• La #France qui a #faim avec #Bénédicte_Bonzi et #Guillaume_Le_Blanc

    Rencontre d’une anthropologue spécialiste de la faim et d’un philosophe qui a beaucoup écrit sur la #précarité pour penser les erreurs d’un pays riche où 8 millions de Français doivent recourir à l’#aide_alimentaire tandis que 10 millions de tonnes de #nourriture sont jetées par an en France.

    Pour comprendre l’#absurdité de ce #paradoxe et la faillite de notre #agriculture_productiviste, nous recevons l’anthropologue Bénédicte Bonzi qui a mené une longue étude aux #Restos_du_coeur. Sur le terrain, elle mesure la #souffrance de #bénévoles qui constatent que leur action, loin d’aider à sortir de la #pauvreté, consiste surtout à maintenir une #paix_sociale en évitant des vols et des #émeutes_de_la_faim.

    Et si, dans une société démocratique, l’urgence consistait moins à donner de la nourriture que des #droits pleins et entiers ? Le regard du philosophe Guillaume Le Blanc nous permettra de questionner la #violence qui s’exerce contre les plus pauvres. Comment penser la #vulnérabilité au cœur de la cité ?

    https://audioblog.arteradio.com/blog/215851/podcast/219681/la-france-qui-a-faim-avec-benedicte-bonzi-et-guillaume-le-blanc

    #audio #podcast

  • « Le plus dur est de les voir pleurer » : comment les bénévoles des Restos du Coeur apprennent à dire non aux bénéficiaires
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/le-plus-dur-est-de-les-voir-pleurer-comment-les-benevol

    L’hiver approche. Et à Clermont-Ferrand, comme ailleurs, les Restos du Coeur sont contraints de refuser pour la première fois des bénéficiaires. Une angoisse du quotidien pour les bénévoles qui doivent annoncer la mauvaise nouvelle aux personnes précaires.

    Dans le centre de distribution des Restos du Cœur situé au cœur de Clermont-Ferrand, la queue s’allonge. À l’intérieur, dans la salle d’attente, Rima, ticket numéroté à la main, tape du pied. Elle attend son tour pour pouvoir s’inscrire pour la campagne d’hiver. Elle semble stressée : “J’espère qu’on pourra m’accepter. J’ai entendu dire qu’ils refusaient des gens en ce moment”. Son tour arrive. Catherine, bénévole, l’accueille dans son bureau. Rima dévoile ses comptes : son allocation d’adulte handicapé, le nombre d’enfants, le montant du loyer, ses dépenses en électricité, … Tout y passe. Après calcul, le logiciel est formel : le barème a été dépassé. Catherine murmure, bien embêtée : “Je suis désolée. Ça ne va pas être possible. Au niveau de nos barèmes, vous êtes un peu au-dessus. Je suis désolée. On ne va pas pouvoir vous accorder l’aide alimentaire”. Rima se mure dans le silence. Elle semble dépitée par la nouvelle. La bénévole tente de la rassurer : “Mais, vous aurez quand même droit à d’autres aides des #Restos_du_Coeur. Je vais vous donner une carte hors alimentaire. C’est-à-dire que si vous avez besoin de vêtements ou de services autres que l’alimentaire, vous pourrez toujours en bénéficier”. La femme repart avec son chariot - qu’elle comptait remplir - vide. 

    Une formation pour être prêt à dire “non”

    Pour la première fois, en plus de 30 ans d’existence, l’association d’aide aux plus précaires, créée par Coluche, doit limiter le nombre de bénéficiaires pour la campagne d’hiver 2023.

    une fable apologétique. en fait, depuis les années 90, il faut satisfaire à des « critères sociaux » pour être « bénéficiaire ». c’est ces critères qui sont durcis actuellement en raison de l’augmentation des demandes et faute de ressources.

    #barème (modifié) #pauvres #pauvreté #alimentation

  • Restos du cœur : « L’aide alimentaire est à bout de souffle »
    https://reporterre.net/Restos-du-coeur-L-aide-alimentaire-est-a-bout-de-souffle

    Il y a eu le Covid, ainsi que la hausse de l’inflation des produits alimentaires. Mais c’est avant tout notre système économique qui creuse les inégalités. Les salaires n’augmentent pas suffisamment, les écarts de revenus se sont accrus, et des personnes qui travaillent ne peuvent pas payer leurs charges, dont l’alimentation. Quand on touche les minimas sociaux ou un petit salaire, l’alimentation est en effet l’une des variables d’ajustement dans un budget, avec des effets (et des coûts) importants sur la santé et le bien-être. Tout cela devrait nous enjoindre à réfléchir au problème de façon globale : que veut dire se nourrir ? De quelle alimentation parle-t-on ? Quelle est la vie des paysans, à l’autre bout de la chaîne ? Bref, il est important d’appréhender ces enjeux de façon systémique, plutôt que de se pencher seulement sur une partie du problème.

  • Incapables de faire face à l’afflux de demandeurs, les Restos du cœur appellent à l’aide

    L’association a annoncé qu’elle allait devoir éconduire 150 000 personnes. Le gouvernement a promis 100 balles par tête (15 millions d’€), mais pas de Mars.

    « Nous demandons des réponses concrètes, précises, immédiates, et le lancement d’un plan d’urgence alimentaire. » Le président des #Restos_du_cœur, Patrice Douret, a adressé un appel à l’aide aux « forces politiques et aux forces économiques » lors du « 13 heures » de TF1, dimanche 3 septembre. Il décrit une « situation inédite » : jamais, depuis leur création en 1985 par Coluche, les Restos du cœur n’avaient aidé autant de monde – ils ont déjà accueilli 1,3 million de personnes cette année, contre 1,1 million en 2022. Et jamais l’association n’avait autant dépensé, du fait de ces besoins accrus et de l’inflation : elle doit acheter plus du tiers de la nourriture qu’elle distribue et faire face aux surcoûts d’électricité, de transports…
    « A ce rythme-là, si on ne fait rien, les Restos du cœur pourraient [comme l’école et l’hôpital] mettre la clé sous la porte d’ici trois ans ». Ils vont « réduire fortement » le nombre de personnes accueillies pour se concentrer sur ceux qui ont les plus faibles « restes à vivre ». « On devra aussi réduire les quantités pour tous ceux qu’on pourra accueillir ».
    (...) Avec les trois autres associations bénéficiant de l’#aide_alimentaire européenne – les banques alimentaires, le Secours populaire et la Croix-Rouge –, il a demandé au printemps à rencontrer Maquereau. Il a aussi appelé, dans une tribune au Monde, à renforcer le Soutien européen à l’aide alimentaire. Sans résultat.

    Cette fois, des élus de nombreux partis (HellFI, RN, Pécéèfe, EELV, Répoublicains, P$) se sont émus de la situation, plusieurs ont soutenu l’idée du « plan d’urgence alimentaire ». Les Mousquetaires et Carrefour ont promis d’effectuer des dons et d’organiser des #collectes.

    La ministre des solidarités, Aurore Bergé a indiqué que l’aide alimentaire du gouvernement avait été portée à 156 millions d’euros cette année et que, « dans les prochains jours, 15 millions d’euros » seront « mis sur la table » pour aider les Restos du cœur à « passer cette période », et 6 millions d’euros débloqués en faveur des associations d’aide aux tout-petits. Elle a elle-aussi lancé « un appel solennel aux grandes entreprises », qui avaient su se mobiliser pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, et compte les recevoir rapidement, en même temps que les présidents des grandes associations de solidarité.

    Cette annonce « ne répond pas à l’urgence », puisque « même en réduisant le nombre de personnes accueillies et les quantités données, nous avons besoin de 35 millions d’euros pour terminer notre exercice à l’équilibre en mars, réagit le pédégé des Restos. De plus, arnaque classique, les 15 millions annoncés englobent une dizaine de millions d’euros déjà budgétés dans le cadre du plan “Mieux manger pour tous”.

    Les autres grands acteurs de l’aide alimentaire soulignent l’urgence à agir. « Nous recevons moins de dons de nourriture de la #grande_distribution et de l’#industrie_agroalimentaire, et nous avons moins d’aides européennes que durant la crise sanitaire, tandis que les besoins augmentent fortement, résume Laurence Champier, D.G. des B.A.. Nous sommes obligés de rationner les associations que nous aidons et de limiter leur nombre. Notre secteur a besoin de crédits suffisants et pérennes, d’autant plus que les particuliers risquent de moins pouvoir donner ! »
    Côté du Secours pop : « Nous accompagnons désormais 3,5 millions de personnes, y compris de plus en plus d’étudiants, de retraités et des personnes qui travaillent. Nous essayons de partager plutôt que de refuser des gens, car il y en a déjà beaucoup trop qui sont en dehors des radars, explique le D.G. de l’association, Thierry Robert. Il faut plus de soutien, et aussi plus d’accompagnement humain de la part de l’Etat. Nos bénévoles constatent combien la dématérialisation des services publics prive de nombreuses personnes de leurs droits. »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/04/l-appel-a-l-aide-des-restos-du-c-ur-confrontes-a-une-situation-inedite_61876

    #alimentation #plan_d’urgence_alimentaire

  • Ils ne voulaient plus aider les sans papiers : démission collective des bénévoles aux Restos du cœur de Fréjus - Var-Matin
    https://www.varmatin.com/humanitaire/ils-ne-voulaient-plus-aider-les-sans-papiers-demission-collective-des-bene

    Depuis quelques mois, des bénévoles des Restos du cœur ne souhaitaient plus se conformer à la charte qui stipule qu’ils doivent accueillir tous les bénéficiaires « sans discrimination et sans sélection ».

