• ROJAVA. Les Kurdes reconnaissent le nouveau régime syrien

    SYRIE / ROJAVA – Le nouveau drapeau syrien a été hissé sur les institutions officielles du nord et de l’est de la Syrie, sur décision de l’Administration autonome du Rojava (AANES). Espérons que cela suffira à mettre les Kurdes à l’abri du génocide mené dans le Nord de la Syrie par la Turquie colonialiste.

    L’Administration autonome a affirmé que la région du Nord et de l’Est de la Syrie fait partie intégrante de la géographie syrienne. Les habitants de ces régions étant des composantes autochtones de la Syrie, le Conseil populaire démocratique a décidé de hisser le drapeau syrien sur tous les conseils, institutions, administrations et installations affiliés à l’Administration autonome dans tous les districts de la région.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/12/12/construire-une-nouvelle-syrie-ou-regnent-la-liberte-la-democratie-et-la-justice-et-autres-textes/#comment-63868

    #international #syrie #rojava

  • ### Il pleut des bombes sur le Rojava

    SYRIE / ROJAVA – Les forces turco jihadistes soumettent les régions syriennes sous contrôle des forces kurdes à une pluie de bombardements aériens et d’artilleries, tuant des civils et détruisant des sites civils, industriels ou militaires.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/12/12/construire-une-nouvelle-syrie-ou-regnent-la-liberte-la-democratie-et-la-justice-et-autres-textes/#comment-63867

    #international #syrie #rojava

  • #Siria. La vittoria Jihadista, la questione dei profughi, l’assedio a Mambij
    https://radioblackout.org/2024/12/siria-la-vittoria-jihadista-la-questione-dei-profughi-lassedio-a-mamb

    In meno di 10 giorni il regime della dinastia Assad si è sciolto come la neve al sole. Le truppe governative si sono ritirate quasi senza combattere di fronte all’avanzata jihadista dell’HTS. A Damasco il dittatore ha negoziato le resa in cambio della possibilità di raggiungere la propria famiglia, scappata a Mosca da novembre. Le […]

    #L'informazione_di_Blackout #caduuta_di_assad #colonialismo_turco #guerra_mondiale_per_procura #Iran #Israele #libano #rojava #russia #vittoria_ihadista

  • La guerre civile syrienne reprend : Perspectives sur le conflit depuis l’ouest et le nord-est de la Syrie - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/La-guerre-civile-syrienne-reprend-26959

    Suite à la chute de Bachar-el-assad nous vous partageons la traduction de la compilation d’article proposé par CrimthInc. avec en supplément la dernière déclaration du groupe anarchiste present au #rojava « Têkoşîna Anarşîst ».

    https://fr.crimethinc.com/2024/12/02/the-syrian-civil-war-resumes-perspectives-on-the-conflict-from-wester
    #Syrie

  • Le soulagement, au moins, c’est que le régime syrien est tombé, cette fois, sans bain de sang.

    Il y a mille interrogations, mille sujets d’inquiétude pour la suite (et pour ma part, la certitude que la période qui s’ouvre est infiniment dangereuse pour le Liban), mais au moins cet aspect-là est un soulagement.

  • Appel à manifester : Solidarité avec le Rojava
    Samedi 7 décembre 2024 – 14 h
    Place de la République

    Ce samedi, les Kurdes de France et leurs soutiens manifesteront massivement dans les rues, notamment à Paris, pour dénoncer les crimes commis par l’État turc et ses alliés djihadistes contre les populations kurdes de Syrie.

    Depuis plusieurs jours, une nouvelle vague d’agressions meurtrières a plongé des centaines de milliers de Kurdes dans la détresse. L’opération d’invasion lancée par l’État turc et les groupes djihadistes à Alep, a ouvert la voie à un nouvel exode massif. Les villages et quartiers kurdes dans la région sont vidés de leurs habitants sous la menace des armes. Des routes bloquées, des enlèvements, des meurtres et des déplacements forcés marquent le quotidien des civils.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/12/05/les-facteurs-externes-et-internes-expliquant-les-recents-developpements-en-syrie-et-autres-textes/#comment-63480

    #international #rojava #kurdistan #syrie

  • #Rojava. Bâtir une #utopie en plein chaos (octobre 2021)
    (pour archivage)

    l y a trois ans, j’ai rédigé un reportage à mon retour du Nord-Est de la Syrie pour le numéro d’octobre 2021 de Philosophie Magazine. Il est désormais en accès libre, je me permets donc de le reproduire ici.

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    Aujourd’hui même, dans la région autonome du Rojava, au nord-est de la #Syrie, des rebelles kurdes tentent de mettre en pratique les principes du « confédéralisme démocratique » inspiré par le philosophe américain #Murray_Bookchin et de vivre selon des principes à la fois féministes, écologiques et libertaires. Un pari aussi courageux qu’improbable raconté par Corinne Morel Darleux, qui s’est rendue sur place.

    Il est 19h sur la « Colline de la chouette », près de la ville de #Dirbesiyê, dans le nord de la Syrie. Nous sommes arrivées il y a peu au village de #femmes de #Jinwar. Après le traditionnel thé, le chai kurde, les hommes qui nous accompagnaient sont repartis : la nuit, le village n’est peuplé que de femmes. Une fois nos affaires posées dans la maison des invitées, nous sommes embarquées avec force gestes amicaux par trois villageoises pour une mystérieuse cueillette. Après quelques kilomètres d’une route désertique et cahoteuse, traversée seulement par quelques pâtres et leurs troupeaux, nous nous arrêtons dans un paysage ondulé, teinté d’ocre et parsemé de quelques touffes vertes. Après une dizaine de minutes, la Jeep qui nous suivait s’arrête à son tour sur le bord de la route. Trois fillettes en jaillissent, suivies de quatre garçons et de sept femmes dont on peine à imaginer comment toutes ont pu tenir dans le véhicule. Grands sourires, queues-de-cheval et sandales roses, les gamines courent en tête, font le V de la victoire et se chahutent en grimpant sur la colline.

    Le village de Jinwar a été créé en 2017. Il est un symbole de la révolution des femmes en cours dans les territoires autonomes du nord-est de la Syrie. La bourgade comprend une vingtaine de foyers et autant d’enfants, âgés de 4 à 19 ans. Zozan, qui nous le présente à notre arrivée, le décrit comme « un sas et un lieu de construction et de projection, de formation et d’apprentissage ». On y accueille des femmes, veuves de guerre, mariées de force, répudiées, divorcées ou simplement célibataires qui ont choisi de ne pas se marier. Malgré les avancées considérables en cours concernant l’émancipation des femmes, les logiques patriarcales restent vivaces et la pression sociale forte. Vivre « seule » – comprendre : sans homme – demeure un choix inhabituel, encore difficilement accepté. Ce qui n’empêche pas Zozan de glisser : « Quand l’homme les menace d’un “Tu vas aller où sinon ?”, maintenant, elles peuvent répliquer : “Au village de femmes !” »

    « Mon mari a été tué par une mine en 2015 à Kobane, et la famille a voulu me forcer à me remarier. » Berivan fait partie de ces femmes venues vivre au village. Suite à son refus de prendre un nouvel époux, elle a été calomniée, accusée de se prostituer et finalement contrainte de s’en aller. Elle a trouvé refuge à Jinwar où toutes les femmes, quelles que soient leurs raisons et leur passé, qu’elles soient kurdes, arabes, assyriennes, yézidies, musulmanes ou bien volontaires internationalistes, sont accueillies dans une logique d’émancipation et d’autonomisation. « Le problème le plus important est celui du nationalisme et des antagonismes créés dans la société entre les Kurdes et les Arabes du fait du régime syrien. Ici, on a réussi à dépasser ce problème et ces distinctions. » Zozan ajoute : « Une jeune femme de 16 ans est arrivée ici, elle ne savait pas parler, sa mère était sourde et muette. Maintenant, elle a appris à parler, à lire et à écrire. C’est un lieu d’“empowerment” pour les femmes. »

    « Seules les montagnes sont nos amies »

    Le soleil est bas sur l’horizon, les températures se font plus supportables en cette caniculaire fin de mois de mai. Sur la colline, les mains se tendent vers les touffes vertes éparses et en détachent de petites boules sèches qui sonnent comme des grelots. Les garçons sont préposés à la collecte dans de gros sacs de récupération. Le mystère de la cueillette s’est éclairci : nous récoltons le Peganum harmala, une plante vivace connue depuis des milliers d’années en Mésopotamie pour ses vertus médicinales. Les femmes de Jinwar en récoltent également les graines, qui servent à agrémenter les pièces d’artisanat faites au village, des assemblages de tissu, de fils de couleurs vives, de petits miroirs et de perles que l’on suspend aux murs des maisons. En plus de représenter la protection et le féminin, la rue sauvage, son nom courant, est réputée pour prémunir du mauvais œil. Or le mauvais œil, chez les Kurdes, on le connaît hélas ! depuis longtemps.

    Le village de Jinwar, créé en 2017, est un symbole de la révolution des femmes. Il comprend une vingtaine de foyers, une école et un centre de santé. © Corinne Morel Darleux

    Le traité de Sèvres, signé en 1920 à l’issue de la Première Guerre mondiale, instituait une province autonome kurde à l’est de la Turquie. Il ne fut jamais appliqué. Les populations kurdes restèrent éparpillées en Syrie, en Irak, en Iran et en Turquie. Dans ces quatre pays, elles ont été opprimées, leurs droits bafoués, l’expression et l’enseignement en langue kurde interdits. Une phrase circule depuis les années 1930 – la Syrie était alors sous mandat français : « Le Moyen-Orient ? Tout le monde tape sur tout le monde et, à la fin, tout le monde se réconcilie pour taper sur les Kurdes. » De cette histoire mouvementée, faite de répression et de résistance dans des maquis montagneux, provient sans doute le proverbe kurde qui déclare tristement : « Seules les montagnes sont nos amies. » Malheureusement, l’ironie du sort veut que le Rojava (l’« ouest » en kurde), territoire autonome du nord-est de la Syrie soit, au contraire des autres zones kurdes, une longue plaine sans relief. C’est pourtant là que se mène depuis 2013 la première expérimentation concrète de ce que le leader kurde Abdullah Öcalan a théorisé sous le nom de « confédéralisme démocratique du Kurdistan ».

    La double mue du PKK

    Le Parti des travailleurs kurdes (PKK) d’Abdullah Öcalan a d’abord été un parti marxiste-léniniste appelant à l’indépendance kurde et à la lutte armée, avant de subir une double influence qui s’avérera déterminante : celle du mouvement de libération des femmes porté par Sakine Cansız et celle de l’écologie sociale de l’essayiste américain Murray Bookchin (1921-2006). C’est ainsi que la Déclaration du confédéralisme démocratique signée d’Abdullah Öcalan en 2005 place l’écologie et le féminisme au fronton de son projet en le définissant comme un « modèle démocratique reposant sur l’écologie et la libération de la femme, et luttant contre toutes les formes d’obscurantisme ». Enfonçant le clou, Öcalan insiste : « La doctrine confédérale vise à mettre en place une société écologique et à combattre la discrimination sexuelle sur tous les fronts. »

    Sakine Cansız, assassinée à Paris en 2013, a cofondé le PKK avec Abdullah Öcalan en 1978. Au début des années 1990, elle organise en son sein un mouvement de femmes qui va lancer un vaste débat idéologique sur les structures patriarcales et bousculer le parti. Son armée de femmes installe son quartier général dans les montagnes du Qandil, au Kurdistan irakien. Là, elles s’entraînent et se forment, étudient le féminisme, l’anarchisme et le communalisme, se questionnent sur la démocratie, lisent Rosa Luxemburg et Emma Goldman, tout en bataillant contre l’armée turque qui les attaque régulièrement. Leur mouvement aura un impact considérable sur le tournant idéologique du début des années 2000 qui voit le PKK se réorienter vers la révolution des femmes, l’autonomie territoriale et le confédéralisme démocratique.

    Hîvidar, qui habite depuis quelques années à Jinwar, est l’héritière de cette histoire. Elle nous confie qu’à 45 ans, elle ne s’est jamais mariée. Ou plutôt, comme nous le souffle sa voisine en souriant, elle s’est « mariée avec la Révolution ». Originaire du Bashur, le Kurdistan irakien, elle est allée « partout, des “montagnes” [du Qandil] à la province de Batman en Turquie ». Au village de femmes, désormais, cette passionnée d’herbes médicinales travaille au centre de santé et teste le pouvoir anti-oxydant de la menthe, les mérites comparés de la sauge et du basilic noir, ainsi que des crèmes et des onguents pour les brûlures.

    Bookchin à l’épreuve du réel

    Quand le changement de doctrine du PKK est entériné, en 2005, Abdullah Öcalan est emprisonné en Turquie depuis six ans, après avoir été capturé au Kenya en 1999 par les services secrets américains et israéliens, puis jugé et condamné en Turquie pour avoir fondé et dirigé une organisation considérée comme terroriste. Le PKK est de fait encore classé comme une organisation terroriste par l’Union européenne, même si la menace con­stituée par l’organisation État islamique a changé la donne. Les Occidentaux se sont en effet alliés au mouvement kurde, en première ligne pour combattre le terrorisme djihadiste. Il reste que, durant son incarcération, Abdullah Öcalan n’est pas inactif. L’histoire veut qu’il corresponde avec Murray Bookchin, fondateur de l’écologie sociale aux États-Unis qui, déjà, fustige le « capitalisme vert », souligne l’apparition de « questions transclassistes totalement nouvelles qui concernent l’environnement, la croissance, les transports, la déglingue culturelle et la qualité de la vie urbaine en général » et alerte sur « la possibilité d’un effondrement écologique de la planète ». Après avoir activement fréquenté les milieux communistes, marxistes, trotskistes, puis anarchistes, Bookchin, nourri d’expériences du réel et de déceptions amères, a aiguisé son analyse, et sa trajectoire politique n’est pas sans évoquer celle amorcée par le PKK. En 1995, dans son ouvrage From Urbanization to Cities (« De l’urbanisation aux cités », Cassall ; non traduit), il expose son idée de « démocratie communale directe qui s’étendra graduellement sous des formes confédérales », destinée à faire advenir l’écologie sociale, et la nomme « municipalisme libertaire » (ou « communalisme »).

