• Pâte à crêpes sucrée au rhum
    https://www.cuisine-libre.org/pate-a-crepes-sucree-au-rhum

    Mélanger farine, sel et sucre dans un saladier. Creuser un puit dans la farine pour ajouter les œufs et les incorporer progressivement avec une cuillère en bois. Ajouter le beurre fondu petit à petit et bien mélanger. Incorporer le lait petit à petit en mélangeant pour éviter les grumeaux. La pâte doit être liquide et homogène. Cuire les crêpes (la pâte n’a pas besoin de repos). #Rhum, #Pâtes_à crêpes_et blinis, Farine de blé / #Sans viande, #Végétarien

    #Farine_de blé

  • Lecture de : La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, de Guillaume Pitron

    Une perspective nationaliste navrante, mais une somme d’informations capitales.

    Extraits :

    « Le monde a de plus en plus besoin de terres rares, de « #métaux rares », pour son #développement_numérique, et donc pour ttes les #technologies_de_l’information_et_de_la_communication. Les #voitures_électriques et #voitures_hybrides en nécessitent deux fois plus que les voitures à essence, etc. »

    « Nos aïeux du XIXe siècle connaissaient l’importance du #charbon, & l’honnête homme du XXe siècle n’ignorait rien de la nécessité du pétrole. Au XXIe siècle, nous ne savons même pas qu’un monde + durable dépend en très grande partie de substances rocheuses nommées métaux rares. »

    « #Terres_rares, #graphite, #vanadium, #germanium, #platinoïdes, #tungstène, #antimoine, #béryllium, #fluorine, #rhénium, #prométhium… un sous-ensemble cohérent d’une trentaine de #matières_premières dont le point commun est d’être souvent associées ds la nature aux métaux les + abondants »

    « C’est là la clé du « #capitalisme_vert » : [remplacer] des #ressources qui rejettent des millions de milliards de tonnes de #gaz_carbonique par d’autres qui ne brûlent pas – et ne génèrent donc pas le moindre gramme de CO2. »

    « Avec des réserves d’or noir en déclin, les stratèges doivent anticiper la guerre sans #pétrole. […] ne plus dépendre des énergies fossiles d’ici à 2040. […] En recourant notamment aux #énergies_renouvelables & en levant des légions de robots alimentés à l’électricité. »

    « La Grande-Bretagne a dominé le XIXe s. grâce à son hégémonie sur la production mondiale de charbon ; une grande partie des événements du XXe s. peuvent se lire à travers le prisme de l’ascendant pris par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite sur la production et la sécurisation des routes du pétrole ; .. au XXIe siècle, un État est en train d’asseoir sa domina routes du pétrole ; au XXIe siècle, un État est en train d’asseoir sa domination sur l’exportation et la consommation des métaux rares. Cet État, c’est la Chine. »

    La Chine « détient le #monopole d’une kyrielle de métaux rares indispensables aux énergies bas carbone & numérique, ces 2 piliers de la transition énergétique. Il est le fournisseur unique du + stratégique : terres rares — sans substitut connu & dont personne ne peut se passer. »

    « Notre quête d’un modèle de #croissance + écologique a plutôt conduit à l’exploitation intensifiée de l’écorce terrestre pr en extraire le principe actif, à savoir les métaux rares, avec des #impacts_environnementaux encore + importants que cx générés par l’#extraction_pétrolière »

    « Soutenir le changement de notre #modèle_énergétique exige déjà un doublement de la production de métaux rares tous les 15 ans environ, et nécessitera au cours des trente prochaines années d’extraire davantage de minerais que ce que l’humanité a prélevé depuis 70 000 ans. » (25)

    « En voulant nous émanciper des #énergies_fossiles, en basculant d’un ordre ancien vers un monde nouveau, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance, plus forte encore. #Robotique, #intelligence_artificielle, #hôpital_numérique, #cybersécurité, #biotechnologies_médicale, objets connectés, nanoélectronique, voitures sans chauffeur… Tous les pans les + stratégiques des économies du futur, toutes les technologies qui décupleront nos capacités de calcul et moderniseront notre façon de consommer de l’énergie, le moindre de nos gestes quotidien… et même nos grands choix collectifs vont se révéler totalement tributaires des métaux rares. Ces ressources vont devenir le socle élémentaire, tangible, palpable, du XXIe siècle. » (26)

    #Metaux_Rares Derrière l’#extraction et le « #raffinage », une immense #catastrophe_écologique : « D’un bout à l’autre de la chaîne de production de métaux rares, quasiment rien en #Chine n’a été fait selon les standards écologiques & sanitaires les plus élémentaires. En même temps qu’ils devenaient omniprésents ds les technologies vertes & numériques les + enthousiasmantes qui soient, les métaux rares ont imprégné de leurs scories hautement toxiques l’eau, la terre, l’atmosphère & jusqu’aux flammes des hauts-fourneaux – les 4 éléments nécessaires à la vie »

    « C’est ici que bat le cœur de la transition énergétique & numérique. Sidérés, ns restons une bonne h à observer immensités lunaires & paysages désagrégés. Mais il vaut mieux déguerpir avant que la maréchaussée alertée par les caméras ne débarque »

    « Nous avons effectué des tests, et notre village a été surnommé “le village du cancer”. Nous savons que nous respirons un air toxique et que nous n’en avons plus pour longtemps à vivre. »

    « La seule production d’un #panneau_solaire, compte tenu en particulier du silicium qu’il contient, génère, avance-t-il, plus de 70 kilos de CO2. Or, avec un nombre de panneaux photovoltaïques qui va augmenter de 23 % par an dans les années à venir, cela signifie que les installations solaires produiront chaque année dix gigawatts d’électricité supplémentaires. Cela représente 2,7 milliards de tonnes de carbone rejetées dans l’atmosphère, soit l’équivalent de la #pollution générée pendant un an par l’activité de près de 600 000 automobiles.

    « Ces mêmes énergies – [dites] « renouvelables » – se fondent sur l’exploitation de matières premières qui, elles, ne sont pas renouvelables. »

    « Ces énergies – [dites] « vertes » ou « décarbonées » – reposent en réalité sur des activités génératrices de #gaz_à_effet_de_serre . »

    « N’y a-t-il pas une ironie tragique à ce que la pollution qui n’est plus émise dans les agglomérations grâce aux voitures électriques soit simplement déplacée dans les zones minières où l’on extrait les ressources indispensables à la fabrication de ces dernières ?

    .. En ce sens, la transition énergétique et numérique est une transition pour les classes les plus aisées : elle dépollue les centres-villes, plus huppés, pour mieux lester de ses impacts réels les zones plus miséreuses et éloignées des regards. »

    « Certaines technologies vertes sur lesquelles se fonde notre idéal de sobriété énergétique nécessitent en réalité, pour leur fabrication, davantage de matières premières que des technologies plus anciennes. »

    .. « Un futur fondé sur les technologies vertes suppose la consommation de beaucoup de matières, et, faute d’une gestion adéquate, celui-ci pourrait ruiner […] les objectifs de développement durable. » (The World Bank Group, juin 2017.)

    « Le #recyclage dont dépend notre monde + vert n’est pas aussi écologique qu’on le dit. Son bilan environnemental risque même de s’alourdir à mesure que nos sociétés produiront des alliages + variés, composés d’un nombre + élevé de matières, ds des proportions tjrs + importantes »

    « Dans le monde des matières premières, ces observations relèvent le + souvent de l’évidence ; pr l’immense majorité d’entre nous, en revanche, elles sont tellement contre-intuitives qu’il va certainement nous falloir de longues années avant de bien les appréhender & faire admettre. Peut-être [dans 30 ans] nous dirons-nous aussi que les énergies nucléaires sont finalement moins néfastes que les technologies que nous avons voulu leur substituer et qu’il est difficile d’en faire l’économie dans nos mix énergétiques. »

    « Devenue productrice prépondérante de certains métaux rares, la Chine [a] désormais l’opportunité inédite d’en refuser l’exportation vers les États qui en [ont] le plus besoin. […] Pékin produit 44 % de l’#indium consommé dans le monde, 55 % du vanadium, près de 65 % du #spath_fluor et du #graphite naturel, 71 % du germanium et 77 % de l’antimoine. La Commission européenne tient sa propre liste et abonde dans le même sens : la Chine produit 61 % du silicium et 67 % du germanium. Les taux atteignent 84 % pour le tungstène et 95 % pour les terres rares. Sobre conclusion de Bruxelles : « La Chine est le pays le plus influent en ce qui concerne l’approvisionnement mondial en maintes matières premières critiques ». »

    « La République démocratique du Congo produit ainsi 64 % du #cobalt, l’Afrique du Sud fournit 83 % du platine, de l’iridium et du #ruthénium, et le Brésil exploite 90 % du #niobium. L’Europe est également dépendante des États-Unis, qui produisent plus de 90 % du #béryllium . »

    « Les 14 pays membres de l’OPEP, capables depuis des décennies d’influencer fortement les cours du baril, ne totalisent « que » 41 % de la prod. mondiale d’or noir… La Chine, elle, s’arroge jusqu’à 99 % de la prod. mondiale de terres rares, le + convoité des métaux rares ! »

    Aimants — « Alors qu’à la fin de la décennie 1990 le Japon, les États-Unis et l’Europe concentraient 90 % du marché des aimants, la Chine contrôle désormais les 3/4 de la production mondiale ! Bref, par le jeu du chantage « technologies contre ressources », le monopole chinois de la production des minerais s’est transposé à l’échelon de leur transformation. La Chine n’a pas trusté une, mais deux étapes de la chaîne industrielle. C’est ce que confirme la Chinoise Vivian Wu : « Je pense même que, dans un avenir proche, la Chine se sera dotée d’une industrie de terres rares totalement intégrée d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur. » Vœu déjà en partie réalisé. Il a surtout pris racine dans la ville de #Baotou, en #Mongolie-Intérieure . »

    « Baotou produit chaque année 30 000 tonnes d’aimants de terres rares, soit le tiers de la production mondiale. »

    « Nos besoins en métaux rares se diversifient et s’accroissent de façon exponentielle. […] D’ici à 2040, nous devrons extraire trois fois plus de terres rares, cinq fois plus de tellure, douze fois plus de cobalt et seize fois plus de #lithium qu’aujourd’hui. […] la croissance de ce marché va exiger, d’ici à 2050, « 3 200 millions de tonnes d’acier, 310 millions de tonnes d’aluminium et 40 millions de tonnes de #cuivre 5 », car les éoliennes engloutissent davantage de matières premières que les technologies antérieures.

    .. « À capacité [de production électrique] équivalente, les infrastructures […] éoliennes nécessitent jusqu’à quinze fois davantage de #béton, quatre-vingt-dix fois plus d’aluminium et cinquante fois plus de fer, de cuivre et de verre » que les installations utilisant des #combustibles traditionnels, indique M. Vidal. Selon la Banque mondiale, qui a conduit sa propre étude en 2017, cela vaut également pour le solaire et pour l’hydrogène. […] La conclusion d’ensemble est aberrante : puisque la consommation mondiale de métaux croît à un rythme de 3 à 5 % par an, « pour satisfaire les besoins mondiaux d’ici à 2050, nous devrons extraire du sous-sol plus de métaux que l’humanité n’en a extrait depuis son origine ».

    .. Que le lecteur nous pardonne d’insister : nous allons consommer davantage de #minerais durant la prochaine génération qu’au cours des 70 000 dernières années, c’est-à-dire des cinq cents générations qui nous ont précédés. Nos 7,5 milliards de contemporains vont absorber plus de #ressources_minérales que les 108 milliards d’humains que la Terre a portés jusqu’à ce jour. » (211-214)

    Sans parler des « immenses quantités d’eau consommées par l’industrie minière, [des] rejets de gaz carbonique causés par le transport, [du] #stockage et [de] l’utilisation de l’énergie, [de] l’impact, encore mal connu, du recyclage des technologies vertes [de] toutes les autres formes de pollution des #écosystèmes générées par l’ensemble de ces activités [et] des multiples incidences sur la biodiversité. » (215)

    « D’un côté, les avocats de la transition énergétique nous ont promis que nous pourrions puiser à l’infini aux intarissables sources d’énergie que constituent les marées, les vents et les rayons solaires pour faire fonctionner nos technologies vertes. Mais, de l’autre, les chasseurs de métaux rares nous préviennent que nous allons bientôt manquer d’un nombre considérable de matières premières. Nous avions déjà des listes d’espèces animales et végétales menacées ; nous établirons bientôt des listes rouges de métaux en voie de disparition. » (216)

    « Au rythme actuel de production, les #réserves rentables d’une quinzaine de métaux de base et de métaux rares seront épuisées en moins de cinquante ans ; pour cinq métaux supplémentaires (y compris le fer, pourtant très abondant), ce sera avant la fin de ce siècle. Nous nous dirigeons aussi, à court ou moyen terme, vers une pénurie de vanadium, de #dysprosium, de #terbium, d’#europium & de #néodyme. Le #titane et l’indium sont également en tension, de même que le cobalt. « La prochaine pénurie va concerner ce métal, Personne n’a vu le problème venir. »

    « La #révolution_verte, plus lente qu’espéré, sera emmenée par la Chine, l’un des rares pays à s’être dotés d’une stratégie d’approvisionnement adéquate. Et Pékin ne va pas accroître exagérément sa production de métaux rares pour étancher la soif du reste du monde. Non seulement parce que sa politique commerciale lui permet d’asphyxier les États occidentaux, mais parce qu’il craint à son tour que ses ressources ne s’amenuisent trop rapidement. Le marché noir des terres rares, qui représente un tiers de la demande officielle, accélère l’appauvrissement des mines, et, à ce rythme, certaines réserves pourraient être épuisées dès 2027. »

    De la question « du #taux_de_retour_énergétique (#TRE), c’est-à-dire le ratio entre l’énergie nécessaire à la production des métaux et celle que leur utilisation va générer. […] C’est une fuite en avant dont nous pressentons l’absurdité. Notre modèle de production sera-t-il encore sensé le jour où un baril permettra tt juste de remplir un autre baril ? […] Les limites de notre système productiviste se dessinent aujourd’hui plus nettement : elles seront atteintes le jour où il nous faudra dépenser davantage d’énergie que nous ne pourrons en produire. »

    « Plusieurs vagues de #nationalisme minier ont déjà placé les États importateurs à la merci de pays fournisseurs prtant bien moins puissants qu’eux. En fait de mines, le client ne sera donc plus (toujours) roi. La géopolitique des métaux rares pourrait faire émerger de nouveaux acteurs prépondérants, souvent issus du monde en développement : le #Chili, le #Pérou et la #Bolivie, grâce à leurs fabuleuses réserves de lithium et de cuivre ; l’#Inde, riche de son titane, de son #acier et de son #fer ; la #Guinée et l’#Afrique_australe, dont les sous-sols regorgent de bauxite, de chrome, de manganèse et de platine ; le Brésil, où le bauxite et le fer abondent ; la Nouvelle-Calédonie, grâce à ses prodigieux gisements de #nickel. » (226-227)

    « En engageant l’humanité ds la quête de métaux rares, la transition énergétique & numérique va assurément aggraver dissensions & discordes. Loin de mettre un terme à la géopol. de l’énergie, elle va au contraire l’exacerber. Et la Chine entend façonner ce nouveau monde à sa main. »

    « Les #ONG écologistes font la preuve d’une certaine incohérence, puisqu’elles dénoncent les effets du nouveau monde plus durable qu’elles ont elles-mêmes appelé de leurs vœux. Elles n’admettent pas que la transition énergétique et numérique est aussi une transition des champs de pétrole vers les gisements de métaux rares, et que la lutte contre le réchauffement climatique appelle une réponse minière qu’il faut bien assumer. » (234-235)

    « La bataille des terres rares (et de la transition énergétique et numérique) est bel et bien en train de gagner le fond des mers. Une nouvelle ruée minière se profile. […] La #France est particulièrement bien positionnée dans cette nouvelle course. Paris a en effet mené avec succès, ces dernières années, une politique d’extension de son territoire maritime. […] L’ensemble du #domaine_maritime français [est] le deuxième plus grand au monde après celui des #États-Unis. […] Résumons : alors que, pendant des milliers d’années, 71 % de la surface du globe n’ont appartenu à personne, au cours des six dernières décennies 40 % de la surface des océans ont été rattachés à un pays, et 10 % supplémentaires font l’objet d’une demande d’extension du plateau continental. À terme, les États pourvus d’une côte exerceront leur juridiction sur 57 % des fonds marins. Attirés, en particulier par le pactole des métaux rares, nous avons mené, en un tps record, la + vaste entreprise d’#appropriation_de_territoires de l’histoire. »

    « Le projet, entonné en chœur par tous les avocats de la #transition_énergétique et numérique, de réduire l’impact de l’homme sur les écosystèmes a en réalité conduit à accroître notre mainmise sur la #biodiversité. » (248)

    « N’est-il pas absurde de conduire une mutation écologique qui pourrait tous nous empoisonner aux métaux lourds avant même que nous l’ayons menée à bien ? Peut-on sérieusement prôner l’harmonie confucéenne par le bien-être matériel si c’est pour engendrer de nouveaux maux sanitaires et un #chaos_écologique – soit son exact contraire ? » (252)

    Métaux rares, transition énergétique et capitalisme vert https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2023/01/23/metaux-rares-transition-energetique-et-capitalisme-vert_4727 (Lutte de classe, 10 janvier 2023)

    #écologie #capitalisme #impérialisme

  • Manuel de rhétorique à l’usage du repas de Noël
    https://www.socialter.fr/article/manuel-de-rhetorique-a-l-usage-du-repas-de-noel

    Jean-Michel, c’est ton oncle pas vraiment climato-négationniste, mais un peu écolo-sceptique. Son problème, c’est qu’à force de regarder les talk-shows sur CNews, son intérêt pour l’écologie en a pris un sacré coup. À qui veut l’entendre, il répète qu’il n’a aucune intention d’infléchir son mode de vie. Le repas de Noël est alors devenu pour lui une sorte de tribune annuelle, une occasion sublime pour fracasser la paix familiale en sortant sur un ton bourru quelques énormités. D’habitude, tu te servais un autre verre en soupirant. Cette année, tu as décidé que c’était à ton tour d’aller ferrailler avec Jean-Michel. Mais, aussi, de ne pas tomber dans son jeu : le laisser te hérisser le poil, te faire sortir de tes gonds et abandonner toute argumentation au profit d’anathèmes à réchauffer un marron glacé. L’esprit de Noël, c’estaussi ça : les miracles arrivent… et Jean-Michel peut se laisser convaincre que le combat écologique est l’enjeu du siècle.

  • Pour esquiver la décision suisse, Rheinmetall construit une nouvelle usine de munitions en Allemagne ats/miro - RTS

    Après le refus de la Suisse d’autoriser l’Allemagne à livrer des munitions à l’Ukraine pour les chars Guépard, Rheinmetall a décidé de construire une nouvelle usine en Allemagne. Le but est d’assurer l’approvisionnement indépendant de l’armée allemande en systèmes d’armes importants.


    Rheinmetall Canada - CANSEC 2016

    Les installations de production de munitions de moyen calibre devraient être prêtes en janvier, a confirmé le groupe de matériel de défense allemand à l’agence de presse DPA. L’entreprise évoque un besoin de rattrapage considérable en matière de munitions en Allemagne.

    « Ces lacunes doivent être comblées conformément aux directives de l’OTAN », a déclaré un porte-parole de l’entreprise d’armement. Le site doit produire des munitions pour les calibres 20-35 millimètres. La production devrait débuter en juin 2023.

