• En #Allemagne, la #crainte d’un potentiel départ de Syriens, notamment dans le domaine de la santé

    En Allemagne, de nombreux secteurs sous tension emploient des réfugiés syriens. Près des deux tiers sont des travailleurs essentiels et le pays ne pourrait pas fonctionner correctement sans eux. Le domaine de la santé, particulièrement, redoute une vague de départs. "Dans les régions rurales, les #médecins_syriens sont l’épine dorsale des soins hospitaliers", estime une association de médecins allemands.

    La chute du régime de Bachar al-Assad a aussitôt relancé en Allemagne le débat sur l’avenir du million de Syriens vivant dans le pays. Les procédures de demandes d’asile en cours ont été gelées et plusieurs partis politiques, dont les conservateurs, favoris pour les prochaines élections législatives anticipées de février 2025, ont plaidé haut et fort pour l’expulsion des Syriens.

    Le gouvernement de Berlin souhaite néanmoins voir comment la situation évolue en Syrie, désormais dirigée par un pouvoir de transition dominé par un groupe islamiste radical - classé organisation terroriste par l’Union européenne.

    Car une vague de départ pourrait avoir des conséquences sur certains secteurs économiques et métiers essentiels sous tension.

    Plus de 200 000 Syriens paient des impôts en Allemagne

    En effet, quelque 236 000 ressortissants syriens travaillent actuellement et paient des impôts en Allemagne. Ce chiffre est encore plus élevé si l’on compte également ceux et celles qui ont obtenu la nationalité allemande, qui ne sont plus comptés dans les statistiques officielles comme des Syriens.

    Près des deux tiers sont des travailleurs essentiels, ce qui signifie que le pays ne pourrait pas fonctionner correctement sans eux.

    C’est notamment le cas dans le secteur de la santé. Mohammad Al-Hakim, un médecin syrien qui travaille en Allemagne depuis plus de six ans, pense que la plupart de ses compatriotes veulent rester en Allemagne et continuer leur travail. "Après mon parcours difficile en Allemagne, je ne peux pas d’un coup tout laisser derrière moi et simplement revenir", explique-t-il à InfoMigrants.

    "Mes enfants se sont habitués à l’Allemagne et c’est aussi devenu leur chez eux. Bien sûr, je veux pouvoir visiter mon pays quand je le souhaite, mais y retourner pour de bon serait très compliqué."

    Le Dr. Manaf, qui a travaillé dans un hôpital allemand pendant cinq ans, estime lui aussi qu’un retour en Syrie n’est pas une décision aisée. Il estime cependant qu’il faut participer à la reconstruction du pays, car, pour lui, "la Syrie a besoin de l’expertise de son peuple".

    Fin 2023, plus de 5 700 médecins syriens travaillaient en Allemagne

    Yuliya Kosyakova, chercheuse à l’Institut allemand de recherche sur l’emploi (IAB), estime que la perte de travailleurs syriens pourrait avoir "des effets régionaux et sectoriels notables", en particulier dans les domaines où il y a déjà des pénuries de main-d’œuvre.

    Michael Weber, qui préside une association allemande de médecins travaillant dans les hôpitaux, assure que "dans les régions rurales, les médecins syriens sont l’épine dorsale des soins hospitaliers. Sans eux, les choses seront tendues".

    Dans le tabloïd Bild, Michael Weber dit prévoir le départ potentiel d’"une proportion substantielle des quelque 5 000 médecins syriens en Allemagne".

    Selon l’Association allemande des médecins (Bundesärztekammer), fin 2023, plus de 5 700 médecins syriens travaillaient en Allemagne, dont la quasi-totalité, environ 5 000, dans des hôpitaux allemands.

    De son côté, un syndicat des infirmières et infirmiers estime aussi que le départ du personnel syrien serait un "coup dur", notamment pour les personnes âgées. Ce syndicat ajoute dans les colonnes de Bild que les travailleurs syriens sont intégrés et appréciés par les patients.

    “Nous ne sommes pas seulement des chiffres sur le marché du travail”

    Ces craintes de départ sont loin d’être anecdotiques. Une enquête révèle que sur plus de 1 200 médecins syriens interrogés, quelque 940 affirment envisager un retour en Syrie après les récents développements.

    Selon Faisal Shahada, chef de l’Association des médecins et pharmaciens syriens en Allemagne, le fait de réduire les Syriens à leur simple rôle économique heurte actuellement de nombreux médecins.

    "Nous ne sommes pas seulement des travailleurs et des chiffres sur le marché du travail. Nous sommes des citoyens. Nous avons construit nos vies ici en faisant beaucoup d’efforts", rappelle Faisal Shahada à InfoMigrants. "Cet aspect a été complètement ignoré par les politiciens et la presse allemande".

    https://www.infomigrants.net/fr/post/61841/en-allemagne-la-crainte-dun-potentiel-depart-de-syriens-notamment-dans
    #retour_au_pays #réfugiés #réfugiés_syriens #travail #santé #médecins #économie

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    • Comme dans chaque situation de bouleversement touchant des populations entières d’importants réseaux d’exploitation criminels des réfugiès se sont établis en Allemagne. Ces structures touchent d’abord les personnes sans qualification recherchée.

      Pour ne citer que deux secteurs à la limite de la légalité il y a les marchands de drogues et les compradors d’Uber qui se sont servi des Syriens pour révolutionner leurs marchés respectifs grâce à la main d’oeuvre bon marché et serviable

      Leurs victimes continuent à toucher des allocations sociales et seront parmi les premiers dont on essayera de se débarasser.

      Les médecins syriens sont les derniers à rencontrer des problèmes d’insertion sociale. Personne ne voudras se débarasser d’eux, bien au contraire. Pour eux la « migration circulaire » fonctionnera très bien.

      #Allemagne #Syrie #migration

  • #Réfugiés_syriens en #Turquie : l’#hésitation du #retour_au_pays

    La chute de Bachar al-Assad a donné des envies de retour aux trois millions de Syriens réfugiés en Turquie. Dans l’euphorie, beaucoup se disent prêt à rentrer pour retrouver leurs proches et leur maison. Beaucoup aussi n’ont pas toujours réussi à s’intégrer, victimes de xénophobie dans leur pays d’accueil. Reportage à Istanbul, la ville qui abrite le plus de Syriens.

    « Mon pays me manque trop. Istanbul c’est beau, mais je préfère l’endroit où je suis né ». Ahmed, originaire d’Idlib, a fêté dimanche 8 décembre la chute de Bachar al-Assad, et, comme pour bon nombre des trois millions de réfugiés syriens en Turquie, sa joie s’est accompagnée d’envie de retour. L’homme de 33 ans projette de rentrer dans « un mois ou deux ».

    Ahmed travaille dans un restaurant chic situé à Fatih, un quartier de la rive européenne d’Istanbul où habitent une grande partie des 500 000 Syriens de la ville. Il s’est fait emprisonner en Syrie en 2011, accusé d’avoir posé une bombe dans l’un des bureaux du Baas, le parti du dictateur, puis a trouvé refuge en Turquie en 2015. Son jeune collègue, Muhammad, les cheveux en brosse, raconte brièvement ne plus avoir de nouvelles de ses deux parents depuis 10 ans, sans trop se bercer d’illusions sur leur sort. Lui aussi pense à rentrer.

    « La chute d’Assad a été très rapide, et ça a été un choc pour eux », note Kadri Güngörür, le directeur de l’aide sociale à Mülteciler Derneği (l’association des réfugiés), basée à Sultanbeyli, un quartier excentré d’Istanbul. Environ 95 % de ses bénéficiaires sont Syriens. « Sur le coup, ils disent qu’ils veulent rentrer. Mais ensuite, ils commencent à réfléchir au fait que là-bas, il n’y a pas d’écoles ni d’hôpitaux, que leurs enfants parlent turc [près de la moitié des personnes sous protection temporaire, le statut créé pour les Syriens en 2013, ont moins de 18 ans] », poursuit le trentenaire aux lunettes rondes.
    Le regard tourné vers la Syrie

    Entre le 9 et le 13 décembre, seulement 7 621 Syriens ont passé la frontière turque vers la Syrie. Mohammed, originaire de Damas, est employé dans une fabrique de textile à Fatih. Une cigarette largement finie dans la main, il veut « voir si un gouvernement se met en place » avant de faire ses valises, explique-t-il, la voix couverte par le bruit des machines à coudre. Il a étudié le journalisme à l’université, mais pour l’heure, il repasse du tissu, en claquettes dans ce petit atelier.

    Lorsqu’Assad a fui en Russie, Ibrahim* a savouré une liberté nouvelle depuis Istanbul. « Avant en Syrie, on n’avait pas le droit de dire le mot ’dollar’ au téléphone. J’ai appelé ma famille et je l’ai répété en boucle », sourit cet ancien élève du lycée français Charles-de-Gaulle à Damas. « Je pense beaucoup à rentrer mais j’ai peur que ce soit juste de l’excitation ». Venu à Istanbul en 2014 pour étudier, il avait promis à ses parents de revenir rapidement. Depuis, il n’a pas remis un pied en Syrie.

    Ibrahim accorde une certaine confiance à HTS, les rebelles à l’origine du départ d’Assad. « J’ai bon espoir. J’ai vu sur les réseaux sociaux que des soirées de musique techno avaient repris ».

    En ce samedi soir, il va justement célébrer la chute de « Bachar » avec des amis à Beyoğlu, un quartier festif d’Istanbul. Masa aussi est « trop contente », mais elle appréhende la nouvelle orientation politique de son pays. « Je ne veux pas d’un État islamique, sinon ce sera difficile pour tout le monde, pour les femmes comme pour les hommes ». Elle se dit prête à quitter Istanbul, « sa deuxième maison ». « J’étais libre ici, mais avec les Turcs, on a une relation amour/haine », ajoute-t-elle en riant.

    Le bar où s’est réunie la trentaine d’amis a interdit la présence de drapeaux syriens, remisés au vestiaire, car « trop politiques ». Le moral de la troupe reste au beau fixe malgré cette embûche, qui illustre les propos de Bilal*. « Tout est compliqué pour nous en Turquie », râle-t-il. Cheveux mi-longs et nez de boxeur, l’homme de 32 ans est sur le point de mettre les voiles à l’opposé de son pays d’origine. Il a obtenu un visa d’un an pour la France. Arrivé en 2015, il a vu le regard des Turcs changer à mesure que le pays s’est enfoncé dans une crise économique durable - l’inflation était de 47 % sur une année en novembre 2024 -, dont les réfugiés ont été désignés responsables. « Ils n’acceptent pas que je réussisse en étant Syrien, expose l’agent immobilier. Je me suis embrouillé avec un taxi à cause de ça récemment ».
    « Le seul sujet qui unifie les Turcs »

    « Les Syriens, c’est le seul sujet qui unifie les Turcs. Près de 75 à 85 % veulent qu’ils rentrent chez eux », détaille Didem Danış, chercheuse spécialisée sur le sujet et professeure à l’université Galatasaray d’Istanbul. Le CHP, principal parti d’opposition à Erdoğan, avait promis, lors de l’entre-deux tours de la présidentielle de 2023, d’expulser les réfugiés. « La xénophobie peut les motiver à rentrer, analyse l’universitaire. Mais ils font un calcul entre ça et la grande incertitude en Syrie ».

    Yaman habite avec sa famille à Sulukule, un quartier qui accueillait beaucoup de réfugiés jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible d’y prendre un permis de résidence en étant étranger. « Les Turcs sont plutôt hostiles », témoigne cet étudiant syrien de 22 ans, naturalisé. « Lui, je le déteste par exemple », souffle-t-il alors qu’un voisin au bonnet jaune le nargue dans la rue.

    Muhammat, 20 ans, natif de Damas, s’est battu dans le tramway il y a peu, lorsqu’un homme l’a entendu parler en arabe. Un brin nostalgique de son pays, il pense tout de même rester en Turquie. Il inaugure tout juste sa boutique de calligraphie dans le quartier de Balat, en jonglant avec des études de dentiste. « Tous les vendredis, on allait prier à la mosquée des Omeyyades [à Damas, ndlr], puis on allait se promener en forêt », se souvient-il. En 2012, son père a profité d’un déplacement professionnel pour embarquer toute la famille, direction Istanbul. « Le bruit des bombes faisait trembler la maison, comme pendant un séisme ».
    Des émissaires afin de jauger la situation

    Ses parents pensent rentrer à la fin de l’année scolaire. « Avant le ramadan [au mois de mars, ndlr], les Syriens vont analyser l’évolution de la situation, anticipe la chercheuse Didem Danış. Des jeunes hommes vont se rendre sur place dans un premier temps et aller voir l’état de leurs propriétés, et envisager un retour de la famille ». Murat Bakan, le vice-président du CHP, propose la création d’un statut spécial pour ces sortes d’émissaires, car pour l’heure, toute sortie du pays est définitive.

    Certains semblent avoir pris leur décision à la hâte. Dans le grand bâtiment de son association, financée à 90 % par l’Union européenne (UE) et le reste par la mairie de Sultanbeyli (dirigée par l’AKP d’Erdoğan), Kadri Güngörür raconte que deux familles de bénéficiaires sont rentrées au pays. « Elles nous ont appelés pour dire qu’elles regrettent leur choix. Il n’y a pas d’eau ni d’électricité dans leur maison ». Les quelques milliers de personnes qui ont passé la frontière jusqu’ici l’ont davantage fait par obligation. « Ce sont des familles qui avaient des problèmes de documents, dont un membre avait été expulsé par exemple », liste Didem Danış.

    Les conditions de séjour en Turquie se sont durcies, avant même la chute d’Assad, assorties de contrôles d’identité récurrents. Entre 2016 et 2022, 500 000 Syriens avaient quitté la Turquie. « Le bureau de l’immigration me fait souffrir, déplore Zakaria, serveur dans un restaurant syrien, en tenue traditionnelle. Je n’arrive pas renouveler mes documents, et je ne peux pas sortir d’Istanbul ». Le statut de protection temporaire interdit notamment aux réfugiés de changer de province.

    Pour ceux qui ont obtenu la citoyenneté turque, la vie est plus simple. Ils sont près de 280 000, et peuvent voter. En général, ils ne tarissent pas d’éloges sur Erdoğan. « Il nous a énormément aidés », salue Walid, 22 ans. Vendeur au grand bazar d’Istanbul, il s’est totalement adapté en cinq ans, au point d’en oublier l’arabe. « Je ne veux pas rentrer. Je me sens Turc maintenant, et tous mes amis sont ici », souligne-t-il, cheveux bouclés et doudoune sans manche.
    La grande majorité devrait rester

    Didem Danış estime que deux millions de Syriens resteront en Turquie, quand un million feront leur valises, sur le long terme. « Au plus fort des flux migratoires, en 2014-2015, il n’y avait pas plus d’un million de personnes qui arrivaient. Ça veut dire que le retour sera encore plus lent. Si tout se passe bien en Syrie, il devrait y avoir beaucoup de retours au printemps-été 2025, mais pas plus d’un demi-million de personnes par année ».

    Wafa, elle, a décidé de ne pas choisir. Cette ancienne professeure d’anglais de 55 ans a été naturalisée turque, et fait de la traduction bénévole pour les réfugiés. « Depuis la libération du pays, j’ai deux maisons, une en Syrie et l’autre en Turquie », se réjouit celle qui a passé neuf mois derrière les barreaux pour s’être révoltée contre le régime d’Assad, en 2014.

    Dans ses propos, Erdoğan se veut rassurant. « À mesure que la Syrie gagnera en stabilité, le nombre de retours volontaires, sécurisés, dignes et réguliers augmentera également », sans envisager de retours forcés. Selon Didem Danış, le pouvoir va sans doute transformer le statut de réfugié « en permis humanitaire ou de travail par exemple, pour justifier leur présence ».

    Mercredi 18 décembre, l’UE a débloqué un milliard d’euros pour l’aide aux Syriens en Turquie. Kadri Güngörür et son association vont donc continuer à travailler pour plus de « cohésion sociale » entre Turcs et réfugiés, car la cohabitation pourrait encore durer un certain temps.

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  • Après la chute d’Assad, la France et d’autres pays de l’UE suspendent les demandes d’asile des Syriens

    À peine le régime d’Assad tombé en Syrie que plusieurs pays européens annoncent la suspension de leur programme d’asile pour les demandeurs d’asile syriens. C’est le cas de la #France - et de l’#Allemagne, qui compte près d’un million de Syriens. Tour d’horizon des mesures prises en Europe.

    Le président #Bachar_al-Assad a fui la Syrie dimanche 8 décembre, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes. La chute de ce gouvernement marque un tournant de l’histoire qui a mis fin à un demi-siècle de règne sans partage de ce clan familial.

    Mais si l’avenir politique de la Syrie reste incertain, certains pays européens envisagent déjà de restreindre l’asile aux exilés syriens.

    France

    Le ministre de l’Intérieur a fait savoir lundi que la France travaille « sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie », indique Le Parisien. En 2023, plus de 4 000 demandes d’asile de ressortissants syriens ont été enregistrées en France, selon les derniers chiffres de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) chargé d’examiner les demandes.

    Allemagne

    Berlin a décidé de suspendre les décisions sur les demandes d’asile en cours d’exilés syriens. L’Allemagne est le pays de l’Union européenne qui accueille la plus importante part de Syriens en exil.

    Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, près d’un million de Syriens (974 136) résident actuellement en Allemagne. Parmi eux, 321 444 ont obtenu le statut de réfugié et 329 242 ont bénéficié d’une protection subsidiaire, un sursis plus temporaire, tandis que des dizaines de milliers d’autres cas restent en suspens.

    La situation actuelle en Syrie reste toutefois « très confuse », a toutefois affirmé la ministre allemande de l’Intérieur, après la fuite du président Assad chassé par une offensive spectaculaire de rebelles islamistes. « Les possibilités concrètes de retour ne sont pas encore prévisibles pour le moment et il ne serait pas sérieux de spéculer à ce sujet dans une situation aussi volatile », a-t-elle souligné.

    Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Sebastian Fischer, a rappelé lundi que des combats avaient toujours lieu en Syrie. « Le fait que le régime d’Assad ait pris fin n’est malheureusement pas une garantie d’une évolution pacifique », a-t-il déclaré lors d’un point de presse.

    #Autriche

    Les autorités autrichiennes ont également annoncé lundi 9 décembre que les demandes d’asile de Syriens allaient être suspendues. Les autorités ont aussi annoncé préparer « un programme d’expulsion ».

    « À partir de maintenant, l’ensemble des procédures en cours vont être stoppées », a déclaré le ministère de l’Intérieur autrichien dans un communiqué. Environ 7 300 dossiers sont concernés par cette décision parmi les quelque 100 000 Syriens vivant en Autriche, un des pays qui en a accueilli le plus en Europe.

    Le cas de ceux qui se sont déjà vu accorder l’asile va également être réexaminé. Le regroupement familial est de même suspendu. « Dans ce contexte, j’ai chargé le ministère de préparer un programme de rapatriement et d’expulsion vers la Syrie », a ajouté le ministre de l’Intérieur Gerhard Karner.

    « La situation politique en Syrie a fondamentalement changé, avec une soudaine accélération des événements ces derniers jours », a souligné le ministère, jugeant « important de réévaluer la situation ».

    Depuis 2015, environ 87 000 Syriens ont reçu une réponse positive à leur demande d’asile dans le pays de neuf millions d’habitants.

    #Danemark

    Le Danemark aussi suit la même ligne que les Allemands et les Autrichiens. La commission de recours des réfugiés danoise « a décidé de suspendre le traitement des dossiers concernant des personnes en provenance de Syrie en raison de la situation très incertaine dans le pays après la chute du régime Assad », a-t-elle écrit dans un communiqué.

    La décision concerne actuellement 69 cas, a-t-elle précisé.

    La commission de recours a également « décidé de reporter la date limite de départ pour les personnes en mesure d’être expulsées vers la Syrie », ce qui concerne 50 cas, a-t-elle précisé.

    À l’été 2020, le Danemark était devenu le premier pays de l’Union européenne à réexaminer des centaines de dossiers de réfugiés syriens au motif que « la situation actuelle à Damas n’est plus de nature à justifier un permis de séjour ou son extension ». Dans les faits, il n’y avait pas eu de retour forcé de réfugiés syriens vers la Syrie.

    Le Danemark a une politique d’accueil très restrictive avec un objectif assumé de « zéro demandeur d’asile ». Il encourage les retours volontaires des Syriens et ne délivre que des permis de résidence temporaire depuis 2015.

    #Norvège

    Même décision de la part de la Norvège. Helsinki suspend l’examen des dossiers d’asile des Syriens. « La situation dans le pays reste très floue et non résolue », écrit le directorat norvégien de l’immigration (UDI) dans un communiqué.

    Concrètement, cela signifie que le traitement des dossiers d’asile est à l’arrêt : l’UDI « ne rejettera ni n’accordera les demandes des Syriens qui ont demandé l’asile en Norvège, pour le moment », précise l’organisation sans donner le nombre de dossiers concernés.

    La Norvège a reçu 1 933 #demandes_d'asile de la part de Syriens depuis le début de l’année.

    #Suède

    Stockholm a aussi suspendu l’examen des demandes d’asile des Syriens, selon les services de l’immigration. À l’instar de l’Autriche, les permis de séjour des réfugiés en provenance de Syrie devraient être « réexaminés » à la lumière de la chute du président syrien Bachar al-Assad, a estimé le chef de file des Démocrates de Suède (SD, extrême droite), associé à la coalition gouvernementale. « Les nouvelles situations exigent de nouvelles appréciations », a lâché Jimmie Akesson, le chef de file des SD.

    La Suède est le deuxième pays au sein de l’UE à avoir accueilli le plus grand nombre de Syriens fuyant la guerre civile en 2015 et 2016, après l’Allemagne.

    Sur les 163 000 demandeurs d’asile en 2015, plus de 50 000 venaient de Syrie, selon les chiffres de l’autorité suédoise de statistiques SCB.

    La Suède a durci sa politique migratoire ces dernières années, restreignant le regroupement familial, œuvrant pour le retour et l’expulsion de migrants en situation irrégulière.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/61626/apres-la-chute-dassad-la-france-et-dautres-pays-de-lue-suspendent-les-
    #Syrie #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_syriens #retour_au_pays #suspension

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    • La #Suisse suspend les procédures pour les requérants d’asile syriens

      A l’instar d’autres Etats, la Suisse suspend les procédures et les décisions d’asile pour les requérants syriens. Cette mesure restera en vigueur jusqu’à nouvel ordre, a annoncé lundi le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM).

      Le SEM n’est actuellement pas en mesure d’examiner de manière fondée s’il existe des motifs d’asile et si l’exécution d’un renvoi est raisonnablement exigible, précise-t-il sur X.

      Au Parlement, le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis a interprété cette décision comme « le signe d’une très forte instabilité ». Le SEM a probablement des signaux selon lesquels la situation est instable et qu’il vaut mieux attendre et geler les décisions pour quelques jours ou quelques semaines, a-t-il dit.

      28’000 Syriens en Suisse

      Le SEM estime que les Syriens qui souhaitent rentrer dans leur pays vont d’abord observer comment la situation évolue sur place. Il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour qu’une nouvelle structure et sa stabilité se dessinent.

      A la fin 2023, environ 28’000 ressortissants syriens séjournaient en Suisse, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS). Depuis le début de la guerre civile qui y sévit, la Syrie compte parmi les principaux pays de provenance des demandeurs d’asile en Suisse.

      Sur X, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a fait savoir que la Suisse débloquait deux millions de francs supplémentaires pour l’aide d’urgence en Syrie : un million pour l’ONU (Bureau de la coordination des affaires humanitaires) et un million pour le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
      D’autres Etats font de même

      Au lendemain de la chute du président syrien Bachar al-Assad, de nombreux Etats examinent la situation des réfugiés syriens. Les gouvernements allemand, autrichien, suédois, danois, norvégien et belge ont décidé lundi de la suspension des demandes d’asile des ressortissants syriens. La France envisage de leur emboîter le pas.

      L’Allemagne est le pays de l’Union européenne qui accueille la plus importante diaspora syrienne. Moins de 48h après le renversement du président Assad, le débat d’un retour des migrants syriens a déjà été lancé dans la première économie européenne en campagne électorale, notamment par l’extrême droite et la droite conservatrice.

      Amnesty International a fustigé le « signal totalement erroné » envoyé par Berlin avec le gel de l’examen des demandes d’asile, qui concerne selon l’ONG « près de 50’000 personnes ». « Le prix » d’une réévaluation de la situation à Damas « ne devrait pas être payé par ceux qui tentent depuis des années de se construire une nouvelle vie », déplore l’ONG.
      L’ONU appelle à « la patience et la vigilance »

      Le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) a appelé lundi à faire preuve « de patience et de vigilance » sur la question du retour des réfugiés syriens dans leur pays.

      « Le HCR conseille de rester concentré sur la question des retours » et espère que les développements sur le terrain permettront « enfin des retours volontaires, sûrs et durables - avec des réfugiés capables de prendre des décisions éclairées », écrit le patron de l’agence onusienne Filippo Grandi dans un communiqué.

      https://www.rts.ch/info/2024/article/la-suisse-suspend-les-procedures-pour-les-requerants-d-asile-syriens-28722203.ht

    • Chute d’Assad en Syrie : l’#ONU appelle à « la #patience et la #vigilance » sur la question du retour des réfugiés

      Le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés a appelé lundi à faire preuve « de patience et de vigilance » sur la question du retour des réfugiés syriens dans leur pays après la chute de Bachar al-Assad alors que plusieurs États européens ont annoncé suspendre les demandes d’asile des Syriens.

      Éviter à tout prix la précipitation. C’est le message qu’a voulu faire passer lundi 9 septembre le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) aux pays accueillant des réfugiés syriens. L’agence onusienne a appelé à faire preuve « de patience et de vigilance » sur la question du retour des réfugiés syriens dans leur pays après la chute de Bachar al-Assad.

      « Le HCR conseille de rester concentré sur la question des retours » et espère que les développements sur le terrain permettront « enfin des retours volontaires, sûrs et durables - avec des réfugiés capables de prendre des décisions éclairées », écrit le patron de l’agence onusienne Filippo Grandi dans un communiqué.

      De très nombreux réfugiés ont notamment déjà décidé de rentrer dans leur pays depuis la Turquie. Le pays accueille près de trois millions de Syriens et a annoncé lundi la réouverture d’un poste-frontière fermé depuis 2013 pour faciliter le retour de ces personnes dans leur pays.
      Demandes d’asile suspendues

      En Europe, dès le lendemain de la chute de Bachar al-Assad, le débat sur l’accueil des réfugiés syriens a ressurgi et plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile pour les exilés de ce pays.

      En France, le ministère de l’Intérieur a indiqué lundi « travailler sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie », avant que l’Ofpra (Office français de protection de réfugiés et apatrides), l’organisme indépendant chargé de statuer sur ces demandes de protection, ne nuance la portée de cette annonce.

      L’établissement public a précisé « suivre attentivement la situation en Syrie » dans un communiqué. « Comme toujours en cas de situation évolutive dans un pays d’origine de demandeurs d’asile, cela peut conduire à suspendre provisoirement la prise de décision sur certaines demandes d’asile émanent de ressortissants syriens, en fonction des motifs invoqués », a détaillé l’Office.
      « Les besoins en Syrie restent immenses »

      De son côté Filippo Grandi a souligné que, pour l’heure, la situation sur le terrain en Syrie reste très incertaine. « À mesure que la situation évolue, nous surveillerons les développements, nous engagerons des contacts avec les communautés de réfugiés et soutiendrons les États dans tout retour volontaire organisé », a-t-il indiqué. Dans un message posté sur X, le responsable a également appelé à prendre en compte les « vies et aspirations des Syriens ».

      « N’oublions pas non plus que les besoins en Syrie restent immenses », souligne encore le responsable, face aux destructions provoquées par le conflit. Aujourd’hui 90 % de la population syrienne dépend de l’aide humanitaire et l’hiver approche, rappelle Filippo Grandi.

      « Nous appelons également les donateurs à veiller à ce que le HCR et ses partenaires disposent des ressources nécessaires pour intervenir rapidement et efficacement, notamment dans les pays voisins qui accueillent encore des millions de réfugiés », insiste le Haut-commissaire.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/61639/chute-dassad-en-syrie--lonu-appelle-a-la-patience-et-la-vigilance-sur-

    • Syrie : à peine le dictateur déchu, l’Europe songe à se débarrasser de ses réfugiés syriens

      L’Allemagne, l’Italie ou la Suède ont décidé de geler les demandes d’asile des Syriens. L’Autriche va plus loin en voulant même expulser les réfugiés syriens de son territoire. En France, le ministre démissionnaire de l’intérieur veut lui aussi une « pause ».

      LesLes annonces n’auront pas tardé. À peine la chute du dictateur Bachar al-Assad rendue officielle, plusieurs pays de l’Union européenne (UE) ont déclaré suspendre les demandes d’asile des ressortissant·es syrien·nes ayant cherché refuge sur leur territoire, laissant apparaître un opportunisme indécent face au drame vécu par le peuple syrien et les difficultés de l’exil.

      C’est notamment le cas de l’Allemagne, qui s’était pourtant démarquée, en 2015, en accueillant près de un million de Syrien·nes qui avaient fui la guerre. L’opposition de droite conservatrice n’a pas mâché ses mots : « Et si le gouvernement fédéral disait : “À tous ceux qui souhaitent retourner en Syrie, nous affréterons des charters pour eux et ils recevront une somme de départ de 1 000 euros” », a osé Jens Spahn, vice-président du groupe CDU/CSU au Parlement allemand.

      Au vu de l’« incertitude actuelle », l’office chargé d’examiner les demandes d’asile en Allemagne (Office fédéral des migrations et des réfugiés) a décrété un « gel des décisions pour les procédures d’asile actuellement encore en cours », a expliqué la ministre de l’intérieur allemande, Nancy Faeser. Le porte-parole de l’office a expliqué surveiller l’évolution de la situation en Syrie.

      L’Italie, la Suède, la Norvège et le Danemark ont eux aussi annoncé un gel des demandes d’asile s’agissant de cette nationalité, tandis que l’Autriche a annoncé vouloir expulser les réfugié·es syrien·nes vivant sur son sol. « J’ai ordonné au ministère de préparer un plan pour des rapatriements et des expulsions ordonnés », a assumé le ministre de l’intérieur autrichien, Gerhard Karner, lundi 9 décembre.
      Retailleau veut une « pause »

      En France, dans un communiqué, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a déclaré « suivre attentivement la situation en Syrie ». « Comme toujours en cas de situation évolutive dans un pays d’origine de demandeurs d’asile, cela peut conduire à suspendre provisoirement la prise de décision sur certaines demandes d’asile émanant de ressortissants syriens, en fonction des motifs invoqués », peut-on lire.

      Sans surprise, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, qui ne cesse de criminaliser les immigré·es dans une logique à la fois idéologique et électoraliste, a quant à lui fait savoir qu’il entendait appuyer sur « pause » s’agissant de l’accueil des réfugié·es syrien·nes. Le ministère de l’intérieur français a indiqué lundi « travailler sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie », après la chute du régime de Bachar al-Assad ce week-end, indiquait l’AFP dès le 9 décembre.

      « Le ministre démissionnaire de l’intérieur qui gère les affaires courantes annonce gérer une affaire qui ne relève même pas de son champ quand il est de plein exercice. L’Ofpra bénéficie d’une indépendance fonctionnelle. Et certains louent la compétence de Bruno Retailleau ? », abonde Thibaud Mulier, constitutionnaliste et maître de conférences en droit public.

      Pour tous ces pays européens, la libération de la Syrie et de son peuple semble s’apparenter à du pain bénit. Il ne s’agit plus de se réjouir des libertés retrouvées d’un peuple – bien qu’encore incertaines –, mais de l’idée de pouvoir se débarrasser des réfugié·es accueilli·es par le passé, comme s’il s’agissait d’un vulgaire stock de marchandises. Tous semblent par ailleurs oublier que le statut de réfugié·e peut aussi être accordé pour d’autres motifs que celui de la guerre, comme la religion ou l’orientation sexuelle.

      L’ONG Médecins sans frontières y voit une « instrumentalisation des migrants à des fins politiques » et un « empressement profondément honteux » à restreindre le droit d’asile. « Deux jours seulement après la chute d’al-Assad en Syrie, plusieurs pays européens ont sauté sur l’occasion pour annoncer publiquement qu’ils mettaient en suspens la demande de protection des Syriens au titre de la procédure d’asile sur leur sol. »

      Comment a-t-on pu en arriver là ? En réalité, les velléités de certains pays de l’UE (et d’autres pays à travers le monde) sur le renvoi des réfugié·es syrien·nes ne datent pas d’hier. Ces dernières années, les discours se sont durcis à leur endroit, comme lorsque le Danemark ou la Suède ont choisi de restreindre la protection à laquelle ils et elles pouvaient prétendre, jugeant que la ville de Damas, dans un pays en proie à la guerre et aux conflits, était une zone « sûre » pour les réfugié·es.

      Pour mieux comprendre ce que cela signifie, il faut se plonger dans les entrailles du système d’asile européen, et prendre la mesure des conséquences de telles mesures : si une région d’un pays ou un pays dans sa globalité est considéré comme « sûr », des personnes exilées originaires de ces zones peuvent y être renvoyées, sans violer le principe de non-refoulement imposé par la Convention de Genève relative aux réfugié·es.

      En août, l’Allemagne s’est par exemple targuée d’avoir repris les expulsions de ressortissant·es afghan·es, trois ans après le retour au pouvoir des talibans, en justifiant que ceux-ci représentaient une menace pour la société. La question des Syrien·nes avait également été posée.

      En France, en janvier 2023, Amnesty International et la Cimade alertaient sur deux tentatives d’expulsion de Syriens vers la Syrie, pour lesquels la préfecture avait pris attache avec les autorités syriennes, malgré le risque qu’ils encouraient en cas de renvoi. « Nos organisations demandent au gouvernement de clarifier sa position en rappelant aux préfectures les obligations internationales de la France, qui interdisent de façon absolue le renvoi d’une personne dans un pays où elle risque la mort, la torture et d’autres mauvais traitements », indiquaient-elles.

      Dans un rapport publié en 2021, Amnesty International décrivait les violences que pouvaient subir les réfugié·es syrien·nes de retour dans leur pays, entre détention arbitraire et disparitions forcées ; sans parler des cas de torture. Parmi les personnes interrogées, des réfugié·es qui avaient trouvé refuge dans des pays voisins comme la Turquie, le Liban ou la Jordanie, et qui en avaient été expulsé·es, malgré la notion de pays « sûr ».

      Cette question des pays sûrs, qui empêche certains États d’éloigner des ressortissant·es de pays non sûrs, est au cœur des débats au niveau européen. L’Italie a bataillé pour extraire des pays comme l’Égypte et le Bangladesh de la liste des pays « sûrs », de sorte de pouvoir expulser leurs ressortissant·es… Jusqu’à ce qu’un tribunal italien annule le renvoi de plusieurs exilés, en vertu d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

      Dans le même temps, l’UE ne cache pas son envie d’expulser les exilé·es qui ne pourraient prétendre à aucune protection : le pacte migratoire européen voté au printemps dernier devrait faciliter la tâche aux États membres, tandis que le récent accord signé entre l’Italie et l’Albanie pour sous-traiter les demandes d’asile dans ce pays tiers a déjà été repris par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, comme source d’inspiration.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/121224/syrie-peine-le-dictateur-dechu-l-europe-songe-se-debarrasser-de-ses-refugi
      #pays_sûrs

    • Suspension des demandes d’asile de Syriens en Europe : inquiétudes autour d’une décision hâtive

      Quelques heures seulement après l’annonce de la chute de Bachar al-Assad en Syrie, plusieurs pays européens, dont la France, ont indiqué suspendre les demandes d’asile de Syriens. Des ONG et politiques ont réagi à cette annonce, la jugeant hâtive et dangereuse pour les Syriens dont l’avenir est encore très incertain.

      Après l’annonce de la chute de Bachar, plusieurs pays européens, dont la France, se sont empressés de suspendre les demandes d’asile dans le pays. Le ministère de l’Intérieur français a indiqué lundi « travailler sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie ». Une annonce prise à la hâte et impossible à mettre en place car, concernant l’asile, seule l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), organisme indépendant, est décisionnaire.

      De son côté, l’Ofpra a annoncé « suspendre provisoirement la prise de décision sur certaines demandes d’asile émanant de ressortissants syriens » dans le but de prendre du recul sur la situation. « L’instance attend de savoir s’il y a des craintes légitimes en cas de retour dans le pays. Tant qu’elle ne peut pas répondre à cette question, elle suspend ses décisions », a expliqué à InfoMigrants Laurent Delbos, juriste à Forum réfugiés. De même en Allemagne, seule la décision finale sur l’asile est reportée mais les dossiers continuent à être examinés.

      D’autres États en revanche sont allés plus loin encore que la France et l’Allemagne. L’Autriche a ainsi indiqué que le regroupement familial était suspendu pour les Syriens réfugiés dans le pays. Vienne a également affirmé, de même que le Danemark et la Suède, vouloir réexaminer les dossiers des réfugiés syriens vivant dans le pays en vue d’une éventuelle expulsion.
      « La sécurité des demandeurs d’asile doit être placée au cœur de la prise de décision »

      Ces décisions ont été rapidement critiquées par des ONG, associations de défense des droits humains et instances internationales. L’ONU a appelé mardi à « la patience et la vigilance » sur la question du retour des réfugiés dans leur pays alors que la situation y est encore très incertaine. "Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) espère que les développements sur le terrain permettront « enfin des retours volontaires, sûrs et durables - avec des réfugiés capables de prendre des décisions éclairées », a déclaré le patron de l’agence onusienne Filippo Grandi dans un communiqué.

      De même, Amnesty international a dénoncé les décisions européennes de suspendre les demandes d’asile des Syriens. « Les pays devraient éviter de plonger les réfugié·e·s syriens et les personnes en quête d’asile dans des situations d’incertitude et de précarité accrues. Bien au contraire, la sécurité des personnes demandeuses d’asile doit être placée au cœur de la prise de décision et non sacrifiée au profit de la politique anti-réfugiés qui s’empare actuellement de l’Europe », a déclaré Eve Geddie, la directrice du Bureau d’Amnesty international auprès des institutions européennes.

      Le sénateur écologiste français Yannick Jadot a lui jugé jeudi « indécente » la réaction de nombreux gouvernements européens à la chute de Bachar al-Assad, qui se sont aussitôt focalisés sur le retour des réfugiés plutôt que sur l’aide à la reconstruction. En France, « on a 700 demandes d’asile de personnes syriennes (en attente) à l’Ofpra. Donc franchement, il n’y a pas d’invasion, il n’y a pas de crise », a souligné l’ancien député européen.

      Selon lui, l’Europe devrait « proposer une aide à la reconstruction, une aide à l’installation de la démocratie, y compris pour mettre la pression sur le nouveau régime syrien sur le respect des droits des femmes et des minorités ».

      Inquiétudes des minorités

      C’est notamment autour de ces questions des droits des femmes et des minorités que demeure la plus grande incertitude : tous les Syriens et toutes les communautés syriennes seront-elles en sécurité dans un pays géré par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ? Certains Syriens n’auront-ils pas des motifs de demander une protection internationale dans un autre pays ?

      Des Syriens, craignant pour leur sécurité, ont déjà décidé de quitter le pays. À la frontière libanaise, des personnes de confession chiite qui fuient la Syrie croisent ainsi le flux de réfugiés qui souhaitent revenir. Les Syriens chiites craignent d’être persécutés en raison de leur foi alors que le HTS prône un islam sunnite radical. « Ils ont déjà commencé à vouloir nous contrôler. Ils disent ‘vous devez prier comme nous, vous devez pratiquer votre religion comme nous le voulons’. Ils vous nous attaquer, comme ils l’ont déjà fait avant », a témoigné sur France 2 une Syrienne professeure des écoles.

      Il en est de même pour les chrétiens qui représentent aujourd’hui entre 2 et 5 % de la population syrienne selon les sources. « Nous étions une minorité qui avait du poids, moins aujourd’hui. La part de la présence chrétienne en Syrie est passée de 8 % à 2 %, de deux millions à 500 000 personnes. À Alep, nous ne sommes plus que 25 000 contre 200 000 avant la guerre », décrivait en septembre dernier au Monde Nabil Antaki, un notable chrétien d’Alep, fondateur de l’Association des maristes bleus qui vient en aide aux démunis de toutes confessions.

      Le Premier ministre chargé de la transition en Syrie, Mohammad al-Bachir, a assuré mercredi que la coalition rebelle, menée par des islamistes radicaux, qui a chassé Bachar al-Assad du pouvoir garantirait les droits de toutes les communautés, appelant les millions d’exilés à rentrer au pays.

      HTS affirme avoir rompu avec le djihadisme mais il reste classé mouvement « terroriste » par plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis. Mohammad al-Bachir a en outre appelé les Syriens exilés à rentrer chez eux pour « reconstruire » le pays, à majorité arabe sunnite, où cohabitent plusieurs communautés ethniques et confessionnelles.

      Quelque six millions de Syriens, soit un quart de la population, ont fui le pays depuis 2011, quand la répression de manifestations prodémocratie a déclenché une guerre dévastatrice qui a fait plus d’un demi-million de morts.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/61707/suspension-des-demandes-dasile-de-syriens-en-europe--inquietudes-autou

    • « Le renvoi des réfugiés syriens est prématuré »

      Après 14 ans de conflit en Syrie, les récents développements sont sources d’espoir, mais aussi d’incertitudes pour des millions de réfugiés ou exilés syriens dans le monde.

      Alors que des pays européens entament la suspension des demandes d’asile des réfugiés syriens et préparent un plan de rapatriement, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés appelle à faire preuve de patience et de vigilance.

      Selon le HCR, la situation reste encore incertaine, pour permettre des retours volontaires, sûrs et durables. Au fur et à mesure que la situation évolue positivement, le HCR se dit prêt à soutenir les États dans le cadre de tout retour volontaire organisé.

      Pour aborder toute cette problématique du retour des réfugiés syriens, un porte-parole du HCR William Spindler a répondu aux questions d’Alpha Diallo.

      https://news.un.org/fr/audio/2024/12/1151351

    • Menaces de #rapatriement, suspension des demandes d’asile : l’avenir incertain des réfugiés syriens

      À peine Bachar al-Assad était-il tombé que plusieurs pays européens, dont la France, ont suspendu les demandes d’asile de Syriens. Des politiciens de droite appellent même à leur rapatriement. 6,6 millions de Syriens ont fui le pays depuis 2011.

      Dès le lendemain de la chute du régime de Bachar al-Assad, neuf pays du continent européen (France, Allemagne, Norvège, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Suède, Royaume-Uni, Suisse) ont annoncé suspendre l’examen des demandes d’asiles de Syriens.

      « Après la chute du régime Assad, la situation en Syrie est extrêmement dynamique, confuse et difficile à évaluer. Sur la base de la situation actuelle et de son évolution imprévisible, il n’est pas possible de prendre une décision définitive sur l’issue d’une procédure d’asile », a justifié l’Office allemand des réfugiés et de la migration. En cas de stabilisation de la situation, l’Office envisagera d’adapter sa pratique décisionnelle et reprendra ensuite l’ensemble de ses activités de décision », ajoute l’administration.

      « Comme toujours en cas de situation évolutive dans un pays d’origine de demandeurs d’asile, cela peut conduire à suspendre provisoirement la prise de décision sur certaines demandes d’asile émanant de ressortissants syriens, en fonction des motifs invoqués », explique aussi l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). 2500 demandes d’asile ont été déposées en France depuis début 2024. 700 demandes (mineurs inclus) d’asile de Syriens sont actuellement en cours de traitement en France.
      6,6 millions de Syriens réfugiés

      L’Espagne poursuit en revanche l’étude des demandes d’asile en cours. « Aucune mesure supplémentaire n’est nécessaire, car contrairement à d’autres pays européens où les Syriens représentent une part très importante des demandes d’asile, ce n’est pas le cas ici », a déclaré le socialiste José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères espagnol.

      En 13 ans de guerre, 6,6 millions de Syriens ont fui leur pays, principalement vers les pays frontaliers : Turquie, Liban, Jordanie. En Europe, l’Allemagne a accueilli le plus grand nombre de réfugiés de Syrie, près d’un million depuis 2011. 200 000 réfugiés syriens vivent aussi en Suède, 95 000 en Autriche. 45 000 Syriens et Syriennes ont trouvé refuge en France.