    Bookchin y prône aussi la mise en place d’« assemblées citoyennes directes en face à face » qui s’appuient sur une unité de base démocratique, la commune, instance autogouvernée qui réunit les habitant-es à l’échelle d’un quartier ou d’un village. Ces communes seront à leur tour fédérées en congrès de délégué-es pour ce qui ne peut être traité au niveau communal. On retrouve ces principes dans la Déclaration du confédéralisme démocratique d’Abdullah Öcalan, dix ans plus tard : « La volonté de la base sera prépondérante, et le pouvoir sera avant tout celui des assemblées municipales, de village et de quartier. » À la municipalité de Derik, le co-maire Serwan Xelîl nous expose cette organisation : « Le système que nous avons développé ici est communal, c’est-à-dire qu’il fonctionne du niveau le plus bas, celui des communes de quartier, au plus haut. Toutes les communautés peuvent y prendre part. Dans le district de Derik, il existe cent quatre communes qui élisent une assemblée du peuple composée de quarante-deux personnes. Parmi elles, onze personnes sont envoyées à la mairie à travers le “comité municipalité”. Il existe aussi d’autres comités : économie, défense, femmes, jeunes, santé, éducation, réconciliation et assistanat social. Les communes sont consultées en permanence, ce sont d’elles qu’émanent les propositions votées ensuite par l’assemblée des peuples et dont l’exécution est confiée aux municipalités. » Bookchin défend aussi le mandat impératif – qui limite l’autorité de la personne qui le porte, soumise à délibération populaire en amont des votes – et la révocabilité des élu-es. Des principes à l’œuvre dans l’auto-administration du Nord-Est syrien (Aanes), comme l’explique Serwan Xelîl : « Les co-maires sont élus pour deux ans par l’assemblée des peuples, et leur mandat n’est renouvelable qu’une fois. »

    « Vider l’État »

    Murray Bookchin développe surtout une stratégie reposant sur « un pouvoir parallèle », qui dispose, précise-t-il, d’« un pouvoir populaire suffisamment étendu pour être capable finalement de renverser l’État et de le remplacer par une société communiste libertaire » (entretien avec Janet Biehl, Le Municipalisme libertaire ; trad. fr. éditions Écosociété, 2014). Il apporte ainsi sa propre réponse à l’éternelle question de la conquête du pouvoir : Murray Bookchin ne l’envisage ni par la prise de pouvoir institutionnel, ni par le « grand soir » révolutionnaire – la confrontation directe est, selon lui, vouée à l’échec au vu des rapports de force et de la capacité de répression de l’État. Il propose plutôt une troisième voie : l’extension du communalisme à côté des institutions de l’État, dans le but de progressivement siphonner celui-ci et in fine de le dépouiller de ses prérogatives abusives sur nos existences. Le rapport historique des Kurdes à la notion même d’État, que ce soient ceux qui ont trahi le traité de Sèvres, ceux qui leur ont dénié le droit d’être kurdes ou celui qu’ils n’ont jamais obtenu, va sans doute faciliter leur adoption de cette théorie. À Derik, on fustige ainsi « les forces impérialistes et des États » qui attaquent le Nord-Est syrien : « La Turquie, la Syrie de Bachar el-Assad, Daech essaient de détruire notre projet. »

    Au-delà de l’inspiration apportée par Murray Bookchin, l’élaboration du confédéralisme démocratique kurde se nourrit également, comme l’explique Abdullah Öcalan, du mouvement des zapatistes au Mexique, de l’expérience politique de la Commune de Paris, des trois décennies vécues par les « militants du PKK des montagnes et des prisons et [de] l’expérience démocratique que notre peuple a acquise pendant cette période ». Enfin, son adoption bénéficie d’une histoire kurde fortement empreinte d’une organisation sociale en villages et des « profondeurs historiques et des richesses culturelles de la Mésopotamie. Du système clanique aux confédérations de tribus, ce système repose sur une réalité communale de la société qui a toujours refusé de laisser se mettre en place un système étatique centralisé ». Serwan Xelîl, à Derik, tient d’ailleurs à le rappeler : « Notre histoire remonte à plus de douze mille ans, nous sommes l’une des civilisations de la Mésopotamie, et les projets pacifiques font partie de l’héritage de notre peuple. Ce que nous vivons ici est aussi le résultat de cette histoire civilisationnelle. »

    Le confédéralisme démocratique devient donc la nouvelle ligne politique du PKK en 2005 – une « philosophie de vie » basée sur « une société qui se gouverne elle-même dans le cadre écologique et communal garantissant la liberté pour chacune des composantes sociales, ethniques, économiques, culturelles ou religieuses ». Il va d’abord se développer au Kurdistan turc dès 2007. Des assemblées démocratiques y sont créées dans les provinces où le mouvement est fort – comme à Diyarbakir, Batman et Van. Mais la répression turque s’acharne à entraver ce mouvement, et c’est finalement au Kurdi­stan syrien, soit au Rojava qui s’étend de Derik à Afrin, que le confédéralisme démocratique va véritablement pouvoir se déployer à partir de 2012. Le mouvement des femmes y est actif depuis 2005 et déjà bien implanté. Les troupes de Bachar el-Assad sont appelées sur d’autres fronts, ceux de la révolution syrienne, et se retirent de la région. Le parti kurde syrien inspiré du PKK, le PYD, peut enfin remplir le vide laissé par le régime. Le territoire se déclare de facto autonome et édite au mois de janvier 2014 son Contrat social des cantons autonomes du Rojava. Celui-ci décline quatre grands piliers : la démocratie, le socialisme, le féminisme et l’écologie. Le texte, à vocation constitutionnelle, affirme des positions détonantes dans une Syrie figée depuis des décennies sous le joug du pouvoir baasiste. Si la souveraineté populaire et l’égalité femmes-hommes font partie du socle le plus visible du confédéralisme démocratique, on y trouve aussi le « principe de la séparation de la religion et de l’État » (article 92a), la reconnaissance de la « richesse publique de la société » que forment les « ressources naturelles situées au-dessus et en dessous du sol » (article 39) ou encore « le droit à vivre dans un environnement sain, basé sur l’équilibre écologique » (article 23b).

    « Résister avec des idées »

    Mais six mois plus tard, à l’été 2014, ce nouvel élan est menacé par un péril majeur. L’État islamique, aussi appelé Daech, proclame l’instauration de son califat en Irak et en Syrie. Pour le défaire, le Rojava constitue les Forces démocratiques syriennes (FDS), composées de combattantes et de combattants, arabes et kurdes. Les longues années qui suivent sont essentiellement consacrées à cet objectif, couronné par les libérations successives de Kobane en 2015 et de Raqqa en 2017, mais au prix de pertes humaines et de destructions terrifiantes. S’il est freiné par la guerre dans sa réalisation pleine et entière, le projet de confédéralisme démocratique n’est pas mis à l’arrêt. Malgré la mobilisation que requièrent les combats, la construction démocratique se poursuit, la parité progresse, de nouveaux droits sont édictés. La bataille culturelle se poursuit, fidèle là encore aux préceptes de Murray Bookchin qui enjoint de « résister avec des idées, même lorsque les événements inhibent temporairement la capacité à agir ». Les Kurdes sont habitués à avancer dans l’adversité. Leur projet ne sera pas stoppé par l’invasion turque d’Afrin en 2018, ni par les nouvelles attaques de la Turquie à l’automne 2019 sur Serê Kaniyê et Girê Spî. Ralenti, entravé, certes. Mais ni mort ni abandonné.

    Paradoxalement même, l’expérience démocratique s’étend : le territoire couvert par l’auto-administration s’est agrandi au fur et à mesure des victoires contre Daech jusqu’à Raqqa et Deir ez-Zor. L’Aanes regroupe désormais environ 4 millions de personnes, sur une superficie de 50 000 km² – plus grande que la Belgique – peuplée de Kurdes, d’Arabes, d’Assyriens et de Turkmènes, de musulmans, d’alévis, de yézidis et de chrétiens, parlant kurde (le kurmanji), arabe ou syriaque. Autant de cultures, d’ethnies, de religions et de langues qui se côtoient et semblent bien décidées à vivre ensemble en paix, conformément à l’article 23a du Contrat social qui stipule que « toute personne a le droit d’exprimer son identité ethnique, culturelle, linguistique, ainsi que les droits dus à l’égalité des sexes ». Ce pluralisme, bien sûr, ne va pas sans heurts. Le féminisme affirmé du Rojava est plus difficilement accepté à Deir ez-Zor ou à Raqqa, où les avancées majeures sur les droits des femmes ne sont encore que peu appliquées. Mais l’ancienne « capitale » de l’État islamique a aujourd’hui pour co-maire une jeune femme kurde, Leila Mustapha, et c’est déjà en soi époustouflant. Les manuels scolaires sont édités en trois langues – kurde, arabe et syriaque –, un symbole fort quand, pendant des années, parler kurde risquait de vous envoyer en prison. Nulle part on ne voit de « kurdisation » forcée de la société ni de retour de balancier, comme on peut l’observer ailleurs ou à d’autres époques, de la part de peuples opprimés qui, une fois arrivés au pouvoir, reproduisent les processus de domination dont ils ont été les victimes.

    Non seulement le territoire s’est agrandi, mais il s’est aussi peuplé. À Hassake, à Raqqa ou à Kobane, les déplacés affluent des zones administrées par le régime d’Assad, de celles occupées par la Turquie et des lignes de front. Comme l’explique Leila Mustapha : « Beaucoup de personnes viennent à Raqqa, car c’est le seul espace relativement sécurisé. Cette ville est maintenant devenue le centre de la Syrie, tout le monde la considère comme sa maison, une maison qui accueille tous les Syriens. Des habitants des régions du régime et des zones occupées par la Turquie se dirigent vers Raqqa. Ils trouvent ici la paix et la possibilité de vivre ensemble. Nous avons construit un modèle qui accueille tout le monde, dans le principe de la fraternité des peuples. » Cet accroissement démographique – dans un contexte de lente et difficile reconstruction de la ville, laissée détruite à plus de 80 % suite aux bombardements de la coalition, où des mines abandonnées continuent d’exploser et qui se trouve toujours sous la menace de cellules dormantes de Daech, sans aide internationale – n’est pourtant pas sans poser problème. D’autant que s’y ajoutent l’extrême pénurie qui frappe le Nord-Est syrien, toujours soumis à embargo, et la guerre de l’eau que lui livre la Turquie en amont de l’Euphrate. Lors de nos rencontres à la mairie de Kobane, une rumeur monte soudain de la rue. Sous les fenêtres, des femmes en colère invectivent la municipalité. Elles n’ont pas d’électricité et veulent de l’eau pour leurs enfants. Rewshen Abdi, co-maire de la ville, nous con­fie les comprendre : « Chaque jour, entre trente et quarante personnes viennent à la municipalité pour se plaindre, mais on ne peut rien faire : la ville est endettée, et on n’a pas les moyens de réparer les canalisations. » De l’autre côté de la rue, un grand portrait de Bachar el-Assad semble narguer la municipalité. À la faveur du dernier cessez-le-feu avec la Turquie – négocié par la Russie –, le régime a ouvert une antenne ici. Des bureaux symboliques, sans aucun pouvoir, mais bien présents. Et, face aux files d’attente interminables qui se forment devant les stations d’essence ou pour obtenir du pain – paradoxe cruel dans un territoire qui subsiste essentiellement de l’exportation de pétrole et de blé –, l’application du contrat social apparaît parfois comme une gageure.

    Des sacs de graines de rue sauvage

    Malgré cette somme ahurissante d’obstacles, quand nous rentrons à Jinwar ce soir-là, chargées de sacs de graines de rue sauvage, le village nous réconforte. Qu’il s’agisse de la démocratie communale, de l’émancipation des femmes, de l’écologie ou de la coexistence pacifique, il offre un con­densé saisissant de ce à quoi le confédéralisme démocratique peut ressembler. Où que le regard se pose, on navigue entre le soin, l’éducation et l’autogestion. Le toit sur lequel nous passerons la nuit, pour bénéficier d’un peu de fraîcheur, est celui de l’akademi où se réunit l’assemblée de village, qui prend les décisions collectivement et répartit les tâches tournantes tous les mois. « Les enfants aussi ont une réunion mensuelle ! Ils peuvent y discuter des problèmes, critiquer le système de fonctionnement du village entre eux si nécessaire et créer une force collective pour résoudre ces problèmes », tient à nous préciser Zozan. Depuis le toit, on aperçoit les murs colorés des classes que fréquentent aussi les enfants des villages voisins et l’école de musique. Fatma, la porte-parole de l’assemblée des femmes, m’a présenté la veille une gamine espiègle accrochée à nos pas : « Voilà Slava, elle a 4 ans, c’est la fille d’un martyr d’Afrin. Plus tard, elle souhaite apprendre le violon à l’école de musique ! » Fatma m’explique ensuite : « Nous voulons que nos enfants vivent en liberté, grandissent sur les principes qui ont fondé ce village, puis qu’ils emportent cette idée émancipatrice avec eux et la diffusent dans le monde. » Gulistan, ancienne couturière originaire de la ville d’Amude, approuve ses propos : même si sa vie d’avant lui manque, dit-elle, ses cinq filles, âgées de 7 à 14 ans, « auront ici un meilleur futur : elles vont à l’école et apprennent l’anglais ». Elle a dû fuir son mari, avec lequel les con­flits se sont multipliés : il avait déjà deux femmes et neuf enfants. Gulistan a demandé le divorce. Son mari a refusé et porté plainte contre elle. Il a tenté de venir la chercher de force à Jinwar. L’une de ses filles m’a confié qu’elle voulait changer son prénom en Ali, parce qu’« il faut être un homme pour pouvoir aider [sa] mère ».

    Comme à Dirbesiyê, des dizaines d’hectares de terres confisquées à Daech ont été confiées à des « compagnies de développement de l’agriculture », financées par l’auto-administration. © Corinne Morel Darleux

    Plus bas, le potager, cultivé sans pesticides ni engrais, comporte des rangées d’herbes médicinales qui seront directement utilisées dans le centre de santé récemment créé à Jinwar. Parmi les maisons en terre, se faufilant entre les tournesols, on peut également apercevoir un magnifique paon qui circule librement dans le village. L’oiseau sacré des yézidis est réputé pour ne suivre que la lumière et le soleil, jamais les ordres. Il est devenu le symbole des femmes yézidies asservies par Daech dans les montagnes de Sinjar après les massacres de 2014.

    Une révolution de femmes

    Si Jinwar est à ce jour un modèle unique de village de femmes, les symptômes visibles de cette révolution des femmes ne manquent pas. Ils forment probablement l’aspect le plus marquant du confédéralisme démocratique, dans un territoire longtemps dominé par la culture patriarcale, puis par l’oppression barbare de Daech. La polygamie et les mariages précoces y ont été interdits. Partout ont fleuri des mala-jin, les maisons des femmes qui servent à des médiations et à de la justice de proximité. Des coopératives, comme le suka-jin auquel nous nous rendons à Qamislo, permettent aux femmes de sortir de chez elles et de gagner en autonomie. Que ce soit dans le domaine militaire pendant la guerre, avec les unités d’autodéfense féminines (YPJ), ou dans le domaine civil et politique, la parité est instaurée à chaque niveau de responsabilité. Au sein de l’auto-administration, à l’université, dans les coopératives ou dans les municipalités, les femmes ne se contentent pas de se faire une place dans la société, elles la révolutionnent.

