• En Iran, plusieurs millions d’Afghans menacés d’expulsion
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/05/en-iran-plusieurs-millions-d-afghans-menaces-d-expulsion_6610666_3210.html

    En Iran, plusieurs millions d’Afghans menacés d’expulsion
    Par Ghazal Golshiri
    Le gouvernement iranien mène actuellement l’une de ses plus vastes campagnes d’expulsion de réfugiés, visant en premier lieu les ressortissants afghans, qui constituent la grande majorité des migrants présents sur son sol. Sur environ 6 millions d’Afghans installés en Iran – ayant fui les guerres, l’instabilité politique et les crises économiques – 2 millions d’entre eux, en possession du document provisoire leur accordant une autorisation de résidence temporaire, sont désormais menacés d’expulsion, au même titre que les migrants sans papiers. Au total, près de 4 millions d’Afghans risquent aujourd’hui d’être renvoyés du pays.
    Ces 2 millions de personnes sont titulaires d’une « fiche de recensement », un document délivré par les autorités iraniennes aux migrants en situation irrégulière, en attendant une éventuelle régularisation. Jusqu’en mars, leur présence sur le territoire était tolérée. Depuis, après une annonce du ministère les déclarant privés d’accès aux services de base (éducation, soins, logement), l’étau se resserre. Les expulsions, elles, ont bel et bien commencé. Fin mai, le ministère de l’intérieur a sommé ces migrants de prendre rendez-vous avant le 7 juin pour ouvrir une procédure de régularisation. Passé ce délai, ils seront considérés en situation illégale. Sur les 2 millions de titulaires de ce document, seules six catégories de personnes pourront rester légalement dans le pays – parmi elles, les anciens militaires du régime afghan précédent, avant l’arrivée des talibans, en août 2021. Pour tous les autres, la date limite de départ est fixée au 6 juillet.
    La peur est palpable au sein de la communauté afghane d’Iran, où chacun connaît au moins une personne récemment expulsée. Soheil (le prénom a été modifié, comme celui d’autres Afghans), 21 ans, est arrivé en Iran six mois après le retour des talibans au pouvoir. « Dès ce moment, la situation économique s’est encore dégradée [à cause des sanctions internationales]. Je n’ai pas trouvé de travail en Afghanistan, alors je suis venu en Iran », raconte-t-il par téléphone. Depuis 2021, le nombre de migrants afghans dans ce pays voisin a presque doublé. Soheil a profité de la dernière campagne de recensement en 2022 pour s’enregistrer et obtenir une fiche de recensement. A Téhéran, il a enchaîné les petits boulots : serveur, livreur, mécanicien. Fin avril, il a été arrêté dans le garage où il travaillait. Après deux jours passés au commissariat, il a été transféré dans un camp en périphérie de la capitale.
    « On était environ 800 personnes. Certains ont été battus, on nous insultait, les propos racistes étaient fréquents. Il n’y avait qu’une dizaine de toilettes pour tout le monde, dans un état déplorable. Ensuite, on a été obligés de payer chacun 1,5 million de tomans [environ 15 euros] pour pouvoir monter dans un bus vers l’Afghanistan », témoigne-t-il depuis Kaboul. « Le système migratoire iranien repose officiellement sur le passeport et le visa, explique par téléphone Arash Nasr, chercheur spécialisé dans la situation des réfugiés en Iran, depuis Téhéran. Mais, en réalité, depuis des décennies, l’Iran a accueilli des vagues successives de réfugiés d’Afghanistan et d’Irak, souvent sans papiers. Pour encadrer leur présence, l’Etat a mis en place plusieurs campagnes de recensement, donnant lieu à la délivrance de documents temporaires, sans base légale claire. Cette politique visait notamment à éviter tout engagement découlant de la Convention de Genève sur les réfugiés, que l’Iran n’a jamais pleinement appliquée. Le pays considère tous les Afghans comme des “invités temporaires”, sans volonté d’intégration durable. »
    Depuis août 2021, l’augmentation rapide de la population afghane est particulièrement visible autour de Téhéran, où de nombreux migrants se sont installés. « Cela a entraîné une montée du sentiment anti-afghan dans la société », poursuit le chercheur. Cette hostilité ne s’explique pas seulement par l’évolution démographique, mais aussi par la diffusion massive de fausses informations antimigrants dans les médias officiels et sur les réseaux sociaux, ce qui a profondément influencé l’opinion publique. Alors que la situation économique iranienne se dégrade à grande vitesse, un discours xénophobe s’est développé, proche de celui de l’extrême droite dans d’autres parties du monde. Des vidéos, partagées sur la Toile, montrant des violences à l’encontre de migrants circulent : l’une d’elles montre un jeune garçon à vélo pourchassé par une voiture, dont un des passagers crie : « Cet Afghan essaie de s’enfuir, il faut l’écraser. »
    « De plus en plus d’Iraniens perçoivent la présence des Afghans comme la cause de tous les problèmes du pays : chômage, inflation, insécurité, analyse Arash Nasr. Leur présence alimente aussi des théories du complot : certains prétendent que le pouvoir iranien cherche à modifier la démographie en sa faveur, du fait du profil conservateur et religieux des Afghans. » Ce rejet diffus, enraciné dans une vision hiérarchique de la société, a favorisé l’émergence d’un consensus rare dans la vie politique iranienne : de la droite conservatrice aux opposants au régime, beaucoup soutiennent désormais ouvertement l’expulsion des réfugiés afghans pour des raisons différentes. « C’est ce climat qui a permis la mise en œuvre d’un plan d’expulsion massif, sans véritable débat public », conclut le chercheur.
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations, le nombre de familles afghanes expulsées d’Iran a explosé en mai, atteignant 15 675 – soit 2,3 fois plus qu’en avril, et plus de trois fois le chiffre de mai 2024. Ce pic marque une évolution dans le profil des expulsés : alors que les campagnes précédentes concernaient surtout des hommes seuls (26 % en mai), la part des femmes (28 %) et des enfants (46 %) a fortement augmenté.Interdits de séjour dans la moitié des provinces, les migrants afghans en Iran vivaient déjà dans une extrême précarité : leurs emplois sont limités à des tâches ingrates et mal payées. Née en Iran, Najiyah, 40 ans, travaille dans une entreprise d’import-export en banlieue de Téhéran de manière clandestine. Possédant une fiche de recensement devenue aujourd’hui obsolète, elle a rendez-vous, fin juin, dans l’espoir de régulariser sa situation, mais elle n’y croit guère : « Autour de moi, beaucoup dans le même cas ont déjà reçu un ordre d’expulsion. Etre née ici ne change rien », témoigne cette mère de deux enfants. Le droit du sol n’existe pas en Iran.
    Ses proches expulsés récemment n’ont eu qu’un mois pour quitter le pays. Au-delà du délai accordé par les autorités, les migrants doivent payer une amende et risquent d’être inscrits sur liste noire et interdits de visa iranien. « Parmi mes proches expulsés, les enfants n’ont même pas pu terminer leur année scolaire. Les écoles ont dit aux parents : “Vos enfants passeront leurs examens en Afghanistan”. » Najiyah connaît une famille de cinq personnes qui, avant son expulsion, a dû verser 17 millions de tomans pour vingt jours de retard (l’équivalent de 180 euros, soit deux fois le salaire de base d’un ouvrier). « C’est un budget énorme », souffle Najiyah. Depuis le début de la nouvelle vague d’expulsions, les enfants ne vont plus seuls à l’école. Son mari les accompagne, de peur qu’ils soient arrêtés en chemin. En Afghanistan, sa fille de 14 ans ne pourra plus aller à l’école : les talibans interdisent toujours l’éducation des filles au-delà de 12 ans.

    #Covid-19#migrant#migration#iran#afghanistan#expulsion#politiquemigratoire#refugie#droit#retour#sante#OIM

  • "Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’" : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée

    Les « #retours_volontaires » de migrants se multiplient ces derniers mois depuis des pays comme la #Tunisie ou la #Libye. Mais ces #rapatriements chapeautés par l’#ONU sont perçus par les chercheurs comme des #expulsions_déguisées, « la seule alternative possible » pour des migrants résignés, victimes de racisme et d’exactions.

    « Il n’y a rien de moins volontaire que les ’retours volontaires », ont décrypté des chercheurs face à la forte hausse de demandes de rapatriement de migrants, « acculés » aux frontières sud de l’Europe.

    « C’est très dur ici. C’est compliqué », confie Mac*, un Guinéen de 24 ans, rencontré il y a quelques semaines par l’AFP lors de l’évacuation de camps de fortune à El Amra, près de #Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Comme de nombreux migrants, las, le jeune homme s’est inscrit auprès de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) pour bénéficier d’un accompagnement afin de rentrer chez lui.

    Développés depuis 1979, les programmes d’#aide_aux_retours_volontaires (#ARV), soutenus par l’OIM n’ont jamais eu autant de succès en Tunisie, Libye ou encore en #Algérie, points de passage pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui tentent de rejoindre l’Europe.

    « La seule #alternative possible »

    En 2024, 7 250 migrants présents sur le sol tunisien, principalement originaires de Gambie, Burkina Faso et Guinée ont bénéficié de l’ARV, soit une augmentation de 1 000 % entre 2018 et 2024. En Algérie, ils étaient 7 834 (+ 600% sur la même période 2018/2024) et 16 207 en Libye (+ 65%) à être retournés dans leur pays par le biais de l’ARV, selon l’OIM. Outre le voyage, certaines de ces personnes en situation illégale peuvent bénéficier d’une aide financière pour se réinstaller dans leur pays.

    « Il n’y a rien de moins volontaire, que les ’retours volontaires », alerte Jean-Pierre Cassarino, enseignant chercheur au Collège d’Europe en Pologne, évoquant des migrants « acculés » et des « expulsions » qui ne disent pas leur nom.

    En Tunisie et en Libye, les #conditions_de_vie sont délétères pour les Africains subsahariens, victimes de #racisme, d’#exactions, de #kidnapping, d’abandons dans le désert, voire de #meurtres. La plupart peinent à se loger, vivent dans des #campements insalubres, avec un accès limité voire inexistant aux soins. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant leur calvaire.

    Ces « retours volontaires » s’inscrivent alors dans un « processus de #vulnérabilité accrue », explique de son côté Ahlam Chemlali, chercheuse en migration à l’Institut danois pour les études internationales (DIIS), interrogée par l’AFP. Leur situation est devenue « de plus en plus précaire et dangereuse » et « pour beaucoup, le programme de ’retour volontaire’ est devenu la seule alternative possible ».

    Selon les textes internationaux, les participants au programme ne doivent pourtant subir « ni pressions physiques ou psychologiques » et avoir accès à des informations « objectives et fiables » sur lesquelles fonder leur décision de partir.

    L’OIM se défend d’expulsions déguisées

    Accusée de prêter main forte aux politiques d’expulsion des migrants, l’OIM s’en défend et assure intervenir seulement une fois qu’une personne a donné son consentement éclairé pour recevoir de l’aide.

    Pour l’agence de l’ONU, « mieux vaut ça que rien et que les migrants risquent leur vie en traversant la mer », décrypte Jean-Pierre Cassarino qui rappelle que l’OIM est financé « rubis sur l’ongle par l’Union européenne ».

    Ces programmes de « retours volontaires » s’inscrivent dans une politique d’#externalisation du contrôle des frontières par l’Union européenne (UE) qui exerce une forte pression sur ces pays tiers, en échange de contreparties, afin qu’ils gèrent la migration en son nom, observent les deux chercheurs.

    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « #partenariat » prévoyant une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.

    Pourtant, sur le long terme, les « retours volontaires » sont sans effet, expliquent les deux spécialistes. Beaucoup de migrants tentent à nouveau le voyage car ils n’ont pas tous un endroit sûr ou vivre et ont fui des conflits, des persécutions ou des difficultés économiques, pointent-ils.

    « Le désespoir est si fort qu’il vont réessayer », rappelle Jean-Pierre Cassarino.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64924/il-ny-a-rien-de-moins-volontaire-quun-retour-volontaire--des-chercheur

    #expulsions #inefficacité #efficacité #IOM

  • L’#Algérie a refoulé 16 000 migrants dans le #désert nigérien en deux mois

    Depuis le mois d’avril, plus de 16 000 migrants en situation irrégulière, dont des enfants et des femmes, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger, selon les autorités. Et ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », rappelle l’ONG locale Alarme Phone Sahara.

    L’Algérie a refoulé plus de 16 000 migrants irréguliers africains vers le #Niger depuis avril 2025, dont des femmes et des enfants, soit plus de la moitié des expulsions de 2024, ont annoncé mercredi 4 juin les autorités nigériennes.

    Dimanche et lundi, 1 466 migrants au total sont arrivés à #Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, ont indiqué mercredi les autorités préfectorales d’Arlit, une ville du nord du Niger. Le premier groupe, arrivé dimanche, comptait 688 ressortissants d’une dizaine de pays ouest-africains, parmi lesquels 239 Nigériens, ont précisé les autorités.

    Le deuxième groupe, qui rassemblait 778 Nigériens dont 222 mineurs, est arrivé lundi à bord de 13 camions et d’une fourgonnette, ont-elles ajouté.

    Entre le 1er et le 30 mai déjà, 8 086 migrants (5 287 Nigériens et 2 799 personnes d’autres nationalités africaines) avaient été expulsés par Alger, selon un décompte des autorités. En avril, 6 737 autres avaient été refoulés.

    Toutes ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara. Elle a récemment dénoncé une « violation des droits humains » et exigé « l’arrêt immédiat des rafles et des expulsions massives » par l’Algérie.

    Accélération des retours « volontaires »

    Face à ces arrivées massives - qui ont cours depuis des années -, le Niger avait annoncé en mai vouloir appuyer l’#Organisation_internationale_de_la_migration (#OIM) pour accélérer le #rapatriement dans leur pays d’origine - d’ici juillet - d’environ 4 000 migrants. Les autorités nigériennes disent vouloir éviter un « désastre humanitaire ».

    Mais ces retours « volontaires » prennent du temps. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les #laissez-passer. Chaque nouvelle exigence de ces derniers - entretiens en vidéoconférence avec le migrant, formulaires rébarbatifs, etc. - entraîne un peu plus de retard pour les migrants originaires de ces pays, bloquant ainsi tout le processus et provoquant l’embolie du système d’accueil onusien sur le territoire nigérien.

    Cette surpopulation de migrants - notamment à Assamaka et #Agadez - concentre toutes les frustrations.

    Cette situation « perturbe l’équilibre sécuritaire » du pays, avait déclaré fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur de ce pays gouverné depuis près de deux ans par un régime militaire.
    Le double discours d’Alger

    Les autorités algériennes, elles, affichent un double discours sur leur politique migratoire. D’un côté, Alger expulse ces sans-papiers dans le désert, de l’autre, le pays communique sur leur accueil et leur intégration.

    Les personnes expulsées doivent survivre dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Dans un environnement désertique, elles sont confrontées à un climat très hostile qui cumule de très fortes températures (souvent 47°C- 48°C), l’absence d’abri ainsi qu’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins.

    Abandonnés par Alger dans la zone dite du « #Point_Zero » - un lieu désertique en Algérie à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec le Niger, les migrants doivent ensuite parcourir à pied pendant des heures le chemin vers Assamaka où se trouve le #centre_de_transit de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

    L’Algérie n’est pas le seul pays de la région à abandonner des migrants dans le désert. La #Libye aussi. Entre le 28 mars et le 25 avril 2025, 792 migrants, majoritairement nigériens, ont débarqué dans des zones désertiques de la région de #Siguidine (centre-est du Niger) après avoir été renvoyés du sol libyen. Parmi eux, on comptait plusieurs femmes et mineurs.

    En Libye, les exilés peuvent être interpellés dans la rue, sur leur lieu de travail, dans leur appartement... puis placés dans des camions de marchandises à destination du sud du pays, près de la frontière nigérienne. D’autres sont expulsés directement depuis les centres de détention libyens, selon Alarme phone Sahara.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64971/lalgerie-a-refoule-16-000-migrants-dans-le-desert-nigerien-en-deux-moi
    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Sahara #désert_du_Sahara #retour_volontaire #désert_du_Ténéré

  • « Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’ » : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64924/il-ny-a-rien-de-moins-volontaire-quun-retour-volontaire--des-chercheur

    « Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’ » : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée
    Par La rédaction Publié le : 03/06/2025
    Les « retours volontaires » de migrants se multiplient ces derniers mois depuis des pays comme la Tunisie ou la Libye. Mais ces rapatriements chapeautés par l’ONU sont perçus par les chercheurs comme des expulsions déguisées, « la seule alternative possible » pour des migrants résignés, victimes de racisme et d’exactions.
    « Il n’y a rien de moins volontaire que les ’retours volontaires », ont décrypté des chercheurs face à la forte hausse de demandes de rapatriement de migrants, « acculés » aux frontières sud de l’Europe.
    « C’est très dur ici. C’est compliqué », confie Mac*, un Guinéen de 24 ans, rencontré il y a quelques semaines par l’AFP lors de l’évacuation de camps de fortune à El Amra, près de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Comme de nombreux migrants, las, le jeune homme s’est inscrit auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour bénéficier d’un accompagnement afin de rentrer chez lui.
    Développés depuis 1979, les programmes d’aide aux retours volontaires (ARV), soutenus par l’OIM n’ont jamais eu autant de succès en Tunisie, Libye ou encore en Algérie, points de passage pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui tentent de rejoindre l’Europe.
    En 2024, 7 250 migrants présents sur le sol tunisien, principalement originaires de Gambie, Burkina Faso et Guinée ont bénéficié de l’ARV, soit une augmentation de 1 000 % entre 2018 et 2024. En Algérie, ils étaient 7 834 (+ 600% sur la même période 2018/2024) et 16 207 en Libye (+ 65%) à être retournés dans leur pays par le biais de l’ARV, selon l’OIM. Outre le voyage, certaines de ces personnes en situation illégale peuvent bénéficier d’une aide financière pour se réinstaller dans leur pays. « Il n’y a rien de moins volontaire, que les ’retours volontaires », alerte Jean-Pierre Cassarino, enseignant chercheur au Collège d’Europe en Pologne, évoquant des migrants « acculés » et des « expulsions » qui ne disent pas leur nom.
    En Tunisie et en Libye, les conditions de vie sont délétères pour les Africains subsahariens, victimes de racisme, d’exactions, de kidnapping, d’abandons dans le désert, voire de meurtres. La plupart peinent à se loger, vivent dans des campements insalubres, avec un accès limité voire inexistant aux soins. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant leur calvaire.
    Ces « retours volontaires » s’inscrivent alors dans un « processus de vulnérabilité accrue », explique de son côté Ahlam Chemlali, chercheuse en migration à l’Institut danois pour les études internationales (DIIS), interrogée par l’AFP. Leur situation est devenue « de plus en plus précaire et dangereuse » et « pour beaucoup, le programme de ’retour volontaire’ est devenu la seule alternative possible ».
    Selon les textes internationaux, les participants au programme ne doivent pourtant subir « ni pressions physiques ou psychologiques » et avoir accès à des informations « objectives et fiables » sur lesquelles fonder leur décision de partir. Accusée de prêter main forte aux politiques d’expulsion des migrants, l’OIM s’en défend et assure intervenir seulement une fois qu’une personne a donné son consentement éclairé pour recevoir de l’aide. Pour l’agence de l’ONU, « mieux vaut ça que rien et que les migrants risquent leur vie en traversant la mer », décrypte Jean-Pierre Cassarino qui rappelle que l’OIM est financé « rubis sur l’ongle par l’Union européenne ».
    Ces programmes de « retours volontaires » s’inscrivent dans une politique d’externalisation du contrôle des frontières par l’Union européenne (UE) qui exerce une forte pression sur ces pays tiers, en échange de contreparties, afin qu’ils gèrent la migration en son nom, observent les deux chercheurs.
    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « partenariat » prévoyant une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.Pourtant, sur le long terme, les « retours volontaires » sont sans effet, expliquent les deux spécialistes. Beaucoup de migrants tentent à nouveau le voyage car ils n’ont pas tous un endroit sûr ou vivre et ont fui des conflits, des persécutions ou des difficultés économiques, pointent-ils. « Le désespoir est si fort qu’il vont réessayer », rappelle Jean-Pierre Cassarino.

