• #Profilage_raciste : la Suisse doit appliquer l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme sans attendre

    Jusqu’à la mi-février 2024, les personnes ayant subi des contrôles de police racistes et souhaitant se défendre sur le plan judiciaire devaient s’engager dans des procédures qui duraient des années, nécessitaient d’importantes ressources et n’avaient généralement aucune chance d’aboutir. Dans l’affaire Wilson A., les fonctionnaires de police impliqué⸱e⸱s ont été provisoirement acquitté⸱e⸱s après 15 ans, tout comme dans le cas de #Mike_Ben_Peter, décédé lors d’un contrôle de police. Le Ministère public a classé la procédure liée à l’affaire #Roger_Nzoy, également décédé dans le cadre d’un contrôle de police. Après la condamnation de la #Suisse dans l’affaire #Mohammed_Wa_Baile, il est urgent que les responsables à tous les échelons agissent sérieusement contre les structures qui sous-tendent les actes racistes.

    « Alors qu’il se dirige vers la sortie, un homme Noir est contrôlé. Les fonctionnaires de police justifient leur contrôle en évoquant la description de la personne recherchée, qui ne correspond toutefois pas à celle de la personne interpellée. L’homme leur rétorque qu’il n’est pas la personne recherchée et refuse dans un premier temps de leur montrer sa carte d’identité. Lorsqu’il saisit finalement son portefeuille pour la sortir, les fonctionnaires de police l’empoignent, le jettent violemment au sol, lui passent les menottes et l’emmènent au poste de police au motif qu’il s’est rendu coupable d’opposition aux actes de l’autorité. »

    Les structures membres du Réseau des centres de conseil pour les victimes du racisme coordonné par humanrights.ch sont confrontées depuis des années à la problématique du profilage racial - des contrôles de police arbitraires qui peuvent parfois s’avérer violents, comme le montre l’exemple ci-dessus. Les personnes concernées rapportent que ces contrôles sont effectués de manière souvent très agressive et qu’elles ne sont pas entendues par la police, les agent⸱e⸱x⸱s refusant de répondre à leurs questions, ce qui provoque souvent des tensions. Elles rapportent également des dérapages verbaux et des propos discriminatoires de la part des fonctionnaires de police, qui se réfèrent à l’origine présumée de la personne. Par conséquent, certaines situations dégénèrent et il est parfois fait usage de la force de manière illégale, conduisant dans certains cas à des décès.

    Roger Nzoy et Mike Ben Peter en sont deux exemples : les deux sont décédés lors d’un contrôle de police.

    « Dans le cas de Mike Ben Peter, la situation s’est déroulée de la manière suivante : la police a interpellé un homme Noir qui tenait un petit sac à la main. L’homme a refusé de se laisser contrôler et a tenté de s’éloigner lentement, sans pour autant se montrer agressif ou violent. Les fonctionnaires de police se sont alors approchés de lui et lui ont donné un coup de genou dans les parties génitales à deux reprises au moins, l’ont aspergé de spray au poivre au visage et ont essayé de lui passer les menottes avec force et violence. Les fonctionnaires de police ont finalement mis l’homme sur le ventre et se sont agenouillés sur lui pendant plusieurs minutes pour le menotter. L’homme a alors subi un arrêt cardiaque. »

    Afin d’attirer l’attention sur cette problématique et de mettre en évidence les causes structurelles* qui sous-tendent la pratique du profilage racial, de plus en plus de personnes concernées ou leurs proches font, ces dernières années, le choix de porter plainte. Elles sont soutenues dans leur démarche par des organisations ou des collectifs telles que la Commission indépendante pour l’établissement de la vérité sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm ou l’association Soutien à la famille de Mike Ben Peter.

    Depuis plusieurs années, humanrights.ch soutient, avec l’« #Alliance_contre_le_profilage_raciste » les plaintes de Mohamed Wa Baile et Wilson A.

    « Le 19 octobre 2009, aux alentours de minuit, Wilson A. rentre chez lui avec un ami en tram à Zurich. Deux fonctionnaires de police montent à bord et leur demandent une pièce d’identité. Wilson A. soupire : c’est toujours la même chose, pourquoi la police ne contrôle-t-elle que les personnes Noires ? Les fonctionnaires de police ne répondent pas et leur demandent de descendre du tram. Wilson A. prévient qu’il a subi une opération du cœur et ne doit donc pas être touché, ce que les deux fonctionnaires font malgré tout. Une bagarre éclate et les fonctionnaires frappent Wilson A., qui porte un défibrillateur, lui envoyent du spray au poivre dans les yeux et le mettent à terre. « Sale Africain, retourne en Afrique ! », aurait dit l’un⸱e des deux fonctionnaires selon l’acte d’accusation. Les médecins ont par la suite affirmé que tout acte de violence physique pouvait mettre en danger la vie d’un patient présentant une maladie cardiaque comme Wilson A. »

    Le 15 février 2024, après une odyssée de 15 ans, les agent⸱e⸱s de police accusé⸱e⸱s dans l’affaire Wilson A. ont été acquitté⸱e⸱s par le tribunal cantonal de Zurich. Le jugement n’est pas encore définitif, il peut encore faire l’objet d’un recours. La procédure judiciaire documentée sous forme de chronique par humanrights.ch illustre les obstacles en matière d’accès à la justice ; les procédures engagées pour condamner le profilage racial sont longues, nécessitent de nombreuses ressources et ne laissent que peu d’espoir pour les personnes concernées et leurs proches.

    Cinq jours plus tard seulement, le 20 février 2024, un premier succès est néanmoins enregistré : la Cour européenne des droits de l’homme condamne la Suisse dans l’affaire Mohamed Wa Baile pour violation de l’interdiction de discrimination, dans un arrêt phare dont la portée est internationale, 9 ans après les faits.

    L’arrêt « Wa Baile c. Suisse » doit maintenant être appliqué à tous les échelons suisses. Pour humanrights.ch, il est donc nécessaire que la Suisse :

    - adopte des garde-fous juridiques suffisamment précis pour éviter les contrôles policiers racistes
    - mette en place des mesures institutionnelles et organisationnelles permettant une prévention efficace du profilage racial
    - instaure des procédures juridiques garantissant un accès effectif à une protection légale pour les personnes sujettes à des contrôles de police racistes

    https://www.humanrights.ch/fr/nouvelles/profilage-raciste-suisse-arret-cour-europeenne-droits-de-l-homme
    #racisme #profilage #contrôles_policiers #racisme_systémique #violences_policières

  • Communiqué commun et publication d’une analyse préliminaire sur la mort de Roger ‘#Nzoy’ Wilhelm

    Depuis plusieurs mois, Border Forensics enquête sur la mort de Roger ‘Nzoy’ Wilhelm, un Suisse d’origine sud-africaine, tué par la #police à la gare de #Morges (Suisse) le 30 août 2021. Plus de deux ans après sa mort, alors que le déroulement exact des événements reste flou, le #Ministère_public du Canton de Vaud a récemment annoncé sa volonté de rendre une #ordonnance_de_classement et une #ordonnance_de_non-entrée_en_matière.

    Alors que notre enquête sur la mort de Roger ‘Nzoy’ Wilhelm est toujours en cours, et en contribution à la demande de vérité et de justice de la Commission d’enquête indépendante sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm, aujourd’hui une analyse préliminaire produite par Border Forensics concernant une partie des événements a été soumise au Ministère public du Canton de Vaud. Cette analyse sera rendu public prochainement.

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    Communiqué de presse : La Commission indépendante et Border Forensics critiquent le ministère public dans l’affaire de l’homicide de Roger Nzoy Wilhelm et publient des preuves ignorées

    Le Zurichois Roger Wilhelm, âgé de 38 ans, a été abattu par un policier le 30 août 2021 à la gare de Morges. Wilhelm a été laissé sur le ventre pendant six minutes et demie, sans que les autres policiers impliqués ne lui prodiguent les premiers soins. Malgré cela, le 10 octobre 2023, le Ministère public du canton de Vaud a annoncé qu’il ne poursuivrait ni l’#homicide ni l’#omission_de_prêter_secours.

    La Suisse ne dispose pas d’une institution indépendante pour enquêter sur les incidents de violence policière, c’est pourquoi un examen et une enquête indépendants de la société civile sur ce cas de décès s’avèrent urgents. Une commission indépendante composée de scientifiques issus des domaines de la médecine, de la psychologie, du droit et des sciences sociales ainsi que l’organisation de recherche scientifique Border Forensics examinent désormais le cas eux- mêmes. Les résultats provisoires de ces recherches ont été présentés aujourd’hui [vendredi 10.11.23] à Lausanne en présence d’Evelyn Wilhelm et de l’avocat Me Ludovic Tirelli, chargé de l’affaire. Ces travaux montrent que la décision du Ministère public doit être remise en question de toute urgence.

    Elio Panese, membre de l’équipe de recherche Border Forensics, a reconstitué à la seconde près le déroulement de l’#homicide à Morges au moyen d’un film. Ce film montre que Roger Wilhelm est resté au sol menotté pendant six minutes et demie alors qu’il avait une blessure par balle et qu’il n’a pas fait d’autres mouvements que de respirer. Cela prouve que les policières/policiers impliqué·es ont négligé de prendre les mesures de #sauvetage et de #réanimation vitales. Le Dr Martin Herrmann, qui fait partie des experts médicaux de la commission (spécialiste FMH en chirurgie générale et traumatologie), a confirmé dans son analyse que les mesures de #premiers_secours nécessaires n’avaient pas été prises, bien que Roger Wilhelm, allongé sur le ventre, ne représentait aucune menace pour les policières/policiers et qu’il effectuait encore des mouvements respiratoires. La question à clarifier devant le tribunal est la suivante : la vie de Roger Wilhelm aurait-elle pu être sauvée par des mesures de premiers secours immédiates prises par la police ?

    Udo Rauchfleisch, professeur émérite de psychologie clinique et membre de la commission, a rédigé un rapport basé sur des dossiers psychiatriques, des entretiens avec des proches, des déclarations de témoins et des séquences vidéo de l’homicide de Roger Wilhelm. Selon ce rapport, la police vaudoise a été appelée pour venir en aide à un homme Noir qui présentait des symptômes de psychose. Selon l’expertise du Prof. Rauchfleisch, Roger Wilhelm n’était en aucune manière et à aucun moment agressif, mais il était stressé et aurait eu besoin d’une #aide_psychologique. Au lieu d’apporter leur aide, les quatre policières/policiers ont accru le #stress_psychologique de Roger Wilhelm. Celui-ci a été considéré comme une menace et a finalement été abattu. C’est pourquoi une autre question décisive se pose, qui doit être clarifiée devant le tribunal : le comportement des policières/policiers était-il adéquat et l’utilisation d’#armes_à_feu était-elle nécessaire et conforme à la loi ?

