• Gardes à vue, assignations, crainte de licenciements : la répression vise aussi les syndicalistes - Basta !
    https://basta.media/reforme-des-retraites-manifestations-greves-gardes-a-vue-tribunal-craintes-

    30 mars 2023 par Rachel Knaebel

    Depuis le début du mouvement, des militants syndicaux ont été mis en garde à vue à la suite de manifestations, arrêtés sur des actions non violentes, poursuivis pour un piquet de grève, et même blessés par la police.

    Jeudi 23 mars, dans la manifestation parisienne, un syndicaliste de Sud-Rail est éborgné par l’éclat d’une grenade de désencerclement de la police. Cheminot dans un atelier depuis plus de 25 ans, il est père de trois enfants.

    Lors des défilés, sur les piquets de grève ou les actions locales, les militantes et militants syndicaux sont les cibles de la répression policière depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites. « C’est vraiment de l’intimidation vis-à-vis de représentants syndicaux », dénonce Julien Troccaz, secrétaire fédéral Sud-Rail. Le 19 mars, il assiste à l’arrestation de quatre camarades militants de son syndicat à Senlis, dans l’Oise. « On a fait une opération péage gratuit qui s’est bien passée. Des gendarmes étaient sur place et nous ont dit “on vous donne jusqu’à 16h30, ensuite on va vous demander de partir”. Mais à l’issue de ce délai, ils ont ordonné à quatre collègues, militants syndicaux, de les suivre et les ont mis en garde à vue jusqu’à 22 heures. »

    Pour l’instant, les quatre militants ne sont pas poursuivis. La société d’autoroute, Sanef, n’a pas porté plainte, rapporte Julien Troccaz. « C’est sur ordre de la préfète que les collègues ont été arrêtés, pour nous faire peur, dit le secrétaire fédéral de Sud-Rail. Ce n’est pas le même niveau de répression qui a lieu dans la rue depuis le 49.3, mais ils veulent nous intimider. »

    Au tribunal pour un piquet de grève

    À Nantes, le 23 mars, sept postiers, syndicalistes CGT et Sud, passent devant le tribunal. Ils sont sous le coup d’une plainte pour « entrave à la circulation des biens et des personnes » pour des piquets de grève organisés du mercredi 15 au lundi 20 mars sur deux sites du département de Loire-Atlantique. « À l’audience, la direction de la poste a abandonné les poursuites », rapporte le site Rapports de force.

    « C’était un piquet de grève de 60 personnes. Mais il y a eu seulement sept personnes assignées, des représentants de syndicats ou élus CHSCT » (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), explique Sylvain Lamblot, secrétaire général CGT de la Poste dans la Loire-Atlantique. Jusqu’ici, quand l’entreprise considérait qu’il y avait un blocage sur un piquet de grève, ils venaient nous voir pour faire pression, et envoyaient un huissier. Là, ils ont adopté la stratégie de ne rien dire. On se disait même que la direction était peut-être même plutôt d’accord avec nous, qu’elle n’avait pas envie d’avoir des gens jusqu’à 64 ans. On a été estomaqués et stupéfaits de l’assignation. »

    L’un des secrétaires de la CGT a reçu son assignation, « par l’huissier, en main propre, précise le responsable, disant qu’il fallait qu’on arrête l’action sous deux heures, sinon ils feraient appel à la force de police pour nous déloger et nous mettraient une sanction de 1000 euros par heure d’occupation et par personne. À aucun moment, la direction ne nous a appelés, alors qu’ils nous connaissent. Si on est des meneurs comme l’assignation le prétend, pourquoi ne pas nous contacter au préalable ? On s’est sentis piégés. »

    La Poste a certes retiré sa plainte à l’audience, comme le piquet de grève était levé. Mais Sylvain Lamblot craint d’éventuelles suites. « Nous voulons un engagement écrit qu’il n’y aura pas de poursuite. Sinon, risque-t-on une assignation en justice dès qu’on aide des salariés à s’organiser ? »
    « Sur les chefs d’accusation, ils m’ont mis la totale »

    Alexandra, enseignante en Seine-Saint-Denis et syndicaliste Snes-FSU, s’est de son côté retrouvée poursuivie en tant que simple manifestante. Elle a été interpellée pendant la manifestation du dimanche 19 mars à Paris. « Le cortège s’est formé de manière plus ou moins informelle aux Halles. Ensuite, il s’est déplacé jusqu’à la rue Étienne-Marcel, et là les policiers ont commencé à nasser et essayé de disperser le cortège. C’est là que j’ai été interpellée par la Brav », la brigade de répression de l’action violente motorisée, retrace l’enseignante.

    Elle est ensuite placée en garde à vue. « Sur les chefs d’accusation, ils m’ont mis la totale. Ils m’accusent par exemple de l’organisation de la manifestation, évidemment sans la moindre preuve, et c’est complètement faux. Ils m’ont également mis la “participation à un groupement en vue de violences volontaires”, “entrave à la circulation” et aussi des dégradations, alors que j’ai été interpellée au tout début de la soirée, quand aucune dégradation n’avait eu lieu. »

    La garde à vue d’Alexandra dure 21 heures. « Je pense qu’ils m’ont relâchée parce que je leur ai dit que je surveillais le bac le mardi. » Elle a ensuite été convoquée au commissariat en audition libre. Mais quand elle appelle pour demander un report de l’audition, car son avocate, membre de la « legal team » de Paris, est débordée, le policer lui dit qu’il va prendre directement contact avec la magistrate pour voir s’il y a une suite, ou pas, à son dossier.

    « Deux collègues d’Épinay-sur-Seine ont aussi été arrêtés le 16 mars puis libérés a priori sans charge pensant contre eux, rapporte Grégory Thuizat, cosecrétaire du Snes-FSU en Seine-Saint-Denis, lui aussi enseignant en lycée. « Un autre collègue a été touché par un tir de LBD », ajoute-t-il.

    Des menaces de licenciement ?

    Les menaces de licenciement vont-elles bientôt s’ajouter aux violences, aux gardes à vue et poursuites judiciaires ? La semaine dernière, L’Humanité révélait une note de la direction générale du travail, datée de mi-mars, pour rappeler aux inspecteurs du travail les motifs permettant de valider, « pour des faits de grève », le licenciement de salariés protégés. Ces salariés, délégués syndicaux ou représentants du personnel, ne peuvent pas être licenciés sans accord de l’inspection du travail.

    La note reprise dans L’Humanité indique notamment que peuvent justifier le licenciement des délégués syndicaux « la participation personnelle et active à de graves incidents dans une usine, ainsi que le rôle de meneur, même si les intéressés ne se sont pas personnellement livrés aux violences ». De même peut justifier un licenciement le « fait d’avoir entravé la liberté de travailler d’autres salariés en procédant à des blocages illicites », où le « rôle prépondérant du salarié » délégué syndical est relevé.

    Sylvain Lambot, secrétaire de la CGT pour La Poste en Loire-Atlantique, a découvert cette note lui aussi dans la presse. « J’ai pensé que cela pouvait expliquer l’assignation en justice pour notre piquet de grève », dit-il. En nous assignant individuellement, ils sous-entendent que nous sommes les meneurs. » Depuis la révélation de cette note, le responsable CGT craint qu’accompagner les actions des salariés dans l’entreprise soit désormais de plus en plus difficile pour les responsables syndicaux, dont c’est pourtant le rôle.

    « Ce document est un manuel juridique pour faciliter les licenciements, a dénoncé la CGT de l’inspection du travail dans un communiqué. Manifestement, le gouvernement et le ministère du Travail veulent faire payer aux salariés leur résistance dans les entreprises. » Le ministre du Travail a de son côté répondu dans un tweet qu’il ne s’agissait que d’une simple « note interne mise à jour pour tenir compte des évolutions du droit. » Mais diffusée en plein mouvement social.

    Rachel Knaebel

    #luttes_sociales #retraites #travail #répression

  • La France est-elle la mauvaise élève européenne en matière de maintien de l’ordre ? - Basta !
    https://basta.media/vendredi-debat-Anne-Sophie-Simpere-la-france-est-elle-la-mauvaise-eleve-eur

    31 mars 2023 par Anne-Sophie Simpere

    Face à la répression dans les manifestations contre la réforme des retraites ou à Sainte-Soline, Anne-Sophie Simpere, spécialiste des violences policières, pointe plusieurs problèmes structurels du maintien de l’ordre à la française.

    Il y a une spécificité française du maintien de l’ordre, notamment quand on regarde le nombre de blessés et la gravité des blessures. Lors de ces dernières années, on a des dizaines de personnes mutilées pendant des manifestations, les unes avec des mains arrachées, d’autres éborgnées. On ne retrouve pas ça dans des pays européens comparables.

    Alors que des manifestations violentes, avec notamment des violences de la part des participants, il y en a dans tous les pays. Le Royaume-Uni a connu des situations quasi émeutières, et aux Pays-Bas les manifestations pour s’opposer aux restrictions sanitaires pendant le confinement ont été hyper violentes.

    Toutes les polices d’Europe font face à des mouvements qui peuvent être violents : black blocs, qui d’ailleurs sont nés en Allemagne, divers mouvements d’extrême droite ou groupes de hooligans. Et pourtant, la France se distingue par des bilans extrêmement lourds, à la fois en termes de manifestants blessés, mais aussi avec de nombreux policiers et gendarmes également touchés dans les opérations de maintien de l’ordre.
    Le manifestant est vu comme un ennemi à contrôler

    La doctrine du maintien de l’ordre à la française est principalement répressive, et on dirait que le manifestant est vu comme un ennemi à contrôler. Dans le schéma national du maintien de l’ordre, il est écrit qu’il faut respecter le droit de manifester. Reste que l’approche est avant tout répressive et recherche comment éviter tout désordre à l’ordre public via l’usage de la force. D’autres polices européennes ont réfléchi à différents types de doctrines, notamment des stratégies pour faciliter le dialogue, la communication et la désescalade avec les manifestants.

    Ces réflexions ne sont pas totalement absentes en France. Je pense notamment à une note du centre de recherche de l’école des officiers de la Gendarmerie de 2016, qui parlait des black blocs, de la nécessité de communiquer, des précautions à prendre pour ne pas provoquer une escalade de violence. Donc, au niveau de certains commandements, on a conscience qu’un autre maintien de l’ordre est possible. Le fait que ce ne soit pas mis en place est un choix politique.

    #luttes_sociales #violences_policières #répression

    • Samedi, à Sainte-Soline, pour défendre leurs solutions industrielles optimisant la production capitaliste dans un monde où l’eau commence à manquer, l’Etat a tenté d’assassiner.

