#Productivisme et destruction de l’#environnement : #FNSEA et #gouvernement marchent sur la tête
Répondre à la #détresse des #agriculteurs et agricultrices est compatible avec le respect de l’environnement et de la #santé_publique, expliquent, dans cette tribune à « l’Obs », les Scientifiques en rébellion, à condition de rejeter les mesures productivistes et rétrogrades du duo FNSEA-gouvernement.
La #crise de l’agriculture brasse croyances, savoirs, opinions, émotions. Elle ne peut laisser quiconque insensible tant elle renvoie à l’un de nos #besoins_fondamentaux – se nourrir – et témoigne du #désarroi profond d’une partie de nos concitoyen·nes qui travaillent pour satisfaire ce besoin. Reconnaître la #souffrance et le désarroi du #monde_agricole n’empêche pas d’examiner les faits et de tenter de démêler les #responsabilités dans la situation actuelle. Une partie de son #traitement_médiatique tend à faire croire que les agriculteurs et agricultrices parleraient d’une seule voix, celle du président agro-businessman de la FNSEA #Arnaud_Rousseau. Ce directeur de multinationale, administrateur de holding, partage-t-il vraiment la vie de celles et ceux qui ne parviennent plus à gagner la leur par le travail de la terre ? Est-ce que les agriculteur·ices formeraient un corps uniforme, qui valoriserait le productivisme au mépris des #enjeux_environnementaux qu’ils et elles ne comprendraient soi-disant pas ? Tout cela est difficile à croire.
Ce que la science documente et analyse invariablement, en complément des savoirs et des observations de nombre d’agriculteur·ices, c’est que le #modèle_agricole industriel et productiviste conduit à une #catastrophe sociale et environnementale. Que ce modèle concurrence dangereusement les #alternatives écologiquement et socialement viables. Que cette agriculture ne s’adaptera pas indéfiniment à un environnement profondément dégradé. Qu’elle ne s’adaptera pas à un #réchauffement_climatique de +4 °C pour la France et une ressource en #eau fortement diminuée, pas plus qu’à une disparition des #insectes_pollinisateurs.
Actuellement, comme le rappelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’agriculture représente le deuxième secteur d’émissions de #gaz_à_effet_de_serre, avec 18 % du total français, derrière les transports. La moitié de ces émissions agricoles (en équivalent CO2) provient de l’#élevage_bovin à cause du #méthane produit par leur digestion, 14 % des #engrais_minéraux qui libèrent du #protoxyde_d’azote et 13 % de l’ensemble des #moteurs, #engins et #chaudières_agricoles. Le HCC rappelle aussi que la France s’est engagée lors de la COP26 à baisser de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique. L’agriculture, bien que répondant à un besoin fondamental, doit aussi revoir son modèle dominant pour répondre aux enjeux climatiques. De ce point de vue, ce qu’indique la science, c’est que, si l’on souhaite faire notre part dans le respect de l’accord de Paris, la consommation de #viande et de #produits_laitiers doit diminuer en France. Mais la solidarité avec nos agriculteur.ices ainsi que l’objectif légitime de souveraineté et #résilience_alimentaire nous indiquent que ce sont les importations et les élevages intensifs de ruminants qui devraient diminuer en premier.
Côté #biodiversité, la littérature scientifique montre que l’usage des #pesticides est la deuxième cause de l’effondrement des populations d’#insectes, qui atteint 80 % dans certaines régions françaises. Les #oiseaux sont en déclin global de 25 % en quarante ans, mais ce chiffre bondit à 60 % en milieux agricoles intensifs : le printemps est devenu particulièrement silencieux dans certains champs…
D’autres voies sont possibles
Le paradoxe est que ces bouleversements environnementaux menacent particulièrement les agriculteur·ices, pour au moins trois raisons bien identifiées. Tout d’abord environnementale, à cause du manque d’eau, de la dégradation des sols, des événements météorologiques extrêmes (incendies ou grêles), ou du déclin des insectes pollinisateurs, qui se traduisent par une baisse de production. Sanitaires, ensuite : par leur exposition aux #produits_phytosanitaires, ils et elles ont plus de risque de développer des #cancers (myélome multiple, lymphome) et des #maladies_dégénératives. Financière enfin, avec l’interminable fuite en avant du #surendettement, provoqué par la nécessité d’actualiser un équipement toujours plus performant et d’acheter des #intrants pour pallier les baisses de production engendrées par la dégradation environnementale.
Depuis des décennies, les #traités_de_libre-échange et la compétition intra-européenne ont privé la grande majorité des agriculteur·ices de leur #autonomie, dans un cercle vicieux aux répercussions sociales tragiques pouvant mener au #suicide. Si la FNSEA, les #JA, ou la #Coordination_rurale réclament une forme de #protectionnisme_agricole, d’autres de leurs revendications portent en revanche sur une baisse des #contraintes_environnementales et sanitaires qui font porter le risque de la poursuite d’un modèle délétère sur le long terme. Ce sont justement ces revendications que le gouvernement a satisfaites avec, en particulier, la « suspension » du #plan_Ecophyto, accueilli par un satisfecit de ces trois organisations syndicales rappelant immédiatement « leurs » agriculteurs à la ferme. Seule la #Confédération_paysanne refuse ce compromis construit au détriment de l’#écologie.
Pourtant, des pratiques et des modèles alternatifs existent, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et préservant la biodiversité ; ils sont déjà mis en œuvre par des agriculteur·ices qui prouvent chaque jour que d’autres voies sont possibles. Mais ces alternatives ont besoin d’une réorientation des #politiques_publiques (qui contribuent aujourd’hui pour 80 % au #revenu_agricole). Des propositions cohérentes de politiques publiques répondant à des enjeux clés (#rémunération digne des agriculteur·ices non soumis aux trusts’de la grande distribution, souveraineté alimentaire, considérations climatiques et protection de la biodiversité) existent, comme les propositions relevant de l’#agroécologie, qu’elles émanent du Haut Conseil pour le Climat, de la fédération associative Pour une autre PAC, de l’IDDRI, ou encore de la prospective INRAE de 2023 : baisse de l’#élevage_industriel et du cheptel notamment bovin avec soutien à l’#élevage_extensif à l’herbe, généralisation des pratiques agro-écologiques et biologiques basées sur la valorisation de la biodiversité (cultures associées, #agro-foresterie, restauration des #haies favorisant la maîtrise des bio-agresseurs) et arrêt des #pesticides_chimiques_de_synthèse. Ces changements de pratiques doivent être accompagnés de mesures économiques et politiques permettant d’assurer le #revenu des agriculteur·ices, leur #accès_à_la_terre et leur #formation, en cohérence avec ce que proposent des syndicats, des associations ou des réseaux (Confédération paysanne, Atelier paysan, Terre de liens, Fédérations nationale et régionales d’Agriculture biologique, Réseau salariat, …).
Nous savons donc que les politiques qui maintiennent le #modèle_agro-industriel sous perfusion ne font qu’empirer les choses et qu’une réorientation complète est nécessaire et possible pour la #survie, la #dignité, la #santé et l’#emploi des agriculteur·ices. Nombre d’enquêtes sociologiques indiquent qu’une bonne partie d’entre elles et eux le savent très bien, et que leur détresse témoigne aussi de ce #conflit_interne entre le modèle productiviste qui les emprisonne et la nécessité de préserver l’environnement.
Une #convention_citoyenne
Si le gouvernement convient que « les premières victimes du dérèglement climatique sont les agriculteurs », les mesures prises démontrent que la priorité gouvernementale est de sanctuariser le modèle agro-industriel. La remise en cause du plan Ecophyto, et la reprise en main de l’#Anses notamment, sont en totale contradiction avec l’urgence de s’attaquer à la dégradation environnementale couplée à celle des #conditions_de_vie et de travail des agriculteur·ices. Nous appelons les citoyen·nes et les agriculteur·rices à soutenir les changements de politique qui iraient réellement dans l’intérêt général, du climat, de la biodiversité. Nous rappelons que le sujet de l’agriculture et de l’#alimentation est d’une redoutable complexité, et qu’identifier les mesures les plus pertinentes devrait être réalisé collectivement et démocratiquement. Ces mesures devraient privilégier l’intérêt général et à long-terme, par exemple dans le cadre de conventions citoyennes dont les conclusions seraient réellement traduites dans la législation, a contrario a contrario de la précédente convention citoyenne pour le climat.
▻https://www.nouvelobs.com/opinions/20240203.OBS84041/tribune-productivisme-et-destruction-de-l-environnement-fnsea-et-gouverne
#tribune #scientifiques_en_rébellion #agriculture #souveraineté_alimentaire #industrie_agro-alimentaire
Blinne Ní Ghrálaigh: Lawyer’s closing statement in ICJ case against Israel praised
This was the powerful closing statement in South Africa’s genocide case against Israel.
Senior advocate #Blinne_Ní_Ghrálaigh addressed the International Court of Justice on day one of the hearing.
ICJ: Blinne Ní Ghrálaigh’s powerful closing statement in South Africa case against Israel
▻https://www.youtube.com/watch?v=ttrJd2aWF-Y&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.thenational.sco
▻https://www.thenational.scot/news/24042943.blinne-ni-ghralaigh-lawyers-closing-statement-icj-case-israel
#Cour_internationale_de_justice (#CIJ) #Israël #Palestine #Afrique_du_Sud #justice #génocide
]]>#démission des responsables du département de gestion des entreprises et des administrations (GEA) de Sorbonne Paris Nor
▻https://academia.hypotheses.org/52039
#Vidéo sur l’#externalisation des #politiques_migratoires européennes
Migreurop documente depuis sa création l’externalisation des politiques migratoires européennes. Ces politiques d’externalisation ont pour objectif de tenir les exilé·e·s au plus loin de l’espace européen en sous-traitant la gestion des mouvements migratoires aux pays dits « tiers » (d’origine ou de transit), quelles qu’en soient les conséquences sur les droits des personnes migrantes. Par le biais d’un #marchandage, l’UE et ses États membres se déchargent ainsi sur des pays non-membres des obligations qui leur incombent en vertu des conventions internationales qu’ils ont ratifiées.
L’externalisation fonctionne selon quatre principes :
- #Délocalisation : Les pays européens délocalisent le #contrôle_frontalier et exportent leurs politiques migratoires répressives dans des États dits « tiers » qui ne sont pas soumis aux mêmes lois et obligations en matière de respect des droits des personnes. Ils déplacent ainsi de fait les frontières européennes au-delà du territoire européen.
- #Sous-traitance : L’UE délègue le contrôle migratoire à des États non-membres, transformés en garde-frontières d’une Union européenne qu’ils aspirent à rejoindre (comme les pays des Balkans) ou dont ils sont en partie dépendants (comme le Maroc, le Niger ou la Turquie).
– #Privatisation : Les États délèguent également de nombreuses prérogatives à des acteurs privés, comme les #compagnies_aériennes qui deviennent elles aussi garde-frontières, tandis que les demandes de #visas sont gérées par des sociétés privées, tout comme la #sécurité dans les camps d’exilés.
- #Déresponsabilisation : En externalisant leurs politiques migratoires dans des pays non-signataires des principaux textes internationaux de protection des personnes migrant·e·s et réfugié·e·s, l’UE et les États européens contournent le droit. Ils cherchent à invisibiliser les violations des droits des personnes migrantes et fuient leurs #responsabilités.
L’externalisation bafoue en toute impunité les droits des personnes exilées et met leurs vies en péril. Elle n’empêche pas les migrations, mais les rend plus dangereuses. Stop à l’externalisation et à l’#impunité des États !
#migrations #asile #réfugiés #frontières #externalisation_des_frontières #droits_humains #refoulements #principe_de_non-refoulement #marchandage #droits_fondamentaux #responsabilité #ressources_pédagogiques
]]>Décryptage. Audit sur les violences dans les centres fédéraux : au-delà de l’exercice de communication (2021)
On a assisté à un exercice de communication bien emballé lors de la sortie du rapport du juge Oberholzer sur les violences dans les centres fédéraux d’asile (CFA) mi-octobre dernier. L’auteur de l’audit est venu accompagné de Mario Gattiker, Secrétaire d’État aux migrations, présenter les conclusions de son enquête et ses recommandations aux autorités. La presse a dans l’ensemble retenu le message principal calibré par le SEM : « Il n’y a pas de violence systématique » dans les CFA à l’encontre des requérant·es d’asile. Or, c’est une violence systémique que dénoncent depuis 2020 les organisations de défense des personnes hébergées dans ces lieux [1]. De fait, en écrivant que « le système actuel, qui prévoit une large externalisation des tâches en matière de sécurité à des prestataires privés, doit être remis en question », le juge Oberholzer n’est pas loin de dire la même chose.
Son rapport recommande de ne confier les postes-clés et un pouvoir décisionnaire qu’à des fonctionnaires de l’État, à tout le moins dans le domaine de la sécurité. Une telle mesure permettrait « de combler les faiblesses systémiques [sic !] des structures organisationnelles actuelles ». Autre constat préoccupant dans ce contexte : le fait que les agent·es de sécurité n’étaient pas habilité·es à recourir à la coercition policière et fonctionnaient « sans base juridique formelle ». Les autres recommandations du rapport – meilleure formation des agent·es de sécurité, usage réglementé des « cellules d’isolement », instauration d’un mécanisme de plainte externe et indépendant, etc. – ne sont que la répétition de mesures déjà demandées de manière bien plus appuyée, notamment par la Commission nationale de prévention de la torture [2].
Devant la presse, le SEM a évidemment assuré être satisfait de constater que « dans l’ensemble » les droits fondamentaux sont respectés et qu’une partie des recommandations est déjà en voie d’être mise en œuvre. Mais peut-on se satisfaire d’un « dans l’ensemble » ? Surtout que ce n’est qu’après plus d’un an de dénonciations par les ONG, le dépôt de plusieurs plaintes pénales et la sortie dans les médias publics des cas documentés de violences que le SEM a daigné sortir de ses dénégations et annoncer un audit.
On soulignera en plus les limites du rapport : mandaté par le SEM pour faire la lumière sur les faits de violence dénoncés en mai 2021, le juge s’est contenté de lire les pièces de 7 dossiers ayant fait l’objet de plaintes pénales, sans les instruire, donc sans rencontrer les personnes concernées. Un choix assumé, soit. De là à minimiser les violences, comme le fait Oberholzer, en rapportant les cas de recours à la force « disproportionné, donc illicite » au nombre total de requérant·es et de personnel des CFA, il y a un pas pour le moins spécieux. C’est comme si on se gargarisait du faible nombre de condamnations pour violence conjugale alors que les mécanismes de plaintes sont peu accessibles.
Primo, il n’existe justement pas de mécanisme de plainte externe et indépendant permettant aux victimes de dénoncer les violences au plan pénal : jusqu’ici le SEM s’y est opposé [3]. Et témoigner est une démarche périlleuse : hormis la crainte, subjective, de représailles sur la décision d’asile les concernant, les requérant·es d’asile des centres sont à la merci du pouvoir discrétionnaire du personnel du SEM et des agences de sécurité. Ces derniers peuvent prononcer toutes sortes de sanctions orales sans avoir à rendre des comptes. L’omerta est cultivée au sein des établissements : les membres du personnel osant s’en affranchir pour témoigner risquent leur poste.
Deuxièmement, les CFA ayant volontairement été établis dans des lieux isolés pour éviter les contacts avec la société civile, on peut imaginer combien ces plaintes ne sont pas représentatives des faits dénoncés. À Bâle ou à Giffers, les plaintes pénales déposées en 2020 – et qui ne sont d’ailleurs pas considérées dans ce rapport (!) – ne l’ont été que parce que la société civile s’était engagée en soutien de ces victimes. Elles ont été déposées par des avocat·es extérieur·es au centre. Ce qui nous amène à l’autre argument fallacieux du rapport, qui prétend que « le fait que des enquêtes pénales étaient déjà été engagées dans une majorité des cas incriminés prouve d’ailleurs que la protection juridique en cas de recours à la violence avéré ou présumé dans les centres d’asile de la Confédération fonctionne et qu’une enquête indépendante et impartiale est garantie ».