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#retour#rapatriement#expulsion#sante

  • Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64869/libye--plus-de-300-subsahariens-beneficient-dun-retour-volontaire-vers

    Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha
    Par Julia Dumont Publié le : 30/05/2025
    Les 26 et 28 mai, deux vols de l’OIM ont permis à 134 Maliens et 169 Tchadiens de rentrer dans leur pays respectifs depuis la ville de Sebha, dans le centre de la Libye. De plus en plus d’exilés demandent cette solution de retour pour fuir les conditions de vie extrêmement difficiles que connaissent les Subsahariens en Libye.
    Selon le ministère libyen des Affaires étrangères, c’est la première fois depuis 15 ans qu’un vol de retour volontaire quittait l’aéroport de Sebha, dans le centre du pays. Mercredi 28 mai, 169 migrants tchadiens ont pu retourner dans leur pays d’origine grâce à un vol organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en collaboration avec les autorités libyennes et tchadiennes, selon l’ambassade du Tchad en Libye.
    « Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts conjoints visant à protéger nos concitoyens et à assurer leur retour en toute sécurité, en réponse aux conditions difficiles rencontrées par certains membres de la communauté tchadienne dans le sud libyen », a indiqué l’ambassade du Tchad en Libye sur son compte Facebook.
    Deux jours plus tôt, le 26 mai, 134 migrants maliens avaient déjà quitté la ville de Sebha par un vol de retour volontaire de l’OIM à destination de Bamako.
    Ville du centre de la Libye, Sebha est l’un des principaux carrefours migratoires de la région. La plupart des Subsahariens qui quittent leur pays dans l’espoir d’atteindre les côtes libyennes puis l’Europe transitent par cette ville. Mais Sebha est aussi une ville très dangereuse pour ces exilés. C’est notamment dans cette ville qu’une journaliste américaine de la chaîne de télévision CNN avait réussi à filmer un marché aux esclaves en 2017. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant avoir été détenus, torturés et parfois revendus dans cette ville, par des trafiquants d’êtres humains. En 2017, Issa, 16 ans, nous avait raconté sa détention dans une prison clandestine de Sebha.
    Privés de nourriture, de médicaments, d’eau, contraints au silence, les exilés détenus dans ces centres meurent par dizaine. « Il faut être en bonne santé. Les gens qui y entrent malades meurent en moins d’une semaine… », avait raconté Issa, qui ne pesait plus que 45kg après un mois de détention. Autre signe de ces conditions de vie inhumaines infligées aux migrants dans la région : en mars 2024, 65 corps de migrants ont été découverts dans une fosse commune située en plein désert, entre Sebha et Tripoli. En février dernier, de nouvelles fosses communes contenant des corps de migrants ont été exhumées dans le désert libyen. Selon les autorités libyennes, il s’agirait de migrants exécutés par des trafiquants d’être humains dans la région de Kufra.
    En mer Méditerranée, au large des côtes de Tripoli, le sort des migrants n’est pas plus enviable. Lorsqu’ils sont arrêtés par les gardes-côtes libyens, les exilés sont presqu’automatiquement envoyés dans des centres de détention où les exactions sont légion.
    Face à ces conditions de vie et aux difficultés pour atteindre les côtes européennes par la mer, de plus en plus de migrants subsahariens se résignent donc à demander un retour volontaire. En collaboration étroite avec le gouvernement libyen, l’OIM organise alors des vols de retour vers les pays d’origine des exilés.
    Ainsi, le 8 avril déjà 172 migrants tchadiens avaient pu rejoindre N’Djamena depuis Tripoli. En tout, depuis 2023, plus de 4 000 Tchadiens sont rentrés dans leur pays par les retours volontaires de l’OIM, selon le directeur général de l’administration des Tchadiens de l’étranger Mbodou Seïd. Au total, depuis 2015, quelque 98 000 migrants ont bénéficié d’un retour volontaire vers leur pays d’origine, selon le bureau de l’OIM en Libye.
    La Tunisie, pays voisin de la Libye, souhaite, elle aussi, développer les vols de retours volontaires pour les migrants vivant dans le pays. Pour le seul mois d’avril, 1 009 personnes sont rentrées dans leur pays d’origine depuis la Tunisie via ce dispositif. Ces retours volontaires sont critiqués par les défenseurs des droits humains qui plaident que les exilés subissant des conditions de vie inhumaines en Tunisiene sont pas en mesure de choisir réellement de rentrer dans leur pays. Ils y sont contraints par la force des choses. En 2024, un nombre record d’exilés étaient déjà retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023. Les retours au pays doivent par ailleurs être fortement accompagnés pour que les personnes retournées ne se retrouvent pas marginalisées au sein de leur communauté. Certains exilés rentrent dans leur pays traumatisés et peinent à se réinsérer.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#tunisie#mali#tchad#retourvolontaire#sante#droit#sante

  • Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha - InfoMigrants
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    Libye : plus de 300 Subsahariens bénéficient d’un retour volontaire vers le Tchad et le Mali depuis la ville de Sebha
    Par Julia Dumont Publié le : 30/05/2025
    Les 26 et 28 mai, deux vols de l’OIM ont permis à 134 Maliens et 169 Tchadiens de rentrer dans leur pays respectifs depuis la ville de Sebha, dans le centre de la Libye. De plus en plus d’exilés demandent cette solution de retour pour fuir les conditions de vie extrêmement difficiles que connaissent les Subsahariens en Libye.
    Selon le ministère libyen des Affaires étrangères, c’est la première fois depuis 15 ans qu’un vol de retour volontaire quittait l’aéroport de Sebha, dans le centre du pays. Mercredi 28 mai, 169 migrants tchadiens ont pu retourner dans leur pays d’origine grâce à un vol organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en collaboration avec les autorités libyennes et tchadiennes, selon l’ambassade du Tchad en Libye.
    « Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts conjoints visant à protéger nos concitoyens et à assurer leur retour en toute sécurité, en réponse aux conditions difficiles rencontrées par certains membres de la communauté tchadienne dans le sud libyen », a indiqué l’ambassade du Tchad en Libye sur son compte Facebook.
    Deux jours plus tôt, le 26 mai, 134 migrants maliens avaient déjà quitté la ville de Sebha par un vol de retour volontaire de l’OIM à destination de Bamako.
    Ville du centre de la Libye, Sebha est l’un des principaux carrefours migratoires de la région. La plupart des Subsahariens qui quittent leur pays dans l’espoir d’atteindre les côtes libyennes puis l’Europe transitent par cette ville. Mais Sebha est aussi une ville très dangereuse pour ces exilés. C’est notamment dans cette ville qu’une journaliste américaine de la chaîne de télévision CNN avait réussi à filmer un marché aux esclaves en 2017.
    La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant avoir été détenus, torturés et parfois revendus dans cette ville, par des trafiquants d’êtres humains. En 2017, Issa, 16 ans, nous avait raconté sa détention dans une prison clandestine de Sebha. Privés de nourriture, de médicaments, d’eau, contraints au silence, les exilés détenus dans ces centres meurent par dizaine. « Il faut être en bonne santé. Les gens qui y entrent malades meurent en moins d’une semaine… », avait raconté Issa, qui ne pesait plus que 45kg après un mois de détention.
    Autre signe de ces conditions de vie inhumaines infligées aux migrants dans la région : en mars 2024, 65 corps de migrants ont été découverts dans une fosse commune située en plein désert, entre Sebha et Tripoli. En février dernier, de nouvelles fosses communes contenant des corps de migrants ont été exhumées dans le désert libyen. Selon les autorités libyennes, il s’agirait de migrants exécutés par des trafiquants d’être humains dans la région de Kufra.
    En mer Méditerranée, au large des côtes de Tripoli, le sort des migrants n’est pas plus enviable. Lorsqu’ils sont arrêtés par les gardes-côtes libyens, les exilés sont presqu’automatiquement envoyés dans des centres de détention où les exactions sont légion.
    Face à ces conditions de vie et aux difficultés pour atteindre les côtes européennes par la mer, de plus en plus de migrants subsahariens se résignent donc à demander un retour volontaire. En collaboration étroite avec le gouvernement libyen, l’OIM organise alors des vols de retour vers les pays d’origine des exilés.
    Ainsi, le 8 avril déjà 172 migrants tchadiens avaient pu rejoindre N’Djamena depuis Tripoli. En tout, depuis 2023, plus de 4 000 Tchadiens sont rentrés dans leur pays par les retours volontaires de l’OIM, selon le directeur général de l’administration des Tchadiens de l’étranger Mbodou Seïd. Au total, depuis 2015, quelque 98 000 migrants ont bénéficié d’un retour volontaire vers leur pays d’origine, selon le bureau de l’OIM en Libye.
    La Tunisie, pays voisin de la Libye, souhaite, elle aussi, développer les vols de retours volontaires pour les migrants vivant dans le pays. Pour le seul mois d’avril, 1 009 personnes sont rentrées dans leur pays d’origine depuis la Tunisie via ce dispositif. Ces retours volontaires sont critiqués par les défenseurs des droits humains qui plaident que les exilés subissant des conditions de vie inhumaines en Tunisiene sont pas en mesure de choisir réellement de rentrer dans leur pays. Ils y sont contraints par la force des choses.
    En 2024, un nombre record d’exilés étaient déjà retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023. Les retours au pays doivent par ailleurs être fortement accompagnés pour que les personnes retournées ne se retrouvent pas marginalisées au sein de leur communauté. Certains exilés rentrent dans leur pays traumatisés et peinent à se réinsérer.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#tchad#mali#OIM#retourvolontaire#sante

  • Syrie : plus de 500 000 Syriens sont rentrés dans leur pays depuis la chute d’Assad, selon le HCR - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64812/syrie--plus-de-500-000-syriens-sont-rentres-dans-leur-pays-depuis-la-c

    Syrie : plus de 500 000 Syriens sont rentrés dans leur pays depuis la chute d’Assad, selon le HCR
    Par Julia Dumont Publié le : 27/05/2025
    Le 15 mai, le chef de la mission du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Syrie, Gonzalo Vargas Llosa a annoncé que le nombre de Syriens rentrés dans leur pays avait atteint les 500 000 personnes, depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier. Mais l’agence onusienne exprime aussi son inquiétude vis-à-vis de la situation économique du pays, exsangue après plus de dix ans de guerre.
    Depuis la chute de Bachar al-Assad en Syrie, le 8 décembre 2024, plus de 500 000 Syriens sont rentrés dans leur pays d’origine, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). La barre du demi-million de personnes « retournées » a été atteinte le 15 mai, soit une moyenne de 100 000 personnes rentrées dans leur pays chaque mois depuis le départ du dictateur vers la Russie.Selon le chef de la mission du HCR en Syrie, Gonzalo Vargas Llosa, la plupart des personnes rentrées en Syrie viennent des pays voisins tels que la Jordanie, le Liban, la Turquie, l’Irak et l’Égypte.
    Près de 600 000 personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie sont également rentrées chez elles, depuis décembre. « Cependant, 7,4 millions de Syriens sont toujours déracinés à l’intérieur du pays et il y a plus de 6 millions de réfugiés syriens dans le monde », précise le HCR.
    L’agence onusienne exprime aussi son inquiétude de voir ces personnes rentrer dans un pays où tout est à reconstruire. En premier lieu, les habitations des personnes, alors que dans certaines villes, la plupart des bâtiments sont inhabitables. Les systèmes de canalisations doivent également être remis en état."Quand j’ai vu ma maison, elle était en ruines", a déclaré au HCR Ibtihal, une Syrienne rentrée à Deraa, berceau de la révolution syrienne en 2011, dans le sud du pays. « La vie est vraiment pénible - les produits de première nécessité manquent. Le système d’égouts est bloqué et je ne peux même pas gérer les choses les plus simples. Je n’ai pas d’argent pour réparer quoi que ce soit. Mon mari veut travailler pour que nous puissions reconstruire notre maison petit à petit. »
    Le retour des Syriens en exil est d’autant plus un défi que la situation économique de la Syrie est catastrophique, après 14 ans de crise et de bombardements. « Les grandes villes syriennes comme Raqqa, Alep et Homs ont été largement détruites par l’utilisation massive et intense d’armes explosives. La ville de Raqqa a été rasée à 80 % en 2017 », selon Handicap International.
    L’ONG alertait déjà en 2022 que le niveau de contamination du territoire syrien par les substances explosives était « sans précédent dans toute l’histoire du déminage ». « La présence d’engins non explosés (UXO), c’est-à-dire des bombes, roquettes et mortiers qui n’ont pas explosé à l’impact pour cause de dysfonctionnement, et d’autres engins explosifs sciemment posés, tels que des mines antipersonnel et des pièges explosifs, est si intense qu’il faudra plusieurs générations pour rendre la Syrie sûre », alertait l’organisation.
    Pour aider à la réinstallation des Syriens déplacés, le HCR procure « des programmes à petite échelle pour réparer des parties de maisons endommagées » ainsi que de petites « allocations en espèces aux rapatriés pour couvrir leurs besoins de base au cours des premiers mois de leur retour », a indiqué Gonzalo Vargas Llosa à l’agence de presse officielle syrienne Sana. L’agence leur fournit aussi « un soutien juridique pour l’obtention de documents officiels ». Un élément essentiel pour attester de leur nationalité syrienne et accéder à des services essentiels.
    Mais le HCR s’inquiète d’un manque de fonds criant alors que son budget a été très fortement affecté par le retour de Donald Trump à la présidence américaine. Ce dernier a signé dès son arrivée au pouvoir le 20 janvier un décret ordonnant un gel de l’aide étrangère américaine pour 90 jours. Depuis, le gouvernement Trump a entrepris le quasi-démantèlement de l’agence américaine du développement USAID, qui disposait d’un budget annuel de 42,8 milliards de dollars et représentait à elle seule 42 % de l’aide humanitaire déboursée dans le monde. Le financement américain représentait ainsi environ 40 % du budget du HCR.
    Le budget global pour la reconstruction de la Syrie est évalué à plusieurs centaines de milliards d’euros. Le 13 mai, le président américain Donald Trump a annoncé la levée formelle des sanctions financières américaines alors que la Syrie fait l’objet de sanctions internationales depuis 1979. Celles-ci ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar Al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011, élément déclencheur de la guerre.
    Quelques jours plus tard, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a indiqué que le département du Trésor et le département d’État mettaient « en œuvre des autorisations pour encourager de nouveaux investissements en Syrie ».
    Le 20 mai, l’Union européenne a, à son tour, annoncé la levée de toutes les sanctions économiques contre la Syrie mises en place sous le pouvoir Assad. Cette levée des sanctions concerne essentiellement le système bancaire syrien, jusque-là interdit d’accès au marché international des capitaux. Elle prévoit également un dégel des avoirs de la banque centrale syrienne. Ces mesures devraient permettre le retour des investissements en Syrie et la relance de l’économie mais il faudra des décennies pour que le pays se remette de ces années de conflits.

    #Covid-19#migrant#migration#syrie#jordanie#liban#turquie#irak#egypte#retour#sante

  • Language battle over ’deportation’ shines light on EU spin

    The European Commission won’t use the word “deportation” to describe kicking out failed asylum seekers and rejected migrants from the European Union.

    It is a word loaded with historical horrors of World War II, where Nazi Germany deported millions of Jews to extermination camps in eastern Europe.

    The ensuing genocide of millions have left inedible scars and soul-searching for a European leadership that has since promised never to repeat history. It also has its antecedents in Stalinist deportations.

    So whenever the word comes up to help describe an EU policy, the European Commission will insist on using terminology such as “returns”, “voluntary returns”, “forced returns” or even transfers.

    The euphemisms are meant to neutralise the negative connotations, including “voluntary returns”.

    Yet one European Commission official, at a background briefing in March, still managed to frame even “voluntary returns” as a threat.

    “One way of incentivising voluntary return is the clarity of what happens if you think that you can play the system,” he said.

    “It also can concentrate the mind and stimulate a very serious discussion and choices around voluntary return,” he added.

    In public, the phrase seeks to distance the commission from the likely human rights abuses that sometimes arise when coercion is used to remove people — even if only psychological.

    When it comes to the word “deportation”, the commission also argues it is not legally defined at the EU level.

    “While deportation and removal often are understood as synonyms, deportation is not used as a legal term in all EU member states,” it says.

    Earlier this week, journalists in Brussels attending a technical briefing on asylum organised by the commission were reminded once again not to say deportation.
    Please ’refrain’

    “I would refrain from using the word deported,” said a commission official.

    The request came when pressed on how its latest proposal would allow member states to turn back asylum seeker hopefuls and possibly send them abroad to a country they have never been to.

    Historical and legal spin aside, however, the word deportation remains an appropriate description of what is happening.

    Former migration commissioner, Ylva Johansson, herself used the word after the New York Times revealed that Greece had deported a Frontex interpreter to Turkey.

    “He’s [Frontex interpreter] been humiliated and victim of violence and robbed and deported to a third country he has no relation to,” she said in December 2021.

    “[It] seems to be clear deportation and this is not the first time that we had this situation,” she again said of the Frontex interpreter, in June 2023 while addressing the European Parliament’s civil liberties committee.

    The interpreter was a victim of a pushback, a form of deportation that is a reality along much of the EU’s external border.

    But the commission, for all its careful posturing, does not now get to decide why “deported” is a word that cannot be used to describe policies that rights defenders say are cruel and inhumane.

    Its latest iteration opens up the possibility for an asylum hopeful to be deported to a third country he has no relation to, echoing the phrase used by its own former commissioner.

    Catherine Woollard, director at the Brussels-based European Council of Refugees and Exiles, was more direct.