      À travers l’Europe, des ministres et politiciens de droite se sont jetés sur l’événement pour aller jusqu’à demander, déjà, le retour des réfugiés syriens. En Autriche, le ministre de l’Intérieur, issu du parti conservateur, a indiqué « préparer un programme de rapatriement et d’expulsion vers la Syrie ».

      En Allemagne, un député conservateur (de l’opposition) a même proposé que le gouvernement fédéral affrète des avions pour rapatrier les Syriens et offre 1000 euros à chaque réfugié qui partirait. « La situation en Syrie est encore très dangereuse », a répliqué le chancelier Olaf Scholz (social-démocrate), soulignant qu’un retour des Syriens n’était pas à l’ordre du jour.
      En France, des annonces polémiques

      À Paris, le ministère de l’Intérieur a annoncé lundi travailler « sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie, sur le même modèle que ce que fait l’Allemagne ». « C’est de la communication politique. Le ministre n’a aucune instruction à donner à l’Ofpra, l’organe qui décide des demandes d’asile en France métropolitaine », note Gérard Sadik, responsable national de l’asile à la Cimade, joint par Basta !.

      « Bachar est tombé il y a quelques jours à peine, arrêtons de prendre des décisions précipitées, on doit rester conformes aux traités internationaux » qui prolongent le droit d’asile, appelle aussi Étienne Marest, président d’une association d’accueil de réfugiés syriens et syriennes que nous avons contacté.

      « Certains Syriens ont passé des années dans la prison de Saydnaya, torturés, affamés. Il faut qu’ils puissent quitter ce pays et demander l’asile », souligne aussi Gérard Sadik. Et bien que le régime d’Assad soit tombé, des conditions dangereuses pourraient perdurer en cas de résurgence de milices ou de représailles.
      La diaspora syrienne dans l’incertitude

      Les annonces des différents gouvernements ont de quoi susciter une inquiétude supplémentaire au sein de la diaspora syrienne, qui criait sa joie dimanche dans les rues de Berlin, de Vienne, d’Athènes ou de Paris. « Ce qui est sûr, c’est que les réfugiés syriens n’ont qu’une seule hâte : aller embrasser leur famille restée au pays. Mais pas forcément d’y rester », explique Étienne Marest.

      Parmi les réfugiés, beaucoup ont refait leur vie. En Allemagne, par exemple, plus de 160 000 réfugiés syriens ont acquis la nationalité allemande. L’un d’entre eux est même devenu maire d’un village de Bade, dans le sud du pays.

      Pour celles et ceux qui vivent en Europe avec le statut de réfugiés, se rendre en Syrie aujourd’hui pour rendre visite à des proches est encore quasi impossible. La décision de partir, même quelques jours, peut entraîner la perte de la protection internationale.

      https://basta.media/menaces-rapatriement-suspension-demandes-asiles-avenir-incertain-refugies-s

    • Syriens en Allemagne : « Je me suis construit une nouvelle vie ici, je me sens chez moi »

      L’Allemagne compte la plus importante diaspora syrienne en Europe. Les Syriens rencontrés par InfoMigrants sont partagés quant à leur éventuel retour au pays.

      Malgré la précarité de la situation politique et sécuritaire qui règne en Syrie près de deux semaines après le renversement du régime de Bachar al-Assad, les autorités allemandes ont suspendu les procédures de demandes d’asile en cours d’exilés syriens. Toute une série de pays européens ont pris des décisions semblables.

      Ce gel n’affecte toutefois pas les Syriens dont le droit d’asile a déjà été reconnu ou qui résident en Allemagne. En revanche, l’inquiétude monte chez les près de 330.000 Syriens bénéficiant d’une protection subsidiaire. Ce statut temporaire peut être levé dès que les conditions en Syrie sont considérées comme suffisamment sûres pour qu’ils puissent y retourner.

      L’Autriche, qui a également suspendu les demandes d’asile et les regroupements familiaux, prévoit déjà de rapatrier les Syriens. Il n’est pas exclu que l’Allemagne suive cette voie.

      Certes, la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, assure qu’il est trop tôt pour spéculer sur des plans concrets. Mais les appels à expulser se font avec insistance au sein d’une partie de la classe politique, notamment chez les conservateurs, favoris pour les prochaines élections législatives anticipées, qui doivent se dérouler fin février.

      Le député de la CDU Jens Spahn, ancien ministre de la Santé sous Angela Merkel, a plaidé pour l’organisation de vols charters et d’une prime de 1.000 euros pour chaque Syrien expulsé.

      InfoMigrants est allé à la rencontre de Syriens vivant à Bad Godesberg, en banlieue de Bonn, dans l’ouest de l’Allemagne. De nombreuses personnes interrogées disent vouloir retourner en Syrie. Certains ont encore de la famille dans le pays, d’autres ont perdu des proches dans le conflit. Cette même volonté de quitter l’Allemagne se retrouve chez les exilés issus des minorités religieuses et ethniques en Syrie, où leur avenir reste incertain avec l’arrivée au pouvoir d’un régime islamiste radical.

      Retrouver sa famille

      "Je veux retourner à Damas, dès que c’est sûr. Toute ma famille est là-bas", explique par exemple Dia Al-Dorgmani, un Kurde qui vend des patisseries à Bad Godesberg. "Je remercie l’Allemagne et tous les pays qui nous ont acceptés. Ils nous ont accueilli pendant longtemps. Nous devons accepter cette idée de retourner (en Syrie)."

      Non loin de là, Mohammad dirige le restaurant "Le Damas" en hommage à sa ville natale. L’homme de 46 ans est arrivé en Allemagne en 2015, avant que sa famille ne le rejoigne. Comme plus de 160 000 Syriens, il possède aujourd’hui la citoyenneté allemande.

      Mohammad dénonce les appels à renvoyer les Syriens. "Le gouvernement qualifie ces personnes (le groupe islamiste radical HTS qui domine le nouveau pouvoir en Syrie) de terroristes. Comment pouvez-vous renvoyer des personnes dans les bras de terroristes. Il faut d’abord un gouvernement approprié en Syrie. Après seulement on peut parler des retours.”

      Avec leurs passeports allemands, Mohammad et sa famille n’ont pas à craindre d’être expulsés. Pour lui, pas question de retourner en Syrie : "J’ai me suis construit une nouvelle vie ici, je me sens chez moi. L’Allemagne est mon chez moi."

      Pour Mohammad, la chute de l’ancien régime signifie avant tout qu’il lui sera possible de visiter sa famille restée en Syrie et qu’il n’a plus vue depuis 12 ans.

      En revanche, les personnes ayant le statut de réfugié en Allemagne risquent de se voir retirer leur droit de séjour si elles se rendent en Syrie. Elles pourraient même être interdites de revenir dans le pays.

      Une perte pour l’Allemagne

      De nombreux Syriens affirment vouloir participer à la reconstruction du pays. Pour l’Allemagne, leur départ changerait le visage de nombreux secteurs d’activités, dans les universités et les écoles.

      "Bien sûr, ce serait une perte", estime une habitante de Bad Godesberg. "Ces gens paient aussi des impôts, il faut le voir sous cet angle."

      Si la femme de 63 ans ajoute que selon elle, beaucoup de Syriens sont bien intégrés, elle pense aussi que "le nombre d’étrangers devient incontrôlable", en montrant dans la rue principale une série de magasins et des entreprises tenus par des Syriens, des Irakiens, des Libanais et des Marocains à côté des commerces allemands. "À un moment donné, qu’il s’agisse de Syriens ou de personnes d’autres pays, ça suffit", affirme-t-elle.

      Daniel, un Allemand de 38 ans, ne partage pas cet avis. Il estime que l’Allemagne doit continuer à accueillir les nouveaux arrivants et critique la décision du gouvernement de geler les demandes d’asile des Syriens. Pour lui, chaque personne doit pouvoir de décider elle-même si elle veut rentrer en Syrie ou non.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/61840/syriens-en-allemagne--je-me-suis-construit-une-nouvelle-vie-ici-je-me-

    • Chute d’Assad : 700 demandes d’asile de Syriens actuellement suspendues en #France

      Selon le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, environ 700 dossiers d’asile de Syriens sont actuellement suspendus à l’Ofpra en attendant de voir comment évolue la situation à Damas. Selon le chef de la diplomatie, des « dérogations » seraient toutefois possibles pour permettre à certains réfugiés statutaires de rentrer provisoirement dans leur pays sans perdre leur protection.

      Quelque 700 dossiers de demande d’asile déposés par des Syriens sont actuellement suspendus en France, le temps de voir comment évolue la transition politique à Damas, a indiqué dimanche 5 janvier le ministre français des Affaires étrangères.

      « Il y a aujourd’hui 700 demandes d’asile syriennes qui sont à l’instruction par l’Ofpra [Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides, ndlr], et qui sont suspendues en attendant d’en savoir plus », a expliqué Jean-Noël Barrot sur la radio française RTL.

      Plus de 100 000 demandes de protection internationale émanant de Syriens en exil dans l’Union européenne (UE) sont à l’étude dans les 27 pays membres, selon l’agence de l’UE pour l’asile (EUAA).

      La France n’est pas la seule à avoir suspendu les étude des dossiers d’asile syriens. Dans un contexte de forte progression des partis d’extrême droite aux récentes élections, une dizaine de pays européens ont eux aussi décidé, dès la chute de Bachar Al-Assad à Damas début décembre, la même suspension.

      À Paris, cette décision de suspension, a été « prise à froid, réfléchie. Elle est mal perçue dans le débat public alors qu’elle n’est pas forcément négative », avait toutefois précisé en décembre à InfoMigrants Laurent Delbos, juriste spécialisé en droit d’asile à Forum réfugiés. « C’est même le contraire de la précipitation. L’Ofpra attend de savoir s’il y a des craintes légitimes en cas de retour dans le pays. Tant qu’elle ne peut pas répondre à cette question, elle suspend ses décisions. »
      "Il est légitime que des Syriens souhaitent retrouver leur famille, leur maison"

      Le chef de la diplomatie française a également indiqué que certains réfugiés pourraient rentrer en Syrie sans immédiatement perdre leur statut, ce que la loi française, en principe, ne leur permet pas.

      Et de justifier sa position. « Dans une situation aussi particulière que celle que nous vivons, [...] il est légitime que certains Syriens qui ont le statut de réfugié souhaitent rapidement retrouver leur famille, leurs biens, leur maison, sans pour autant, parce qu’ils n’ont pas encore toutes les assurances, renoncer définitivement à la protection ».

      Le gouvernement français examine cette situation, a précisé Jean-Noël Barrot. « Il y a des dérogations qui sont possibles dans certaines circonstances [...] Elles ont été accordées dans certains cas ».

      Environ 45 000 Syriens bénéficient du statut de réfugié politique sur le territoire français, soit 0,07 % de la population.

      L’association Revivre, qui accueille depuis 2004 les réfugiés syriens en France, demande « un engagement moral, humaniste des autorités françaises, consistant à dire que les réfugiés syriens peuvent aller en Syrie sans qu’il y ait de problèmes à leur retour en France ».

      Plus de la moitié des Syriens ont fui leur domicile depuis le début du conflit en 2011, soit 13 millions de personnes, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR). La majorité s’est réfugiée à l’étranger, notamment dans les pays voisins. La Turquie est de loin le premier pays d’accueil : il comptait fin 2024 plus de trois millions de réfugiés syriens, représentant 3,5 % de sa population.

      En Europe, l’Allemagne arrive largement en tête avec 781 000 réfugiés ou demandeurs d’asile syriens (soit 0,92 % de la population allemande), selon le HCR. Ils étaient aussi 87 700 en Suède (0,87 % de la population) ou encore 79 000 aux Pays-Bas en 2024 (0,44 % de la population).

      https://www.infomigrants.net/fr/post/62067/chute-dassad--700-demandes-dasile-de-syriens-actuellement-suspendues-e

    • Berlin précise les critères d’un éventuel retour des réfugiés syriens dans leur pays

      Alors qu’un débat a été lancé dès la chute du régime Assad sur le retour dans leur pays des Syriens réfugiés en Allemagne, la ministre de l’Intérieur précise, dans une interview, quels critères pourraient ou non justifier une telle mesure.

      « Comme le prévoit notre loi, l’Office fédéral des migrations et des réfugiés examinera et révoquera les statuts de protection si les personnes n’en ont plus besoin en Allemagne parce que la situation en Syrie s’est stabilisée ». Pour la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser, les dossiers des réfugiés de Syrie qui bénéficient d’un statut de protection subsidiaire doivent être examinés. Il s’agit de Syriens qui ne bénéficient pas du droit d’asile en raison de persécutions individuelles, mais à cause de la guerre dans leur pays.

      La fin du régime de Bachar el-Assad rend, en principe, un retour possible. La ministre souligne toutefois que la situation sécuritaire sur place doit être observée de près et que Berlin se coordonnera avec ses partenaires européens.

      Les réfugiés syriens qui ne bénéficient pas d’un autre titre de séjour en Allemagne, n’y ont pas de travail ou ne sont pas en formation, pourraient être incités à rentrer dans leur pays. Un programme de soutien aux retours volontaires doit être renforcé. Nancy Faeser souligne par ailleurs que les personnes bien intégrées et qui ont trouvé du travail restent les bienvenues en Allemagne.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/62059/berlin-precise-les-criteres-dun-eventuel-retour-des-refugies-syriens-d

    • Le #Royaume-Uni suspend 6 500 demandes d’asile de ressortissants syriens

      Londres a annoncé en fin d’année qu’environ 6 500 dossiers de demandes d’asile de ressortissants syriens étaient suspendus au Royaume-Uni, en attendant de voir comment évolue la situation à Damas. Depuis la chute du clan Assad le 8 décembre 2024, le gouvernement britannique entend faciliter le retour des réfugiés en Syrie.

      Environ 6 500. C’est le nombre de dossiers de demandeurs d’asile syriens suspendus au Royaume-Uni, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur britannique dévoilés à la fin de l’année. Avec la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, Londres a décidé de mettre en attente les demandes de personnes originaires de Syrie en attendant de voir comment la situation dans le pays évolue.

      Au Royaume-Uni, à la fin du mois de février 2021, plus de 20 000 réfugiés syriens avaient été réinstallés dans le cadre d’un programme gouvernemental, d’après le Refugee Council. En 2019, environ 47 000 Syriens vivaient au Royaume-Uni, mais ce nombre serait depuis tombé à environ 30 000.

      Le Royaume-Uni n’est pas le seul État à avoir suspendu les études des dossiers d’asile syriens. Dans un contexte de forte progression des partis d’extrême droite aux récentes élections, une dizaine de pays européens ont eux aussi décidé, dès la chute de Bachar al-Assad à Damas début décembre, la même suspension.
      « Situations d’incertitude »

      À l’instar de Londres, Paris a aussi annoncé dimanche 5 janvier qu’environ 700 dossiers d’asile de Syriens sont actuellement suspendus à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) « en attendant d’en savoir plus ».

      Quelque 45 000 Syriens bénéficient du statut de réfugié politique sur le territoire français, soit 0,07 % de la population.

      En Autriche, ce sont 7 300 dossiers qui sont suspendus, parmi les quelque 100 000 Syriens vivant dans le pays, un des États avec l’Allemagne qui en a accueilli le plus en Europe.

      Certains pays ont également annoncé leur intention de réexaminer les protections subsidiaires accordées aux exilés syriens. « Comme le prévoit notre loi, l’Office fédéral des migrations et des réfugiés examinera et révoquera les statuts de protection si les personnes n’en ont plus besoin en Allemagne parce que la situation en Syrie s’est stabilisée », a indiqué début janvier la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser. Un programme de soutien aux retours volontaires doit par ailleurs être renforcé.

      Ces décisions européennes ont été rapidement critiquées par des ONG, associations de défense des droits humains et instances internationales. « Les pays devraient éviter de plonger les réfugié·e·s syriens et les personnes en quête d’asile dans des situations d’incertitude et de précarité accrues. Bien au contraire, la sécurité des personnes demandeuses d’asile doit être placée au cœur de la prise de décision et non sacrifiée au profit de la politique anti-réfugiés qui s’empare actuellement de l’Europe », avait déclaré Eve Geddie, la directrice du bureau d’Amnesty international auprès des institutions européennes.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/62087/le-royaumeuni-suspend-6-500-demandes-dasile-de-ressortissants-syriens

  • Reportage « On essaie juste d’offrir un avenir à nos enfants » : des civils fuyant le #Liban prennent le risque de rentrer illégalement en #Syrie

    Plusieurs centaines de millier de civils rejoignent la Syrie et prennent le risque de rentrer parfois illégalement dans la zone contrôlée par le régime de Bachar el Assad. Franceinfo s’est rendu avec un passeur et des civils syriens sur l’une de ces routes interdites.

    Le nombre de déplacés explose au Liban alors que la #guerre se poursuit entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Ils seraient 1 300 000 à avoir quitté le sud du pays ou la banlieue sud de Beyrouth. Plusieurs centaines de milliers de civils libanais rejoignent même la Syrie en rentrant parfois illégalement dans la zone contrôlée par le régime de Bachar el-Assad.

    Sur des #montagnes rocailleuses près de la ville de #Masnaa, des dizaines de familles tentent ainsi de rejoindre la Syrie illégalement, à pied, sans aucun bagage à la main. Nader est parti avec ses petites filles. Il y a quelques jours leur maison de la banlieue sud de Beyrouth a été entièrement détruite. « Cela fait 13 ans que je n’ai pas revu la Syrie, raconte Nader. Ici les passeurs se battent pour nous avoir, ils ne demandent que dix dollars par tête. Nous, on essaie juste d’offrir un avenir à nos enfants. »

    Il y a quelques minutes, l’armée israélienne a annoncé qu’elle bombarderait le point de passage, accusant le Hezbollah d’y faire transiter des armes. Un passeur nous confie avoir baissé ses tarifs pour franchir la frontière. Avant la guerre, la traversée coûtait 150 dollars, et chaque jour 80 personnes empruntaient ces routes interdites. Aujourd’hui, ils seraient plus d’un millier par jour.

    « Je n’ai pas vu la Syrie depuis 25 ans, je suis terrifié »

    Ali marche en queue de file, il est originaire de Deir Ezzor, en Syrie. « Je viens du sud, je n’ai pris avec moi que les habits que je porte, explique-t-il. Je n’ai pas vu la Syrie depuis 25 ans, je suis terrifié. Je n’ai jamais connu mon pays en guerre. » La plupart de ces réfugiés sont sans papiers, d’après les passeurs, un tiers d’entre eux sont recherchés par le régime de Bachar el Assad, et risquent la mort si l’armée les arrête de l’autre côté. Depuis plusieurs jours, l’armée libanaise laisse passer les réfugiés sans tenter de les arrêter.

    Mohammad, un jeune agriculteur syrien de la région, pourrait lui aussi s’en aller. Fuir les bombardements israéliens qui frappent sa région de la Bekaa. Il a pourtant choisi de rester. « Je ne peux pas revenir car je n’ai pas fait mon service militaire en Syrie, on pourrait m’y prendre pour 10 ou 15 ans, explique Mohammad. Malgré la guerre au Liban, plein de jeunes comme moi ne peuvent pas retourner en Syrie. Et puis là-bas il y a encore la #guerre, il n’y a plus de travail pour vivre, rien du tout… On ne sait pas ce qu’il peut nous arriver. »

    On estime à 300 000 le nombre de personnes déplacées en Syrie. Des Libanais, mais aussi des Syriens qui ne savent pas ce qui les attendra de l’autre côté. Vendredi matin, l’armée israélienne a finalement bombardé le passage de Masnaa. Ces civils en fuite n’échappent jamais vraiment au spectre de la guerre.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/liban/reportage-on-essaie-juste-d-offrir-un-avenir-a-nos-enfants-des-civils-f
    #réfugiés #réfugiés_Syriens #migrations #retour_au_pays #montagne #bombardements #Israël #passeurs #déplacés_internes

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  • Après l’#Afghanistan, considéré #pays_sûr pour l’#Allemagne... voilà la #Syrie être placée dans la même liste :

    German court ruling : Syria no longer unsafe, subsidiary protection not warranted

    The Higher Administrative Court (OVG) in the city of Münster has ruled that a Syrian man does not qualify for subsidiary protection or asylum, stating that such protection only applies if lives are at risk in one’s home country, which by and large the court deemed no longer the case in Syria. The decision is now binding.

    For the first since the start of the Syrian civil war in 2011 did a court in Germany hand down a binding decision that declares that the Middle Eastern country is safe enough.

    The ruling was already made on July 16 but still had a statutory six-week appeals period pending.

    Since no appeal was made and since no complaint against the ruling was lodged within this time period with the Federal Administrative Court in Berlin, the decision has now become binding law.

    Syria: no longer a place of ’grave danger to life and limb’

    The Higher Administrative Court (OVG) of the German federal state of North Rhine-Westphalia explained in its ruling that while there still were parts of Syria where armed conflict linked to the Syrian uprising in 2011 and its aftermath continued to cost lives and that even though the “Islamic State” (IS) terror group continued with occasional attacks in parts of the country, there was no real need for the civilian population to expect falling victim to any organized violence.

    The court added that in this particular case, the plaintiff could not be recognized as a refugee since he would no longer face any real threat of political persecution in Syria, adding that he could not qualify for subsidiary protection either, as his life was not threatened.

    According to Germany’s Federal Office for Migration and Refugees (BAMF), subsidiary protection is only granted in cases where neither the provisions of refugee protection nor the right to asylum are given, but the threat of suffering serious harm in the country of origin remains.

    Criminal history as aggravating circumstance

    The OVG added that in addition to these reasons, the man’s criminal history had also made it impossible to give the man subsidiary protection.

    The plaintiff had been sentenced to several years in prison in Austria for his earlier involvement in facilitating the smuggling of people into Europe.

    Under German law, asylum seekers and those with similar protection levels will normally be rejected if they have committed any crime in the European Union which comes with a prison sentence of more than one year.

    The case in question involved a Syrian national from the northeastern Hasaka Province of the country, who had come to Germany in 2014. His asylum request was already initially rejected by BAMF due to his past involvement in smuggling activities.

    This latest court decision will now likely flag him for deportation back to Syria.

    Less tolerance towards migration after recent events

    The decision from Münster comes amid mounting calls in Germany to limit the number of asylum requests by recognizing certain countries — including Syria as well as Afghanistan — as safe countries of origin.

    Even though crime and violence remain high in these countries and even though there still are reports of continued human rights abuses, the reasoning is that those sent back would serve as a deterrent for other would-be migrants and refugees.

    Following a deadly attack by a self-professed Islamist in the western town of Solingen, which left three people dead, Germans are calling for an overhaul of the asylum system, including the execution of more deportations.

    In regional elections in East Germany, which are due to be held this weekend, preliminary polls show a major rise in support for the far-right Alternative for Germany (AfD) party, which is running on a populist, anti-immigrant platform.

    More moderate politicians meanwhile, including those who are part of the governing federal coalition in Berlin, are also increasingly moving towards a more isolationist rhetoric before the upcoming votes.

    https://www.infomigrants.net/en/post/59474/german-court-ruling-syria-no-longer-unsafe-subsidiary-protection-not-w

    #réfugiés_syriens#renvois #expulsions #réfugiés #migrations #asile

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  • Plusieurs pays de l’Union européenne veulent pouvoir expulser des réfugiés vers la Syrie et l’Afghanistan

    L’#Autriche, l’#Italie, #Chypre et d’autres Etats membres demandent une révision des relations avec le régime de Bachar Al-Assad afin de faciliter les renvois de Syriens. Berlin et Vienne souhaitent aussi pouvoir expulser des réfugiés afghans délinquants.

    L’Union européenne (UE) doit-elle renouer avec la Syrie et le régime meurtrier de Bachar Al-Assad, après une guerre civile qui a fait plus de 500 000 morts et jeté 14 millions de Syriens sur les routes ces treize dernières années, ou avec le régime taliban qui a repris le pouvoir en Afghanistan en 2021 ? Pourrait-on y renvoyer dans leurs pays des Syriens et des Afghans réfugiés en Europe ? Depuis quelques mois, certains Etats d’Europe centrale et du Sud plaident en ce sens à Bruxelles, alors que montent les demandes d’un durcissement de la politique migratoire européenne.

    Mi-mai, à l’initiative de Chypre, où arrivent des Syriens par la mer depuis le Liban, des représentants grecs, autrichiens, tchèques, italien, danois, polonais et maltais s’étaient retrouvés sur l’île méditerranéenne pour demander à l’UE de revoir sa politique de refus de collaboration avec Damas afin d’y renvoyer, dans certaines zones jugées désormais « sûres », des réfugiés syriens. « La stabilité dans ce pays n’a pas été entièrement rétablie » mais « nous devons accélérer le processus et (…) créer les conditions qui permettraient le retour des personnes en Syrie », assurait alors le ministre chypriote de l’intérieur, Constantinos Ioannou.
    « 13,8 millions de déplacés et réfugiés »

    Particulièrement active sur le sujet, même si elle accueille très peu de réfugiés syriens, la République tchèque devrait envoyer une mission exploratoire en Syrie cet automne pour identifier de telles zones, en collaboration avec le régime. Ces pays font partie du groupe de quinze Etats membres qui ont plaidé, mi-mai, auprès de la Commission européenne afin qu’elle trouve des solutions pour transférer des migrants vers des pays tiers considérés comme « sûrs » hors du continent européen. Lundi 22 juillet, les ministres des affaires étrangères autrichien et italien, Alexander Schallenberg et Antonio Tajani, tous deux conservateurs, ont proposé à leurs homologues, à Bruxelles, de réévaluer les relations diplomatiques avec la Syrie.

    « Après treize ans, nous devons admettre que l’approche de l’UE n’a pas suivi l’évolution de la situation sur le terrain », écrivent les deux diplomates dans une missive soutenue par six autres pays (Grèce, Chypre, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et Croatie). Non seulement l’Union dépense 33 milliards d’euros d’aide humanitaire pour les Syriens du pays, mais la situation ne s’y améliore pas, jugent-ils. « La Syrie est toujours à l’origine de la plus grande crise de déplacement au monde, avec 13,8 millions de personnes déplacées et de réfugiés », indiquent-ils.

    « Pendant ce temps, Bachar Al-Assad reste fermement en selle, constatent-ils encore. Avec le soutien de la Russie et de l’Iran, le régime syrien a réussi à consolider son pouvoir, en reprenant le contrôle de 70 % du pays. Nos partenaires arabes dans la région ont reconnu cette réalité désagréable. Ils ont réadmis la Syrie au sein de la Ligue des Etats arabes [en mai]. » Dès lors, ces pays demandent la mise en place d’« une politique syrienne plus réaliste, plus proactive et plus efficace afin d’accroître [leur] influence politique, de renforcer l’efficacité de [leur] aide humanitaire et de créer les conditions d’un retour sûr, volontaire et digne des réfugiés syriens ». A Bruxelles, cette nouvelle offensive est accueillie avec scepticisme. « Nous sommes pragmatiques, mais pas naïfs, indique Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Nous savons où se trouve le régime syrien, très proche de la Russie et de l’Iran. Mais nous sommes toujours prêts à travailler, à essayer de trouver un arrangement qui pourrait bénéficier au peuple syrien. » A Paris, où le dossier syrien demeure important, il n’est aujourd’hui « pas question de rouvrir les relations avec Damas ». Depuis 2017, les Vingt-Sept exigent « une véritable transition politique négociée par les parties au conflit » afin de renouer avec ce pays.
    Les ONG de défense des droits de l’homme ont répété de nombreuses fois que « la Syrie n’est toujours pas sûre pour le retour et les réfugiés risquent de subir des violations des droits de l’homme, notamment des tortures et des persécutions à leur retour », comme Amnesty international l’assurait encore fin mai.
    Concernant l’Afghanistan, les Vingt-Sept avaient longuement discuté de leurs rapports avec le gouvernement en place début 2023, mais la situation ne s’est pas améliorée depuis la prise du pouvoir par les talibans, en 2021, qui a mis fin aux réadmissions de réfugiés. Comme pour les populations syriennes, l’UE finance l’aide humanitaire à destination des populations civiles, sans pour autant soutenir le régime. Elle a déjà engagé, depuis 2021, plus d’un milliard d’euros.
    Si ce sujet revient en force en Europe, c’est que les Syriens et les Afghans représentent de loin les premiers demandeurs d’asile, selon les données de l’Agence européenne de l’asile. Ces deux dernières années, pas moins de 320 000 Syriens et 235 000 Afghans ont déposé une demande d’asile dans les pays européens, asile accordé à 85 % pour les Syriens et à 60 % pour les Afghans. Les premières destinations de ces réfugiés sont l’Allemagne, la France et l’Autriche.
    Accueillant environ 130 000 réfugiés syriens et afghans sur son sol, l’Autriche, gouvernée par une coalition entre conservateurs et Verts, est à la pointe des pays européens qui veulent renouer avec ces pays afin d’y reprendre les expulsions. « Nous devons rendre juridiquement possible les expulsions de délinquants, de personnes dangereuses et des apologistes du terrorisme, y compris vers l’Afghanistan et la Syrie », a plaidé début juin le chancelier conservateur, Karl Nehammer, après une décision de la Cour constitutionnelle autrichienne, qui a estimé possible de reprendre les expulsions vers l’Afghanistan.
    Faute de collaboration avec le régime de Kaboul, l’Autriche n’a toutefois jusqu’ici pas été en mesure de reprendre ces expulsions. Actuellement dans l’opposition mais favori dans les sondages, le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite) fait campagne pour les élections législatives de septembre en appelant à ouvrir des discussions avec les talibans pour conclure un accord de réadmission. « Il faut faire preuve d’un certain pragmatisme », a défendu Hannes Amesbauer, porte-parole sur les questions de sécurité de ce parti islamophobe, dont la radicalité déteint sur les conservateurs au pouvoir, qui envisagent par ailleurs ouvertement de retirer le statut de réfugié aux Syriens si les discussions avec Bachar Al-Assad aboutissaient.
    Même si elle ne s’est pas associée à ces initiatives, l’Allemagne est désormais elle aussi favorable à l’expulsion des personnes jugées dangereuses ou condamnées pour crimes graves vers des pays peu sûrs comme l’Afghanistan et la Syrie. « De tels criminels doivent être expulsés, même s’ils viennent de Syrie ou d’Afghanistan », a déclaré le chancelier Olaf Scholz, le 6 juin, à la tribune du Bundestag. Une semaine après la mort d’un policier à Mannheim (Bade-Wurtemberg), tué au couteau par un réfugié afghan de 25 ans.
    A dix jours des élections européennes du 9 juin, l’attaque avait conduit de nombreux responsables de droite, d’extrême droite, mais aussi du centre gauche, à appeler le gouvernement à faire preuve de davantage de fermeté sur les questions migratoires en général, et en particulier à revenir sur la suspension des expulsions vers l’Afghanistan, décidée après le retour au pouvoir des talibans en 2021. De l’Allemagne vers la Syrie, les expulsions ont été suspendues en 2012, un an après le début de la guerre civile.
    Au sein de son gouvernement tripartite, où ses amis sociaux-démocrates et ses alliés libéraux sont favorables à la reprise des expulsions vers ces deux pays, M. Scholz se heurte toutefois au scepticisme des Verts qui, s’ils n’y sont pas tous opposés par principe, sont néanmoins très circonspects quant à la possibilité de négocier un accord avec les talibans. « Il ne faudrait pas que de telles négociations impliquent une reconnaissance des talibans et débouchent sur des transferts d’argent qui serviraient à financer des réseaux terroristes, y compris en Allemagne », a prévenu le coprésident des Verts, Omid Nouripour.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/24/plusieurs-pays-de-l-union-europeenne-veulent-pouvoir-expulser-des-refugies-v

    #réfugiés_syriens #réfugiés_afghans #retour_au_pays #renvois #expulsions #asile #migrations #réfugiés

    ping @_kg_ @karine4

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  • Les #Voix_croisées - #Xaraasi_Xanne



    Using rare cinematic, photographic and sound archives, Xaraasi Xanne (Crossing Voices) recounts the exemplary adventure of #Somankidi_Coura, an agricultural #cooperative created in #Mali in 1977 by western African immigrant workers living in workers’ residences in France. The story of this improbable, utopic return to the Sahel region follows a winding path that travels through the ecological and decolonial challenges and conflicts of agriculture practices and sensing from the 1970s to the present day. One of the major actors of the movement, #Bouba_Touré, tells this story by plunging into the heart of his personal archives, which document the fights of farmers in France and in Mali, as well as those of immigrant workers, over a period of decades. The film is also a story about dialogues and transmission, friendships and cinematic geographies. Over the course of the film, different voices, enter the sound-scape to accompany Bouba Touré’s telling; they bring the tale of a forgotten memory toward a possible future sung by a polyphonic griot.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64570
    #film #documentaire #film_documentaire #travailleurs_immigrés #coopérative_agricole #Somankidi #agriculture #retour_au_pays #fleuve_Sénégal #régularisation #sans-papiers #travailleurs_sans-papiers #travail #exploitation #logement #racisme #mal-logement #foyer #marchands_de_sommeil #conditions_de_vie #taudis #tuberculeuse #Fode_Sylla #lutte #grève_des_loyers #université_libre_de_Vincennes #L'Archer #Djiali_Ben_Ali #Association_culturelle_des_travailleurs_africains_en_France (#ACTAF) #manoeuvres #main_d'oeuvre_non_qualifiée #grève #Sahel #famine #1971 #sécheresse #Haute-Volta #aide_humanitaire #exode_rural #Larzac #récupération_des_sols #charité #luttes_de_libération #termites #Samé #aide_au_retour #luttes #arachide #travail_forcé #modernisation #mécanisation #graines #semences #endettement #Kayes #autonomie #femmes #genre #irrigation #radio #radio_rurale_Kayes #radio_rurale #permaculture #intelligence_collective

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    A partir de 1h07’14, où l’on explique que les lois restrictives contre les migrations fixent les gens... alors qu’avant il y avait de la #migration_circulaire : beaucoup de personnes venaient en France 1-2 ans, repartaient au pays et ne revenaient plus jamais en France...
    #fermeture_des_frontières #sédentarisation #agroécologie

  • D’un enfer à l’autre : la #double_peine des #réfugiés_syriens en #Turquie

    Comme les Turcs, beaucoup ont tout perdu dans le séisme qui a dévasté le sud-ouest de la Turquie. Les exilés qui avaient fui le régime de Damas affrontent aujourd’hui un violent sentiment de #rejet et s’inquiètent pour leur avenir dans le pays.

    Nour a 13 ans. Elle est syrienne. En ce 19 février 2023, elle retourne en Syrie, pays qu’elle ne connaît quasiment pas. Il y a six ans, ses parents ont fui la province de Hama, reprise par le régime d’Assad. Ils se sont installés à Antakya, en Turquie, persuadés que leurs enfants seraient cette fois à l’abri…

    De nombreuses Syriennes et Syriens avaient également choisi de vivre dans cette ville ces onze dernières années. Ce dimanche matin, au poste-frontière turc de Cilvegozu, l’adolescente pousse une grosse valise à roulettes et tire un sac rouge déjà déchiré. « À l’intérieur, il y a nos vêtements, explique-t-elle, souriante. On amène aussi des boîtes de conserve pour mes grands-parents. C’est tout ce qu’on a ! » Emmitouflée dans un grand manteau, la jeune fille se remet dans la longue file d’attente réservée aux familles.

    Des centaines de personnes patientent pour entrer dans la province d’Idlib, en Syrie. Abir, la mère de Nour, tient fermement par la main son fils de 5 ans. Lui est né en Turquie. La famille louait un appartement qui a miraculeusement résisté au séisme. « Notre propriétaire turc nous a demandé de partir pour loger d’autres personnes. On est partis en laissant nos meubles et le reste de nos affaires, raconte Abir, les yeux cernés. Oui, j’ai peur de rentrer en Syrie, c’est un pays en guerre, mais on n’a pas d’autres options. Ici, en Turquie, il n’y a pas de logement pour nous. »

    Dans une autre file d’attente, celle réservée aux hommes, derrière une barrière en plastique, Mahmoud, 21 ans, attend son cousin. Leur appartement a été détruit par le tremblement de terre, et aujourd’hui, eux aussi retournent dans leur pays. « Si la situation le permet, je vais sûrement rester à Idlib. Je vis ici depuis un an et demi, mais notre quotidien était déjà très difficile avant le séisme, confie Mahmoud à voix basse. Je n’ai jamais réussi à trouver un travail. Alors rentrer, c’est peut-être mieux. Au moins, on va retrouver un peu de dignité. »

    Retrouver une dignité en rentrant dans leur pays déchiré par une guerre sans fin : Syriennes et Syriens expriment en nombre ce même désir de n’avoir plus à vivre comme des « invités » en Turquie. Ils y bénéficient d’une « protection temporaire » qui peut être révoquée à tout moment. Ce statut les assigne à résidence dans une ville et leur interdit de retourner en Syrie. Après le tremblement de terre, les autorités turques ont exceptionnellement levé cette interdiction : les Syriens installés sur leur territoire sont autorisés à rentrer pendant six mois maximum. 40 000 personnes auraient déjà franchi la frontière en moins de trois semaines, selon des chiffres communiqués par les autorités turques et du nord-ouest de la Syrie.

    Mais pourront-ils vraiment revenir ? Au poste-frontière, la réponse des exilé·es est souvent la même : « Inch’ Allah » (« Si Dieu le veut »), lâché d’un ton las. Ces familles vivent aujourd’hui un nouveau déplacement. Le cinquième, pour certaines. Un exil sans fin.

    Spectateur de ces files d’attente qui s’allongent aux portes de la Syrie, un membre d’une ONG souffle, dépité : « J’ai discuté avec beaucoup de Syriens et ils ont de sérieux doutes sur le fait qu’Ankara les laissera revenir, surtout à l’approche de l’élection présidentielle. »

    Avant ce tremblement de terre dévastateur, les Syrien·nes installé·es en Turquie étaient déjà devenu·es un enjeu politique, à quelques mois de la présidentielle. En mai 2022, Recep Tayyip Erdoğan, en baisse dans les sondages, a annoncé un plan de retour « volontaire » pour au moins un million de personnes. Une tentative de réponse aux mouvements politiques d’opposition dominés par les ultranationalistes. Ces partis, comme Zafer ou le MHP (extrême droite), ont fait des Syrien·nes leurs boucs émissaires, les accusant notamment d’être responsables de la crise économique sans précédent qui frappe la Turquie.

    Depuis plusieurs mois, les arrestations et les expulsions vers la Syrie se sont multipliées, selon l’ONG Human Rights Watch, qui alerte dans son rapport d’octobre 2022 : « Des Syriens ainsi renvoyés ont affirmé à Human Rights Watch qu’ils avaient été arrêtés par des responsables turcs à leur domicile, sur leur lieu de travail ou dans la rue, puis détenus dans des conditions déplorables, la plupart d’entre eux étant [...] emmenés par la route vers des points de passage de la frontière vers le nord de la Syrie, et contraints de la traverser sous la menace des armes. » Aussitôt, les autorités turques ont répondu dans une lettre adressée à l’ONG : « Les allégations selon lesquelles les Syriens ont été expulsés de force et illégalement vers la Syrie ne reflètent pas la vérité. »
    Des messages racistes sur les réseaux sociaux

    Depuis le séisme, des rumeurs sans fondement inondent les réseaux sociaux. Les Syriens sont accusés d’être responsables d’une série de pillages dans la ville détruite d’Antakya, d’attaques à l’arme à feu de victimes turques, et même de viols. Sur Twitter, des messages ouvertement racistes circulent en toute impunité : « Les rescapés du tremblement de terre sont invités à venir chez moi à Ankara, à condition qu’ils ne soient pas Syriens », publie par exemple un propriétaire turc.

    Trois jours seulement après le séisme, un expert turc des tremblements de terre livre son analyse sur les réseaux sociaux, et écrit sans retenue : « Un problème de sécurité nationale est apparu dans les villes où sont concentrés les réfugiés syriens. Lorsque les citoyens turcs vont quitter la province de Hatay, qui est à moitié détruite, les Syriens vont prendre le contrôle des villes comme Antakya et Kilis. L’armée devra être déployée. » Un message partagé des milliers de fois.

    « À cause de ces messages, de nombreux Syriens ont commencé à avoir peur. Ils ont donc choisi de se faire discrets, de ne rien demander et de rester silencieux », explique Mahmoud, un activiste syrien qui vit en Turquie.

    « Il y a un discours politique qui appelle fortement au retour des Syriens dans leur pays, dans un contexte de racisme d’une partie de la population turque. Je vous parle ici de la situation avant le séisme. Et aujourd’hui, après cette catastrophe naturelle, tout cela est exacerbé, s’inquiète Marie Forestier, conseillère sur la Syrie pour l’European Institute of Peace. Pour les exilés syriens en Turquie, c’est vraiment la double peine. »

    Le 14 février 2023, dans une rue d’Antakya, cinq Syriens attendent que des secouristes sortent des décombres les corps d’un couple et de son bébé de 10 mois. Tous originaires d’Alep, ils ont fui la guerre. Lorsque la nuit tombe, les trois dépouilles sont enfin extraites des blocs de béton et immédiatement déposées dans des sacs mortuaires. Ahmed, l’un des cousins, charge les corps dans une camionnette blanche pour les amener dans un cimetière à l’entrée de la ville.

    Depuis le séisme, il s’est installé avec le reste de la famille dans un camp de fortune sur une colline à l’entrée d’Antakya. Trois abris ont été construits à la hâte avec le matériel qui a pu être récupéré. Assis autour d’un feu, son cousin Mohamed se met soudainement à hurler : « Il ne nous reste rien. Tout a été détruit ! Et regardez où on dort ! On doit aller jusqu’à l’hôpital en bas de cette colline pour chercher de l’eau. »

    Autour de lui, ses proches lui demandent de se taire, terrorisés à l’idée que les autorités turques le reconnaissent et viennent l’arrêter. Mais Mohamed continue son monologue : « Moi, je n’ai pas peur de parler. Les véhicules qui distribuent de l’aide ne viennent pas nous voir. Ils vont seulement déposer leurs colis humanitaires aux victimes turques. On n’a plus aucun avenir ici et on ne peut pas rentrer chez nous à Alep, en Syrie, alors on va mourir ici. »

    Dans un autre camp improvisé, Shirine serre contre elle son bébé âgé de moins de deux semaines, une petite fille née seulement deux jours avant le séisme. « Pour le moment, je l’allaite mais j’ai peur de ne bientôt plus avoir de lait. Qui peut tenir comme ça, dans le froid, sous la pluie ? Mon bébé pleure presque jour et nuit. C’est ma fille, j’ai tellement peur pour elle », confie la jeune maman, les larmes aux yeux. Juste à côté d’elle, Elif, une adolescente de 13 ans, essaie de distraire ses frères et sœurs. En quelques jours, tous ont dû apprendre à vivre sans eau ni électricité. « On va finir par attraper des maladies », souffle Ahmed, le père des enfants.

    Au total, cinq familles syriennes s’entassent dans un préfabriqué de chantier. Son propriétaire turc a accepté de les laisser s’installer là. Mais, dix jours après le tremblement de terre, ils n’avaient toujours pas reçu d’autre aide. « Chacun fait comme il peut, c’est un désastre ici », soupire Hassan, les mains dans les poches. Le jeune Syrien originaire d’Alep passe sa journée dehors à essayer de trouver de quoi nourrir sa famille. « Tant que l’on est en vie, on garde espoir. Si on perd cet espoir, on meurt. On n’a pas le choix. Un jour, on aura une vie digne et sûre. Pas nous mais peut-être ces enfants qui sont là autour de nous. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010323/d-un-enfer-l-autre-la-double-peine-des-refugies-syriens-en-turquie
    #séisme #asile #migrations #réfugiés #tremblement_de_terre #retour_au_pays

  • Le président tunisien prône des « #mesures_urgentes » contre l’immigration subsaharienne

    Lors d’une réunion, mardi, du Conseil de sécurité nationale, le président tunisien, #Kaïs_Saïed, a tenu un discours très dur au sujet de « #hordes des #migrants_clandestins » en provenance d’Afrique subsaharienne, dont la présence est selon lui source de « #violence, de #crimes et d’#actes_inacceptables », insistant sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration.

