• Fédération Anarchiste Italienne
    Au comité organisateur des Rencontres Internationales Antiautoritaires St-Imier
    Chèr.e.s compagnonn.e.s,
    Nous vous remercions d’avoir accueilli avec beaucoup d’efforts une rencontre de souffle international dans un lieu qui est ainsi important pour le mouvement anarchiste.
    Quelques jours après la conclusion des #RIA_2023 de St-Imier, nous vous envoyons quelques observations de la délégation de la Fédération anarchiste italienne sur ce qui s’est passé dans les derniers jours.
    En adoptant les principes et la méthode du fédéralisme et de l’autonomie des groupes et des fédérations, nous considérons encore pleinement valable ce qui a été affirmé dans la 3e résolution du Congrès de St-Imier de 1872, selon laquelle : « vouloir imposer au prolétariat une ligne de conduite ou un programme politique uniforme, comme la voie unique qui puisse le conduire à son émancipation sociale, est une prétention aussi absurde que réactionnaire ».
    C’est pourquoi, dès le départ, nous avons salué la différence de positions et de perspectives dans le programme des RIA, estimant que cela pouvait être l’occasion d’un échange, même polémique et dur, mais quand même politique, entre des composantes du mouvement qui diffèrent pour ce qui est de leur histoire, approches théoriques, choix stratégiques, et des contextes géographiques et sociaux dans lesquels ils opèrent.
    Malheureusement, nous devons souligner que, souvent, cela n’a pas été possible. La volonté de faire des RIA un simple moment de propagande et d’imposition de sa propre ligne politique semble avoir prévalu auprès de certains secteurs. Cette approche sectaire et dogmatique s’est affirmée à travers la #censure, le mensonge, les menaces et même la violence physique. Outre la gravité de certains faits, nous sommes préoccupé.e.s par la dangereuse dérive autoritaire dont ces comportements sont le symptôme.
    Pour nous, se réunir 151 ans après le Congrès de 1872 signifie reconfirmer notre esprit de solidarité internationaliste, qui peut unir les classes exploitées et opprimées du monde entier, rejetant les divisions que les gouvernements, les capitalistes, les classes dominantes imposent pour affirmer leurs privilèges et les bénéfices. La #guerre est la manière la plus dévastatrice par laquelle l’État et le capital tentent de diviser et de massacrer le prolétariat. La guerre creuse des divisions sanglantes entre les classes exploitées et opprimées, plus profondes que les tranchées et les cratères laissés par les bombes. La guerre menée par les armées des États, dotées d’arsenaux puissants, vise à anéantir la conscience et l’autonomie politique des classes exploitées et opprimées, en les plaçant sous la discipline et l’idéologie des gouvernements. Nous pensons que la guerre, en tant que système de gouvernement imposé par des armées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières d’un pays, est le principal obstacle à la révolution sociale dans plusieurs régions.
    Nous ne sommes pas des non-violent.e.s. Nous sommes bien conscient.e.s qu’il existent des différentes stratégies, des différentes méthodes. Les classes dirigeantes et les gouvernements n’ont jamais renoncé volontairement à leurs privilèges. Il est donc très difficile que l’abolition du privilège, l’abolition de la caste policière et militaire ne soient pas violentes. En même temps, nous sommes convaincu.e.s que la cohérence entre les moyens et les fins ne doit pas être abandonnée, car : « celles et ceux qui empruntent le mauvais chemin, ne vont pas où elles et ils veulent, mais là où le chemin parcouru les mène ». C’est pourquoi nous pensons, par exemple, que le chemin de l’émancipation et de la révolution sociale ne passe pas par l’enrôlement dans les armées et les appareils d’État.
    Nous sommes préoccupé.e.s par le fait qu’au cours des RIA, il y a eu beaucoup d’espace pour des positions soutenant les politiques de guerre des États ainsi que des stratégies qui prétendant la nécessité de la participation du mouvement anarchiste dans les armées des États. Nous considérons grave que l’atelier "Anarchistes en guerre" se soit tenu dans la grande salle le samedi, à l’heure la plus favorable, le jour le plus fréquenté. Cela d’abord parce que nous estimons que, pour les raisons évoquées ci-dessus, les positions présentées dans ces ateliers étaient en contradiction avec les principes internationalistes et antimilitaristes qui animent les RIA. Ensuite, parce que dans ces ateliers les interventions critiques étaient souvent censurées, éliminant toute forme d’échange et débat. A plusieurs reprises, celles et ceux qui sont intervenu.e.s en exposant des positions différentes de celles des promoteur.e.s de ces ateliers ont été empêché.e.s d’intervenir, silencé.e.s, délégitimé.e.s et insulté.e.s par les participants. Celles et ceux qui s’indignaient de ces méthodes de gestion du soi-disant débat ont été l’objet de menaces et des provocations.
    En particulier, le débat du samedi dans la Grande Salle s’est déroulé en modalité conférence, et aucune voix critique n’a été acceptée. A une personne qui a exposé une pancarte antimilitariste on a brusquement arraché la pancarte même, en faisant de même à l’un de nos compagnons qui l’avait ramassée. Certain.e.s compagnonn.e.s ont longtemps levé la main en attendant de pouvoir intervenir sans y être autorisées. Lorsqu’une compagnonne a finalement été autorisée à parler, elle a subi une pression constante, tandis que l’un des interprètes a refusé de traduire son discours. Presque à la fin de la conférence, un de nos compagnons qui demandait de parler depuis un certain temps sans que cela lui fût permis, a pris la parole depuis la salle en prononçant de quelques phrases sans micro ; de là, il a été encerclé et presque agressé.
    A la fin de la conférence, alors que le public quittait la salle, des camarades ont crié "Pas de guerre" et dans le foyer ils ont chanté à plusieurs reprises le slogan "le prolétariat n’a pas de nation, #internationalisme, révolution". Certain.e.s nous ont crié dessus et ont essayé, de manière organisée, de nous empêcher d’exprimer nos positions même après la fin de la conférence. Nous avons subi des menaces et des provocations de la part de personnes qui, dans certains cas, ont explicitement recherché la confrontation physique.
    Ces jours-ci, de nombreux mensonges ont été racontés sur la Fédération anarchiste italienne et ses positions, même par les orateurs de certains ateliers, inclus la fausse allégation que la Fédération anarchiste italienne serait influencée par la propagande de Poutine. Pour comprendre quelles sont nos positions, nous vous invitons à lire le document "Pour un nouveau manifeste anarchiste contre la guerre", que nous avons distribué à des centaines d’exemplaires, en plusieurs langues, lors de la réunion. Le document expose nos positions politiques, sans porter de jugements sur les choix d’autres groupes ou organisations, mais défend l’#antimilitarisme comme une pratique révolutionnaire, que certains secteurs du mouvement tentaient de délégitimer avant même l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération Russe :
    https://www.federazioneanarchica.org/archivio/archivio_2022/20220722manifestonowar_en.html
    Dans trois ateliers différents, nous avons présenté notre vision antimilitariste, nos pratiques quotidiennes de lutte, et nous avons également discuté avec celles et ceux qui pensaient différemment de nous en laissant la place au débat, en vue d’ouvrir des espaces de discussion et de construire des réseaux d’action commune.
    Les faits décrits ci-dessus n’ont pas eu de conséquences significatives sur notre activité, mais nous pensons tout de même qu’ils sont graves, notamment parce que des comportements violents et agressifs correspondants ont également eu lieu dans d’autres circonstances.
    Les attaques répétées contre le stand de la FA au salon du livre en sont un exemple clair. Deux fois le stand de la FA a été attaqué physiquement, car deux livres exposés étaient considérés par quelques un.e.s comme "islamophobes". Néanmoins, cela ressemble plutôt à un prétexte puisque lors de la deuxième attaque ces livres n’étaient plus sur la table. En tout cas, quels que soient les ouvrages controversés et les motifs de la contestation, cela ne justifie pas l’attaque contre le comptoir et les agressions menées même contre des compagnonn.e.s, cela ne justifie pas la tentative d’expulsion d’organisations anarchistes de la salle, la destruction et l’incendie de livres. Aussi d’autres stands de la foire aux livres ont subi des tentatives de censure similaires, même si de moindre intensité ; certains ont eu des publications volées, et d’autres ont également fait l’objet d’une attention pressante.
    Dans le cas du salon du livre, nous déplorons que les groupes de travail des RIA, au lieu d’arbitrer les différences et les tensions, soient devenus des outils pour les amplifier, demandant le dimanche matin à la FA de quitter le salon du livre, sinon le salon aurait été fermé. Dans l’assemblée du dimanche matin au salon du livre, quelqu’un est même allé jusqu’à dire que l’ouverture du salon serait dangereuse car il y avait « des centaines de personnes qui s’apprêtaient à venir » et d’intervenir si le salon du livre ouvrait les portes et la FA gardait son stand. Juste au moment où l’assemblée acceptait de garder la foire du livre ouverte, il y a eu une troisième attaque devant le stand de la FA, par trois ou quatre individus, contre un compagnon qui portait un drapeau de la FA. Comme toujours, la solution a été trouvée dans le mode d’organisation et dans l’autogestion. Les participant.e.s au salon du livre ont autogéré l’espace jusqu’au dimanche après-midi, assurant une situation de sérénité malgré les menaces.
    C’est dans ce contexte qu’un cortège de 70 personnes contre la FA et contre « l’organisation » a eu lieu, en quittant la ZAF peu avant 17 heures et en pénétrant dans la Salle des Spectacles, surdéterminant ainsi complètement l’assemblée finale. Ce qui devait être un « micro ouvert final », dans lequel nous pensions porter nos propositions et nos critiques, s’est transformé en une série de monologues, d’abord de dénigrement de la FA, puis d’attaque contre la RIA. Des questions importantes telles que la lutte contre le racisme et le patriarcat ont été soulevées, mais il n’y avait pas de place pour un quelconque débat. L’assemblée finale a commencé à ressembler beaucoup plus à un procès qu’à une assemblée. Un procès sommaire dans lequel la peine avait déjà été décidée. Quiconque a respectueusement essayé d’exprimer des opinions divergentes a été rapidement réduit.e au silence, car les opinions divergentes étaient qualifiées de « violence ».
    Nous sommes conscient.e.s qu’il y a souvent des fractures dans le mouvement, et que dans des rencontres de cette ampleur il est normal qu’il puisse y avoir une certaine tension, des conflits, et que pour donner une centralité aux luttes il faut parfois prendre des espaces. Avec certaines méthodes, cependant, il y a aussi le risque de banaliser des questions cruciales qui méritent une discussion franche. Le mouvement anarchiste a besoin de moments d’échange et de débat, pas de nouvelles formes d’autoritarisme. Au-delà des épisodes ponctuels et des solutions que nous avons trouvées collectivement à certaines occasions, le climat général dans lequel s’est déroulé le RIA est préoccupant. Les méthodes sectaires, dogmatiques et autoritaires qui ont été systématiquement mises en œuvre par certains secteurs ces jours-ci, avec intrigues, mensonges, censure, menaces, agressions physiques, doivent être rejetées.
    Les compagnonn.e.s de la Fédération Anarchiste Italienne présent.e.s aux RIA de St-Imier, le 28 juillet 2023.

    #anarchisme #woke toujours faute de mieux.

  • Taqbir | Victory Belongs To Those Who Fight For A Right Cause
    (La Vida Es Un Mus Discos) https://www.lavidaesunmus.com
    https://taqbir.bandcamp.com/album/taqbir

    A Passage To Freedom: An Interview With Taqbir
    https://thequietus.com/articles/31582-taqbir-interview

    Following the release of their debut studio EP Victory Belongs To Those Who Fight For A Right Cause, Moroccan punks Taqbir speak with Laviea Thomas about their search for freedom

    #post_punk #riot_grrrl #Maroc

  • #PAUVRETÉ : “IL Y A LARGEMENT ASSEZ DE RICHESSES POUR TOUT LE MONDE”

    Les pauvres sont paresseux, ils ne savent pas gérer leur argent, et ils méritent la situation qui est la leur. Voici quelques clichés sur la pauvreté que l’économiste #Esther_Duflo démonte depuis des années, au travers de son vaste travail sur la pauvreté.
    A l’heure où les #inégalités explosent, qu’une poignée de privilégiés détiennent un niveau de richesses toujours plus important, et ce alors qu’ils sont ceux qui polluent le plus, comment réduire ce fossé, comment lutter contre la pauvreté et offrir des conditions de vie dignes à toutes et à tous ?
    Comment les économistes peuvent-ils impacter les prises de décision des dirigeants politiques, comment lutter contre les #clichés sur les pauvres ? Esther Duflo répond à toutes ces questions au micro de Salomé Saqué.

    0:00 : Introduction
    1:36 : La pauvreté expliquée aux enfants
    8:09 : #Définition de la pauvreté
    9:29 : Pauvreté et #universalité
    12:35 : Le bond en arrière de la pauvreté
    14:13 : L’#extrême_pauvreté
    16:35 : Comment répartir les richesses ?
    20:42 : Un #impôt_international sur les #grandes_fortunes ?
    27:07 : Pauvreté : quel est le #discours_politique ?
    34:38 : Faut-il distribuer de l’argent aux pauvres ?
    36:34 : L’impact de l’#économie sur la #politique
    44:46 : Que peut-on faire en tant que citoyen ?

    https://www.youtube.com/watch?v=H7syPQvbHOU


    #richesse #idées-reçues #répartition_des_richesses #préjugés #interview #vidéo

  • Mes vacances à Saint-Imier chez les agresseurs bienveillants
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1879

    Moins !, « Journal romand d’écologie politique » basé à Lausanne, s’affiche en gros titre « pour une écologie libertaire ». Son numéro d’été (n°65, juillet/août 2023) annonce en couverture des « Rencontres Internationales Antiautoritaires » célébrant le 151e anniversaire du congrès de fondation de l’Internationale antiautoritaire (1872), à Saint-Imier, dans le Jura suisse. Nos amis d’Outre-Léman publient à cette occasion un dossier d’une douzaine de pages où divers auteurs – certains plus anarchistes ou plus écologistes que les autres - s’expriment sur le sujet. Ils ne sont pas toujours d’accord mais sur le papier, ils restent polis. Ils ne parlent pas de ce qui fâche. Ils ne pouvaient évidemment parler d’avance de ce qui s’est réellement passé à Saint-Imier, lors de ces cinq jours de « rencontres (...)

    #Faits_divers
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/mes_vacances_a_saint-imier.pdf

  • POURQUOI LES HOMMES SONT PLUS RICHES QUE LES FEMMES ?
    https://www.youtube.com/watch?v=MBq4ZRflXig&ab_channel=BLAST%2CLesouffledel%27info

    Les femmes sont plus pauvres que les hommes. De l’argent de poche à la retraite, en passant par les impôts ou l’absence d’éducation financière, un ensemble de mécanismes œuvrent à les appauvrir, à très grande échelle. A chaque étape de leur vie, elles sont structurellement désavantagées, et parfois sans que nous en ayons conscience collectivement. Si les femmes se sont battues pour avoir le droit de gagner leur propre argent, la lutte n’est clairement pas terminée. Alors qu’est ce qui pénalise tant les femmes exactement, comment cela pourrait il en être autrement, comment faire en tant que femme ou en tant qu’homme pour lutter contre cette inégalité ? Salomé Saqué donne la parole à la journaliste Titiou Lecoq, autrice du livre « Le couple et l’argent » aux éditions l’Iconoclaste.