    “More people will be deported to countries that are not safe in reality,” she said, in an op-ed.

    https://euobserver.com/migration/ar6eb0b0bd
    #langage #mots #vocabulaire #euphémisation #déportations #renvois #expulsions #sans-papiers #déboutés #migrations #réfugiés #retours_volontaires #retours_forcés

    ping @karine4

  • Mauritanie : le nombre de « retours volontaires » via l’OIM a doublé par rapport à l’année dernière - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64696/mauritanie--le-nombre-de-retours-volontaires-via-loim-a-double-par-rap

    Mauritanie : le nombre de « retours volontaires » via l’OIM a doublé par rapport à l’année dernière
    Par Romain Philips Publié le : 21/05/2025
    Depuis le début de l’année, 322 migrants ont bénéficié d’un « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ils n’étaient que 150 en 2024 sur la même période. Une hausse qui s’explique notamment par la politique migratoire de Nouakchott : depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière.
    Les « retours volontaires » de l’Organisation internationale des migrations (OIM) se multiplient en Mauritanie. Entre le 1er janvier et le 16 mai, 322 migrants ont été rapatriés dans leur pays, a déclaré l’agence onusienne à InfoMigrants. C’est plus du double par rapport à la même période l’année dernière durant laquelle 153 « retours volontaires » avaient été effectués. Et sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM Mauritanie a facilité 995 rapatriements.
    Selon l’organisation, les personnes ayant bénéficié de ce programme proviennent « principalement de pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, de la Corne de l’Afrique, ainsi que, dans une moindre mesure, d’Asie du Sud ». C’est le cas d’Oumar, un Gambien de 29 ans, qui vit à Nouakchott. Il s’est rendu aux locaux de l’OIM le 30 avril dernier pour faire une demande de « retour volontaire ». « Sur place, il y avait des ressortissants de pleins de pays. J’ai simplement déposé une demande avec ma carte d’identité. Ils ont pris mon numéro et maintenant, j’attends que l’OIM me recontacte », explique-t-il à InfoMigrants. Installé en Mauritanie depuis près d’un an, le jeune homme explique que c’est « le climat actuel » qui l’a poussé à demander un rapatriement.
    Depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière dans le pays. « Au début du mois de mars, c’était le pire. C’était très compliqué. Les gens se faisaient arrêter. Il y avait la police partout, parfois même sur les lieux de travail », raconte encore Oumar. « Quand je vois ce qui arrive à d’autres migrants, expulsés vers les frontières, je préfère partir avant que ça ne m’arrive », ajoute-t-il. Une fois arrêtés, les exilés sont emmenés dans des centres de rétention avant d’être expulsés. Les Africains sont envoyés aux frontières avec le Mali et le Sénégal. Les Asiatiques, eux, sont expulsés à travers des vols.
    À Rosso, ville transfrontalière entre le Sénégal et la Mauritanie, des dizaines de migrants arrêtés par les autorités de Nouakchott patientent actuellement dans l’attente d’un retour dans leur pays. « Côté Sénégal, une cinquantaine de Guinéens vivent à la Croix-Rouge et attendent leur ’retour volontaire’, parfois depuis plusieurs semaines », détaille Mamadou Dia, membre de la Croix-Rouge à Rosso. Une fois recontacté par l’OIM, Oumar devra passer deux entretiens « pour évaluer la composition familiale, vérifier les documents, recenser les vulnérabilités et discuter des modalités du retour », indique l’OIM. Puis, après un examen médical, il sera raccompagné en Gambie.
    Le dispositif peut mettre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. « Le délai d’un ’retour volontaire’ varie en fonction du pays de retour, la situation administrative de la personne, la composition familiale, la présence de vulnérabilités, ainsi que la disponibilité ou non de documents de voyage », signale l’organisation. Nouakchott intensifie ses efforts pour combattre l’immigration irrégulière qui a souvent pour projet de rejoindre les Canaries espagnoles, via l’Atlantique. Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025. La Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, est devenue le principal lieu de départ des canots arrivés dans l’archipel espagnol, selon Helena Maleno de l’ONG Caminando Fronteras. Au cours de l’année 2024, 46 843 exilés ont atteint les Canaries, du jamais vu.
    Ce tournant dans la politique de Nouakchott s’est opéré suite à la signature en mars 2024 d’un accord avec l’Union européenne, inquiète de voir cette route migratoire se réactiver. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien. Le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould, a mis en avant la nécessité de lutter contre une migration qui n’est plus « individuelle » mais « une activité transfrontalière organisée » et a dénoncé « une augmentation sans précédent du nombre d’étrangers en situation irrégulière ».
    Depuis le début de l’année, le nombre d’arrivées aux Canaries a, lui, chuté. Entre le 1er janvier et le 15 mai 2025, 10 882 personnes sont arrivées dans l’archipel, soit une diminution de 34,4% par rapport à la même période en 2024 durant laquelle 16 586 migrants avaient atteint les iles espagnoles.

    #Covid-19#migrant#migration#mauritanie#senegal#rosso#expulsion#rapatriement#frontiere#OIM#sante#retourvolontaire#retention

  • Est de la RDC : des milliers de Rwandais « en situation illégale » poussés au retour dans leur pays
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/21/est-de-la-rdc-des-milliers-de-rwandais-en-situation-illegale-pousses-au-reto

    Est de la RDC : des milliers de Rwandais « en situation illégale » poussés au retour dans leur pays
    Par Théodore de Kerros (Gisenyi, Rwanda, envoyé spécial)
    Ils sont plusieurs centaines, ce lundi 19 mai au matin, à attendre sur le parking de la « Grande barrière », du côté rwandais du poste-frontière qui sépare les villes jumelles de Goma, en République démocratique du Congo (RDC), et de Gisenyi, au Rwanda. T-shirts en haillons, sacs de courses à la main, les déplacés, en majorité des femmes et des enfants, ont été transportés dans des véhicules de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Dans la journée, ils prendront la direction du camp de transit de Nyarushishi, dans le sud-ouest du Rwanda.
    Depuis le 10 mai, Kigali a lancé un vaste plan de rapatriement de 2 080 de ses ressortissants présentés comme des réfugiés installés dans l’est de la RDC. Une opération coordonnée par l’UNHCR et décidée de concert avec le groupe rebelle Alliance fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), soutenu par le Rwanda, qui a conquis de larges pans de territoires dans l’Est congolais depuis sa résurgence en novembre 2021.
    La plupart des 796 personnes rapatriées ce jour-là – des « sujets rwandais en situation illégale » selon le M23 – affirment n’avoir pas remis les pieds au Rwanda depuis trente ans. A l’image d’Adèle Nyirabirima, 37 ans, arrivée dans le flot des centaines de milliers de Hutu rwandais qui traversèrent la frontière en 1994 pour fuir l’avancée du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame et se réfugier dans ce qui était encore le Zaïre.
    Parmi eux figuraient des milliers de génocidaires ayant participé au massacre contre les Tutsi. De simples agents administratifs mais aussi des idéologues, des soldats et des miliciens qui ne tardèrent pas à mener des attaques au Rwanda et formèrent en 2000 les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé combattu par Kigali et le M23.
    Adèle Nyirabirima vient, comme la plupart des personnes rencontrées lundi à la frontière, de la localité de Karenga, une zone forestière dans le massif du Masisi connue pour être un bastion des FDLR. Le M23 et Kigali accusent Kinshasa de soutenir le groupe rebelle et ont justifié leur offensive dans l’Est congolais, comme toutes les précédentes interventions lancées par le Rwanda depuis 1996, par la nécessité de neutraliser une formation politico-militaire n’ayant jamais renoncé à poursuivre le crime des crimes contre les Tutsi. D’après Oscar Balinda, le porte-parole de l’AFC/M23 présent à la « Grande barrière », ces Rwandais installés en RDC « étaient pris en otage par les FDLR. Les plus jeunes, dans la force de l’âge, sont recrutés pour rejoindre leurs rangs ».
    Le Rwanda et l’AFC/M23 affirment que les réfugiés rentrent au Rwanda de leur plein gré. Toutefois, d’après Eujin Byun, la porte-parole régionale de l’UNHCR qui supervise leur transport de la RDC vers le Rwanda, « ces déplacements ne sont pas entièrement volontaires ». « Tous les participants au convoi ont bien signé un formulaire de consentement », souligne-t-elle, en déplorant « la rapidité dans laquelle s’est effectué ce rapatriement et la manière dont les réfugiés sont arrivés dans les centres de transit au Rwanda ».« Est-ce qu’on reviendrait volontairement sans ses bagages ?, déclare une dame, dont les maigres effets personnels tiennent dans un sac de courses. Le M23 nous a obligés à quitter les champs que l’on avait achetés dans le Masisi. On a quitté le Rwanda pour trouver la vie au Congo. Aujourd’hui, on nous chasse du Congo pour revenir au Rwanda. »
    Prévoyant, Olivier Sabato, 18 ans, porte un panneau solaire pendu autour du cou. Il vivait comme la plupart dans un centre d’accueil pour déplacés à Sake, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Goma. « Il y avait du courant mais c’était payant, raconte-t-il debout dans la file d’attente. Je ne sais pas si je trouverai de l’électricité là où on m’emmène. » Le jeune Rwandais n’a aucun souvenir du pays où il est né : « Je ne sais pas ce qui m’attend. J’ai quitté le Rwanda avec ma mère en 2008, à l’âge de 5 mois. Je ne me souviens même plus du nom de mon village natal. »
    Ce matin-là, Prosper Mulindwa, le maire du district de Rubavu, qui jouxte la frontière avec la RDC, a souhaité « la bienvenue » aux rapatriés et a expliqué que « les autorités nationales et locales combineront leurs efforts pour assurer leur intégration parfaite dans la communauté ».
    Ce n’est pas la première fois que le Rwanda rapatrie de gré ou de force ses ressortissants dans l’est de la RDC, y compris des combattants FDLR. Depuis 2001, plusieurs milliers de ces rebelles ont été ramenés vers le Rwanda. Ils séjournent pour la plupart dans des centres de réhabilitation comme celui de Mutobo, à Ruhengeri, une ville à deux heures au nord-ouest de Kigali, afin d’être réintégrés dans la société ou même de rejoindre l’armée rwandaise qu’ils avaient combattue.

    #Covid-19#migrant#migration#rwanda#RDC#rapatriement#UNHCR#reintegration#retour#sante#crise

  • #Revenir. Expériences du #retour en #Méditerranée

    Algérie, Arménie, Grèce, Palestine, Liban, Macédoine du Nord, Syrie… Quels types de #liens gardons-nous avec la terre d’origine après l’avoir quittée ? Le retour est-il « le #désir et le #rêve de tous les immigrés », comme l’a écrit le sociologue Abdelmalek Sayad ? Il y a ceux qui ont la chance de pouvoir revenir chaque année, le temps d’un été, voire de se réinstaller définitivement chez soi après une vie d’exil. Mais que faire lorsque les frontières, la politique ou la guerre rendent le #retour_impossible ?

    Comment revenir, quand le chez-soi n’existe plus ?

    Cette exposition s’intéresse à la question des #migrations en Méditerranée sous l’angle peu connu du « retour ». À travers des objets, des œuvres d’#art et des parcours de vie, elle souhaite approcher la complexité des expériences du « revenir », prises entre #déracinements et #enracinements, pratiques et #imaginaires, gouvernances nationales et aspirations individuelles. Il s’agit de questionner ces réalités plurielles, circulatoires, non linéaires, parfois empêchées, parfois détournées, qui engagent le chez-soi, sa reconnaissance et sa transposition, sans omettre les mémoires et les rêves qui y sont intimement liés.

    L’exposition rend compte de ces possibles dans un parcours où s’entremêlent des œuvres conservées en collections publiques, des objets intimes et documents familiaux, ainsi que des créations d’artistes contemporains dont la pratique fait écho à leur expérience personnelle de l’exil et du retour.

    Véritable colonne vertébrale du projet, l’enquête-collecte « Retours migratoires en Méditerranée » a permis à cinq équipes de chercheurs de travailler sur des terrains en France, en Italie, en Macédoine du Nord, en Grèce, en Galilée et en Cisjordanie, pour réunir objets, documents, films, photographies et témoignages. Dans l’exposition, ces corpus sont éclairés par des restitutions cartographiques sensibles réalisées par Philippe Rekacewicz (@reka), et mettant en évidence les itinéraires biographiques individuels et collectifs observés au fil des enquêtes.


    Tout au long du parcours, nous verrons que le retour prend des formes différentes selon les trajectoires migratoires, les générations, les rapports entretenus avec l’espace natal ou ancestral et les politiques étatiques. Dès lors, le revenir est l’expression d’un devenir – un projet ou un mouvement – qui esquisse la géographie de l’#appartenance dans ses expériences (im)possibles.

    https://www.mucem.org/programme/exposition-et-temps-forts/revenir
    #exposition

  • La #Suède annonce allouer plus de 9 millions d’euros pour accélérer les #retours de migrants dans leur pays d’origine

    Dans un communiqué du 13 mai, le gouvernement suédois a indiqué renforcer son soutien à l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) afin d’augmenter les retours des migrants présents dans le pays mais aussi dans l’Union européenne. Plus de 9 millions d’euros vont être alloués par la Suède à l’agence onusienne.

    Le sujet de l’immigration irrégulière occupe de nouveaux le devant de la scène en Suède. Mardi 13 mai, le gouvernement suédois a indiqué renforcer son soutien à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en lui allouant 9,2 millions d’euros pour accélérer les retours de migrants présents sur son territoire mais aussi au sein de l’Union européenne (UE).

    Cette #aide_financière doit contribuer à "lutter contre la migration irrégulière depuis l’#Irak, la #Somalie, l’#Ouzbékistan et la #Tunisie" renseigne le communiqué.

    Une autre partie de la somme servira à "renforcer les conditions de retour vers la #Syrie et lutter contre la traite des êtres humains en #Ukraine", précise le document. Le ministre des Migrations, #Johan_Forssell, a réaffirmé le soutien de Stockholm à l’Ukraine et a précisé que l’argent permettra également de "contrer et fournir de l’aide à ceux qui ont été victimes de la traite des êtres humains pendant l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie".

    Ces programmes d’"#aide_au_retour_volontaire" (#AVR) sont mis en place et soutenus par l’OIM dans plus de 100 pays. L’agence onusienne "ne facilite ni ne met en œuvre les expulsions (et) n’intervient qu’une fois qu’une personne a donné son #consentement_éclairé pour recevoir de l’aide", assure-t-elle dans un communiqué daté du 12 mai.

    Une myriade de mesures pour réduire l’immigration

    Cette nouvelle annonce n’est qu’une énième mesure du gouvernement, désireux de freiner l’immigration dans le pays. Depuis une dizaine d’années, les restrictions adoptées par les autorités suédoises à l’encontre des personnes exilées et étrangères sur le territoire scandinave sont de plus en plus sévères.

    Pour inciter les migrants à regagner leur pays d’origine, elles avaient annoncé le 12 septembre 2024 vouloir tripler le montant de l’aide au retour “volontaire”. Actuellement de 10 000 couronnes (environ 920 euros), celle-ci devrait grimper à 350 000 couronnes (30 000 euros) pour un adulte. Très critiquée, la mesure doit malgré tout entrer en vigueur en 2026. D’autres pays européens proposent également une #aide_financière_au_retour : de plus de 13 000 euros au #Danemark, d’environ 1 300 euros en #Norvège et jusqu’à 2 500 euros en #France.

    En avril dernier, les autorités avaient fait part de leur volonté d’introduire dans la législation un critère de "#conduite_honnête" aux migrants, sous peine de voir révoquer ou refuser leur titre de séjour. Déjà, un projet de loi annoncé en janvier proposait de conditionner l’obtention de la #citoyenneté suédoise à une “#bonne_conduite”, une durée de séjour plus longue (huit ans contre cinq actuellement) et à la réussite d’un test de connaissances de la société et des #valeurs suédoises ainsi qu’un examen de #langue.

    Dans cette même logique de durcissement des conditions d’accès des étrangers pour obtenir des #titres_de_séjours, le gouvernement défendait en décembre dernier un projet pour limiter la possibilité des demandeurs d’asile déboutés de déposer une nouvelle demande, sans avoir auparavant quitté le pays.

    Une autre proposition avait suscité un tollé dans le pays en mai 2024 : la coalition au pouvoir avait proposé une loi visant à obliger les travailleurs du secteur public à dénoncer aux autorités les personnes #sans-papiers avec lesquelles ils sont en contact. La mesure, jugée raciste et discriminatoire, s’était cependant heurtée à une très forte opposition au sein des services publics, qui avait appelé à la "désobéissance civile".

    Souhaitant privilégier l’immigration d’une “main-d’œuvre étrangère qualifiée et hautement qualifiée” comme le déclarait l’ancienne ministre des Migrations en février 2024, Stockholm souhaite également relever le plafond de #salaire_minimum requis pour les travailleurs non-européens dans l’obtention d’un #visa_de_travail. Ils devront désormais prouver qu’ils gagnent plus de 34 200 couronnes (3 000 euros) contre 27 360 couronnes (2 400 euros) actuellement.

    La Suède ferme ses portes aux immigrés

    Réputée accueillante pour les demandeurs d’asile depuis les années 1990, la Suède a permis à un grand nombre de personnes en provenance de régions en proie à des conflits, notamment d’ex-Yougoslavie, de Syrie, d’Afghanistan, de Somalie, d’Iran et d’Irak, de vivre sur son territoire. En 2015, le pays connaît un afflux de #réfugiés_syriens fuyant le régime d’Assad. Sur cette seule année, la Suède a accueilli plus 160 000 demandeurs d’asile, soit le taux d’accueil le plus élevé par habitant dans l’Union européenne.

    Mais ces arrivées massives marquent aussi un tournant. Le gouvernement social-démocrate de l’époque déclare alors qu’il n’est plus en mesure de poursuivre sa "politique de la porte ouverte". Depuis, les gouvernements successifs s’emploient à freiner les arrivées de migrants dans le pays.

    L’arrivée au pouvoir en 2022 d’un bloc qui regroupe modérés, conservateurs et obtient le soutien du parti d’extrême droite anti-immigration, les Démocrates de Suède, opère un virage radical dans la politique migratoire suédoise. "Il est temps de faire passer la Suède d’abord", déclarait à cette période Jimmie Akesson, le leader des Démocrates de Suède.

    Devenue l’une des nations européennes les plus strictes en la matière, la Suède peine à intégrer un grand nombre des nouveaux arrivants. En 2024, le nombre de migrants ayant obtenu l’asile en Suède a atteint le niveau le plus bas depuis 40 ans. L’an dernier, un peu plus de 6 000 permis de séjour pour l’asile ont été accordés dans le pays scandinave.

    "Aujourd’hui, trois personnes sur quatre qui demandent l’asile en Suède ne sont pas considérées comme ayant des motifs suffisants pour obtenir un #permis_de_séjour. Elles ne sont donc pas des réfugiées et doivent rentrer chez elles", a déclaré le ministre Johan Forssell.

    La Suède a ainsi été l’un des premiers pays à annoncer la suspension des demandes d’asile pour les Syriens après la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64546/la-suede-annonce-allouer-plus-de-9-millions-deuros-pour-accelerer-les-
    #migrations #réfugiés #renvois #expulsions #IOM #traite_d'êtres_humains #retours_volontaires #naturalisation #réfugiés_syriens

    ping @karine4 @reka

  • Après des mois de déni, Horvilleur, Sinclair et Sfar ouvrent les yeux sur les massacres à Gaza et déclenchent la polémique
    Pauline Graulle | 10 mai 2025 à 19h30 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/100525/apres-des-mois-de-deni-horvilleur-sinclair-et-sfar-ouvrent-les-yeux-sur-le

    (...)Soulignant que c’est par « amour d’Israël » qu’elle appelle désormais ce pays à un « sursaut de conscience » au nom du « refus absolu de l’annihilation d’un autre peuple », elle critique en creux la « déroute politique et [la] faillite morale » du gouvernement Nétanyahou – jamais nommé dans le texte. Et exhorte à « soutenir ceux qui savent que, sans avenir pour le peuple palestinien, il n’y en a aucun pour le peuple israélien ».

    Le lendemain, vendredi 9 mai, Anne Sinclair a publié un texte d’une teneur similaire. « La légitimité de cette guerre après le 7-Octobre n’est pas à remettre en cause […]. Mais la forme des actions que mène l’armée israélienne à Gaza à la demande du gouvernement de Nétanyahou est indéfendable », juge-t-elle. Dans Le Point, le 5 mars, la journaliste dénonçait déjà le « gouvernement extrémiste de Benyamin Nétanyahou » : « Le calvaire des mères ou des vieillards, la mort et la mutilation des enfants ne peuvent nous laisser, nous, juifs, indifférents et silencieux. Il est temps que cela s’arrête. Rien au monde ne peut venger les atrocités du 7-Octobre, et en tout cas pas l’écrasement et la famine d’une population civile », avait-elle martelé.