    Il a en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ».

    Il a appelé les autorités à agir « à tous les niveaux, diplomatiques sécuritaires et militaires » pour faire face à cette immigration et à « une application stricte de la loi sur le statut des étrangers en Tunisie et sur le franchissement illégal des frontières ». « Ceux qui sont à l’origine de ce phénomène font de la traite d’êtres humains tout en prétendant défendre les droits humains », a-t-il encore dit, selon le communiqué de la présidence.

    « Discours haineux »

    Cette charge de Kaïs Saïed contre les migrants subsahariens survient quelques jours après qu’une vingtaine d’ONG tunisiennes ont dénoncé jeudi la montée d’un « #discours_haineux » et du racisme à leur égard. Selon ces organisations « l’État tunisien fait la sourde oreille sur la montée du discours haineux et raciste sur les réseaux sociaux et dans certains médias ». Ce discours « est même porté par certains partis politiques, qui mènent des actions de propagande sur le terrain, facilitées par les autorités régionales », ont-elles ajouté.

    Dénonçant « les violations des droits humains » dont sont victimes les migrants, les ONG ont appelé les autorités tunisiennes « à lutter contre les discours de #haine, la #discrimination et le #racisme envers eux et à intervenir en cas d’urgence pour garantir la dignité et les droits des migrants ».

    La Tunisie, dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, enregistre très régulièrement des tentatives de départ de migrants, en grande partie des Africains subsahariens, vers l’Italie.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/47002/le-president-tunisien-prone-des-mesures-urgentes-contre-limmigration-s
    #Tunisie #migrations #migrants_sub-sahariens #anti-migrants #grand_remplacement #démographie

    ping @_kg_

    • Dans un contexte tendu, certains Tunisiens viennent en aide aux migrants subsahariens

      Après les propos du président Kaïs Saïed, les autorités ont averti : toute personne qui hébergerait des personnes étrangères sans carte de résidence ou déclaration au commissariat violerait la loi. L’avertissement vaut aussi pour les employeurs qui font appel à des travailleurs étrangers non déclarés. Ainsi, de nombreux migrants subsahariens en situation irrégulière se retrouvent expulsés et sans travail du jour au lendemain. Des Tunisiens tentent de les aider en organisant des collectes.

      Samia, dont le prénom a été changé pour préserver son anonymat, est en train de charger une voiture de vêtements et repas, résultats de collectes auprès de Tunisiens, solidaires avec les Subsahariens mis à la rue ces derniers jours.

      « Pour les personnes mises à la rue, malheureusement, il faut des repas prêts. Pour les personnes qui sont chez elles, de la viande des pâtes, du riz, des féculents… Des choses pour tenir, surtout qu’il fait un peu froid. Et puis, du lait pour les bébés, des couches et des lingettes, des produits d’hygiène intime… »

      Un geste de solidarité qui passe par le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux, afin d’aider à la fois les migrants en attente d’un rapatriement chez eux et ceux qui restent cloîtrés sans pouvoir aller au travail.

      « La situation, elle, est très alarmante. Elle est très alarmante et elle peut dégénérer rapidement. Alors, j’entends et je comprends très bien que les gens sont contraints d’appliquer la loi. Mais c’est un peu court comme analyse. On peut donner un peu de temps aux personnes pour s’organiser. On peut leur donner une trêve parce qu’il fait froid, et on ne peut pas jeter des familles à la rue. Ça, c’est vraiment affligeant, parce qu’il y a des bébés en très bas âge qui sont à la rue avec les températures qu’il fait », poursuit Samia.

      Elle et son association aident une centaine de personnes, dont des migrants en sit-in depuis deux jours, devant l’organisation internationale pour les migrations.

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      L’analyse de l’historienne Sophie Bessis

      RFI : Comment le pays en est arrivé là ?

      Sophie Bessis : « La première chose, c’est, pour remonter loin dans l’histoire, il y a quand même une vieille tradition raciste anti-Noir en Tunisie qui n’a pas disparu, même si dans les années 1960 et 1970, le panafricanisme qui était à l’honneur avait un petit mis sous boisseau cette vieille tradition qui vient d’une tradition esclavagiste et du fait que les populations noires nationales ont toujours été marginalisées. La Tunisie est en crise actuellement. La recherche de bouc-émissaire est toujours un compagnon d’une population en crise. Nous avons en Tunisie un parti nationaliste, il faudrait se poser la question sur ce qu’il représente et pourquoi. Et la question la plus importante est pourquoi les plus hautes autorités de l’État ont repris cette rhétorique qui est d’un racisme absolument primaire. Ce sont les stéréotypes racistes les plus éculés que l’on retrouve dans toutes les extrêmes droites du monde. »

      À quel point l’externalisation de la sécurité des frontières européennes a-t-elle joué dans le discours des autorités ?

      Il y a une progression des droites européennes qui est tout à fait alarmante en ce qui concerne la question migratoire et il y a une influence réelle disons et les moyens de pression des pays européens sur des pays comme la Tunisie dont vous connaissez l’ampleur de la crise économique, monétaire, financière et sociale donc il n’est pas impossible du tout qu’une partie de cette chasse anti-migrants soient dues aussi à ces pressions anti-européennes. En revanche, là où il faut se poser une question, c’est pourquoi cette violence ? Parce que malheureusement, la politique anti-migrants est devenue quelque chose de banale dans le monde d’aujourd’hui, mais la violence à la fois de la parole publique et la violence des gens contre les Subsahariens oblige aujourd’hui à se poser des questions, sur l’État de la société tunisienne et de son appareil dirigeant.

      L’Union africaine a réagi, qualifiant les propos du président de « choquants » et appelant au calme, mais quel impact pourrait avoir ces déclarations sur la diplomatie tunisienne en Afrique ?

      Il y a une boussole qui a été perdue, il y a une boussole qui est cassée aujourd’hui en Tunisie et j’espère que les pairs africains de la Tunisie et en particulier les pays dont sont originaires une bonne partie des migrants Subsahariens, sera plus ferme à l’égard de la Tunisie.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230228-dans-un-contexte-tendu-certains-tunisiens-viennent-en-aide-aux-migrants

    • Étudiant congolais en Tunisie : « Je ne sors plus, je reste confiné chez moi »

      Marc* a 22 ans et vit en Tunisie depuis un an. Muni d’un visa étudiant, ce jeune homme congolais s’est installé à Tunis dans l’espoir de finaliser son cursus universitaire avant de rentrer dans son pays d’origine. Mais depuis le discours anti-migrants du président tunisien, Marc ne sort plus de chez lui de peur de se faire agresser ou embarquer par la police.

      Le 21 février, le président tunisien Kaïs Saïed n’a pas mâché ses mots à l’égard des quelque 21 000 Africains subsahariens vivant en Tunisie. Les accusant d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », le chef de l’État a évoqué la mise en place de « mesures urgentes » pour lutter contre ces « clandestins ». Depuis, dans ce pays frappé par une grave crise économique, un vent de panique souffle parmi les personnes noires - tunisiennes comme immigrées, avec ou sans papiers. Ces derniers jours, les cas de personnes victimes d’attaques verbales et physiques, expulsées manu militari de leur appartement ou arrêtées arbitrairement dans la rue par les forces de l’ordre, se sont multipliées.

      Marc est, pour l’heure, épargné. Étudiant depuis un an à Tunis, installé dans un quartier résidentiel de la capitale et muni d’un titre de séjour étudiant, Marc n’est pas un « clandestin ». Pourtant, son statut ne le protège pas des agressions.
      « Je suis à l’abri chez moi, mais jusqu’à quand ? »

      "Je ne sors plus de chez moi. Je reste confiné. Ces derniers jours, je ne vais plus en cours. J’ai trop peur. Dans la rue, on entend souvent les mêmes phrases : ’Rentrez chez vous ! Rentrez chez vous !’. Comment voulez-vous que j’arrive à l’arrêt de bus ou au métro [au tramway, ndlr] pour aller étudier ? J’ai peur de me faire agresser verbalement ou physiquement sur le trajet.

      J’ai entendu parler de camarades expulsés de chez eux, juste à cause de leur couleur de peau. Certains étaient en règle, d’autres non. Ce n’est pas un papier administratif, mon statut d’étudiant, qui va me protéger. Moi, pour l’instant, on ne me jette pas dehors. Je vis en colocation avec trois autres étudiants congolais. Je suis à l’abri, mais jusqu’à quand ?

      Des dizaines de Subsahariens, dont des familles avec enfants, campent actuellement devant les ambassades de leur pays. Certains y ont trouvé refuge après avoir été chassés de chez eux. Selon les chiffres cités par les ONG, plus 20 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne vivent en Tunisie, soit moins de 0,2% de la population totale.

      Il y a eu des attaques à l’arme blanche aussi. Un de mes amis a reçu un coup de couteau alors qu’il sortait d’une épicerie.

      Le discours du président a eu un retentissement terrible. Il y a toujours eu du racisme en Tunisie. Il y a toujours eu des arrestations, il y a toujours eu des contrôles dans la rue de manière arbitraire, mais c’était moins violent. Par exemple, moi, avant, les autorités pouvaient m’arrêter dans la rue, des agents contrôlaient mon identité sur place et ils me laissaient repartir cinq minutes après.
      « On ne prend plus les transports en commun, on prend des taxis »

      Désormais, on arrête les gens et on les embarque directement au poste de police, on peut les mettre en cellule plusieurs jours sans raison. Pour la première fois, il y a quelques jours, des agents m’ont arrêté dans la rue, ils n’ont pas voulu me laisser aller en cours, alors que je leur montrais mes papiers en règle. Ils m’ont embarqué au poste. J’ai eu tellement peur. Ils ont vérifié mon passeport, ma carte d’étudiant et ils m’ont laissé repartir. J’ai eu de la chance.

      Pour d’autres Noirs, ça se passe moins bien. Ils peuvent rester 3, 4, 5 jours au poste.

      Pour vous dire la vérité, pour aller travailler ou aller étudier, les ressortissants noirs ne marchent plus sur les trottoirs, ne prennent plus les transports en commun. Ils prennent des taxis.

      Cette situation a poussé des centaines de personnes à vouloir rentrer dans leurs pays. L’ambassade de Côte d’Ivoire a lancé une campagne de recensement de ses ressortissants souhaitant rentrer au pays. L’ambassade du Mali propose également à ses ressortissants de s’inscrire pour un « retour volontaire ». L’ambassade du Cameroun a, elle aussi, indiqué, dans un communiqué, que ses ressortissants pouvaient se « rapprocher de la chancellerie pour tout besoin d’information ou procédure dans le cadre d’un retour volontaire ». Marc souhaite, lui aussi, rentrer dans son pays.

      J’ai tellement peur que j’ai contacté les agents de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) pour qu’ils m’aident à rentrer chez moi [via le programme de ’retours volontaires’, ndlr], mais pour l’instant personne ne m’a répondu. Je ne comprends pas… En cette période difficile, on devrait avoir le soutien des instances internationales. Mais on n’a rien. C’est le silence radio."

      Si certains migrants ont réussi à rentrer chez eux via leurs ambassades ces dernières heures, des dizaines d’autres errent entre les bureaux du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) et ceux de l’OIM, à Tunis. Beaucoup sont de Sierra Leone, de Guinée Conakry, du Cameroun, du Tchad ou du Soudan, des pays parfois sans ambassade dans la capitale tunisienne. Arrivés illégalement, ils se sont retrouvés, après les propos de Kaïs Saïed, soudainement à la rue et privés des emplois informels grâce auxquels ils survivaient.

      *Le prénom a été changé

      https://www.infomigrants.net/fr/post/47231/etudiant-congolais-en-tunisie--je-ne-sors-plus-je-reste-confine-chez-m

    • Racisme en Tunisie. « Le président a éveillé un monstre »

      Depuis quelques jours, la Tunisie est le théâtre d’une furieuse poussée de racisme contre les populations subsahariennes, déclenchée notamment par les récentes déclarations du président Kaïs Saïed. Du sud du pays à la capitale, Tunis, la crainte d’une escalade est grande.

      « Regarde ce qu’ils nous font, c’est terrible ! Comme si on n’était pas vraiment des hommes. » Sur l’écran du smartphone que me tend l’homme qui s’indigne ainsi, Adewale, deux hommes à la peau noire recroquevillés sur un canapé sont menacés par des assaillants encapuchonnés, armés de ce qui ressemble à des couteaux. Les victimes roulent des yeux terrifiés et psalmodient des suppliques. En réponse, leurs agresseurs hurlent, miment des coups. Puis la vidéo TikTok s’arrête et laisse place à une autre : elle montre des hommes et des femmes qui marchent dans la rue en criant des slogans, la mine hostile. « Ça ce sont des gens qui manifestaient contre la présence des Subsahariens dans le pays. Je ne comprends pas pourquoi ils nous détestent tant. »

      Adewale parle d’une voix lasse. Il l’a dit plusieurs fois pendant l’entretien : il n’en peut plus. De sa situation bloquée. De sa vie fracturée. De l’atmosphère viciée de ces derniers jours. Ce jeune Nigérian né à Benin City a beau avoir tout juste 30 ans, il a déjà derrière lui tout un passé de drames. Plus tôt, il m’avait raconté les larmes aux yeux comment sa femme est morte lors d’une tentative de fuir la Libye et de rejoindre l’Europe en bateau. Diminuée par les mauvais traitements endurés en Libye, malade, elle est décédée après un jour de traversée. « C’était le 27 mai 2017, je ne l’oublierai jamais », répète-t-il. Il explique avoir dû faire croire qu’elle s’était assoupie sur ses genoux pour éviter que son corps ne soit jeté à la mer par les autres voyageurs.

      Lui a été récupéré deux jours plus tard par un navire de gardes-côtes tunisiens alors qu’il dérivait au large de Sfax avec ses compagnons d’infortune. Depuis, il survit dans ce pays, obsédé par la perte de sa compagne dont il visite et fleurit régulièrement la tombe. Impossible pour lui de rentrer au Nigeria : la famille de sa compagne décédée le tient pour responsable et lui aurait signifié son arrêt de mort.

      À plusieurs reprises, Adewale me montre des photos personnelles pour mieux illustrer son propos. Défilent des portraits de sa défunte femme souriante, barrés d’un grand « RIP » coloré, suivis de clichés de sa tombe en béton ornée de fleurs. Puis ce sont des images où on le voit travailler sur un chantier de Zarzis, la ville où il réside désormais. Adewale me prend à témoin : c’est un bon travailleur, un ouvrier du bâtiment acharné, levé à l’aube, qui accepte de bosser au noir pour un salaire de misère. Depuis six ans qu’il réside en Tunisie, il n’a pas démérité. Comme tous ses camarades, ajoute-t-il. Alors aujourd’hui il tombe des nues : « Il y a peu de temps, j’ai été agressé dans la rue, à côté de chez moi. Un homme m’a donné un coup de poing dans l’estomac en me disant de rentrer dans mon pays. Tu imagines ? Dans ces cas-là, il ne faut surtout pas répondre sinon tout le monde se rue sur toi. C’est pour ça que je n’ai pas réagi. Mais je ne comprends pas cette haine. »

      Une version arabe du « #grand_remplacement »

      Zarzis n’est pourtant pas l’épicentre des violences racistes qui se déchaînent en Tunisie depuis plusieurs jours. Située dans le sud-est de la Tunisie, à moins de 100 kilomètres de la frontière libyenne, cette ville côtière d’environ 70 000 habitants est réputée plutôt « ouverte », avec une communauté de pêcheurs qui se sont parfois distingués par leur aide apportée aux embarcations de personnes exilées en détresse. Elle abrite aussi depuis peu un cimetière verdoyant nommé « Jardin d’Afrique », ou « Paradis d’Afrique », inauguré en 2021, qui se veut le symbole du respect accordé aux dépouilles des personnes décédées en mer.

      Mais à Zarzis comme ailleurs en Tunisie, la situation est tendue. Le déclencheur ? Un discours du président Kaïs Saïed le mardi 21 février 2023 lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, qui a déchaîné ou réveillé chez certains une forme de racisme latent. Entre deux saillies sur les « violences, [...] crimes et actes inacceptables » prétendument commis par les « hordes » de personnes exilées clandestines, celui qui, depuis juillet 2021, s’est arrogé tous les pouvoirs, a déclaré que la migration correspondait à une « entreprise criminelle [...] visant à changer la composition démographique de la Tunisie ». L’objectif du complot ? En faire un pays « africain seulement » afin de dénaturer son fond identitaire « arabo-musulman ». Une traduction en arabe de la théorie du « grand remplacement » prônée en France par Renaud Camus, Éric Zemmour et leurs émules. Rodant déjà sur les réseaux sociaux, et portées par le Parti nationaliste tunisien, un mouvement relativement confidentiel jusqu’à ce début d’année, ces thèses ont soudain jailli au grand jour, entraînant une vague de violences qui s’est ressentie jusqu’à Zarzis.

      Adewale raconte ainsi qu’il se fait régulièrement insulter, qu’il ne peut plus se rendre au travail, et que plusieurs de ses amis subsahariens ont été mis à la porte de chez eux par leurs bailleurs pour la seule raison qu’ils étaient noirs. Il ajoute que lui a de chance : le sien est venu toquer à sa porte pour lui dire de le prévenir s’il avait des problèmes. Il n’empêche : il se terre chez lui. Et de dégainer encore une fois son smartphone pour me montrer une énième vidéo TikTok, ce réseau social devenu avec Facebook le vecteur principal du racisme – mais aussi la première source d’information des exilés. « Ça c’était à Sfax hier, explique Adewale, des jeunes ont attaqué un immeuble où vivaient des Subsahariens, et tout le monde a été mis dehors. » Sur l’écran, des hommes, des femmes et des enfants sont assis sur le trottoir avec leurs affaires, l’air désemparé. « Il y a des gens terribles ici », ajoute Adewale.

      « Une forme de psychose qui s’installe »

      Rencontrés à Zarzis, Samuel et Jalil vivent eux aussi dans la peur depuis le discours du 21 février. Ils ne sont pas d’origine subsaharienne, mais ils craignent que les temps à venir soient dramatiques pour les personnes exilées vivant en ville : « On conseille aux migrants qu’on suit de ne pas sortir, ou alors seulement au petit matin, pour aller faire les courses, parce qu’on ne sait pas comment ça peut tourner », explique Jalil. Il ne cache pas craindre une criminalisation de leur activité : « Les policiers savent qu’on assiste les personnes en transit ici. Dans le climat politique actuel, il y a forcément une forme de psychose qui s’installe. »

      L’entretien avec ces deux militants locaux a été fixé par WhatsApp, après vérification de ma situation : est-ce que les autorités savent que je suis journaliste ? Non ? J’en suis bien sûr ? Rendez-vous est finalement donné dans une sorte de villa touristique baroque, à quelques kilomètres du centre-ville. « C’est un peu notre cachette », dit Jalil, souriant de ce terme incongru. Tous deux expliquent en s’excusant que la situation politique les force à prendre des précautions dont ils préféreraient se passer. Âgés d’une quarantaine d’années, Samuel et Jalil s’emploient depuis des années à assister les nombreuses personnes exilées qui atterrissent dans la ville. Ils ont constaté que, bien avant l’envolée raciste du président, les personnes subsahariennes se voyaient déjà appliquer un traitement différencié : « On les accompagne s’ils doivent aller à l’hôpital, car sinon on ne les prend pas en charge. Et quand ils se font agresser, ce n’est même pas la peine pour eux de se rendre à la police, car elle n’enregistrera pas leur plainte. »

      C’est par le biais de ces deux militants que je rencontre leurs amis Yacine et Nathan. Le premier vient du Mali, le second de Côte d’Ivoire. Tous les deux sont passés par la Libye, qu’ils décrivent comme un enfer, entre sévices physiques et travail forcé. Interrogés sur la période passée là-bas, ils éclatent d’un rire nerveux. « C’est notre manière d’évacuer ces moments, explique Yacine. Personne ne peut comprendre l’horreur de ce pays pour un Noir s’il ne l’a pas vécu. »

      Quand ils ont finalement réussi à prendre la mer, après de longs mois d’errance et de labeur, ils ont été récupérés par un navire des gardes-côtes tunisiens, qui les a déposés à Zarzis. Ils ont ensuite été convoyés à Médenine puis à Djerba, où ils ont travaillé dans le bâtiment. De retour à Zarzis, ils ne pensent qu’à une chose : prendre la mer pour l’Europe. Et tant pis si pour cela ils doivent tenter la traversée sur un « iron boat », ces bateaux de métal conçus à la va-vite et qui ont sur certains rivages remplacé les navires en bois ou en résine – une évolution des conditions de navigation qui a provoqué de nombreux drames, ces embarcations de fortune prenant l’eau à la moindre vague.
      Des centaines de morts dans l’indifférence

      Plus de 580 personnes sont mortes en 2022 après avoir pris la mer depuis la Tunisie, dans l’indifférence de la communauté internationale. Pour Yacine et Nathan, qui ont déjà tenté la traversée depuis la Tunisie trois fois – pour se voir à chaque fois ramenés à quai par les gendarmes tunisiens des mers –, il existerait cependant des moyens concrets pour assurer une traversée plus sûre : « Il suffit de bien s’organiser, d’utiliser des applications pour connaître la météo dans les trois jours qui arrivent, et de regarder la hauteur des vagues. Après, tu te confies à Dieu. » Davantage que les éléments, ils craignent les hommes : « Le vrai problème, ce sont les gardes-côtes, qui se montrent violents et dangereux, au point de parfois faire couler les bateaux ».

      À Zarzis, une ville endeuillée par le terrible naufrage du 21 septembre 2022 au cours duquel 18 Tunisiens se sont noyés dans des circonstances troubles semblant impliquer les gardes-côtes, la question ne laisse pas la population insensible. De nombreuses manifestations ont eu lieu, notamment pour exiger des enquêtes sur les circonstances du drame. Début septembre a également été organisée une « commémorAction » réunissant Tunisiens et familles de disparus venus de divers pays africains. Mais dans le contexte actuel, la critique des politiques migratoires se retourne parfois contre les migrants, explique Jalil : « Certains disent que les jeunes Tunisiens sont morts à cause des Subsahariens, parce que le comportement violent des gardes-côtes serait dû à la volonté d’endiguer avant tout le départ des personnes noires. »

      Après plusieurs années passées en Tunisie, Yacine et Nathan assurent que le racisme était déjà sensible avant le discours du président. Refoulements à l’hôpital, loyers plus chers, charges d’électricité gonflées et travail sous-payé les poussent à considérer qu’eux et leurs camarades seraient en fait de pures aubaines pour ce pays. Pas dupes, ils font mine de s’étonner d’un traitement différencié avec des étrangers plus clairs de peau : « On s’est rendu compte que certains étrangers n’étaient pas concernés par les insultes et les mauvais traitements, notamment les Syriens, les Bangladais ou les Marocains. Peut-être que c’est la couleur de peau qui fait la différence ? Il faut dire qu’on est plus visuels ! »

      « Ici, c’est chez nous »

      Si l’ironie est de mise, la gravité aussi. Car les deux amis s’accordent à dire que le discours de Kaïs Saïed a jeté de l’huile sur le feu. Selon Nathan, « jouer sur la haine peut être très efficace, il suffit de voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux ». Il s’inquiète logiquement du ralliement d’une partie de la population à cette croisade numérique. S’il a l’habitude de craindre la police, ne pas pouvoir marcher dans la rue ou se rendre à la boutique pour faire ses courses lui semble bien plus grave. Quant aux débordements, ils sont déjà là, s’indigne Yacine :

      Depuis le discours du président, on entend des insultes tout le temps. On te dit : « Ici, c’est chez nous. » Ça peut aussi passer par des petits gestes, quelqu’un à l’arrière d’un taxi qui s’étale de tout son long et ne te laisse qu’un bout de banquette, sans que tu puisses rien dire. Et parfois c’est grave : il y a quelques mois, un jeune Guinéen a été lapidé pour avoir changé une chaîne de télé dans un café. Des jeunes Tunisiens l’ont attendu à l’extérieur. Il a perdu un œil. J’ai peur que ce genre d’événements se reproduise bien plus souvent.

      Aux environs de Zarzis et dans la ville même, la plupart des personnes subsahariennes sont clandestines, n’ont aucune intention de rester en Tunisie et ont les yeux rivés sur la mer – à l’image d’Adewale, de Yacine et de Nathan. Pour beaucoup de celles et ceux passés par la Libye, ils n’ont de toute façon plus de papiers d’identité, les divers exploiteurs de misère croisés dans ce pays les leur ont confisqués. Mais les 21 000 ressortissants de pays subsahariens qui vivent en Tunisie sont tous plus ou moins logés à la même enseigne, qu’ils soient « légaux » ou « illégaux ».

      À Sfax, deuxième ville du pays secouée par plusieurs nuits de violences racistes dont le bilan est encore incertain, la tension imprègne les rues. Interrogés sur les derniers événements, certains Tunisiens déplorent les violences qu’ils attribuent à des jeunes écervelés agissant en bandes. « Ce sont des crétins qui se montent la tête sur Internet », estime un vieil homme rencontré à la terrasse d’un café. Mais d’autres assument un discours dont il ressort qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que les victimes l’ont sans doute un peu cherché.

      Quant aux principaux concernés qui osent sortir de chez eux, certains ne croient plus vraiment au dialogue. À l’extérieur de la casbah de Sfax, en bordure de la large avenue des Martyrs, quelques exilés ont dressé les étals d’un petit marché africain – épices, fruits et légumes du pays. Interrogé, un jeune homme aux yeux tristes confie avoir « très peur des jours qui arrivent ». Il me renvoie vers un trio de femmes, apparemment chargées des communications. Tout en remballant leurs sacs de provisions, elles assurent ne pas vouloir témoigner : « On ne veut plus parler, on a trop parlé ! Et ça ne change rien ! C’est de pire en pire ! »

      « Les Noirs n’ont plus de valeur ici ! »

      Devant l’ambassade de Côte d’Ivoire à Tunis, par contre, les langues se délient. Cela fait quelques jours que le lieu excentré en banlieue est un point de rassemblement pour les Ivoiriens désemparés. Certaines familles dorment même sous des tentes, dressées sur un terre-plein à proximité du bâtiment, après qu’elles ont été expulsées de leur habitation. Tous ici affirment être arrivés par avion en Tunisie, donc par la voie légale. Leur désenchantement est immense.

      Parmi la grosse cinquantaine de présents, certains sont venus tenter de faire avancer leur situation administrative – qu’il s’agisse de rester dans le pays ou de le quitter. Beaucoup s’indignent de la question des « pénalités » que le gouvernement tunisien entend faire payer aux personnes désirant rentrer chez elles – et qui, selon la durée du séjour, peuvent atteindre de fortes sommes. Les autorités marchent sur la tête, s’accordent-ils : elles veulent qu’ils partent mais font tout pour que ce ne soit pas possible…

      Au-delà des épineuses questions administratives, les discours tenus ici sont unanimes : le racisme a explosé dans des proportions effrayantes. Prendre les transports en commun revient ainsi à s’exposer à de forts risques d’agression. Les témoignages s’enchaînent. « Moi je suis terrée chez moi depuis bientôt une semaine. C’est la première fois que je sors », dit l’une. « Des jeunes ont cassé ma porte en pleine nuit pour m’expulser de chez moi », s’émeut un autre, qui montre les contusions sur son visage et sur son cou en expliquant avoir été frappé. « J’étais dans le métro avec mes deux enfants quand des jeunes nous ont crié : “Rentrez chez vous, les singes !” », déplore une mère de famille, le petit dernier agrippé à son dos.

      Alors que plusieurs d’entre eux évoquent les rafles policières menées jusqu’à la sortie des crèches et la situation des personnes maintenues en prison, l’un d’eux sort un smartphone pour montrer les images passablement floues d’un homme noir insulté et frappé par ce qui ressemble à des policiers – « ils le torturent ». Puis c’est une autre où des Tunisiens crient « on n’est pas des Africains ! ». Enfin, une dernière qui déclenche des cris outrés quand l’orateur déclare : « Les Noirs n’ont plus de valeur ici ! »
      « Le feu vert à tous les débordements racistes »

      Face à ce déferlement de haine en ligne, les réactions sont contrastées. Un homme me déclare que le jour où il rentrera au pays il s’en prendra aux riches Tunisiens installés en Côte d’Ivoire – œil pour œil. Mais d’autres insistent pour imputer la responsabilité des violences à une minorité haineuse. « Beaucoup de Tunisiens m’ont aidé depuis que je suis arrivé », tient à témoigner Ismaël, jeune étudiant en informatique. Il parle d’une voix posée, évoque en souriant les délires administratifs qu’il a rencontrés jusqu’ici pour tenter de régulariser sa situation. Comme d’autres, il tempère, tente d’entrevoir une porte de sortie pour continuer à vivre dans ce pays qu’il dit aimer. Puis il se ravise : « En fait, je ne sais plus trop quoi penser. Le président a éveillé un monstre, et les derniers jours ont fait trop mal. »

      Une certitude : en pleine dérive autoritaire, le régime de Kaïs Saïed a libéré un fléau qui laissera des traces. « Il a donné le feu vert à tous les débordements racistes, qu’ils soient l’œuvre de la population ou des forces armées », explique un opposant tunisien, vétéran du renversement de Zine El-Abidine Ben Ali, en 2011, qui parle de « fascisme » pour désigner le pouvoir en place. « C’est un basculement très dangereux, contre lequel il va falloir lutter de toutes nos forces. »

      Inquiets, quelques centaines de manifestants se sont donné rendez-vous le 25 février pour dénoncer les discours et les violences racistes dans les rues de Tunis. Une initiative qui ne pèse pour l’instant pas lourd face à l’alliance de la parole présidentielle et des emballements racistes sur les réseaux sociaux.

      https://afriquexxi.info/Racisme-en-Tunisie-Le-president-a-eveille-un-monstre

    • Tunisie : des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne rapatriés vers le #Mali et la #Côte_d’Ivoire

      Le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, a affirmé, le 21 février, que la présence dans le pays de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes ».

      Des migrants subsahariens en attente de prendre un vol de rapatriement vers leur pays d’origine, au consul du Mali à Tunis, le 4 mars 2023. FETHI BELAID / AFP

      Quelque 300 Maliens et Ivoiriens ont quitté la Tunisie, samedi 4 mars, à bord de deux avions rapatriant des ressortissants d’Afrique subsaharienne cherchant à fuir des agressions et des manifestations d’hostilité après une violente charge du président, Kaïs Saïed, contre les migrants en situation irrégulière.

      Le 21 février, M. Saïed a affirmé que la présence en Tunisie de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays.

      Samedi, « on a fait embarquer 133 personnes » parmi lesquelles « 25 femmes et 9 enfants ainsi que 25 étudiants » dans l’avion qui a quitté la Tunisie vers 11 heures, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un diplomate malien. Deux heures plus tard, un autre appareil devant rapatrier 145 Ivoiriens a décollé de Tunis, selon l’ambassadeur ivoirien en Tunisie, Ibrahim Sy Savané.

      Discours « raciste et haineux »

      Le discours présidentiel, condamné par des ONG comme « raciste et haineux », a provoqué un tollé en Tunisie, où les personnes d’Afrique subsaharienne font état depuis d’une recrudescence des agressions les visant et se sont précipitées par dizaines à leurs ambassades pour être rapatriées.

      Devant l’ambassade du Mali, surchargés de valises et ballots, tous ont dit fuir un climat lourd de menaces. « Les Tunisiens ne nous aiment pas, donc on est obligés de partir, mais les Tunisiens qui sont chez nous doivent partir aussi », a dit à l’AFP Bagresou Sego, avant de grimper dans un bus affrété par l’ambassade pour l’aéroport.

      Arrivé il y a quatre ans, Abdrahmen Dombia a interrompu ses études de mastère en pleine année universitaire : « La situation est critique ici, je rentre parce que je ne suis pas en sécurité. » Baril, un « migrant légal », s’est dit inquiet pour ceux qui restent. « On demande au président, Kaïs Saïed, avec beaucoup de respect de penser à nos frères et de bien les traiter », explique-t-il.
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      Selon le gouvernement ivoirien, 1 300 ressortissants ont été recensés en Tunisie pour un retour volontaire. Il s’agit d’une part importante de la communauté ivoirienne, qui, avec environ 7 000 personnes, est la plus importante d’Afrique subsaharienne en Tunisie, à la faveur d’une exemption de visa à l’arrivée.

      Quelque trente étudiants ivoiriens, en situation régulière, font partie des rapatriés. « Ils ne se sentent pas à l’aise, certains ont été victimes d’actes racistes, certains sont en fin d’études, d’autres les ont interrompues », a précisé à l’AFP par téléphone depuis l’aéroport Michael Elie Bio Vamet, président de l’Association des étudiants ivoiriens en Tunisie. « Il y a des agressions presque tous les jours, des menaces, ou bien ils sont mis dehors par leurs bailleurs, ou agressés physiquement », a-t-il ajouté.

      « Déferlement de haine »

      Pour la plupart issus de familles aisées, des dizaines d’étudiants d’Afrique subsaharienne étaient inscrits dans des universités ou des centres de formation en Tunisie. Apeurés, beaucoup sont déjà repartis par leurs propres moyens, selon leurs représentants.

      L’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT) a documenté l’agression, le 26 février, de « quatre étudiantes ivoiriennes à la sortie de leur foyer universitaire » et d’« une étudiante gabonaise devant son domicile ». Dès le lendemain du discours de M. Saïed, l’AESAT avait donné comme consigne aux étudiants subsahariens « de rester chez eux » et de ne plus « aller en cours ». Cette directive a été prolongée au moins jusqu’au 6 mars.

      Des Guinéens rentrés par le tout premier vol de rapatriement mercredi ont témoigné auprès de l’AFP d’un « déferlement de haine » après le discours de M. Saïed.
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Tunisie, le tournant répressif du régime de Kaïs Saïed

      Bon nombre des 21 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail et leur logement. Des dizaines ont été arrêtés lors de contrôles policiers, certains sont encore en détention. D’autres ont témoigné auprès d’ONG de l’existence de « milices »qui les pourchassent et les détroussent.

      Cette situation a provoqué l’afflux de centaines de personnes à leurs ambassades pour être rapatriées. D’autres, encore plus vulnérables car issues de pays sans ambassade à Tunis, ont rejoint un campement improvisé devant le siège de l’Office international pour les migrations (OIM), où elles dorment dans des conditions insalubres.

      Selon l’ambassadeur ivoirien, la Tunisie a promis de renoncer à réclamer aux personnes en situation irrégulière des pénalités (80 dinars, soit 25 euros par mois de séjour irrégulier) qui, pour certains, dépassaient 1 000 euros

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/03/04/des-centaines-de-ressortissants-d-afrique-subsaharienne-rapatries-de-tunisie
      #renvois #expulsions #rapatriement #retour_au_pays

    • La Tunisie rongée par les démons du racisme

      L’éruption d’hostilité aux Africains subsahariens encouragée par le président Kaïs Saïed s’ajoute à la régression autocratique et entache encore un peu plus l’image de la Tunisie à l’étranger.

      Il est bien loin, le temps où la Tunisie inspirait hors de ses frontières respect et admiration. Chaque semaine qui passe entache un peu plus l’image de ce pays qui brilla jadis d’une flamme singulière dans le monde arabo-musulman. Que reste-t-il du prestige que lui conférait son statut d’avant-garde en matière de libertés publiques, de pluralisme politique, de droits de femmes et de respect des minorités ? Le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs à la faveur d’un coup de force en juillet 2021, lui impose désormais un tournant répressif, conservateur et xénophobe des plus préoccupants. La Tunisie en devient méconnaissable.

      Dans cette affaire, tout est lié : le retour à l’autocratie va de pair avec la crispation identitaire, les deux se nourrissant d’un prétendu « complot » contre l’Etat et la patrie. L’une des illustrations les plus déprimantes de cette régression est la récente vague de racisme anti-Noirs qui secoue le pays. Dans la foulée de la déclaration du 21 février du président Saïed, qui a fustigé des « hordes de migrants clandestins » associées à ses yeux à un « plan criminel » visant à « modifier la composition démographique » du pays en rupture avec son « appartenance arabo-islamique », l’hostilité se déchaîne contre les étudiants et les immigrés issus de l’Afrique subsaharienne.

      Ces derniers sont chaque jour victimes d’agressions physiques et verbales à Tunis et dans d’autres centres urbains. Le discours conspirationniste du chef de l’Etat, aux accents de type « grand remplacement », a libéré un racisme enfoui au tréfonds de la société tunisienne, héritage de l’esclavage en Afrique du Nord, aux séquelles psychologiques durables.
      L’embarras prévaut

      L’éruption de cette xénophobie cautionnée au plus haut niveau de l’Etat a obscurci la perception de la Tunisie à l’étranger. M. Saïed a beau avoir tenté de nuancer ses propos en précisant qu’il visait les immigrants en situation irrégulière, le mal est fait. Ses brigades de fidèles, dont certains sont affiliés à un Parti nationaliste tunisien aux discours et aux méthodes dignes de l’extrême droite européenne, traquent les Subsahariens. Les Tunisiens les plus progressistes avouent leur « honte » et tentent d’organiser dans l’adversité un front « antifasciste ». La consternation règne aussi dans de nombreuses capitales du continent. L’Union africaine a « condamné » les « déclarations choquantes » du président Saïed.
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Le régime de Kaïs Saïed en Tunisie n’a pas changé de nature, mais de degré de répression »

      Dans les capitales européennes, c’est plutôt l’embarras qui prévaut. Si les chancelleries ne manquent pas d’exprimer occasionnellement leur « préoccupation » face au recul de l’Etat de droit en Tunisie, elles n’ont pas réagi à la charge présidentielle contre les migrants subsahariens. Et pour cause : M. Saïed répond plutôt positivement aux appels de l’Europe – au premier chef de l’Italie – à mieux verrouiller ses frontières maritimes afin d’endiguer les traversées de la Méditerranée.

      Le cadenassage de « l’Europe forteresse », qui contribue à fixer en Afrique du Nord des candidats à l’exil européen, n’est pas étranger aux tensions migratoires dont cette région est le théâtre. Cherche-t-on à ménager M. Saïed afin d’éviter qu’il « lève le pied » sur la surveillance de son littoral ? Si telle était l’arrière-pensée, elle ajouterait le cynisme à un dossier déjà suffisamment dramatique.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/04/la-tunisie-rongee-par-les-demons-du-racisme_6164127_3232.html

    • En Tunisie, le douloureux retour au pays des exilées subsahariennes

      Elles ont tout quitté pour venir en Tunisie, trouver un travail et subvenir aux besoins de leur famille dans leur pays. Souvent exploitées ou livrées à elles-mêmes durant leur parcours de vie en Tunisie, des femmes migrantes subsahariennes racontent comment elles ont quitté ou vont quitter le pays, après les propos du président Kaïs Saïed sur son intention de contrer le phénomène migratoire, source de violences et de crimes selon ses mots. Témoignages.

      À l’entrée de l’aéroport de Tunis Carthage, ce samedi 4 mars, l’aube commence à pointer et Mireille fait les cent pas. Emmitouflée dans une écharpe rouge pour se réchauffer, elle se confie : « J’ai vraiment hâte que tout ça se finisse. » Ivoirienne, elle attend, fébrile, avec une centaine d’autres de ses compatriotes en file indienne, valises à la main, le premier vol de rapatriement vers Abidjan, une opération lancée par l’ambassade peu après les propos polémiques de Kaïs Saïed du 21 février sur les migrants subsahariens.

      Dimanche soir, la Présidence de la République et celle du gouvernement tunisien ont tenté d’apaiser le ton tout en disant s’étonner de la « campagne liée au prétendu racisme en Tunisie » et rejette ces accusations. Mais elles ajoutent mettre en place des mesures pour les résidents subsahariens en Tunisie, notamment avec l’octroi de cartes de séjour d’un an pour les étudiants. Le gouvernement a également annoncé faciliter les départs volontaires pour ceux qui le souhaitent et un numéro vert pour signaler les violations de leurs droits.

      Après ses déclarations, qualifiées de « racistes » par de nombreuses associations, beaucoup de migrants ont été expulsés de chez eux par leur propriétaire, et ont perdu leur travail. Les agressions dans la rue se sont multipliées et les chancelleries de plusieurs pays ont décidé d’affréter des avions pour permettre des rapatriements à leurs ressortissants. Près de 2 000 Ivoiriens candidats au départ ont déjà été recensés en moins d’une semaine par l’ambassade et, chaque jour, la liste s’allonge. La Guinée a rapatrié une cinquantaine de ressortissants. Le Mali, 154.

      Depuis 2020, une étude de l’Observatoire national pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour les questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA), note une « recrudescence » de la présence des femmes migrantes dans les centres d’accueil de femmes victimes de violences. « Les violences faites aux femmes migrantes sont difficilement condamnées et prises en charge par l’État en raison du statut irrégulier des femmes, de leur accès limité aux services en raison de la peur d’être dénoncées ou encore d’être expulsées du pays », peut-on lire dans le rapport.

      Aujourd’hui, le retour précipité au pays, le risque d’une expulsion brutale de leur logement ou d’une agression sont devenus une préoccupation quotidienne de la grande majorité des femmes subsahariennes en Tunisie, déjà souvent exposées à des violences et à la vulnérabilité économique. Mediapart a donné la parole à trois d’entre elles.
      Quatre ans en Tunisie et un traumatisme

      Mireille a été particulièrement choquée par ses derniers jours passés dans le pays. Cette coiffeuse de formation qui avait laissé, quatre ans plus tôt, ses trois enfants en Côte d’Ivoire pour tenter de soutenir financièrement sa famille, n’a vécu que des désillusions. « Dès que je suis arrivée, mes contacts sur place m’ont mise dans le circuit de femmes de ménage. Je gagnais 450 dinars par mois (135 euros) et je travaillais 12 heures par jour, j’ai eu sans arrêt des problèmes de santé à cause des produits nettoyants qu’on nous faisait utiliser et je ne sens plus mon dos », raconte-t-elle.

      Très vite, elle regrette d’être venue mais se rend compte que les pénalités pour avoir excédé sa durée de séjour dans le pays sont lourdes, 80 dinars par mois, à payer à la police des frontières. Ces pénalités sont plafonnées à 3 000 dinars (900 euros) depuis 2017. « Alors, comme d’autres, je me suis retrouvée coincée et j’ai continué de travailler pour tenter d’économiser et de payer mon retour », dit-elle.

      Dans une étude publiée en 2020 par l’ONG Terre d’asile en Tunisie sur le parcours des femmes migrantes, la précarité et la vulnérabilité de femmes comme Mireille étaient déjà dénoncées. L’une des conclusions de l’étude invitait l’État tunisien à « travailler au développement de conditions d’accueil pour les femmes migrantes qui leur permettraient de s’autonomiser, notamment au moyen de l’accès à un travail décent et à un séjour régulier, et d’accéder véritablement à leurs droits », peut-on lire dans la conclusion de l’étude basée sur les témoignages d’une vingtaine de femmes. « Cette autonomisation leur permettra d’être moins vulnérables aux violences, aux arnaques et à la précarité, tout en leur donnant toutes les chances de s’intégrer au sein de la société tunisienne. »

      Pour Mireille, l’intégration a fini en traumatisme. Deux jours après le communiqué de la présidence sur les Subsahariens, sa maison a été mise à sac par deux jeunes Tunisiens dans la nuit du 23 février. « J’étais en train de cuisiner et j’ai entendu des coups à la fenêtre, avec des hommes qui criaient des mots en arabe, au début je n’ai pas compris », raconte-t-elle. Puis elle entend en français : « Les Africains, sortez, on veut plus de vous. »

      Elle prend peur et appelle son employeur, une femme tunisienne avec qui elle s’entend bien. « Elle a tenté de m’aider, raconte-t-elle. Elle voulait que je m’échappe sur la route principale pour passer la nuit chez elle, mais les agresseurs étaient devant ma porte. Il n’y avait aucune échappatoire et mes voisins au-dessus m’ont crié qu’ils étaient armés. »

      La police, alertée aussi par les Subsahariens vivant au-dessus de chez Mireille, arrive sur les lieux mais près d’une heure plus tard. Les deux jeunes ont pu rentrer et saccager toutes les affaires de Mireille, lui voler également une somme de 6 000 dinars (1 800 euros), l’argent qu’elle avait économisé pour rentrer chez elle et pour l’envoyer à sa famille.

