquie entré en vigueur en 2016 prévoit bien le retour des migrants dont la demande d’asile est rejetée vers la Turquie.

    En Grèce, les camps de migrants sont extrêmement surpeuplés. D’après l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), 112.300 réfugiés et migrants se trouvaient dans le pays fin 2019. Depuis le début de l’année, l’UNHCR estime que quelque 2.000 migrants supplémentaires sont arrivés par la Turquie. Plus de 40.000 personnes se trouvent ainsi actuellement sur les îles grecques et plus de 70.000 en Grèce métropolitaine.

    La majeure partie des nouveaux arrivants sont originaires d’Afghanistan, puis de la Syrie et des territoires palestiniens. Les femmes représentent 22% des migrants, les enfants 33%. D’après l’UNHCR, « environ 15% des enfants, la plupart d’Afghanistan, sont non-accompagnés ou ont été séparés de leurs proches. »

    Accélérer les procédures

    Selon le quotidien grec Ekathimerini « on s’attend à ce que le nouveau ministre pour la migration et l’asile accélère les expulsions et les retours face à la crainte d’une augmentation du nombre d’arrivées par la Turquie avec l’arrivée du printemps. »

    Toujours d’après le journal, le Bureau européen d’appui en matière d’asile a déployé « 550 personnes en plus » en Grèce pour aider à accélérer les procédures de demandes d’asile. Les retours vers la Turquie seraient « la priorité » du nouveau ministre selon Ekathimerini.

    Ce #durcissement de la législation intervient alors que la Grèce fait face à la colère grandissante de sa population, notamment sur les îles où les camps de migrants sont saturés. Pour rassurer les Grecs, le gouvernement a ainsi tweeté la semaine dernière que « l’arrivée de migrants est en baisse, en métropole et sur les îles ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/22433/la-grece-veut-accelerer-les-expulsions
    #renvois #expulsions #machine_à_expulser #Grèce #accélération_des_procédures

  • Historic UN Human Rights case opens door to climate change asylum claims

    In its first ruling on a complaint by an individual seeking asylum from the effects of climate change, the UN Human Rights Committee* has stated that countries may not deport individuals who face climate change-induced conditions that violate the right to life.

    In 2015, #Ioane_Teitiota ’s asylum application in New Zealand was denied, and he was deported with his wife and children to his home country of #Kiribati. He filed a complaint to the UN Human Rights Committee, arguing that by deporting him, New Zealand had violated his right to life. Mr. Teitiota argued that the rise in sea level and other effects of climate change had rendered Kiribati uninhabitable for all its residents. Violent land disputes occurred because habitable land was becoming increasingly scarce. Environmental degradation made subsistence farming difficult, and the freshwater supply was contaminated by salt water.

    The Committee determined that in Mr. Teitiota’s specific case, New Zealand’s courts did not violate his right to life at the time of the facts, because the thorough and careful evaluation of his testimony and other available information led to the determination that, despite the serious situation in Kiribati, sufficient protection measures were put in place. “Nevertheless,” said Committee expert Yuval Shany, “this ruling sets forth new standards that could facilitate the success of future climate change-related asylum claims.”

    The Committee also clarified that individuals seeking asylum status are not required to prove that they would face imminent harm if returned to their countries. The Committee reasoned that climate change-induced harm can occur both through sudden-onset events (such as intense storms and flooding), and slow-onset processes (such as sea level rise, salinization and land degradation). Both sudden-onset events and slow-onset processes can prompt individuals to cross borders to seek protection from climate change-related harm.

    The Committee also highlighted the role that the international community must play in assisting countries adversely affected by climate change. The Committee stated that without robust national and international efforts, the effects of climate change in sending states may trigger the #non-refoulement obligations of receiving states and that – given that the risk of an entire country becoming submerged under water is such an extreme risk – the conditions of life in such a country may become incompatible with the right to life with dignity before the risk is realized.

    The ruling marks the first decision by a UN human rights treaty body on a complaint by an individual seeking asylum protection from the effects of climate change.