      Normal.

      Lorsque des milliers de personnes se retrouvent pour exprimer un refus offensif, d’une bassine, d’une réforme, d’un état de fait qui opprime, les flics les attendent et canardent.

      Normal.

      Les personnes visées auraient pu l’être pour avoir défendu une hypothétique retraite, parce qu’elles n’ont pas souhaité s’arrêter lors d’un contrôle routier, ou parce qu’elles ont osé défier la propriété privée.

      Normal.

      #répression #pouvoir médical #media

      50 ans après, Areski et Fontaine font encore de l’usage

  • ★ Tous nos rêves sont possibles pour abattre ce vieux monde... GLJD

    « Les violences policières qui se déploient au quotidien ces jours-ci ne sont pas des dérapages ponctuels mais elles participent bien au maintien du système en place quand les révoltes grondent, parce qu’il faut les étouffer. Elles sont une des expressions visibles des violences qu’exerce l’Etat qui préserve les intérêts des capitalistes qu’il représente. C’est dans la nature même du système (...) »

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ http://le-libertaire.net/les-reves-possibles-abattre-ce-vieux-monde

    #pouvoir #domination #répression #étatisme #bourgeoisie #capitalisme #politiciens...

    #anarchisme #communisme_libertaire #autogestion #émancipation #écologie #antimilitarisme #anticléricalisme #fédéralisme_libertaire #feminisme #antiétatisme #anticapitalisme #antifascisme #internationalisme...

    338865254_937178367314640_2992499089957015329_n.jpg (144×225)

  • 🛑 « Le Groupe Graine d’anar relaie ici les communiqués de l’OCL et de la famille de S, entre la vie et la mort depuis les attaques policières sur les manifestants, lors de la manifestation de Sainte Soline... »

    ▶️ Site de l’OCL : https://oclibertaire.lautre.net

    ★ via Graine d’Anar - Groupe lyonnais de la Fédération Anarchiste :

    ⏩ Lire les communiqués…

    ▶️ https://grainedanar.org/2023/03/29/sainte-soline-communiques-autour-de-s

    #SainteSoline #ViolencesPolicières #répression

    338973417_172074069023940_1688007422350327328_n.jpg (494×380)

  • La très grande discrétion des arrêtés interdisant les rassemblements spontanés contre la réforme des retraites
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/03/29/la-tres-grande-discretion-des-arretes-interdisant-les-rassemblements-spontan

    Pour les manifestants, il est difficile voire impossible de savoir qu’ils risquent une contravention lors d’un rassemblement non déclaré – que la loi autorise par défaut.

    [...] Quant à l’arrêté interdisant les rassemblements non déclarés pour samedi soir, il n’a même pas été mis en ligne. Le document a été simplement affiché devant la préfecture de police de Paris, comme a pu le constater l’avocat David van der Vlist, membre du Syndicat des avocats de France (SAF, classé à gauche). Pour prendre connaissance de l’interdiction, les manifestants auraient donc dû se rendre préalablement rue de Lutèce, dans le 4e arrondissement.

    [...]
    Lundi 27 mars, à 18 h 41, le SAF, le Syndicat de la magistrature (SM), la Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’union syndicale Solidaires ont déposé ensemble un référé-liberté auprès du tribunal administratif de Paris visant l’arrêté pris pour la nuit de lundi à mardi, non affiché en préfecture et publié en ligne au recueil des actes administratifs à 17 h 30, soit trente minutes après le début de l’interdiction. Mardi en fin de journée, le tribunal administratif a rejeté leur requête, jugeant avoir été saisi trop tard pour convoquer une audience. Le tribunal constate par ailleurs qu’au moment où il rend son ordonnance, l’arrêté n’est déjà plus valable et qu’il « n’y a pas lieu d’y statuer ».
    « La stratégie de la Préfecture de police aura produit ses effets », a aussitôt réagi le SAF, demandant une nouvelle fois aux autorités de publier les arrêtés « dans un délai permettant un contrôle juridictionnel effectif ».

    [...]
    « On n’a jamais vu ça, même pendant le mouvement des “gilets jaunes” les arrêtés étaient publiés la veille, ce n’était pas fait en cachette, et les périmètres d’interdiction n’étaient pas aussi larges », se souvient-il. Avec la LDH, le SAF a annoncé qu’il aiderait l’ensemble des manifestants verbalisés à contester leurs amendes devant le tribunal de police. « Il y aura alors un vrai débat sur l’heure de publication et sur les modalités de publicité de ces arrêtés qui ne sont pas adéquates », estime l’avocat.

    #référé_liberté #droit #avocats #juristes #manifestations #police #Droit_de_manifester #contraventions #libertés_publiques

  • [Sur le marquage des manifestants] Desarmons-les ! 🇵🇸 @Desarmons_les
    https://twitter.com/Desarmons_les/status/1641142222652309521

    Nous avons la preuve que l’EMF 100 était bien présent sur le dispositif de la gendarmerie de ce week-end à Sainte-Soline. Il permet de tirer des billes de Produit Marquant Codé (PMC = ADN de synthèse).


    Sur le dessus de l’arme, on identifie le réservoir de billes ainsi qu’un viseur hollographique Eotech attaché de travers sur le canon de l’arme.

    Deux personnes au moins ont été placées en garde-à-vue sur le fondement de la détection (à l’aide de lampes UV) de PMC sur leurs vêtements et leur peau. Petite nouveauté par rapport à sa dernière apparition : l’EMF 100 n’est plus de couleur jaune...

    Nous continuons notre enquête. Toute information de première main nous intéresse. Ecrivez nous sur desarmons-les@riseup.net

    On notera que le tireur porte une caméra sur son casque, ce qui laisse penser que l’identification avec les PMC ne peut fonctionner sans l’adjonction d’images pour caractériser les faits qui sont reprochés aux personnes ciblées.

    La photo est de nos ami-es et allié-es du collectif
    @FlagrantDeni 🖤

    Nom de code : « PMC »... Tout ce qu’il faut savoir sur la nouvelle arme contre la délinquance présentée dans le Var - Var-Matin, 2019
    https://www.varmatin.com/technologie/nom-de-code-pmc-tout-ce-quil-faut-savoir-sur-la-nouvelle-arme-contre-la-de

    Après les empreintes et l’ADN, les traces chimiques. Nom de code : ’PMC’. Deux formateurs du prestigieux Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (#IRCGN) de Cergy-Pontoise ont fait escale dans le Var pour sensibiliser des enquêteurs, un magistrat et des commerçants du Golfe de Saint-Tropez, aux vertus des « produits de marquage codés » (PMC), un dispositif innovant de lutte contre la délinquance.

    #EMF_100 #PMC #armes_de_la_police #gendarmerie #marquage_des_manifestants #police #répression #justice

  • Chaos du capitalisme : la seule perspective est celle que les travailleurs en lutte ouvriront

    https://lutte-ouvriere.be/chaos-du-capitalisme-la-seule-perspective-est-celle-que-les-travaille
    Dernier éditorial de LO-Belgique

    Après l’effondrement aux USA de la #Silicon_Valley_Bank le 10 mars dernier, la plus grosse faillite bancaire depuis 2008, les banquiers centraux se sont empressés de déclarer que « tout était sous contrôle ». La #banque_centrale (#Fed) a ouvert un nouveau fonds de financement d’urgence et les banques lui ont emprunté au moins 164 milliards de dollars. En Europe, les banquiers centraux ont vite annoncé qu’il n’y avait pas de risque de contagion !

    Quelques jours plus tard, le #Crédit_Suisse, une des trente plus grandes #banques du monde était au bord de la faillite. La banque centrale de Suisse décida elle aussi d’ouvrir les robinets : en quelques heures plus de 50 milliards d’euros ont été mis à disposition du Crédit suisse, puis 200 milliards… avant que ne soit décidé son rachat par UBS, la plus grosse banque du pays. La banque est « sauvée », les milliards des capitalistes sont sauvés, mais pas les 10 000 employés en doublon que les banques ont prévu de licencier…

    Le 24 mars, les actions de la première banque allemande #Deutsche_Bank chutaient, ravivant la menace d’une crise financière internationale. Les dirigeants politiques ont à nouveau répété qu’ils n’avaient aucune inquiétude, pour tenter d’enrayer la panique. En réalité, ils sont bien incapables de faire la moindre prévision. Depuis des années, les krachs financiers, les crises, se succèdent, et l’économie capitaliste s’enfonce toujours plus dans le chaos. À chaque fois, les gouvernements répondent en inondant les capitalistes de liquidités, en faisant tourner la planche à billets, creusant ainsi les déficits publics. Et les capitalistes font payer aux travailleurs le prix de leur fuite en avant !

    Et plutôt deux fois qu’une. D’un côté tout cet argent emprunté gratuitement, les banques et les financiers l’utilisent pour acheter des actions en espérant les revendre plus cher, engendrant ainsi des profits faciles. Avec le déclenchement de la #guerre_en_Ukraine, les spéculateurs ont ainsi parié sur l’augmentation des #prix_du_gaz, achetant et revendant les cargaisons au point de faire exploser les prix de l’énergie puis tous les autres prix… Ils ont ainsi aggravé la pauvreté partout sur la planète, plongeant une large proportion des ménages des classes populaires dans des situations intenables où il faut choisir entre se chauffer et manger à sa faim.

    D’un autre côté, les capitalistes font pression sur leurs États pour faire payer aux travailleurs l’argent dépensé en sauvetage de banque, en subsides aux entreprises ou en armes pour la guerre en Ukraine ! Les gouvernements s’empressent alors d’imposer toutes les mesures nécessaires pour pressurer davantage les travailleurs. Tout y passe : de la crèche communale où une puéricultrice doit faire le travail de trois collègues car « il n’y a pas assez de financement » jusqu’au passage en force par Macron de l’augmentation de l’#âge_de_départ_à_la_retraite de 62 à 64 ans car « les retraites coûtent trop cher dans une population vieillissante ».

    Mais ces mensonges prennent de moins en moins, et la situation s’aggravant de plus en plus pousse inévitablement à des révoltes.

    En France, depuis le 19 janvier, il y a des #manifestations massives presque toutes les semaines, accompagnées de grèves dans quelques secteurs. Si les manifestations ont été aussi massives, c’est que la coupe est pleine. Elle l’est pour les plus âgés, cassés par le travail, et à qui on promet une pension réduite ou pour celles et ceux qui n’auront jamais de pension vu qu’un nombre important de travailleurs en France meurent avant la #retraite ! Elle l’est pour tous les ménages populaires confrontés à l’explosion des prix de l’alimentation et de l’énergie et pour celles et ceux qui voient bien que tout s’aggrave, en particulier la guerre économique qui fait craindre que les guerres actuelles se généralisent en une troisième guerre mondiale. C’est un ras-le-bol général.