    #je_veux_aller_sur_Uranus

  • affordance.info : Le Resto U n’est pas rentable. Alors on le ferme.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/10/le-resto-u-nest-pas-rentable.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026bdef9b92e200c-600wi

    Ce matin sur France Inter, alors que la réalité de la situation dans les universités c’est que désormais chaque campus est devenue une succursale des restos du coeur (merci à eux d’ailleurs puisqu’eux, ils filent à bouffer à nos étudiant.e.s), ce matin sur France Inter j’ai appris que le resto U de l’université Paris 8 en Seine Saint-Denis, plus précisément celui de l’IUT de Montreuil, n’avait pas ouvert depuis un an et ne réouvrirait probablement pas. Parce que ce n’était pas "rentable. La présidente de l’université y était rapidement interviewée et elle avait l’air presque aussi résignée que désabusée.

  • À #Montpellier : « quelque 17 gendarmes et policiers municipaux » pour vérifier que les gens portent leur masque à la plage… L’#Absurdistan autoritaire, ça a si bien marché jusque là, autant continuer.

    Montpellier : 405 € d’amende pour avoir bu du rosé entre amis sur la plage du Grand-Travers - midilibre.fr
    https://www.midilibre.fr/2021/04/05/montpellier-405-damende-pour-avoir-bu-du-rose-entre-amis-sur-la-plage-du-g

    Sur leurs serviettes, pourtant, la grande majorité des bronzeurs n’avaient pas le masque. Et pourtant, même seul, même loin des autres personnes, il est obligatoire de le porter. Aux côtés du secrétaire général de la préfecture de l’Hérault, Thierry Laurent, quelque 17 gendarmes et policiers municipaux étaient ainsi mobilisés pour mener le contrôle.

    Disposées en ligne, les forces de l’ordre ont pour cela longé cette plage du Grand-Travers et se sont arrêtées pour avertir les personnes de porter leurs masques. « Elles peuvent l’enlever lorsqu’elles mangent ou qu’elles boivent. Cependant, une fois terminé, elles doivent remettre leurs masques. Nous ne les verbalisons pas aujourd’hui à ce sujet, sauf si les personnes refusent d’obtempérer. Mais c’est assez rare », indiquait le commandant en charge de l’opération.

    Aucune personne interrogée n’était cependant au courant de cette règle. Bien qu’ayant toutes remis leurs masques, elles n’étaient pas en accord avec cette mesure. « On n’a rien contre le contrôle mais c’est abusé cette histoire de port du masque, déploraient Mika et Rosalie, un couple de Lunellois venus à la plage avec leurs deux filles. Pour se déplacer, nous comprenons qu’il faille le masque. Mais lorsque l’on est sur notre serviette, je ne vois pas l’utilité. »

  • « On n’a jamais vu ça » : à la Cité universitaire, des étudiants étrangers sur le fil de la précarité

    Il y a un petit air d’Halloween en cette soirée de novembre dans la Cité internationale universitaire de Paris. La nuit et le froid sont tombés, les étudiants ont quitté les pelouses pour rejoindre les cocons des 40 résidences dispersées sur le site et des lumières illuminent les fenêtres des 7 000 étudiants qui y logent. D’autres s’éteignent, des ombres masquées quittent furtivement les maisons du Liban, de la Tunisie, du Brésil… Elles convergent par dizaines vers la cour d’honneur de la Maison internationale et bifurquent vers le relais social de la cité. Les Restos du cœur y assurent, chaque mercredi soir, une distribution de denrées de première nécessité. Privés de job, de #stage, sans #aide_familiale du fait de la #crise_sanitaire internationale, ils sont des centaines d’étudiants étrangers, très diplômés, à avoir recours à l’#aide_alimentaire pour se nourrir.

    Tendre la main pour prendre un #colis_alimentaire écorche l’âme de Danielle Monsef Abboud. « Je ne veux pas qu’on me voie comme une personne en détresse », s’inquiète l’étudiante. A 25 ans, la jeune Libanaise est venue en France, en 2019, afin de terminer un cycle d’ingénieure en agronomie à Agroparistech. Pour cette élève brillante, l’année 2020 s’annonçait sous les meilleurs auspices. « J’ai étudié et travaillé dur pour n’être jamais dans le besoin », confie-t-elle.

    A la sortie de l’école, une ingénieure agronome peut tabler sur un salaire annuel d’au moins 30 000 euros. En mars, une grande entreprise française de la gestion de l’eau lui a proposé un contrat. Elle a travaillé notamment pour une fondation qui vient en aide aux Restos du cœur. Puis, la crise sanitaire est arrivée et son contrat n’a pas été renouvelé . « En trois mois je me suis retrouvée de l’autre côté de la barrière », constate-t-elle, abasourdie.

    Explosion de la demande d’#aide_sociale

    Comme Danielle, ils sont des centaines d’étudiants étrangers à se retrouver en grande difficulté dans la seule Cité internationale. Depuis mars, 600 résidents qui n’étaient pas connus des services sociaux de la cité ont entamé des démarches pour obtenir un soutien, quatre fois plus qu’en temps normal. « Depuis la rentrée, la demande d’accompagnement social a bondi de 154 % par rapport à l’année dernière. On n’a jamais vu ça », s’alarme Laurence Marion, déléguée générale de la Cité. Le constat est similaire pour l’épicerie solidaire Agoraé Paris, qui, dans le même temps, a vu le nombre de demandes multiplié par trois.

    La dégringolade a commencé avec le premier #confinement. Amna Saidi, 29 ans, Tunisienne et ingénieure en génie civil, est arrivée à la Cité internationale en septembre 2019 pour une année en master spécialisé au Centre des hautes études de la construction. Sa formation est couplée à un stage en entreprise qui lui assure également les revenus nécessaires pour vivre. « Mais tous les chantiers ont été mis en attente », déplore-t-elle. Les petits boulots également se tarissent. Kira Novikova, 32 ans, en master 2 de traduction à Paris, a monté son entreprise d’événementiel et de traduction pour financer ses études. « Ça marchait bien, mais du jour au lendemain il n’y a plus eu de tourisme, de salons ni de revenus », raconte-t-elle. « Ils ont tout perdu », résume Daphné Aouizerate, assistante sociale à la Cité universitaire.

    Après avoir payé leur loyer, les transports et leur forfait de communication, « de nombreux étudiants étrangers ont un euro ou moins de reste à vivre par jour », affirme Bérengère Pontet, présidente de l’Association générale des étudiants de Paris

    Sans stage, ni job, les étudiants étrangers sont particulièrement fragilisés. Bien que le gouvernement ait abondé d’une dizaine de millions d’euros son fonds d’aides spécifiques, qui sert à répondre aux besoins d’urgence et qui se monte à 49 millions d’euros, « les prestations sociales des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires de Paris (Crous) sont prioritairement distribuées aux étudiants français, européens ou réfugiés », rappelle Daphné Aouizerate. « Il existe des bourses pour les étrangers, mais l’accès est très restrictif », poursuit Laurence Marion. Quant aux charges des étudiants, elles demeurent. Tous doivent s’acquitter d’un loyer qui varie entre 495 et 580 euros, auquel il faut ajouter les transports, la télécommunication, les produits essentiels du quotidien.

    Boucler son budget est impossible pour la plupart d’entre eux. Bérengère Pontet, étudiante en orthophonie et présidente de l’Association générale des étudiants de Paris chargé des épiceries solidaires Agoaré, a pu calculer la #détresse de ses usagers. Pour permettre aux plus précaires l’accès aux denrées, il est calculé le « reste à vivre » de chaque étudiant, une fois les dépenses mensuelles soustraites aux revenus. « De nombreux étudiants étrangers qui viennent nous voir ont un euro ou moins de reste à vivre par jour. Ils sont en situation d’extrême précarité », constate-t-elle.

    De nombreux pays ont bloqué les #transferts_d'argent, empêchant les étudiants de recevoir de l’aide de leur famille… Dont certaines sont aussi en difficulté

    Aux difficultés que ces étudiants rencontrent en France s’ajoutent celles de leurs familles dans leur pays d’origine. « Beaucoup subissent une interruption ou une diminution du soutien financier familial », observe Laurence Marion. A Beyrouth, la famille de Danielle reconstruit sa maison soufflée par l’explosion du 4 août « et les banques libanaises ont bloqué nos avoirs », explique la jeune femme. Impossible de transférer de l’argent vers la France.

    Amna a souscrit un #prêt de 7 000 euros auprès d’une banque tunisienne pour financer son année d’études. Si elle doit bien rembourser son prêt, elle ne peut plus, elle non plus, bénéficier d’un transfert d’argent vers la France. Les frontières se ferment, laissant ceux qui sont partis démunis . « Ma #famille n’a pas les moyens de m’aider », est un leitmotiv de tous les étudiants étrangers en situation d’extrême précarité.