    À l’instar de Murray Bookchin quand il souligne que « l’obligation faite à l’humain de dominer la nature découle directement de la domination de l’humain sur l’humain », le confédéralisme démocratique fait le lien entre toutes les formes de domination : celles que le patriarcat exerce sur les femmes, celles que le capitalisme exerce sur les travailleurs et travailleuses, comme celles que l’être humain exerce sur le vivant et les écosystèmes. Aussi, pour le confédéralisme démocratique, la transformation profonde de la société passe nécessairement par l’écologie. Une écologie systémique, comme en témoigne cette jeune femme du mouvement de libération dans le documentaire de Mylène Sauloy, Kurdistan, la guerre des filles (2016) : « L’écologie, ce ne sont pas seulement les arbres, c’est aussi l’égalité dans la société. » Le programme est clair : « Nous voulons une société écologique démocratique », tout comme Murray Bookchin qui aspire à « une société écologique qui cherche à établir une relation équilibrée avec le monde naturel et qui veut se libérer de la hiérarchie sociale, de la domination de classe et sexiste et de l’homogénéisation culturelle ». Sur ce volet de l’écologie, il reste néanmoins fort à faire au Nord-Est syrien, qui hérite d’une gestion calamiteuse du régime dans tous les domaines : canalisations défectueuses, eau polluée, déchetteries à ciel ouvert, dépendance alimentaire… Le Nord-Est de la Syrie a longtemps été considéré comme tout juste bon à produire des céréales. Damas n’y a jamais investi dans les services publics locaux, les infrastructures, ni dans l’éducation. La plupart des réseaux datent encore du mandat français. Il a donc fallu créer les premières universités du Rojava. Et il reste à convertir la monoculture du blé en une variété de cultures vivrières.

    Reconquérir la terre et les âmes

    Dicle, une jeune femme de 25 ans à l’énergie étourdissante que nous avons rencontrée la veille, vient nous chercher au petit matin à Jinwar pour nous emmener près de Dirbesiyê. Elle veut absolument nous montrer son projet. Après avoir roulé à tombeau ouvert sur des routes défoncées en écoutant des reprises en kurde de Bella Ciao, nous arrivons devant un vaste champ d’oignons et de pommes de terre. Toute fière de nous montrer l’astucieux système d’irrigation, les pompes et le bassin d’eau destiné à accueillir des poissons pour enrichir l’eau de leurs déjections, Dicle explique que des dizaines d’hectares de terres confisquées à Daech ont été confiées à des « compagnies de développement de l’agriculture », financées par l’auto-administration pour développer l’autonomie alimentaire. « J’ai une licence d’économie, me dit-elle, mais le régime ne nous laissait pas faire ce genre de choses. Moi, je serais partie en Europe s’il n’y avait pas eu la révolution. Même à l’école, on n’avait pas le droit d’être kurde, il fallait parler arabe. » Dicle fait mine de se trancher la gorge en riant, puis reprend, de nouveau sérieuse : « Ici, on vend une partie de notre production, on en donne une partie gratuitement et on garde de quoi replanter. Il y a d’autres champs, je vais vous y emmener, on a planté des concombres, des tomates, des aubergines, des pastèques, de l’ail et des haricots. On cultive aussi des fleurs et des rosiers dans le village à côté, à Dirbersiyê. Mais on manque de tout avec l’embargo. Même les tubercules, on est obligé de les faire venir illégalement, et ça nous revient très cher. »

    Avant, nous détaille Dicle, « beaucoup de femmes étaient employées par de grands propriétaires terriens, ils faisaient la tournée avec des camions pour les embaucher. Elles étaient mal traitées, elles subissaient beaucoup de violences. Ce qu’on fait ici, c’est aussi pour libérer ces femmes de l’emprise des contremaîtres ». Ce témoignage nous sera confirmé régulièrement dans les coopératives de femmes qui se montent sur l’ensemble du territoire pour leur fournir une autonomie financière, tout en développant l’activité paysanne. Avec une bonne dose de fierté retrouvée, comme à Jinwar où les femmes sont plus qu’heureuses de nous montrer que « le blé demande peu de travail et fait rentrer de l’argent, le potager nous permet d’assurer nos besoins en fruits et légumes, le lait vient de nos brebis, les œufs de nos poules, et on a un magasin pour vendre tout ça, chez nous et pour les villages environnants. »

    Des coopératives comme celle d’Hassake se montent sur l’ensemble du territoire pour fournir une autonomie financière aux femmes et développer l’activité paysanne. © Christophe Thomas

    Cependant, ici comme ailleurs, le réchauffement climatique vient tout compliquer. Les années de sécheresse se multiplient. Des incendies criminels, attribués à la Turquie et aux milices djihadistes pour faire de la faim une arme de guerre, ont réduit de nombreuses récoltes à néant. Les systèmes d’irrigation sont souvent à sec, faute d’eau et d’électricité. Pour ne rien arranger, la multiplication des barrages en Turquie, en amont de l’Euphrate, et la rétention du débit créent une situation dramatique qui prive plus d’un million de personnes d’eau courante dans la province d’Hassake et commence à poser de graves problèmes sanitaires. La culture intensive mise en place par le régime est un legs empoisonné. Il n’y a pratiquement pas de forêt au Rojava. Tout a été rasé pour faire place au blé. Les Kurdes n’avaient même pas le droit de planter des arbres dans leur jardin, me dit-on, pour éviter qu’ils ne s’enracinent – ce « besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine » pourtant, selon la philosophe Simone Weil. Il n’est donc pas étonnant, tant d’un point de vue symbolique que pratique, que la lutte contre la désertification et la reforestation figurent parmi les premières actions d’envergure initiées dans le domaine de l’environnement. C’est l’objet de la campagne « Make Rojava Green Again » lancée par des volontaires internationaux ou du projet de « Tresse verte » de Gulistan Sido et ses ami-es, qui ont créé une véritable pépinière dans le jardin qu’abrite l’université du Rojava à Qamishlo. Ils se sont fixés pour objectif de planter quatre millions d’arbres.

    « Rendre la cabane conceptuelle habitable »

    Dans la revue Ballast, la poétesse et autrice Adeline Baldacchino écrit à propos de Murray Book­chin : « Il recherche donc, comme l’ont toujours fait les anarchistes conséquents, cette quadrature du cercle qui garantirait ensemble l’organisation et la liberté, la sécurité et la justice, le respect et la jouissance », et elle ajoute : « La théorie n’a sans doute pas fini de s’adapter au réel, et il faut espérer que celui-ci puisse s’en inspirer sans dogmatisme ni rigidité. [Murray Bookchin a] fabriqué une cabane conceptuelle dans laquelle peuvent venir s’installer, pour l’agrandir à mesure qu’ils la rendent habitable, les rêveurs persistant à croire que le réel s’invente à contre-courant des habitudes acquises. » À l’heure d’un dévissage démocratique marqué par des taux d’abstention records et la résurgence des extrêmes droites, alors que les scientifiques sont en état d’alerte permanent et que des philosophes et des anthropologues nous enjoignent de commencer à apprendre à vivre sans pétrole, sans numérique et sans État, l’expérience en cours dans le Nord-Est syrien est cruciale. Nous avons besoin de renforts, d’inspiration et de démonstrations. « Rendre cette cabane habitable » revêt un caractère d’urgence, porteur de gravité mais aussi d’un fort potentiel évocateur. Comme l’écrivait Murray Bookchin, face à une telle confluence de crises, « nous ne pouvons plus nous permettre de manquer d’imagination ; nous ne pouvons plus nous permettre de négliger la pensée utopique ».

    https://revoirleslucioles.org/rojava-batir-une-utopie-en-plein-chaos-octobre-2021
    #montagnes #Kurdistan #PKK #autonomie_financière

  • ROJAVA. Musée des crimes de DAECH et de la Turquie

    SYRIE / ROJAVA – Un musée de la guerre est en cours de construction à Raqqa. Y seront exposés des documents, des images… montrant les crimes commis par le Groupe État Islamique (DAECH ou ISIS) et les forces sous commandement de la Turquie commis dans le Nord et l’Est de la Syrie dirigée par une alliance arabo-kurde.

    L’Organe pour la culture et les antiquités de l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie a commencé à créer un musée pour documenter les violations et les crimes contre la population du Nord et de l’Est de la Syrie pendant l’ère du contrôle mercenaire de l’EI, ainsi que les crimes de l’État d’occupation turc, le 2 mars 2024.

    Lire le texte entier
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2021/03/24/introduction-au-livre-nous-ecrivons-depuis-la-revolution-recits-de-femmes-internationalistes-au-rojava/#comment-61605

    #international #rojava #syrie

    • Il mercante di rose
      https://www.youtube.com/watch?v=dEsIVkUWv8c

      Nel letto appena sveglio
      Ci ritrovai il mio cuore
      Ferito e malandato era carne senza amore
      La mente non reagiva
      Ai suoni di quel giorno
      I muscoli del corpo senza l’anima d’intorno
      Ma
      in strada quel tale mi guardò
      Tendendomi la mano una rosa mi donò

      Una rosa in cambio del tuo cuore
      Una rosa che è simbolo, simbolo d’amore
      Se Nel tuo cuore l’amore più non c’è
      Metti una rosa in petto e il cuore dallo a me

      Quando incontrai quel tale
      mi regalò un sorriso
      Mi disse vuoi una rosa per entrare in paradiso
      Dai modi affascinanti
      Lo sguardo persuasivo
      Guardavo quella rosa ero attratto e non capivo
      Ma
      la rosa mi punse e mi svegliò
      Il rosso di quel sangue la forza mi donò

      Una rosa in cambio del tuo cuore
      Una rosa che è simbolo, simbolo d’amore
      Se Nel tuo cuore l’amore più non c’è
      Metti una rosa in petto e il cuore dallo a me

      #Rojava #Kurdistan #chanson #musique #musique_et_politique #Tacita #rose

    • Orizzonti senza barriere
      https://www.youtube.com/watch?v=2rzP1h7v34o

      Lotte senza quartiere
      schiere senza frontiere
      tra monti e scontri
      coi mondi coi soldi
      poi le catene
      quando insorgere e distruggere
      o scegliere le bandiere
      non è la stupida boria
      nel ... di alcune sere
      questa ... combattenti guerrigliere
      da 50 anni affanni drammi
      e denti come fiere
      una barca di cazzate
      ed intervento del paese
      brindo alla libertà
      in alto il mio bicchiere

      Scontri senza quartiere
      schiere senza bandiere
      affronti senza barriere
      Orizzonti senza frontiere
      racconti di storie vere
      che creano dei ponti
      tra i conti coi bordi
      e solchi sui muri delle galere
      sono pezzi su un foglio
      sono persi in un sogno
      senti libertà
      ma me sa che qua
      ce sta bisogno
      lo so già che l’esistenza
      che è Resistenza
      lo grido con insistenza
      ci ho unito l’appartenenza pensa

      Questa è la mia strada
      Io cammino passo passo
      Il mio cuore è il fiume dell’amore
      la mia testa è il sole
      le mie mani l’ascia
      i miei piedi l’alluvione.
      le parole la corrente
      se le porta altrove

      Questa è la mia strada
      Io cammino passo passo
      Il mio cuore è il fiume dell’amore
      la mia testa è il sole
      le mie mani l’ascia
      i miei piedi l’alluvione.
      le parole la corrente
      se le porta altrove

      Il popolo la storia
      la sua gente
      la libertà nel sangue
      rosso che pompa potente
      l’amore non è morto
      sopra questa terra ardente
      qui si nasce con il cuore indipendente
      qui si nasce come il sole
      la mattina sul Rojava
      illumina la valle
      un altro giorno si prepara
      la comunità si sveglia
      c’è chi va a scuola e impara
      c’è chi ama la sua terra e quindi spara

      Da Roma al Kurdistan
      sempre no pasaran
      una sola voce
      Qui Qui Ocalan
      Pam Pam
      Benvienido en esto Clan
      noi riportiamo il sole
      dove il sole non ci sta
      Lab Hip Hop Meticcio
      col sorriso vi saluta
      due dita su nel cielo
      per ogni anima caduta
      per ogni nuova vita
      per l’umanità tradita
      noi sfrutteremo rime
      finché non sarà finita eh no

      Questa è la mia strada
      Io cammino passo passo
      Il mio cuore è il fiume dell’amore
      la mia testa è il sole
      le mie mani l’ascia
      i miei piedi l’alluvione.
      le parole la corrente
      se le porta altrove

      Questa è la mia strada
      Io cammino passo passo
      Il mio cuore è il fiume dell’amore
      la mia testa è il sole
      le mie mani l’ascia
      i miei piedi l’alluvione.
      le parole la corrente
      se le porta altrove

      Il tempo vaga nei quartieri
      e sulle strade nero
      el nemico... el potere
      lentamente ... porta muerte e distruzione
      fame e devastazione, oppression
      e col dolore che trascina la tristezza
      ma con la fermezza di chi deve ma non teme
      il tempo lungo le strade
      situazion
      ...los muros
      corazon
      ...esta pobertad
      tu fucile lotta per la libertà
      ogni giorno la speranza di una vita migliore
      ma soprattutti la rivoluzione darà i suoi frutti
      Kurdistan y Palestina
      cuando los pueblos estan unidos
      para... que non stan vencidos
      ...
      e las nececitas

      Noi qui... non molla come l’YPG
      lotte che memoria
      tracciano un solco gigante
      fanno un pezzo di storia
      è il pezzo più importante
      è solo paranoia dentro i tuoi TG

      Noi qui... non molla come l’YPG
      lotte che memoria
      tracciano un solco gigante
      fanno un pezzo di storia
      è il pezzo più importante

      Questa è la mia strada
      Io cammino passo passo
      Il mio cuore è il fiume dell’amore
      la mia testa è il sole
      le mie mani l’ascia
      i miei piedi l’alluvione.
      le parole la corrente
      se le porta altrove

      #Rojava #musique #chanson #musique_et_politique #Kurdistan #résistance #luttes #hip_hop

  • 8 MARS. Le 9 mars déclaré jour férié au Rojava

    SYRIE / ROJAVA – L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie a déclaré le 9 mars jour férié à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars.