    Malgré la #répression_policière, les gardes à vues et les fouilles en sous-vêtement, les mobilisations contre le recul de l’âge de la retraite continuent. Dans cette lutte qui dure depuis deux mois, le camp des travailleurs mesure ce que peut être la force du nombre. Car si certains députés de droite n’ont finalement pas voté la loi et que #Macron a dû faire recours au 49.3 (en se passant du vote des députés) c’est que la pression des grèves leur a fait penser à leur prochaine élection !

    La force du nombre peut peser sur le monde politique, mais c’est seulement si la #grève se généralise et s’étend aux grandes entreprises privées que le rapport de force s’inversera réellement et que la loi pourra être repoussée.

    #réforme_des_retriates #capitalisme #régression_sociale #lutte_de_classe #inflation #pouvoir_d'achat

  • Médecin à #Sainte-Soline, je témoigne de la #répression

    Alors que le pronostic vital d’un opposant aux #mégabassines de Sainte-Soline est toujours engagé, une médecin urgentiste lui ayant porté secours témoigne. Elle pointe la #responsabilité de la #préfecture pour le retard de sa #prise_en_charge par les #urgences.

    Le week-end de mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) a été marqué par de nombreuses violences policières et des #blessures très graves, avec une personne encore entre la vie et la mort.

    En attendant de plus amples informations, Reporterre publie d’ores et déjà le témoignage d’Agathe, médecin urgentiste présente à la manifestation, qui a suivi et s’est occupée de cette personne toujours dans le coma et au pronostic vital engagé. Elle pointe la gravité des faits et la responsabilité de la préfecture pour le retard de sa prise en charge par les urgences.

    • La marche de printemps

    Départ du camp vers 11 h. Trois cortèges marchent à travers champs. Le premier cortège nous annonce qu’il n’y a aucun barrage des forces de l’ordre sur le parcours. Ils gardent la bassine. Un vulgaire trou recouvert de béton. Ils la gardent comme une forteresse. Ils auraient même creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un talus de plusieurs mètres de hauteur sur tout le tour de la bassine pour la rendre inaccessible. Les douves du château-fort. Le cortège au sein duquel je me trouve est joyeux, les manifestants marchent dans la boue, un champ de colza, premières fleurs du printemps.

    • Arrivée à proximité de la mégabassine

    Les cortèges se retrouvent. Ils fusionnent. Une marée humaine. La victoire d’être si nombreux. 20 000, 25 000, 30 000 personnes, impossible d’estimer. On aperçoit les #forces_de_l’ordre soigneusement disposées autour du bassin, enceinte de camions de gardes mobiles, plusieurs blindés. Une colonne de #quads avec un binôme de #gardes_mobiles dessus. Certains auraient vu la cavalerie. Personne n’est inquiet à cet instant. Que peuvent-ils faire contre cette foule hétéroclite et déterminée ?

    Un instant je me demande pourquoi les forces de l’ordre sont là. Ils ont creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un énorme talus. La bassine nous est inaccessible. Je me demande pourquoi la présence de toute cette artillerie est nécessaire. Qu’aurions-nous fait en leur absence ? J’en discute avec un·e ami·e, on se dit qu’ils font de la lutte contre les mégabassines un symbole de l’autorité de l’État.

    • Premiers gaz

    Je suis venue manifester avec une bande d’ami·es, je marche avec une copine. Dans mon sac à dos des compresses, du désinfectant, des antalgiques, des bandes, des pommades anti-inflammatoires, quelques kits de sutures si nécessaires pour l’après. Nos expériences de manifestations des dernières années nous ont appris qu’il fallait s’équiper en matériel de secourisme. Je ne me suis pas identifiée comme « medic » officiel. Mais il me semble évident d’avoir un minimum de matériel, au moins pour les copin·es.

    Les cortèges se rejoignent à proximité de la bassine. Le cortège à notre droite est déjà noyé par les #gaz alors que nous sommes encore à plusieurs centaines de mètres. Ils remontent vers nous, alors que nous continuons à avancer, heureux de se retrouver après ces nombreux kilomètres parcourus à travers champ.

    Les manifestants s’approchent des gardes mobiles avec leurs banderoles. On avance ensemble. Nous apercevons les visages familiers de quelques vieilles amitiés. À peine le temps de se retourner. Il pleut des #grenades_lacrymogènes, et d’autres, assourdissantes ou désencerclantes. Nous reculons. Je vois une femme faire demi-tour et repartir en arrière. Énorme détonation entre ses jambes. Elle boite. Nous reculons pour l’accompagner, la soutenir. Ça commence fort. On constate les blessures, un bel hématome sur la cuisse, un peu de gel anti-inflammatoire, deux gorgées d’eau. On se retourne, les manifestants crient « medic » de tous les côtés. On vient à peine d’arriver.

    C’est un homme jeune avec une plaie délabrante de la main. Grenade de désencerclement. Je nettoie, une compresse, une bande, un antalgique. « Tu devras refaire le point sur la base medic arrière, être sûr qu’il n’y ait pas de corps étrangers. » D’autres « #medic » s’affairent. On continue. On entend dire que quelqu’un serait inconscient au sol à proximité d’une banderole devant. On cherche cette personne. Impossible de la trouver. Un ami nous arrête, il s’est pris un #Flash-Ball à l’arrière de la tête. On s’assoit pour l’examiner derrière une haie. On remonte sur un chemin en terre.

    • Le chemin des blessés

    Le niveau d’intensité a été maximal d’emblée. Pas de demi-mesure. Tous ces blessés qui reculent. Allongé dans un champ. Assis dans un fossé. La haine monte contre les forces de l’ordre. Que font-ils, que défendent-ils, quelques mètres cubes de béton valent-ils tous ces corps mutilés ?

    Quelqu’un nous attrape par le bras. Un infirmier avec lequel j’ai discuté un peu plus tôt dans la journée. Il nous emmène à proximité d’un homme allongé à côté d’un fossé. « Fracture ouverte de fémur », me dit-il. Un pansement est déjà installé, je ne vois pas la plaie. Je vois un hématome de cuisse volumineux. Il n’y a pas d’extériorisation de sang. Je sens son pouls. Il est conscient. La première chose à faire : le mettre en sécurité. Un antalgique. À huit personnes, on le déplace plus loin. Quelqu’un prend des constantes. La fréquence cardiaque est normale. Je suis rassurée, il n’est pas en train de se vider de son sang. Pour une fracture ouverte de fémur, le risque hémorragique est majeur. Je demande à ce que quelqu’un appelle le Samu pour une évacuation.

    Derrière nous, un deuxième blessé est transporté par des manifestants. Une plaie délabrante de la fesse gauche. La plaie n’est pas hémorragique. Elle est douloureuse. Il ne peut pas marcher.

    On aperçoit une nouvelle charge de la police. Des quads ? Des lacrymos ? Je ne sais pas, je n’ai pas le temps de lever le nez des blessés. Il va falloir qu’on recule de nouveau pour mettre les blessés en sécurité. On fait un portage sur le chemin en terre pour s’éloigner vraiment définitivement des zones d’agressions.

    On arrive à un croisement. Je demande à ce que les constantes des blessés soient prises de nouveau pour s’assurer de leur stabilité. Je demande à ce qu’on rappelle le #Samu pour qu’il nous envoie des #secours. Je vois que sur le chemin d’autres blessés continuent d’affluer.

    Je refais le point sur la suspicion de fracture ouverte du fémur. Je déballe la plaie. La plaie est profonde. Il y a quelque chose de dur et de blanc qui ressort en son sein. Ce n’est pas de l’os. C’est un corps étranger en plastique blanc, une part cylindrique, une part plate. Je laisse le corps étranger en place. Il doit être retiré dans un bloc opératoire au cas où il existe une plaie vasculaire sous-jacente. Je rectifie le diagnostic à la régulation du Samu.

    À ce croisement de routes où se retrouvent de nombreux blessés, des élus et des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme sont présents.

    Un homme est installé par des manifestants juste à ma gauche. Il a le visage déformé. Il s’est pris une grenade dans le visage. Je l’examine. Il a une plaie de la paupière hémorragique. L’œdème de la paupière ne me permet pas d’examiner l’œil, sa vision, sa motricité. Il a une très probable fracture du maxillaire gauche, je ne peux rien dire pour son œil.

    Des personnes viennent me voir pour me dire que les #ambulances sont bloquées par les gardes mobiles en amont. Je commence à m’énerver. Je transmets : « Nous avons appelé le Samu, nous avons des blessés graves. Ils doivent laisser passer les ambulances. Nos appels sont enregistrés sur les bandes de la régulation du Samu. S’ils entravent le passage des ambulances, ils seront pleinement responsables du retard de soins. On ne se laissera pas faire. Y compris sur plan juridique. » « Mettez-leur la pression, c’est pas possible autrement. »

    D’autres blessés arrivent entre-temps, ils ont l’air stables. Je n’ai pas le temps de les voir. Certaines personnes s’occupent d’eux. Des complicités de bord de route.

    • L’« urgence absolue »

    Quelqu’un vient me chercher pour me demander d’intervenir plus en amont sur le chemin. Mon amie reste avec les blessés.

    Je remonte vers la zone où un homme est au sol. Du monde autour de lui. Je m’approche de sa tête. Un « medic » réalise une compression du cuir chevelu. Des gens essayent de le faire parler. Du sang coule sur le chemin. Il est en position latérale de sécurité. Je me présente auprès des autres personnes qui prennent soin de lui. « Je suis médecin urgentiste, est-ce qu’il a déjà été évalué par un médecin ? Est-ce que quelqu’un a déjà appelé le Samu ? » Le Samu est prévenu. Pour l’instant aucun moyen ne semble engagé. Je l’évalue rapidement. L’histoire rapporte un tir tendu de grenade au niveau temporal droit (juste en arrière de l’oreille). Il se serait effondré. Extrait par des manifestants. Au début il aurait été agité. Là, il est en position latérale de sécurité. Il est trop calme.

    Je fais un bilan de débrouillage :

    – une plaie du scalp de plusieurs centimètres en arrière de l’oreille. La plaie est hémorragique ;

    – un traumatisme crânien grave avec un score de Glasgow initial à 9 (M6 Y1 V2), une otorragie qui fait suspecter une fracture du rocher ;

    – pupilles en myosis aréactives ;

    – vomissement de sang avec inhalation ;

    – les premières constantes qu’on me transmet sont très inquiétantes. La fréquence cardiaque serait à 160, la tension artérielle systolique à 85. Le shock index est à presque 2.