      Les migrants en situation irrégulière ne peuvent pas ouvrir de compte en banque et transférer de l’argent à leur famille. L’envoi d’argent se fait surtout par des connaissances qui font des allers-retours, et certains migrants sont obligés d’emmagasiner de l’argent en espèces chez eux, faute de mieux.

      Juste avant que les agresseurs enfoncent la porte, Mireille est hissée par ses voisins à l’aide d’un drap au premier étage de la résidence, en passant par une fenêtre de la cour intérieure qui ne donne pas sur la rue. Jointe au téléphone un jour après son arrivée à Abidjan, elle se rappelle avec émotion ce moment. « Je n’arrête pas de penser jusqu’à maintenant à ce qu’ils m’auraient fait s’ils m’avaient trouvée sur place », témoigne-t-elle d’une voix tremblante.

      Aujourd’hui, elle attend de pouvoir revoir ses enfants dans un centre à Abidjan où ont été dispatchés les premiers rapatriés. « Je ne les ai pas vus depuis quatre ans, le plus important pour moi, c’est de les retrouver, ensuite je réfléchirai à l’après », dit-elle. Elle est partie avec seulement quelques affaires achetées juste avant le départ grâce à des dons.
      L’attente d’un retour, après avoir tout perdu

      Les vidéos de l’incident ont fait le tour des réseaux sociaux et ont alerté sur la recrudescence des agressions envers les Noirs en Tunisie après les propos de Kaïs Saïed, poussant de nombreux migrants à se cloîtrer chez eux ou à tenter de partir au plus vite.

      Devant l’ambassade de Côte d’Ivoire le vendredi 3 mars, Fortune, 33 ans, attend encore d’être convoquée pour faire partie des prochains vols de rapatriement mais un document lui manque, l’extrait de naissance de son enfant, né en Tunisie en 2019. « Lors de sa naissance, je n’ai pas eu l’extrait de naissance, il fallait payer et je n’avais pas d’argent, et ensuite j’avais passé le délai donc j’ai déposé une demande à l’OIM [l’Organisation internationale pour les migrations qui dépend des Nations unies – ndlr] et jusqu’à présent je n’ai pas le document. »

      Elle ne peut pas laisser son fils sur place mais elle se préparait au départ bien avant les propos de Kaïs Saïed. « Dès mon départ vers la Tunisie en 2018, des amies m’avaient avertie du racisme et des mauvais traitements que subissent les Noirs, mais je voulais quand même essayer pour gagner un peu d’argent et financer mes études au pays », dit-elle.

      Elle explique avoir eu de bons employeurs en Tunisie mais, pour elle, les propos de Kaïs Saïed, sont inacceptables. « Il y a différentes manières de dire qu’il faut mieux gérer les flux migratoires irréguliers, je peux comprendre que ça gêne vu que nous sommes tous sans statut légal ici, mais là, dans ses déclarations, j’avais l’impression d’avoir été traité comme un animal », commente-t-elle.

      À ses côtés Naomi, 33 ans, ronge son frein, déprimée. Elle avait investi toutes les économies de son salaire de coiffeuse en Tunisie pour ouvrir son propre salon. Près de 7 000 dinars (2 100 euros) dépensés dans du matériel et une location. « Je comptais sur l’été et les mariages pour gagner de l’argent et l’envoyer au pays », dit-elle. Comme Fortune, elle a tout perdu, la propriétaire lui a demandé de fermer boutique et elle attend devant l’ambassade pour s’enregistrer et partir au plus vite.
      L’impossible régularisation

      Ces deux femmes ont reçu des délais très courts de leurs propriétaires pour quitter leur logement, car les autorités ont annoncé une application stricte de la loi. Un Tunisien ne peut pas louer à un étranger sans lui demander sa carte de résidence ou bien le déclarer dans un commissariat. Une situation d’urgence à laquelle s’ajoute la peur d’être agressée.

      « Là, dès que l’on sort de chez nous, on regarde derrière nous de peur qu’un gosse nous jette des pierres. Cela m’était déjà arrivé avant les propos de Kaïs Saïed mais, désormais, c’est devenu une menace quotidienne », explique Évelyne, 30 ans, qui avait ouvert une crèche dans le quartier de l’Ariana au nord de Tunis pour permettre aux familles subsahariennes qui travaillent de laisser leurs enfants en journée. « Bien sûr que ce n’était pas déclaré, mais comment voulez-vous qu’on fasse ?, demande Évelyne. On dépense de l’argent dans des procédures pour avoir des papiers, et jamais nous n’arrivons à obtenir la carte de résidence. Tout se fait au noir parce que nous n’avons pas d’autre choix, et pendant des années personne n’y a trouvé à redire. »

      La loi tunisienne met sous conditions l’embauche d’un étranger avec la préférence nationale et très peu de migrants arrivent à se régulariser, à l’exception des étudiants.
      Rester et vivre dans la rue, le nouveau fardeau d’Aïcha

      Alors que ces femmes attendent un retour imminent vers leur pays, d’autres n’ont pas d’autre choix que de rester, dans des conditions parfois plus que précaires. Aïcha, 23 ans et originaire de la Sierra Leone, campe avec une centaine d’autres migrants devant le siège de l’OIM depuis une semaine, après avoir été expulsée de son logement.

      Son voyage pour venir en Tunisie en août 2022 par voie terrestre a pris presque trois mois. Durant son périple, elle dit avoir égaré son passeport. « Donc au final, je n’ai jamais pu travailler ici, ou alors des petits jobs ponctuels. En plus je ne parle qu’anglais donc la barrière de la langue était problématique », explique-t-elle. Elle dit attendre que la situation se calme pour voir comment rester dans le pays.

      « Au pire des cas, je rentrerai, mais vraiment j’aimerais bien rester ici, c’est difficile de repartir après avoir tout laissé dans son pays. J’étais étudiante mais je voulais tenter ma chance ailleurs et beaucoup d’amis m’ont dit qu’en Tunisie il y aurait du travail et des conditions de vie meilleures que chez nous », dit-elle. Son rêve est de suivre une formation pour devenir journaliste.

      « Au pays, on voulait que je me marie avec un homme plus âgé, moi je voulais vraiment avoir une carrière et un avenir », poursuit-elle. Mais en attendant, elle vit dans la rue avec d’autres migrants, cherchant des cafés aux alentours qui acceptent qu’elle utilise leurs toilettes. « Jamais je n’aurais imaginé me retrouver dans une telle situation, j’espère que l’OIM va nous trouver une solution ou au moins un abri. » La Tunisie n’a pas de loi régissant les demandeurs d’asile donc de nombreux migrants dans le cas d’Aïcha ne peuvent se tourner que vers les représentants des Nations unies pour demander un statut de réfugié ou demandeur d’asile.

      Depuis le début de la crise déclenchée par le communiqué de la présidence, les associations et organisations internationales disent être submergées par les appels et situations d’urgence. Une chaîne de solidarité organisée par des Tunisiens a été mise en place sur les réseaux sociaux et via le bouche-à-oreille pour apporter des denrées alimentaires à ces migrants et tenter de trouver des logements provisoires pour certains. Mais ce réseau reste discret de peur de tomber dans le viseur des autorités.

      Face à l’ampleur de la crise, les autorités tunisiennes ont indiqué ce week-end, exonérer des pénalités de séjour les migrants en situation irrégulière souhaitant rentrer dans leur pays « assistés par une instance diplomatique, une organisation internationale ou onusienne », un système qui existe déjà depuis 2018 mais avec une clause d’interdiction de retour sur le territoire tunisien.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/050323/en-tunisie-le-douloureux-retour-au-pays-des-exilees-subsahariennes

    • On the racist events in Tunisia – Background and Overview

      Current Situation

      “For several months, a racist campaign against Sub-Saharans in Tunisia has been growing. The president himself subscribed to these racist and conspiracy theories and pointed the finger at the Sub-Saharans, accusing them of being ‚hordes‘ and that sub-Saharan immigration is a ‚criminal enterprise‘ whose goal would be to ‚change the demographic composition of Tunisia‘.“ In the press statement published on the 21 February 2023 following a National Security Council meeting, president Kais Saied resurrected many racist and xenophobic tropes used by other fascist movements. He „ordered security forces to take ‚urgent measures‘. … Many „of the estimated 21,000 sub-Saharan African people in Tunisia – most of whom are undocumented – lost their jobs and housing overnight.“ The Association of African Students and Interns in Tunisia highlights that there is an „ongoing systemic campaign of control and arrests targeting [Black immigration], independently from their status, who are not carrying their residency card with them.“ „In the first three weeks of February, at least 1,540 people were detained, mostly in Tunis and provinces near the Algerian border“.

      The situation has become increasingly violent in the last weeks. In addition to the government forces targeting Black people, „violent attacks perpetrated by citizens, who taunt their victims with racial slurs“ are taking place. Attacked people report about fleeing „pogroming mobs consisting of, they said, 20+ Tunisian young men. ‚We were absolutely running for our lives,‘ said Latisha, who screamed at their son to run faster.“ There are accounts about „[a]rmed mobs“ and rape ‚by these mobs’“. On social media torture videos circulate. „In the suburbs of Tunis, a group of Sub-Saharan Africans have been attacked by young Tunisians who have broken down their doors and set fire to their building. Houses were ransacked.“

      „Everyone who falls under the socially constructed category of ‘African’ – those with or without jobs, those with university classes to attend – are too scared to leave their homes because the racist violence has spread to every street in Tunisia.“ A law from 1968 that criminalizes assistance to „illegal residence“ in Tunisia, is now being applied. Patricia Gnahoré explains „that the evictions started around February 9, when alarmist messages began circulating on social networks: landlords would be facing fines and prison sentences if they housed undocumented Sub-Saharans“. While some people are being supported by friends and activists who try to organize support, many have no choice but to sleep outside, with more than 100 people camping at the International Organization for Migration and in front of different embassies.

      „Guinea [and Mali] and Cote d’Ivoire are repatriating their citizens from Tunisia.“ „However, many people living irregularly in Tunisia have accumulated large sums of outstanding fees over the years, too much for them to pay. While Tunisian authorities are themselves pushing migrants to leave, they still insist on cashing in on those who desperately want to.“

      The African Union highlights that they are in „deep shock and concern at the form and substance of the statement targeting fellow Africans, notwithstanding their legal status in the country.“ The events of the last days strongly impacted Tunisia’s image in the African continent and within the African Union. Furthermore, an AU pan-African conference scheduled for mid-March in Tunis has been postponed. Former Senegalese Prime Minister Aminata Touré even called for Tunisia’s AU membership to be suspended and for the country to be excluded from the Africa Cup.
      Solidarity

      Multiple protests have been taking place in Tunisia with demonstrators denouncing the racist and fascist violence. Already on February 25th „over 1,000 people marched through downtown Tunis to protest what they called Saied’s fascist overtures.“ „Henda Chennaoui, one of the principal figures in the country’s new Front Antifasciste … [highlights that this] ‚the first time in the history of the republic that the president used fascist and racist speech to discriminate against the most vulnerable and the marginalised.’“ Protests in front of Tunisian embassies are being organized around the world, such as in Paris, Berlin as well as Canada.

      In the Front antifasciste – Tunisie activists and associations gather to organize support for Black people in the country. „Tunisian and foreign volunteers brought donations of food, water and blankets, along with some tents to help those displaced. … [However,] associations collecting donations [for migrants] are receiving threats.“
      Political Level

      President Saied is distracting from the political and economic situation in the country. He was elected in Fall 2019 and his governing style has become increasingly authoritarian. „Over the last two weeks, a spate of high-profile arrests has rocked Tunisia, as over a dozen political figures, trade unionists and members of the media have been taken into custody on security or graft charges. Some have been dragged from their homes without warrants; others, put on trial before military courts, despite being civilians. Many are being held in what their lawyers say are inhumane conditions, crammed in cells with scores of prisoners and without beds.“ A terrorism law allows the authorities to hold people „for a maximum of 15 days without charge or consultation with a lawyer“.

      In addition, „Saied has neutered parliament and pushed through a new constitution that gives him near-unlimited control and makes it almost impossible to impeach him.“ This was preceded and enabled by a very volatile situation in the country, as „there was increasing fragmentation within the executive branch, among state institutions, within and between political parties, within civil society, and even between regions of the country.“ The political and economic instability in the country, resulted in wide-spread support of his presidency, which has increasingly shifted to repressive centralization of power.

      The statement and development are connecting to a growing populist discourse. „Saied’s crackdown on undocumented sub-Saharan immigrants has taken place in the context of the rise of the hitherto unknown Parti Nationaliste Tunisien, which has been pushing a racist agenda relentlessly since early February. The party has flooded social media with conspiracy theories and dubiously edited videos that have encouraged Tunisians to report on undocumented neighbours before they can ‚colonise‘ the country – the same conspiratorial language adopted by Saied.“
      Economic Level

      Tunisia „is struggling under crippling inflation and debt worth around 80 percent of its gross domestic product (GDP)“. In addition, there is a shortage of basic foods such as rice, which is putting a lot of pressure on the population. ‘Les Africains’ are used as a scapegoat for the lack of products such as rice. „The rice-crisis is not the first time that populations racialized as ‘African’ are blamed for a social and economic disaster in Tunisia, which in reality is a direct consequence of the state’s abandonment of marginalized communities and the pressures of global capitalism.“ However, since the racist tropes are connecting to a familiar discourse, the „crackdown on immigrants and Saied’s political opponents has … won him favour among many in his working-class political base, who have been at the sharp end of a dire economic crisis.“

      The current events seem to have triggered international responses since Italy now supports Tunisia as it „is seeking to obtain a loan from the IMF due to a severe economic crisis.“ This is being explicitly connected to Europe’s border interests (see section on Externalization & Immigration).

      Ultimately these actions are enhancing the dependencies to Europe and weaken pan-African ties. „Kaïs Saied’s economic incompetence – as well as the refusal of North African governments to prioritize regional and inner-African trade which would allow evading dictates from the Global North and its proxies such as the IMF more effectively – are now once more fueling dynamics that in fact counter pan-African cooperation.“ In fact, the „president’s comments could also have direct consequences for Tunisian companies, which have increasingly expanded into other African countries in recent years. Guinean media report that several wholesalers have suspended imports of Tunisian products. Senegalese and Ivoirian importers want to join the boycott.“

      In addition, according to Human Rights Watch „at least 40 students have been detained so far“. This will have a detrimental impact on the education market, since „[f]or Tunisian private universities, students from other African countries are an essential part of their business model.“

      These factors might have contributed to ​​​​​​the statement posted by the government on Facebook on March 5th, attempting to backpedal the racist campaign and highlighting their „astonishment“ about the violence in the last weeks. Apart from now emphasising „Tunisia’s African identity“ and the significance of the anti-discrimination law from 2018, it announces plans to enhance the legal security of African migrants in Tunisia. Whether and how the statement will be implemented remains to be seen, „It appears likely that Tunisia is now also facing a considerable radicalization of its migration policies. […] Saied’s future migration policies, however, are likely to go beyond the ongoing wave of arrests, and in a worst-case scenario, will go even far beyond.“
      Externalization & Immigration

      „While the European Union’s violent securitization apparatus is indeed responsible for the oppression and murder of sub-Saharan migrants (and Tunisians) in Tunisia, the Tunisian state also contributes to their oppression and murder.“ Many people try to travel to Europe via and from Tunisia. „Its proximity to the EU’s external border has made Tunisia a major hub for migrants. Italy’s coasts are only around 150 kilometers (90 miles) away. Tunisia relaxed visa requirements in 2015, allowing many sub-Saharan and North Africans migrants to move to the country and work. … Authorities frequently turned a blind eye to workers without permits who were saving for a journey to Europe.“ This renders Black migrants very vulnerable to exploitation as well as policy changes.

      Already prior to the current escalation Black people experienced discrimination; Shreya Parikh highlighted in August 2022 that „Sub-Saharan women and men who depend on the labour market have spoken to me of persistent exploitation and racialised violence (both verbal and physical) at workplace.“ This is enhanced and enabled by the uncertain legal situation. „In the case of Tunisia, an im/migration non-policy is deliberately maintained by institutional actors at different levels (border police, internal affairs ministry, private legal agencies promising paper-work) because, among others, it is a lucrative site for corruption.“ This affects mostly Black people. „Most sub-Saharan migrants (like Western European migrants) enter Tunisia as legal migrants because of 3-month visa-free policies; but the Tunisian state forces all migrants to become illegal by its refusal to deliver legal documentation. This means that Tunisia also has European migrants living ‘illegally.’ But in the social and political construction of the ‘illegal migrant,’ white bodies never fit. It is the Black and dark-skinned bodies that are assumed to be illegal and criminal, as is clear from arrests of sub-Saharan migrants who carry residence permits, as well as absence of arrests of European ‘illegal’ migrants.“

      The current developments have to be understood in the context of the externalization of the European border. The Tunisian Forum for Social and Economic Rights (FTDES) highlights that the „European border outsourcing policies have contributed for years to transform Tunisia into a key player in the surveillance of Mediterranean migration routes, including the interception of migrant boats outside territorial waters and their transfer to Tunisia. Discriminatory and restrictive policies in Algeria also contribute to pushing migrants to flee to Tunisia. These policies deepen the human tragedy of migrants in a Tunisia in political and socio-economic crisis.“ Sofian Philip Naceur analyses that „[a]s Saieds government continues to play along as the watchdog for the European border regime, though not without ostentatiously displaying its self-interest in migration control, the Italian government is suddenly soliciting financial support for Tunisia’s deeply troubled public coffers from the EU and the International Monetary Fund (IMF). Interesting timing.“

      So far, the President’s statement has only provoked supportive reactions from European politicians. The French far-right politician, Eric Zemmour, who is one of the most prominent supporters of the conspiracy theory of the „Great Replacement“, supported the statement on Twitter. And the Italian foreign minister Antonio Tajani expressed in a phone call with his Tunisian counterpart that „the Italian government is at the forefront of supporting Tunisia in its border control activities, in the fight against human trafficking, as well as in the creation of legal channels to Italy for Tunisian workers and in the creation of training opportunities as an alternative to migration“ without mentioning the current violence at all. Furthermore, Italy is sending 100 more pick-ups worth more than 3.6 million Euro to reinforce the Tunisian Ministry of the Interior in the fight against ‚irregular‘ immigration.

      Or how Le Monde summarizes: „[The chancelleries] have not reacted to the presidential charge against sub-Saharan migrants. And for good reason: Mr. Said is responding rather positively to calls from Europe – primarily Italy – to better lock its maritime borders in order to stem the flow of migrants across the Mediterranean.“

      https://migration-control.info/on-the-racist-events-in-tunisia-background-overview

      via @_kg_

    • Aggressioni razziste e arresti: così la Tunisia diventa un “hotspot informale” dell’Europa

      I discorsi d’odio del presidente tunisino Saied contro presunte “orde di subsahariani irregolari” che minaccerebbero l’identità “arabo-musulmana” del Paese hanno fatto esplodere la tensione accumulata negli ultimi mesi, tra inflazione e penuria di generi di prima necessità. La “Fortezza Europa”, intanto, gongola. Il reportage

      Ogni mattina a Nadège vengono dati dieci dinari per la spesa. Esce di casa, si incammina fino all’alimentari più vicino e compra il necessario per la famiglia per cui lavora. È l’unico momento in cui le è consentito uscire. Altrimenti, Nadège vive e lavora 24 ore su 24, sette giorni su sette, tra le mura della casa di due persone anziane in un quartiere benestante di Tunisi. La sua paga mensile come domestica è di settecento dinari (225 euro), che diventeranno ottocento (240 euro) se “lavorerà bene”.

      Nadège, assicura, è qui per questo: “Sono venuta in Tunisia per metter da parte qualche soldo da mandare ai miei figli, in Costa d’Avorio”, racconta. Suo cugino, però, lavora nei campi di pomodori in Calabria. Le ha consigliato di partire per l’Italia e cercare lavoro lì. “Il cambio euro-franco Cfa è più conveniente di quello dinaro tunisino-franco Cfa. Guadagnando qualche soldo in Europa posso far vivere degnamente i miei due figli, metter da parte qualcosa e poi tornare da loro una volta che ci saremo sistemati”, spiega la trentenne ivoriana. Tre anni fa, Nadège vendeva sigarette lungo la sterrata che dal suo villaggio portava a Abidjan, ma con i lavori del governo per asfaltare la strada, il suo gabbiotto è stato abbattuto e mai più ricostruito. E lei è rimasta senza nulla.

      Nel 2022 anche Nadège ha tentato di imbarcarsi per Lampedusa da una spiaggia del Sud tunisino. A metà strada, però, la guardia costiera ha intercettato la sua barca e l’ha riportata a riva, nel porto di Sfax. Ha perso tutti i soldi che aveva messo da parte e si è ritrovata punto a capo, in Tunisia, a cercar di nuovo lavoro.

      Come nel caso di buona parte dei cittadini subsahariani presenti nel Paese, molti dei quali -a differenza di Nadège- hanno rinunciato all’idea di imbarcarsi, nessuno le ha mai proposto un contratto. Una volta scaduti i tre mesi di visto, il limite massimo per rimanere in Tunisia, tanti di loro rimangono in situazione di irregolarità accumulando una multa per la permanenza oltre i limiti del visto che aumenta di mese in mese. Dopo anni a lavorare, spesso con paghe misere e giornaliere, molti subsahariani rimangono intrappolati nelle maglie della burocrazia tunisina e, pur volendo tentare di regolarizzarsi e ottenere un permesso di soggiorno per rimanere nel Paese, non ci riescono perché non sono in grado di pagare la multa per lo sforamento del visto, che raggiunge un massimo di 3.000 dinari, mille euro. Ecco come i subsahariani finiscono in una sorta di limbo, bloccati in Tunisia, senza poter raggiungere l’Europa, senza poter tornare indietro. Si ritrovano così a costituire la manodopera in nero di aziende tunisine o estere presenti nel Paese, o di famiglie benestanti, che sfruttano la loro posizione precaria di irregolari per sottopagarli.

      Da metà febbraio di quest’anno Nadège ha dovuto rinunciare anche alla spesa quotidiana per paura di uscire dal cortile di casa. Lei, senza documenti, è oggetto di una campagna d’odio che si diffonde a macchia d’olio in Tunisia. È il 21 febbraio quando, dopo giorni di arresti di esponenti dell’opposizione alle politiche di Kais Saied, un comunicato della presidenza tunisina fa il punto sulla “lotta all’immigrazione irregolare nel Paese”, tema che è stato al centro della visita in Tunisia dei ministeri degli Esteri Antonio Tajani e dell’Interno Matteo Piantedosi di fine gennaio.

      Secondo quel comunicato, la Tunisia sarebbe invasa da “orde di subsahariani irregolari” che minaccerebbero “demograficamente” il Paese e la sua identità “arabo-musulmana”. È stata la miccia che ha fatto esplodere la tensione accumulata negli ultimi mesi, tra inflazione galoppante, impoverimento generale della popolazione e penurie continue di generi di prima necessità. A diffondere queste teorie xenofobe da fine 2022 è il cosiddetto Partito nazionalista tunisino, un gruppo di nicchia riconosciuto nel 2018, che ha intensificato la propria campagna sui social network prendendosela con le persone nere presenti in Tunisia. Non solo potenziali persone migranti in situazione di irregolarità che vorrebbero tentare di imbarcarsi verso l’Italia (come dichiarato dalle autorità), ma anche richiedenti asilo e rifugiati, studenti e lavoratori residenti nel Paese, accusati di “rubare il lavoro”, riprendendo gli slogan classici delle destre europee, spesso usati contro i tunisini stessi.

      Da allora in Tunisia si sono moltiplicate non solo le aggressioni razziste, ma anche gli arresti di cittadini subsahariani senza alcun criterio. Secondo un comunicato della Lega tunisina dei diritti umani, per esempio, otto studenti subsahariani regolarmente residenti nel Paese e iscritti nelle università tunisine sarebbero trattenuti senza alcun motivo nel centro di El-Wuardia, un centro gestito dalle autorità tunisine, non regolamentato, dove è complicato monitorare chi entra e chi esce. L’Associazione degli stagisti ivoriani e l’Aesat, la principale organizzazione degli studenti subsahariani in Tunisia, hanno consigliato alle proprie comunità di non uscire.

      Almeno cinquecento subsahariani si troverebbero invece nella prigione di Bouchoucha (Tunisi), senza che si conoscano le accuse nei loro confronti. A seguito delle misure prese dalla presidenza, molti proprietari di alloggi affittati a cittadini subsahariani hanno chiesto loro di lasciare casa, così come diversi datori di lavoro li hanno licenziati da un giorno all’altro per timore di ritorsioni da parte della polizia nei loro confronti. Centinaia di persone si sono così ritrovate per strada, senza stipendio e senza assistenza, rischiando l’arresto arbitrario, esposti a violenze e aggressioni nelle grandi città.

      In centinaia stanno optando per il rimpatrio nel Paese d’origine chiedendo assistenza per il cosiddetto ritorno volontario, che spesso di volontario ha ben poco. “Torniamo indietro per paura”, è il ritornello che ripetono in molti. Le liste per le richieste dei ritorni volontari gestiti dall’Organizzazione internazionale per le migrazioni (Oim) erano già lunghe prima del 21 febbraio, tanto che decine di persone che si sono registrate mesi fa attendono in tende di fortuna costruite con sacchi di plastica lungo la via che porta alla sede dell’Oim, nel quartiere di Lac 1, dove hanno sede diverse organizzazioni internazionali.

      “Non ci è stato messo a disposizione un foyer per l’accoglienza”, si giustifica una fonte interna all’organizzazione puntando il dito contro le autorità tunisine. La tendopoli di Lac 1 era già stata smantellata dalle forze di polizia a giugno 2022 ma alle persone migranti non è stata data un’alternativa. Qualche settimana dopo, infatti, si è riformata poco lontano. Oggi si ingrandisce di giorno in giorno.

      È qui che da fine febbraio un gruppo di volontari si fa carico di fornire acqua e cibo alle duecento persone presenti, rimaste senza assistenza. L’Oim è l’unica alternativa per chi non dispone di documenti validi, chi si trova nell’impossibilità di pagare la multa di 3.000 dinari o chi non ha un’ambasciata in Tunisia a cui rivolgersi, come per esempio i cittadini della Sierra Leone, la cui rappresentanza è stata delegata all’ambasciata d’Egitto.

      Chi può, invece, ha tentato di chiedere aiuto alla propria ambasciata di riferimento, accampandosi di fronte all’entrata. Il primo marzo è atterrato in Tunisia il ministro degli Esteri della Guinea, che ha promesso ai propri cittadini di stanziare fondi per voli di rimpatrio. Il primo aereo a decollare è stato quello della Costa d’Avorio, partito sabato 4 marzo alle 7 del mattino dall’aeroporto di Tunisi con a bordo 145 persone.

      Era giugno 2018 quando la Commissione europea proponeva ad alcuni Paesi africani, tra cui la Tunisia, l’istituzione di piattaforme regionali di sbarco dove smistare, fuori dai confini europei, le richieste di asilo. La risposta all’epoca fu “No, non abbiamo né le capacità né i mezzi”, per citare l’ambasciatore tunisino a Bruxelles Tahar Chérif. Cinque anni più tardi, l’Ue sembra esser riuscita nella propria missione di trasformare la Tunisia in un informale hotspot europeo.

      https://altreconomia.it/aggressioni-razziste-e-arresti-cosi-la-tunisia-diventa-un-hotspot-infor

    • As the disturbing scenes in Tunisia show, anti-migrant sentiments have gone global

      President Saied is scapegoating his country’s small black migrant population to distract from political failings. Does this sound familiar?

      A little more than 10 years ago, calls for freedom and human rights in Tunisia triggered the Arab spring. Today, black migrants in the country are being attacked, spat at and evicted from their homes. The country’s racism crisis is so severe that hundreds of black migrants have been repatriated.

      It all happened quickly, triggered by a speech by the Tunisian president, Kais Saied, at the end of February. He urged security forces to take urgent measures against migrants from sub-Saharan Africa, who he claimed were moving to the country and creating an “unnatural” situation as part of a criminal plan designed to “change the demographic makeup” and turn Tunisia into “just another African country that doesn’t belong to the Arab and Islamic nations any more”. “Hordes of irregular migrants from sub-Saharan Africa” had come to Tunisia, he added, “with all the violence, crime and unacceptable practices that entails”.

      For scale, the black migrant population in Tunisia is about 21,000 out of a population of 12 million, and yet a sudden fixation with their presence has taken over. A general hysteria has unleashed a pogrom on a tiny migrant population whose members have little impact on the country’s economics or politics – reports from human rights organisations tell of night-time raids and daylight stabbings. Hundreds of migrants, now homeless, are encamped, cowering, outside the International Organization for Migration’s offices in Tunis as provocation against them continues to swirl.

      Josephus Thomas, a political refugee from Sierra Leone, spoke to me from the camp, where he is sheltering with his wife and child after they were evicted from their home and his life savings were stolen. They sleep in the cold rain, wash in a nearby park’s public toilet and sleep around a bonfire with one eye open in anticipation of night-time ambushes by Tunisian youths. So far, they have been attacked twice. “There are three pregnant women here, and one who miscarried as she was running for her life.” Due to the poor sanitation, “all the ladies are having infections”, he says. “Even those who have a UNHCR card”, who are formally recognised as legitimate refugees, are not receiving the help they are entitled to. “The system is not working.”

      Behind this manufactured crisis is economic failure and political dereliction. “The president of the country is basically crafting state policy based on conspiracy theories sloshing around dark corners of the internet basement,” Monica Marks, , a professor of Middle East studies and an expert on Tunisia, tells me. The gist of his speech was essentially the “great replacement” theory, but with a local twist. In this version of the myth, Europeans are using black people from sub-Saharan Africa to make Tunisia a black-inhabited settler colony.

      Confecting an immigration crisis is useful, not only as a distraction from Saied’s failures, but as a political strategy to hijack state and media institutions, and direct them away from meaningful political opposition or scrutiny.

      The speed with which the hysteria spread shows that these attitudes had been near the surface all along. Racism towards black Arabs and black sub-Saharan Africans is entrenched in the Arab world – a legacy of slavery and a fetishised Arab ethnic supremacy. In Arab north Africa, racism towards black people is complicated even further by a paranoia of proximity – being situated on the African continent means there is an extreme sensitivity to being considered African at all, or God forbid, black. In popular culture, racist tropes against other black Arabs or Africans are widespread, portraying them as thick, vulgar and unable to speak Arabic without a heavy accent.

      The movement of refugees from and through the global south has further inflamed bigotries and pushed governments, democratic or otherwise, towards extinguishing these people’s human rights. Local histories and international policies create a perfect storm in which it becomes acceptable to attack a migrant in their home because of “legitimate concerns” about economic insecurity and cultural dilution.

      Globally, there is a grim procession of countries that have made scapegoating disempowered outsiders a central plank of government policy. But there is a new and ruthless cruelty to it in the UK and Europe. The European Union tells the British prime minister, Rishi Sunak, that his small boat plans violate international law, but the EU has for years followed an inhumane migrant securitisation policy that captures and detains migrants heading to its shores in brutal prisons run by militias for profit. Among them are a “hellhole” in Libya and heavily funded joint ventures with the human rights-abusing dictatorship in Sudan.

      Only last week, in the middle of this storm, the Italian prime minister, Giorgia Meloni, had a warm call with her Tunisian counterpart, Najla Bouden Romdhane, on, among other topics, “the migration emergency and possible solutions, following an integrated approach”. This sort of bloodless talk of enforcement at all costs, Marks says, “speaks to the ease with which political elites, state officials, can render fascism part of the everyday political present”.

      So where do you turn if you are fleeing war, genocide and sexual violence? If you want to exercise a human right, agreed upon in principle more than 70 years ago, “to seek and enjoy in other countries asylum from persecution”? The answer is anywhere, because no hypothetical deterrent is more terrifying than an unsafe present.

      You will embark on an inhuman odyssey that might end with a midnight raid on your home in Tunis, a drowning in the Channel, or, if you’re lucky, a stay in Sunak and Macron’s newly agreed super-detention centres. People in jeopardy will move. That is certain. All that we guarantee through cynical deterrent policies is that we will make their already fraught journey even more dangerous.

      https://www.theguardian.com/commentisfree/2023/mar/13/tunisia-anti-migrant-sentiments-president-saied

    • Immigrés subsahariens, boucs émissaires pour faire oublier l’hémorragie maghrébine

      Les autorités tunisiennes mènent depuis début juillet une campagne contre les immigrés subsahariens accusés d’« envahir » le pays, allant jusqu’à les déporter en plein désert, à la frontière libyenne. Une politique répressive partagée par les pays voisins qui sert surtout à dissimuler l’émigration maghrébine massive et tout aussi « irrégulière », et à justifier le soutien des Européens.

      La #chasse_à_l’homme à laquelle font face les immigrés subsahariens en Tunisie, stigmatisés depuis le mois de février par le discours officiel, a une nouvelle fois mis en lumière le flux migratoire subsaharien vers ce pays du Maghreb, en plus d’ouvrir les vannes d’un discours raciste décomplexé. Une ville en particulier est devenue l’objet de tous les regards : Sfax, la capitale économique (270 km au sud de Tunis).

      Le président tunisien Kaïs Saïed s’est publiquement interrogé sur le « choix » fait par les immigrés subsahariens de se concentrer à Sfax, laissant flotter comme à son habitude l’impression d’un complot ourdi. En réalité et avant même de devenir une zone de départ vers l’Europe en raison de la proximité de celle-ci, l’explication se trouve dans le relatif dynamisme économique de la ville et le caractère de son tissu industriel constitué de petites entreprises familiales pour une part informelles, qui ont trouvé, dès le début de la décennie 2000, une opportunité de rentabilité dans l’emploi d’immigrés subsahariens moins chers, plus flexibles et employables occasionnellement. Au milieu de la décennie, la présence de ces travailleurs, devenue très visible, a bénéficié de la tolérance d’un État pourtant policier, mais surtout soucieux de la pérennité d’un secteur exportateur dont il a fait une de ses vitrines.
      L’arbre qui ne cache pas la forêt

      Or, focaliser sur la présence d’immigrés subsahariens pousse à occulter une autre réalité, dont l’évolution est autrement significative. Le paysage migratoire et social tunisien a connu une évolution radicale, et le nombre de Tunisiens ayant quitté illégalement le pays a explosé, les plaçant en tête des contingents vers l’Europe, aux côtés des Syriens et des Afghans comme l’attestent les dernières #statistiques. Proportionnellement à sa population, la Tunisie deviendrait ainsi, et de loin, le premier pays pourvoyeur de migrants « irréguliers », ce qui donne la mesure de la crise dans laquelle le pays est plongé. En effet, sur les deux principales routes migratoires, celle des Balkans et celle de Méditerranée centrale qui totalisent près de 80 % des flux avec près de 250 000 migrants irréguliers sur un total de 320 000, les Tunisiens se placent parmi les nationalités en tête. Avec les Syriens, les Afghans et les Turcs sur la première route et en seconde position après les Égyptiens et avant les Bengalais et les Syriens sur la deuxième.

      La situation n’est pas nouvelle. Durant les années 2000 — 2004 durant lesquelles les traversées « irrégulières » se sont multipliées, les Marocains à eux seuls étaient onze fois plus nombreux que tous les autres migrants africains réunis. Les Algériens, dix fois moins nombreux que leurs voisins, arrivaient en deuxième position. Lorsque la surveillance des côtes espagnoles s’est renforcée, les migrations « irrégulières » se sont rabattues vers le sud de l’Italie, mais cette répartition s’est maintenue. Ainsi en 2006 et en 2008, les deux années de pics de débarquement en Sicile, l’essentiel des migrants (près de 80 %) est constitué de Maghrébins (les Marocains à eux seuls représentant 40 %), suivis de Proche-Orientaux, alors que la part des subsahariens reste minime.

      La chose est encore plus vraie aujourd’hui. À l’échelle des trois pays du Maghreb, la migration « irrégulière » des nationaux dépasse de loin celle des Subsahariens, qui est pourtant mise en avant et surévaluée par les régimes, pour occulter celle de leurs citoyens et ce qu’elle dit de l’échec de leur politique. Ainsi, les Subsahariens, qui ne figurent au premier plan d’aucune des routes partant du Maghreb, que ce soit au départ de la Tunisie et de la Libye ou sur la route de Méditerranée occidentale (départ depuis l’Algérie et le Maroc), où l’essentiel des migrants est originaire de ces deux pays et de la Syrie. C’est seulement sur la route dite d’Afrique de l’Ouest (qui inclut des départs depuis la façade atlantique de la Mauritanie et du Sahara occidental) que les migrants subsahariens constituent d’importants effectifs, même s’ils restent moins nombreux que les Marocains.
      Négocier une rente géopolitique

      L’année 2022 est celle qui a connu la plus forte augmentation de migrants irréguliers vers l’Europe depuis 2016. Mais c’est aussi celle qui a vu les Tunisiens se placer dorénavant parmi les nationalités en tête de ce mouvement migratoire, alors même que la population tunisienne est bien moins importante que celle des autres nationalités, syrienne ou afghane, avec lesquelles elle partage ce sinistre record.

      Ce n’est donc pas un effet du hasard si le président tunisien s’est attaqué aux immigrés subsahariens au moment où son pays traverse une crise politique et économique qui amène les Tunisiens à quitter leur pays dans des proportions inédites. Il s’agit de dissimuler ainsi l’ampleur du désastre.

      De plus, en se présentant comme victimes, les dirigeants maghrébins font de la présence des immigrés subsahariens un moyen de pression pour négocier une rente géopolitique de protection de l’Europe et pour se prémunir contre les critiques.

      Reproduisant ce qu’avait fait vingt ans plus tôt le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avec l’Italie pour négocier sa réintégration dans la communauté internationale, le Maroc en a fait un outil de sa guerre diplomatique contre l’Espagne, encourageant les départs vers la péninsule jusqu’à ce que Madrid finisse par s’aligner sur ses thèses concernant le Sahara occidental. Le raidissement ultranationaliste que connait le Maghreb, entre xénophobie d’État visant les migrants et surenchère populiste de défiance à l’égard de l’Europe, veut faire de la question migratoire un nouveau symbole de souverainisme, avec les Subsahariens comme victimes expiatoires.
      Déni de réalité

      Quand il leur faut justifier la répression de ces immigrés, les régimes maghrébins parlent de « flots », de « hordes » et d’« invasion ». Ils insistent complaisamment sur la mendicité, particulièrement celle des enfants. Une image qui parle à bon nombre de Maghrébins, car c’est la plus fréquemment visible, et cette mendicité, parfois harcelante, peut susciter de l’irritation et nourrir le discours raciste.

      Cette image-épouvantail cache la réalité d’une importante immigration de travail qui, en jouant sur les complémentarités, a su trouver des ancrages dans les économies locales, et permettre une sorte d’« intégration marginale » dans leurs structures. Plusieurs décennies avant que n’apparaisse l’immigration « irrégulière » vers l’Europe, elle était déjà présente et importante au Sahara et au Maghreb.

      Depuis les années 1970, l’immigration subsaharienne fournit l’écrasante majorité de la main-d’œuvre, tous secteurs confondus, dans les régions sahariennes maghrébines, peu peuplées alors, mais devenues cependant essentielles en raison de leurs richesses minières (pétrole, fer, phosphate, or, uranium) et de leur profondeur stratégique. Ces régions ont connu de ce fait un développement et une urbanisation exceptionnels impulsés par des États soucieux de quadriller des territoires devenus stratégiques et souvent objets de litiges. Cette émigration s’est étendue à tout le Sahel à mesure du développement et du désenclavement de ces régions sahariennes où ont fini par émerger d’importants pôles urbains et de développement, construits essentiellement par des Subsahariens. Ceux-ci y résident et, quand ils n’y sont pas majoritaires, forment de très fortes minorités qui font de ces villes sahariennes de véritables « tours de Babel » africaines.

      À partir de cette matrice saharienne, cette immigration s’est diffusée graduellement au nord, tout en demeurant prépondérante au Sahara, jusqu’aux villes littorales où elle s’est intégrée à tous les secteurs sans exception : des services à l’agriculture et à la domesticité, en passant par le bâtiment. Ce secteur est en effet en pleine expansion et connait une tension globale en main-d’œuvre qualifiée, en plus des pénuries ponctuelles ou locales au gré de la fluctuation des chantiers. Ses plus petites entreprises notamment ont recours aux Subsahariens, nombreux à avoir les qualifications requises. Même chose pour l’agriculture dont l’activité est pour une part saisonnière alors que les campagnes se vident, dans un Maghreb de plus en plus urbanisé.

      On retrouve dorénavant ces populations dans d’autres secteurs importants comme le tourisme au Maroc et en Tunisie où après les chantiers de construction touristiques, elles sont recrutées dans les travaux ponctuels d’entretien ou de service, ou pour effectuer des tâches pénibles et invisibles comme la plonge. Elles sont également présentes dans d’autres activités caractérisées par l’informel, la flexibilité et la précarité comme la domesticité et certaines activités artisanales ou de service.
      Ambivalence et duplicité

      Mais c’est par la duplicité que les pouvoirs maghrébins font face à cette migration de travail tolérée, voire sollicitée, mais jamais reconnue et maintenue dans un état de précarité favorisant sa réversibilité. C’est sur les hauteurs prisées d’Alger qu’on la retrouve. C’est là qu’elle construit les villas des nouveaux arrivants de la nomenklatura, mais c’est là aussi qu’on la rafle. C’est dans les familles maghrébines aisées qu’est employée la domestique noire africaine, choisie pour sa francophonie, marqueur culturel des élites dirigeantes. On la retrouve dans le bassin algéro-tunisien du bas Sahara là où se cultivent les précieuses dattes Deglet Nour, exportées par les puissants groupes agrolimentaires. Dans le cœur battant du tourisme marocain à Marrakech et ses arrière-pays et dans les périmètres irrigués marocains destinés à l’exportation. À Nouadhibou, cœur et capitale de l’économie mauritanienne où elle constitue un tiers de la population. Et au Sahara, obsession territoriale de tous les régimes maghrébins, dans ces pôles d’urbanisation et de développement conçus par chacun des pays maghrébins comme des postes avancés de leur nationalisme, mais qui, paradoxalement, doivent leur viabilité à une forte présence subsaharienne. En Libye, dont l’économie rentière dépend totalement de l’immigration, où les Subsahariens ont toujours été explicitement sollicités, mais pourtant en permanence stigmatisés et régulièrement refoulés.

      Enfin, parmi les milliers d’étudiants subsahariens captés par un marché de l’enseignement supérieur qui en a fait sa cible, notamment au Maroc et en Tunisie et qui, maitrisant mieux le français ou l’anglais, deviennent des recrues pour les services informatiques, la communication, la comptabilité du secteur privé national ou des multinationales et les centres d’appel.
      Un enjeu national

      Entre la reconnaissance de leur utilité et le refus d’admettre une installation durable de ces populations, les autorités maghrébines alternent des phases de tolérance et de répression, ou de maintien dans les espaces de marge, en l’occurrence au Sahara.

      La négation de la réalité de l’immigration subsaharienne par les pays maghrébins ne s’explique pas seulement par le refus de donner des droits juridiques et sociaux auxquels obligerait une reconnaissance, ni par les considérations économiques, d’autant que la vie économique et sociale reste régie par l’informel au Maghreb. Cette négation se légitime aussi du besoin de faire face à une volonté de l’Europe d’amener les pays du Maghreb à assumer, à sa place, les fonctions policières et humanitaires d’accueil et de régulation d’une part d’exilés dont ils ne sont pas toujours destinataires. Mais le véritable motif consiste à éviter de poser la question de la présence de ces migrants sur le terrain du droit. C’est encore plus vrai pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. Reconnaître des droits aux réfugiés, mais surtout reconnaitre leur présence au nom des droits humains pose en soi la question de ces droits, souvent non reconnus dans le cadre national. Tous les pays maghrébins ont signé la convention de Genève et accueilli des antennes locales du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR), mais aucun d’entre eux n’a voulu reconnaître en tant que tels des immigrés subsahariens qui ont pourtant obtenu le statut de réfugié auprès de ces antennes.

