• En Allemagne, la retraite à points a accru la pauvreté des personnes âgées - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/020120/en-allemagne-la-retraite-points-accru-la-pauvrete-des-personnes-agees?ongl

    En Allemagne, le système de retraite obligatoire (GRV) concerne tous ceux qui ont cotisé au moins cinq années. C’est un système à points fondé sur un référentiel qui est le salaire moyen : un point est attribué pour une année de travail payé au salaire moyen. Si l’on est payé davantage, on gagne plus de points, si l’on est payé en dessous, on gagne une fraction de point. Des points sont attribués par enfant élevé par un des membres du couple. Comme dans le système proposé par le gouvernement français, la « valeur du point » est donc là aussi fondée sur la croissance moyenne des salaires. Mais on verra comment l’exemple allemand montre les limites de cette garantie.

    Un tel système assurait en 2018 un « taux de remplacement » moyen assez bas de 48,2 %, selon la GRV. Ce qui, en théorie, permettrait à un travailleur de l’Ouest payé au salaire moyen pendant quarante-cinq ans et partant à l’âge légal de disposer d’une pension brute de 1 487 euros par mois, soit 1 327 euros net. Seulement voilà, la réalité est bien différente. Le montant moyen des pensions mensuelles versées aux retraités de l’Ouest est de 864 euros, avec une immense différence entre les hommes (1 130 euros) et les femmes (647 euros). Pire même, les nouveaux entrants font face à des pensions encore plus faibles. En 2018, et toujours d’après les chiffres de l’organisme gestionnaire de la retraite obligatoire, on partait en retraite dans les anciens Länder avec une pension moyenne de 750 euros, 928 euros pour les hommes et 675 pour les femmes.

    #retraites-à-points #Allemagne #pauvreté #retraites

  • « Il nous faut aujourd’hui un régime de retraite “post-croissance” », Gaël Giraud
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/26/il-nous-faut-aujourd-hui-un-regime-de-retraite-post-croissance_6024118_3232.

    Dans une tribune au « Monde », l’économiste Gaël Giraud estime que le projet de réforme de retraites présenté par le gouvernement Philippe est à la fois « contradictoire », « inefficace » et « injuste », et qu’il ne résoudra pas les déficits.

    Tribune. Le rapport Delevoye et les différentes déclarations du gouvernement dessinent un projet de réforme qui propose, dans les faits, le contraire de ce qu’il annonce et s’avère néfaste.

    1) Un régime qui signe la fin des régimes spéciaux ? Non : il en abroge certains mais en conserve d’autres. Les régimes spéciaux des « policiers, des surveillants de l’administration pénitentiaire et des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne » sont maintenus. Pourquoi ceux-là et pas d’autres ?
    Hypothèse irréaliste

    2) Un régime qui permettra l’équilibre budgétaire en 2025 ? Non plus. Les calculs sous-jacents à la proposition Delevoye s’appuient sur une hypothèse du conseil d’orientation des retraites (COR) de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1 % à 1,8 % à horizon 2070. Hypothèse irréaliste compte tenu, à brève échéance, de la trappe déflationniste dans laquelle se débat notre économie, de l’austérité budgétaire mise en œuvre par ce gouvernement et, à long terme, de l’impact dévastateur du dérèglement écologique face auquel la COP25 vient d’enregistrer un nouveau refus d’obstacle de la communauté internationale.

    3) Un régime plus juste ? Non : un euro cotisé ne vaudra pas les mêmes droits à la retraite du fait de l’inégalité d’espérance de vie. Un ouvrier à 60 ans a devant lui, en moyenne, près de dix ans d’espérance de vie (donc dix ans de droits) de moins qu’un cadre supérieur. La proposition Delevoye n’en tient pas compte.
    Le projet Delevoye prévoit un recentrage du pilotage de la valeur du point de retraite au niveau de l’Etat. C’est, à l’image de la manière de gouverner d’Emmanuel Macron, saper la concertation et le dialogue social

    4) Le COR chiffre le déficit de notre système de retraite entre 8 et 17 milliards d’euros en 2025. Une partie de ce déficit est creusée mécaniquement par le gel des salaires des fonctionnaires et la baisse des effectifs des salariés du public : moins de salaires à verser, ce sont aussi moins de cotisations. Pour les salariés du public, cette « justice sociale » est donc la promesse d’une double peine.
    Mais, surtout, ce déficit est facile à combler : la transformation de l’impôt de ­solidarité sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) prive l’Etat de 2,7 milliards d’euros de recettes par an, la « flat tax » [ou prélèvement forfaitaire unique] sur le capital, d’environ 1,5 milliard. Soit plus de 20 milliards d’euros de manque à gagner en cinq ans, dont les fameuses retombées positives pour l’économie n’existent pas. Il suffit donc de renoncer aux cadeaux fiscaux accordés par le gouvernement pour que l’éventuel déficit du régime de retraites en 2025 soit résorbé.

    Le vieux modèle Juppé
    En outre, l’hypothèse de croissance du PIB sur laquelle sont construits les calculs du rapport Delevoye et du COR trahissent le fait que l’on n’a toujours pas compris que l’objectif de notre société, des plus jeunes en particulier, n’est pas — n’est plus, n’aurait jamais dû être — de produire plus, de faire plus de croissance (du PIB) et, ce faisant, de détruire plus vite la planète.

    Il nous faut aujourd’hui un régime de retraite « post-croissance ». D’autant que la tendance longue, depuis deux siècles, est à la réduction du temps de travail, non pas à son allongement. Nous revoilà, au contraire, avec le vieux modèle Juppé des années 1990 à rebours du sens de l’histoire : travailler plus et plus longtemps, pour financer la retraite des plus aisés (puisqu’ils en bénéficieront beaucoup plus longtemps).
    De quoi s’agit-il, sinon d’une tactique usée, qui vise à diviser les Français entre eux en vue de neutraliser toute opposition ?