    #sexisme #discrimination #femmes #féminisme #argent

  • PODCAST- FRONTIERA SOLIDALE #MEDU

    Medici per i Diritti Umani presenta Frontiera solidale: un podcast di tre puntate per raccontare, attraverso le voci dei testimoni diretti, il fenomeno epocale delle migrazioni, assumendo come osservatorio una frontiera nel cuore dell’Europa, quella tra l’Italia e la Francia, nell’Alta Val di Susa.

    https://mediciperidirittiumani.org/podcast-frontiera-solidale-medu
    #podcast #audio #Alpes #frontière_sud-alpine #montagne #Italie #migrations #asile #réfugiés #frontières #Val_de_Suse

  • Quand on est millionnaire, il faut être riche sans trop en avoir l’air, Anne Bory

    La France est désormais le troisième pays, derrière les Etats-Unis et la Chine, abritant le plus de millionnaires en dollars états-uniens, selon le rapport sur la richesse mondiale publié par UBS, le 15 août https://www.ubs.com/global/fr/media/display-page-ndp/fr-20230815-global-wealth-report-2023.html . Ces plus de 2,8 millions de millionnaires vivant en France en 2022 débordent donc largement les quelques milliardaires médiatiquement connus et les dynasties industrielles.
    Ces « élites ordinaires » ont moins attiré les regards sociologiques et médiatiques que la grande bourgeoisie ou les descendants de la noblesse, alors même qu’elles détiennent un capital économique – financier et immobilier – considérable, et qu’elles occupent l’essentiel des positions de pouvoir dans les mondes économique et politique.

    Le récent 140e numéro de la revue Politix, intitulé « Dominer par l’argent », comprend deux contributions consacrées à ces « riches » qui ne revendiquent que ponctuellement le qualificatif et se sentent obligés de légitimer leur position sociale dans un contexte national et international d’augmentation des inégalités. Rachel Sherman a ainsi enquêté auprès d’une quarantaine de couples fortunés vivant à New York. Lorraine Bozouls, elle, s’appuie sur un corpus équivalent, constitué lors d’une enquête par entretiens au sein de deux villes cossues de la banlieue parisienne. Les deux sociologues ont notamment porté un regard attentif aux façons de dépenser l’argent, à la question du logement et aux enjeux de légitimité.
    Si l’argent des « pauvres » est objet de moult contrôles et soupçons – la rituelle polémique autour de l’utilisation des aides sociales destinées à la rentrée scolaire en est un bon exemple –, l’abondance de l’argent des riches ne le place nullement hors d’un maillage étroit de normes sociales. Dans le cas de ces « élites ordinaires », en France comme aux Etats-Unis, #éthique_du_travail et consommation raisonnable sont en effet deux traits qui reviennent avec une fréquence frappante dans les entretiens. Mais ils ne sont pas propres à ce groupe social : on les retrouve dans d’autres groupes sociaux, bien moins dotés économiquement.

    Minimiser ses ressources

    Ces ménages, dans les deux pays étudiés, manifestent ainsi le besoin de s’appuyer sur une éthique du travail, insistant sur les efforts fournis, professionnellement, mais aussi dans le cadre des tâches relevant de la sphère domestique, tendant à minimiser le rôle des ressources héritées, qu’elles soient financières ou immobilières.
    L’article de Rachel Sherman évoque des enquêtés tous millionnaires au moins en patrimoine immobilier qui valorisent leurs pratiques de consommation à moindre coût, l’utilisation de bons de réduction et leur refus d’acheter une voiture neuve tant que leur « vieille voiture » actuelle fonctionne. Lorraine Bozouls montre, elle, comment le recours au crédit pour acheter une résidence principale contribue à euphémiser la richesse : on emprunte « comme tout le monde » plutôt que de payer comptant comme les « plus riches que soi ». Mais si, comme l’a écrit la sociologue Anne Lambert https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/06/11/anne-lambert-sociologue-avec-la-crise-les-conditions-d-insertion-dans-la-vie , les classes populaires en « prennent pour vingt-cinq ans » avec des mensualités en proportion plus lourdes, au regard des budgets familiaux, ici, au fil des entretiens, on apprend que le prêt sur vingt ans a été remboursé en sept, ou que la part empruntée est très faible dans le prix d’achat.

    Travailler dur, consommer raisonnablement : on retrouve sans surprise dans les entretiens new-yorkais l’écho très fort à l’éthique protestante du capitalisme analysée par Max Weber. Cet écho existe néanmoins aussi clairement dans les entretiens menés par Lorraine Bozouls auprès de ménages de culture catholique, pratiquants pour certains.

    Ainsi, loin de la consommation ostentatoire déjà analysée par Thorstein Veblen à la toute fin du XIXe siècle, il convient pour ces « millionnaires ordinaires » d’être riches, et très souvent héritiers, sans trop en avoir l’air, à la fois aux yeux des autres et pour soi-même.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/08/30/quand-on-est-millionnaire-il-faut-etre-riche-sans-trop-en-avoir-l-air_618707

    #riches #millionnaires

    • Dominer par l’argent, Politix 2022/4 (n° 140)
      https://www.cairn.info/revue-politix-2022-4.htm

      Ce numéro de Politix a été préparé en 2022 et achevé début 2023, pendant que la France connaissait un de ses mouvements sociaux les plus importants des trente dernières années. Ce dossier thématique n’est pas en lien direct avec la problématique des retraites et ne prétend pas contribuer au débat public sur cette question. Mais il éclaire, à sa façon, l’actualité que nous traversons en disséquant les différentes manières dont les #élites assoient leur #domination et influencent notre monde.
      Le dossier regroupe des contributions qui analysent les relations entre #capital économique et positions de #pouvoir : dans quelle mesure et à quelles conditions la richesse matérielle peut-elle être un ressort de l’accès à, du contrôle sur, et du maintien de ces positions ? À l’heure où la concentration des #richesses dans certains espaces de pouvoir peut paraître parfaitement assumée, les prétentions à l’égalité portées par nos démocraties contemporaines continuent de troubler ce compagnonnage qui, somme toute, pourrait sinon aller de soi. C’est, d’une certaine façon, cette #naturalisation_empêchée qu’explore ce dossier en étudiant des situations concrètes où se mêlent richesse et pouvoir. Plus précisément, ce numéro invite à s’intéresser aux tensions, même légères ou furtives, que fait naître cette relation : lorsque se donne à voir l’inconfort que peut provoquer l’abondance de ressources matérielles quand la pénurie est la règle, lorsqu’apparaissent des tiraillements suscités par l’occupation d’une position de pouvoir, acquise, au moins pour partie, grâce à cette richesse, ou lorsque se décèlent les ajustements, pratiques et symboliques, nécessaires pour contenir ou surmonter ces embarras…

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  • Lien Permanent - Fédération Anarchiste
    https://federation-anarchiste.org/?g=Lien_Permanent&b=1_231

    Communiqué de la Fédération Anarchiste à propos de Saint-Imier 2023
    09-08-2023

    La Fédération Anarchiste (F.A.), co-organisatrice des Rencontres Internationales Anti-Autoritaires (R.I.A.A.) de St-Imier du 19 au 23 juillet 2023 s ’ y est impliquée comme convenu par un investissement militant et financier important.

    Cette édition, voulue très ouverte, a rencontré un franc succès au vu du nombre important de personnes présentes ainsi que du nombre et de la qualité des événements proposés.

    Des rencontres de cette ampleur ont évidemment leur lot de dysfonctionnements. La F.A. en a fait particulièrement les frais mais d’ autres graves problèmes concernant la gestion des conflits et l’ organisation globale sont également apparus.

    Certains comportements, bien peu compatibles avec les idéaux libertaires défendus sur ce site historique qui a vu naître en 1872 la première Internationale Anti-Autoritaire et dont ces rencontres étaient un anniversaire, ne doivent pas occulter le succès rencontré et le fait que les idées anarchistes mobilisent de plus en plus de monde.

    Nous reconnaissons les divergences de points de vues et de modes d’ action mais rejetons et dénonçons fermement les méthodes autoritaires parfois utilisées lors de ces rencontres.

    La Fédération Anarchiste se garde bien de réagir à chaud et prendra le temps d’élaborer une analyse politique de la situation.

    VIVE L’ANARCHIE !

    https://seenthis.net/messages/1014052

    • La censure c’est la liberté - OCL - Organisation Communiste Libertaire
      https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3899

      Lors des rencontres antiautoritaires qui se sont tenues à Saint-Imier du 19 au 23 juillet le stand et les militants de la Fédération Anarchiste ont été attaqués physiquement par des personnes s’arrogeant le droit de décider quels étaient les écrits qui avaient leur place dans un salon du livre anarchiste et quels étaient ceux qui devaient subir un autodafé.

      La fédération anarchiste a publié le communiqué suivant [1] :

      LE BERCEAU DE L’ANARCHISME DEVIENDRA-T-IL SON TOMBEAU ?

      La table de presse tenue par les militants-e-s de la Fédération anarchiste francophone dans le Salon du livre des Rencontres internationales antiautoritaires de Saint-Imier 2023 a subi plusieurs agressions (livres volés, déchirés, souillés, brûlés, intimidations, agression physique…).

      Ces actes sont contradictoires avec les principes fondamentaux de l’anarchisme :
      ⁃ La liberté d’expression ;
      ⁃ La lutte contre la religion, toutes les religions, et les pouvoirs théocratiques ;
      ⁃ La solidarité.

      Ils sont dangereux parce qu’ils instaurent une police de la pensée faisant écho aux pires régimes que nous combattons.

      Contre l’obscurantisme et l’intolérance, mobilisons les forces libertaires !

      L’Organisation communiste libertaire condamne une nouvelle fois à ces agissements et affirme son entière solidarité avec les camarades de la FA.

      Cette nouvelle agression n’est pourtant que la suite d’une longue série.

      Quelques exemples :

      Déjà en 2012 à Saint-Imier des vegans s’en étaient pris très « virilement » à un stand qui osait proposer des saucisses. D’autres entendaient imposer à tout le monde les vêtements dont il était correct de se vêtir.

      En 2014 un éditeur, invité au salon du livre libertaire de Lyon était attaqué avec rage par des gens de la CGA pour avoir publié un auteur qui leur déplaisait. Une conférence sur le thème « « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » au centre LGBT de Paris était annulée suite aux menaces liées aux positions critiques de la conférencière vis-à-vis de la GPA.

      En 2016 un débat à partir du texte « Jusqu’ici tout va bien » dans le cadre d’une soirée intitulée « S’opposer au racialisme : discussion » à Marseille au local Mille bâbords était interrompu par un groupe de personnes faisant violemment irruption dans le local dans le but d’empêcher le débat, en hurlant notamment « La discussion n’aura pas lieu ». Résultats : livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée...

      En 2019 dans un local militant de Poitiers des individus enlèvent et brûlent des brochures jugés transphobes, puis taguent le domicile d’une militante féministe venue présenter son livre critiquant le postmodernisme.

      Le 15 juillet dernier, la CNT de Barcelone qui invitait l’association « Féministes de Catalogne » pour un débat dont l’intitulé était « Pourquoi tant de filles ne veulent pas devenir des femmes ? », a vu son local tagué la nuit précédente avec un message qui disait « la transphobie est du fascisme ».

      Au Salon du livre anarchiste des Balkans, du 6 au 9 juillet dernier à Ljubljana, des personnes ont tenté de faire annuler une discussion autour des derniers mouvements sociaux en France, animée par des membres de la bibliothèque anarchiste parisienne Les Fleurs Arctiques en les couvrant d’insultes, en les qualifiant d’agresseurs et en intimidant toute personne qui persistait à vouloir assister au débat.

      Enfin, des représentants de la Fédération Anarchiste Italienne rapportent qu’à Saint-Imier encore, en 2023, lors d’un atelier intitulé « Anarchistes en guerre », les voix exprimant une position différente des organisateurs de l’atelier ont été censurées, menacées, insultées.

      Que ce soit pour interdire Renaud Garcia, René Berthier, Alexis Escudero, Marie Jo Bonnet, Hamid Zanaz ou tel ou tel groupe, la méthode est toujours la même : se parer du titre de libertaire pour mieux le refuser à d’autres en les habillant de toute sorte de « phobes » et de « fascistes ». Ce qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui les gênaient. Nous rappelons que proposer un livre n’est pas une allégeance à son contenu mais une incitation au débat. De débat ces « néo-radicaux post-anarchistes » n’en veulent pas qui considèrent que le lecteur potentiel est à leur image, incapable de penser par lui-même.

      En 2014 suite suite à l’agression précitée à Lyon, le texte Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire était signé par des dizaines d’éditeurs et d’auteurs. Ce passage nous paraît particulièrement d’actualité « Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée. »

      Organisation communiste libertaire
      Août 2023

      Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire
      (décembre 2014)

      Empêcher des débats de se tenir dans des espaces « libertaires » par des menaces en amont ou par des interruptions intempestives (hurlements, coups et menaces de mort), répandre des accusations fallacieuses, pratiquer l’amalgame et l’anathème, inonder de commentaires injurieux des sites « libertaires » qui osent donner la parole aux auteurs mis à l’index, tels sont les comportements auxquels on assiste de plus en plus fréquemment de la part de nouveaux censeurs se décernant à eux-mêmes le label libertaire qu’ils refusent à d’autres.

      Jouant avec une remarquable efficacité sur le sentiment de culpabilité des éditeurs, libraires, animateurs de sites ou de revues et organisateurs d’événements qui craignent plus que tout de se voir décerner des qualificatifs en « phobe », ces censeurs parviennent le plus souvent à leurs fins. Pour préserver une illusoire unité du milieu, beaucoup d’entre nous préfèrent, en effet, éviter les questions qui fâchent.

      Ces pratiques autoritaires nous rappellent les agissements des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui, parlant d’un point de vue de gauche, osaient dénoncer la face sombre de l’Union soviétique. Panaït Istrati, Victor Serge, et bien d’autres en ont fait l’amère expérience.

      La destruction violente d’un repas carné par certains « vegans » intégristes lors des journées libertaires de Saint-Imier en août 2012 est un symptôme de ce nouvel état d’esprit. Plus récemment, en novembre 2014, Alexis Escudero auteur de La reproduction artificielle de l’humain et ses éditeurs (Le Monde à l’envers) invités à débattre au salon du livre libertaire de Lyon ont été violement attaqués, événement qui fait écho à l’annulation d’une conférence de Marie-Jo Bonnet sur le thème « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » prévue le 9 décembre 2014 au centre LGBT de Paris en vertu de menaces liées à ses positions en défaveur de la GPA.

      Face à ces récents événements, nous estimons ne plus pouvoir continuer à nous taire devant ceux qui prétendent nous dicter ce que nous devons manger, boire, lire ou penser. Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée.