    Pour subvenir aux besoins les plus urgents, la Cité universitaire a mis en place un fonds d’aide exceptionnel. Ainsi, 189 résidents ont reçu en moyenne 120 euros, qui s’ajoutent, pour certains, à une aide financière du Crous et aux #aides_alimentaires, notamment de #Restos_du_cœur. Tous très diplômés, ces étudiants supportent mal l’image d’eux-mêmes que leur a façonnée la crise sanitaire. « L’image de la clocharde qui tend la main, il n’en est pas question pour moi », prévient Kira Novikova. A la rentrée, la jeune traductrice a pu, à la rentrée, obtenir un poste d’assistante, sous statut autoentrepreneur.

    Durant le confinement, Amna, l’ingénieure en génie civil, a trouvé un emploi de caissière dans une grande surface avant de décrocher un stage dans une société de transport. Cela pourrait lui permettre de terminer son année d’études. Quant à Oscar Fiallo, 22 ans, arrivé du Venezuela en septembre pour suivre un master de génie mécanique à l’école d’Arts et métiers, il fait la plonge, de nuit, dans un fast-food de la banlieue parisienne qui fait de la vente à emporter… et il étudie derrière son écran le jour.

    Pour tous demeure une inquiétude forte : que le nouveau confinement, comme le premier, les prive de leurs minces revenus, indispensables pour ne pas sombrer. « Le plus inquiétant, c’est l’absence de visibilité sur les contraintes qu’on leur impose, cette succession de mauvaises nouvelles sans avoir un point de sortie », alerte la déléguée générale de la Cité. Pour Kira, lasse, le reconfinement, c’est aussi ajouter de « la solitude » à la précarité.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/11/08/on-n-a-jamais-vu-ca-a-la-cite-universitaire-des-etudiants-etrangers-sur-le-f

    #étudiants_étrangers #précarité #pauvreté #université #France

  • Un #barrage suisse sème le chaos en #Birmanie

    L’#Upper_Yeywa, un ouvrage hydroélectrique construit par le bureau d’ingénierie vaudois #Stucky, va noyer un village dont les habitants n’ont nulle part où aller. Il favorise aussi les exactions par l’armée. Reportage.

    Le village de #Ta_Long apparaît au détour de la route en gravier qui serpente au milieu des champs de maïs et des collines de terre rouge, donnant à ce paysage un air de Toscane des tropiques. Ses petites demeures en bambou sont encaissées au fond d’un vallon. Les villageois nous attendent dans la maison en bois sur pilotis qui leur sert de monastère bouddhiste et de salle communale. Nous sommes en terre #Shan, une ethnie minoritaire qui domine cette région montagneuse dans le nord-est de la Birmanie.

    « Je préférerais mourir que de partir, lance en guise de préambule Pu Kyung Num, un vieil homme aux bras recouverts de tatouages à l’encre bleue. Je suis né ici et nos ancêtres occupent ces terres depuis plus d’un millénaire. » Mais Ta Long ne sera bientôt plus.

    Un barrage hydroélectrique appelé Upper Yeywa est en cours de construction par un consortium comprenant des groupes chinois et le bureau d’ingénierie vaudois Stucky à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest, sur la rivière #Namtu. Lors de sa mise en service, prévue pour 2021, toutes les terres situées à moins de 395 mètres d’altitude seront inondées. Ta Long, qui se trouve à 380 mètres, sera entièrement recouvert par un réservoir d’une soixantaine de kilomètres.

    « La construction du barrage a débuté en 2008 mais personne ne nous a rien dit jusqu’en 2014, s’emporte Nang Lao Kham, une dame vêtue d’un longyi, la pièce d’étoffe portée à la taille, à carreaux rose et bleu. Nous n’avons pas été consultés, ni même informés de son existence. » Ce n’est que six ans après le début des travaux que les villageois ont été convoqués dans la ville voisine de #Kyaukme par le Ministère de l’électricité. On leur apprend alors qu’ils devront bientôt partir.

    Pas de #titres_de_propriété

    En Birmanie, toutes les #terres pour lesquelles il n’existe pas de titres de propriété – ainsi que les ressources naturelles qu’elles abritent – appartiennent au gouvernement central. Dans les campagnes birmanes, où la propriété est communautaire, personne ne possède ces documents. « Nous ne quitterons jamais notre village, assure Nang Lao Kham, en mâchouillant une graine de tournesol. Nous sommes de simples paysans sans éducation. Nous ne savons rien faire d’autre que cultiver nos terres. »

    Le gouvernement ne leur a pas proposé d’alternative viable. « Une brochure d’information publiée il y a quelques années parlait de les reloger à trois kilomètres du village actuel, mais ce site est déjà occupé par d’autres paysans », détaille Thum Ai, du Shan Farmer’s Network, une ONG locale. Le montant de la compensation n’a jamais été articulé. Ailleurs dans le pays, les paysans chassés de leurs terres pour faire de la place à un projet d’infrastructure ont reçu entre six et douze mois de salaire. Certains rien du tout.

    Ta Long compte 653 habitants et 315 hectares de terres arables. Pour atteindre leurs vergers, situés le long de la rivière Namtu, les villageois empruntent de longues pirogues en bois. « La terre est extrêmement fertile ici, grâce aux sédiments apportés par le fleuve », glisse Kham Lao en plaçant des oranges et des pomélos dans un panier en osier.

    Les #agrumes de Ta Long sont connus loin à la ronde. « Mes fruits me rapportent 10 800 dollars par an », raconte-t-elle. Bien au-delà des maigres 3000 dollars amassés par les cultivateurs de riz des plaines centrales. « Depuis que j’ai appris l’existence du barrage, je ne dors plus la nuit, poursuit cette femme de 30 ans qui est enceinte de son troisième enfant. Comment vais-je subvenir aux besoins de mes parents et payer l’éducation de mes enfants sans mes #vergers ? »

    Cinq barrages de la puissance de la Grande Dixence

    La rivière Namtu puise ses origines dans les #montagnes du nord de l’Etat de Shan avant de rejoindre le fleuve Irrawaddy et de se jeter dans la baie du Bengale. Outre l’Upper Yeywa, trois autres barrages sont prévus sur ce cours d’eau. Un autre, le Yeywa a été inauguré en 2010. Ces cinq barrages auront une capacité de près de 2000 mégawatts, l’équivalent de la Grande Dixence.

    Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un plan qui a pour but de construire 50 barrages sur l’ensemble du territoire birman à l’horizon 2035. Cela fera passer les capacités hydroélectriques du pays de 3298 à 45 412 mégawatts, selon un rapport de l’International Finance Corporation. Les besoins sont immenses : seulement 40% de la population est connectée au réseau électrique.

    L’Etat y voit aussi une source de revenus. « Une bonne partie de l’électricité produite par ces barrages est destinée à être exportée vers les pays voisins, en premier lieu la #Chine et la #Thaïlande, note Mark Farmaner, le fondateur de Burma Campaign UK. Les populations locales n’en bénéficieront que très peu. » Près de 90% des 6000 mégawatts générés par le projet Myitsone dans l’Etat voisin du Kachin, suspendu depuis 2011 en raison de l’opposition de la population, iront à la province chinoise du Yunnan.

    Les plans de la Chine

    L’Upper Yeywa connaîtra sans doute un sort similaire. « Le barrage est relativement proche de la frontière chinoise, note Charm Tong, de la Shan Human Rights Foundation. Y exporter son électricité représenterait un débouché naturel. » L’Etat de Shan se trouve en effet sur le tracé du corridor économique que Pékin cherche à bâtir à travers la Birmanie, entre le Yunnan et la baie du Bengale, dans le cadre de son projet « #Belt_&_Road ».

    Le barrage Upper Yeywa y est affilié. Il compte deux entreprises chinoises parmi ses constructeurs, #Yunnan_Machinery Import & Export et #Zhejiang_Orient_Engineering. Le suisse Stucky œuvre à leurs côtés. Fondé en 1926 par l’ingénieur Alfred Stucky, ce bureau installé à Renens est spécialisé dans la conception de barrages.

    Il a notamment contribué à l’ouvrage turc #Deriner, l’un des plus élevés du monde. Il a aussi pris part à des projets en #Angola, en #Iran, en #Arabie_saoudite et en #République_démocratique_du_Congo. Depuis 2013, il appartient au groupe bâlois #Gruner.

    Le chantier du barrage, désormais à moitié achevé, occupe les berges escarpées de la rivière. Elles ont été drapées d’une coque de béton afin d’éviter les éboulements. De loin, on dirait que la #montagne a été grossièrement taillée à la hache. L’ouvrage, qui fera entre 97 et 102 mètres, aura une capacité de 320 mégawatts.

    Son #coût n’a pas été rendu public. « Mais rien que ces deux dernières années, le gouvernement lui a alloué 7,4 milliards de kyats (5 millions de francs) », indique Htun Nyan, un parlementaire local affilié au NLD, le parti au pouvoir de l’ancienne Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. Une partie de ces fonds proviennent d’un prêt chinois octroyé par #Exim_Bank, un établissement qui finance la plupart des projets liés à « Belt & Road ».

    Zone de conflit

    Pour atteindre le hameau de #Nawng_Kwang, à une vingtaine de kilomètres au nord du barrage, il faut emprunter un chemin de terre cabossé qui traverse une forêt de teck. Cinq hommes portant des kalachnikovs barrent soudain la route. Cette région se trouve au cœur d’une zone de #conflit entre #milices ethniques.