    La mort de Roger Wilhelm doit être replacée dans le contexte d’autres homicides de personnes Noires par la police en Suisse. Dans le cas de #Mike_Ben_Peter, décédé le 28 février 2018 à la suite d’une intervention policière, le procureur chargé de l’enquête, qui gère également le cas de Roger Nzoy Wilhelm, a demandé à la surprise générale l’acquittement des policiers impliqués lors du procès. Me Brigitte Lembwadio Kanyama, membre du groupe juridique de la Commission, a sévèrement critiqué le traitement des décès survenus à la suite d’interventions policières dans le canton de Vaud. Dans tous les cas, les personnes tuées étaient des personnes Noires. L’avocat Me Philipp Stolkin, membre du groupe juridique de la Commission, a souligné que le #ministère_public devrait être en mesure de mener son enquête indépendamment de la #couleur_de_peau de la victime et du fait qu’une personne soupçonnée d’avoir commis une infraction soit employée par une entité de droit public.

    Selon un autre membre du groupe de la commission, le juriste David Mühlemann, du point de vue des #droits_humains, le ministère public est tenu d’enquêter de manière indépendante, efficace et complète sur de tels décès exceptionnels : « Ce qui est en jeu, ce n’est rien de moins que la confiance du public dans le monopole de la violence de l’État. » En voulant classer l’affaire, le ministère public empêche la possibilité d’une enquête conforme aux droits humains. C’est pourquoi la Commission demande instamment au Ministère public vaudois d’ouvrir une enquête sur l’affaire Roger Nzoy Wilhelm et de porter l’affaire devant le tribunal.

    Vous trouverez plus d’informations sur : https://nzoycommission.org

    https://www.borderforensics.org/fr/actualites/20231110-pr-roger-nzoy-wilhelm

    #border_forensics #architecture_forensique #violences_policières #Suisse #Roger_Wilhelm #justice #impunité

    • Commission d’enquête indépendante sur la mort de Roger Nzoy Wilhelm

      Roger Nzoy Wilhelm a été abattu le 30 août 2021 par un policier de la police régionale à la gare de Morges. Une commission indépendante s’est constituée le 31 mai 2023 pour faire la lumière sur les circonstances de sa mort.

      En Suisse, des agressions policières sont régulièrement commises contre des personnes de couleur, des migrants et des personnes socialement défavorisées. Certaines de ces agressions ont une issue fatale, comme dans le cas de Roger Nzoy Wilhelm. La commission estime qu’il est urgent de faire toute la lumière sur ces décès et de mettre en place un contrôle de l’action de la police par la société civile. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer à travailler sur les points suivants :

      - l’élucidation complète des circonstances qui ont conduit à la mort de Roger Nzoy Wilhelm à la gare de Morges le 30 août 2021.
      – l’examen complet de la procédure juridique et policière, des dossiers d’enquête et de l’administration des preuves par la justice. Il s’agit d’examiner si l’enquête a satisfait aux exigences de la procédure pénale en matière d’enquête sur les décès ou dans quelle mesure l’enquête a été déficiente : Comment la scène de crime a-t-elle été sécurisée ? Les témoins ont-ils été correctement interrogés ou ont-ils subi des pressions ? Comment s’est déroulé l’examen médico-légal ?
      - Il s’agit d’examiner si les enquêtes menées dans le cas de Roger Nzoy répondent aux exigences des droits de l’homme en matière d’enquête efficace et indépendante en cas de décès exceptionnel et quels sont les obstacles structurels à l’élucidation des violences policières.
      - la mise en perspective des circonstances qui ont conduit à la mort de Roger Nzoy Wilhelm dans le contexte historique et social en Suisse.

      https://www.nzoycommission.org/fr

  • Frais faramineux, personnalités grassement payées… Le juteux #business d’un pionnier de l’#enseignement_supérieur_privé

    Révélées à l’occasion de l’#affaire_Delevoye, les largesses passées de #Roger_Serre, fondateur du réseau d’#écoles_privées #IGS, font l’objet d’une #plainte contre X déposée par le nouveau directeur, #Stéphane_de_Miollis.

    Souvenez-vous, décembre 2019, l’affaire Jean-Paul Delevoye : le haut-commissaire à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron a dû démissionner, avant d’être condamné à quatre mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende pour avoir omis de déclarer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique certaines rémunérations. Parmi elles, un contrat avec un groupe soudain mis en lumière : l’#Institut_de_gestion_sociale, ou IGS.

    Depuis lors, les soupçons pèsent sur ce poids lourd de l’#éducation_privée, réunissant dix écoles (de marketing, management, communication, etc.) aux acronymes abscons : #Esam, #Esin, #Imis, #Imsi, #Ffollozz… hormis la faussement select #American_Business_School_of_Paris. Trois campus, cinq centres de formation, le tout créé sous un statut associatif, financé à plus de 60 % par des #fonds_publics. Les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières ont perquisitionné le siège de l’IGS et une plainte contre X a été déposée, le 2 mars 2023. Elle émane du nouveau directeur général exécutif d’IGS, Stéphane de Miollis, un ancien cadre d’Adecco, résolu à saisir la justice après avoir mis le nez dans les comptes et commandé un audit au prestigieux cabinet #August_Debouzy.

    « J’ai découvert des montages étonnants pour une fédération d’associations à but non lucratif : des factures de consultants, des notes de frais faramineuses, relate-t-il. Il fallait réagir pour nos enseignants, les 15 000 jeunes qu’on forme chaque année, ne pas se contenter de laver le linge sale en famille. » Dans son viseur, Roger Serre, 78 ans, le fondateur d’IGS, fils de traiteurs marseillais et ancien élève de l’#Essec_Business_School. Dès 1975, il fonde de nombreuses écoles, armé de son entregent et de ses amitiés politiques, notamment avec #Michel_Rocard. Doué pour décrocher les subventions et convaincre les entreprises (Bouygues, Lafarge, IBM… ), il flèche leur #taxe_d’apprentissage vers IGS.

    Appartements et bonnes bouteilles

    « Bienvenue dans le monde des possibles », avait-il comme slogan, insistant toujours sur son engagement associatif, social, humaniste. En réalité, Roger Serre n’a, semble-t-il, jamais oublié de servir ses intérêts. Il a créé, à l’ombre d’IGS, ses propres sociétés, grassement rémunérées pour des missions de communication et de publicité dans les journaux, les salons étudiants. L’une d’elles détient même la propriété des marques des écoles, ce qui les contraint chaque année à reverser des droits pour pouvoir utiliser leur propre nom. Le businessman de l’apprentissage a en parallèle bâti un autre groupe d’écoles, aux initiales quasi similaires, #ISC, dont il est actionnaire. La plainte, aujourd’hui révélée par Libération, pointe un « détournement des ressources du groupe IGS au bénéfice de Roger Serre et de ses proches ». Elle détaille notamment des notes de taxis princières (près de 80 000 euros en 2021), des billets de train ou d’avion, ainsi que la location d’un appartement pour sa fille près des Champs-Elysées. Le fondateur aurait aussi eu l’habitude d’offrir de bonnes bouteilles – de 500 euros à plus de 1 700 euros chaque année et par récipiendaire – à des élus, parlementaires, édiles (Anne Hidalgo en tête), ou collaborateurs de ministres…

    La plainte relève enfin l’embauche de « personnes politiquement exposées » : #Jean-Paul_Delevoye aurait ainsi été rémunéré, sans « trace de travail effectif évidente », à hauteur de 8 250 euros par mois en 2017, et de 6 925 euros en 2018, pour quarante-deux jours de travail. L’ancien ministre était logé dans un appartement de 66 m², près du parc Monceau, alors même qu’il était encore Haut-commissaire à la réforme des retraites. Aujourd’hui retiré de la vie publique, et récemment destitué de la Légion d’honneur, Delevoye plaide l’erreur : « J’aurais dû démissionner quand j’ai été nommé, mais j’ai vraiment bien travaillé avec Roger Serre, longtemps bénévolement d’ailleurs, pour éveiller les futurs managers aux humanités et à la culture. »

    « Couteau dans le dos »

    Autre ami du fondateur, #Jean-Paul_Huchon, ancien président socialiste de la région Ile-de-France. Le haut fonctionnaire a été employé dès la fin de son mandat, après l’embauche de son épouse, recrutée quant à elle comme « chargée de mission stratégie insertion », 1 500 euros par mois, pour deux jours de travail hebdomadaires. Selon l’audit, l’ex-cacique du PS a pu percevoir jusqu’à 122 294 euros en 2018. La seule trace apparemment retrouvée de son travail est un cours de vingt et une heures donné dans une école de management sur… le rock’n’roll. « C’était bien plus, deux à trois fois par semaine, et des cours très pointus, où je passais des vidéos, des bandes-son », se défend Huchon, en apprenant la plainte.

    « Jean-Paul est un spécialiste mondial », assure Roger Serre lors d’une rencontre début juillet, avec ses avocats. L’octogénaire, tout chic, pochette en soie bleue assortie à ses yeux, ne comprend manifestement pas la tempête juridique qui le guette. Il détaille, lèvres madrées, la construction d’IGS : « Toute ma vie ». Un actif immobilier de 200 millions d’euros laissé au groupe, qui lui valut de figurer – à tort, prétend-il – dans le classement des cent plus grandes fortunes de France.

    Il savoure les réseaux sans cesse retissés, jusqu’au secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, approché en tant qu’ancien de l’Essec. Son sésame pour rencontrer le Président. « J’ai essayé de convaincre Macron de ne pas nationaliser la taxe d’apprentissage, en vain… » Roger Serre s’étonne que son groupe pâtisse tant de l’affaire Delevoye, « une petite négligence de Jean-Paul ». Il admet ne pas être un « champion de la gestion », jure que le redressement fiscal d’IGS sera léger. Et s’indigne que son successeur lui plante aujourd’hui un « couteau dans le dos », alors qu’il l’a désigné, après avoir lâché les rênes, en échange d’un contrat de consultant en stratégie de 50 000 euros par mois. « Pourquoi cherche-t-on aujourd’hui à m’abattre ? A qui profite le crime ? » interroge le fondateur, en pointant la « #financiarisation_de_l’éducation » avec des géants détenus par des fonds d’investissement qui ont sans doute repéré IGS, et son chiffre d’affaires de plus de 130 millions d’euros. « Les vautours rôdent », s’essouffle-t-il. En attendant, ce sont les juges qui l’attendent au tournant.

    https://connexion.liberation.fr/autorefresh?referer=https%3a%2f%2fwww.liberation.fr%2fsociete%2
    #ESR #enseignement_supérieur #privatisation #université #France #financiarisation #justice

  • Sortir de la #crise_permanente par la #démocratie : le rôle de l’#Université#RogueESR
    https://rogueesr.fr/20230604-2

    La #science est de longue date devenue une instance de renforcement et de #légitimation_du_pouvoir. Ce rapport à la science lui octroie un rôle proche de celui de la religion dans les #sociétés d’Ancien Régime. La production d’un #discours « #expert », qui reprend la forme de la discursivité scientifique, est devenue une modalité ordinaire utilisée par le #pouvoir pour se légitimer et se #perpétuer. Nourries de #saint-simonisme et d’une caricature de #positivisme_comtien, les élites technocratiques ont prétendu s’appuyer sur la #raison pour prendre en charge le destin de l’#humanité.