      En 2013, entre la pression d’une société civile galvanisée par le Mouvement du 20 février et le désir du Palais de projeter une influence en Afrique pour obtenir des soutiens à sa position sur le Sahara occidental, le Maroc avait promulgué une loi qui a permis temporairement de régulariser quelques dizaines de milliers de migrants. Elle devait aboutir à la promulgation d’un statut national du droit d’asile qui n’a finalement pas vu le jour. Un tel statut, fondé sur le principe de la protection contre la persécution de la liberté d’opinion, protègerait également les citoyens maghrébins eux-mêmes. Or, c’est l’absence d’un tel statut qui a permis à la Tunisie de livrer à l’Algérie l’opposant Slimane Bouhafs, malgré sa qualité de réfugié reconnue par l’antenne locale du HCR. C’est cette même lacune qui menace son compatriote, Zaki Hannache, de connaître le même sort.

      https://orientxxi.info/magazine/immigres-subsahariens-boucs-emissaires-pour-faire-oublier-l-hemorragie,6

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    • Tunisie : Pas un lieu sûr pour les migrants et réfugiés africains noirs

      Des forces de sécurité maltraitent des migrants ; l’Union européenne devrait suspendre son soutien au contrôle des migrations

      - La police, l’armée et la garde nationale tunisiennes, y compris les garde-côtes, ont commis de graves abus à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile africains noirs.
      - Pour les Africains noirs, la Tunisie n’est ni un lieu sûr pour le débarquement de ressortissants de pays tiers interceptés ou sauvés en mer, ni un « pays tiers sûr » pour les transferts de demandeurs d’asile.
      - La Tunisie devrait mener des réformes de façon à respecter les droits humains et mettre fin à la discrimination raciale. L’Union européenne devrait suspendre le financement des forces de sécurité destiné au contrôle des migrations, et fixer des critères de référence en matière de droits humains auxquels conditionner son soutien futur.

      La police, l’armée et la garde nationale tunisiennes, y compris les garde-côtes, ont commis de graves abus à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile africains noirs, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Parmi les abus documentés figurent des passages à tabac, le recours à une force excessive, certains cas de torture, des arrestations et détentions arbitraires, des expulsions collectives, des actions dangereuses en mer, des évictions forcées, ainsi que des vols d’argent et d’effets personnels.

      Pourtant, le 16 juillet, l’Union européenne (UE) a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec la Tunisie, portant sur un nouveau « partenariat stratégique » et un financement allant jusqu’à un milliard d’euros, dont 105 millions d’euros sont destinés à « la gestion des frontières, [...] des opérations de recherche et sauvetage, […] la lutte contre le trafic de migrants et [...] la politique de retour ». Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a souligné que le partenariat porterait notamment sur « le renforcement des efforts visant à mettre un terme à la migration clandestine ». Le protocole d’accord, qui doit être formellement approuvé par les États membres de l’UE, ne prévoit aucune garantie sérieuse que les autorités tunisiennes empêcheront les violations des droits des migrants et des demandeurs d’asile, et que le soutien financier ou matériel de l’UE ne parviendra pas à des entités responsables de violations des droits humains.

      « Les autorités tunisiennes ont maltraité des étrangers africains noirs, alimenté des attitudes racistes et xénophobes, et renvoyé de force des personnes fuyant par bateau qui risquent de subir de graves préjudices en Tunisie », a déclaré Lauren Seibert, chercheuse au sein de la division Droits des réfugiés et migrants de Human Rights Watch. « En finançant les forces de sécurité qui commettent des abus lors de contrôles migratoires, l’UE partage la responsabilité de la souffrance des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile en Tunisie ».

      Au total, entre 2015 et 2022, l’UE a consacré à la Tunisie entre 93 et 178 millions d’euros pour des objectifs liés aux migrations, dont une partie a renforcé et équipé les forces de sécurité afin de prévenir les migrations irrégulières et d’arrêter les bateaux à destination de l’Europe. L’UE devrait suspendre le financement des forces de sécurité tunisiennes destiné au contrôle des migrations et soumettre tout nouveau soutien à des critères clairs en matière de droits humains, a déclaré Human Rights Watch. Les États membres de l’UE devraient suspendre leur soutien à la gestion des migrations et des frontières dans le cadre du protocole d’accord récemment signé avec la Tunisie, jusqu’à ce qu’une évaluation approfondie de son impact sur les droits humains soit réalisée.

      Outre les abus attestés des forces de sécurité, les autorités tunisiennes n’ont pas assuré de manière adéquate une protection, une justice ou un soutien aux nombreuses victimes d’évictions forcées et d’attaques racistes, et ont même parfois bloqué ces efforts. C’est pourquoi, pour les Africains noirs, la Tunisie n’est ni un lieu sûr pour le débarquement de ressortissants de pays tiers interceptées ou sauvées en mer, ni un « pays tiers sûr » pour les transferts de demandeurs d’asile.

      Depuis mars, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques et en personne avec 24 personnes — 22 hommes, ainsi qu’une femme et une fille — qui vivaient en Tunisie, dont 19 migrant·e·s, quatre demandeur·euse·s d’asile et un réfugié, originaires du Sénégal, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Sierra Leone, du Cameroun et du Soudan. Dix-neuf personnes étaient entrées en Tunisie entre 2017 et 2022 : douze de manière irrégulière et sept de manière régulière. Pour cinq personnes interrogées, la date et le mode d’entrée n’étaient pas connus. Certaines des personnes interrogées ne sont pas nommées pour des raisons de sécurité ou à leur demande.

      Human Rights Watch a également mené des entretiens avec quatre représentants de groupes de la société civile en Tunisie — le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Avocats sans frontières (ASF), EuroMed Rights et Alarm Phone, un réseau de lignes téléphoniques d’urgence —, ainsi qu’un volontaire qui a aidé des réfugiés à Tunis ; Elizia Volkmann, journaliste basée à Tunis ; et Monica Marks, professeure d’université et spécialiste de la Tunisie. Tous les sept avaient interrogé ou aidé des dizaines de migrants, de demandeurs d’asile et de réfugiés en Tunisie, et étaient informés des cas d’abus commis par la police ou les garde-côtes ou les avaient documentés.

      Parmi les migrants, demandeurs d’asile et réfugiés interrogés, neuf étaient rentrés dans leur pays à bord de vols de rapatriement d’urgence en mars, tandis que huit étaient restés à Tunis, la capitale tunisienne, ou à Sfax, une ville portuaire située au sud-est de Tunis. Sept d’entre eux faisaient partie des quelque 1 200 Africains noirs expulsés ou transférés de force par les forces de sécurité tunisiennes aux frontières terrestres avec la Libye et l’Algérie au début du mois de juillet.

      Au total, 22 personnes interrogées ont été victimes de violations de leurs droits humains commises par les autorités tunisiennes.

      Bien que les violations documentées aient eu lieu entre 2019 et 2023, elles se sont majoritairement produites après que le président Kais Saied, en février 2023, a ordonné aux forces de sécurité de réprimer la migration irrégulière, associant les migrants africains sans papiers à la criminalité et à un « complot » visant à modifier la structure démographique de la Tunisie. Le discours du président, qualifié de raciste par les experts des Nations Unies, a été suivi d’un déferlement de discours de haine, de discrimination et d’agressions.

      Quinze personnes interrogées ont déclaré avoir subi des violences de la part de la police, de l’armée ou de la garde nationale y compris des garde-côtes. Parmi ces personnes figurent un réfugié et un demandeur d’asile qui ont été battus et ont reçu des décharges électriques lors de leur détention par la police à Tunis. Cinq personnes ont déclaré que les autorités avaient confisqué leur argent ou leurs effets personnels et ne les leur avaient jamais rendus.

      Les sept personnes interrogées expulsées vers les zones frontalières en juillet ont déclaré que l’armée et la garde nationale les avaient laissées dans le désert avec des quantités insuffisantes de nourriture et d’eau. Si certaines ont été réinstallées en Tunisie une semaine plus tard par les autorités tunisiennes, d’autres avaient encore besoin d’aide ou étaient portés disparus.

      Au moins neuf personnes interrogées ont été arrêtées et détenues arbitrairement par la police à Tunis, Ariana et Sfax, apparemment au faciès, en raison de leur couleur de peau. Ces personnes ont déclaré que les policiers n’avaient pas vérifié leurs papiers avant de les arrêter et que, dans la plupart des cas, ils n’avaient pas procédé à une évaluation individuelle de leur statut légal et ne leur avaient pas permis de contester leur arrestation.

      Un Malien de 31 ans interrogé avait une carte de séjour valide lorsque la police l’a arrêté arbitrairement à la mi-2022 à Ariana. « Ils ne m’ont pas demandé si j’avais des documents ou non », a-t-il déclaré. « Mon ami a été arrêté avec moi [...], [c’est] un militaire guinéen venu en Tunisie pour se faire soigner. Il avait un passeport avec un cachet d’entrée [valide] ».

      Cinq personnes ont décrit des abus commis pendant ou après des interceptions et des sauvetages en mer près de Sfax, apparemment par la garde nationale maritime, également appelée garde côtière. Il s’agit notamment de passages à tabac, de vols, de l’abandon d’un bateau à la dérive sans moteur, du renversement d’un bateau, d’insultes et de crachats à l’encontre des survivants.

      Trois représentants de groupes de la société civile interrogés ont également décrit les pratiques de plus en plus problématiques des garde-côtes depuis 2022, notamment des passages à tabac, l’utilisation dangereuse de gaz lacrymogènes, des tirs en l’air, le fait de prendre ou d’endommager les moteurs des bateaux et de laisser les gens bloqués en mer, la création de vagues qui font chavirer les bateaux, des retards dans les sauvetages, et des vols d’argent et de téléphones.

      Human Rights Watch a écrit aux ministères tunisiens des Affaires étrangères et de l’Intérieur le 28 juin pour leur faire part des résultats de ses recherches et leur poser des questions, mais n’a reçu aucune réponse.

      Outre les abus des forces de sécurité, au moins 12 hommes interrogés ont déclaré avoir été victimes d’abus de la part de civils tunisiens : parmi eux, dix ont été agressés ou victimes de vols, et cinq ont été victimes d’évictions forcées par des propriétaires civils. Hormis deux de ces incidents, tous se sont produits après le discours de février du président Saeid.

      Dans les mois qui ont suivi ce discours, et dans le contexte de la détérioration de la situation économique de la Tunisie, de l’aggravation de la répression et de la violence xénophobe, et de l’augmentation des départs de bateaux et des décès en mer, plus d’une dizaine de responsables européens se sont rendues en Tunisie pour discuter d’économie, de sécurité et de migration avec des responsables politiques tunisiens. Le ministre de l’Intérieur allemand a évoqué l’importance des « droits humains des réfugiés » et la « création de voies d’immigration légales », mais peu d’autres ont mentionné publiquement les préoccupations en matière de droits humains. Le ministre de l’Intérieur français a déclaré que la France offrirait à la Tunisie 25,8 millions d’euros pour l’aider à « contenir le flux irrégulier de migrants ».

      Des millions d’euros de financements de l’UE et de financements bilatéraux — notamment de la part de l’Italie — ont déjà permis de soutenir, d’équiper et de former les garde-côtes tunisiens, les « forces de sécurité intérieure » et les « institutions de gestion des frontières terrestres ».

      L’« externalisation » des frontières, qui consiste à empêcher les arrivées irrégulières en confiant les contrôles migratoires à des pays tiers, est devenue un élément central de la réponse de l’UE aux migrations mixtes et a donné lieu à des violations flagrantes des droits humains. De plus, le soutien aux forces de sécurité qui commettent des abus ne fait qu’exacerber les violations des droits humains qui sont à l’origine des migrations.

      « L’UE et le gouvernement tunisien devraient réorienter fondamentalement leur manière d’aborder les défis migratoires », a déclaré Lauren Seibert. « Le contrôle des frontières ne justifie aucunement que les droits soient bafoués et les responsabilités en matière de protection internationale ignorées ».

      Contexte des migrations et de la situation des réfugiés en Tunisie

      La Tunisie est un pays d’origine, de destination et de transit pour les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Au premier semestre 2023, elle a dépassé la Libye comme point de départ des bateaux accostant en Italie. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), sur les 69 599 personnes arrivées en Italie entre le 1er janvier et le 9 juillet par la mer Méditerranée, 37 720 étaient parties de Tunisie, 28 558 de Libye, et les autres de Turquie et d’Algérie.

      Les pays d’origine les plus courants pour les personnes arrivant en Italie étaient, par ordre décroissant, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, la Guinée, le Pakistan, le Bangladesh, la Tunisie, la Syrie, le Burkina Faso, le Cameroun et le Mali. Le Cameroun, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée ont été confrontés ces dernières années à des violations généralisées des droits humains liées à des conflits, à des coups d’État ou à des mesures de répression gouvernementales.

      Selon une estimation officielle datant de 2021, 21 000 étrangers originaires de pays africains non maghrébins se trouvent en Tunisie, dont la population est de 12 millions d’habitants. Depuis janvier, le pays a accueilli 9 000 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés. La Tunisie est un État partie aux Conventions des Nations Unies et de l’Afrique relatives au statut des réfugiés, et sa Constitution prévoit le droit à l’asile politique. Cependant, elle ne dispose pas d’une loi ou d’un système national d’asile. C’est le HCR qui effectue l’enregistrement des réfugiés et détermine leur statut.

      Bien que les normes internationales en matière de droits humains découragent la criminalisation de la migration irrégulière, les lois tunisiennes datant de 1968 et de 2004 criminalisent l’entrée, le séjour et la sortie irréguliers d’étrangers, ainsi que l’organisation ou l’aide à l’entrée ou à la sortie irrégulières, sanctionnées par des peines d’emprisonnement et des amendes. La Tunisie n’a pas de base légale explicite pour la détention administrative des immigrants, mais de nombreuses organisations ont documenté des cas de détention arbitraire de migrants africains. Pour plusieurs nationalités africaines, la Tunisie autorise les séjours de 90 jours sans visa avec tampon d’entrée, mais l’obtention d’une carte de séjour peut se révéler difficile.

      Selon le FTDES (un forum non gouvernemental), entre janvier et mai 2023, les autorités tunisiennes ont arrêté plus de 3 500 migrants pour « séjour irrégulier » et intercepté plus de 23 000 personnes tentant de quitter la Tunisie de manière irrégulière. Romdhane Ben Amor, porte-parole du FTDES, a déclaré à Human Rights Watch que la plupart des arrestations de migrants enregistrées ont eu lieu aux abords de la frontière algérienne, mais qu’après le discours du président, des centaines d’entre elles ont également eu lieu à Tunis, à Sfax et dans d’autres villes.

      Expulsions collectives aux frontières avec la Libye et l’Algérie

      Entre le 2 et le 5 juillet 2023, la police, la garde nationale et l’armée tunisiennes ont mené des raids à Sfax et dans ses environs, arrêtant arbitrairement des centaines d’étrangers africains noirs de nombreuses nationalités, en situation régulière ou irrégulière. La garde nationale et l’armée ont expulsé ou transféré de force, sans aucun respect des procédures légales, jusqu’à 1 200 personnes, réparties en plusieurs groupes, vers les frontières libyenne et algérienne.

      Selon cinq personnes interrogées qui ont été expulsées, les autorités ont conduit environ 600 à 700 personnes vers le sud jusqu’à la frontière libyenne, non loin de la ville de Ben Guerdane. Elles en ont conduit des centaines d’autres vers l’ouest, à divers endroits le long de la frontière algérienne, dans les gouvernorats de Tozeur, Gafsa et Kasserine, selon deux personnes expulsées, des représentants des Nations Unies, le FTDES et le réseau Alarm Phone.

      Parmi les centaines de personnes expulsées vers une zone éloignée et militarisée située à la frontière entre la Tunisie et la Libye, se trouvaient au moins 29 enfants et trois femmes enceintes. Au moins six d’entre elles étaient des demandeurs d’asile enregistrés auprès du HCR. Les personnes interrogées ont déclaré avoir été battues et agressées par des membres de la garde nationale ou des militaires pendant leur expulsion ; une jeune fille de 16 ans, notamment, a affirmé avoir été agressée sexuellement. Ces personnes ont ajouté que les agents de sécurité avaient jeté leur nourriture, détruit leurs téléphones et les avaient laissées dans une zone d’où, repoussées par les forces de sécurité des deux pays, elles ne pouvaient ni entrer en Libye ni retourner en Tunisie. Elles ont fourni les positions GPS des endroits où elles se trouvaient du 2 au 4 juillet, ainsi que des vidéos et des photos des personnes expulsées, de leurs blessures, des téléphones brisés, des passeports, des cartes consulaires et des cartes de demandeur d’asile.

      Le 7 juillet, Human Rights Watch a interrogé deux personnes qui avaient été expulsées ou transférées de force vers ou près de la frontière algérienne les 4 et 5 juillet. Elles se trouvaient dans deux groupes différents totalisant 15 personnes dont sept femmes — y compris deux femmes enceintes — et un enfant. Selon leurs dires, elles ont été transportées depuis Sfax dans des bus, forcées de marcher dans le désert sans nourriture ni eau suffisantes, et repoussées par les forces de sécurité algériennes et tunisiennes. Une demandeuse d’asile guinéenne a communiqué la position GPS de son groupe, dans le gouvernorat de Gafsa, tandis qu’un Ivoirien a partagé la position du sien, dans le gouvernorat de Kasserine. Ils ont également fourni des vidéos de leurs groupes marchant dans le désert.

      Dans une déclaration du 8 juillet, le président Saied a qualifié les accusations d’abus commis par les forces de sécurité à l’encontre des migrants de « mensonges » et de « fausses informations ». Le week-end du 8 juillet, les équipes du Croissant-Rouge tunisien ont fourni de la nourriture, de l’eau et une aide médicale à quelques migrants qui se trouvaient aux frontières de l’Algérie et de la Libye, ou à proximité. Il s’agit du seul groupe d’aide humanitaire que les autorités tunisiennes ont autorisé à pénétrer dans la zone frontalière avec la Libye.

      Le 10 juillet, les autorités tunisiennes ont finalement transféré plus de 600 personnes de la frontière libyenne vers des abris de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et d’autres installations à Ben Guerdane, Medenine et Tataouine, selon des représentants des Nations Unies et un Ivoirien qui se trouvait parmi les personnes emmenées à Medenine, qui a fourni sa localisation. Cependant, le 11 juillet, Human Rights Watch s’est entretenu avec deux migrants affirmant qu’ils faisaient partie d’un groupe de plus de cent personnes expulsées toujours bloquées à la frontière libyenne. Ils ont fourni des vidéos et leur localisation.
      Des migrant·e·s aux deux frontières ont déclaré à Human Rights Watch et à d’autres que plusieurs avaient péri ou avaient été tués à la suite d’une expulsion, bien que Human Rights Watch n’ait pas pu confirmer leurs récits de manière indépendante. Le 11 juillet, l’Agence France-Presse a indiqué que les corps de deux migrants avaient été retrouvés dans le désert près de la frontière entre la Tunisie et l’Algérie. Al Jazeera, qui s’est rendu à plusieurs reprises dans la zone frontalière entre la Tunisie et la Libye, a publié des images du 11 juillet montrant deux groupes de migrant·e·s africain·e·s toujours bloqué·e·s — plus de 150 personnes au total — et le corps d’un migrant décédé.

      La Tunisie est un État partie à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ; à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui interdit les expulsions collectives ; ainsi qu’aux Conventions des Nations Unies et de l’Afrique relatives au statut des réfugiés, à la Convention contre la torture et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui interdisent les retours forcés ou les expulsions vers des pays où les personnes risquent d’être torturées, de voir leur vie ou leur liberté menacées, ou de subir d’autres préjudices graves.

      Abus commis par la police

      Outre les personnes expulsées, onze personnes interrogées ont été victimes d’abus de la part de la police à Tunis, à Sfax, à Ariana et dans une ville proche de la frontière algérienne ; parmi celles-ci, au moins huit ont subi des violences. Deux ont déclaré que la police les avait expulsées de force de leur logement. Sept ont fait état d’insultes racistes de la part de la police et l’une d’entre elles a été menacée de mort.

      Sidy Mbaye, un Sénégalais de 25 ans rapatrié en mars, était entré en Tunisie de manière irrégulière en 2021 et travaillait comme vendeur ambulant. Il a décrit les abus commis par la police à Tunis :

      [Le 25 février], je suis allé en ville pour vendre des téléphones, des T-shirts et des tissus au marché [...]. Trois policiers se sont approchés de moi et m’ont demandé ma nationalité. Ils ont dit : « Tu as entendu ce que le président a dit ? Tu dois partir [...] ». Ils ne m’ont demandé aucun document. Ils ont pris toute ma marchandise [...]. J’ai [résisté] [...] ils m’ont durement battu, me donnant des coups de poing et me frappant avec des matraques. Du sang coulait de mon nez [...].

      Ils m’ont emmené au poste de police, m’ont mis dans une cellule et ont continué à me frapper et à m’insulter [...]. Ils ont dit quelque chose sur le fait que j’étais noir [...]. Ils ne m’ont toujours pas demandé de documents. J’y ai passé une journée. Je refusais de partir parce que je voulais récupérer mes affaires, mais j’ai fini par partir. Ils m’ont menacé et m’ont dit : « Si tu reviens et que tu vends encore ces choses, on va te tuer. Quittez le pays immédiatement ». [...] Là où je vivais avec cinq autres Sénégalais, le propriétaire était un policier [...] En revenant, nous avons trouvé nos affaires dehors.

      Papi Sakho, un Sénégalais de 29 ans qui est venu à Tunis de manière irrégulière pour travailler, a été victime de violences et d’une éviction forcée par la police avant d’être rapatrié, en mars :

      Fin février [...], cinq officiers de police sont venus [...]. Nous étions quatre en train de travailler au garage-lavage, moi, deux Gambiens et un Ivoirien. [...] Ils ne nous ont pas demandé nos papiers [...]. Ils nous criaient dessus, nous insultaient [...] Ils m’ont battu durement avec des matraques [...]. L’Ivoirien était blessé et saignait [...] ils ont fermé notre garage [...]. Et c’est nous qui lavions habituellement leurs voitures de police !

      La police nous a alors conduits à notre logement et a averti le propriétaire que nous n’avions plus le droit d’y rester. [...]. Ils ont pris nos bagages et les ont mis dehors [...]. Mon passeport est resté à l’intérieur. La police a pris mes deux téléphones [...]. Les autres m’ont dit que la police avait pris une partie de leur argent.

      Moussa Baldé, mécanicien sénégalais de 30 ans, a déclaré être arrivé en Tunisie en 2021 avec un visa de travail. Il s’est rendu à Tunis en février 2023 pour acheter des pièces détachées. « Un policier a arrêté mon taxi, m’a fait descendre et m’a poussé. Il m’a dit : “Tu es noir, tu n’as pas le droit d’être ici [...]”. Il ne m’a pas demandé mes papiers, il m’a juste indexé à cause de la couleur de ma peau. [Au poste de police,] deux policiers m’ont donné des coups de poing et m’ont frappé. Ils ne m’ont donné à manger qu’une seule fois pendant les deux jours [de détention], et j’ai dormi par terre ». La police ne lui a posé aucune question sur son statut juridique. « Ils m’ont dit : “Nous allons te libérer, mais tu dois quitter le pays” ».

      Abdoulaye Ba, 27 ans, également originaire du Sénégal, vivait à Tunis depuis 2022. En février 2023, la police est venue sur le chantier où il travaillait et a arrêté au moins dix travailleurs, certains avec papiers et certains sans papiers, originaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale :

      Il y avait des Tunisiens et des Marocains, mais ils n’ont arrêté que des personnes à la peau noire. Ils nous ont demandé de quel pays nous venions mais n’ont pas demandé nos papiers [...]. Nous avons résisté à l’arrestation et une partie de la ville est sortie [...] et nous jetait des pierres [...]. La police nous a frappés avec des matraques [...] Ils nous ont emmenés dans un poste de police à Tunis et nous ont détenus pendant cinq heures, sans demander à voir nos papiers [...]. Ils nous ont ensuite relâchés et nous ont demandé de quitter la Tunisie. [...] La police a également volé mon iPhone 12, et d’autres ont dit que la police avait pris leur argent.

      Un Malien de 24 ans sans papiers a déclaré qu’avant son rapatriement en mars, il travaillait dans un restaurant à Tunis. En février, la police l’a arrêté alors qu’il rentrait du travail avec un autre Malien, mais n’a procédé à aucune vérification légale. Il a raconté :

      Ils ne m’ont pas demandé mes papiers [...]. S’ils voient un Noir, ils le prennent et l’emmènent dans leur voiture. Pendant l’arrestation, des Tunisiens regardaient et criaient : « Vous, les Noirs, vous devez partir… ». La police a pris l’argent [de mon ami] [...], environ 600 dinars [...]. Ils nous ont gardés pendant quatre jours [au poste de police]. [...] Nous dormions par terre [...]. Ils ne nous donnaient que du pain et de l’eau deux fois par jour. [...] [...] Nous avons trouvé une centaine d’Africains [détenus] là-bas [...]. Ils nous considéraient comme si nous n’étions pas des humains.

      Un Camerounais de 24 ans vivant à Sfax sans papiers a déclaré qu’à plusieurs reprises, début 2023, la police avait fait des descentes dans la maison qu’il partageait avec plusieurs migrants et avait pris leurs téléphones et leur argent.

      Les abus commis par la police ne datent pas seulement de 2023. Un Malien de 31 ans a déclaré qu’en décembre 2021, un groupe de 6 à 8 policiers l’avait trouvé endormi dans une gare et l’avait agressé avant de l’arrêter pour entrée irrégulière, dans une ville proche de la frontière algérienne : « Ils m’ont frappé à plusieurs reprises avec leurs matraques, jusqu’à ce que je tombe, puis ils m’ont donné des coups de pied ».

      Un Malien de 32 ans, rapatrié en mars, a déclaré que la police de Sfax lui avait pris deux de ses téléphones à la mi-2022, en plus de l’argent que transportait son ami. « Les policiers, s’ils voient une personne noire avec un petit sac, ils fouillent le sac. Lorsqu’ils trouvent de l’argent [ou des objets de valeur], ils le prennent », a-t-il témoigné.

      Répression policière contre des réfugiés participant à des manifestations

      Après le discours du président Saeid un grand nombre de réfugiés, de demandeurs d’asile et d’autres personnes devenues sans abri à la suite d’évictions ou craignant pour leur sécurité ont campé devant les bureaux du HCR et de l’OIM au Lac 1, à Tunis. Parmi les personnes qui se trouvaient devant le HCR, certaines ont barricadé la zone et ont commencé à protester. Le 11 avril, après l’entrée de force de plusieurs personnes dans une partie des locaux du HCR, la police est arrivée pour disperser le camp. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de la force, et certaines personnes ont jeté des pierres sur des voitures ou la police.

      « En réaction, la police a fait un usage disproportionné de la violence [...], en particulier compte tenu du fait que des personnes vulnérables se trouvaient là, ainsi que des familles et des jeunes enfants », a déclaré Elizia Volkmann, une journaliste qui s’est rendue sur les lieux plus tard dans la journée. Human Rights Watch a écouté un entretien enregistré par Elizia Volkmann le 11 avril avec un témoin des événements, qui a déclaré avoir vu la police gifler une Soudanaise avant que la situation ne dégénère, et que la police avait battu les gens avec des bâtons et tiré « de nombreux coups de gaz lacrymogène ».

      Un demandeur d’asile soudanais, qui campait devant le bureau du HCR depuis novembre 2022, a déclaré à Human Rights Watch que lui et d’autres avaient barricadé la zone pour se protéger, et que le 10 avril, ils étaient entrés dans les locaux du HCR « pour boire de l’eau et utiliser les toilettes ». Selon ses dires, le 11 avril, « C’est la police qui a commencé les violences. Ils [...] sont venus et ont tiré des gaz [lacrymogènes] sur nous. Et c’était la première fois que les policiers nous jetaient des pierres — j’ai vu deux d’entre eux le faire ». Il a raconté avoir ensuite vu des personnes jeter à leur tour des pierres sur la police. Il a précisé qu’après avoir fui la zone, lui et d’autres ont été battus et arrêtés dans la rue par la police.

      La police a d’abord placé 80 à 100 personnes — dont des femmes et des enfants — en garde à vue au poste de police de Lac 1 et détruit le camp. Plus tard dans la journée, ils ont libéré le demandeur d’asile soudanais, entre autres, mais selon un représentant d’Avocats sans frontières (ASF), ils ont transféré 31 hommes à la prison de Mornaguia au titre de divers chefs d’accusation, notamment pour désobéissance et agression. ASF a fourni une assistance juridique aux accusés, qui ont été libérés fin avril, les charges ayant été abandonnées pour la moitié du groupe et l’autre moitié étant en attente d’une audience en septembre, a déclaré le représentant d’ASF.

      Un demandeur d’asile sierra-léonais, qui campait devant l’OIM et le HCR depuis son expulsion de son appartement en février, figurait parmi les personnes arrêtées. Human Rights Watch a examiné un document officiel confirmant sa libération de la prison de Mornaguia fin avril. Lors de la répression du camp le 11 avril, il a déclaré avoir « vu un [demandeur d’asile] libérien se faire battre par la police [...] il y avait tellement de sang ». Il affirme ne pas avoir participé à des actes de violence, mais a enregistré des vidéos et passé des appels téléphoniques. Il a raconté que la police l’avait attrapé, arrêté et torturé en détention :

      Dans le véhicule de police, un [agent] a commencé à m’étrangler pour me forcer à ouvrir mon téléphone. [...] Ils m’ont emmené au poste de police de Lac 1. Ils ont séparé trois d’entre nous, moi, un [demandeur d’asile] sierra-léonais et le Libérien [blessé] [...].

      [Ils] nous ont placé dans une pièce non ouverte au public, où ils nous ont torturés. Deux [agents en uniforme] ont utilisé [...] un bâton en bois [...] pour nous frapper à la tête, aux chevilles, là où se trouvent les os [...]. Deux [autres agents en uniforme] nous ont transmis des chocs électriques avec des appareils comme des tasers [...]. Un [homme en civil] [...] m’a dit en anglais : « Vous [...]dites que la Tunisie n’est pas sûre [...]. Vous êtes des putains d’immigrés et de réfugiés, vous voulez gâcher notre image » [...] ». Les autres policiers nous ont insultés en arabe [...]. Ils nous ont torturés [...] pendant environ 45 minutes.

      Un réfugié soudanais a également déclaré à Human Rights Watch avoir été battu et avoir reçu des chocs électriques au poste de police de Lac 1, avant d’être transféré à la prison de Mornaguia.

      Un Tunisois qui a aidé plusieurs hommes à obtenir une aide médicale après leur libération de la prison de Mornaguia en mai, a déclaré que deux réfugiés, un Érythréen et un Centrafricain, avaient fait état de l’usage d’armes électriques, telles que des tasers, par la police à leur encontre lors de leur arrestation. Selon ses dires, deux réfugiés érythréens lui avaient également raconté qu’au poste de Lac 1, « la police les [avait] battus [...] hors du champ de la caméra ».

      Le demandeur d’asile soudanais qui a été détenu puis relâché le même jour a déclaré avoir vu plusieurs détenus africains emmenés dans une autre pièce du commissariat et les avoir entendus pleurer de douleur ; plus tard, certains lui ont dit que la police avait utilisé des appareils pour leur administrer des chocs électriques. Les violences policières l’ont convaincu de quitter la Tunisie : « Je demande à des personnes que je connais de m’aider à traverser la mer, à m’éloigner de ce pays ».

      Abus des garde-côtes et interceptions en mer

      Sur les six personnes interrogées par Human Rights Watch qui avaient tenté une ou plusieurs traversées en bateau vers l’Europe, cinq avaient subi des retours forcés de leurs bateaux. De telles mesures de rétention ou de retour forcé des personnes, appelées « pullbacks » en anglais – des actions des autorités visant à empêcher les gens de quitter un pays en dehors des points de passage officiels de la frontière, y compris les retours forcés de bateaux en partance – peuvent constituer une atteinte au droit des personnes à demander l’asile et à quitter tout pays, qu’il s’agisse du leur ou d’un autre, et les piéger dans des situations abusives.

      Cinq personnes interrogées ont également décrit des abus commis par les autorités tunisiennes près de Sfax entre 2019 et 2023, pendant ou après des interceptions en mer (quatre personnes) ou des sauvetages (une personne).

      Salif Keita, un Malien de 28 ans rapatrié en mars, a déclaré avoir tenté une traversée en bateau depuis Sfax en 2019. « Les garde-côtes nationaux ont pris notre moteur et nous ont laissés bloqués en mer », a-t-il relaté. « Nous avons dû casser des morceaux de bois du bateau [...] pour revenir en pagayant ».

      Un Ivoirien de Sfax a tenté un voyage en mer en janvier 2022. Il a déclaré que les garde-côtes avaient intercepté le bateau et avaient frappé les passagers à coups de bâton. Pendant qu’il était en mer, il a également vu un bateau de migrants, qui transportait également des enfants, renversé par des vagues que provoquait un bateau des garde-côtes.

      Un Malien de 32 ans avait également tenté un voyage en mer. Il était entré régulièrement en Tunisie, mais son tampon d’entrée avait expiré. Ne pouvant obtenir de carte de séjour, il a embarqué en décembre 2021 près de Sfax, sur un bateau qui transportait une cinquantaine d’Africains de l’Ouest et du Centre. Les autorités les ont interceptés dans les 15 minutes qui ont suivi leur départ. Il a raconté : « Ils ont pris l’argent ou les téléphones des gens [...]. Ceux qui n’avaient ni l’un ni l’autre, ils ont frappés et insultés. J’ai même vu un [agent] frapper une des femmes [...]. Ils ont pris mon téléphone ».

      Un Camerounais de 24 ans a déclaré qu’en avril 2023, après le retournement de leur bateau près de Sfax, lui et d’autres personnes avaient été secourus par des garde-côtes qui, une fois à terre, s’étaient mis à les insulter, à leur cracher de dessus et à les battre avant de les relâcher.

      Moussa Kamara, un Malien de 28 ans vivant à Sfax, était entré en Tunisie en mai 2022. En décembre 2022, il a embarqué près de Sfax avec environ 25 Africain·e·s de l’Ouest. « Au bout de 30 minutes à peine, les garde-côtes sont arrivés [en positionnant leur bateau à côté du nôtre] et ont dit “Stop !”. Nous ne nous sommes pas arrêtés, alors l’un des gardes a commencé à nous frapper avec un bâton [...]. Ils ont frappé trois hommes, dont moi… Un de mes amis a été blessé ». Les autorités les ont emmenés à Sfax puis les ont relâchés.

      Après cette expérience, Kamara est resté en Tunisie, mais le discours du président Saied et ses conséquences l’ont fait changer d’avis : « J’ai décidé d’essayer encore [un voyage en mer]. Le président nous a dit de quitter le pays. Si je ne pars pas, je ne trouverai pas une maison ou un travail ».

      « Le président a créé un climat d’horreur pour les migrants en Tunisie, si bien que beaucoup se précipitent pour partir », a expliqué Ben Amor, du Forum tunisien, FTDES. « Ces derniers mois, les garde-côtes ont commencé à utiliser des gaz lacrymogènes pour obliger [les bateaux] à s’arrêter [...]. Ils se sont visés sur les migrants qui essaient de les filmer [...] ; ils confisquent les téléphones après chaque opération ».

      Une bénévole d’Alarm Phone à Tunis a déclaré que son équipe avait recueilli des témoignages similaires : « Depuis 2022, il y a des comportements récurrents des garde-côtes tunisiens en attaquant des bateaux[...] ; ils utilisent des bâtons pour frapper les gens, dans certains cas, des gaz lacrymogènes, [...] ils tirent en l’air ou en direction du moteur [...] et parfois [...] ils laissent les gens bloqués [en mer dans des bateaux hors d’usage] ». De nombreuses pratiques de ce type ont été citées dans une déclaration de décembre de plus de 50 groupes en Tunisie, et à nouveau en avril.

      Soutien au contrôle des migrations de l’Union européenne

      Entre 2015 et 2021, l’Union européenne a alloué 93,5 millions d’euros à la Tunisie sur son « Fonds d’affectation spéciale d’urgence pour l’Afrique » (EUTF), qui vise à lutter contre la migration irrégulière, les déplacements et l’instabilité. Ce montant comprend 37,6 millions d’euros destinés à la « gestion des frontières » et à la lutte contre le « trafic de migrants et la traite des êtres humains ». Un document de l’UE de février 2022 indiquait que le financement de la lutte contre le trafic et la traite de migrants « [prévoyait] l’équipement et la formation des agents des forces de sécurité intérieure, ainsi que de la douane tunisienne ».

      Ce document indiquait également que l’UE « désignerait » jusqu’à 85 millions d’euros en tant que somme à allouer à des projets liés à la migration en Tunisie en 2021 et 2022. Il ne précisait pas ce qui avait déjà été dépensé ; cependant, selon un document de l’UE de février 2021, « un programme de soutien très important, financé par l’UE et bénéficiant aux garde-côtes tunisiens, [était] en cours de mise en œuvre ». Sur les 85 millions d’euros, 55 millions auraient pu être alloués au soutien du contrôle des migrations en Tunisie, selon la répartition fournie dans le document de 2022, à savoir : 25 millions d’euros pour la gestion des frontières, y compris le soutien aux garde-côtes ; 6-10 millions d’euros pour le « gouvernance » des migrations et la protection ; 20-25 millions d’euros pour la migration légale et la mobilité du travail ; 12-20 millions d’euro pour la lutte contre le trafic et la traite de migrants ; et 5 millions d’euros pour des retours.

      Le document de 2022 détaille également le soutien bilatéral important apporté à la Tunisie par l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et d’autres États membres de l’UE. En plus de son « fonds pour la coopération migratoire (environ 10 millions d’euros) », l’Italie a fourni des équipements (véhicules, bateaux, etc.) « pour une valeur totale de 138 millions d’euros depuis 2011 », ainsi qu’une « assistance technique liée au contrôle des frontières (2017-2018) [...] pour un total de 12 millions d’euros », qui comprenait un soutien à la police et à la garde nationale tunisiennes. L’Allemagne a également fourni des bateaux et des véhicules, et l’Espagne du matériel informatique.

      Le Programme plurinational 2021 - 2027 sur les migrations pour le voisinage méridional de l’UE, qui englobe la Tunisie, comporte des éléments positifs tels que le soutien à l’élaboration de politiques d’asile, des voies légales de migration et le dialogue avec la société civile, mais il met toujours l’accent sur le soutien aux « mesures répressives » et aux « autorités frontalières et garde-côtes » pour le contrôle des frontières. De plus, les indicateurs de projet sont problématiques, puisqu’ils confondent interceptions et sauvetages en mer (« nombre de migrants interceptés/secourus grâce à des opérations de recherche et de sauvetage en mer » et « sur terre »).

      Les responsables politiques européens ont proposé à plusieurs reprises divers partenariats migratoires à la Tunisie visant notamment à mettre en place des centres de traitement délocalisés et à conclure des accords avec des « pays tiers sûrs », ainsi que des accords susceptibles de permettre le retour des ressortissants de pays tiers ayant transité par la Tunisie.

      Le droit international reconnaît la possibilité de désigner un pays tiers sûr, ce qui permet aux pays d’accueil de transférer des demandeurs d’asile vers un pays de transit ou vers un autre pays qui est en mesure d’examiner équitablement leurs demandes de statut de réfugié et de les protéger de façon adéquate. Les lignes directrices du HCR énumèrent les conditions de ces transferts, y compris le respect des normes du droit des réfugiés et des droits humains et « la protection contre les menaces à leur sécurité physique ou à leur liberté ». La directive sur les procédures d’asile de l’UE exige que les États non-membres de l’UE remplissent des critères spécifiques pour être désignés comme « sûrs », notamment « l’absence de risque de préjudice grave ».

      Compte tenu des abus documentés commis par les forces de sécurité et des attaques xénophobes contre les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés en Tunisie, ainsi que de l’absence d’une loi nationale sur l’asile, il semble que la Tunisie ne réponde pas aux critères de l’UE définissant un pays tiers sûr. Les Africains noirs, en particulier, ne devraient pas être renvoyés ou transférés de force en Tunisie.

      Recommandations

      - Le Parlement européen, dans ses négociations avec le Conseil de l’UE sur le Pacte européen sur la migration et l’asile, devrait chercher à limiter l’utilisation discrétionnaire du concept de « pays tiers sûr » par les différents États membres de l’UE. Les institutions européennes et les États membres devraient convenir de critères clairs pour désigner un pays comme « pays tiers sûr » aux fins du retour ou du transfert de ressortissants de pays tiers, afin de garantir que les États membres de l’UE n’érodent pas les critères de protection dans leur application du concept, et déterminer publiquement si la Tunisie répond à ces critères, en tenant compte des agressions et des abus dont les Africains noirs sont continuellement la cible dans ce pays.
      - L’UE et les États membres concernés devraient suspendre le financement et les autres formes de soutien aux forces de sécurité tunisiennes destinées au contrôle des frontières et de l’immigration, et conditionner toute aide future à des critères vérifiables en matière de droits humains.
      – Le gouvernement tunisien devrait enquêter sur tous les abus signalés à l’encontre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés commis par les autorités ou les civils ; veiller à ce que les responsables rendent des comptes, notamment par le biais d’actions en justice appropriées ; et mettre en œuvre des réformes et des systèmes de surveillance au sein de la police, de la garde nationale (y compris les garde-côtes) et de l’armée afin de garantir le respect des droits humains, de mettre fin à la discrimination raciale ou à la violence, et de s’abstenir d’attiser la haine raciale ou la discrimination à l’encontre des Africains noirs.

      https://www.hrw.org/fr/news/2023/07/19/tunisie-pas-un-lieu-sur-pour-les-migrants-et-refugies-africains-noirs

      #rapport #HRW #human_rights_watch

    • Von Angst getrieben

      Rassistische Ausschreitungen gegen Schwarze Menschen zwingen immer mehr auf die lebensgefährliche Reise über das Mittelmeer.

      Die Bedingungen, unter denen Schwarze Menschen in Tunesien leben, sind prekär. Insbesondere wenn sie in das Land migriert sind und dort illegalisiert leben, also ohne offiziellen Aufenthaltsstatus und damit meist ohne Zugang zu sozialen Dienstleistungen. Der zunehmend rassistische Diskurs im Land, lässt ihre Situation noch unsicherer werden. Im Herbst 2022 hatte die Nationalistische Partei Tunesiens ihre rassistischen Äußerungen in sozialen Medien massiv verstärkt. Auf ihrer Website spricht sie von „einer Millionen Migranten“ die sich im Land befänden und auf europäisches Geheiß hin vorhätten, das Land zu übernehmen. Die Partei und ihre Hetze spielten bis kürzlich in der politischen Landschaft Tunesiens keine große Rolle. Laut Angaben ihres Vorsitzenden Sofien Ben Sghaïer hat die 2018 gegründete Partei derzeit nur drei Mitglieder. Relevant wurde ihr politisches Denken erst, als es vom tunesischen Präsidenten Kaïs Saïed aufgegriffen und zur Regierungslinie erklärt wurde.

      Ein Verständnis dafür, wie dies geschehen konnte, ist möglich, wenn man die politisch-ökonomische Lage betrachtet, die sich seit Juli 2021 stark verändert hatte: Präsident Kaïs Saïed löste damals die Regierung und die Versammlung der Volksvertreter*innen per Staatsstreich auf. Die sozioökonomische Lage ist in Tunesien extrem angespannt. Der Staat steht angesichts gescheiterter Verhandlungen mit dem IWF vor dem Bankrott, die Inflation liegt bei 10 Prozent, die Arbeitslosigkeit bei 15 Prozent und die Jugendarbeitslosigkeit noch weit höher. In diesem Klima finden rassistische Thesen wie die der Nationalistischen Partei Tunesiens Anklang.

      Als der Anti-Schwarze Rassismus in Tunesien dann in Form einer Pressemitteilung von Präsident Saïed am 21. Februar 2023 aufgegriffen wurde – so sprach er von einem „Plan“, der aufgesetzt worden sei, um die „demographische Zusammensetzung Tunesiens zu verändern“ und rief zu „dringenden Maßnahmen“ auf, „um dieses Phänomen zu stoppen“ – eskalierte die Situation. In den Tagen nach der Erklärung griffen vor allem Gruppen marginalisierter junger Männer in verschiedenen Städten gezielt Schwarze Menschen an. Einige wurden schwer verletzt, als ihre Wohnungen oder Häuser angezündet wurden. Eine bis heute unbekannte Zahl von Menschen ist in diesen Tagen verschwunden. Schwarze Menschen verloren von heute auf morgen ihre Arbeit und wurden von ihren Vermieter*innen vor die Tür gesetzt. Viele verließen ihre Wohnungen über Tage nicht mehr, aus Angst, ebenfalls Opfer der Angriffe zu werden. Auch gültige Aufenthaltspapiere schützten Schwarze Menschen nicht vor der Gewalt, zahlreiche Menschen wurden unabhängig von ihrem Aufenthaltsstatus verhaftet, die Angst vor Polizeikontrollen und willkürlichen Festnahmen besteht bis heute.

