• Rapport à cet article relayé par @monolecte ci-après :
    https://seenthis.net/messages/995888 (Deutsche Bank shares plunge after spike in credit default swaps By Investing.com)

    J’ai procédé à un peu de rétroingénierie en épluchant la presse (plus ou moins) spécialisée à ce sujet et en ai extrait quelques morceaux choisis pour aider à y voir plus clair sur ce qui est en train d’advenir à la finance globalisée et ses suppôts (suppo ? … non parce que je sens qu’ils vont nous la mettre bien profond une fois de plus bien que le timing joue en leur défaveur)

    Pour mémoire : ces quelques définitions succinctes

    https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/produits-financiers/cds

    Un CDS (credit default swap) est une sorte d’assurance par laquelle un établissement financier se protège du risque de défaut de paiement d’un crédit en payant une prime.

    https://www.lafinancepourtous.com/pratique/placements/obligations/qu-est-ce-qu-une-obligation

    Les obligations sont des titres utilisés par les entreprises ou les États pour emprunter de l’argent sur les marchés financiers.

    https://www.lafinancepourtous.com/outils/dictionnaire/option

    Une option est un produit financier qui donne le droit à son détenteur d’acheter ou de vendre un actif « sous-jacent » (une action, une obligation, un taux d’intérêt, un taux de change, une matière première,…) à une date et à un prix convenus à l’avance en échange du paiement d’une prime versée à la contrepartie.

    Et donc : puisqu’on en parle dans l’article de Investing.com (traduit en français) :

    L’action du prêteur allemand a chuté pour la troisième journée consécutive et a perdu un cinquième de sa valeur en mars. Dans le même temps, les swaps de défaut de crédit - un type d’assurance pour les détenteurs d’obligations de la société contre le défaut de paiement - ont bondi de 173 points de base (pb) jeudi, contre 142 pb la veille, selon les données de S&P Market Intelligence citées par Reuters. Il s’agit du record de hausse des CDS de la Deutsche Bank jamais enregistré, ajoute Reuters.

    Curieusement, plus la valeur d’un titre CDS monte, plus le risque de non-solvabilité de l’entité "assurée" augmente.

    Plus loin dans l’article :

    Les obligations de la Deutsche Bank ont également été vendues. Ses obligations 7,5% Additional Tier 1 dollar ont glissé à 74,716 cents sur le dollar, tandis que le rendement a grimpé à 22,87% - le double de ce qu’il était il y a seulement deux semaines, selon les données de Tradeweb citées par Reuters.
    Les AT1, également appelées « obligations convertibles contingentes » ou « CoCo », peuvent être transformées en actions ou annulées en cas de crise. Elles sont devenues l’une des principales préoccupations des investisseurs cette semaine, après que 17 milliards de dollars d’AT1 de Credit Suisse ont été effacés dans le cadre du rachat de la banque suisse par sa rivale UBS, sous l’égide du gouvernement.

    Maintenant pour mieux cerner les problèmes :

    https://www.allnews.ch/content/produits/connaissez-vous-bien-le-march%C3%A9-obligataire
    Qu’est-ce qu’une obligation « AT1 » ou « CoCo » ?

    Le secteur bancaire européen est plus solide, mieux capitalisé, régulé et bien plus encadré qu’avant la grande crise financière. Désormais le coussin de capitaux propres des banques est plus épais et de meilleure qualité. Ces coussins de protection sont constitués de fonds propres, d’instruments de capital hybrides (AT1 et Legacy Tier 1), d’autres dettes subordonnées (Tier 2, Lower Tier 2, Upper Tier 2) et enfin de certaines dettes seniors de rang structurellement junior à d’autres passifs (les nouvelles Tier 3 et senior non preferred). Les pertes seront imputées en fonction du rang de séniorité de ces titres (les titres les plus risqués se voyant imputer les pertes en premier).