Le juge Oberholzer se trompe en laissant entendre que la représentation juridique des CFA aurait dans son mandat de défendre les personnes victimes de violence dans les centres. Les juristes en question sont uniquement mandaté·es pour la procédure d’asile. Éventuellement pour un recours en fin de procédure contre une assignation à un centre pour personnes jugées « récalcitrantes ». Mais en tout cas pas de mener des procédures pénales.
Reste à choisir entre regarder le verre à moitié vide ou à moitié plein, sans être dupe.
Amnesty a pour sa part maintenu ses conclusions : « les violences commises par le personnel de sécurité à l’encontre des demandeur·euses d’asile documentées étaient si graves qu’elles pouvaient, dans certains cas, être assimilées à des actes de torture ou à d’autres mauvais traitements » [4].
Pour rappel, les CFA sont censés accueillir des personnes en recherche d’une protection. Les violences ne datent pas d’hier et sont systémiques. C’est donc le système qu’il faut changer.
Notes
Notes ↑1 Julia Huguenin-Dumittan, « Violences dans les CFA. S’il n’est pas systématique, le problème reste systémique », Vivre Ensemble, paru sur asile.ch le 20 octobre 2021.
↑2 Sophie Malka « La société civile, garde fou à l’impunité », VE 182, avril 2021.
↑3 Postulat 20.3776, Création d’un service de médiation indépendant pour les requérants d’asile, Brenzikofer Florence (Verts), 18.06.20.
↑4 Amnesty International, « Je demande que les réquérants d’asile soient traités comme des êtres humains. Violation des droits humains dans les Centres Fédéraux d’Asile suisses« , mai 2021
▻https://asile.ch/2022/01/31/decryptage-audit-sur-les-violences-dans-les-centres-federaux-au-dela-de-lexerc
#centres_fédéraux #CFA #SEM #Mario_Gattiker #SEM #asile #migrations #réfugiés #Suisse #violence #violence_systémique #privatisation #sous-traitance #Suisse
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ajouté à la métaliste sur les #centres_fédéraux :
►https://seenthis.net/messages/884092
Immigration : sous la une de Mediapart | 14.08.22
1./ International — Parti pris
Les exilés meurent, le monde ferme les yeux
Du nord de la France à la mer Égée en passant par la Méditerranée ou le Mexique, les morts aux frontières se multiplient, sans que cela provoque la moindre réaction chez nos dirigeants politiques. Cette banalisation ne peut perdurer.
par Nejma Brahim
►https://www.mediapart.fr/journal/international/130822/les-exiles-meurent-le-monde-ferme-les-yeux
2./ Politique
Projet de loi immigration : des titres de séjour suspendus aux « principes de la République »
Le ministre de l’intérieur veut priver de titre de séjour les personnes étrangères qui manifestent un « rejet des principes de la République ». Cette mesure, déjà intégrée à la loi « séparatisme » de 2021 mais déclarée inconstitutionnelle, resurgit dans le texte qui doit être examiné d’ici la fin de l’année.
par Camille Polloni
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/120822/projet-de-loi-immigration-des-titres-de-sejour-suspendus-aux-principes-de-
]]>« Tant qu’on sera dans un système capitaliste, il y aura du #patriarcat » – Entretien avec #Haude_Rivoal
Haude Rivoal est l’autrice d’une enquête sociologique publiée en 2021 aux éditions La Dispute, La fabrique des masculinités au travail. Par un travail de terrain de plusieurs années au sein d’une entreprise de distribution de produits frais de 15 000 salariés, la sociologue cherche à comprendre comment se forgent les identités masculines au travail, dans un milieu professionnel qui se précarise (vite) et se féminise (lentement). Les travailleurs, majoritairement ouvriers, sont soumis comme dans tous les secteurs à l’intensification, à la rationalisation et à la flexibilisation du travail. Leur réponse aux injonctions du capitalisme et à la précarisation de leur statut, c’est entre autres un renforcement des pratiques viriles : solidarité accrue entre hommes, exclusion subtile (ou non) des femmes, déni de la souffrance… Pour s’adapter pleinement aux exigences du capitalisme et du patriarcat, il leur faut non seulement être de bons travailleurs, productifs, engagés et disciplinés, mais aussi des “hommes virils mais pas machos”. Pour éviter la mise à l’écart, adopter de nouveaux codes de masculinité est donc nécessaire – mais laborieux. Dans cette étude passionnante, Haude Rivoal met en lumière les mécanismes de la fabrique des masculinités au travail, au croisement des facteurs de genre, de classe et de race.
Entretien par Eugénie P.
Ton hypothèse de départ est originale, elle va à rebours des postulats féministes habituels : au lieu d’étudier ce qui freine les femmes au travail, tu préfères analyser comment les hommes gardent leur hégémonie au travail « malgré la déstabilisation des identités masculines au et par le travail ». Pourquoi as-tu choisi ce point de départ ?
J’étais en contrat Cifre [contrat de thèse où le ou la doctorant.e est embauché.e par une entreprise qui bénéficie également de ses recherches, ndlr] dans l’entreprise où j’ai fait cette enquête. J’avais commencé à étudier les femmes, je voulais voir comment elles s’intégraient, trouvaient des stratégies pour s’adapter dans un univers masculin à 80%. Ce que je découvrais sur le terrain était assez similaire à toutes les enquêtes que j’avais pu lire : c’était les mêmes stratégies d’adaptation ou d’autocensure. J’ai été embauchée pour travailler sur l’égalité professionnelle, mais je n’arrivais pas à faire mon métier correctement, parce que je rencontrais beaucoup de résistances de la part de l’entreprise et de la part des hommes. Et comme je ne comprenais pas pourquoi on m’avait embauchée, je me suis dit que ça serait intéressant de poser la question des résistances des hommes, sachant que ce n’est pas beaucoup étudié par la littérature sociologique. J’ai changé un peu de sujet après le début de ma thèse, et c’est au moment où est sortie la traduction française des travaux de Raewyn Connell [Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, Paris, Éditions Amsterdam, 2014, ndlr] : cet ouvrage m’a ouvert un espace intellectuel complètement fou ! Ça m’a beaucoup intéressée et je me suis engouffrée dans la question des masculinités.
C’est donc la difficulté à faire ton travail qui a renversé ton point de vue, en fait ?
Oui, la difficulté à faire le travail pour lequel j’ai été embauchée, qui consistait à mettre en place des politiques d’égalité professionnelle : je me rendais compte que non seulement je n’avais pas les moyens de les mettre en place, mais qu’en plus, tout le monde s’en foutait. Et je me suis rendue compte aussi que l’homme qui m’avait embauchée pour ce projet était lui-même extrêmement sexiste, et ne voyait pas l’existence des inégalités hommes-femmes, donc je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il m’avait embauchée. J’ai compris plus tard que les raisons de mon embauche était une défense de ses propres intérêts professionnels, j’y reviendrai. Ce n’est pas qu’il était aveugle face aux inégalités – il travaillait dans le transport routier depuis 40 ans, évidemment que les choses avaient changé -, mais j’avais beau lui expliquer que les discriminations étaient plus pernicieuses, il était persuadé qu’il ne restait plus grand-chose à faire sur l’égalité hommes-femmes.
Comment se manifeste cette “déstabilisation des identités masculines au et par le travail”, cette supposée « crise de la virilité », que tu évoques au début de ton livre ?
Je me suis rendue compte en interviewant les anciens et les nouveaux que rien qu’en l’espace d’une génération, il y avait beaucoup moins d’attachement à l’entreprise. Les jeunes générations avaient très vite compris que pour monter dans la hiérarchie, pour être mieux payé ou pour avoir plus de responsabilités, il ne suffisait pas juste d’être loyal à l’entreprise : il fallait la quitter et changer de boulot, tout simplement. Ce n’est pas du tout l’état d’esprit des anciens, dont beaucoup étaient des autodidactes qui avaient eu des carrières ascensionnelles. Il y avait énormément de turnover, et ça créait un sentiment d’instabilité permanent. Il n’y avait plus d’esprit de solidarité ; ils n’arrêtaient pas de dire “on est une grande famille” mais au final, l’esprit de famille ne parlait pas vraiment aux jeunes. Par ailleurs, dans les années 2010, une nouvelle activité a été introduite : la logistique. Il y a eu beaucoup d’enquêtes sur le sujet ! Beaucoup de médias ont parlé de l’activité logistique avec les préparateurs de commandes par exemple, une population majoritairement intérimaire, très précaire, qui ne reste pas longtemps… et du coup, beaucoup d’ouvriers qui avaient un espoir d’ascension sociale se sont retrouvés contrariés. Ce n’est pas exactement du déclassement, mais beaucoup se sont sentis coincés dans une précarité, et d’autant plus face à moi qui suis sociologue, ça faisait un peu violence parfois. Donc c’est à la fois le fait qu’il y ait beaucoup de turnover, et le fait qu’il n’y ait plus le même sentiment de famille et de protection que pouvait apporter l’entreprise, qui font qu’il y a une instabilité permanente pour ces hommes-là. Et comme on sait que l’identité des hommes se construit en grande partie par le travail, cette identité masculine était mise à mal : si elle ne se construit pas par le travail, par quoi elle se construit ?
Ça interroge beaucoup le lien que tu évoques entre le capitalisme et le patriarcat : la précarisation et la flexibilisation du travail entraînent donc un renforcement des résistances des hommes ?
Oui, carrément. Il y a beaucoup d’hommes, surtout dans les métiers ouvriers, qui tirent une certaine fierté du fait de faire un “métier d’hommes ». Et donc, face à la précarisation du travail, c’est un peu tout ce qu’il leur reste. Si on introduit des femmes dans ces métiers-là, qui peuvent faire le boulot dont ils étaient si fiers parce que précisément c’est un “métier d’hommes”, forcément ça crée des résistances très fortes. Quand l’identité des hommes est déstabilisée (soit par la précarisation du travail, soit par l’entrée des femmes), ça crée des résistances très fortes.
Tu explores justement les différentes formes de résistance, qui mènent à des identités masculines diversifiées. L’injonction principale est difficile : il faut être un homme « masculin mais pas macho ». Ceux qui sont trop machos, un peu trop à l’ancienne, sont disqualifiés, et ceux qui sont pas assez masculins, pareil. C’est un équilibre très fin à tenir ! Quelles sont les incidences concrètes de ces disqualifications dans le travail, comment se retrouvent ces personnes-là dans le collectif ?
Effectivement, il y a plein de manières d’être homme et il ne suffit pas d’être un homme pour être dominant, encore faut-il l’être “correctement”. Et ce “correctement” est presque impossible à atteindre, c’est vraiment un idéal assez difficile. Par exemple, on peut avoir des propos sexistes, mais quand c’est trop vulgaire, que ça va trop loin, là ça va être disqualifié, ça va être qualifié de “beauf”, et pire, ça va qualifier la personne de pas très sérieuse, de quelqu’un à qui on ne pourra pas trop faire confiance. L’incidence de cette disqualification, c’est que non seulement la personne sera un peu mise à l’écart, mais en plus, ce sera potentiellement quelqu’un à qui on ne donnera pas de responsabilités. Parce qu’un responsable doit être un meneur d’hommes, il faut qu’il soit une figure exemplaire, il doit pouvoir aller sur le terrain mais aussi avoir des qualités d’encadrement et des qualités intellectuelles. Donc un homme trop vulgaire, il va avoir une carrière qui ne va pas décoller, ou des promotions qui ne vont pas se faire.
Quant à ceux qui ne sont “pas assez masculins », je n’en ai pas beaucoup rencontrés, ce qui est déjà une réponse en soi !
Peut-on dire qu’il y a une “mise à l’écart” des travailleurs les moins qualifiés, qui n’ont pas intégré les nouveaux codes de la masculinité, au profit des cadres ?
Non, c’est un phénomène que j’ai retrouvé aussi chez les cadres. Mais chez les cadres, le conflit est plutôt générationnel : il y avait les vieux autodidactes et les jeunes loups, et c’est la course à qui s’adapte le mieux aux transformations du monde du travail, qui vont extrêmement vite, en particulier dans la grande distribution. C’est une des raisons pour laquelle le directeur des RH m’a embauchée : il avait peur de ne pas être dans le coup ! L’égalité professionnelle était un sujet, non seulement parce qu’il y avait des obligations légales mais aussi parce que dans la société, ça commençait à bouger un peu à ce moment-là. Donc il s’est dit que c’est un sujet porteur et que potentiellement pour sa carrière à lui, ça pouvait être très bon. Ça explique qu’il y ait des cadres qui adhèrent à des projets d’entreprise avec lesquels ils ne sont pas forcément d’accord, mais juste parce qu’il y a un intérêt final un peu égoïste en termes d’évolution de carrière.
On dit toujours que les jeunes générations sont plus ouvertes à l’égalité que les aînés, je pense que ce n’est pas tout à fait vrai ; les aînés ont à cœur de s’adapter, ils ont tellement peur d’être dépassés que parfois ils peuvent en faire plus que les jeunes. Et par ailleurs, les jeunes sont ouverts, par exemple sur l’équilibre vie pro et vie perso, mais il y a quand même des injonctions (qui, pour le coup, sont propres au travail) de présentéisme, de présentation de soi, d’un ethos viril à performer… qui font qu’ils sont dans des positions où ils n’ont pas d’autres choix que d’adopter certains comportements virilistes. Donc certes, ils sont plus pour l’égalité hommes-femmes, mais ils ne peuvent pas complètement l’incarner.
L’une de tes hypothèses fortes, c’est que le patriarcat ingurgite et adapte à son avantage toutes les revendications sur la fin des discriminations pour se consolider. Est-ce qu’on peut progresser sur l’égalité professionnelle, et plus globalement les questions de genre, sans que le patriarcat s’en empare à son avantage ?
Très clairement, tant qu’on sera dans un système capitaliste, on aura toujours du patriarcat, à mon sens. C’était une hypothèse, maintenant c’est une certitude ! J’ai fait une analogie avec l’ouvrage de Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, pour dire que la domination masculine est pareille que le capitalisme, elle trouve toujours des moyens de se renouveler. En particulier, elle est tellement bien imbriquée dans le système capitaliste qui fonctionne avec les mêmes valeurs virilistes (on associe encore majoritairement la virilité aux hommes), que les hommes partent avec des avantages compétitifs par rapport aux femmes. Donc quand les femmes arrivent dans des positions de pouvoir, est-ce que c’est une bonne nouvelle qu’elles deviennent “des hommes comme les autres”, c’est-à-dire avec des pratiques de pouvoir et de domination ? Je ne suis pas sûre. C’est “l’égalité élitiste” : des femmes arrivent à des positions de dirigeantes, mais ça ne change rien en dessous, ça ne change pas le système sur lequel ça fonctionne, à savoir : un système de domination, de hiérarchies et de jeux de pouvoir.
Donc selon toi, l’imbrication entre patriarcat et capitalisme est indissociable ?
Absolument, pour une simple et bonne raison : le capitalisme fonctionne sur une partie du travail gratuit qui est assuré par les femmes à la maison. Sans ce travail gratuit, le système capitaliste ne tiendrait pas. [à ce sujet, voir par exemple les travaux de Silvia Federici, Le capitalisme patriarcal, ndlr]
Ça pose la question des politiques d’égalité professionnelle en entreprise : sans remise en question du système capitaliste, elles sont destinées à être seulement du vernis marketing ? On ne peut pas faire de vrais progrès ?
