Réactions françaises. Enquête sur l’extrême droite littéraire, de François Krug (Seuil, 224 p.)
#Michel_Houellebecq, #Sylvain_Tesson et #Yann_Moix, chacun de ces auteurs a réécrit, à sa manière, La Lettre volée (1844), d’Edgar Allan Poe. Ecrivains en vogue, ils ont cultivé des accointances avec l’extrême droite. Ces faits sont connus, mais, dans le débat public, une forme de pudeur persiste avant de les évoquer. Dans une enquête haletante, #François_Krug lève le voile sur ces relations. Journaliste indépendant, il collabore régulièrement au Monde et à « M Le magazine du Monde ».
C’est sur Sylvain Tesson que François Krug nous en apprend le plus. Son récit Sur les chemins noirs (Gallimard, 2016) vient d’être adapté au cinéma avec Jean Dujardin dans le premier rôle. Le succès a permis à Sylvain Tesson de parfaire son personnage d’écrivain bourlingueur, usant sa bohème à maudire la modernité. Il marche dans les pas de Jean Raspail, amant lui aussi du voyage et auteur du Camp des saints (Robert Laffont, 1973), un roman imaginant une France envahie par une horde d’immigrés. Depuis son premier voyage, en 1993, jusqu’à la mort de Raspail, Tesson correspond avec lui. Il était également proche de #Dominique_Venner, père de l’extrême droite d’après-guerre. François Krug démontre d’ailleurs que l’émission « Un été avec Homère », animée par Sylvain Tesson, sur France Inter, en 2017, offrait une interprétation de l’Iliade et de l’Odyssée étrangement proche de celle développée par Venner.
Sinistre cohérence
Pour sa part, Michel Houellebecq accompagne depuis longtemps la carrière de jeunes pousses de l’ultradroite journalistique et littéraire. #Geoffroy_Lejeune arrive à la direction de la rédaction de #Valeurs_actuelles alors qu’il n’a pas encore 30 ans, et, très rapidement, il reçoit le soutien de Houellebecq.
En 2010, le Goncourt remporté par le romancier pour La Carte et le territoire (Flammarion, 2010) lui ouvre les portes de l’Elysée. Michel Houellebecq répond à l’invitation à dîner de Nicolas Sarkozy, en se rendant au palais présidentiel accompagné des animateurs d’un ancien site de la fachosphère (Sur le ring), #David_Kersan et #Laurent_Obertone – auteur de La France Orange mécanique (Ring, 2013), un essai dénonçant le prétendu « ensauvagement » de notre pays.
En 1996, Sébastien Lapaque et Luc Richard, jeunes membres de l’Action française, sont séduits par la poésie antilibérale de Michel Houellebecq et réalisent, avec lui, une interview pour Immédiatement, la revue monarchiste qu’ils viennent de créer. Michel Houellebecq continue de fréquenter l’#Action_française.
En 2019, la presse avait révélé comment Yann Moix avait créé et distribué des fanzines antisémites lorsqu’il était étudiant. Par la suite, il s’est lié d’amitié avec Paul-Eric Blanrue, auteur d’un documentaire élogieux sur le négationniste #Robert_Faurisson. Pour Tesson, Houellebecq et Moix, ces rencontres ne relèvent pas de l’accident de parcours, mais d’une sinistre cohérence, que reconstitue, avec soin, le journaliste.
(Le Monde)
]]>Antisémitisme : les petits arrangements de Yann Moix avec la vérité à « ONPC »
▻https://www.lexpress.fr/culture/livre/antisemitisme-les-petits-arrangements-avec-la-verite-de-yann-moix-a-onpc_20
Yann Moix s’est expliqué samedi soir sur le plateau de Laurent Ruquier. On attendait un mea culpa sincère, on a eu droit à des éléments de langage. Décryptage.
Yann Moix a décidément du mal avec les mea-culpa. À la suite des révélations de L’Express ▻https://web.archive.org/web/20190826152559/https://www.lexpress.fr/culture/quand-yann-moix-publiait-dans-un-journal-antisemite_2095721.html, il lui avait déjà fallu s’y reprendre à deux fois avant d’avouer qu’il était bien l’auteur non seulement des dessins, mais aussi des textes publiés dans un petit magazine étudiant à tendance #négationniste. Hier soir, sur le plateau de #Laurent_Ruquier, le romancier a de nouveau présenté ses excuses pour ces errements de jeunesse. Mais interviewé par #Adèle_Van_Reeth et #Franz-Oliver_Giesbert, qui n’avaient pas la moindre idée de ce que contenaient les trois numéros d’Ushoahia, #Yann_Moix a de nouveau eu tendance à minimiser sa participation à coups de petits arrangements avec la vérité.