    Les AT1 (pour Additional Tier 1) sont des titres de créance subordonnés de catégorie Tier 1 émis par des structures bancaires, dont la priorité de remboursement est supérieure aux actionnaires mais inférieure à tous les autres créanciers.

    Ce marché, de plus en plus liquide, est constitué d’obligations ayant des maturités perpétuelles ne pouvant être rappelées qu’à partir de 5 ans. Les AT1 permettent aux investisseurs d’obtenir des rendements nettement supérieurs aux obligations classiques. A titre informatif, un portefeuille obligataire AT1 offre un rendement équivalent à supérieur à 5% p.a.

    Donc tout est sous contrôle dirait-on.

    https://www.lecho.be/dossiers/crise-bancaire/crise-bancaire-les-obligations-at1-de-quoi-s-agit-il-en-fait/10455068.html

    Créées au lendemain de la crise financière de 2008 afin de répondre aux nouvelles exigences dictées par le comité de Bâle en matière de fonds propres, les CoCo bonds sont destinées à éviter que les contribuables ne payent la facture en cas de nouvelle faillite bancaire.
    Si un problème se déclare, elles sont une nouvelle couche de protection en absorbant une partie des pertes. C’est pourquoi les CoCo bonds sont conditionnées à un niveau de solvabilité. Dès qu’un seuil fixé à l’avance est franchi à la baisse, soit elles sont converties en actions, soit leur valeur nominale est partiellement ou entièrement détruite.

    Ok, ok, sauf que :
    https://www.lecho.be/dossiers/crise-bancaire/crise-bancaire-les-obligations-at1-de-quoi-s-agit-il-en-fait/10455068.html

    « Les régulateurs suisses ont enfreint les règles du jeu », affirme Peter Garnry, responsable de la stratégie actions chez Saxo Bank. [,,,]
    Credit Suisse avait 13 CoCo bonds en circulation, émises en franc suisse, en dollar américain et en dollar de Singapour. Leur prix avait beaucoup fluctué au cours des derniers jours.
    Mais les investisseurs ne s’attendaient pas du tout à ce que les actionnaires de Credit Suisse soient privilégiés. Ceux-ci vont recevoir 3 milliards de francs, ou 76 centimes par action (rachat de Credit Suisse par UBS) , alors que les détenteurs de ces CoCo bonds se retrouvent sans rien.
    En théorie, ce sont les actionnaires qui auraient dû absorber les pertes avant qu’elles ne se répercutent sur les détenteurs de CoCo bonds. « La décision des régulateurs suisses pourrait avoir des conséquences à plus long terme pour les banques européennes, avec une augmentation du coût du capital », prévient M. Garnry.

    Et que de surcroît :

    Le marché des CoCo bonds, évalué à environ 254 milliards de dollars, est composé à 80% de titres émis par des banques européennes. La raison ? Elles ont utilisé cet instrument pour lever des fonds sans passer par le marché des actions où ce secteur attire peu d’investisseurs depuis des années.
    Cela a obligé la Banque centrale européenne (BCE) à sortir du bois, ce lundi, pour rassurer les investisseurs en obligations. En zone euro, les détenteurs d’actions « sont les premiers à absorber les pertes et ce n’est qu’après leur pleine utilisation que les Additionnal Tier 1 seraient lésés », a-t-elle assuré dans un communiqué ...

    https://www.morningstar.fr/fr/news/233215/credit-suisse-et-la-hi%C3%A9rarchie-des-risques.aspx