    Les combats opposent le #Restoration_Council_of_Shan_State (#RCSS), affilié à l’#armée depuis la conclusion d’un cessez-le-feu, et le #Shan_State_Progress_Party (#SSPP), proche de Pékin. Nos hommes font partie du RCSS. Ils fouillent la voiture, puis nous laissent passer.

    Nam Kham Sar, une jeune femme de 27 ans aux joues recouvertes de thanaka, une pâte jaune que les Birmans portent pour se protéger du soleil, nous attend à Nawng Kwang. Elle a perdu son mari Ar Kyit en mai 2016. « Il a été blessé au cou par des miliciens alors qu’il ramenait ses buffles », relate-t-elle. Son frère et son cousin sont venus le chercher, mais les trois hommes ont été interceptés par des soldats de l’armée régulière.

    « Ils ont dû porter l’eau et les sacs à dos des militaires durant plusieurs jours, relate-t-elle. Puis, ils ont été interrogés et torturés à mort. » Leurs corps ont été brûlés. « Mon fils avait à peine 10 mois lorsque son papa a été tué », soupire Nam Kham Sar, une larme coulant le long de sa joue.

    Vider les campagnes ?

    La plupart des hameaux alentour subissent régulièrement ce genre d’assaut. En mai 2016, cinq hommes ont été tués par des soldats dans le village voisin de Wo Long. L’armée a aussi brûlé des maisons, pillé des vivres et bombardé des paysans depuis un hélicoptère. En août 2018, des villageois ont été battus et enfermés dans un enclos durant plusieurs jours sans vivres ; d’autres ont servi de boucliers humains aux troupes pour repérer les mines.

    Les résidents en sont convaincus : il s’agit d’opérations de #nettoyage destinées à #vider_les_campagnes pour faire de la place au barrage. « Ces décès ne sont pas des accidents, assure Tun Win, un parlementaire local. L’armée cherche à intimider les paysans. » Une trentaine de militaires sont stationnés en permanence sur une colline surplombant le barrage, afin de le protéger. En mars 2018, ils ont abattu deux hommes circulant à moto.

    Dans la population, la colère gronde. Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans la rue à plusieurs reprises à #Hsipaw, la ville la plus proche du barrage. Les habitants de Ta Long ont aussi écrit une lettre à la première ministre Aung San Suu Kyi, restée sans réponse. En décembre, une délégation de villageois s’est rendue à Yangon. Ils ont délivré une lettre à sept ambassades, dont celle de Suisse, pour dénoncer le barrage.

    « L’#hypocrisie de la Suisse »

    Contacté, l’ambassadeur helvétique Tim Enderlin affirme n’avoir jamais reçu la missive. « Cette affaire concerne une entreprise privée », dit-il, tout en précisant que « l’ambassade encourage les entreprises suisses en Birmanie à adopter un comportement responsable, surtout dans les zones de conflit ».

    La Shan Human Rights Foundation dénonce toutefois « l’hypocrisie de la Suisse qui soutient le #processus_de_paix en Birmanie mais dont les entreprises nouent des partenariats opportunistes avec le gouvernement pour profiter des ressources situées dans des zones de guerre ».

    La conseillère nationale socialiste Laurence Fehlmann Rielle, qui préside l’Association Suisse-Birmanie, rappelle que l’#initiative_pour_des_multinationales_responsables, sur laquelle le Conseil national se penchera jeudi prochain, « introduirait des obligations en matière de respect des droits de l’homme pour les firmes suisses ». Mardi, elle posera une question au Conseil fédéral concernant l’implication de Stucky dans le barrage Upper Yeywa.

    Contactée, l’entreprise n’a pas souhaité s’exprimer. D’autres sociétés se montrent plus prudentes quant à leur image. Fin janvier, le bureau d’ingénierie allemand #Lahmeyer, qui appartient au belge #Engie-Tractebel, a annoncé qu’il se retirait du projet et avait « rompu le contrat » le liant au groupe vaudois.

    https://www.letemps.ch/monde/un-barrage-suisse-seme-chaos-birmanie
    #Suisse #barrage_hydroélectrique #géographie_du_plein #géographie_du_vide #extractivisme
    ping @aude_v @reka

  • recette moussaka - L’alimentation précaire
    http://www.radiopanik.org/emissions/la-voix-de-la-rue/l-alimentation-precaire

    L’alimentation peut être un sujet vaste. De l’alimentation intellectuelle à celle de l’estomac. Le sujet est varié. Nous nous contenterons de parler alimentaire. Du #resto #social aux initatives citoyennes de table d’hôte. Tour d’horizon des repas servis aux personnes en situation de précarité, voire de grande précarité.

    Un #teaser agrémentera le menu. Nous confectionnons un docu-radio sur l’alimentation. Une mis en bouche vous est proposée.

    La musique est éclectique. Plusieurs membres de l’équipe ont participé à l’élaboration de la playlist.

    Ont participé à l’émission : Joëlle, Sophie, Stéphane, Stéphanie. Votre serviteur en co-animateur, Patrice.

    Bonne (...)

    #voix #alimentation #rue
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/la-voix-de-la-rue/l-alimentation-precaire_03628__0.mp3

  • Clash de génération où quand les #enfoirées foirent la fête !

    _A partir de quand bascule-t-on des bons sentiments vers un monde coupé de la #réalité ? Avec leur dernier hymne, dévoilé cette semaine, « Les Enfoirés » risquent bien de mériter leur nom de scène. Ecrit par le « parrain » des #RestosduCoeur, Jean-Jacques Goldman, la chanson titre de l’album 2015 a été accueillie très fraîchement, comme « une #insulte, un délire de #riches ».

    http://bit.ly/1zkMBAI

  • L’Europe autorise l’importation d’aliments contaminés au Césium. | Vivre après Fukushima
    http://www.vivre-apres-fukushima.fr/leurope-autorise-limportation-daliments-contamines-au-cesium

    Ces limites sont-elles stables ?

    Les « autorités » semblent désirer relever le niveau de contamination que nous sommes autorisés à subir :

    Voici un extrait du communiqué de presse de la présidence française suite à la visite du président Japonais ABE en Mai 2014.

    (13) Concernant le nucléide radioactif dans les produits alimentaires et les fourrages provenant du Japon, le Japon se félicite de la compréhension de la France pour une révision des mesures de restriction de l’UE fondée sur des données scientifiques et le « CODEX pour les contaminants et les toxines dans les aliments ».

    Sauf que c’est du n’importe quoi... Pas besoin d’en rajouter sur l’Europe, elle a assez de défauts comme ça.

    1. Le règlement de 1987 ne s’occupait pas spécifiquement d’alimentation pour bébés et fixait une norme de 1000 et 1250 Bq/Kg : http://ec.europa.eu/energy/nuclear/radioprotection/doc/legislation/873954_fr.pdf
    2. cela a été revu ensuite à la baisse dans des règlements à révision annuelle (par le Conseil des Ministres), notamment grâce au super boulot des assoc. d’environnement sur les vraies suites de Tchernobyl
    3. En 2008, la norme a été ramenée à 370 (y compris pour les bébés) et 600
    4. Après Fukushima une interdiction provisoire complète a été heureusement décidée.
    5. Le Japon lui-même a décidé de normes « enfin sérieuses » (même si c’est encore trop mais bon, du Césium 137 il y en a dans la nature depuis que l’homme s’est permis de faire joujou sur terre et dans l’atmosphère...)
    6. L’Europe lève l’interdiction suite à des contrôles satisfaisants et en profite pour adopter (pour un an seulement) la norme japonaise, soit 50Bq/Kg et 100Bq/Kg soit une norme 6 fois plus basse que celle qu’elle avait avant Fukushima.

    Je déteste l’usage industriel du nucléaire, je suis convaincu qu’on paye tous les jours sans le savoir les pots cassés, je suis certain qu’il faut arrêter le massacre... Mais, quand on a des « amis opposants » comme ce blog là, celui que je linke ici, on a presque plus besoin d’un lobby pro nucléaire pour se tirer des balles communicationnelles dans le pied.

    #marre #restons_sérieux #portnawak #n_importe_quoi

    Et accessoirement, balançons ça en 140 caractères sur Twitmerde. Merci Seenthis pour ta qualité !!

  • De la fausseté des variétés anciennes de #légumes
    http://www.dumieletdusel.com/archives/2013/11/06/28376387.html

    Cependant il existe vraiment des variétés anciennes, me rétorquerez-vous, avec raison. Prenons par exemple les fameuses tomates cœur de bœuf. Cette variété est effectivement ancienne, c’est une grosse tomate très irrégulière, très charnue et parfaitement invendable dans la grande #distribution car elle ne supporte pas les chocs une fois qu’elle est à maturité. Comme il y a un regain d’intérêt du public pour ces tomates ayant beaucoup de goût, que croyez-vous qu’’ont mijoté les industriels, les petits malins Savéol et compagnie ? Eh bien ils ont recréé une pseudo tomate cœur de bœuf, qui ressemble vaguement à l’autre parce qu’elle est côtelée, mais un œil averti la reconnaît tout de suite car trop régulière. Elles ont toutes la même tête et la même taille. De plus, à la coupe, on voit qu’elle est creuse alors que la vraie est pleine et charnue. Et au goût... c’est tout simplement lamentable. La cœur de bœuf industrielle est une menteuse !