Je pense que non. D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que mon livre était déprimant pour ça. Je pense que les politiques d’égalité professionnelle ne marchent pas car elles ne font pas sens sur le terrain. Les gens ne voient pas l’intérêt, parce qu’ils fonctionnent essentiellement d’un point de vue rationnel et économique (donc le but est de faire du profit, que l’entreprise tourne et qu’éventuellement des emplois se créent, etc), et ils ne voient pas l’intérêt d’investir sur ce sujet, surtout dans les milieux masculins car il n’y a pas suffisamment de femmes pour investir sur le sujet. J’ai beau leur dire que justement, s’il n’y a pas de femmes c’est que ça veut dire quelque chose, ils ont toujours des contre-arguments très “logiques” : par exemple la force physique. Ils ne vont pas permettre aux femmes de trouver une place égale sur les postes qui requièrent de la force physique. Quand les femmes sont intégrées et qu’elles trouvent une place valorisante, ce qui est le cas dans certains endroits, c’est parce qu’elles sont valorisées pour leurs qualités dites “féminines”, d’écoute, d’empathie, mais elles n’atteindront jamais l’égalité car précisément, elles sont valorisées pour leur différence. Le problème n’est pas la différence, ce sont les inégalités qui en résultent. On peut se dire que c’est super que tout le monde soit différent, mais on vit dans un monde où il y a une hiérarchie de ces différences. Ces qualités (écoute, empathie) sont moins valorisées dans le monde du travail que le leadership, l’endurance…
Ça ne nous rassure pas sur les politiques d’égalité professionnelle…
Si les politiques d’égalité professionnelle marchaient vraiment, on ne parlerait peut-être plus de ce sujet ! Je pense que les entreprises n’ont pas intérêt à ce qu’elles marchent, parce que ça fonctionne bien comme ça pour elles. Ca peut prendre des formes très concrètes, par exemple les RH disaient clairement en amont des recrutements : ”on prend pas de femmes parce que physiquement elles ne tiennent pas”, “les environnement d’hommes sont plus dangereux pour elles”, “la nuit c’est pas un environnement propice au travail des femmes”… Tu as beau répondre que les femmes travaillent la nuit aussi, les infirmières par exemple… Il y a un tas d’arguments qui montrent la construction sociale qui s’est faite autour de certains métiers, de certaines qualités professionnelles attendues, qu’il faudrait déconstruire – même si c’est très difficile à déconstruire. Ça montre toute une rhétorique capitaliste, mais aussi sexiste, qui explique une mise à l’écart des femmes.
On a l’impression d’une progression linéaire des femmes dans le monde du travail, que ça avance doucement mais lentement, mais je constate que certains secteurs et certains métiers se déféminisent. On observe des retours en arrière dans certains endroits, ce qui légitime encore plus le fait de faire des enquêtes. Ce n’est pas juste un retour de bâton des vieux mormons qui veulent interdire l’avortement, il y aussi des choses plus insidieuses, des résistances diverses et variées.
En plus, l’intensification du travail est un risque à long terme pour les femmes. Par exemple, il y a plus de femmes qui font des burnout. Ce n’est pas parce qu’elles sont plus fragiles psychologiquement, contrairement à ce qu’on dit, mais c’est parce qu’elles assurent des doubles journées, donc elles sont plus sujettes au burnout. Les transformations du monde du travail sont donc un risque avéré pour l’emploi des femmes, ne serait-ce que parce que par exemple, les agences d’intérim trient en amont les candidats en fonction de la cadence. Il faut redoubler de vigilance là-dessus.
Tu analyses les types de masculinité qui se façonnent en fonction des facteurs de classe et de race. On voit que ce ne sont pas les mêmes types d’identités masculines, certaines sont dévalorisées. Quelles en sont les grandes différences ?
Je ne vais pas faire de généralités car ça dépend beaucoup des milieux. Ce que Raewyn Connell appelle la “masculinité hégémonique”, au sens culturel et non quantitatif (assez peu d’hommes l’incarnent), qui prendrait les traits d’un homme blanc, d’âge moyen, hétérosexuel, de classe moyenne supérieure. Par rapport à ce modèle, il y a des masculinités “non-hégémoniques”, “subalternes”, qui forment une hiérarchie entre elles. Malgré le fait que ces masculinités soient plurielles, il y a une solidarité au sein du groupe des hommes par rapport au groupe des femmes, et à l’intérieur du groupe des hommes, il y a une hiérarchie entre eux. Les masculinités qu’on appelle subalternes sont plutôt les masculinités racisées ou homosexuelles. Elles s’expriment sous le contrôle de la masculinité hégémonique. Elles sont appréciées pour certaines qualités qu’elles peuvent avoir : j’ai pu voir que les ouvriers racisés étaient appréciés pour leur endurance, mais qu’ils étaient aussi assez craints pour leur “indiscipline” supposée. En fait, les personnes “dévalorisées” par rapport à la masculinité hégémonique sont appréciées pour leurs différences, mais on va craindre des défauts qui reposent sur des stéréotypes qu’on leur prête. Par exemple, les personnes racisées pour leur supposée indiscipline, les personnes des classes populaires pour leur supposé mode de vie tourné vers l’excès, les femmes pour leurs supposés crêpages de chignon entre elles…. C’est à double tranchant. Les qualités pour lesquelles elles sont valorisées sont précisément ce qui rend l’égalité impossible. Ces qualités qu’on valorise chez elles renforcent les stéréotypes féminins.
Tu montres que le rapport au corps est central dans le travail des hommes : il faut s’entretenir mais aussi s’engager physiquement dans le travail, quitte à prendre des risques. Il y a une stratégie de déni de la souffrance, de sous-déclaration du stress chez les travailleurs : pour diminuer la souffrance physique et psychologique au travail, il faut changer les conditions de travail mais aussi changer le rapport des hommes à leur corps ?
Je pensais que oui, mais je suis un peu revenue sur cette idée. Effectivement, il y plein d’études qui montrent que les hommes prennent plus de risques. C’est par exemple ce que décrit Christophe Dejours [psychiatre français spécialisé dans la santé au travail, ndlr] sur le “collectif de défense virile”, qui consiste à se jeter à corps perdu dans le travail pour anesthésier la peur ou la souffrance. Ce n’est pas forcément ce que j’ai observé dans mes enquêtes : en tout cas auprès des ouvriers (qui, pour le coup, avaient engagé leur corps assez fortement dans le travail), non seulement parce qu’ils ont bien conscience que toute une vie de travail ne pourra pas supporter les prises de risque inconsidérées, mais aussi parce qu’aujourd’hui la souffrance est beaucoup plus médiatisée. Cette médiatisation agit comme si elle donnait une autorisation d’exprimer sa souffrance, et c’est souvent un moyen d’entrée pour les syndicats pour l’amélioration des conditions de travail et de la santé au travail. Donc il y a un rapport beaucoup moins manichéen que ce qu’on prête aux hommes sur la prise de risques et le rapport au corps.
En termes d’émotions, là c’est moins évident : on parle de plus en plus de burnout, mais à la force physique s’est substituée une injonction à la force mentale, à prendre sur soi. Et si ça ne va pas, on va faire en sorte que les individus s’adaptent au monde du travail, mais on ne va jamais faire en sorte que le monde du travail s’adapte au corps et à l’esprit des individus. On va donner des sièges ergonomiques, des ergosquelettes, on va créer des formations gestes et postures, on va embaucher des psychologues pour que les gens tiennent au travail, sans s’interroger sur ce qui initialement a causé ces souffrances.
D’ailleurs, ce qui est paradoxal, c’est que l’entreprise va mettre en place tous ces outils, mais qu’elle va presque encourager les prises de risque, parce qu’il y a des primes de productivité ! Plus on va vite (donc plus on prend des risques), plus on gagne d’argent. C’est d’ailleurs les intérimaires qui ont le plus d’accidents du travail, déjà parce qu’ils sont moins formés, mais aussi parce qu’ils ont envie de se faire un max d’argent car ils savent très bien qu’ils ne vont pas rester longtemps.
Donc ce sont les valeurs du capitalisme et ses incidences économiques (les primes par exemple) qui forgent ce rapport masculin au travail ?
Oui, mais aussi parce qu’il y a une émulation collective. La masculinité est une pratique collective. Il y a une volonté de prouver qu’on est capable par rapport à son voisin, qu’on va dépasser la souffrance même si on est fatigué, et qu’on peut compter sur lui, etc. J’ai pu observer ça à la fois chez les cadres dans ce qu’on appelle les “boys clubs”, et sur le terrain dans des pratiques de renforcement viril.
Tu n’as pas observé de solidarité entre les femmes ?
Assez peu, et c’est particulièrement vrai dans les milieux masculins : la sororité est une solidarité entre femmes qui est très difficile à obtenir. J’en ai fait l’expérience en tant que chercheuse mais aussi en tant que femme. Je me suis dit que j’allais trouver une solidarité de genre qui m’aiderait à aller sur le terrain, mais en fait pas du tout. C’est parce que les femmes ont elles-mêmes intériorisé tout un tas de stéréotypes féminins. C’est ce que Danièle Kergoat appelle “le syllogisme des femmes”, qui dit : “toutes les femmes sont jalouses. Moi je ne suis pas jalouse. Donc je ne suis pas une femme.” Il y a alors une impossibilité de création de la solidarité féminine, parce qu’elles ne veulent pas rentrer dans ces stéréotypes dégradants de chieuses, de nunuches, de cuculs… Les femmes sont assez peu nombreuses et assez vites jugées, en particulier sur leurs tenues : les jugements de valeur sont assez sévères ! Par exemple si une femme arrive avec un haut un peu décolleté, les autres femmes vont être plutôt dures envers elle, beaucoup plus que les hommes d’ailleurs. Elles mettent tellement d’efforts à se créer une crédibilité professionnelle que tout à coup, si une femme arrive en décolleté, on ne va parler que de ça.
Toi en tant que femme dans l’entreprise, tu dis que tu as souvent été renvoyée à ton genre. Il y a une forme de rappel à l’ordre.
Oui, quand on est peu nombreuses dans un univers masculin, la féminité fait irruption ! Quels que soient tes attributs, que tu sois féminine ou pas tant que ça, tu vas avoir une pression, une injonction tacite à contrôler tous les paramètres de ta féminité. Ce ne sont pas les hommes qui doivent contrôler leurs désirs ou leurs remarques, mais c’est aux femmes de contrôler ce qu’elles provoquent chez les hommes, et la perturbation qu’elles vont provoquer dans cet univers masculin, parce qu’elles y font irruption.
Toujours rappeler les femmes à l’ordre, c’est une obsession sociale. Les polémiques sur les tenues des filles à l’école, sur les tenues des femmes musulmanes en sont des exemples… Cette volonté de contrôle des corps féminins est-elle aussi forte que les avancées féministes récentes ?
C’est difficile à mesurer mais ce n’est pas impossible. S’il y a des mouvements masculinistes aussi forts au Canada par exemple, c’est peut-être que le mouvement féministe y est hyper fort. Ce n’est pas impossible de se dire qu’à chaque fois qu’il y a eu une vague d’avancées féministes, quelques années plus tard, il y a forcément un retour de bâton. Avec ce qui s’est passé avec #metoo, on dirait que le retour de bâton a commencé avec le verdict du procès Johnny Depp – Amber Heard, puis il y a eu la la décision de la Cour Constitutionnelle contre l’avortement aux Etats-Unis… On n’est pas sorties de l’auberge, on est en train de voir se réveiller un mouvement de fond qui était peut-être un peu dormant, mais qui est bien présent. L’article sur les masculinistes qui vient de sortir dans Le Monde est flippant, c’est vraiment des jeunes. En plus, ils sont bien organisés, et ils ont une rhétorique convaincante quand tu ne t’y connais pas trop.
Les milieux de travail très féminisés sont-ils aussi sujets à l’absence de sororité et à la solidarité masculine dont tu fais état dans ton enquête ?
En général, les hommes qui accèdent à ces milieux ont un ”ascenseur de verre” (contrairement aux femmes qui ont le “plafond de verre”) : c’est un accès plus rapide et plus facile à des postes à responsabilité, des postes de direction. C’est le cas par exemple du milieu de l’édition : il y a énormément de femmes qui y travaillent mais les hommes sont aux manettes. Le lien avec capitalisme et virilité se retrouve partout – les hommes partent avec un avantage dans le monde du travail capitaliste, souvent du simple fait qu’ils sont des hommes et qu’on leur prête plus volontiers d’hypothétiques qualités de leader.
Dans quelle mesure peut-on étendre tes conclusions à d’autres milieux de travail ou d’autres secteurs d’activité ? Est-ce que tes conclusions sont spécifiques à la population majoritairement ouvrière et masculine, et au travail en proie à l’intensification, étudiés dans ta thèse ?
J’ai pensé mon travail pour que ce soit généralisable à plein d’entreprises. J’ai pensé cette enquête comme étant symptomatique, ou en tout cas assez représentative de plein de tendances du monde du travail : l’intensification, l’informatisation à outrance… Ces tendances se retrouvent dans de nombreux secteurs. Je dis dans l’intro : “depuis l’entrepôt, on comprend tout.” Comme partout, il y a de la rationalisation, de l’intensification, et de la production flexible. A partir de là, on peut réfléchir aux liens entre masculinités et capitalisme. Les problématiques de violence, de harcèlement sortent dans tous les milieux, aucun milieu social n’est épargné, précisément parce qu’elles ont des racines communes.
Comment peut-on abolir le capitalisme, le patriarcat et le colonialisme ?
Je vois une piste de sortie, une perspective politique majeure qui est de miser sur la sororité. La sororité fonctionne différemment des boys clubs, c’est beaucoup plus horizontal et beaucoup moins hiérarchique. Il y a cette même notion d’entraide, mais elle est beaucoup plus inclusive. Ce sont des dominées qui se rassemblent et qui refusent d’être dominées parce qu’elles refusent de dominer. Il faut prendre exemple sur les hommes qui savent très bien se donner des coups de main quand il le faut, mais faisons-le à bon escient. C’est une solution hyper puissante.
Ne pas dominer, quand on est dominante sur d’autres plans (quand on est blanche par exemple), ça revient à enrayer les différents systèmes de domination.
Tout à fait. Les Pinçon-Charlot, on leur a beaucoup reproché d’avoir travaillé sur les dominants, et c’est le cas aussi pour les masculinités ! Il y a plusieurs types de critique : d’abord, il y a un soupçon de complaisance avec ses sujets d’étude, alors qu’il y a suffisamment de critique à l’égard de nos travaux pour éviter ce biais. Ensuite, on est souvent accusé.e.s de s’intéresser à des vestiges ou à des pratiques dépassés, parce que les groupes (hommes, ou bourgeois) sont en transformation ; en fait, les pratiques de domination se transforment, mais pas la domination ! Enfin, on peut nous reprocher de mettre en lumière des catégories “superflues”, alors qu’on devrait s’intéresser aux dominé.e.s… mais on a besoin de comprendre le fonctionnement des dominant.e.s pour déconstruire leur moyen de domination, et donner des armes à la sororité.
►https://www.frustrationmagazine.fr/entretien-rivoal
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Eau potable : Paris abandonne-t-il les Outre mer ? France Culture, jeudi 28 juillet 2022.
▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat-d-ete/eau-potable-paris-abandonne-t-il-les-outre-mer-2849131
]]>Le #rapport qui accable #Frontex, l’agence européenne de gardes-#frontières, et sa pratique de refouler illégalement les migrants en #Grèce
Ce document, que « Le Monde » et ses partenaires de Lighthouse Reports et l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel » ont pu consulter, accuse l’ancienne direction. A Bruxelles, le rapport est réputé si toxique que personne ne voudrait le lire
Le 15 février, l’Office européen de lutte antifraude (#OLAF) rendait ses conclusions, au terme d’un an d’enquête, sur la gestion au sein de Frontex de l’épineuse question des « #pushbacks ». Voilà des années que les gardes-côtes grecs sont accusés de pratiquer ces refoulements de migrants, contraires à la convention de Genève, sous l’œil, complice, de l’agence la plus riche de l’Union européenne.