    5) Une « gouvernance innovante » ? Non : il s’agit d’une gouvernance antidémocratique. Tout comme pour l’assurance-chômage (dont le financement contrôlé jusqu’alors par les syndicats et le patronat sera désormais piloté uniquement par la CSG à la main de l’Etat), le projet Delevoye prévoit un recentrage du pilotage de la valeur du point de retraite au niveau de l’Etat. C’est, à l’image de la manière de gouverner d’Emmanuel Macron, saper la concertation et le dialogue social.
    6) Emmanuel Macron s’est engagé à ne pas reculer l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans. L’issue, pour le gouvernement, est donc de reculer l’âge pivot à partir duquel un retraité pourra bénéficier du taux plein et d’allonger la durée de cotisation. Or, conjuguée à la réforme de l’assurance-chômage (laquelle durcit les conditions d’accès, diminue les indemnités, instaure la dégressivité des allocations, raccourcit les durées d’indemnisation), cette « reprise en main » du système des retraites par répartition contraindra les seniors à accepter l’ubérisation du travail plus longtemps et sans filet jusqu’à ce qu’ils puissent percevoir leur taux plein.

    Indigence et misère
    Pour une bonne partie d’entre eux, cela signifiera rester au chômage plus longtemps. Et comme ils n’auront plus droit qu’à des indemnisations chômage au rabais — voire atteindront très vite la fin de tout droit —, cela voudra dire, pour celles et ceux qui n’auront pas accès à une retraite par capitalisation, renouer avec l’indigence et la misère de l’après-guerre.

    7) L’insistance du gouvernement sur le caractère prétendument « injuste » de tel ou tel régime spécial en vigueur aujourd’hui est-elle inspirée par un souci de justice ? Non plus. Celle-ci exigerait que l’on débatte de ces régimes en fonction de critères de solidarité et non pas au nom d’un déséquilibre budgétaire que l’on ne se donne pas les moyens sérieux de résorber. Encore moins en imposant des choix arbitraires sur les régimes spéciaux que l’on conserve. De quoi s’agit-il, sinon d’une tactique usée, qui vise à diviser les Français entre eux en vue de neutraliser toute opposition ?
    L’alternative n’est donc pas entre le supposé immobilisme de ceux qui voudraient que « rien ne change » et ceux qui, avec sérieux, tenteraient de sauver notre système de retraite par répartition.
    Le sérieux et la raison responsable sont aujourd’hui dans la rue. Ils luttent contre un projet qui fait le contraire de ce qu’il annonce, est injuste, inefficace, prétend remédier à un déficit en partie creusé par la politique du gouvernement lui-même et que ce dernier pourrait combler facilement en renonçant à ses cadeaux fiscaux. Un projet, enfin, qui contribue à engager davantage notre société dans l’impasse d’un productivisme qui nous tue.

    #retraites #travail

    • « Ce qui s’exprime dans la rue est désormais le ras-le-bol et la peur », Dominique Méda
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/20/dominique-meda-ce-qui-s-exprime-dans-la-rue-est-desormais-le-ras-le-bol-et-l

      La cacophonie qui entoure la présentation de la réforme des retraites proposée par le gouvernement est anxiogène, déplore la sociologue dans sa chronique.Publié le 20 décembre 2019

      Chronique. L’ampleur des manifestations du 5 et du 17 décembre, et plus généralement de la colère qui s’exprime dans le pays, ne s’explique pas seulement par le refus, partiel ou total, de la réforme des retraites proposée par le gouvernement. Certes, cette dernière, et la cacophonie qui entoure sa présentation depuis plusieurs mois, est particulièrement anxiogène. D’abord, parce que personne n’y comprend plus rien.

      On assiste médusés à des querelles d’experts de plus en plus techniques, dans lesquelles on entend tout et le contraire de tout. Il a par exemple été répété ad nauseam que les femmes seraient les grandes gagnantes de la réforme, mais l’Institut de la protection sociale – composé de spécialistes des questions de retraite et d’experts-comptables – a consacré à cette question une note au vitriol.

      Celle-ci indique, en s’appuyant sur des chiffrages et des explications détaillés, que la réforme va lourdement pénaliser les femmes alors que le système actuel leur devenait justement plus favorable en raison de la forte augmentation de leur durée d’assurance : les grandes perdantes seront non seulement les mères de trois enfants (pour lesquels les pertes seront « d’une ampleur exceptionnelle », dit la note) mais aussi les mères d’un et deux enfants, notamment du fait de la disparition de la majoration de durée d’assurance de huit trimestres par enfant et de l’instauration de l’âge pivot à 64 ans – qui supprimera la nouvelle majoration de 5 % pour enfant. Les pertes pour les mères d’un et deux enfants sont estimées de 9 % à 17 %, celles des mères de trois enfants de 19 % à 25 %.

      La note rappelle également que les bénéficiaires de la pension de réversion vont perdre, par rapport au dispositif actuel, entre sept ans et neuf ans de durée de versement de la pension puisque celle-ci ne pourra plus être versée à 55 ans. Enfin, elle signale que le minimum contributif de 1 000 euros, déjà promis en 2003 pour 2008 mais jamais mis en place, aurait été atteint quasi automatiquement pour les salariés même sans la réforme.

      Mais cette dernière est également anxiogène parce qu’il s’agit d’un énorme bouleversement dont les modalités concrètes et les conséquences restent extrêmement floues : on a l’impression d’un véritable saut dans l’inconnu, insuffisamment préparé et discuté, qui aurait réclamé pour sa mise en œuvre un minimum de consensus et surtout une forte confiance des citoyens dans les maîtres d’œuvre de cette gigantesque opération. Et c’est bien sûr là que le bât blesse.