  • La justice allemande interdit l’annulation du concert de Roger Waters pour antisémitisme Gabe Friedman - Time of israel

    Selon le tribunal administratif de Francfort, l’ex-leader des Pink Floyd "n’a ni glorifié ou relativisé les crimes des nazis et ne s’est pas identifié à l’idéologie raciste nazie"

    Le tribunal administratif de Francfort a décidé que la municipalité n’avait pas la possibilité d’annuler un concert de Roger Waters, qu’elle avait qualifié d’« antisémite parmi les plus notoires au monde ».

    L’ex-leader du groupe Pink Floyd a donc obtenu gain de cause, mardi, dans l’action en justice intentée suite à l’annonce, en février, de l’intention de la ville d’annuler son concert prévu en mai.


    La municipalité a la possibilité de faire appel de cette décision.

    Le tribunal de Francfort a statué que, dans la mesure où Rogers « n’avait ni glorifié ni relativisé les crimes des nazis et ne s’était pas déclaré fidèle à l’idéologie raciste nazie » lors de précédents concerts, il n’était pas approprié d’annuler le concert prévu à Francfort.

    L’activisme anti-israélien de Waters a souvent été présenté comme de l’antisémitisme.

    Figure importante du mouvement anti-Israël Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), Waters a par le passé fait voler un ballon en forme de cochon flanqué d’une étoile de David lors de concerts, dénoncé les agissements néfastes d’un prétendu lobby juif aux États-Unis et assimilé les actions israéliennes en Cisjordanie à celles de l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid ou de l’Allemagne nazie.

    « Le contexte qui sous-tend cette demande d’annulation est lié à l’attitude anti-israélienne de longue date de l’ex-chanteur des Pink Floyd, considéré comme l’un des antisémites les plus célèbres au monde », avait déclaré la ville dans un communiqué en février.

    « Il a, à plusieurs reprises, appelé au boycott culturel d’Israël, qu’il a comparé au régime d’apartheid sud-africain, et fait pression sur des artistes pour qu’ils ne se produisent pas en Israël. »
    . . . . .

    Source : https://fr.timesofisrael.com/la-justice-allemande-interdit-lannulation-du-concert-de-roger-wate

    #bds #antisémitisme #palestine #israël #censure #antisemitisme #allemagne #liberté_d'expression #Francfort #Pink_Floyd #Roger_Waters #difammation #accusation

  • Le printemps est inexorable ! – #RogueESR
    https://rogueesr.fr/20230406-2

    Nous relayons l’#appel de plusieurs associations et #collectifs_scientifiques_engagés sur les #questions_climatiques_et_environnementales :

    https://rogueesr.fr/wp-content/uploads/2023/04/Appel_inter-collectifs.pdf

    Lors des manifestations de ce jeudi 6 avril, nous montrerons une nouvelle fois la force vive du #mouvement_démocratique avec une solidarité et une détermination sans faille, en portant haut l’espoir et les valeurs qui nous animent.

    L’heure est grave. Quiconque se sentirait trop frappé de sidération pour apprécier la situation peut se référer aux écrits des observateurs des libertés publiques et des droits de l’humain, aux comptes-rendus des journaux progressistes, libéraux et démocrates

    Pour l’ONU, deux fois en une semaine,
    pour le Financial Times,
    pour le New York Times,
    pour Bloomberg,
    pour El País,
    pour le Washington Post,
    pour Il tempo,
    pour le Guardian,
    pour la FAZ,
    pour Human Rights Watch,
    pour la Maison Blanche,
    pour la Commission aux Droits de l’Homme (Conseil de l’Europe),
    pour Amnesty International,
    pour la Wirtschaftswoche,
    pour la défenseure des droits,
    l’heure est grave.

    Le contournement du parlement, l’arbitraire et le déchaînement des violences policières, l’usage permanent du mensonge et du choc, la rhétorique de l’ennemi de l’intérieur, la surdité de l’Élysée devant un quasi-consensus démocratique de rejet d’une (contre)-#réforme_des_retraites qui n’est pas nécessaire : tout cela constitue de graves atteintes à la démocratie et aux libertés publiques. C’est à l’aune de cette fuite en avant qu’il convient d’interpréter les menaces proférées ces derniers jours contre la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), qui n’ont pas d’équivalent depuis sa reconstitution en 1944. Vous pouvez adhérer à la #LDH en suivant ce lien :

    https://www.ldh-france.org/adherer

    Pour autant, nous ne sommes pas les spectatrices et les spectateurs d’un désastre en cours. L’isolement et la violence du pouvoir disent aussi sa faiblesse. Ce serait une faute de nous laisser intimider et enfermer dans la stratégie de la tension portée, pour le compte du chef de l’État, par un ministre de l’Intérieur d’extrême-droite. Le mouvement social contre la réforme des retraites a cristallisé une multitude d’autres revendications. Il a été rejoint par les scientifiques et les militants qui entendent juguler le réchauffement climatique et l’effondrement du vivant, désormais criminalisés. Bien au-delà, depuis quelques jours, toutes celles et ceux qui sont attachés aux libertés publiques savent attester concrètement leur solidarité. Nous sommes nombreux, unis, déterminés.

    La place de l’Université et de la recherche dans ce grand mouvement est essentielle. Face à la violence, nous devons montrer plus que jamais notre attachement indéfectible à dire le vrai sur le monde. La temporalité dans laquelle nous nous inscrivons n’est pas celle d’un théâtre où tous les coups médiatiques semblent permis, elle n’est pas commandée par une défense réflexe face aux attaques infondées que nous subissons. Obligés par la jeunesse, obligés par les nouvelles sombres qui viennent des sciences du climat et du vivant, nous portons les valeurs de la libre discussion rationnelle, du lent rassemblement des preuves, de la transmission et de la publicité des savoirs.

    En contre-feu puissant aux pulsions mortifères ou même simplement nihilistes qui tentent d’envahir l’espace public, il s’agit aujourd’hui de nous ouvrir un avenir, en poursuivant le travail d’élaboration collective d’un horizon politique initié il y a un an, et synthétisé en 50 propositions. Par ces temps difficiles, le plus grand des dangers est la sirène du renoncement. Face à l’ampleur de l’enjeu et la noirceur des prévisions, jeter l’éponge pour l’avenir collectif n’est pas une option possible. Alors que d’autres secteurs de la société ont fortement contribué aux premières semaines de mouvement, il est temps que l’Université prenne sa part et pèse de tout son poids. Chaque heure de cours débrayée, chaque démission des tâches administratives, chaque Commission d’Examen des Vœux refusant de contribuer aux classements de Parcoursup va peser dans le bon sens. Chacun doit se poser en conscience la question : la gravité de la situation actuelle ne vaut-elle pas quelques semaines de grève totale ?

    « Le printemps est inexorable ! » Pablo Neruda, J’avoue que j’ai vécu.

  • Le sociologue et l’historien - Agone
    https://agone.org/livres/lesociologueetlhistorien

    En 1988, l’historien Roger Chartier reçoit le sociologue Pierre Bourdieu à France Culture pour une série de cinq entretiens. Ce livre les reprend intégralement, avec une préface de Roger Chartier qui en restitue le contexte intellectuel et politique. Dans un dialogue où se manifestent à la fois leur complicité et une claire conscience de leurs différences, le sociologue et l’historien confrontent les avancées et les problèmes de leurs deux disciplines, et leurs rôles respectifs dans la société. Ils analysent ensemble les illusions et les confusions répandues par les intellectuels-prophètes, qui font obstacle au rôle émancipateur de la sociologie et de l’histoire.

    Vingt ans après, leurs propos n’ont pas pris une ride. On trouvera notamment dans ces entretiens, sous une forme concise particulièrement claire et pédagogique :

    -- la présentation de certains concepts fondamentaux de la pensée de Bourdieu, notamment ceux d’« habitus » et de « champ » ;
    -- des réponses percutantes à des objections (aujourd’hui encore) récurrentes sur son (prétendu) déterminisme, sur les (fausses) oppositions entre subjectivisme et objectivisme ou entre individu et société, etc., et contre le procès qui lui est fait de vouloir substituer son discours savant à la parole des dominés.

    Et voilà les entretiens de départ en entier :
    https://www.youtube.com/watch?v=LleWydRkT3A

    #Bourdieu #Pierre_Bourdieu #Roger_Chartier #sociologie #histoire #sciences_sociales

  • The Origin of Student Debt: Reagan Adviser Warned Free College Would Create a Dangerous “Educated Proletariat”

    In 1970, #Roger_Freeman, who also worked for Nixon, revealed the right’s motivation for coming decades of attacks on higher education.

    With the vociferous debate over President Joe Biden’s announcement that the federal government will cancel a portion of outstanding student debt, it’s important to understand how Americans came to owe the current cumulative total of more than $1.6 trillion for higher education.

    In 1970, Ronald Reagan was running for reelection as governor of California. He had first won in 1966 with confrontational rhetoric toward the University of California public college system and executed confrontational policies when in office. In May 1970, Reagan had shut down all 28 UC and Cal State campuses in the midst of student protests against the Vietnam War and the U.S. bombing of Cambodia. On October 29, less than a week before the election, his education adviser Roger A. Freeman spoke at a press conference to defend him.

    reeman’s remarks were reported the next day in the San Francisco Chronicle under the headline “Professor Sees Peril in Education.” According to the Chronicle article, Freeman said, “We are in danger of producing an educated proletariat. … That’s dynamite! We have to be selective on who we allow [to go to college].”

    “If not,” Freeman continued, “we will have a large number of highly trained and unemployed people.” Freeman also said — taking a highly idiosyncratic perspective on the cause of fascism —“that’s what happened in Germany. I saw it happen.”

    Freeman was born in 1904 in Vienna, Austria, and emigrated to the United States after the rise of Hitler. An economist who became a longtime fixture in conservative politics, he served on the White House staff during both the Dwight Eisenhower and Richard Nixon administrations. In 1970 he was seconded from the Nixon administration to work on Reagan’s campaign. He was also a senior fellow at Stanford’s conservative Hoover Institution. In one of his books, he asked “can Western Civilization survive” what he believed to be excessive government spending on education, Social Security, etc.

    A core theme of Reagan’s first gubernatorial campaign in 1966 was resentment toward California’s public colleges, in particular UC Berkeley, with Reagan repeatedly vowing “to clean up the mess” there. Berkeley, then nearly free to attend for California residents, had become a national center of organizing against the Vietnam War. Deep anxiety about this reached the highest levels of the U.S. government. John McCone, the head of the CIA, requested a meeting with J. Edgar Hoover, head of the FBI, to discuss “communist influence” at Berkeley, a situation that “definitely required some corrective action.”