Le rapport, qui a en partie provoqué la chute de l’ancien directeur Fabrice Leggeri, est depuis au centre d’une bataille entre la Commission et les parlementaires européens, qui font feu de tout bois pour obtenir sa publication. A Bruxelles, le document, connu d’un nombre restreint de fonctionnaires et d’élus, est réputé si toxique que personne ne voudrait le lire. La nouvelle directrice de Frontex, la Lettonne Aija Kalnaja, a assuré ne pas en avoir pris connaissance. Et le vice-président de la Commission, le Grec Margaritis Schinas, un soutien historique de Fabrice Leggeri, a refusé de dire en séance s’il l’avait lu ou non.
Ce rapport, que Le Monde et ses partenaires de Lighthouse Reports, ainsi que l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, ont pu consulter, détaille par le menu les péchés de la super-agence européenne de gardes-côtes et de gardes-frontières ainsi que les excès de sa précédente direction. Il confirme également l’utilisation massive de la technique illégale du « pushback » par les autorités grecques pour décourager les migrants de pénétrer sur le sol européen. Ainsi que la connaissance détaillée qu’avait Frontex du phénomène.
« Ces #expulsions doivent cesser »
Face à ces révélations, difficile de ne pas s’interroger sur la position de la #Commission_européenne. Cette dernière, qui a pris connaissance des conclusions de l’OLAF fin février, n’a mis que récemment en garde la Grèce face à la fréquence des accusations de violation des droits de l’homme dont elle fait l’objet. Sans remettre en cause, pour l’heure, le déploiement de Frontex sur la péninsule. « La protection de la frontière extérieure de l’UE contre les entrées illégales est une obligation. Mais les expulsions violentes et illégales de migrants doivent cesser, maintenant », a tonné Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures, à l’issue d’un appel avec trois membres de l’exécutif grec, dont le ministre de la police, le 30 juin. Cinq jours plus tard, face aux parlementaires européens, le premier ministre grec, #Kyriakos_Mitsotakis, a quant à lui balayé la plupart de ces accusations, les qualifiant de « propagande turque ».
Dans les médias, voilà des mois que l’homme et son camp s’évertuent à nier l’importance du cas grec dans les turbulences que traverse Frontex, après la démission de son ancien directeur exécutif, le 29 avril. « L’opposition essaie, sans succès, de lier son départ avec ces prétendus “pushbacks” », a ainsi déclaré le ministre de l’intérieur, Notis Mitarachi, devant son propre Parlement. La situation en Grèce est pourtant le fil rouge des enquêteurs de l’OLAF. Dans leur rapport de 129 pages, ces derniers confirment tout ce que les médias, dont Le Monde, ont écrit sur le sujet depuis plus de deux ans. Pis, ils révèlent que les faits étaient largement connus, et même dénoncés au sein de Frontex.
Ainsi, dès avril 2020, deux divisions de l’agence jugeaient « crédibles » les #accusations fréquentes de traitements violents de la part des policiers grecs infligés aux migrants qui tentaient de rejoindre leurs côtes. « Le fait que les Grecs tolèrent et pratiquent les “pushbacks” est très probable », jugeait la division d’évaluation de la vulnérabilité de Frontex dans un rapport daté du 18 avril 2020, cité par l’OLAF.
Un an plus tard, le centre de situation de Frontex, sa tour de contrôle, chargée de surveiller en direct les frontières extérieures de l’Union européenne grâce à sa batterie de caméras, suggérait même l’ouverture d’une enquête interne sur la base de nouvelles images transmises par l’ambassadeur de Turquie en Pologne, directement au siège de l’agence.
Face à ces conclusions, émanant de ses propres services, la réponse de la direction de l’agence est toujours la même, assure l’OLAF. Cantonner les découvertes au plus petit cercle possible. Eviter la contagion. « Il y avait un schéma récurrent [de la part de la direction] dans le fait de vouloir cacher des informations et éviter toute #responsabilité », note un agent de Frontex. « Je pense qu’à l’époque #Fabrice_Leggeri voulait protéger la Grèce. C’est le pays que l’agence soutient le plus. Mais personne ne comprend pourquoi il a pris ce risque », se souvient l’un de ses proches.
Volonté de « couvrir » la Grèce
Le 5 août 2020, à 1 h 41 du matin, un avion de Frontex est ainsi témoin d’un « pushback ». Ce qu’il filme est troublant : un navire grec traîne un canot pneumatique, trente migrants à son bord, en direction des eaux territoriales turques, au lieu de les ramener à terre. « La manœuvre n’a aucun sens en matière de sauvetage », se lamente l’un des agents de Frontex dans un rapport d’incident adressé à son supérieur dans la matinée qui suit les faits.
L’avion de Frontex est finalement sommé de quitter les lieux par les autorités hellènes, envoyé dans une zone « où il ne détecte plus aucune activité ». « Je considérais ces événements comme des “pushbacks” », se souvient un des agents interrogés par l’OLAF, avant de confesser l’interdiction formelle d’enquêter en interne et la volonté ferme de la direction de « couvrir » la Grèce « en raison du contexte international ». « La répétition de ces événements est de plus en plus difficile à gérer », renchérit le premier.
Deux options s’offrent à Frontex, opine un autre, à la suite de l’incident. « Parler aux Grecs » ou retirer les avions de Frontex pour ne plus être témoin de telles manœuvres. Une solution « cynique », reconnaît un agent, mais qui préserve Frontex de futures turbulences ou autres « risques en matière de réputation ». Varsovie choisira la seconde option. Plusieurs témoins assurent que la manœuvre avait pour but de ne plus être témoin de l’intolérable.
Selon les enquêteurs européens, il ne s’agit pourtant pas de la seule alerte reçue par la direction. Ni de la première. Le 5 juillet 2019, un message informe le management que certains agents, déployés dans des Etats membres, rechignent à faire remonter les comportements problématiques dont ils sont les témoins sur le terrain, en raison « des répercussions que cela pourrait avoir pour eux ». C’est particulièrement le cas en Grèce. Fin avril 2020, un agent déployé par Frontex sur place demande l’anonymat au moment de rapporter des faits dont il a été témoin. « Les menaces des autorités grecques ont fini par porter leurs fruits », se lamente l’un de ses supérieurs par écrit.
La conclusion la plus destructrice pour Frontex porte probablement sur son implication financière dans les opérations hellènes. L’OLAF note ainsi qu’au moins six bateaux grecs, cofinancés par l’agence, auraient été impliqués dans plus d’une dizaine de refoulements entre avril et décembre 2020. « Nous n’avons trouvé aucune preuve de la participation directe ou indirecte de Frontex dans ces renvois », déclarait Fabrice #Leggeri en janvier 2021. Une ligne qu’il a défendue coûte que coûte jusqu’au bout de son mandat. A tort.
▻https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/28/refoulement-de-migrants-en-grece-l-enquete-qui-accuse-frontex_6136445_3210.h
#migrations #asile #réfugiés #refoulements #push-backs #de_la_Haye_Jousselin
*Désinformer en informant - le #rapport_Bronner*
Imputer à « la destructuration du paysage informatif » l’assaut du Capitole, les antivaccins et le risque de voir emportée la cohésion nationale, comme le fait le Président dans sa lettre de mission, est une démarche audacieuse et abusive, mais elle comporte l’avantage immense d’exonérer le politique. La désinformation aussi est toujours celle des autres.
–-> Lettre à #Gérald_Bronner, président de la commission « Les lumières à l’ère numérique ». Quand la lutte contre la désinformation désinforme :
Monsieur,
« #Didier_Raoult est un grand scientifique français. », disait le 2 septembre 2021, le président de la République, qui insistait : "Il faut rendre justice à Didier Raoult, qui est un grand scientifique"[1].
Le 29 septembre 2021, dans la lettre de mission par laquelle il vous demandait de présider la commission de haut niveau qui allait prendre pour titre « #Les_lumières_à_l’ère_numérique », le président faisait figurer parmi les phénomènes inquiétants qui rendaient opportune la mise en place de votre mission, la montée des #mouvements_antivaccins, qu’il rattachait à l’éclatement des sources d’information, comme il le faisait pour la prise du #Capitole.
Chacun le sait, les adversaires du vaccin trouvent dans les interventions publiques du docteur Raoult une forme presque irremplaçable de légitimation[2].
Dans votre rapport, vous vous référez à une étude qui montre, je vous cite, que, dans l’ensemble, les Français s’informent eux aussi majoritairement sur des sources web fiables. Selon cette étude, la consultation de sites non fiables sur Internet représenterait environ 0.4% du temps de connexion à Internet des résidents en France. On lit dans la même étude que 95% du temps que les Français passent à s’informer est consacré à des sites fiables.
La désinformation dont sont victimes les Français ne semble pouvoir être détachée, sans simplification abusive, ni de déclarations telles que celles du président ni des sites fiables qui les véhiculent. On peut rappeler d’autres épisodes : #Olivier_Véran et les #masques inutiles contre le #COVID, le président et le chlordécone, les ministres #Blanquer et #Darmanin sur le prétendu déficit de petites filles musulmanes à l’Ecole, le ministre Blanquer au sujet des ventes d’écrans plats au mois de septembre, la ministre Vidal et son observatoire des libertés académiques[3], etc.
Il est établi, en outre, que les #lobbies_industriels parviennent à désinformer les citoyens avec une redoutable efficacité (tabac, sucre, réchauffement climatique…)[4] et ce, par le truchement de sites fiables ou de personnalités respectables.
En se focalisant sur les sites non fiables et sur les #réseaux_sociaux, votre rapport donne une image biaisée de la désinformation, comme si les manifestations de celle-ci ne devaient pas avoir grand-chose à voir avec les acteurs publics ou privés respectables dans sa genèse et avec les médias fiables dans sa diffusion.
Ce #biais était attendu et il transparaissait déjà dans la lettre de mission du Président, qui, on l’a vu, présente la #prise_du_Capitole comme une conséquence de l’éclatement des sources d’information, mais omet de mentionner le discours de monsieur Trump ou l’organisation tout sauf spontanée des émeutiers. A lire le Président, on pourrait penser que la prise du Capitole a été un effet émergent des réseaux sociaux et que tel est le cas aussi pour les antivaccins.
Il faut cependant noter que le Président affirme aussi que ces antivaccins n’ont pas prospéré. Il vous a fallu donc vous intéresser à la montée des antivaccins provoquée par la révolution virtuelle en dépit du fait que cette montée n’a pas prospéré.
A titre subsidiaire, on observera que le Président affirme que les antivaccins ont cessé d’être des citoyens, ce qui est inexact, et qu’il veut les emmerder, ce qui pourrait être un propos haineux, sur la prévention desquels le Président vous demande aussi, dans sa lettre de mission, de réfléchir. Sans doute avez-vous manqué de temps pour vous intéresser à ces propos, tenus peu de temps avant la remise de votre rapport, mais on se souvient ceux de février 2019 au sujet du prétendu parler des boxeurs gitans et de l’impossibilité pour cette catégorie de la population de s’exprimer correctement. On ne sait pas si les conséquences de ce genre d’affirmations, devenues virales, doivent être imputées aux réseaux ou au Président. C’est une question importante que vous n’approfondissez pas.
Mais en vérité, le Président va plus loin, car, selon lui, les développements d’#Internet mettent en cause rien de moins que la #cohésion_nationale et c’est en tant que garant de cette dernière qu’il agit lorsqu’il vous demande de prendre la tête de la commission qu’il met en place. Imputer à Internet l’affaiblissement de la cohésion nationale a pour effet de rendre moins visibles d’autres causes plus massives, plus directes, plus politiques et qui ne relèvent pas du fonctionnement des algorithmes des gafam, mais se trouvent dans le périmètre d’action du politique. La cohésion nationale est-elle affaiblie parce que le Président exclut de la #citoyenneté une partie de la population ou parce que cette déclaration, pensée sans doute pour l’être, devient virale ?
Se concentrer sur ce qui est périphérique et occulter l’essentiel est une tactique de désinformation fréquemment utilisée par l’industrie du tabac et autres marchands de doute, connus pour financer des études sur tous les sujets possibles afin de noyer l’essentiel. Situer Internet au centre de la question de la désinformation et de l’affaiblissement de la cohésion nationale et en faire le point de départ, comme le veut la lettre de mission que vous avez reçue, donne une vision déformée de ces problèmes qui exonère le pouvoir politique et les médias fiables de leurs #responsabilités.
On peut craindre dès lors que votre rapport ait surtout pour effet de renforcer la croyance selon laquelle la désinformation n’est jamais le fait de #médias fiables, des gouvernants ou des entreprises et que l’affaiblissement de la cohésion nationale découle d’Internet et non, par exemple, des inégalités sociales et de l’absence de volonté de les réduire ou de l’impuissance du politique à le faire.
Par construction, par commande du Président, le #désordre_informationnel devait être rattaché par votre commission aux sites non fiables et aux réseaux sociaux. Vous ne deviez pas chercher à savoir si le gouvernement, les sites fiables ou les lobbies désinforment. Vous deviez, pour ainsi dire, vous intéresser aux 5%, pas aux 95%. C’est ce que vous avez fait. Que votre analyse de ces 5% soit souvent pertinente n’y change rien.
C’est cette démarche, au demeurant, qu’adopte l’Education Nationale ; votre rapport y sera sans doute cité et diffusé. Il y sera fait appel dans les stages par lesquels notre institution veut centrer notre réflexion sur la désinformation aux phénomènes que vous commentez. Votre rapport contribuera probablement à rendre plus difficile notre mission de traiter de façon objective la question de la désinformation.
Bien à vous,
Nowenstein, professeur agrégé.
[1] La video est consultable ici : ▻https://www.dailymotion.com/video/x83wskh
[2] Cet article du Monde reprend certaines déclarations du docteur Raoult qui ont contribué à semer le doute sur l’intérêt du vaccin contre le COVID : ►https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/01/12/la-tumultueuse-fin-de-regne-de-didier-raoult-desavoue-par-sa-fille-medecin-e
[3] Sur ces quatre derniers sujets, j’ai écrit par la voie hiérarchique aux intéressés sans jamais obtenir de réponse. Voir ici.
[4] On se rappelle, par exemple, les déclarations su président Macron en faveur du #vin (▻https://sebastiannowenstein.org/2020/01/21/lettre-au-president-macron-par-la-voie-hierarchique-au-sujet-du) : il arrive souvent qu’il soit difficile de dissocier acteurs privés et publics dans des actions qui ont pour effet de produire de la désinformation dans l’#opinion_publique.
#désinformation #Bronner #vaccins #santé #mensonges #Macron #Emmanuel_Macron #Macronisme #Raoult #anti-vaxx #anti-vax
]]>#Gérarld_Darmanin autour des morts dans #La_Manche (sans honte)
"Gérald Darmanin à Calais : ’La Grande-Bretagne doit prendre ses responsabilités et limiter l’attractivité de son territoire’."
"Les migrants, ces monstres prêts à tuer leurs bébés pour profiter des allocs."
#Manche #Darmanin #même_pas_honte #appel_d'air #migrations #asile #réfugiés #attractivité #propagande
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Et un fil de discussion pour pointer les vraies #responsabilités :
Migrants : « Ce sont bien les Etats qui tuent aux frontières de l’Europe »
►https://seenthis.net/messages/938354
#responsabilité
Défense et illustration des libertés académiques : un eBook gratuit
Mediapart propose sous la forme d’un livre numérique téléchargeable gratuitement les actes du colloque de défense des libertés académiques organisé par #Éric_Fassin et #Caroline_Ibos. Témoignant d’une alliance entre #journalistes et #intellectuels face à l’#offensive_réactionnaire contre le droit de savoir et la liberté de chercher, il sera présenté lors du débat d’ouverture de notre Festival, samedi 25 septembre.
Dans un passage trop ignoré de ses deux conférences de 1919 réunies sous le titre Le Savant et le Politique, Max Weber plaide pour une sociologie compréhensive du #journalisme. Lui faisant écho à un siècle de distance, ce livre numérique à l’enseigne de La savante et le politique témoigne d’une alliance renouvelée entre intellectuels et journalistes, dans une #mobilisation commune en défense du #droit_de_savoir et de la #liberté_de_dire, de la #liberté_de_chercher et du #droit_de_déranger.