    Les autorités suisses ont de facto imposé l’anéantissement des obligations appelées « CoCos » (encore appelés « AT1 »), des instruments financiers qui ont vocation à renforcer les fonds propres des banques tout en offrant un rendement relativement attractif.
    Mais il s’agit bien d’obligations qui ont en théorie un rang senior par rapport aux actions en cas de faillite.
    Autrement dit, lorsqu’une banque fait faillite, ce sont les actionnaires qui perdent leur chemise en premier, puis les obligataires, mais ces derniers disposent en principe de mécanismes qui leur permettent de récupérer une partie de leur mise (à travers une compensation en cash ou une conversion en titres par exemple).
    Dans le cadre du sauvetage d’UBS, l’ordre normal des choses a été volontairement chamboulé, puisque les détenteurs d’obligations se sont retrouvés nus comme des vers, tandis que les actionnaires se sont vus offrir une porte de sortie inespérée.
    L’onde de choc sur les marchés n’a pas été minime, provoquant d’intenses débats, et faisant plonger de nombreuses banques en Europe, où l’utilisation des CoCos est répandue (le marché est évalué à 200 milliards d’euros environ).
    Cette décision a d’ailleurs obligé la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre à apporter une clarification.
    « Le cadre de résolution bancaire du Royaume-Uni dispose d’un ordre statutaire clair dans lequel les actionnaires et les créanciers supporteraient les pertes dans un scénario de résolution ou d’insolvabilité… Les instruments AT1 sont prioritaires sur le CET1 et secondaires par rapport aux T2 dans la hiérarchie », précise la Banque d’Angleterre dans un communiqué de presse.
    Ces annonces ont visiblement en partie rassuré les investisseurs, expliquant le rebond des marchés en Europe (et d’UBS) durant la séance de lundi.
    Le mal est néanmoins fait.
    Pour les analystes de JPMorgan, « les décisions au cours du week-end d’effacer les AT1 tout en valorisation les fonds propres 3 milliards de francs suisses pourrait conduire à un effet de contagion sur les coûts de financement. (…) Dans l’ensemble, nous anticipons un coût des fonds propres plus élevé pour le secteur [des banques]. »
    Rappelons que l’objectif d’un sauvetage consiste à limiter les dégâts, pas à les amplifier.
    Même si le traitement anormal des actionnaires et obligataires semble circonscrit à la Suisse, qui ne fait pas partie de la zone euro, l’onde de choc est déjà partie.
    Les conséquences de cette décision malheureuse sont encore difficiles à évaluer, mais elles ne vont certainement pas réduire l’incertitude qui alimente actuellement la volatilité des marchés financiers.

    Et dire que nous avons à la tête de l’état, ce genre de personnages qui croît toujours que « le marché » s’autorégule, mais sur le dos du pauvre monde. Pour ce genre de salopards, nous ne sommes que des « variables d’ajustement ». Après, ça semblerait bien parti pour que tout ce joli petit monde qui gravite en orbite autour de son altesse sérénissime se fasse rôtir le cul en enfer dans un avenir plus ou moins proche. Pas besoin d’ajouter que le timing de leurs « crises » est en train de méchamment s’emballer. Perso, je trouve ça assez jubilatoire.

    #risques_systémiques

  • Deutsche Bank shares plunge after spike in credit default swaps By Investing.com
    https://www.investing.com/news/stock-market-news/deutsche-bank-shares-plunge-after-spike-in-credit-default-swaps-3038811

    Scott Kanowsky

    Investing.com — Shares in Deutsche Bank AG (ETR:DBKGn) shed more than 10% of their value in early European trading on Friday, while European financial services firms broadly declined, after a record surge in the cost of insuring against the risk of a default late in the previous day.

    The German lender’s stock dropped for a third straight day and has now lost a fifth of its value in March. Meanwhile, credit default swaps - a type of insurance for the company’s bondholders against default - surged by 173 basis points (bps) on Thursday from 142 bps the day before, according to S&P Market Intelligence data cited by Reuters. It is the biggest leap in Deutsche Bank’s CDS ever recorded, Reuters added.

    Deutsche Bank’s bonds themselves also sold off. Its 7.5% additional tier 1 dollar bonds slipped to 74.716 cents on the dollar, while the yield climbed to 22.87% - double its mark only two weeks ago, according to Tradeweb data cited by Reuters.

    AT1s, also known as “contingent convertible” or “CoCo” bonds, can be turned into equity or written off in the event of a crisis. They have become a main focus for investors this week after $17 billion in Credit Suisse AT1s were wiped out as part of the Swiss bank’s government-brokered takeover by rival UBS.