      La charrue avant les bœufs

      D’une part, parce que aucune des mesures rassurantes qui aurait pu générer de la confiance – augmenter les rémunérations des enseignants, remettre en vigueur et même améliorer l’ancien compte de prévention de la pénibilité, laisser les partenaires sociaux présenter l’ensemble de leurs solutions y compris l’augmentation des cotisations – n’a été mise en œuvre avant l’annonce de la réforme. On les promet pour après, en continuant à mettre systématiquement la charrue avant les bœufs : la flexibilité avant la sécurité, les sacrifices avant les récompenses…

      Mais surtout parce que, d’autre part, cette réforme s’inscrit dans une longue série qui lui donne malheureusement son sens. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, la plupart des réformes ont consisté à réduire les protections ou visé à réduire les dépenses publiques : les ordonnances travail, la réforme de l’assurance-chômage, le refus d’augmenter les ressources de l’hôpital à la hauteur des besoins et de l’activité… et maintenant les retraites, alors même que cette réforme n’était ni urgente ni demandée, et que les vrais problèmes quotidiens dans lesquels se débattent nos concitoyens ne sont pas traités : la dépendance, la précarité étudiante, les personnes à la rue, l’absence de moyens pour l’hôpital, les petites pensions, l’absence d’investissements massifs dans la transition écologique et sociale, etc.

      Des réformes qui détricotent les protections mises en place en 1945 et étendues lors des décennies suivantes

      Ce qui s’exprime dans la rue est désormais le ras-le-bol et la peur devant des réformes qui détricotent les protections mises en place en 1945 et étendues lors des décennies suivantes. Cet objectif avait d’ailleurs été explicitement exprimé par l’ancien vice-président du Medef, Denis Kessler, en 2007 : « Il s’agit aujourd’hui, écrivait-il, de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance (…) Cette architecture singulière est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. » Une large partie de nos responsables politiques, de droite comme de gauche, partagent cette conviction et veulent éradiquer les archaïsmes français.

      Archaïques les syndicats et le modèle social français « corporatiste-conservateur » ; archaïques les dépenses sociales élevées qui « évincent l’investissement privé » ; archaïque le souhait de voir les nombreux besoins sociaux, anciens et nouveaux, pris en charge par des services publics de qualité et notre système de Sécurité sociale plutôt que par des systèmes privés qui sélectionnent et trient leurs clients et excluent les plus modestes ; archaïque la volonté de résister aux recommandations de l’OCDE, qui continue de proposer comme idéal un Etat social résiduel, focalisant la protection sur les plus pauvres et laissant les plus aisés s’acheter leurs propres protections. « Il est nécessaire que soit mis en place un cadre cohérent pour la retraite afin d’accompagner et d’encourager le recours à des produits de rente, qui peuvent aider les particuliers à atténuer les risques d’investissement et de longévité », écrivaient les auteurs des Perspectives de l’OCDE sur les pensions 2016.

      Il faut se rendre à l’évidence, les Français continuent à être fermement attachés au projet originel du Conseil national de la Résistance et à l’existence d’une vaste organisation nationale d’entraide obligatoire.

      #gouverner_par_la_peur

  • Au sein de l’UE, le progrès social, c’est mal ! — Par Éric Juillot Les Crises
    https://www.les-crises.fr/au-sein-de-lue-le-progres-social-cest-mal%e2%80%89-par-eric-juillot

    En septembre 2017, le quotidien Ouest-France a gratifié ses lecteurs d’un article sidérant [1], qui mérite d’être exhumé aujourd’hui, compte tenu de l’actualité sociale. Cet article dénonçait en effet la réforme des retraites décidée alors par le gouvernement polonais. Qu’on y songe : de 67 ans jusque-là, l’âge de départ à la retraite était abaissé à 65 ans pour les hommes et à 60 pour les femmes.

    « C’est la ruée », vers les bureaux de la Sécu, des personnes concernées par cette réforme, s’inquiète l’auteur du journal, qui peine à comprendre une mesure prise « à contre-courant de l’allongement de l’espérance de vie à 78 ans (+8 ans depuis 1990) et du reste de l’Europe » [1]. Comment est-il donc possible de ne pas se soumettre à la loi d’airain de la démographie ? Car à l’allongement de l’espérance de vie s’ajoute — l’article ne le précise pas — une fécondité parmi les plus basses de la planète, oscillant entre 1,2 et 1,4 enfant par femme de 1999 à 2017 [2]. Comment aller, de surcroît, à contre-courant de ce qui se fait partout ailleurs au sein de l’UE, conformément à la doxa néolibérale, au risque de compromettre « l’équilibre financier du système des retraites, qui pourrait exploser dans les deux ans ? » précise fielleusement le journaliste.


    Pour alimenter son inquiétude et la sourde irritation qui l’accompagne, il aurait pu évoquer d’autres mesures adoptées par le gouvernement polonais [3] : la baisse de l’impôt sur le revenu, l’exemption fiscale pour les moins de 26 ans, l’augmentation de 21 % du salaire minimum entre 2016 et 2019, le versement d’un treizième mois de pension chaque année à tous les retraités du pays, l’augmentation des allocations familiales et l’élimination progressive des contrats de travail précaire [4]. Un tel progrès social, au sein de l’UE ne frise-t-il pas l’indécence ?

    Plus sérieusement, il convient de préciser que ces « réformes » [5] sont mises en place dans un contexte macro-économique tout à fait favorable : inflation contenue, chômage inférieur à 3 %, finances publiques pratiquement à l’équilibre et dette publique limitée à 50 % du PIB.

    Comment cela est-il possible aujourd’hui au sein de l’UE ? Pourquoi le printemps rayonne-t-il en Pologne, quand l’hiver règne sans partage sur l’Europe de l’Ouest et du Sud ? La réponse est simple : la Pologne profite de l’UE dans toute la mesure où celle-ci nuit à un pays comme la France :
    • La Pologne bénéficie massivement des aides européennes — 86 milliards d’euros pour la période 2014-2020 (fonds de cohésion, fonds social européen, etc.) auxquels s’ajoutent 32 milliards sur la même période dans le cadre de la PAC [6] — quand l’UE coûte à la France environ 7 milliards par an en tant que contributrice nette au budget de l’UE [7].
    • La Pologne profite à plein du libre-échange et de la liberté de circulation des capitaux intracommunautaires, qui lui ont permis, par le jeu des délocalisations en provenance d’Europe de l’Ouest, de développer grandement sa base industrielle.
    • Elle profite également de la liberté de circulation des travailleurs, qui a occasionné une émigration économique massive depuis quinze ans vers les pays les plus développés de l’UE.
    • Enfin, elle a fait le choix judicieux de ne pas adopter l’euro, préférant conserver, avec le zloty, les moyens d’une politique monétaire conforme à son économie, en lieu et place de la monnaie unique, cote mal taillée pour 19 économies dissemblables [8].