      Ont signé :
      Éditions Acratie ; Éditions Le Coquelicot ; Éditions de la Pigne ; Éditions de la roue ; Éditions Rue des Cascades : Éditions Le Monde à l’envers ; Éditions libertaires ; Collectif Lieux communs ; Éditions Le Pas de côté ; mensuel Courant alterna- tif. Gérard Amaté (auteur) ; Jacques Baujard (Librairie Quilombo) ; Xavier Beckaert (auteur de Anarchisme. Violence, Non- violence, éditions du Monde libertaire) ; Pascal Bedos (site @narlivres) ; Venant Brisset ; Marie-Claire Calmus (Chroniqueuse à la revue l’Emancipation et auteure des Chroniques de la Flèche d’Or.) ; Jutta Bruch ; Éric B Coulaud (créateur et animateur du site Éphéméride anarchiste) ; Éduardo Colombo (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Christian Calvi ; Loïc Debray (co-auteur de RAF-Fraction armée rouge, L’Échappée) ; Jean-Marc Delpech (auteur de Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur, Atelier de création libertaire) ; Jean Claude Driant (membre de l’association et des éditions CRAS) ; Jean-Pierre Duteuil (auteur de Mai 68 un mouvement politique Acratie) ; Felip Equy (militant libertaire) ; Jean Pierre Garnier ; Daniel Guerrier (Éditions Spartacus) ; C. Gzavier (co-auteur avec JW de La tentation insurrectionniste (Acratie 2012) ; Annie Gouilloux (traductrice de Lewis Mumford pour les éditions de la Roue et les éditions de La Lenteur) ; François Heintz ; Jean-Michel Kay (éditions Spartacus) ; Jean-Michel Lebas ; Jean-Pierre Lecercle ( édi- tions Place d’Armes) ; Alain Léger (libraire et éditeur) ; Hugues Lenoir (Groupe commune de Paris-FA, collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Bernard Marinone (CNT Energie) ; Philippe Pelletier (groupe Makhno-FA) ; Serge Quadruppani ; Marie-Christine Rojas Guerra (Chroniques syndicales sur Radio libertaire) ; Gilbert Roth (CIRA Limousin) ; Anne Steiner (auteur de Les En-dehors, L’Échappée 2008, collaboratrice du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Christophe Soulié (auteur de Liberté sur paroles chez Analis) ; Azucena Rubio (militante libertaire) ; Annick Stevens (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Pierre Thiesset (éditions Le Pas de côté) ; Catherine Thumann (collaboratrice de la presse indépendante) ; Marc Tomsin (Rue des Cascades) ; Matias Velazquez (membre du CIRA Marseille et CIRA Limousin) ; Jacques Wajnsztejn (auteur de Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme. (Acratie 2014) et membre du comité de rédaction de la revue Temps critiques)

    • l’usage ici du terme autodafé fait appel aux sentiments, mais il est stupide. que deux ou trois livres soient brûlés pour exprimer le refus qu’ils soient diffusés dans un endroit avec ces coordonnées politiques précises (?) n’a rien voir avec le fait d’organiser un ou des autodafés sur la place publique d’une masse de livres dont on persécute réellement les auteurs, les éditeurs, les diffuseurs et les lecteurs. ici, la seule possibilité pour que de tels livres soient présents aurait été qu’il fasse l’objet d’un échange contradictoire, pas juste bazardés comme des marchandises politiques. or les bêtises de la FA ne sont ni sacrées ni uniques.
      l’acte pourrait en revanche être rapproché de ce que font des fafs (et des allumés) ici où la avec le Coran, si et seulement si les livres en question se voyaient attribuer une valeur « sacrée » par des croyants. ou alors c’est que l’on sacralise n’importe quel propos, mais dans ce cas là, de nouveau, il faut savoir (enquêter) de quel n’importe quoi, de quel sacré, on cause. en parler, pas juste dire « on a le droit de le vendre »

      perso, je plaide également coupable. à la sortie du Manifeste con. (dont j’ai diffusé le pdf à petite échelle à titre de doc) j’ai insisté auprès de libraires pour qu’il ne soit pas mis en vente dans leur commerce.

    • La référence historique à l’autodafé n’est, certes, pas très adaptée pour les raisons que tu donnes (et peut-être, en est-il de même quand à la référence au stalinisme – allez, contextualisons !).

      Savoir si la FA avec sa propagande, (la FA étant, si j’ai bien compris, co-organisatrice de l’événement) a ou n’a pas sa place en ce lieu - voire, si elle a sa place dans la grande famille anarchiste - me semble être une problématique qui relève du plus profond ennui.

      Encore une fois, ce qui est en jeu ici, c’est de savoir s’il va falloir s’habituer à des pratiques militantes qui semblent s’imposer en employant les méthodes les plus expéditives, pour traiter les contradictions (internes ?) et accepter ces méthodes, au nom de justifications plus ou moins fumeuses.

      Le texte de l’OCL, à mon avis, dénonce cela avec beaucoup de pertinence.

      Pour en revenir au contexte particulier de St Imier, prendre un peu de recul et te répondre @colporteur : le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé. Quel que soit le livre.

      Il n’y a rien de sacré, là-dedans. C’est juste pouvoir s’assurer les conditions d’une pratique élémentaire de la critique.

    • toujours pas raccord. la liberté du commerce permet déjà bien assez d’accéder à des textes craignoss. si un échange collectif (analyse, confrontation) n’est pas annoncé, un salon du livre politique n’a pas de raisons de diffuser un livre qui pose des problèmes politiques rédhibitoires. un texte qui doit être débattu pour son actualité, la confusion qu’il sème, les dangers qu’il fait courir, on le photocopie, on le scanne, on en fait circuler le pdf, et pour cette petite circulation (hors commerce) on se garde bien d’aller en voler des piles (sauf directement chez l’éditeur), de manière à pourvoir l’expertiser (faire l’expérience de sa lecture et en rendre compte).
      est-ce que la liberté du commerce aurait du aller jusqu’à la diffusion de dvd du filme covid-négationnsite Hold-up ? je ne crois pas. les défenseurs de « lois de la nature » supposées borner la politique, les bouffe curés qui contribuent à une « critique de l’islam » persécutrice, sous couvert d’anarchisme, c’est pour le moins dispensable. sauf encore une fois à traiter leurs thèses en objet politique, pas en support de commerce (sans quoi on tombe dans ce tout est permis où rien n’est possible).
      quand c’est pas le cas, rien d’improbable à ce que la confrontation politique évacuée resurgisse.
      il ne s’agit pas de savoir si la FA ou tel ou tel groupe a sa place dans ce machin, mais plutôt comment tel ou tel groupe y prend place, et ce qui peut ou doit être refusé.

    • Effectivement, pas du tout mais pas du tout d’accord. J’ai l’impression qu’on tourne en rond genre dialogue de sourd. C’est pas grave ; normalement le désaccord devrait faire partie des conditions de la pratique révolutionnaire ;-)

    • le seul moyen de se forger un point de vue sur un livre, quel que soit le livre, au-delà du « il parait que machin a écrit... » c’est encore de le lire et donc pour cela il est nécessaire que l’ouvrage soit diffusé

      Ça il me semble que @colporteur n’a jamais dit le contraire, ya bien un accord là dessus.

      Seulement « diffusé » ça dit pas comment. Si un ouvrage dont on sait qu’il est possiblement problématique nécessite de la critique, on peut le photocopier, ou faire des arpentages à plusieurs, etc. Mais là est-ce ok de vendre et laisser vendre des bouquins problématiques parmi d’autres, tout mélangé sur le même plan, comme si tel bouquin très critiquable était sur le même plan que tel autre émancipateur ?

      La diffusion pour la critique uniquement (quand bouquin très problématique), et la diffusion pour le soutien (et la critique bien sûr, même quand on soutient), bah c’est pas censé être la même diffusion non ? (sauf à la Fnac, mais là on parle pas de la Fnac).

    • J’ai l’impression, justement que beaucoup de personnes considèrent dans cette affaire-là qu’il s’agit de « livres au contenu problématique » sans même les avoir lus.

    • excuse moi mais quand un livre est préfacé par Onfray (Franc Tireur), il y a déjà comme un problème.

      Il ya donc deux livres vendus par la FA qui ont fait l’objet du différent. si j’ai bien compris, la FA s’est refusée à ce que les thèses de ces livres soient livrées au débat. sans débat, eh bien une confrontation a eu lieu et les contradictions se sont exprimées. tant mieux ! cela aurait pu prendre d’autres formes, ça n’a pas été le cas. les anars ont qu’à mieux s’organiser, bien qu’il ne soit pas facile de confronter des points de vue diamétralement opposés, ce qui demande à ce que chaque partie y mettent des formes (par exemple et entre autre, en n’apportant pas ces bouquins pour les vendre).

      Un voile sur la cause des femmes, de René Berthier (anarcho-syndicaliste ex meuble ["membre", voulais-je écrire, car je ne cherchais pas à le disculper par avance, ne sachant rien de lui] du bureau de la CGT du livre)
      https://ripostelaique.com/un-voile-sur-la-cause-des-femmes.html

      Mais j’ai savouré particulièrement un passage, intitulé : « La République française ? Génial ! ». René narre une anecdote. Il voit, en 2004, lors d’une manifestation parisienne s’opposant à la loi qui se prépare contre les signes religieux, dont le voile, à l’école, une voilée avec une pancarte : « Notre constitution, c’est le Coran ». Et c’est alors que cet anarchiste, pour qui, comme tous ses camarades, l’expression « République » est un gros mot, ose écrire ces mots que je n’avais jamais lu chez un adepte de Bakounine : « Je me suis senti tout-à-coup un fervent partisan de la République française, de ses institutions, et de l’idéologie révolutionnaire qui les sous-tendent ».
      Finissant son chapitre, il exécute celle qu’il appelle « la petite conne » : « Grâce à la République française, dont elle fustige la Constitution, elle ne pourra pas se voir interdire l’exercice d’un métier si elle a envie de l’exercer, elle pourra voyager même si son mari n’est pas d’accord, elle ne sera pas obligée de se marier si elle n’en a pas envie, elle ne pourra pas se faire foutre à la porte de chez elle si un soir elle a la migraine, elle pourra même épouser un non-musulman, elle n’aura pas à se taper la présence de trois co-épouses, elle pourra témoigner au même titre que n’importe quel homme. Si elle en a marre de son mari, elle ne sera pas lapidée à mort parce qu’elle se sera offert un petit écart de conduite. Si elle en a vraiment marre de son mari, la garde de ses enfants ne sera pas automatiquement confiée à son ex. La petite veinarde aura juste à affronter toutes les inégalités – de salaire, d’avancement professionnel, à l’embauche, etc. – que subissent ses consoeurs qui elles, ne portent pas le voile. Quelle chance ! »
      Pierre Cassen

      Confus : Zanaz, « L’impasse islamique »
      https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Confus-Zanaz-L-impasse-islamique

      Les Éditions libertaires sont souvent mieux inspirées (voir ci-dessous). Sans doute ont-elles senti qu’elles s’aventuraient en terrain glissant quand, avant même la publication de leur livre L’Impasse islamique, elles ont adressé à l’ensemble des éditeurs libertaires ou apparentés une sorte d’appel à soutien préventif. Ce que, à la lecture de l’opuscule, une bonne partie – Libertalia, Le Chien rouge (CQFD), Alternative libertaire, L’Altiplano, Ab Irato, Spartacus, Rue des Cascades, Acratie – ont illico refusé. D’où une lettre circulaire assez aigre accusant tout ce petit monde d’être « comme par hasard » des adeptes du « marxisme, du néomarxisme, du cryptomarxisme, du postmarxisme, du paramarxisme ». Ah, le grand complot marxiste – on avait failli l’oublier celui-là – explique bien des choses ! Plus sérieusement, les Éditions libertaires peuvent comprendre qu’on n’ait aucune envie de donner l’absolution à un livre confus, préfacé par le gaulliste de gauche Michel Onfray… Expliquons-nous.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages et ce qui se publie d’autre (et de contradictoire) par ailleurs sur ces questions chez les anars (et au-delà), le tout dument introduit oralement quitte à ce que ce soit à deux voix si personne ne se sent de rendre compte des deux tendances, courants, angles de vue.

    • je suis loin de ces milieux mais j’aurais trouvé pas mal un atelier intitulé « après les rouges-bruns, des noirs-bruns ? » avec une petite biblio annoncée à l’avance comportant ces deux ouvrages [...]

      Pourquoi pas ? On pourrait aussi imaginer un atelier sur les « verts-bruns » en tant que figure repoussoire des partisans du productivisme industriel ou encore un autre atelier sur l’émergence de différentes formes de mystisme dans les milieux contestaires... Les thèmes d’ateliers ne manquent pas. Cela aurait été déjà bien mieux que ce qui s’est passé ! Mais ce n’est pas un hasard que le débat ne se soit pas déroulé ainsi en ce lieu.

      Je ne défends ni ne condamne « le contenu problématique » de ces livres. J’en suis totalement incapable, en dépit de mon aversion pour M. Onfray, dont le discours a sensiblement évolué au fil des ans (je ne sais pas de quand date cette préface). Je suis incapable de porter un propos construit sur ces putains de bouquins parce que je ne les ai pas lus ! Les recensions ou autres articles trouvés sur le web ne me suffisent pas pour me faire une opinion et pour m’exprimer à leur sujet. Encore plus s’il s’agit de laisser un point de vue sur le web.

      Pour autant, je défends le principe élémentaire que l’éditeur de ces livres (la FA) puisse les diffuser sur son stand dans une foire anarchiste. Et cette position n’a rien à voir avec la défense du petit commerce. Cela signifie encore moins que je n’ai pas d’avis sur le racisme, l’islamophobie, l’antisémitisme... (je me suis exprimé à plusieurs reprises, notamment ici, sur ces questions).

      Dans un rassemblement anarchiste, organisé notamment par la FA, il me semble logique qu’il y ait un stand de la FA qui présente ses publications, y compris celles « qui pose des problèmes de contenu ». Il y a là une question élémentaire de cohérence interne qui aurait du être traitée en amont, surtout si le caractère problématique des publication semblait identifié depuis longtemps.

      Je ne suis pas allé à St-Imier, pas plus que je ne vais à la fête de l’huma (la dernière fois remonte à 1973 pour voir les who) : je déteste ce genre de rassemblement.

      La question n’est pas là.

      Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

    • Le fait que le conflit idéologique se soit exprimé dans les termes décrits par renverse.co (sur l’autre thread) me semble symptomatique d’un problème de gestion de la contradiction qui se répète depuis plusieurs années et qui conduit à l’impasse. Désolé pour la redite mais il s’agit de l’essentiel du problème pour moi et je n’ai pas trouvé à cela de contre-arguments convaincants, ci-dessus.

      Je suis très pessimiste sur la capacité des milieux révolutionnaires (anars et autres) à pouvoir porter le débat contradictoire de façon constructive. Cet épisode, après bien d’autres, ne m’incite nullement à atténuer mon pessimisme.

      Dans le même temps, je suis aussi d’accord avec toi, ayant tenté (avec Aude) des dialogues (de sourds ?) lors de la sortie de « La reproduction artificielle de l’humain », où il y a eu le même genre de blocage à la discussion. L’auteur du livre étant d’ailleurs venu par ici un moment. Mais pas que d’un côté, ya des gens qui n’ont pas lu le livre comme tu le dis, juste des extraits montés en épingle, et de l’autre PMO et consorts n’ont fait que surenchérir dans le masculinisme, le fantasme de complot LGBT généralisé, l’anti féminisme, et surtout avec une morgue ironique et pleine de sous entendus permanente. Aucun effort de vrai débat contradictoire, donc, fut-t-il « musclé », tendu, mais en échangeant des arguments, pas des invectives.

    • Il y a quasi 10 ans donc, avec presque les mêmes phrases que toi @cabou :
      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/mise_au_point.html

      L’auteur s’inscrit dans la tradition littéraire du pamphlet. Sans doute, certaines « blagues » ou règlements de compte – d’ailleurs périphériques dans le raisonnement – étaient dispensables. Vu les réactions de certaines personnes, nous constatons que nous avions sous-estimé l’incapacité du mouvement libertaire à assumer des désaccords en son sein et à mener sereinement les débats qui s’imposent, et par conséquent sous-estimé également la violence que ressentiraient des personnes à la lecture de certains passages du livre. Il n’était pas dans notre intention d’exercer une violence envers des personnes : nous pensions que le livre réussirait à déclencher un débat plutôt qu’une guerre de positions. Cette crispation nous interpelle, car nous pensons que dans les années à venir le mouvement pour l’Emancipation va devoir affronter d’autres clivages qui le traversent.

      Le débat sur la forme de l’ouvrage a trop occulté les questions de fond qu’il soulève, et qui ont motivé notre intérêt pour sa publication : marchandisation de l’humain, eugénisme, appropriation des corps par les experts et les médecins, émergence du courant transhumaniste d’une part ; influence de la philosophie post-moderne sur la gauche d’autre part. Questions qui, pensions-nous, intéresseraient au premier chef les féministes, les anarchistes et les anti-capitalistes ; sachant que ce livre n’a jamais été pensé comme la référence sur la question mais comme une prise de position, donc une invitation au débat.

      […]

      Mais la question reste ouverte : comment « converger » sans se réduire au plus petit dénominateur commun ? Comment faire pour que la « convergence des luttes » ne soit pas juste un slogan qui étouffe les critiques et les visions divergentes, un synonyme de « Viens te ranger sous mon drapeau, ça va bien se passer » ? Comment, au final, reconnaître un « droit de tendance » aux différentes composantes du mouvement pour l’Émancipation ?