Constatant que le journaliste, échappant « à toute classification sociale précise », « appartient à une sorte de #caste de #parias que la “société” juge toujours socialement d’après le comportement de ses représentants les plus indignes du point de vue de la #moralité », Max Weber en déduisait, pour le déplorer, que « l’on colporte couramment les idées les plus saugrenues sur les journalistes et leur métier ». Dans une réminiscence de son projet inabouti de vaste enquête sur la #presse, présenté aux « Journées de la sociologie allemande » en 1910, il poursuit : « La plupart des gens ignorent qu’une “œuvre” journalistique réellement bonne exige au moins autant d’“intelligence” que n’importe quelle autre œuvre d’intellectuels, et trop souvent l’on oublie qu’il s’agit d’une œuvre à produire sur-le-champ, sur commande, à laquelle il faut donner une efficacité immédiate dans des conditions de création qui sont totalement différentes de celles des autres intellectuels ».
Ce plaidoyer en défense de l’artisanat du métier n’empêchait pas la lucidité sur les corruptions de la profession, avec un constat sans âge qui peut aisément être réitéré et actualisé : « Le #discrédit dans lequel est tombé le journalisme, ajoutait en effet Weber, s’explique par le fait que nous gardons en mémoire les exploits de certains journalistes dénués de tout sens de leurs #responsabilités et qui ont souvent exercé une influence déplorable. » De tout temps, le journalisme est un champ de bataille où s’affrontent l’idéal et sa négation, où la vitalité d’une discipline au service du public et de l’#intérêt_général se heurte à la désolation de sa confiscation au service d’intérêts privés ou partisans, idéologues ou étatiques. Tout comme, dressée contre les conservatismes qui voudraient l’immobiliser et la figer dans l’inéluctabilité de l’ordre établi, la République elle-même ne trouve son accomplissement véritable que dans le mouvement infini de l’émancipation, dans une exigence démocratique et sociale sans frontières dont l’égalité naturelle est le moteur.
C’est ce combat qui réunit ici des journalistes et des intellectuels, le journal en ligne que font les premiers et le colloque qu’ont organisé les seconds. Si Mediapart publie en eBook, après l’avoir diffusé dans son Club participatif, les actes du colloque La savante et le politique organisé les 7-10 juin 2021 par Éric Fassin et Caroline Ibos, c’est tout simplement parce qu’à travers des métiers différents, avec leurs légitimités propres, leurs procédures universitaires pour les uns et leurs écosystèmes économiques pour les autres, intellectuels et journalistes sont aujourd’hui confrontés à la même menace : la fin de la #vérité. De la vérité comme exigence, recherche et audace, production et #vérification, #confrontation et #discussion. L’#assaut lancé contre les libertés académiques, sous prétexte de faire la chasse aux « pensées décoloniales » et aux « dérives islamo-gauchistes », va de pair avec l’offensive systématique menée contre l’#information indépendante pour la marginaliser et la décrédibiliser, la domestiquer ou l’étouffer.
Les adversaires que nous partageons, qui voudraient nous bâillonner ou nous exclure en nous attribuant un « #séparatisme » antinational ou antirépublicain, sont en réalité les vrais séparatistes. Faisant sécession des causes communes de l’#égalité, où s’épanouit l’absence de distinction de naissance, d’origine, de condition, de croyance, d’apparence, de sexe, de genre, ils entendent naturaliser les #hiérarchies qui légitiment l’#inégalité de #classe, de #race ou de #sexe, ouvrant ainsi grand la porte aux idéologies xénophobes, racistes, antisémites, ségrégationnistes, suprémacistes, sexistes, homophobes, négrophobes, islamophobes, etc., qui désormais ont droit de cité dans le #débat_public. S’ils n’en ont pas encore toutes et tous conscience, nul doute que la nécrose des représentations médiatique et politique françaises à l’orée de l’élection présidentielle de 2022 leur montre déjà combien ils ont ainsi donné crédit aux monstres de la #haine et de la #peur, de la guerre de tous contre tous.
Pour entraver ce désastre, nous n’avons pas d’autre arme que notre liberté, et la #responsabilité qui nous incombe de la défendre. Liberté de penser, d’informer, de chercher, de dire, de révéler, d’aller contre ou ailleurs, d’emprunter des chemins de traverse, de réfléchir en marge ou en dehors, de créer sans dogme, d’imaginer sans orthodoxie. Si la chasse aux dissidences et aux mal-pensances est le propre des pouvoirs autoritaires, elle est aussi l’aveu de leur faiblesse intrinsèque et de leur fin inévitable, quels que soient les ravages momentanés et désastres immédiats de leurs répressions.
La richesse, la vitalité et la force des contributions de ce livre numérique ne témoignent pas seulement d’une résistance au présent. Elles proclament ce futur de l’#émancipation qui germe sur les ruines d’un ordre agonisant.
Pour télécharger l’eBook :
▻https://static.mediapart.fr/files/defense_et_illustration_des_libertes_academiques.epub
▻https://blogs.mediapart.fr/edwy-plenel/blog/230921/defense-et-illustration-des-libertes-academiques-un-ebook-gratuit
#livre #Caroline_Ibos #livre #liberté_académique #libertés_académiques #recherche #université #ESR #islamo-gauchisme
]]>Le Doc sur Twitter : « 100% d’accord consœur Nous avons des #responsabilités et sommes humains #CoVid19France » / Twitter
▻https://twitter.com/Le___Doc/status/1423400303248953350
▻https://video.twimg.com/ext_tw_video/1423285909110149121/pu/vid/640x360/BdgPrep-wdzn4N_c.mp4?tag=12
]]>Lettre Ouverte d’Alerte à la Préfète
"Alerte de la Plateforme des associations impliquées dans l’accueil des personnes exilées à Madame la Préfète des Hautes-Alpes LR avec AR - 25 juin 2021
Madame la Préfète des #Hautes-Alpes,
Depuis cet hiver, plusieurs dizaines de personnes exilées arrivent quotidiennement à #Briançon. La population a changé, elle est composée de plus en plus souvent de familles et de personnes particulièrement vulnérables. Le nombre de femmes et d’enfants a triplé depuis le début de l’année.
Les capacités du #Refuge_Solidaire ne permettent plus d’assurer un #accueil digne de ce nom, ni même de préserver la #sécurité des personnes.
Nous vous demandons à nouveau la mobilisation du plan d’#hébergement_d'urgence à Briançon pour accueillir dignement les personnes exilées qui arrivent sur notre territoire par la #montagne frontalière.
Il s’agit pour ces personnes d’un #accueil_temporaire, d’une à trois journées maximum, puisqu’elles repartent le plus rapidement possible vers leur destination, le plus souvent une métropole où elles pourront déposer leur demande d’asile.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part reçoivent chez eux les personnes épuisées et vulnérables et gèrent un refuge solidaire qui a déjà accueilli plus de 14 000 personnes.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part se mobilisent pour porter assistance aux personnes qui se trouvent mises en danger dans la montagne.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part pallient les manquements de l’Etat et des collectivités locales au regard de leurs #responsabilités et leurs #obligations face à la #réalité_migratoire.
Depuis 2016, Briançonnais et personnes solidaires venus de toute part font que notre territoire reste digne et humaniste.
En 2020, la nouvelle municipalité de Briançon a choisi de se désengager du Refuge Solidaire. Au même moment, lors d’une réunion tenue à la préfecture des Hautes-Alpes le 7 juillet, votre secrétaire générale nous indiquait que le besoin d’accueil d’urgence de 30 à 35 places à Briançon était reconnu par la Préfecture, mais qu’il n’y avait pas de possibilité d’ouvrir plus de places d’hébergement d’urgence selon l’administration centrale.
Aujourd’hui, selon les jours, ce besoin est deux à trois fois plus important qu’il n’était l’an dernier.
Face à l’absence totale d’engagement de l’Etat et des pouvoirs publics, les acteurs solidaires ont dû se mobiliser une nouvelle fois pour acquérir un nouveau lieu avec des fonds privés uniquement. Mais ce lieu n’ouvrira ses portes, au mieux, qu’à la mi-août, compte tenu des travaux nécessaires de mise en conformité aux normes de sécurité.
En attendant cette ouverture, les #capacités du refuge solidaire actuel ne permettent plus d’accueillir dans des conditions acceptables les personnes exilées de passage. En tout état de cause, ce nouveau lieu ne pourra pas accueillir au-delà de ses capacités et des limites de l’action bénévole.
Dans ce contexte particulièrement difficile, il n’est pas envisageable que l’#Etat continue de se reposer sur les #associations et la #population briançonnaise alors que la population accueillie est plus nombreuse et plus vulnérable (familles avec nourrissons, personnes âgées ou handicapées).
Nous appelons l’Etat, et plus largement les #pouvoirs_publics, à revoir leurs responsabilités en rapport avec les situations actuelles de la migration dans le Briançonnais, à respecter leurs obligations à l’égard des exilés, et notamment le #droit_à_l’hébergement_d’urgence_inconditionnel, et à mettre en place sans plus tarder un #dispositif_d’accueil_d’urgence à la hauteur de la réalité migratoire présente et future.
Nous demandons que cette crise humanitaire soit gérée en concertation avec tous les acteurs publics et associatifs concernés, y compris du côté italien où le préfet conscient de la gravité de la situation vient d’apporter un soutien fort aux communes de Bardonecchia et d’Oulx et aux associations impliquées.
Nous demandons à notre gouvernement de mettre en oeuvre un #plan_d’hébergement_d’urgence à Briançon, avec un nombre de places pérennes, qui soit évolutif pour s’adapter aux besoins réels. Cet hébergement doit permettre l’accueil familial sans séparation des membres de la famille et avec la possibilité de préparation des repas.
Notre alerte est solennelle et nous attendons vivement votre réponse devant cette situation d’urgence.
Afin d’éviter toute confusion ou instrumentalisation en cette période électorale, nous rendrons cette lettre publique seulement à compter de lundi 28 juin.
Avec nos salutations respectueuses,
Premières associations locales signataires :
ATD Quart Monde PACA, CCFD Terre Solidaire Briançon, Chemins Pluriels, Icare , JRS France/Welcome – Antenne des Hautes Alpes, Low-tech & Réfugiés, MJC-Centre social du Briançonnais, Paroisse de Briançon - Hautes Vallées, Refuges Solidaires, Réseau Hospitalité, Secours Populaire Briançon, Tous Migrants, Unjourlapaix, Un thé dans la neige,
Premières associations nationales signataires :
La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, Secours Catholique Caritas France, ANVITA (association nationale des villes et territoires accueillants)"
Reçu via la mailing-list Tous Migrants, le 30.06.2021
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Septembre 2020 :
#Briançon : « L’expulsion de Refuges solidaires est une vraie catastrophe pour le territoire et une erreur politique »
►https://seenthis.net/messages/876342
Avril 2021 :
Sauvé, le refuge solidaire de #Briançon s’adapte à de nouveaux arrivants
►https://seenthis.net/messages/913269
ARTE sur Twitter : « Collecter la #data, reconstituer les événements grâce à des #logiciels d’architecture pour mettre les #gouvernements face à leurs #responsabilités : à la rencontre du collectif #Forensic_Architecture ( ForensicArchi) 🤜 ▻https://t.co/GvzHnaBR7C Via @tracks_ARTE ▻https://t.co/vUnJvVUmS3 » / Twitter
►https://twitter.com/ARTEfr/status/1382951390834696193
Éducation. #Samuel_Paty : le #rapport qui accuse la victime
L’#enquête demandée par Jean-Michel Blanquer à l’inspection de l’Éducation nationale ne répond pas aux questions posées. Elle apporte un récit minutieux, mais biaisé, des faits. Le seul à avoir commis des #erreurs serait… Samuel Paty.
« La #reconstitution du déroulement des #faits tend à montrer que, tant au niveau de l’établissement qu’aux niveaux départemental et académique, les dispositions ont été prises avec réactivité pour gérer le trouble initialement suscité par le cours sur la #liberté_d’expression de Samuel Paty. »
La phrase figure en toutes lettres dans le rapport de l’#IGESR (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche) sur les événements ayant abouti à l’#assassinat, le 16 novembre, du professeur d’histoire-géographie, rendu public le 3 décembre. Comme on ne peut pas soupçonner a priori les inspecteurs du ministère de l’Éducation nationale d’un défaut de maîtrise de la langue, il faut prendre soin d’en bien saisir le sens.
Dédouaner l’institution
Ce rapport affirme donc qu’il s’agissait, non de protéger un enseignant contre une cabale venue de l’extérieur et qui a abouti à son meurtre, mais de « gérer un #trouble ». Et qu’est-ce qui a « suscité » ce trouble, selon les auteurs ? Non pas les agissements d’un père d’élève qui a publié des vidéos dénonçant le comportement du professeur et appelant à se rassembler devant l’établissement, ni ce que cet appel a entraîné, mais bien… « le #cours sur la liberté d’expression de Samuel Paty. »
Le texte a beau nier, par ailleurs, que le professeur ait été à aucun moment mis en cause, notamment par l’inspecteur « référent laïcité » qui l’a rencontré le 9 octobre : la formulation choisie trahit l’intention véritable de ce travail. Il s’agit non de faire la lumière sur les #responsabilités et les éventuelles #erreurs des uns et des autres dans cette affaire, mais avant tout de dédouaner l’institution de toute responsabilité éventuelle. Comme l’affirmait Jean-Michel Blanquer, le 21 octobre devant le Sénat : « La logique du “#pas_de_vague” n’est plus la logique de l’#Éducation_nationale. » Vraiment ?
Fragiliser, plutôt que soutenir
Le rapport reconstitue de manière assez complète et jour par jour le déroulé des faits, depuis le 5 octobre et ce fameux cours d’#EMC (#éducation_morale_et_civique), jusqu’au terrible soir du 16 octobre. Il en ressort que dès le départ, l’affaire a été prise au sérieux par la hiérarchie directe de l’enseignant (et par la plupart de ses collègues) comme par les autorités académiques, ainsi que par les services du ministère de l’Intérieur – #Renseignement_territoriaux et commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. Ainsi lundi 12 octobre – donc dès le lendemain de la publication de la vidéo du père d’élève incriminant Samuel Paty – la conseillère sécurité du #rectorat de Versailles signale les faits au Renseignement territorial, qui alerte le #commissariat de #Conflans, lequel met en place rapidement des patrouilles de police devant le collège…
Un point particulier sur lequel le rapport ne convainc pas, c’est quand il évoque les « #malentendus » auxquels a pu donner lieu l’action « d’accompagnement du professeur et de l’équipe pédagogique » par le #référent_laïcité. Dans une formulation alambiquée, il explique que ce n’est pas son action, mais son statut d’#IA-PR (Inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional) qui « a pu le cas échéant donner lieu à des malentendus sur le sens et la portée de sa démarche ». En clair : Samuel Paty a cru qu’on venait évaluer et juger son action, et non l’aider à faire face aux attaques dont il était l’objet. Rappelons à ce sujet que l’hebdomadaire Le Point a publié le 20 novembre un courriel envoyé par cet inspecteur, où il indiquait que Samuel Paty ne maîtrisait pas « les règles de la #laïcité ». Le rapport lui-même ne cache d’ailleurs pas que l’intervention de cet inspecteur a eu surtout pour effet de conduire Samuel Paty à reconnaître « la #maladresse qu’il avait pu commettre », en invitant les élèves qui ne souhaitaient pas voir les caricatures à sortir de son cours. Le genre de formulation qui, en effet, est largement de nature à créer un « malentendu »… et à fragiliser, plutôt que soutenir, Samuel Paty.