      Aya Koffi* aus Côte d’Ivoire („Elfenbeinküste“), die seit mehreren Jahren in Tunesien lebt, hat die Angriffe in der Hauptstadt Tunis miterlebt: „Sie griffen die Häuser an, sie griffen die Familien an, sie griffen die Kindertagesstätten an, dort wo die Kinder der Schwarzen waren. Es gab Leute, die mit Babys im Gefängnis landeten, Kinder, die im Gefängnis landeten. Es gab Frauen, die vergewaltigt wurden. Die Tunesier haben die Häuser und Wohnungen der Schwarzen in Brand gesetzt. Jeder versteckte sich. Ich habe mich zwei Wochen lang zu Hause eingesperrt und keinen Fuß vor die Tür gesetzt, weil ich so viel Angst hatte.“
      Schiffsunglücke, Leichen am Strand und anonyme Grabsteine

      Aus Angst um ihr Leben und weil ihnen infolge der rassistischen Übergriffe jede Lebensgrundlage entzogen wurde, haben sich seit Februar 2023 viele illegalisierte und nach Tunesien migrierte Personen aus subsaharischen Ländern für eine Überquerung des Mittelmeers entschieden. Die italienische Insel Lampedusa ist von Teilen der tunesischen Küste nur 150 Kilometer entfernt. Vor allem aus der Hafenstadt Sfax haben die Abfahrten stark zugenommen – und mit ihnen die Todeszahlen. Seit Kaïs Saïed Erklärung sind mehrere Hundert Menschen nach einer Abfahrt von Tunesien im Mittelmeer ertrunken, viele weitere werden vermisst. Immer wieder werden Leichen aus dem Wasser geborgen oder an den Stränden angespült.

      Laut Faouzi Masmoudi, Sprecher des Gerichts in Sfax, hat das Universitätskrankenhaus der Stadt keine Kapazitäten mehr: Allein am 25 April wurden fast 200 Leichen in das Krankenhaus gebracht. Nur wenige Tote können identifiziert werden. Einige von ihnen sind auf dem christlichen Friedhof in Sfax begraben. Die meisten jedoch bleiben anonym: manche bekommen einen Grabstein, auf dem nur das Datum des Leichenfundes steht.

      Aya hat ein solches Schiffsunglück überlebt, ihr Mann kam dabei ums Leben. Eine Mitarbeiterin der Internationalen Organisation für Migration (IOM) bestätigte, dass der Körper ihres Mannes geborgen wurde. Doch trotz Nachfragen bei der IOM und der Botschaft der Côte d’Ivoire und trotz Protesten vor der Leichenhalle konnte Aya den Körper ihres Mannes nicht mehr sehen. Bis heute ist nicht klar, was mit ihm passiert ist. Kein Einzelfall. Aya erzählt von ihrer Nachbarsfamilie in Tunis: „Viele sind aus Angst, nicht mehr in Tunesien bleiben zu können, auf das Meer hinausgefahren. Ganze Familien sind bei Schiffbrüchen ums Leben gekommen. Die Tür meiner Nachbarin, mit der ich alle Freuden geteilt, mit der ich zusammen gegessen habe, bleibt verschlossen. Sie, ihr Mann und ihr Baby werden vermisst. Wir wissen, dass sie mit dem Boot aufgebrochen sind.“

      Infolge der rassistischen Ausschreitungen haben viele Menschen Wohnung und Einkommen verloren. Rund 250 Menschen, hauptsächlich aus subsaharischen Herkunftsländern, hatten deshalb ein Lager vor dem Gebäude des UN-Flüchtlingskommissariats UNHCR in der Hauptstadt Tunis aufgeschlagen. Sie nennen sich „Refugees in Tunisia“ und fordern bis heute ihre Evakuierung in ein sicheres Land. Am 11. April wurde das Protestcamp vor dem UNHCR-Gebäude gewaltvoll durch die tunesische Polizei geräumt und bis zu 150 Menschen festgenommen. Die Räumung wurde nach Angaben des tunesischen Innenministeriums durch das UNHCR-Büro selbst veranlasst. Dabei wurden mehrere Menschen, darunter auch Kinder, durch den Einsatz von Tränengas verletzt. 30 Personen wurden der „öffentlichen Unruhe“ beschuldigt und für mehrere Wochen inhaftiert. Die Festgenommenen berichteten von Schlägen und Folter mit Elektroschocks. Die meisten der Protestierenden harren seit der Räumung des UNHCR-Camps nun vor dem Gebäude der IOM aus, wo sie ohne Zugang zu Wasser und Sanitäranlagen weiterhin für ihre Evakuierung kämpfen.
      Europas Verantwortung

      Am 25. Juli 2022, ein Jahr nach dem Staatsstreich Präsident Kaïs Saïeds, wurde zwar eine neue Verfassung per Referendum bestätigt. Laut Expertise eines tunesischen Juristen mit Spezialisierung auf Menschenrechte, der aus Sicherheitsgründen anonym bleiben will, ähnelt die neue Konstitution im Bereich der kollektiven und individuellen Freiheiten formell der vorherigen, doch in der Praxis werden diese Rechte aktuell stark eingeschränkt: „Der Beweis dafür sind Oppositionelle und Journalist*innen, die derzeit im Gefängnis sitzen, und Menschenrechtsverletzungen im Zusammenhang mit sehr vulnerablen Personen, insbesondere Menschen die nach Tunesien migriert sind. Zusammenfassend kann man also sagen, dass es eine Beschränkung der Menschenrechte gibt.“

      Eine zentrale Rolle für die rassistische Eskalation spielen aber auch die EU und ihre Mitgliedstaaten. Als wichtigste Handelspartnerin beeinflusst die EU die Regierungen der Maghreb-Länder erheblich und nimmt besonders Einfluss auf die Gestaltung ihrer Migrationspolitiken. Bereits seit den 1990er Jahren liegt der Fokus auf Tunesien und seit 2011 übt die EU zunehmend Druck aus, um das Land noch stärker in das EU-Grenzregime zu integrieren und Migrationsbewegungen durch und aus Tunesien langfristig zu beenden. Im Rahmen immer wieder neu aufgelegter Programme wurden seitdem 3 Milliarden Euro gezahlt. Schwerpunkte sind unter anderem der Aufbau „engerer Beziehungen zwischen den beiden Ufern des Mittelmeers und die Steuerung von Migration und Mobilität“. Von 2014 bis 2020 wurden zum Beispiel 94 Millionen ausschließlich für migrationsbezogene Aktivitäten gezahlt, unter anderem für Tunesiens Grenzschutzsystem. Der aktuelle „EU Action Plan“ für das zentrale Mittelmeer aus dem Jahr 2022 nennt als drittes Ziel die „Stärkung der Kapazitäten Tunesiens, Ägyptens und Libyens insbesondere zur Entwicklung gemeinsamer gezielter Maßnahmen zur Verhinderung der irregulären Ausreise, zur Unterstützung eines wirksameren Grenz- und Migrationsmanagements und zur Stärkung der Such- und Rettungskapazitäten unter uneingeschränkter Achtung der Grundrechte und internationalen Verpflichtungen“.

      Von einer „Achtung der Grundrechte“ ist in der Realität wenig zu sehen. Stattdessen unterstützt die EU ein immer autoritäreres Regime, für das die Leben von Menschen, die über das Meer wollen, nichts zählen. Immer wieder sterben Menschen infolge sogenannter „Rettungsaktionen“. Bei diesen fährt die tunesische Küstenwache aus, um Boote zu „retten“, rammt diese jedoch oft, wodurch Menschen ins Meer fallen und ertrinken. Zudem gibt es vermehrt Berichte, denen zufolge Motoren von der Küstenwache konfisziert werden, die Boote mit den Menschen aber weitere Tage auf dem Wasser treiben gelassen werden, wodurch die Todeszahlen steigen. Zugleich sind rassistische Diskurse in Tunesien immer auch von Europa beeinflusst. Es wird wahrgenommen, wie Salvini, Meloni, Le Pen und auch Zemmour sprechen. „It was not Saïed who introduced anti-Black racism to Tunisia“, schreibt Haythem Guesmi, ein tunesischer Wissenschaftler und Schriftsteller in einem Artikel für Al Jazeera. Nicht nur das europäische Grenzregime wird externalisiert, sondern auch der rassistische Diskurs.

      https://www.medico.de/blog/von-angst-getrieben-19095

      #peur

  • Plusieurs ONG dénoncent des tentatives d’expulsions « scandaleuses et illégales » de la France vers la Syrie

    La préfecture de Haute-Garonne et la préfecture de police de Paris auraient entamé des démarches auprès de l’ambassade de Syrie en France pour expulser deux personnes, alors que les relations diplomatiques avec Damas sont rompues depuis mars 2012.

    Amnesty International, La Cimade et Revivre accusent les autorités françaises de deux « tentatives scandaleuses et illégales en droit international » d’expulsions vers la Syrie et réclament une « clarification » au gouvernement.

    En octobre, la préfecture de Haute-Garonne et la préfecture de police de Paris ont entamé des « démarches avec l’ambassade de Syrie » en France, « alors que les relations diplomatiques entre la France et la Syrie sont officiellement rompues depuis mars 2012 », rapportent les organisations dans un communiqué commun diffusé vendredi 6 janvier.

    Il s’agit de procédures « scandaleuses et illégales en droit international », s’indignent-elles.

    « Nos organisations demandent au gouvernement de clarifier sa position en rappelant aux préfectures les obligations internationales de la France, qui interdisent de façon absolue le renvoi d’une personne dans un pays où elle risque la mort, la torture et d’autres mauvais traitements. »

    Même si les deux personnes concernées ont finalement été libérées par le juge des libertés et de la détention (JLD), le simple fait d’avoir engagé la procédure en les plaçant dans des centres de rétention administrative (CRA), l’un à Toulouse et l’autre au Mesnil-Amelot, en banlieue parisienne, est constitutif d’une violation « en toute connaissance de cause [des] règles internationales et européennes », insistent les ONG. Ce n’est que le refus de l’ambassade syrienne de délivrer un laissez-passer consulaire qui a, selon elles « permis d’empêcher l’expulsion sollicitée par les autorités françaises ».
    Pas d’expulsions vers la Syrie, selon le gouvernement

    « La France doit clamer haut et fort son attachement à la convention de Genève : la France ne doit pas placer en rétention ni tenter d’éloigner toute personne vers un pays dans lequel elle risquerait d’être exposée à de la torture, des traitements inhumains ou dégradants, et où sa vie ou sa liberté seraient menacées », ajoutent-elles.

    Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le ministère de l’intérieur a assuré qu’« il n’y a[vait] aucune expulsion vers la Syrie », sans commenter les cas décrits par ces organisations.

    Toutefois, « il est parfois nécessaire de solliciter, via des contacts consulaires, les autorités syriennes pour vérifier la nationalité syrienne d’un étranger en situation irrégulière s’en réclamant, pour éviter notamment que tous (...) ne se prévalent de la nationalité syrienne pour faire échec aux éloignements vers leur pays d’origine », a-t-on ajouté au ministère.

    « On n’avait jamais vu ça ces dernières années. C’est choquant que dans une quête effrénée de l’exécution des OQTF [obligations de quitter le territoire français], les autorités viennent briser les engagements de la France, qui assure ne plus avoir de relations diplomatiques avec la Syrie », a déploré Manon Fillonneau, responsable des questions migratoires pour Amnesty International, interrogé par l’AFP. « On n’imaginerait pas d’expulser quelqu’un vers l’Ukraine » aujourd’hui, a-t-elle ajouté.

    « Il y a une petite musique en ce moment, qui dit que la Syrie est de plus en plus sûre », poursuit-elle, rappelant que la persécution des personnes de retour en Syrie après avoir cherché refuge à l’étranger « est parfaitement documentée ».

    Dans un entretien accordé au Monde en novembre pour présenter son projet de loi sur l’immigration qui sera présenté en janvier, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’était dit ouvert à un statut de « résidence tolérée » pour les Syriens : « Il y a des gens à qui on refuse l’asile et à qui on délivre des OQTF, mais qu’on ne peut pas expulser car ils sont syriens ou afghans, et nous n’avons pas de relation diplomatique avec Bachar Al-Assad ou les talibans », avait-il expliqué.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/01/06/immigration-plusieurs-ong-denoncent-des-tentatives-d-expulsions-scandaleuses

    #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_syriens #retour_au_pays #Syrie #France #expulsions #renvois

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  • Turkey : Hundreds of Refugees Deported to Syria

    EU Should Recognize Turkey Is Unsafe for Asylum Seekers

    Turkish authorities arbitrarily arrested, detained, and deported hundreds of Syrian refugee men and boys to Syria between February and July 2022, Human Rights Watch said today.

    Deported Syrians told Human Rights Watch that Turkish officials arrested them in their homes, workplaces, and on the street, detained them in poor conditions, beat and abused most of them, forced them to sign voluntary return forms, drove them to border crossing points with northern Syria, and forced them across at gunpoint.

    “In violation of international law Turkish authorities have rounded up hundreds of Syrian refugees, even unaccompanied children, and forced them back to northern Syria,” said Nadia Hardman, refugee and migrant rights researcher at Human Rights Watch. “Although Turkey provided temporary protection to 3.6 million Syrian refugees, it now looks like Turkey is trying to make northern Syria a refugee dumping ground.”

    Recent signs from Turkey and other governments indicate that they are considering normalizing relations with Syrian President Bashar al-Assad. In May 2022, President Recep Tayyip Erdoğan of Turkey announced that he intends to resettle one million refugees in northern Syria, in areas not controlled by the government, even though Syria remains unsafe for returning refugees. Many of those returned are from government-controlled areas, but even if they could reach them, the Syrian government is the same one that produced over six million refugees and committed grave human rights violations against its own citizens even before uprisings began.

    The deportations provide a stark counterpoint to Turkey’s record of generosity as host to more refugees than any other country in the world and almost four times as many as the whole European Union (EU), for which the EU has provided billions of Euros in funding for humanitarian support and migration management.

    Between February and August, Human Rights Watch interviewed by phone or in person inside Turkey 37 Syrian men and 2 Syrian boys who had been registered for temporary protection in Turkey. Human Rights Watch also interviewed seven relatives of Syrian refugee men and a refugee woman whom Turkish authorities deported to northern Syria during this time.

    Human Rights Watch sent letters with queries and findings to the European Commission, the European Commission’s Directorate-General for Migration and Home Affairs, and the Turkish Interior Ministry. Human Rights Watch received a response from Bernard Brunet, of the EU’s Directorate-General for Neighborhood and Enlargement Negotiations. The content of this letter is reflected in the section on removal centers.

    Turkish officials deported 37 of the people interviewed to northern Syria. All said they were deported together with dozens or even hundreds of others. All said they were forced to sign forms either at removal centers or the border with Syria. They said that officials did not allow them to read the forms and did not explain what the forms said, but all said they understood the forms to be allegedly agreeing to voluntary repatriation. Some said that officials covered the part of the form written in Arabic with their hands. Most said they saw authorities at these removal centers processing other Syrians in the same way.

    Many said that they saw Turkish officials beat other men who had initially refused to sign, so they felt they had no choice. Two men detained at a removal center in Adana said they were given the choice of signing a form and going back to Syria or being detained for a year. Both chose to leave because they could not bear the thought of a year in detention and needed to support their families.

    Ten people were not deported. Some were released and warned that if they did not move back to their city of registration they would be deported if found elsewhere. Others managed to contact lawyers through the intervention of family members to help secure their release. Several are still in removal centers waiting for a resolution to their case, unaware why they are being detained and fearing deportation. Those released described life in Turkey as dangerous, saying that they are staying at home with their curtains closed and limiting movement to avoid the Turkish authorities.

    Deportees were driven to the border from removal centers, sometimes in rides lasting up to 21 hours, handcuffed the whole way. They said they were forced to cross border checkpoints at either Öncüpınar/Bab al-Salam or Cilvegözü/Bab al-Hawa, which lead to non-government- controlled areas of Syria. At the checkpoint, a 26-year-old man from Aleppo recalled a Turkish official telling him, “We’ll shoot anyone who tries cross back.”

    In June 2022, the UN refugee agency, UNHCR, said that 15,149 Syrian refugees had voluntarily returned to Syria so far this year. The local authorities who control Bab al-Hawa and Bab al-Salam border crossings respectively publish monthly numbers of people crossing through their checkpoints from Turkey to Syria. Between February and August 2022, 11,645 people were returned through Bab al-Hawa and 8,404 through Bab al-Salam.

    Turkey is bound by treaty and customary international law to respect the principle of nonrefoulement, which prohibits the return of anyone to a place where they would face a real risk of persecution, torture or other ill-treatment, or a threat to life. Turkey must not coerce people into returning to places where they face serious harm. Turkey should protect the basic rights of all Syrians, regardless of where they are registered and should not deport refugees who are living and working in a city other than where their temporary protection ID and address are registered.

    On October 21, Dr. Savaş Ünlü, head of the Presidency for Migration Management, responded by letter to Human Rights Watch’s letter of October 3 sharing this report’s findings. Emphasizing that Turkey hosts the largest number of refugees in the world, Dr. Ünlü rejected Human Rights Watch’s findings in their totality, calling the allegations baseless. Setting out the services provided by law to people seeking protection in Turkey, he underscored that Turkey “carries out migration management in accordance with national and international law.”

    “The EU and its member states should acknowledge that Turkey does not meet its criteria for a safe third country and suspend its funding of migration detention and border controls until forced deportations cease,” Hardman said. “Declaring Turkey a ‘safe third country’ is inconsistent with the scale of deportations of Syrian refugees to northern Syria. Member states should not make this determination and should focus on relocating asylum seekers by increasing resettlement numbers.”

    Human Rights Watch focused on the deportation of Syrian refugees who had been recognized by Turkey’s temporary protection regime but whom authorities nevertheless deported or threatened with deportation to Syria in 2022. All 47 Syrian refugees whose cases were examined had been living and working in cities across Turkey, the majority in Istanbul, before they were arrested, detained, and in most cases deported. All detainees are identified with pseudonyms for their protection.

    All but two had a Turkish temporary protection ID permit when they lived in Turkey, commonly called a kimlik, which protects Syrian refugees against forced return to Syria. Several said they had both a temporary protection ID and a work permit.

    Refugees, Asylum Seekers, and Migrants in Turkey

    Turkey shelters over 3.6 million Syrians and is the world’s largest refugee-hosting country. Under a geographical limitation that Turkey has applied to its accession to the UN Refugee Convention, Syrians and others coming from countries to the south and east of Turkey’s borders are not granted full refugee status. Syrian refugees are registered under a “temporary protection” regulation, which Turkish authorities say automatically applies to all Syrians seeking asylum.

    Turkey’s Temporary Protection Regulation grants Syrian refugees access to basic services including education and health care but generally requires them to live in the province in which they are registered. Refugees must obtain permission to travel between provinces. In late 2017 and early 2018, Istanbul and nine provinces on the border with Syria suspended registration of newly arriving asylum seekers.

    In February 2022, Turkey’s Deputy Interior Minister Ismail Çataklı said applications for temporary and international protection would not be accepted in 16 provinces: Ankara, Antalya, Aydın, Bursa, Çanakkale, Düzce, Edirne, Hatay, Istanbul, Izmir, Kırklareli, Kocaeli, Muğla, Sakarya, Tekirdağ, and Yalova. He also said residency permit applications by foreigners would not be accepted in any neighborhood in which 25 percent or more of the population consisted of foreigners. He reported that registration had already been closed in 781 neighborhoods throughout Turkey because foreigners in those locations exceeded 25 percent of the population.

    In June, Interior Minister Süleyman Soylu announced that from July 1 onward, the proportion would be reduced to 20 percent and the number of neighborhoods closed to foreigners’ registration increased to 1,200, with cancellation of temporary protection status of Syrians who traveled in the country without applying for permission. Many interviewees explained that they could not find employment in their city of registration and could not survive there but could find work in Istanbul.

    Rising Xenophobia in Turkey

    Over the past two years, there has been an increase in racist and xenophobic attacks against foreigners, notably against Syrians. On August 11, 2021, groups of Turkish residents attacked workplaces and homes of Syrians in a neighborhood in Ankara a day after a Syrian youth stabbed and killed a Turkish youth in a fight.

    In the lead-up to general elections in spring 2023, opposition politicians have made speeches that fuel anti-refugee sentiment and suggest that Syrians should be returned to war-torn Syria. President Erdoğan’s coalition government has responded with pledges to resettle Syrians in Turkish-occupied areas of northern Syria.

    Arrests

    Most of those interviewed were arrested on the streets of Istanbul, and others during raids in their workplaces or homes. The arresting officials sometimes introduced themselves as Turkish police officers, and all demanded to see the refugees’ identification documents.

    Under Turkey’s temporary protection regulation, Syrian refugees are required to live in the province where they first register as refugees. Seventeen of these 47 refugees were living and working in their city of registration, while the rest were living and working in a different province.

    Five refugees said they were arrested because of complaints or spurious allegations from neighbors or employers, ranging from making too much noise to being a terrorist. All refugees said these accusations had no foundation. Four of them were acquitted, released, or deported; one man is still being investigated.

    Detention

    On arrest, Syrian refugees were either taken to local police stations for a short period or directly to a removal center, usually Tuzla Removal Center in Istanbul. Other removal centers included were in Pendik, Adana, Gaziantep, and Urfa. In all cases, Turkish officials confiscated the Syrians’ telephones, wallets, and other personal belongings.

    The authorities refused refugees’ requests to call their family members or lawyers. One man who asked to speak to a lawyer said an officer at the police station said, “‘Did you commit any crime?’ When I said ‘no,’ he said, ‘Then you don’t need to call a lawyer.’”

    All said the Turkish authorities kept them in cramped, unsanitary rooms in various removal centers. Beds were limited and interviewees said they often had to share them. Refugees said they were usually divided according to nationality and were generally held with other Syrians. Boys under 18 were detained with adult men.

    While some removal centers had better conditions than others, all interviewees described a lack of adequate food and access to washroom facilities, as well as other unsanitary conditions. In Tuzla, where the majority of interviewees passed through, Syrians described being held outside in areas described as “basketball courts” for hours on end while waiting to be assigned a space, which was usually inside a cramped metal container.

    “Ahmad” described conditions at Tuzla Removal Center, where he was detained alongside unrelated children in overcrowded metal containers:

    There were six beds in my cell and two or three people had to share each bed, and in my cell, one kid was 16 and one was 17. At first there were 15 of us [in the cell] but then they added more people. We stayed 12 days without taking a shower because they didn’t have one.

    Beatings and Ill-Treatment

    All interviewees said Turkish officials in the removal centers either assaulted them or they witnessed officials kicking or beating other Syrians with their hands or wooden or plastic batons. “Fahad,” a 22-year-old man from Aleppo, described the beatings in Tuzla Removal Center:

    I was beaten in Tuzla…. I dropped my bread by accident and I tried to pick it up from the floor. An officer kicked me and I fell down. He started to beat me with a wooden stick. I couldn’t defend myself. I witnessed beatings of other people. In the evening if people smoked they were beaten. They [the guards] were always humiliating us. One man was smoking … and five guards started to beat him very hard and they made his eye black and blue and beat his back with a stick. And everyone who tried to intervene was beaten.

    “Ahmad,” a 26-year-old man from Aleppo, said Turkish police arrested him at his workplace, a tailor shop in Istanbul, and took him to Tuzla Removal Center where he was severely beaten on multiple occasions:

    I was beaten in Tuzla three times; the last time was the harshest for me. I was arguing about the fact that I should be allowed to go out of the doors of the prison, I should have been allowed time for breaks. So they [the guards] cursed me and insulted me and my family. I said I would complain to their director. I was beaten on my face with a wooden stick, and they [the guards] broke my teeth.

    Ahmad was eventually deported to northern Syria through the Bab al-Salam border crossing and is now staying in Azaz city, currently under the control of the Turkey-backed Syrian Interim Government, an opposition group, as he cannot cross into Syrian government-controlled Aleppo city because he is wanted by the Syrian army. “I fled the war [in Syria] because I am against violence,” he said. “Now they [the Turkish authorities] sent me back here. I just want to be in a safe place.”

    “Hassan,” a 27-year-old former political prisoner and survivor of torture from Damascus, was arrested at his house when his neighbors complained about the noise coming from his apartment. He spent a few months being transferred between various removal centers. At the last one, he was told to sign a voluntary return form. When he refused to sign, Hassan said, “I was put inside a cage, like a cage for a dog. It was metal … approximately 1.5 meters by one meter. When the sun hit the cage it was so hot.”

    When he was first arrested, Hassan managed to contact his wife before his phone was confiscated. She found a lawyer who helped secure his release.

    Forced to Sign “Voluntary Return” Forms

    Many deportees said Turkish officials – either removal center guards, or officials they described as “police” or “jandarma” interchangeably – used violence or the threat of violence to force them into signing “voluntary” return forms.

    Human Rights Watch gathered testimony indicating deportees were forced to sign “voluntary return” forms at removal centers in Adana, Tuzla, Gaziantep, and Diyarbakır, and a migration office in Mersin.

    “Mustafa,” a 21-year-old man from Idlib, was arrested on the streets in the Esenyurt neighborhood of Istanbul. After several days in a removal center in Pendik, he was transferred to Adana, where he was put in a small cell with 33 other Syrian men for a night. In the morning, Mustafa said, a jandarma officer came to take detainees separately to another room:

    When my turn came, they took two of us into a room where there were four officials: a jandarma, a plain-clothed man, the [Adana Removal Center] migration director, and a translator. I saw three people sitting on the floor under the table who had been taken earlier from our cell and their faces were swollen.

    The translator asked the man who was with me to sign some papers, but when he saw one was a voluntary return form he didn’t want to sign. The jandarma and the plain-clothed guy started beating him with their hands and their batons and kicked him. After about 10 minutes they tied his hands and moved him next to the men already on the floor under the table. The translator asked me if I wanted to taste what the others had tasted before me. I said no and signed the paper.

    Mustafa was later deported from Cilvegözü/Bab al-Hawa border crossing and is now staying in al-Bab city in northern Aleppo province.

    Syria Remains Unsafe for Returns

    Most people interviewed said they originated from government-controlled areas in Syria. They said they could not cross from the opposition-controlled areas of northern Syria to their places of origin for fear Syrian security agencies would arbitrarily arrest them and otherwise violate their rights. Those deported to northern Syria told Human Rights Watch they felt “stuck” there, unable to go to home or to forge a life amid the instability of clashes in northern Syria.

    “I cannot go back to Damascus because it is too dangerous,” said “Firaz,” 31, in a telephone interview, who is from the Damascus Countryside and was deported from Turkey in July 2022 and is now living in Afrin in northern Syria. “There is fighting and clashes [in Afrin]. What do I do? Where do I go?”

    In October 2021, Human Rights Watch documented that Syrian refugees who returned to Syria between 2017 and 2021 from Lebanon and Jordan faced grave human rights abuses and persecution at the hands of the Syrian government and affiliated militias, demonstrating that Syria is not safe for returns.

    While active hostilities may have decreased in recent years, the Syrian government has continued to inflict the same abuses onto citizens that led them to flee in the first place, including arbitrary detention, mistreatment, and torture. In September, the UN Commission of Inquiry on Syria once again concluded that Syria is not safe for returns.

    In addition to the fear of arrest and persecution, 10 years of conflict have decimated Syria’s infrastructure and social services, resulting in massive humanitarian needs. Over 13 million Syrians needed humanitarian assistance as of early 2021. Millions of people in northeast and northwest Syria, many of whom are internally displaced, rely on the cross-border flow of food, medicine, and other lifesaving assistance.

    International Law

    Turkey is a party to the International Covenant on Civil and Political Rights (ICCPR) and the European Convention on Human Rights, both of which prohibit arbitrary arrest and detention and inhuman and degrading treatment. If Turkey detains a person to deport them but there is no realistic prospect of doing so, including because they would face harm in the destination country, or the person is unable to challenge their removal, the detention is arbitrary.

    Turkey’s treaty obligations under the European Convention, the ICCPR, the Convention Against Torture, and the 1951 Refugee Convention also require it to uphold the principle of nonrefoulement, which prohibits the return of anyone to a place where they would face a real risk of persecution, torture or other ill-treatment, or a threat to life.

    Turkey may not use violence or the threat of violence or detention to coerce people to return to places where they face harm. This includes Syrian asylum seekers, who are entitled to automatic protection under Turkish law, including any who have been blocked from registration for temporary protection since late 2017. It is important that it also applies to refugees who have sought employment outside the province in which they are registered. Children should never be detained for reasons solely related to their immigration status, or detained alongside unrelated adults.

    EU Funding of Turkey’s Migration Management

    The implementation of the March 2016 EU-Turkey deal, which aimed to control the number of migrants reaching the EU by sending them back to Turkey, is based on the flawed premise that Turkey would be a safe third country to which to return Syrian asylum seekers. However, Turkey has never met the EU’s safe third country criteria as defined by EU law. The recent violent deportations show that any Syrian forcibly returned from the EU to Turkey would face a risk of onward refoulement to Syria.

    In June 2021, the Greek government adopted a Joint Ministerial Decision determining that Turkey was safe third country for asylum seekers from Syria, Afghanistan, Pakistan, Bangladesh, and Somalia.

    Turkey’s removal centers have been constructed and maintained with significant funding from the European Union. Prior to 2016, under the Instrument for Pre-Accession Assistance (IPA I and IPA II), the EU provided more than €89 million for the construction, renovation, or other support of removal centers in Turkey. Some €54 million of this funding in 2007 and 2008 was for the construction of seven removal centers in six provinces with a capacity for 3,750 people. In 2014, it provided another €6.7 million for renovation and refurbishment of 17 removal centers. In 2015, the EU provided about €29 million for the construction of six new removal centers with a capacity for 2,400 people.

    Following the first €3 billion committed to Turkey as part of the EU-Turkey deal of March 2016, the EU’s Facility for Refugees in Turkey (FRiT) provided €60 million to the then-Directorate General for Migration Management to “support Turkey in the management, reception and hosting of migrants, in particular irregular migrants detected in Turkey, as well as migrants returned from EU Member States territories to Turkey.” This funding was used for the construction and refurbishment of the Çankırı removal center and for staffing 22 other removal centers.

    The EU provided another €22.3 million to the DGMM for improving services and physical conditions in removal centers, including funding for “the safe and organized transfer of irregular migrants and refugees within Turkey,” and €3.5 million for “capacity-building assistance aimed at strengthening access to rights and services.”

    On December 21, 2021, the European Commission announced a €30 million financing decision to support the Turkish Interior Ministry’s Presidency of Migration Management’s “capacity building and improving the standards and conditions for migrants in Turkey’s hosting centers … to improve the management of reception and hosting centers in line with human rights standards and gender-sensitive approaches” and to ensure “safe and dignified transfer of irregular migrants.”

    https://www.hrw.org/news/2022/10/24/turkey-hundreds-refugees-deported-syria

    #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_syriens #Turquie #renvois #expulsions #retour_au_pays #déportation #arrestations #rétention #détention_administrative

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    • En Turquie entre 3,7 et 5 millions de réfugiés pour 82 à 84 millions d’habitants selon les sources. La Turquie accueille des réfugiés à hauteur de 4 à 6% de sa population.

      En UE 2,9 millions de réfugiés pour une population de 447 millions d’habitants, soit 0,6% de sa population.

      L’UE donne de l’argent à la Turquie mais cet argent doit servir à l’accueil des réfugiés, pas directement au bien être des Turcs...

      Si l’UE prenait sa part de l’accueil des réfugiés (au lieu de mettre tant d’argent dans les expulsions, et dans l’Agence Frontex coupable de crimes ignobles sur les migrants), la Turquie expulserait-elle actuellement une partie de ses réfugiés syriens vers la Syrie ?

      https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/promoting-our-european-way-life/statistics-migration-europe_fr

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/03/en-turquie-l-afflux-de-refugies-crispe-l-opinion_6093220_3232.html

    • Forcibly deportation | 390 refugees deported from Turkey to Syria through Bab Al-Salama crossing in a week

      SOHR sources have reported that Turkish authorities have forcibly deported 90 Syrian refugees, all carrying the temporary protection cards ”Kimlik,” to Azaz city in “Euphrates Shield” area, which is under the control of Turkish forces and their proxy factions in the northern countryside of Aleppo. The refugees, who were deported under the pretext that “they have not completed data needed for residence documents and do not have ID documents,” crossed into Syria via Bab Al-Salam crossing on the Syria-Turkey border.

      Accordingly, the number of Syrian refugees who have been forcibly deported from Turkey to Syria through Bab Al-Salama crossing in less than a week has reached 390.

      It is worth noting that Turkish authorities continue forcible deportation of Syrian refugees from Turkey to the so-called “safe zone” in northern Syria.

      https://www.syriahr.com/en/303083

    • Tägliche Angst vor Abschiebung

      In der Türkei berichten Flüchtlinge von immer größeren Anfeindungen bis hin zu willkürlichen Festnahmen durch die türkische Polizei und Abschiebungen. Das wiederum verstärkt auch die Zahl derer, die nach Europa wollen.

      Wenn Mara in Istanbul aus dem Haus geht, dann hat die Syrerin nicht nur Bauchschmerzen, sondern seit einiger Zeit richtige Angst. Vor mehr als fünf Jahren kam sie mit ihrer Familie in die Türkei. Sie ist offiziell als Flüchtling anerkannt.

      Doch seit einiger Zeit fühlt sie sich nicht mehr sicher. „Ich habe das Gefühl, dass sie jeden Tag irgendwelche neuen Regeln und Schikanen für uns Flüchtlinge aufstellen. Aber das Schlimmste ist: Sie machen uns ganz offen Angst, indem sie uns mit Abschiebungen nach Syrien drohen.“
      Leben in der Fremde

      Mara, Ende 20, heißt eigentlich anders, hat aber große Sorge, Probleme mit den türkischen Behörden zu bekommen, wenn sie hier ihren echten Namen nennt. Sie arbeitet als Übersetzerin, studiert hat sie Physik, doch ihr syrischer Abschluss wurde nicht anerkannt. Dennoch baute sie sich in der Türkei ein Leben in der Fremde auf, fühlte sich akzeptiert - anfangs.

      Denn mittlerweile schlage ihr offener Hass entgegen, sagt sie. „Vor zwei Tagen lief ich mit einer Freundin die Straße entlang. Wir unterhielten uns auf Arabisch. Plötzlich kam eine ältere Frau auf uns zu und rief: ’Ihr Hunde, geht endlich zurück in euer Land!’“

      Hetze gegen Geflüchtete

      Dass Rassismus gegen Syrer und andere Flüchtlinge aus der Region, wie dem Iran oder Afghanistan, in der Türkei in den vergangenen Jahren kontinuierlich zugenommen hat, beobachtet auch Piril Ercoban vom Verein „Mülteci Der“, einer türkischen Flüchtlingsinitiative.

      „Im vergangenen Wahlkampf wurden Flüchtlinge zu einem Instrument der Innenpolitik“, sagt sie. „In so vielen Bereichen ist man sich in der Türkei nicht einig, aber was die negative Sicht auf Flüchtlinge angeht, herrscht Einigkeit.“

      So hetzte auch der vermeintlich sozialdemokratische Oppositionsführer Kemal Kilicdaroglu immer wieder gegen Syrer, sprach von mehr als zehn Millionen Geflüchteten im Land - Zahlen fernab der Realität.

      Großangelegte Rückführungsmaßnahmen

      Das Bündnis um Staatspräsident Recep Tayyip Erdogan, ohnehin rechts-konservativ, stieg auf den Anti-Migrations-Zug auf und kündigte großangelegte Rückführungsmaßnahmen an. Dieses Wahlversprechen scheint nun in Gang gesetzt.

      Mara erzählt, in ihrem Stadtviertel stünden an manchen Tagen an jeder Ecke Polizisten auf der Suche nach Syrern, die illegal im Land sind, oder in einer anderen Stadt in der Türkei gemeldet. „Sie behandeln uns wie Kriminelle“, klagt Mara.

      Flucht weiter nach Europa

      Der türkische Innenminister verkündete Mitte dieser Woche neue Zahlen, die die türkische Bevölkerung beruhigen sollen, Syrer wie Mara dagegen in Angst und Schrecken versetzen. In den vergangenen vier Monaten seien mehr als 105.000 Menschen verschiedenster Nationalitäten ohne gültigen Aufenthalt des Landes verwiesen worden.

      Mara hat zwar einen gültigen Aufenthalt, kennt aber viele Geschichten von Personen, bei denen das keine Rolle gespielt habe und die dennoch festgenommen worden und in Abschiebehaft genommen worden seien.

      Eine Freundin habe diesem Druck und den Anfeindungen nicht mehr standgehalten und die Türkei vor einiger Zeit verlassen. „Sie hat alles zurückgelassen und hat sich in die EU aufgemacht“, erzählt Mara. Seitdem habe sie nichts mehr von ihr gehört. Sie wisse nicht einmal, ob die Freundin noch lebe.

      Milliardenhilfen für Aufnahme

      Ein Blick auf die offiziellen Zahlen der türkischen Regierung zeigt: Die Zahl der registrierten syrischen Flüchtlinge in der Türkei nimmt seit einiger Zeit immer weiter ab. Waren es im März 2020 noch rund 3,6 Millionen, ist der letzte Stand von September 2023 bei unter 3,3 Millionen - das ist der tiefste Stand seit sieben Jahren.

      Damals zeigte das im Frühjahr 2016 geschlossene EU-Türkei-Abkommen Wirkung: Die EU versprach Milliardenhilfen, im Gegenzug verpflichtete sich die Türkei, Fluchtrouten abzuriegeln und die Bürgerkriegsflüchtlinge zu versorgen. Beide Seiten halten sich schon seit mehr als drei Jahren nicht mehr an bestimmte Vereinbarungen.

      Hass und Diskriminierung

      Piril Ercoban vom Flüchtlingsverein erklärt, die türkische Regierung verwehre syrischen Flüchtlingen seit Sommer 2022 die Anerkennung. „Zum anderen treiben sie wirtschaftliche Faktoren, aber auch der Hass ihnen gegenüber und diskriminierende Richtlinien zur Rückkehr in ihr Heimatland oder zur Flucht nach Europa, trotz aller Gefahren.“

      Auch scheint das Recht auf Asyl und Gründe wie Verfolgung im Heimatland keine Rolle mehr zu spielen. „Es gibt Berichte, wo erheblich Druck auf Migranten ausgeübt worden sein soll, Formulare zur freiwilligen Rückkehr zu unterschreiben - in sehr aggressiver Form“, sagt Ercoban.

      „Wir durften niemanden anrufen“

      Davon berichtet auch Hamid aus dem Iran, der aus politischen Gründen nicht dorthin zurück kann. Nach einer Auseinandersetzung mit seinem türkischen Vermieter hätten Polizisten vor seiner Tür gestanden und ihn festgenommen. Er glaubt, er sei denunziert worden. Erst sei er auf eine Polizeiwache gekommen, dann in ein Abschiebezentrum, erzählt er.

      Zwei Tage habe er mit Hunderten anderen Männern im Freien verbracht, auf Beton. „Wir durften niemanden anrufen, weder Familie noch Anwälte. Wir waren da zwei Tage lange eingepfercht in diesem Käfig, es hat immer wieder geregnet und die Polizisten haben uns nur ausgelacht und geflucht.“

      Am dritten Tag sei er in eine überfüllte Zelle gebracht worden. Auf dem Weg dorthin seien ihm EU-Embleme an den Wänden aufgefallen. Im Nachhinein erfährt er: Das Zentrum wurde auch mithilfe von Geldern aus dem EU-Türkei-Abkommen finanziert. Irgendwann sagen ihm Beamte, wenn er ein Formular unterschreibe, komme er sofort raus.

      Das Formular: die Einwilligung zur Abschiebung. Hamid weigert sich. Über die kommenden Tage seien die Drohungen so groß geworden, dass er mit dem Gedanken gespielt habe, zu unterschreiben. Gerade noch rechtzeitig habe ihn seine türkische Freundin ausfindig gemacht und einen Anwalt eingeschaltet. Der habe ihn freibekommen und die Deportation verhindert - vorerst. Die türkische Regierung streitet Fälle wie den von Hamid ab.
      „Türsteher für Europa“

      In der EU, wo es in der Vergangenheit auch wiederholt Berichte über Misshandlungen von Migranten durch Behörden gab, nimmt man die Fälle in der Türkei wahr, mehr nicht. Längst liegen Ideen über ein aktualisiertes Abkommen mit der Türkei auf dem Tisch.

      „Wir sahen diese Vereinbarungen schon immer als unmoralisch an“, sagt Piril Ercoban. „Damals interessierte das niemanden.“ Doch die Zeiten haben sich geändert: Inzwischen lehnen große Teile der türkischen Bevölkerung das Abkommen ab, wenn auch nicht zwangsläufig aus moralischen Gründen.

      „Wir sind die Türsteher für Europa“, schrieb vor einigen Monaten eine junge Türkin in den sozialen Medien. „Und kommen selbst nicht mal rein.“ Ein Versprechen der EU war die Visafreiheit für türkische Staatsbürger, bis heute gibt es sie aus verschiedenen Gründen nicht.
      Tägliche Angst abgeschoben zu werden

      Hamid und Mara sind die politischen Umstände nicht wichtig. Sie leben derzeit von Tag zu Tag und spielen nun beide mit dem Gedanken, die Türkei zu verlassen. Ihre Heimatländer kommen nicht in Frage, es bleibt derzeit nur Europa, sagt Mara. Dass die Anfeindung auch dort stetig zunehmen, wissen beide.

      Auch die Zustände in den Lagern auf den griechischen Inseln kennen sie. Dennoch wägen sie nun ab: Jeden Tag ins Angst leben, abgeschoben zu werden, oder doch eine aus ihrer Sicht bisher ungenutzte Chance auf Freiheit wagen?

      https://www.tagesschau.de/ausland/europa/tuerkei-syrien-migration-100.html

  • Retour d’Erythrée | Un témoin pour faire bouger les lignes ?

    Rentré au pays et torturé, Yonas[1] réussit à revenir en Suisse pour obtenir protection

    Il y a deux ans, une équipe de journalistes (Republik , Reflekt, SRF) s’était rendue en Érythrée pour décrire les conditions de vie de requérant·es d’asile débouté·es de Suisse. En était ressorti un reportage en trois volets décrivant les persécutions dont faisaient l’objet ces retourné·es (voir Érythrée | « Retour en dictature ». Enquête sur la pratique suisse : https://asile.ch/2020/08/27/erythree-retour-en-dictature-enquete-sur-la-pratique-suisse). Aujourd’hui, l’un d’eux a réussi à revenir en Suisse et à y obtenir protection. Il raconte les tortures qu’il a subies au pays et le périple qu’il a à nouveau dû affronter pour finalement obtenir gain de cause en Suisse. Tou·tes n’ont pas connu cette fin heureuse. Republik raconte son histoire[2] dans un article et questionne : la Suisse peut-elle continuer à considérer comme « exigibles » les renvois vers l’Érythrée ?

    Yonas est venu se réfugier en Suisse en 2015. En 2017, il est #débouté de sa demande pour « manque de preuves tangibles de persécution et incohérence du récit ». C’est le cas d’une majorité d’Érythréen·nes depuis 2016, puisque la politique suisse a donné un signal clair pour des restrictions d’accueil à leur encontre, en ne considérant plus la #fuite ou la #désertion comme des motifs suffisants pour obtenir le #statut de réfugié en Suisse[3] . Tour de vis encore renforcé en 2017 par le #Tribunal_administratif_fédéral (#TAF) qui juge le retour en Érythrée licite et exigible même pour les personnes susceptibles d’y être enrôlées de force au sein du #service_national – assimilé à du travail forcé. Le nombre de décisions négatives a alors pris l’ascenseur et une septantaine de levées d’admissions provisoires ont été recensées en 2020.