    Je demande à ce qu’on rappelle la régulation du 15 et qu’on me les passe au téléphone. Mon petit matériel ne va pas suffire. Quelle impuissance…

    Je prends la régulation du 15 au téléphone. Je demande à parler au médecin. Je me présente en tant que médecin urgentiste : je demande un #Smur [service d’aide médicale urgente] d’emblée pour un patient traumatisé crânien grave, avec une plaie du scalp hémorragique, et des constantes faisant redouter un choc hémorragique. Le médecin me répond que la zone ne semble pas sécurisée et qu’il est impossible pour eux d’intervenir au milieu des affrontements. J’explique que nous sommes à distance des zones d’affrontement. Qu’il y a des champs autour où il est possible de faire atterrir un hélicoptère. Il me dit qu’un point de rassemblement des victimes (PRV) est en cours d’organisation, qu’il va nous envoyer des pompiers pour extraire les victimes. J’insiste sur le fait que cet homme a besoin d’un Smur d’emblée, qu’il s’agit d’une urgence vitale immédiate et qu’il n’est pas en état d’être transporté vers un PRV. L’appel téléphonique prend fin, je n’ai pas l’impression que ma demande ait été entendue.

    Un traumatisme crânien grave peut aboutir à la mort cérébrale, ou à la présence de séquelles extrêmement lourdes.

    Je retourne auprès de la victime. Je la réévalue. Son score de Glasgow est tombé à 7. Le coma est de plus en plus profond. Une équipe de médecins infirmiers des gardes mobiles arrive. Je suis en colère. Ils viennent apporter les bons soins à ceux qu’ils ont presque tués. Je ravale ma colère, il faut penser à cet homme, à ce qu’il y a de mieux pour lui. Je fais une transmission médicale. Je propose que le médecin rappelle la régulation pour appuyer ma demande de Smur dans le cadre d’une #urgence_vitale_immédiate. En attendant, j’aide l’infirmier à poser une perfusion. Traitement de l’hypertension intracrânienne. Traitement pour l’hémorragie. Le médecin des gardes mobiles me demande si j’ai de l’oxygène. Je ris nerveusement. Non, moi j’ai des compresses et de la biseptine, j’étais là pour manifester initialement.

    Leur matériel est limité. Ils n’ont pas de quoi faire des soins de réanimation. Je ressens leur stress. Nous sommes dépendants du Smur.

    Des pompiers en pick-up arrivent, ils nous demandent pourquoi le Smur et les #VSAV [véhicules de secours et d’assistance aux victimes] ne sont pas là. Je craque et leur hurle dessus, je dis que les ambulances sont bloquées par les GM [gardes mobiles] en amont.

    Combien de temps s’est écoulé ? Depuis combien de temps était-il au sol avant mon arrivée ? Comment peuvent-ils assumer un tel niveau de violence pour quelques mètres cubes de béton ?

    Je pense à Rémi Fraisse.

    Le Smur arrive. J’aide à son installation sur le brancard du Samu. Le médecin du Smur prépare de quoi l’intuber dans le camion. Je quitte les lieux pour rejoindre les autres blessés.

    Je pense à cet homme. À ses amis. Aux miens. Je me demande où ils sont. Y en a-t-il d’autres comme lui ? Je pense à tous ceux qui ont été blessés ces dernières années par les armes de la police. À la zad, au Chefresne, au Testet, pendant la loi Travail, les Gilets jaunes. À ceux qui ont perdu des doigts, une main. Un œil. Ceux qui ont perdu la vie. À lui.

    https://reporterre.net/Medecin-a-Sainte-Soline-je-temoigne-de-la-repression
    #témoignage #violences_policières #maintien_de_l'ordre #méga-bassines

  • Répression du mouvement social : entre homme de main et garde-chiourme. Régis de Castelnau - Vu du Droit

    Emmanuel Macron n’avait aucune expérience politique avant qu’il soit propulsé à l’Élysée en 2017 grâce à une opération concoctée par la haute fonction publique d’État, probablement aujourd’hui une des plus corrompues d’Occident. Il ne possède aucune culture démocratique et considère tout désaccord avec ses orientations et ses décisions comme une injure personnelle. Son narcissisme pathologique fait le reste. Comme le dit Frédéric Lordon, concernant la conduite de son projet de réforme des retraites, il a commis toutes les erreurs possibles, en général sous forme de provocations insupportables. Mettant l’énorme majorité du peuple français dans un état de rage dirigée contre sa personne. La seule solution qu’il envisage pour en sortir, est celle qu’il avait mise en œuvre au moment de la crise des gilets jaunes : une répression policière et judiciaire de masse que l’on n’avait pas vue depuis la guerre d’Algérie. Il a bénéficié pour cela de l’appui des forces de police chargée du maintien de l’ordre qui n’eurent aucune hésitation à utiliser une violence débridée, mais aussi de celui de la magistrature. Qui a non seulement condamné à tour de bras, mais refusé méthodiquement de sanctionner les débordements et les violences policières, alors que c’est une de ses missions essentielles.

    Répression policière et judiciaire du mouvement social, deuxième saison.
    Le couple Darmanin/Dupond Moretti a donc remplacé celui qui avait officié pour les gilets jaunes à savoir Castaner/Belloubet. Auquel avait été adjoint le chevènementiste Didier Lallement de sinistre mémoire, officiant comme préfet de police de Paris. On a su très vite l’absence de scrupules de Darmanin pour conduire les répressions voulues par son patron, mais il est clair que la catastrophe du Stade de France nous a montré qu’un homme de main ne faisait difficilement un véritable Ministre de l’intérieur.

    Éric Dupond Moretti, ancien avocat médiatique batteur d’estrade, a été choisi par Emmanuel Macron pour occuper un des postes les plus importants de la République, celui de Garde des Sceaux. Ce représentant de la société du spectacle, et d’ailleurs probablement choisi sur ce critère, nous avait habitué entre deux grossièretés, à la plus grande docilité vis-à-vis du locataire de l’Élysée. Il vient de nous indiquer clairement l’idée qu’il se faisait de sa mission : celle d’un garde-chiourme. En adressant aux parquets de notre pays, une « dépêche » contenant les consignes les plus fermes pour une répression implacable à l’égard de ses couches populaires qui osent user de leur droit constitutionnel de manifestation contre la politique voulue par son patron. Dans cette « dépêche » adressée aux procureurs généraux et aux procureurs de la République, le garde des Sceaux a demandé « une réponse pénale systématique et rapide » à l’encontre des manifestants violents interpellés en marge des rassemblements contre la réforme des retraites pour « troubles graves à l’ordre public, atteintes aux personnes et aux biens et actes d’intimidation et menaces contre les élus » . Inspiré par le précédent de la crise des Gilets jaunes, qui avaient vu la mise en place d’une répression pénale de masse sans précédent depuis la guerre d’Algérie, accompagné de la protection offerte aux débordements de violence policière, Éric Dupond Moretti escompte probablement briser ainsi le mouvement social qui s’oppose à Emmanuel Macron et à ses projets impopulaires.

    Le problème est que la « gauche », qui était restée un bon moment à distance des Gilets jaunes, soutient cette fois-ci ce mouvement. Et grâce aux réseaux sociaux, où les vidéos de brutalités en tout genre font florès, la violente répression voulue par le couple Darmanin / Dupond Moretti se donne à voir. Cahin-caha, les médias nationaux sont obligés de suivre. La presse internationale, quant à elle, ne va pas par quatre chemins et dénonce la violence d’un État qualifié de brutal et sans complexe. https://frontpopulaire.fr/politique/contents/retraites-lautoritarisme-d-emmanuel-macron-vu-dailleurs_tco_20707919

    On parle de rafles illégales couvertes par les parquets, qui nassent les manifestants pour les mettre sans raison en garde à vue et les empêcher de manifester. Infractions commises par des agents publics qui sont autant de séquestrations arbitraires réprimées par le code pénal. On parle de groupes de policiers à la violence débridée, chargeant et gazant également à tort et à travers en se livrant sous l’œil des caméras à des brutalités sidérantes sur des manifestants pacifiques, quand il ne s’agit pas de simples passants. On parle de l’épisode effarant du groupe de policiers-nervis proférant à des personnes interpellées, des menaces de mort, comme le démontre l’enregistrement récupéré par le média Loopsider https://twitter.com/Mediavenir/status/1639308428853264384 . Les observateurs objectifs savent à quoi s’en tenir. Encouragée par le pouvoir à utiliser une violence débridée, protégée par une justice refusant de la contrôler et de la sanctionner, une partie de la police française s’est transformée en une milice qui par la violence et l’intimidation porte gravement atteinte à la liberté constitutionnelle de manifestation.

    La reconnaissance du bout des lèvres, à la fois par le pouvoir et les médias qui le servent, de l’existence de cette violence nous offre à nouveau le spectacle de la soumission de certains journalistes qui ne sont finalement que des militants du macronisme. Plusieurs sortes d’arguments ont été avancés. Tout d’abord que très « rares (!) » , ces violences policières n’étaient que la réponse aux « effroyables » violences des manifestants, et ensuite que la police n’utilisait à cette occasion que la « violence légitime » dont l’État est dépositaire. C’est tout simplement une manipulation : les  « violences des manifestants » abondamment et systématiquement filmées et photographiées par la presse du pouvoir ont été celles de groupuscules provocateurs parfaitement identifiés et utilisés pour justifier la « riposte » policière. Ensuite, on nous a servi la rengaine de la l_ égitimité juridique  de la violence policière, les forces de l’ordre usant d’un « droit républicain » _ de frapper, d’amputer, d’éborgner et de détenir. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un dévoiement complet du principe de légitimité dans toutes ses définitions.

    Le « monopole de la violence légitime », qu’est-ce que c’est ?
    Comment, dans ces conditions, comprendre l’utilisation par les amis du pouvoir du concept de « violence légitime » dont disposerait la police, pour répondre à l’émotion de l’opinion publique devant les exactions policières qui se déroulent et dont l’évidence a fini par s’imposer ? C’est tout simplement un abus de langage avançant l’idée d’une « autorisation juridique » donnée aux forces de l’ordre de violenter les corps dans l’intérêt de l’État. Il y a d’abord une impropriété des termes puisqu’il s’agit en fait de ce que Max Weber appelait « le monopole de la violence » que seul l’État sur un territoire donné est autorisé à utiliser. Cette violence qui se caractérise par le « pouvoir sur les corps » est déléguée à la police, à l’armée et à ce qui est essentiel, à la Justice. Pour deux raisons : d’abord, c’est celle-ci qui punit les délinquants et qui si nécessaire les prive de leur liberté et enferme leur corps entre quatre murs (et auparavant pouvait le couper en deux). Mais elle doit aussi, et c’est absolument essentiel, exercer son contrôle sur l’utilisation de la violence par les agents armés de l’État.