      Certains groupes et certaines personnes sont spécialisés dans le consensus (parfois trop), d’autres dans le dissensus (parfois trop). Nous n’allons pas faire ici la leçon aux uns ou aux autres, non merci ; par contre nous estimons que le rôle d’une maison d’édition de lutte comme la nôtre est d’assumer les deux tâches : nourrir la réflexion critique aussi bien que les solidarités concrètes.

      Aucun des livres que nous avons publiés n’est parfait. La reproduction artificielle de l’humain ne l’est pas non plus. S’il fallait l’éditer aujourd’hui nous l’éditerions ; et nous ne l’éditerions pas de la même façon. Certaines choses n’y figureraient probablement pas, d’autres qui n’y sont pas y figureraient, et certaines choses ne seraient pas écrites de la même façon.

      On a pas beaucoup avancé hein ?
      (D’aucuns diraient on a reculé dans le non-débat sur tous les sujets, la prostitution, le décolonial, la transidentité, etc)

    • Et du coup, bien sûr chez @pmo, le compte-rendu détaillé de Tomjo (donc anti queer, ironique voire insultant, polémique, etc) :
      https://seenthis.net/messages/1015989
      https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/mes_vacances_a_saint-imier.pdf

      4 Queer, c’est ainsi qu’on nommera plus tard les assaillant-es, et c’est ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes (on est au moins d’accord là-dessus) ; bien que certains les appellent les postmodernes, les intersectionnels, les wokes, les bienveillants, les déconstruits – voire les Iels, ou encore La Cinquième Colonne France Inter, mais c’est un peu long. Les résumer est plutôt simple, malgré leurs amphigouris. Il s’agit de groupes activistes débarqués après les artistes contemporains, philosophes et chercheurs en « sciences sociales » qui rabâchent depuis quarante ans que :
      – 1. Les « méta-récits » historiques (Capitalisme, Socialisme, Démocratie, Progrès) étant selon eux coupables d’universalisme colonial blanc hétéronormé, place aux micro-récits individuels et communautaires, subjectifs et spécifiques, des noirs, femmes, gays, trans, animaux, etc. Aux grandes conquêtes matérielles et à la révolution se substituent des micro-résistances « pour des droits », et notamment à la reconnaissance.
      – 2. Conséquemment, de même que c’est le regardeur qui fait l’œuvre (en art contemporain), que l’histoire et le langage passent à la moulinette de la déconstruction (en philosophie), que tout savoir est situé (en sciences sociales), rien n’est plus permanent, délimité ou fini, tout n’est que fluidité et continuité (les espèces, les genres, les formes, les espaces, les faits) grâce à la puissance de l’esprit et de la technologie.

      On ne dira jamais assez les ravages du pseudo-matérialisme dialectique, épicé de nietzschéisme à la mode French Theory, d’où procèdent ces indigences. Ni comment la lutte contre « l’essentialisme » peut servir de couverture à la destruction du langage et de la pensée. Mais comment expliquer à des Personnes en Situation de Différance Mentale que le délire et la folie existent – indépendamment de toute malveillance subjective – et que toute idée poussée à bout, si juste soit-elle, devient folle.

      […]

      Ça commence mal. En dépit de son carnaval de dénégations, qui la dénonce plus qu’il ne la justifie, la Team Care s’apparente à une équipe de vigiles. Un peu flics, un peu juges. La Team Care « repère » et « prévient » jusqu’à de banales « situations d’inconfort », selon des « valeurs » et « discriminations systémiques » qu’elle est seule à avoir validées. - Seule, non. Elle est le pouvoir légal et moraliste (mais usurpé et clandestin) de la faction Queer, dans ce rassemblement qui rassemble finalement assez peu d’anarchistes - même en comptant les punks à chiens – ce qui est bien osé. Nombre d’intéressés se réclamant davantage d’un style de vie anarchique que de l’action anarchiste dont ils ignorent généralement l’histoire et les auteurs. Signe parmi d’autres de son formatage et de son agenda idéologiques tout faits : la Team Care était absente auprès des campeurs le dernier soir, quand une tempête s’est abattue sur la vallée, faisant un mort dans la ville voisine. Ou alors ses membres n’avaient pas suffisamment déconstruit leur ombrophobie (si, si, ça existe. Phobie des éclairs, du tonnerre, etc.).

      […]

      Autre exemple. Une nuit, un slogan apparu sur les murs ordonne : « White hippies, cut your dreads off ». S’ensuit une assemblée, grave et empesée, pour trancher la question – dont toute personne normalement constituée se fout comme de la dernière teinture du dernier influenceur. Un justicier blanc, et anglophone, exige sans sourciller : « We urge white people to cut their dreads off ». Après discussions et conciliabules, la Team Care décide – et de quel droit décide-t- elle ? - que oui, porter des nattes quand on est blanc, c’est raciste. Ce serait de l’« appropriation culturelle » – quand bien même les Gaulois, les Égyptiens, les Francs, les Vikings, les Indiens 6 portaient « de longs cheveux en forme de corde », et jusqu’au frère de Jésus lui-même, Jacques le Juste, qui les avait jusqu’aux chevilles.

      […]

      Plutôt qu’un festival des oppressions, je vois une foire aux ressentis. Chacun son ressenti, hein, son petit ressenti à soi, minuscule et inintéressant, mais qu’on expose partout et au nom duquel on réclame de la visibilité, de l’écoute et des droits.

      […]

      A force de bienveillance et de care, les ateliers glissent vers le développement personnel, le coaching, si ce n’est la gourouterie new age. Un « Cercle de parole en mixité choisie Neuro Atypique/psychiatrisé.e.s [se penche sur] nos rapports aux milieux militants et aux communautés anarchistes. » Un autre sur « La nécessité de l’autodéfense psychoémotionnelle » entend « affronter la domination intériorisée et la soumission ». Pendant qu’une discussion sur les ravages de STMicroelectronics, une méga-entreprise de semi-conducteurs, peine à réunir onze personnes, une soixantaine d’autres se rassemblent à quelques mètres pour un atelier « Résilience somatique » - merci d’apporter son tapis de yoga

      […]

      Leurs penchants charitables substituent à la lutte contre l’exploitation et l’aliénation celles contre la « pauvreté » et « l’exclusion », devenues aujourd’hui luttes contre les « dominations », les « discriminations », les « violences », les « agressions » et « micro-agressions ». A l’opposition exploiteur/exploité, ils substituent celles, morales et inconséquentes, de riche/pauvre, dominant/dominé, agresseur/victime. L’opposition du méchant dominant-agresseur, qu’il faut conscientiser, rééduquer, éveiller, et de la pauvre victime, qu’il faut entendre, soutenir, encourager.

      Pour résumer : la transformation de la société non plus par la lutte politique contre le pouvoir, mais par l’extension du domaine de la bienveillance interpersonnelle – sinon impersonnelle. Un ami qui travaille en psychiatrie me raconte son histoire, devenue classique, de la jeune DRH fraîchement diplômée d’école de commerce, débarquée pour jouer la cost killer. Quelques heures par-ci, un petit budget par-là, et chaque grignotage inoffensif finit par peser sur la qualité de l’accueil. Une fois le service dégradé et le mal-être généralisé, il est proposé aux salariés des formations sur le « validisme ». Ainsi donc, l’accueil ne se dégrade pas à cause de la politique salariale, mais à cause des absents aux cours de sollicitude.

    • Le compte rendu de PMO confirme effectivement, à la fois les pratiques sectaires de censeurs, l’absence d’une réelle gestion de conflit, ainsi que, de l’autre bord, la critique (faite par PMO) qui souffre comme tu l’indiques @rastapopoulos de sérieux problèmes de posture, notamment par le recours à l’injure catégorique et sans nuance des communautés queer, de propos ouvertement validistes, etc. Bref, une fois de plus, PMO propose un texte qui donne l’envie de fuir à quiconque pourrait être tenté par certaines de leurs thèses, sans les approuver dans leur globalité.

      Tout cela confirme, à titre personnel, que ce genre de « rencontres » (telles que les R.I.A.A.), organisées selon les modalités et avec les composantes, décrites ici ou là, sont totalement contre-productives.

      Bien que me revendiquant sans aucune ambiguïté d’un héritage politique ancré en grande partie dans l’anarchisme, non seulement, je ne trouve dans ces rencontres rien qui m’inciterait à y trouver ma place, mais je considère que ce type d’échéances constitue une dynamique à rebours d’une démarche de lutte révolutionnaire, faite d’action directe contre le capital, le salariat, le travail, l’État, le racisme, le patriarcat, le productivisme industriel, etc.

      À poursuivre ainsi la culture du sectarisme, selon ces méthodes - malheureusement largement partagées - il ne restera bientôt que quelques pelés préoccupés essentiellement à se flairer le trouduc pour savoir si l’autre pelé appartient vraiment « à la bonne tribu ».

      Prenons un peu de recul avec ces faits pour les observer, à partir d’un éclairage théorique que tout anarchiste qui se respecte devrait accepter, que ce soit en partie ou en totalité. Je veux parler de l’éclairage théorique laissé par Bakounine.

      Bakounine, comme tout individu normalement constitué, était profondément pétri de contradictions. Des contradictions, se sont également constituées, très rapidement, au sein de la première internationale, entre deux principales tendances. Je ne reviendrai pas sur ce point, si ce n’est pour constater que, déjà, faute d’une gestion correcte du désaccord politique, c’est l’édifice, dans son ensemble, qui a sombré, après quelques épisodes classiques de guerres de pouvoir. Là-dessus, nous n’avons pas avancé d’un pouce, si ce n’est que, visiblement la guerre interne s’exprime désormais avec la même violence au sein même du "camp anti-autoritaire".

      Contrairement à Marx, le théoricien Bakounine n’a pas laissé une œuvre théorique permettant d’exprimer toujours le plus clairement ses conceptions révolutionnaires. La lecture des 8 tomes des œuvres complètes de Bakounine, composées en grande partie d’écrits fragmentaires, voire de correspondances privées, patiemment reconstituées, notamment par Max Nettlau, puis par Arthur Lehning confirme ce fait.

      On y trouve quantité de pages, dont le contenu historique assez laborieux peut rapidement faire tomber l’ouvrage des mains du lecteur du XXI e siècle. On y trouve aussi – ce qui est nettement plus regrettable – d’insistantes attaques clairement antisémites à l’encontre de Marx. Des attaques dont se sont d’ailleurs désolidarisés certains anti-autoritaires, tels que Anselmo Lorenzo.

      Je soulignerais juste que, sauf erreur de ma part, la connaissance de ces contenus antisémites, déjà totalement indéfendables à la fin du XIXe siècle, ne conduit pas pour autant, les anarchistes à rejeter l’enseignement de Bakounine dans sa globalité.

      Contrairement à Marx, il semblerait que Bakounine a rédigé ses écrits sans considérer que ces documents fragmentaires devaient constituer une œuvre théorique construite, cohérente et homogène. Il s’agissait encore moins d’une production littéraire à visée « scientifique ». Il ne faut pas oublier que Bakounine rédigeait essentiellement ses contributions théoriques à partir des enseignements directement tirés de son intense activité révolutionnaire. Sa pratique révolutionnaire était totalement guidée par une conception matérialiste : c’est avant tout l’action directe des révolutionnaires qui détermine collectivement les contributions théoriques et non l’inverse.

      Rappelons que le clivage entre « anti-autoritaires » et « communistes » (selon les appellations de l’époque) n’étaient nullement le fuit de débats d’idées déconnectées de toute contingences pratiques. L’internationale n’était pas la Sainte Famille.
      Il me semble nécessaire de rappeler que les conceptions anti-autoritaires se sont construites peu à peu par l’expérience concrète, notamment à la suite de déconvenues électoralistes dans lesquelles ont été entraînés les membres suisses de l’Internationale, laquelle donnera lieu à la constitution de la Fédération jurassienne (lire à ce sujet L’internationale de James Guillaume).

      Si l’œuvre globale de Bakounine est parfois déroutante par son manque de construction globale, il n’en demeure pas moins, que le grand révolutionnaire russe, a laissé d’essentielles conceptions théoriques qui gardent toute leur actualité aujourd’hui ; notamment, avec son célèbre « Écrit contre Marx » qui s’est révélé être d’une incroyable acuité anticipatrice pour décrire ce qu’allait devenir le régime Bolchevique, dès les premières années de sa constitution.

      Autre exemple d’un écrit - qui nous ramène aux événements des R.I.A.A. de 2023 – ce passage de Étatisme et anarchie , où il est question de la façon dont les révolutionnaires devraient considérer la problématique religieuse, selon Bakounine. On ne doit pas oublier que ce livre a été rédigé en 1873, soit, dans un contexte où Bakounine a été conduit, quelques années plus tôt, à mener une lutte interne dans le mouvement révolutionnaire de l’époque, notamment en Italie, pour combattre les thèses à forte connotation religieuse de Mazzini.

      Il n’en reste pas moins, que ce texte, pour ce qui me concerne, garde encore en 2023, toute son actualité :

      Aussi bien, attendu que nous sommes des athées profondément convaincus, adversaires de toute croyance religieuse, et des matérialistes, chaque fois qu’il nous arrivera de parler de la religion devant le peuple, nous aurons l’obligation de lui exprimer franchement notre athéisme, je dirai plus : notre hostilité envers la religion. A toutes les questions qu’il nous posera à ce sujet nous devrons répondre honnêtement, et même, lorsqu’il le faudra, c’est-à-dire, quand on pourra en attendre des résultats, on s’efforcera de lui expliquer et de lui démontrer la justesse de nos arguments.
      Mais nous ne devons pas provoquer nous-mêmes de tels entretiens. Nous ne devons pas mettre la question religieuse au premier plan de notre propagande dans le peuple. Le faire équivaut, nous en avons la conviction, à trahir sa cause.
      Le peuple n’est ni doctrinaire ni philosophe. Il n’a ni le temps ni l’habitude de s’intéresser à plusieurs questions à la fois. En se passionnant pour une, il oublie les autres. D’où l’obligation pour nous de poser devant lui la question essentielle dont, plus que de toute autre, dépend son affranchissement. Or, cette question est indiquée par sa propre situation et par toute son existence, c’est la question écono-mico-politique : économique dans le sens de la révolution sociale ; politique dans le sens de l’abolition de l’État. Amuser le peuple avec la question religieuse, c’est le détourner du problème essentiel, c’est trahir sa cause. Cette cause consiste uniquement à réaliser l’idéal du peuple en le corrigeant éventuellement selon les aspirations de celui-ci et en suivant, parce qu’elle sera la meilleure, la direction plus directe et plus courte que le peuple lui-même dictera.

      (Mise en gras faite par moi)

      M. Bakounine – Étatisme et anarchie (1873) Éditions Tops / H. Trinquier p. 372

    • Merci pour le lien, @rastapopoulos j’en étais resté à la première réponse : « ne pas avoir envie de s’écharper », qu’à la fois je comprends (vu le contexte) et qui me semble, effectivement, triste, là aussi. Je suis tout à fait d’accord avec toi sur ton explication.

    • vu l’arbitraitre qui règne chez @socialisme_libertaire en matière de bonnes manières de s’exprimer, voir https://seenthis.net/messages/1016233), je donne asile ici à deux posts que je supprime là bas

      1/ UN VOILE SUR LA CAUSE DES FEMMES, pdf
      https://niktarace.noblogs.org/files/2019/08/BerthierUnVoileSurLaCauseDesFemmes.pdf

      2/ je ne partage pas sur ce point l’idée dune hiérarchie des sujets, manière souvent commode de justifier des « périodes transitoires » qui laissent précautionneusement (?) sous le boisseau des questions clés dont pratiquement il faut bien, et si souvent mal, se dépatouiller. il me semble qu’une analyse du rôle des religions permet de dépasser les impasses où se particularisent des positions bouffe curés républicaines et anars qui, bousculés par une nouvelle présence musulmane en Europe, ont pour partie méchamment glissé de la déstabilisation moqueuse de dominants (les talas) à la panique identitaire, d’une part, et à l’aristocratisme de supposés affranchis de l’autre. Pourtant,

      La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.

      Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur _illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole. (1843)

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      #religion #livre

    • merci @colporteur pour lien vers le pdf.

      Je serais probablement allé à Publico pour l’acheter un de ces jours mais grâce à toi je ferai des économies :-)

      Bon, maintenant que je l’ai lu - et uniquement sur le contenu de ce livre - voici mon commentaire : je m’attendais à ce type de propos, où l’on voit des anarchistes « bien de chez nous » reprendre à leur compte un argumentaire laïcard très convenu, en usage dans la bonne société française et ses institutions, à droite comme à gauche, sur « le voile ». Un discours contre lequel j’ai eu à me battre, notamment, à partir de mon expérience professionnelle. Jamais le voile, pas plus que la kippa, les dreadlocks (brunes ou blondes), les maquillages goth, la casquette... portées par le public de jeunes qui venait utiliser des ordis dans l’espace numérique où je bossais, n’a posé le moindre problème de sociabilité ni d’intégration... Par contre je ne compte pas le nombre de grands manitous qui m’ont soûlé avec leurs théories fumeuses sur ce sujet.

      Non, contrairement à ce qui est dit dans ce livre, toutes les personnes qui portent le voile ne sont pas guidées par des fondamentalistes qui tirent les ficelles ; pas plus que le port du voile ne peut pas être considéré de façon unilatérale en tant que « symbole discriminatoire » pas plus qu’il ne représente, une fois pour toutes, « la négation de la femme ». Il s’agit de propos tenus par des personnes qui n’ont visiblement jamais été en contact réel avec cette jeunesse faisant les frais de discriminations racistes réelles. Ces sentences unilatérales contre ce qui serait censé être donné une bonne fois pour toutes comme un signe d’aliénation me sont devenues aussi insupportables que le catéchisme que j’ai subi dans mon enfance ; j’y vois une forme d’idéalisme qui hélas m’a toujours rebuté chez certains de mes compagnons anars. Je suis fatigué d’avoir à répéter cet argumentaire, donc désolé si mon explication est lapidaire... Basta.

      Hier soir et ce matin je me suis déconnecté d’internet pour me noyer dans ma collection de Miles ; ça m’a fait le plus grand bien :-)

      À signaler, quand même, pour terminer sur ce livre, car cela me semble important : il y a deux textes vers la fin (folios 62 et 64 de la pagination imprimée) qui donnent un point de vue contradictoire intéressant. Ne serait-ce que pour cela, le livre vaut d’être lu et diffusé.

      Je suis désormais en mesure de constater que je suis en désaccord avec le contenu global du livre mais je suis toujours également en désaccord avec le traitement qui lui a été réservé à St Imier, comme j’ai eu l’occasion de l’exprimer ici. Je pense avoir suffisamment développé mon propos à ce sujet, inutile de revenir là-dessus.

      Concernant l’attitude inacceptable de @socialisme_libertaire hier ici-même, (en dépit de leur non-réponse) je n’ai rien de plus à dire que ce que je leur ai laissé et qui a été noyé, depuis ce matin, par un flot discontinu de placards publicitaires.

    • @colporteur je me permets d’ajouter à ta citation, une autre traduction du même passage, avec ajout de la phrase suivante. C’est cette version j’’ai lue avec beaucoup de plaisir, parmi de nombreux autres ouvrages « au contenu problématique » qui sont dans ma bibliothèque perso ;-)

      Si je l’ai numérisée, passé en OCR et publiée ici c’est parce qu’il me semble, que cette version apporte un éclairage plus explicite au lecteur français :

      La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature tourmentée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit de situations dépourvues d’esprit. Elle est l’opium du peuple.
      L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est l’exigence de son bonheur véritable. Exiger de renoncer aux illusions relatives à son état, c’est exiger de renoncer à une situation qui a besoin de l’illusion. La critique de la religion est donc dans son germe la critique de la vallée des larmes, dont l’auréole est la religion.
      La critique a effeuillé les fleurs imaginaires de la chaîne, non pour que l’homme porte la sinistre chaîne dénuée de fantaisie, mais pour qu’il rejette la chaîne et cueille la fleur vivante.

      Karl Marx – Contribution à la Critique de la philosophie du droit de Hegel – Édition bilingue – Aubier – Préface de François Châtelet

      Ce texte du « jeune Marx » fait partie des textes de rupture avec les milieux philosophiques (hégéliens de gauche) qu’il fréquentait avec Engels. Il n’en reste pas moins encore entièrement enchâssé, par son style et par ses modalités de production, dans la prose philosophique issue de ces milieux-mêmes. C’est d’ailleurs ce qui représente une grande partie du charme de ces « textes de jeunesse ».

      Nul ne reprochera à Marx et Engels le cheminement qu’il ont effectué depuis la critique, faite de l’intérieur, de la philosophie idéaliste jusqu’à leur engagement politique marqué notamment par le « manifeste communiste ». Nul ne leur reprochera ce cheminement, pas plus Bakounine que la totalité des anti-autoritaires de la première internationale. Ce célèbre passage concernant « l’opium du peuple » représente même probablement un élément fédérateur du matérialisme socialiste, si ce n’est de l’histoire « du mouvement ouvrier ».

      ce serait quoi contribuer à ce que cette protestation, cet esprit d’un monde sans esprit ne se réduisent pas à l’existant ( fascisme islamique, traditionalisme, quiétisme, mystique) ?

      @colporteur Je pense avoir répondu, en partie, à ta question, avec mon message de ci-dessus (après lecture du livre) quand on constate, dans ce livre, qu’une certaine « protestation » laïcarde (fût-elle anarchiste) ne fait rien d’autre que de se glisser dans les habits conventionnels et conformistes de l’argumentaire classique des interdictions portées par l’État et ses prétendants.

      Pour compléter le propos de @rastapopoulos et la remarque de @socialisme_libertaire : certes le mot « hiérarchie » sonne mal dans les oreilles d’un anti-autoritaire, voire d’un révolutionnaire tout court ! Moi aussi je fait partie des gens qui emploie volontiers le terme de « priorité » pour désigner ce qui guide ma logique militante pratique, surtout lorsqu’on constate qu’on ne peut être en permanence « à la foire et au moulin »…

      Mais sérieusement, c’est jouer avec les mots que faire ce type de reproche à @rastapopoulos : prenons une liste de tâches à accomplir et inscrivons chacune d’elles sur une fiche. Appelons-ça comme on veut, mais il faudra bien établir une critère hiérarchique pour savoir dans quel ordre s’y prendre pour traiter les fiches les unes après les autres.

      Pour autant la problématique du religieux, inscrite dans le champ de la lutte sociale, ne relève pas du domaine méthodologique en matière de todo et c’est en cela qu’il me semble important de compléter la remarque de @rastapopoulos et de répondre aussi à @colporteur :

      Le passage de Bakounine que j’avais placé ci-dessus, me semble justement répondre à la difficulté pratique dans laquelle nous nous trouvons depuis une trentaine d’année avec l’émergence de la « problématique » du port de « signes » dits « religieux ». Je pense que nombre de marxistes, marxiens ou toute autre bestiole révolutionnaire, un tant soit peu habité par la matérialité des choses concrètes, ne démentirait pas le propos de Bakounine, sur ce point.

      Il évoque, pour ce qui me concerne, nombre de conversations que j’ai eu avec des camarades pour savoir de quelle façon il fallait se positionner, par exemple dans une démarche syndicale, par rapport aux problématiques religieuses ou identitaires, rencontrées sur le terrain.

      Ce passage de Bakounine dit, en l’occurrence – et c’est peut-être ce qui pourrait le rapprocher de la citation de Marx – qu’en l’état actuel des choses, c’est à dire, tant que nous n’aurons pas réglé en priorité les inégalités sociales, ou plutôt tant que toute problématique discriminatoire ne sera pas intégrée dans la pratique concrète des luttes sociales contre le capitalisme notre rapport au réel sera faussé. Il ne s’agit pas de mettre sous le tapis les croyances religieuses ni de nier leur existence en tant qu’aliénation mais nous devons nous efforcer de ne pas les exacerber, surtout s’il s’agit de reprendre le discours idéologique du pouvoir. Tant que nous ne serons positionné solidement les pieds sur terre, la tête à l’endroit, nous n’arriverons pas à régler les problèmes concrets, qui ne sont rien d’autre que des problèmes créés par des humains.

      Dit autrement : à une ou deux exceptions, la question religieuse ne m’est jamais apparue comme un élément bloquant ou problématique dans mes pratiques militantes concrètes de lutte de classe, alors que j’ai été en contact avec nombre de personnes affichant leur identité, voire une croyance qui n’était pas la mienne. En tout cas, comme je l’ai signalé pour ma pratique professionnelle, la réalité de terrain que j’ai eu ne cadre absolument pas avec l’ampleur que prend cette problématique, telle qu’elle est montrée dans les pouvoirs (État, média, etc.). Il est donc plus que regrettable que des révolutionnaires socialistes – censés être matérialistes - se fassent la chambre d’écho des ces litanies racistes et ségrégationnistes.

      Le pouvoir, la bourgeoisie a toujours exprimé sa haine la plus viscérale et la plus répugnante à l’encontre des « classes laborieuses » (dont le « Lumpenproletariat ») qui lui permette de vivre et de prospérer. C’est toujours le cas aujourd’hui mais ce qui est nouveau, c’est que cette haine de classe se double désormais d’une haine identitaire raciste. Est-il nécessaire d’en dire plus ? Probablement mais, pour ce qui me concerne, je pense avoir, dans ces threads, présenté l’essentiel de ce que je pense sur la problématique.

      Pour terminer ce long message en guise de réponse à @colporteur :
      La vision de « période de transition », qui repose sur un modèle du type « prise du palais d’hiver » n’est absolument pas la mienne. La révolution est souhaitable et nécessaire mais ne pourra pas être autre chose qu’un processus lent et tortueux passant notamment – si elle a lieu, ce qui est loin d’être donné - par nombre de convulsions violentes et insupportables, du fait de la résistance la plus coriace des pouvoirs en place et des contradictions interne au « mouvement » révolutionnaire. Il me semble que ce tableau correspond déjà à ce que nous vivons. Nous ne sommes qu’au début de ce processus. On est loin, très loin de l’image "insurrectionnelle", fût-elle agrémentée de citations latines. De surcroît, plus que jamais, la révolution ne pourra être que planétaire, ce qui complique d’autant les choses...

    • @cabou je ne cherchais pas plus à t’incriminer que @rastapopoulos. pour dire autrement, c’est y compris dans la lutte, au présent et pas nécessairement « plus tard » que le vieux monde que nous portons est mis en chantier. ce monde c’est diverses idéologies, pratiques, dont les croyances et normes religieuses. cette transformation n’est pas une question de volontarisme militant (parfois approprié, souvent gênant). pour le savoir, il suffit d’avoir constaté, par exemple, comment dans des familles musulmanes assez strictes on se retrouve dans la lutte pour les papiers avec des petites ou jeunes filles qui font office de traductrices, lectrices, secrétaires, scribes d’une famille pourtant dotée d’un chef et pas toujours encline à ce que l’éducation des filles comporte de possibilités d’émancipation.
      avec ou sans citations latines, la lutte est pensante, met en cause non seulement la politique qu’elle combat mais ses protagonistes.
      je suis pas certain qu’il faille aimer le fait qu’il n’y ai pas de problèmes ("pas de souci" entend-t-on souvent), ça me semble clôturer indument questionnement et dynamique.

      par ailleurs, pour garder le style plus hégélien de la traduction, j’aime beaucoup cette définition de la religion comme esprit d’un monde sans esprit. elle pointe une dignité à la foi qui devrait interdire qu’on la méprise a priori depuis le dévoilement ou la dénonciation de l’illusion (certes, il y a des cas où le mépris s’impose !). et ce quelques soient les dogmatisations plus ou moins élaborées qui peuvent s’en suivre, un étroitesse d’esprit dont témoigne impeccablement la véhémence caricaturale de « socialisme libertaire » qui après l’invocation des Procès de Moscou a rapido décidé de traiter de flic qui serait en désaccord, ce qui n’est rien d’autre qu’ajouter à la misère.

    • oui, bien sûr, pas nécessairement « remettre à plus tard » mais prendre en compte les réalités de personnes, telles qu’elles sont et non telles qu’on aimerait qu’elles soient, avec tout ce qu’elles peuvent exprimer de contradictions et de difficultés. Si on peut éviter les dynamiques d’échec, sans pour autant faire de l’activisme consensuel pour lui-même et rester sur place, tout le monde s’en portera mieux.

  • De nombreux cas de rachitisme inquiètent l’Écosse afp - Le figaro

    Le rachitisme, qui frappait les quartiers pauvres au Royaume-Uni au XIXe siècle, est en essor en Écosse, selon des données obtenues par le journal The Times .

    Au total, 442 cas de rachitisme, une maladie liée à un manque d’exposition au soleil et à une malnutrition, ont été observés en Écosse en 2022, contre 354 en 2018, selon les données des autorités locales de santé.

    L’espérance de vie la plus faible au Royaume-Uni
    « Des maladies généralement évitables comme celles-ci illustrent aussi que l’Écosse a l’espérance de vie la plus faible du Royaume-Uni » , a expliqué au Times Chris Williams, coprésident du Royal College of General Practitioners Scotland. La maladie, qui peut entraîner des déformations squelettiques lors de la croissance comme des jambes arquées ou des genoux cagneux, est liée à un manque d’exposition au soleil et donc de vitamines D, que l’on peut aussi trouver dans des aliments comme les poissons gras ou les œufs.

    En comparaison aux 442 cas en Écosse, 482 cas de rachitisme ont été enregistrés en Angleterre, pour une population pourtant dix fois plus importante. Le rachitisme a quasiment disparu au Royaume-Uni il y a plus d’un demi-siècle après des campagnes pour améliorer les régimes alimentaires et l’exposition au soleil.

    En Écosse, la plupart des cas ont été recensés autour de Glasgow, l’une des régions les plus pauvres de la province, avec un tiers des enfants vivant dans la pauvreté selon les dernières études. Selon des données de 2019, les hommes vivant dans les quartiers les plus pauvres de Glasgow vivent en moyenne 15 ans de moins que ceux qui vivent dans les quartiers les plus riches.

    Diversité ethnique
    Certains professionnels de santé suggèrent que l’augmentation de la diversité ethnique à Glasgow, avec certains types de peau réduisant la production de vitamines D, le développement d’activités plus sédentaires et une mauvaise alimentation peuvent expliquer la recrudescence de la maladie.

    D’autres maladies, comme la tuberculose ou la scarlatine, sont également en pleine augmentation en Écosse, rapporte le Times. Ces maladies sont des « maladies de pauvreté et sont fréquentes dans certaines parties du monde où les gens sont pauvres », explique un scientifique interrogé par le Times.

    #pauvreté #misère #Ecosse #Angleterre #capitalisme #Enfants #rachitisme #maladie #surnuméraires

    Source : https://www.lefigaro.fr/international/de-nombreux-cas-de-rachitisme-inquietent-l-ecosse-20230821

    • Les vols à l’arraché de montres de luxe suisses se multiplient à Londres Hélène Krähenbühl - RTS

      Le vol de montres suisses est en plein boom dans la plupart des grandes villes. Mais c’est à Londres que la situation est la plus grave. Dans la capitale britannique, une centaine de Rolex et une cinquantaine de Patek Philippe sont volées chaque mois, souvent en plein jour et avec une extrême violence.

      C’est lors d’une journée ensoleillée, peu avant la pandémie, que Paul Thorpe, propriétaire d’un magasin de bijoux et de montres dans la banlieue londonienne, a vu sa vie basculer.