    Soulagement de la commission de défense du Parlement allemand
    Rheinmetall sera en mesure de livrer un premier lot de munitions pour le char Guépard dès le mois de juillet, précise le porte-parole. Il devrait être destiné à l’Ukraine. L’Allemagne a donné à Kiev des Guépard, mais n’a pas pu fournir beaucoup de munitions. Ces chars sont équipés d’un double canon de 35 mm fabriqué par le groupe suisse Oerlikon, qui appartient à Rheinmetall.

    « Je suis très soulagé que l’industrie ait réagi aussi rapidement », a déclaré jeudi la présidente de la commission de défense du Parlement allemand, Marie-Agnes Strack-Zimmermann (FDP). « À l’avenir, davantage de munitions, dont nous avons un besoin urgent, seront fabriquées en Allemagne », a-t-elle ajouté, soulignant « il est primordial que l’Allemagne devienne plus indépendante en matière de fabrication de munitions, en collaboration avec ses partenaires de l’OTAN ».

    Berlin prévoit de dépenser vingt milliards d’euros
    L’armée allemande achète également des munitions suisses pour son système d’armement antiaérien Mantis, pour l’armement principal du char de grenadiers Puma, pour un canon de la marine ainsi que pour les avions de combat Tornado et Eurofighter. Il s’agit de munitions d’un calibre de 20 à 35 millimètres, qui seront désormais aussi fabriquées en Allemagne.

    Berlin prévoit de dépenser au total plus de 20 milliards d’euros en munitions dans les années à venir, y compris des missiles et des munitions d’artillerie.

    #armes #munitions #guerre #otan #nato #Allemagne #Rheinmetall (+/- 23 000 employés) #industrie

  • Italy’s government is targeting NGOs saving people at sea. It is nothing new.

    I was there the first time around – and so were many journalists. At @open_migration we told the story of the dirty war waged against NGOs saving lives.

    This story starts on Easter weekend, 2017.
    During that weekend, 8,300 people were rescued in the Mediterranean: 1,300 by Frontex and the others by several NGOs in coordination with the Italian Coast Guard.

    @Giu_Bertoluzzi was on board of one of the ships – this is her logbook:
    https://openmigration.org/en/analyses/the-eight-thousand-migrants-saved-at-easter-logbook-of-a-rescue-missi

    “Too smart for their own good” (Renzi, then Italy’s PM), “Taxi cabs for migrants” (Di Maio).

    That weekend marked the start of the smear campaign against NGOs: @Lorenzo_Bagnoli @FraFloris made sense of the mix of unfounded claims and accusations:
    https://openmigration.org/en/analyses/accusations-against-ngos-at-sea-what-is-false-or-misleading-in-that-s

    It was also the start of the infamous “pull factor” claim, coming – no surprise – from Fabrice Leggeri, then executive director of Frontex.

    He would become a central figure in this political game - this is the last we heard of him:
    https://www.spiegel.de/international/europe/fabrice-leggeri-s-resignation-the-final-days-of-the-frontex-chief-a-a238224a

    That summer the Mediterranean was the scene of a brutal political game, with the Italian government working to delegitimize NGOs.

    “They have been forced to back away from, sometimes even renounce, their role in rescuing migrants” explained @alaskaHQ.
    https://openmigration.org/en/analyses/eight-things-we-have-learnt-from-the-papers-on-the-iuventa

    A main feature was of course the Minniti-sponsored code of conduct for NGOs.

    This legitimized the idea that they were acting in anarchy before this measures, while all the while they had been working under the Rome command of the Italian Coast Guard.
    https://openmigration.org/en/analyses/what-is-changing-in-the-med-five-things-you-must-know

    The militarisation of the Mediterranean continued throughout 2018, with a critical point with the seizure of Open Arms and accusations of criminal conspiracy and aiding illegal immigration.

    @alaskaHQ @Lorenzo_Bagnoli and @clatorrisi reported:
    https://openmigration.org/en/analyses/the-prosecutors-case-against-the-rescue-ship-open-arms

    Accusations were dropped and one month later the Open Arms was free to sail again.

    (Meanwhile Frontex was relaunching fears of terrorist attacks while introducing its new programme to secure European borders)
    https://openmigration.org/en/analyses/the-open-arms-case-continued-new-documents-and-malta

    I’d like for this story to have an end but there isn’t one.

    In 2017, Easter weekend marked the start of a dirty, dirty war that has claimed thousand of lives. NGOs were witnesses that the EU and the Italian government did not want around.
    And that is still the case.

    #chronologie #criminalisation_du_sauvetage #sauvetage #migrations #asile #réfugiés #Méditerranée #mer_Méditerranée #taxi #taxi_del_mare #pull_factor #facteur_pull #rhétorique #solidarité #Di_Maio #Luigi_Di_Maio #Matteo_Renzi #Renzi #Italie #rhétorique #accusations #Leggeri #Fabrizio_Leggeri #Frontex #codice_di_condotta #Minniti

  • Larmes de patrons - Coup de gueule Le Hollandais Volant
    https://lehollandaisvolant.net/?d=2022/08/04/13/21/07-larmes-de-patrons

     On est pris en otage" : un directeur de parc d’attractions écœuré par les demandes des saisonniers https://rmc.bfmtv.com/actualites/economie/travail/on-est-pris-en-otage-un-directeur-de-parc-d-attractions-ecoeure-par-les-d

    C’est marrant, car quand les travailleurs se sentaient pris en otage par le marché du travail saturé et contrôlé par les patrons, BFM et TF1 n’en parlait pas. Maintenant que le rapport de force a changé, c’est ouin-ouin matin, midi et soir.

    Voyons ça du point de vue d’un employé lambda :

    Ceux qui viennent travailler chez nous indiquent leurs conditions à leur arrivée

    Oui ça s’appelle un contrat : tu vois, le truc dans lequel les deux partis indiquent leurs conditions, puis signent.
    On vous a dit que c’était un truc écrit par les RH et à faire signer par les employés ? On vous a menti. Bye bye, au suivant !

    On paie au Smic mais avec des qualités de travail exceptionnelles.

    Voyons quel est le problème ? Ah oui : les quatre premiers mots de ta phrase.
Parce qu’EDF, Orange, Free, Suez, etc. s’en branlent de l’ambiance à ton travail : ce qu’ils veulent c’est qu’on leur paye les factures. Or, c’est pas une bonne ambiance qu’on paye ça, mais avec une partie du salaire.


    Et comme les prix augmentent mais pas le smic, bah les gens vont là où on paye autre chose que le smic.
… et si t’es obligé de fermer, car tu peux pas faire tourner la boutique, désolé pour toi, mais c’est que ton business pue la merde d’un point de vue économique. C’est tout.

    Il y a une bonne ambiance et ceux qui viennent une première saison, reviennent en général d’année en année

    Visiblement pas, car sinon tu serais pas plus en manque cette année que l’an dernier. Et puis franchement, quand vous les patrons faites des vérifications de références sur un CV en contactant les anciens employeurs, bah nous on fait pareil. Une boîte qui paye pas, ou une boîte où les conditions sont merdiques, ça se sait très vite. Et ça marche aussi dans l’autre sens : une boîte qui est prête à payer pour recruter ça se sait également.

    "Avant de commencer ils demandent des jours de congés. Quand on signe un contrat de travail, ils s’en foutent, ils n’ont aucun devoir. Ils viennent deux jours et ne viennent plus sans prévenir. La personne qui signe un contrat de travail en tant que salarié n’a aucun devoir. Il n’a aucune valeur juridique, les gens font ce qu’ils veulent de leur contrat de travail. On est pris en otage.

    Oui ça s’appelle la période d’essai. Tu sais, le truc que tu utilises (toi et tes potes patrons) pour jarter les employés du jour au lendemain.
Autrement tu racontes absolument n’importe quoi. Le contrat est un contrat pour les deux parties et ça a une valeur, justement.

    La première année, vous êtes payés au Smic. La deuxième vous avez 100 euros de plus et encore 100 euros la troisième.

    Bravo ! au train où vont les choses, ça n’est pas une augmentation, ça, c’est juste le SMIC qui suit l’inflation.

    On a une fidélisation pour ceux qui sont venus une première fois et on l’esprit du travail. Vous avez également plus de responsabilités", explique-t-il.

    On a plus de responsabilités. Ok, donc ça mérite un salaire plus élevé, si ne me trompe pas. Du coup la hausse de 100€ dont tu parles, c’est pour les responsabilités en plus ? la fidélité ? ou ton bon cœur ? Un choix possible parmi les trois.

    Car si tu veux la jouer « chuis sympa, je récompense les fidèles et le travail en plus », c’est 3×100 € qu’il faut donner.

    Mais c’est difficile de donner à un jeune de 16-17-18 ans plus que le Smic alors qu’il ne connaît pas du tout le travail

    Très juste.
C’est pour ça qu’il existe l’intérim et la période d’essai.
De là, l’augmentation c’est pas au bout d’un an qu’il faut la donner : c’est au bout d’une semaine. Tu serais surpris de constater où ça mène de récompenser les efforts.

    Enfin ça c’est si on est un formateur, un chef d’équipe. C’est sûr que si t’es un pingouin qui fait du Power-Point / Excel huit heures par jour dans un bureau sans voir qui fait quoi dans ton entreprise, c’est plus difficile de repérer les bons éléments et les branleurs.

    Le rapport s’est inversé" ", déplore Vincent Humbert.

    You goddamn right !

    Comme j’ai dit, quand les travailleurs gueulaient vous n’avez pas voulu écouter. Vous vous êtes même foutus de nous.

    La fête est finie maintenant : vous partagez ou vous crevez.

    Ah et dernière chose : si vos employés se barrent, c’est généralement qu’ils se barrent ailleurs, parce que ailleurs ça paye mieux. Ils traversent des rues, comme Manu leur a dit de faire, tu vois ?

    Ça veut donc dire qu’il existe des patrons qui eux sont moins cons et payent correctement. Je me répète, mais : vous partagez ou vous crevez. Et si c’est pas possible, je me répète encore, c’est que ton business pue et que t’es pas à la hauteur.

    #salarié #salariat #salaires #intérim #business #France #contrat #rh

  • De l’incertitude scientifique à l’ignorance stratégique
    https://metropolitiques.eu/De-l-incertitude-scientifique-a-l-ignorance-strategique.html

    En l’absence de données, les incertitudes sur les risques sanitaires des pollutions industrielles restent fortes et sont utilisées par les firmes privées pour affirmer que leurs activités ne sont pas nocives. Gwenola Le Naour et Valentin Thomas analysent ici comment se maintient cette « ignorance scientifique » dans la vallée de la chimie lyonnaise. Le 10 mai 2022, une réunion publique est organisée à #Lyon pour présenter les résultats d’une enquête menée par des journalistes de France Télévisions sur #Terrains

    / Lyon, #pollution, #industrie, #Rhône-Alpes, santé, #risque

    #santé
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_lenaour-thomas.pdf

  • Non, le sauvetage des migrants en mer n’entraîne pas d’“#appel_d’air

    L’arrêt, fin 2014, de l’opération italienne Mare Nostrum[1] de sauvetage des migrants en mer Méditerranée a en partie résulté de critiques selon lesquelles ces sauvetages créeraient un « appel d’air ». Les ONG qui ont pris la relève ont été et sont régulièrement sous le feu des mêmes critiques. Mais qu’en est-il au juste ? Décryptage.

    La théorie de l’appel d’air, appliquée aux opérations de sauvetage en mer, voudrait dire que les flux des migrants sont la conséquence de ces opérations. Autrement dit, il n’y aurait pas de migrants (ou il y en aurait moins), s’il n’y avait pas de navires de sauvetage des naufragés en mer Méditerranée. Par conséquent, d’après ces discours, les naufragés sont des victimes de ces opérations de sauvetage. SOS Méditerranée, une des ONG engagées dans ces opérations, et qui sont ciblées par les critiques, a documenté les « fake news » qu’elles comprennent. Elle rétablit les faits à travers un « dossier thématique »[2]

    Francis Vallat, le directeur de cette organisation humanitaire déplore : “Ce qui est grave, c’est qu’elle (cette théorie) a toutes les apparences du bon sens, ce qui la rend dangereuse et perverse car elle sert de base à toutes sortes de manipulations vis-à-vis de personnes crédules ou trop pressées pour approfondir”[3].

    Un bref aperçu sur ces opérations de sauvetage et sur leur suspension contredit largement l’argument du supposé appel d’air.

    L’arrêt des sauvetages n’a pas tari le flux migratoire méditerranéen

    Avec la fin de #Mare_Nostrum, les personnes exilées qui tentaient de traverser la Méditerranée étaient livrées à elles-mêmes. Si l’idée qui sous-tendait cet arrêt était de contenir les flux migratoires, les faits auront toutefois témoigné d’un effet boomerang. Les tentatives de traversée de la Méditerranée par les migrant•es se sont poursuivies voire amplifiées à leurs risques et périls.

    Début 2016, des ONG s’engagent en Méditerranée à la rescousse de milliers de migrant·es qui s’y noient régulièrement. Il fallait “sauver des vies face à l’urgence humanitaire”, soutient Francis Vallat, car “la Méditerranée s’était retrouvée sans aucun moyen dédié au sauvetage en haute mer après la fin de l’opération Mare Nostrum” [4].

    La fin des sauvetages dans le cadre de Mare Nostrum n’avait pas freiné les flux migratoires, bien au contraire, et les cas de noyade de migrants s’intensifiaient. Le HCR, qui réclamait une “opération mare nostrum européenne”[5] déplorait une “hécatombe jamais vue en Méditerranée”. Au premier trimestre 2015, l’Organisation internationale des migrations avait rapporté en effet quelque 480 migrants morts en Méditerranée contre 50 dans la même période l’année précédente d’après un article du Monde[6].

    Les naufrages se sont multipliés par 30 en 2015, en comparaison avec l’année précédente, sans que cela ne dissuade pour autant de nouveaux migrants à s’engager en Méditerranée. En avril, soit 5 mois après la fin de l’opération italienne, entre 500 et 1000 migrants traversaient quotidiennement la Méditerranée en provenance d’Afrique du Nord et des centaines perdaient régulièrement la vie car les embarcations de fortune chaviraient systématiquement. Les arrivées en Europe en 2015 seront 5 fois plus élevées qu’en 2014[7].

    Il paraît clair que les flux migratoires ne sont pas la conséquence ou un effet de la présence des sauveteurs en mer. L’opération humanitaire italienne n’a pas précédé ces flux, c’est plutôt l’inverse, comme ils n’ont pas cessé à sa fin. Loin d’être un frein aux flux, la suspension des sauvetages entraîne simplement l’augmentation des naufrages. De même, comme en Méditerranée, la fermeture des frontières franco-anglaises, à travers notamment les accords du Touquet, n’empêche pas les flux migratoires vers le Royaume Uni, elle conduit à la multiplication des cas de noyade. Les traversées de la Manche par des small boats se multiplient encore aujourd’hui, les naufrages aussi.

    Notes
    Notes ↑1 L’opération Mare Nostrum est une opération lancée par la marine italienne en octobre 2013 pour venir au secours des navires en détresse de migrants traversant la Méditerranée. Elle prit fin en octobre 2014. Pour les détails, voir https://bit.ly/3AFUL0U
    ↑2 SOS Méditerranée, « Fake News, rétablir les faits sur le sauvetage en Mer ». URL : https://bit.ly/3LRKanGv
    ↑3 « SOS Méditerranée : ne pas lâcher l’humanité », Sens-Dessous, vol. 24, no. 2, 2019, p. 46.
    ↑4 « SOS Méditerranée : ne pas lâcher l’humanité », Sens-Dessous, vol. 24, no. 2, 2019, pp. 46
    ↑5 UNHCR, “Le HCR appelle à intensifier l’opération de recherche et sauvetage en Méditerranée”, 2015. Publié sur https://bit.ly/3vPAPpJ
    ↑6 Le Monde, “Plus de 5 600 clandestins sauvés en trois jours en Méditerranée”, 2015. Publié sur https://bit.ly/3KcFR5E
    ↑7 OIM (2016), “L’OIM recense 3 771 décès de migrants dans la Méditerranée en 2015”, publié sur https://bit.ly/3A9784g

    https://www.icmigrations.cnrs.fr/2022/09/29/desinfox-28-non-le-sauvetage-des-migrants-en-mer-nentraine-pas-dap

    #asile #migrations #frontières #rhétorique #afflux #invasion #sauvetage #sauvetage_en_mer #solidarité

    voir aussi :
    https://seenthis.net/tag/appel_d%E2%80%99air

  • La parole et ses règles
    https://laviedesidees.fr/La-parole-et-ses-regles.html

    À propos de : Clément Viktorovitch, Le #pouvoir #rhétorique, apprendre à convaincre et à décrypter les #discours, Seuil. Le discours peut induire en erreur aussi bien que convaincre du vrai. L’ouvrage salutaire de Clément Viktorovitch rappelle les règles fondamentales de la rhétorique, avec ses pièges et ses ressources.

    #Philosophie #raison
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220901_viktorovitch.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220901_viktorovitch.docx

  • De la #démocratie en #Pandémie. #Santé, #recherche, #éducation

    La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/De-la-democratie-en-Pandemie

    –-

    Et une citation :

    « La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des #polémiques à la #confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le #savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’ _#omerta_ n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant. »

    #syndémie #désert_médical #zoonose #répression #prévention #confinement #covid-19 #coronavirus #inégalités #autonomie #état_d'urgence #état_d'urgence_sanitaire #exception #régime_d'exception #Etat_de_droit #débat_public #science #conflits #discussion_scientifique #résistance #droit #santé #grève #manifestation #déni #rationalité #peur #panique #colère #confinement #enfermement #défiance #infantilisation #indiscipline #essentiel #responsabilité #improvisation #nudge #attestation_dérogatoire_de_déplacement #libéralisme_autoritaire #autoritarisme #néolibéralisme #colloque_Lippmann (1938) #économie_comportementale #Richard_Thaler #Cass_Sunstein #neuroscience #économie #action_publique #dictature_sanitaire #consentement #acceptabilité_sociale #manufacture_du_consentement #médias #nudging #consulting #conseil_scientifique #comité_analyse_recherche_et_expertise (#CARE) #conseil_de_défense #hôpitaux #hôpital_public #système_sanitaire #éducation #destruction #continuité_pédagogique #e-santé #université #portefeuille_de_compétences #capital_formation #civisme #vie_sociale #déconfinement #austérité #distanciation_sociale #héroïsation #rhétorique_martiale #guerre #médaille_à_l'engagement #primes #management #formations_hybrides #France_Université_Numérique (#FUN) #blended_learning #hybride #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR ou #LPPR) #innovation #start-up_nation #couvre-feu #humiliation #vaccin #vaccination
    #livre #livret #Barbara_Stiegler

    • secret @jjalmad
      https://twitter.com/jjalmad/status/1557720167248908288

      Alors. Pour Stiegler je veux bien des ref si tu as ça, j’avais un peu écouté des conf en mode méfiance mais il y a un moment, sans creuser, et je me disais que je devais pousser parce qu’en effet grosse ref à gauche

      @tapyplus

      https://twitter.com/tapyplus/status/1557720905828253698

      Check son entretien avec Desbiolles chez les colibris par ex. T’as aussi ses interventions à ASI, son entretien avec Ruffin, etc. C’est une philosophe médiatique, on la voit bcp. Et elle dit bien de la merde depuis qq tps. Aussi un live de la méthode scientifique avec Delfraissy

      Je suis pas sur le PC mais je peux te lister pas mal de sources. D’autant plus pbtk parce que « réf » à gauche. Mais dans le détail elle dit de la merde en mode minimiser le virus + méconnaissance de l’antivaccinisme. Et du « moi je réfléchit » bien claqué élitiste et méprisant.