    During the 1966 campaign, Reagan regularly communicated with the FBI about its concerns about Clark Kerr, the president of the entire University of California system. Despite requests from Hoover, Kerr had not cracked down on Berkeley protesters. Within weeks of Reagan taking office, Kerr was fired. A subsequent FBI memo stated that Reagan was “dedicated to the destruction of disruptive elements on California campuses.”

    Reagan pushed to cut state funding for California’s public colleges but did not reveal his ideological motivation. Rather, he said, the state simply needed to save money. To cover the funding shortfall, Reagan suggested that California public colleges could charge residents tuition for the first time. This, he complained, “resulted in the almost hysterical charge that this would deny educational opportunities to those of the most moderate means. This is obviously untrue. … We made it plain that tuition must be accompanied by adequate loans to be paid back after graduation.”

    The success of Reagan’s attacks on California public colleges inspired conservative politicians across the U.S. Nixon decried “campus revolt.” Spiro Agnew, his vice president, proclaimed that thanks to open admissions policies, “unqualified students are being swept into college on the wave of the new socialism.”

    Prominent conservative intellectuals also took up the charge. Privately one worried that free education “may be producing a positively dangerous class situation” by raising the expectations of working-class students. Another referred to college students as “a parasite feeding on the rest of society” who exhibited a “failure to understand and to appreciate the crucial role played [by] the reward-punishment structure of the market.” The answer was “to close off the parasitic option.”

    In practice, this meant to the National Review, a “system of full tuition charges supplemented by loans which students must pay out of their future income.”

    In retrospect, this period was the clear turning point in America’s policies toward higher education. For decades, there had been enthusiastic bipartisan agreement that states should fund high-quality public colleges so that their youth could receive higher education for free or nearly so. That has now vanished. In 1968, California residents paid a $300 yearly fee to attend Berkeley, the equivalent of about $2,000 now. Now tuition at Berkeley is $15,000, with total yearly student costs reaching almost $40,000.

    Student debt, which had played a minor role in American life through the 1960s, increased during the Reagan administration and then shot up after the 2007-2009 Great Recession as states made huge cuts to funding for their college systems.

    That brings us to today. Biden’s actions, while positive, are merely a Band-Aid on a crisis 50 years in the making. In 1822, founding father James Madison wrote to a friend that “the liberal appropriations made by the Legislature of Kentucky for a general system of Education cannot be too much applauded. … Enlightened patriotism … is now providing for the State a Plan of Education embracing every class of Citizens.”

    “Knowledge will forever govern ignorance,” Madison explained, “and a people who mean to be their own governors must arm themselves with the power which knowledge gives.” Freeman and Reagan and their compatriots agreed with Madison’s perspective but wanted to prevent Americans from gaining this power. If we want to take another path, the U.S. will have to recover a vision of a well-educated populace not as a terrible threat, but as a positive force that makes the nation better for everyone — and so should largely be paid for by all of us.

    https://theintercept.com/2022/08/25/student-loans-debt-reagan
    #Roland_Reagan #Reagan #USA #Etats-Unis #histoire #origine #université #étudiants #endettement #dette_étudiante #how_it_begun #ESR #prolétariat #prolétariat_éduqué #educated_proletariat #classes_sociales #ascension_sociale #éducation #péril #sélection

  • Ce matin je me suis levé en me demandant quelles étaient les relations entre les études (ou commentaires politiques) sur les transgenres, et les transraciaux (me demandez pas pourquoi).

    Du coup j’ai trouvé cet article recension d’Abdellali Hajjat sur le livre Trans : Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, de Rogers Brubaker.

    Évidemment ce ne sont que deux points de vue (celui du livre et celui de Hajjat), il y a aussi tous les débats dans les communautés afro-descendantes et autre.

    Perso j’ai du mal à voir la différence autant en terme « biologie ou pas », qu’en terme philosophique et sociologique, et que si on critique l’auto-définition (car c’est de ça qu’il s’agit avant tout) dans l’un des deux cas, avec une critique non-essentialiste (mais au contraire basé sur le fait que c’est social et non pas individuel), alors c’est logique de le critiquer pour l’autre aussi ; ou inversement si c’est pour approuver un des deux cas.

    Transgenre et transracial, ou les difficultés d’une analogie | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-geneses-2019-1-page-153.htm

    Même nuancée, cette mise en équivalence de la position conservatrice et de la position féministe radicale pose problème. Dans le premier cas, le transgenre est dénoncé à l’aune d’une conception conservatrice de l’ordre sexuel et de la perpétuation de la domination masculine. Dans le second, la critique féministe radicale ne porte pas sur la légitimité du transgenre en tant que tel, mais bien sur le discours de légitimation du transgenre tendant à affermir les stéréotypes de genre, comme le reconnaît Brubaker, et sur la légitimité des transgenres à parler au nom des femmes dans le contexte d’une domination masculine qui tend structurellement à imposer le silence à celles-ci. De ce point de vue, le porte-parolat doit être fondé non pas sur une identité naturelle mais sur une communauté d’expériences. L’oxymore d’« essentialisme historique » ne permet pas de rendre compte de cette position, puisque le féminisme radical représente au contraire un courant d’idées radicalement anti- essentialiste.

    […]

    Si on peut ainsi contester certaines parties de l’analyse de l’auteur, il faut cependant souligner pour finir la grande qualité de l’ouvrage. Cette réflexion ouvre des perspectives de recherche extrêmement stimulantes, notamment sur la tension entre subjectivité et objectivité des identités, sur les logiques de légitimation du passage de frontière entre catégories, et sur la sociologie de l’usage de concepts sociologiques dans le cadre de controverses auxquelles participent, entre autres acteurs, des chercheurs en sciences sociales.

    #féminisme #genre #race #sociologie #transgenre #transracial #radfem #Rachel_Dolezal #Caitlyn_Jenner #Abdellali_Hajjat #Rogers_Brubaker

  • Sci-Hub downloads show countries where pirate paper site is most used
    https://www.nature.com/articles/d41586-022-00556-y

    Sci-Hub downloads show countries where #pirate_paper_site is most used

    La France se classe juste derrière la Chine et les Etats-Unis dans un classement international significatif : le nombre de téléchargements sur le site russe Sci-Hub :

    https://www.nature.com/articles/d41586-022-00556-y

    Le nombre de #téléchargements témoigne de l’emprise des #éditeurs privés sur leur #clientèle_captive, qui se trouve être aussi celle qui produit leur richesse : nous. Si l’on rapporte le nombre de téléchargements sur Sci-Hub au nombre de chercheurs, la #France est encore 4ème, derrière la Colombie, les Philippines et la Malaisie, et juste avant l’Indonésie et le Brésil. Il y a 7 fois plus d’articles téléchargés par chercheur en France qu’en Allemagne…
    Cet engouement pour Sci-Hub témoigne évidemment du caractère dysfonctionnel des #bibliothèques_numériques_françaises, surtout pour les accès à distance. L’association #Couperin, en charge de la contractualisation avec les éditeurs, négocie un accès différencié pour les différents établissements et, à l’intérieur de ceux-ci, pour les différentes disciplines. Toute recherche multidisciplinaire se transforme ainsi en cauchemar… sauf à utiliser #Sci-Hub.

    via #Rogue : https://rogueesr.fr

  • Le peuple et la gauche - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/idees-culture/article/le-peuple-et-la-gauche-13252

    par l’historien Roger Martelli

    Le triomphe du printemps 1981 est aussi toutefois un chant du cygne. L’équilibre du début des années quatre-vingt est rompu. Les catégories populaires sont entrées dans une nouvelle ère de leur histoire. Cette rupture est due à la conjonction de trois processus.

    Le premier se situe dans l’ordre économico-social. Les ouvriers n’ont pas disparu, le « peuple » sociologique (ouvriers et employés) est toujours dense (la moitié des actifs et 45% des résidents) et la machine à produire de l’inégalité a interrompu l’apparente « moyennisation » des décennies précédentes. Mais les bases du « mouvement ouvrier » ont été érodées. Les ouvriers sont moins nombreux (8 millions en 1975, 5,3 en 2019 selon l’Insee), moins concentrés, dispersés dans une sous-traitance de services et éloignés peu à peu vers le périurbain. Après la longue phase d’unification tendancielle de la classe (redistribution publique, stabilisation juridique des statuts) le groupe se trouve tiraillé de plus en plus entre deux pôles, de plus en plus distants. Le cadre mental ancien du monde ouvrier s’est lui-même délité. L’identification à la « classe ouvrière » a fléchi depuis 1966 [1], au profit de l’item « classes moyennes » et l’affirmation fière de soi recule en même temps que la conscience de groupe. Quant à l’univers du « nous », fondé sur la primauté du collectif, il est perturbé par l’irruption du « je » [2] et le besoin d’autonomie de l’individu qui en résulte.

    Le deuxième processus de rupture est à la fois social et politique. Tout agrégat sociologique ne constitue pas une classe. À proprement parler, la classe ouvrière n’existe pas sans le mouvement historique par lequel le monde épars des ouvriers se façonne en groupe conscient de lui-même. Or l’équilibre qui accompagne les années de l’État-providence se défait à partir de la fin de la décennie 1970 : la grève se tasse, le syndicalisme se contracte et se disperse, et la galaxie communiste s’effrite dans un irréversible déclin. La vie associative, pour sa part, cesse de porter la marque ouvrière. Depuis deux décennies, l’expansion de l’association coïncide avec le recul de l’engagement partisan et syndical.

    Le troisième processus de rupture dans l’histoire longue de l’univers ouvrier se trouve dans l’espace proprement politique. Quand François Mitterrand descend triomphalement les Champs-Élysées, en mai 1981, Margaret Thatcher a terrassé les trade unions britanniques et Ronald Reagan s’est engagé dans sa grande « révolution conservatrice ». Dès la fin 1982, le gouvernement Mauroy décide de ralentir son œuvre réformatrice et de s’engager dans une « rigueur » que ses successeurs pousseront jusqu’à l’austérité. Alors que l’action de l’État piétine, le tissu industriel se transforme, dans un contexte économique de plus en plus mondialisé : la casse confirmée de la sidérurgie, en 1984, est en France l’équivalent de la saignée minière de la Grande-Bretagne thatchérienne. Impuissant à enrayer le déclin industriel, déboussolé par la dégradation des franges populaires les plus fragilisées, le syndicalisme voit son image, son efficacité et ses effectifs reculer, en même temps que les indices de la combativité salariale.

    La gauche enregistre dès 1983 les effets politiques de cette évolution (voir le constat du début). Le PCF, dépassé par l’allié-concurrent socialiste en 1978, poursuit son déclin. Le Parti socialiste en bénéficie un temps, ambitionne même de devenir le parti attrape-tout de la gauche française. Mais il est bientôt d’autant plus affecté par le recul qu’il se rapproche progressivement des inflexions sociales-libérales de ses homologues européens. Les brèves rémissions (1997, 2012) n’annulent donc pas la pente générale au recul.