    Deutsche Bank shares led a wider decrease in European bank stocks. The Europe Stoxx Banks index, which includes some of the region’s biggest lenders apart from Credit Suisse Group AG (SIX:CSGN) and UBS Group AG (SIX:UBSG), was more than 3% in the red, erasing both weekly and yearly gains. The index has fallen by over a sixth in the past one-month period.

    In individual banks, Germany’s Commerzbank AG (ETR:CBKG), as well as Sydbank A/S (CSE:SYDB) in Denmark, both saw shares lose over 8%.

  • La Silicon Valley Bank fermée par les autorités américaines, les dépôts de nombreuses start-up menacés
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/03/10/wall-street-ouvre-en-baisse-inquiete-des-deboires-de-la-banque-regionale-cal


    #plop, le petit bruit discret d’une #bulle qui explose dans l’indifférence générale, alors que ça sent le premier domino à plein pif.

    Peu connue du grand public, Silicon Valley Bank, dont le siège social est situé en Californie, est la 16e banque américaine par le volume des actifs, spécialisée dans le secteur technologique. Ce dernier faisant face à des difficultés, entre la hausse des taux d’intérêt et les remous dans la tech, les clients de SVB ont retiré ces derniers mois beaucoup d’argent de leurs comptes. Pour disposer de suffisamment de liquidités, la banque avait annoncé mercredi qu’elle cherchait à lever rapidement du capital. Dans la foulée, elle perdait 60 % à la Bourse de New York jeudi et son titre a été suspendu vendredi avant le début de la séance.

    • « Coup de stress » : pauvres biquets !

      Voilà qui nous rappelle en quoi consiste fondamentalement le rôle de l’État au pays du libéralisme économique : d’une part, qu’il garantisse, par son arsenal militaire, la tenue de son rang dans la compétition impérialiste mondiale ; d’autre part, qu’il contrôle, arrête, juge et emprisonne les gueux et enfin, qu’il remette à flot, comme en 2008, l’économie capitaliste quand elle boit la tasse.

    • Précisément. Un outil dans la main gantée des possédants.

      Un chenil de chiens de garde avec un service de meutes organisées pour maintenir l’ordre social et la propriété privée des usines et des banques d’une classe de parasites.

    • L’onde de choc s’est propagée jusqu’en Europe :

      PARIS (Reuters) - Le secteur bancaire européen évoluait en forte baisse vendredi en Bourse, dans le sillage de la chute la veille du compartiment à Wall Street, après les déboires de la banque américaine SVB Financial Group qui a annoncé une augmentation de capital surprise pour faire face à un risque de liquidités.
      La banque, maison-mère de la société de capital-risque Silicon Valley Bank, a plongé de 60% jeudi à Wall Street, faisant chuter l’indice S&P des banques de 6,6%.
      En Europe, l’indice Stoxx 600 des banques reculait de 4,18% dans la matinée vendredi, accusant de loin la plus forte baisse sectorielle.
      A Paris, BNP Paribas reculait de 4,2%, Société générale perdait 5,6% et Crédit agricole lâchait 3,7%.
      Deutsche Bank perdait 7,8% à Francfort, ING reculait de 5% à Amsterdam et Barclays abandonnait 4,3% à Londres.

      https://www.boursorama.com/bourse/actualites/tempete-sur-les-valeurs-bancaires-apres-les-deboires-de-silicon-valley-b

      Comme une impression de sauve-qui-peut et de « chacun pour sa gueule ». Dans le monde feutré de la #finance, on agite le spectre d’un #bankrun généralisé.