      Quelques interventions de B Stiegler (en vrac) :
      Alors la première m’avait interpellée vu qu’elle était partie en HS complet à interpeller Delfraissy sur les effets secondaires des vaccins : https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/et-maintenant-la-science-d-apres-8387446
      (le pauve N Martin se retrouvait sur un débat complètement HS)

      Il y a d’une part la critique politique (rapport à la démocratie en santé publique), mais pour Stiegler outre la position « le gvt en fait trop, c’est des mesures autoritaires inutiles » elle se positionne par ailleurs sur des choix

      Parler des EI des vaccins sans balancer avec les effets de la maladie. Utilisation de la santé mentale des enfants pour critiquer le port du masque à l’école, lecture de la situation où il n’y aurait que gvt vs libertay, et en omettant complètement toutes les positions développées par l’autodéfense sanitaire et les militants antivalidistes et de collectifs de patients (immunodéprimés, covid long, ...) quand ils ne vont pas dans son narratif.

      Elle met de côté toutes les lectures matérialistes de la situation et sort clairement de son champ de compétence sur certains points, tout en ne donnant que très peu de sources et de points de référence pour étayer ses propos.

      Genre elle critique la pharmacovigilance et les EI mais elle ne donne jamais aucune source ni aucune information sur les outils, méthodes et acteurs qui travaillent ces sujets. Pareil quand elle dit découvrir les critiques des vaccination. Il y a de quoi faire avec les travaux historique sur la #santé_publique et la vaccination. A t elle interrogé des spécialiste de ces sujets, notamment les spécialistes qui ne vont pas que dans le sens de son propos. Elle semble manquer cruellement de référence historique sur le sujet alors qu’elle s’en saisit et qu’elle a une aura d’#intellectuelle_de_gauche, donc plein de monde lui accorde une confiance et trouve qu’elle est très pertinente sur certains sujets. Mais sur le traitement des points techniques elle me semble plutôt à la ramasse et ce qui ne va pas dans son sens est renvoyé à la doxa gouvernementale ou technoscientiste liberale, sans apparemment regarder les contenus eux même. Et Desbiolles c’est pareil. Alla je connais moins et je l’ai entendu dire qq trucs pertinents (sur les profils des non vaccines par exemple) mais le fait qu’il cite Desbiolles devant l’opecst, alors que celle ci racontait des trucs bien limites sur les masques et les enfants, ça me met des warnings.

      Je rajouterai 2 points : 1) il y a des sujets super intéressants à traiter de trouver comment on construit une position collective sur des questions de santé publique, ni individualiste ni subissant l’autorité de l’état. Genre comment penser une réflexions sur les vaccinations (en général, pas spécifiquement covid) dans une perspective émancipatrice et libertaire, comment on fait collectif, comment on mutualise des risques, comment on se donne des contraintes individuelles pour soutenir celles et ceux qui en ont plus besoin.

      Stiegler ne fait que critiquer l’autoritarisme d’état, parle de démocratie, mais ne propose aucune piste concrète ni axe de réflexion pour développer cela. D’autres personnes le font et développent cela, et c’est des sujets non triviaux sur lesquels il est important de délibérer.

      2) Un autre point c’est son discours, comme ceux d’autres intellectuels, est surtout axé sur la partie « choix libre » de la phrase « choix libre et éclairé », et n’évoquent pas vraiment la manière dont on construit collectivement la partie « éclairé »

      Il y a des sujets super importants à traiter sur le rapport aux paroles d’expert, de la place des scientifiques dans un débat public, de la dialectique entre connaissance scientifique et choix politiques et éthiques, bref plein d’enjeux d’éducation populaire

      Ah et aussi dernier point que j’ai déjà évoqué par le passé : l’axe « liberté » sur les questions de vaccination, c’est un argument central des discours antivaccinaux, qui axent sur le fait que les individus peuvent choisir librement etc. C’est assez documenté et c’est par exemple un registre argumentaire historique de la Ligue Nationale Pour la Liberté de Vaccination (LNPLV), qui défend le rapport au choix, défendant les personnes qui ont refusé les vaccinations obligatoires. Mais sous couvert de nuance et de démocratie, ce sont des positions antivaccinales assez claires qui sont défendues. Ce truc de la nuance et de la liberté, tu la retrouves par exemple également chez les anthroposophes (j’en parlais récemment dans un thread).

      j’ai enfin compris pourquoi on dit intellectuel de gauche : c’est pour indiquer avec quel pied leur marcher dessus.

  • La sécheresse aggrave la crise énergétique en Europe
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/090822/la-secheresse-aggrave-la-crise-energetique-en-europe

    Déjà fortement ébranlé par les menaces de pénurie de gaz, le système électrique européen voit les productions s’effondrer, en raison de la #sécheresse installée depuis le début de l’année. Jamais les prix de l’#électricité n’ont été aussi élevés sur le continent.

    Depuis plusieurs semaines, les autorités allemandes surveillent avec inquiétude les eaux du #Rhin. Dans quelques jours, une des principales voies commerciales de l’Europe risque d’être fermée : le cours du fleuve est à son plus bas niveau depuis 2018 – dernière année où la circulation fluviale avait dû être interrompue sur le Rhin, en raison du manque d’eau – et pourrait devenir rapidement impraticable, coupant tout le transport fluvial. Au risque d’aggraver la crise énergétique : le Rhin est la voie privilégiée pour transporter le charbon pour les centrales thermiques de l’ouest du pays, mais aussi pour le transport du pétrole pour tous les pays que le fleuve traverse (Pays-Bas, Allemagne, France et Suisse).

    Alors que les menaces russes de pénurie gazière mettent déjà le système à rude épreuve, les difficultés qui pèsent désormais sur les approvisionnements des centrales au charbon, devenues un ultime recours en Allemagne, viennent compliquer encore la situation. « Les transports de charbon sont déjà réduits en raison du bas niveau des eaux, car peu de bateaux sont utilisables et ceux qui le sont transportent moins de marchandises », a déjà prévenu l’énergéticien allemand EnBW dans un communiqué. « Les coûts de transport du charbon ont donc augmenté, ce qui augmente à leur tour les coûts d’exploitation des centrales à charbon. »

    De son côté, le groupe d’énergie allemand Uniper, qui vient d’être renfloué par le gouvernement, a indiqué qu’il prévoyait de réduire la production de certaines de ses centrales de charbon, en raison des problèmes d’acheminement sur le Rhin. La Suisse, elle, réfléchit à utiliser ses stocks stratégiques afin d’assurer l’approvisionnement en essence et en diesel.

    L’arrêt de la circulation sur le Rhin est la dernière mauvaise nouvelle. Mais la sécheresse a commencé bien avant à prélever une lourde dîme sur le système énergétique en Europe, déjà bouleversé depuis la crise de l’été dernier, puis par la guerre en Ukraine. Toute une partie des moyens de substitution sur lesquels le continent comptait pour pallier les risques de pénuries de gaz et la cherté du pétrole s’est évanouie, faute de pluie.

    Ces tensions se traduisent dans les prix. Jamais le prix de l’électricité n’a été aussi élevé en Europe. À l’exception de l’Espagne et du Portugal, qui ont obtenu de la Commission européenne d’être sortis du marché unique de l’électricité (le prix du MWh est pour eux autour de 150 euros), le cours du MWh s’est installé en moyenne autour de 400-470 euros ce 9 août sur le marché spot. Soit le double du prix de juin, alors que les menaces de pénuries de gaz et les problèmes d’EDF étaient déjà parfaitement connus !

    Le manque d’eau a touché dès les premiers mois de l’année la production hydraulique, qui représente quelque 13 % de la production. En Espagne et en Italie, la production hydroélectrique a diminué de plus de 40 % au premier semestre et les réserves d’eau étaient inférieures de moitié à la normale. Début juillet, un rapport de la Commission européenne sur la sécheresse en Europe, soulignait que la production d’électricité hydraulique avait diminué de 5 039 GWh en Italie, de 3 030 GWh en France, de 2 244 GWh au Portugal par rapport à la moyenne observée entre les années 2015-2021. Sans être grand devin, il avertissait que la situation risquait d’empirer durant l’été dans nombre de pays.

    L’Italie est sans doute un des plus touchés. La production hydroélectrique (47 Twh/an environ) est une des composantes essentielles de son système. La baisse des niveaux d’eau dans les barrages alpins, la chute des niveaux du Pô (20 % de la production hydroélectrique du pays) déstabilise toute la production. L’Italie, qui dépendait lourdement du gaz russe, est obligée non seulement de négocier de nouveaux contrats gaziers plus chers, mais d’importer aussi massivement de l’électricité, faute de production suffisante. À 19 heures, une des heures de pointe sur le marché européen de l’électricité, ce 9 août, le prix spot du MWh en Italie du Nord frise les 600 euros !

    La France est tout autant concernée. L’hydroélectricité représente plus de 10 % de la production électrique du pays. Mais depuis le début de l’année, les réserves d’eau des barrages alpins d’EDF ont diminué de plus du tiers. Le débit du Rhône est inférieur de moitié par rapport à l’an dernier. Responsable des multi-usages (agriculture, population, tourisme) de l’eau sur ces territoires, EDF a dû restreindre la production, d’autant qu’il faut aussi passer la saison hivernale.

    Dans le même temps, la production nucléaire du groupe, déjà diminuée de plus du tiers à la suite de problèmes de corrosion sur certains réacteurs, est menacée par le réchauffement de la température des fleuves et les faibles débits de certaines rivières. Bien qu’il ait obtenu des dérogations sur les normes de température des circuits de refroidissement des réacteurs, EDF a dû réduire sa production nucléaire, et pourrait même être contrainte d’arrêter certains réacteurs – Tricastin (Drôme), Golfech (Tarn-et-Garonne) et Saint-Alban (Isère).

    Alors que la canicule et la sécheresse sévissent dans toute l’Europe, la Norvège a annoncé le 8 août qu’elle étudiait la limitation de ses exportations d’électricité vers le reste de l’Europe, si le niveau de ses barrages ne remontait pas afin d’assurer sa sécurité électrique cet hiver. Les barrages norvégiens sont à leur plus bas niveau depuis 1996, faute d’une pluviométrie suffisante depuis le début de l’année. Le gouvernement norvégien n’exclut pas d’imposer des mesures de restriction si la situation ne s’améliore pas.

    L’annonce du gouvernement norvégien est en train de donner des sueurs froides à ses voisins. Bien qu’elle ne fasse pas officiellement partie de l’Europe, la Norvège est un acteur essentiel dans l’équilibre du marché électrique du continent. Outre sa production gazière, elle exporte massivement son hydroélectricité vers la Suède, la Finlande, les Pays-Bas ou l’Allemagne. En octobre dernier, le Royaume-Uni a inauguré un nouveau réseau haute tension lui permettant d’importer 1,4 GW de Norvège.

    L’annonce d’une possible limitation des exportations norvégiennes serait un nouveau coup porté au système électrique européen. D’autant que tous ses voisins ont choisi de développer la production électrique par éoliennes pour remplacer les énergies fossiles. Or cette production est à son niveau le plus bas : il n’y a pas ou peu de vent actuellement en raison des canicules successives et de la permanence d’anticyclones.

    À l’exception de l’énergie solaire, qui ne représente que 5 % en moyenne en Europe (mais bien plus en Europe du Sud) , le marché électrique européen ne tient donc plus qu’avec les centrales thermiques, fonctionnant notamment au gaz. Si la sécheresse perdure, les tensions risquent de s’exacerber. Et en dépit de toutes les admonestations de la Commission européenne, l’exemple de la Norvège, privilégiant la préservation de sa sécurité électrique et sa population, pourrait créer un précédent et faire école ailleurs.

  • Où pomper l’eau ? Le dilemme des céréaliers de la plaine de l’#Ain

    Pour continuer d’irriguer leur #maïs même en période de #sécheresse, des agriculteurs prélèvent l’eau du Rhône. Une sécurité vitale aux yeux de beaucoup d’exploitants, une « fuite en avant » selon d’autres.

    Par la fenêtre de son pick-up, Éric Viollet balaie d’un geste ses épis de maïs. « Ils commencent à fleurir, pourtant cette année ils ont souffert ! » Au milieu de ses 170 hectares de céréales, dans la commune de Leyment (Ain), l’agriculteur est serein.

    Quelques jours plus tôt, au milieu du mois de juin, la température approchait ici les 35 degrés. Une canicule particulièrement précoce, doublée de tensions sur la ressource en eau, qui a conduit les services de l’État à placer le bassin de la plaine de l’Ain en alerte sécheresse. Une décision couperet pour les quelque 180 céréaliers de ce territoire situé au nord-est de Lyon, interdits d’arroser leurs cultures pendant les week-ends.

    Pas de quoi troubler Éric Viollet, posté devant un « enrouleur », sorte de grand tuyau d’arrosage. Sécheresse ou pas, cette année son maïs devrait être irrigué environ huit fois. « Les restrictions d’eau ne nous concernent pas », résume-t-il. Car les arrêtés préfectoraux s’appliquent uniquement aux agriculteurs qui prélèvent leur eau dans la nappe d’accompagnement de la rivière d’Ain. Mais depuis plusieurs années, des dizaines d’exploitants du secteur se sont tournés vers une autre source, beaucoup plus abondante : le Rhône, qui coule à quelques kilomètres du champ d’Éric Viollet.

    Aujourd’hui, plus de la moitié des 8 000 hectares irrigués par les 250 kilomètres de canalisations de l’Association syndicale d’irrigation de l’Ain (Asia) le sont grâce à l’eau du fleuve. « C’est très sécurisant, ça nous enlève beaucoup de stress », résume Éric Viollet.

    La bascule s’est faite progressivement. Créée après la sécheresse historique de 1976, l’Asia a d’abord compté sur des dizaines de captages dans les nappes pour approvisionner ses adhérents. « Mon père n’arrosait pas ses maïs. J’ai créé trois forages après avoir repris l’exploitation en 1985 », raconte Éric Viollet.

    Une première station de pompage dans le Rhône voit le jour en 1992. Trois autres suivront. La dernière, inaugurée en 2018 à Lagnieu, est capable de prélever près de 4 millions de mètres cubes d’eau par an et approvisionne une vingtaine d’agriculteurs installés à proximité.

    Dans ce grand hangar en bordure du fleuve, Fabien Thomazet veille sur une dizaine de pompes, de gros tuyaux bleus et quelques voyants de contrôle. Salarié de la chambre d’agriculture de l’Ain mis à disposition de l’Asia, il est tranquille ce matin-là : de grosses averses battent le secteur depuis deux jours. « Pour nous, cette pluie vaut de l’or », déclare-t-il dans un sourire.

    En 48 heures, presque 100 millimètres d’eau sont tombés sur la plaine de l’Ain. Les agriculteurs n’auront pas besoin de ses services, pour quelques jours en tout cas. Mais les sols caillouteux du secteur ne permettent pas de stocker beaucoup d’eau. Si la chaleur revient, il faudra à nouveau irriguer.
    Réseau collectif

    L’Ain est fragile. En temps normal, la nappe joue un rôle de soutien d’étiage, en rendant de l’eau à la rivière lorsque son niveau est bas en été. Mais, depuis les années 2000, le bassin versant de la Basse-Vallée de l’Ain a été identifié comme étant en déficit quantitatif dans le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage), le document de référence en matière de gestion des eaux.

    En 2014, une étude a montré que les prélèvements dans la nappe réduisaient l’apport d’eau fraîche dans la rivière pendant l’été. Tous les usagers sont appelés à diminuer leur consommation. Les agriculteurs, qui représentent près de la moitié des prélèvements, sont en première ligne.

    « On a vite compris qu’on allait nous demander de moins taper dans la nappe, raconte Fabien Thomazet. Soit on acceptait de réduire nos capacités d’irrigation et donc nos rendements, soit on ne faisait rien et on allait au conflit permanent avec les instances de gestion de l’eau, soit on proposait une solution. » Rapidement émerge l’idée de concentrer les efforts sur une seule zone de quatre communes, en pompant dans le Rhône.

    Le chantier est colossal : il faut bâtir une station au bord du fleuve et poser 38 nouveaux kilomètres de canalisations pour amener l’eau jusqu’aux champs. Une vingtaine d’exploitants acceptent de reboucher une quarantaine de puits et de basculer sur le réseau collectif.

    Au total, le projet coûte près de 13 millions d’euros, financé à 80 % par l’Agence de l’eau et des subventions publiques. Il reste environ deux millions d’euros à la charge des agriculteurs. « Il a fallu les convaincre d’investir, alors que beaucoup avaient déjà amorti leurs équipements », se souvient Fabien Thomazet.

    Éric Viollet a fait le calcul. Entre ces nouveaux investissements et les volumes d’eau facturés, l’irrigation lui coûte près de 340 euros par hectare et par an. « En gros, sur 125 quintaux de maïs produits, 25 servent à payer l’arrosage. C’est cher mais c’est une assurance. C’est 100 quintaux que je suis sûr de faire chaque année. »

    Avec ce système, 4 millions de mètres cubes sont désormais prélevés dans le Rhône et non plus dans la nappe. Mais le fleuve lui-même ne sera pas épargné par le changement climatique. L’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, qui gère la ressource pour le quart sud-est de la France, mène actuellement une étude sur le sujet. Selon ses premières projections, le débit du Rhône pourrait diminuer de 25 à 30 % d’ici à 2050.

    Mais le fleuve reste « de très loin » celui qui a les débits d’étiage les plus élevés en France, grâce au « château d’eau des Alpes », nuance Laurent Roy, directeur général de l’agence. « Pendant l’été, la consommation nette liée aux prélèvements dans le Rhône représente 15 % de son débit. Ça laisse 85 % qu’on ne touche pas. On a encore une grosse marge », précise-t-il.

    Mais tous les agriculteurs de l’Ain ne partagent pas cet optimisme. « On ne peut pas utiliser toujours plus d’eau comme si c’était illimité », regrette Geoffrey Levrat, installé dans la commune de Sainte-Croix. Cet éleveur de 28 ans gère une trentaine d’hectares anciennement cultivés en maïs par son père, qu’il a convertis en prairies pour ses 150 brebis. « Dans la plaine de l’Ain, une grosse partie du maïs irrigué est utilisé pour nourrir le bétail. Pour moi, ce n’est pas tenable », estime-t-il. « Pomper de l’eau dans le Rhône, ça donne l’impression d’une fuite en avant. C’est comme les mégabassines, on cherche à prendre toujours plus d’eau, sans se poser de questions sur le modèle de départ », poursuit le jeune agriculteur.
    Accès inégal aux subventions publiques

    Dans ce secteur du sud de la Dombes, les sécheresses sont particulièrement intenses. Durant l’été 2020, le village voisin de Pizay a dû être réapprovisionné par un camion-citerne. Le puits qui assure l’alimentation en eau potable de la commune ne produisait plus assez d’eau pour remplir le réservoir. Cette année, Geoffrey Levrat a mis ses brebis au foin dès le mois de mai, faute d’herbe suffisante sur ses prairies. « Du jamais-vu. »

    En parallèle, le cycle naturel de l’eau s’est modifié. « Au fil des ans, on a supprimé beaucoup de zones humides qui permettaient à l’eau de s’infiltrer, en les drainant pour faire des céréales, c’est une approche qui ne fonctionne plus », décrit Geoffrey Levrat, qui suit le sujet de l’eau pour la Confédération paysanne de l’Ain. À ses yeux, la station de pompage de Lagnieu illustre aussi l’accès inégal aux subventions publiques.