    Les dirigeants polonais conçoivent en fait l’UE comme un moyen au service de leur pays, quand les dirigeants français en ont fait depuis une trentaine d’années une fin en soi, à laquelle il convient, si nécessaire, de sacrifier les intérêts économiques nationaux.

    Le résultat est là : la Pologne profite à plein régime de l’hétérogénéité socio-économique au sein de l’UE, et jouit depuis de nombreuses années d’une croissance économique insolente, de l’ordre de 4 à 5 % [9] par an, alors qu’en France elle ne dépasse pas 1,3 % en moyenne annuelle sur la période 2013-2018 [10]. Il ne faut pas chercher ailleurs la cause de la réforme polonaise des retraites. Les ressources fiscales accompagnant cette croissance soutenue permettent le développement dans de larges proportions de la protection sociale, au moment même où le mouvement inverse s’amplifie en France.

    La lecture qu’offre Ouest-France de cette réforme est stupéfiante à plus d’un titre. La rédaction du journal ne semble pas capable de concevoir autre chose qu’une « Europe » pénitentielle, comme s’il fallait souffrir pour elle afin qu’elle advienne véritablement, indépendamment même de la situation économique des pays concernés. Le progrès social est ainsi spontanément perçu comme irresponsable et non vertueux. Il est même présenté, en l’espèce, comme incompatible avec le progrès « sociétal » : « une mesure de plus […] destinée à cantonner les femmes à la maison » s’offusque l’auteur de l’article. Pour démontrer que le progrès social est une mauvaise chose au sein de l’UE, il est donc légitime de faire flèche de tout bois !

    Peut-être s’agit-il là d’une forme d’aveuglement volontaire, d’incapacité à admettre que la glorieuse « Europe », parée de toutes les vertus, entraîne l’inexorable déclin de la protection sociale en France, effet nécessaire de la mise en concurrence des systèmes sociaux hétérogènes par le libre échange, la libre circulation des capitaux et de la monnaie unique ? Quoi qu’il en soit, il faut déplorer ce manque de lucidité, propre à rendre inintelligible la trajectoire socio-économique de notre pays.

    Éric Juillot
    _Sources :_
    [1] https://www.ouest-france.fr/europe/pologne/la-pologne-baisse-l-age-de-la-retraite-c-est-la-ruee-5275020
    [2] https://data.oecd.org/fr/pop/taux-de-fecondite.htm
    [3] Certaines l’ont été après la rédaction de l’article.
    [4] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/PL/situation-economique-et-financiere-de-la-pologne-au-premier-sem
    [5] Le terme est pour une fois adéquat : le réformisme désigne historiquement une branche du socialisme qui, dès le début du XXe siècle, a prôné l’amélioration graduelle de la condition des travailleurs par l’amendement progressif d’un capitalisme originellement exploiteur. Perverti depuis une trentaine d’années, le mot « réforme » signifie aujourd’hui son exact contraire, c’est-à-dire la régression sociale.
    [6] https://www.la-croix.com/Monde/Europe/Etat-droit-Pologne-levier-europeen-aides-agricoles-2018-03-22-1200925618
    [7] https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/economie-combien-coute-l-europe-a-la-france_3251107.html
    [8] https://www.euractiv.fr/section/economie/news/polish-deputy-finance-minister-euro-in-poland-yes-but-not-yet : où la position très pragmatique de la Pologne au sujet de l’euro est clairement exprimée.
    [9] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/PL/situation-economique-et-financiere-de-la-pologne-au-premier-sem
    [10] https://www.insee.fr/fr/statistiques/2121563 et https://insee.fr/fr/statistiques/4161181

    #retraites #femmes #hommes #pologne #ue #union_européenne #Social

    • Il faut dire que la Présidente du Conseil des Ministres de Pologne de l’époque, #Beata_Szydlo, était fille de mineur, quel manque de goût ! et membre d’un parti de droite, quelle horreur ! dont la politique sociale ressemblait à celle de de Gaulle…

      On comprend pourquoi les petits marquis de gauche, et les petites marquises de gauche, qui ont jeté le bébé socialiste avec l’eau du bain soviétique, et qui se font depuis les chantres de la mondialisation heureuse, de la concurrence libre et non faussée,etc…lui crachent dessus.

  • Les femmes grandes gagnantes ? Lol ! - ~ le mouvement
    https://lemouvement.ong/appeldesgrandesgagnantes

    Edouard Philippe l’a dit : les femmes seront les « grandes gagnantes » de la réforme des retraites. Aucun chiffre, aucune simulation pour le démontrer. Ayez confiance.

    Sauf que nous nous sommes plongées dans sa réforme et qu’il y a un paquet de problèmes pour les femmes. La retraite serait désormais calculée en prenant en compte l’ensemble de la carrière et non plus les meilleures années. Plus possible de neutraliser les périodes de temps partiel, le chômage ou les interruptions pour prendre en charge les enfants et les personnes dépendantes. Les majorations pour enfants seraient une nouvelle fois rognées. Les pensions de réversions excluraient désormais les couples divorcés et seraient accessibles seulement une fois à la retraite. Les professions dans lesquelles les femmes sont concentrées paient un lourd tribut : plus de reconnaissance de la pénibilité et de départ avant 62 ans pour les 400 000 aides soignantes, infirmières et sage-​femmes, effondrement de la retraite des 600 000 enseignantes…

    Le premier ministre l’a martelé : « il faudra travailler plus longtemps ». Pourquoi ? Parce que le principe de la réforme est de bloquer le financement de notre système de retraite à son niveau actuel, 14% du PIB, alors que la proportion de retraité·es dans la population augmente. Ce plafonnement se traduira notamment par le retour du risque de pauvreté chez les retraité.e.s âgé.e.s, en grande majorité des femmes.