    Pour Yonas, le TAF évalue les risques encourus en cas de retour comme inexistants. Il ne peut donc bénéficier ni du statut de réfugié, ni d’une admission provisoire. Lui qui a fui la répression dans son pays, refuse de mourir en Suisse en émargeant à l’#aide_d’urgence. Il rentre en Érythrée. Or, une fois là-bas, un nouveau calvaire commence : il est arrêté, torturé et battu, ce qui le contraint à nouveau à la fuite.

    C’est en 2019, depuis la Grèce, qu’il recontacte Christian Zeier, le journaliste de Republik pour obtenir de l’aide. Celui-ci intercède pour lui auprès des autorités d’asile helvétiques, qui lui conseillent de déposer une demande d’asile dans le pays où il se trouve. C’est sans compter le délitement du droit d’asile en œuvre en Grèce depuis plusieurs années (voir Grèce | Chronique d’une détérioration annoncée). Après plusieurs mois d’attente et la naissance de son enfant avec une compatriote qui a trouvé refuge en Suisse, il parvient à les rejoindre à ses risques et périls. Cette fois sa nouvelle demande d’asile sera rapidement examinée et lui donnera accès au permis B réfugié en début d’année 2022.

    L’énigme du retour dévoilée

    Vis-à-vis des réfugié·es érythréen·nes, la Suisse pratique une des politiques d’asile les plus restrictives en Europe[4]. Le cas de Yonas ne permet pas de déterminer si la Suisse a mal évalué son récit et les risques qu’il disait encourir en cas de retour. Ou si – comme le dit l’autorité – son récit était incohérent et ne mentionnait pas sa participation à des rassemblements contre le régime érythréen lors de son premier séjour en Suisse.

    Il témoigne néanmoins des exactions commises à l’encontre de la population et du degré de violation des droits humains à l’œuvre en Érythrée. Selon la juriste Nora Riss, qui a défendu Yonas, le cas questionne l’évaluation faite par les autorités des dangers en Érythrée, et des sources utilisées. « Si les sources sont incertaines, il faut plutôt être prudent et décider en faveur des demandeurs d’asile. »

    Dès lors, une des grandes problématiques demeure : que se passe-t-il après le retour des personnes déboutées si elles ne peuvent pas revenir comme Yonas pour venir témoigner ? La Suisse semble ne pas s’en préoccuper, puisqu’il n’y a aucun suivi effectué par les autorités. Par contre, deux jugements récents du Comité des Nations unies contre la torture (CAT) ont reconnu que la Suisse avait violé la convention dans des décisions de renvoi vers l’Érythrée[5].

    Les personnes qui refusent de rentrer « volontairement » au pays ne peuvent pour l’instant pas se le voir imposer : il n’y a pas de renvois forcés. Mais on comprend, à la lecture de l’histoire de Yonas, les raisons qui les conduisent à rester en Suisse, même « déboutées ». Elles traversent alors un processus de marginalisation les dépossédant de leur propre destinée. Bloqué·es par un régime de l’aide d’urgence qui se veut précaire et déstabilisant, devant abandonner leurs apprentissages et emplois, ces femmes, hommes et enfants vivent un enfer sur un territoire qui devait leur servir de refuge. En 2020, l’Érythrée était encore l’origine la plus représentée parmi les bénéficiaires de longue durée de l’aide d’urgence[6]. Jusqu’à quand la Suisse sera-t-elle capable de continuer à fermer les yeux sur ces drames humains ? Il y a fort à parier qu’il faudra encore beaucoup de Yonas pour que cela change.

    https://asile.ch/2022/08/11/retour-derythree-un-temoin-pour-faire-bouger-le-lignes
    #renvois #expulsions #Erythrée #Suisse #réfugiés_érythréens #asile #migrations #réfugiés #torture #retour_au_pays #retour_volontaire

    • Ein Asylfall, der alles ändern könnte

      Die Schweiz verwehrt einem Eritreer Asyl. Zurück in seinem Heimatland wird er inhaftiert und gefoltert. Weil ihm ein zweites Mal die Flucht in die Schweiz gelingt, gerät das Staats­sekretariat für Migration in Erklärungs­not.

      Seit Jahren wird in der Schweiz darüber diskutiert, ob abgewiesene Asyl­suchende aus Eritrea gefahrlos in ihr Heimat­land zurück­kehren können. Oder ob ihnen dort schwere Menschen­rechts­verletzungen drohen. Nun muss sich das Staats­sekretariat für Migration erstmals mit dem Fall eines Eritreers beschäftigen, der angibt, nach seiner Wegweisung aus der Schweiz inhaftiert und gefoltert worden zu sein. Das zeigen Recherchen der Republik, des investigativen Recherche­teams «Reflekt» und der SRF-Sendung «10 vor 10».

      Aussergewöhnlich dabei ist: Hätte der Eritreer es nicht zurück in die Schweiz geschafft, wäre nicht bekannt geworden, dass die ursprüngliche Risiko­einschätzung falsch war, die zu seiner Wegweisung führte. Und jetzt könnte sein Fall die umstrittene Asylpraxis der Schweiz mit Eritrea ändern.
      Odyssee zurück in die Schweiz

      Dass der Fall überhaupt geprüft wird, hängt mit der unwahrscheinlichen Odyssee des Eritreers Yonas zusammen, der in Wirklichkeit anders heisst. An einem Montag­abend im April sitzt der 35-Jährige auf dem Bett seiner Zürcher Wohnung und sagt: «Ich habe zu viel gelebt.» Dann lässt er die vergangenen zehn Jahre seines Lebens Revue passieren.

      Wie er ein erstes Mal aus Eritrea flüchtete.
      Wie er Freunde an die Wüste verlor, ohne sie begraben zu können.
      Wie er in der Schweiz Asyl beantragte und weggewiesen wurde.
      Wie er Putzmittel trank, um sein Leben zu beenden.
      Wie er durch Zufall überlebte und zur Ausreise gedrängt wurde.
      Wie er in Eritrea Folter und Haft erlebte.
      Und wie er dann, nach der zweiten Flucht, erneut in der Schweiz landete.

      «Ich habe den Schweizer Behörden gesagt, dass man mich nach der Rückkehr nach Eritrea vielleicht tötet», sagt Yonas. «Aber sie haben mir nicht geglaubt.»

      «Eine Chance, dass sein Fall aufgearbeitet wird, hat Yonas nur, wenn er es schafft, illegal erneut in die Schweiz einzureisen.» Mit diesem Satz endete im April 2020 die dreiteilige Eritrea-Serie, welche die Republik gemeinsam mit dem investigativen Recherche­team «Reflekt» veröffentlichte. Dafür hatten wir den damals 33-jährigen Eritreer nach seiner zweiten Flucht aus Eritrea in Griechenland aufgespürt und seine Geschichte rekonstruiert und verifiziert.

      Yonas erzählte von seiner Zeit in der Schweiz, der Rückkehr nach Eritrea, seiner Inhaftierung und der darauf­folgenden Flucht. Seine Erzählungen waren nicht sehr ausführlich, auf Nachfrage konnte er aber Geschehnisse oder Orte detailliert beschreiben. So etwa die Folter­szene, kurz nach seiner Ankunft in der eritreischen Hauptstadt Asmara: Sie hätten ihn in einen Raum gebracht, die Hände hinter seinem Rücken gefesselt, sagt er. «Sie waren vermummt, der eine nahm seinen Gürtel heraus und schlug mich damit, während der andere einen Stock nahm, der im Zimmer lag, und auf meinen Rücken einschlug.»

      Bis heute zeugen Narben an Yonas’ Beinen von dieser Nacht. Die chronischen Schmerzen erträgt er nur dank Medikamenten.

      Wir schätzten Yonas damals als glaubwürdig ein, seine Erzählung als substanziiert, plausibel und schlüssig. Doch solange er sich ausserhalb der Schweiz befand, interessierten sich die hiesigen Behörden nicht für seinen Fall. «Herr Y. hat die Möglichkeit, in seinem Aufenthalts­land ein Asylgesuch einzureichen», schrieb das Staats­sekretariat für Migration (SEM), als er sich 2019 aus Griechenland an die Behörden wandte. Man habe sein Asyl­verfahren abgeschlossen, er könne nicht legal in die Schweiz zurückkehren.

      Wir blieben mit Yonas in Kontakt und verfolgten seinen Weg aus der Ferne. Wie er in Athen mit Gelegenheits­jobs über die Runden kam. Wie seine eritreische Freundin, die er in Griechenland kennen­gelernt hatte, in die Schweiz einreiste. Wie sie hier ihr gemeinsames Kind zur Welt brachte – und Yonas sich immer verzweifelter anhörte.

      Bis eines Tages im Juli 2021 eine Whatsapp-Nachricht alles änderte: «Lieber Christian, wie geht es dir?», schrieb Yonas. «Ich komme in die Schweiz. Ich bin hier. Ich bin hier in der Schweiz.»

      Allen Widerständen zum Trotz hatte er es geschafft. Genau so, wie die Republik in Zusammen­arbeit mit «Reflekt» damals Yonas’ Geschichte verifiziert hatte, musste das Staats­sekretariat für Migration nun seine Erzählung prüfen. Würde es ihn ablehnen, weil es die Geschichte der Folter und Inhaftierung nicht für glaubhaft hält? Oder würde Yonas Asyl erhalten und damit die Bestätigung, dass seine Wegweisung ein Fehler war? Dass die Schweiz ihn damals in die Hände seiner Folterer schickte?

      Denn im negativen Asylentscheid vom 12. Juli 2017 hatte das SEM nicht nur festgehalten, dass Yonas aufgrund widersprüchlicher Angaben und mangelhafter Glaubhaftigkeit die Flüchtlings­eigenschaft nicht erfüllt. Dort steht auch, dass sich aus den Akten keine Anhalts­punkte ergeben, dass dem Eritreer im Falle einer Rückkehr «mit beachtlicher Wahrscheinlichkeit eine durch Art. 3 EMRK verbotene Strafe oder Behandlung droht». Der Vollzug der Rückkehr stelle keine konkrete Gefährdung dar und sei zumutbar. Yonas sei demzufolge zur Ausreise und damit zur Rückkehr in die eritreische Diktatur verpflichtet.

      Was den Fall besonders macht: Die meisten Asyl­suchenden aus Eritrea, die einen negativen Asyl­entscheid erhalten, bleiben trotz allem in der Schweiz. Unfreiwillige Rückkehrerinnen – sprich Ausschaffungs­flüge – akzeptiert das Regime in Asmara nicht. Und weil sich die abgewiesenen Asyl­suchenden vor Repressionen bei der Rück­kehr fürchten, landen sie zu Hunderten in der Nothilfe. Ohne Arbeits­erlaubnis, Einkommen oder Perspektive. Yonas hingegen gab auf und kehrte im Juli 2018 in sein Heimat­land zurück. «Nach all den negativen Entscheiden war ich komplett demoralisiert», sagt er. «Ich dachte: Entweder sterbe ich in der Schweiz oder ich sterbe eben in Eritrea.»
      Verheerender Fehl­entscheid

      Doch es kommt anders. Yonas gelingt die erneute Flucht, und er beantragt im Oktober 2021, sechs Jahre nach seinem ersten Gesuch am 13. August 2015, zum zweiten Mal Asyl in der Schweiz. Mit der Inhaftierung und der Folter nach seiner Rückkehr sowie dem Besuch einer regierungs­kritischen Demonstration im Sommer 2016 in Genf macht er neue Asylgründe geltend und reicht neben einer Registrierungs­karte aus dem Sudan auch den Artikel ein, den die Republik und «Reflekt» über ihn publiziert haben. Zwei Monate später ist klar: Yonas erhält Asyl und wird als Flüchtling mit Status B anerkannt.

      Das Staatssekretariat für Migration geht also davon aus, dass er in Eritrea ernsthaften Nachteilen ausgesetzt ist oder begründete Furcht haben muss, solchen Nachteilen ausgesetzt zu werden. Darunter fallen: die Gefährdung des Leibes, des Lebens oder der Freiheit sowie Massnahmen, die einen unerträglichen psychischen Druck bewirken. Mehr ist über den positiven Entscheid nicht bekannt. Sowohl Yonas als auch der Republik und «Reflekt» hat das Staats­sekretariat Einsicht in die Begründung verwehrt – eine Praxis, die Usus ist und vom Bundes­verwaltungs­gericht gestützt wird.

      Würde seine Erzählung von Inhaftierung und Verfolgung aufgrund seines politischen Engagements grundsätzlich angezweifelt, hätte Yonas kaum die Flüchtlings­eigenschaft zugesprochen erhalten. Inwiefern das Staats­sekretariat für Migration aber für den Fehlentscheid verantwortlich ist, bleibt unklar. Yonas hat bei seinem ersten Asylgesuch widersprüchliche Aussagen gemacht und etwa nicht erwähnt, dass er an einer regierungs­kritischen Demonstration in Genf teilgenommen hatte. Sprecher Daniel Bach weist darauf hin, dass das SEM auf korrekte und vollständige Angaben angewiesen ist, um die konkrete Gefährdung einer Person einschätzen zu können.

      Für die Juristin Nora Riss von der Freiplatz­aktion, die Yonas im Asyl­verfahren vertreten hat, ist klar: «Die Risiko­einschätzung war in diesem spezifischen Fall falsch.» Es stelle sich die Frage, aufgrund welcher zuverlässiger Quellen diese und andere Einschätzungen vorgenommen worden seien. «Wenn die Quellen­lage unsicher ist, muss man eher vorsichtig sein und zugunsten der Asyl­suchenden entscheiden», sagt Riss. Ansonsten riskiere man genau solche Fälle, in denen Personen nach der Rückkehr gefoltert werden. Andere Länder seien in dieser Frage vorsichtiger, was die Schweizer Asylpraxis zu einer der schärfsten in ganz Europa macht.
      Ein anfälliges System

      Die Schweiz argumentiert, dass es in Eritrea zwar zu Menschen­rechts­verletzungen komme, dies allein aber kein ausreichender Grund sei, anzunehmen, dass eine Person bei der Rückkehr Opfer von Folter werde.

      Man müsse den Einzelfall prüfen. Weggewiesen würden nur Asyl­suchende, bei denen keine stichhaltigen Gründe für die Annahme einer konkreten und ernsthaften Gefahr bestünden.

      Seit einer umstrittenen Verschärfung der Asylpolitik von 2016 erhalten deutlich mehr eritreische Asylsuchende einen negativen Entscheid und werden weggewiesen – die meisten landen in der Nothilfe, einige Hundert sind in den vergangenen Jahren zurück­gekehrt. Wie viele von ihnen wie Yonas inhaftiert oder sogar gefoltert wurden, ist unbekannt.

      Gäbe es Rück­meldungen, würde man diese prüfen, sagt SEM-Sprecher Daniel Bach. «Bislang haben wir aber keine erhalten.» Und genau hier liegt das Problem. Nach der Rückkehr verschwinden die Menschen im nach wie vor stark abgeschotteten Land, ein Monitoring zu ihrem Schutz existiert nicht. Die Schweizer Behörden wissen kaum etwas darüber, was mit den abgewiesenen Asylsuchenden in Eritrea passiert. Das Staats­sekretariat für Migration kann bis heute keine dokumentierten Fälle von Zurück­gekehrten vorweisen, die unbehelligt geblieben sind.

      Zweifellos gibt es Eritreerinnen, die nach einem negativen Asylentscheid gefahrlos in ihr Heimatland zurück­kehren können. Doch nicht alle, die tatsächlich gefährdet sind, können das gegenüber dem SEM glaubhaft machen. So wie Yonas. Oder wie die beiden Asylsuchenden, deren Fälle in den letzten Jahren vor dem Uno-Ausschuss gegen Folter (CAT) landeten. 2021 und 2022 kam das Gremium in zwei Urteilen zum Schluss, dass die Schweiz mit einer Wegweisung nach Eritrea die Antifolter­konvention der Uno verletzt hat.
      Die Angst bleibt

      Ob die neuen Erkenntnisse die Asylpraxis verändern, ist unklar. «Die Praxis wird dann angepasst, wenn neue Erkenntnisse zur Bedrohungs­lage in einem Land vorliegen oder wenn das Bundes­verwaltungs­gericht einen Entscheid des SEM in genereller Weise korrigiert», heisst es vonseiten des Staats­sekretariats für Migration. Einen Wegweisungs­stopp würde es dann geben, wenn man zum Schluss käme, dass alle Leute, die zurück­kehren, konkret bedroht sind. Das sei aktuell nicht gegeben, sagt Sprecher Daniel Bach. «Selbstverständlich schauen wir uns aber den Fall an. Falls die Bedrohungs­lage anders geworden ist, könnte dies in letzter Konsequenz auch zu einem Wegweisungs­stopp führen.» Es bestehe aber auch die Möglichkeit, dass dem SEM im Asylverfahren Informationen vorenthalten worden seien, die für die Einschätzung wichtig gewesen wären.

      Für Yonas spielt das keine Rolle mehr. Er lernt fleissig Deutsch, möchte möglichst bald eine Lehre absolvieren und sagt: «Ich bin okay. Zum ersten Mal fühle ich mich nicht unsicher in der Schweiz.» Zwar schlafe er schlecht, leide an den Schmerzen der Folter und träume oft von Menschen, die er zurück­lassen musste. Seine grösste Angst aber ist eine andere: «Bitte zeigt mein Gesicht nicht und nennt mich nicht beim Namen», sagt er zum Abschied. «Sonst passiert meiner Familie in Eritrea das, was ich erleben musste.»

      https://www.republik.ch/2022/05/04/ein-asylfall-der-alles-aendern-koennte

  • Oluja 27 anni dopo, le voci e i silenzi di chi è tornato
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Croazia/Oluja-27-anni-dopo-le-voci-e-i-silenzi-di-chi-e-tornato-219885

    A 27 anni dalla famigerata operazione militare Oluja (Tempesta) sono pochi i cittadini e le cittadine di nazionalità serba che hanno fatto ritorno nei luoghi dai quali sono stati cacciati in massa nel 1995. In questo reportage alcuni di loro raccontano di come si vive oggi

    • Posljednji tango u Đevrskama
      –-> Dernier tango à #Đevrskama
      https://www.youtube.com/watch?v=NVR9XVrsLqU

      –-> dans l’article :

      Stavamo seduti in quel bar proprio il giorno in cui il cantante #Arsen_Dedić avrebbe compiuto 84 anni. Speriamo che la sua celebre canzone “L’ultimo tango a Đevrske “ – in cui, con un linguaggio scarno, quasi popolare, ma al contempo ingegnosamente scherzoso, decanta i villaggi dell’entroterra di Šibenik (Sebenico), salvandoli così dall’oblio – ci possa essere di aiuto quando decidiamo di avventurarci alla scoperta della via Đevrske – che pur avendo molti numeri civici, ma sempre meno abitanti – preserva ancora qualche briciola di quel semplice fascino meditterraneo, al contempo aspro e soave, come il profumo della lavanda, qualcosa di quell’atmosfera caratteristica della musica di Arsen preannunciando un tango, anche se a Đevrske al tango di Arsen si sono succeduti altri balli.

      “È una lama a doppio taglio, ne abbiamo discusso più di una volta. Cosa intendeva dire con quella canzone? Qui per un certo tempo c’era un disco bar, piuttosto famoso, vi si sono esibiti tutti i muscisti famosi dell’ex Jugoslavia. Si chiamava ‘Disko 9’. O forse il motivo che lo spinse a comporre quella canzone fu il 5 agosto e ‘Oluja’”, si chiede Rajko Mandić, consigliere del consiglio comunale di Kistanje, ormai al suo secondo mandato.

      #Devrskama #chanson ##Arsen_Dedic #musique

  • Flow of Ukrainians entering the EU back at pre-war levels

    Around half of the Ukrainians who fled to the EU have returned home, and a top official said the resumption of school in September could prompt many more families to make a decision.

    The number of Ukrainians entering the European Union has fallen back to pre-invasion levels, a senior EU official said on Monday morning.

    That means a similar number of Ukrainian citizens are crossing the border in both directions for the first time since early February.

    “When it comes to the refugee flows, the situation now is stable,” the EU’s home affairs commissioner Ylva Johansson said from Prague.

    “The crossings between the EU and Ukraine, the numbers are pre-war, pre-COVID level, so we are back to like a normal number of people crossing.”

    Johansson was in Prague to meet with national home affairs ministers to discuss several issues, including migration. Politico reports that Ukraine’s interior minister also joined the meeting.

    The Czech Republic, where the meeting was held, has the highest number of Ukrainian refugees per capita, followed by Poland, the Baltic states, and Bulgaria.

    But around half of the 6 million Ukrainian refugees who fled since February have already returned home, according to data from Frontex.

    However, Czech interior minister Vit Rakusan still warned: “We all hope the situation will improve, but we don’t see the end of the war yet.”
    Back home and back to school

    Johansson said school resuming on September 1 will be a deciding factor for many Ukrainian refugees currently in the EU.

    According to the UNHCR, around 90% of Ukrainian refugees are women and children. President Volodymyr Zelenskyy previously banned men of conscription age (18 to 60 years old) from leaving the country.

    “I foresee that a lot of Ukrainians in the EU will take a decision before school starts — where to start school, in an EU member state or going back to Ukraine to start school there,” Johansson said.

    “I think the coming month, a lot of people will make a decision if they will go back now or if they will stay further on here.”

    https://www.infomigrants.net/en/post/41834/flow-of-ukrainians-entering-the-eu-back-at-prewar-levels?preview=16576

    #réfugiés_ukrainiens #Ukraine #retour_au_pays #asile #migrations #réfugiés #guerre_en_Ukraine

  • Le #Nigeria vide les camps de déplacés de #Maiduguri

    Ces réfugiés avaient fui les exactions de #Boko_Haram, mais le gouverneur de l’Etat de #Borno les presse aujourd’hui de revenir sur leurs terres, malgré le risque humanitaire et la présence du groupe #Etat_islamique en Afrique de l’Ouest.

    Un silence de plomb est tombé sur le camp de déplacés de #Bakassi. Il ne reste presque rien de ce gros village de fortune qui abritait, il y a encore quelques semaines, plus de 41 800 déplacés, à la sortie de la grande ville de Maiduguri, chef-lieu de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria. Les tentes et les abris de tôle ont disparu, la clinique a fermé ses portes et les enclos de terre se sont vidés de leurs bêtes.

    Pendant sept ans, des dizaines de communautés fuyant les exactions des djihadistes de Boko Haram se sont réfugiées sur ce terrain, initialement occupé par des logements de fonction, aujourd’hui à l’abandon. Mais, le 19 novembre, les déplacés de Bakassi ont été réveillés au beau milieu de la nuit par une délégation officielle, venue leur annoncer qu’ils avaient onze jours pour plier bagage et reprendre le chemin de leurs champs.

    Dans les heures qui ont suivi, #Babagana_Zulum, le gouverneur de l’Etat de Borno, a supervisé en personne l’attribution d’une #aide_alimentaire et financière à chaque chef de famille présent : 100 000 nairas (215 euros) ont été versés pour les hommes et 50 000 nairas (107 euros) pour les femmes, ainsi qu’un sac de riz de 25 kilos, un carton de nouilles et cinq litres d’huile de friture. Une aide censée leur permettre de tenir trois mois, le temps de reprendre la culture de leurs terres ou de trouver un autre lieu de vie, à Maiduguri ou à proximité de leur terre d’origine.

    Le #plan_de_développement établi par les autorités indique qu’au moins 50 % des déplacés de l’Etat de Borno devront avoir quitté les camps d’ici à l’année prochaine et que tous les camps de l’Etat devront avoir fermé leurs portes d’ici à 2026. Pour l’heure, le gouverneur a ordonné la fermeture des #camps_officiels situés autour de la ville de Maiduguri, afin de pousser les populations vers l’#autonomie_alimentaire. Quatre camps, abritant environ 86 000 personnes, ont déjà fermé ; cinq autres, accueillant plus de 140 000 personnes, doivent suivre.

    Abus subis par les réfugiés

    Le gouvernement local, qui assure qu’il « ne déplace personne de force », a justifié sa décision en pointant notamment les #abus que les réfugiés subissent dans ces espaces surpeuplés, où ils sont victimes de #violences_sexuelles et à la merci des détournements de l’aide alimentaire d’urgence. Mais les moyens déployés pour vider les camps ne sont pas à la hauteur des besoins.

    « Pendant la distribution de l’aide au départ, les autorités ont demandé à tous les hommes célibataires de s’éloigner. Beaucoup de gens de mon âge n’ont rien reçu du tout », assure Dahirou Moussa Mohammed. Ce paysan de 25 ans a passé un peu plus d’un an dans le camp après avoir fui les territoires occupés par Boko Haram, où il dit avoir été emmené de force après l’invasion de son village par les djihadistes en 2014.

    Depuis que Bakassi a fermé ses portes, Dahirou s’est installé sur une dalle de béton nu, à quelques mètres seulement du mur d’enceinte désormais surveillé par des gardes armés. « Nous avons récupéré la toile de nos tentes, les structures en bois et les tôles de la toiture, et nous les avons déplacées ici », explique le jeune homme.

    Dans un communiqué publié le 21 décembre, l’organisation Human Rights Watch regrette le manque « de consultations pour préparer les déplacés à rentrer chez eux ou pour les informer des alternatives possibles » et rappelle qu’on ignore tout du sort de 90 % des personnes ayant quitté Bakassi fin novembre. « Les déplacements multiples risquent d’accroître les besoins dans des zones où la présence humanitaire est déjà limitée. Cela est particulièrement préoccupant, compte tenu des indicateurs d’#insécurité_alimentaire dans la région », note, de son côté, la coalition d’ONG internationales Forum Nigeria.

    2,4 millions de personnes menacées par la #faim

    Selon un rapport des Nations unies datant du mois d’octobre, 2,4 millions de personnes sont menacées par la faim dans le Borno, ravagé par douze années de conflit. L’inquiétude des ONG est encore montée d’un cran avec la publication d’une lettre officielle datée du 6 décembre, interdisant expressément les #distributions_alimentaires dans les communautés récemment réinstallées.

    « La création délibérée de besoins par les humanitaires ne sera pas acceptée. (…) Laissons les gens renforcer leur #résilience », a insisté le gouverneur lors d’une réunion à huis clos avec les ONG, le 21 décembre. Il les accuse de rendre les populations dépendantes de l’#aide_humanitaire sans leur proposer de solutions de développement à long terme, afin de continuer à profiter de la crise.

    Même si le projet de fermeture des camps de Maiduguri a été évoqué à de multiples reprises par les dirigeants du Borno ces dernières années, la mise à exécution de ce plan par le gouverneur Babagana Zulum a surpris tout le monde. « Les gens ont besoin de retrouver leurs terres et on comprend bien ça, sauf que le processus actuel est extrêmement discutable », s’alarme la responsable d’une ONG internationale, qui préfère garder l’anonymat étant donné le climat de défiance qui règne actuellement dans le Borno. « On ne sait même pas comment ils vont rentrer chez eux, vu la dangerosité du voyage, et nous n’avons aucun moyen de les accompagner », regrette-t-elle.

    « Il faut que le gouvernement local reconnaisse que la situation sécuritaire ne permet pas ces retours, pour l’instant. Dans le contexte actuel, j’ai bien peur que les déplacés ne soient poussés dans les bras des insurgés », appuie un humanitaire nigérian qui travaille pour une autre organisation internationale.

    C’est par crainte des violences que Binetou Moussa a choisi de ne pas prendre le chemin du retour. « Ceux qui ont tenté de rejoindre notre village d’Agapalawa ont vite abandonné. Il n’y a plus rien là-bas et il paraît qu’on entend chaque jour des coups de feu dans la brousse. Je ne veux plus jamais revivre ça ! », justifie la vieille femme, qui garde en elle le souvenir terrifiant de sa longue fuite à pied jusqu’à Maiduguri, il y a sept ans.

    Faute d’avoir pu rejoindre leur village, beaucoup de déplacés de Bakassi ont finalement échoué à #Pulka ou #Gwoza, à plus de 100 kilomètres au sud-est de la capitale régionale. « Ils dorment dehors, sur le marché, et ils n’ont même plus assez d’argent pour revenir ici ! », gronde Binetou, en tordant ses mains décharnées. Dans ces villes secondaires sécurisées par l’armée, la menace d’une attaque demeure omniprésente au-delà des tranchées creusées à la pelleteuse pour prévenir l’intrusion de djihadistes. Une situation qui limite les perspectives agricoles des rapatriés.

    Attaques probables

    Le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) est effectivement actif dans certaines zones de réinstallation. « L’armée contrôle bien les villes secondaires à travers tout le Borno, mais ils ne tiennent pas pour autant les campagnes, souligne Vincent Foucher, chercheur au CNRS. L’Iswap fait un travail de fond [dans certaines zones rurales] avec des patrouilles pour prélever des taxes, contrôler les gens et même rendre la justice au sein des communautés. »

    Et bien que l’organisation Etat islamique se montre plus pacifique dans ses rapports aux civils que ne l’était Abubakar Shekau – le chef historique de Boko Haram, disparu en mai 2021 au cours d’affrontements entre factions djihadistes rivales –, les risques encourus par les populations non affiliées sont bien réels. « Si on renvoie des gens dans les villes secondaires, l’#Iswap pourrait bien les attaquer », prévient Vincent Foucher. Sans oublier les civils « partis travailler dans les territoires contrôlés par l’Iswap et qui ont été victimes des bombardements de l’armée ».

    Dans un rapport publié le 15 décembre, Amnesty International évoque les attaques qui ont ciblé des personnes rapatriées au cours de l’année 2021 à Agiri, New Marte et Shuwari. L’ONG ajoute que « certains ont été forcés [par les militaires] à rester dans les zones de réinstallation, malgré l’escalade de la violence ». D’un point de vue politique, la fermeture des camps serait un moyen de reconquérir des territoires et même de tenter de mettre un point final à un conflit de douze années. Même si cela revient, selon les termes de Vincent Foucher, à « laisser des gens avec peu de mobilité, encerclés par les djihadistes et forcés de cohabiter avec une armée sous pression ».

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/12/30/au-nigeria-la-fermeture-des-camps-de-deplaces-jette-des-milliers-de-personne

    #réfugiés #déplacés_internes #migrations #camps_de_réfugiés #fermeture #renvois #retour_au_pays (tag que j’utilise pour les réfugiés et pas les déplacés internes, en général, mais ça permettra de retrouver l’article, si besoin)

  • #Danemark : préoccupations vives à l’encontre de la #loi récemment adopté visant à externaliser l’examen des demandes d’asile au #Rwanda

    Et demande expresse au Danemark de réévaluer son appréciation des zones en Syrie considérées comme « sûres » et qui justifieraient le renvoi des personnes dont la protection temporaire n’a pas été renouvelée voir annulée.

    Le Comité des Nations Unies de suivi de la Convention pour l’Elimination des Discrimination Raciales (CERD en anglais) a passé en revue 4 pays fin novembre dont le Danemark.

    Document en anglais : https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CERD%2fC%2fDNK%2fCO%2f22-24&Lang=en

    #Danemark #asile #migrations #réfugiés #Afrique
    #offshore_asylum_processing #externalisation #réfugiés_syriens #retour_au_pays #procédure_d'asile #pays-tiers

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    Fil de discussion sur l’externalisation des procédures d’asile du Danemark (2021) :
    https://seenthis.net/messages/918427

    Le Danemark (comme d’autres pays européens d’ailleurs) avait déjà tenté par la passé de faire passer une loi dans ce sens, voir la métaliste :
    https://seenthis.net/messages/900122

    • ‘Zero asylum seekers’: Denmark forces refugees to return to Syria

      Under a more hostile immigration system, young volunteers fight to help fellow refugees stay – but their work is never done

      Maryam Awad is 22 and cannot remember the last time she had a good night’s sleep. It was probably before her application to renew her residency permit as a refugee in Denmark was rejected two years ago, she says.

      Before 2015, Awad’s family lived in a small town outside Damascus, but fled to Denmark after her older brother was detained by the regime. The family have been living in Aarhus, a port city in northern Denmark, for eight years.

      Awad and her younger sister are the only family members facing deportation. Their situation is far from unique. In 2019, the Danish government notified about 1,200 refugees from the Damascus region that their residency permits would not be renewed.

      Unlike the United Nations and EU, Denmark judged the region to be safe for refugees to return. However, as men could be drafted into the army and older women often have children enrolled in Danish schools, the new policy predominantly affects young women and elderly people.

      Lisa Blinkenberg, of Amnesty International Denmark, said: “In 2015, we have seen a legislative change which means that the residency permit of refugees can be withdrawn due to changes in their home country, but the change does not have to be fundamental. Then in 2019 the Danish immigration services decided that the violence in Damascus has stopped and that Syrians could be returned there.”

      Blinkenberg says Denmark’s policy towards asylum seekers and refugees has become notably more hostile in recent years. “In 2019, the Danish prime minister declared that Denmark wanted ‘zero asylum seekers’. That was a really strong signal,” she says.

      “Like in other European countries, there has been a lot of support for rightwing parties in Denmark. This has sent a strong signal for the government to say: ‘OK, Denmark will not be a welcoming country for refugees or asylum seekers.’”

      Awad smiles, briefly, for the first time when she receives a phone call from her lawyer. He tells her there is now a date set for her appeal with the refugee board. It will be her last chance to prolong her residency permit.

      She had been waiting for this phone call since February. “I am really nervous, but happy that it is happening,” she says. “I am glad that I had the support from friends who put me in touch with volunteers. If it wasn’t for them, I wouldn’t know what to do.”

      One of the volunteers Awad has received help from is Rahima Abdullah, 21, a fellow Syrian refugee and leader of the Danish Refugee Youth Council. Over the past two years Abdullah had almost single-handedly built a network of opposition to deportations targeting Syrians.

      “I have lost count of how many cases I worked on. Definitely over 100, maybe even 200,” Abdullah says.

      Abdullah, who grew up in a Kurdish family in Aleppo, first became politically active at 16 after her family sought refuge in Denmark. She has been regularly publishing opinion pieces in Danish newspapers and built a profile as a refugee activist.

      “The image of immigration in Danish media was very negative. I could see everyone talking about it but felt as if I didn’t have a voice. That’s why I decided to become an activist,” she says.

      In 2019, Abudullah and a classmate, Aya Daher, were propelled to the front pages of Danish media, after Daher found herself among hundreds of Syrians threatened with deportation.

      “Aya called me up, scared, crying that her application was rejected. Before we were thinking about finishing school, about exams and parties, but suddenly we were only concentrating on Aya’s future and her safety,” Abdullah recalls.

      “I posted her story on Facebook and I sent it to two journalists and went to sleep. In the morning I found that it was shared 4,000 times.”

      The story was picked up by local and international media, sparking a public outcry. Following her appeal to the Danish Refugee Board, Daher’s residency was extended for an additional two years on the grounds that her public profile would put her in danger from the Assad regime.

      “They gave me a residency permit because I was in the media. They did not believe in what I said about my situation and the dangers I would face in Syria. That really hurt,” Daher says. “I hope I don’t have to go through this process again.”

      “Aya can get on with her life now, but I am still doing the same work for other people in the same position,” Abdullah says. “Her case showed refugees that, if you get media attention and support from society, you can stay in Denmark.”

      Abdullah gets up to five messages a day from refugees hoping she can help them catch the attention of the media. “I have to choose who to help – sometimes I pass people on to other activists. There are two or three people helping me,” she says. “It gets hard to be a young person with school and a social life, with all that work.”

      But not everyone is as appealing to the media as Daher. The people whose stories pass unnoticed keep Abdullah up at night.

      “I worked with one family, a couple with young children. I managed to get them one press interview in Sweden, but it wasn’t enough,” Abudullah says. “The husband is now in Germany with two of the children trying to get asylum there. The wife stayed here with one child. She messaged me on Facebook and said: ‘You did not help us, you destroyed our life.’ I can’t be angry at her – I can’t imagine how she feels.

      “Aya’s story was the first of its kind at the time. Additionally, Danish media like to see an outspoken young woman from the Middle East, who is integrated into society, gets an education, and speaks Danish,” Abdullah says. “And this was just an ordinary Syrian family. The woman didn’t speak good Danish and the children were quite young.

      “Aya also doesn’t wear a hijab, which I think made some people more sympathetic towards her,” Abdullah adds. “There are people in Denmark who think that if you wear the hijab you’re not integrated into society. This makes me sad and angry – it shouldn’t be this way.”

      Daher, who became the face of young Syrian refugees in Denmark, says: “It was very difficult to suddenly be in the media, and be someone that many people recognise. I felt like I was responsible for a lot of people.

      “I had a lot of positive reactions from people and from my classmates, but there have also been negative comments.” she says. “One man came up to me on the street and said ‘go back to your country, you Muslim. You’re stealing our money.’

      “I respect that some people don’t want me to be here. There’s nothing more I can do about that,” Daher says. “They have not been in Syria and they have not been in the war – I can’t explain it to them.”

      Awad hopes she can return to the life she had to put on hold two years ago. “I don’t know how to prepare for the appeal. All I can do is say the truth,” she says. “If I go back to Syria they will detain me.” She hopes this will be enough to persuade the board to allow her appeal.

      “I planned to study medicine in Copenhagen before my residency application was rejected. I wanted to be a doctor ever since I came to Denmark,” she says. The uncertainty prompted her to get a qualification as a health assistant by working in a care home. “I just want my life back.”

      https://www.theguardian.com/global-development/2022/may/25/zero-asylum-seekers-denmark-forces-refugees-to-return-to-syria?CMP=Shar

  • Syria : Former refugees tortured, raped, disappeared after returning home

    Syrian security forces have subjected Syrians who returned home after seeking refuge abroad to detention, disappearance and torture, including sexual violence, Amnesty International said today. In a new report, “You’re going to your death,” the organization documented a catalogue of horrific violations committed by Syrian intelligence officers against 66 returnees, including 13 children. Among these violations, Amnesty International documented five cases whereby detainees had died in custody after returning to Syria, while the fate of 17 forcibly disappeared people remains unknown.

    https://www.amnesty.org/en/latest/news/2021/09/syria-former-refugees-tortured-raped-disappeared-after-returning-home

    #Syrie #réfugiés_syriens #torture #disparition #asile #réfugiés #retour_au_pays
    #Amnesty #rapport

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    voir aussi la métaliste sur les « retours au pays » ("forcé" ou « volontaire ») des réfugiés syriens :
    https://seenthis.net/messages/904710

  • Syrian refugees face threats of deportation from Europe and appropriation of property rights in Syria

    “We spent 30 years building our house to bring the family together and create memories. Years went by abroad until we could return home and settle down. Then, in a single moment, all was gone, and we found ourselves at the beginning of a new tiring journey. Once again, we left our home country searching for a new life.”

    With these words, Rihab Qassem (aged 65) recounted to Enab Baladi her daunting life journey spent in search of stability in someplace where human dignity is respected while going through many tragic detours and surviving their destructive psychological effects.

    In December 2012 and after Syrian regime forces bombed her family house, Rihab fled the Yarmouk camp area in southern Damascus, with her sons who were prosecuted by the regime’s security services.

    “We did not take sides. We only treated people injured by bombardments,” Rihab said. In October 2013, Rihab took her last look at her house’s destroyed walls, captured some photos for memory, and embarked on a new journey seeking refugee in Europe to reach Denmark eventually.

    Threats of deportation

    In early 2014, Rihab was granted a residency permit in Denmark under humanitarian protection grounds. Her house in the Yarmouk camp was completely destroyed during the battles, ending any dream of returning home.

    Despite being permitted residency in Denmark, Rihab’s story was far from reaching a happy ending, as Danish authorities issued a report in 2019 saying that the security situation in some parts of Syria has “improved markedly.”

    The same report was used as a pretext to start reevaluating hundreds of residence permits granted by the Danish government to Syrian refugees coming from the Syrian capital of Damascus and its surrounding areas.

    Last July, Rihab was handed over the Danish Immigration Service’s decision of deportation from Denmark on the grounds that Damascus is reclassified as a “safe zone.”

    “A house’s value is nothing when compared to thousands of people’s loss of loved ones during the war in Syria, and even if I wanted to go back home, do you think there is any chance for me to return to my house? There is not,” Rihab said.

    Speaking of her house, Rihab shows zero hope of returning home, knowing that the Yarmouk camp is in ruins and its streets are empty with nothing but destroyed houses.
    Syrian government’s property laws destroy hopes of returning home

    In the last ten years, the regime’s government issued several laws and legislative decrees and some administrative decisions that adversely affected house, land, and property (HLP) rights of Syrian citizens in general and Syrian refugees in particular.

    The government HLP regulations have created additional burdens and challenges for Syrian refugees seeking to deprive them of their property rights.

    Legislative Decree No. 66 of 2012 is one of the laws threatening the HLP rights of Syrian citizens. It stipulated the establishment of two zoning areas within Damascus province to achieve urban development in informal settlement areas.

    Syrian lawyer Hussam Sarhan told Enab Baladi that properties included in the zoning area are viewed as common property between a group of property holders. Each group member has a share equal to the estimated value of his/her property or rights in rem.

    Sarhan said that under the decree, the zoning area serves as a legal personality incorporating all rights holders and is represented by Damascus province, while real estate transactions (sell, purchase, or donations) for properties included in Decree No. 66 two zoning areas are banned.

    According to Sarhan, Decree No. 66 constitutes a significant threat to Syrian refugees’ property rights as it grants them a short period of 30 days starting after the announcement date of the decree to claim ownership. During this period, absentees outside Syria must submit an application after choosing a place of residence within the zoning plans’ boundaries in Damascus province attached with legal documents.

    He added, the fact that many property owners were forced out of Syria like Rihab Qassem, who cannot return to her country due to security concerns, makes absentees’ HLP rights at risk of being violated under the decree.

    According to the lawyer, Decree No. 66 does not guarantee accurate estimation of properties’ value, including building structures, trees, and crops, affecting the final valuation of these properties.

    The decree ignored the Syrian government’s acknowledgment of some slum areas like the Yarmouk camp when it provided its residents with necessary infrastructure services and regarded them as areas of building violations that must be regulated in zoning plans.

    The decree stipulated that residents of informal settlements included in zoning plans are only entitled to the cost of their properties’ rubble built on public or private state property.

    In June 2020, Damascus Provincial Council held a special session in which it announced the approval of the Yarmouk camp’s regulatory map before sharing it with the public. Soon later, the Council opened the door for objections and received thousands from the camp’s residents.

    Many Yarmouk camp former residents saw the new zoning plan as a threat to the camp’s identity and status as a symbol of return to Palestinian refugees in Syria. Fears of demographic changes also prompted objections.

    Decree No. 66 paved the way for the issuance of Law No. 10 of 2018, which also gave a short notice of 30 days to rights holders to claim ownership. Later, the law was amended, and the objection period was extended to one year, starting after the announcement date of the zoning plan.

    In 2015, the regime government passed Law No. 23 on planning and urban development. The law aimed at creating zoning areas with legal personality.

    Law No. 23 allows administrative units such as municipalities and governorates to expropriate informal housing areas located within zoning areas. As a result, owners of informal housing would lose their independent ownership in favor of having shares in a common property that would be divided into plots under the supervision of real estate distribution committees.

    Several factors impede the return of Syrian refugees in Europe or other parts of the world to their homes, chiefly the absence of any legal instruments that would help them restore their properties or receive compensation, Sarhan said.

    He added that another factor complicating Syrian refugees’ return is the Syrian judiciary’s lack of impartiality, independence, and fair trial standards.

    According to Sarhan, the Syrian government has its own policy managing Syria’s real estate problem in its best interests. It exploits the problem in different ways instead of finding solutions to it.
    “A living nightmare”

    Syrian regime forces started bombing the Yarmouk camp on 16 December 2012 in what was known as the massacre of the Abdul Kadir al-Husseini Mosque and the Fallujah School, leaving more than 200 persons killed or injured.

    The bombing caused the displacement of more than 80 percent of the camp’s residents to other areas inside Syria or abroad. Those who remained suffered from a siege imposed by regime forces between 2013 and 2018, with the participation of allied Palestinian militias.

    A report by the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) mentioned that millions of Syrian refugees are distributed over more than 120 countries, while Syria’s security and economic situations remain a discouragement for any return.

    “Houses are murdered with the absence of their residents,” These meaningful words said by the famous Palestinian poet and writer Mahmoud Darwish best describe the conditions of Syrian refugees’ houses whose owners left Syria with no hopes of returning to claim back their property rights.