    « Ici, j’ai fait un petit forage pour abreuver mes bêtes, explique-t-il. Je n’ai eu aucun financement. Si cela avait été pour irriguer des céréales, 40 % du coût auraient été pris en charge. » Selon lui, le système actuel « concentre les aides » sur un petit nombre d’agriculteurs. « La majorité des céréaliers du coin n’irriguent pas. Mais c’est sûr qu’ils n’ont pas les mêmes rendements ! »

    Sur ses terres, Geoffrey Levrat s’est lancé dans l’agroforesterie. Une technique qui consiste à planter des arbres au milieu de ses prairies. « L’ombre permet au sol de gagner en fraîcheur et en humidité », assure-t-il. Quant aux céréaliers, « ils pourraient peut-être passer à d’autres cultures moins gourmandes en eau que le maïs », suggère-t-il.

    « Certains ont essayé de planter du sorgho, qui demande beaucoup moins d’eau. Mais il n’y a pas de débouchés pour l’instant, pondère Fabien Thomazet. Beaucoup de gens voient les agriculteurs comme des curés au service des habitants, mais ce sont d’abord des chefs d’entreprise. Ils produisent ce qu’ils peuvent vendre ! » Au passage, le responsable de l’irrigation pointe la part de l’eau potable dans les prélèvements locaux, qui n’aurait pas diminué depuis plusieurs années. La faute à une croissance démographique synonyme de hausse de la consommation et d’imperméabilisation des sols, souligne-t-il. « Dans mon petit village, 50 maisons ont été construites en trois ans. On ne peut pas continuer comme ça. »

    En attendant un changement de cap, d’autres agriculteurs continuent de puiser dans la nappe. À l’image de l’EARL (Exploitation agricole à responsabilité limitée) de Lormet, plus au nord. L’exploitation peut prélever en théorie jusqu’à un million de mètres cubes d’eau par an dans ses six puits pour irriguer près de 700 hectares. Une énorme machine fragilisée par les sécheresses. Il y a quelques années, l’entreprise avait étudié la possibilité de pomper dans l’Ain mais les instances locales ont refusé le projet, raconte Mathieu Fournier, l’un des gérants. Le raccordement au réseau d’irrigation en provenance du Rhône serait trop coûteux.

    Depuis vingt ans, l’agriculteur assure avoir changé ses pratiques pour s’adapter aux restrictions d’eau. « On ne fait plus n’importe quoi, nous sommes sensibles au sujet », plaide Mathieu Fournier. « Mais on ne peut pas nous demander au dernier moment de nous restreindre », prévient-il. Mi-juin, il a décidé d’arroser le week-end, alors que l’alerte sécheresse avait été décrétée la veille par la préfecture. « On a préféré risquer l’amende plutôt que de ne pas irriguer à un moment aussi crucial pour nos cultures. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/060822/ou-pomper-l-eau-le-dilemme-des-cerealiers-de-la-plaine-de-l-ain

    #irrigation #France #agriculture #alerte_sécheresse #Rhône #pompage #fleuve #nappe_phréatique #canalisations #céréaliculture #subventions_publiques

    • Et le 2e épisode
      Petits #canaux contre « idéologie du #tuyau », une guerre de l’irrigation

      Très ancrés dans les territoires montagneux du sud de la France, prisés par les habitants, les #béals sont encore vitaux pour de nombreux agriculteurs. Mais cette gestion collective et traditionnelle de l’eau se heurte à la logique de #rationalisation de la ressource des services de l’État.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/080822/petits-canaux-contre-ideologie-du-tuyau-une-guerre-de-l-irrigation
      #tuyaux

      déjà signalé par @olaf :
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    • Dans les #fontaines_publiques, l’eau ne coule plus à flots

      Faute de moyens pour passer à des systèmes moins consommateurs en eau en période de sécheresse, de plus en plus de fontaines publiques sont fermées. Des Vosges à la Bretagne en passant par les Alpes-Maritimes, leur disparition marque la fin de « l’illusion de la disponibilité infinie de l’eau ».

      Sur la place Stanislas, au cœur de Nancy, vendredi 1er juillet, les terrasses sont bien remplies. Les touristes défilent pour prendre des selfies devant les imposantes fontaines du XVIIIe siècle, sans se soucier de ce qui se joue à l’intérieur des somptueux édifices. Depuis longtemps, l’eau n’y coule plus en continu mais en circuit fermé. Autrement dit, elle est recyclée.

      « Depuis toujours, l’eau fédère les gens, apporte de la vie », commente Étienne Martin, docteur en géographie historique. Mais l’expert a des regrets : « On n’a gardé que les fontaines de patrimoine, beaucoup de petites ont été supprimées. » Dans son ouvrage Les fontaines de Nancy d’hier et d’aujourd’hui, le chercheur recense non seulement les fontaines encore en service, dont la plus ancienne a plus de cinq cents ans, mais aussi un grand nombre de fontaines aujourd’hui effacées de l’espace public.

      Une balade en ville suffit pour en retrouver les traces : ces grandes places quasiment vides, ces jeux d’eau laissés à l’abandon ou cette ancienne esplanade d’eau à moitié couverte de végétation. Martin avoue ne pas trop aimer le dernier modèle en date, une « fontaine sèche » (appelée ainsi à cause de l’absence d’un bassin extérieur) au parc de la Pépinière, un des grands parcs de la ville.

      « Je n’y vois que du ciment avec une grille », grince l’historien local. Il est vrai que l’équipement inauguré fin juin a moins de superbe que son prédécesseur. À la place d’une dizaine de jets d’eau montant jusqu’à douze mètres, ce « nouvel îlot de fraîcheur » est composé, certes, de soixante-dix jets, mais allant seulement « jusqu’à cinq mètres de hauteur de diffusion d’eau ». La ville explique ce choix par « une gestion raisonnée des besoins en eau » et un entretien plus facile.

      D’année en année, les deux tiers des Français sont désormais concernés par des restrictions d’eau. Les fontaines publiques n’y échappent pas. Si elles n’ont pas été transformées en cycle fermé, ce qui est souvent le cas dans les petites communes, le robinet doit rester fermé en cas de sécheresse. Ne disposant pas d’une trésorerie nécessaire pour mettre aux normes environnementales leurs fontaines, certaines communes les désactivent, au moins temporairement, ou les démontent complètement.

      En 2010 déjà, le Conseil d’État s’inquiétait de la disparition des fontaines publiques qui restreint l’accès à l’eau des personnes sans abri. La tendance semble s’accélérer avec le réchauffement climatique. L’été dernier, la démolition d’une vielle fontaine à Nice a fait polémique. Sur Wikipédia, une page est dédiée aux fontaines disparues de Paris, dont la liste ne cesse de croître.
      L’Est très concerné

      « Aujourd’hui, on croit que l’eau a toujours coulé partout », s’étonne Jean-Marie Chevrier, habitant de Valfroicourt, petite commune vosgienne, non loin de Vittel. « Quand j’étais gamin, on avait la chance d’avoir une source qui approvisionnait notre maison et notre ferme. Les gens du quartier allaient au seau pour chercher l’eau à la fontaine publique. » La plus grande fontaine du village, la fontaine du Lion, d’ailleurs encore existante, ravitaillait les gens du quartier en eau potable. Un bassin servait à la lessive, un autre à l’abreuvement des animaux.

      Comme dans le Sud, l’est de la France est désormais particulièrement touché par le manque d’eau. Lors de la sécheresse de 2018, rien que dans le département des Vosges, trente et une communes étaient concernées par une pénurie d’eau ou un risque de pénurie. En Lorraine, douze villages ont dû être alimentés par camion-citerne. En 2022, la situation semble encore pire. Les camions-citernes circulent un peu partout. La ville balnéaire de Gérardmer a fait les gros titres à cause de sa stratégie de pomper l’eau potable depuis son lac.

      Les fontaines, elles aussi, sont victimes de la sécheresse. Un « grand nombre » des fontaines-abreuvoirs des Vosges « n’est aujourd’hui plus en eau, sert de bac à fleurs, a été dénaturé, voire détruit car gênant la circulation », déplore la Région dans un inventaire général.

      « Ces fontaines ont été, pour la plupart, installées au début du XIXe siècle. Aujourd’hui, seulement une infime partie sont encore en service », explique Vanessa Varvenne, historienne du patrimoine responsable de ce recensement de quelque 2 500 fontaines, lavoirs et abreuvoirs, terminé en 2016. Selon l’experte, beaucoup de communes n’auraient pas « les reins assez solides » pour les entretenir.

      Dans la commune vosgienne d’Esley, la solution a été radicale : deux des quatre fontaines ont été récemment supprimées. À Médonville, dans le même secteur, la fontaine Jeanne-d’Arc, à cycle ouvert, coule à un « débit très limité », comme le précise Patricia Pech, la maire. « Financièrement, on ne peut pas réparer les fuites », explique-t-elle.

      Non loin de là, à Dombrot-le-Sec, l’une des communes desservies en 2018 par camion-citerne, la mairie décide régulièrement de fermer les robinets de la fontaine du village. Cette dernière doit encore être mise aux normes, explique le maire, Bernard Salquebre. Il insiste : « Non, l’eau n’est pas abandonnée à Dombrot-le-Sec. » La ville serait seulement « dans la phase de renouvellement de la quasi-totalité des conduites d’eau de distribution et bientôt en fin de mise en place ». La fontaine, elle, sera bientôt remise en service.
      Priorité à l’eau potable

      Dans quelques communes des Alpes-Maritimes, une action symbolique a fait beaucoup parler. Dans une décision jointe, dix-huit communes du pays de Grasse ont coupé en avril dernier l’eau de leurs fontaines. « Dans le Sud, nous avons connu un hiver particulièrement doux, avec peu de précipitations, si bien que la plupart de nos sources, dont la principale, la source de la Pare, n’ont pas bénéficié de recharges hivernales », explique Pierre Bornet, maire de Cabris. « Les giboulées de mars et d’avril n’étaient pas au rendez-vous », si bien que, début avril 2022, « cette source était à son plus bas niveau historique à cette période », explique-t-il.

      Une situation « inquiétante », poursuit le maire. « Partant d’un tel niveau, nous risquons, si la sécheresse continue, de ne plus avoir de ressources en eau dans l’été. Avec les élus des différentes communes, nous avons décidé d’alerter la population, par cette action symbolique de couper l’alimentation des fontaines des villages, qui sont desservies par le réseau d’eau potable. »

      Pour l’élu, certes « l’eau au niveau des fontaines est un élément patrimonial important en Provence, signe de fraîcheur et de vie, mais puisque ces fontaines sont alimentées en eau potable, en tant que responsables de la gestion de l’eau, nous avons aussi un devoir d’exemplarité ». Fin juin, un arrêté de sécheresse confirme cette voie, renforcée encore fin juillet.

      Ce manque d’eau potable commence à prendre de l’ampleur et touche désormais aussi des régions comme la Bretagne. « Dans les années 80, 90, beaucoup de nos fontaines ont fermé à cause de problèmes de qualité. À cela s’ajoute maintenant la sécheresse », explique Thierry Burlot, vice-président du Cercle de l’eau et président du Comité de bassin Loire-Bretagne.

      Dans certaines villes comme Dinard, des fontaines ont été coupées depuis le printemps, à la suite des arrêtés sécheresse. Sur l’île de Groix, où les fontaines publiques, entretenues par une association locale, ne sont plus alimentées depuis le mois de mai, les autorités demandent même aux habitants de « limiter leur consommation d’eau domestique » par crainte de devoir importer de l’eau depuis le continent. Finalement, début août, une solution d’installation d’une unité de dessalement a été privilégiée.
      En attendant, des bacs à fleurs

      Dans beaucoup de communes, des fontaines sont temporairement hors service, parfois pendant des années. À Walbach, dans le Haut-Rhin, la fontaine locale, le « Stockbrunna », a dû rester fermée à plusieurs reprises. La mairie a donc décidé, au printemps 2021, de la transformer en bac à fleurs.

      Malgré l’opposition de quelques conseillers et « plusieurs courriers émanant d’habitants du village qui expriment également leur désaccord », le Stockbrunna attend sa transformation en cycle fermé, annoncée pour le printemps prochain. Même image à Bavans, petite commune dans le Doubs, où un habitant a récolté plus de 400 signatures contre le « changement d’affectation de la fontaine ». N’estimant pas avoir les fonds nécessaires pour réparer les fuites, la municipalité avait rempli sa fontaine de gravier et de terre.

      Une solution a été trouvée à Oyonnax, dans l’Ain, au bout de quatre années de fontaine à sec. En réponse au cri d’alerte d’un collectif de citoyens dans la presse locale, des mécènes se sont occupés de sa réparation.
      Des fontaines à louer

      Faute de moyens, beaucoup de communes se tournent vers le privé, comme à Paris. La place Stravinsky avec sa fameuse fontaine peut être louée, tout comme celle du Trocadéro, pour 400 000 euros, ou le musée Maillol avec sa fontaine des Quatre-Saisons. Régulièrement, des appels à dons sont lancés, récemment pour le restaurant de la place de la Concorde et ses deux fontaines, apparemment une nécessité pour la ville lourdement endettée.

      À Bordeaux, le sujet des fontaines a même fait irruption dans la dernière campagne municipale. Les socialistes avaient réalisé une carte virtuelle pour montrer « la difficulté de trouver de l’eau potable à Bordeaux et pour pousser la ville à remettre en service les fontaines publiques ».

      Le message a été entendu par la nouvelle municipalité, écologiste. « Il y avait du vandalisme et de grosses fuites », se souvient Maxime Ghesquiere, conseiller municipal délégué à la gestion du cycle de l’eau. Une de ses premières décisions : mettre les fontaines en régie et investir dans les réparations.

      Refaire une fontaine ornementale coûterait « des dizaines, voire parfois des centaines de milliers d’euros », explique Régis Taisne, chef du département « cycle de l’eau » de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). À ses yeux, les petites fontaines en cycle fermé sont le compromis idéal : « Pour un coût limité, elles permettent un côté vivant et le maintien de l’illusion de la disponibilité infinie de l’eau. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/100822/dans-les-fontaines-publiques-l-eau-ne-coule-plus-flots

    • La sécheresse fait craquer de plus en plus de maisons

      Depuis 2015, les périodes de sécheresse s’enchaînent et affectent les sols argileux. Plus de 10 millions de maisons en France sont sur des zones à risque et peuvent se fissurer. Un enjeu à plusieurs dizaines de milliards d’euros pour les assurances.

      Même passé midi, en pleine canicule, des grappes de cyclistes pédalent à tout va en direction du mont Ventoux. Dans les villages des Baronnies provençales, on les retrouve assoiffés dans les bistrots bordés de platanes. Ce jour-là, au tout début de l’été, la Drôme est en alerte orange. Depuis des semaines, un vent sec balaye le domaine de Frédéric Alaïmo, 60 hectares de cultures, à La Penne-sur-l’Ouvèze. « Je fais du raisin de table mais les feuilles commencent à jaunir. Nos oliviers souffrent », montre le propriétaire.

      Sous les pieds, la terre a viré au gris et se fissure de jour en jour. Sa maison aussi.

      Comme des éponges, les sols argileux se rétractent en période de sécheresse et regonflent avec les pluies. La succession et l’intensité de ces phénomènes peuvent créer des mouvements de terrain, des tassements. La bâtisse de Frédéric Alaïmo fait partie des 10,4 millions de maisons moyennement ou fortement exposées à ce phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), soit 54 % des maisons en France, selon les données du ministère de la transition écologique. Une victime de plus des risques climatiques.

      « J’ai connu la sécheresse de 2003. C’était une première alerte », se remémore-t-il, derrière ses lunettes rondes. Et puis, il y a eu 2019, la pire année pour la commune, reconnue comme catastrophe naturelle en 2020. « Parfois, je me demande ce que je suis venu faire ici », soupire-t-il. Depuis trois ans, cet homme de 60 ans se bat contre son assurance pour faire réparer sa maison, à l’entrée du domaine.

      Comme un bris de glace sur un pare-brise, les fissures se sont étendues à l’étage, aux embrasures des fenêtres. Le carrelage se fend, la porte de la véranda s’ouvre péniblement. Frédéric Alaïmo a fini par déménager chez sa compagne en catastrophe. Depuis, les habits sont restés dans les placards, les photos de famille plaquées aux murs.

      Le 8 décembre 2020, le Drômois a pu déclarer ce sinistre. « J’ai une perte en capital importante », explique-t-il. « Je n’avais jamais vu ça, la maison est disloquée », écrit un représentant de son assurance dans un mail daté du 31 mars 2021. Il reconnaît avoir eu « très peur de visiter cette maison sinistrée ». En juin 2021, le maire, Jérôme Bompard, 50 ans et entrepreneur en travaux publics, atteste que la maison de Frédéric Alaïmo est « devenue totalement inhabitable depuis la sécheresse de 2019 ».

      Le dossier paraissait simple mais depuis rien n’a bougé : les deux experts de l’assurance ne sont pas d’accord sur les zones touchées. Plus encore, l’assurance estime que les fissures ont commencé avant la sécheresse de 2019.

      « Le problème, c’est qu’on a deux sons de cloche des experts envoyés par la même assurance », s’emporte Frédéric. Il a dû payer de sa poche plus de cinq mille euros pour mener des investigations dans le sol et prouver la présence d’argile sensible à ces aléas climatiques. Il doit aussi payer un expert d’assuré pour régler ce conflit avec l’assurance.
      L’état de catastrophe naturelle difficile à obtenir

      De maison en maison, Franck Salaun, ingénieur et associé du cabinet Altaïs, parcourt la France, de la Drôme au Jura, au gré des arrêtés de catastrophe naturelle. Il intervient pour déterminer la pathologie du bâtiment. « Quand il y a des fractures, un médecin fait un diagnostic, un scanner ou un IRM. Nous, c’est pareil avec les investigations techniques », explique-t-il. « Dans le cas de M. Alaïmo, si l’assureur s’entête à ne pas ouvrir la garantie, ça ira au judiciaire », se prépare-t-il.

      Selon la carte d’exposition du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la zone présente un risque fort. La rivière provençale l’Ouvèze est au plus bas. « On a des périodes de sécheresse depuis 2016, raconte le maire. On a déjà eu des refus pour les faire reconnaître comme catastrophes naturelles. » Selon le rapport de la Cour des comptes de février 2022, une commune sur deux n’a pas réussi à faire reconnaître l’état de catastrophe naturelle ces neuf dernières années. En 2019, le maire a pris le taureau par les cornes. « On a envoyé un dossier pour six maisons sinistrées à la préfecture. Tout le monde se bat avec les assurances maintenant », raconte-t-il.

      Deux kilomètres plus loin, un autre villageois va bientôt devoir quitter sa maison. « Les façades sont en train de tomber, la baie vitrée ne ferme plus, la dalle est descendue de 4 à 5 centimètres », énumère Eric D., fonctionnaire de 61 ans. Il espère que la sécheresse en 2022 n’aggravera pas les dégâts. Cette fois-ci, l’assurance a accepté la prise en charge. L’installation de micropieux sous la maison, solution pérenne pour renforcer les fondations en profondeur, devrait durer entre six mois et un an. « Le relogement pour la famille, c’est à nos frais. Le gardiennage des meubles aussi », s’inquiète-t-il.
      48 % du territoire exposé

      Tout le pays est concerné, les villes aussi. L’Occitanie fait partie des régions historiquement les plus exposées, avec l’Île-de-France, la PACA ou la Nouvelle Aquitaine. À Montpellier, Philippe subit le même phénomène. « J’ai acheté une maison dans Montpellier en 2001, près d’une rivière, le Lez », raconte-t-il. En 2019, la ville a vécu une sécheresse reconnue comme catastrophe naturelle. « Des morceaux de plafond sont tombés et il y a des fissures nettes sur les cloisons », poursuit-il, encore stupéfait. Après trois ans d’attente, ce cadre technique de 62 ans vient d’obtenir le feu vert de l’assurance pour lancer les travaux. Le devis s’élève à plus de 150 000 euros.