    Pourtant, l’indépendance économique est une condition indispensable pour l’émancipation, pour pouvoir faire ses choix de vie et quitter son conjoint si on le souhaite. Nous demandons le retrait de cette réforme sexiste. Nous voulons une réforme des retraites féministe qui repose au contraire sur la réduction du temps de travail, l’égalisation des salaires, le renforcement de l’activité professionnelle des femmes, et permettre aux femmes comme aux hommes d’avoir une retraite complète tout en ayant du temps pour leur vie sociale et familiale.

    #retraites #femmes #travailleuses

  • Retraites : il n’y a pas de contre-réforme possible sans changement profond des politiques économiques - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/221219/retraites-il-n-y-pas-de-contre-reforme-possible-sans-changement-profond-de

    très bon papier sur la question des retraites comme symptôme de la nécessité de sortir des politiques qui ont échouées depuis trente ans.
    Par Romaric Godin

    Y a-t-il d’autres voies que celles du gouvernement pour les retraites ? Autrement dit : peut-on construire une contre-réforme à celle du gouvernement ? La question n’est pas que technique, elle est d’abord politique. La technique ne sert en réalité qu’à résoudre une équation de base qui repose sur des choix de société. Or ces choix sont moins liés à la retraite elle-même qu’à des politiques économiques plus larges. Décider de donner la priorité à l’équilibre financier ou aux droits à la retraite n’a de signification que si l’on élargit le point de vue. La question de la retraite n’existe pas en elle-même. Elle est le reflet de choix économiques. Aussi, toute « contre-réforme » ne peut faire l’économie d’une réflexion élargie.

    #Retraites #Néolibéralisme #Economie

  • « Cette réforme est un immense #gâchis. Une réforme était souhaitable parce qu’un grand nombre de Français ne se sentent pas rassurés par le système actuel. La seule vraie motivation à cette réforme était de créer quelque chose qui ne soit pas une source d’anxiété, alors même que les ressources ne sont pas manquantes, qu’elles sont stabilisées dans le temps et qu’il n’y a plus de crise systémique des retraites comme il y en avait encore quand #Michel_Rocard a fait rédiger son livre blanc. Au lieu de corriger le système brique par brique et à le rendre plus rassurant, le gouvernement a réussi le tour de force de le rendre plus anxiogène. »

    Dixit #Daniel_Cohen, économiste au Département d’économie de l’École normale supérieur (ENS) et Directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP)

    https://www.dailymotion.com/video/x7pb1tr

    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/la-reforme-a-quel-prix

    #réforme #retraites #retraite #anxiété #ressources

    • Le snptes parle aussi de #anxiété (de #anxiété_généralisée même)...
      Réforme des retraites, questions-réponses du SNPTES

      Si un jour est créé, dans une « grande » école, un séminaire intitulé « comment construire et développer une anxiété généralisée dans un pays », nul doute que l’exemple actuel de la réforme des retraites serait retenu... Comment un système qui se veut juste, solidaire, universel, simple... peut-il conduire une proportion de collègues, jeunes ou plus anciens, à devenir inquiets ou anxieux à l’idée de voir leurs futures retraites baissées conjuguée à l’idée de voir l’âge de départ s’éloigner inexorablement... Comment le Gouvernement en est-il arrivé là ?

      http://www.snptes.fr/Reforme-des-retraites-questions.html

      Et le document questions-réponses :
      http://www.snptes.fr/IMG/pdf/reforme_retraites.pdf

  • Quand la grève rend visibles celles et ceux qui sont indispensables à la société
    https://www.bastamag.net/Quand-la-greve-rend-visibles-celles-et-ceux-qui-sont-indispensables-a-la

    Gel de salaires, coupes budgétaires, baisse d’effectifs, loi travail, et maintenant réforme des #Retraites... Et si le gouvernement arrêtait de taper sur les métiers d’utilité publique ? Ils sont accusés de bien des maux : de paralyser le pays, de défendre égoïstement leurs acquis, et même, selon un magazine d’orientation très néolibérale, de haïr le travail. Paradoxe : la grève qu’ils mènent nous dit tout le contraire. Elle rend justement visible ce qui ne l’est pas, quand tout fonctionne normalement, quand (...) #Chroniques

    / A la une, #Luttes_sociales, Quel avenir pour nos protections sociales ?, Retraites, Services (...)

    #Quel_avenir_pour_nos_protections_sociales_ ? #Services_publics

  • L’universalisme, le miroir aux alouettes de la réforme des retraites | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/185624/reforme-des-retraites-egalite-universalisme-equite-penibilite-inegalites

    Pourtant, financièrement parlant, il n’y avait pas besoin de réformer les régimes de retraite. Ce n’est pas moi qui le dit, évidemment, mais c’est ce qu’a longuement expliqué Daniel Cohen sur France Culture. Le système n’est pas en péril, le système est stabilisé. Précisons que Daniel Cohen n’est pas un ultra-gauchiste patenté. Il est prof d’économie à Normale Sup’ et il se définit comme un pragmatique. Il n’est pas le seul à faire cette analyse. De là à en conclure qu’il s’agirait d’une réforme nécessaire à l’aune de déséquilibres économiques...

    Il est question d’#universalisme à la française, d’#équité et d’#égalité à propos de régimes spéciaux et de#pénibilité.
    #retraites #Titiou_Lecoq

    Liens vers
    https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/la-reforme-a-quel-prix


    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/19/herve-le-bras-sur-les-retraites-il-n-y-a-aucune-urgence-a-prendre-des-mesure

  • Affaire Delevoye : la Haute autorité pour la transparence avoue ses limites et saisit la justice
    https://www.latribune.fr/economie/france/affaire-delevoye-la-haute-autorite-pour-la-transparence-avoue-ses-limites-


    Reuters

    Aujourd’hui, la HATVP demande à la justice de dire s’il faut ou non poursuivre l’ex-haut-commissaire à la réforme des retraites poursuites. Mercredi 12 décembre, le procureur de Paris, lui-même, s’était ému, demandant des précisions à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) sur le défaut de déclaration d’activité de Jean-Paul Delevoye, accusé de conflit d’intérêts avec le milieu des assurances.
    […]
    Ce mercredi 18 décembre, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a annoncé avoir saisi la justice pour les « omissions » en « nombre » de l’ex-haut commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, dans sa déclaration d’intérêts.