      Depuis quelques jours, le secteur financier tremble aux Etats-Unis. Mercredi soir, la banque californienne Silvergate Bank, connue pour sa proximité avec les cryptomonnaies a annoncé sa liquidation, emportée par l’effondrement de la plateforme d’échanges de monnaies numériques FTX.
      Mais depuis jeudi ce sont les difficultés d’une autre banque qui font vaciller l’ensemble des marchés, notamment américains. Silicon Valley Bank (SVB), un établissement spécialisé dans le financement d’entreprises technologiques, souffre. Selon Reuters, SVB est le partenaire bancaire de près de la moitié des start-up américaines financées par capital-risque qui ont été cotées en bourse en 2022.
      Cet établissement a dû en urgence vendre 21 milliards de dollars de titres obligataires, ce qui l’a amené à essuyer une perte de 1,8 milliard de dollars et sa maison-mère, SVB Financial Group, a été contrainte de procéder en urgence à une augmentation de capital de 2,25 milliards de dollars.
      SVB voit ses dépôts fondre comme neige au soleil. « Le Founders Fund de Peter Thiel [un célèbre milliardaire américain] et d’autres grands investisseurs en capital-risque (ont) conseillé aux entreprises de leur portefeuille de retirer leur argent » de cet établissement, explique John Plassard, de Mirabaud.

      https://www.tradingsat.com/cac-40-FR0003500008/actualites/cac-40-les-deboires-d-une-obscure-banque-americaine-font-craquer-tout-le

      #bulle_spéculative #risques_systémiques

    • https://www.liberation.fr/international/amerique/les-autorites-americaines-garantissent-le-retrait-des-depots-de-la-banque

      Faillite de SVB : les autorités américaines au chevet des banques, Bruno Le Maire ne « voit pas de risque de contagion »

      Dans une tentative de chasser le spectre de la crise de 2008, l’administration Biden a annoncé dimanche une série de mesures pour protéger les particuliers et les entreprises, avant un discours du Président ce lundi. En France, le ministre de l’Economie s’est voulu rassurant.

      Un vent d’inquiétude souffle sur la planète finance depuis la fin de la semaine dernière et des faillites de banques américaines. « Je ne vois pas de risque de contagion » en France, a toutefois tempéré ce lundi matin Bruno Le Maire sur France Info. Le ministre de l’Economie et des Finances a rassuré : « Nous surveillons la situation mais il n’y a pas d’alerte spécifique ». Selon lui, les banques françaises « sont solides ».

      La veille au soir, les autorités américaines ont annoncé une série de mesures pour rassurer particuliers et entreprises sur la solidité du système bancaire américain et vont notamment garantir le retrait de l’intégralité des dépôts de la banque en faillite Silicon Valley Bank (SVB). Outre cette banque, elles vont permettre l’accès à tous les dépôts d’un autre établissement, Signature Bank, qui a été fermé d’office par le régulateur, à la surprise générale, selon un communiqué. La Réserve fédérale (Fed) - la banque centrale américaine - s’est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d’autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.

      Ces mesures ont été prises conjointement par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la Fed et l’Agence de garantie des dépôts (FDIC), après consultation avec le président américain Joe Biden, selon le communiqué. L’ensemble du dispositif témoigne des turbulences qui menacent le système bancaire américain, perturbé par le resserrement monétaire de la Fed à marche forcée. La réserve fédérale a mis les marges des banques sous pression, incité des clients à placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les comptes courants et a bousculé le secteur des nouvelles technologies, gourmand en cash.

      La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance de trois banques cette semaine, à savoir SVB, Signature Bank mais aussi Silvergate Bank, plus petite mais connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies. La New-Yorkaise Signature Bank est la 21e banque américaine, avec des actifs estimés par la Fed à 110 milliards de dollars, fin 2022.
      Système bancaire plus résilient

      La défaillance de la Signature Bank est la troisième plus importante de l’histoire des Etats-Unis, derrière SVB et Washington Mutual, en 2008. « Aujourd’hui, nous prenons des mesures décisives pour protéger l’économie américaine en renforçant la confiance dans notre système bancaire », ont indiqué Fed, Trésor et FDIC dans leur communiqué. « Cette initiative va permettre au système bancaire américain de continuer à jouer son rôle vital de protection des dépôts et d’accès au crédit pour ménages et entreprises », ont-ils poursuivi.