      « Je venais de quitter le magasin et je marchais vers ma voiture. J’ai vu une moto passer sur ma gauche. Et soudainement, deux hommes qui portaient des masques m’ont attaqué par derrière. Ils m’ont tabassé et ont volé ma montre qui valait 55’000 francs », témoigne-t-il dimanche dans l’émission Mise au point. Le passionné de montres se retrouve inconscient et en sang sur le trottoir. La police ne retrouvera jamais les criminels.

      Toutes les dents de Paul Thorpe ont été cassées, fissurées ou broyées. Elles ont dû être remplacées. « Malheureusement, là où j’ai reçu l’impact initial, il n’y avait rien à faire. Du coup, j’ai perdu ces dents à jamais et je porte un dentier. Mon dentiste m’a facturé 22’000 francs », explique le Londonien, encore traumatisé par cette douloureuse expérience.

      Une patrouille spéciale dans les rues de Londres
      Ce type de scène d’une extrême violence est de plus en plus fréquent dans la capitale britannique
      . . . . . . .
      La suite : https://www.rts.ch/info/monde/14253657-les-vols-a-larrache-de-montres-de-luxe-suisses-se-multiplient-a-londres

      #luxe #montres #bourgeoisie #violence des #riches

  • Anarchy2023

    https://renverse.co/infos-locales/article/anarchy2023-4077

    A propos des rencontres internationales anti-autoritaires 2023 à St-Imier et des tendances libertariennes, validistes, technophiles, réactionnaires, citoyennistes, new age, et effondrementalistes.

    SOMMAIRE

    Introduction
    Des tendances critiquables dans le programme des RIA 2023
    Des libertariens au cœur des rencontres
    A propos de Gian Piero de Bellis
    A propos de Chris Zumbrunn
    A propos de certains ateliers et de leurs tendances critiquables
    Tendances validistes
    Tendances libertariennes
    Tendances technophiles
    Tendances new age
    Tendances effondrementalistes

    Pour ne pas finir...
    Ressources
    Validisme
    Libertarianisme
    Complosphères
    Racisme et colonialisme
    Altercapitalisme et extrême-droite
    Croyances et mouvements #New Age
    Colère et dépossession vs non-violence
    Récits de l’effondrement
    Critique de la technologie et #écologie

    Introduction

    Du 19 au 23 juillet 2023, se tiendront à St-Imier (en suisse) des Rencontres Internationales Anti-autoritaires (qu’on abrégera dans la suite du texte par RIA). À l’annonce de ces rencontres « anarchistes », on trouve problématique que, sur le programme « accessible » et modifiable par tout le monde, il y ait peu ou pas de prises de position sur les tendances notamment libertariennes, ésotériques, citoyennistes, technophiles, qui y sont apparues, ni de précisions sur le cadre général de ces rencontres en termes d’accessibilité.

    Pourquoi publier un texte avant les RIA ? On peut effectivement se dire qu’on en a rien à foutre des grands évènements symboliques, que ce qui compte pour nous c’est l’opposition en actes à la réalité de la domination. Mais on aimerait croire que cet évènement puisse être un lieu de rencontre, de création d’affinités, de prise de conscience, d’organisation, et donc qu’il puisse avoir des effets concrets sur la réalité du monde. Mais quelles affinités, quelle « prise de conscience », et surtout, quels effets concrets sur la réalité du monde pourra avoir un évènement qui laisse une grande place à des individu·xs et des idées à l’opposé d’une position émancipatrice ?

    #libertarianisme #validisme #technophilie #effondrementalisme

    • Beaucoup de choses justes, dans ce texte, sur des sujets parfois très importants. Il ne faut pas avoir peur des clarifications ni des clivages, ni des contradictions. Là dessus, pas de problème.

      Il est, par exemple, salutaire de rappeler la distinction entre Libertarien/libertaire qui empoissonne le débat depuis que nous sommes résolument tombés sous l’emprise idéologique des gringos, avec le grand truc global en ligne. Cela m’avait frappé, il y a une vingtaine d’années, de voir les positions très libertariennes de certains geeks libristes (sur les forums et sur Twitter). Mais j’ai constaté que les choses ont plutôt évolué dans le bon sens. Par exemple, chez Framasoft, où j’ai lu, il y a quelques années un soutien à Beppe Grillo et aux crypto-monnaies (par principe) sur des positions assez proches de TPB. Je ne pense pas qu’on trouve encore autant ce type de contenu, assez naïf, aujourd’hui dans ce milieu. Même chose sur l’évolution du discours de la Quadrature, par exemple sur la 5G, dénoncée alors sur Twitter, par certains geeks restés libertariens, qui accusaient la Quadrature de devenir d’horribles gauchistes.

      Je suis tout aussi d’accord, avec ce texte, pour dénoncer certaines tendances radicales dont le discours sensationnel emboîte le pas aux thèses complotistes et validistes. On a connu de semblables postures dans le passé avec des écrits d’ultra-gauche qui cautionnaient l’idéologie antisémite des négationnistes. Une distinction salutaire.

      Mais ce texte, qui se veut critique sur certaines tendances anarchistes actuelles ambiguës, est trop dense, pas assez approfondi vu le champ des thèmes abordé et trop globalisant. Limite sectaire. Tu as l’impression qu’il faut tout prendre ou tout rejeter, alors qu’on passe en revue, quand même, un paquet de choses très différentes, les unes des autres, ce qui nécessitent, au contraire, qu’on ne mette pas tout dans le même sac et qu’on prenne le temps de les traiter de façon isolée un peu plus en profondeur.

      Cela me laisse un peu la même sensation que celle éprouvée après avoir avalé les deux bouquins de Gelderloos sur la critique de la non-violence, suivi par la réponse apportée à ces ouvrages par l’Atelier de création libertaire. En fait j’ai ressenti une impression de grand gâchis, sur un sujet, traité d’un côté comme de l’autre de façon assez superficielle (pour ne pas dire, dans certains cas, non-documentée), alors qu’il s’agit d’une problématique centrale, depuis plus de 40 ans, et sur laquelle radotent et butent les révolutionnaires.

      Un autre exemple de grand déballage, en mode règlement de compte chez les ceusses qui veulent changer le monde : les tirs croisés entre communautés Queer et féministes radicales, sur des divergences réelles et sérieuses, qui se traitent parfois de façon des plus violentes (tiens, comme par hasard).

      Ou encore, les positions irascibles et intransigeantes, par exemple, de PMO à propos des trans, ainsi que leur systématisation anti-techno qui cible, par exemple, la Quadrature du net, alors que, par ailleurs PMO propose une analyse critique qui me semble pertinente sur la technologie (concernant la Quadrature, voir plus haut). Les positions intransigeantes et caricaturales de PMO sur les trans ont eu pour effet que les antifas les classent parmi l’extrême-droite, ce qui, soit-dit en passant, est une complète absurdité. Et concernant la position agressive de PMO, dans un de leur texte, contre la Quadature du net, je pense au contraire que nous avons le plus grand besoin d’expertises technologiques pour mieux la maîtriser et, le cas échéant, nous en débarrasser. Je ne vois pas comment on pourra traiter, par exemple, le nucléaire autrement, à moins de ne s’en tenir qu’à des positions théoriques.

      À chaque fois les clivages politiques réels font l’objet d’une mise en scène assez spectaculaire qui se veut clivante. À chaque fois, on déroule une logique du genre « on ne peut pas se prétendre [x], si ... »
      Tu remplaces la variable [x] par une identité du type : anarchiste, écolo, féministe (liste non-exhaustive).

      Je ne suis nullement partisan d’aplanir les positions et encore moins de chercher, par principe, le consensus ou de viser à l’entende radieuse du genre humain ou d’autres niaiseries du même acabit mais je considère que la "diversité des pratiques", voire les contradictions devraient être la base de l’action révolutionnaire et les conditions mêmes de son existence, sauf si l’on souhaite rétablir une logique organisationnelle qui me semble assez proche de celle du grand parti qui tranche dans le lard et qui, en dernier recours, sort le dernier mot.

      Bref, ce texte visait à fournir des clarifications salutaires, mais à force de simplifications et de systématisations, il me semble faire résonner beaucoup de bruits et de postures pour ne pas faire avancer grand-chose. Beaucoup de frustration, en définitive.

      Voilà pourquoi j’ai toujours été réfractaire à la logique affinitaire, qui est pourtant une dimension forte de la culture politique libertaire, à laquelle je me rattache, préférant me fondre dans le réel du social, moins influencé par les remous de ces guerres picrocholines.

      Cela me renvoi, surtout, au fait que je suis probablement un vieux con ;-) Pas grave.

    • RIA 2023 : livres islamophobes, action directe et évacuation de la critique - Renversé
      https://renverse.co/infos-locales/article/ria-2023-livres-islamophobes-action-directe-et-evacuation-de-la-critique-41

      RIA 2023 : livres islamophobes, action directe et évacuation de la critique
      Communiqué de l’équipe du salon du livre sur les événements qui ont eu lieu autour d’un stand de la fédération anarchiste
      [...]
      Déroulé des événements
      Vendredi. Des personnes présentes au salon du livre ont pris l’initiative de demander au stand de la section Kropotkine de la FA de retirer un livre de René Berthier intitulé Un voile sur la cause des femmes, identifié comme islamophobe. Par la suite, il leur a été demandé de retirer également L’impasse islamique. La religion contre la vie, d’Hamid Zanaz, préfacé par Michel Onfray. Suite à une altercation verbale et un refus de la part de la FA de retirer le livre, le premier des deux ouvrages a été saisi puis déchiré et brûlé dans le cadre d’une action directe.
      [...]
      Le 10 août 2023, la CNT-AIT France publie un communiqué officiel de soutien à la Fédération Anarchiste française reprenant la même rhétorique dénoncée dans cet article (http://cnt-ait.info/2023/08/10/soutien-fa). Une fois de plus, l’universalisme et l’internationalisme y sont brandis contre le “fascisme qui brûle les livres”, “l’obscurantisme religieux”, le “racialisme et autres idéologies identitaires”. Là encore, une référence est faite à “de très sombres souvenirs …”. Face à cet argumentaire, nous affirmons encore la nécessité de critiquer la blanchité de certains anarchismes et autres courants d’extrême gauche.

      Eh bé...

    • Bah c’est normal que ça fasse du foin !

      Une grand-messe, qui plus est anarchiste, est forcément confuse et folklorique. En fait c’est le genre même d’événement qui me passe complètement à côté.

      Jusqu’à ce matin, je n’étais pas du tout au courant de ce qui s’est passé à St Imier. Cela me semble très grave, au-delà du seul contexte de cette foire anarchiste.

      Là ce qui est en jeu c’est la tendance, dans certains milieux militants actuels, à la généralisation de pratiques expéditives, en guise de régulation de débats, d’expression de désaccord ou de divergence, assimilant la personne qui incarne et qui porte la contradiction au pire - le « fasciste » - et justifiant par là-même, les méthodes les plus violentes.

      Le texte de l’OCL (elle-même lointaine scission de la FA – je me souviens de regards peu flatteurs portés des uns sur les autres, dans les années 70) me semble sur ce point un bon résumé de la situation.

      On est obligé de faire le rapprochement avec les méthodes staliniennes.

    • la tradition stal, chez les anars français, c’est la FA. et, n’en déplaise à l’OCL, la nouveauté, c’est que depuis quelques décennies déjà, cette organisation - au nom de la Palestine ou de l’anticléricalisme - n’est pas des plus claire en matière d’antisémitisme ou d’islamophobie (cf, pour partie, l’article de Renverse que tu cites).

      La surreprésentation de la FA a été identifiée par plusieurs personnes, qui ont demandé que les membres du groupe s’identifient, ce qu’iels ont refusé de faire, avant que plusieurs de ces derniers affirment vouloir participer à l’équipe responsable de la sécurité … De plus, la discussion, centrée sur des questions sécuritaires, n’a aucunement permis d’ aborder le contenu problématique des livres.

    • demande aux concernés. je ne vais pas à des rencontres avec la FA.
      à part ça, parler de « cramer les livres » sans phrases, c’est massif, ça ne dit rien des enjeux et des modalités. avant que un ou deux livres soient cramés, et pas « les livres », ils pouvaient remballer leur camelote toxique, se barrer. la question est beaucoup trop générale à mon goût.
      j’ai d’ailleurs des livres que je préférais détruire (et j’hésite parfois à le faire) et ne veut surtout pas voir tomber entre n’importe quelles mains et faire leur sale chemin dans je ne sais quelle tête. je ne les prête qu’assortis d’explications circonstanciées et à titre documentaire. (des critiques de la religion qui prennent un minimum de pincettes vis à vis des croyants concernés, ça ne manque pas il me semble)

      ce qui me gêne dans cette histoire c’est qu’il était sans doute possible d’ostraciser ces connards autrement. manque de monde, manque d’idées ? des sketchs permanent autour de leur stand par exemple pour laisser entendre et faire comprendre que leur soit disant éclectisme, leur goût des lumières étaient profondément piégés.

      états théocratiques, fascistes islamistes, intégristes musulmans, oui, l’hostilité est de rigueur. « les musulmans » (ou supposés tels...), faut comme avec tous, voir dans la relation et la pratique.

    • Des livres « au contenu problématique », ma bibliothèque perso en est remplie. C’est même tout l’intérêt de la lecture d’ouvrages politiques, pour ce qui me concerne.
      On sera en désaccord là-dessus, @colporteur

    • ce que je dis, c’est que Nicole Notat, Thion et Maurras, je ne les diffuse pas. et il y a des articles que j’ai pu faire circulez, jusque’à ce que leurs auteurs fassent de la crotte et que j’arrête de diffuser les articles antérieurs, sans contextualisation (de la même manière, avoir publié un commentaire enthousiaste ici à propos de Médine il y a cinq mois, suppose que je signale les raisons de faire un pas de côté si des faits fâcheux l’imposent)
      par ailleurs, ayant peu déménagé ces dernières années, je suis encombré de livres et ne sais toujours pas désherber, trier entre des textes qui ont eu leur utilité un moment, des pièces à charge (par ex. Thion, à propos de la veine « anti-impérialsite » du négationisme), et des ouvrages susceptibles de faire l’objet de relecture. j’en rêve, mais même la perspective de vendre au moins mal ne suffit pas à ce que - entre fétichisme rendant le tri quasi impossible, flemme et procrastination - à ce qu ej m’y mette (mais ça murit, et je crois que je vais finir par être contraint économique

    • sans doute ne sommes nous pas d’accord. je ne sacralise pas guère plus « les livres » que « la liberté d’expression »

      ce que je disais, c’est que Nicole Notat, Thion et Maurras, je ne les diffuse pas. de plus, il y a des articles j’ai cessé de faire circuler, sauf contextualisation, lorsque leurs auteurs se sont mis à faire de la crotte (tout comme, à l’inverse, avoir publié ici un commentaire à propos de Médine il y a cinq mois me conduit à signaler les raisons d’effectuer un pas de côté si la découverte de faits fâcheux l’imposent).

      par ailleurs, ayant peu déménagé ces dernières années, je suis encombré de livres et ne sais toujours pas désherber, trier entre des textes qui ont eu leur utilité un moment, des pièces à charge (par ex. Thion, à propos de la veine « anti-impérialsite » du négationisme), et des ouvrages susceptibles de faire l’objet de relecture. j’en rêve, mais, fétichisme rendant le tri quasi impossible, flemme et procrastination l’empêche. même la perspective de vendre au moins mal afin de disposer sur un site de vente d’un « porte monnaie » (si je touche du fric, la caf peut me réclamer un indu) qui me permette d’acquérir de nouveaux livres n’a pas encore suffit à ce que je m’y mette. mais ça va venir, pour partie grâce à seenthis puisque de nombreux objets culturels référencés ici me donnent envie d’aller y voir de plus près.

      exutoire ? pour revenir aux RIA 2023, si les saloperies de la FA ont été suivies de tels actes, c’est peut-être aussi afin de compenser l’ouverture des rencontres à cette fange marécageuse décrite par Renverse avant les RIA. de ce côté, je sais pas quel tri, reprise de contrôle, éviction, ont pu avoir lieu, ou pas. oui, il y a une tension entre une hétérogénéité constitutive et quelque chose comme un minimum d’asepsie des espaces politique. sauf lorsque l’application de principes de base est adéquate, c’est de chaque cas, chaque composition (un point de vue préétabli ou qui se forge) que découle une méthode.

      j’aurais préféré que le racisme de la FA fasse l’objet de moqueries et de canulars répétés sur place, et que les apports disons « écofascisants » et libertariens soient radicalement critiqués en détail. faudrait déjà arriver à faire rire de machins qui jouxtent en effet le fascisme : un trio théâtral ? jouer le lynchage d’un islamophobe à drapeau noir par deux islamophobes à drapeaux tricolores ?