    Il est important de rappeler que pour que cette violence dont l’État a le monopole soit « légitime » deux conditions indispensables doivent être réunies : d’abord, que son usage en soit défini et réglementé par la Loi. En nature, en intensité, et en proportionnalité, pour que ceux qui vont en disposer sachent les limites de leurs pouvoirs et les risques de sanctions qu’ils encourent. Il faut qu’ensuite, le caractère légal et régulier de cet usage soit contrôlé par le juge. La première condition est réalisée : user de la violence physique dite « légitime » par les forces de l’ordre est strictement encadré et le Code pénal prévoit une répression spécifique pour les agents publics titulaires par délégation de l’État du pouvoir sur les corps. Si l’auteur d’une violence illégale (parce qu’excessive et non proportionnelle) commise à l’égard de ses concitoyens est un agent public, c’est une circonstance aggravante et elle devra être plus sévèrement punie que celle commise par un simple citoyen. Citons à ce titre l’exemple des violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique prévues et réprimées par les articles 222-7 et suivants du code pénal https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006181751 . Une lecture, même rapide, montre bien que les violences volontaires, comme le fait d’éborgner en visant la tête avec un LBD ou un lance-grenade, sont des crimes relevant de la cour d’assises !

    Cette situation juridique et institutionnelle est fondamentale dans la mesure où l’État doit pouvoir conserver la totale maîtrise de l’usage qui est fait de ses pouvoirs par son personnel armé.

    Sans le contrôle de la Justice, toute violence d’État est illégitime
    L’absence de la deuxième condition, celle du contrôle juridictionnel, prive le « monopole de la violence » dont dispose l’État de sa légitimité juridique et démocratique. Car force est de constater que si la loi a bien créé les outils légaux d’encadrement, la défaillance quasi totale de la justice française dans l’accomplissement de cette mission de contrôle a complètement déréglé le dispositif républicain et démocratique. Pour une raison très simple : ceux dont c’est la mission de contrôler l’utilisation par les forces de police de la violence légitime de l’État, ce sont les magistrats du service public de la justice. Ce sont eux qui sont chargés de notre protection face à ces débordements. Or, ils ne l’assurent pas.

    La responsabilité du pouvoir exécutif et surtout d’Emmanuel Macron est évidemment lourdement engagée, puisqu’il a laissé faire, quand il n’a pas directement organisé ce scandale, mais celle de la Justice est première.

    L’utilisation par Emmanuel Macron de l’expression de « forces de sécurité intérieure » pour désigner policiers et gendarmes caractérise un glissement sémantique à la fois troublant et inquiétant. Les « forces de sécurité extérieures et intérieures » , ce sont les forces armées. Gendarmes et policiers sont des forces de l’ordre. Doit malheureusement constater qu’aujourd’hui, les conditions institutionnelles et juridiques indispensables à l’usage du « monopole de l’État sur la violence » ne sont plus réunies. Ce qui veut dire que de ce point de vue,  notre pays a basculé dans une forme d’arbitraire , tout simplement. Un pouvoir minoritaire a décidé de ne plus respecter les libertés démocratiques fondamentales pour traiter un mouvement social profond. Il a pour cela donné carte blanche à une police dont une partie est dévoyée. Et demander à sa justice de la laisser opérer. (J’ai décrit tout ceci dans mon ouvrage « Une justice politique », j’y renvoie encore une fois).
    Lorsque le quotidien anglais  Financial Times  du 25 mars écrit : « la France a le régime qui, dans les pays développés, s’approche le plus d’une dictature autocratique » , il a raison.
    Et c’est grave.

    Régis de Castelnau
    Source ; https://www.vududroit.com/2023/03/repression-du-mouvement-social-entre-homme-de-main-et-garde-chiourme

    #bourgeoisie #émmanuel_macron #violences #démocratie #répression #police #magistrature #darmanin #dupond_moretti #didier_lallement #garde-chiourme #gj #gilets_jaunes #rafles #médias #mouvement_social #gendarmerie #police

  •  »Diesen Angriff lassen wir nicht unbeantwortet« 
    https://www.jungewelt.de/artikel/447577.linke-gegen%C3%B6ffentlichkeit-diesen-angriff-lassen-wir-nicht-unbe

    Les locaux de la radio régionale Dreyeckland et les appartements privés de ses collaborateurs ont été perquisitionnés à cause d’un lien vers les archives d’un site web qui n’existe plus. Cette mesure de la police ne s’explique qu"avec l’intention des agents de l’état allemand de compléter ses informations sur les contacts entre les différents groupes de gauche. L’’avocat de la radio qualifie l’action de la police d’exagérée et illégale.

    27.3.2023 von Henning von Stoltzenberg - Ihr Verein, die Gesellschaft für Freiheitsrechte e. V., hat gemeinsam mit dem unabhängigen Sender Radio Dreyeckland die Beschwerdebegründung beim Landgericht Karlsruhe gegen die im Januar erfolgten Durchsuchungen eingereicht. Was ist das damals geschehen?

    Die Polizisten standen am frühen Morgen bei den völlig überraschten Journalisten vor der Tür. Sie verschafften sich Zutritt zu ihren Privatwohnungen und beschlagnahmten Laptops und Handys. Auch die Redaktionsräume von Radio Dreyeckland sollten durchsucht und die dortigen Geräte beschlagnahmt werden. Dadurch wäre das Radio weitgehend arbeitsunfähig geworden. Um das zu verhindern, gab einer der Journalisten gegenüber der Staatsanwaltschaft eine Erklärung ab, dass er den ausschlaggebenden Artikel auf seinem Laptop geschrieben und veröffentlicht hatte. Die Staatsanwaltschaft verzichtete daraufhin auf eine Beschlagnahme von Geräten aus den Redaktionsräumen.

    Es ist doch zumindest nicht alltäglich hierzulande, dass die Räumlichkeiten einer Redaktion, in dem Fall eines Radiosenders, von einem Polizeiaufgebot aufgesucht und Journalisten derartig unter Druck gesetzt werden. Was war die Begründung für diese drastische Maßnahme? Der Staatsanwaltschaft muss doch klar sein, dass das für Protest sorgt.

    Den beiden Journalisten wird vorgeworfen, einen Artikel geschrieben beziehungsweise veröffentlicht zu haben, in dem auf die Archiv-Seite der 2017 verbotenen Plattform »linksunten.indymedia« verlinkt wird. Die Staatsanwaltschaft sieht darin eine »Unterstützung der weiteren Betätigung einer verbotenen Vereinigung«. Das ist schon deshalb abwegig, weil es die verbotene Vereinigung namens »linksunten.indymedia« gar nicht mehr gibt. Bei der verlinkten Seite handelt es sich um ein reines Archiv, also etwas völlig anderes als die ursprüngliche Plattform.

    Kann das Setzen eines Hyperlinks im Rahmen eines Presseberichts aus Ihrer Sicht überhaupt eine Razzia inklusive Beschlagnahmungen rechtfertigen? Wie geht das mit der Presse- und Rundfunkfreiheit zusammen? Es ist doch gang und gäbe, Verlinkungen zu setzen. Warum ist das hier angeblich anders?

    Verlinkungen gehören zum digitalen Journalismus dazu und ermöglichen, dass sich die Leserinnen und Leser ein eigenes Bild machen. Das ist von der Pressefreiheit geschützt. Die Strafgesetze müssen entsprechend eng ausgelegt werden. Wenn die Presse nicht auf relevante Seiten verlinken kann, ohne dass am nächsten Tag die Polizei vor der Tür steht, dann ist freier Onlinejournalismus nicht mehr möglich.

    Wie bewerten Sie die Durchsuchung insgesamt? Wurden denn nur Daten beschlagnahmt oder gespiegelt, welche die aktuellen Vorwürfe betreffen?

    Die Durchsuchungen waren völlig unverhältnismäßig. Auf den Rechnern befanden sich große Teile der Kommunikation des Radiosenders. Die Auswertung dieser Daten ist ein schwerer Eingriff in das Redaktionsgeheimnis und den Quellenschutz.

    Halten Sie es dennoch für möglich, dass das Gericht die Vorgehensweise der Staatsanwaltschaft für rechtens erklärt?

    Wir sind recht zuversichtlich, dass unsere Beschwerde Erfolg haben wird.

    Was passiert, wenn die Durchsuchungsbeschlüsse, so wie sie sind, bestätigt werden?

    Wenn das Landgericht sie in der Form bestätigen sollte, werden wir vor das Bundesverfassungsgericht nach Karlsruhe ziehen. Einen solchen Angriff auf die Presse- und Rundfunkfreiheit können wir als Bürgerrechtsorganisation nicht unbeantwortet lassen.

    Was ist Ihr Ziel über den konkreten Fall hinaus? Hätte ein Erfolg Ihrer Beschwerde Auswirkungen auf die Rechtspraxis?

    Wir wollen ein Präzedenzurteil erstreiten, in dem festgestellt wird, dass Journalistinnen und Journalisten sich nicht strafbar machen, wenn sie im Rahmen der Berichterstattung auf Seiten mit möglicherweise rechtswidrigen Inhalten verlinken.

    David Werdermann ist Rechtsanwalt und Verfahrenskoordinator bei der Gesellschaft für Freiheitsrechte

    #Allemagne #Bade-Wurtemberg #Fribourg #gauche #radio #perquisition #répression #police

  • Mardi 28, et après, on continue, aussi nombreux et déterminés !

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/mardi-28-et-apres-continue-aussi-nombreux-et-determines-573412.html

    Éditorial des bulletins d’entreprise LO

    En recourant au 49.3 et en étalant sa morgue, Macron a donné un second souffle à la mobilisation. Depuis dix jours, les #manifestations spontanées, les rassemblements de soutien aux grévistes des raffineries ou du nettoyage, les opérations de tractage et les #débrayages dans les entreprises se multiplient.

    La journée de jeudi 23 a confirmé ce regain de #colère. Après plus de deux mois de contestation et neuf journées de mobilisation, les cortèges ont partout été massifs et renforcés par la présence de la #jeunesse, atteignant parfois un record de participation. Tous ceux qui ont manifesté étaient fiers de répondre comme il le fallait au passage en force de #Macron.