    « Il est nécessaire de signaler ces manquements au procureur de la République, qui décide de l’opportunité des poursuites », indique dans un communiqué la HATVP au sujet de M. Delevoye, qui a démissionné lundi du gouvernement.

    La Haute Autorité, instance indépendante dont le collège a statué mercredi, « considère que les omissions dans la déclaration initiale de M. Delevoye, en raison de leur nombre, de la nature de certains intérêts omis et des risques de conflits d’intérêts avec ses fonctions gouvernementales, sont susceptibles de caractériser l’infraction d’omission substantielle d’une partie de ses intérêts ».

  • Retraites
    Muleta et contre-feu

    Louis

    https://lavoiedujaguar.net/Retraites-Muleta-et-contre-feu

    Le sens du présent projet de laminage des retraites n’est bien entendu pas celui d’acter un « droit au non-travail », mais bien celui de finaliser la reconstruction et l’adaptation de la contrainte politique du travail aux conditions économiques nouvelles de la crise de la globalité capitaliste.

    Lors de sa présentation du contenu de ce projet de réforme, le monde médiatique a, avec une belle unanimité, souligné une prétendue erreur stratégique du Premier ministre, qui, en repoussant de deux ans l’âge de départ à la retraite au taux plein, aurait malencontreusement fâché son principal soutien syndical. Il s’agit au contraire d’une stratégie délibérée : c’est la technique de la muleta, qui consiste à détourner l’attention du taureau de la contestation sociale en agitant un énorme chiffon rouge, pour focaliser l’attention sur l’âge de la retraite et faire passer à l’arrière-plan le cœur de la réforme, à savoir la baisse globale des pensions à travers la mise en place du système à points. Le gouvernement aura beau jeu, à très court terme, d’organiser une fausse capitulation (provisoire) sur ce point technique précis, en montrant qu’il est ouvert à la négociation et au dialogue. Par la même occasion il redonnera le beau rôle aux syndicats dits réformistes qui pourront se targuer de leur efficacité à faire plier le gouvernement, tout en stigmatisant les autres…

    #retraites #non-travail #syndicats #gouvernement #capitulation #contre-feu #fumée #carrière #smic #collectif #cotisations

  • Une grève par la gratuité des #Transports est-elle possible ?
    https://www.bastamag.net/greve-gratuite-des-transports-SNCF-navigo-vacances-de-Noel-treve-opinion

    Le syndicat Sud Rail a proposé de mener la grève en rendant les trains gratuits. Mais face au refus de la direction de la SNCF, les sanctions contre ce type de grève pourraient être lourdes. « Bloquer les trains [à Noël] n’est pas à la hauteur de l’histoire des cheminots », a martelé le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire. Alors que les vacances de fin d’année se profilent, le gouvernement tente de faire basculer l’opinion publique contre le mouvement de grève face à la réforme des #Retraites. C’est (...) En bref

    / Transports, Retraites, #Luttes_sociales, #Syndicalisme

  • « Avant j’allais au boulot enjouée et motivée, c’est terminé » : comment le gouvernement écœure les infirmières
    https://www.bastamag.net/greve-retraites-penibilite-64-ans-age-pivot-infirmiere-hopital-saint-Malo

    À l’hôpital, la contestation de la réforme des #Retraites s’ajoute au problème des #Conditions_de_travail et de pénibilité. Reportage auprès des premières concernées. Comment le système de retraites que le gouvernement promet va-t-il prendre en compte la pénibilité du travail à l’hôpital ? « Peu », et « mal », répondent des aides-soignantes, infirmières, manipulatrices radio et agentes des services hospitaliers (ASH, en charge du nettoyage) de l’hôpital de Saint-Malo, dans le nord de la Bretagne. Réunies pour (...) #Résister

    / #Luttes_sociales, Santé , Retraites, Conditions de travail, A la une

    #Santé_

  • Analyse Retraites

    Nous sommes des statisticiennes et statisticiens de l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques. À ce titre, nous réaffirmons que le rôle de la statistique publique est d’éclairer le débat public et d’apporter aux citoyens des éléments de compréhension des enjeux sociaux et économiques.NMercredi 11 décembre 2019, le Premier ministre, M. Édouard Philippe, a affirmé : « La responsabilité, c’est tenir compte, comme tous nos voisins, de données économiques et démographiques incontestables. »Nous le prenons au mot en rappelant quelques chiffres fondamentaux, afin que les citoyens s’en saisissent et comprennent l’enjeu d’un refus collectif de la réforme régressive en cours.Le comité de mobilisation de la direction générale de l’Insee,soutenu par les sections CGT, FO, SUD

    https://tendanceclaire.org/contenu/autre/Analyse_Retraites_Comite_mobilisation_Insee.pdf

  • Réforme des retraites : les syndicats policiers suspendent leur mouvement après une réunion au ministère de l’Intérieur
    https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/reforme-des-retraites-les-syndicats-policiers-suspendent-leur-mouvement

    Tous les policiers bénéficieront d’un régime spécifique, et pas uniquement ceux qui sont sur le terrain, affirment les syndicats policiers qui disent avoir obtenu des garanties. Le ministère de l’Intérieur doit confirmer ses engagements dans une lettre.

    #police #retraites

  • BALLAST | Le mythe des « 42 régimes spéciaux »
    https://www.revue-ballast.fr/le-mythe-des-42-regimes-speciaux

    D’abord, parce qu’il n’existe pas autant de régimes spéciaux. Relayer ce nombre farfelu n’aide pas à riposter aux arguments du pouvoir sur la nécessaire « simplification » de notre système de retraite. Ensuite, et surtout, cette posture défensive nous fait manquer l’objectif central de la réforme. C’est qu’il ne s’agit pas tant d’unifier le système de retraite que d’attaquer ce que les régimes spéciaux et le régime général (lequel concerne l’ensemble des salarié·e·s du privé) ont en commun : la retraite construite comme une continuation du salaire. Ceci pour la remplacer par une retraite conçue comme revenu différé, dont on fait croire qu’elle serait le fruit des cotisations passées des retraité·e·s.