    See the full Human Rights Committee ruling here: https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CCPR/C/127/D/2728/2016&Lang=en

    https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25482&LangID=E

    #réfugiés #asile #migrations #réfugiés_climatiques #réfugiés_environnementaux #UN #ONU #renvois #expulsions #refoulement #Nouvelle_Zélande #justice #droit_à_la_vie #inhabitabilité #dignité

    Sur ce cas, déjà signalé sur seenthis:
    En 2015: https://seenthis.net/messages/391645
    En 2013: https://seenthis.net/messages/187732

    ping @isskein @karine4 @reka

  • Visa Facilitation and Readmission : the European Union and Belarus sign agreements

    Today, the European Union and Belarus signed a visa facilitation agreement and a readmission agreement. The agreements represent an important step in EU-Belarus relations and pave the way for improved mobility of citizens, contributing to closer links between the EU and its Eastern Partnership neighbours. At today’s signing ceremony, Commissioner for Home Affairs, Ylva Johansson, together with Deputy Prime Minister and Minister of Interior of Croatia as Council Presidency, Davor Božinović, signed for the EU, while Belarus was represented by the Minister of Foreign Affairs, Vladimir Makei.

    Commissioner Johansson said: "These agreements between the European Union and Belarus are a significant step forward in our cooperation. They will improve the mobility of our citizens in a well-managed and secure environment and help build closer links between the European Union and Belarus. From the European side, we will now move ahead rapidly with ratification procedures, so citizens can feel the benefits as soon as possible.”

    The visa facilitation agreement will make it easier for Belarusian citizens to acquire short-term visas to come to the European Union. Once the visa facilitation agreement enters into force, the visa fee will be reduced to €35. In addition, the service fee will be limited and the deadline for consulates to take a decision on a visa application will be shortened. Several categories of travellers, including journalists, students and members of official delegations, will be able to receive multiple-entry visas with increasingly longer validity, while having to submit less supporting documents to prove their purpose of travel. Belarus has unilaterally introduced measures to facilitate short-term visa-free travel for EU citizens arriving in Minsk.

    The main objective of the EU-Belarus readmission agreement is to establish, on the basis of reciprocity, procedures for the safe and orderly return of persons who reside irregularly in the EU or Belarus, in full respect of their rights under international law.

    Next steps

    Following today’s signature, the agreements will be submitted to the European Parliament for consent. The Council will then be able to formally conclude the ratification of both agreements. A ratification procedure is also required on the Belarusian side, through approval from Belarus National Assembly. The agreements could enter into force in June 2020 (on the first day of the second month following conclusion). Both agreements will enter into force on the same day.

    Background

    Negotiation of the EU-Belarus Visa Facilitation Agreement formally started in 2014. In February 2015, the Council amended its negotiating directives by including the possibility to negotiate a reciprocal visa waiver for the holders of diplomatic passports. At the sixth round of talks held on 26 March 2019, the parties reached final agreement on both texts, which were initialled on 17 June 2019.

    Over the past years, there has been progress in EU-Belarus relations. Belarus has been participating actively in the multilateral formats of the Eastern Partnership. The EU-Belarus Coordination Group meets twice a year to steer cooperation and oversee further development of relations. The bilateral relationship will be strengthened through the EU-Belarus Partnership Priorities, which are currently being negotiated. This will set the strategic framework for cooperation in the coming years. Tangible steps taken by Belarus to respect universal freedoms, the rule of law and human rights will remain fundamental for shaping EU’s policy towards Belarus.

    Since 2006, the EU has concluded visa facilitation agreements with Albania, Armenia, Azerbaijan, Bosnia and Herzegovina, Cape Verde, North Macedonia, Georgia, Moldova, Montenegro, Serbia, Russia and Ukraine.

    Formal readmission agreements or practical arrangements on return and readmission are in place with 24 countries.

    https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_20_6
    #visa #accord_de_réadmission #UE #EU #Biélorussie #Union_européenne #renvois #expulsions

  • Un tiers des rapatriements par Frontex provenait de la Belgique en 2019

    Environ un tiers de l’ensemble des rapatriements via Frontex provenait de Belgique.

    De tous les pays membres de l’Union européenne, la Belgique est celui qui a fait le plus appel l’an dernier au soutien de l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes Frontex pour renvoyer dans leur pays d’origine des personnes en séjour illégal, ressort-il de chiffres livrés mercredi par le cabinet de la ministre en charge de l’Asile et de la Migration, Maggie De Block (Open Vld).