    Le Conseil exécutif de l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie (DAANES) dirigée par les Kurdes a publié une circulaire à haute valeur symbolique à l’occasion de la Journée internationale du 8 mars.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/04/8-mars-appel-national-face-aux-attaques-du-gouvernement-des-droites-et-extremes-droites-partout-les-femmes-resistent-greve-feministe/#comment-60389

    #feminisme #rojava

  • #La_révolution_communaliste #4
    https://bascules.blog/2024/01/09/la-revolution-communaliste-4

    Famille, #Dynastie et État J’ai évoqué la relation intense qui existe entre les relations de pouvoir au sein de la #Famille patriarcale et celles qui existent au sein de l’État. Examinons ce point de plus près. Les tournants de l’idéologie dynastique sont la famille patriarcale, la paternité et la conception de nombreux enfants mâles – […]

    #Abdullah_Öcalan #Rojava #Etat


    https://2.gravatar.com/avatar/2cef04a2923b4b5ffd87d36fa9b79bc27ee5b22c4478d785c3a3b7ef8ab60424?s=96&d=

  • #La_révolution_communaliste #2
    https://bascules.blog/2024/01/07/la-revolution-communaliste-2

    Avant-propos d’Olivier Besancenot Ce recueil de textes est une invitation à découvrir et à comprendre l’ampleur de l’évolution des positions stratégiques du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, organisation politique qui combat, armes à la main, depuis près de quarante ans, pour le droit à l’autodétermination du peuple kurde en Turquie, en Syrie, en […]

    #Rojava


    https://2.gravatar.com/avatar/2cef04a2923b4b5ffd87d36fa9b79bc27ee5b22c4478d785c3a3b7ef8ab60424?s=96&d=

  • ▶ Le numéro 1855 de novembre du Monde Libertaire est paru !

    ▶ 𝐄𝐝𝐢𝐭𝐨 : « Dans une société raciste, il ne suffit pas d’être non-raciste, il nous faut être antiraciste » Angela Davis

    • Malheureusement, on dirait que ce numéro tombe à point nommé au vu de l’actualité. Nettoyage ethnique des #Arméniens dans les plateaux du Haut-Karabakh par l’#Azerbaïdjan avec le soutien turc, #Turquie qui elle-même s’en prend aux compagnons du #Rojava et enfin en #Palestine, l’État d’#Israël profite d’une attaque du #Hamas pour anéantir les #Palestiniens... Tout cela avec le soutien de nos États occidentaux évidemment ! Le #racisme et le #colonialisme ont encore de beaux jours devant eux, et les marchands de morts vont se régaler (...)

    • Nous dédions ce numéro à tous les opprimés qui font actuellement face aux pires crimes coloniaux et un bon gros bras d’honneur à Airbus et Dassault qui s’en mettent plein les poches !
    • Bonne lecture !

    👉 Lire l’édito & le sommaire sur le site du Monde Libertaire ⤵️

    https://monde-libertaire.net/?articlen=7567...

  • 🟥 KCK : la question palestinienne ne peut être résolue par la violence - RojInfo

    La KCK appelle le Hamas et le gouvernement israélien à mettre fin aux attaques qui coûtent la vie à d’innombrables civils de part et d’autre.
    Face à l’escalade du conflit israélo-palestinien après les attaques meurtrières du Hamas contre Israël et les attaques massives d’Israël contre la bande de Gaza, qui ont fait également d’innombrables morts parmi les civils, la coprésidence du Conseil exécutif de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK, organisation faîtière du mouvement kurde) appelle à l’arrêt des affrontements. Le conflit montre l’importance de la solution du confédéralisme démocratique proposée par Abdullah Öcalan, selon la KCK.
    “Les attaques du Hamas contre Israël le 6 octobre 2023 et celles qui ont suivi de la part de l’État israélien contre la population palestinienne, notamment dans la bande de Gaza, ont fait des milliers de morts. Ces attaques réciproques ont conduit à un véritable massacre. Cette situation nous afflige et nous blesse profondément. En tant que mouvement de libération kurde, nous présentons nos condoléances aux populations palestiniennes et israéliennes. Nous exprimons notre profonde tristesse, notre préoccupation et notre inquiétude face à cette situation. Nous ne sommes pas seulement préoccupés par ce qui s’est passé jusqu’à présent, mais aussi par le scénario qui se dessine pour l’avenir. Il est basé sur une approche totalement erronée, qui aggrave les problèmes et conduit à un massacre des peuples. Il est nécessaire d’abandonner cette attitude au plus vite et de mettre fin aux attaques. Si l’action du Hamas est inacceptable, l’attitude de l’État israélien l’est tout autant. Le blocus et les attaques contre Gaza doivent cesser immédiatement (...)

    #Israël #Gaza #Palestine #kurdistan #Rojava #Paix

    https://rojinfo.com/kck-la-question-palestinienne-ne-peut-etre-resolue-par-la-violence

  • Pièges et principes de l’horizontalité
    https://lundi.am/Pieges-et-principes-de-l-horizontalite

    Chez les partisans de l’autonomie, les deux expériences contemporaines qui font office de référence sont le mouvement Zapatiste au Chiapas et le mouvement Kurde, notamment au nord-est de la Syrie, dit Rojava. Pour les milieux libertaires, les dynamiques de démocratie directe et l’organisation horizontale de la vie quotidienne de ces deux territoires sont des sources majeures d’inspiration.

    Pourtant, dans les deux cas, un des ingrédients qui leurs a permis d’occuper des territoires considérables et de survivre pendant toutes ces années, est sans doute la coexistence de structures militaires et politiques, horizontales et verticales : l’EZLN (armée zapatiste de libération nationale) et les conseils de bon gouvernement au Chiapas, le PYD-PKK (le parti des travailleurs du kurdistan) avec ses branches armés d’une part, et les communes de l’autre, au Rojava.

    Paradoxalement, beaucoup de personnes qui soutiennent ces processus révolutionnaires contestent et refusent, chez elle, toute forme de verticalité dans les expériences d’organisation politique. Il faut dire que dans les innombrables récits, analyses et brochures sur le Chiapas ou le Rojava, le rôle des instances centralisatrices et verticales y est souvent absent laissant penser que les assemblées des habitant.e.s décident de tout, sans délégation ni médiation [1].

    #autogestion #organisation #hiérarchie #horizontalité

  • Affaire du 8 décembre : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste – La Quadrature du Net
    https://www.laquadrature.net/2023/06/05/affaire-du-8-decembre-le-chiffrement-des-communications-assimile-a-un-

    Cet article a été rédigé sur la base d’informations relatives à l’affaire dite du “8 décembre”1 dans laquelle 7 personnes ont été mises en examen pour « association de malfaiteurs terroristes » en décembre 2020. Leur procès est prévu pour octobre 2023. Ce sera le premier procès antiterroriste visant « l’ultragauche » depuis le fiasco de l’affaire Tarnac2.

    L’accusation de terrorisme est rejetée avec force par les inculpé·es. Ces dernier·es dénoncent un procès politique, une instruction à charge et une absence de preuves. Ils et elles pointent en particulier des propos decontextualisés et l’utilisation à charge de faits anodins (pratiques sportives, numériques, lectures et musiques écoutées…)3. De son côté la police reconnaît qu’à la fin de l’instruction – et dix mois de surveillance intensive – aucun « projet précis » n’a été identifié4.

    L’État vient d’être condamné pour le maintien à l’isolement du principal inculpé pendant 16 mois et dont il n’a été libéré qu’après une grève de la faim de 37 jours. Une seconde plainte, en attente de jugement, a été déposée contre les fouilles à nu illégales et répétées qu’une inculpée a subies en détention provisoire5.

    De nombreuses personnalités, médias et collectifs leur ont apporté leur soutien6.

    C’est dans ce contexte que nous avons été alerté du fait que les pratiques numériques des inculpé·es – au premier rang desquelles l’utilisation de messageries chiffrées grand public – sont instrumentalisées comme « preuves » d’une soi-disant « clandestinité » venant révéler l’existence d’un projet terroriste inconnu.

    Nous avons choisi de le dénoncer.

  • #Erdoğan #Turquie #Rojava #Kurdistan #guerre #internationalisme #solidarité...

    🛑 " LA « SALE GUERRE » SANS FIN D’ERDOGAN CONTRE LE PEUPLE KURDE...

    "L’attentat contre un centre culturel kurde à Paris le 23 décembre 2022, des soupçons d’utilisation d’armes chimiques par la Turquie au Kurdistan… L’actualité nous ramène sans cesse au drame du peuple kurde et à son combat pour l’émancipation. Evîn, militante internationaliste pro-kurde, revient sur les dernières évolutions du conflit (...) "

    https://cqfd-journal.org/La-sale-guerre-sans-fin-d-Erdogan

  • #Makhno #Makhnovtchina #Russie #Ukraine #histoire #bolchevisme #anarchisme

    ★ MAKHNO : POUR LE Xe ANNIVERSAIRE DU MOUVEMENT INSURRECTIONNEL MAKHNOVISTE EN UKRAINE (1928)...

    « Comme l’on sait, la honteuse trahison des dirigeants bolcheviks aux idées de la révolution d’Octobre amènera tout le parti bolchevik et son pouvoir "révolutionnaire prolétarien", établi sur le pays, à conclure une paix infâme avec les empereurs allemands, Wilhelm II, et autrichien, Karl, puis à une lutte encore plus infâme, à l’intérieur du pays, d’abord contre l’anarchisme, ensuite contre les Socialistes Révolutionnaires de gauche et le socialisme en général. En juin 1918, j’ai rencontré Lénine au Kremlin (...) »

    https://www.socialisme-libertaire.fr/2022/12/makhno-pour-le-xe-anniversaire-du-mouvement-insurrectionnel-ma

    ★ NESTOR MAKHNO : POUR LE Xe ANNIVERSAIRE DU MOUVEMENT INSURRECTIONNEL MAKHNOVISTE EN UKRAINE (1928). « Comme l’on sait, la honteuse trahison des dirigeants bolcheviks aux idées de la révolution d’Octobre amènera tout le parti bolchevik et son pouvoir...

    • Pour compléter, sur cette épisode de la révolution russe (la répression par l’#Armée_rouge de l’armée de l’anarchiste paysan Makhno) :

      – 3 textes de Trotsky (ci-dessous)
      – un texte de Jean-Jacques Marie
      https://cahiersdumouvementouvrier.org/lukraine-hier-et-aujourdhui
      – un entretien avec Éric Aunoble (historien chargé de cours à l’Université de Genève)
      https://comptoir.org/2017/10/26/eric-aunoble-makhno-etait-lun-des-milliers-de-dirigeants-dinsurrections-lo

      La Révolution et les otages (Leur morale et la nôtre, Trotsky, 1938)

      Staline fait arrêter et fusiller les enfants de ses adversaires, fusillés eux-mêmes sur des accusations fausses. Les familles lui servent d’otages pour contraindre les diplomates soviétiques, capables d’émettre un doute sur la probité de Iagoda ou de Ejov, à revenir de l’étranger. Les moralistes de la “Neuer Weg” croient devoir rappeler à ce propos que Trotsky usa “lui aussi” en 1919 d’une loi des otages. Mais il faut citer textuellement : “L’arrestation des familles innocentes par Staline est d’une barbarie révoltante. C’est encore une action barbare quand elle est commandée par Trotsky (1919).” Voilà bien la morale idéaliste dans toute sa beauté ! Ses critériums sont aussi mensongers que les normes de la démocratie bourgeoise : on suppose dans les deux cas l’égalité où il n’y a pas l’ombre d’égalité.

      N’insistons pas ici sur le fait que le décret de 1919 ne fit très probablement fusiller personne d’entre les parents des officiers dont la trahison nous coûtait des vies sans nombre et menaçait de tuer la révolution. Au fond, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Si la révolution avait fait preuve dès le début de moins d’inutile générosité, des milliers de vies eussent été épargnées par la suite. Quoi qu’il en soit, je porte l’entière responsabilité du décret de 1919. Ce fut une mesure nécessaire dans la lutte contre les oppresseurs. Ce décret, comme toute la guerre civile, que l’on pourrait aussi appeler à juste titre une “révoltante barbarie”, n’a d’autre justification que l’objet historique de la lutte.

      Laissons à un Emil Ludwig et à ses pareils le soin de nous faire des portraits d’un Abraham Lincoln orné de petites ailes roses. L’importance de Lincoln vient de ce que, pour atteindre le grand but historique assigné par le développement du jeune peuple américain, il ne recula pas devant l’application des mesures les plus rigoureuses quand elles furent nécessaires. La question n’est même pas de savoir lequel des belligérants subit ou infligea les plus lourdes pertes. L’histoire a des mesures différentes pour les cruautés des sudistes et des nordistes dans la guerre de Sécession des Etats-Unis. Que de méprisables eunuques ne viennent pas soutenir que l’esclavagiste qui, par la ruse et la violence, enchaîne un esclave est devant la morale l’égal de l’esclave qui, par la ruse et la violence, brise ses chaînes !

      Quand la Commune de Paris eut été noyée dans le sang et que la canaille réactionnaire du monde entier se mit à traîner son drapeau dans la boue, il se trouva de nombreux philistins démocrates pour flétrir, avec la réaction, les Communards qui avaient exécuté 64 otages et parmi eux l’archevêque de Paris. Marx n’hésita pas un instant à prendre la défense de cette sanglante action de la Commune. Dans une circulaire du Conseil Général de l’Internationale, Marx rappelle – et l’on croit entendre des laves bouillonner sous ces lignes – que la bourgeoisie usa du système des otages dans la lutte contre les peuples des colonies et dans la lutte contre son propre peuple. Parlant ensuite des exécutions méthodiques des Communards prisonniers, il écrit : “Il ne restait plus à la Commune, pour défendre la vie de ses combattants prisonniers, qu’à recourir à la prise des otages, coutumière chez les Prussiens. La vie des otages fut perdue et reperdue du fait que les Versaillais continuaient a fusiller leurs prisonniers. Eût-il été possible d’épargner les otages après l’horrible carnage dont les prétoriens de Mac-Mahon marquèrent leur entrée dans Paris ? Le dernier contrepoids à la sauvagerie du gouvernement bourgeois – la prise des otages – allait-il n’être que dérision ?” Tel fut le langage de Marx sur l’exécution des otages, bien qu’il eût derrière lui, au Conseil Général de l’Internationale, bon nombre de Fermer Brockway, de Norman Thomas et autres Otto Bauer. L’indignation du prolétariat mondial, devant les atrocités commises par les Versaillais, était encore si grande que les brouillons réactionnaires préférèrent se taire, en attendant des temps meilleurs pour eux, – et ces temps, hélas ! ne tardèrent pas à venir. Les moralistes petits-bourgeois unis aux fonctionnaires de Trade Unions et aux phraseurs anarchistes ne torpillèrent la Première Internationale que lorsque la réaction eut décidément triomphé.