Un aveu d’#impuissance
Résultat de tous ces biais, le rapport aboutit à des #préconisations bien faibles – voire carrément à côté de la plaque – et qui, clairement, ne paraissent pas à la hauteur de l’enjeu : rassurer les enseignants en garantissant que de tels faits ne pourraient se reproduire. Améliorer la #communication – qui en l’occurrence à plutôt bien fonctionné ! – entre services de l’Éducation nationale et services de #police, mettre en place une « #cellule_opérationnelle_de_veille_et_de_suivi » quand une #menace est identifiée, « renforcer la #sécurisation_matérielle des établissements » (rappel : Samuel Paty a été assassiné à l’extérieur…) ou encore mettre en place des « cellules de veille des #réseaux_sociaux au sein des services académiques »… Tout cela sonne plutôt comme un aveu d’impuissance, si ce n’est d’#indifférence. Et montre surtout que seule une véritable #enquête_judiciaire pourra faire la lumière sur ce qui s’est passé à #Conflans-Sainte-Honorine entre le 5 et le 16 octobre. En attendant cet hypothétique débouché, on ne pourra que reprendre et partager la conclusion pleine d’amertume de François Jarraud, fin connaisseur de l’Éducation nationale, sur son site du Café pédagogique : « Tout a été parfait. Tellement parfait que le 16 octobre Samuel Paty était seul face à son assassin. »
▻https://www.humanite.fr/education-samuel-paty-le-rapport-qui-accuse-la-victime-697181
]]>Savoirs de la Précarité / knowledge from precarity
Faire le lien entre savoirs et précarité, a des conséquences multiples, notamment sur les #sociabilités_du_savoir. Celles-ci se structurent à partir d’écarts qu’il est impossible de « régler » théoriquement : d’une part les #écarts entre les conditions dramatiquement différentes dans lesquelles les un.e.s et les autres enquêtent, écrivent, étudient ; d’autre part, les écarts entre des rapports aux savoirs, très différents selon les expériences et les engagements auxquelles ils se rattachent et selon les instances qui en orientent ou en entravent la production et l’expression.
Notre proposition collective, à la fois théorique et politique, consiste justement à ne surtout pas prétendre nier ou régler ces écarts mais à chercher comment se réapproprier d’autres manières d’exercer nos #responsabilités dans un monde que nous voulons plus habitable, moins violent pour tant d’entre nous, plus égalitaire, plus juste, plus ouvert.
Depuis nos premières réunions en 2017, des enquêtes ont été menées, des élaborations théoriques développées, des textes poétiques et scientifiques produits, pour donner lieu à ce premier ouvrage collectif.
]]>Cette #vidéo, cette #vidéo...
Ces #mensonges de la #ministre de l’#ESR, #Frédérique_Vidal...
C’est tellement gros, mais tellement gros...
C’est carrément #hallucinant...
« Les équipes pédagogiques y ont travaillé tout l’été »... euh... je ne sais pas ailleurs, mais chez nous, à Grenoble, tous les bureaux administratifs ont fermé la 3e semaine du mois de juillet. Les services centraux ont réouvert le 24 août et les services de l’institut où je travaille ont recommencé à travailler le... 31 août !!!!
Nous vivons dans des mondes parallèles, avec d’un côté la ministre qui raconte son dernier trip sous LSD sur les plateaux tv, et d’un autre côté les personnels de l’ESR qui hallucinent sans avoir besoin d’aucune substance devant tant de mensonges assénés avec aisance.
▻https://twitter.com/SonnetteMarie/status/1310644065592111106
]]>Le confinement marque une #frontière_culturelle en #Suisse
La notion de #responsabilité_individuelle parle plus aux #Suisses_alémaniques qu’aux #Romands, davantage adeptes d’un Etat fort. Les raisons en sont historiques et culturelles.
Exiger le moins pour obtenir le plus ; imposer le #semi-confinement pour aboutir au confinement : pour un œil étranger, la stratégie de la Suisse pour freiner la propagation du #coronavirus s’apparente au mieux à un exercice d’acrobatie, au pire à un orgueil démesuré. Pourtant, si l’on en croit les images de nos villes ce week-end, semi-désertes, il n’est pas dit qu’on perde ce pari. Par la grâce de la discipline helvétique ? Pas seulement. Plus profondément, c’est à la notion de responsabilité individuelle et de rôle de l’Etat qu’il faut probablement attribuer ce résultat.
Or, ces notions ne sont pas totalement identiques selon qu’on est citoyen latin ou alémanique. En #Suisse_romande, on a vu se multiplier les appels au #confinement_total, espéré par beaucoup jusqu’à vendredi dernier. Des citoyens l’ont même demandé sous forme de pétitions. On sentait aussi cette préférence chez certains conseillers d’Etat romands, même si exprimée à demi-mot pour ne pas court-circuiter la Confédération, désormais à la manœuvre.
En Suisse alémanique en revanche, les appels s’en tenaient au #respect_des_règles en vigueur, hormis des personnalités de l’UDC, réclamant des mesures plus strictes, avec de notoires exceptions, comme le conseiller national Roger Köppel. Même si Zurich a fermé ses rives du lac devant un afflux de promeneurs, le maître mot demeure « responsabilité individuelle ». C’est ce qu’il fallait comprendre du discours fort d’Alain Berset, taclant au passage le verticalisme aux accents certes gaulliens mais jugé inefficace de notre voisin français.
La synthèse entre la France et l’Allemagne
La Suisse, c’est une autre histoire, mélange du nord et du sud de l’Europe : « Au Nord, comme en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, le premier réflexe est le laisser-faire, dans la certitude que les barrières naturelles se réinstalleront d’elles-mêmes, explique Olivier Meuwly, historien. Dans la culture germanique, on présuppose que la responsabilité individuelle entraînera la #responsabilité_collective. Une vision étrangère à la culture du Sud, où l’ordre est censé venir d’en haut. »
La Suisse, à cheval, décline ces deux cultures. Historiquement, elle fait la synthèse entre la France et l’Allemagne, ou la Grande-Bretagne et l’Italie. L’historien rappelle que dans les guerres de religion déjà, la Suisse a tenté la #synthèse en cherchant le #compromis.
Deux paradigmes pour un seul objectif, la #liberté : « Dans le brillant discours d’Alain Berset, toutes les influences se synthétisent et on perçoit une #mosaïque_organiquement_organisée », estime Olivier Meuwly. Ce curieux #assemblage s’articule aussi autour de l’esprit de #milice, du #fédéralisme et de la #démocratie_directe, « trois piliers de la « #suissitude », trois logiques qui marquent les #comportements ».
La responsabilité individuelle découle de la faiblesse de l’Etat
Cette valorisation de la responsabilité individuelle trouve ses fondements dans la #faiblesse_de_l’Etat, rappelle Irène Herrmann, historienne et professeure à l’Université de Genève : « Au XIXe siècle, Berne a lutté pour s’arroger un peu du pouvoir des cantons. Une partie lui est échue, une autre a été conférée aux citoyens, à travers la démocratie directe : ils devaient en user modérément et exercer sur eux-mêmes le pouvoir que l’Etat, très faible, était incapable d’imposer. Cet héritage institutionnel est très fort et, par conséquent, on n’imagine pas aujourd’hui que cela puisse marcher autrement. »
C’est un peu moins vrai dans les cantons qui ont rejoint la Confédération plus tardivement, comme le Valais, Genève et Neuchâtel. « Ceux-là acceptent plus volontiers la #délégation de #responsabilités à l’Etat, alors que les cantons alémaniques ont tendance à glorifier la culture politique basée sur la responsabilité individuelle, poursuit l’historienne. Cela aboutit à une survalorisation du pouvoir de décision de l’individu. » D’autres répondront qu’elle est salutaire. Ces différences de perception pourraient expliquer l’attente des Latins envers Berne à serrer la vis.
Un #Röstigraben de l’embrassade ?
Plus prosaïquement, ce souhait n’est sans doute pas étranger au fait que les cantons latins déplorent plus de mortalité que la Suisse alémanique. C’est vrai aussi pour l’Italie ou l’Espagne, contrairement à l’Allemagne et à l’Autriche. Ce constat amène le politologue alémanique Michael Hermann, qui dirige l’institut de recherche Sotomo, à émettre une hypothèse : « Il est frappant d’observer que le coronavirus a une #géographie_culturelle. Et si c’était le fait d’un #rapport_à_l’autre différent ? Les habitants des pays latins sont plus tactiles, ils observent moins de #distance_sociale que dans les pays germaniques. »
Un Röstigraben de l’embrassade ? Pourquoi pas. Sa supposition s’appuie aussi sur le fait que les décès actuels sont le résultat de contagions qui datent d’il y a trois semaines environ, soit avant les mesures mises en place par Berne. Michael Hermann insiste aussi sur d’autres différences : le #sport est plus largement pratiqué outre-Sarine, la #prévention sur la santé occupe plus d’espace qu’en Suisse romande : « Adeptes de la marche, de la nature et du grand air, les Alémaniques auraient beaucoup de mal à supporter le confinement. C’est possible que cela compte aussi dans l’#autodiscipline qu’ils observent. »
Il n’empêche : au-delà des divergences dont les racines plongent dans un passé qui, même ignoré, constitue le génome des Suisses, ceux-ci ont majoritairement suivi l’injonction des autorités et déserté leurs villes. Qu’il soit permis de s’en égayer avec ce mot d’Olivier Meuwly : « On dit des Romands qu’ils sont très français, mais ils se révèlent aussi alémaniques ! »
▻https://www.letemps.ch/suisse/confinement-marque-une-frontiere-culturelle-suisse
–-> article paru le 23.03.2020
Pour rappel, un extrait du discours de Berset :
ping @simplicissimus
Romain Jeanticou sur Twitter : « Je n’en peux plus de l’individualisation permanente des #responsabilités opérée par les #pouvoirs publics, relayée par la plupart des #médias et intégrée par une très large partie de la population. » / Twitter
▻https://twitter.com/romainjeanticou/status/1247451606200791041
Être parent : des cadres aux ouvrières, plus de conséquences sur l’emploi des femmes - Insee Première - 1795
▻https://www.insee.fr/fr/statistiques/4465360?pk_campaign=avis-parution
En 2018, en France, les #femmes qui ont des #responsabilités_familiales sont moins souvent en emploi que celles qui n’en ont pas ; l’écart est particulièrement marqué parmi les ouvrières. À l’inverse, le taux d’emploi des hommes ayant des responsabilités familiales est plus élevé.
Quand elles travaillent, les femmes déclarent deux fois plus souvent que les hommes qu’être parent a des conséquences sur leur situation professionnelle. Ces conséquences concernent principalement le #temps_de_travail ou l’organisation des journées de travail, principaux leviers pour faciliter l’organisation de la vie des #familles. Les femmes cadres réduisent plus souvent que les autres salariées leur temps de travail pour s’occuper de leurs enfants. En revanche, les hommes et les femmes ressentent autant de difficultés de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Les difficultés sont plus importantes pour les cadres, femmes comme hommes, du fait de leurs longues journées de travail.
]]>Pesticides aux Antilles : demande d’une commission d’enquête par les députés PS - Magazine GoodPlanet Info
▻https://www.goodplanet.info/actualite/2019/05/15/pesticides-aux-antilles-demande-dune-commission-denquete-par-les-depute
Une information judiciaire ouverte 2007 !!!
Le groupe PS a annoncé mardi vouloir engager son « #droit_de_tirage » (une #commission_d’enquête par groupe et par session) pour obtenir des réponses sur « les #responsabilités dans l’autorisation de ces produits », l’évaluation « des politiques publiques de recherche et de #décontamination » et « les modalités d’indemnisation » des victimes.
Le président de l’Assemblée a saisi la garde des Sceaux pour s’assurer que les faits visés ne faisaient pas l’objet de poursuites, seule condition qui pourrait rendre la demande (ou une partie de la demande) irrecevable.
Or, selon une source judiciaire, une information judiciaire sur le #chlordécone est en cours. Ouverte en novembre 2007 à Paris , elle porte sur les chefs de « mise en danger de la vie d’autrui par violation manifeste et délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence », « administration de substances nuisibles » et « tromperie sur la qualité substantielle et le risque inhérent d’une marchandise ».
Si, pour l’heure, il n’y a pas eu de mise en examen, une expertise relativement complexe est en cours, a précisé cette source à l’AFP.
]]>Incendies en Californie : les compagnies d’électricité en accusation
▻https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/16/incendies-en-californie-les-compagnies-d-electricite-en-accusation_5384627_3
Betsy Cowley vit à Pulga, un hameau à proximité de l’endroit où a été signalé le départ du feu. Elle affirme que, la veille, des ouvriers étaient venus vérifier les lignes de transmission, soupçonnées de provoquer des départs de feu. « Il faut mettre la compagnie devant ses #responsabilités. Elle ne peut pas se contenter d’augmenter ses tarifs. Ou alors qu’elle parte et qu’on passe à l’énergie solaire », dénonce-t-elle.[...]
En 2017, les autorités californiennes ont établi que les équipements de PG & E, pylones et lignes, étaient fautifs dans 17 des 21 incendies les plus importants intervenus à l’automne. Huit de ces incidents ont été déférés à la justice. Pg & E répond systématiquement qu’elle n’a pas à porter le coût d’incidents aggravés par la #sécheresse et le #changement_climatique. Un rapport de la commission californienne de supervision du secteur énergétique, qui enquête depuis trois ans sur la gestion des risques à PG & E, est attendu avant la fin de l’année.
]]>Appel de Paris, colloque cancer, environnement et santé organisé par ARTAC, appel de Paris ARTAC
▻http://www.artac.info/fr/appel-de-paris/presentation_000074.html
Le 7 mai 2004 à l’UNESCO se sont réunis, dans une même volonté, des scientifiques internationaux de renom, des médecins, des représentants d’associations environnementales, lors du colloque « CANCER, ENVIRONNEMENT ET SOCIETE » organisé par l’ARTAC.
…
L’Appel de Paris déclare :
Article 1 :
Le développement de nombreuses maladies actuelles est consécutif à la dégradation de l’environnement.
Article 2 :
La pollution chimique constitue une menace grave pour l’enfant et pour la survie de l’Homme.
Article 3 :
Notre santé, celle de nos enfants et celle des générations futures étant en péril, c’est l’espèce humaine qui est elle-même en danger.
#Dominique_Belpomme
#environnement
#pollution_chimique
#recherche_médicale
#responsabilités_politiques
Ces frises chronologiques présentent en images les principaux événements survenus au #Rwanda depuis la période coloniale à la fin du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui.
▻http://www.un.org/fr/preventgenocide/rwanda/timeline/timeline.shtml
1er janvier 1932 : La #Belgique introduit des cartes d’identité qui distinguent #Tutsis, #Hutus et #Twas
L’#hystérie contre les réfugiés finira par déchirer l’#Europe
▻http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/l-hyst-rie-contre-les-r-fugi-s-finira-par-d-chirer-l-europe-83624128
Les #violences observées à Douvres et Stockholm se nourrissent des paroles prononcées par des hommes blancs en costume gris dans les capitales européennes. Récapitulons simplement quelques-uns des moments les plus épouvantables du premier mois de 2016 : Geert Wilders, la figure politique la plus populaire aux Pays-Bas aujourd’hui, a demandé à ce que les hommes musulmans soient enfermés dans des camps. Ses paroles ont attisé les flammes qui ont encouragé les nationalistes d’#extrême_droite à mener des émeutes contre les #réfugiés.
Au Danemark, le parlement a voté des lois visant à confisquer les biens et les richesses des personnes recherchant l’asile. Au Royaume-Uni, lors de la séance des Questions au Premier ministre David Cameron, les personnes bloquées à Calais et à Dunkerque qui cherchent à se réfugier en Grande-Bretagne ont été décrites comme « un tas de migrants ». Et n’oublions pas que le président tchèque Miloš Zeman a qualifié la crise actuelle aux frontières de l’Europe d’#invasion islamique organisée.