      « On remarque que certains secteurs sont plus touchés que d’autres, mais ça reste très localisé, explique Jeremy Chatal, ingénieur du bureau d’études Determinant, à Nîmes. Dans l’Hérault, à Villeneuve-lès-Maguelone, il y a un quartier où j’ai fait une quinzaine de maisons. Dans mon secteur, c’est généralisé à l’arc méditerranéen, les Pyrénées orientales, le Gard, l’Hérault, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. Mais nos collègues dans l’Ain et le Jura aussi sont débordés. »

      En France, 48 % du territoire a une exposition moyenne et forte au RGA. « Quand on regarde la carte d’exposition, on a un grand quart sud-ouest touché et tout l’arc méditerranéen qui va ensuite contourner le Massif central par le sud et remonter une partie de la vallée du Rhône. Depuis 2015-2016, ça se décale vers le Nord-Est. Des régions relativement épargnées jusqu’à présent sont touchées maintenant », confirme Sébastien Gourdier, géotechnicien du BRGM. « Les grandes villes du Sud-Ouest, comme Toulouse, sont exposées et ont dû mettre en place des plans de prévention des risques », poursuit-il. Depuis 2018 seulement, la loi Elan établit des règles de construction sur les zones à risque, en imposant une étude de sol pour les nouvelles habitations.

      Parmi les témoignages recueillis, ce ne sont que des récits de vie en pause, plombée par l’endettement ; de boule au ventre à chaque nouvelle fissure ; de dépressions lorsque l’on vit dans une maison où les pièces sont condamnées au fur et à mesure. Les associations de victimes croulent sous les demandes.

      Les Oubliés de la canicule ne compte même plus son nombre d’adhérents. Trente mille à la louche. Leur président a écrit au président Emmanuel Macron, en pleine campagne présidentielle, pour exiger de meilleures conditions d’indemnisation des sinistrés.
      Un coût estimé à 43 milliards d’euros d’ici 2050

      Le régime de catastrophe naturelle est un système d’assurance dit « mixte », mis en œuvre par les sociétés d’assurance et les pouvoirs publics. « On demande que les assureurs jouent le jeu et que les sinistrés puissent avoir des réparations pérennes », martèle Hélène Niktas, référente de l’association dans l’Ain. Elle-même a subi un sinistre dans sa maison de Meillonnas, lors de la sécheresse de 2018. « L’assurance a rétropédalé quand elle a vu le devis de micropieux. Elle a proposé de l’agrafage, mais ce n’est que le cachet d’aspirine qui fait tomber la fièvre, ça ne soigne pas. » Son dossier se réglera au niveau judiciaire.

      À leurs côtés, Me Gwenahel Thirel, avocat aux barreaux de Rouen et Montpellier, en a fait sa spécialité. « J’ai lu les 1 700 décisions de jurisprudence », s’amuse-t-il à rappeler. « Quand j’ai commencé, il y a huit ans, il y avait des arrêtés de catastrophe naturelle pour la sécheresse tous les trois ans. Aujourd’hui, c’est quasiment tous les ans », poursuit-il d’un ton plus grave. Il s’emporte contre l’opacité des assurances qui ne communiquent pas systématiquement les rapports ou les études de sol. « Sur 2018, on a eu un nombre de refus colossal par des experts d’assurance, avec des motifs fallacieux comme la présence de végétaux à proximité », tonne-t-il.

      « Ce que l’on craint, c’est que les assurances réduisent les indemnités pour les dégâts sur les maisons. Il y en a tellement… », souffle Daniela Rodier, présidente de l’Association gardoise d’assistance aux sinistrés des sécheresses, vers Nîmes. « Cette année, je suis débordée avec les sinistres de 2021 ». Le coût des sinistres liés à la sécheresse devrait passer à 43 milliards d’euros en cumulé sur les trente prochaines années, soit trois fois plus que sur la période 1989-2019, selon les projections à horizon 2050 de France Assureurs.

      « La sécheresse est un aléa climatique qui pèse beaucoup dans le régime catastrophe naturelle et qui risque de peser plus à l’avenir, notamment en raison du changement climatique » rajoute Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, interrogé par Mediapart. « On pense que la sécheresse doit rester dans le régime de catastrophe naturelle », rassure-t-il, pour couper court au débat.

      Une réforme est amorcée depuis la loi du 28 décembre 2021 relative à l’indemnisation des catastrophes naturelles. La fédération des assurances est toujours en discussion avec Bercy pour intégrer les frais de relogement des victimes dans ce régime. Franck Le Vallois prêche pour mettre en place plus d’innovations. « Il faudrait accélérer les expérimentations. Il y en a qui permettent de maintenir l’hydrométrie dans le sol, en l’humidifiant pour éviter la rétractation des sols ». Comprendre : remettre de l’eau sous la terre.


      https://www.mediapart.fr/journal/france/120822/la-secheresse-fait-craquer-de-plus-en-plus-de-maisons

      voir aussi :
      https://seenthis.net/messages/969896

    • Ne pas perdre une goutte d’eau, le combat de #Lyon et de sa région

      Dans le département du Rhône, parmi les plus touchés par les canicules, retenir et économiser l’eau devient urgent. La bataille se joue mètre cube après mètre cube, de la déconnexion des réseaux d’assainissement à la rénovation des trottoirs, de l’arrosage des jardins aux prélèvements par les gros industriels.

      En ce mercredi après-midi de la fin du mois de juin, la lourdeur d’un orage à venir écrase les passants qui s’aventurent dans la rue Garibaldi, artère de quatre kilomètres au cœur de Lyon. Sur trois voies, les voitures vrombissent tandis que les cyclistes accélèrent pour rentrer avant la pluie. Seul Hervé Caltran s’arrête pour admirer la longue rangée de buissons et d’arbres qui longent le boulevard.

      « Pour le grand public, l’eau qui passe dans nos villes est invisible, alors qu’elle est vitale », hoche ce cadre du service de la direction de l’eau à la Métropole de Lyon. S’il nous a donné rendez-vous ici, à deux pas du quartier de la Part-Dieu, ce n’est pas tant pour détailler la quarantaine de plantations – érables, althæas, chênes… – présentes sur ce site, mais plutôt pour ce qui se trouve en dessous.

      Cet espace vert est en réalité une #noue, sorte de fossé, dans le jargon des urbanistes, installée il y a trois ans. En cas de précipitation, l’eau s’écoule sur les trottoirs, est filtrée par un seuil, irrigue les plantes installées légèrement en contrebas, avant de s’enfoncer dans le sol. Un seul mot d’ordre : faire en sorte que l’eau s’infiltre là où elle tombe. En milieu urbain, seulement 5 % des eaux de pluie terminent dans les nappes, cinq fois moins qu’en zone rurale.

      « C’est du bon sens, mais avant les arbres étaient surélevés et ne bénéficiaient pas de la pluie, l’eau partait directement dans les bouches d’égout », explique Hervé Caltran. Il a fallu attendre les vastes travaux commencés depuis presque dix ans pour remodeler entièrement l’écoulement des eaux de la rue.

      D’apparence anodines pour les habitant·es, ces installations sont l’un des piliers de la « #ville_perméable », un modèle de développement urbain plus respectueux du #cycle_de_l’eau. Dans les pas d’Hervé Caltran, la ville se pare de noms mystérieux. Selon les contraintes urbaines, les noues peuvent laisser la place à des « #arbres_de_pluie », des espaces débitumés de la taille d’une place de parking, ou bien à des « #tranchées_de_Stockholm », l’équivalent d’une mininappe alluviale composée de graviers, construite sous les trottoirs.

      Aberration environnementale

      L’affaire se joue dans les détails. Ici des pavés entourant un arbre ont été installés avec des joints en sable et en terre. Un peu plus loin, une ancienne trémie où s’engouffraient hier les automobilistes a été recouverte et transformée en réservoir pour les espaces verts. Mais le principe reste le même : favoriser l’#infiltration et déconnecter les #eaux_de_pluie des #eaux_d’assainissement, qui terminent encore dans le même réseau dans 85 % du territoire de la Métropole de Lyon.

      « La plupart du temps, on prend de l’#eau_de_pluie propre, on la mélange à nos eaux polluées et on l’envoie dans nos stations d’épuration. On se retrouve à payer pour nettoyer une eau qu’on a nous-mêmes salie et déplacée ! », constate Hervé Caltran. Une #aberration environnementale, mais aussi économique. « Pour chaque mètre cube d’eau qu’on n’envoie pas en station, on économise 60 centimes d’euro », précise le fonctionnaire.

      Ces installations jouent aussi un rôle d’#îlots_de_fraîcheur. Un enjeu majeur alors que l’agglomération lyonnaise est l’une de celles où le nombre de canicules augmente le plus. Grâce à la végétation et à la conservation de l’eau dans les sols, la température ressentie peut diminuer de 9 degrés dans certains secteurs, selon des mesures réalisées par la métropole. À la terrasse d’un café, un brumisateur géant asperge les clients assis en terrasse. « Nous, on essaie de le faire naturellement », s’amuse Hervé Caltran.

      « Depuis le XIXe siècle, l’eau a été considérée comme un déchet à évacuer le plus rapidement possible. On a imperméabilisé nos villes, avec des conséquences sur la recharge des nappes, des risques d’inondations et une végétation en souffrance », rappelle Anne Grosperrin, vice-présidente (EELV) de la Métropole de Lyon, déléguée au cycle de l’eau. « C’est toute une manière de construire la ville qu’il faut repenser », estime l’élue.

      D’autant que l’agglomération lyonnaise est en grande partie construite sur la nappe alluviale du Rhône, qui lui fournit 90 % de son eau potable par le captage de Crépieux-Charmy. Selon les projections disponibles, le débit du fleuve pourrait diminuer de 30 % d’ici à 2050.

      #Canalisations parfois vieilles de 70 ans

      En mars 2022, le Grand Lyon s’est donné pour objectif de désimperméabiliser et de déconnecter 400 hectares de son territoire d’ici à 2026, soit le double du précédent mandat. En comparaison, plus de 2 000 hectares ont été imperméabilisés en dix ans dans l’agglomération. « On cavale derrière ! Il faudrait aller trois fois plus vite », pointe Anne Grosperrin. « Quand on part de zéro pour créer un nouveau quartier, c’est facile. La vraie difficulté, c’est de désimperméabiliser la ville existante », estime Hervé Caltran.

      Un bout de trottoir par-ci, un morceau de route par-là. Sur le terrain, les agents chargés de la gestion de l’eau se heurtent parfois aux pratiques des entreprises de BTP, voire à celles des services de la #voirie, « qui gardent une culture très bitume et tuyaux », selon Anne Grosperrin. Derrière la gare de la Part-Dieu, une pelleteuse vient de défoncer un trottoir pour installer des canalisations, sous l’œil inquiet d’Hervé Caltran. « Parfois, ils cassent ce qu’on vient juste d’installer. »

      Pour les plus petites collectivités des environs, la question de l’eau se résume souvent à la gestion des réseaux d’eau potable. Au syndicat mixte des eaux des monts du Lyonnais, à la tête d’un réseau de 2 000 kilomètres desservant 75 communes, la priorité est de faire en sorte que l’eau « ne se perde pas » en renouvelant les canalisations, parfois vieilles de 70 ans. Actuellement, « seulement 72 % de l’eau pompée arrive dans nos maisons », précise l’organisme dans son bulletin d’information.

      Plus au sud, dans le massif du Pilat, la petite commune de Planfoy (Loire) cherche elle aussi à moderniser son réseau. L’approvisionnement du village dépend de trois sources qui ont tendance à faiblir à la fin de l’été. En septembre 2018, le réservoir a dû être rempli par un camion-citerne. Pour éviter de revivre cette crise, la commune mène cet été des travaux pour optimiser son champ de captage, vétuste.

      « La situation était ubuesque : on pataugeait dans l’eau dans le champ de captage mais le réservoir était vide », raconte le maire, Cédric Loubet. Des travaux coûteux : 180 000 euros l’année dernière, à nouveau 100 000 euros cette année. De quoi plomber le budget de la commune. « Et avec ça on refait juste les drains et quelques centaines de mètres de réseau, raconte l’élu. On essaie de faire petit à petit. On espère que ça suffira pour éviter le retour des camions-citernes. »

      Pour ces élus locaux, l’urgence est de garantir de l’eau dans les robinets des habitant·es. « Mais l’eau potable est la partie émergée de l’iceberg », met en garde l’hydrologue Emma Haziza, qui lance l’alerte depuis des années sur ce sujet. « Si on se focalise uniquement dessus, on se trompe de débat et on oublie toute la consommation cachée, les prélèvements agricoles et industriels. »

      Tour aéroréfrigérante

      À Lyon, certains industriels sont eux aussi amenés à réduire leurs prélèvements. À l’image de l’usine historique Renault Trucks de Vénissieux, filiale du groupe Volvo. Un vaste complexe de 170 hectares, « une petite ville de 5 000 habitants », qui possède ses propres captages dans la nappe de l’Est lyonnais, détaille Dominique Bono, référent environnement du site. Pour produire ses camions, l’usine consomme aujourd’hui 300 000 mètres cubes d’eau par an, contre 2,5 millions en 1999. « Nous avons presque divisé par dix », met en avant Dominique Bono.

      En 2021, l’entreprise a bénéficié d’un financement de 160 000 euros de l’Agence de l’eau pour moderniser une tour aéroréfrigérante, qui sert à refroidir les circuits d’air comprimé vitaux pour la chaîne de production. À la clef, une économie supplémentaire de 30 000 mètres cubes d’eau par an. « Ce serait mentir de dire que nous le faisons uniquement pour des raisons environnementales. Nous sommes fiers de diminuer notre consommation en eau, mais il y a aussi un intérêt industriel. En installant du matériel neuf, nous pourrons produire de manière plus sécurisée et moins coûteuse », admet le responsable de Renault Trucks, qui représente aussi les industriels de la région au sein de la commission locale de l’eau.

      Dans l’Ouest de Lyon, le syndicat intercommunal du bassin de l’Yzeron (le Sagyrc), un affluent du Rhône, cherche à réduire les prélèvements de 45 %. Les travaux de déconnexion des eaux pluviales et des eaux d’assainissement représentent le levier le plus important pour atteindre cet objectif. Le syndicat travaille aussi sur les 130 petites retenues collinaires recensées sur la vingtaine de communes, dont la moitié à usage agricole. « Une vingtaine sont en travers de petits cours d’eau, alors qu’elles doivent normalement laisser un débit réservé pour que le ruisseau s’écoule », détaille Katy Cottinet, chargée de mission au Sagyrc.

      Restent tous les particuliers qui puisent, plus ou moins officiellement, dans les nappes et la rivière. Avec près de 2 000 puits, forages ou pompes, « l’arrosage représente 16 % des prélèvements », précise Katy Cottinet. « Mais on a du mal à connaître tous les forages individuels, qui ne sont pas tous déclarés », regrette-t-elle.

      Le syndicat tente de sensibiliser les habitants pour qu’ils réduisent leurs prélèvements, par exemple en installant des goutte-à-goutte. Quitte à hausser le ton en cas d’abus. L’année dernière, un jardin partagé a ainsi écopé d’une amende après un contrôle de la police de l’eau pour avoir pompé dans la rivière pendant une alerte sécheresse. Chaque mètre cube compte.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/150822/ne-pas-perdre-une-goutte-d-eau-le-combat-de-lyon-et-de-sa-region

  • « Tant qu’on sera dans un système capitaliste, il y aura du #patriarcat » – Entretien avec #Haude_Rivoal

    Haude Rivoal est l’autrice d’une enquête sociologique publiée en 2021 aux éditions La Dispute, La fabrique des masculinités au travail. Par un travail de terrain de plusieurs années au sein d’une entreprise de distribution de produits frais de 15 000 salariés, la sociologue cherche à comprendre comment se forgent les identités masculines au travail, dans un milieu professionnel qui se précarise (vite) et se féminise (lentement). Les travailleurs, majoritairement ouvriers, sont soumis comme dans tous les secteurs à l’intensification, à la rationalisation et à la flexibilisation du travail. Leur réponse aux injonctions du capitalisme et à la précarisation de leur statut, c’est entre autres un renforcement des pratiques viriles : solidarité accrue entre hommes, exclusion subtile (ou non) des femmes, déni de la souffrance… Pour s’adapter pleinement aux exigences du capitalisme et du patriarcat, il leur faut non seulement être de bons travailleurs, productifs, engagés et disciplinés, mais aussi des “hommes virils mais pas machos”. Pour éviter la mise à l’écart, adopter de nouveaux codes de masculinité est donc nécessaire – mais laborieux. Dans cette étude passionnante, Haude Rivoal met en lumière les mécanismes de la fabrique des masculinités au travail, au croisement des facteurs de genre, de classe et de race.

    Entretien par Eugénie P.

    Ton hypothèse de départ est originale, elle va à rebours des postulats féministes habituels : au lieu d’étudier ce qui freine les femmes au travail, tu préfères analyser comment les hommes gardent leur hégémonie au travail « malgré la déstabilisation des identités masculines au et par le travail ». Pourquoi as-tu choisi ce point de départ ?

    J’étais en contrat Cifre [contrat de thèse où le ou la doctorant.e est embauché.e par une entreprise qui bénéficie également de ses recherches, ndlr] dans l’entreprise où j’ai fait cette enquête. J’avais commencé à étudier les femmes, je voulais voir comment elles s’intégraient, trouvaient des stratégies pour s’adapter dans un univers masculin à 80%. Ce que je découvrais sur le terrain était assez similaire à toutes les enquêtes que j’avais pu lire : c’était les mêmes stratégies d’adaptation ou d’autocensure. J’ai été embauchée pour travailler sur l’égalité professionnelle, mais je n’arrivais pas à faire mon métier correctement, parce que je rencontrais beaucoup de résistances de la part de l’entreprise et de la part des hommes. Et comme je ne comprenais pas pourquoi on m’avait embauchée, je me suis dit que ça serait intéressant de poser la question des résistances des hommes, sachant que ce n’est pas beaucoup étudié par la littérature sociologique. J’ai changé un peu de sujet après le début de ma thèse, et c’est au moment où est sortie la traduction française des travaux de Raewyn Connell [Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, Paris, Éditions Amsterdam, 2014, ndlr] : cet ouvrage m’a ouvert un espace intellectuel complètement fou ! Ça m’a beaucoup intéressée et je me suis engouffrée dans la question des masculinités.

    C’est donc la difficulté à faire ton travail qui a renversé ton point de vue, en fait ?

    Oui, la difficulté à faire le travail pour lequel j’ai été embauchée, qui consistait à mettre en place des politiques d’égalité professionnelle : je me rendais compte que non seulement je n’avais pas les moyens de les mettre en place, mais qu’en plus, tout le monde s’en foutait. Et je me suis rendue compte aussi que l’homme qui m’avait embauchée pour ce projet était lui-même extrêmement sexiste, et ne voyait pas l’existence des inégalités hommes-femmes, donc je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il m’avait embauchée. J’ai compris plus tard que les raisons de mon embauche était une défense de ses propres intérêts professionnels, j’y reviendrai. Ce n’est pas qu’il était aveugle face aux inégalités – il travaillait dans le transport routier depuis 40 ans, évidemment que les choses avaient changé -, mais j’avais beau lui expliquer que les discriminations étaient plus pernicieuses, il était persuadé qu’il ne restait plus grand-chose à faire sur l’égalité hommes-femmes.