      Quand la révolution d’Octobre résistait aux forces réunies de l’impérialisme sur un front de 8 000 kilomètres, les ouvriers de tous les pays suivaient cette lutte avec une sympathie si ardente qu’il eût été risqué de dénoncer devant eux comme une “révoltante barbarie” la prise des otages. Il a fallu la dégénérescence totale de l’Etat soviétique et le triomphe de la réaction en divers pays pour que les moralistes sortissent de leurs trous… et vinssent au secours de Staline. Car, si les mesures de répression prises pour défendre les privilèges de la nouvelle aristocratie ont la même valeur morale que les mesures révolutionnaires prises dans la lutte libératrice, Staline est pleinement justifié, à moins que… à moins que la révolution prolétarienne ne soit condamnée en bloc.

      Messieurs les moralistes, tout en cherchant des exemples d’immoralité dans la guerre civile de Russie, sont obligés de fermer les yeux sur le fait que la guerre civile en Espagne a aussi rétabli la loi des otages, dans la période en tout cas où il y eut une véritable révolution des masses. Si les détracteurs ne se sont pas encore permis de condamner la “révoltante barbarie” des ouvriers d’Espagne, c’est seulement parce que le terrain de la péninsule ibérique est trop brûlant sous leurs pieds. Il leur est beaucoup plus commode de revenir à 1919. C’est déjà de l’histoire. Les vieux ont eu le temps d’oublier, les jeunes n’ont pas eu celui d’apprendre. Pour la même raison, les Pharisiens de toutes nuances reviennent avec tant d’opiniâtreté sur #Cronstadt et Makhno : les sécrétions morales peuvent ici se donner libre cours !

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      Lettre à W. Thomas (Trotsky, juillet 1937)

      Makhno : en lui-même, c’était un mélange de fanatique et d’aventurier. Mais il devint le centre des tendances qui provoquèrent l’insurrection de Cronstadt. La cavalerie est, de façon générale, la partie la plus réactionnaire de l’armée. Le cavalier méprise le piéton. Makhno a créé une cavalerie avec des paysans qui fournissaient leurs propres chevaux. Ce n’étaient pas les paysans pauvres écrasés que la révolution d’Octobre éveilla pour la première fois, mais les paysans aisés et repus qui avaient peur de perdre ce qu’ils avaient. Les idées anarchistes de Makhno (négation de l’État, mépris du pouvoir central) correspondaient on ne peut mieux à l’esprit de cette cavalerie koulak. J’ajoute que la haine pour l’ouvrier de la ville était complétée chez Makhno par un antisémitisme militant. Tandis que nous soutenions contre Denikine et Wrangel [4] une lutte à mort, les makhnovistes, confondant les deux camps, essayaient d’avoir une politique indépendante.. Le petit-bourgeois (koulak), qui avait pris le mors aux dents,pensait qu’il pouvait dicter ses conceptions contradictoires d’une part aux capitalistes et de l’autre aux ouvriers. Ce koulak étaitarmé. Il fallait le désarmer. C’est précisément ce que nous avons fait.

      Votre tentative de conclure que les fourberies de Staline découlent de l’ « amoralisme » des bolcheviks est radicalement fausse. Dans la période où la révolution luttait pour l’émancipation des masses opprimées, elle appelait toutes choses par le nom et n’avait nul besoin de fourberies. Le système des falsifications provient de ce que la bureaucratie stalinienne lutte pour les privilèges d’une minorité et qu’elle a besoin de dissimuler et de masquer ses objectifs véritables. Au lieu de rechercher l’explication dans les conditions matérielles du développement historique, vous créez une théorie du « péché originel » qui convient à l’Église, mais pas à la révolution socialiste.

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      Lettre aux bolcheviks-léninistes chinois (#Trotsky, 22 septembre 1932)

      A la tête du mouvement paysan se trouvent des communistes ou des sympathisants ; n’est-il donc pas évident que les ouvriers et les paysans doivent, lorsqu’ils se rencontreront, s’unifier sous le drapeau du communisme ?

      Malheureusement, le problème n’est pas si simple. Je m’appuierai sur l’expérience de la #Russie. Durant les années de la guerre civile, la paysannerie, dans différentes régions, créait ses propres troupes de partisans, et parfois même, naissaient des armées entières. Quelques-uns de ces corps d’armée se considéraient comme bolcheviks et étaient souvent dirigés par des ouvriers. D’autres restaient sans parti et avaient à leur tête le plus souvent d’anciens sous-officiers paysans. Il y avait aussi l’armée “ anarchiste ” sous le commandement de Makhno. Tant que les armées de partisans agissaient sur le revers de l’armée blanche, elles servaient la cause de la révolution. Certaines d’entre elles se remarquaient par un héroïsme et une ténacité particulière. Mais, dans les villes, ces armées entraient souvent en conflit avec les ouvriers et avec les organisations locales du parti. Les conflits naissaient aussi lors de la rencontre des partisans et de l’armée rouge régulière, et dans certains cas, cela prenait un caractère aigu et morbide.

      La rude expérience de la guerre civile nous a démontré la nécessité dé désarmer les corps d’armée des paysans dès que l’armée rouge assumait le pouvoir dans une région débarrassée des gardes blancs. Les meilleurs éléments, les plus conscients et les plus disciplinés, s’intégraient dans les rangs de l’armée rouge. Mais la plus grande partie des partisans tentait de conserver une existence indépendante, et entrait souvent en lutte armée directe avec le pouvoir soviétique. Il en fut ainsi avec l’armée “anarchiste”, indirectement koulak par son esprit, de Makhno, mais pas seulement avec elle. De nombreux corps paysans, luttant fermement contre la restauration des propriétaires fonciers, se transformaient après la victoire en une arme de la contre-révolution.

      Les conflits armés entre les paysans et les ouvriers, quelle qu’en soit l’origine dans les cas particuliers, que ce soit la provocation consciente des gardes blancs, le manque de tact des communistes, ou le concours malheureux dés circonstances, avaient à leur base la même cause sociale : la situation de classe et l’éducation différenciée des ouvriers et des paysans. L’ouvrier aborde les problèmes sous l’angle socialiste ; le paysan sous l’angle petit-bourgeois. L’ouvrier tente de socialiser la propriété qu’il a reprise à ses exploiteurs ; le paysan, tente, lui, de la partager. L’ouvrier veut faire servir les châteaux et les parcs dans l’intérêt général ; le paysan, pour peu qu’il ne puisse les partager, est enclin à brûler les châteaux et à déboiser les parcs. L’ouvrier fait effort pour résoudre les problèmes à l’échelle étatique, et selon un plan ; mais le paysan aborde tous les problèmes à l’échelle locale, et se conduit d’une façon hostile envers le plan du centre, etc…

      Il est évident que le paysan peut lui aussi s’élever jusqu’à un point de vue socialiste. Sous le régime prolétarien, une masse de plus en plus grande de paysans se rééduque dans l’esprit socialiste. Mais cela exige du temps, – des années, et même des décades. Si l’on n’envisage que la première étape de la révolution, alors les contradictions entre le socialisme prolétarien et l’individualisme paysan prennent souvent un caractère aigu.

      #Makhno #Makhnovtchina #Russie #Ukraine #histoire #bolchevisme #anarchisme #mythe #antisémitisme #révolution_russe #anarchisme #armée_paysanne #bolchévisme

    • L’éternel conflit entre l’anarchisme et le marxisme-léninisme...

      La Makhnovtchina ou Kronstadt resteront pour longtemps le symbole de la division entre ’communisme’ étatique, autoritaire et le communisme-libertaire... une plaie ouverte qui a du mal à cicatriser. Chacun sa voie.

      Nous nous garderons ici de tergiverser pendant des heures sur ces sujets épineux... /

      « Prenez le révolutionnaire le plus radical et placez-le sur le trône de toutes les Russies, ou confiez-lui un pouvoir dictatorial […] et avant un an il sera devenir pire que le Tsar lui-même. »

      ★ Mikhaïl Bakounine (1870)

      « Les marxistes prétendent que la dictature, seule - leur dictature bien évidemment - permettrait d’exprimer la volonté populaire. Notre réponse est celle-ci : nulle dictature n’a d’autre objectif que sa perpétuation et elle ne peut conduire qu’à l’esclavage du peuple la tolérant ; la liberté ne peut résulter que de la liberté, c’est à dire de la rébellion du peuple laborieux et de sa libre organisation. »

      ★ Mikhaïl Bakounine (1873)

      « Staline n’est pas tombé de la lune. Staline et le stalinisme ne sont que les conséquences logiques d’une évolution préalable et préparatoire, elle-même résultat d’un terrible égarement, d’une déviation néfaste de la Révolution. Ce furent Lénine et Trotski - c’est-à-dire leur système - qui préparèrent et engendrèrent Staline. »

      ★ Voline, in La Révolution inconnue (1947)

    • Ce n’est pas très sérieux de répondre à un trotskyste (donc marxiste et léniniste) en l’associant au « marxisme-léninisme » (qui n’a jamais eu rien à voir avec le marxisme ni le léninisme, mais seulement avec le stalinisme et surtout avec tous les mouvements nationalistes d’obédience maoïste). En outre, en tant que marxiste, léniniste et trotskyste, je ne me vois aucun rapport avec un quelconque communisme étatique et autoritaire. Je suis également pour la disparition de l’État, mais, concevant celui-ci comme l’outil nécessaire de la classe dominante, je ne conçois pas sa disparition sans celle des classes sociales et de l’exploitation.

      Quant aux dires de Voline, ils sont crétins. Il est courant de penser dans l’idéologie dominante que le stalinisme est, à la fois, la continuation et la faillite du léninisme. L’erreur de ce raisonnement commence avec l’identification tacite du bolchevisme, de la Révolution d’Octobre et de l’Union Soviétique. Le processus historique, qui consiste dans la lutte des forces hostiles, est remplacé par l’évolution du bolchevisme dans le vide. Cependant le bolchevisme est seulement un courant politique, certes étroitement lié à la classe ouvrière, mais non identique à elle. Et, outre la classe ouvrière, il existe en U.R.S.S. plus de cent millions de paysans, de nationalités diverses, un héritage d’oppression, de misère et d’ignorance.

      Représenter le processus de dégénérescence de l’Etat Soviétique comme l’évolution du bolchevisme pur, c’est ignorer la réalité sociale au nom d’un seul de ses éléments isolé d’une manière purement logique. Trouver dans la putréfaction de la bureaucratie staliniste un argument définitif contre le #bolchevisme, c’est raisonner à l’envers, en idéaliste achevé et sans la moindre analyse de classe.

    • « L’Etat - c’est nous. »

      Lénine, in Compte rendu du XIe Congrès du parti communiste, 27 mars 1922.

      La messe est dite.

      Nous sommes intimement persuadé que toute construction étatique quelle soit bourgeoise, démocratique, despotique, révolutionnaire ou ouvrière conduisent obligatoirement à une impasse et surtout à notre domination.

      Comme l’a écrit un auteur anarchiste, avec raison, toutes —il écrit bien TOUTES— les révolutions de "gauche" (pour simplifier) ont échoués, ont été confisqués et ont toutes abouti à un bain de sang ou une dictature.

      Révolutions confisquées systématiquement par une nouvelle caste, une nomenklatura qui s’imposent par la bureaucratie étatique, la terreur : une domination en remplace une autre.
      Loin des romances révolutionnaires idéalisées, la réalité est là et elle est sinistre.
      L’histoire du monde malheureusement confirme ces faits, à nos yeux.

      La Révolution des Soviets a aussi été confisquée, notamment au tournant sanglant de la répression de Kronstadt. Les Kronstadiens exigeaient la mise en pratique des fondements de la révolution d’Octobre :

      "Election libres des soviets, liberté de parole et de presse pour les ouvriers et paysans, les anarchistes, les socialistes révolutionnaires de gauche".
      On connaît la suite...

      > Utiliser des périphrases à l’infini ne changera rien à cela.

      "...dégénérescence de l’Etat Soviétique" : le mot fétiche est lâché ;-) !

      > Pour notre part, c’est typique de l’art de la langue de bois trotskyste.
      C’est dit sans aucune animosité. J’ai de très bons ami-e-s trotskystes ("chapelle" LO) et l’on se respecte mutuellement en connaissance de nos divergences... :-)

      "L’État, le gouvernement, quels qu’en soient la forme, le caractère, qu’il soit autoritaire ou constitutionnel, monarchique ou républicain fasciste, nazi ou bolchevik, est de par sa nature même conservateur, statique, intolérant et opposé au changement. S’il évolue parfois positivement c’est que, soumis à des pressions suffisamment fortes, il est obligé d’opérer le changement qu’on lui impose, pacifiquement parfois, brutalement le plus souvent, c’est-à-dire par les moyens révolutionnaires. De plus, le conservatisme inhérent à l’autorité sous toutes ses formes devient inévitablement réactionnaire. Deux raisons à cela :
      la première c’est qu’il est naturel pour un gouvernement, non seulement de garder le pouvoir qu’il détient, mais aussi de le renforcer, de l’étendre et de le perpétuer à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Plus forte est l’autorité, plus grands l’État et ses pouvoirs, plus intolérable sera pour lui une autorité similaire ou un pouvoir politique parallèle. La psychologie gouvernementale impose une influence et un prestige en constante augmentation, nationalement et internationalement, et il saisira toutes les occasions pour les accroître. Les intérêts financiers et commerciaux soutenant le gouvernement qui les représente et les sert, motivent cette tendance. La raison d’être fondamentale de tous les gouvernements, sur laquelle les historiens des temps passés fermaient volontairement les yeux, est si évidente aujourd’hui que les professeurs eux-mêmes ne peuvent plus l’ignorer.
      "

      ★ Emma Goldman, in L’Individu, la Société et l’État (1940).

      Trotsky a conservé une "auréole" grâce à une virginité historique tronquée : il n’a pas pu exercer pleinement le pouvoir (maudit comme disait si bien Louise Michel) auquel il se destinait et son assassinat terrifiant par un sbire stalinien... assassinat qui a horrifié Emma Goldman qui avait exprimée toute son empathie après ce terrible évènement.

      Le créateur de l’Armée Rouge fut le bourreau (entre autres) de l’anarchisme et pour notre part il ne fait aucun doute qu’il serait devenu le tyran de l’URSS, si Staline n’avait prit les devants dans cette folle et mortifère course au pouvoir.