    Son texte, comme celui de Delphine Horvilleur, a été relayé, ce même vendredi 9 mai, par le dessinateur Joann Sfar, qui s’est lui aussi livré à un exercice de contrition. « Delphine Horvilleur a eu le courage de prendre la parole et nous devons être nombreux à prendre la parole contre la fuite en avant à laquelle nous assistons », écrit-il sur les réseaux sociaux, publiant dans la foulée plusieurs planches, dessinées ou non, sur lesquelles il estime par exemple « qu’il est contraire à la morale humaine et à l’éthique juive de se taire […] face au nettoyage ethnique ». (...)

    #retournement_de_veste

  • Pour les migrants refoulés d’Europe, le retour amer en Irak - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64455/pour-les-migrants-refoules-deurope-le-retour-amer-en-irak

    Pour les migrants refoulés d’Europe, le retour amer en Irak
    Par FRANCE 24 Publié le : 09/05/2025
    Après avoir tenté, pendant près d’une décennie, d’obtenir des papiers en Allemagne, Mohamed Jalal a été expulsé. Dans son Kurdistan d’Irak natal, c’est un retour à la case départ, dans le dénuement le plus total. Comme lui, des milliers d’Irakiens et d’autres venus du sud de la Méditerranée sont refoulés d’une Europe qui durcit ses politiques migratoires, en pleine montée de l’extrême droite. Pour encourager les retours, des pays européens engagent des partenariats avec l’Irak, au moment où ce pays renoue avec un semblant de normalité après des conflits à répétition. Ils investissent dans des programmes de réinsertion et de formation professionnelle.
    Rentré à Ranya, une ville du nord de l’Irak, Mohamed Jalal s’est réinstallé avec son père âgé dans un appartement exigu. Dans la principale pièce à vivre, ils dorment sur de fins matelas de mousse posés à même le béton. « Si je pouvais retourner en Europe je le ferais. Si ma demande était acceptée, je serais en règle et je travaillerais dans un restaurant kurde, sans toucher d’allocations publiques », plaide-t-il. « Ici, je n’ai pas d’emploi », lâche Mohamed Jalal, 39 ans. En 2015, il rejoint la Turquie, où une embarcation de fortune le transporte d’Izmir vers une île grecque. Ensuite Athènes, la Macédoine du Nord, la Serbie, la Croatie et enfin l’Allemagne. Logé dans un centre pour demandeurs d’asile, il recevait de l’État 300 euros par mois.
    (...) Après deux rejets de sa demande d’asile, il est renvoyé en Irak en janvier 2024. Mohamed Jalal tente d’ouvrir une boulangerie, sans succès. Durant deux mois, il travaille sur un stand de fallafel pour sept dollars par jours. Aujourd’hui il vit grâce aux 150 dollars mensuels envoyés par des proches en Grande-Bretagne. Au dernier trimestre 2024, près de 125 000 citoyens non-européens ont reçu l’ordre de quitter un pays de l’Union européenne, 16,3% de plus que durant la même période en 2023.
    « Par principe, l’Allemagne rapatrie ceux qui doivent quitter le pays », a confirmé à l’AFP l’ambassade à Bagdad. « Il n’y a pas de perspectives de résidence pour les gens qui, dans l’espoir d’une vie meilleure, entrent de manière irrégulière en Allemagne mais n’ont pas besoin de protection », selon l’ambassade. En une décennie, rappelle-t-elle, Berlin « a accordé protection et refuge à des millions de personnes fuyant la guerre et les violences dans leur pays natal. »
    Ces dernières années, le Kurdistan d’Irak a été endeuillé par des naufrages en mer, à cause des périlleuses traversées en Méditerranée ou dans la Manche. La région autonome se présente comme un havre de sécurité mais connaît des difficultés économiques qui alimentent le désenchantement des jeunes. En 2021 le chômage des 15-24 ans atteignait 37,2%, selon des statistiques officielles.
    Après quatre décennies de conflits et les exactions du groupe État islamique (EI), qui ont provoqué des vagues de migrations, l’Irak, riche en pétrole, a retrouvé une relative stabilité. Même si persistent corruption endémique et politiques publiques défaillantes.cÀ Bagdad et à Erbil, l’agence de développement allemande GIZ gère des centres proposant aux exilés de retour formations professionnelles et accompagnement à la création d’entreprise. Le programme est financé par les autorités allemandes, suisses et par l’Union européenne. Entre juin 2023 et mai 2024, ces centres ont « conseillé et soutenu » quelque 350 personnes, rentrées notamment d’Allemagne, de l’UE ou de la région, précise GIZ à l’AFP.
    Des pays européens ont des accords bilatéraux « de retour et de réadmission » avec l’Irak et l’UE finalise avec Bagdad un partenariat similaire, indique à l’AFP son ambassadeur, Thomas Seiler. « La migration illégale doit être enrayée », justifie-t-il. « La capacité (...) des villes et villages à recevoir et intégrer des migrants a depuis longtemps été atteinte, au moins dans certaines parties de l’UE ».
    En 2023, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a parrainé les « retours volontaires » de 1 577 Irakiens souhaitant rentrer depuis une vingtaine de pays, dont l’Allemagne et la Turquie.
    Avec des financements danois et finlandais, la fondation kurde Rwanga a lancé en 2023 un programme de réinsertion. À ce jour, plus de 120 personnes ont suivi des formations pour élaborer un business plan et créer leur micro-entreprise. Quinze ont reçu une bourse de 4 000 à 5 000 euros. (...)
    Certaines personnes se sont parfois endettées pour émigrer, rappelle-t-il. Rentrées bredouilles, « elles n’ont pas de revenus pour rembourser ». Mohamed Ismaïl a bénéficié d’un financement qu’il a investi pour s’associer dans l’atelier de mécanique où il était autrefois employé. En 2016, il est parti pour l’Allemagne, pour « améliorer » sa situation et « obtenir une nationalité européenne ». « Le temps passait, cinq ans et huit mois, je ne faisais aucun progrès ». Hébergé dans un centre, il recevait une aide mensuelle d’un peu plus de 300 euros. « Le plus difficile a été l’attente », se souvient-il, dans le vacarme des employés réparant une voiture. Après trois refus, sa ville d’Erbil étant considérée comme sûre, il consent à rentrer en Irak en avril 2021 et reçoit 500 euros de l’Allemagne et d’une agence de l’ONU. Aujourd’hui, son atelier lui rapporte 550 dollars par mois pour faire vivre sa femme et son enfant de trois ans. « Je ne pense plus à émigrer », reconnaît-t-il. « Si je retourne en Europe ce sera en touriste ».

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#asile#kurdistan#irak#retour#OIM#UE#readmission#sante

  • Il ricatto europeo targato #Frontex sui rimpatri “volontari” dei migranti

    In sei anni il numero di persone straniere a cui l’Agenzia ha dato supporto per “ritornare” è aumentato del 2.181%. Con un #budget superiore al miliardo di euro, le “divise blu” sono le vere protagoniste della politica europea sulle frontiere.

    “Giro per strada e mi vergogno. Tutti sanno che non ce l’ho fatta e che non sono riuscito a restituire neanche i soldi necessari per pagare il mio viaggio per l’Europa”. Nuha sospira mentre descrive una quotidianità difficile a Sukuta, città del Gambia che dista una ventina di chilometri dalla capitale Banjul. “Non ho un lavoro stabile e anche se sono passati tanti anni spesso ripenso al giorno in cui sono stato rimpatriato -racconta-. Non avevo commesso nessun reato: solo una volta non ho pagato il biglietto dell’autobus ma sono tornato nel mio Paese con le manette ai polsi”.

    Era il novembre 2019 e dopo cinque anni vissuti tra Italia e Germania, Nuha è stato rimpatriato su un volo gestito da Frontex. Come lui, negli ultimi dieci anni, altri 1.158 cittadini gambiani sono tornati nel loro Paese con l’assistenza dell’Agenzia europea della guardia di frontiera e costiera, che nel 2025 ha superato per la prima volta dalla sua istituzione il miliardo di euro di budget.

    “Soffrono molto”, sottolinea Bakary Camara, direttore sanitario dell’ospedale psichiatrico Tanka Tanka che si trova proprio a Sukuta, nella città in cui vive Nuha. “Spesso vengono ricoverati qui per problemi di salute mentale e dipendenza da sostanze stupefacenti sviluppate in Europa. Non è facile ricominciare da capo”.

    Guardare dal Gambia l’ossessione europea per i rimpatri dei cittadini irregolari è particolarmente significativo. Da quando nel 2017 è finita la dittatura dell’ex presidente Yahya Jammeh, molti giovani hanno deciso di lasciare uno dei più piccoli Paesi del continente africano che conta 2,5 milioni di abitanti in poco più di 11mila chilometri quadrati.

    L’aumento dell’emigrazione ha avuto un effetto decisivo sull’economia di uno Stato che nel 2022 era al 174esimo posto su 191, secondo l’indice di sviluppo umano delle Nazioni Unite. I 513 milioni di dollari inviati nel 2023 dagli emigrati ai propri familiari dall’estero (le cosiddette rimesse) hanno coperto il 21,9% del Prodotto interno lordo del Paese. Una fetta fondamentale dell’economia.

    Anche per questo il presidente Adama Barrow è stato duramente contestato quando nel 2018 ha siglato un accordo con l’Unione europea in materia di rimpatri. “Quando una persona è deportata non si perdono solo i soldi che questa inviava alla famiglia -spiega Yahya Sonko, attivista gambiano che dal 2015 vive in Germania- ma anche lo sviluppo di realtà imprenditoriali in loco. Dall’Europa io garantisco lavoro a 15 persone nella mia città di origine”.

    Le proteste hanno costretto Barrow a un passo indietro e all’inizio di un braccio di ferro con le istituzioni europee che più volte, l’ultima a luglio 2024, hanno minacciato una stretta sul rilascio dei visti come punizione per la mancata cooperazione sui rimpatri. “Un ricatto inaccettabile e uno spreco di soldi per gli europei -osserva Sonko-. Rimandare indietro una persona costa tantissimo e non è detto che questa, una volta rientrata, non riparta. Una politica dannosa e inutile”. Una strategia che numericamente ha fallito.

    Prendiamo come esempio il terzo trimestre del 2024: in Europa su un totale di 112.055 persone che hanno ricevuto un cosiddetto “ordine di espulsione”, quelle poi effettivamente rimpatriate sono state 28.630. Uno ogni cinque. “Una percentuale troppo bassa”, ha sottolineato la presidente della Commissione europea Ursula von der Leyen nel presentare, a inizio marzo, il nuovo sistema comune di rimpatrio europeo che prevede procedure più snelle e che ha un protagonista indiscusso: Frontex.

    “Ricordo bene gli agenti che ci hanno accompagnato sull’aereo”, riprende Nuha. Sono quelli di Frontex, l’Agenzia guidata oggi dall’olandese Hans Leijtens che quest’anno celebra vent’anni di attività e si è vista destinare dalla Commissione europea la stratosferica cifra di 1,1 miliardi di euro, un budget che non ha eguali in istituzioni simili. Ad esempio, supera di ben 42 volte quello dell’Agenzia europea sulla cybersicurezza e dieci volte quello dell’Agenzia europea per l’ambiente.

    Di questa cifra monstre solo 2,5 milioni di euro vengono destinati alle attività relative ai diritti umani mentre ben 133 milioni ai rimpatri, con un aumento del 42% rispetto al 2024. “Nel nuovo Regolamento proposto dalla Commissione -spiega Silvia Carta, advocacy officer della Piattaforma per la cooperazione internazionale sui migranti senza documenti (Picum)- emerge chiaramente la centralità dell’Agenzia e si prevede un ulteriore aumento delle disponibilità di spesa per i rimpatri”. L’attività di Frontex in questo settore non è una novità.

    Fin dalla sua nascita, infatti, ha collaborato con gli Stati membri supportandoli con la copertura dei costi degli aerei e delle attività pre-partenza ma è con il nuovo regolamento del 2019 che si è ritagliata un ruolo sempre più importante. Grazie a maggiori possibilità di operare anche in Paesi terzi dell’Ue, attraverso agenti dislocati sul territorio, è diventata protagonista della delicata attività di cooperazione con le autorità locali.

    I problemi principali dei bassi numeri di rimpatri dall’Europa, infatti, oltre ai costi stratosferici (almeno quattromila euro a persona, solo per il noleggio dell’aereo, per l’espulsione di un cittadino dall’Italia alla “vicinissima” Tunisia) sono proprio gli accordi con gli Stati di origine: spesso, come si è visto nel caso del Gambia, questi sono restii ad accettarli.

    Così, per ovviare a questo problema, l’Agenzia con sede a Varsavia e le istituzioni europee puntano sempre di più sui cosiddetti rimpatri volontari che hanno almeno due vantaggi: non richiedono il coinvolgimento dei Paesi di origine perché la persona collabora e il viaggio costa meno perché avviene su un volo di linea. E infatti, oggi, più della metà delle persone che lasciano l’Europa lo fanno “volontariamente” e Frontex è sempre più protagonista.

    Dal 2019 l’Agenzia può aiutare i Paesi Ue anche sui rimpatri volontari assistiti e i dati dimostrano che la sua attività da quell’anno è esplosa. Si passa dalla collaborazione con nove Stati membri per 155 persone rimpatriate alle 35.637 (+2.181%) del 2024 da 26 Stati Ue diversi. Inoltre cresce tantissimo anche il numero dei Paesi di destinazione coinvolti nell’attività delle “divise blu” che oggi sono 117 contro i 41 di sei anni fa. In totale quindi Frontex supporta i rimpatri nel 74% degli Stati del mondo extra-Ue: se si guarda al continente africano mancano all’appello solo eSwatini e Malawi.

    “La strategia di Bruxelles su questa tipologia di rimpatri è ambigua. Il nuovo Regolamento prevede una stretta sui rientri volontari ma lascia la possibilità alle autorità nazionali di implementare forme di premialità per persone che ‘cooperano’ con la propria deportazione, accettando di partecipare a programmi di rimpatrio assistito -riprende Carta di Picum-. Una forma di ricatto che deriva dalla riduzione degli anni del divieto di reingresso sul territorio europeo e dal supporto economico”.

    Per Frontex questi aiuti avvengono nell’ambito del “Reintegration program” che garantisce un “supporto a breve termine” (615 euro per i rimpatri volontari, 205 per quelli forzati) e uno a “lungo termine” che prevede forme indirette di aiuto per un anno (dalla copertura dell’assistenza sanitaria alla possibilità di supporto nell’aprire un’attività) per un importo di duemila o mille euro, a seconda di rientro volontario o forzato per il richiedente principale, più mille per ogni familiare.

    Questa dote è gestita da sei Ong che sono state selezionate tramite bando pubblico per operare in 38 diversi Paesi del mondo: Caritas international Belgium, Women empowerment, literacy and development organization (Weldo), Irara, European technology and training centre (Ettc), Life makers foundation Egypt, Micado migration. Se nel 2022 i cittadini rimpatriati supportati all’interno di questo progetto erano 867, nel 2024 sono cresciuti del 1.362% (12.676): le principali nazionalità delle persone sono Turchia (2.750), Iraq (2.469), Georgia (1.472), Gambia (1.162), Nigeria (816), Pakistan (794) e Bangladesh (620).

    “Spesso queste forme di aiuto non sono efficaci per chi ritorna nel proprio Paese perché è molto problematico l’utilizzo dei fondi -chiarisce Rossella Marino, professoressa all’Università di Gent in Belgio che ha svolto un dottorato proprio sul tema dei progetti di reintegrazione in Gambia-. Sono estremamente utili però alle istituzioni europee perché descrivono attraverso una narrazione positiva e accettabile, ovvero aiutare le persone che rientrano, quello che è un approccio neocoloniale e che mira in definitiva al controllo della mobilità”. Marino sottolinea, infatti, come la “macchina” dei rimpatri coinvolga tantissimi attori sul campo. “Tutte attività che consolidano la presenza delle istituzioni europee su quel territorio ma soprattutto che aiutano a evitare la ripartenza di chi è rientrato. Questo processo avviene anche attraverso la digitalizzazione di tutte le informazioni”.

    Proprio con questo scopo è stata sviluppata la piattaforma digitale Reintegration assistance tool (Riat), finanziata dalla Commissione europea e implementata dal Centro internazionale per lo sviluppo delle politiche migratorie (Impcd), attraverso cui avviene un monitoraggio costante dei casi che accedono al programma di Frontex e viene migliorata la cooperazione degli Stati.

    C’è poi un enorme tema di responsabilità rispetto al ruolo di Frontex nei rimpatri. Tutto ruota attorno alla questione se le divise blu siano o meno responsabili di quello che avviene prima del rimpatrio. Che cosa succede ad esempio se il decreto di espulsione alla base del rimpatrio della persona è illegittimo? Chi ne risponde? Oppure se, nel caso della partenza volontaria, la persona non si trovava in una condizione adeguata per decidere liberamente? Questo aspetto è decisivo. “Frontex si fa forte del fatto che la responsabilità di tutto ciò che succede prima del rimpatrio ricade unicamente sullo Stato membro. Ma non è così -spiega Laura Salzano, docente di diritto dell’Ue dell’Università Ramon Llull di Barcellona che da anni si occupa di queste tematiche-. L’Agenzia deve valutare caso per caso se quella espulsione sia legittima o meno: glielo impone il suo stesso Regolamento all’articolo 80. O si cambiano le regole di ingaggio, oppure è così”.

    Tutto questo riguarda da vicino anche l’Italia. Il nostro Paese è il fanalino di coda in Europa, insieme alla Romania, per il numero di rimpatri volontari. In dieci anni (2015-2024), secondo i dati forniti dal ministero dell’Interno ad Altreconomia, sono state 4.059 le persone rimpatriate con questo programma per un totale di 35,5 milioni di euro investiti dal Viminale. Nel 2024 tutti i 290 casi di rimpatrio assistito, che riguardavano per il 42% persone in posizione di irregolarità, sono stati gestiti dall’Organizzazione internazionale per le migrazioni (Oim).

    Negli ultimi mesi, però, nei Centri di permanenza per il rimpatrio (Cpr) italiani crescono le testimonianze di chi racconta una forte pressione da parte degli operatori per accedere a quelle che vengono definite “partenze volontarie”. Un funzionario di Oim che preferisce mantenere l’anonimato ci conferma che l’organizzazione per cui lavora non attiva rimpatri volontari dal Cpr.

    A intervenire è Frontex con il suo “Reintegration program”, che ora sembra una priorità anche per l’Italia: tutto è gestito dalla questura che segue caso per caso segnalando a Varsavia coloro che accettano di lasciare subito il Paese. La longa manus dell’Agenzia è arrivata così anche nei centri di detenzione italiani. E chi lo sa, forse presto sbarcherà anche in Albania.