    Comment se manifeste cette “déstabilisation des identités masculines au et par le travail”, cette supposée « crise de la virilité », que tu évoques au début de ton livre ?

    Je me suis rendue compte en interviewant les anciens et les nouveaux que rien qu’en l’espace d’une génération, il y avait beaucoup moins d’attachement à l’entreprise. Les jeunes générations avaient très vite compris que pour monter dans la hiérarchie, pour être mieux payé ou pour avoir plus de responsabilités, il ne suffisait pas juste d’être loyal à l’entreprise : il fallait la quitter et changer de boulot, tout simplement. Ce n’est pas du tout l’état d’esprit des anciens, dont beaucoup étaient des autodidactes qui avaient eu des carrières ascensionnelles. Il y avait énormément de turnover, et ça créait un sentiment d’instabilité permanent. Il n’y avait plus d’esprit de solidarité ; ils n’arrêtaient pas de dire “on est une grande famille” mais au final, l’esprit de famille ne parlait pas vraiment aux jeunes. Par ailleurs, dans les années 2010, une nouvelle activité a été introduite : la logistique. Il y a eu beaucoup d’enquêtes sur le sujet ! Beaucoup de médias ont parlé de l’activité logistique avec les préparateurs de commandes par exemple, une population majoritairement intérimaire, très précaire, qui ne reste pas longtemps… et du coup, beaucoup d’ouvriers qui avaient un espoir d’ascension sociale se sont retrouvés contrariés. Ce n’est pas exactement du déclassement, mais beaucoup se sont sentis coincés dans une précarité, et d’autant plus face à moi qui suis sociologue, ça faisait un peu violence parfois. Donc c’est à la fois le fait qu’il y ait beaucoup de turnover, et le fait qu’il n’y ait plus le même sentiment de famille et de protection que pouvait apporter l’entreprise, qui font qu’il y a une instabilité permanente pour ces hommes-là. Et comme on sait que l’identité des hommes se construit en grande partie par le travail, cette identité masculine était mise à mal : si elle ne se construit pas par le travail, par quoi elle se construit ?

    Ça interroge beaucoup le lien que tu évoques entre le capitalisme et le patriarcat : la précarisation et la flexibilisation du travail entraînent donc un renforcement des résistances des hommes ?

    Oui, carrément. Il y a beaucoup d’hommes, surtout dans les métiers ouvriers, qui tirent une certaine fierté du fait de faire un “métier d’hommes ». Et donc, face à la précarisation du travail, c’est un peu tout ce qu’il leur reste. Si on introduit des femmes dans ces métiers-là, qui peuvent faire le boulot dont ils étaient si fiers parce que précisément c’est un “métier d’hommes”, forcément ça crée des résistances très fortes. Quand l’identité des hommes est déstabilisée (soit par la précarisation du travail, soit par l’entrée des femmes), ça crée des résistances très fortes.

    Tu explores justement les différentes formes de résistance, qui mènent à des identités masculines diversifiées. L’injonction principale est difficile : il faut être un homme « masculin mais pas macho ». Ceux qui sont trop machos, un peu trop à l’ancienne, sont disqualifiés, et ceux qui sont pas assez masculins, pareil. C’est un équilibre très fin à tenir ! Quelles sont les incidences concrètes de ces disqualifications dans le travail, comment se retrouvent ces personnes-là dans le collectif ?

    Effectivement, il y a plein de manières d’être homme et il ne suffit pas d’être un homme pour être dominant, encore faut-il l’être “correctement”. Et ce “correctement” est presque impossible à atteindre, c’est vraiment un idéal assez difficile. Par exemple, on peut avoir des propos sexistes, mais quand c’est trop vulgaire, que ça va trop loin, là ça va être disqualifié, ça va être qualifié de “beauf”, et pire, ça va qualifier la personne de pas très sérieuse, de quelqu’un à qui on ne pourra pas trop faire confiance. L’incidence de cette disqualification, c’est que non seulement la personne sera un peu mise à l’écart, mais en plus, ce sera potentiellement quelqu’un à qui on ne donnera pas de responsabilités. Parce qu’un responsable doit être un meneur d’hommes, il faut qu’il soit une figure exemplaire, il doit pouvoir aller sur le terrain mais aussi avoir des qualités d’encadrement et des qualités intellectuelles. Donc un homme trop vulgaire, il va avoir une carrière qui ne va pas décoller, ou des promotions qui ne vont pas se faire.

    Quant à ceux qui ne sont “pas assez masculins », je n’en ai pas beaucoup rencontrés, ce qui est déjà une réponse en soi !

    Peut-on dire qu’il y a une “mise à l’écart” des travailleurs les moins qualifiés, qui n’ont pas intégré les nouveaux codes de la masculinité, au profit des cadres ?

    Non, c’est un phénomène que j’ai retrouvé aussi chez les cadres. Mais chez les cadres, le conflit est plutôt générationnel : il y avait les vieux autodidactes et les jeunes loups, et c’est la course à qui s’adapte le mieux aux transformations du monde du travail, qui vont extrêmement vite, en particulier dans la grande distribution. C’est une des raisons pour laquelle le directeur des RH m’a embauchée : il avait peur de ne pas être dans le coup ! L’égalité professionnelle était un sujet, non seulement parce qu’il y avait des obligations légales mais aussi parce que dans la société, ça commençait à bouger un peu à ce moment-là. Donc il s’est dit que c’est un sujet porteur et que potentiellement pour sa carrière à lui, ça pouvait être très bon. Ça explique qu’il y ait des cadres qui adhèrent à des projets d’entreprise avec lesquels ils ne sont pas forcément d’accord, mais juste parce qu’il y a un intérêt final un peu égoïste en termes d’évolution de carrière.

    On dit toujours que les jeunes générations sont plus ouvertes à l’égalité que les aînés, je pense que ce n’est pas tout à fait vrai ; les aînés ont à cœur de s’adapter, ils ont tellement peur d’être dépassés que parfois ils peuvent en faire plus que les jeunes. Et par ailleurs, les jeunes sont ouverts, par exemple sur l’équilibre vie pro et vie perso, mais il y a quand même des injonctions (qui, pour le coup, sont propres au travail) de présentéisme, de présentation de soi, d’un ethos viril à performer… qui font qu’ils sont dans des positions où ils n’ont pas d’autres choix que d’adopter certains comportements virilistes. Donc certes, ils sont plus pour l’égalité hommes-femmes, mais ils ne peuvent pas complètement l’incarner.

    L’une de tes hypothèses fortes, c’est que le patriarcat ingurgite et adapte à son avantage toutes les revendications sur la fin des discriminations pour se consolider. Est-ce qu’on peut progresser sur l’égalité professionnelle, et plus globalement les questions de genre, sans que le patriarcat s’en empare à son avantage ?

    Très clairement, tant qu’on sera dans un système capitaliste, on aura toujours du patriarcat, à mon sens. C’était une hypothèse, maintenant c’est une certitude ! J’ai fait une analogie avec l’ouvrage de Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, pour dire que la domination masculine est pareille que le capitalisme, elle trouve toujours des moyens de se renouveler. En particulier, elle est tellement bien imbriquée dans le système capitaliste qui fonctionne avec les mêmes valeurs virilistes (on associe encore majoritairement la virilité aux hommes), que les hommes partent avec des avantages compétitifs par rapport aux femmes. Donc quand les femmes arrivent dans des positions de pouvoir, est-ce que c’est une bonne nouvelle qu’elles deviennent “des hommes comme les autres”, c’est-à-dire avec des pratiques de pouvoir et de domination ? Je ne suis pas sûre. C’est “l’égalité élitiste” : des femmes arrivent à des positions de dirigeantes, mais ça ne change rien en dessous, ça ne change pas le système sur lequel ça fonctionne, à savoir : un système de domination, de hiérarchies et de jeux de pouvoir.

    Donc selon toi, l’imbrication entre patriarcat et capitalisme est indissociable ?

    Absolument, pour une simple et bonne raison : le capitalisme fonctionne sur une partie du travail gratuit qui est assuré par les femmes à la maison. Sans ce travail gratuit, le système capitaliste ne tiendrait pas. [à ce sujet, voir par exemple les travaux de Silvia Federici, Le capitalisme patriarcal, ndlr]

    Ça pose la question des politiques d’égalité professionnelle en entreprise : sans remise en question du système capitaliste, elles sont destinées à être seulement du vernis marketing ? On ne peut pas faire de vrais progrès ?

    Je pense que non. D’ailleurs, beaucoup de gens m’ont dit que mon livre était déprimant pour ça. Je pense que les politiques d’égalité professionnelle ne marchent pas car elles ne font pas sens sur le terrain. Les gens ne voient pas l’intérêt, parce qu’ils fonctionnent essentiellement d’un point de vue rationnel et économique (donc le but est de faire du profit, que l’entreprise tourne et qu’éventuellement des emplois se créent, etc), et ils ne voient pas l’intérêt d’investir sur ce sujet, surtout dans les milieux masculins car il n’y a pas suffisamment de femmes pour investir sur le sujet. J’ai beau leur dire que justement, s’il n’y a pas de femmes c’est que ça veut dire quelque chose, ils ont toujours des contre-arguments très “logiques” : par exemple la force physique. Ils ne vont pas permettre aux femmes de trouver une place égale sur les postes qui requièrent de la force physique. Quand les femmes sont intégrées et qu’elles trouvent une place valorisante, ce qui est le cas dans certains endroits, c’est parce qu’elles sont valorisées pour leurs qualités dites “féminines”, d’écoute, d’empathie, mais elles n’atteindront jamais l’égalité car précisément, elles sont valorisées pour leur différence. Le problème n’est pas la différence, ce sont les inégalités qui en résultent. On peut se dire que c’est super que tout le monde soit différent, mais on vit dans un monde où il y a une hiérarchie de ces différences. Ces qualités (écoute, empathie) sont moins valorisées dans le monde du travail que le leadership, l’endurance…

    Ça ne nous rassure pas sur les politiques d’égalité professionnelle…

    Si les politiques d’égalité professionnelle marchaient vraiment, on ne parlerait peut-être plus de ce sujet ! Je pense que les entreprises n’ont pas intérêt à ce qu’elles marchent, parce que ça fonctionne bien comme ça pour elles. Ca peut prendre des formes très concrètes, par exemple les RH disaient clairement en amont des recrutements : ”on prend pas de femmes parce que physiquement elles ne tiennent pas”, “les environnement d’hommes sont plus dangereux pour elles”, “la nuit c’est pas un environnement propice au travail des femmes”… Tu as beau répondre que les femmes travaillent la nuit aussi, les infirmières par exemple… Il y a un tas d’arguments qui montrent la construction sociale qui s’est faite autour de certains métiers, de certaines qualités professionnelles attendues, qu’il faudrait déconstruire – même si c’est très difficile à déconstruire. Ça montre toute une rhétorique capitaliste, mais aussi sexiste, qui explique une mise à l’écart des femmes.

    On a l’impression d’une progression linéaire des femmes dans le monde du travail, que ça avance doucement mais lentement, mais je constate que certains secteurs et certains métiers se déféminisent. On observe des retours en arrière dans certains endroits, ce qui légitime encore plus le fait de faire des enquêtes. Ce n’est pas juste un retour de bâton des vieux mormons qui veulent interdire l’avortement, il y aussi des choses plus insidieuses, des résistances diverses et variées.

    En plus, l’intensification du travail est un risque à long terme pour les femmes. Par exemple, il y a plus de femmes qui font des burnout. Ce n’est pas parce qu’elles sont plus fragiles psychologiquement, contrairement à ce qu’on dit, mais c’est parce qu’elles assurent des doubles journées, donc elles sont plus sujettes au burnout. Les transformations du monde du travail sont donc un risque avéré pour l’emploi des femmes, ne serait-ce que parce que par exemple, les agences d’intérim trient en amont les candidats en fonction de la cadence. Il faut redoubler de vigilance là-dessus.

    Tu analyses les types de masculinité qui se façonnent en fonction des facteurs de classe et de race. On voit que ce ne sont pas les mêmes types d’identités masculines, certaines sont dévalorisées. Quelles en sont les grandes différences ?

    Je ne vais pas faire de généralités car ça dépend beaucoup des milieux. Ce que Raewyn Connell appelle la “masculinité hégémonique”, au sens culturel et non quantitatif (assez peu d’hommes l’incarnent), qui prendrait les traits d’un homme blanc, d’âge moyen, hétérosexuel, de classe moyenne supérieure. Par rapport à ce modèle, il y a des masculinités “non-hégémoniques”, “subalternes”, qui forment une hiérarchie entre elles. Malgré le fait que ces masculinités soient plurielles, il y a une solidarité au sein du groupe des hommes par rapport au groupe des femmes, et à l’intérieur du groupe des hommes, il y a une hiérarchie entre eux. Les masculinités qu’on appelle subalternes sont plutôt les masculinités racisées ou homosexuelles. Elles s’expriment sous le contrôle de la masculinité hégémonique. Elles sont appréciées pour certaines qualités qu’elles peuvent avoir : j’ai pu voir que les ouvriers racisés étaient appréciés pour leur endurance, mais qu’ils étaient aussi assez craints pour leur “indiscipline” supposée. En fait, les personnes “dévalorisées” par rapport à la masculinité hégémonique sont appréciées pour leurs différences, mais on va craindre des défauts qui reposent sur des stéréotypes qu’on leur prête. Par exemple, les personnes racisées pour leur supposée indiscipline, les personnes des classes populaires pour leur supposé mode de vie tourné vers l’excès, les femmes pour leurs supposés crêpages de chignon entre elles…. C’est à double tranchant. Les qualités pour lesquelles elles sont valorisées sont précisément ce qui rend l’égalité impossible. Ces qualités qu’on valorise chez elles renforcent les stéréotypes féminins.

    Tu montres que le rapport au corps est central dans le travail des hommes : il faut s’entretenir mais aussi s’engager physiquement dans le travail, quitte à prendre des risques. Il y a une stratégie de déni de la souffrance, de sous-déclaration du stress chez les travailleurs : pour diminuer la souffrance physique et psychologique au travail, il faut changer les conditions de travail mais aussi changer le rapport des hommes à leur corps ?

    Je pensais que oui, mais je suis un peu revenue sur cette idée. Effectivement, il y plein d’études qui montrent que les hommes prennent plus de risques. C’est par exemple ce que décrit Christophe Dejours [psychiatre français spécialisé dans la santé au travail, ndlr] sur le “collectif de défense virile”, qui consiste à se jeter à corps perdu dans le travail pour anesthésier la peur ou la souffrance. Ce n’est pas forcément ce que j’ai observé dans mes enquêtes : en tout cas auprès des ouvriers (qui, pour le coup, avaient engagé leur corps assez fortement dans le travail), non seulement parce qu’ils ont bien conscience que toute une vie de travail ne pourra pas supporter les prises de risque inconsidérées, mais aussi parce qu’aujourd’hui la souffrance est beaucoup plus médiatisée. Cette médiatisation agit comme si elle donnait une autorisation d’exprimer sa souffrance, et c’est souvent un moyen d’entrée pour les syndicats pour l’amélioration des conditions de travail et de la santé au travail. Donc il y a un rapport beaucoup moins manichéen que ce qu’on prête aux hommes sur la prise de risques et le rapport au corps.

    En termes d’émotions, là c’est moins évident : on parle de plus en plus de burnout, mais à la force physique s’est substituée une injonction à la force mentale, à prendre sur soi. Et si ça ne va pas, on va faire en sorte que les individus s’adaptent au monde du travail, mais on ne va jamais faire en sorte que le monde du travail s’adapte au corps et à l’esprit des individus. On va donner des sièges ergonomiques, des ergosquelettes, on va créer des formations gestes et postures, on va embaucher des psychologues pour que les gens tiennent au travail, sans s’interroger sur ce qui initialement a causé ces souffrances.

    D’ailleurs, ce qui est paradoxal, c’est que l’entreprise va mettre en place tous ces outils, mais qu’elle va presque encourager les prises de risque, parce qu’il y a des primes de productivité ! Plus on va vite (donc plus on prend des risques), plus on gagne d’argent. C’est d’ailleurs les intérimaires qui ont le plus d’accidents du travail, déjà parce qu’ils sont moins formés, mais aussi parce qu’ils ont envie de se faire un max d’argent car ils savent très bien qu’ils ne vont pas rester longtemps.

    Donc ce sont les valeurs du capitalisme et ses incidences économiques (les primes par exemple) qui forgent ce rapport masculin au travail ?

    Oui, mais aussi parce qu’il y a une émulation collective. La masculinité est une pratique collective. Il y a une volonté de prouver qu’on est capable par rapport à son voisin, qu’on va dépasser la souffrance même si on est fatigué, et qu’on peut compter sur lui, etc. J’ai pu observer ça à la fois chez les cadres dans ce qu’on appelle les “boys clubs”, et sur le terrain dans des pratiques de renforcement viril.

    Tu n’as pas observé de solidarité entre les femmes ?

    Assez peu, et c’est particulièrement vrai dans les milieux masculins : la sororité est une solidarité entre femmes qui est très difficile à obtenir. J’en ai fait l’expérience en tant que chercheuse mais aussi en tant que femme. Je me suis dit que j’allais trouver une solidarité de genre qui m’aiderait à aller sur le terrain, mais en fait pas du tout. C’est parce que les femmes ont elles-mêmes intériorisé tout un tas de stéréotypes féminins. C’est ce que Danièle Kergoat appelle “le syllogisme des femmes”, qui dit : “toutes les femmes sont jalouses. Moi je ne suis pas jalouse. Donc je ne suis pas une femme.” Il y a alors une impossibilité de création de la solidarité féminine, parce qu’elles ne veulent pas rentrer dans ces stéréotypes dégradants de chieuses, de nunuches, de cuculs… Les femmes sont assez peu nombreuses et assez vites jugées, en particulier sur leurs tenues : les jugements de valeur sont assez sévères ! Par exemple si une femme arrive avec un haut un peu décolleté, les autres femmes vont être plutôt dures envers elle, beaucoup plus que les hommes d’ailleurs. Elles mettent tellement d’efforts à se créer une crédibilité professionnelle que tout à coup, si une femme arrive en décolleté, on ne va parler que de ça.

    Toi en tant que femme dans l’entreprise, tu dis que tu as souvent été renvoyée à ton genre. Il y a une forme de rappel à l’ordre.

    Oui, quand on est peu nombreuses dans un univers masculin, la féminité fait irruption ! Quels que soient tes attributs, que tu sois féminine ou pas tant que ça, tu vas avoir une pression, une injonction tacite à contrôler tous les paramètres de ta féminité. Ce ne sont pas les hommes qui doivent contrôler leurs désirs ou leurs remarques, mais c’est aux femmes de contrôler ce qu’elles provoquent chez les hommes, et la perturbation qu’elles vont provoquer dans cet univers masculin, parce qu’elles y font irruption.

    Toujours rappeler les femmes à l’ordre, c’est une obsession sociale. Les polémiques sur les tenues des filles à l’école, sur les tenues des femmes musulmanes en sont des exemples… Cette volonté de contrôle des corps féminins est-elle aussi forte que les avancées féministes récentes ?