      L’anarchisme est avant tout une émancipation individuelle et collective. Ce n’est pas pour rien qu’il a été persécuté tout à la fois par la bourgeoisie, le capitalisme, les stalinismes, les fascismes, les régimes autoproclamés "prolétaires"... bref, tous ceux qui veulent maintenir un Etat et une classe dirigeante... et ce malgré leurs dénégations souvent hypocrites.

      Tant qu’il existera des Etats pour servir le pouvoir et inversement, il n’y aura pas d’avancée pour l’humanité.

      « Nous savons que nous-mêmes ne sommes pas sans défaut et que les meilleurs d’entre nous seraient vite corrompus par l’exercice du pouvoir.
      Nous prenons les hommes pour ce qu’ils sont — et c’est pour cela que nous haïssons le gouvernement de l’homme par l’homme (...) Loin de vivre dans un monde de visions et d’imaginer les hommes meilleurs qu’ils ne sont, nous les voyons tels qu’ils sont, et c’est pourquoi nous affirmons que le meilleur des hommes est rendu essentiellement mauvais par l’exercice de l’autorité.
       »

      ★ Kropotkine, in L’anarchie (1896)

      Pour nous aucun doute, l’URSS stalinienne était un capitalisme d’Etat dictatorial et il n’en pouvait pas être autrement... tout comme le maoïsme est devenu aussi un capitalisme étatique militaro-policier. C’est inéluctable et c’est aux antipodes d’une soi-disant "dégénérescence"... une sémantique bien pratique pour masquer les choses.

      Les têtes changent, les mots changent, les maîtres changent mais la domination d’une minorité reste. Que se soit en URSS (et ses satellites), en Chine, en Corée, au Viêt-Nam, au Cambodge, à Cuba, etc. la nomenklatura (la bourgeoisie "prolétaire") est toujours là pour s’imposer, ouvrir des camps (goulags, laogai, etc.) mettre en place un régime policier... la longue litanie des exactions commises, bien évidemment, "au nom du peuple" déferlent... car c’est toujours "au nom du peuple" que les pires saloperies se font. Le pouvoir est toujours l’ennemi du peuple...

      En Anarchie il n’y a pas, et c’est tant mieux, de figure providentielle, de "messie", de sauveur ’infaillible’... il se remet toujours en question... et s’il existe de nombreuses figures libertaires emblématiques, elles peuvent êtres toutes remises en question (comme Proudhon souvent vilipendé, avec raison, pour la bassesse de ces propos sexistes et antisémites)... les icônes sont antinomiques de l’esprit anarchiste.
      Nous sommes, l’anarchisme est très iconoclaste.

      Un changement de maître (que se soit un "Président", "Führer", "Caudillo", "Conducător", "Duce", "Père des peuples", "Grand Timonier", "Líder Máximo"...) ne changera jamais rien.

      "Avec l’anarchie comme but et comme moyen, le communisme devient possible. Sans cela, il serait forcément la servitude et, comme telle, il ne pourrait exister."

      ★ Kropotkine in "Communisme et Anarchie" (1903)

      "Nous savons en tant qu’anarchistes, que tout changement dirigé d’en haut ne vise qu’à renforcer le système de domination."

      ★ Fédération anarchiste de Santiago - Chili - mai 2022

      Il faut sortir des fantasmes, des idées reçues, des on-dit, des rumeurs et des caricatures sur l’anarchisme véhiculés par tous les pouvoirs. L’anarchisme ne cherche en aucun cas le pouvoir, il n’a pas de dogme. L’anarchisme n’est pas un parti politique. Il n’y a pas de ’stratégie’ politique/politicienne (ça on le laisse aux bonimenteurs politicards) car nous ne sommes en aucun cas une "avant-garde". L’anarchisme n’a pas, non plus, toutes les réponses car il n’y a pas de solution miracle...

      > On voulait éviter de longues tergiversations :-) c’est raté ! car tu vas très certainement vouloir rebondir... sachant que l’on ne va pas se convaincre mutuellement, on ne fera plus de grandes réponses...

      "Chacun cherche sa route ; nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l’égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux."

      ★ Louise Michel

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      > Lettre à Luigi Fabbri sur la « Dictature du prolétariat », par Errico Malatesta (30 juillet 1919) :

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2018/09/lettre-a-luigi-fabbri-sur-la-dictature-du-proletariat.html

      > Anarchistes vs bolcheviks - COMMENT IL NE FAUT PAS FAIRE LA RÉVOLUTION !

      https://cqfd-journal.org/Comment-il-ne-faut-pas-faire-la

      > 1934 : EMMA GOLDMAN EXPLIQUE POURQUOI LA DICTATURE BOLCHEVIK N’A RIEN À VOIR AVEC LE COMMUNISME

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2021/12/1934-emma-goldman-explique-pourquoi-la-dictature-bolchevik-n-a

      > LA VÉRITÉ SUR LES BOLCHEVIKS par Emma Goldman (1918)

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/04/la-verite-sur-les-bolcheviks.html

      > LES BOLCHEVIQUES TUENT LES ANARCHISTES par Emma Goldman et Alexander Berkman (1922)

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2016/10/les-bolcheviques-tuent-les-anarchistes.html

      > Rudolf Rocker : De la nature de l’État, extrait de Les Soviets trahis par les bolcheviks (1921)

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2022/12/de-la-nature-de-l-etat.html

    • Le mot « dégénérescence » t’apparait sans doute comme un gros mot, il n’en demeure pas moins appuyé sur une analyse de classe qui, selon nous, est la seule manière de comprendre ce qui s’est passé en URSS : le rôle du parti bolchévique, la terreur rouge, la bureaucratisation, le stalinisme, la répression et l’assassinat de plusieurs générations de révolutionnaires.

      Situer les processus dans les principes d’organisation du parti bolchévique (certains osent jusqu’à dénoncer le marxisme lui-même...), c’est comme situer la politique de Terreur de Robespierre dans les idées des philosophes des lumières... Ca n’a pas de sens.

      Le pouvoir, c’est ce dont la classe exploitée devra s’emparer pour réorganiser la société sur la base des besoins et d’une rationalité capable de répondre à tous les enjeux qui se posent à l’humanité aujourd’hui. Le pouvoir ouvrier, c’est-à-dire les travailleurs eux-mêmes en charges des moyens de production après avoir exproprié la bourgeoisie, c’est ce qui sera nécessaire pour passer à l’étape suivante de l’histoire de l’humanité : une mondialisation de la production et des échanges qui s’effectue au profit des peuples et des individus, et non plus au profit d’une infime minorité de propriétaires parasites.

      Aux risques de la confiscation de ce pouvoir, les travailleurs devront s’armer de principes et d’outils pour y faire face. Et surtout de victoires ! C’est à ces conditions qu’ils pourront dans la durée inverser les rapports sociaux, conditions de la société communiste. Sans ces principes & outils (et conscience de classe !), de pouvoir il n’en auront pas, ou pas suffisamment, et ce sont les garants actuels de l’ordre social qui prendront leur revanche sanglante.

      Nous ne plaçons pas l’État et ses politiques au-dessus des rapports sociaux de production. Pour nous les marxistes, l’État n’est qu’une conséquence, une expression seconde des rapports sociaux de production qui fondent la société. D’où la nécessité des transformations de ces derniers pour rendre possible la disparition de l’État et l’organisation communiste de la société.

      Or, si la nouvelle classe possédante — le prolétariat — n’a pas son Etat pour se défendre et s’organiser, il n’y aura pas de révolution sociale, ni aucune transformation réelle & durable des rapports sociaux.

      Je ne cherche naturellement pas à te convaincre, mais puisqu’on nous lit peut-être, gageons que notre échange intéressera quelques-uns :)

    • mais puisqu’on nous lit peut-être, gageons que notre échange intéressera quelques-uns :)

      Certes, il y aura toujours un intérêt à confronter des opinions sur la thématique « marxisme-communisme-anarchisme ». Alors je souhaiterais connaître vos points de vue respectifs à propos d’un mouvement émancipateur plus actuel comme le #zapatisme. Il semblerait que ce mouvement ait été, à l’échelle globale, porteur d’espoir et l’est surement encore.

    •  ;-) Pourquoi « plus actuel » ?

      L’anarchisme est très actuel même s’il ne fait pas la une de l’actualité. ;-)

      Nous ne sommes pas « spécialistes » du zapatisme, mais il semble assez proche du municipalisme libertaire, comme l’expérience du Rojava.

      C’est, effectivement, une expérience originale et émancipatrice... on oserait dire anarcho-compatible.

      > Voici un article du ML (organe de la FA) sur le sujet :

      LES REBELLES ZAPATISTES :

      https://monde-libertaire.net/?article=LES_REBELLES_ZAPATISTES

    • Je pense personnellement qu’il n’y a pas plus « anarcho-compatibles » que les expériences émancipatrices du Chiapas et du Rojava. Après, se pose la question du rapport de force d’un point de vue géopolitique ... extrêmement défavorable pour les « rebelles ».
      Maintenant, il ne reste qu’à se persuader que ces luttes ne sont pas vaines et que leurs valeurs infuseront dans nos sociétés prétendument « développées ».

      (Je tague #municipalisme_libertaire ainsi que #Murray_Bookchin pour accéder aux sources très abondantes ici même sur Seenthis)

    • Zapatisme ou pas, le système politique vermoulu mexicain n’a reçu aucune égratignure. Et ne parlons même pas de la classe possédante mexicaine qui a à peine entendu parler du sous-commandant Marcos... La réalité, c’est qu’en absence d’une opposition ouvrière organisée, défendant ses intérêts de classe, le capitalisme a poursuivi sa prédation, toujours de façon de plus en plus débridée et criminelle contre la population. On a bien eu droit en France à l’enthousiasme du Monde Diplomatique et derrière lui d’une frange un peu « radicale » de la petite-bourgeoisie de gauche, mais cela ne permet pas d’aller beaucoup plus loin.

    • > Zapatisme ou Rojava ont le mérite d’exister.
      > Même si cela reste local (nous sommes pour le fédéralisme libertaire autogestionnaire), même si nous sommes internationalistes, il faut les soutenir.

      A force de tout relativiser on plonge dans l’expectative et le nombrilisme.

      Avec ce raisonnement simpliste, on peut donc affirmer que LO et l’Union Communiste Internationaliste ne servent à rien puisque le capitalisme se porte extrêmement bien France et en Europe !
      Où est la fameuse révolution prolétarienne sous la bannière de l’Union Communiste trotskyste, "l’avant-garde marxiste"... selon les images d’Epinal du romantisme trotskyste ;-) ?!

      > Restons dans le réel et non dans des fantasmes. Le Rojava et le Chiapas c’est du réel...

      « La pensée libertaire constitue l’espoir et la chance des derniers hommes libres. » ★ Albert Camus

    • Encore une fois, tu n’es pas sérieux. Ce n’est pas les révolutionnaires, et à plus forte raison quand ils sont minoritaires et à contre-courant, qui décident des situations révolutionnaires en France ni nulle part ailleurs. En revanche, ils militent au quotidien et sans relâche pour que les situations explosives — qui ne manqueront pas d’arriver — se transforment en de telles situations révolutionnaires. Et deviennent historiquement déterminantes. Si "l’avant-garde marxiste" (qui te fait pouffer) n’existe pas, il y aura certes des révoltes, des mobilisations, il y aura des expériences de toutes sortes, mais il n’y aura pas de révolution prolétarienne. Or, pour les militants de LO, il n’y a que ça qui compte si l’on veut « réellement » changer le monde.

    • Ceci dit, on ne peut vraiment dire que le comité internationale de la quatrième Internationale (#CIQI ou #ICQF de son acronyme anglo-saxon) ait pu en quelque façon infléchir les politiques ultralibérales des autres états occidentaux assujettis au capitalisme financiarisé.
      Quant à la petite bourgeoisie « un peu radicale », ce sera toujours le « marché de niche » de la contestation anticapitaliste.
      Mais au lieu de voir le verre à moitié vide, apprécions le fait que cette frange très limitée ne se soit pas orienté vers une autre forme de « radicalité ». Je sais, ça ne fonde un rapport de force. Ça a juste le mérite d’exister et je ne désespère pas que le communisme libertaire (municipalisme, zapatisme, etc) vienne remplacer la social-démocratie moribonde.

      [edit : je n’avais pas vu la réponse de @socialisme_libertaire] ;-)

    • Il n’y a plus d’internationale ni nulle part de parti ouvrier de masse. C’est bien le problème. En revanche, il y a un petit tas de « Quatrième Internationale » qui, bien que ne représentant rien (tant sur le plan théorique que sur le plan organisationnel), n’ont pas peur du ridicule. Pathétique et aussi un problème.

    • Quant à vouloir « remplacer la #social-démocratie », cette gauche gouvernementale & patronale, je ne comprends pas bien ce que cela signifie.

      Dans le monde ouvrier, qui est le seul à pouvoir renverser le capitalisme, la social-démocratie n’a plus que quelques militants de la LFI. Qui, certes, auront une capacité de nuisance en cas d’explosion sociale, mais pour le moment ses membres n’ont d’ambition que de propulser leurs politiciens au gouvernement de la #bourgeoisie.

      Ce qui pourrait utilement « remplacer la social-démocratie », c’est chez les travailleurs une véritable conscience de classe, une conscience nette de leurs intérêts et de leur rôle historique + une expérience concentrée des luttes. Car c’est sur cette base que l’#expropriation de la #classe_capitaliste, dont tout dépend, pourra se réaliser définitivement.

      Nous voulons tous faire valoir les droits nationaux des peuples écrasés par l’#impérialisme & stopper l’évolution vers la barbarie dans presque toutes les régions du monde (exploitation, impérialisme, misère sociale/morale/culturelle, développement inégal, sous-développement, saccages environnementaux, etc.). Mais pour cela, pour permettre à l’humanité de rompre avec cette phase de son histoire, il ne s’agit pas de compter sur des oasis dans un univers capitaliste fait de prédations et de mort, mais d’armer politiquement et moralement les #travailleurs — la seule #classe_révolutionnaire, la seule force en mesure de réaliser la révolution. Il n’y a pas d’autre voie.