    “A sei anni di distanza -conclude Nuha- una delle cose che mi fa più male è non aver potuto abbracciare mia moglie e mia figlia prima di partire: mi hanno fatto uscire dal retro della stazione di polizia, lei ha provato a seguire la macchina ma l’hanno seminata. Piangeva, urlava e con lei anche la bambina. Questa è l’ultima immagine che ho dell’Europa”.

    https://altreconomia.it/il-ricatto-europeo-targato-frontex-sui-rimpatri-volontari-dei-migranti
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  • L’Algérie entre discours d’hospitalité et expulsions massives de migrants subsahariens
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/01/l-algerie-entre-discours-d-hospitalite-et-expulsions-massives-de-migrants-su

    L’Algérie entre discours d’hospitalité et expulsions massives de migrants subsahariens
    Par Hamid Nasri (Alger, correspondance)
    La concomitance entre le discours officiel d’hospitalité et les expulsions massives est frappante. Le 26 avril, lors d’une visite dans la wilaya – préfecture – de Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune s’est dit prêt à légaliser la présence des travailleurs subsahariens sans papier dans un cadre organisé et concerté avec les pays voisins.
    Une première pour un dirigeant algérien alors que la présence de ces étrangers, souvent tolérée, n’a jamais été légalisée et que plus d’un millier d’entre eux a récemment été brutalement refoulé vers le Niger, en plein désert, selon des ONG. Cette ouverture, encore théorique, répond à une pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs mais également à une volonté d’encadrer les flux migratoires en provenance des pays du Sahel, une région que M. Tebboune décrit comme minée par le terrorisme et l’instabilité.
    « Nous sommes ouverts à l’idée de faire venir de la main-d’œuvre de pays voisins, notamment pour les secteurs du BTP et de l’agriculture, à condition que cela soit rigoureusement organisé, a-t-il expliqué. Toutefois, une vigilance accrue s’impose concernant les arrivants. Comme nous le savons, ces pays sont souvent confrontés à des problèmes de terrorisme. Sans une préparation minutieuse, nous risquons d’accueillir un travailleur qui pourrait, par la suite, se révéler lié à des réseaux terroristes ou à des trafics de drogue. Nous ne pouvons pas nous exposer à de tels risques inutilement. »
    Pour assurer ce filtrage à l’entrée du territoire, le président algérien a suggéré la mise en place d’un mécanisme bilatéral où les employeurs pourraient solliciter des travailleurs étrangers auprès de leurs pays d’origine. Ces travailleurs auraient un permis de séjour, un accès à la Sécurité sociale, mais une telle politique d’accueil ne sera de mise que « quand la stabilité reviendra au Sahel » a insisté M. Tebboune, déplorant l’ampleur des flux migratoires vers son pays. « Chaque jour, nous conduisons des milliers de migrants aux frontières et chaque jour, on compte des milliers d’autres arrivants : cela n’est bon ni pour nous ni pour eux », a-t-il insisté.
    Au sujet de ces reconductions, le collectif nigérien Alarme Phone Sahara a fait état de plus de 1 100 personnes récemment abandonnées dans le désert, au « point zéro », à la frontière algéro-nigérienne. Selon la même source, près de 4 000 migrants ont été refoulés en avril vers Assamaka, au Niger, soumis à des conditions extrêmes : chaleur accablante dépassant les 45 °C, absence d’eau et de nourriture, et aucun encadrement humanitaire. Selon des ONG, près de 30 000 personnes auraient été expulsées en 2024.
    « Aucun refoulement ne se fait sans la présence de représentants de l’OIM [Organisation internationale pour les migrations] mais aussi des autorités nigériennes aux frontières, affirme pourtant une source sécuritaire algérienne. Le Croissant rouge algérien remet aux autorités nigériennes leurs ressortissants conduits à la frontière. » L’Algérie réfute toute responsabilité dans les actions menées côté nigérien, et insiste sur le coût que représente ces expulsions.
    Par ailleurs, Alger doit faire face à un afflux de populations fuyant le nord du Mali du fait des opérations de l’armée malienne et des milices Wagner. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 6 000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, auraient traversé la frontière depuis deux mois. En juin 2024, le HCR avait évoqué l’arrivée de 50 000 personnes en Algérie.
    En attendant que la nouvelle politique migratoire envisagée par le chef de l’Etat se traduise dans les faits, les migrants subsahariens vivent dans la précarité et un nombre grandissant d’entre eux s’inscrit dans le Dispositif d’accueil pour le retour volontaire (DARV).
    Mis en œuvre par l’OIM, en coordination avec les autorités algériennes, le DARV est une structure temporaire d’hébergement qui permet d’assurer une prise en charge respectueuse des droits et besoins des migrants. Depuis son ouverture en septembre 2024, à Alger, le centre a permis d’accompagner le retour de plus de 2 500 migrants. Cette aide est rendue possible grâce au soutien financier de l’Union européenne, qui appuie le fonctionnement du dispositif dans le cadre de l’initiative conjointe pour la protection et la réintégration des migrants en Afrique du Nord.
    Le 17 avril, 147 migrants béninois – 131 hommes et 16 femmes – sont ainsi rentrés dans leur pays par un vol charter. Parmi eux, Abibou était arrivé en Algérie en 2018, travaillant tout d’abord sur un chantier sur les hauteurs d’Alger, avant de sympathiser avec le propriétaire de la maison, qui l’a employé pour le gardiennage et le jardinage, pour un salaire de 42 000 de dinars (environ 280 euros). Fatigué de cette vie, il est rentré chez lui, mais a fait venir son frère de 18 ans pour le remplacer. Qu’importe semble-t-il si les migrants en Algérie n’ont aucun statut et vivent dans l’illégalité.
    Les Maliens, qui faisaient exception jusqu’à présent et étaient exemptés de visas d’entrée pour les séjours de moins de trois mois, commencent, eux aussi, à ressentir la précarité vécue par les autres nationalités. La frontière entre les deux pays a été fermée le 7 avril, une semaine après qu’un drone de l’armée malienne a été abattu par l’Algérie. Un événement, dont chaque partie se rejette la responsabilité, mais qui atteste des tensions croissantes entre Alger et Bamako. Un antagonisme qui empêche les retours temporaires des Maliens dans leur pays et gèle toute coopération entre les deux pays.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#expulsion#retour#OIM#refoulement#sante#droit#niger#assamaka#sahel

  • Allemagne : retourner dans son pays d’origine c’est prendre le risque de perdre son statut de réfugié - InfoMigrants
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    Allemagne : retourner dans son pays d’origine c’est prendre le risque de perdre son statut de réfugié
    Par Sertan Sanderson Publié le : 02/05/2025
    L’Office allemand pour les migrations et les réfugiés (BAMF) a lancé des procédures judiciaires contre plus de 2 100 personnes bénéficiant d’un statut de protection en Allemagne. Elles sont accusées d’avoir voyagé dans leur pays d’origine.Au cours des six derniers mois, 2157 procédures de révocation du statut de protection ont été engagées contre des personnes qui ont voyagé temporairement dans leur pays d’origine. C’est ce qu’a affirmé un porte-parole de l’Office allemand pour les migrations et les réfugiés (BAMF) à l’hebdomadaire allemand Welt am Sonntag.
    Les personnes s’étant rendues en Irak et en Syrie constituent le plus grand groupe de litiges, avec près de 750 cas pour chaque pays. Arrivent ensuite l’Afghanistan (240), l’Iran (115) et la Turquie (31).
    En vertu de la législation allemande, le statut de protection peut être révoqué si une personne retourne dans son pays d’origine. La raison invoquée est que si une personne juge un pays suffisamment sûr pour s’y rendre, celle-ci ne risque pas d’y être persécutée.
    Dans la pratique, lorsque le BAMF ou d’autres autorités apprennent qu’un demandeur d’asile ou une personne bénéficiant d’un statut de protection en Allemagne est retourné dans son pays d’origine, un « dossier d’examen de révocation » est automatiquement ouvert pour documenter le cas et décider des mesures à prendre.L’année dernière, ces procédures de révocation ont connu un nouvel élan à la suite d’une série d’attaques mortelles commises notamment par des demandeurs d’asile déboutés. Dans certains cas, il s’est avéré que les auteurs de ces attaques étaient rentrés dans leur pays d’origine, s’y étaient radicalisés avant de revenir en Allemagne et de passer à l’acte.
    Voyager dans sont pays d’origine, quelle qu’en soit la raison, n’est pas la seule raison remettant en cause une statu de protection en Allemagne.Les demandeurs d’asile qui commettent des crimes graves et condamnée à des peines d’emprisonnement de plus de 12 mois sont également concernés. En outre, la protection peut être révoquée si la situation sécuritaire et des droits de l’homme dans le pays d’origine s’améliore. Il existe des exceptions à la règle autorisant le déplacement dans son pays d’origine, principalement pour des raisons « moralement impératives », comme par par exemple pour enterrer des parents proches. Dans ce cas, le voyage doit être autorisé à l’avance par les autorités. Par ailleurs, les réfugiés de guerre ukrainiens sont exemptés de cette règle et peuvent faire des allers-retours entre l’Ukraine et l’Allemagne en vertu d’une directive de l’UE adoptée au début de l’invasion russe il y a trois ans.
    Le nouveau gouvernement allemand entend également mettre des exceptions pour les ressortissants syriens, pour s’adapter à la nouvelle donne en Syrie depuis la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre dernier. Les Syriens seraient ainsi autorisés à retourner dans leur pays d’origine pour une période limitée s’ils sont potentiellement « en train de se préparer à un retour permanent ».
    Plus précisément, la nouvelle coalition gouvernementale souhaite autoriser les ressortissants syriens à rentrer en Syrie une fois pour quatre semaines ou deux fois pour deux semaines afin de leur permettre de déterminer s’il leur est possible ou non d’y reconstruire leur vie.Selon l’accord de coalition, ces voyages pourraient par exemple servir à évaluer le type d’infrastructures restées intactes dans les villes d’origine des personnes et à voir si, après 14 ans de conflit, leurs propriétés et leurs maisons sont encore habitables.
    Ce plan a toutefois été rejeté par le parti CSU, l’un des partenaires de la coalition et petite-soeur bavaroise du parti chrétien démocrate CDU, vainqueur des dernières législatives. Le ministre bavarois de l’Intérieur, Joachim Herrmann, membre de la CSU, a déclaré qu’il était impossible, en vertu de la législation fédérale, de prévoir des exceptions particulières pour les Syriens. Selon Joachim Herrmann, toute exception de ce type soulèverait des questions considérables en matière de prestations sociales. Il a mis en garde contre le risque de donner l’impression que le gouvernement financerait ces voyages ou offrirait toute autre forme d’incitation pour que les gens « partent en vacances » en Syrie.
    L’organisation allemande de défense des droits des migrants Pro Asyl rappelle que la Syrie n’est pas un pays stable, ajoutant que tout débat sur un retour est irréaliste et prématuré, compte tenu des actes de violence qui se poursuivent dans certaines parties du pays et de l’incertitude croissante quant à la direction politique du pays à l’avenir. Pro Asyl soutient la possibilité pour les réfugiés syriens de se rendre en Syrie, tout en soulignant que la motivation première n’était « pas principalement d’envisager un retour, mais par exemple de rechercher des membres de leur famille ou de participer à la reconstruction », et que ces voyages ne devraient pas être soumis à des règles. Le BAMF précise que les 734 cas de Syriens rentrés dans leur pays ces derniers mois ne seront pas poursuivis devant les tribunaux. « Toutefois, il existe actuellement une suspension temporaire des procédures qui concernent les ressortissants de Syrie, ce qui signifie que ces procédures ne sont actuellement plus traitées », explique un porte-parole. Reste que même dans les cas où le statut de protection se trouve révoqué en raison d’un voyage non autorisé, les demandeurs d’asile peuvent, dans de nombreux cas, ne pas être renvoyés dans leur pays.
    Lorsque l’Allemagne n’a pas conclu d’accord de retour avec un pays d’origine, ou si la situation dans ce pays reste instable, les demandeurs d’asile dont le statut a été révoqué peuvent rester en Allemagne. L’absence de papiers officiels peut également donner lieu à un tel scénario. Dans ce cas, la personne reçoit généralement un « permis de séjour toléré » (Duldung), qui la protège d’une expulsion mais limite fortement ce qu’elle peut faire en Allemagne. En général, les personnes bénéficiant d’une Duldung ne sont pas autorisés à exercer un emploi rémunéré et leurs prestations sociales sont réduites au strict minimum.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#syrie#refugie#asile#retour#politiquemigratoire#droit#sante

  • « Je ne peux plus recevoir d’argent, je ne peux plus travailler » : en Tunisie, la politique du gouvernement pousse les migrants subsahariens dans l’extrême pauvreté - InfoMigrants
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    « Je ne peux plus recevoir d’argent, je ne peux plus travailler » : en Tunisie, la politique du gouvernement pousse les migrants subsahariens dans l’extrême pauvreté
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 18/04/2025 Dernière modification : 01/05/2025
    Depuis l’été 2023, le gouvernement tunisien multiplie les restrictions à l’encontre des migrants sans-papiers. À l’interdiction de travailler s’ajoute l’impossibilité de recevoir des devises de l’étranger - notamment de la part des familles de migrants. Le but des autorités : empêcher les exilés de financer leur traversée de la Méditerranée et tarir les revenus des passeurs, notamment dans la région de Sfax. Dans la réalité, ces mesures ont fait sombrer les Subsahariens, désormais sans ressources, dans une extrême précarité.
    Thomas* vit dans le dénuement le plus complet à Tunis. Chaque jour, ce Nigérian installé depuis plusieurs années sans papiers en Tunisie, sombre un peu plus dans la précarité. « Avant, je m’en sortais un peu, mais maintenant je mendie dans les rues », confie celui qui a survécu à une expulsion dans le désert tuniso-libyen, vers Ras-Jedir à l’été 2023. Comme l’immense majorité des Subsahariens sans titre de séjour en Tunisie, Thomas ne peut pas compter sur une aide extérieure. Il ne peut ni envoyer ni recevoir de l’argent via les agences de transfert de devises – banques ou bureaux de postes. « Si tu essaies d’entrer dans une agence avec la peau noire, on te demandera de sortir », affirme-t-il.
    En Tunisie, le transfert de devises est soumis à une réglementation stricte, rappelle un professeur spécialiste des migrations, contacté par InfoMigrants. Les Tunisiens, comme les étrangers en règle, peuvent recevoir des devises en provenance de l’étranger, impossible en revanche de transférer de l’argent hors de Tunisie. « Et pour les étrangers en situation irrégulière, c’est pire. Les autorités tunisiennes ont drastiquement restreint l’accès aux banques et aux bureaux de poste pour encaisser les mandats internationaux et les virements venant de l’étranger ».
    Des restrictions décidées à l’été 2023, à l’issue d’une réunion présidentielle organisée le 14 juillet - et visible sur Facebook. Ce jour-là, dans un long discours hostile à l’immigration irrégulière, le président Kaïs Saïed a vivement dénoncé les transferts d’argent depuis des pays africains vers Sfax (centre-est du pays) notamment : des « sommes énormes […] choquantes », qui permettent de faire prospérer une économie parallèle gérée par les passeurs. « [Ces transferts] prouvent que les trafiquants d’êtres humains s’en prennent à la patrie », a encore déclaré le chef de l’État. Pour rappel, Sfax est la principale ville de départ des traversées de la Méditerranée pour rejoindre Lampedusa, porte d’entrée de l’Union européenne (UE). Les trafiquants y sont donc nombreux et la circulation de devises - notamment pour payer son trajet en mer - aussi.
    Selon les chiffres affichés sur grand écran durant cette réunion, la valeur des transferts adressés aux seuls Africains subsahariens dans la ville de Sfax, pour les six premiers mois de l’année 2023, s’élèverait à 23 millions de dinars, soit environ 6 millions d’euros. « Nous avons les noms des gens qui ont reçu ces sommes », affirme même le chef de l’État tunisien."Les autorités tunisiennes ont donc serré la vis", explique de son côté Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), association qui vient en aide aux migrants. « Depuis ce virage politique en juillet 2023, la vie est devenue économiquement impossible pour les migrants [...] Avant, ils pouvaient se débrouiller avec MoneyGram, Western Union... [des agences de transfert d’argent, ndlr] Ce n’était pas toujours évident mais ils pouvaient récupérer de l’argent en présentant leur passeport, quelle que soit leur situation administrative. Maintenant c’est fini. Il faut des papiers en règle pour retirer de l’argent », explique le président du FTDES. « Les autorités veulent rendre la situation intenable pour pousser les migrants à quitter le pays », avance de son côté le professeur. Les exilés subsahariens seraient entre 20 000 et 25 000 dans le pays, selon les ONG.
    À cet interdit bancaire, se sont ajoutés d’autres avertissements de la présidence tunisienne : il est désormais défendu pour les Tunisiens d’employer des Africains subsahariens sans-papiers, de leur louer des appartements. Concernant les migrants, il leur est formellement interdit d’installer des campements informels dans les oliveraies de la région de Sfax. « Il ne faut pas sous-estimer la pression de l’opinion publique qui pousse le gouvernement à appliquer une politique sévère envers les Subsahariens », ajoute encore le professeur spécialiste des migrations.
    Pour Romdhane Ben Amor, "le gouvernement veut instaurer une forme d’apartheid, une rupture totale avec une partie de population : les migrants ne peuvent plus se loger, ils ne peuvent plus travailler, ils ne peuvent plus recevoir de l’argent de leur famille, ils ne peuvent plus être approchés par les ONG [victimes elles aussi de la politique tunisienne, elles sont accusées d’être des « agents de l’étranger » et d’avoir encouragé l’immigration irrégulière, ndlr]", énumère-t-il.
    Depuis l’été 2023, Thomas comme de nombreux migrants sont ainsi passés de la précarité à l’extrême pauvreté. Le système D a viré au cauchemar. « Moi, je connaissais un Tunisien qui pouvait m’aider », explique Thomas, à Tunis. « Il recevait l’argent pour moi via son compte en banque et il me donnait la somme ensuite en retenant une commission, je pouvais manger, payer mon loyer ». Mais depuis quelques mois, le contact a pris peur. « Il m’a juste dit qu’il ne pouvait plus m’aider, qu’il avait peur d’être repéré par la police ».
    Economiquement, Thomas et les autres migrants sont acculés, ils dépendent exclusivement d’intermédiaires de plus en plus rares – et de plus en plus « gourmands ». Non seulement, certains prennent des commissions « trop » élevées mais d’autres disparaissent même avec la totalité de l’argent. Impossible aussi de compter sur l’aide des Tunisiens. « Les autorités ont déjà arrêté des civils qui avaient reçu des mandats pour les Africains. Surtout dans la région de Sfax. Même des femmes tunisiennes ont été arrêtées à cause de ces petits trafics d’argent », affirme Romdhane Ben Amor.
    Dans les oliveraies, les migrants ont donc appris, bon gré mal gré, à vivre sans ressources. « Ça ne change rien pour moi, je n’ai jamais pu recevoir de l’argent », raconte Marie, jointe par InfoMigrants, dans un des campements de la région de Sfax. « Je vis loin de la ville loin des banques. Ici, pour avoir de l’argent, on se débrouille », dit-elle sans détailler. Certains pratiquent le troc, affirme-t-elle, d’autres passent par Orange Money, un système qui ne nécessite pas de se déplacer dans les agences bancaires ou postales. D’autres encore comme Louis vivent de la solidarité de leurs voisins de campements.
    « Ça fait trois mois que je ne travaille plus. Avant, à Sfax, on pouvait se faire embaucher », explique cet Ivoirien, père de deux enfants, de huit mois et huit ans, qui vit au campement du « km 27 », entre Sfax et Jebenania. « On se baladait, on croisait des Tunisiens et ils nous donnaient du travail à la journée. Moi, je travaillais dans les champs ici, je gagnais 25 dinars par jour [environ 7 euros, ndlr]. Et quand j’étais à Tunis, j’étais maçon sur des chantiers. Maintenant, c’est fini, je reste au campement toute la journée, les Tunisiens n’osent plus nous engager. C’est très dur. Tout a basculé… Heureusement que mes amis m’aident, c’est leur générosité qui me sauve ».
    Sans salaire, Louis ne peut plus non plus payer les passeurs pour tenter une traversée de la Méditerranée. Il a essayé deux fois d’atteindre l’île italienne de Lampedusa avant que la Garde nationale ne stoppe son embarcation. C’était avant l’arrivée de son petit dernier. Mais aujourd’hui, il se retrouve dans une impasse avec sa famille. « Je ne peux pas rentrer en Côte d’Ivoire, j’y suis menacé de mort et je ne peux pas payer les passeurs. Je suis bloqué ici, je ne sais pas quoi faire ».
    En 2024, un nombre record d’exilés étaient retournés chez eux via l’Organisation internationale des migrations (OIM) : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023. Des rapatriements « volontaires » encouragés par Kaïs Saïed. « Toutes les organisations » devraient soutenir « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le ’retour volontaire’ des migrants irréguliers », avait-il déclaré fin mars. Le chef de l’État avait regretté que « seuls 1 544 migrants » aient été rapatriés durant les trois premiers mois de l’année. La tendance semble cependant s’inverser. Selon les derniers chiffres des autorités, pour le seul mois d’avril 2025, un peu plus de 1 000 Africains subsahariens sont rentrés « volontairement » dans leur pays d’origine. Pour les ONG, c’est un constat d’échec. Ces Africains n’ont pas eu d’autres choix que de fuir la Tunisie après être devenus les boucs émissaires d’une politique présidentielle devenue virulente à leur égard.
    Outre les sanctions économiques, les migrants sont aussi la cible d’arrestations arbitraires, de condamnations pour « séjour irréguliers », de rafles et d’abandons dans le désert. « Je ne sors plus trop de mon appartement », conclut Thomas bloqué dans la capitale tunisienne. « J’ai peur d’être dénoncé, j’ai peur de marcher dans la rue, j’ai peur de mourir ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#subsaharien#pauvrete#retour#OIM#sante#discrimination#violence

  • « Nous avons toujours la #montagne ». Les #monts_Shengal ou la survie du peuple yézidi

    À partir de deux romans graphiques — Shingal de Mikkel Sommer et Tore Rorbaek (2020) et No sleep till Shengel de Zerocalcalcare (2023) -, et de l’essai La montagna sola. Gli ezidi e l’autonomia democratica di Şengal1 co-signé par Rojbîn Berîtan et Chiara Cruciati (2022), ce texte propose de mettre en avant le rôle que les auteurices attribuent à la figure de la montagne. Les monts #Shingal ou Shengal (en kurde) ou #Sinjar (en arabe), qui s’érigent au milieu de la Plaine de Ninive, territoire contesté entre l’Irak fédéral et le Kurdistan irakien (Calvaillé, 2024), sont le lieu duquel est originaire le peuple yézidi, d’où il a été chassé au nom de l’#ingénierie_démographique mise en place par l’État irakien sous #Saddam_Hussein (années 1970), et où il cherche à se reconstruire en puisant dans les principes et valeurs du #confédéralisme_démocratique.