    C’est difficile à mesurer mais ce n’est pas impossible. S’il y a des mouvements masculinistes aussi forts au Canada par exemple, c’est peut-être que le mouvement féministe y est hyper fort. Ce n’est pas impossible de se dire qu’à chaque fois qu’il y a eu une vague d’avancées féministes, quelques années plus tard, il y a forcément un retour de bâton. Avec ce qui s’est passé avec #metoo, on dirait que le retour de bâton a commencé avec le verdict du procès Johnny Depp – Amber Heard, puis il y a eu la la décision de la Cour Constitutionnelle contre l’avortement aux Etats-Unis… On n’est pas sorties de l’auberge, on est en train de voir se réveiller un mouvement de fond qui était peut-être un peu dormant, mais qui est bien présent. L’article sur les masculinistes qui vient de sortir dans Le Monde est flippant, c’est vraiment des jeunes. En plus, ils sont bien organisés, et ils ont une rhétorique convaincante quand tu ne t’y connais pas trop.

    Les milieux de travail très féminisés sont-ils aussi sujets à l’absence de sororité et à la solidarité masculine dont tu fais état dans ton enquête ?

    En général, les hommes qui accèdent à ces milieux ont un ”ascenseur de verre” (contrairement aux femmes qui ont le “plafond de verre”) : c’est un accès plus rapide et plus facile à des postes à responsabilité, des postes de direction. C’est le cas par exemple du milieu de l’édition : il y a énormément de femmes qui y travaillent mais les hommes sont aux manettes. Le lien avec capitalisme et virilité se retrouve partout – les hommes partent avec un avantage dans le monde du travail capitaliste, souvent du simple fait qu’ils sont des hommes et qu’on leur prête plus volontiers d’hypothétiques qualités de leader.

    Dans quelle mesure peut-on étendre tes conclusions à d’autres milieux de travail ou d’autres secteurs d’activité ? Est-ce que tes conclusions sont spécifiques à la population majoritairement ouvrière et masculine, et au travail en proie à l’intensification, étudiés dans ta thèse ?

    J’ai pensé mon travail pour que ce soit généralisable à plein d’entreprises. J’ai pensé cette enquête comme étant symptomatique, ou en tout cas assez représentative de plein de tendances du monde du travail : l’intensification, l’informatisation à outrance… Ces tendances se retrouvent dans de nombreux secteurs. Je dis dans l’intro : “depuis l’entrepôt, on comprend tout.” Comme partout, il y a de la rationalisation, de l’intensification, et de la production flexible. A partir de là, on peut réfléchir aux liens entre masculinités et capitalisme. Les problématiques de violence, de harcèlement sortent dans tous les milieux, aucun milieu social n’est épargné, précisément parce qu’elles ont des racines communes.

    Comment peut-on abolir le capitalisme, le patriarcat et le colonialisme ?

    Je vois une piste de sortie, une perspective politique majeure qui est de miser sur la sororité. La sororité fonctionne différemment des boys clubs, c’est beaucoup plus horizontal et beaucoup moins hiérarchique. Il y a cette même notion d’entraide, mais elle est beaucoup plus inclusive. Ce sont des dominées qui se rassemblent et qui refusent d’être dominées parce qu’elles refusent de dominer. Il faut prendre exemple sur les hommes qui savent très bien se donner des coups de main quand il le faut, mais faisons-le à bon escient. C’est une solution hyper puissante.

    Ne pas dominer, quand on est dominante sur d’autres plans (quand on est blanche par exemple), ça revient à enrayer les différents systèmes de domination.

    Tout à fait. Les Pinçon-Charlot, on leur a beaucoup reproché d’avoir travaillé sur les dominants, et c’est le cas aussi pour les masculinités ! Il y a plusieurs types de critique : d’abord, il y a un soupçon de complaisance avec ses sujets d’étude, alors qu’il y a suffisamment de critique à l’égard de nos travaux pour éviter ce biais. Ensuite, on est souvent accusé.e.s de s’intéresser à des vestiges ou à des pratiques dépassés, parce que les groupes (hommes, ou bourgeois) sont en transformation ; en fait, les pratiques de domination se transforment, mais pas la domination ! Enfin, on peut nous reprocher de mettre en lumière des catégories “superflues”, alors qu’on devrait s’intéresser aux dominé.e.s… mais on a besoin de comprendre le fonctionnement des dominant.e.s pour déconstruire leur moyen de domination, et donner des armes à la sororité.

    https://www.frustrationmagazine.fr/entretien-rivoal
    #capitalisme #identité_masculine #travail #féminisation #précarisation #intensification #rationalisation #flexibilisation #pratiques_viriles #masculinité #codes #codes_de_masculinité #genre #classe #race #intersectionnalité #hommes #égalité_professionnelle #sexisme #discriminations #crise_de_la_virilité #turnover #instabilité #solidarité #logistique #ouvriers #ascension_sociale #déclassement #métier_d’hommes #résistance #disqualification #beauf #responsabilités #vulgarité #égalité_professionnelle #carrière #présentéisme #genre #domination_masculine #pouvoir #égalité_élitiste #hiérarchies #travail_gratuit #travail_domestique #force_physique #écoute #empathie #différence #leadership #rhétorique #endurance #déféminisation #intensification_du_travail #burnout #burn-out #cadence #masculinité_hégémonique #masculinités_subalternes #stéréotypes #indiscipline #corps #souffrance #stress #souffrance_physique #souffrance_psychique #conditions_de_travail #risques #santé_au_travail #émotions #force_mentale #primes #boys_clubs #renforcement_viril #sororité #syllogisme_des_femmes #solidarité_féminine #jugements_de_valeur #crédibilité_professionnelle #féminité #violence #harcèlement #entraide

  • Le 14 juillet, pile pendant le feu d’artifice, j’étais au festival de jazz du Rocher de Palmer pour écouter deux super groupes d’un coup, Rhoda Scott et son équipe de choc des Lady All Stars qui était au grand complet, puis Anthony Joseph et sa poésie politique sur fond de free jazz. C’est plus la classe que la musique militaire non ?

    Rhoda Scott et toutes l’équipe : Julie Saury ET Anne Paceo à la fois à la batterie, Airelle Besson à la trompette, Lisa Cat-Bero et Géraldine Laurent au sax alto, Céline Bonacina au sax baryton
    https://seenthis.net/messages/951431

    Anthony Joseph avec son dernier album « The rich are only defeated when running for their lives »
    https://anthonyjosephofficial.bandcamp.com/album/the-rich-are-only-defeated-when-running-for-their-li

    #musique #jazz #Rhoda_Scott #Anthony_Joseph

    • À l’Europa Jazz de ce printemps vu
      Louis Sclavis en quartet avec
      Ana Luis - violoncelle
      Bruno Ducret - violoncelle
      Keyvan Chemirani - zarb, percussions, santur
      Magnifique ! C’était le premier concert public de l’album qui venait de sortir.

      Suivi d’un concert de Truffaz accompagné du chœur Emelthée. Pas fan du trompettiste mais j’attendais quelque chose de cette formation -> c’est un peu beau 10 minutes et après c’est toujours pareil -> j’ai baillé

      Le lendemain :

      Géraldine Laurent en duo avec François Corneloup, ça marche super bien

      PAUL LAY TRIO « BACH’S GROOVE »
      Paul Lay - piano
      Matyas Szandai - contrebasse
      Donald Kantomanou - batterie
      pour une revisitation géniale et tonique de quelques préludes et fugues de Bach. Du coup Paul Lay était le Glenn Gould du jazz.

      Géraldine Laurent quartet « Cooking » + Mérédic Collignon très en forme et drôle
      Géraldine Laurent - saxophone
      Paul Lay - piano
      Yoni Zelnik - contrebasse
      Donald Kontomanou - batterie
      + Médéric Collignon - cornet, bugle, voix, machines

      Et pour terminer la soirée, la bande à Corneloup :
      François Corneloup - saxophone
      Fabrice Vieira - guitares, cavaquinho, voix
      Éric Duboscq - guitare basse
      Michaël Geyre - accordéon
      Fawzi Berger - zabumba, pandeiro,
      percussions, appeaux
      Ersoj Kazimov - derbuka, cajon
      + celleux qui jouaient avant ou joueraient le lendemain
      Musique joyeuse et dansante, j’ai dansé tout le concert !

      #ça_fait_du_bien

      Belle programmation les jours suivants (notamment Dhaffer Youssef et Airelle Besson) mais pas vraiment dispo et parce que j’ai pas les bourses à Rotchild.

  • Une pollution aux composés perfluorés identifiée dans le couloir de la chimie, au sud de Lyon
    https://www.actu-environnement.com/ae/news/pollution-composes-perfluores-couloir-chiie-sud-lyon-39626.php4

    Il paraissait étonnant que la France puisse échapper au scandale des « polluants éternels », mis en lumière pour les États-Unis par le film Dark Waters. L’équipe Vert de rage du journaliste d’investigation Martin Boudot révèle à travers une enquête, qui sera diffusée dans le magazine Envoyé Spécial de France 2, le jeudi 12 mai, une contamination par des composés perfluorés (PFAS) des milieux situés à proximité de la plateforme industrielle de Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Cette plateforme héberge deux entreprises, Arkema et Daikin, qui utilisent, ou ont utilisés, ces composés. Il s’agit de deux installations classées (ICPE) soumises à autorisation, la première étant, de surcroît, classée Seveso seuil haut.

  • George Floyd murder: A year on, did the protests it inspired in Europe change anything? | Euronews
    https://www.euronews.com/my-europe/2021/05/24/george-floyd-murder-a-year-on-did-the-protests-it-inspired-in-europe-chang

    In short yes some things did change but too little:
    – “the European Parliament passed a resolution on the George Floyd protests, tackling structural racism and police brutality in Europe”.
    – “there is a “major data gap” across the continent when it comes to recording police violence against minority groups.”
    – “appointment of the EU’s first anti-racism coordinator - Michaela Moua”
    – “The protests put anti-racism and racial justice on the policy agenda, where policymakers could no longer ignore the issue”

    Black Lives Matter protests erupted across Europe after the murder of George Floyd - Copyright Markus Schreiber/AP

    One year ago on Tuesday (May 25th), George Floyd was murdered by a police officer in the city of Minneapolis in the US.

    The city was subsequently rocked by huge racial justice protests, which spread first across the US, and then further afield, with massive demonstrations taking place in many major European cities.

    These protests didn’t just centre on police brutality. As the Black Lives Matter movement gained recognition in Europe, the issues of systemic discrimination and even Europe’s colonial past started to be raised .

    A year on since the murder that sparked a summer of protest, how much has actually changed in Europe?
    Police brutality ‘a problem in Europe too’

    “Where there have been promising changes, we’re still in the implementation stage, but the impact hasn’t yet been felt on the ground,” says Ojeaku Nwabuzo, a senior research officer at the European Network Against Racism.

    She tells Euronews the Black Lives Matter uprising “was the spark of a lot of development and discussion in Europe around police violence,” but concrete changes are yet to be seen.

    Nwabuzo is in the midst of researching police brutality in Europe between the years 2015 and 2020, and points out there is a “major data gap” across the continent when it comes to recording police violence against minority groups.

    “What we do know is there is a problem with police and law enforcement disproportionately brutalising, profiling and surveilling racialised groups,” she says.

    But many of the demands organisations like hers have been working on for years - “such as looking at structural, systemic forms of racism” - were quickly listened to and acted upon following the outbreak of protests, she says, “specifically in the EU”.
    EU ‘action plan’ on racism

    In June last year, the European Parliament passed a resolution on the George Floyd protests, tackling structural racism and police brutality in Europe.

    This was quickly followed up by a Commission anti-racism action plan - drawing some praise from campaigners.

    “This is a direct response to the Black Lives Matter movement,” says Nwabuzo. “The way in which these plans were developed, the language used, acknowledging structural and systemic racism in a way we have not seen the Commission do before.”

    Evin Incir MEP, a co-president of the European Parliament’s Anti-Racism and Diversity Intergroup, tells Euronews the action plan was “an important sign the Commission immediately took this situation seriously”.

    She says the protests put pressure on politicians “even we thought might not vote for such wording that the resolution contained,” and says the recent appointment of the EU’s first anti-racism coordinator - Michaela Moua - is “very important”.

    EU needs ’holistic approach’ if they want to tackle racial discrimination
    Analysis: Is Europe any better than the US when it comes to racism?

    Moua’s role is to coordinate the implementation of the action plan, which Incir says hasn’t yet borne fruit in people’s everyday lives.

    The action plan contains proposals for improving law enforcement policies, security from extremists, and greater equality in areas such as employment, health and housing - but additional legislation to fill any gaps won’t be until 2022.

    ENAR’s Nwabuzo says the protests in Europe were “really significant” in forcing concrete action on a legislative level.

    “The protests put anti-racism and racial justice on the policy agenda, where policymakers could no longer ignore the issue,” she says.

    “It’s important we continue making our voices loud on the matter, that we don’t stop,” Incir says.

    “Some part of the knowledge has reached the legislators, but also the people need to continue rising up for anti-racism because otherwise, unfortunately, there are some legislators who have a very short memory.”
    Colonial commemorations

    The protests also forced some European countries into a reckoning with their colonial pasts.

    Demonstrators targeted statues in public places commemorating figures linked to colonial violence and the slave trade.

    In Bristol in the UK, a crowd tore down the statue of Edward Colston - a wealthy ‘philanthropist’ who made the bulk of his fortune in the slave trade - and threw it in the river.

    Similar acts occurred in Belgium, where many statues of King Leopold II - notorious for his rule over the Congo Free State - adorn the streets.

    Daphné Budasz, a PhD researcher at the European University Institute, says the debate over statues existed long before the protests in 2020, especially in countries such as the UK and Belgium.

    But it did widen the debate, opening up similar conversations in countries that until then hadn’t paid it much attention.

    “Living in Switzerland, Swiss people don’t usually consider they have a link to colonial history, but even here last year we had a debate about a statue in Neuchâtel, a guy called David de Pury, who made his fortune from the slave trade,” she tells Euronews.

    “This was a non-existent debate, and suddenly because of Black Lives Matter it became visible even here.”

    However, the momentum around this issue appears to have stalled. Just last week in the UK, the long-running campaign to have a statue of colonialist Cecil Rhodes removed from a college at the University of Oxford saw defeat once again.

    Oxford University to keep Cecil Rhodes statue despite recommendation to remove it

    Despite Oriel College claiming it agreed the statue — at the centre of a years’ long #RhodesMustFall campaign — should be removed, it said high costs and complex heritage planning rules meant it won’t be taken down.

    It said instead it will work on the “contextualisation” of the college’s relationship with Rhodes.

    “I have the impression there’s no real political willingness to properly discuss this question,” says Budasz, who points to French President Emmanuel Macron’s response to calls for statues to come down.

    “The Republic will not erase any trace or name from its history,” he said in a television address last year.

    “It will not forget any of its works, it will not remove any of its statues.”

    “What they’re suggesting is that the people asking for removal are the reactionary ones, the ones who want to change history,” says Budasz.

    “We don’t want to change history. The debate is too polarised and there’s a kind of refusal to understand the symbolic element in monuments and the meaning in commemoration,” she adds.

    Her view is that the debate over statues was perhaps more of “a buzz”, which did reach a wider audience at the time, but now those still fighting for [the] removal of colonial relics are in the minority again.

    “We still use history as a tool to build or reinforce national identities, when history should be a critical tool to understand today’s society,” she argues, pointing out monuments are for the purpose of commemoration.

    “A statue is not an historical artefact, it’s not an archive, it’s a narrative of history. It’s been put there on purpose.”

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    #BLM #Contestedmonuments #police #police_violence #violence_policière #eslavage #statue #monument

  • Le plus grand immeuble de Suisse porte bien ses 60 années

    Le bâtiment central de la cité du #Lignon mesure plus d’un kilomètre. C’est le plus grand ensemble locatif de Suisse. La #qualité_de_vie est réelle dans ce quartier de 6500 habitants, mais des tensions existent entre anciens, nouveaux venus et jeunes adultes.
    C’était l’année 1974. Michèle Finger se souvient de son arrivée dans la #Cité_du_Lignon. Elle était en voiture avec celui qui deviendrait son mari. La cité s’allongeait devant elle avec son kilomètre de long, ses 2780 logements et 84 allées. « C’était inimaginable, immense. Je n’arrivais pas à visualiser un bâtiment de cette taille », se remémore-t-elle. Une fois à l’intérieur, Michèle est rassurée. « Mon ami était installé dans un quatre pièces. C’était bien conçu et très lumineux. La vue était grandiose, sans vis-à-vis. C’était étrange, on ne se sentait pas coincé dans une cité », raconte cette ancienne comptable, originaire de Porrentruy. Le temps est passé, les enfants sont partis et désormais, Michèle et son mari se préparent à déménager dans une maison avec un encadrement socio-médical, tout en restant près du Lignon.

    Le promoteur et architecte genevois #Georges_Addor (1920-1982), chef de ce projet, prévu initialement pour loger jusqu’à 10’000 personnes, aurait été ravi d’entendre Michèle. « Le bonheur des gens ? C’est la préoccupation la plus grande d’un architecte qui construit un ensemble de cette taille », affirmait-il en 1966 devant les caméras de la RTS. « Dès lors qu’une personne a compris qu’elle aura quatre voisins autour d’elle, avoir 15 étages en-dessous ou au-dessus d’elle ne changera rien », expliquait ce fils de la grande bourgeoisie immobilière du canton. « Il était encarté à gauche et roulait en Maserati », résume au sujet d’Addor, l’architecte #Jean-Paul_Jaccaud. Son bureau a participé à la #rénovation_énergétique de 1200 appartements du Lignon, un travail primé fin 2021 par le magazine alémanique « Hochparterre » et le Musée du design de Zurich. Le travail s’est étalé sur dix ans et aura coûté 100 millions de francs.

    Une construction rapide et fonctionnelle

    Tout dans l’histoire du Lignon s’écrit avec de grandes lettres. Le projet a d’abord été élevé en un temps record. Nous sommes à 5 kilomètres du centre. Il y a de la place pour construire dans des zones tracées par l’État pour organiser le développement du canton sans le miter. Durant la première étape, entre 1963 et 1967, 1846 #appartements sont réalisés. « Aujourd’hui, une telle rapidité serait impensable, comme d’ailleurs la conception d’un projet de ce type », estime Jean-Paul Jaccaud. L’œuvre est moderniste et fonctionnelle. L’État et la commune de #Vernier visent la #mixité_sociale. Le grand serpent du Lignon, dont les allées descendent vers le Rhône par petits degrés offre des appartements conçus à l’identique, qu’il s’agisse d’un logement social ou d’un appartement en propriété par étages. Tous les appartements sont traversants. Les prix sont définis en fonction de la taille des logements et de l’étage. Jean-Paul Jaccaud cite l’exemple d’un 6 pièces proposé à 2800 francs mensuel.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=pAoTel16ZnQ&feature=emb_logo

    « …comme dans une ruelle du Moyen-Âge »

    On pénètre dans le quartier en passant sous une arche. Le côté intérieur du serpent est silencieux. On chemine à l’abri du trafic. Les parkings sont cachés sous de grandes pelouses. Dessiné par l’architecte-paysagiste Walter Brugger, l’espace public est ponctué de fontaines, de places. Les rez-de-chaussée sont transparents. Un bel escalier en pierre blanche permet de descendre vers le Rhône en pente douce, « comme dans une ruelle du Moyen-Âge », compare Jean-Paul Jaccaud. Georges Addor a bâti en hauteur et en ligne afin de préserver les 280’000 mètres carrés de terrain disponibles pour l’ensemble du projet, avec au bout une surface identique de plancher habitable. Non seulement le bâtiment central est long, mais il est aussi très élevé, atteignant 50 mètres par endroits. Jusqu’aux années 1990, la plus haute tour du Lignon, qui en compte deux, était également la plus haute de Suisse. « Rares sont les bâtiments de ce type à avoir aussi bien vieilli », commente Jean-Paul Jaccaud.