La force qui relie tout cela est le #racisme antimusulman, qui permet aux dirigeants de se soustraire à leurs #responsabilités. Les dirigeants autoritaires tels que le Premier ministre hongrois Viktor Orbán évoquent les histoires des #invasions ottomanes pour attiser le soutien pour le #nationalisme et distraire leur peuple des #crises économiques et sociales qui touchent la société hongroise et européenne. Les « #socialistes » déclarés, comme François Hollande, ont abandonné la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » pour mener une guerre potentiellement infinie contre le soi-disant État islamique et imposer un #état_d’urgence continu au niveau national jusqu’à ce que cette guerre soit gagnée.
Le racisme et la propagation de l’idée de différence sont des outils essentiels pour rejeter les exigences prévues par le #droit et les accords internationaux, comme les #Conventions_de_Genève. Les personnes sont désignées comme étant des « #migrants » ou des « monstres », car cela empêche de les reconnaître en tant que réfugiés, terme qui implique alors des responsabilités morales et juridiques.
Nier ces responsabilités et les mettre sur les épaules des autres est la marque de fabrique actuelle de la politique de l’#UE. Un an après les espoirs nés de #Syriza, la #Grèce n’est guère plus qu’une nation sacrificielle. Les conditions qui ont été imposées par la terreur économique de la troïka et les #diktats migratoires des autorités européennes ont formé un terrain fertile pour le parti d’extrême droite #Aube_dorée. Plus que quiconque, ce sont eux qui tirent profit des échecs de Syriza.
]]>Marée noire de 2002 : la justice espagnole ouvre la voie à une indemnisation - Yahoo Actualités France
▻https://fr.news.yahoo.com/mar%C3%A9e-noire-2002-justice-espagnole-ouvre-voie-%C3%A0-165519816.h
Treize ans après la marée noire du Prestige, le capitaine grec du pétrolier a été définitivement condamné mardi à deux ans de prison par la justice espagnole, qui a déclaré civilement responsables le propriétaire libérien et l’assureur britannique du bateau.
En désignant pour la première fois des responsables civils pour cette catastrophe, la Cour suprême ouvre la voie à une indemnisation des parties lésées par cette catastrophe, l’une des plus graves ayant touché l’environnement en Europe.
Les dédommagements, concernant essentiellement la France, le Portugal et surtout l’Espagne, pourraient se chiffrer en milliards.
...
Pour la première fois, la plus haute instance judiciaire espagnole a cependant déclaré « la responsabilité civile directe » de l’assureur britannique du bateau, The London P&I Club, « à hauteur d’un milliard de dollars », soit le plafond qui figurait dans le contrat d’assurance.
Et elle a pointé la « responsabilité subsidiaire » du propriétaire libérien du pétrolier, Mare Shipping Inc., « qui connaissait l’état réel » du pétrolier.
#marée_noire #pollution #responsabilités #assurances #justice
]]>The Taliban indoctrinates kids with jihadist textbooks paid for by the U.S.
– The Washington Post
▻https://www.washingtonpost.com/news/worldviews/wp/2014/12/08/the-taliban-indoctrinates-kids-with-jihadist-textbooks-paid-for-by-t
Printed both in Pashto and Dari, Afghanistan’s two major languages, books such as “The Alphabet for Jihad Literacy” were produced under the auspices of the U.S. Agency for International Development by the University of Nebraska at Omaha and smuggled into Afghanistan through networks built by the CIA and Pakistan’s military intelligence agency, the ISI.
How Generations Were Raised to believe in jihad
▻http://www.ghefley.com/2015/07/how-generations-were-raised-to-believe.html
►http://www.middleeasteye.net/node/39507
En Afghanistan, l’USAID a investi des millions de dollars pour fournir aux écoliers « des manuels remplis d’images violentes et d’enseignements islamiques militants », d’après le Washington Post. La théologie justifiant le djihad violent était entrecoupée de « dessins de fusils, de balles, de soldats et de mines ». Les manuels vantaient même les récompenses divines offertes aux enfants qui « arracheraient les yeux de l’ennemi soviétique et lui couperaient les jambes ».
#jihad #afghanistan #éducation #enfance #endoctrinement #USA #responsabilités_politiques #madrasas
]]>Vu du Royaume-Uni. Migrants à #Calais : “La #France ne doit pas fuir ses #responsabilités”
Les tentatives d’intrusion dans le tunnel sous la Manche se sont intensifiées. Le gouvernement britannique s’est réuni en urgence le 29 juillet, tandis que Paris a dépêché des renforts policiers sur place. Des mesures qui paraissent bien illusoires, fustige la presse outre-Manche.
Nous avons besoin d’un traité mondial sur les #responsabilités des #entreprises | Blog international d’Amnesty sur les droits humains
▻http://livewire.amnesty.org/fr/2015/01/21/nous-avons-besoin-dun-traite-mondial-sur-les-responsabilites-des-e
Un traité doit imposer à chaque État d’adopter des lois rendant obligatoire la due diligence en matière de droits humains pour les entreprises.
]]>Climat : l’annonce Etats-Unis - Chine est-elle historique ? Pas vraiment.
Un accord inédit. Voire même « historique » pour certains, reprenant là les mots de Barack Obama sans les mettre en perspective. Ce mercredi 12 novembre, médias et commentateurs saluent de manière quasiment unanime l’annonce conjointe Etats-Unis - Chine. Qu’en est-il réellement ? Décryptage
▻http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/121114/climat-lannonce-etats-unis-chine-est-elle-historique-pas-vraiment
#accord
#chine
#Climat
#émissions
#Etats-unis
#GIEC
#Jinping
#Obama
#responsabilités
#Union_européenne
@rezo
Israel Says Its Forces Did Not Kill Palestinians Sheltering at U.N. School - NYTimes.com
▻http://www.nytimes.com/2014/07/28/world/middleeast/israel-gaza-strip.html?emc=edit_th_20140728&nl=todaysheadlines&nlid=6761714
On Sunday, Lt. Col. Peter Lerner, an Israeli military spokesman, acknowledged that an errant mortar round fired by Israeli troops had exploded in the school’s courtyard that afternoon but said the yard had been empty at the time. He provided a video with 10 seconds of black-and-white footage shot by an Israeli drone that showed a blast in what appeared to be an empty courtyard. “It is extremely unlikely that anyone was killed as a result of that mortar,” he said.
Comme en 2009, la bataille sur les responsabilités commence. L’armée israélienne commence subtilement à semer le doute (notre obus a été tiré dans une cour vide, il n’y avait personne, ces morts ne sont pas nos morts - sans préciser « c’est les morts de qui »). Et une enquête indépendante pour identifier l’origine du tir, la nature ds munitions va être rendue difficile ou impossible par les autorités israéliennes, etc...)
JERUSALEM — Israel and Hamas went back and forth on Sunday over proposals for a new cease-fire in the fighting in the Gaza Strip, and Israel sought to bolster its claim that its forces were not responsible for the deaths of 16 Palestinians reportedly killed in an attack on a United Nations school.
Palestinians who brought their dead and wounded relatives to a Gaza hospital after the attack on Thursday said that hundreds of people who sought shelter in the school had gathered in its courtyard, believing that buses were on the way to take them somewhere safer. Then a number of munitions fired by Israeli forces hit the school, they said, killing and wounding scores of people.
]]>Au #Maroc, la #chasse aux #étrangers tue et pendant ce temps, l’UE négocie et se tait
Dans le nord du Maroc et dans d’autres villes du pays (Mekhnès, Rabat, etc.), les scènes se répètent depuis des mois, voire des années [1], mais elles ont, ces dernières semaines, atteint une ampleur sans précédent.
La #police et les #militaires marocains raflent en toute impunité des centaines d’#enfants, de #femmes et d’hommes, pour la plupart originaires de pays subsahariens. Ces chasses à l’homme ont principalement lieu dans les villes du nord du pays, El Hoceima, Ksar El Kebir, Nador, Taourirt et Tanger : le 27 juillet, 140 migrants ont été interpellés autour de la ville de Nador, et quelques jours plus tôt – le 24 juillet – ce sont près de 300 migrants qui ont été arrêtés dans le quartier Boukhalef à Tanger.
Ces #traques donnent lieu à des scènes humiliantes voire inhumaines, et personne n’est épargné. À Tanger, une mère sénégalaise avec son enfant âgé de deux ans a été violentée en pleine rue par les forces de l’ordre pour être conduite presque dénudée dans un camion policier en vue de son refoulement à la frontière maroco-algérienne. Aux alentours de Nador, une réfugiée a été contrainte d’abandonner son bébé de sept mois dans la forêt, une autre y a laissé un de ses jumeaux, âgé de trois ans.
Ces #violences policières, qui obéissent à des stratégies ciblées, entraînent la #mort de nombreux migrants [2].
Après que les polices espagnoles et marocaines de part et d’autre de ces #frontières traquent ces personnes nuit et jour, elles sont généralement conduites par bus près d’Oujda à la frontière avec l’Algérie, pour y être #abandonnées, quand elles ne sont pas emprisonnées. Le gouvernement marocain et les autorités de l’Union européenne, qui rivalisent depuis des années de déclarations contre les migrants présents au Maroc, sont responsables de cette politique #xénophobe et mortifère.
Pour rappel, le 7 juin 2013, le Maroc, l’UE et neuf États membres de l’UE [3] ont signé une déclaration conjointe [4] qui établit un ensemble d’objectifs politiques. Ce texte qui prévoit une série de mesures pour une « meilleure gestion de la migration » [5], ne constitue qu’un maillon supplémentaire du processus de sous-traitance du #contrôle_migratoire vers le Maroc.
Sous pression et en toute #impunité, celui-ci exécute avec zèle les exigences de l’UE, qui se défausse ainsi allègrement de ses #responsabilités, sans se soucier des conséquences de cette #externalisation et en cautionnant ces actes.
Nous demandons à ce que #Cécilia_Malmström, commissaire européenne aux affaires intérieures, #Laenser_Mohand, ministre marocain de l’Intérieur, #Saâd_Eddine_El_Othmani, ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, et les ministres des Affaires étrangères des neuf États membres de l’#UE agissent urgemment pour faire immédiatement cesser les exactions policières au Maroc à l’encontre des #migrants.
Nous demandons également à ce que les #exilés présents sur le territoire marocain soient traités dignement, quelle que soit leur situation administrative.
Enfin, nous rappelons aux autorités espagnoles et aux autres Etats membres de l’Union européenne leur obligation de se conformer aux principes de la #convention_européenne_des_droits_de _l’homme, et à ce titre de traiter les demandes d’admission sur le territoire de l’UE de celles et ceux qui demandent à bénéficier d’une #protection, et de ne plus les #refouler vers un pays où ils risqueraient de subir des #traitements_inhumains et dégradants.
]]>Vitruve : une école (hors) du Commun (écoRev)
►http://ecorev.org/spip.php?article912
Un entretien avec avec Gérard Delbet paru dans le dossier Le #Commun ou la relocalisation du politique, Revue critique d’écologie politique n°39, juillet 2012.
Gérard Delbet, dit Gégé, est instit à l’école Vitruve depuis 1976. On est venu le chercher à l’époque pour « remplacer quelqu’un qui craquait ». Il faut dire que l’école Vitruve, c’est particulier, ça ne correspond par aux schémas mentaux dominants, ça ne rentre pas bien dans les cases de l’administration, bref ça dérange. Pourtant, il y a tout lieu de penser que l’école Vitruve produit du commun : avant tout une école que les instits, enfants, et même parents gèrent et
fabriquent ensemble. D’où ça vient, qu’est-ce que c’est, comment ça survit dans le système, quel genre d’enfants en sortent... ?
Est-ce que Vitruve fabrique du commun, du « vivre ensemble » ?
Les encadrants de Vitruve ne sont pas partis de cette idée de « fabriquer du vivre ensemble ». Ils ont, à partir de 62, investi un territoire, un lieu, un écosystème, plus ou moins servis par les hasards de l’histoire. Dans ce lieu, ils ont inventé, fabriqué des choses qui sont du commun avec les enfants, entre les #enfants, et pour eux. On dit de nous qu’on est une école « pas comme les autres ». Mais en fait pour nous ce sont les autres qui ne sont pas des écoles ! Pour le dire autrement, on a mis en place un lieu où vivent ensemble plus de 240 gosses et une quinzaine d’#adultes (instits, profs de musique, de dessin, personnes qui font le ménage, s’occupent des repas...) et les #parents, qui sont aussi partie prenante de ce lieu.
On a réussi à fonder une école qui se démarque totalement des autres. On porte le même nom, « école », mais les autres ne sont en réalité qu’une juxtaposition de propriétaires de classes, de sections. L’institution parle d’ « école » en général, mais ce mot est ambigüe et désigne plutôt le bâtiment, géré par la commune, tandis que le personnel et les « proies » que sont les enfants, sont la propriété de
l’Éducation nationale ! Le vrai langage de l’institution, d’ailleurs, ce n’est pas « école » c’est « classes administratives ». « École », ça ne correspond à rien pour eux. On le voit quand on se confronte à l’administration et à ses règles, qui par exemple ne peut concevoir ni comprendre qu’on fasse travailler ensemble des enfants de niveaux différents.
Comment ce commun, cette école, s’est-elle mise en place ?
L’école Vitruve existe depuis une cinquantaine d’années. À la base, ce sont des militants pédagogiques, dans les années 60, pour la plupart issus du #GFEN, qui cherchent à mettre en œuvre leurs idées, issues de la résistance, notamment les méthodes actives inventées dans le cadre de l’Éducation Populaire. Ces gens ont cherché à investir des lieux et Robert Gloton, un inspecteur de l’Éducation Nationale, militant du GFEN lui-même, un type formidable, a su ruser avec le système en proposant à sa hiérarchie de lancer une #pédagogie nouvelle dans 40 classes expérimentales. Il n’a pas parlé d’école ! Mais il les a regroupées sur 4 lieux géographiques car il avait bien l’idée d’aller vers la fabrication d’écoles. Il dit dans un texte de la fin des années 60 : "En réaction contre l’isolement traditionnel des classes au sein de l’établissement, tout est mis en œuvre pour traduire dans les faits ce principe fondamental : l’unité pédagogique n’est pas la classe, mais
l’école." Il a pris avec lui des instits volontaires avec l’assentiment de la droite française gaulliste de l’époque, à condition « que ça ne devienne pas les folies bergères ». Vitruve est née dans un quartier défavorisé en voie de réhabilitation accélérée, haut lieu d’immigration, dans un contexte difficile, où l’échec scolaire était important. On est parti d’une école primaire de garçons de réputation violente dont personne ne voulait. Ce fut, paradoxalement, une facilité. Par ailleurs, cette école primaire était gérée en même temps qu’un collège municipal, par un seul directeur. Ce hasard de l’histoire nous a été bénéfique car avec le hiatus croissant entre l’école primaire « différente » et le collège « classique », la prise en charge par directeur unique est vite devenue impossible : cela nous a permis de créer la #coordination. Et elle a tout de suite été une fonction tournante entre nous. Dans les 3 autres écoles créées par Gloton, il y a eu des directeurs militants, mais ça s’est écroulé dès qu’ils sont partis, alors qu’à Vitruve la coordination a permis que le système se reproduise. C’est une gestion collégiale
avec un coordinateur tournant d’année en année, qui est un instit de l’équipe. Il/elle ne prend pas de classe, mais reste néanmoins en contact avec les enfants.
Après 50 ans d’expérience, on peut affirmer aujourd’hui que ce format de gestion et d’organisation est clairement un format viable et reproductible.
Quel est le projet politique de Vitruve ?
Le projet de départ c’est de réfléchir et d’agir ensemble au niveau de l’école sur deux points : comment lutter contre l’échec scolaire et comment considérer l’enfant dans son rapport au monde adulte, c’est-à-dire produire des pratiques sociales qui vont faciliter sa conquête des savoirs, son indépendance, son émancipation.