    1Les images satellites montrent une des spécificités des monts Shengal2 : ils s’érigent, seuls, au milieu du désert dénommé la #Plaine_de_Ninive (Figures 1, 2 et 3). Ils font 100 kilomètres de long et 15 de large, et culminent à 1462 mètres d’altitude, nous dit Wikipedia3.

    2Sur la page en français de l’encyclopédie en ligne, les informations sur cette chaîne de montagnes sont succinctes. Deux articles « détaillés » et connexes sont toutefois consacrés à des événements qui s’y sont déroulés : le « massacre de Sinjar » (3-15 août 2014) et la « bataille de Sinjar » (3 août 2014-13 novembre 2015).

    3Ces articles font référence au massacre du peuple yézidi par l’État islamique en août 2014, qui a été qualifié de génocide par l’ONU en mai 20214.

    4Une bande dessinée de Mikkel Sommer et Tore Rorbaek (2020) raconte, de manière romancée mais fondée sur des faits réels, cette histoire à partir des vicissitudes de deux frères et leurs familles.

    5Dans cet album, à côté de la population yézidie il y a un autre protagoniste : la montagne. En effet, quand les signes annonciateurs de l’attaque de Daech sur la population se font plus présents, celles et ceux qui peuvent fuient dans les montagnes. En quelques jours 50 000 Yézidi·es y trouvent refuge, d’autres, empêché·es par les soldats de Daech, subissent exécutions de masse, enlèvements, viols et esclavage sexuel. La montagne sera assiégée par les djihadistes et les rescapé·es se retrouvent ainsi sans vivres, sans eau, et dans un environnement où la température peut atteindre 50°C (Figure 5).

    6L’auteur de bande dessinée #Zerocalcare, qui a accompagné #Rojbîn_Berîtan et #Chiara_Cruciati sur le terrain à #Shengal, et dont il sera question plus tard, a résumé dans une planche parue dans son album No sleep till Shengal cette fuite pour la survie.

    7C’est le 64e génocide dans l’histoire du peuple yézidi, nous apprend le roman graphique. L’aide humanitaire occidentale et irakienne est larguée depuis le ciel. Des hélicoptères évacuent les femmes et les enfants. 50 000 personnes seront sauvées via un corridor humanitaire mis en place par les Kurdes de Syrie ; il permettra aux survivant·es de s’installer dans des camps de réfugié·es dans la région. D’autres resteront sur place, pour combattre les islamistes et protéger leur territoire ; dans ce groupe il y a des femmes, qui ont pris les armes et créé des unités d’autodéfense, les Unités des femmes d’Êzîdxan. Une des leurs membres, Viyan Hebabî, déclare : « [L’agression de Daech avait] l’objectif d’effacer les Yézidis de la surface de la Terre. Pour cette raison ils ont ciblé les femmes, les fondements de la société. La réaction a été la naissance des Unités des femmes d’Êzîdxan. Une armée de femmes pour venger les Yézidies. Les Unités des femmes d’Êzîdxan sont la promesse de la vengeance, la réponse au 64e ferman5 » (p. 152).

    8Les mots prononcés par un des deux pères, protagonistes de la BD, sont prémonitoires : « Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a jamais pu nous débusquer chaque fois que nous nous sommes réfugiés dans les montagnes. […] La montagne nous protégera toujours, comme elle l’a fait tant et tant de fois par le passé » (p. 69). Une montagne-refuge qui rappelle la figure-concept de « zomia », théorisée par James C. Scott, récemment disparu, et à qui le JAR|RGA a rendu hommage dans un texte co-signé par Emmanuel Peyvel et Bernard Debarbieux6. Ainsi, quand le district de Shingal est libéré de Daech en novembre 2015, une autre histoire commence, une histoire de résistance, où la montagne joue, une fois de plus, le rôle de protagoniste.

    9C’est d’ailleurs l’élément choisi pour le titre d’un essai, co-écrit par Rojbîn Berîtan, interprète et médiatrice culturelle, et Chiara Cruciati, journaliste, et dont la couverture est illustrée par Zerocalcare : La montagna sola (la montagne seule, de l’arabe Al Jabal Wahid). La monographie est consacrée, pour une bonne partie, à expliquer les origines, l’histoire, les rites, la sociologie, la culture et la religion du peuple yézidi (chapitres 1 à 3). Les quatrième et cinquième chapitres relatent le massacre de 2014 et la résistance des femmes. Les deux derniers racontent la libération de Shingal et la mise en place de l’autonomie yézidie selon les principes et valeurs du confédéralisme démocratique, théorisé par Abdullah Öcalan, fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui le définit ainsi : « Font partie de la nation démocratique toutes les personnes qui cohabitent sur la base de trois piliers fondamentaux : démocratie, liberté des femmes et écologie, et qui s’organisent à travers un auto-gouvernement et une auto-défense où chaque identité est représentée et organisée » (p. 32). Des normes éthiques et morales structurent la vie collective : abolition de la peine de mort, des prisons, des mariages précoces, de la polygamie et du travail des enfants. Le système prévoit en outre la propriété publique des ressources naturelles et des moyens de production (p. 193).

    10La montagne apparaît centrale dès le début du livre, dans son introduction : l’expérience d’autonomie et de résistance à l’État a été rendue possible par la montagne, un « instrument tangible de défense » (p.18), disent les autrices. « C’est la montagne qui a protégé le peuple yézidi des persécutions et des massacres », rappellent-elles quelques pages plus loin (p. 27).

    11Le #retour des Yézidi·es sur leurs montagnes s’inscrit dans une histoire qui date d’avant le massacre de 2014. Les autrices s’arrêtent longuement sur les événements de 1975, quand, sous la vice-présidence de Saddam Hussein, « Baghdad a ordonné la destruction des villages yézidis de montagne et a contraint 250 000 personnes, dont la majorité yézidies, à se transférer dans la vallée dans onze townships construits ad hoc, selon un style urbanistique étranger à la tradition yézidie, mais utile au contrôle social par l’armée » (p. 40). Pendant la « réforme de la terre » (p.126), 148 villages furent détruits à Shengal et 38 à Shexka, vidés de leur population remplacée par des arabophones. Les communautés yézidies furent séparées, leurs terres confisquées, et des processus d’arabisation et islamisation entamés. Un processus qualifié de « dilution ethnique » par UN-Habitat (2019, p. 6). Avec la chute de Saddam Hussein, et jusqu’en 2014, les Yézidi·es furent gouverné·es par l’autorité régionale du Kurdistan.

    12Or, comme on l’a vu plus haut, la montagne a permis en 2014 à celleux qui ont réussi à fuir de survivre, individuellement mais aussi collectivement, au massacre : « Si, après le massacre de Daech, les Yézidis n’avaient pas choisi la route vers la montagne, leur peuple aurait été oublié par l’histoire, dispersé et éloigné de ses terres, victime d’un génocide culturel, séparé de ses propres origines et éloigné d’un mouvement de libération – le mouvement kurde – défini par certains comme terroriste, mais qui a sacrifié des vies pour l’aider à survivre » (p. 30). Une femme âgée yézidie témoigne :

    "La première chose que chaque Yézidi a pensé était de rejoindre la montagne. Nous préférons mourir sur les montagnes plutôt que d’aller sur la terre de quelqu’un d’autre. Pour nous, le Mont Shengal est honneur et dignité. Ceux qui ont abandonné les montagnes ont accepté l’éradication. Nos vieux, qui l’avaient prévu, nous disaient : « Quand arrivera le grand ferman, réfugiez-vous sur les montagnes, n’allez nulle part ailleurs. Cela arrivera, mais si vous tombez loin des montagnes, il ne restera plus rien du yézidisme. Nous, Yézidis, nous n’avons ni amis ni refuge si ce n’est les montagnes, ne considérez aucun autre lieu comme votre patrie » (p. 110)."

    13Et… « de la tragédie est né le retour » (p.128), et ceci grâce à la « première graine du mouvement de libération » (p.113) apporté par les Kurdes du Rojava. En effet, les Yézidi·es qui sont retourné·es sur les montagnes se sont approprié les « instruments matériels et idéologiques […] d’une nouvelle forme d’organisation politique » (p. 42). Ainsi, ce retour a permis au peuple yézidi de « retrouv[er] ses racines dans le yézidisme des origines » (p. 42), celui d’avant le processus d’« ingénierie démographique » (p. 125) qui a conduit à l’arabisation et l’islamisation forcées de la population yézidie.

    14Toutefois, la #reconquête de l’#autonomie n’est pas sans obstacle : l’armée irakienne a construit un mur haut de quatre mètres « pour mettre les Yézidis sous pression et les isoler » (p. 209) ; l’aviation turque bombarde régulièrement Shengal (p. 212). Pourtant, les Yézidi·es continuent de défendre leur montagne, seuls, en s’opposant aux armées, en se formant dans les académies et les assemblées populaires ; c’est leur contre-attaque politique (p. 213). Une contre-attaque fondée sur l’autonomie « de facto construite autour de la montagne et protégée par la montagne » (p. 216). Ainsi, la montagne protège les Yézidi·es, mais les Yézidi·es, en retour, protègent la montagne, en la réhabitant avec un projet politique « autre, de #liberté et #démocratie_participée » (p. 215).

    https://journals.openedition.org/rga/14851
    #shameless_autopromo #livre #recension #BD #bande-dessinée
    #yézidis #Irak #génocide #histoire #Etat_islamique #Kurdistan #Kurdistan_irakien #refuge #persécution #montagne_refuge #religion

  • Allemagne : des médecins syriens rentrent en Syrie pour participer à la reconstruction du pays - InfoMigrants
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    Allemagne : des médecins syriens rentrent en Syrie pour participer à la reconstruction du pays
    Par DW.com Publié le : 25/04/2025
    Des médecins syriens en Allemagne retournent désormais en Syrie pour participer à la reconstruction du système de santé de leur pays. Les hôpitaux allemands qui manquent de personnel, notamment dans l’est du pays, craignent qu’ils ne reviennent pas.
    Mohammed Qanbat est originaire de Hama, dans le centre de la Syrie. Il a subi une opération à cœur ouvert ce mois-ci. Une telle intervention chirurgicale est pourtant rarement pratiquée en Syrie en raison de son coût et de l’effondrement du système de santé pendant les 14 années de guerre civile. Si cette opération a été possible, c’est parce que l’homme de 55 ans s’est retrouvé sur une liste de patients prioritaires dressée par des médecins syriens venus d’Allemagne.
    « Je ne peux vous dire à quel point je suis heureux et reconnaissant, explique Mohammed Qanbat. Nous avons attendu si longtemps que nos enfants viennent nous aider », faisant référence aux nombreux Syriens qui ont dû fui leur pays pendant la guerre. « Ils ne nous ont pas oubliés. Ils sont revenus pour nous aider », se félicite-t-il.
    On ne sait pas précisément combien de médecins syriens ont quitté le pays pendant la guerre. Selon la Banque mondiale, environ 30 000 médecins étaient actifs en Syrie en 2010, soit un an avant le soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad en 2011. En 2020, la seule année pour laquelle les Nations unies ont recueilli des données, il n’étaient plus que 16 000. D’autres personnes travaillant dans le secteur de la santé, comme le personnel infirmier, les pharmaciens ou les dentistes se sont également exilés.
    Nombre d’entre eux sont allés en Allemagne. Les statistiques indiquent qu’un peu plus de 6 000 médecins possédant un passeport syrien travaillent sur le sol allemand, principalement dans les hôpitaux. D’autres estimations parlent de 10 000 médecins syriens - beaucoup d’entre eux détiennent désormais la nationalité allemande, et ne sont donc pas comptabilisés comme des employés étrangers.
    Après la chute du dictateur syrien Bachar Assad au début du mois de décembre, des médecins syriens se sont réunis pour fonder l’Association médicale germano-syrienne (SGMA). Tout a commencé par un petit groupe sur l’application de messagerie WhatsApp dans lequel des médecins cherchaient à proposer leur aide, explique Nour Hazzouri, médecin-chef spécialisé en gastro-entérologie à l’hôpital Helios de Krefeld, dans l’ouest de l’Allemagne. Ce groupe WhatsApp s’est transformé en page Facebook, puis, mi-janvier, la SGMA a été officiellement créée. Elle compte aujourd’hui environ 500 membres. « Nous avons été très surpris de la rapidité avec laquelle l’association s’est développée », note Nour Hazzouri. Depuis début avril, date de la première mission de l’association, quelque 85 médecins syriens se trouvent en Syrie pour donner des conférences, évaluer l’état du système de santé et pratiquer des opérations chirurgicales à travers le pays.
    La vétusté des équipements dans les hôpitaux syriens est un défi majeur, confirme à la chaîne Al Jazeera Ayman Sodah, médecin et cardiologue au Rhön Klinikum de Bad Neustadt, en Bavière, alors qu’il sort d’une salle d’opération à Hama. « Il est clair qu’au cours des 15 dernières années, rien n’a été renouvelé », se désole-t-il.
    Avant la guerre, la Syrie était un pays à revenu moyen avec des indicateurs de santé relativement bons", note la Brookings Institution, un groupe de réflexion basé à Washington. Pendant la guerre, le régime déchu et son allié russe ont régulièrement pris pour cible les établissements de santé. Le système de santé s’est ensuite détérioré en raison des sanctions et d’une économie en difficulté.
    « Je suis très enthousiaste », confie depuis Damas, Mustafa Fahham, médecin en chef du service de néphrologie et de dialyse de l’hôpital de Bremerhaven, dans le nord de l’Allemagne, qui a participé à une conférence organisée par la SGMA dan la capitale syrienne.
    « Chaque Syrien portait au fond de lui une crainte liée à Bachar al-Assad. Aujourd’hui, cette peur a disparu. Je me sens bien et je suis heureux d’être ici à Damas, où je peux enfin aider à soutenir le système de santé syrien », ajoute-t-il. « L’idée de cette mission est née parce que de nombreux médecins voulaient rendre visite à leurs familles en Syrie, qu’ils n’avait pour certains plus vus depuis 14 ans », détaille de son côté Nour Hazzouri, le médecin de Krefeld. « C’est ainsi qu’est née l’idée de profiter de cette période pour apporter également une aide médicale ».
    Nour Hazzouri admet que la sécurité reste toutefois un problème dans certaines régions de la Syrie, ce qui restreint leur champ d’action. « Mais le plus grand défi a été le coût du matériel », rappelle-t-il. Les volontaires ont en effet financé eux-mêmes la majeure partie du voyage. Ils ont payé les frais de déplacement et collecté des fonds pour l’achat de matériel médical. « Beaucoup sont venus avec des dons de leurs cliniques allemandes. Parallèlement, nous avons lancé une campagne de collecte de fonds en ligne, qui nous a permis de récolter près de 100 000 euros en un mois, principalement auprès de médecins syriens en Allemagne. Des ONG syriennes locales nous ont également aidés en nous donnant du matériel », se félicite Nour Hazzouri.
    S’il n’existe pas encore de soutien officiel de la part du gouvernement allemand, le ministère du Développement a organisé en février une conférence sur les alliances hospitalières entre l’Allemagne et la Syrie. Nour Hazzouri, qui y a assisté, décrit ce moment « une étape importante vers un éventuel partenariat ». De son côté, le nouveau ministère syrien de la Santé a délivré des permis de travail aux médecins de la SGMA. Le ministre syrien en poste, Musab al-Ali, lui-même neurochirurgien, a lui aussi travaillé en Allemagne. Il est impliqué dans la Communauté syrienne en Allemagne (SGD), une organisation de défense des droits de l’homme. Il avait lui-même fait du bénévolat lors de voyages en Syrie. Son ministère a lancé « Shifa, main dans la main pour la Syrie », une action à laquelle participent également une centaine de médecins syriens.
    La plupart des bénévoles de la SGMA affirment qu’ils reprendront leur travail en Allemagne. Mais dans le même temps, une récente enquête menée par l’Association syrienne des médecins et pharmaciens d’Allemagne a révélé que 76 % de ses membres envisageaient de rentrer définitivement en Syrie. Beaucoup expriment leur inquiétude face à la montée de l’extrême droite en Allemagne et du climat de plus en plus hostile pour les migrants.
    Même si les médecins syriens ne représentent que 2 % de l’ensemble des médecins allemands, ils jouent un rôle beaucoup plus important dans les hôpitaux et les cliniques de l’est de l’Allemagne, qui manquent de personnel. « Nous pensons à l’Allemagne », rappelle Mustafa Fahham, de l’hôpital de Bremerhaven. « D’un autre côté, nous sommes également loyaux envers la Syrie. Mais je pense que nous pouvons trouver une solution qui nous permette d’apporter notre aide en Syrie, et que les soins de santé en Allemagne soient également assurés (...) Ce que nous voulons, c’est être un pont entre la Syrie et l’Allemagne, un pont dont les deux parties pourront tirer profit ».