    Le retour des #black_blocs a nourri les chaînes de télé, avides d’images spectaculaires. Pour ces chaînes, qui appartiennent pour la plupart à la #grande_bourgeoisie et servent ses intérêts, c’était l’occasion rêvée pour dénigrer la #mobilisation, assimiler les manifestants à des casseurs et surtout faire peur. Autrement dit, pour servir la soupe à Macron.

    Mais l’essentiel à retenir de cette journée, ce ne sont pas les poubelles en feu et les affrontements avec les forces de répression en marge des cortèges syndicaux. Le plus important est que le sentiment d’injustice et de colère grandit dans le monde du travail. C’est que de plus en plus de travailleuses et de travailleurs rejoignent la mobilisation et s’opposent à la politique férocement antiouvrière du gouvernement et du #grand_patronat.

    La #grève des #éboueurs en est le symbole. Bas salaires, absence de reconnaissance, mauvaises conditions de travail, faibles possibilités d’évolution… les éboueurs représentent une des catégories les plus exploitées du monde ouvrier. Eh bien, ils nous montrent comment relever la tête !

    Ils nous rappellent la force que représentent les travailleurs qui font tourner la société. Une minorité richissime peut trôner au sommet et acheter à peu près tout ce qu’elle veut grâce à ses milliards, mais s’il n’y a personne pour ramasser ses poubelles, son monde peut vite devenir un enfer.

    La radicalité n’est pas de mettre le feu aux poubelles, c’est de ne pas les ramasser tant que les travailleurs n’ont pas obtenu satisfaction. Pour se faire respecter, à la fois de Macron et du grand patronat, rien n’est plus radical et efficace que de se mettre en grève, d’arrêter la machine à profit des capitalistes et d’occuper les lieux de travail.

    Aujourd’hui, le pouvoir mise sur la #répression, les coups de matraques, les #violences_policières et les réquisitions de grévistes pour mettre un terme à ce mouvement. Cela lui serait impossible avec une grève qui se propage à toutes les entreprises. Aucune compagnie de #CRS ne serait en mesure de déloger les millions de grévistes et encore moins de les remplacer à leurs postes de travail.

    C’est la grève qui peut nous donner la force de faire plier Macron. Pour l’instant, il joue les inflexibles. Il a néanmoins dû renoncer aux fastes de Versailles et au dîner royal prévu avec Charles III. Pour le reste, il n’a pas bougé d’un centimètre. Il s’est même moqué des chefs syndicaux en se disant à leur disposition pour discuter de tout, sauf de la retraite à 64 ans !

    Son attitude ne s’explique pas seulement par une mégalomanie aiguë. Macron est dans son rôle. Il gouverne pour la bourgeoisie, c’est-à-dire contre les travailleurs.

    Macron l’a expliqué dans son interview au JT de 13h : « Il n’y a pas 36 solutions pour équilibrer le régime des retraites ». C’est vrai, il y en a deux : faire payer la grande bourgeoisie dont les coffres forts débordent ou prendre sur la retraite des travailleurs.

    Alors, le bras de fer est là, il faut le mener jusqu’au bout. Le combat n’est pas facile car la bourgeoisie, même richissime, est déterminée à ne rien céder. Malgré des profits et des dividendes record, elle est toujours sur le pied de guerre pour aggraver l’exploitation, baisser les salaires et écraser les droits des travailleurs. Car il lui faut conserver son rang et, donc, accumuler toujours plus et plus vite que ses concurrents, cela dans une situation économique qui se tend avec la crise, les faillites bancaires et les menaces de guerre.

    Alors, oui, la bourgeoisie et Macron ne veulent pas céder. Eh bien, à nous de faire preuve d’autant de détermination dans le combat !

    Avec cette contestation, une brèche a été ouverte. Profitons-en pour nous regrouper et exprimer nos revendications dans chaque entreprise. Partout, discutons et organisons-nous. Et mardi, retrouvons-nous à plusieurs millions dans la rue.

    Ce que le gouvernement fait, les travailleurs en grève peuvent le défaire !

  • L’inflation provoque une flambée des vols de nourriture dans les magasins partout en Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/03/26/l-inflation-provoque-une-flambee-des-vols-de-nourriture-dans-les-magasins-pa

    De la Grèce au Royaume-Uni, en passant par la France, ces vols ont fait un bond, conséquence de la hausse des prix, mais aussi du développement des caisses automatiques. Face au phénomène, les supermarchés s’équipent.

    L’article couvre pas mal de dimensions de la question. Si seulement quelqu’un l’avait volé je pourrais faire du recel…

    EDIT : ah je l’ai trouvé ici https://justpaste.it/a0wxo

  • 🛑 Face à la grève, la répression sévit dans les entreprises - Rapports de Force

    Non content de réprimer les manifestants dans la rue, le gouvernement réprime aussi les grévistes dans leurs entreprises. Répression des syndicalistes, réquisition des grévistes… une chose est sûre : si le gouvernement réprime autant, c’est parce que la grève lui fait peur (...)

    🛑 #grèves #répression #entreprises...

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/face-a-la-greve-la-repression-sevit-dans-les-entreprises-032517442

  • La police, une arme de classe contre les travailleurs
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/05/15/la-police-une-arme-de-classe-contre-les-travailleurs_91492.h

    #archiveLO (5 mai 2017)

    Dans cette société, les policiers sont peut-être des «  gardiens de la paix  » et des «  forces de l’ordre  » mais de la paix sociale et de l’ordre bourgeois.

    [...] Vu sous cet angle, faire mine de s’étonner de ce que la #police réprime et agresse est, là encore, au moins naïf, et en réalité mensonger dans la bouche de politiciens de gauche. Et accuser la police de ne pas être républicaine n’a aucun sens. On pourrait accuser la police de n’être pas républicaine si elle participait à un coup d’État pour mettre en place une dictature militaire, par exemple, et c’est arrivé bien souvent dans l’histoire. Mais en dehors de ce cas, la police se comporte conformément aux règles de la république bourgeoise. Et au-delà, elle ne se préoccupe pas du régime sous lequel elle officie ni de la couleur politique du gouvernement.

    Il suffit d’imaginer – et le cas a peut-être existé – un policier français qui aurait eu une carrière de trente années, commencée en 1934. Sa première mission aurait été, le 6 février 1934, sous un gouvernement de droite, de combattre dans la rue contre les milices fascistes qui marchèrent ce jour-là sur l’Assemblée nationale. Quatre ans après, il aurait réprimé tout aussi brutalement la grève générale du 30 novembre 1938, qui se solda par la condamnation à la prison de plus de 500 grévistes. Moins d’un an plus tard, il aurait appliqué les décrets de dissolution et d’interdiction des organisations ouvrières avant de jouer, pendant le régime de Pétain, le rôle particulièrement ignominieux que l’on sait dans la chasse zélée aux Juifs. Le même policier, après avoir participé à la rafle du Vél’d’Hiv et à l’arrestation quotidienne de Juifs et de communistes pour les envoyer vers les camps d’extermination, se serait ensuite vu amnistier de tout crime à partir de la fin de la guerre, passer tranquillement de policier vichyste à policier de la IVe République, et se retrouver à réprimer avec une extrême #violence les grèves de mineurs du Nord, en 1948. Et il aurait pu finir sa carrière à Charonne, le 8 février 1962, où la police tua huit manifestants contre la guerre d’Algérie, ou le 17 octobre 1961, où plusieurs centaines d’Algériens furent abattus par la police et jetés à la Seine.

    Bien sûr, il est peu probable qu’un seul policier ait connu tous ces événements, mais l’institution qu’est la police, elle, a connu tous ces événements et bien d’autres encore. Sous le Front populaire, sous Vichy, sous de Gaulle, sous la gauche comme sous la droite, la police a toujours réprimé et même assassiné sur ordre, quand cela était jugé nécessaire par les tenants de l’ordre capitaliste.

    Cela fait plus d’un siècle qu’Engels d’abord, puis Lénine, ont défini l’État comme étant avant tout composé de «  détachements spéciaux d’hommes armés  » protégeant les intérêts de la classe dominante.

    Parce qu’elle est profondément injuste et inégalitaire, parce qu’elle est fondée sur l’exploitation, parce qu’elle fait cohabiter une minorité de riches avec un océan de pauvres, la société capitaliste ne pourrait exister sans ces détachements spéciaux d’hommes armés qui imposent par la force le respect de l’ordre social. À commencer par le respect de la propriété, puisque l’une des principales tâches de la police est d’empêcher le vol. Et à plus grande échelle, la tâche de la police – et de la gendarmerie – consiste à encadrer les manifestations et à mater les #révoltes lorsqu’elles dépassent un cadre admissible à un moment donné, pour un gouvernement donné. [...]

    Mais ici comme ailleurs, le comportement de la police changera lorsque changeront les rapports sociaux.

    C’est la raison pour laquelle parler, comme cela a souvent été entendu pendant les #manifestations contre la loi travail dans la bouche de militants du mouvement, d’une «  répression inouïe  » et d’une violence «  jamais vue  », est une erreur. Une erreur historique, d’abord, parce que le #mouvement_ouvrier a connu des #répressions infiniment plus brutales et plus meurtrières. Et une erreur politique, parce que croire que des coups de matraque et des gaz lacrymogènes, c’est cela la répression policière, c’est risquer d’être bien démuni lorsque la police traitera à nouveau les manifestants à la mitrailleuse.

    Il ne fait pourtant pas de doute que cela arrivera de nouveau, y compris en France, le jour où les travailleurs relèveront la tête et contesteront les fondements de l’#ordre_social.

    #capitalisme #répression #lutte_de_classe #violences_policières

    • La police fait œuvre utile quand elle se porte au secours de la veuve et de l’orphelin, mais son rôle fondamental est répressif. Il est d’imposer une légalité où la prospérité d’une minorité capitaliste est fondée sur l’injustice, les sacrifices et les souffrances de l’écrasante majorité. Sans ce pilier autoritaire et répressif, l’ordre capitaliste ne tiendrait pas debout. Et c’est encore plus vrai avec la crise économique qui fait exploser le chômage et la pauvreté et aggrave le pourrissement de la société.

      Depuis déjà plusieurs années, le pouvoir entasse les lois sécuritaires au prétexte de lutter contre la délinquance, les trafics et le terrorisme, mais aussi pour réprimer les contestations sociales comme celle des Gilets jaunes.