      (sinon, la photo de cet endroit est terrible)

    • Que ce soit des chercheureuses « indépendants » qui mènent ces recherches ne change rien au fait que le savoir agricole et l’amélioration des plantes est un savoir millénaire, qui doit rester dans les mains des paysan.xes, et pas des expert.es de laboratoire.

      J’arrive après la bataille mais cet extrait... Je viens de me taper le front un peu trop violemment là. En appeler au « savoir millénaire » juste avant de critiquer l’idéologie New Age, fallait oser.

    • @rastapopoulos ça fait bien longtemps (plus d’un siècle au moins) que la sélection de plantes et la création de nouvelles variétés (OGM ou non) n’est plus effectuée par des « paysans », mais en labo, sur la base de connaissances en biologie principalement. J’assimile ce genre de discours à de l’écologie réactionnaire, où on oppose science (mal comprise) et « bon sens » (paysan, sûrement). Bon après je ne connais pas les personnes derrière cet article, c’est peut-être juste une formulation maladroite.

  • Usbek & Rica - « Les riches nous imposent une société de #pornopulence »

    J’aime bien (non) ce nouveau mot dièse.
    https://usbeketrica.com/fr/article/les-riches-nous-imposent-une-societe-de-pornopulence

    Mégayachts, îles artificielles, bitcoin, fusées, soirées arrosées… Les mille visages de la #richesse s’étalent chaque jour en Une de l’actualité, sur les réseaux sociaux et, surtout, dans notre inconscient collectif. Résultat  ? Pour la sociologue et professeure à l’université d’Ottawa, « bernés par les prestidigitations des ultra-riches, nous les regardons, stupéfaits, dilapider les ressources de la planète » tandis que les #inégalités demeurent.

    D’où le titre de son nouvel essai en forme de pamphlet sans concession, à paraître ce 22 août aux éditions Lux : La société de provocation – Essai sur l’#obscénité des riches. Une référence explicite au roman Chien blanc de Romain Gary, dans lequel l’ancien résistant fustige « cet ordre social où l’exhibitionnisme de la richesse érige en vertu la démesure et le luxe ostentatoire tout en privant une part de plus en plus large de la population des moyens de satisfaire ses besoins réels ». De passage à Paris, Dahlia Namian a répondu à nos questions.

  • Gorno Project Latest Update (avril 2018)

    #Alexander_Burns, de Alta Zinc, explique qu’ils ont fait de nouvelles études sur des nouveaux dépôts dans la région.

    Il explique qu’ils ont aussi réhabilité de vieilles infrastructures, déjà présentes. Et l’étude de nouvelles infrastructures, dont une voie ferrée pour connecter des lieux qui seront utilisés pour l’activité minière.
    Il explique aussi qu’il n’y a pas de problèmes de permis car ces infrastructures sont mentionnées dans la #licence qu’ils ont obtenu.

    "En attendant de démarrer la production, nous avons créé des emplois locaux ("local jobs") et un « economic boost » pour l’#économie locale. Et établi une très bonne #réputation dans la zone et avec les autorités régionales."

    https://vimeo.com/266830728


    #Altamin #vidéo #Alta_zinc
    #mines #extractivisme #Italie #Alpes #montagne #Gorno #zinc #Altamin #Energia_Minerals #zinc #Gorno_zinc_project
    #Riso-Parina #Riso_Parina #Pian_Bracca #colonna_fontanone

    –—

    ajouté à la métaliste sur l’#extraction de #terres_rares dans les #Alpes :
    https://seenthis.net/messages/1013289

  • Place des grandes femmes : Audrey Dussutour en Aveyron
    https://academia.hypotheses.org/50840

    D’ici quelques jours, la commune de Rieupeyroux a baptisé une de ses places du nom de la biologiste Audrey Dussutour, sur une suggestion de deux jeunes de la commune, Chloé et Yanis, résolution adoptée par la Mairie. À qui le … Continuer la lecture →

    #Academic_Feminist_Fight_Club #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #parité_femmes-hommes

  • Un mur flottant équipé de « scies circulaires » à la frontière américano-mexicaine
    https://observers.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20230811-un-mur-flottant-%C3%A9quip%C3%A9-de-scies-circulaires-%


    Finalement, on n’a plus besoin des nazis comme figure universelle de la #dégueulasserie #barbare humaine ordinaire.

    Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux le 8 août 2023 permettent d’observer de plus près la barrière frontalière flottante installée par le gouverneur du Texas, Greg Abbott, et destinée à empêcher les migrants clandestins d’entrer aux États-Unis. Ces installations controversées, près desquelles un corps a récemment été retrouvé, sont équipées de disques métalliques pointus fabriqués par Cochrane Global.

  • « L’État devra probablement stabiliser aussi cette nouvelle banque »

    Fleuron de la tradition bancaire suisse, Credit Suisse (CS) a fait naufrage après 167 ans d’existence : l’État a forcé #UBS à racheter sa rivale en perdition. Tobias Straumann, historien de l’économie, nous livre sa vision de la Suisse et des #banques, nous parle des illusions de la politique et répond à la question suivante : un petit pays comme la Suisse a-t-il vraiment encore besoin d’une grande banque internationale ?

    La Revue Suisse : Monsieur Straumann, la fin de l’histoire de CS est-elle une rupture ou un tournant pour la Suisse ?

    Tobias Straumann : Il s’agit tout au moins d’un événement. CS était la plus ancienne des grandes banques encore existantes. Mais sa #faillite ne représente pas un tournant majeur. De grandes banques ont déjà disparu dans les années 1990. La Suisse en possédait cinq il y a un peu plus de 30 ans, il n’en reste qu’une aujourd’hui. La crise financière mondiale de 2008, avec le sauvetage par l’État de la plus grande banque suisse, UBS, puis la disparition du #secret_bancaire pour la clientèle étrangère ont été des traumas bien plus importants.

    Sauvetage d’UBS, fusion contrainte de CS : en 15 ans, l’État a dû secourir à deux reprises des grandes banques en difficulté. Or, la Suisse est un pays qui met en avant les valeurs de l’économie de marché libre. N’est-ce pas paradoxal ?

    L’économie de marché est loin d’être parfaite en Suisse. Nous avons de nombreuses entreprises d’État ou pseudo-entreprises d’État et, dans le secteur bancaire, les banques cantonales, qui sont aussi des entreprises d’État. En outre, je pense que l’intervention de l’État dans les affaires des grandes banques n’est plus un tabou. Depuis les années 1990, la #vulnérabilité du système bancaire, hypermondialisé et hyperlibéralisé, est évidente. Il est devenu tout à fait normal que les #États interviennent régulièrement. Ils ne peuvent pas faire autrement, car sans cela, les grandes crises financières mondiales s’enchaîneraient. À l’étranger aussi, on attend de la Suisse qu’elle prévienne les incidents qui mettraient en péril tout le #système_bancaire.
    Après le sauvetage d’UBS, le Parlement a toutefois voulu éviter, à l’aide de la loi « #Too_big_to_fail », que l’État et les contribuables soient à nouveau confrontés à des #risques_financiers aussi importants. Peut-on parler d’un réveil politique brutal ?

    En tant qu’historien, je suis moins surpris que cela n’ait pas fonctionné. En cas de crise, on a besoin de plans simples. La réglementation « too big to fail » était trop complexe, immature et un peu irréaliste. Un cas comme celui-ci implique toujours l’aval politique d’autorités étrangères. Or, cela peut prendre du temps.

    Face aux marchés financiers mondialisés, que peut encore faire la capitale fédérale ?

    Plusieurs choses. L’État peut et doit agir énergiquement quand il s’agit de stabiliser des banques. Dans le cas d’UBS, il l’a très bien fait. La banque a été étatisée, partiellement et temporairement, et à la fin la Confédération y a même gagné quelque chose. Et UBS a adapté sa culture du risque. Dans le cas de CS, les autorités ont estimé qu’une fusion était plus sûre. L’avenir dira s’il s’agissait de la bonne solution.

    À qui ou à quoi est dû le naufrage de CS ?

    Au management et au conseil d’administration. CS était mal dirigé depuis des années. Mais les autorités aussi doivent répondre à des questions. Depuis octobre 2022, on savait que la banque était en difficulté. Or, il a fallu attendre mars pour qu’un plan de sauvetage voie le jour. Le tout a paru quelque peu improvisé, contrairement à ce qu’il s’était passé avec UBS. Cela m’a surpris. Nous n’en savons pas encore assez pour juger le comportement des autorités : la commission d’enquête parlementaire nous éclairera à ce sujet. Et CS devrait lui aussi faire sa part, spontanément, en livrant un rapport détaillé sur ce qui a capoté. Il le doit à la Suisse.

    Malgré les pertes et les scandales, CS distribuait des rémunérations et des bonus astronomiques. Certains banquiers semblent n’être plus guidés que par l’appât du gain, qui leur fait prendre tous les risques. Où est la banque entrepreneuriale d’autrefois, qui a fait avancer la Suisse ?

    CS a conservé un secteur entrepreneurial jusqu’à la fin. Dans le domaine des crédits accordés aux entreprises, il a fait du très bon travail. Il est vrai que les fondateurs de la banque autour d’Alfred Escher, au XIXe siècle, ont investi dans les infrastructures. Mais les activités ferroviaires étaient déjà risquées, elles aussi. CS a connu des débuts mouvementés, car les cours boursiers des sociétés de chemin de fer n’arrêtaient pas de fluctuer. Quand ça allait bien, les banquiers aussi gagnaient bien. Et quand ça allait mal, ils ne touchaient pas de bonus. Voilà la différence avec aujourd’hui. Les erreurs de CS sont dues à la cupidité, oui, mais surtout à l’incompétence du conseil d’administration et de la direction.

    En quoi étaient-ils incompétents ?

    À partir des années 1990, les grandes banques suisses se sont fortement internationalisées. Or, il est très difficile pour un management suisse de tenir bon sur les places financières de Londres et de New York. Les banquiers d’investissement anglo-saxons ont une tout autre mentalité, qui s’accorde mal avec la culture d’entreprise suisse. En outre, les grandes banques suisses plaçaient souvent des employés de seconde classe à Londres et à New York, qui se comportaient comme des mercenaires et ne pensaient qu’à se faire un maximum d’argent en peu de temps.

    UBS a racheté CS en juin : la banque géante qu’elle est désormais est-elle viable ?

    Elle est plus petite que ne l’était UBS avant la crise financière, et elle réduira certainement encore un peu sa voilure. Mais il est vrai qu’elle reste immense, puisque que la somme de son bilan atteint le double du produit intérieur brut (PIB) suisse. Je ne sais pas si elle est viable. Il est très probable qu’elle aussi connaisse un jour des difficultés et que l’État doive intervenir. Et l’on peut d’ores et déjà affirmer qu’introduire des règles plus strictes n’y changera rien.

    Pourtant, certains politiques exigent actuellement des réglementations plus strictes pour les banques d’importance systémique.

    Il serait bon d’exiger un peu plus de réserves, c’est-à-dire une plus grande part de fonds propres. Mais même ainsi, UBS ne sera pas à l’abri, il faut le savoir. Le système financier mondial est très vulnérable. CS était en mauvaise posture, mais pas tant que cela. Il respectait tous les chiffres clés de l’Autorité de surveillance des marchés financiers. Il suffit qu’un incident se produise quelque part, et la contagion commence. Les États ne peuvent ni prédire, ni empêcher une crise financière, seulement l’endiguer à temps pour éviter des conséquences catastrophiques. Il est toutefois difficile de déterminer le bon moment pour intervenir.

    Face à de tels risques, ce petit pays qu’est la Suisse peut-il encore se permettre d’avoir une grande banque active sur le plan international ?

    Avoir sur sa place financière une grande banque qui propose tous les services a des avantages. Si UBS, par volonté politique, devait à présent se défaire de ses secteurs internationaux problématiques, ou déplacer son siège, elle perdrait ces avantages. Mais elle gagnerait en stabilité. Des filiales étrangères pourraient se charger de certaines opérations, comme c’est le cas pour la compagnie aérienne Swiss, qui appartient à la société allemande Lufthansa. Cela pourrait fonctionner. Même la disparition du secret bancaire ne nous a pas fait de tort. Zurich ne s’est pas appauvri, bien au contraire.

    La place financière internationale suisse a-t-elle été importante pour la prospérité du pays ?

    Son importance économique est surestimée. La Suisse est devenue une place financière internationale durant la Première Guerre mondiale, mais en 1914, juste avant la guerre, elle était déjà le pays le plus riche du continent européen pour ce qui est du PIB par habitant. Et ce, surtout grâce à son industrie, qui était très dynamique et qui a fait sa prospérité au XIXe et au XXe siècles, et jusqu’à ce jour. La place financière est née après l’industrialisation et s’est dotée, avec la gestion de fortune, d’une nouvelle source de revenus très florissante. Pour l’économie nationale, cela a toujours eu des avantages et des inconvénients.

    Quels ont été les inconvénients ?

    Les salaires élevés du secteur bancaire ont attiré de nombreux travailleurs qualifiés, qui ont manqué à d’autres secteurs plus innovants. À présent, sans l’appel d’air du secteur bancaire, il y a de nouveau plus de place pour d’autres branches et innovations. Zurich a beaucoup de succès dans le secteur des assurances, qui est plus prévisible et plus stable. Je trouve qu’il convient bien mieux à la mentalité suisse.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/letat-devra-probablement-stabiliser-aussi-cette-nouvelle-banque

    #banque #Suisse #Credit_Suisse #finance #Etat #sauvetage

  • #Matières_premières_critiques : garantir des #chaînes_d'approvisionnement sûres et durables pour l’avenir écologique et numérique de l’UE

    La Commission propose un ensemble complet de mesures afin de garantir l’accès de l’UE à un approvisionnement sûr, diversifié, abordable et durable en matières premières critiques. Les matières premières critiques sont indispensables pour un large éventail de secteurs stratégiques, notamment l’industrie « zéro net », l’industrie numérique, l’aérospatial et la défense.

    Alors que la demande de matières premières critiques devrait augmenter de manière drastique, l’Europe dépend fortement des importations, souvent en provenance de fournisseurs d’un pays tiers en situation de quasi-monopole. L’UE doit atténuer les risques pour les chaînes d’approvisionnement liées à ces dépendances stratégiques afin de renforcer sa résilience économique. Les pénuries constatées au lendemain de la pandémie de COVID-19 et la crise énergétique qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie témoignent de ces dépendances et peuvent mettre en péril les efforts que l’UE déploie pour atteindre ses objectifs climatiques et numériques.

    Le règlement et la communication sur les matières premières critiques adoptés aujourd’hui tirent parti des atouts et des possibilités du marché unique et des partenariats extérieurs de l’UE pour diversifier les chaînes d’approvisionnement de l’UE en matières premières critiques et renforcer leur résilience. La législation sur les matières premières critiques améliore également la capacité de l’UE à surveiller les risques de perturbations et à les atténuer, et renforce la circularité et la durabilité.