    Selon le cabinet de la ministre libérale flamande, en 2019, la Belgique a pu compter sur environ 2,5 millions d’euros de l’Union européenne pour les vols de 1.540 personnes qui devaient quitter le territoire. 233 ont été accompagnées jusqu’à leur pays d’origine et 1.279 ont pu monter à bord sans escorte. 28 sont parties volontairement. L’an dernier, Frontex a été utilisé dans le cadre du #retour_volontaire, tant en Belgique que dans l’Union européenne.

    Retour forcé, la clé de voûte

    « Le #retour_forcé reste la clé de voûte de notre politique de l’asile et de la migration ferme et humaine », a commenté Mme De Block dans ce contexte. Selon la ministre, en 2020, l’Office des Étrangers continue à miser de manière ciblée sur le retour forcé des #criminels_illégaux, des demandeurs d’asile déboutés et des #transmigrants. Il produira encore des efforts supplémentaires. Cette semaine, quarante places en centres fermés ont rouvert pour la détention de groupes cibles prioritaires, comme des criminels illégaux, des récidivistes causant des troubles et des illégaux en transit via la Belgique. Dans les centres fermés, leur expulsion continue à être préparée.

    Les quarante places avaient été libérées à la suite de la décision en décembre de la ministre De Block et de son collègue Pieter De Crem, ministre de l’Intérieur, d’"optimaliser l’approche de la transmigration". Pour les #illégaux_en_transit, 160 places restent prévues dans les centres fermés.

    En outre, la Belgique continue à miser sur des #accords avec les pays d’origine pour collaborer au retour. Ainsi, un accord de retour a été conclu en 2019 avec le Rwanda et des discussions sont en cours avec la Turquie (avec l’UE), l’Angola, le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Vietnam (via le Benelux) et avec l’Algérie, le Niger et le Sénégal.

    https://www.levif.be/actualite/belgique/un-tiers-des-rapatriements-par-frontex-provenait-de-la-belgique-en-2019/article-news-1239993.html
    #renvois #expulsions #asile #migrations #réfugiés #Frontex #Belgique #statistiques #chiffres #2019 #machine_à_expulser

    @sinehebdo
    Trois mots en plus ? ça foisonne dans cet article où le choix des mots est fort discutable...
    #criminels_illégaux #transmigrants #illégaux_en_transit
    #mots #terminologie #vocabulaire

  • #TAF | Les transferts Dublin vers l’Italie soumis à des conditions plus strictes

    Dans sa #jurisprudence récente, le Tribunal administratif fédéral (TAF) avait déjà constaté, s’agissant de la prise en charge des familles transférées vers l’Italie dans le cadre du #règlement_Dublin, que les assurances données par les autorités italiennes suite à l’entrée en vigueur du #décret_Salvini étaient trop générales. L’arrêt E-962/2019 confirme et concrétise cette jurisprudence : le transfert des familles en Italie doit être suspendu, tant et aussi longtemps que les autorités italiennes n’ont pas fourni des garanties plus concrètes et précises sur les conditions actuelles de leur prise en charge. Le TAF étend en outre son analyse aux personnes souffrant de graves problèmes de santé et nécessitant une prise en charge immédiate à leur arrivée en Italie. Pour ces dernières, les autorités suisses doivent désormais obtenir de leurs homologues italiennes des garanties formelles que les personnes concernées auront accès, dès leur arrivée en Italie, à des soins médicaux et à un hébergement adapté.

    Le communiqué du Tribunal administratif fédéral (TAF) que nous reproduisons ci-dessous a été diffusé le 17 janvier 2020. Il correspond à l’arrêt daté du même jour : E-962 2019 : https://asile.ch/wp-content/uploads/2020/01/E-962_2019.pdf

    En septembre 2019, l’OSAR alertait sur les conditions d’accueil en Italie “Italie, une prise en charge toujours insuffisante“ : https://asile.ch/2019/09/27/osar-italie-une-prise-en-charge-toujours-insuffisante

    Le blog Le temps des réfugiés rédigé par Jasmine Caye a repris l’information le 24 septembre en y apportant d’autres liens utiles dans le billet “Pourquoi la Suisse doit stopper les transferts Dublin vers l’Italie” : https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/category/migrants-et-refugies

    Vous trouverez ici le feuillet de présentation “Dublin. Comment ça marche ? ” (https://asile.ch/wp-content/uploads/2018/04/DUBLIN_commentcamarche.pdf) réalisé par Vivre Ensemble en 2018, qui rappelle le fonctionnement des accords de Dublin.