    #Covid-19#migrant#migration#syrie#allemagne#medecin#asile#refugie#retour#sante

  • Le Liban relance le retour « volontaire » des réfugiés syriens - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1457541/le-liban-relance-le-retour-volontaire-des-refugies-syriens.html

    Le Liban relance le retour « volontaire » des réfugiés syriens
    L’OLJ / le 25 avril 2025 à 20h01
    Après une longue suspension, les autorités libanaises ont relancé les retours de réfugiés syriens vers la Syrie, a déclaré vendredi une source de sécurité à L’Orient-Le Jour. Ces retours, décrits par les autorités comme étant « volontaires », sont effectués par l’armée libanaise, tandis que la Sûreté générale s’occupe des formalités administratives liées au statut légal d’entrée et de sortie des personnes renvoyées. « Ces personnes sont au Liban depuis longtemps et ont déclaré qu’elles voulaient rentrer. La Sûreté générale a noté leurs noms afin qu’ils puissent retourner dans leur pays », a-t-on ajouté de même source.
    Un groupe de 240 réfugiés syriens a quitté vendredi le village frontalier de Ersal (caza de Baalbeck-Hermel) via le poste-frontière de Zamrani, selon notre correspondante dans la région Sarah Abdallah. Leur retour a été supervisé par l’armée libanaise et s’est déroulé en présence de représentants du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et d’une patrouille de la Sûreté générale. La source n’a pas précisé pourquoi les retours avaient été interrompus ni ce qui avait motivé leur reprise. Contactée par L’Orient-Le Jour, l’armée libanaise n’était pas immédiatement disponible pour un commentaire.
    Entre 2018 et 2024, le Liban a coordonné avec les anciennes autorités syriennes l’organisation des convois de retour des réfugiés, les premières approuvant les noms des personnes cherchant à rentrer, dans ce que les autorités libanaises décrivaient comme un « retour sûr ». En décembre 2024, une rapide offensive rebelle a renversé l’ancien régime syrien, mettant fin à des décennies de règne de la famille Assad. En janvier 2025, Ahmad el-Chareh, chef de Hay’at Tahrir el-Cham - le groupe qui a mené l’offensive - a été nommé président pour une phase de transition.
    Plusieurs jours de violence sectaire à partir du 6 mars ont marqué la pire effusion de sang depuis la prise du pouvoir par les rebelles en Syrie. Des massacres ont été signalés, principalement dans la région côtière dominée par les alaouites. Selon les Nations unies, plus de 21 000 personnes ont fui ces massacres en direction du Liban.

    #Covid-19#migration#migrant#liban#syrie#retour#refugie#sante

  • Démantèlement de camps en Tunisie : « Les pays européens doivent financièrement aider au retour des migrants dans leur pays » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64109/demantelement-de-camps-en-tunisie--les-pays-europeens-doivent-financie

    Démantèlement de camps en Tunisie : « Les pays européens doivent financièrement aider au retour des migrants dans leur pays »
    Par Julia Dumont Rana Aldiab Publié le : 22/04/2025
    Depuis le début du mois d’avril, plusieurs campements de migrants installés dans les oliveraies autour de la ville de Sfax sont évacués par la Garde nationale tunisienne. Le député de Sfax Tarak Mahdi a assisté à certains de ces démantèlements. Proche du président Saïed, il dément les accusations de violences imputées aux forces de l’ordre. Et affirme que les exilés n’ont d’autre choix que de retourner dans leur pays d’origine. Entretien.
    InfoMigrants : Quel était le but des évacuations des campements de migrants dans les oliveraies de Sfax ?
    Tarak Mahdi : Le démantèlement des campements a été décidé à la suite de nombreuses plaintes déposées par des propriétaires des terres occupées par des migrants. Ces plaintes concernent des vols dans les maisons et des vols de matériel agricole, des violences, des vols à main armée, et même des viols.La présence des migrants dans les oliveraies a aussi causé des dommages importants aux oliviers. Les propriétaires ont eu du mal à accéder à leurs terres pour effectuer des travaux agricoles ou arroser leurs arbres.Par ailleurs, des gangs ont commencé à se former dans ces camps. Ils attaquent les passants pour leur voler leur téléphone et leur argent en les menaçant avec des machettes et des couteaux.Selon les autorités tunisiennes, quelque 20 000 exilés vivaient dans les campements informels dans les oliveraies de Sfax avant les évacuations. Ces camps ont commencé à se former après que les migrants ont été chassés du centre-ville de Sfax durant l’été 2023.
    Seule une petite partie des oliveraies a été évacuée, par rapport au nombre de terrains occupés par les migrants africains. Il y a plus de 20 camps entre Jebeniana et El Amra. Les propriétaires ont commencé à labourer les terres qu’ils ont récupérées. Ils ont aussi ramassé ce qu’ils pouvaient des arbres qui n’avaient pas été brûlés ou déracinés par les migrants.Les migrants cassaient les branches d’arbres notamment pour avoir du bois et se chauffer. Depuis deux ans, InfoMigrants documente la vie dans ces campements grâce à de nombreux témoignages de migrants et d’associatifs. Les habitants y manquent de tout, la situation humanitaire y est extrêmement alarmante. Le manque d’eau potable et de nourriture, les maladies ont déjà provoqué des morts parmi la population migrante.
    IM : Que sont devenus les exilés évacués des campements des oliveraies ? Est-ce qu’une solution d’hébergement a été prévue ?
    TM : Parmi les migrants expulsés, plusieurs centaines ont demandé le « retour volontaire ». Des bus les ont conduits dans des hébergements temporaires [dans l’attente de leur départ, ndlr].
    Il faut maintenant que les organisations responsables fassent leur travail dans les plus brefs délais et que les pays de l’Union européenne (UE) contribuent au financement du retour des personnes dans leurs pays. Cela nécessite plus que les 20 millions d’euros répartis entre trois pays maghrébins.L’Italie a annoncé, début avril, le versement d’une allocation de 20 millions d’euros pour financer le « retour volontaire » vers les pays d’origine des migrants en situation irrégulière présents en Tunisie, en Libye et en Algérie. Cette somme s’ajoute aux montants prévus dans l’accord signé en juillet 2023 entre l’Union européenne et la Tunisie : 150 millions d’euros « pour favoriser la relance de l’économie à travers l’amélioration de la gestion des finances publiques et du climat des affaires et investissements », ainsi que 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière.Les milliers de migrants restants se sont répartis dans les autres camps. Les membres de la Chambre des représentants du peuple [Assemblée, ndlr] ont proposé qu’ils soient regroupés dans des camps loin des villes et des villages, et qu’ils soient placés sous la protection de la sécurité tunisienne jusqu’à ce qu’ils retournent dans leurs pays.Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) confirme à InfoMigrants que seules les personnes dont le dossier de « retour volontaire » était prêt ont été emmenées vers des centres d’hébergement de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Les autres se sont dispersés ou ont rejoint d’autres campements. « Des personnes qui ont manifesté contre ces expulsions ont aussi été envoyées en prison », affirme l’association à InfoMigrants.
    Fin mars, le président tunisien Kaïs Saïed a appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des personnes subsahariennes en situation irrégulière vers leurs pays d’origine. Près de 1 500 exilés ont été rapatriés depuis le début de l’année, selon la présidence tunisienne. En 2024, 7 250 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont bénéficié de ce programme, contre un peu plus de 2 250 en 2023. Face au climat anti-migrants en Tunisie, de plus en plus d’exilés souhaitent en bénéficier. Mais les rapatriements dépendent de la reconnaissance des personnes par leur pays d’origine et les démarches peuvent être longues.
    Ces prises en charge doivent être payés par l’Union européenne (UE) et les Nations unies. Nous ne pouvons supporter les coûts de leur protection, de leur hébergement et de toutes leurs fournitures nécessaires à leur quotidien. Les sommes fournies à la Tunisie ne couvrent même pas le coût des unités de sécurité qui protègent les migrants et les citoyens tunisiens.
    IM : Des migrants nous ont affirmé que des personnes avaient été envoyées en bus dans des zones désertiques aux frontières de la Tunisie lors de ces évacuations. Confirmez-vous ces informations ?
    TM : Non, il n’y a pas de bus qui ont emmené les migrants dans le désert dans les zones frontalières. Depuis l’été 2023, de nombreux migrants contactés par infoMigrants accusent les autorités tunisiennes de les rafler dans les villes tunisiennes et de les expulser dans le désert à la frontière libyenne ou algérienne. L’ONU et de nombreuses ONG ont dénoncé la situation. En vain. Ces abandons dans le désert ont toujours cours, selon les exilés.
    IM : Dans des groupes de discussions Whatsapp entre exilés, des personnes évoquent des morts pendant ces évacuations. Pouvez-vous confirmer cette information ?
    TM : Il n’y a eu ni mort, ni blessé parmi les migrants africains lors de l’intervention des forces de sécurité tunisiennes. Aucune grenade lacrymogène n’a été tirée. La protection civile, le Croissant-Rouge et le ministère de la Santé ont sécurisé tous les migrants et ont vérifié qu’il n’y avait pas d’enfants, de femmes ou de personnes blessées dans les tentes avant de les évacuer. Le groupe de défense des droits des migrants Refugees in Tunisia a affirmé sur X le 19 avril dernier qu’un nourrisson de trois mois était mort brûlé dans l’incendie de l’abri de plastique où il se trouvait. Sur sa page Facebook, la Garde nationale tunisienne a démenti et assuré que l’enfant est vivant. Il avait été laissé seul dans la cabane et a été pris en charge par les autorités le temps de retrouver sa mère, selon la Garde nationale.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#retour#rapatriement#sfax#campement#migrationirreguliere#UE#sante#droit

  • Quatre mois après Chido, Emmanuel Macron en visite à Mayotte pour présenter un plan de « refondation » de l’île - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64103/quatre-mois-apres-chido-emmanuel-macron-en-visite-a-mayotte-pour-prese

    Quatre mois après Chido, Emmanuel Macron en visite à Mayotte pour présenter un plan de « refondation » de l’île
    Par La rédaction Publié le : 21/04/2025
    Le chef de l’État, Emmanuel Macron, est arrivé lundi matin à Mayotte pour présenter un plan de « refondation » qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale. Quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, les défis de la reconstruction restent colossaux dans le département le plus pauvre de France. Les migrants, eux, se disent toujours abandonnés.
    Le président français Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a atterri lundi 21 avril à 8h15 locales (7h15 heure de Paris) à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido. Il s’agit, pour le chef d’État, de la première étape d’une tournée de cinq jours dans l’océan Indien (Mayotte, Réunion, Madagascar et Maurice). Durant une dizaine d’heures, Emmanuel Macron va aller à la rencontre de la population, des représentants de la filière agricole avant de s’entretenir avec les élus mahorais.(...)
    Le président de la République arrive avec un projet de loi de programmation pour « la refondation » de l’archipel, qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale. Ce texte, très attendu depuis plusieurs années par les élus mahorais, sera entériné dans la soirée par un Conseil des ministres spécial que le chef de l’État présidera en visioconférence depuis l’avion qui le mènera ensuite de Mayotte à La Réunion. « On ne réglera pas tous les problèmes par un seul texte », a reconnu Emmanuel Macron lundi, mais il faut « une mobilisation au-delà de la phase d’urgence pour régler les problèmes de fond » auxquels est confronté l’archipel, notamment le défi migratoire en provenance des Comores.
    Lors d’une visite peu de temps après le passage de Chido en décembre, le président avait assuré vouloir « renforcer la lutte contre l’immigration clandestine » en augmentant, jusqu’à presque doubler, le nombre de reconduites à la frontière, qui était de 24 500 en 2023.
    Le projet de loi prévoit de durcir les conditions d’obtention du titre de séjour dans l’archipel ainsi qu’une extension de l’aide au retour volontaire. Il entend aussi faciliter les évacuations d’habitats insalubres dans les bidonvilles et les saisies d’armes dans un département à l’insécurité rampante.
    Mais quatre mois après le cyclone qui a fait 40 morts et causé 3,5 milliards d’euros de dommages, le président risque de se retrouver confronté aux mêmes frustrations qu’en décembre alors que les défis de la reconstruction restent colossaux dans le département le plus pauvre de France. Les réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunications ont été rétablis en urgence. Mais les Mahorais attendent le début des grands chantiers. Le Parlement a certes adopté en février une loi d’urgence qui prévoit des assouplissements aux règles d’urbanisme et des facilités fiscales pour booster la reconstruction. Mais entre manque de financements, coordination laborieuse et pénurie de matériaux, le processus patine. Et les habitations de fortune en tôle sont réapparues aussi vite qu’elles avaient été soufflées.
    Après le cyclone, les milliers migrants vivant dans des bidonvilles avaient perdu leurs habitations de fortune, emportées par les vents de plus de 220 km/h. Des centaines d’entre eux avaient trouvé refuge dans des établissements scolaires ouverts pour l’occasion.
    Début février, à l’approche de la rentrée scolaire, le dernier centre d’hébergement d’urgence, le collège Kwalé, a été évacué par les autorités. Environ 200 migrants qui s’y étaient abrités ont été acheminés au parc de Passamainty, dans la commune de Mamoudzou, une centaine d’autres ont été déposés au bord de la route. (...) Depuis deux mois, une centaine de demandeurs d’asile et réfugiés congolais, rwandais, somaliens et burundais, ont érigé une soixantaine de tentes dans la forêt, à l’écart de Tsoundzou 2, à quelques kilomètres du centre-ville de Mamoudzou. Mi-avril, "
    (...) Le cyclone a fortement ravivé la sensible question migratoire à Mayotte et les tensions avec les habitants. Environ 320 000 personnes s’entassent sur ce territoire d’un peu plus de 300 km2, dont près de la moitié sont des étrangers. Selon une enquête menée en 2016, environ « la moitié des étrangers » étaient alors « en situation irrégulière ».
    Dans ce contexte, Mayotte est soumis à un régime d’exception en matière du droit des étrangers : asile accéléré (dépôt des dossiers et traitement des demandes), titre de séjour particulier pour les étrangers qui ne leur permet pas de sortir du département, des aides sociales pour les demandeurs d’asile plus limitées qu’en métropole, absence de l’Aide médicale d’État...
    Le 8 avril dernier, le Parlement français a définitivement adopté un texte très contesté pour durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte. « Les causes des migrations sont multiples, mais les perspectives d’accès à la nationalité française constituent un facteur indéniable d’attraction pour l’immigration irrégulière » à Mayotte, avait justifié le député Les Républicains (LR) Philippe Gosselin, auteur du texte, tout en estimant qu’il ne serait pas « suffisant ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#politiquemigratoire#AME#frontiere#droitdusol#retour#migrationirreguliere

  • "Il y a une vraie crainte de se faire contrôler" : En #Mauritanie, les vagues d’arrestations de migrants sèment la peur

    Depuis presque deux mois, les #arrestations de personnes en situation irrégulière sont quasi-quotidiennes en Mauritanie. Après un passage en #détention, elles sont ensuite renvoyées aux frontières avec le Sénégal ou le Mali. Un climat qui sème la #peur dans le pays où sont présents quelque 200 000 migrants.

    « Surtout pour les migrants Subsahariens, la situation peut être qualifiée de critique », estime Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur, contacté par InfoMigrants. Depuis fin-février, la Mauritanie mène une campagne d’arrestations et d’#expulsions de migrants en situation irrégulière. Selon l’OIM en 2024, ils sont environ 200 000 migrants en Mauritanie. « C’est tous les jours qu’il y a des #refoulements. La police arrête même des gens dans leurs maisons, des hommes lorsqu’ils vont au travail... Les refoulements ne touchent plus que les migrants en transit mais tout le monde », raconte l’associatif.

    De nombreux migrants arrêtés sont envoyés notamment à #Rosso, au #Sénégal, à la frontière mauritanienne. C’est le cas de Diallo, arrêté par la police à Nouakchott, la capitale. « Ils te disent ’tu es un étranger non ?’, tu dis oui, on te prend. Pendant deux jours, on est enfermés dans un centre où si tu n’as pas l’argent pour acheter à manger, tu vas mourir dans la salle », raconte-t-il à RFI.

    Même scène pour Camara, vêtue d’un grand voile mauritanien, qui a été expulsée à Rosso malgré sa grossesse et sa fille de deux ans. « (Un policier) m’a attrapé à la maison, j’étais couchée donc, il (est venu), il (a cogné). Moi, j’ai fait une semaine en prison. Il n’y avait pas à manger », confie la jeune femme à RFI.

    « Les gens se cachent »

    Si les précédentes vagues d’interpellations touchaient principalement les migrants interceptés en partance vers l’Europe, cette fois-ci, tous les profils semblent concernés. Adamou*, un étudiant d’une trentaine d’années craignant de se faire refouler à son tour malgré sa carte d’étudiant, a décidé de faire un aller-retour au Sénégal pour assurer son avenir en Mauritanie. « Comme ça si on me contrôle, je peux dire que j’ai un visa pour 3 mois », explique-t-il à InfoMigrants. Car lorsqu’un ressortissant d’un pays de la Cédéao rentre en Mauritanie, il dispose d’un visa valable 90 jours.

    Selon lui, nombre de ses compatriotes en Mauritanie ont été arrêtés puis refoulés. « Certains avec qui je suis en contact sont à Rosso mais le Sénégal ne veut pas d’eux, d’autres ont été renvoyés vers le Mali. Il y en a un aujourd’hui qui est à Bamako », indique-t-il. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, il y a une vraie crainte de se faire contrôler et arrêter. Chaque jour ça arrive ».

    Et cette peur se ressent dans les rues, selon Abdoulaye Diallo. « Avant, il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants… Mais maintenant, on voit vraiment l’absence des migrants dans la ville. Les gens se cachent », raconte-t-il.

    « Ici, les migrants vivent du #travail_informel parfois depuis plusieurs années »

    Une situation qui risque de plonger nombre de personnes en situation irrégulière dans la #précarité car l’augmentation des arrestations et des contrôles « crée un #climat_répressif », analyse une humanitaire, contactée par InfoMigrants, qui a souhaité rester anonyme. « Depuis le mois de mars, les arrestations ne sont plus uniquement liées aux interceptions et débarquements de pirogues en direction de l’Europe », dit-elle.

    Pour éviter d’être arrêtés, les migrants sont de plus en nombreux à demander un titre de séjour. Ainsi, « les services d’enregistrement de migration sont débordés et il y a énormément de queues », explique l’humanitaire. À ça, « il faut ajouter les nouveaux visas électroniques ». Ainsi, entre le nouveau système et l’augmentation de la demande, « on a un ralentissement général de la #régularisation ». « Ils auraient pu laisser un délai avant d’arrêter les gens afin qu’ils puissent faire les demandes », souffle Amadou.

    « Un travail de routine »

    Selon le ministre mauritanien des Affaires étrangères interrogé par RFI, Mohamed Salem Ould Merzoug, « il n’y a pas, à proprement parler, de mesures particulières enclenchées ». « Notre politique vis-à-vis de la migration irrégulière est restée la même : appliquer la règle de droit et être très ferme, par rapport aux réseaux de migrants irréguliers en particulier », a-t-il dit.

    Ces opérations sont « un travail de routine », concernant des migrants n’ayant pas régularisé leur situation, selon le ministre qui n’a pas donné de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements. Il assure que sur les 130 000 migrants recensés en 2022, seulement 7 000 ont renouvelé leur titre de séjour.