    Du calme, de la lumière et des services à la population

    Au 10e étage de la plus petite des deux tours de la Cité, qui constituent le haut du panier au Lignon, nous visitions un appartement qui vient d’être rénové. Les travaux ont permis d’améliorer la performance énergétique de 40%. La conception initiale n’était pas mauvaise, indique l’architecte genevois. En effet, un immeuble tout en longueur limite le nombre de parois à isoler. En ce matin de janvier, le soleil inonde les pièces. La vue est grandiose, on découvre un bras du Rhône et au-delà le Jura. Autre astuce d’Addor ? Les deux tours en question ont été élevées au point le plus bas, « pour éviter de les rendre dominantes », explique Jean-Paul Jaccaud.

    Tous les habitants du Lignon le disent : la Cité est une ville à la campagne. Elle permet aussi d’y vivre en autonomie. Au cœur du Lignon bat un petit centre commercial d’un étage. Il y a là tout le nécessaire : tea-room, restaurant, brasserie, cordonnier, coiffeur, poste, boucherie, clinique. Et aussi une paroisse protestante, une église catholique, un terrain multi-sport, une ludothèque, un local pour les adolescents et deux groupes scolaires.

    Chaque samedi, l’ancien pasteur Michel Monod, qui vit ici depuis 1973, se poste entre la Migros et la Coop pour saluer les gens. « Techniquement, c’est un ensemble parfait », dit-il. Avant de déplorer le manque de liens entre les habitants, dans cette Cité qui compte plus de 100 nationalités. « C’est le règne de l’individualisme de masse », juge-t-il.

    De jeunes adultes en mal d’un lieu de vie

    Michel Monod co-dirige le Contrat de quartier du Lignon, dont le but est d’aider les gens à réaliser des projets communautaires. Chaque jour, il rejoint un auvent situé sous la salle de spectacle du Lignon. Là, à l’abri des regards, de jeunes adultes du quartier se réunissent, se réchauffant parfois au feu d’un brasero artisanal. Michèle Finger connaît le lieu. Ce regroupement de jeunes qui fument et boivent des bières en écoutant du rap suscite chez elle un sentiment d’insécurité, dans cette cité où elle se reconnaît moins qu’avant. Certes, le loyer des époux Finger est dérisoire, soit 1200 francs pour un cinq pièces, charges et garage compris. Mais cette habitante, qui s’investit dans plusieurs associations du quartier, déplore des détritus s’amoncelant devant des lieux de collecte, des crachats dans l’ascenseur et le fait que des jeunes squattent le bas des allées. « Je ne connais pas les locataires installés récemment dans mon immeuble. Les gens ne prennent même plus la peine de relever le journal du quartier », dit-elle, pointant un manque d’intérêt des « nouveaux étrangers » arrivant au Lignon.

    Travailleur social au Lignon depuis 2012, Miguel Sanchez, 39 ans, connaît ce discours et comprend ce malaise. « Avec ses loyers peu chers, le Lignon offre une solution à des personnes issues de la migration. Cette mixité ethnique et sociale, dans un contexte général économique plus tendu, rend peut-être la création de liens plus compliquée que par le passé », analyse-t-il. « Mais le Lignon n’est pas une cité dortoir, comme il en existe en France. Elle est équipée et entretenue. D’ailleurs les jeunes sont fiers de vivre ici. Il n’y a jamais eu de gros souci de sécurité ou de criminalité. Il faut plutôt parler d’incivilités », décrit l’animateur socio-culturel.

    En fait, Michel Monod prête aux jeunes du brasero des qualités qui feraient défaut aux résidents du Lignon. « Ils sont extrêmement fidèles en amitié. Des gens me disent, enfermez-les ! Je leur dis : ce sont vos enfants. » Lui aussi, lors de son arrivée au Lignon avait trouvé le quartier hors de proportion. « Je m’étais dit : ce n’est pas possible de vivre comme dans une termitière et je m’étais donné comme mission de réunir les gens. » Mais lui aussi aime le Lignon.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/le-plus-grand-immeuble-de-suisse-porte-bien-ses-60-annees
    #Le_Lignon #Genève #Suisse #urbanisme #architecture #logements_sociaux #prix #Walter_Brugger #espace_public #Rhône #autonomie #liens #liens_sociaux #incivilités #sécurité #criminalité

  • « Lady All Stars », le réjouissant album 100% féminin de Rhoda Scott
    https://www.fip.fr/jazz/lady-all-stars-le-rejouissant-album-100-feminin-de-rhoda-scott

    Rhoda Scott est l’une des plus grandes musiciennes de l’histoire du jazz. En 2004, pour le festival Jazz à Vienne, elle montait son Lady Quartet avec Julie Saury à la batterie, Sophie Alour au saxophone ténor et Airelle Besson à la trompette, remplacée plus tard par Lisa Cat-Berro au saxophone alto. L’album We Free Queens sorti en 2017 témoigne de la belle osmose de cette formation de musiciennes majeures du jazz. Pour composer le fameux Lady All Stars, la diva de l’orgue Hammond associe d’autres leaders féminines : Céline Bonacina au saxophone baryton, Géraldine Laurent au saxophone alto et Anne Paceo à la batterie, pour un répertoire au groove contagieux, mêlant jazz, swing, gospel, soul et R’n’B

    https://www.youtube.com/watch?v=4M2XbxXIU9s&list=OLAK5uy_nhXETF7Zq17Hnc4W8IPUlpCb9KC5Fn34Y

    #musique #jazz #Rhoda_Scott #femmes

  • La Décolonisation britannique, l’art de filer à l’anglaise

    Le 24 mars 1947, Lord Mountbatten est intronisé Vice-roi des Indes dans un faste éblouissant. Alors que l’émancipation de 410 millions d’indiens est programmée, la couronne britannique tente de sauver les apparences en brillant de tous ses feux. Cinq mois de discussions entre les forces en présence aboutissent à un découpage arbitraire du territoire entre le Pakistan et l’Inde avec des conséquences désastreuses. Des violences qui sont reléguées au second plan par l’adhésion des deux nouveaux États souverains à la grande communauté du Commonwealth. Un arrangement qui ne va pas sans arrière-pensées. Mais déjà la Malaisie et le Kenya s’enflamment à leur tour. Dans les deux cas, la violence extrême de la répression qui s’abat est occultée par une diabolisation « de l’ennemi » et par une machine de propagande redoutable qui permet aux autorités de maîtriser le récit des événements.
    En 1956, la Grande-Bretagne échoue à rétablir son aura impériale après avoir été obligée d’abandonner le canal de Suez par les deux nouveaux maîtres du monde : l’URSS et les États-Unis. Le nouveau Premier ministre, Harold Macmillan, demande un « audit d’empire », pour évaluer le poids économique du maintien des colonies, car il sait que le pays n’a plus les moyens de poursuivre sa politique impérialiste. Il est prêt à y renoncer, à condition de restaurer le prestige national.
    Une décision mal vue par l’armée. En 1967 au Yémen, des unités britanniques renégates défient le gouvernement et s’adonnent à une répression féroce, obligeant la Grande-Bretagne à prononcer son retrait. En Rhodésie du Sud, c’est au tour de la communauté blanche de faire sécession et d’instaurer un régime d’apartheid. Incapable de mettre au pas ses sujets, signe de son impuissance, la couronne est condamnée à accepter l’aide du Commonwealth pour aboutir à un accord qui donne lieu à la naissance du Zimbabwe.
    Après la perte de sa dernière colonie africaine, l’Empire britannique a vécu et le dernier sursaut impérialiste de Margaret Thatcher aux Malouines n’y change rien. Jusqu’à aujourd’hui, la décolonisation demeure un traumatisme dans ces pays déstabilisés par leur ancien maître colonial tandis qu’au Royaume-Uni, la nostalgie prend le pas sur un travail de mémoire pourtant nécessaire.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/61716_0
    #film #film_documentaire #documentaire
    #colonisation #décolonisation #Inde #Pakistan #violence #Lord_Mountbatten #frontières #déplacement_de_populations #partition_de_l'Inde #Malaisie #torture #Commonwealth #Kenya #Mau_Mau #camps_d'internement #Kimathi #serment_Mau_Mau #travaux_forcés #Aden #Rhodésie_du_Sud #réserves #îles_Malouines

    ping @postcolonial

  • Pâte à crêpes vintage
    https://www.cuisine-libre.org/pate-a-crepes-vintage

    Recette inénarrable de la pâte à crêpes du chef Raymond Olivier, avec beaucoup, beaucoup d’alcool… Faites chauffer dans une casserole, le lait avec le sel, la vanille, le sucre et le beurre. D’autre part, disposez la farine en forme de puits dans un récipient assez grand. Versez l’huile au centre, ajoutez les œufs entiers. La quantité d’œufs peut être variable, les œufs n’étant pas toujours de la même grosseur. La totalité de la farine doit être absorbée par les œufs. Mélangez bien en fouettant. Versez le…

    #Bière, #Rhum, #Pâtes_à crêpes_et blinis, #Pastis, Farine de blé / #Sans viande, #Végétarien
    #Farine_de blé #crepe #chandeleur

  • Thread by DracoAlpestris
    https://threadreaderapp.com/thread/1481917998428532736.html

    Ok, résumons :
    – les vieux qui meurent c’est pas grave
    – la mort c’est pas grave
    – la réa c’est un spa
    – vieux c’est 80 ans
    – le vaccin c’est un plan de Bill Gates
    – vieux c’est 70 ans
    – le vaccin tue des mio de gens
    – le vaccin est contagieux
    – HORSE PASTE
    – vieux c’est 60 ans
    – les médecins sont des assassins
    – donnez-moi des antibiotiques contre ce virus !
    #rhume19
    – franchement, on a pas assez de recul sur ce vaccin donné 9,37 milliards de foi
    – il faudrait un meilleur échantillon statistique, LA MOITIÉ DE L’HUMANITÉ c’est pas suffisant
    – du paracétamol sur fièvre+douleurs ?! Assassins !
    – les médecins sont des Nazis
    – les scientifiques, qui sont tous des gens respectables en costard cravate, n’aiment pas Raoult qui ne lave pas ses cheveux longs et porte une grosse bague
    – DICTATURE SANITAIRE
    – franchement a 50 ans t’as bien vécu
    – la mort fait partie de la vie
    – c’est des mannequins t’façon, quand c’est pas des acteurs
    – la science ne doit pas se fonder sur le consensus scientifique
    – le quoi ? Covid quoi ? Covid long ? Jamais entendu parler
    – c’est pas le covid c’est la grippe
    – c’est pas le covid c’est la bronchiolite
    – qui vous paie ?

    Et maintenant, les enfants qui meurent, on s’en fout. C’est pas grave.

    Eh ben vous savez quoi ?

    Niquez-vous.

    Niquez-vous bien. Et vos grands morts avec.

    :-))
    #eugénisme

  • Sablés au rhum et orange
    https://www.cuisine-libre.org/sables-au-rhum-et-orange

    Bien battre le beurre et le sucre. Ajouter le jus d’orange et le #Rhum, bien mélanger, puis ajouter le jaune d’œuf et faire mousser le mélange. Incorporer la farine avec la levure. Mélanger jusqu’à obtention d’une boule de pâte assez ferme (mais pas trop ; il y a du liquide) qui ne colle pas au plat. Laisser reposer la pâte durant 1 heure au frais. Sortir la pâte et la séparer en deux parts égales. Dans l’une, ajouter la cannelle et pétrissez la pâte à nouveau. Filmer les deux pâtes et remettez au frais au… Rhum, #Sablés, Farine de blé / #Sans viande, #Four

    #Farine_de blé

  • Greek Immigrant in Germany Giorgos Zantiotis Dies in Police Custody
    https://athens-news.gr/greek-immigrant-in-germany-giorgos-zantiotis-dies-in-police-custody

    L’événement n’a pas éte reporté par la presse et les autres grands médias allemands. Seule exception le journal TAZ / Die Tageszeitung :
    https://duckduckgo.com/?q=site%3Ataz.de+Giorgos+Zantiotis&t=ffab&atb=v214-1&ia=web

    Les faits : A Wuppertal un jeune immigré grec ayant subi peu avant une intervention chirurgicale pour réduire son obésité est arrêté dans une situation conflictuelle. Malgré les indications de sa soeur sur sa situation médicale auprès de la police les fonctionnaires l’emmènent dans une cellule d’arrestation au lieu de le conduire à l’hôpital. L’homme de 25 ans y meurt peu de temps après avoir subi une prise de sang forcée.

    Commentaire : Wuppertal est une ville dont les administrations pratiquent une sorte de loi informelle à la limite de la légalité appellée « Wuppertaler Landrecht ». Il s’agit de décisions administratives systématiquement sans fondé dans les textes de loi. Ceci se pratique toujours dans le but d’empêcher l’accès aux soutiens et allocations par les pauvres.
    cf. https://tacheles-sozialhilfe.de/website-suche.html?keywords=Landrecht

    Dans ce contexte il n’est pas étonnant de voir des conséquences meurtrières lors d’interventions du bras armé des administrations. Le mépris du pauvre et de l’étranger a l’air de constituer le bruit de fond qu’on sous-entend à chaque acte officiel dans cette ville.

    Greek Immigrant in Germany Giorgos Zantiotis Dies in Police Custody
    Greek immigrant in Germany Giorgos Zantiotis died while in police custody in Wuppertal, Germany. Credit: Henning Schlottmann/Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0

    Greeks in Germany are searching for answers after the death of immigrant Giorgos Zantiotis while in police custody in the city of Wuppertal, in western Germany.

    The cause of death for the man, who was only 25 years of age, is not yet known, and the mystery surrounding his death has caused the hashtag #GiorgouZantioti to trend on Twitter amongst Greeks, particularity those living in Germany.

    The man’s body has not yet been handed over to his family in the full week since his death on November 2, and the coroner has not yet released any report containing the details of his passing.

    Zantiotis’ sister, Maria, recently described the experience while speaking on the ALPHA television channel:

    “I’m trying to get some answers and I’m not having any success. For so many days they haven’t even allowed us to see my brother, nor give him a funeral. He’s in a freezer by himself, and we can’t even say our final goodbyes. I feel like my hands are tied. I want to learn what really happened.”

    Cause of Giorgos Zantiotis’ death not yet known

    Zantiotis worked with his mother at a gyro shop in the city of Wuppertal before his death.

    His family have stated that the young Greek immigrant faced some health problems, and had placed an intragastric balloon in his stomach to aid in weight loss. Some contend that if Zantiotis had been hit or physically attacked, it could have caused his death due to his health issues.

    +EIL: @polizei_nrw_w bestätigt “Todesfall in #Polizeigewahrsam” in #Wuppertal+
    +Dabei könnte es sich um 24-jährigen #GiórgouZantióti (#ΓιώργουΖαντιώτη) handeln+

    Ein Thread: pic.twitter.com/mkbd3ZR3Wk

    — Perspektive Online (@PerspektiveOn) November 7, 2021

    A video of the man’s arrest circulated on Twitter, showing Zantiotis, lying prone on the street, being taken into custody by German police officers while his sister told them to stop because he had recently had surgery.

    The local prosecutor stated that police were called to the scene after a taxi driver called authorities stating that he had seen two siblings arguing and that one was hurt.
    Theories swirl surrounding death of Greek immigrant in Germany

    German police claim that Zantiotis tried to tackle a policewoman to the ground and that he resisted his arrest, injuring two officers in the process. According to the statement provided by local police, forces on the scene had to wait for backup to arrive in order to bring the Greek immigrant into custody.

    Upon taking him to the station, police claimed that they suspected Zantiotis was under the influence of drugs, so they took a blood sample from him. They claim that he then suddenly passed out, and attempts to resuscitate him were unsuccessful.

    Despite this, some theories have circulated amongst local community members, as well as social media users, that Zantiotis, who had recently had surgery, passed away after being subjected to violence in the police station.

    Activists have taken to the streets to demonstrate in solidarity with Zantiotis. They claim that he is the sixth person to die in police custody in Germany this year.

    Maria, the deceased man’s sister, still has many questions regarding her brother’s death.

    “I want to learn what happened to him during those two hours from when they split us up to when he died at the police station…Why did they only tell me that there were no external injuries? Why did the press office only inform the media six days after (his death)? Why did the incident remain hidden for so many days? Why didn’t they take him with me to the hospital? Where are my brother’s pants and shirt?”

    Πορεία πριν λίγο στο Βούπερταλ με κεντρικό σύνθημα: “Δε θα σιωπησουμε: ήταν δολοφονία”
    Για τον θάνατο του νεαρού Έλληνα μετανάστη ενώ βρισκόταν υπό κράτηση από τη Γερμανική αστυνομία#GiorgouZantioti #antireport
    (Via via @PerspektiveOn) pic.twitter.com/BFYZmHgUU3

    — Chris Avramidis (@chris_avramidis) November 7, 2021

    Wuppertal’s authorities deny the allegations of police brutality, and state that his death was likely due to “an underlying health condition combined with the consumption of drugs.”

    The Greek Embassy in Berlin, as well as the Consulate General in Dusseldorf, Germany have stated that they are in contact with Zantiotis’ family and will offer them consular assistance throughout the difficult time.

    “The Greek authorities in Germany are in contact with the appropriate German authorities, and it is expected that they will complete the investigation,” a statement from the Greek Embassy reads.

    Quelques sources supplémentaires

    Wir sind wütend über den Tod von Giorgos Zantiotis ! – 13. November : Demonstration in Wuppertal !
    https://jederbaumzaehlt.noblogs.org/post/2021/11/11/wir-sind-wutend-uber-den-tod-von-giorgos-zantiotis-13-novem

    Greek man dies in custody in Germany | eKathimerini.com
    https://www.ekathimerini.com/news/1171450/greek-man-dies-in-custody-in-germany

    German media reported Giorgos Zantiotis’ death on Sunday, saying that he had been arrested on November 1 after causing a disturbance outside a nightclub, in which he is said to have attacked his sister and a police officer.

    His sister has reportedly published a video on social media showing him being violently subdued by police while calling out for help.

    NRW | The Caravan - Fundraising campaign to support the Zantiotis family in their fight for truth
    http://thecaravan.org/taxonomy/term/46
    https://www.betterplace.org/de/projects/102895

    Greece Demands Answers in Death of Greek Immigrant in Germany - thetimes.gr
    https://thetimes.gr/greece-demands-answers-in-death-of-greek-immigrant-in-germany

    Greece is demanding answers regarding the death of Greek immigrant Giorgos Zantiotis while in police custody in Wuppertal, Germany this week.

    The Greek Foreign Ministry has formally requested that German authorities provide them with a full report of what happened to the Greek citizen before his death.

    Zantiotis died after being taken into police custody on November 2. Since the 25-year-old’s passing, not many details surrounding his death have been released. Many theories regarding his cause of death have circulated, particularly that he had been beaten in the police station.

    The case has been the center of controversy, as his death was reported in the German media five days after it happened. By that time, a video of Zantiotis’ arrest had already begun to circulate on social media.

    #Allemagne #violence_policière #police #assassinat #Wuppertal #Rhénanie-du-Nord-Westphalie #xénophobie #taxi