    #agriculture #consommation

    • @aude_v oui et derrière cette approche libertarienne Kokopelli c’est aussi pas mal de business, c’est assez triste.
      Leur gros bouquin « les semences de kokopelli » (que j’avais acheté dans mon enthousiasme de l’époque), mi catalogue, mi manuel de production de semences avec 2-3 conseils de culture, dont rien ne justifie le prix.
      Les marges énormes de leurs sachets de graines rémunérés quelques centimes à leurs producteurs respectifs.
      Les nombreux voyages annuels de leur président (à vie ?) en Inde (que je mets en lien aussi avec les positions de ce dernier quant au réchauffement climatique).

      Depuis quelques années, pour ce que je n’autoproduis pas je me fournis chez Biaugerme http://www.biaugerme.com, chez qui l’adéquation discours-pratique est d’un autre ordre.
      Et deux réseaux non commerciaux plus locaux que je connais un peu directement ou indirectement : http://www.haziensarea.org/index.php/eu.html au Pays Basque et http://biodiva.free.fr/spip2/index.php3 dans le Quercy-Rouergue.

    • Ce qui me dérange c’est la sacralisation des anciennes variétés de légumes ou de fruits. Ces variétés ne sont pas forcément meilleures ou plus résistantes parce qu’elles sont anciennes.

      Ca se voit dans la critique de Kokopelli où les travaux de Tom Wagner sont snobé alors qu’il fait un travail peut être capital pour créer des variétés de pommes de terre fertiles qui peuvent être reproduites par graines pour supprimer les virus au lieu d’utiliser des techniques high-tech de laboratoire.

      Maintenant on comprend mieux comment tout ça marche et il y a des techniques pointues accessibles aux amateurs (voir Breed your own vegetables varieties de Carole Deppe). Il serait dommageable de croire qu’on ne peut pas faire mieux que les anciens. Des tas d’amateurs tentent de rendre fertiles des ails ou des tubercules des Andes, de transformer les scorsonères en des salades vivaces, de rendre les pastèques vivaces ...

    • @nicolasm

      Ces variétés ne sont pas forcément meilleures ou plus résistantes parce qu’elles sont anciennes.

      Y’a quand même quelques chances si elles ont survécu qu’il y ait de bonnes raisons gustatives productives ou pour la résistance aux maladies. Sinon cultiver la diversité ne nuit jamais, les différences entre deux tomates comme la Crimée et la St Pierre ou la productivité de la petite poire jaune te permettent aussi différents usages culinaires.

      Tant mieux si on assiste à un effet de mode ’graines anciennes’, pourvu que cela dure et s’étende car la règle dans les potagers de campagne est plutôt roundup, engrais, tue-limaces et graines de supermarché…
      Un conservatoire de graines n’est pas forcément rempli de conservateurs et les conserves de légumes anciens peuvent même être fraîches :)
      L’un n’empêche pas l’autre, on peut tester de nouvelles plantes et utiliser des anciennes.

      L’inquiétude de perdre des graines anciennes a des fondements réels, ne serait-ce que la disparition de la paysannerie et faire mieux que les anciens est un terme curieux, de quels anciens parles-tu ? Vers quel progrès tendre ?
      J’aimerais connaitre l’Histoire du potager et savoir pourquoi en si peu de temps on a perdu la connaissance des plantes et de leur culture. En moins d’un siècle, on a bousillé la culture du sol, le vin des égyptiens était un remède aujourd’hui c’est plutôt du poison.

      #progrès #modernité

    • @touti, je ne suis pas contre les variétés anciennes hein, surtout pas. Mais je vois dans les milieux #écologie, #bio et #permaculture une sorte de filtre où ancien = bien, et moderne = mal.

      Les variétés anciennes sont importantes en tant que telles, et en tant que base génétique pour de nouvelles variétés. Les variétés anciennes n’ont pas forcément étaient sélectionnées pour le meilleur goût, ne sont pas forcément résistantes aux maladies ayant muté récemment ou importées, et pour certaines espèces les variétés traditionnelles étaient « juste » le résultat de sélection des plus performantes et des traits dominants dans les croisements (pour les cucurbitacées par exemple). Et elles ont été sélectionnées dans (et pour) des conditions de cultures certes non industrielles mais à l’ancienne, et il pourrait y avoir des variétés (à développer) plus adaptées à une culture en permaculture (sol paillé, polyculture d’espèces ...).

      En bref, je voulais dire que les variétés anciennes sont une bonne base, mais pas forcément le Graal.

    • moderne=mal
      Oui, tout à fait, et je pense que cette méfiance se justifie. La notion de modernité n’est pas constituée du respect du cycle naturel, de la vie, de la lenteur, de la capacité d’observer avant d’agir. L’idée même de progrès est aussi à remettre en cause parce qu’il y a tellement de choses à (ré)apprendre avec humilité.
      Tu parles de permaculture, mais ce n’est pas un point de vue théorique, c’est une pratique longue et laborieuse avant de porter ses fruits, un état d’esprit assez éloigné de la technicité moderne au rendu immédiat. #Emilia_Hazelip racontait comment avoir des abricotiers de 800 ans, pourtant ils ne peuvent exister que si on a la capacité d’envisager que ce que l’on plante aujourd’hui est pour un futur inconnu.

    • @touti
      La modernité et le progrès portent en eux tout un bagage idéologique fort justement analysé par la #décroissance. Cela dit il serait très dommageable de se priver de ces deux notions pour envisager un futur meilleur :
      – Modernité : nos actions s’inscrivent dans un cadre, des connaissances, une urgence, des techniques, des matériaux qui n’étaient pas les mêmes que dans les générations précédentes
      – Progrès : oui on peut faire mieux que nos ancêtres, et j’espère qu’on le fera car la vie n’était pas spécialement rose. On peut organiser d’autres formes de (non-)gouvernance, redéfinir la propriété de la terre, mettre en place de meilleurs systèmes agricoles (#permaculture, #keyline_system, #élevage_leader_follower, l’#holistic_management, #restoration_agriculture), on a encore la technologie pour faire du terrassement, facilement pour mettre en place des systèmes d’#aquaculture, peut être bientôt des #céréales_vivaces, le meilleur des espèces et variétés de tous les continents. Alors oui il faut regarder en arrière et prendre tout ce qu’il y a pu y avoir de bon pour notre futur post pétrole (et il y en a eu des tas, bien obligés), mais surtout faire un hybride avec ce qu’il y a de bon dans nos sociétés modernes (y en a) et chez les #sociétés_primitives. Sinon je ne suis pas sûr qu’on y arrive, et surtout que ce soit un truc enthousiasmant pour les jeunes générations. #blabla

    • @nicolasm monter des salades pour permettre aux jeunes générations de croire que l’avenir est enthousiasmant c’est pas trop ma tasse de thé, sur qu’il faudrait un truc plus fun que Fukushima.
      Quand tu dis modernité et progrès et que tu cites derrière tous ces modes de culture qui permettent de restaurer la terre parce qu’elle est devenue désert, de la respecter, d’éviter de la gorger de saloperies, d’être en harmonie avec les autres, je ne vois pas bien ce qu’il y a de moderne à part que cela se passe aujourd’hui. Je suis bien d’accord qu’il faut réparer les conneries et tenter de faire un peu mieux que FNSEA et PACA réunis…
      mais c’est pas de la modernité, c’est juste une nécessité essentielle.

    • Si tu ne vois pas ce qu’il y a de moderne à faire reculer le désert et vivre en harmonie avec les autres, je t’encourage à regarder l’histoire de la dernière centaine de siècles, tu pourras y déceler un cycle récurent de montée d’une civilisation, de déforestation, d’érosion des sols, de dégradation des voies navigables et d’irrigation, de salinisation, et de crash de la civilisation en question.

      Et si tu te renseignes mieux sur les techniques que j’ai citées, tu verras quelles sont des avancées, parfois révolutionnaires, et qu’elles datent d’un siècle maxi, souvent de moins de 50 ans.

      Et tu peux utiliser un ton plus courtois au passage, ça pourra pas faire de mal

    • Je suis moi aussi très réservée sur les vocables « progrès » et « modernité » qui revoient véritablement à tout un tas de technologies ou de pratiques qui n’ont pas apporté le bonheur, loin s’en faut. Je préfère parler d’#agriculture_heureuse, non pas parce que les paysans s’éclatent en désherbant mais parce qu’elle est vertueuse à tout point de vue. Pour les rendements, l’environnement, le paysans, les animaux, etc. Que se soit « nouveau » ou pas, comme dans le marketing, on s’en fout, et on s’en fout d’autant plus que les techniques agricoles s’appuient le plus souvent sur des pratiques antérieures. L’agriculture est le premier logiciel libre et qu’elle le reste.

    • Mais il ne s’agit pas de sacraliser des variétés anciennes parce qu’elles sont anciennes, mais de pérenniser celles d’entre elles qui ont fait leurs preuves parce qu’elles sont délicieuses au goût, faciles à reproduire et à s’adapter.