    La fin du XXème siècle semble avoir clos le cycle ouvert par l’affirmation de l’industrie et l’expansion de la démocratie représentative. Après une longue phase d’incertitude, les classes populaires avaient accédé à la garantie d’un statut, de la protection sociale et de l’expression politique (la place de la social-démocratie et, en pays latin, du communisme). Par-là, elles s’étaient vues intégrées dans l’espace public. La crise longue amorcée dans les années 70 a mis à bas cet équilibre, replongeant une part significative d’entre elles dans la précarité et la marginalité, réelle ou supposée.

    Tassement du sentiment d’appartenance et recul du vote de gauche … Les XIXème et XXème siècles avaient fondé les ouvriers en classe ; la fin du XXème siècle n’a pas fait disparaître les ouvriers, mais elle a étiolé la classe, plus ou moins réunie par l’espérance d’un avenir radieux.

    C’est important cette distinction. C’’est la notion de « classe en soi » et « classe pour soi » de Georg Lukacs, un marxiste trop sous-estimé.

    4. Ce n’est pas parce que la gauche aurait abandonné le « social » au profit du « sociétal » qu’elle a reculé, mais parce qu’elle n’a pas compris suffisamment ce qui changeait dans la société elle-même. Le peuple sociologique d’aujourd’hui n’est pas le même qu’hier et le « social » est lui-même est bien plus complexe qu’autrefois : il entremêle des dimensions à la fois matérielles (les effets de l’inégalité) et symboliques (le poids des discriminations), relevant de tous les champs de la vie sociale.

    Ce n’est donc ni en « revenant » au modèle de la classe d’hier, ni en remplaçant la « classe » par un segment de la société (par exemple les plus exploité.e.s, les discriminé.e.s ou les plus dominé.e.s) que l’on inversera la tendance au déclin et qu’on enrayera la montée de la droite extrême. La société n’est pas une juxtaposition de segments sociaux, éventuellement hiérarchisés, mais un tout régi par des logiques dominantes et traversé par des contradictions. Aucun projet politique ne peut espérer être dynamique s’il ne parle pas de la société tout entière, s’il ne dit pas d’où elle vient, où elle peut aller et en s’appuyant sur quelles valeurs, quelles méthodes et quelles forces. Non pas « eux » contre « nous », mais « nous tou.te.s » et « tou.te.s ensemble »… Ce projet existe-t-il à gauche et est-il perceptible ? On peut sérieusement en douter.

    La société d’aujourd’hui ne dégage pas des procédures unifiantes analogues à celles qui ont rendu jadis possible l’expansion d’un groupe central et son homogénéisation relative. Une partie des exploités-dominés-aliénés peut donc à l’occasion se dresser contre le désordre social existant et, en se mettant en mouvement, peut s’affirmer comme une multitude agissante. Mais faute de projet capable d’articuler le passé, le présent et l’avenir, cette multitude ne peut devenir un peuple politique. Ce faisant, elle peut peser sur les logiques en place, infléchir à la marge l’utilisation des ressources, mais elle laisse l’initiative historique aux forces qui contrôlent de fait la distribution des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.

    #Roger_Martelli #Conscience_de_classe #Politique #Classe_ouvrière

  • Ce soir je ne jouerai pas Antigone de #Roger_Lombardot par Coralie Russier
    https://www.youtube.com/watch?v=0j853n8mubo


    #théâtre #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #migrations #asile #réfugiés #frontières

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    Ce soir je ne jouerai pas Antigone

    Ce soir je ne jouerai pas Antigone… Ce sont les premiers mots que la comédienne adresse au public, l’invitant respectueusement à quitter la salle. Ce soir, elle ne peut tenir son rôle, elle n’en a pas la force. Elle vient d’être frappée par une #tragédie : son frère s’est noyé en portant secours à des migrants échoués sur les côtes de l’île grecque de #Lesbos. Son corps n’a pas été retrouvé. Elle évoque Polynice, le frère d’Antigone. De même que le personnage de Sophocle, son frère à elle n’aura pas de sépulture. Insensiblement, elle se met à raconter l’histoire du défunt : sa fiancée tuée lors d’un attentat, l’abandon de ses études pour se mettre au service des plus fragiles… les témoignages qu’il a recueillis à propos des violences faites aux femmes, aux enfants, dans les zones de conflits et ailleurs… son indignation face à l’indifférence, au rejet de l’autre… sa révolte à l’égard de nombreux responsables qu’il accuse de lâcheté. Et puis, à la suite, elle nous délivre sa propre parole. Une parole de femme… libre, forte, déterminée… Elle ne joue pas Antigone, elle est Antigone.


    https://www.leslibraires.fr/livre/15477153-ce-soir-je-ne-jouerai-pas-antigone-roger-lombardot-le-solitair

    #naufrage #noyade

  • Animals - New mix update - #Roger_Waters
    https://rogerwaters.com/animals-new-mix-update

    I am agreeing to the release of the new Animals remix, with the sleeve notes removed. Good work James Guthrie by the way, and sorry Mark Blake. The final draft of the liner notes was fact checked and agreed as factually correct by me, Nick and Gilmour. Here they are, enjoy, there’s nothing controversial, just a few simple facts.

  • "Il était une fois..." l’ #éducation_scientifique populaire, avec #Albert_Barillé

    Eviter les caries, se laver les mains, se faire vacciner... vous faites peut-être partie des millions d’enfants qui ont eu accès aux bases de l’éducation à l’anatomie et à la santé grâce à « Il était une fois la vie », et grâce à son créateur visionnaire : Albert Barillé.

    [...]

    Albert Barillé : « Les gens responsables se doivent d’alimenter de façon utile les jeunes cervelles où tant de cases restent à remplir. Et si de plus nous parvenons à rassembler autour du poste les parents et enfants, et contribuer au dialogue entre eux, alors mon vœu sera exaucé. »

    #Michel_Legrand à la musique, #Roger_Carel à la voix (du personnage Maestro)

    https://www.franceculture.fr/medias/il-etait-une-fois-leducation-scientifique-populaire-avec-albert-barill

    https://www.dailymotion.com/video/x80rdes

    #télévision #c'était_mieux_avant #vieux_cons #éducation_populaire

    • mais tellement… imaginons si là yavait des épisodes qui expliquent ludiquement comment foncitonne le Covid, comment restent en suspens les particules dans l’air, quand mettre le masque,comment le fait de l’enlever juste un peu dans une pièce fermée fait qu’on choppe quand même le truc si présent dans la pièce, etc, etc.

  • Roger Martelli : « La Commune de Paris est un bien commun que la République se doit de célébrer »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/28/roger-martelli-la-commune-de-paris-est-un-bien-commun-que-la-republique-se-d

    Alors qu’au Conseil de Paris les élus de droite se sont opposés à la célébration des 150 ans de la Commune, l’historien rappelle, dans une tribune au « Monde », l’importance du « premier pouvoir » qui s’est appuyé sur des valeurs démocratiques et sociales « qui n’ont pas pris une ride ».

    Tribune. Le 3 février, au Conseil de Paris, la droite parisienne a lancé un tollé contre les commémorations prévues pour les 150 ans de la Commune de Paris. Engluée dans son passé, elle persiste à dire que célébrer cet anniversaire revient à glorifier « les événements les plus violents de la Commune ».

    De quoi s’agit-il, en fait ? Le 18 mars 1871, les bataillons de la garde nationale – qui participent depuis septembre 1870 à la défense de Paris [contre l’armée prussienne qui l’encercle] – s’emparent du pouvoir dans une capitale désertée par les autorités. Quelques jours plus tard, des élections désignent, à 40 % des électeurs inscrits, une majorité de républicains parmi les plus à gauche de cette période troublée. La nouvelle assemblée élue va se réunir régulièrement pendant cinquante-quatre jours : quarante-huit d’entre eux ont été occupés par la guerre civile, la plus brutale qu’ait connue Paris depuis les guerres de religion.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Légende noire » contre « légende rouge » : la difficile commémoration des 150 ans de la Commune de Paris

    Pendant cette brève période, en même temps qu’elle fait la guerre, la Commune remet en marche les administrations, fait fonctionner les services publics, organise le ravitaillement et les soins aux blessés, assure la sécurité dans les rues. Dans l’esprit de la « République démocratique et sociale » que la révolution de 1848 a promue avant elle, elle met en application ce que ses responsables ont annoncé. Elle confirme le moratoire des loyers dus pendant une partie du siège de Paris, décide la restitution partielle des objets déposés au mont-de-piété, réquisitionne les logements abandonnés par leurs propriétaires après le 18 mars. Elle procède de même pour les ateliers abandonnés, dont elle veut confier la gestion aux travailleurs eux-mêmes. Elle soumet les marchés publics à des contraintes sociales strictes.
    Une autre conception du « vivre-ensemble »

    Elle ne fait pas que de la redistribution sociale. Elle proclame la séparation de l’Eglise et de l’Etat, abolit le système injuste de conscription militaire alors en vigueur, accepte qu’on brûle la guillotine devant la mairie du 11e arrondissement. Elle met en place un enseignement primaire et professionnel laïque et gratuit, ouvre l’enseignement professionnel aux filles, commence à mettre en cause l’ordre traditionnel de la famille. Elle cherche à changer en profondeur le rapport entre électeurs et élus, prévoit la révocabilité des élus et organise la consultation des citoyens et citoyennes pour préparer les décisions de l’assemblée communale.

    Sans doctrine figée, sans même un programme achevé, la Commune a fait en quelques semaines ce que la République mettra bien du temps à décider. Elle a ouvert la voie à une autre conception du « vivre-ensemble », fondée sur l’égalité et la solidarité. Elle a enfin esquissé la possibilité d’une démocratie moins étroitement représentative, plus directement citoyenne. En bref, elle a voulu mettre concrètement en œuvre ce « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » dont le président américain Lincoln avait annoncé l’avènement quelques années plus tôt [le 19 novembre 1863, lors du discours prononcé à Gettysburg].
    La République a perdu du temps

    Bien sûr, la Commune n’a souvent fait que désigner une part du chemin et peu de ses décisions ont eu le temps d’être réellement appliquées. Bien sûr encore, les conditions de la guerre civile l’ont poussée à des décisions cruelles, qui ont été d’ailleurs bien loin de faire l’unanimité dans les rangs communards (décret stipulant que « toutes personnes prévenues de complicité avec le gouvernement de Versailles (…) seront les otages du peuple de Paris », suppression de journaux…). Mais, en noyant dans le sang l’expérience du printemps 1871, en recouvrant son souvenir du voile opaque et persistant de l’oubli, il n’est pas exagéré de penser que la République a perdu du temps.