      Après l’annonce de la prise de contrôle de SVB par la FDIC, vendredi, beaucoup s’étaient inquiétés du sort des dépôts bloqués par la défaillance de l’établissement. Quelque 96 % d’entre eux n’étaient, en effet, pas couverts par la garantie traditionnelle des dépôts, qui assure jusqu’à 250 000 dollars par client et par banque.

      « Le système bancaire est beaucoup plus résilient et doté d’une bien meilleure assise qu’avant la crise financière », a martelé un responsable du Trésor. « Pour être clair, la situation n’est pas celle de 2008 ». Un responsable de la Fed a expliqué de son côté que « les actions de la Fed ce week-end sont destinées à mettre fin aux perturbations dans le secteur bancaire et le système financier qui s’étaient manifestées rapidement ces derniers jours ». L’ensemble des mesures dévoilées dimanche étaient « nécessaires pour traiter le risque systémique que nous avons observé sur les marchés financiers », a-t-il appuyé.
      « Demander des comptes »

      « Je suis fermement déterminé à demander des comptes aux responsables de ce gâchis », a déclaré le président américain Joe Biden dans un communiqué. La solution annoncée dimanche protège les déposants mais « les investisseurs (actionnaires) de ces deux banques (SVB et Signature Bank) vont tout perdre » et leurs dirigeants seront remplacés, a souligné le responsable de la Fed.

      Le chef de l’Etat a assuré que « le peuple américain et les entreprises américaines (pouvaient) avoir confiance dans le fait que leurs dépôts bancaires seront là lorsqu’ils en auront besoin ». Il doit s’exprimer dans la journée de lundi sur « la manière dont nous maintiendrons un système bancaire résilient pour protéger notre reprise économique historique », a-t-il annoncé.

      Parallèlement, les autorités américaines ont mis aux enchères SVB avec l’objectif de trouver un repreneur au plus vite. La course contre la montre engagée par les autorités américaines rappelle le week-end des 13 et 14 septembre 2008. Elles avaient alors échoué à trouver un repreneur pour la banque Lehman Brothers et refusé d’intervenir, la poussant au dépôt de bilan le lundi, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier et l’économie toute entière.

      Outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disaient préoccupés par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà. SVB se targuait d’avoir pour clients « près de la moitié » des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains.

      Les dépôts de SVB se montaient autour de 170 milliards de dollars, selon un document publié mercredi par l’établissement, mais des retraits colossaux sont intervenus depuis. « Beaucoup de déposants sont des petites entreprises qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs fonds pour payer leurs factures et elles emploient des dizaines de milliers de personnes » aux Etats-Unis, avait relevé Janet Yellen, dimanche, sur la chaîne CBS.

      Janet Yellen avait écarté dimanche un sauvetage de SVB via une injection d’argent public.
      La branche britannique de SVB rachetée à une livre

      La branche britannique de SVB a été vendue au géant bancaire britannique HSBC pour 1 livre, d’après des communiqués simultanés du Trésor britannique et de HSBC publiés lundi. HSBC UK Bank, filiale britannique du géant bancaire, « acquiert Silicon Valley Bank UK Limited (SVB UK) pour 1 livre » symbolique, écrit la banque britannique dans son communiqué.

      « Silicon Valley Bank (UK) a été vendue aujourd’hui à HSBC. […] Les clients de SVB UK pourront accéder à leurs dépôts et leurs services bancaires normalement à partir d’aujourd’hui », précise le Trésor dans sa déclaration. Au 10 mars, SVB UK détenait des prêts d’un montant d’environ 5,5 milliards de livres et des dépôts d’environ 6,7 milliards de livres, d’après HSBC, qui explique que « les actifs et dettes des maisons mères de SVB UK sont exclus de la transaction ».