    As for Rihab, she told Enab Baladi that this period of her life has been a living nightmare as she did not achieve the stability that she has been working so hard for decades to achieve.

    Rihab intends to fight for her and her family’s right of protection and residence in Denmark by attempting to file a lawsuit before relevant local courts.

    https://english.enabbaladi.net/archives/2021/08/syrian-refugees-face-threats-of-deportation-from-europe-and-appr

    #réfugiés_syriens #asile #migrations #réfugiés #retour_au_pays #renvois #expulsions #EU #UE #Europe #Danemark

    ajouté à la métaliste sur le retour (volontaire ou contrait) des réfugiés syriens :
    https://seenthis.net/messages/904710
    Et plus précisément sur la politique du Danemark :
    https://seenthis.net/messages/904710#message904721

    ping @isskein

  • Denmark : Refugee grandmother told to return to Syria

    #Rihab_Kassem, a Palestinian-Syrian refugee, is among hundreds who have been urged to leave the Scandinavian country.

    Rihab Kassem, a retired nurse and grandmother of Syrian and Palestinian origin, arrived in Denmark more than eight years ago.

    She had been living in #Yarmouk, an unofficial camp in Damascus for the Palestinian refugee community in Syria.

    Her initial plan was to visit Waled, her son who had been living in Denmark since 1996 and has long been a citizen of the Scandinavian country.

    But after she arrived, as the war intensified in Syria, violence gripped her refugee camp.

    She applied for asylum and in January 2014, Danish authorities gave her a residence permit, valid for five years. That was then extended for another two years. Later, she was granted temporary protection status.

    Her new life grew as the one she had known in Syria faded. She enjoyed time in Europe with her children and grandchildren.

    But earlier this year, as the Danish government made a controversial decision to declare parts of Syria safe enough to return to, her application for residence was rejected and she was called in for an interview.

    Kassem, 66, was nervous but hopeful.

    Two months later, however, she was informed that her residency permit was revoked because the Danish government considered that security in Damascus, the capital of Syria, and surrounding region had improved enough that those areas could be called home again.

    “Return to where? I have no one, nothing, in Syria,” she told Al Jazeera. “My family lives in Denmark and I’m the only person who was asked to leave.

    “We are not beggars here, we work, we work hard, we go to school, we pay taxes and this is happening to us … I cannot understand it.”

    Kassem moves and breathes with difficulty.

    She says that her lungs operate at 35 percent of their capacity, the result of an attack coordinated by the Syrian army using poisonous gas.

    She was hoping to receive medical treatment in Denmark but because her status changed, she was no longer entitled to government support or national healthcare.

    “I worked for three decades as a nurse, my dream was to make enough money so I could build a hospital in my neighbourhood [in Syria]”, she said.

    She saved enough to buy a plot of land and a house to be transformed into a hospital. But during the renovation, the house was bombed.

    “All of a sudden there was nothing left. Nothing,” she said.

    The official letter rejecting her residency application cited three reasons.

    The first was that her children were adults and no longer depended on her. Secondly, the letter said Damascus was considered safe by the Danish government report and claimed her life would not be at risk. And finally, while authorities recognised she has health issues, they said they were not severe enough to justify her stay in Denmark.

    “The stress that I’m living is incomprehensible,” she said. “The rules keep on changing, the government is not living up to their end of the contract.”

    When Al Jazeera contacted the Danish Immigration Service for a response, a press officer shared the document explaining why Kassem’s status was revoked.

    Rihab rejects all the government’s claims and, since May 18, has been protesting against the ostensible efforts to deport refugees with several others in front of the Danish Parliament.

    She intends to stay at the sit-in until she receives more concrete answers or is forced to leave.

    At one point, she went on a three-day hunger strike.

    Hundreds of Syrians in Denmark have been thrust into the same precarious position after the government’s widely criticised step.

    It was the first European country to make such a declaration.

    But because Denmark has no diplomatic relations with Syria – it does not recognise the government of President Bashar al-Assad – refugees cannot be forced back.

    Rather, they will likely be sent to deportation camps – or “departure centres” – inside the Danish territory.

    “They have a ‘tolerated’ status: deported from the political and social systems, but not physically deported,” said Violeta Ligrayen Yañez, a freelance facilitator and educator who has been working alongside the European Commission Against Racism and Intolerance.

    Most will refuse to go. Some will try and seek asylum elsewhere.

    “They [Danish authorities] have two options: either they send me to a deportation camp or to a hospital, but I will not leave,” said Kassem.

    “Treat us like humans, we deserve to be treated like humans. We’ve seen so many hardships in Syria, in Lebanon, in Palestine and even when we come here to Denmark – supposedly a free country – this is happening to us … So my main message is that I want to be treated as a human. Syria is not safe.”

    https://www.aljazeera.com/news/2021/6/10/denmark-refugee-grandmother-told-to-return-to-syria

    #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_palestiniens #Syrie
    #Danemark
    –—

    Ajouté à la métaliste sur le #retour_au_pays / #expulsions de #réfugiés_syriens
    https://seenthis.net/messages/904710

    Et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/904710#message904721

  • Swissinfo | Après le Danemark, la Suisse pourrait-elle renvoyer des réfugiés à Damas ?
    https://asile.ch/2021/05/11/swissinfo-apres-le-danemark-la-suisse-pourrait-elle-renvoyer-des-refugies-a-da

    Les réfugiés syriens sont en sécurité en Europe. Mais plus au Danemark. Copenhague estime possible de les renvoyer dans la région de Damas, une zone qualifiée de sûre par ses services d’immigration. Ce précédent en Europe peut-il influencer les conditions de renvois fixées par la Suisse ? L’article “Après le Danemark, la Suisse pourrait-elle renvoyer des […]

  • Turkey’s return policies to Syria & their impacts on migrants and refugees’ human rights

    –-> Chapitre 7 de ce rapport intitulé « Return Mania. Mapping Policies and Practices in the EuroMed Region » :

    https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2021/03/EN_Chapter-7-Turkey_Report_Migration.pdf

    #renvois #expulsions #Turquie #réfugiés #asile #migrations #réfugiés_syriens #retour_au_pays #droits_humains #rapport #EuroMed_Rights

    –—

    ajouté à la métaliste sur les « retours au pays » des réfugiés syriens :
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  • Denmark declares parts of Syria safe, pressuring refugees to return

    Denmark has stripped 94 Syrian refugees of their residency permits after declaring that Damascus and the surrounding area were safe. The Scandinavian nation is the first EU country to say that law-abiding refugees can be sent back to Syria.

    In Denmark, 94 Syrian refugees were stripped of their temporary residence permits, various British media reported this week. The move comes after the Danish government decided to extend the area of Syria it considers safe to include the Rif Dimashq Governorate – an area that includes the capital Damascus.

    According to the news platform Arab News, the Danish government said the 94 people will be sent to Danish deportation camps, but will not be forced to leave. Human rights groups however fear that the refugees will feel pressured to leave, even though their return is voluntary.

    The Danish immigration minister, Mattias Tesfaye, insisted last month that the Scandinavian country had been “open and honest from the start” about the situation of Syrian refugees, according to the British daily The Telegraph. “We have made it clear to the Syrian refugees that their residence permit is temporary. It can be withdrawn if protection is no longer needed,” the newspaper quoted Tesfaye as saying.

    The minister highlighted that Denmark would offer protection as long as needed but that “when conditions in the home country improve, a former refugee should return home and re-establish a life there.”
    ’Wreckless violation of duty’

    Last December, Germany’s deportation ban to Syria expired – but the only people now eligible for deportation are Syrian nationals who committed criminal offences or those deemed to pose a serious risk to public security. Denmark is the first European Union member to say that law-abiding refugees can be sent back to Syria.

    Human rights groups have strongly criticized the new Danish policy.

    “That the Danish government is seeking to force people back into the hands of this brutal regime is an appalling affront to refugee law and people’s right to be safe from persecution,” Steve Valdez-Symonds, refugee and migrant rights director at Amnesty International UK, told The Independent.

    “This reckless violation of Denmark’s duty to provide asylum also risks increasing incentives for other countries to abandon their own obligations to Syrian refugees,” he said.

    The organization Doctors without Borders (Médecins Sans Frontières, MSF) told The Independent that they assume people sent back to the Rif Dimashq Governorate would face similar challenges to the ones that people in northern Syria are facing, “given the scale and duration of the Syrian conflict ​and the impact of the war on infrastructure and the health system.”

    A member from the rights group Refugees Welcome in Denmark told The Telegraph that the 94 Syrians who had their residency permits revoked are facing years of limbo. “The government hopes that they will go voluntarily, that they will just give up and go on their own,” Michala Bendixen said. She said Syrian refugees now face a “very, very tragic situation,” and will be forced from their homes, jobs and studies and into Danish deportation camps.
    Denmark’s anti-migrant stance

    About 900 Syrian refugees from the Damascus area had their temporary protection permits reassessed in Denmark last year, according the The Independent. The latest decision to declare the Rif Dimashq area as safe will mean that a further 350 Syrian nationals (of 1,250 Syrians in the country) will have to undergo reassessment which could lead to a revocation of their protection status and residency permits.

    The ruling center-left Social Democratic Party in Denmark has taken a strong anti-migration stance since coming into office in 2019. Recently, Prime Minister Mette Frederiksen said she wants to aim for “zero” asylum seekers applying to live in Denmark.

    Denmark last year saw the lowest number of asylum seekers since 1998, with 1,547 people applying.

    https://www.infomigrants.net/en/post/30650/denmark-declares-parts-of-syria-safe-pressuring-refugees-to-return

    #safe_zones #zones_sures #zone_sure #retour_au_pays #renvois #expulsions #réfugié_syriens #Danemark

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    voir aussi cette métaliste sur le retour ("volontaire" ou non) des réfugiés syriens en Syrie :
    https://seenthis.net/messages/904710

    • Denmark has gone far-right on refugees

      Copenhagen claims Damascus is safe enough to send nearly 100 Syrians back.

      What has happened to Denmark? Once renowned as a liberal, tolerant, open-minded society with respect for human rights and a strong and humane welfare state, we have now become the first country in Europe to revoke residence permits for Syrian refugees.

      Last week, Danish authorities ruled that the security situation around Damascus has improved, despite evidence of dire living conditions and continued persecution by Bashar al-Assad’s regime. As a result, they stripped 94 refugees of their right to stay in the country. Another recently introduced proposal would move all asylum applicants outside Denmark.

      In other words, Denmark — the first country to sign the U.N. Refugee Convention in 1951 — has now adopted an asylum policy that’s less like that of its Scandinavian neighbors than of nationalist countries like Austria or Hungary.

      Thankfully, nobody is being sent back to Syria anytime soon. Under the new system, refugees have to have lived in Denmark for at least 10 years for their attachment to the country to be considered strong enough for continued residence, no matter how hard they have worked or studied. However, it’s currently impossible to deport anyone back to Syria — Denmark won’t negotiate with Assad — and very few Syrians are willing to return voluntarily. So those who lose their residency permits will likely end up in Danish camps awaiting deportation or in other European countries.

      But the fact remains that Denmark is now passing laws with obviously discriminatory purposes, with politicians on both the left and right speaking about ethnic minorities and Muslims in terms that would be unimaginable in neighboring countries. Indeed, had this law been pushed forward by a hard-right government it might not have been surprising. But Denmark is currently governed by a left-wing coalition led by the Social Democrats. What, indeed, has happened to our country?

      The answer lies in a tug of war between the Social Democrats and the far-right Danish People’s Party. Though the Danish People’s Party has never been part of a government, its representatives have spent the past two decades using their mandates for a single purpose: They only vote for bills concerning other issues if they get restrictions on foreigners in return. Step by step, the Danish People’s Party has dragged all the other parties in their direction — none more so than the Social Democrats with whom they compete for working-class voters.

      In 2001, a right-wing government made the first radical restrictions for refugees and foreigners. And while the Social Democrats first opposed it, they soon changed their strategy to fend off the challenge from the Danish People’s Party. At first, not all Social Democrats agreed to the new hard-line policy, but the party gradually came to embrace it, along with the vast majority of their voters. Today the Danish People’s Party has become almost redundant. Their policies, once denounced as racist and extreme, have now become mainstream.

      Two years ago, the government passed legislation turning the concept of refugee protection upside down: It replaced efforts at long-term integration and equal rights with temporary stays, limited rights and a focus on deportation at the earliest possibility. Paradoxically, this came at a time when Denmark received the lowest number of refugees in 30 years, and integration had been going better than ever in terms of employment, education and language skills.

      Meanwhile, the Danish Refugee Appeals Board has been stripped of its experts and cut down to only three members including an employee from the ministry of immigration, thus making it not quite as independent as the government claims, but more in line with Prime Minister Mette Frederiksen who is pursuing a goal of having “zero asylum seekers.”

      Currently, Danish politicians are discussing a bill that is even more extreme than its predecessors: a loose and imprecise plan for a contract to transfer asylum seekers who arrive in Denmark to a non-European country (most likely in Africa), where their cases will be processed. If they are granted asylum, they will stay in that third country.

      The minister says it would make the asylum system more “humane and fair,” but Danish human rights organizations and the UNHCR say it will do precisely the opposite. The plan is essentially a new form of colonialism, paying others to take care of “unwanted” persons far away from Denmark, and not accepting even a small portion of the millions of refugees in the world.

      Fortunately, it seems like the right wing is so offended by the Social Democrats co-opting and expanding their policies that they will vote against it. But if it passes, the policy could have terrible consequences for collaboration within the European Union and on the international level.

      This game has gone too far. Most Danes are not racist or against human rights and solidarity. But it’s getting hard to see how we can find our way back.

      https://www.politico.eu/article/denmark-has-gone-far-right-on-refugees
      #Damas

    • ECRE | Danemark : élargissement des lieux considérés comme “sûrs” en Syrie

      La Commission danoise de recours des réfugiés a déclaré que la situation dans le Grand Damas était assez sûr pour pouvoir penser à un retour des personnes ayant fui le pays. 350 cas de ressortissant·es de cette région vont être réévalués.

      Nous publions l’article, originellement écrit en anglais et traduit par nos soins, paru le 5 mars 2021 sur le site du Conseil européen sur les réfugiés et les exilés (ECRE) : https://www.ecre.org/denmark-authorities-widen-the-areas-of-syria-considered-safe-for-return-to-inc. Sur le même sujet, retrouvez l’article “Denmark declares part of Syria safe, pressuring refugees to return” publié le 4 mars 2021 sur Infomigrants.net : https://www.infomigrants.net/en/post/30650/denmark-declares-parts-of-syria-safe-pressuring-refugees-to-return

      –—

      Danemark : Les autorités élargissent les zones de Syrie considérées comme sûres pour les retours

      À travers trois décisions, la Commission danoise de recours des réfugiés (Flygtningenaevnet) a déclaré que la situation dans le gouvernorat de Rif Damas (le Grand Damas) était suffisamment sûre pour un retour, élargissant, ainsi, la zone géographique considérée comme étant en sécurité par les autorités danoises. En conséquence, la portée géographique des réévaluations des cas de ressortissants syriens a été élargie pour inclure les cas du grand Damas. Des centaines de cas doivent être réévalués par la Commission de recours en 2021.

      En décembre 2019, la Commission d’appel des réfugiés a confirmé les décisions de première instance du Service danois de l’immigration de rejeter les besoins de protection de trois femmes demandeuses d’asile originaires de Syrie. Ce rejet était fondé sur une prétendue amélioration de la situation générale en matière de sécurité dans la région de Damas depuis mai 2018, date à laquelle le régime d’Assad a repris le contrôle total de la région. Depuis lors, un certain nombre de dossiers ont été traités par le Service danois de l’immigration et la Commission de recours des réfugiés, aboutissant à la révocation ou à la non prolongation des permis de séjour. En février 2020, le gouvernement social-démocrate danois a confirmé au Parlement qu’en dépit de la prétendue amélioration de la situation sécuritaire à Damas, aucun retour forcé ne serait effectué car cela impliquerait une coopération directe avec le régime. Cependant, malgré l’absence de possibilité pratique de retour forcé, le ministre de l’immigration, Mattias Tesfaye, a demandé en juin 2020 une accélération des réévaluations des cas de centaines de ressortissants syriens de la région de Damas, soit sur le controversé statut de protection subsidiaire temporaire (section 7.3 de la loi danoise sur les étrangers), soit sur le statut de protection subsidiaire (section 7.2 de la loi danoise sur les étrangers).

      Les dernières décisions de la Commission d’appel de refuser l’extension de la protection dans deux cas et de rejeter l’asile dans un cas, représentent une expansion des zones considérées comme sûres pour le retour par les autorités danoises, incluant déjà Damas mais maintenant aussi le gouvernorat environnant. Il s’agit d’une zone qui est passée sous le contrôle du régime d’Assad en mars 2020. Le Conseil danois pour les réfugiés (DRC), membre de l’ECRE, qui fournit une assistance juridique aux demandeurs d’asile au Danemark et une aide humanitaire en Syrie, note que la Commission d’appel a pris une décision partagée, avec des avis divergents sur la durabilité de la prétendue amélioration de la situation sécuritaire. En outre, l’organisation note que les décisions ignorent les risques évidents liés aux retours forcés : “Les risques de persécution et d’abus sont grands pour les individus s’ils sont arrêtés par la police ou rencontrés par les autorités, d’innombrables rapports révèlent de graves violations des droits de l’homme sur la population civile. En particulier les personnes considérées comme suspectes en raison de leurs relations familiales ou de leurs affiliations politiques, mais même des choses aussi aléatoires qu’une erreur sur votre nom de famille à un point de contrôle peuvent vous conduire en prison”, déclare Eva Singer, responsable de l’asile à DRC. En même temps, le DRC souligne le fait qu’en raison du manque de coopération pratique entre les autorités syriennes et danoises concernant les retours forcés, il n’est pas possible pour les autorités danoises de renvoyer les Syriens – et donc les décisions ne peuvent être exécutées. Cela met en veilleuse la vie d’un groupe de personnes bien portantes travaillant au Danemark et de familles ayant des enfants dans des écoles danoises.

      Sur la base des décisions de la Commission d’appel, le service danois de l’immigration va maintenant réévaluer jusqu’à 350 cas concernant des ressortissants syriens de la campagne de Damas. Selon la Commission d’appel des réfugiés, 600 à 700 cas concernant l’ensemble de la région de Damas devraient être réévalués en 2021.

      Pour plus d’informations :

      – ECRE, Denmark : No Forced Returns to Syria, February 2020 : https://www.ecre.org/denmark-no-forced-returns-to-syria
      – ECRE : Denmark : Appeal Board Confirms Rejection of Protection for Three Syrian Nationals, December 2019 : https://www.ecre.org/denmark-appeal-board-confirms-rejection-of-protection-for-three-syrian-nationa
      – ECRE, Denmark : Appeal Board Overturns Withdrawals of Protection Status for Syrians, June 2019 : https://www.ecre.org/denmark-appeal-board-overturns-withdrawals-of-protection-status-for-syrians

      https://asile.ch/2021/03/12/ecre-danemark-elargissement-des-lieux-consideres-comme-surs-en-syrie

    • ’Tragic Situation’ : Syrian Refugees in Denmark Are Losing Their Residencies in Bulk

      A new Danish policy has come into effect as the government of Denmark has declared its intent to deport at least 94 Syrian refugees back to their home country, saying that the decision stems from the government’s belief that certain areas in Syria are no longer dangerous to live in.

      Despite stirring strong criticism from human rights groups and organization, the Danish government has defended its decision to deport Syrian refugees who hail from the Syrian capital and its surrounding areas, saying that “an asylum seeker loses their legal status once it is no longer risky for them to be back.”

      The backlash against statements made by the Danish Minister for Integration, Mattias Tesfaye, attacked the policy saying that most refugees have already been starting to integrate into the Danish society for years, they have acquired education, learned the language, and took decent jobs, and that the decision to send them back to Syria to live under the same political regime that persecuted them during the first years of the civil war is only going to leave them in limbo.

      Online people have also been posting photos of refugees who have received revocation letters along with personal stories, many of which show how successful they have been starting their lives in Denmark.

      Additionally, social media users have widely shared the story of Akram Bathiesh, a refugee who has died of a heart attack shortly after receiving the notification of his residency being canceled. According to his family and friends, Bathiesh was terrified of going back to Syria where he had been in prison for his political stances.

      Denmark is the first EU nation to decide to send Syrian refugees home alleging better circumstances for them in Syria. Previously, Germany had decided to send back Syrian refugees with criminal records in Germany.

      According to official records released in 2017, more than 40k Syrians were living legally in Denmark, including ones with temporary residency permits.

      https://www.albawaba.com/node/syrian-refugees-denmark

      #résidence #permis_de_séjour

    • Denmark strips Syrian refugees of residency permits and says it is safe to go home

      Government denies renewal of temporary residency status from about 189 Syrians

      Denmark has become the first European nation to revoke the residency permits of Syrian refugees, insisting that some parts of the war-torn country are safe to return to.

      At least 189 Syrians have had applications for renewal of temporary residency status denied since last summer, a move the Danish authorities said was justified because of a report that found the security situation in some parts of Syria had “improved significantly”.

      About 500 people originally from Damascus and surrounding areas were being re-evaluated.

      The issue has attracted widespread attention since 19-year-old Aya Abu-Daher, from Nyborg, pleaded her family’s case on television earlier this month, moving viewers as she asked, holding back tears, what she had “done wrong”.

      Charlotte Slente, secretary general of the Danish Refugee Council, said that Denmark’s new rules for Syrians amount to “undignified treatment”.

      “The Danish Refugee Council disagrees with the decision to deem the Damascus area or any area in Syria safe for refugees to return to – the absence of fighting in some areas does not mean that people can safely go back. Neither the UN nor other countries deem Damascus as safe.”

      After 10 years of war, Bashar al-Assad is back in control of most of Syria, and frontline fighting is limited to the north of the country. However, one of the main reasons people rose up during the Arab spring remains: his secret police.

      Regime intelligence branches have detained, tortured and “disappeared” more than 100,000 people since the war broke out in 2011. Arbitrary detentions are widespread in formerly rebel-held areas that have signed reconciliation agreements with Damascus, according to Human Rights Watch.

      Areas under the regime are unstable. There has been next to no rebuilding, services such as water and electricity are scarce, and last year’s collapse of the Syrian pound has sent food prices rocketing by 230%.

      Hiba al-Khalil, 28, who left home on the refugee trail through Turkey and Greece before settling in Denmark in 2015, said: “I told the interviewer, just being outside Syria for as long as I have is enough to make you look suspicious to the regime. Just because your city isn’t being bombed with chemicals anymore doesn’t make it safe … Anyone can be arrested.”

      The trainee journalist added: “I was so happy to get to Denmark. I came here to work and study and make a new life. I’ve learned the language very well. Now I am confused and shocked it was not enough.”

      Khalil had been called back for a second immigration interview this week, and was not sure what would happen next or how she would afford a lawyer to appeal if her application renewal were rejected.

      According to Refugees Welcome Denmark, 30 Syrians have already lost their appeals – but since Copenhagen does not have diplomatic relations with Damascus it cannot directly deport people to Syria.

      At least some of the rejected applicants have been placed in a detention centre, which campaigners said amounted to a prison where residents could not work, study or get proper healthcare.

      Syrian men are generally exempt from the new policy because the authorities recognise they are at risk of being drafted into the Syrian military or punished for evading conscription. The majority of affected people appear to be women and older people, many of whom face being separated from their children.

      The parents of Mahmoud al-Muhammed, 19, both in their late 60s, had their appeal to stay in Denmark rejected, despite the fact Muhammed’s father retired from the Syrian military in 2006 and threats were made against him when the family left the country.

      “They want to put my parents in a detention centre for maybe 10 years, before Assad is gone,” he said. “They both have health problems. This policy is cruel. It is designed to make us so desperate we have to leave.”

      Denmark is home to 5.8 million people, of which 500,000 are immigrants and 35,000 are Syrian.

      The Scandinavian country’s reputation for tolerance and openness has suffered in recent years with the rise of the far-right Danish People’s party. The centre-left coalition in government, led by the Social Democrats, is in competition with the right for working-class votes.

      The new stance on Syrian refugees stands in stark contrast to neighbouring Germany and Sweden, where it is much easier for the larger Syrian populations to gain permanent residency and eventually citizenship.

      As well as stripping Syrians of their residency permits, the Danish government has also offered funding of about £22,000 per person for voluntary returnees. However, worried for their safety, in 2020 just 137 refugees took up the offer.

      Danish authorities have so far dismissed growing international criticism of the new policies from the UN and rights groups.

      The immigration minister, Mattias Tesfaye, told Agence France-Presse: “The government’s policy is working and I won’t back down, it won’t happen. We have made it clear to the Syrian refugees that their residence permit is temporary and that the permit can be revoked if the need for protection ceases to exist.”

      “It is pointless to remove people from the life they are trying to build in Denmark and put them in a waiting position without an end date,” Slente of the Danish Refugee Council said. “It is also difficult to understand why decisions are taken that cannot be implemented.”

      https://www.theguardian.com/world/2021/apr/14/denmark-revokes-syrian-refugee-permits-under-new-policy

    • ‘Zero asylum seekers’: Denmark forces refugees to return to Syria

      Under a more hostile immigration system, young volunteers fight to help fellow refugees stay – but their work is never done

      Maryam Awad is 22 and cannot remember the last time she had a good night’s sleep. It was probably before her application to renew her residency permit as a refugee in Denmark was rejected two years ago, she says.

      Before 2015, Awad’s family lived in a small town outside Damascus, but fled to Denmark after her older brother was detained by the regime. The family have been living in Aarhus, a port city in northern Denmark, for eight years.

      Awad and her younger sister are the only family members facing deportation. Their situation is far from unique. In 2019, the Danish government notified about 1,200 refugees from the Damascus region that their residency permits would not be renewed.

      Unlike the United Nations and EU, Denmark judged the region to be safe for refugees to return. However, as men could be drafted into the army and older women often have children enrolled in Danish schools, the new policy predominantly affects young women and elderly people.

      Lisa Blinkenberg, of Amnesty International Denmark, said: “In 2015, we have seen a legislative change which means that the residency permit of refugees can be withdrawn due to changes in their home country, but the change does not have to be fundamental. Then in 2019 the Danish immigration services decided that the violence in Damascus has stopped and that Syrians could be returned there.”

      Blinkenberg says Denmark’s policy towards asylum seekers and refugees has become notably more hostile in recent years. “In 2019, the Danish prime minister declared that Denmark wanted ‘zero asylum seekers’. That was a really strong signal,” she says.

      “Like in other European countries, there has been a lot of support for rightwing parties in Denmark. This has sent a strong signal for the government to say: ‘OK, Denmark will not be a welcoming country for refugees or asylum seekers.’”

      Awad smiles, briefly, for the first time when she receives a phone call from her lawyer. He tells her there is now a date set for her appeal with the refugee board. It will be her last chance to prolong her residency permit.

      She had been waiting for this phone call since February. “I am really nervous, but happy that it is happening,” she says. “I am glad that I had the support from friends who put me in touch with volunteers. If it wasn’t for them, I wouldn’t know what to do.”

      One of the volunteers Awad has received help from is Rahima Abdullah, 21, a fellow Syrian refugee and leader of the Danish Refugee Youth Council. Over the past two years Abdullah had almost single-handedly built a network of opposition to deportations targeting Syrians.

      “I have lost count of how many cases I worked on. Definitely over 100, maybe even 200,” Abdullah says.

      Abdullah, who grew up in a Kurdish family in Aleppo, first became politically active at 16 after her family sought refuge in Denmark. She has been regularly publishing opinion pieces in Danish newspapers and built a profile as a refugee activist.

      “The image of immigration in Danish media was very negative. I could see everyone talking about it but felt as if I didn’t have a voice. That’s why I decided to become an activist,” she says.

      In 2019, Abudullah and a classmate, Aya Daher, were propelled to the front pages of Danish media, after Daher found herself among hundreds of Syrians threatened with deportation.

      “Aya called me up, scared, crying that her application was rejected. Before we were thinking about finishing school, about exams and parties, but suddenly we were only concentrating on Aya’s future and her safety,” Abdullah recalls.

      “I posted her story on Facebook and I sent it to two journalists and went to sleep. In the morning I found that it was shared 4,000 times.”

      The story was picked up by local and international media, sparking a public outcry. Following her appeal to the Danish Refugee Board, Daher’s residency was extended for an additional two years on the grounds that her public profile would put her in danger from the Assad regime.

      “They gave me a residency permit because I was in the media. They did not believe in what I said about my situation and the dangers I would face in Syria. That really hurt,” Daher says. “I hope I don’t have to go through this process again.”

      “Aya can get on with her life now, but I am still doing the same work for other people in the same position,” Abdullah says. “Her case showed refugees that, if you get media attention and support from society, you can stay in Denmark.”

      Abdullah gets up to five messages a day from refugees hoping she can help them catch the attention of the media. “I have to choose who to help – sometimes I pass people on to other activists. There are two or three people helping me,” she says. “It gets hard to be a young person with school and a social life, with all that work.”

      But not everyone is as appealing to the media as Daher. The people whose stories pass unnoticed keep Abdullah up at night.

      “I worked with one family, a couple with young children. I managed to get them one press interview in Sweden, but it wasn’t enough,” Abudullah says. “The husband is now in Germany with two of the children trying to get asylum there. The wife stayed here with one child. She messaged me on Facebook and said: ‘You did not help us, you destroyed our life.’ I can’t be angry at her – I can’t imagine how she feels.

      “Aya’s story was the first of its kind at the time. Additionally, Danish media like to see an outspoken young woman from the Middle East, who is integrated into society, gets an education, and speaks Danish,” Abdullah says. “And this was just an ordinary Syrian family. The woman didn’t speak good Danish and the children were quite young.

      “Aya also doesn’t wear a hijab, which I think made some people more sympathetic towards her,” Abdullah adds. “There are people in Denmark who think that if you wear the hijab you’re not integrated into society. This makes me sad and angry – it shouldn’t be this way.”

      Daher, who became the face of young Syrian refugees in Denmark, says: “It was very difficult to suddenly be in the media, and be someone that many people recognise. I felt like I was responsible for a lot of people.

      “I had a lot of positive reactions from people and from my classmates, but there have also been negative comments.” she says. “One man came up to me on the street and said ‘go back to your country, you Muslim. You’re stealing our money.’

      “I respect that some people don’t want me to be here. There’s nothing more I can do about that,” Daher says. “They have not been in Syria and they have not been in the war – I can’t explain it to them.”

      Awad hopes she can return to the life she had to put on hold two years ago. “I don’t know how to prepare for the appeal. All I can do is say the truth,” she says. “If I go back to Syria they will detain me.” She hopes this will be enough to persuade the board to allow her appeal.

      “I planned to study medicine in Copenhagen before my residency application was rejected. I wanted to be a doctor ever since I came to Denmark,” she says. The uncertainty prompted her to get a qualification as a health assistant by working in a care home. “I just want my life back.”

      https://www.theguardian.com/global-development/2022/may/25/zero-asylum-seekers-denmark-forces-refugees-to-return-to-syria?CMP=Shar

  • Sur le #retour_au_pays / #expulsions de #réfugiés_syriens... une #métaliste.

    Je profite de billet de @gonzo :
    « Le Danemark devient le premier pays européen à dire aux réfugiés syriens qu’ils doivent rentrer chez eux »
    https://seenthis.net/messages/904689

    ... pour créer une métaliste des mouvements de retour ("volontaires" ou « forcés ») des réfugiés syriens vers la #Syrie.
    Car ce mouvement a commencé tôt, déjà en 2015 selon les archives seenthis...

    #asile #migrations #réfugiés

  • Zurück in die Diktatur

    Seit Jahren ist Eritrea das wichtigste Herkunftsland von Asylsuchenden in der Schweiz. Weil die Behörden die Asylpraxis schrittweise verschärft haben, müssten immer mehr Eritreerinnen und Eritreer in ihre Heimat zurückkehren. Freiwillig aber geht fast niemand und unfreiwillige Rückkehrer akzeptiert das eritreische Regime nicht. Deshalb werden die politischen Forderungen immer lauter, die sogenannte «freiwillige Rückkehr» zu fördern und mehr abgewiesene Asylsuchende zur Ausreise zu bewegen. Doch was erwartet die Menschen, die zurückkehren müssen? Weshalb kehrt überhaupt jemand in eine Diktatur zurück? Und wie schlimm ist die Menschenrechtslage in Eritrea wirklich?

    «Eritreer, die eine Wegweisung erhalten haben, können jederzeit freiwillig zurückkehren», sagte 2019 Mario Gattiker, der Chef des Schweizer Staatssekretariats für Migration (SEM). Jedes Asylgesuch werde sorgfältig und einzeln geprüft, ergänzt ein SEM-Sprecher auf Anfrage. Wegweisungen würden nur ausgesprochen, wenn aus Sicht des SEM keine konkrete Bedrohung bestehe.

    Unsere Recherche zeigt aber, dass die Schweizer Behörden nicht wissen, was mit Rückkehrern in Eritrea passiert. Im aktuellsten Eritrea-Bericht des SEM steht: «Eine Überwachung zurückgekehrter ehemaliger Asylbewerber ist nicht möglich. Dies bedeutet, dass es an wesentlichen Informationsquellen (…) fehlt.» Und: «Eine Quelle besagt, dass Gerüchten zufolge einige inhaftiert sind und andere nicht. In den meisten Fällen gibt es jedoch keinerlei Informationen.» Das SEM kann keinen einzigen dokumentierten Fall eines illegal ausgereisten Eritreers vorlegen, der nach seiner Rückkehr unbehelligt geblieben ist.

    Jetzt hat REFLEKT in Zusammenarbeit mit dem Online-Magazin Republik erstmals fünf Geschichten von Rückkehrerinnen und Rückkehrern rekonstruiert. Ihre Reisen sind auf der folgenden Karte dargestellt.

    Zwei der Rückkehrer, Tesfay und Yonas (beide Namen geändert), erhielten in der Schweiz kein Asyl, kehrten nach Eritrea zurück und flohen dann ein zweites Mal aus ihrer Heimat. Tesfay sagt, dass er nach der Rückkehr ein offizielles Aufgebot erhalten habe und aufgrund von Erfahrungsberichten davon ausgehen musste, inhaftiert, gefoltert oder anderswie bestraft zu werden. Yonas sagt, dass er am Flughafen von Mitarbeitern des Geheimdienstes abgeholt wurde, die ihn mit dem Auto in eine circa zwanzig Fahrtminuten entfernte Wohnung brachten. Dort sei er in einer Einzelzelle festgehalten, mehrmals verhört sowie gefoltert worden.

    Solche Fälle dürfte es eigentlich nicht geben. Die Schweizer Behörden gehen davon aus, dass weggewiesene Eritreerinnen und Eritreer zurückkehren können, ohne in ihrer Heimat eine unverhältnismässige Strafe fürchten zu müssen. Die Erzählungen der Rückkehrer widersprechen dieser Annahme. Sie zeigen, dass eine Rückkehr nach Eritrea problematisch sein kann. Und: Wenn Yonas tatsächlich gefoltert wurde, hätte die Schweiz mit seiner Wegweisung wohl das Folterverbot nach Artikel 3 der Europäischen Menschenrechtskonvention verletzt. Doch ob sein Fall jemals juristisch aufgearbeitet wird, ist unklar. Weil das Staatssekretariat für Migration seinen Fall für abgeschlossen hält, müsste er auf illegalem Weg in die Schweiz einreisen, um von den Behörden angehört zu werden.

    Unsere Recherche wirft dringliche Fragen auf:

    Wissen die Schweizer Behörden genug über die Lage in Eritrea, um einschätzen zu können, wie gefährlich eine Rückkehr ist?
    Wie will die Schweiz abgewiesene Asylsuchende dazu bringen, zurückzukehren, wenn sie keinen einzigen Fall einer problemlosen Rückkehr vorlegen kann?
    Ist es unter diesen Umständen vertretbar, die selbstständige Rückkehr zu fördern?
    Und weshalb weiss die Schweiz so wenig über ihre Rückkehrer, wenn es doch möglich ist, sie aufzuspüren?

    Nothilfe

    Immer mehr eritreische Asylsuchende erhalten einen negativen Entscheid und müssen mit Nothilfe über die Runden kommen. Sie dürfen keinen offiziellen Sprachkurs besuchen und dürfen nicht arbeiten. Sie sollen sich nicht integrieren und nicht integriert werden, denn aufgrund ihres negativen Asylentscheids sind sie in der Schweiz unerwünscht. In einigen Kantonen wird praktisch kein Geld an die BezügerInnen ausbezahlt, stattdessen erhalten sie Essen, Kleidung sowie Unterkunft und können medizinische Versorgung in Anspruch nehmen. In anderen Kantonen gibt es 6 bis 12 Franken pro Person und Tag.

    Im Kanton Bern gibt es 8 Franken. Die folgenden Bilder zeigen, was sich damit kaufen lässt:

    Trotz schwierigster Bedingungen harren viele abgewiesene Asylsuchenden aus Eritrea in der Schweiz aus oder reisen in andere europäische Länder weiter – nur ganz wenige kehren in ihre Heimat zurück.

    Rund 150 Eritreerinnen und Eritreern sind laut Staatssekretariat für Migration in den letzten drei Jahren selbstständig zurückgekehrt. Das SEM verweist auf diese Zahlen und sagt, dass eine freiwillige Rückkehr für abgewiesene Asylsuchende möglich ist. Die Statistik zeigt aber, dass nur wenige dieser Ausgereisten einen negativen Bescheid hatten und von der Nothilfe lebten. Die Rückkehrer sind nicht in erster Linie Personen, die gehen müssen, sondern solche, die bleiben könnten – ältere Personen zum Beispiel oder regimetreue Eritreerinnen und Eritreer aus der früheren Fluchtgeneration.

    Keiner der fünf Rückkehrer, deren Geschichten wir rekonstruieren konnten, ist wirklich freiwillig zurückgekehrt. Die meisten standen unter starkem psychischem Druck, einer hatte einen Suizidversuch hinter sich, zwei weitere hatten laut Beschreibungen von Augenzeugen schwere psychische Probleme.

    Von all den Personen mit Nothilfe, mit denen wir in der Schweiz gesprochen haben, konnte sich keine einzige eine Rückkehr in die Heimat vorstellen. Niemand weiss genau, was ihn oder sie bei einer Rückkehr erwarten würde, doch alle befürchten das Schlimmste. So auch Merhawit (Name geändert), die mit Nothilfe im Kanton Bern lebt:

    https://www.youtube.com/watch?v=-0AkqYYW8Iw&feature=emb_logo

    Die Vorstellung, dass abgewiesene Asylsuchende nach Eritrea zurückkehren, wenn man sie nur schlecht genug behandelt, scheint falsch zu sein. Die Zermürbungsstrategie der Schweiz funktioniert in diesem Fall nicht.

    Allein in den letzten drei Jahren sind rund 1500 Eritreerinnen und Eritreer unkontrolliert aus der Schweiz abgereist oder untergetaucht – zehn Mal mehr als selbständig nach Eritrea zurückgekehrt sind. Viele von ihnen sind etwa in Belgien gelandet, von wo aus sie versuchen, nach England weiterzureisen. Für die Schweiz geht die Rechnung auf: Seit 2017 haben die Abgänge eritreischer Asylsuchender deutlich zugenommen und die Ankünfte nahmen ab. Die Last der Schweizer Asylpolitik tragen andere Staaten – und all die Eritreerinnen und Eritreer, die nun durch Europa irren.

    Diktatur

    Seit Jahren diskutiert die Schweiz darüber, wie schlimm die Menschenrechtslage in Eritrea wirklich ist. Wer ins Land reist, kann weder Gefängnisse besuchen noch offen mit Betroffenen sprechen. Äussern sich Asylsuchende in Europa, heisst es, die müssten ja übertreiben, damit sie einen positiven Entscheid erhalten. Dieser Mangel an Quellen ohne Eigeninteresse hat zu einem Misstrauen gegenüber Informationen zu Eritrea geführt.

    Deshalb sind wir ins Nachbarland Äthiopien gereist, um mit Eritreern zu sprechen, die das Land vor Kurzem verlassen haben, die nicht nach Europa reisen wollen und die unabhängig vom Druck einer Asylbehörde oder einer Regierung erzählen können. Zehn Personen, die zwischen 2016 und 2019 geflohen sind, haben mit uns über ihr ehemaliges Leben, ihren Alltag, über Folter, Gefängnisse und den eritreischen Nationaldienst gesprochen.

    Die Hälfte unserer Interview-Partner ist nach dem Friedensabkommen zwischen Eritrea und Äthiopien ausgereist. Neun mussten während ihrer Zeit in Eritrea Gefängnisstrafen absitzen, die meisten sogar mehrere. Einige verschwanden während Jahren in einer Zelle – fast alle wurden Opfer körperlicher Gewalt. Kein einziger wurde von einem Gericht verurteilt. Keinem wurde gesagt, weshalb er ins Gefängnis muss und für wie lange.

    Die folgende Karte zeigt eine Auswahl von Gefängnissen in Eritrea und was unsere Interview-Partner dort erlebt haben:

    Anhand von Zeugenaussagen und Satellitenbildern konnten wir den exakten Standort eines der wichtigsten Gefängnisse in Eritrea ermitteln. Die folgenden Bilder zeigen hunderte Häftlinge im Innenhof von #Adi_Abeito, wenige Klilometer nördlich der Hauptstadt Asmara.

    Entgegen aller Hoffnungen hat sich die Lage in Eritrea auch nach dem Friedensabkommen mit Äthiopien im September 2018 nicht verbessert. Alle zehn Gesprächspartner sind sich einig, dass die systematischen Menschenrechtsverletzungen weitergehen. «Nach dem Friedensabkommen habe ich wie alle anderen darauf gewartet, dass sich etwas verändert», sagt Abraham (Name geändert), der 2019 geflohen ist. «Aber nichts ist passiert. Es war dasselbe wie zuvor: unlimitierter Nationaldienst, keine Verbesserungen. Also verlor ich die Hoffnung und verliess das Land.»

    Acht unserer zehn Gesprächspartner haben im obligatorischen Nationaldienst gedient, zwei sind vor der Rekrutierung geflohen. Alle acht waren dem militärischen Arm des Nationaldienstes zugeteilt, wobei nur vier tatsächlich in militärischen Funktionen eingesetzt wurden. Die anderen mussten Schiffe entladen oder Gebäude, Strassen und sonstige Infrastruktur bauen. Ihr monatlicher Lohn: zwischen 75 und 950 Nakfa – nach offiziellem Umrechnungskurs 5 bis 60 Franken.

    Der eritreische Nationaldienst werde als Mittel zur Arbeitskraftbeschaffung für das ganze Wirtschaftssystem eingesetzt, schreibt das Schweizer Bundesverwaltungsgericht in seinem Referenzurteil vom 10. Juli 2018. Seine Dauer sei willkürlich festgelegt sowie unabsehbar. Zudem komme es zu Misshandlungen und die Dienstverweigerung werde «rigoros bestraft».
    Das Fazit: Schickt die Schweiz Menschen nach Eritrea zurück, erwartet diese Zwangsarbeit.

    Das britische Upper Tribunal, auf welches sich das Schweizer Urteil in wichtigen Punkten stützt, hält fest, dass die Gefahr, dass jemand bei der Rückkehr in den Nationaldienst einbezogen wird, wohl nicht nur gegen das Zwangsarbeitsverbot, sondern auch gegen das Verbot unmenschlicher Behandlung nach Artikel 3 der EMRK verstösst. Damit wäre der Nationaldienst ein Wegweisungshindernis.

    Dennoch kommt das Schweizer Bundesverwaltungsgericht zum Schluss, dass in bestimmten Fällen eine Wegweisung von eritreischen Asylsuchenden möglich ist – weil es sich in Eritrea nicht um eine «krasse Verletzung» des Zwangsarbeitsverbots handle. Darüber, ob der Entscheid des Schweizer Gerichts rechtlich haltbar ist, müssten nun der Europäische Gerichtshof für Meschenrechte und der UNO-Ausschuss gegen Folter entscheiden. Vor beiden Institutionen sind Fälle weggewiesener eritreischer Asylsuchender hängig.

    https://reflekt.ch/eritrea
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    Traduit aussi en tigrinya :
    https://reflekt.ch/wp-content/uploads/2020/02/Teil-1-Tigrinya_Lay.pdf