      En attendant, le #nationalisme_kurde, même atténué et élargi à ce que les dirigeants du Rojava appellent le #confédéralisme_démocratique, a toujours été dépendant des décisions de l’impérialisme et reste aujourd’hui une voie sans issue. Quant à la révolte paysanne du #Chiapas, organisée par les #zapatistes, si elle a permis à de nombreux paysans ruinés, terrorisés, chassés de leurs terres, de retrouver il y a 30 ans quelques espoirs, elle ne s’est pas étendue et ne menace toujours en rien le pouvoir du capital. Pire, on en migre désormais pour les États-Unis. Et fini les références au #guévarisme ; ne reste qu’un discours sur le confédéralisme démocratique, le #féminisme et l’#écologie_sociale qui ne mange pas de pain et séduit encore (à l’international) une partie de la gauche « radicale »…

      #classe_ouvrière #révolution_sociale #lutte_de_classe

    • @recriweb

      « Ce n’est pas les révolutionnaires, et à plus forte raison quand ils sont minoritaires et à contre-courant, qui décident des situations révolutionnaires en France ni nulle part ailleurs. »

      > Nous sommes bien d’accord, c’est ce que nous voulions entendre après ta diatribe sur le Zapatisme... ;-)

      Notre boutade sur LO/UCI a servi à quelque chose :-)

      Nous sommes lucides : le mouvement révolutionnaire anarchiste est ultra-minoritaire et sans une prise de conscience du prolétariat (et même au-delà) rien ne se fera.
      Même constat pour l’extrême-gauche.

      Ceci dit nous sommes souvent ensemble dans les luttes dans les entreprises et ailleurs. Cela compte.

      Nous avons beaucoup de points communs et le même objectif : le communisme universel... mais la route diffère pour y arriver. Nous rejetons le manichéisme simpliste qui conduit à un repli sur soit sans avenir. Il est vrai qu’il est douillet de rester entre nous et de rester dans une bulle d’autosatisfaction !
      Nous rejoignons ce que dit un mouvement libertaire (l’UCL pour ne pas la nommer) quand il affirme que nous nous situons "dans la la continuité du mouvement libertaire ouvrier international, nous en reprenons les idées-forces sans rejeter les acquis positifs des autres courants".
      Nous avons pas mal d’affinité avec Rosa Luxemburg et le conseillisme. On pourrait multiplier les exemples.

      Le souci c’est que nous n’avons jamais rien vu de semblable dans la presse de LO (dont nous suivons régulièrement le site national)... le centralisme très dogmatique (notions exécrables pour nous) de ce courant trotskyste explique surement en grande partie cette attitude. C’est un carcan insupportable pour nous autres communistes-libertaires ;-) !
      Suivre quasi aveuglément la « ligne du parti », être au « garde-à-vous » (on sait... cela va te faire bondir) est impensable en milieux libertaires.
      Réciter « Le Capital » comme d’autres ânonnent le Coran ou la Bible, c’est une attitude étrangère au mouvement libertaire.

      Comme dit plus haut, l’anarchisme a beaucoup de figures emblématiques mais cela ne tombe jamais dans l’admiration béate ni un suivisme aveugle.
      Perso, je n’ai jamais lu une critique contre Marx ou Engels dans la presse LO ! Cela relève du « blasphème » ?? ;-)
      On note une approche un peu différente au sein du NPA (voir le bouquin de Besancenot « Affinités non électives, pour un dialogue sans langues de bois entre marxistes et anarchistes »)... enfin de ce qu’il en reste suite aux nombreuses scissions en son sein...

      Beaucoup de libertaires se disent marxiens (pas marxistes) car Marx a apporté beaucoup de choses dans la compréhension du capitalisme, etc.
      Quand (oui quand ?) verrons nous la même approche vis-à-vis de Bakounine, Goldman ou Kropotkine par un trotskyste ?

      L’ouverture d’esprit ne signifie nullement renier ses convictions.

      Perso, je lis souvent avec profit les éditoriaux du bulletin d’entreprise qu’un ami de LO m’envoi régulièrement !
      Combien de militants LO lisent Le Monde Libertaire... ou un autre journal anarchiste ?!? ;-)

      On sait aussi que Bakounine a participé à la traduction russe du Capital de Marx et que le militant communiste libertaire italien Carlo Cafiero a rédigé en 1878 un livre intitulé « Abrégé du Capital de Karl Marx » !

      > Comme a dit un anarchiste : la division du monde révolutionnaire entre marxiste et anarchiste est une querelle de famille que ne regarde que nous ;-)

      Bonne journée à toi :-)

    • Nous recevons bien sûr la presse anarchiste et la lisons. Nous invitons aussi chaque année à notre fête annuelle toutes les organisations anarchistes de France (dont l’UCL pour ne pas la nommer) et du monde (mais peu consentent à venir). Et nous sommes tous lecteurs de ses meilleurs théoriciens...

      Tu écris, en évitant la traditionnelle accusation de sectarisme (un exploit) : « Nous rejetons le manichéisme simpliste qui conduit à un repli sur soi sans avenir. Il est vrai qu’il est douillet de rester entre nous et de rester dans une bulle d’autosatisfaction ! »

      A quoi au juste fais-tu référence ? En évoquant un supposé « manichéisme simpliste », par exemple, fais-tu référence à notre attachement au rôle historique de la classe ouvrière et notre refus déterminé de le diluer dans les « oppressions spécifiques » ?

      Par « replis sur soi », fais-tu référence à notre refus de nous aligner politiquement et organisationnellement derrière des organisations réformistes ou des mouvements qui sont étrangers aux intérêts de classe des travailleurs ? – pour nous, dans une période comme celle que nous traversons, le seul moyen de survivre.

      Je passe sur la « bulle d’autosatisfaction », qui relève plus de la provocation gratuite que de l’argument. Il est vrai que notre rigueur et notre « centralisme démocratique » nous a permis de traverser cette période de coma du mouvement ouvrier (et nous espérons être encore là quand il se réveillera), mais cela ne nous empêche pas d’être « minoritaires » (comme je le disais plus haut). Vraiment pas de quoi se pavaner.

      Je trouve intéressant ta remarque pour le moins bienveillante à l’égard du NPA dans sa version #Besancenot. Nous revenons ici sur sa révision de la révolution russe, à laquelle tu fais référence : https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/10/28/la-revolution-doctobre-1917-des-lecons-toujours-dactualite_9

      Quant à l’évolution du #NPA lui-même, nous venons de publier ceci : https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2023/01/23/scission-du-npa-les-consequences-de-lopportunisme_472797.htm

      Quant à notre critique de #Marx et d’#Engels, nous pouvons en avoir sur des détails dus à leur époque, mais l’essentiel, en effet – le #matérialisme_dialectique, la lutte de classe, l’analyse de classe de l’État, etc. – constitue le socle idéologique de notre engagement révolutionnaire.

    • @Recriweb

      C’est un bon début ;-)

      Mais, désolé de le dire, cela reste une attitude minoritaire au sein du militantisme trotskyste et au-delà, marxiste.
      Cela reste très superficiel : il suffit de parcourir les nombreux sites marxistes pour lire des articles crasses et injurieux sur l’anarchisme.

      Nous sommes lucides et savons bien qu’il existe aussi du sectarisme chez certains libertaires... bien que cela soit parfaitement antinomique !
      Nous balayons devant notre porte car c’est juste la vérité.

      Comme nous disions au départ, les cicatrices historiques sont loin d’être guéries !
      Beaucoup pensent, surement avec raison, que la prise du pouvoir (que nous rejetons) par des marxistes rimera à nouveau avec des persécutions contre les anarchistes...

      On ne peut pas refaire l’histoire ;-)

      Merci pour cet échange cordial et fructueux !

    • Le but, c’est la prise du pouvoir par les travailleurs eux-mêmes (dont les marxistes, les anarchistes, etc.). Et il n’y a pas de gènes du marxisme qui pousse nécessairement à la répression des anarchistes (ça n’a aucun sens), mais des situations particulières de la révolution et des rapports sociaux. Quand je dis que les victoires seront déterminantes, c’est parce qu’elles seules empêcheront le mouvement révolutionnaire de pourrir et de se diviser.

      Mais oui — ceci pour finir :) — :

      à quoi bon discuter sans cesse de ces problèmes. Nous ne nous convaincrons pas par la discussion.

      Que chacun s’empare donc de sa théorie pour agir, s’il le peut. Et c’est sur les actes que nous pourrons juger de la valeur pratique, réelle de telle ou telle analyse. Bien sûr, c’est ce que chacun prétend faire, en se contentant de son immobilisme, ou en se servant de sa petite taille pour l’excuser.

      Mais n’y a-t-il pas autre chose à faire entre groupes qui se veulent révolutionnaires ?

      Il est évident que si un groupe réussit à diriger dans un pays quelconque, même petit, une révolution prolétarienne, il confirmera par là-même - à tort ou à raison - la valeur de ses analyses. Mais sans attendre cela, n’y a-t-il pas aujourd’hui d’autres confrontations possibles ? Des confrontations qui ne soient pas uniquement la reproduction sans fin de raisonnements qui sont rudimentaires pour les uns, et des contorsions pour les autres.

      N’y a-t-il pas dans nos pratiques militantes aux uns et aux autres, dans nos analyses quotidiennes, des exemples concrets qui permettent de vérifier à la lumière des faits telle ou telle analyse, ou de vérifier comment telle ou telle théorie inspire réellement, ou n’inspire pas du tout, nos analyses quotidiennes ? N’y a-t-il pas dans notre travail, tout simplement des choses dont les uns et les autres peuvent s’enrichir, chacun gardant l’activité politique de son choix (ou en changeant s’il le souhaite) ? Ce dont souffrent le plus nos groupes, c’est de leur petite taille sur des années et des années, compromettant ainsi la formation et la qualification des plus jeunes et, souvent, déformant les plus vieux. Voilà la confrontation que nous proposons, voilà la discussion que nous souhaitons et qui n’est pas celle sur laquelle se jettent, après d’innombrables autres, les camarades de la RSL.

      Certains en tireront comme conclusion que nous fuyons la discussion théorique. Libre à eux. A notre époque, nous avons beaucoup de théories et de candidats théoriciens, mais pour lesquels il nous manque malheureusement pas mal de vérifications pratiques et de candidats à de telles vérifications.

      Voilà pourquoi nous souhaitons que des échanges réels soient possibles : pour confronter des expériences.

      Si ces confrontations sont si difficiles, n’est-ce pas malheureusement parce que beaucoup de groupes ne militent pas réellement et se contentent de camper sur des positions « théoriques » qui leur semblent résoudre tout par elles-mêmes et remplacer l’action au lieu de l’inspirer.

      S’il est un phénomène auquel nous avons assisté d’innombrables fois dans l’extrême-gauche et plus spécialement dans le mouvement trotskyste depuis plus de cinquante ans, c’est bien celui-ci. Devant leurs propres échecs ou incapacités, et celui des autres révolutionnaires contemporains, des groupes ou des militants se mettent en quête de ce qui est erroné non pas dans leurs propres activités ou analyses quotidiennes mais dans les théories et les programmes du passé. Foin des « contorsions théoriques », « inextricables » ou pas : sans théorie révolutionnaire pas d’action révolutionnaire, donc si l’action n’existe pas, c’est que la théorie était mauvaise. CQFD.

      Habituellement les groupes dits « capitalistes d’État » (c’est-à-dire ceux qui définissent l’URSS comme un capitalisme d’État) se contentent de mettre en cause Trotsky et ses analyses. Les camarades de la Revolutionary Socialist League, eux, n’y vont pas par quatre chemins. S’ils n’ont pas réussi, c’est la faute non seulement de Trotsky, mais aussi de Lénine et de Marx lui-même.

      C’est donc du côté de l’anarchisme qu’ils regardent pour corriger les erreurs de Marx, tout en se réservant de ne prendre qu’une pincée de cet anarchisme comme ils ne prennent qu’une pincée de marxisme. Mais l’éclectisme ici n’est pas seulement un déguisement du scepticisme et un élégant moyen de prendre ses distances avec tout le mouvement révolutionnaire passé, c’est aussi une façon d’éviter de pousser ses idées jusqu’au bout... même si ce renoncement se cache sous le prétexte de repenser la théorie et la pratique, de faire une nouvelle « synthèse ».

      Mais si nous partons de l’idée que les échecs du mouvement révolutionnaire prolétarien contemporain doivent nous amener à nous poser des questions sur la validité des théories et des analyses fondamentales sur lesquelles il s’appuie, est-ce vraiment sérieux d’en appeler contre Marx à l’anarchisme ? Car si depuis plus de cent ans, depuis que marxisme et anarchisme se sont affrontés comme théories, méthodes, pensées et pratiques opposées, le bilan du premier, aussi bien pour l’analyse et la compréhension du monde que pour l’impact sur celui-ci, n’est-il pas immense alors que celui du second est nul ? Et même si l’on peut dresser aujourd’hui une sorte de constat d’impuissance apparente du mouvement trotskyste, n’est-ce pas la même chose pour le mouvement anarchiste et même en pire, d’autant plus que celui-ci a un passé bien plus long, et a connu àcertaines périodes et dans certains pays, des possibilités que le mouvement trotskyste n’a encore jamais connues, mais que le mouvement anarchiste a été totalement incapable d’utiliser. […]

      https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1986-1993-trilingue/article/trotskysme-ou-anarchisme-les-vrais-6621

    • Merci à vous d’avoir explicité vos points de vue. Je ne sais pas encore si l’échange aura été constructif mais disons qu’il sera parvenu à mettre en avant des problématiques liées à tout mouvement révolutionnaire.

      Pour alimenter la réflexion :

      https://www.cetri.be/Zapatisme-la-rebellion-qui-dure#nb12

      A la fois « identitaire, révolutionnaire et démocrate », la rébellion des indigènes zapatistes du Chiapas lutte « pour la dignité » et « contre le capitalisme ». Vingt ans après l’insurrection du 1er janvier 1994, elle est toujours là, opiniâtre et évolutive dans son profil et son rapport au politique. Pourtant le contexte ne lui sourit guère. Et l’« autonomie de fait » qu’elle construit sur le terrain étonne autant par son zèle que par sa précarité.

      Bonne lecture ! :-)

    • @recriweb

      Merci pour le lien : je pense avoir lu ce texte qui date de 1987 et de vos démêlés avec la Revolutionary Socialist League...

      "il n’y a pas de gènes du marxisme qui pousse nécessairement à la répression des anarchistes (ça n’a aucun sens)..." (sic)

      > Il ne faut pas et jamais oublier que dans TOUS les régimes qui se réclament du marxisme (à tort ou à raison, ce n’est pas vraiment notre souci), il y a eu de la répression et des persécutions contre les anarchistes.

      On ne croit pas au hasard, nous ne sommes pas naïf à ce point ;-)

      "Hommes et femmes, savez-vous que l’État est votre pire ennemi ? C’est une machine qui vous écrase pour mieux soutenir vos maîtres. Ceux que l’on nomme la classe dirigeante. L’État est un pillard à la solde des capitalistes et vous êtes naïfs d’en attendre du secours."