    La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est exprimée en ces termes : « Cette législation nous rapprochera de nos ambitions en matière climatique. Elle améliorera significativement le raffinage, la transformation et le recyclage des matières premières ici en Europe. Les matières premières sont indispensables à la fabrication de technologies clés pour notre double transition, telles que la production d’énergie éolienne, le stockage de l’hydrogène ou les batteries. Nous renforçons notre coopération avec des partenaires commerciaux fiables à l’échelle mondiale afin de réduire les dépendances actuelles de l’UE à l’égard d’un seul ou de quelques pays. Il est dans notre intérêt mutuel d’augmenter la production de manière durable et, dans le même temps, de garantir le niveau le plus élevé de diversification des chaînes d’approvisionnement pour nos entreprises européennes. »

    Avec la réforme de l’organisation du marché de l’électricité et le règlement pour une industrie « zéro net », les mesures sur les matières premières critiques annoncées aujourd’hui créent un environnement réglementaire favorable aux industries « zéro net » et à la compétitivité de l’industrie européenne, comme annoncé dans le plan industriel du pacte vert.

    Mesures intérieures

    La législation sur les matières premières critiques dotera l’UE des outils permettant de lui garantir l’accès à un approvisionnement sûr et durable en matières premières critiques, principalement par les moyens suivants :

    Définir des priorités d’action claires : en plus de mettre à jour la liste des matières premières critiques, la législation dresse une liste de matières premières stratégiques, qui sont essentielles pour les technologies importantes pour les ambitions écologiques et numériques de l’Europe ainsi que pour les applications spatiales et de défense, mais dont l’approvisionnement futur n’est pas sûr. Le règlement intègre en même temps, dans le droit de l’UE, la liste des matières premières critiques et celle des matières premières stratégiques. Il fixe des valeurs de référence claires en ce qui concerne les capacités intérieures tout au long de la chaîne d’approvisionnement en matières premières stratégiques pour diversifier l’approvisionnement de l’UE à l’horizon 2030 :

    - l’extraction dans l’UE doit permettre de produire au moins 10 % de sa consommation annuelle,
    - la transformation opérée dans l’UE doit permettre de produire au moins 40 % de sa consommation annuelle,
    - le recyclage effectué dans l’UE doit permettre de produire au moins 15 % de sa consommation annuelle,
    - pas plus de 65 % de la consommation annuelle de l’Union de chaque matière première stratégique à n’importe quel stade de transformation pertinent ne doit provenir d’un seul pays tiers.

    Créer des chaînes d’approvisionnement européennes sûres et résilientes en matières premières critiques : la législation réduira la charge administrative et simplifiera les procédures d’autorisation pour les projets relatifs aux matières premières critiques dans l’UE. En outre, les projets stratégiques sélectionnés bénéficieront d’un soutien pour l’accès au financement et les délais d’autorisation seront raccourcis (24 mois pour les permis d’extraction et 12 mois pour les permis de traitement et de recyclage). Les États membres devront également élaborer des programmes nationaux d’exploration des ressources géologiques.

    Veiller à ce que l’UE soit en mesure d’atténuer les risques liés à l’approvisionnement : pour garantir la résilience des chaînes d’approvisionnement, la législation prévoit un suivi des chaînes d’approvisionnement en matières premières critiques et la coordination des stocks de matières premières stratégiques entre les États membres. Certaines grandes entreprises devront réaliser un audit de leurs chaînes d’approvisionnement en matières premières stratégiques, comportant un test de résistance à l’échelle de l’entreprise.

    Investir dans la recherche, l’innovation et les compétences : la Commission renforcera l’adoption et le déploiement de technologies de pointe dans le domaine des matières premières critiques. En outre, la mise en place d’un partenariat à grande échelle pour les compétences relatives aux matières premières critiques et d’une académie des matières premières promouvra les compétences pertinentes pour la main-d’œuvre travaillant dans les chaînes d’approvisionnement en matières premières critiques. Sur le plan extérieur, la stratégie « Global Gateway » servira de vecteur pour aider les pays partenaires à développer leurs compétences et leurs propres capacités d’extraction et de traitement.

    Protéger l’environnement en améliorant la circularité et la durabilité des matières premières critiques : l’amélioration de la sécurité et du caractère abordable de l’approvisionnement en matières premières critiques doit aller de pair avec l’intensification des efforts visant à atténuer toute incidence négative, tant au sein de l’UE que dans les pays tiers, en ce qui concerne les droits du travail, les droits humains et la protection de l’environnement. Les efforts visant à développer les chaînes de valeur des matières premières critiques de manière plus durable contribueront également à promouvoir le développement économique dans les pays tiers ainsi que la gouvernance en matière de durabilité, les droits humains, la résolution des conflits et la stabilité régionale.

    Les États membres devront adopter et mettre en œuvre des mesures nationales visant à améliorer la collecte des déchets riches en matières premières critiques et à garantir leur recyclage en matières premières critiques secondaires. Les États membres et les opérateurs privés devront étudier les possibilités de récupération des matières premières critiques provenant des déchets d’extraction des activités minières actuelles mais aussi des déchets provenant des anciens sites miniers. Les produits contenant des aimants permanents devront satisfaire aux exigences en matière de circularité et être accompagnés d’informations sur leur recyclabilité et leur teneur en matières recyclées.

    Engagement international

    Diversifier les importations de matières premières critiques dans l’Union : l’Union ne couvrira jamais ses propres besoins en matières premières et continuera de dépendre des importations pour la majeure partie de sa consommation. Le commerce international est donc essentiel pour soutenir la production mondiale et assurer la diversification de l’approvisionnement. L’UE devra renforcer son engagement mondial avec des partenaires fiables afin de mettre en place des investissements et de les diversifier, de promouvoir la stabilité du commerce international et de renforcer la sécurité juridique pour les investisseurs. Elle recherchera en particulier des partenariats mutuellement bénéfiques avec les marchés émergents et les économies en développement, notamment dans le cadre de sa stratégie « Global Gateway ».

    Elle intensifiera ses actions commerciales, notamment en créant un club des matières premières critiques pour tous les pays partageant les mêmes valeurs et désireux d’améliorer les chaînes d’approvisionnement mondiales, en renforçant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en élargissant son réseau d’accords de facilitation des investissements durables et d’accords de libre-échange et en insistant davantage sur l’application de la législation afin de lutter contre les pratiques commerciales déloyales.

    L’UE poursuivra le développement des partenariats stratégiques : elle collaborera avec des partenaires fiables pour favoriser leur propre développement économique de manière durable par la création de chaînes de valeur dans leur propre pays, tout en promouvant des chaînes de valeur sûres, résilientes, abordables et suffisamment diversifiées pour l’UE.

    Prochaines étapes

    Le règlement proposé sera examiné et approuvé par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne avant son adoption et son entrée en vigueur.

    Contexte

    Cette initiative se compose d’un règlement et d’une communication. Le règlement établit un cadre réglementaire pour soutenir le développement des capacités intérieures et renforcer la durabilité et la circularité des chaînes d’approvisionnement en matières premières critiques dans l’Union. La communication propose des mesures visant à soutenir la diversification des chaînes d’approvisionnement grâce à de nouveaux partenariats internationaux qui se renforcent mutuellement. L’accent est également mis sur la maximisation de la contribution des accords commerciaux de l’UE, en pleine complémentarité avec la stratégie « Global Gateway ».

    La législation sur les matières premières critiques a été annoncée par la présidente von der Leyen lors de son discours sur l’état de l’Union de 2022, dans lequel elle a appelé à s’attaquer à la dépendance de l’UE à l’égard des importations de matières premières critiques, en sécurisant un approvisionnement intérieur diversifié et durable en ce qui concerne ces matières. Elle fait suite à la déclaration de Versailles de 2022 adoptée par le Conseil européen, qui soulignait l’importance stratégique des matières premières critiques pour garantir l’autonomie stratégique de l’Union et la souveraineté européenne. Elle répond également aux conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe et à la résolution du Parlement européen de novembre 2021 sur une stratégie européenne pour les matières premières critiques.

    Les mesures sont appuyées sur l’évaluation de la criticité de 2023, le rapport de prospective axé sur les technologies stratégiques et les actions lancées dans le cadre du plan d’action de 2020 sur les matières premières critiques. La proposition présentée aujourd’hui s’appuie sur les travaux scientifiques du Centre commun de recherche (JRC) de la Commission. Parallèlement à son rapport de prospective, le JRC a remanié le système d’information sur les matières premières, qui apporte des connaissances sur les matières premières tant primaires (extraites/récoltées) que secondaires (par exemple issues du recyclage). L’outil fournit des informations sur des matériaux et des pays spécifiques ainsi que sur différents secteurs et technologies, et comprend des analyses de l’offre et de la demande actuelles et futures.

    La législation sur les matières premières critiques est présentée parallèlement à celle pour une industrie « zéro net », qui vise à accroître la production européenne de technologies clés neutres en carbone ou « zéro net », afin de garantir des chaînes d’approvisionnement sûres, durables et compétitives en matière d’énergie propre en vue d’atteindre les ambitions climatiques et énergétiques de l’UE.

    https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_23_1661
    #matières_premières #apprivoisement #UE #EU #Union_européenne #relocalisation #diversification #zéro_net #dépendance #alternative #risque #pénurie #ici_en_Europe #batteries #raffinage #transformation #recyclage #plan_industriel_du_pacte_vert #matières_premières_stratégiques #extraction #extractivisme #règlement #déclaration_de_Versailles #Critical_Raw_Materials #European_Critical_Raw_Materials_Act

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    ajouté à la métaliste sur l’#extraction de #terres_rares dans les #Alpes :
    https://seenthis.net/messages/1013289

    • Dans l’article d’origine, une explication toute bête, pour Paris au moins :

      « Actuellement, la question de l’entretien est fondamentale dans les aménagements urbains et les projets de rénovation, car cela a un coût, encore plus quand des villes sont sous pression austéritaire – comme beaucoup de communes de Seine-Saint-Denis, poursuit Matthieu Adam. Embaucher des jardiniers formés pour entretenir les arbres est plus cher que d’avoir un agent qui vient nettoyer une dalle au jet d’eau. Ce qui fait qu’en banlieue la végétation est moins présente. »

      Par ailleurs, nombre de projets de rénovation proposent encore des aménagements très minéralisés, en partie pour réaliser de la prévention situationnelle. « En somme, ne pas planter des arbres est plus pratique pour laisser l’espace urbain ouvert afin de contrôler la population via des caméras de vidéosurveillance, des drones ou la simple vue des patrouilles de police », précise le chargé de recherche CNRS.

    • Pour Marseille, un peu différent, les riches privatisent les quartiers végétalisés :

      « En réalité, Marseille reste une ville très minérale où la végétation est plutôt absente, et la saisonnalité invisible. Les espaces verts urbains représentent seulement 4,6 m² par habitant. C’est moins que Paris (14 m2), indique le géographe Allan Popelard, qui dirige la collection « L’ordinaire du capital » aux éditions Amsterdam. Marseille compte environ dix fois moins d’arbres d’alignement par habitant que les autres grandes villes européennes étudiées. »

      Par ailleurs, le nombre d’arbres y est en nette régression : en 75 ans, le cœur historique de Marseille a perdu la moitié de son patrimoine arboré. Professeure à Aix-Marseille Université et chercheuse au Laboratoire Population Environnement Développement, Élisabeth Dorier précise pour Mediapart : « Dans le centre-ville de Marseille, il existe encore quelques rares cours intérieures avec des arbres. C’est une adaptation ancienne aux chaleurs des quartiers historiques qu’il faut à tout prix préserver. »
      [...]
      Allan Popelard : « Cette division socio-environnementale Nord-Sud résulte des choix d’aménagement opérés notamment sous les mandatures de Gaston Defferre (1953-1986) et Jean-Claude Gaudin (1995-2020). Une politique de classe qui a concentré les externalités négatives dans les quartiers nord. »
      [...]
      Les cartographies de la végétalisation et des revenus des ménages font apparaître au sud de la métropole les quartiers chics du Roucas-Blanc et de la colline Périer (7e et 8e arrondissements) où se trouvent des résidences fermées et végétalisées sous vidéosurveillance.

      Depuis 2007, Élisabeth Dorier se penche avec son équipe de recherche sur l’essor de ces résidences sécurisées. « Dans ces quartiers réservés aux privilégiés, les espaces verts sont progressivement privatisés. La colline Périer est devenue un écrin de verdure privé et bien gardé avec murs, patrouilles de gardiennage et vidéosurveillance, détaille la chercheuse. La fermeture résidentielle est ici un outil de valorisation foncière et d’exclusivité sociale. »

    • @olaf sur le « jardinage urbain », voir les travaux de mon ex-collègue #Marion_Ernwein :

      Les natures de la #ville_néolibérale

      « Zéro phyto », gestion écologique : les #espaces_verts_urbains longtemps conçus sur le mode « nature morte » de la tradition horticole se font de plus en plus vivants. Plus participatifs aussi, comme en témoigne la prolifé­ration des programmes de jardinage collectif. Cet ouvrage invite à com­prendre l’insertion de ces transforma­tions dans les nouvelles logiques de production de la ville et des services urbains.
      Sur la base d’enquêtes de terrain menées à Genève (Suisse) – auprès de responsables administratifs, politiques et associatifs, de travail­leurs de la nature, et de citadins-jar­diniers – il illustre la manière dont les politiques urbaines néolibérales faisant la part belle à l’événement, au managérialisme et aux #partenariats_publics-privés modèlent la ville vi­vante et le rôle qu’y jouent humains et non-humains. En détaillant le traitement réservé à différentes formes de végétaux – horticoles, vivriers, bio-divers – l’ouvrage développe des outils conceptuels pour une #écologie_politique du #végétal_urbain.

      https://www.uga-editions.com/les-natures-de-la-ville-neoliberale-544600.kjsp

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      Et une recension du #livre :
      https://journals.openedition.org/cybergeo/35592

      #nature_en_ville

  • L’épouvantail qui fait peur aux gendarmes du Lot | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/120823/l-epouvantail-qui-fait-peur-aux-gendarmes-du-lot

    eanJean-Yves est un postier d’un petit village du Lot, la droiture d’un balai, la régularité d’une horloge. Bien sous tous rapports, il cache aussi une face plus sombre puisque anarchiste. Le postier punk arbore de larges lunettes de soleil, de la ferraille autour du cou, une crête jaune hirsute, porte un jean troué et un grand tee-shirt noir avec une inscription « ACAB », pour « All cops are bastards » (littéralement « Tous les flics sont des bâtards »), qui, plus qu’elle ne dénonce chacun des policiers, dénonce le système policier. Jean-Yves est tellement anarchiste, qu’il s’est même attiré les foudres de la #gendarmerie de son village, Lalbenque, dans le Lot.

    Samedi 5 août, deux gendarmes en uniforme sont venus exiger sa disparition de l’espace public : Jean-Yves est un #épouvantail, fait d’un vieux jean recyclé, d’une marmite en émail usée et directement issu de l’imagination d’un petit garçon de 10 ans. Il a été présenté aux habitant·es de Lalbenque lors d’un concours d’épouvantails dans le cadre du festival culturel occitan, Estiv’oc. Le dernier jour du festival, sur le marché de Lalbenque où Jean-Yves concourait pour la place du meilleur épouvantail du village, ce sont des gendarmes bien réels qui sont venus, sur demande de leur hiérarchie, réprimer un manche à balai.

    Contactée, la gendarmerie de Lalbenque assure auprès de Mediapart qu’aucune procédure n’a été lancée et ne souhaite pas commenter les faits.

    Joséphine, l’épouvantail féministe qui retrouve une seconde jeunesse après la mort de son mari, et Julia, qui adore effrayer les oiseaux et écouter les chansons de Daniel Balavoine n’ont, elles, pas été inquiétées par les services de gendarmerie.

    #bêtise_crasse #ridicule