    • @nicolasm il n’y a rien de méprisant dans mes propos, si ce sont les salades qui te gênent, désolée si ça t’a perturbé, mais elles me font rire. Il y a tellement de croyances dans la modernité et le progrès, même s’il y a peut-être mésentente sur le vocabulaire, que je me méfie de ce que cela véhicule.
      J’ai regardé avec intérêt les modes agricoles que tu dis modernes, certaines dont j’ignorais le nom sont très intéressantes mais je ne vois rien qui n’ait été pensé et fait auparavant. Les techniques modernes ne sont pas pour moi de cet ordre, le pourcentage de terres en permaculture ou en bio est mineur, la modernité pousse le bio vers l’industrialisation et bien loin de la pensée de l’écologie politique. L’#ethnobotanique est une science passionnante, elle permet de comprendre les interactions entre les sociétés humaines et les plantes.
      Si la modernité nous permettait de vivre les uns avec les autres plus harmonieusement et de faire reculer le désert j’y adhèrerai volontiers, malheureusement notre lien avec la nature est de plus en plus lointain. Tu as la chance d’évoluer dans un milieu qui requestionne ces rapports et tente de se rapprocher de cette connaissance, profites en bien.

    • @odilon on est d’accord sur les anciennes semences, même si je pense que les grainetiers les trouvent très peu performantes, et veulent plus contrôler les flux de distribution que le patrimoine génétique des anciennes variétés (dont ils ont un accès complet).

      @touti je t’assure que ces concepts n’existaient pas avant, et que du coup ils méritent toute notre attention car sinon on retournera dans une agriculture à l’ancienne qui avait aussi beaucoup de défauts.

      Par exemple l’Holistic management est une stratégie qui peut être mise en place très facilement grâce à une technologie moderne (les clôtures électriques facilement bougées par une seule personne + batterie + panneau solaire éventuel).


      Faut-il rejeter cette méthode d’élevage à cause de cette technologie moderne, voir de pointe ?

    • @nicolasm

      Faut-il rejeter cette méthode d’élevage à cause de cette technologie moderne, voir de pointe ?

      Mazette, tu penses que poser des piquets électriques solaires est une technologie moderne de pointe ?

      Respect du cycle de la terre, association de plantes, méthodes d’irrigation, jachère, culture en terrasses, sans labour, mulch, restauration des terres ne sont ni modernité ni progrès, ou nous n’avons pas la même définition du mot, tout cela existe depuis longtemps, le seul progrès est que l’on admet tout juste la nécessité de repenser notre rapport destructeur avec la nature, c’est bien l’essentiel.
      Avant les clôtures électriques existaient d’autres séparateurs pour les terres, par exemple pour effectuer les rotations de pâturages, comme des murets ou des haies, ou les fils de fer barbelé.

      Pas d’inquiétude, l’agriculture à l’ancienne ne reviendra jamais, #Goldsmith de la revue « The Ecologist » disait que cultiver en marge du monde agricole actuel sans prendre position globalement était impossible car nous subissons les pluies acides, les engrais des voisins, les ogms et les marchés boursiers.

      La modernité permet d’aller vite, d’accélérer des cycles, de réduire la main-d’oeuvre, de rentabiliser des investissements en les planifiant et d’étudier rationnellement et scientifiquement le possible futur. Cela conforte même, nécessité humaine oblige, l’idée que l’on fait mieux qu’avant.
      Sous ce prétexte de modernité et de progrès qui reste toujours aussi vendeur (sauf dans le milieu que tu décris en bio et permaculture qui doute de la modernité en elle même) on a acculé les agriculteurs à s’endetter, à déverser des pesticides, des engrais et, entre autres, à supprimer les haies pour aboutir à l’inverse de l’#agriculture_heureuse, au point que les suicides sont légions et que la paysannerie disparait. Par contre on peut employer un seul mexicain qui en une journée pourra poser 3ha de clôtures.

      Nature pas moderne :

    • @nicolasm, seenthis n’est vraiment pas un lieu pour la parano, ici on apprend à se connaitre, ou pas.
      Je pense défendre dans la vraie vie, par mes actes, des modes de vie plus écologique, au sens politique et pratique du terme. Je me heurte régulièrement à ceux qui dénigrent les semenciers de graines anciennes, aux artisans qui refusent d’utiliser la chaux à la place du ciment, aux villageois qui détruisent des murs de 300 ans d’âge pour construire des parkings, aux jeunes qui se disent ébénistes et qui coupent des poutres en chêne pour en faire des buches.
      Tous ces gens ont en commun de faire cela au nom de la modernité et du progrès et de persévérer en méprisant ouvertement ceux qui font autrement, pire parfois je tombe sur des industriels qui défendent ces méthodes ’modernes’ coûte que coûte, là, je sais plus facilement que c’est pour le fric.
      C’est pour cela que je te disais que tu as de la chance d’évoluer dans un milieu sensible à ces questions, parce que c’est une petite minorité en face de modes barbares.
      Tu n’as pourtant pas l’air de parler de modernité de la même façon, tant mieux, mais qui me le dit, sinon toi même lorsqu’on te pousse dans tes retranchements ;)

  • Périphéries - « Oui mais quand même, la religion, c’est mal »
    http://www.peripheries.net/article335.html

    Relayer l’information de la énième agression d’une femme voilée, ou les propos haineux tenus sur l’islam par la représentante d’une organisation pseudo-féministe, revient immanquablement à emboucher l’appeau à trolls religiophobes. Que des femmes soient insultées et tabassées, que le féminisme serve de leurre pour répandre et banaliser le racisme le plus crasse, tout cela, le/la religiophobe s’en moque : dans un pays où médias et politiques, de façon plus ou moins insidieuse, désignent à longueur de temps les musulmans comme la cause de tous les maux de la société, son seul sujet d’anxiété est que son droit à « critiquer la religion » soit garanti. Pour l’exprimer, il usera de subtiles gradations dans la virulence, de la simple protestation à l’éructation scatologique probablement censée traduire la hauteur à laquelle il plane dans l’éther philosophique inaccessible aux benêts qui voient du racisme partout : « Moi, je chie sur toutes les religions. »

    Notez bien la perle argumentative que recèle cet étron déclaratif : il a dit « toutes les religions ». Ha, ha ! Vas-y, accuse-le de racisme maintenant ! Quand il défend les Femen ou les dessinateurs de Charlie Hebdo, le religiophobe fait valoir qu’ils ne peuvent pas être racistes, puisqu’ils s’en prennent autant aux cathos ou aux orthodoxes qu’aux musulmans : CQFD. Inutile d’aller lui expliquer que les religions ne sont pas de simples systèmes métaphysiques flottant dans la stratosphère, et qu’elles sont indissociables des populations qui s’en réclament ou qu’on y associe, de la culture, de la politique, de l’histoire, des rapports de domination entre groupes sociaux. Inutile de lui expliquer que s’en prendre à l’islam, religion pratiquée par des gens qu’il connaît mal, dont les ancêtres ont été colonisés par ses propres ancêtres, et qui sont discriminés dans la société française, ce n’est pas exactement la même chose que de critiquer la religion catholique, depuis toujours liée au pouvoir en France, et dont il a pu expérimenter à ce titre la nocivité dans sa propre histoire (idem pour la religion orthodoxe en Ukraine, patrie des Femen).

    (...)

    #laïcité #islamophobie #racisme #religion #féminisme #liberté_d'expression #shameless_autopromo

    • @mona

      Peut-être serait-il judicieux de regarder enfin ce malaise en face, de l’explorer honnêtement, et de réfléchir à un horizon et à un projet de société, au lieu de s’acharner à gommer du paysage ceux dont on veut croire qu’ils sont le seul obstacle à la réactivation d’un passé mythifié.

      ouais !

    • Un texte long, utilisant insultes et mots valises.
      Pas de débat ici, pas d’opinion exprimée, pas d’argumentation,
      mais simplement une dénonciation, sur le ton de l’évidence.

      Qui dénonce t-on ? Et bien des gens connus, (on est courageux).
      Mais l’effet est étrange, on se sent happé par un grand
      vent glacé : moi qui voudrait bien passer dans votre camp,
      il va me falloir abandonner, excusez du peu,
      Caroline Fourest, Charlie Hebdo, les Femen, Isabelle Adjani,
      sans parler du ministre de l’Intérieur Socialiste, tous accusés
      de folie raciste...

      Il y a donc ici, désolé de vous le dire,
      quelquechose de déraisonnable.

      A certains moments, l’ire se tempère, et on sort les citations.
      Hélas elle se manifeste tout de de même, parfois tout à fait hors de propos : franchement, aller jusqu’à accuser l’Abbé Grégoire de participer
      à une manoeuvre qui ne serait pas nouvelle !

      Pourriez vous accepter quelquechose de plus mesuré, par
      exemple pour commencer qu’il Y A effectivement un problème,
      et que le partage des opinions concerne TOUTE la société,
      (notamment la gauche)
      et pas simplement la simple démarcation (évidente selon vous) entre bons et méchants ?