L’idée politique, le projet politique n’ont pas été réellement prédéfinis. Il sont apparus en marchant. Encore une fois, pour filer la métaphore, cet organisme vivant s’est installé dans un milieu, s’est adapté à son écosystème et s’en est nourri (tout en le protégeant) pour se transformer lui-même. On a agi sur lui et il a agi sur nous pour nous rendre mieux réactif, plus réceptif, plus malin.
Le projet politique est donc apparu au fur et à mesure. Au fur et à mesure des rencontres, des contacts, des recherches, des ramifications possibles. Il a incorporé des événements, inattendus ou provoqués, qui sont devenus, dans un processus évolutif, des bagages-ressources. Il y a eu, comme dirait le biologiste Thierry Lodé, un avantage évolutif par l’équilibre des échanges avec le milieu.
Le vrai projet politique pour cette école est finalement de « faire école ».
Bien sûr, au départ, il y avait, chez les instits, l’énonciation de pistes, de questionnements, de souhaits, de valeurs, mais je considère que ce sont des prétextes, qui ont induit la nécessité de produire ce commun qu’est l’école, car on ne peut pas, pour répondre à ces questions, se contenter d’agir 6 heures par jour à destination de groupes d’enfants disjoints : il est nécessaire de globaliser, de #mutualiser, à travers des #rencontres d’enfants, de recourir à des « brisures de segments » (intervention ponctuelle de parents sur leurs domaines de compétence,
d’enfants entre eux...).
Les #apprentissages se déroulent de manière globale à travers un projet de production par les enfants d’un spectacle, d’une expo, d’un restaurant... L’écrire, le dire, le compter, le lire... se retrouvent dans ce projet global. Le meilleur moyen c’est d’avoir une vision commune en mettant aussi les enfants dans une #pratique sociale du commun.
On doit alors nécessairement se poser le problème de la dimension de ce milieu. Il me semble que le changement est possible quand l’individu est dans un rapport simple au commun (un individu en rapport avec 250) mais dès qu’on est trop nombreux (des milliers de personnes...), ça devient compliqué. Comme dit l’adage, « small is beautiful » : les enfants doivent être capables d’aborder l’école dans sa totalité. De l’envisager. D’en connaître le plus possible.
Alors l’école devient un bien commun qu’il faut porter, protéger, mais aussi pousser à la rencontre de l’extérieur pour une #pollinisation croisée qui va la fertiliser.
Ce que tu dis sur l’échelle rejoint les constats d’Elinor Ostrom ...
Peux-tu nous dire plus concrètement comment fonctionne cette gestion commune et comment ça tient dans le contexte sociétal actuel ?
Quand je suis arrivé, en 1976 (dans cette école de réputation bizarre, où il « se passait des trucs » tout en étant à l’éducation nationale, comble de la bizarrerie !), la norme pour les instits de Vitruve était déjà de travailler en binôme, en mettant en commun les groupes d’enfants de même âge. Depuis 1974, tous les niveaux de l’école partaient chaque année en classe verte et comme il était plus économique de partir à plusieurs classes en même temps, ils avaient a appris à travailler ensemble et, au retour du voyage, avaient rapporté cette idée dans l’école.
J’ai parlé tout à l’heure de la coordination. Ça n’a pas toujours été facile. Notamment avec le retour de la droite au pouvoir en 1986, on a voulu nous coller un « maître directeur », un patron, car ils voulaient redresser, à leur manière, la situation scolaire de la France. Alors on s’est bagarré. Quand Mitterrand a été réélu en 1988 et que Jospin est devenu ministre de l’éducation nationale, on l’a menacé de tout arrêter à Vitruve si un « maître directeur » était nommé. On a gagné,
heureusement, et on a réussi à imposer la coordination, mais aussi le fait d’être pris en compte dans notre différence par l’éducation nationale.
Après cela, on nous a fait déménager car le collège avait besoin d’une extension. On a réussi à participer un peu au projet architectural de notre nouveau lieu, une #architecture qui du coup tient compte du projet de l’école, avec notamment son amphithéâtre et des salles de travail qui sont, non pas en enfilade dans un couloir, mais regroupées autour d’espaces communs.
Depuis les années 80-90, il existe bien une vision globale de l’école chez les instits y participant. C’est devenu un lieu appartenant à tous et dont tout le monde a la charge. Adultes comme enfants. Ce n’est pas forcément facile pour les nouveaux arrivants (les enfants de CP et ceux qui arrivent en cours de route), mais ils s’y font. Cet équilibre n’est jamais acquis. C’est un apprentissage constant, qui produit de l’imprévu, des nouvelles directions, des questions de recherche.
Il est frappant de constater que récemment, l’inspecteur venant inspecter l’instit et la classe de CM2 a totalement occulté la séquence collective durant laquelle les CM2 ont été mis en commun avec les CP sur un problème de calcul : l’institution ne comprend toujours pas ce genre de démarche. Cela semble hors de son mode de pensée.
Dans la fabrication du commun, je pense que le préalable n’est pas de faire des réunions pour se mettre d’accord sur des #valeurs communes (cela a été essayé, notamment par les groupes « Déclic », mais n’a pas abouti), mais d’investir un lieu.
Le projet politique a posteriori pourrait être également que l’individu, en fin de compte, se développe dans cette école, améliore ses #compétences, amplifie sa pensée, sa #créativité et sa #conscience au monde. Le commun n’entre pas en concurrence avec lui, il devient une affaire personnelle. Ce n’est pas l’appartenance au groupe qui
construit le commun, mais bien plutôt la gestion du lieu qui va amener une nouvelle réalité commune, et, étrange conséquence absolument pas préétablie : le commun vient « s’inscrire » dans le patrimoine de chacun. On est plus créatif, plus réactif, plus inventif, plus aimant. On gagne en liberté. Améliorant, par réaction en chaîne, le bien être général. Ce sens du « lieu commun » devient partie de l’individu, comme « un geste de plus ». Une utilisation de plus de son individualité. Une nouvelle possibilité d’existence. C’est une pensée prolongée, ramifiée, communicante, une capacité de plus pour chacun de se situer au monde, dans le monde et avec les autres. Moins parmi qu’avec. Le commun n’est pas seulement « plus que la somme des
membres qui le composent » , il est bien plus, bien au-delà : producteur d’individus en extension.
Les fêtes à Vitruve sont-elles un moyen de fabriquer du commun ?
On pourrait parler de « fêtes révolutionnaires » : les révolutions sont des moments tragiques, souvent, ou de fêtes, et la fête peut être révolutionnaire en soit. Dans la « légende de Vitruve », il y a notamment la fête mythique de 1972. L’équipe d’instits décide de faire une fête, et plutôt que de la faire « dans les murs » comme le souhaitent enfants et parents, ils décident de faire « sortir l’école des murs » et de l’organiser sur la place de la Réunion, comme une sorte de carnaval, en invitant des artistes de rue et en créant une monnaie d’échange locale. Cette fête fait partie des moments fondateurs. L’école est allée au contact de l’extérieur, alors que les habitants du quartier avaient une image assez négative de l’école (c’est « l’école des fous » qui démonte les portes de classes et en fait des toboggans !). Vitruve va alors nouer des liens avec le « terrain d’aventure » (un lieu du quartier), avec une association qui s’occupe de vieux, avec le théâtre de l’est parisien. Des ramifications se créent, des pollinisations ont lieu, on apprend de l’extérieur, un lien avec le quartier se crée, qui va déboucher sur des rapports avec une radio parisienne, avec une imprimerie locale, et sur la création d’un restaurant associatif géré par l’école. Aujourd’hui, le contact de Vitruve avec le quartier c’est notamment la « Traviole », journée qui a lieu vers la fin de l’année
scolaire et durant laquelle enfants, instits, parents déambulent par groupes selon des itinéraire définis qui se croisent dans le quartier, pour aller présenter des projets, des expos, dire des poèmes, chanter des chansons, danser, dans les jardins, sur les places. Quelque chose s’opère et se renouvelle, il y a une porosité, une osmose entre enfants, adultes, école, quartier.
Autre moment festif et fondateur de commun au début de l’année scolaire, la grande braderie organisée par les enfants, les instits et les parents, au milieu du mois d’octobre, où tous s’investissent à fond pour gagner de quoi financer les classes vertes de tous les enfants de l’école. Cette braderie est aussi l’occasion de retrouver les habitants du quartier dans une grande fête de retrouvailles.
Ces fêtes, organisées par des petits groupes, avec une #participation élargie, sont des occasions de rencontres et une mise en commun... de la joie !
Peux-tu nous parler un peu plus de la mise en responsabilité des enfants dans la gestion de l’école ?
En effet les enfants participent activement à la gestion de l’école. Entre autre, parallèlement à la coordination adulte, dont j’ai déjà parlé, il y a une coordination des enfants. Cela est apparu en 1978, en classes vertes : on a créé un groupe d’enfants (le « groupe 6 ») dont la mission était de gérer l’ensemble de la classe verte, puis en revenant on a investi cette expérience dans l’école.
À côté de cette coordination il y a d’autres #responsabilités, par exemple les ludothécaires, qui sont chargés de sortir à chaque récré la « boîte à jeux » (cordes à sauter, etc.) et à gérer leur distribution, les gestionnaires de flux, qui font en sorte que les descentes et montées d’escalier se déroulent dans le calme, les médiateurs, qui sont chargés de faire la médiation entre des individus en conflit plus ou moins affiché. À Vitruve quand il y a un problème, si on n’arrive pas à le
régler à l’amiable on peut « porter plainte ». Il y a 7 ou 8 médiateurs, renouvelés chaque mois (comme les autres responsabilités, l’idée étant que tous les enfants prennent des responsabilités), qui utilisent des techniques de médiation, telles que le fait de s’asseoir entre les belligérants, par terre, éventuellement sous une table, pour faire tomber la violence physique (comme parfois en Afrique l’arbre à
Palabre). C’est géré par les enfants, jusqu’au point où ça ne suffit pas, et à ce moment les adultes interviennent. Et oui ! Le commun ne produit pas forcément que de la paix et de l’harmonie ! En tous les cas ça n’empêche pas les conflits de surgir.
La désignation des porteurs de responsabilités et des délégués de classe peut se faire selon 4 modes différents : le hasard, le vote, la désignation par le bureau (car chaque classe a un bureau chargé de la gestion) ou bien par les adultes (pour mettre en avant par exemple un enfant qui n’aurait jamais pris de responsabilité, serait trop timide...). Le choix du mode de désignation est selon les cas discuté avec le bureau, ou alors laissé à la libre initiative des enfants. Les enfants
aiment bien le vote, mais ceux qui ne sont pas élus peuvent le vivre comme un échec.
Les enfants se réunissent régulièrement ?
Oui, depuis le milieu des années 70, une fois par semaine, il y a le « Conseil d’école » qui rassemble les délégués de chaque classe et les coordinateurs, avec un adulte. Cette réunion est précédée d’une prévision d’ordre du jour. 90% des sujets concernent la gestion de la cour d’école, des couloirs, des toilettes mais parfois y sont aussi abordés aussi des problèmes relatifs à l’amitié, au racisme, au
sexisme... ça dure environ 3/4 d’heures à une heure, chaque jeudi matin. Un compte-rendu est ensuite diffusé, affiché, lu, étudié.
Peux-tu nous faire le portrait type d’un enfant qui sort de Vitruve ?
Alors prenons un môme qui a fait toute sa scolarité à Vitruve, qui a pris ou observé les différentes responsabilités. Il sait qu’il va entrer dans un autre monde et il sait qu’il n’a pas appris comme ailleurs. Il a souvent une vision de son apprentissage scolaire quelque peu dévalorisée (faiblesses en orthographe, en règles de grammaire...) mais il sait qu’il a une capacité à s’adresser aux adultes et surtout à s’adapter, à s’organiser, à être à l’écoute. A Vitruve on essaye d’émanciper les enfants, dans le sens où on tâche de les sortir d’une dépendance à leur éventuelle ignorance, aux adultes et à leurs parents. Si cette #émancipation a bien eu lieu, l’enfant sait apprécier quand il y a une « fenêtre de tir », quand intervenir, même si c’est assez perturbateur pour eux d’arriver dans ce monde où on ne peut plus s’adresser aussi librement aux adultes, où on passe du tutoiement au vouvoiement, où existent des protocoles de #communication.
Par ailleurs souvent les anciens de Vitruve ont la volonté d’être délégué (ce qui en fait au collège est un truc vraiment bidon car il suffit que le prof ne soit pas d’accord avec le résultat pour casser les élections !), car ils ont un rapport développé à la parole et à la #revendication. Ils découvrent au fur et à mesure qu’ils savent des choses, y compris sur le plan scolaire. Nous avons fait plusieurs évaluations, notamment en 1988 et les années suivantes. Puisqu’à Vitruve, on ne redouble pratiquement pas, le ministère nous avait demandé, à juste titre, de
fournir des indications sur le devenir scolaire de nos élèves. Les résultats étudiés et validés sont tout à fait honorables.
Un des acquis qu’il faut souligner néanmoins, c’est la capacité de clairvoyance de ces collégiens, passés par Vitruve. Ainsi j’ai été frappé récemment, par le témoignage d’un ancien de Vitruve disant « au collège, c’est super sévère, mais c’est le bordel ». Comme quoi ce n’est pas parce qu’on invoque l’ordre et la #discipline que le collectif est bien géré, de même que ce n’est pas parce qu’on a des rapports de confiance, humains et détendus, qu’il n’y a pas de règles de
fonctionnement !
On observe également une certaine nostalgie chez les anciens : au bout d’un moment ils sont nombreux à revenir à Vitruve, aux fêtes, à la braderie, à reprendre contact, probablement par ennui, car ils gardent le souvenir de moments forts qu’ils souhaitent reproduire, revivre sans doute.
Quel est le rapport de Vitruve avec les autres communautés éducatives ? Pourquoi Vitruve ne fait pas tâche d’huile ?
Il faut encore une fois réinterroger les mots pour le dire et, humblement, reconnaître que les « communautés éducatives », c’est plutôt rare. La plupart, pourtant nommées comme telles, ne sont que des lieux de savoirs séparés, segmentés, en matières ou en heures, avec des êtres vivants tout autant séparés les uns des autres, un grand étouffoir hiérarchique posé par-dessus.
Nos rapports avec les autres s’améliorent néanmoins, notamment avec les profs du collège avec qui on essaye de travailler. On essaye d’entrer en contact, mais c’est difficile. Il y a énormément d’idées reçues, d’idées toutes faites, des torticolis conceptuels sur nous. Ils ne comprennent pas bien ce qu’on fait, ce qu’on est. Une école différente, c’est forcément une école qui n’apprend rien ou mal.
Avec les Maternelles, c’est un peu plus facile. On se sent plus proche de leur façon de procéder. Encore qu’aujourd’hui, l’école maternelle est en train de perdre sa spécificité pour devenir l’antichambre du bachotage scolaire. Certains voudraient même que les enfants apprennent à lire à 4 ans.
En fait, nous avons passé notre temps à chercher d’autres interlocuteurs pour mener des débats transversaux sur l’éducation : avec des parents (pas forcément les nôtres), avec des profs de collège ou lycée qui s’occupent des « décrocheurs » (FESPI), avec des profs de l’enseignement agricole, avec des chercheurs français ou étrangers...
En 2008, avec les parents d’élèves, on a organisé des « petits déjeuners débats » autour de thème comme l’évaluation, les notes, le samedi matin ouvert aux parents, les devoirs à la maison...
Notre longévité, si elle peut servir de tâche d’huile, de vinaigrette ou de
tire-bouchon, rappelle qu’on peut résister à la dominance, ensemble, ici ou là. Il y a plein d’expériences à mener et à maintenir en choisissant bien son espace d’intervention et sa dimension humaine. En conclusion, je voulais rappeler notre formule célèbre : Vitruve ? Une expérience qui a de l’expérience !
#éducation #école #ihaveadream #éducation_populaire #échec_scolaire #communauté_éducative
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