      Les autorités financières britanniques ont agi dans l’urgence tout le week-end après l’annonce de la faillite de SVB afin de rassurer les marchés et tenter de limiter les dégâts pour le secteur de la technologie pour qui ce dépôt de bilan pose un « risque sérieux », a admis le ministre des Finances Jeremy Hunt.

    • Bruno Le Maire ne « voit pas de risque de contagion »

      Dans la même veine que « le nuage de Tchernobyl s’arrête aux frontières », « la crise des subprimes ne nous atteindra pas », « le covid ne se répandra pas chez nous », etc. (le lecteur complétera par lui même).

    • Panique boursière : suite.
      Après avoir fanfaronné à la clôture hier soir, nos brillants analystes financiers ne l’avaient pas vu venir celle-là :

      https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/svb-la-bourse-de-paris-plonge-dans-le-rouge-emportee-par-la-chute-des-valeu

      Les difficultés de Crédit Suisse alimentent les craintes d’une crise bancaire à grande échelle. Le principal actionnaire* de la banque helvète a exclu de lui apporter une aide financière supplémentaire. L’indice CAC 40 chutait de plus de 3,3 % en fin de matinée, à environ 6.900 points. Les cours de BNP Paribas et de Société Générale ont été brièvement suspendus.

      *Le principal actionnaire étant une banque saoudienne :

      La Saudi National Bank, premier actionnaire de Credit Suisse avec 9,88% du capital, n’envisage pas d’engager plus d’argent pour la soutenir, selon une interview du président de la banque saoudienne à Bloomberg.

      https://www.boursorama.com/bourse/actualites/la-valeur-du-jour-en-europe-credit-suisse-decroche-de-20-son-principal-a

  • Jean GADREY » Blog Archive » Etats-Unis : croissance zéro des salaires réels… depuis 35 ans !
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2014/07/09/etats-unis-croissance-zero-des-salaires-reels%e2%80%a6-depu

    Le pays de la libre entreprise, de la valeur travail, de l’initiative individuelle, du capitalisme triomphant et dominateur, la nation phare des « élites » occidentales qui y voient un « modèle de croissance », est parvenu à ce que le pouvoir d’achat du salaire médian (et comme on va le voir de la grande majorité des salaires) soit exactement le même au début de 2014 qu’au début de 1979. Champions les Ricains, championne leur oligarchie !

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2014/07/11/etats-unis-suite-45-ans-de-declin-du-salaire-minimum-reel-c

    Deuxième épisode de cette série « Yes, they can ». Dans mon billet précédent, nous avons constaté la stagnation de la majorité des salaires réels aux Etats-Unis depuis 35 ans. Or il existe aux Etats-Unis (depuis le Fair Labor Standards Act de 1938, signé par Franklin Roosevelt en même temps qu’un paquet de 121 lois), un salaire (HORAIRE) minimum fédéral. Ce SMF a-t-il suivi la tendance presque générale à la stagnation depuis 35 ans ? Pas du tout. Il a décliné depuis 45 ans, et pas qu’un peu.

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2014/07/12/etats-unis-3-la-crise-n%E2%80%99est-pas-finie-elle-est-a-ve

    En relation avec ce qui précède, les ménages (ceux des « classes moyennes » surtout) ont recommencé à s’endetter depuis 2013, après avoir réduit leur taux d’endettement après 2008. La séquence ayant précédé 2008 se reproduit : selon les chercheurs du Levy Institute de New York (le Guardian, 15 juin 2014), un « tsunami de dettes » (dettes privées des ménages et des entreprises plus encore que dette publique) se préparerait, boosté par les inégalités et la baisse des salaires réels. Cet endettement privé conforte certes la demande et la croissance à court terme, mais c’est recréer ce que ce même institut considère comme une relation à hauts risques entre la dette croissante des 90 % et les gains démesurés des 10 %. Cela ne vous rappelle rien ?

    #États-Unis #risques_systémiques #banksters