    • Ces dernières années, la notion de laïcité a été dévoyée : alors qu’à l’origine elle garantissait la neutralité de l’Etat et la libre expression religieuse des citoyens, désormais, elle est devenue une arme pour réprimer la foi musulmane. « Il ne s’agit plus de respecter la neutralité à l’égard des identités, mais de permettre la neutralisation de certaines d’entre elles », résume Raphaël Liogier (5). Revient sans cesse l’allégation fantaisiste selon laquelle la religion devrait rester une « affaire privée ». Or, comme l’écrit Christine Delphy, « la liberté de conscience, garantie par la loi française de 1905, est re-garantie par chaque Constitution, et par toutes les conventions internationales — dont la Déclaration universelle des droits humains votée par l’ONU en 1948 et ratifiée par la France. Elle serait sans effets pratiques si elle ne s’accompagnait pas de la liberté d’expression. (...) C’est pourquoi la liberté de pratiquer son culte, et de le pratiquer publiquement, de même qu’on diffuse publiquement ses opinions politiques, philosophiques, esthétiques, est garantie par les conventions internationales. Et la liberté de toutes les religions d’exister dans l’espace public est un des fondements de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 en France » (6).

      J’ai passé un concours, il y a quelques années, où la dissertation s’appuyait sur un texte qui expliquait doctement que le voile menaçait la laïcité... un concours de la fonction publique territoriale, donc.

      J’ai dégainé ma plus belle plume pour rappeler ce qu’est le principe de la laïcité, qui est effectivement la liberté de culte dans l’espace public, parce que dans l’espace privé, ça devient assez moyen comme liberté de culte, en appuyant mon propos sur la loi de 1905 et en soulignant que cette idée de visibilité ostensible était manifestement un dévoiement total de la loi. Et c’est d’autant plus vrai que personne ne trouve ostensibles les fêtes religieuses catholiques de notre calendrier, les volées de cloches hebdomadaires, le poisson de la cantoche du vendredi ou les calvaires à chaque coin de route de cambrousse.

      Bien sûr, j’ai été recalée.

    • Bon et bien moi aussi je prends ma plus belle plume ;
      au sujet d’une soi disant laicité dévoyée...
      Je sens que je vais me faire recaler, mais j’aimerai savoir pourquoi.

      Etymologiquement, est laic celui qui n’est pas clerc ou religieux.
      Par conséquent un citoyen qui n’appartient pas à un
      ordre religieux, ou qui ne pratique pas son culte
      dans l’espace public dans le cadre de la loi,
      n’est pas censé manifester sa piété de manière ostentatoire,
      sauf à pratiquer, ce qui est aussi son droit, une propagande
      explicite en faveur de son système.

      Alors que les signes ostensibles d’appartenance aux religions
      traditionellement pratiquées en Europe sont exclusivement
      réservés aux membres du clergé,
      les laics étant indiscernables entre eux,
      il se trouve que pour selon certaines personnes de religion
      musulmane (mais pas toutes) il existerait une injonction
      à l’égard des laics pratiquant cette religion de manifester
      publiquement en permanence leur appartenance à la
      religion en question, ceci hors de la pratique effective d’un
      culte dans l’espace public.

      L’exemple typique est le port ostentatoire du voile
      dit islamique, qui même si il a plusieurs formes, se distingue
      nettement d’un vêtement régi par la mode ordinaire, ou par la
      tradition folklorique.
      Même si elle reste possible, et protégée par la loi,
      cette pratique pose
      des problèmes quand les personnes en question se trouvent en
      position de représenter une institution publique (par exemple
      un service public, ou considéré tel, d’éducation ou
      de garde d’enfants). Dans un cadre professionel, donc hors
      de la situation de pratiquer librement et publiquement
      un culte dans le cadre de la loi, le signe
      ostentatoire ne peut être interprété que comme
      une volonté prosélyte, ce qui contredit le principe de laicité,
      qui impose que les institutions publiques et donc leurs représentants soient symboliquement
      neutres pour ce qui concerne les religions.

      Il n’y a là aucune espèce de dévoiement des contraintes de la
      laicité, simplement plutot
      l’inadaptation d’une certaine
      forme de pratique religieuse
      avec l’état des principes en vigueur.

      On pourrait arguer que le port du signe ostentatoire est
      en fait une pratique cultuelle, certaines religions (ou pratiques
      spécifiques d’icelles ) imposant ainsi un culte permanent dans
      l’espace public que la laicité devrait respecter.
      C’est sans doute ce que voulez dire...

      L’idée d’un culte permanent semble cependant
      radicalement incompatible avec
      l’idée même de laicité, qui pose comme principe que le culte
      ne peut peut concerner qu’une partie de la vie publique, la
      vie privée étant bien sur laissée totalement libre.

      Le culte permanent ne peut ainsi se pratiquer que dans des
      espaces privés, par exemple des couvents.

      Il n’y a donc strictement rien de fantaisiste à la volonté de réserver
      strictement le religieux explicite permanent à l’espace privé : l’expression publique du culte protégée par la loi est tout simplement limitée, dans le temps et dans l’espace.

    • @intempestive Chirac avait raison, mais il ne se rendait probablement pas compte qu’il parlait de manière universelle et intemporelle. En ce moment, je me flagelle chaque soir en regardant un épisode de World without end qui décrit avec une extrême précision la manière dont les femmes ont été niées à la fin du temps des cathédrales, comment l’esprit de guerre et de destruction des hommes a pris le dessus et comment notre civilisation a plongé dans l’obscurantisme à travers le grand #féminicide qu’était la chasse aux sorcières et comment cette #inquisition sexiste a détruit des siècles de connaissances en médecines et plantes, tout en décourageant formellement les femmes d’être autonome, puissantes, savantes et indépendantes (dès que tu étais comme ça, hop, à la potence, puis au bûcher !).

      Notre propre époque est terriblement réactionnaire envers les femmes, nous parlons assez de la manière dont on contourne les lois favorables aux femmes en rendant ces droits inapplicables (ferme les centres d’IVG sans supprimer le droit à l’avortement...).

    • @intempestive
      Malgré l’ambiguité de la signification de la citation qui un instant m’a saisi, l’expression au sujet de Chirac « qui visait cette fois les musulmans... » est bien une dénonciation de ce que vous considérez comme une « mauvaise » attitude de la part de Chirac, soit, et de l’abbé Grégoire, donc.

      Tout en comprenant (un peu, c’est dur) ce qui a pu vous amener là, je reste
      incrédule (comme toujours) et un peu gêné par ce qui peut amener des gens à se ridiculiser à ce point : dénoncer l’Abbé Grégoire, qu’est ce qu’il faut pas entendre. A moins que...

      Au fait vous savez qui c’est l’Abbé Grégoire ?
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Gr%C3%A9goire

    • @bigGrizzly : vous vouliez dire quoi ? (un bug Seenthis a tout de même publié les premiers mots d’un message effacé).

      @mona :
      1) les "#religiophobes" (terme revendiqué par les #femen) s’en prennent à une forme particulière de la religion musulmane,
      l’#islampolitique,
      responsable direct des souffrances interminables que s’infligent en ce moment même les peuples du Moyen Orient et du Maghreb.

      2) L’islam politique se manifeste à différentes intensités depuis le hidjab d’une brave adolescente Française en crise jusqu’à ...(je vous laisse le choix). Il se caractérise par la volonté de marquer l’espace public par les symboles de ce qui n’est pas une religion mais un idéologie, qui plus est proprement tyrannique.

      Il n’a strictement rien à voir en lui même avec la pratique libre et respectable d’une religion dans le cadre d’un état laïque.

      3) L’islam politique est une lèpre qui affecte les sociétés de culture musulmane, lèpre comparable au fascisme qui a détruit l’Europe au XXème siècle. Le cautionner en quoique ce soit en reprenant les arguments qu’il rode en Occident pour imposer sa tyrannie là où il le peut est une erreur. #islamofascisme

      4) Une manière de le cautionner est dénoncer toute critique à son égard comme raciste.
      Ce que vous faites, en refusant au non d’un antiracisme dévoyé de faire la différence, justement entre critique de la religion, critique des idéologies politiques religieuses et xénophobie.
      Ainsi l’amalgame, c’est vous, il me semble bien, qui le propagez !
      Je citerais une référence (R.Logier)"
      http://www.telerama.fr/idees/media-politique-la-paranoia-anti-islam,89778.php
      A qui profite cet amalgame ?
      Aux mouvements populistes européens, d’abord, autant à gauche qu’à droite. Mais aussi aux mouvements islamistes : ils ont intérêt à ce que les musulmans européens se sentent rejetés pour reconstituer une solidarité islamiste. Enfin, aux pays arabes : ils veulent préserver la solidarité économique des enfants des enfants de leurs anciens ressortissants, qui envoient de moins en moins d’argent au pays. Ils leur rabâchent : « Vous voyez, vous n’êtes pas si français que ça... »

      5) Dire qu’il a fallu qu’une bande d’occidentales qui plus est racistes selon vous (je veux dire les #femen) dévoilent leur seins à Tunis pour qu’on libère enfin une autre sorte d’adolescente en crise qui de plus se teint en blonde (peut être pour remercier Caroline Fourest) montre bien que oui, ceux que vous qualifiez de racistes se battent pour la liberté des femmes qui plus est là où c’est particulièrement difficile !

      http://www.20minutes.fr/monde/tunisie/1197309-20130801-tunisie-amina-femen-emprisonnee-depuis-mai-libre

    • Cela fait quelques siècles que les religions sont toutes politiques. Le(la) gus(gusse) qui a causé le premier dans cette liste est un crétin de première bourre.