Par ailleurs, Le Monde avait révélé hier ▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/31/ces-heures-ou-yann-moix-a-tente-de-rester-frequentable_5504880_3224.html avant l’émission que Moix était le salarié de la maison de production #Tout_sur_l'écran, productrice d’On n’est pas couché. C’est en effet cette même société qui produit Chez Moix, l’émission présentée sur #Paris-Première par le romancier. Un étrange mélange des genres sur le Service Public. Retour sur un mea-culpa incomplet.
"Je demande pardon pour ces bandes dessinées"
Yann Moix connait trop bien le sens des mots pour les employer au hasard, surtout au coeur d’une polémique aussi explosive. Il a asséné pendant plus d’une heure un « élément de langage » forgé à l’avance : « Je faisais des bandes dessinées #antisémites. » Nous avons compté : Yann Moix a martelé dix-neuf fois l’expression « bande dessinée » durant l’émission, sans jamais avoir été repris une seule fois par ses interviewers ! Or, en demandant le pardon pour ces « bandes dessinées », le romancier renvoie à un mode d’expression qui évoque inconsciemment l’enfance et suscite donc l’indulgence.
Vérification faite, sur la centaine de pages que forment au total les trois numéros d’Ushoahia, on ne trouve aucune bande dessinée de sa main dans le numéro 1 (le plus négationniste), trois pages seulement dans le numéro 2 et deux pages dans le troisième numéro. Soit donc seulement cinq pages sur... cent ! À noter que ces rares bandes dessinées visent le plus souvent à ridiculiser #Bernard-Henri_Lévy, parfois sur le mode scatologique, parfois pour se demander comment « le distinguer de Jean-Jacques Goldman ».
Dans l’absolution que #BHL accorde ce matin à Moix, le philosophe reprend symptomatiquement le même élément de langage, n’évoquant que « ces fameuses BD ».
Case d’une des rares bandes dessinées de Yann Moix publiée dans Ushoahia.En revanche, dans ces numéros, on trouve de très nombreuses caricatures de la main de Moix, très souvent antisémites. Le romancier, qui rêvait de publier dans Hara-Kiri, sait que caricature et bande dessinée sont loin d’être synonymes. Tout particulièrement quand le sujet en est l’ #antisémitisme, comme le rappelle le spécialiste Didier Pasamonik ce matin ▻https://www.actuabd.com/TRIBUNE-LIBRE-A-DIDIER-PASAMONIK-A-propos-des-bandes-dessinees-de-Yann-Moix
Mais surtout, en demandant pardon pour ses « bandes dessinées », Yann Moix occulte à nouveau l’essentiel : il était bel et bien l’auteur de nombreux textes d’Ushoahia. Après l’avoir tout d’abord farouchement nié dans son entretien à L’Express, il avait été contraint de le reconnaître vingt-quatre heures plus tard dans Libération, lorsque L’Express avait retrouvé ▻https://www.lexpress.fr/actualite/societe/negationnisme-le-mensonge-de-yann-moix_2095809.html l’un de ses manuscrits signés de sa main contenant nombre des textes antisémites publiés dans Ushoahia.
Or, en plus d’une heure passée dans le fauteuil de l’émission de Laurent Ruquier, Yann Moix n’a pas une seule fois évoqué ou assumé ces textes. Que cache ce déni ?
"J’avais 20 ans"
Quel âge avait vraiment Yann Moix au moment où il publiait ces textes et dessins ? La maturité n’est pas la même à 18 ans, à 20 ans ou à 22 ans. Dans Le Monde, son éditeur Olivier Nora évoque un « fanzine lycéen ». Sur le plateau d’ONPC, Moix parle de l’année 1988. Précisons donc que certains numéros d’Ushoahia sont parus dans les premiers mois de 1990 (l’un d’entre eux évoque longuement la mort du dictateur roumain Nicolae Ceaucescu survenue le 25 décembre 1989). Yann Moix, né le 31 mars 1968, s’apprêtait donc à fêter ses vingt-deux ans. Il avait quitté le lycée trois ans plus tôt, avait passé deux ans en classes préparatoires et étudiait dans une grande école, l’ESC Reims.