    « Le Paris de 1871 a connu un type de gouvernement populaire et même ouvrier, comme il n’y en a jamais eu en France auparavant, et comme il n’y en aura plus jusqu’à ce jour »

    Faire de la Commune un modèle qu’il suffirait de recopier n’a pas grand sens. Notre société a changé, l’époque n’est plus la même et bien des expériences ont suivi celle de la Commune qu’il nous faut bien méditer aujourd’hui. Il reste toutefois que le Paris de 1871 a connu un type de gouvernement populaire et même ouvrier, comme il n’y en a jamais eu en France auparavant et comme il n’y en aura plus jusqu’à ce jour. Il reste que la Commune est le premier pouvoir qui ait mis au centre de son action des valeurs démocratiques et sociales qui n’ont pas pris une ride depuis 1871.

    Le 29 novembre 2016, l’Assemblée nationale a adopté une résolution réhabilitant enfin les victimes de la « semaine sanglante » [qui a vu la répression des communards entre le 21 et le 28 mai 1871]. Elle ajoutait vouloir que « soient mieux connues et diffusées les valeurs républicaines portées par la Commune ». Elle souhaitait « que la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté ». Le temps est venu de mettre en application cette résolution.
    Lire aussi L’Assemblée réhabilite les communards victimes de la répression

    La droite parisienne s’inscrit, sans vergogne, dans la lignée du journaliste anticommunard Maxime Du Camp [1822-1894], qui justifiait la barbarie gouvernementale de la « semaine sanglante » par la nécessité d’exterminer « la postérité de Caïn ». Ce climat de guerre civile ne devrait plus être de mise de nos jours. Dans notre société déchirée, il est plus que jamais dérisoire de mettre en avant la centaine de malheureux otages exécutés pendant la Commune pour mieux occulter les milliers, voire dizaines de milliers, de communards et communardes massacrés sans pitié en mai 1871.

    La République se doit de commémorer la Commune de Paris de 1871. Nul n’est tenu, en son âme et conscience, de la « célébrer ». Mais, à l’inverse, rien ne sert de délégitimer celles et ceux qui entendent le faire, sans renoncer pour autant à l’exercice de la critique. Leur nombre est considérable et leur diversité est à l’image de ce que fut la Commune : une expérience inédite, des actes innovants et une multitude de possibles à peine suggérés. Cette diversité est une richesse. Encore faut-il qu’elle ne fasse pas oublier que la Commune est… un bien commun, qui mérite que l’on se retrouve pour crier ensemble, encore et toujours, le beau cri du « Vive la Commune ! ».

    Roger Martelli est historien et coprésident de l’association Les Amies et amis de la Commune de Paris 1871.

    Roger Martelli(Historien)

    #Commune_Paris #Démocratie

  • La Première lettre, Armand Gatti : Fontanot, Rouxel, Manouchian, l’affiche rouge*… – écriture(s)
    https://lemotresistance.wordpress.com/2021/01/26/fontanot-rouxel-manouchian-laffiche-rouge

    Le travail d’Armand Gatti sur les résistants du groupe Manouchian s’étend sur une très longue période, qui démarre en 1965 et continue jusqu’en 1978, et qui se conclut par l’écriture du poème, La Première lettre, ainsi que la réalisation de 6 films portant le même nom. Il s’agit de la lettre de Roger Rouxel, fusillé sur le Mont-Valérien, à Mathilde, son amie de cœur.

    Il est vrai que pour Gatti faire un film sur un groupe d’immigrés résistants n’est pas tout à fait un hasard. Pendant la guerre de 39-45, il a été maquisard, il a été parachutiste. Et quand il est monté à Paris pour travailler après la guerre, il a vécu avec des papiers d’apatride pendant 10 ans. J’ai le souvenir d’un grand accordéon qu’étaient ces papiers et que les policiers laissaient s’ouvrir jusqu’au sol pour montrer le ridicule de l’objet.

    [...]

    Il s’agissait au départ pour Gatti de faire connaître au plus grand nombre le combat des hommes du groupe Manouchian. Pour avoir une place dans l’histoire officielle, ils avaient d’une certaine façon tous les défauts : ils étaient des immigrés, souvent communistes, venant parfois des brigades internationales. Dans les années 70, ce n’était plus leur combat qui intéressait la chronique, mais de savoir qui les avait dénoncés. On a même longtemps pensé que le Parti communiste les avait sacrifiés.

    [...]

    Dès le premier scénario, Gatti met en place un dispositif pour aborder l’histoire du groupe Manouchian. La démarche du film est décrite page 41 du scénario de la manière suivante :

    « Un dialogue s’institue entre les acteurs et les parents des fusillés retrouvés par la production. Les vieux et les héritiers racontent comment la lettre, la dernière lettre, leur est parvenue et ce qu’elle a provoqué... »

    Le dispositif est posé. Il s’agit de confronter l’Histoire à la mémoire des survivants, dans un processus de création.

    Il est intéressant de noter que ce scénario, L’Affiche rouge, commence en 1938 en Espagne, à la Bataille de l’Ebre. Gatti a pensé toute sa vie que pour questionner le présent, il fallait partir de la guerre d’Espagne, l’aube de toutes nos défaites. Il est lui-même arrivé dans le maquis de Tarnac par la filière des Brigades internationales.

    Dans le scénario, les discussions entre acteurs et survivants sont ponctuées de reconstitutions des actions du groupe Manouchian. Ces discussions permettent d’aborder des questions de l’actualité

    #Armand_Gatti #L'affiche_rouge #FTP-MOI #poésie #film #histoire #mémoire #Roger_Rouxel #Mélinée_Manouchian

  • David Walters, un songe éveillé
    https://pan-african-music.com/david-walters-nocturne

    À peine vient-il d’achever son aventure sous le Soleil Kréyol que David Walters trouve refuge auprès de la lune sur une première confession Nocturne intitulée « Freedom » en compagnie des maîtres Vincent Ségal, Ballaké Sissoko et Roger Raspail. Une session acoustique tout en clair-obscur, avant-goût de l’album qui sortira le 5 février prochain.

    https://www.youtube.com/watch?v=yHGN8DjvDm4

    #musique #chanson #créole #David_Walters #Ballaké_Sissoko #Vincent_Segal #Roger_Raspail

  • La maison-mère de #Cristaline accusée de #pollution en #Normandie

    Depuis près de vingt ans, pêcheurs, riverains et inspecteurs de l’environnement alertent sur une pollution organique issue d’un site industriel du groupe #Roxane. L’usine, située dans l’#Orne, est aussi le siège social du numéro trois français de l’embouteillage.

    La Ferrière-Bochard (Orne).– Armé d’une pelle et d’une échelle limnimétrique, le pêcheur marche à travers champs jusqu’au #Roglain, un affluent de la #Sarthe. Arrivé au milieu du ruisseau, il remue énergiquement la vase avec ses bottes, puis attend. En quelques secondes, l’eau prend une teinte noirâtre.

    « Vous voyez, c’est comme de l’encre. C’est un vrai égout à ciel ouvert », constate Jean-Paul Doron, président de la fédération de pêche de l’Orne. « Il n’y a pas de poissons, car la vie animale ne peut pas se développer, l’oxydation naturelle ne se fait plus. Or, c’est un ruisseau où il devrait y avoir des salmonidés », explique le militant écologiste, en ramassant une couche de sédiments organiques noirs.

    Sous son chapeau, son regard se perd alors en amont du Roglain, vers la cible de toutes ses critiques. À moins de 500 mètres à vol d’oiseau, se dressent les toits verts de l’usine historique de la Roxane. L’entreprise est le propriétaire de la marque Cristaline, l’#eau_en_bouteille la plus consommée en #France.

    Depuis près de vingt ans, pêcheurs, mais aussi riverains et inspecteurs de l’environnement documentent et alertent sur une #pollution_organique issue de ce site du groupe Roxane, situé à #La_Ferrière-Bochard, un village normand de 700 habitants. En vain, ou presque.

    Selon les informations de Mediapart, quinze ans après les premiers signalements connus, une enquête a finalement été ouverte par le parquet d’Alençon, en 2017. Récemment, fin novembre 2020, une énième pollution a été constatée par des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), les policiers de l’environnement.

    En cause : les dysfonctionnements répétés de la #station_d’épuration d’une usine qui embouteille thés glacés et sodas, et qui déverse ses #eaux_usées dans le ruisseau du Roglain. « Aucune mortalité piscicole n’a été constatée, mais, compte tenu de l’état écologique du ruisseau, cela n’a rien d’étonnant. Une pollution organique a été constatée et fera l’objet d’un compte rendu à l’autorité judiciaire », écrit, le 24 novembre 2020, le chef du service départemental de l’OFB de l’Orne, dans un mail que Mediapart a pu consulter.

    Contacté par Mediapart, la société #Alma, filiale européenne du groupe Roxane, assure, sans répondre précisément à nos questions (voir Boîte noire), que « les sujets environnementaux sont pris très au sérieux, tant la protection des sources que le respect de l’environnement, qui sont essentiels à notre activité ».

    L’entreprise explique que le site de La Ferrière-Bochard, qui cherche à s’agrandir pour embouteiller de l’eau Cristaline d’ici à 2022, « fait l’objet d’importants investissements pour la modernisation complète de ses infrastructures, y compris sa station d’épuration », et qu’« en accord avec les autorités les travaux sont en cours et seront terminés pour l’été 2021 ».

    L’usine de La Ferrière-Bochard n’est pas un site commun pour ce fleuron hexagonal, numéro trois français de l’embouteillage de l’eau derrière Nestlé et Danone, qui a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros. C’est aussi le siège social historique du groupe depuis 1954, quand Lucien Lobjoit, un commerçant en vins et spiritueux d’Alençon, décide de se lancer dans l’embouteillage de boissons non alcoolisées et fonde, à La Ferrière-Bochard, la société Roxane.

    Arrivé quelques années plus tard dans l’entreprise, son successeur, Pierre Papillaud, décédé en 2017, sera un patron aussi emblématique que décrié, connu pour son apparition dans la publicité, culte, de l’#eau gazeuse Rozana. En quelques décennies, il transforme la petite PME normande en un groupe de taille mondiale, avec un portefeuille d’une trentaine de marques comprenant les eaux Cristaline, #Vichy, #Vals, #Saint-Yorre ou #Crystal_Geyser, et ouvre des usines aux États-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Italie.

    En 2016, il est cité dans les « Panama Papers » pour avoir créé plusieurs sociétés dans des #paradis_fiscaux, des îles Vierges britanniques au Luxembourg, ce qui déclenche une enquête du Parquet national financier (PNF) pour blanchiment de fraude fiscale aggravé. #Pierre_Papillaud conserve toutefois le siège opérationnel de son groupe dans l’Orne, à La Ferrière-Bochard, à travers sa filiale Alma. Une entreprise incontournable en Normandie et imperméable aux critiques.