    https://asile.ch/2020/01/20/taf-les-transferts-dublin-vers-litalie-soumis-a-des-conditions-plus-strictes
    #justice #Suisse #Dublin #renvois_Dublin #Italie #asile #migrations #réfugiés

    ping @isskein @karine4

    • L’asile selon Dublin III : les renvois vers l’Italie sont problématiques

      La Suisse renvoie régulièrement des requérant-e-s d’asile vers l’Italie conformément au règlement Dublin entré en vigueur en décembre 2008 (Dublin III depuis 2013). Pourtant, les conditions de survie dans ce pays dit sûr sont extrêmement précaires pour les requérant-e-s d’asile. Divers rapports et appels d’organisations de la société civile dénoncent les conditions d’accueil en Italie ainsi que le formalisme excessif des renvois par la Suisse. L’Organisation suisse d’aide aux réfugié-e-s (OSAR) a effectué une nouvelle enquête de terrain et sorti un rapport courant 2016 sur les conditions d’accueils en Italie et l’application par la Suisse des accords Dublin. Selon l’OSAR les « rapports [précédents paru en 2009 et 2013] n’ont pas provoqué jusqu’ici une remise en question fondamentale de la pratique de transferts en Italie au sein des autorités suisses compétentes en matière d’asile. Les autorités et les tribunaux ont trop peu tenu compte des constats résultants du rapport de 2013 ». L’OSAR souligne que « L’Italie ne dispose toujours pas d’un système d’accueil cohérent, global et durable ; l’accueil y est basé sur des mesures d’urgence à court terme et est fortement fragmenté ».
      Conditions déplorables et absence de protection en Italie

      En Italie, les requérant-e-s d’asile - mais aussi les réfugié-e-s reconnu-e-s ! - n’ont aucune garantie de pouvoir être hébergé-e-s et bon nombre se retrouvent à la rue après leur renvoi. Malgré une augmentation de leurs capacités d’accueil, celles-ci sont totalement surchargées, si bien que la grande majorité des requérant-e-s se retrouve ainsi à dormir dans des parcs ou des maisons vides, ne survivant qu’à l’aide d’organisations caritatives. En hiver, leur situation devient dramatique.

      Selon Caritas Rome, la situation est encore plus précaire pour les « renvoyé-e-s » les plus vulnérables, comme les mineur-e-s, les femmes enceintes, les malades ou les personnes traumatisées. Malgré un statut prioritaire, les centres d’hébergement ne sont pas toujours capables de les recevoir, la liste d’attente étant très longue. Elles se retrouvent donc trop souvent sans protection, sans aide à l’intégration ni accès assuré à l’alimentation ou aux soins médicaux les plus basiques.

      Europe, un flipper géant ?

      Si l’ancien Office fédéral des migrations (ODM, maintenant SEM) estimait en avril 2009 pouvoir tirer un bilan positif des accords de Dublin, les Observatoires du droit d’asile et des étrangers en Suisse étaient critiques : « Nos observations sont claires, avait écrit l’ODAE romand : des personnes qui fuient de graves persécutions ne trouvent désormais plus en Europe de terre d’asile, mais sont renvoyées de pays en pays, comme des caisses de marchandise. De plus, les renvois s’effectuent la plupart du temps vers des pays du sud de l’Europe dont la politique d’asile est défaillante. »

      La création en 2015 des « centres de crise- Hotspots » accélère encore ces processus. En effet, Amnesty dénonce les méthodes violentes utilisées notamment pour la prise d’empreintes ainsi que l’évaluation précipitée des personnes venant d’arriver, ce qui risque de les priver de la possibilité de demander l’asile ainsi que des protections auxquelles elles ont droit. L’association souligne que « l’accent mis par l’Europe sur une augmentation des expulsions, qu’importe si cela implique des accords avec des gouvernements bien connus pour leurs violations des droits humains, a pour conséquence le renvoi de personnes vers des endroits où elles risquent d’être exposées à la torture ou à d’autres graves violations des droits humains. »

      Ainsi, l’Italie a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme pour ne pas avoir respecté le principe de non-refoulement. Le bon fonctionnement dont se vante le SEM qualifie en fait une gestion purement administrative de flux, une gestion qui ne semble pas se soucier de la vie des êtres humains.
      Stop aux renvois vers l’Italie