Dans Orléans, il ne cesse d’ailleurs de rappeler combien il était précoce intellectuellement, s’amusant même du fait qu’il était sans doute le plus jeune abonné du Bulletin des amis d’André Gide de l’Histoire (il était alors en quatrième). Il raconte aussi comment il dévorait les oeuvres de Francis Ponge, Charles Péguy, Sartre, Céline, Baudelaire, Gombrowicz... D’ailleurs, le « style » des textes d’Ushoahia, aussi odieux soit-il, fait preuve d’une virtuosité certaine.
"Je m’en prenais aussi aux myopathes, aux handicapés, aux Éthiopiens"
Yann Moix sous-entend donc que les Juifs ne seraient qu’une cible parmi d’autres dans ses écrits de jeunesse et qu’il « faisait feu de tout bois ». Les myopathes ? Les handicapés ? Pas une ligne sur eux dans les trois numéros d’Ushoahia. En revanche, la couverture du numéro 2 est bien consacrée à la famine en #Éthiopie. Voici les premières lignes de l’article consacré au sujet : « Après les six millions de #Juifs soi-disant morts dans les camps en carton pâte que la Metro Goldwyn Meyer a fait construire un peu partout en Europe pour le compte (en banque) de quelques Juifs avides de pognon, on réinvente l’actualité pour renflouer les caisses de quelques dictateurs nègres dont le roseau de 30 cm ne suffit plus à aguicher les putains d’Adis-Abeba. » Et un peu plus loin : « En fait, ces #nègres maigres n’existent pas. Ce ne sont que les négatifs des photos truquées par les Juifs sur les prétendus camps de la mort. »
Texte paru dans le numéro 2 d’Ushoahia.
Le numéro 3 d’Ushoahia est lui consacré à l’abbé Pierre. Là encore, voici les toutes premières lignes de l’article : « Il est petit, épais comme un #Juif version #Buchenwald, porte des binocles pour mieux voir le fric (...) et une barbe de père Noël pouilleux qui serait resté trop longtemps à distribuer des cadeaux aux pensionnaires d’ #Auschwitz. Faut dire, vu le nombre de cheminées qu’il y avait là-haut, il devait y avoir du pain (grillé) sur ces planches qui ont servi à casser du Youpe, etc. » Le texte est signé « #Auschwitz-Man ».
Extrait du numéro 3 d’Ushoahia.
Bref, les #Éthiopiens et l’abbé Pierre ne sont une nouvelle fois que prétexte à développer une obsession antisémite et négationniste. Dans le numéro 3, même la pauvre peluche Casimir -pour laquelle Moix a toujours eu un faible, au point de la mettre en scène longuement dans son premier roman, Jubilations vers le ciel- porte un brassard à #croix_gammée.
On comprend mieux pourquoi Yann Moix n’a pas souhaité s’appesantir sur les textes.
"Ces révélations sont téléguidées par l’extrême-droite"
Discréditer le supposé émetteur d’une information est une technique vieille comme le monde. Dans son interview à L’Express, en début de semaine, Yann Moix accusait son frère d’être la « balance ». À On n’est pas couché, changement de stratégie, c’est l’ « extrême-droite ». Deux anciennes amitiés de Moix avec des personnages sulfureux ont d’ailleurs été évoquées sur le plateau de Laurent Ruquier.
Premier nom : #Marc-Edouard_Nabe, écrivain dont Moix fut très admiratif à ses débuts et dont il fut proche un temps, avant de se brouiller avec lui. Depuis, les deux hommes sont à couteaux tirés. Nabe est le premier à avoir cité le titre Ushoahia, en 2017, dans son livre Les Porcs 1, mais il n’a jamais eu entre les mains ces publications. Sinon, lui qui publie régulièrement sur son site « Nabe News » des documents révélant les parts d’ombre de ses ennemis, se serait évidemment fait un malin plaisir de rendre public un florilège des oeuvres de jeunesse compromettantes de Moix, étrillé à longueur de pages dans Les Porcs 1.