    Car notre enquête révèle que, depuis 2003 au moins, des signalements pour pollution ont été relevés à l’usine de La Ferrière-Bochard par les polices de l’environnement successives (CSP, Onema, AFB et OFB). Et ce, jusqu’à la fin de l’année 2020, sans que le groupe Roxane ne prenne les mesures adéquates pour enrayer ces atteintes à l’environnement et à la faune aquatique.

    La première alerte est lancée par le Conseil supérieur de la pêche (CSP), l’un des ancêtres de l’Office français de la biodiversité. Une fiche de signalement au titre de la loi sur l’eau est rédigée en décembre 2003 et des infractions sont constatées au niveau « du ruisseau de la Roxane » pour écoulement de substances entraînant « des effets nuisibles sur la santé ou des dommages à la flore ou à la faune ». L’agent du CSP constate déjà que la station d’épuration de Roxane épand ses boues vers le ruisseau au pied de l’usine, affluent du Roglain.

    Sept ans plus tard, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) a remplacé le CSP. Les hommes ont changé et le constat est encore plus sévère. Un rapport est rédigé par des agents de l’Onema pour des faits de pollution du Roglain en date du 19 février 2010, « sur un linéaire total de 3,5 kilomètres de ruisseaux jusqu’à la confluence avec la rivière Sarthe ». Les inspecteurs de l’environnement constatent « une intense dégradation de la qualité écologique des ruisseaux », due à « une très forte #pollution_chronique par des matières fermentescibles (pollution organique) », provenant « sans aucun doute possible des installations industrielles de la Roxane ».

    « On peut parler de pollution chronique sans problème »

    Les inspecteurs de l’environnement rappellent qu’une étude d’impact a été réalisée dans le cadre d’un dossier d’autorisation d’exploitation de Roxane auprès de la préfecture de l’Orne. Cette étude indique que l’entreprise d’embouteillage doit collecter et traiter ses eaux chargées de #sucre, issues du lavage des cuves de production, dans sa station d’épuration, avant de les rejeter dans la rivière Sarthe. Le Roglain, petit ruisseau, ne peut recevoir que les eaux pluviales et les « #eaux_claires », issues des procédés de #filtration et de #déferrisation de l’eau nécessaires pour la fabrication de sodas.

    Les agents de l’Onema relèvent donc une infraction au #Code_de_l’environnement, mais, rappelant qu’une procédure de révision de l’autorisation d’exploitation de Roxane est en cours, ils décident de ne pas dresser de procès-verbal et produisent un rapport « qui a ainsi valeur de porter à connaissance de la pollution ». Un simple avertissement, donc, sans conséquences. « Le rejet était chronique depuis des années. Il n’y a pas eu de PV parce qu’à l’époque il n’y avait pas cette culture de la procédure judiciaire. On n’avait pas les mêmes prérogatives qu’aujourd’hui avec l’OFB », regrette un agent de l’Office français de la biodiversité, bon connaisseur du dossier, sous le couvert de l’anonymat.

    Mais, en 2017, selon les informations de Mediapart, le groupe Roxane n’échappe pas cette fois au procès-verbal. L’Agence française de la biodiversité (AFB), qui a succédé à l’Onema, constate de nouveaux faits de pollution en eau douce, entre le 29 mai et le 1er juin. Le parquet d’Alençon ouvre une #enquête dans la foulée.

    « Le Roglain n’était plus un ruisseau. Il n’y a pas de poissons morts, parce qu’il n’y en a tout simplement plus… Ce ruisseau est inapte, il n’a pas la possibilité de se reconstruire, alors que ça devrait être un ruisseau à truites », explique à Mediapart un agent de l’OFB. « Ce sont des déchets de matière organique, des boues putrides. Des tubifex, des vers rouges, se sont développés. On peut parler de pollution chronique sans problème », lâche ce policier de l’environnement.

    Malgré l’enquête judiciaire et les promesses de Roxane de moderniser son usine à hauteur de 600 000 euros, les incidents de pollution se répètent dès l’année suivante. En octobre 2018, à la suite d’un énième signalement de dysfonctionnement de la station d’épuration, la préfecture de l’Orne met en demeure la société Roxane et lui laisse un délai de trois mois pour respecter l’arrêté préfectoral d’exploitation et se remettre en conformité.

    Moins d’un an plus tard, en mai 2019, dans un arrêté complémentaire, la préfecture constate « les travaux déjà effectués » mais considère que « les dysfonctionnements liés aux réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales ne sont pas totalement réglés ». Sans suites. Contactées, la préfecture de l’Orne et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) n’ont pas répondu aux questions de Mediapart.

    Un attentisme des autorités qui excède les riverains. Sébastien Boulay habite à quelques dizaines de mètres de l’usine d’embouteillage à La Ferrière-Bochard. Le ruisseau de la Roxane longe son terrain. Lassé des épisodes de pollution répétés, il a témoigné auprès de la gendarmerie d’Alençon, fin 2018. « C’est de pire en pire. Quand on est arrivés ici il y a huit ans, on a curé la partie du ruisseau qui passait sur la propriété sur 50 centimètres de profondeur. Quinze jours après, c’était déjà noir », nous explique-t-il, en fumant une cigarette derrière le portail de sa maison.

    Au fond de son jardin, Sébastien Boulay montre une étendue d’eau, l’air presque dépité. « Dans ma mare, il y avait 3 000 alevins, des petits poissons. Ils sont presque tous morts. Il y avait une quinzaine de carpes, il doit m’en rester une ou deux », lâche le riverain, photos des poissons morts à l’appui.

    Des atteintes à l’environnement qui ne semblent pas être un phénomène isolé chez Roxane. Ainsi, le 11 décembre dernier, le quotidien régional La Montagne révèle que des perquisitions ont été menées sur les sites de #Saint-Yorre et #Châteldon, deux importantes usines du groupe en Auvergne, qui embouteillent des eaux gazeuses.

    Si le parquet de Cusset, contacté par Mediapart, « ne souhaite pas encore communiquer sur cette affaire », le service de gendarmerie mandaté pour l’enquête, à savoir l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), laisse peu de doutes quant à la nature de l’enquête judiciaire.

    Contactée, la société Alma, filiale de Roxane, assure « collaborer pleinement avec les autorités » mais ne veut pas communiquer sur une enquête en cours, « sauf à rassurer les consommateurs, puisque la sécurité sanitaire des produits n’est pas en cause, les produits peuvent être consommés en toute sécurité ».

    De l’autre côté de l’Atlantique, où Roxane embouteille l’eau Crystal Geyser, le groupe a aussi dû faire face à des poursuites judiciaires en Californie pour des épisodes récents de pollution.

    En janvier 2020, sa filiale américaine, #CG_Roxane_LLC, a ainsi plaidé coupable pour non-respect des lois sur l’environnement et a accepté de payer une amende de 5 millions de dollars. En cause : un déversement d’eaux usées contaminées à l’#arsenic dans un étang artificiel pendant quinze ans, comme l’a déclaré le bureau du procureur du district central de #Californie.

    Quelques semaines plus tôt, le 28 novembre 2019, l’Agence américaine de protection de l’environnement avait émis un avis de suspension envers la filiale américaine de Roxane, qui l’empêche de contracter avec le gouvernement des États-Unis.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/230121/la-maison-mere-de-cristaline-accusee-de-pollution-en-normandie

    par @marty, photos : @albertocampiphoto) —> @wereport

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    voir aussi les autres enquêtes sur l’eau de We Report :


    https://www.wereport.fr/waterstories

  • Le gouvernement de Boris Johnson attaqué par les musiciens britanniques sur le Brexit - Diapason
    https://www.diapasonmag.fr/a-la-une/le-gouvernement-de-boris-johnson-attaque-par-les-musiciens-britanniques-


    © Sheku Kanneh-Mason, Nicola Benedetti, Simon Rattle.
    Photos : Decca, Simon Fowler, Warner.

    Plus de cent stars de la pop et de la musique classique ont co-signé une lettre ouverte, accusant l’exécutif d’avoir « honteusement échoué » sur les règles de voyage dans l’Union européenne.

    Plus d’une centaine de musiciens britanniques ont signé dans le Times une lettre ouverte accusant le gouvernement de Boris Johnson d’avoir « honteusement échoué » sur les règles de voyage post-Brexit pour les artistes résidant au Royaume-Uni. Parmi les signataires, on trouve des stars de la pop, tels Elton John, Liam Gallagher ou Sting, mais aussi de nombreux musiciens classiques : le violoncelliste Sheku Kanneh-Mason, la violoniste Nicola Benedetti ou Simon Rattle, très concerné par ces questions.

    Ces personnalités demandent à l’exécutif de « faire d’urgence ce qu’il a promis de faire et de négocier des voyages sans paperasse en Europe pour les artistes britanniques et leur matériel ». Cette demande intervient alors que la ministre de la Culture, Caroline Dinenage, a confirmé hier que les musiciens en tournée dans l’Union européenne « seront tenus de vérifier [...] les règles ministérielles de chaque État membre dans lequel ils souhaitent tourner ». Ces règles peuvent inclure un visa, un permis de travail et des carnets pour les instruments et autres équipements de concert.

    Quand l’UE et le Royaume-Uni se renvoient la balle
    En réponse à la lettre ouverte publiée dans le Times, le gouvernement britannique a déclaré que l’UE avait « rejeté à plusieurs reprises » sa proposition qui aurait permis aux musiciens d’effectuer des tournées sur le continent, ajoutant que la propre offre de l’UE n’aurait pas fonctionné, puisqu’elle « ne traitait pas du tout des permis de travail et n’aurait pas permis au personnel accompagnant de faire des tournées avec des artistes ». Ce que Michel Barnier, le négociateur de l’UE sur le Brexit, avait contesté un peu plus tôt cette semaine, affirmant que les ministres britanniques avaient rejeté une proposition visant à offrir des exemptions de visa aux artistes de la scène.

  • #Gap : Communiqué sur le délibéré du #procès du squat #Chez_Roger
    https://fr.squat.net/2021/01/17/gap-communique-sur-le-delibere-du-proces-du-squat-chez-roger

    Rien de nouveau sous le soleil gapençais. Une nouvelle fois le verdict tombe : une expulsion dans six mois pour « Chez Roger ». Le 5 juillet, on recommence. Une cinquantaine de personnes vont se retrouver à nouveau dans une situation d’extrême précarité, d’instabilité sociale, d’insécurité physique. Une nouvelle fois, on est plongé dans une situation […]

    #Exilé·es #Hautes-Alpes #Roger_Didier

    • Titanic : Frédérique Vidal a parlé, et l’université a coulé.

      Frédérique Vidal a parlé. C’était hier soir lors de la conférence de presse désormais presqu’habituelle et qui rythme nos vies consenties comme une respiration dont on craint à chaque fois qu’elle soit plus oppressante que la précédente.

      Frédérique Vidal a parlé. Depuis le début de la crise en Janvier dernier, depuis le premier confinement de Mars dernier, c’est la première fois, la première fois qu’elle apparait ainsi et qu’avec elle apparaissent un peu les plus de 2,5 millions d’étudiant.e.s qui sont nos avenirs et nos destins communs.