      Face à cette situation, plusieurs organisations de la société civile attendent de la Suisse qu’elle renonce aux renvois Dublin vers l’Italie, notamment pour les personnes vulnérables. L’OSAR notamment, dénonce « le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) ne renonce à des transferts en Italie que dans des cas exceptionnels. Le Tribunal administratif fédéral (TAF) se rallie largement à cette pratique, de sorte qu’il n’existe guère non plus de perspectives au niveau judiciaire ». Amnesty relève que de « telles pratiques contreviennent aux Conventions des Nations unies relatives aux droits de l’enfant et aux droits des personnes handicapées, et au droit humain à la famille. […] Dans le cas des mineurs, les autorités suisses ont le devoir de respecter l’intérêt supérieur de l’enfant dans chaque décision, que l’enfant soit ou non accompagné d’un adulte. »
      Application aveugle

      Ceci fait ressortir l’usage excessif et l’application aveugle que la Suisse fait des accords Dublin (voir notre article sur le sujet). La Suisse a la possibilité, au travers de la clause de souveraineté de mener elle-même la procédure d’asile et de renvoi lorsque l’Etat Dublin compétent n’offre pas de garantie quant au respect des conventions mentionnées. Indépendamment de cette possibilité, la Suisse a le devoir, selon l’art. 3 par. 2 Dublin III de poursuivre la procédure d’asile dans un autre Etat membre ou en Suisse « lorsqu’il est impossible de transférer un demandeur vers l’État membre initialement désigné comme responsable parce qu’il y a de sérieuses raisons de croire qu’il existe dans cet État membre des défaillances systémiques dans la procédure d’asile et les conditions d’accueil des demandeurs, qui entraînent un risque de traitement inhumain ou dégradant au sens de l’article 4 de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ».
      Arrêt Tarakhel

      Par ailleurs, l’arrêt Tarakhel de la Cour européenne des droits de l’homme en 2014 (voir notre article) implique que la Suisse se doit d’analyser au cas par cas la situation des requérant-e-s en cas de renvoi vers l’Italie, d’autant plus lorsque des enfants sont parmi eux. Le renvoi ne pourra alors avoir lieu que lorsque le premier pays d’accueil, en l’occurrence l’Italie, pourra garantir que les requérant-e-s d’asile puissent être accueilli-e-s dans le respect des droits de l’enfant et de la dignité humaine.

      Suisse des records

      Malgré l’arrêt de la CrEDH et la marge de manœuvre dont dispose la Suisse, elle reste le pays effectuant le plus de renvois Dublin vers l’Italie. Le rapport de l’OSAR fait état qu’en 2015 sur 24’990 demandes, 11’073 émanaient de la Suisse seule. Cependant, l’Italie n’a reconnu sa responsabilité que dans 4’886 de ces cas. Cela signifie qu’une majorité des demandes de transferts de la Suisse ont été adressées à tort à l’Italie. De plus, la Suisse n’a accueilli à ce jour que 112 demandeurs/ demandeuses d’asile en provenance de l’Italie au travers du programme de relocalisation, chiffre minime en comparaison des renvois effectués et montrant une fois encore un grave défaut de solidarité.

      Autres pays dans le colimateur

      Suite à une large mobilisation et un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme en janvier 2011, les renvois vers la Grèce, autre pays largement dénoncé pour ses conditions d’accueil, dans le cadre des accords Dublin ont été suspendus en août 2011 par le Tribunal administratif fédéral, jusqu’à ce que la Grèce respecte à nouveau les standards communs (voir notre article sur le sujet). La société civile appelle depuis presque dix ans à une même décision pour les renvois vers l’Italie. Les renvois vers d’autres pays tels que la Hongrie sont de plus fortement dénoncés.

      https://www.humanrights.ch/fr/droits-humains-suisse/interieure/asile/loi/lasile-selon-dublin-ii-renvois-vers-litalie-grece-problematiques?force=1

    • Les personnes requérantes d’asile en Italie menacées de violations des droits humains