    Dans ces vagues d’arrestation, certains y voient un lien avec l’#accord conclu entre la Mauritanie et l’#Union_européenne. En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

    Ces dernières années, la Mauritanie est devenue l’un des premiers points de départ des migrants en direction de l’Europe. En 2024, près de 47 000 personnes ont débarqué aux Canaries, un record. Et le nombre de morts n’a jamais été aussi nombreux sur cette route migratoire. Près de 10 000 exilés ont péri dans l’Atlantique en 2024, d’après le dernier rapport de Caminando Fronteras. Et « la majorité des victimes avaient pris la mer depuis la Mauritanie », selon Helena Maleno de l’ONG espagnole.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64098/il-y-a-une-vraie-crainte-de-se-faire-controler--en-mauritanie-les-vagu
    #rafles #migrations #réfugiés #répression

    voir aussi :
    La Mauritania di nuovo nel mirino della Spagna e dell’Unione europea
    https://seenthis.net/messages/1069805

    Réadmission des migrants venant d’Europe : #Soueisssya, ciblée pour un centre de transit ?
    https://seenthis.net/messages/1044463

    L’UE octroie 210 millions d’euros à la #Mauritanie pour lutter contre l’immigration clandestine
    https://seenthis.net/messages/1041503

    • À Rosso, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, des centaines de migrants « dans une situation de #détresse »

      Plusieurs semaines après le début de la campagne d’expulsions de migrants menée par les autorités mauritaniennes, des centaines de migrants se retrouvent bloqués à Rosso, ville transfrontalière entre la Mauritanie et le Sénégal. Un afflux qui rend la situation humanitaire difficile dans la région.

      « Les policiers nous ont arrêtés alors qu’on se rendait au travail. Je n’ai pas les moyens pour retourner chez moi. Je n’ai pas non plus d’argent pour manger ou acheter des médicaments, je ne sais pas quoi faire ». Dans une vidéo transmise à InfoMigrants, un migrant nigérian raconte sa détresse après avoir été arrêté en Mauritanie puis envoyer à la frontière avec le Sénégal, à Rosso. Son corps est couvert de blessures.

      Depuis le début de l’année, de tels témoignages se multiplient. « Ils nous ont tabassés et amenés en prison sans rien nous dire » et « pris tout ce qu’on possédait : argent, montres, téléphones », racontait Ismaïla à l’AFP après son arrestation par la police mauritanienne. « Ils nous ont (ensuite) menottés et nous ont mis dans des bus surchargés pour nous expulser comme des vauriens », raconte-t-il depuis Rosso, du côté sénégalais de la frontière.
      « Nous n’avons pas assez pour tout le monde »

      Si des centaines de migrants se retrouvent à errer dans la précarité dans cette localité frontalière du Sénégal, c’est parce que depuis plusieurs semaines, la Mauritanie mène une campagne d’expulsions de migrants en situation irrégulière. Ainsi, des centaines d’exilés, notamment sénégalais, maliens, ivoiriens, guinéens ou encore gambiens, sont bloqués de chaque côté de la frontière « dans une situation de détresse ». Leur nombre total est difficile à établir.

      « Nous essayons de les aider mais nous n’avons pas assez pour tout le monde. Ils manquent d’eau, de nourriture, de médicaments, n’ont pas de logements », raconte un humanitaire mauritanien sur place à InfoMigrants.

      Selon lui, des refoulements ont lieu quasiment tous les jours. « Au moins deux bus d’au moins 60, voire 70 personnes, arrivent régulièrement à Rosso », commente-t-il. Un flux ininterrompu de personnes qui fait grossir les bidonvilles de la région. « On a ouvert deux foyers ces deux derniers mois dans deux maisons qu’on a réhabilitées - qui n’ont toutefois par l’eau courante, ni l’électricité - parce que les gens arrivent et restent. Ils errent dans la ville », raconte-t-il. « On essaye de trouver un représentant pour chaque nationalité afin d’organiser les choses mais chaque jour presque, on nous appelle pour nous signaler un nouveau groupe (qui arrive) », ajoute-t-il.
      « On ne peut pas jeter les gens comme du bétail »

      Conséquences de ces expulsions mauritaniennes, des centaines de personnes se retrouvent coincés dans cette ville à la frontière avec le Sénégal. Faute de documents de séjour en règle, elles ne peuvent ni retourner en Mauritanie, ni transiter par le Sénégal - qui refusent de laisser passer des personnes sans documents d’identité valides.

      « La Mauritanie n’a pas respecté les règles. Les autorités ont juste envoyé ces gens à la frontière. Mais on ne peut pas jeter les gens comme du bétail », tance le président du conseil des Guinéens au Sénégal, Diallo Amadou Oury, qui s’inquiète pour sa communauté à Rosso. Et d’ajouter : « La Mauritanie aurait dû aviser ces ressortissants puis les expulser en bonne et due forme, vers leur pays ».

      Actuellement, quelque 300 ressortissants guinéens sont à Rosso, des deux côtés de la frontière « et d’autres arrivent presque tous les jours ».

      « Ces gens sont dans une situation humanitaire grave. Ils sont exposées à tout à Rosso : faim, maladies, problèmes sanitaires, etc. Il y a des femmes et des enfants. Certains vivent à même le sol sur de la terre battue », commente de son côté le président du conseil des Guinéens en Mauritanie, Mamadou Bobo Bah.

      Côté sénégalais, les plus chanceux atterrissent dans les locaux de la Croix-Rouge où ils sont pris en charge. Mais selon le président du comité local de l’organisation à Rosso, Mbaye Diop à l’AFP, l’affluence de migrants est telle que début mars, ils n’avaient déjà plus de place pour tous les accueillir.

      Ces expulsions de migrants sont des opérations de « routine » qui visent les personnes en situation irrégulière, selon les autorités mauritaniennes qui n’ont pas donné de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements. Face aux critiques d’ONG ou d’autres pays qui ont dénoncé des expulsions « inhumaines », le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, a déclaré que les expulsions étaient « faites dans le respect des conventions internationales ». Et selon le gouvernement, les migrants sont refoulés vers les postes frontières par lesquels ils sont entrés dans le pays.
      « Ils résidaient en Mauritanie et travaillaient »

      Certains voient dans ces vagues d’arrestations un lien avec l’accord conclu entre la Mauritanie - pays devenue l’un des principaux points de départ pour les migrants souhaitant rejoindre l’Europe en prenant la mer - et l’Union européenne.

      En mars 2024, la Mauritanie a signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

      Mais les migrants l’assurent, ils ne voulaient pas « prendre la pirogue » pour rejoindre l’Europe.

      « Ils résidaient en Mauritanie et travaillaient. Certains ont même encore une famille en Mauritanie qui n’a pas été arrêtée », assure Diallo Amadou Oury. La semaine dernière, plusieurs sources confiaient déjà à InfoMigrants que, contrairement à de précédentes vagues d’interpellations, les migrants interceptés n’étaient plus seulement des personnes en partance vers l’Europe mais que tous les profils semblaient concernés.

      « Il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants », racontait Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur. « Mais maintenant, on voit vraiment l’absence des migrants dans la ville ».

      https://www.infomigrants.net/fr/post/64210/a-rosso-a-la-frontiere-entre-le-senegal-et-la-mauritanie-des-centaines

    • #Mauritanie : le nombre de « #retours_volontaires » via l’#OIM a doublé par rapport à l’année dernière

      Depuis le début de l’année, 322 migrants ont bénéficié d’un « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ils n’étaient que 150 en 2024 sur la même période. Une hausse qui s’explique notamment par la politique migratoire de Nouakchott : depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière.

      Les « retours volontaires » de l’Organisation internationale des migrations (OIM) se multiplient en Mauritanie. Entre le 1er janvier et le 16 mai, 322 migrants ont été rapatriés dans leur pays, a déclaré l’agence onusienne à InfoMigrants.

      C’est plus du double par rapport à la même période l’année dernière durant laquelle 153 « retours volontaires » avaient été effectués. Et sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM Mauritanie a facilité 995 rapatriements.

      Selon l’organisation, les personnes ayant bénéficié de ce programme proviennent « principalement de pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, de la Corne de l’Afrique, ainsi que, dans une moindre mesure, d’Asie du Sud ».
      « J’attends que l’OIM me recontacte »

      C’est le cas d’Oumar, un Gambien de 29 ans, qui vit à Nouakchott. Il s’est rendu aux locaux de l’OIM le 30 avril dernier pour faire une demande de « retour volontaire ». « Sur place, il y avait des ressortissants de pleins de pays. J’ai simplement déposé une demande avec ma carte d’identité. Ils ont pris mon numéro et maintenant, j’attends que l’OIM me recontacte », explique-t-il à InfoMigrants.

      Installé en Mauritanie depuis près d’un an, le jeune homme explique que c’est « le climat actuel » qui l’a poussé à demander un rapatriement.

      Depuis le début de l’année, la Mauritanie mène de vastes opérations d’expulsions de personnes en situation irrégulière dans le pays. « Au début du mois de mars, c’était le pire. C’était très compliqué. Les gens se faisaient arrêter. Il y avait la police partout, parfois même sur les lieux de travail », raconte encore Oumar.

      « Quand je vois ce qui arrive à d’autres migrants, expulsés vers les frontières, je préfère partir avant que ça ne m’arrive », ajoute-t-il. Une fois arrêtés, les exilés sont emmenés dans des centres de rétention avant d’être expulsés. Les Africains sont envoyés aux frontières avec le Mali et le Sénégal. Les Asiatiques, eux, sont expulsés à travers des vols.

      À Rosso, ville transfrontalière entre le Sénégal et la Mauritanie, des dizaines de migrants arrêtés par les autorités de Nouakchott patientent actuellement dans l’attente d’un retour dans leur pays. « Côté Sénégal, une cinquantaine de Guinéens vivent à la Croix-Rouge et attendent leur ’retour volontaire’, parfois depuis plusieurs semaines », détaille Mamadou Dia, membre de la Croix-Rouge à Rosso.

      Une fois recontacté par l’OIM, Oumar devra passer deux entretiens « pour évaluer la composition familiale, vérifier les documents, recenser les vulnérabilités et discuter des modalités du retour », indique l’OIM. Puis, après un examen médical, il sera raccompagné en Gambie.

      Le dispositif peut mettre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. « Le délai d’un ’retour volontaire’ varie en fonction du pays de retour, la situation administrative de la personne, la composition familiale, la présence de vulnérabilités, ainsi que la disponibilité ou non de documents de voyage », signale l’organisation.
      Empêcher les départs vers les Canaries

      Nouakchott intensifie ses efforts pour combattre l’immigration irrégulière qui a souvent pour projet de rejoindre les Canaries espagnoles, via l’Atlantique. Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025.

      La Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, est devenue le principal lieu de départ des canots arrivés dans l’archipel espagnol, selon Helena Maleno de l’ONG Caminando Fronteras. Au cours de l’année 2024, 46 843 exilés ont atteint les Canaries, du jamais vu.

      Ce tournant dans la politique de Nouakchott s’est opéré suite à la signature en mars 2024 d’un accord avec l’Union européenne, inquiète de voir cette route migratoire se réactiver. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

      Le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould, a mis en avant la nécessité de lutter contre une migration qui n’est plus « individuelle » mais « une activité transfrontalière organisée » et a dénoncé « une augmentation sans précédent du nombre d’étrangers en situation irrégulière ».

      Depuis le début de l’année, le nombre d’arrivées aux Canaries a, lui, chuté. Entre le 1er janvier et le 15 mai 2025, 10 882 personnes sont arrivées dans l’archipel, soit une diminution de 34,4% par rapport à la même période en 2024 durant laquelle 16 586 migrants avaient atteint les iles espagnoles.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/64696/mauritanie--le-nombre-de-retours-volontaires-via-loim-a-double-par-rap

  • En Tunisie, « le retour volontaire », nouvelle voie pour de nombreux migrants
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/18/en-tunisie-le-retour-volontaire-nouvelle-voie-pour-de-nombreux-migrants_6597

    En Tunisie, « le retour volontaire », nouvelle voie pour de nombreux migrants
    Par Mustapha Kessous (El Amra, Tunisie, envoyé spécial) et Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)
    Cette fois, c’est fini. « Le voyage est cassé », lâchent-ils. L’esprit est vide, les poches aussi. Pour ces Sénéglais, Ivoiriens ou Sierra-Léonais, les plages non loin d’El Amra, près de la ville de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, est devenu le terminus de leur « aventure ». L’Europe, leur ultime désir, reste encore une chimère. Toujours Inaccessible.
    Pour eux, une autre voie se dessine, celle d’un retour au pays. Une idée jusqu’alors impensable qu’ils commencent à évoquer du bout du bout des lèvres. Que faire d’autre ? Rejoindre l’île italienne de Lampedusa à partir des plages de Chebba ou Salakta est devenu presque impossible. Depuis le 1er janvier, seuls 432 migrants y sont parvenus, à bord d’embarcations de fortune, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ils étaient plus de 18 000 sur la même période, il y a deux ans.
    Cette chute vertigineuse des traversées clandestines s’explique par l’accord signé à l’été 2023 entre la Tunisie et l’Union européenne (UE). Avec 260 millions d’euros d’aides afin de renforcer, entre autres, les garde-côtes tunisiens, la route maritime est désormais verrouillée. « On est coincés », déplore Fatoumata Camara, une Guinéenne de 27 ans, qui tente, en ce début de soirée, de réchauffer sur sa poitrine sa fille Maryam, née il y a trois mois.
    Elles vivent dehors dans une zone boisée quasi inhabitée à l’entrée de Sfax, adossées à un muret de pierres, avec une dizaine d’autres compatriotes. En regardant son bébé s’agiter – les nuits glaciales l’empêchent de dormir –, Mme Camara s’en prend à elle-même : « Pourquoi je suis partie ? Je n’ai plus rien au pays. Les tentatives de prendre la mer ont échoué. »
    Elle se tait. Une minute, puis deux. « J’ai dépensé des milliers d’euros. Avec cette somme, j’aurais pu faire des choses chez moi. Ce voyage n’en vaut pas la peine. On a perdu notre temps, il faut rentrer », martèle-t-elle. Pour cette coiffeuse qui a quitté Conakry, il y a presque deux ans, « cette politique de nous empêcher de partir a réussi. Ils [l’UE et l’Etat tunisien] ont gagné ».Assis chacun sur le couvercle rouillé d’une boîte de conserve, Hassan Traoré, 22 ans, et Omar Touré, 28 ans, l’écoutent dans un silence chargé de chagrin. Eux aussi veulent rentrer en Guinée. C’est bien plus qu’une envie : ils ont entamé les démarches auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui propose aux migrants découragés par le blocage sécuritaire de financer leurs retours vers leurs pays respectifs.
    « OIM ». L’acronyme de cette agence rattachée aux Nations unies est dans de nombreuses bouches. Des taudis informels installés sur les champs d’oliviers près d’El Amra jusqu’à Tunis, les « voyageurs », comme ils se nomment, cherchent à rencontrer les employés de l’organisation.Au lendemain du démantèlement de l’immense camp du « kilomètre 30 », le 4 avril, certains ont accouru à son antenne de Sfax pour y déposer une demande de retour volontaire – qui comprend la prise en charge du billet d’avion, des nuitées dans un hôtel avant le départ et une aide médicale. Mais la tâche est ardue, notamment pour ceux qui vivent loin de la ville : les taxis sont chers et les louages (minibus) n’acceptent pas les « Noirs », disent certains.
    « Rentrer au pays est une humiliation. Je n’irai pas au village, je ne veux pas qu’on se moque de moi, qu’on dise que j’ai échoué, confie Hassan Traoré, en jetant un œil sur un post-it jaune sur lequel est écrit son numéro de dossier, déposé le 10 avril. Mais je suis fatigué. »Fatigué par deux années d’enfer à traverser les déserts algérien et libyen, éreinté par un mois dans une prison sfaxienne pour « séjour irrégulier », épuisé de demander à ses proches au pays de l’argent pour manger… Alors quand l’agent de l’OIM lui a demandé « Hassan Traoré, voulez-vous retourner en Guinée ? Vous n’y êtes pas forcé », il a répondu sans hésiter : « Oui, je veux me retourner. » Et il a signé le document validant sa décision.
    Combien de migrants ont accepté ce retour volontaire ? « Seulement 1 544 » depuis le début de l’année, a indiqué le président tunisien, Kaïs Saïed, dans un communiqué, publié fin mars, pressant l’OIM d’intensifier le rythme. En réalité, l’agence onusienne ne ménage pas sa peine. D’après les statistiques communiquées par l’OIM au Monde, plus de 250 000 migrants bloqués dans six pays de transit vers l’Europe – Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte et Niger – ont été rapatriés chez eux grâce à ce programme depuis 2013. Près de 50 000 rien qu’en 2024, année record.
    En outre, selon les données transmises par la Commission européenne au Monde, Bruxelles a très largement augmenté sa contribution au budget de l’OIM, passant de 85,7 millions d’euros en 2014 à près de 600 millions d’euros en 2024. En dix ans, l’institution a ainsi reçu près de 3,2 milliards d’euros de fonds européens pour différents programmes, dont celui « des retours volontaires » que certains migrants comparent à un système de « déportation ». Ce à quoi un porte-parole de la Commission européenne riposte assurant que ces retours sont « libres et éclairés
    L’Italie a décidé, début avril, d’allouer 20 millions d’euros pour rapatrier les Subsahariens présents en Algérie, Tunisie et Libye vers leurs pays d’origine respectifs, toujours en coopération avec l’OIM. En juin 2023, la France avait octroyé 25,8 millions d’euros d’aide bilatérale à la Tunisie pour « contenir le flux irrégulier de migrants et favoriser leur retour dans de bonnes conditions », avait déclaré Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, lors de sa venue à Tunis.
    « Toutes ces sommes d’argent sont insuffisantes », s’emporte Tarek Mahdi, député de Sfax. Ce proche du président Saïed plaide pour une réévaluation à la hausse des aides et la mise en place d’« un pont aérien » entre la Tunisie et les pays d’origine des migrants afin d’« accélérer » leur retour.« Pour beaucoup de fonctionnaires internationaux, le retour volontaire est perçu comme un dispositif humanitaire, un pis-aller face à des situations qu’ils ont contribué à provoquer », résume Camille Cassarini, chercheur à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, à Tunis.
    Depuis plusieurs années, ce programme essuie de nombreuses critiques des défenseurs des droits humains à cause des conditions dans lesquelles il est proposé. « Nous avons toujours remis en question le caractère volontaire de ces retours, car ces personnes migrantes sont interdites de se déplacer, de travailler, d’être hébergées, elles sont privées de tout droit », explique Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui décrit l’OIM comme une « agence au service des politiques migratoires européennes », dénonçant « la complicité de l’Etat » tunisien.
    D’ailleurs, en Libye, le Haut-Commissariat aux droits humains des Nations unies avait jugé en 2022 qu’en « raison de l’absence de consentement libre, préalable et éclairé et de voies alternatives viables, sûres et régulières pour la migration », de nombreux migrants sont « effectivement contraints d’accepter des retours ».
    Au Monde, l’OIM reconnaît « que les options offertes aux migrants confrontés à la perspective d’un retour peuvent être limitées et ne pas correspondre aux souhaits de l’individu ». Toutefois, elle défend ce choix « préférable », car « l’aide au retour représente souvent une solution salvatrice pour de nombreux migrants qui vivent dans des conditions particulièrement déplorables ».
    « Salvatrice ? » C’est ce que ressent Omar Touré, ce Guinéen qui vivote à l’entrée de Sfax : il se sent soulagé. Il a averti sa mère pour lui dire qu’il allait rentrer. « Elle a pleuré », lance-t-il. Sept années qu’il a quitté son pays. « Ce voyage, c’est une maladie psychologique. Mentalement et physiquement, nous sommes enfermés », argue-t-il. Maintenant, il attend un appel de l’OIM pour lui proposer un départ pour Conakry. Cela peut prendre des semaines ou des mois : l’agence doit vérifier son identité avec les autorités de son pays – il a déchiré ses papiers au début de son voyage – avant que celui-ci ne lui délivre un passeport. Omar Touré a juré, une fois sur ses terres, qu’il dirait « la vérité » aux plus jeunes : ne pas tenter d’aller en Europe. « La mort vous accompagne tout au long de ce voyage, clame-t-il. C’est une fausse route. »

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