    • J’ai un peu traîner pour aller le lire. Merci @mona pour ton texte très claire et qui m’a mis pas mal de points sur les i (comme souvent avec toi) et permie d’organiser un peu mieu le magma chaotique que j’ai entre les oreilles. Le mot « femonationalsme » viens de faire son entrée dans mon vocabulaire et il va m’être bien utile car il me manquait cruellement. Ton texte va bien me servir aussi dans le contexte du site lecinemaestpolitique car tu t’en doute bien, il y a pas mal de femonationalisme qui y passent.
      Et voici un nouveau hashtag #femonationalisme qui malheureusement je le crain n’a pas fini de servir.

    • @jean_no

      ps : la déclaration des droits humains de l’ONU n’a pas force de loi en France et les seuls pays qu’on ne peut pas qualifier de signataires hypocrites sont ceux qui ne l’ont pas signée.

      Ah ben oui c’est vrai, dans ce cas, pourquoi s’emmerder avec les droits de l’homme ?

      (Je croyais que la France était « la patrie des », mais on dirait qu’elle est en train de changer d’ambition)

      il est normal aussi qu’on soit libre des ses incroyances, et même de revendiquer son incroyance

      Je pense qu’on a le droit d’être allergique à la religion en tant qu’outil de domination.

      Où tu vois qu’"on n’a pas le droit" ou qu’"on n’est pas libre" ?

      En revanche j’aimerais bien que la même magnifique lucidité s’applique à d’autres systèmes de domination ou d’aliénation, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. Le complexe de supériorité de certains athées (dupes de rien, aliénés en rien) a tendance à me fatiguer.

      J’ai aussi un peu de mal avec les formulations généralisantes du type « les religions ». ça n’existe pas, « les religions », elles sont ce que les gens en font. Mais pas de panique, tu restes tout à fait « libre » de penser ce que tu penses.

      @mad_meg Merci. Je ne savais pas que tu participais à Le cinéma est politique !

    • J’ai beaucoup aimé ce texte, qui donne de l’air, et qui met en mots et clarifie bien toute la gangue ambiante qui prend les musulman-e-s comme objet de rejet.
      Le dernier paragraphe est en particulier très bien vu et fait un constat trop peu souvent formulé. J’y entends un lien avec plein de choses qu’un #rationalisme excessif a lourdement abîmées.
      (j’en profite aussi pour te remercier pour peripheries, c’est une perle ce site)

    • Au sujet du dernier paragraphe qui semble réconforter certains.
      Il cite un passage de Raphael Liogier au sujet du « musulman métaphysique » :

      A travers les corps multiples des musulmans, écrit-il, à travers les moindres signes de leur foi, forcément ostentatoires et insultants, les Européens semblent lire leur propre manque de foi et l’angoisse qui en résulte, qu’ils convertissent aussitôt en haine du musulman essentiel, source de tous leurs déboires mais avant tout de leur frustration existentielle

      Existentiel ? Disons plutot « essentiel » : « les » Européens, « les » musulmans, « le » musuman « essentiel », « leur » manque de foi, « leur » frustration.
      On a bien une caractérisation généraliste et essentialiste, typiquement celle du colonialisme, avec la soigneuse distinction européen/musulman basée sur l’amalgame arabe/musulman.
      L’ensemble est parfaitement raciste et qui plus est dans les deux directions :
      – en activant musulman/arabe, on transforme le discrédit de l’islam en discrédit de l’homme arabe
      – en plaignant la perte d’espoir européenne, on active la supériorité morale de la foi
      musulmane, élément du marqueur identitaire arabe/musulman, raciste lui aussi.
      Quand on vit du racisme, on le génère, on le nourrit, on l’exhorte : bravo !

      Ma manière de voir pourra sembler paradoxale et bizarre à ceux qui ne voient dans le texte que
      générosité et humanisme (on le voit aux larmoyants remerciements émis).
      Qu’ils s’interrogent pourtant : et si on n’avait là qu’un élément de propagande en faveur
      d’un islam politique communautariste Français, relais et support de l’islam politique en général, à la peine en Tunisie et en Egypte ?

      #islampolitique #islamofascisme

    • Histoire de mentionner une critique qui pourrait peut être donner à penser.

      https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article689

      Bien pire, en défendant l’intégrisme rampant au nom de la défense des pauvres immigrés, les islamo-gauchistes font son lit en accréditant la chaîne de signification islamisme=islam=arabe=immigré. Stratégie transparente des « Indigènes de la République », par exemple, qui ne peut que nourrir à pleine gorgée l’extrême-droite nationale, on dirait que c’est l’effet recherché et c’est bien possible dans une stratégie victimaire. Tout cela est absolument catastrophique et suicidaire, et c’est ce que nous vivons.

      Tout est dit : la stratégie, son contenu, ses auteurs. ses effets.

      J’attire votre attention sur la question de l’amalgame :

      Pour finir, c’est un peu plus accessible, il faudrait aussi passer à l’action directe. C’est-à-dire des interventions qui travailleraient concrètement contre l’amalgame entre l’islamisme et la communauté arabe ou musulmane. Autrement dit, cela implique que les Arabes et/ou les musulmans en général soient capables de se s’opposer par des faits, par des actes politiques, par des engagements collectifs clairs et durables, un travail militant de terrain, vis-à-vis de l’islamisme qui se réclame d’eux, voire vis-à-vis de l’islam. Et ce n’est pas le cas du tout. On entend sans cesse après chaque offensive intégriste « Non à l’amalgame, non à l’amalgame, non à l’amalgame ! », après chaque violence ou attentat c’est la même rengaine, mais il n’existe aucune force réelle collective et consistante qui montre un refus clair et rende inepte les accusations d’amalgame, alors que de telles mobilisations pullulent pour dénoncer « l’islamophobie ».

      Alors ? On a un doute ? Toujours pas ?

  • Le photographe s’explique sur l’argent qu’il réclame aux Restos du coeur
    http://www.telerama.fr/medias/le-photographe-s-explique-sur-l-argent-qu-il-reclame-aux-restos-du-coeur,99

    « Ma #photographie est totalement défigurée et de la manière la plus hideuse. Je n’ai jamais été consulté sur les modifications (...) Mon travail est utilisé sur des supports pour lesquels je n’ai jamais été consulté (tee-shirts, tickets-restaurant, DVD, etc.) et par des tiers exploitants dont le choix a été fait sans que l’on me demande quoi que ce soit (commerce de tee-shirts Eleven, TF1, Universal Music France, Sony Music Entertainment France, RTL, etc.) ».

    • Ah merci @monolecte, mieux valait attendre d’en savoir un peu plus sur ce photographe que de le pendre sans connaitre ses raisons !
      Et à Télérama, ça les gêne pas de recopier le texte de libération ? Bon, ok, ils ont cité l’article, mais quand même.
      http://next.liberation.fr/photographie/2013/07/03/restos-du-coeur-les-explications-du-photographe_915552

      Du coup, je comprends mieux sa démarche. La france fait partie des pays gluants de #charity_business, des qui crèvent et des qui s’empiffrent, la solution n’est pas la mise en spectacle des pauvres à l’infini du capitalisme mais qu’on donne les moyens et des logements à tous !

    • On se souviendra que les « #nouveaux_pauvres » sont une invention des années 80, celles d’un #socialisme qui fit exploser la proportion de chômeurs non indemnisés, sous Mauroy, la politique de rigueur commençant par là en 1982, avant même le blocage des salaires. On se souviendra également que les restos du coeur ont dès le départ mobilisés des milliers de #chômeurs (dont de nombreux militants des mouvements de chômeurs et précaires de l’époque) qui ont fait le taff que les mass média attribuait intégralement à son promoteur, à des vedettes et à des CSP++ (type ex d’HEC chargés de coordonner la logistique) et que c’est durant cette période qu’un dépérissement (tout partiel et partial) de l’état imprévu a été mis en oeuvre par délégation aux assos de diverses tâches allant de la recherche médicale à l’entretien de la population, en passant par l’accès au droit.

      Les restos du coeur, d’abord en libre accès, ont ensuite géré la misère au mérite, avec un système de cartes et les confessions sociales d’usage comme ticket d’entrée...

      #caritatif #restos_du_coeur

    • Plus amusant encore : ce paradis de libéralisme que sont les US parvient à gérer sans promotion foutraque, barnum, et porte-paroles siliconées une aide alimentaire directe à près de 17% de sa population.

      En France, pays qui voudra donner des leçon de vie en société au monde entier, il faut que ce soit une association qui peine à fournir le tiers de ce résultat, tout en commémorant toutes les valeurs du système d’oppression à l’origine de cette misère.

  • UNE BONNE ACTION EN CE DÉBUT D’ANNÉE :

    – Allez sur le site http://www.planetevegetal.com (grossiste en légumes).

    – Cliquez sur le logo des restos du cœur, en haut à gauche de la fenêtre.

    – Répondez à la question posée (enfantin !)
    Validez votre réponse.

    C’est fait : 2 kg de légumes seront offerts aux restos du cœur !

    Cela ne vous coûte rien, si ce n’est quelques secondes de votre temps.

    Faites suivre l’info, le site s’engage à donner jusqu’à 40 tonnes de légumes.

    #bonne_action, #restos_du_cœur