      Les personnes requérantes d’asile en Italie font face à des conditions de vie misérables. Le Tribunal administratif fédéral a ainsi dernièrement demandé au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) de se pencher de manière plus approfondie sur la situation en Italie. Comme en atteste un rapport publié récemment par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), les personnes requérantes d’asile renvoyées en Italie dans le cadre d’une procédure Dublin ont rarement accès à un hébergement adéquat et leurs droits fondamentaux ne sont pas garantis. C’est pourquoi l’OSAR recommande de renoncer aux transferts vers l’Italie. 21.01.2020

      Bien que le nombre de personnes réfugiées traversant la Méditerranée centrale pour rejoindre l’Italie ne cesse de baisser, les conditions de vie des personnes requérantes d’asile dans le pays ont connu une détérioration majeure. En effet, le système d’accueil a fait l’objet de réductions financières massives et d’un durcissement de la législation. Dans son dernier rapport sur les conditions d’accueil en Italie (https://www.osar.ch/assets/herkunftslaender/dublin/italien/200121-italy-reception-conditions-en.pdf), l’OSAR apporte des preuves détaillées des effets dramatiques sur les personnes requérantes d’asile des changements législatifs introduits en octobre 2018 par l’ancien ministre de l’Intérieur Matteo Salvini.

      Le quatrième rapport de l’OSAR sur les conditions d’accueil en Italie s’appuie notamment sur une mission d’enquête à l’automne 2019 et sur de nombreux entretiens menés avec des expert-e-s, des employé-e-s des autorités italiennes, ainsi qu’avec le personnel du HCR et d’organisations non gouvernementales en Italie.

      L’OSAR a ainsi constaté qu’il n’existait plus d’hébergements adéquats, en particulier pour les personnes requérantes d’asile vulnérables, telles que les familles avec des enfants en bas âge ou les victimes de la traite des êtres humains. En outre, les personnes qui ont déjà été hébergées en Italie avant de poursuivre leur route vers un autre pays perdent leur droit à une place d’hébergement et donc à toutes les prestations de l’État. Elles risquent ainsi fortement de subir des violations des droits humains.

      Le système social italien repose sur la solidarité familiale. Or, les personnes requérantes d’asile n’ont pas de famille sur place pour les soutenir. Elles se retrouvent ainsi souvent dans une situation de grande précarité, même si elles bénéficient d’un statut de protection, et sont exposées à un risque d’exploitation et de dénuement matériel extrême.
      Adapter la pratique Dublin

      La Suisse a adopté une application très stricte des règles Dublin. Elle renvoie ainsi systématiquement les personnes requérantes d’asile dans le pays où elles ont pour la première fois foulé le sol européen, à savoir l’Italie pour la plupart. Bien que le règlement Dublin III prévoie explicitement une clause de prise en charge volontaire, la Suisse n’en fait que peu usage. A la lumière des récentes constatations qu’elle a faites sur place, l’OSAR recommande de renoncer aux transferts vers l’Italie. Elle demande en particulier aux autorités suisses de ne pas transférer de personnes vulnérables en Italie et d’examiner leurs demandes d’asile en Suisse.

      Le Tribunal administratif fédéral ainsi que plusieurs tribunaux allemands ont partiellement reconnu la situation problématique en Italie dans leur jurisprudence actuelle et ont approuvé plusieurs recours. Dans divers arrêts de l’année dernière, le Tribunal administratif fédéral a demandé au SEM d’évaluer de manière plus approfondie la situation en Italie. Les tribunaux se sont appuyés, entre autres, sur divers rapports de l’OSAR. Dans son rapport de suivi de décembre 2018 (https://www.refugeecouncil.ch/assets/herkunftslaender/dublin/italien/monitoreringsrapport-2018.pdf), l’OSAR a documenté les conditions d’accueil exécrables auxquelles sont confrontées les personnes requérantes d’asile vulnérables en Italie. Les renseignements fournis par l’OSAR en mai 2019 (https://www.fluechtlingshilfe.ch/assets/herkunftslaender/dublin/italien/190508-auskunft-italien.pdf) donnaient déjà un survol des principaux changements législatifs en Italie. Le rapport complet qui est publié aujourd’hui montre l’impact de ces changements tant au niveau juridique que pratique. Il souligne la nécessité pour les autorités suisses de clarifier davantage la situation en Italie et d’adapter leur pratique.

      https://www.osar.ch/medias/communiques-de-presse/2020/les-personnes-requerantes-dasile-en-italie-menacees-de-violations-des-droits-hu