#revue_prescrire

  • Scandale autour d’un médicament vedette contre l’hypertension
    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2013/07/21/scandale-medicaments-hypertension-industrie-pharmaceu

    Ces conclusions sont accablantes, pas tant pour Hiroaki Matsubara, dont le degré de responsabilité n’est pas établi, que pour la recherche biomédicale tout court. C’est un cas d’école de la manière dont la science peut être manipulée sous l’influence d’un lobby industriel. L’enquête a en effet révélé que des données sur les participants avaient été falsifiées pour faire apparaître les fameux « bénéfices » concernant les angines de poitrine et les AVC. L’université a épluché les dossiers médicaux de 223 patients de l’étude de Kyoto et s’est aperçue que pour 34 d’entre eux, on avait pris en compte de fausses informations : pour les personnes du groupe recevant du valsartan, on avait minoré les problèmes cardiaques subséquents et, pour les patients du groupe témoin, on avait exagéré lesdits problèmes. C’est de cette manipulation que sont nés les fameux effets positifs de la molécule. La commission d’enquête a refait les calculs : si l’on ne tient pas compte de ces 34 dossiers, ces bénéfices disparaissent (ce qui ne remet en revanche absolument pas en cause l’efficacité du médicament comme antihypertenseur).

    L’affaire est déjà grave en elle-même mais il y a pire encore. Bien que les enquêteurs n’aient pas pu déterminer qui avait falsifié les données, ils ont découvert qu’une des personnes impliquées dans leur gestion était employée par... Novartis, ce qu’a reconnu la firme suisse dans un communiqué publié le lendemain de la conférence de presse. Ce conflit d’intérêt manifeste n’était évidemment pas signalé dans l’étude. De plus, selon l’agence de presse Kyodo News, l’employé de Novartis en question a participé à des essais sur le valsartan conduits par d’autres universités japonaises, lesquelles vont devoir en vérifier les résultats à la loupe. Dernière information et pas la moindre, dans l’article (payant) qu’elle vient de consacrer à ce scandale, la revue Science souligne que le laboratoire d’Hiroaki Matsubara a reçu, pour ses recherches, environ 1,4 million de dollars de la part de – devinez qui ? – Novartis, encore et toujours.

    #big_pharma

  • New drugs trail many old ones in effectiveness against disease | Reuters
    http://www.reuters.com/article/2013/06/03/us-drugs-effectiveness-idUSBRE95213D20130603

    Selon une étude récente du journal « Health Affairs », les nouveaux médicaments ne représentent le plus souvent pas un progrès par rapport aux anciens- et c’est même le contraire qui est vrai. (Chapeau à la #revue_prescrire )

    (Le premier réflexe de Reuters est de s’inquiéter pour #Pharma, cette dernière faisant part de... sa confiance absolue en ses médicaments)

    Malgré les plus de 50 milliards de dollars que les entreprises pharmaceutiques étasuniennes ont dépensé chaque année depuis le milieu des années 2000 pour découvrir de nouveaux médicaments, les fabricants de médicaments ont à peine amélioré les vieux médicaments développés il y a plusieurs décennies.

    Une recherche publiée lundi a montré que l’efficacité de nouveaux médicaments, mesurée en comparant la réponse des patients prenant ces traitements par rapport à ceux prenant un placebo, a chuté depuis les années 1970.

    Bien que cela soit déjà de mauvaises nouvelles pour les sociétés pharmaceutiques et de biotechnologie, les conséquences pour l’industrie pharmaceutique pourraient s’aggraver sous la loi de santé du Président Barack Obama. La loi a créé un institut de recherche indépendant pour comparer l’efficacité de différents traitements pour la même condition.

    De cette façon, les patients ainsi que les assureurs privés et les programmes gouvernementaux tels que Medicare peuvent cesser de payer pour les traitements moins efficaces.

    Lorsque la revue Prescrire a évalué en 2011 les nouveaux médicaments, seulement 17 parmi les 984 développés depuis 2001 ont été jugés "un réel progrès" ou meilleurs. Et un sondage aupres de 184 médecins experts dans 15 spécialités publié le mois dernier dans la revue Nature Reviews Drug Discovery a montré que les médecins étaient plus susceptibles de noter les médicaments vieux de plus de dix ans comme « transformateurs ».

    (...)

    La nouvelle étude publiée dans la revue "Health Affairs" a examiné 315 essais cliniques qui comparaient un médicament à un placebo et qui avaient été publiés dans quatre des principales revues médicales du monde (BMJ, Journal of the American Medical Association, Lancet et New England Journal of Medecine) de 1966 à 2010.

    Les médicaments visaient toute la gamme des affections humaines, des maladies cardio-vasculaires et les infections au cancer, les troubles mentaux et les maladies respiratoires. Dans les premières années, les médicaments battaient facilement le placebo : Ils étaient, en moyenne, 4,5 fois plus efficaces, (...). Mais la ligne de tendance a inexorablement décliné, ont constaté le Dr Mark Olfson de l’Université de Columbia et le statisticien Steven Marcus de l’Université de Pennsylvanie.

    Dans les années 1980 les médicaments étaient moins de quatre fois plus efficaces , dans les années 1990, deux fois plus efficaces, et dans les années 2000, seulement 36 pour cent plus efficaces que le placebo.

    (...)

    "Leurs résultats sont assez convaincants", a déclaré le Dr Aaron Kesselheim de la Harvard Medical School, qui a aidé à mener l’enquête sur les médicaments « transformateurs », mais n’a pas participé à cette étude. "Il semble que les choses vont dans la même direction, avec les nouveaux médicaments, ceux-ci ayant relativement moins d’efficacité."

    Les experts ne s’entendent pas sur le pourquoi, mais les soupçons vont du processus réglementaire américain à la biologie de base.

    (...)

    L’industrie du médicament dit qu’elle n’est pas inquiète. (...) "Nous croyons que la valeur substantielle de nos produits continuera à être démontrée" [a dit Burkholder de PhRMA].