    Soyons clairs : notre pro­pos n’est pas de plai­der pour l’abandon de la défense des régimes spé­ciaux (déjà bien dimi­nués par les réformes pré­cé­dentes), mais plu­tôt de renouer avec une ambi­tion cen­te­naire de la CGT : uni­fier la Sécurité sociale. Donc la classe des tra­vailleurs et des tra­vailleuses. Donc, ce fai­sant, faire bloc face au patro­nat — qui ne cherche qu’à remettre la main sur ces institutions13. Cette uni­fi­ca­tion a échoué en 1946, lors de la créa­tion du régime géné­ral (les régimes spé­ciaux ne devaient conti­nuer à exis­ter que pro­vi­soi­re­ment pour ensuite rejoindre ce régime unique, mais en conser­vant leurs acquis14), mais il est plus que temps de la remettre à l’ordre du jour. Il n’est, de nos jours, plus aucun sens à batailler pour le sta­tu quo. L’intégration de la tota­li­té des régimes exis­tants dans le régime géné­ral peut deve­nir une pers­pec­tive mobi­li­sa­trice pour un mou­ve­ment social qui se contente de se battre contre, réforme après réforme.

    (Ewelina Karpowiak)

    Cette uni­fi­ca­tion par le haut cou­pe­rait l’herbe sous le pied à ceux qui dépeignent la mobi­li­sa­tion comme une défense de privilégié·e·s immo­bi­listes qui ne tiennent qu’à leurs avan­tages cor­po­ra­tistes. La lutte des salarié·e·s rat­ta­chés à un régime spé­cial n’en trou­ve­rait que plus de légi­ti­mi­té par­mi le reste de la popu­la­tion : il s’agirait enfin de se battre ensemble pour l’extension à toutes et tous des avan­cées res­tantes dans les régimes « spé­ciaux ».

    #retraites

  • Réforme des retraites : quelles sont les limites du régime suédois ?
    https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/retraite/reforme-des-retraites-quelles-sont-les-limites-du-regime-suedois_373192

    Quelles sont les limites de ce modèle ?

    La particularité de ce modèle unifié, c’est que la valeur des points fluctue en fonction de l’espérance de vie de la génération du retraité, de la conjoncture économique du pays (des cotisations collectées), et de l’âge de départ à la retraite. Ainsi, la valeur du point est variable. Il a déjà baissé : -3% en 2010 et -4% en 2011, avant de remonter +3 et +4% les deux années suivantes, puis a rebaissé en 2014.

    Autre inconvénient : les carrières hachées ou incomplètes de type temps partiels, les études longues ou arrêts, se retrouvent pénalisées. Des inégalités visibles aussi entre les pensions des femmes et celles des hommes. Les femmes, plus concernées par le temps partiel ou arrêtées pour avoir élevé leurs enfants, touchent en moyenne 600 euros de moins par mois que les hommes.

    Par ailleurs, si le modèle incite à travailler plus longtemps, le taux remplacement a baissé. Les pensions en Suède s’élevaient à 60 % du salaire de fin de carrière en 2000, elles ne représentent en 2018 plus que 53,4 %, selon les chiffres de l’OCDE. Conséquence, pour avoir une retraite correcte certains séniors sont obligés de travailler en complément de leur pension. En parallèle, le taux de pauvreté a bondi de 7,3% en 1991 à 14,9% en 2017 d’après SCB, le Bureau central de la statistique suédois.

    #Suède #retraites #femmes #travailleuses

  • Les travailleurs belges confirment que la retraite par points c’est la baisse des pensions et que c’est un ordre de l’Union Européenne ! - INITIATIVE COMMUNISTE
    https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/les-travailleurs-belges-confirment-que-la-retraite-par-point-c

    Une alerte qui souligne qu’il est possible défendre les pensions de #retraites des travailleurs et d’empêcher le passage à un système de retraite par points baissant massivement les pensions et préparant leur privatisation. Car en 2017 la mobilisation populaire des travailleurs belges a eu raison de l’offensive de Bruxelles.

    A l’époque le leader du PTB Raoul Hedebouw explique : ” « On vous donnera des points et plus des euros. Ces points seront calculés à la fin de votre carrière. Mais ils seront variables en fonction du budget de l’État, du coût de la vie et de l’espérance de vie. Donc, si l’espérance de vie augmente, notre pension va diminuer. S’il y a de nouveau une crise comme en 2008, c’est à nouveau les pensionnés qui vont payer, automatiquement. C’est une pension tombola. »

  • #Lecture #audio : #Pétition > Appel des travailleuses et travailleurs du numérique pour une autre réforme des retraites

    Un chouette texte d’appel de ✊ https://onestla.tech qui, je crois, devrait toucher pas mal de monde par ici (et ailleurs) et que, du coup, j’ai enregistré : https://archive.org/details/APPEL_onestla.tech


    Il faut cliquer sur le lien pour voir tous les liens-ressources qu’il contient, et la photo inédite qui l’accompagne !

    /.../ Nous, développeuses et développeurs, administratrices et administrateurs systèmes, enseignantes et enseignants, chercheuses et chercheurs, designers, actrices et acteurs du numérique, du Web et des télécoms qui travaillons pour le service public, dans de grandes entreprises privées, dans des startups, dans des coopératives, en tant que salarié ou indépendant affirmons notre opposition à la réforme des retraites proposée par le gouvernement et militons à la place pour une réforme reposant sur d’autres bases de répartition des richesses : abaisser l’âge de départ à la retraite et réduire le temps de travail en mettant l’automatisation au service du bien public plutôt qu’à celui de quelques milliardaires.