      Dans cette période de crise où le gouvernement et les capitalistes imposent de nouveaux sacrifices aux travailleurs et préparent le recul inédit de nos droits, ils s’attendent aussi à des réactions sociales. Et ils se préparent à les museler et les mater, y compris de façon violente. Alors oui, le cours réactionnaire et autoritaire va s’accélérer et, avec lui, le sentiment de toute-puissance des policiers. Ceux qui se mobilisent et ne veulent pas de cette évolution doivent comprendre le lien qu’il y a entre ces violences et la société d’exploitation. On ne se débarrassera pas du racisme et des violences policières sans remettre en cause le fondement capitaliste de l’ordre social.

      Police, une violence à l’image de la société d’exploitation !
      https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/police-une-violence-limage-de-la-societe-dexploitation-153166.html

  • #ViolencesPolicières #répression #manifestation #grèves...

    🛑 Coups de poing et matraques : une compagnie parisienne en roue libre - POLITIS

    Lundi 20 mars, lors des manifestations spontanées dans tout Paris, un policier a frappé violemment un homme, qui a fini inconscient au sol. La compagnie dont fait partie cet agent, la 12CI, est à l’origine de nombreuses violences depuis plusieurs mois.

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.politis.fr/articles/2023/03/coups-de-poing-et-matraques-une-compagnie-parisienne-en-roue-libre

  • 🛑 #violence #étatisme #capitalisme #politiciens #domination #répression #violencespolicères > #anticapitalisme #antiétatisme #Anarchisme

    ★ L’acteur institutionnel le plus violent est l’État...

    " L’acteur institutionnel le plus violent est l’État, fondé par la violence et maintenant son autorité sur une violence qui s’exprime lors de grèves et manifestations ou qui demeure toujours sous-jacente. Si l’État prétend au monopole de la violence, celle-ci a comme particularité d’être reconnue comme « légitime » et de demeurer soumise à un ensemble de contraintes juridiques et pratiques qui en limitent l’expression désordonnée… disent les politiciens.

    En réalité, nous constatons que la violence de la police est souvent gratuite. Lors de la manifestation aux environs de la place d’Italie, à Paris, samedi soir dernier, où 4 à 5000 personnes ont défilé de façon improvisée, une centaine de personnes ont été interpelés et brutalement. La rue s’électrise, la police réprime et brime.

    Des jeunes, assis dos au mur, près de cette place d’Italie, nous rappellent les interventions honteuses de la police à Mantes-la-Jolie avec ces policiers qui voulaient des « classes sages ». Samedi soir, les coups de matraque ont plu. Les interpellations aussi : 260 jeudi dernier à Paris. Depuis des dizaines d’interpellations se déroulent sous l’œil des caméras ou pas, les jours suivants. A Lille, ce sont des jeunes qui ont été chargés et blessés. La brutalité policière monte d’un cran comme la colère des travailleurs et des étudiants.... ... "

    ★ via le Groupe Libertaire Jules-Durand

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ http://le-libertaire.net/lacteur-institutionnel-violent-letat

    337527026_760119708776721_132604963656845380_n.jpg (768×579)

  • #ViolencesPolicières #répression #manifestation #grèves...

    🛑 Retraites : le gouvernement ressort la matraque

    Les manifestations qui ont suivi le 49.3 et le passage en force de la réforme des retraites sont fortement réprimées. Une situation « extrêmement inquiétante » pour La Ligue des droits de l’Homme et les syndicats (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://reporterre.net/Retraites-le-gouvernement-ressort-la-matraque

    • « Ils nous traitent comme des chiens Il est temps de mordre »


      https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/03/23/black-bloc-dans-le-monde-anatomie-d-un-activisme-radical_6166676_4500055.htm

      Dans l’importante mobilisation contre la réforme des retraites en France, imposée par le gouvernement d’Elisabeth Borne par l’utilisation de l’article 49.3, les débordements du mouvement sont attribués à un certain « black bloc ». Soit un terme générique, souvent mal défini mais utilisé quasiment systématiquement lors des manifestations. Il désigne les méthodes de militants d’ultragauche situés en tête de cortège, vêtus de noir et équipés pour affronter les forces de l’ordre. Dans de rares articles, il sert de raccourci pour évoquer les manifestants eux-mêmes, entretenant le flou sur sa définition exacte.

      La première fois que Le Monde utilise le concept, le 23 avril 2001, à l’occasion de manifestations antimondialisation à Québec, au Canada, pendant le Sommet des Amériques, le journaliste Patrice de Beer l’écrit avec des majuscules. L’envoyé spécial cite la police montée canadienne qui affirme que ces « “provocateurs” » font partie d’un groupe « d’anarchistes américains ». Réaction du président américain de l’époque, George W. Bush : « “D’après ce que je comprends, il y a des gens qui n’aiment pas le commerce. Je suis complètement en désaccord avec eux.” »

      En juillet 2001, le black bloc passe à la postérité à Gênes, en Italie, lors du G8, à la suite des violences policières qui ont fait des centaines de blessés et un mort, Carlo Giuliani, membre de ces « groupes autonomes » et « violents » qui secouent et perturbent le mouvement antimondialisation, rapporte le quotidien le 27 juillet 2001.

      Pour analyser cette façon de protester dans l’espace public, Le Monde regarde du côté de San Francisco, « la désobéissante », où le mouvement antiguerre, organisé contre l’invasion de l’Irak, ouvre de nouvelles réflexions sur la désobéissance civile. « Le visage masqué par un foulard, ­souvent casqués, parfois armés de barres de fer et de frondes, les militants du Black Bloc, qui se définissent les uns comme anarchistes, les autres comme communistes, voient dans la “destruction de biens privés” un mode d’­expression légitime », résume Patrick Jarreau dans les pages « Horizons » du ­journal daté du 9 avril 2003.

  • #Violences, #interpellations_abusives... : le retour d’un #maintien_de_l’ordre qui sème le chaos

    Alors que le recours au 49-3 a entraîné une multiplication des rassemblements et actions spontanés partout en France, le #dispositif_policier a renoué avec ses travers : #interpellations_massives et mal fondées, violences gratuites, #mépris des libertés fondamentales.

    Les #manifestations unitaires, intersyndicales et globalement pacifiques qui ont rythmé les deux derniers mois ont fait long feu. Elles n’ont ni fait capoter la réforme des retraites, ni infléchi ses modalités. Les responsables syndicaux comme les simples manifestants ont eu beau mettre en garde l’exécutif contre les conséquences de sa sourde oreille – un risque d’exaspération populaire, de « radicalisation » du mouvement et de violences –, il n’a rien fait de cet avertissement.

    Le 49-3 dont personne ne voulait a bien eu lieu, jeudi 16 mars. Depuis, les #rassemblements_spontanés, #blocages, actions coup de poing et #cortèges_sauvages fleurissent partout en France. Comme toujours en pareil cas, des #forces_de_l’ordre sûres de leur légitimité et sujettes à une légère panique mettent un point d’honneur à endiguer tout ce qui déborde du cadre. Lundi 20 mars, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a dénoncé « une augmentation de la #répression des manifestants qui n’est pas justifiée ».

    Depuis jeudi, la majorité des 61 compagnies de #CRS sont missionnées sur le maintien de l’ordre, en particulier à #Paris, #Nantes, #Rennes, #Bordeaux, #Marseille, #Lyon et #Dijon. « Les missions qui relevaient du plan national de sécurité renforcée notamment à Calais ou à Marseille, pour lutter contre la drogue ou l’insécurité, sont passées aux oubliettes, explique un responsable syndical chargé des CRS au niveau national. La priorité pour Darmanin, c’est de sécuriser Paris et les sites institutionnels sensibles comme l’Élysée, et le mot d’ordre est de “disperser tout mouvement non déclaré”, donc illégal. »

    Ce policier n’a pas souhaité témoigner sous son identité. « La situation est difficile. Le jeudi, je manifeste contre cette réforme que je trouve violente, confie-t-il, et je vais continuer », dit-il avant d’ajouter au sujet du 49-3 : « Était-ce vraiment utile vu le déferlement de #colère que cela a provoqué ? »

    « On est à la veille d’une insurrection. J’ai peur qu’un de mes gars tue un manifestant », confie un commandant de compagnie de CRS à Mediapart. « J’espère que la motion passera et que la dissolution de l’Assemblée sera prononcée. On reviendrait ainsi à une gestion plus démocratique du pays. » Ce haut gradé qui dirige près de 70 hommes précise que ce sont les préfets qui transmettent les ordres du ministre.

    « Pour le moment, ceux que j’ai reçus en participant au maintien de l’ordre, dans deux villes importantes, restent relativement “républicains”. Mais il n’y a aucune garantie qu’un drame ne se produise pas », rappelant qu’un CRS a sorti un fusil HK G36 à Nantes, lors de la manifestation du 18 mars.

    « C’est évidemment dangereux et inquiétant que cela ne questionne pas davantage dans nos rangs. Cela montre que des policiers ne sont absolument pas résilients. C’est pour cela que le président s’amuse à un jeu très dangereux qui peut se terminer par un drame, que je redoute : le décès d’un manifestant. »

    « On a été entraînés pour la “percussion” »

    La semaine du 49-3, Mathieu* était, avec sa compagnie de CRS, à Châteaudun, près d’Orléans, pour un « #recyclage », c’est-à-dire une remise à niveau organisée chaque semestre. Le vendredi soir, ces CRS ont été « appelés en renfort pour intervenir dès lundi à Paris ». Pour la seule journée de lundi, plus de trente unités mobiles, CRS et escadrons de #gendarmerie, sont déployées à Paris, soit près de 2 000 fonctionnaires.

    « Depuis le 49-3, le maintien de l’ordre se durcit nettement face aux rassemblements spontanés. Nous avons d’ailleurs été formés durant notre semaine de recyclage à aller davantage au contact des “#nébuleuses”, des #black_blocs », explique-t-il. « On a été entraînés pour la “#percussion”, une technique plus offensive. Dès qu’on les repère, on n’attend pas, on intervient sur eux. »

    Mathieu ne cache pas son embarras sur le contexte actuel et la difficulté de « charger de simples manifestants, dont la cause est juste ». Après les sommations, « si les manifestants restent sur notre passage, il n’y a plus de distinction. Il peut y avoir des dommages collatéraux ».