      Pour cette apparition, pour qu’au moins symboliquement la ministre des étudiant.e.s apparaisse enfin et pas uniquement les ministres des transports, de l’économie, de la santé ou des collèges, écoles et lycées, pour que Frédérique Vidal ait l’autorisation d’avancer au pupitre il aura fallu deux tentatives de suicide à Lyon en moins de trois jours et des alertes constantes depuis des semaines sur la #détresse_étudiante émanant de l’ensemble de la communauté universitaire. Alors voilà.

      Frédérique Vidal a parlé. Elle a dit à quel point elle était consciente de la détresse des étudiant.e.s. La preuve ? Elle a doublé le nombre de #psychologues universitaires (en tout cas elle dit qu’elle va le faire). Nous étions avant ce doublement à 1 psy pour 30 000 étudiant.e.s. Nous aurons donc désormais 2 psys pour 30 000 étudiants. Sachant que d’après la dernière étude de Santé Publique France datée du 9 Janvier 2021 (https://www.santepubliquefrance.fr/docs/stress-isolement-avenir-des-etudiants), « un étudiant sur trois a des difficultés à gérer son #stress et un sur dix présente des signes de #dépression de par son #isolement. » Je vous laisse faire la règle de trois et vous réjouir que devant tant de munificence les délais d’attente pour des urgences psy sur les campus soient potentiellement ramenés de plus de 6 mois à plus de 3 mois. La dernière fois que Frédérique Vidal a osé prétendre que cette mesure était exemplaire devant un journaliste (Thomas Sotto sur RTL, réécoutable ici à partir de 3’30 : https://www.rtl.fr/actu/politique/universites-pour-vidal-ce-n-est-absolument-pas-une-annee-blanche-7800954693) et qu’il lui a rappelé ces chiffres qui font des services psychologiques à l’université et plus globalement de la médecine universitaire un service digne d’un pays du tiers-monde, Frédérique Vidal a bafouillé que oui bon ben non mais faut aussi ajouter le « temps de psychologues mis à disposition des étudiants et qui ne sont pas des titulaires » (https://www.rtl.fr/actu/politique/universites-pour-vidal-ce-n-est-absolument-pas-une-annee-blanche-7800954693). Car oui bien sûr hein, ce doublement sera provisoire, les psys recrutés en contrats précaires le temps que cette épidémie passe car c’est bien connu dès que la crise sera passée les symptômes et syndromes dépressifs et compulsifs accumulés depuis deux années (universitaires) s’effaceront comme par enchantement (et je ne vous parle même pas du salaire des psys titulaires qui est à lui seul un invitation à se pendre).

      Frédérique Vidal a parlé. Et après la « bonne » nouvelle du doublement des psychologues sur les campus, elle a annoncé une autre « bonne nouvelle ». Les étudiant.e.s, mais seulement de première année, pourront retourner à l’université à partir du 25 Janvier, pour les TD (travaux dirigés, soit des groupes équivalents à une classe de lycée, une trentaine ou une quarantaine d’étudiant.e.s), mais seulement en demi-groupes (donc pas plus de 15 ou 20 étudiants soit toujours 2 fois moins que dans la plupart des classes préparatoires qui ont toujours cours en présentiel total depuis le début de l’année).

      Alors bon dans l’état où sont les étudiant.e.s de première année c’est bien sûr déjà un horizon et déjà en effet une presque bonne nouvelle. Nous allons leur annoncer avec les précautions d’usage car personne hélas n’est dupe des réserves et restrictions qui ne manqueront pas d’être émises à l’issue des réunions techniques se tenant aujourd’hui au ministère avec la conférence des présidents d’université. D’autant que bien sûr pour la mise en place, on se démerde « à moyens constants » (on a l’habitude ...) vu que rien n’est prévu pour permettre de dédoubler concrètement (bah oui, quand on a la moitié des étudiant.e.s en présentiel, faut aussi proposer un truc à l’autre moitié ...)

      Frédérique Vidal a parlé. Mais il manque un truc non ? Attendez je cherche. Ah ça y est j’ai trouvé. Il manque les étudiant.e.s de 2ème année, et de 3ème année, et puis aussi les étudiant.e.s en master 1 et en master 2. Ah ben oui c’est ballot. Il manque tou.te.s les étudiant.e.s sauf celles et ceux en première année. Tout.te.s ces étudiant.e.s à qui la ministre des gymnases (https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/01/gymnases-brulent-etudiants-defenestrent-bonbons.html) a dit hier soir qu’ils reprendraient « plus tard » et bien sûr « si les conditions sanitaires le permettent ». C’est con quand même.

      C’est con parce qu’ils n’ont toujours pas trouvé le totem d’immunité de #santé_mentale qui les dispense de troubles anxieux, de comportements compulsifs, et d’idées suicidaires.

      C’est très con parce que pour beaucoup de ces étudiant.e.s l’année universitaire sera terminée en Mars (ils partent ensuite en stage), c’est à dire pile au moment où la ministre leur indique qu’il pourraient potentiellement revenir un peu en présentiel (puisqu’il y a entre temps les vacances de février).

      C’est super con parce que beaucoup des promotions de master 1 et de master 2 sont de toute façon des promotions avec (beaucoup) moins de 20 étudiant.e.s et que donc il n’y aurait même pas eu besoin de les accueillir en demi-groupes ...

      Il y avait à la rentrée 2020, 284’800 nouveaux bacheliers inscrits en première année de cursus licence à l’université. 284’000 étudiant.e.s en première année (https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid155524/inscriptions-des-nouveaux-bacheliers-entrant-en-premi). Il y avait à la rentrée 2020, 1’675’100 étudiant.e.s à l’université publique (https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid156061/les-etudiants-inscrits-dans-les-universites-francaise), le reste des 2,5 millions d’étudiant.e.s en France se répartissant entre les écoles privées, les BTS, les classes préparatoires, etc.

      Frédérique Vidal propose donc un horizon à 284’000 étudiant.e.s. Il reste donc 1’390’300 étudiant.e.s à l’université sans horizon ni perspective autre que « bon bah continuez d’attendre et puis on verra bien ». La réalité la voilà.

      Alors bien sûr personne (et surtout pas moi) n’explique qu’il fallait accueillir tout le monde et tout de suite. Personne. Mais il y avait d’autres solutions proportionnées à mettre en place. A l’échelle de la réalité des campus. Je les ai notamment indiquées dans cet article : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid156061/les-etudiants-inscrits-dans-les-universites-francaise

      Et puis merde.

      Tout honte bue, comment une femme qui a tout de même été une (très décriée) présidente d’université (à Nice) peut-elle imaginer un seul instant que proposer un maigre horizon a à peine 15% de la totalité des étudiant.e.s à l’université, comment peut-elle un instant s’imaginer être à la hauteur de la tâche et se regarder dans un miroir ?

      Tout honte bue comment cette femme et les services et directions du ministère peuvent-ils s’imaginer que l’on ne va tenter de sauver que les premières années et que cela suffira ?? D’où sortent-ils l’idée parfaitement stupide et hors-sol que seul.e.s les premières années seraient en souffrance à l’université et en attente d’une bouée de sauvetage ? Bien sûr que la violence et l’injustice de la situation est éreintante pour les premières années qui ont déjà vécu une année de terminale chaotique. Mais nos 2èmes années ?? Et les licence pro (3èmes années) dont beaucoup débarquent pour un an dans un nouveau campus, sans repères et sans ami.e.s ? Et les master ? Faut-il leur rappeler que l’étudiant qui s’est défenestré à Lyon samedi dernier était étudiant en Master ?

      On utilise souvent l’image du Titanic et de l’orchestre qui continue de jouer pour dépeindre les systèmes régaliens qui s’effondrent. L’université publique est aujourd’hui un Titanic. Depuis le mois de Mars dernier nous avons trouvé notre iceberg comme tant d’autres secteurs et services. En capitaine du Titanic universitaire Frédérique Vidal a choisi, mais elle n’a pas choisi de tenter de sauver « les femmes et les enfants d’abord », seulement « les femmes de moins de 35 ans et les enfants de moins de 5 ans ». Les autres, prenez une grande inspiration.

      Bonus Tracks.

      Je suis un peu monomaniaque en ce moment. C’est certainement ma manière à moi de continuer à pouvoir regarder en face mes étudiant.e.s, en visio ou en présentiel. Mais je ne désespère pas de pouvoir vous reparler d’autres choses, comme l’anniversaire (20 ans) de Wikipédia. En attendant, j’étais l’invité hier de la Midinale de Regards.fr pour évoquer la situation que vivent les étudiant.e.s. A regarder et écouter par ici : « Il faut rouvrir les facs, sinon il faudra désobéir (http://www.regards.fr/la-midinale/article/olivier-ertzscheid-il-faut-rouvrir-les-facs-sinon-il-faudra-desobeir). »

      Et l’émission n’étant pas disponible en replay, j’ai mis en ligne l’une des toutes premières interventions que j’avais faite sur le sujet, avant mon cours de rue, dans l’émission de Christophe Beaugrand sur LCI, a regarder et écouter par ici : https://www.youtube.com/watch?v=iZ_gtDDpmnI

      https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/01/titanic-universite.html

      #Frédéric_Vidal #Vidal #université #France #confinement

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      ajouté à ce fil de discussion :
      Sommes-nous encore une communauté ?
      https://seenthis.net/messages/894951

    • La ministre n’a rien dit pour les morts dans l’université et la recherche. Pas un mot. Ils sont en dessous de tout. Ils n’ont plus le minimum d’humanité que l’on attend de responsables politiques. Ils ont perdu l’intelligence et la décence, ils ont perdu la compétence et ils ne sont plus que des technocrates, des stratèges qui ne pensent qu’à leur survie politique. Ce sont des communicants, sans éthique. La politique sans l’éthique, c’est ça le macronisme.

      Aujourd’hui, les universitaires ont à l’esprit deux choses. D’une part la mise en pièces du statut des enseignants-chercheurs avec la LPR qui conduit à la destruction du Conseil national des universités : nous avons appris cette semaine que la fin de la qualification pour devenir professeur des universités étaient effective pour les maîtres de conférences titulaires, là immédiatement, sans décret d’application. Des centaines de collègues ont envoyé leur demande de qualification au CNU. Ce pouvoir bafoue tous nos droits, il bafoue le droit en permanence. D’autre part, bien sûr, les conditions calamiteuses et l’impréparation de cette rentrée. Aujourd’hui, on ne sait pas si l’on va pouvoir rentrer la semaine prochaine. On ne sait rien ! Rien n’a été préparé et je pense que c’est volontaire. Cette impréparation est politique, elle est volontaire et criminelle. Je pèse mes mots et j’assume. C’est criminel aujourd’hui de ne pas préparer une rentrée quand des milliers d’étudiants et d’enseignants sont dans la plus grande souffrance qui soit !