    En conséquence, nous appelons :

    - à participer au mouvement de grève et aux manifestations contre la réforme ;
    - à alimenter les caisses de grève pour compenser la perte de revenus des grévistes ;
    - à afficher sur nos sites web et dans nos entreprises notre soutien à la lutte contre la réforme.

    Signez cet appel avec un compte GitHub.com, en créant une “issue” sur notre dépôt GitHub, ajoutez vos informations et cliquez sur Submit new issue.
    ou si vous n’avez pas de compte, signez en nous envoyant un email à onestlatech@protonmail.com

    (La #photo en question, oui je l’aime bien j’avoue, c’est un escalator de l’hyper-centre #Nantes qui n’a jamais jamais été mis en service !)

    )

    #reforme #retraites #greve #greve_generale #appel

  • Notre système de retraites ne connaît pas la crise | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/systeme-de-retraites-ne-connait-crise/00091163

    1/ Un système de retraites français (quasiment) revenu à l’équilibre

    Le déficit des retraites n’oblige-t-il pas, quoi qu’il arrive, à serrer les boulons ? Pas vraiment. La crise de 2008-2009 avait logiquement creusé ce déficit : les rentrées du système de retraite sont très dépendantes des cotisations payées par les salariés et les entreprises et donc de la santé économique du pays, tandis que ses dépenses ne varient pas avec l’activité.

    L’effet des réformes menées depuis 1990, combiné aux mesures supplémentaires prises en 2010 et 2013 pour combler ce déficit et au rétablissement de l’économie ont quasiment ramené le système de retraites à l’équilibre. Il n’y a donc aucune urgence particulière à réformer une fois de plus le système.

    #retraites #économie

  • « MOUVEMENT LYCÉEN : IMPRÉVISIBLE & DÉTERMINÉ La métropole Lilloise connait un important mouvement lycéen depuis deux semaines. »
    https://threadreaderapp.com/thread/1205941417673138176.html

    Contre Parcoursup, la réforme du baccalauréat, la réforme des #retraites, la précarité étudiante, ainsi que le désastre environnemental actuel et à venir : tous les jours, plusieurs lycées de la métropole sont bloqués.
    Mardi dernier, on comptait au moins 13 établissements mobilisés. Tout comme ce jeudi 12 décembre. Des centaines de lycéen-ne-s se réunissent dans le centre-ville et manifestent spontanément, massivement et sauvagement.
    À Roubaix, Tourcoing, Marcq-en-Baroeul, Villeneuve d’Ascq, La Madeleine, Lambersart, Lille, les lycées se soulèvent. Chaque matin, vers 7h, les lycéen-ne-s se retrouvent devant leurs bahuts pour bloquer afin d’empêcher la tenue des cours, libérer du temps et manifester. (...)

    #Greve #GreveGénérale #Lille #BlocusLycéens #lycéens

    • Une chronique lilloise à trois voix. Esquinte - Courriers autour du 10 décembre
      https://esquinte.info/Courriers-autour-du-10-decembre

      Dans la rue nationale, quelle surprise de voir des gens s’organiser pour couper le gaz aux banques, agences et autres grandes enseignes du parcours comme le Printemps. Interpellé, je vais voir un travailleur du gaz qui me dira « Chacun peut bloquer à son échelle, moi je suis dans le gaz, l’autre dans l’électricité, du coup on coupe le gaz et l’électricité ! » C’est simple. Et surtout très efficace. Au cœur de la rue nationale, ce sera les agences et les pubs qui prendront cher. Lors d’une action, quelques syndiqués de la CGT iront emmerder ceux qui brisaient les vitrines. Et ça ira jusqu’à donner des coups. C’était anecdotique. Mais au moins, ça aura le mérite que le soir même à l’assemblée générale, tout le monde soit d’accord pour se déclarer solidaire des formes d’actions, tout en condamnant l’action des types de la CGT.

      https://pbs.twimg.com/media/ELdSVm4XUAAhKgJ?format=jpg

      #EDF #CGT #banderole_game

  • Retraites : une majorité de Français approuve la grève après les annonces de Philippe
    https://www.latribune.fr/economie/france/retraites-une-majorite-de-francais-approuve-la-greve-apres-les-annonces-de


    Crédits : Reuters/Jean-Paul Pelissier

    SONDAGE. 55% des Français interrogés par BVA pour La Tribune, RTL et Orange approuvent le mouvement de grève et d’action contre la réforme du gouvernement. 80% des répondants pensent que le mouvement va s’inscrire dans la durée.

    La fièvre est loin d’être retombée. Selon le dernier baromètre BVA réalisé pour La Tribune, Orange et RTL, 55% des Français interrogés approuvent le mouvement de grève et de mobilisation contre la réforme des retraites entamé depuis le 5 décembre dernier. C’est 4 points de moins que la semaine dernière. À l’inverse, 44% des personnes désapprouvent ces manifestations. Après l’allocution du Premier ministre Edouard Philippe au conseil économique, social et environnemental (CESE) ce mercredi 11 décembre, le leader de la CFDT, Laurent Berger, avait exprimé son mécontentement contre l’âge d’équilibre à 64 ans. L’hostilité du syndicat majoritaire et d’autres organisations réformistes a provoqué de nombreuses inquiétudes dans les rangs de la majorité. Dans la journée de jeudi, le gouvernement a multiplié les appels à l’égard des syndicats pour qu’ils reviennent à la table des négociations alors que plusieurs confédérations ont appelé à une nouvelle journée interprofessionnelle de grève le 17 décembre prochain.

    Une forte majorité pense que le mouvement va se poursuivre
    Pour le gouvernement qui espérait éteindre la colère sociale au lendemain des annonces du locataire de Matignon, ce résultat n’est pas très favorable. En effet, 80% des interrogés pensent que le mouvement pourrait s’inscrire dans la durée alors que plusieurs syndicats ont montré leur détermination. C’est deux points de moins que lors de la précédente enquête menée le 4 décembre dernier. A l’opposé, 20% des répondants estiment que le mouvement ne va pas continuer. Ils étaient 18% le 4 décembre à exprimer cet avis.