Couverture du premier numéro d’Ushoahia dessinée par Yann Moix.
L’autre ami évoqué à ONPC s’appelle #Paul-Éric_Blanrue. Auteur d’un documentaire avec le négationniste #Robert_Faurisson, il fut très proche de Moix dans les années 2000. Ce dernier lui donna même en 2007 une préface (sans ambiguïtés) à une anthologie de textes antisémites d’auteurs célèbres. Pour l’anecdote, #Blanrue fait une petite apparition - en sosie d’Elvis Presley - dans le film Podium de Yann Moix. Aujourd’hui, les deux ex-complices sont en froid. Mais si Blanrue avait entendu parler lui-aussi d’Ushoahia, il n’en détenait aucun exemplaire. Il nous l’avait confirmé, lorsque nous l’avions interrogé avant notre premier article sur le sujet. Il nous avait même envoyé trois mails, demandant si nous ne pouvions pas lui envoyer en primeur une capture d’écran de l’une des couvertures (ce que nous n’avons évidemment pas fait).
Yann Moix le sait donc bien. Si l’ « #extrême-droite » avait eu la possibilité de faire « fuiter » ses dessins et écrits de jeunesse, elle l’aurait fait depuis longtemps. Alors pourquoi l’accuser ? Ne peut-il imaginer que certaines personnes aient tout simplement été horrifiées par ce qu’elles ont découvert dans les publications antisémites et négationnistes dont il était l’auteur et le dessinateur ?
]]>Un salaud est mort, reste à tuer sa mémoire
▻https://www.lignes-de-cretes.org/un-salaud-est-mort-reste-a-tuer-sa-memoire
Dans ma mémoire politique, Robert Faurisson n’aurait pas du exister.
Il n’avait rien d’extraordinaire, au regard d’autres figures importantes de l’extrême-droite et du néo-nazisme.
Le négationnisme n’était qu’une branche de la haine antisémite, une forme du retournement victimaire particulièrement abjecte puisqu’elle visait cette fois à légitimer un génocide et des crimes contre l’humanité, mais tout à fait cohérente avec le récit général antisémite : ce ne sont pas les Juifs qui sont persécutés, puisqu’ils sont les maîtres du monde et les vrais bourreaux.
Dans ma mémoire politique de militante d’extrême-gauche, Robert Faurisson, pourtant, est une marque au fer rouge sur ma peau militante, la marque de l’infamie, gravée pour la vie.
Ces prochains jours, dans les nécrologies, on lira sans doute beaucoup de choses sur les liens entre Faurisson et les pays “arabes”, sur les complicités dont il a bénéficié en Iran.
Et naturellement, beaucoup parleront du “nouvel antisémitisme” à cette occasion et de la manière dont de jeunes musulmans issus de l’immigration et de vieux nazis ont pu trouver un terrain d’entente.
Issue de l’immigration musulmane, pourtant, si j’en étais restée au Coran, peut-être n’aurais-je jamais eu la honte d’avoir côtoyé, à deux périodes différentes de ma vie, des gens qui avaient trouvé un intérêt à propager le négationnisme. C’est bien l’ ancien antisémitisme européen qui a sali mon histoire militante.
]]>#négationnisme et #FN, une histoire intime
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/030517/negationnisme-et-fn-une-histoire-intime
À l’issue du spectacle de Dieudonné au Zénith, le 18 décembre 2006, Alain Soral et plusieurs membres du FN : Jean-Michel Dubois, actuel trésorier de la campagne de #Marine_Le_Pen, l’eurodéputé Bruno Gollnish, Jany Le Pen, Frédéric Chatillon, salarié de la campagne 2017, son ami Jildaz Mahé O’Chinal. © Reflexes Marine Le Pen tente d’imprimer l’idée que le négationnisme appartiendrait à l’histoire ancienne. Mais des propos du vice-président du FN #Jean-François_Jalkh sur la Seconde Guerre mondiale, exhumés la semaine dernière, constituent un nouvel épisode dont la candidate se serait bien passée. Il remet au jour les liens intimes entre un discours antisémite et le parti (...)
#France #Dieudonné #Front_national #Jean-Marie_Le_Pen #Robert_Faurisson
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