    Malgré plus de vingt ans d’expérience dans le maintien de l’ordre, Mathieu appréhende cette semaine. « Ce n’est pas tant pour moi, qui suis formé et protégé, mais pour ceux qui manifestent. Sur les rassemblements sauvages à Paris, ça arrange la préfecture de faire appel aux #Brav-M [#Brigades_de_répression_de_l’action_violente_motorisée – ndlr]. Non seulement ils sont utilisés pour intervenir très vite en moto, ce qui peut être terrorisant, mais le préfet a une mainmise directe sur eux contrairement à nous CRS, où on a un commandant ou un capitaine qui relaie les ordres du commissaire sur le terrain et qui peut les adapter. »

    Les Brigades de répression des actions violentes motorisées, Mathieu les a vues à l’œuvre pendant les manifestations des « gilets jaunes ». « Ils mettent le bordel plus qu’autre chose. Ils matraquent dans tous les sens. Après ce sont des collègues parfois mais on n’a pas le même état d’esprit. Il y a pas mal de policiers passés par la BAC dans leur rang et formés à aller au contact, peu importe qui ils ont en face. C’est cela le danger. »

    À Paris, le retour de la BRAV-M

    Les dernières semaines ont marqué un glissement progressif dans l’attitude des forces de l’ordre à Paris. Le 20 janvier dernier, le préfet de police #Laurent_Nuñez revendiquait de tenir ses troupes à distance des cortèges : « Je ne veux pas qu’on nous accuse de faire dégénérer les manifestations. De la sorte, on ne nous voit pas. Ça évite que les militants ultras qui cherchent à en découdre avec les forces de l’ordre ne viennent au contact. En contrepartie, je demande à nos effectifs d’être extrêmement réactifs. Dès la moindre dégradation, ils doivent intervenir. À chaque fois, nous intervenons puis nous nous retirons. »

    À la préfecture de police, certains contestaient ce choix. Les BRAV-M se seraient notamment plaintes de ne plus aller au contact, regrettant l’époque de Didier Lallement. Certaines manifestations ont toutefois été marquées par de violentes charges. Dès le 19 janvier, un jeune photographe grièvement blessé lors d’une charge policière a dû être amputé d’un testicule.

    Depuis deux semaines, les témoignages et vidéos de violences policières se multiplient, de Paris à Rennes en passant par Nantes (où quatre étudiantes accusent des policiers de violences sexuelles lors d’une fouille), tandis que des centaines d’interpellations ont eu lieu. Des journalistes dénoncent aussi diverses atteintes à la liberté de la presse (entrave à leur travail, coups, bris de matériel).

    Selon une source interne à la préfecture de police de Paris, le « #durcissement » du maintien de l’ordre serait lié à « la montée en gamme des violences » de certains manifestants jusqu’ici « inconnus », qui « se radicalisent depuis le début du mouvement » et surtout « depuis le #49-3 ». Le fait que ces manifestants deviennent plus mobiles justifierait un recours accru aux compagnies d’intervention et aux policiers motorisés de la BRAV-M. 

    Mises en place au début des gilets jaunes, fin 2018, et relativement discrète depuis le début du mouvement contre les retraites, la BRAV-M a réinvesti les rues de Paris. Depuis vendredi soir, les images de ces binômes de policiers à moto – souvent comparés aux « #voltigeurs » dissous après la mort de Malik Oussekine en 1986 – matraquant à tout-va, sans raison apparente et sans distinction les manifestants, circulent sur les réseaux sociaux.

    De son côté, la source préfectorale précédemment citée met en avant les six policiers blessés samedi, « dont deux ont reçu un pavé sur la tête », sans s’exprimer sur les violences imputées aux policiers.

    Des #gardes_à_vue sans suites

    À Paris, dès l’annonce du 49-3, la place de la Concorde s’est remplie de manifestants. Le préfet de police de Paris a bien tenté d’interdire ce rassemblement, déposé à l’avance par Solidaires, mais le tribunal administratif lui a donné tort.

    À l’issue de ces quelques heures sur la place, 292 personnes ont été arrêtées à Paris (sur 310 en France). Ces interpellations, mal motivées, ont cependant débouché sur un résultat judiciaire ridicule : seules neuf personnes ont été déférées devant la justice, et encore, pour « des avertissements probatoires solennels, des classements sous condition ou encore une contribution citoyenne », écrit BFMTV. Soit les sanctions les plus basses possibles.

    64 personnes ont encore été interpellées vendredi soir à Paris, dont 58 libérées sans aucune charge au bout de quelques heures. Dans certains cas, cela a duré un peu plus longtemps. Dans une séquence filmée par le correspondant de l’agence de presse turc Anadolu, une jeune femme se débat et essaie d’expliquer qu’elle « n’a rien fait ». La scène a lieu aux environs de 21 h 45, place de la Concorde.

    « Je respire pas, s’époumone une jeune femme au visage cramoisi.

    -- Laisse-toi faire, tu respires ! », lui rétorque le policier qui l’étrangle.

    Celle qui est aussi violemment interpellée, Chloé Gence, est développeuse web du Média. Mais comme le précisera dans un communiqué son employeur, elle a l’habitude de couvrir certaines manifestations et mouvements sociaux. Selon Le Média, Chloé était en train de « capter des images » avec d’autres journalistes, vendredi soir, quand elle a été « arrêtée de manière très brutale par les forces de l’ordre ».

    Chloé Gence est ensuite conduite en garde à vue. Malgré l’assistance d’un avocat et « les preuves qu’elle couvrait bien la manifestation pour Le Média », sa garde à vue est prolongée. Dimanche, #Chloé_Gence finit par sortir du commissariat, libre, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle. Au bout de 40 heures…

    Un autre journaliste, #Paul_Ricaud, a subi le même sort que Chloé. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a dénoncé samedi, dans un communiqué, ces nouvelles atteintes à la liberté de la presse. Le syndicat regrette qu’après une période durant laquelle « les relations entre forces de l’ordre et journalistes paraissaient s’être apaisées », cela ne soit plus le cas depuis le 7 mars. « Nous voyons, à nouveau, des tensions comme sous l’ère Lallement, déplore le SNJ. Les forces de l’ordre semblent désormais vouloir réprimer durement le mouvement d’opposition à la réforme. »

    Depuis samedi, il est de nouveau interdit de manifester place de la Concorde. Ce nouvel arrêté préfectoral (qui n’a toutefois pas été publié) a entraîné une dissémination des rassemblements parisiens vers d’autres lieux. Samedi soir, 169 interpellations ont eu lieu en France, dont 122 à Paris (principalement dans le XIIIe arrondissement et place de la Concorde), donnant lieu à 118 gardes à vue (dont douze mineurs). Sollicité pour connaître les suites judiciaires détaillées des interpellations du weekend, le parquet de Paris n’a pas donné suite. Depuis, la préfecture a pris un nouvel arrêté que nous publions ici.

    Ces arrestations massives, donnant lieu à un maigre résultat judiciaire, rappellent les interpellations « préventives » assumées par le parquet de Paris lors du mouvement des gilets jaunes, en 2018-2019. À l’époque, le procureur Rémy Heitz (désormais procureur général) assumait ses objectifs dans une note interne : empêcher les gardés à vue de « retourner grossir les rangs des fauteurs de troubles », quitte à les priver illégalement de liberté plus longtemps que nécessaire.

    Dans un communiqué diffusé lundi 20 mars, le Syndicat de la magistrature (classé à gauche) rappelle que « l’autorité judiciaire n’est pas au service de la répression du mouvement social », condamne « toutes les violences policières illégales » et déplore une « utilisation dévoyée de la garde à vue qui illustre les dérives du maintien de l’ordre, qui détourne l’appareil judiciaire pour le mettre entièrement à son service ».

    « #Nasses », #charges et « #intimidation »

    De son côté, le Syndicat des avocats de France dénonce une « réaction une fois de plus démesurée et particulièrement violente » face aux mouvements spontanés, citant notamment l’utilisation de la technique de la « nasse », « jugée illégale par le Conseil d’État ».

    Cette #technique_policière, consistant à encercler et retenir un groupe de manifestants sans leur laisser d’issue, avait été largement utilisée pendant les mouvements contre la loi « travail » (2016), des gilets jaunes (2018-2019), contre la loi « sécurité globale » et la précédente réforme des retraites (2019-2020). En juin 2021, le Conseil d’État avait annulé les dispositions sur la « nasse » dans le Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) mis au point par Gérald Darmanin un an plus tôt. Il considérait que cette technique était « susceptible d’affecter significativement la liberté de manifester et de porter atteinte à la liberté d’aller et venir » lorsqu’elle ne laisse pas d’échappatoire.

    Le Syndicat des avocats de France s’inquiète également de #charges_sans_sommation, de #coups_de_matraques aléatoires et d’une « intimidation des manifestant·es ». Il appelle le ministère de l’intérieur à « mettre un terme immédiatement à cette escalade de la violence » et les magistrats à « faire preuve d’indépendance et de responsabilité » devant les affaires qui leur sont confiées par la police.

    De nombreuses vidéos montrent aussi des membres des forces de l’ordre sans #numéro_d’identification sur leur uniforme (numéro #RIO), malgré son caractère obligatoire régulièrement rappelé par la hiérarchie.

    À Lille, le soir du 16 mars, la police a violemment chargé le cortège des Jeunes communistes faisant deux blessés graves parmi leur service d’ordre. L’un a eu des points de suture sur le crâne, le second, l’épaule fracturée. « On s’est retrouvés complètement séparés du cortège syndical, gazés devant et derrière, et finalement seuls dans les petites rues de Lille, explique Pierre Verquin, coordinateur départemental des Jeunes communistes, à Mediapart. On avait deux cents jeunes avec nous, on s’est fait charger à ce moment-là, alors que le cortège ne présentait aucun danger. Tout le monde s’est pris des coups. Les gens à l’arrière se sont pris d’énormes coups de matraque aussi. » La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a demandé au préfet du Nord « des explications sur les dérives brutales qui ont émaillé le maintien de l’ordre à Lille en cette soirée du 16 mars ».

    Le même jour, 14 personnes sont interpellées à Rennes pour des violences, des dégradations et des pillages dans le centre-ville. À la différence de Paris, la quasi-totalité fait l’objet de poursuites. Le lendemain, le ministre de l’intérieur annonce l’envoi à Rennes de la #CRS_8, une « #supercompagnie » créée en 2021 pour répondre en urgence à des « #violences_urbaines » sur n’importe quel point du territoire.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/200323/violences-interpellations-abusives-le-retour-d-un-maintien-de-l-ordre-qui-

    –---

    Les déclarations de deux policiers ont été ajoutées à cette métaliste de #témoignages de #forces_de_l'ordre, #CRS, #gardes-frontière, qui témoignent de leur métier :
    https://seenthis.net/messages/723573