      ★ Emma Goldman (1893)

      >> Pour notre part, nous avons fait le tour du sujet... ;-)

      🛑 Pour les personnes intéressées, une (petite) sélection de textes sur les sujets du pouvoir et de l’étatisme sur notre Blog :

      ==================================================

      ★ L’ANARCHIE DE A À Z : « E » COMME ÉTAT

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/04/l-anarchie-de-a-a-z-e-comme-etat.html

      ★ L’ÉTAT, VOTRE PIRE ENNEMI

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2015/11/l-etat-votre-pire-ennemi.html

      ★ L’ÉTAT EST UNE CONSTRUCTION THÉORIQUE

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/01/l-etat-est-une-construction-theorique.html

      ★ Bakounine : Les États, c’est la guerre permanente   ! (1870)

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/12/les-etats-c-est-la-guerre-permanente.html

      ★ IL N’Y A PAS DE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/02/il-n-y-a-pas-de-gouvernement-revolutionnaire.html

      ★ Nestor Makhno : Le pouvoir « soviétique », son présent et son avenir (1931)

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/09/le-pouvoir-sovietique-son-present-et-son-avenir.html

      ★ ANTI-ÉTATISME

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2017/02/anti-etatisme.html

      ★ L’ÉTAT ET MASSACRE MASSIF

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2018/02/l-etat-et-massacre-massif.html

      ★ MAKHNO : LA LUTTE CONTRE L’ETAT (1926)

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2016/06/la-lutte-contre-l-etat.html

      ★ LE POUVOIR C’EST L’ENNEMI DU PEUPLE

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2016/02/le-pouvoir-c-est-l-ennemi-du-peuple.html

      L’ANARCHIE DE A À Z : « K » COMME KRONSTADT (OU LA FAILLITE DU LÉNINISME)

      https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/03/l-anarchie-de-a-a-z-k-comme-kronstadt-ou-la-faillite-du-lenini

    • ★ Emma Goldman, in « L’Individu, la Société et l’État » (1940) :

      "L’État, le gouvernement, quels qu’en soient la forme, le caractère, qu’il soit autoritaire ou constitutionnel, monarchique ou républicain fasciste, nazi ou bolchevik, est de par sa nature même conservateur, statique, intolérant et opposé au changement. S’il évolue parfois positivement c’est que, soumis à des pressions suffisamment fortes, il est obligé d’opérer le changement qu’on lui impose, pacifiquement parfois, brutalement le plus souvent, c’est-à-dire par les moyens révolutionnaires. De plus, le conservatisme inhérent à l’autorité sous toutes ses formes devient inévitablement réactionnaire. Deux raisons à cela : la première c’est qu’il est naturel pour un gouvernement, non seulement de garder le pouvoir qu’il détient, mais aussi de le renforcer, de l’étendre et de le perpétuer à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Plus forte est l’autorité, plus grands l’État et ses pouvoirs, plus intolérable sera pour lui une autorité similaire ou un pouvoir politique parallèle. La psychologie gouvernementale impose une influence et un prestige en constante augmentation, nationalement et internationalement, et il saisira toutes les occasions pour les accroître. Les intérêts financiers et commerciaux soutenant le gouvernement qui les représente et les sert, motivent cette tendance. La raison d’être fondamentale de tous les gouvernements, sur laquelle les historiens des temps passés fermaient volontairement les yeux, est si évidente aujourd’hui que les professeurs eux-mêmes ne peuvent plus l’ignorer (...)
      Il fut un temps où l’État n’existait pas. L’homme a vécu dans des conditions naturelles, sans État ni gouvernement organisé. Les gens étaient groupés en petites communautés de quelques familles, cultivant le sol et s’adonnant à l’art et à l’artisanat. L’individu, puis plus tard la famille, était la cellule de base de la vie sociale ; chacun était libre et l’égal de son voisin. La société humaine de cette époque n’était pas un État mais une association volontaire où chacun bénéficiait de la protection de tous. Les aînés et les membres les plus expérimentés du groupe en étaient les guides et les conseillers. Ils aidaient à régler les problèmes vitaux, ce qui ne signifie pas gouverner et dominer l’individu. Ce n’est que plus tard qu’on vit apparaître gouvernement politique et État, conséquences du désir des plus forts de prendre l’avantage sur les plus faibles, de quelques-uns contre le plus grand nombre (...)
      L’absolutisme politique a été aboli parce que l’homme s’est aperçu, au cours des siècles, que le pouvoir absolu est un mal destructeur. Mais il en va de même de tous les pouvoirs, que ce soit celui des privilèges, de l’argent, du prêtre, du politicien ou de la soi-disant démocratie. Peu importe le caractère spécifique de la coercition s’il revêt la couleur noire du fascisme, le jaune du nazisme ou le rouge prétentieux du bolchevisme. Le pouvoir corrompt et dégrade aussi bien le maître que l’esclave, que ce pouvoir soit aux mains de l’autocrate, du parlement ou du soviet. Mais le pouvoir d’une classe est plus pernicieux encore que celui du dictateur, et rien n’est plus terrible que la tyrannie de la majorité.
      "

    • Un tas de références qui reposent, au yeux des marxistes, sur un contresens éculé qu’Emma Goldman n’est jamais parvenue à dépasser, un contresens étranger à toutes analyse de classe, genre : l’État est la « conséquence du désir des plus forts de prendre l’avantage sur les plus faibles, de quelques-uns contre le plus grand nombre ». C’est pourquoi il serait intrinsèquement mauvais : « le conservatisme est inhérent à l’autorité sous toutes ses formes », « l’État est de par sa nature même conservateur, statique, intolérant et opposé au changement ». Ces billevesées psychologisantes (et curieusement fatalistes) sont puériles.

      L’objectif est de se donner les moyens de renverser la classe capitaliste, de l’exproprier dans son intégralité et, partant, de partout détruire ses États et d’écraser ses instruments de répression. Pour cela, il faudra que la classe révolutionnaire (la classe ouvrière) se dote des outils nécessaires pour faire table rase. Et jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas autrement qu’en s’organisant pour être plus fort que l’ennemi que l’on remporte une bataille – et à plus forte raison une révolution mondiale. En effet, il nous faudra des outils nationaux et internationaux pour prendre des décisions décisives et s’assurer qu’elles seront appliquées. Parce que nous aurions « l’autoritarisme » dans le sang ? Non, parce que la machine de guerre que nous aurons en face ne nous permettra pas de faire l’économie d’une armée capable de riposter à tous les projets de dévastation.

      Ce faisant, c’est évident, armons-nous aussi des outils qui permettront d’empêcher que parmi ces hommes nécessaires, démocratiquement élus, qui prendront les décisions, il puisse y en avoir avec des projets contradictoires et nuisibles. Donc des dirigeants révocables à tout moment par les travailleurs eux-mêmes organisés (en conseils, en soviets, en comité, on verra comment ils les construirons, sur quelles bases, et comment ils les appelleront).

      Mais à ce propos, une référence, un classique du marxisme : L’État et la révolution, de #Lénine (1917) – pour comprendre notre point de vue (et rétablir l’équilibre face à toutes les références données plus haut) :
      https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er00t.htm

      Le sommaire (principal) :

      CHAPITRE I. LA SOCIETE DE CLASSES ET L’ETAT

      1. L’Etat, produit de contradictions de classes inconciliables
      2. Détachements spéciaux d’hommes armés, prisons, etc.
      3. L’Etat, instrument pour l’exploitation de la classe opprimée
      4. « Extinction » de l’Etat et révolution violente

      CHAPlTRE II. L’ETAT ET LA REVOLUTION. L’EXPERIENCE DES ANNEES 1818-1851

      1. La veille de la révolution
      2. Le bilan d’une révolution
      3. Comment Marx posait la question en 1852

      CHAPITRE III. L’ETAT ET LA REVOLUTION. L’EXPERIENCE DE LA COMMUNE DE PARIS (1871). ANALYSE DE MARX

      1. En quoi la tentative des communards est-elle héroïque ?
      2. Par quoi remplacer la machine d’Etat démolie ?
      3. Suppression du parlementarisme
      4. Organisation de l’unité de la nation
      5. Destruction de l’Etat parasite

      CHAPITRE IV. SUITE. EXPLICATIONS COMPLEMENTAIRES D’ENGELS

      1. La « question du logement »
      2. Polémique avec les anarchistes
      3. Lettre à Bebel
      4. Critique du projet de programme d’Erfurt
      5. L’introduction de 1891 à La Guerre civile en France de Marx
      6. Engels et le dépassement de la démocratie

      CHAPITRE V. LES BASES ECONOMIQUES DE L’EXTINCTION DE L’ETAT

      1. Comment Marx pose la question
      2. La transition du capitalisme au communisme
      3. Première phase de la société communiste
      4. Phase supérieure de la société communiste

  • Au Rojava, la lutte des #femmes contre le #patriarcat - MOUAIS
    http://mouais.org/au-rojava-la-lutte-des-femmes-contre-le-patriarcat

    « Tuer le mâle dominant » est l’un des concepts clés développés par les chercheuses. « Il ne s’agit pas de tuer les hommes mais de changer les mentalités patriarcales en eux », rigole Zilan. Avec des ateliers d’auto-critique, des cours d’histoire et une sensibilisation aux droits des femmes, les hommes sont encouragés à voire les femmes comme des partenaires égales, ni plus ni moins. « Mais on est encore malheureusement loin du compte, d’autant plus que la guerre entraîne des comportements violents et des situations de difficulté pour les femmes », soupire-t-elle.

  • Drone Terror from Turkey. Arms buildup and crimes under international law - with German participation

    In Kurdistan, Libya or Azerbaijan, Turkish “#Bayraktar_TB2” have already violated international law. Currently, the civilian population in Ethiopia is being bombed with combat drones. Support comes from Germany, among others.

    For almost two decades, companies from the USA and Israel were the undisputed market leaders for armed drones; today, China and Turkey can claim more and more exports for themselves. Turkey is best known for its “Bayraktar TB2,” which the military has been using since 2016 in the Turkish, Syrian and now also Iraqi parts of Kurdistan in violation of international law. In the four-month #Operation_Olive_Branch in Kurdish #Rojava alone, the “TB2” is said to have scored 449 direct hits four years ago and enabled fighter jets or helicopters to make such hits in 680 cases. It has a payload of 65 kilograms and can remain in the air for over 24 hours.

    The Turkish military also flies the “#Anka”, which is also capable of carrying weapons and is manufactured by #Turkish_Aerospace_Industries (#TAI). In a new version, it can be controlled via satellites and thus achieves a greater range than the “#TB2”. The “Anka” carries up to 200 kilograms, four times the payload of its competitors. The newest version of both drones can now stay in the air for longer than 24 hours.

    Drone industry is dependent on imports

    The “Anka” is also being exported, but the “TB2” is currently most widely used. The drone is manufactured by #Baykar, whose founder and namesake is #Selçuk_Bayraktar, a son-in-law of the Turkish president. The “TB2” also flew attacks on Armenian troops off #Nagorno-Karabakh, for the Tripoli government in Libya and for Azerbaijan; there it might have even - together with unmanned aerial vehicles of Israeli production - been decisive for the war, according to some observers.

    The aggressive operations prompted further orders; after Qatar, Ukraine, Morocco, Tunisia and Turkmenistan, Baykar is the first NATO country to sell the drone to Poland. About a dozen countries are said to have already received deliveries, and about as many are said to be considering procurement. Interest is reportedly coming from as far away as Lithuania and even the United Kingdom.

    The comparatively young Turkish drone industry is able to produce many of the components for its unmanned aerial vehicles itself or buy them from domestic suppliers, but manufacturers are still dependent on imports for key components. This applies to engines, for example, which are also produced in Turkey but are less powerful than competing products. For this reason, the “TB2” flew with Rotax engines from Austria, among others. Following Turkey’s support for the Azerbaijani war of aggression, the company stopped supplying Baykar.

    Canada imposes export ban

    According to the Kurdish news agency ANF, Baykar has also made purchases from Continental Motors, a U.S. corporation partly based in Germany that took over Thielert Aircraft Engines GmbH eight years ago. A cruise control system made by the Bavarian company MT-Propeller was found in a crashed “TB2”. According to the Armenian National Committee of America, a radar altimeter manufactured by SMS Smart Microwave Sensors GmbH and a fuel filter made by Hengst were also installed in the drone.

    However, exports of these products are not subject to licensing, and sales may also have been made through intermediaries. Hengst, for example, also sells its products through automotive wholesalers; the company says it does not know how the filter came into Baykar’s possession.

    Originally, the “TB2” was also equipped with a sensor module from the Canadian manufacturer Wescam. This is effectively the eye of the drone, mounted in a hemispherical container on the fuselage. This so-called gimbal can be swiveled 360° and contains, among other things, optical and infrared-based cameras as well as various laser technologies. Wescam also finally ended its cooperation with Baykar after the government in Ottawa issued an export ban on the occasion of the war over Nagorno-Karabakh. The country had already imposed a temporary halt to deliveries following Turkish operations in the Kurdish region of Rojava in North Syria.

    “Eye” of the drone from Hensoldt

    Selçuk Bayraktar commented on the decision made by the Canadian Foreign Minister, saying that the required sensor technology could now also be produced in Turkey. In the meantime, the Turkish company Aselsan has also reported in newspapers close to the government that the sensor technology can now be produced completely domestically. Presumably, however, these devices are heavier than the imported products, so that the payload of small combat drones would be reduced.

    Hensoldt, a German company specializing in sensor technology, has been one of the suppliers. This was initially indicated by footage of a parade in the capital of Turkmenistan, where a freshly purchased “TB2” was also displayed to mark the 30th anniversary of the attainment of independence in Aşgabat last year. In this case, the drone was equipped with a gimbal from Hensoldt. It contains the ARGOS-II module, which, according to the product description, has a laser illuminator and a laser marker. This can be used, for example, to guide a missile into the target.

    Hensoldt was formed after a spinoff of several divisions of defense contractor Airbus, including its radar, optronics, avionics and electronic device jamming businesses. As a company of outstanding security importance, the German government has secured a blocking minority. The Italian defense group Leonardo is also a shareholder.

    Rocket technology from Germany

    The ARGOS module is manufactured by Hensoldt’s offshoot Optronics Pty in Pretoria, South Africa. When asked, a company spokesman confirmed the cooperation with Baykar. According to the company, the devices were delivered from South Africa to Turkey in an undisclosed quantity “as part of an order”. In the process, “all applicable national and international laws and export control regulations” were allegedly complied with.

    The arming of the “TB2” with laser-guided missiles was also carried out with German assistance. This is confirmed by answers to questions in the German Bundestag reported by the magazine “Monitor”. According to these reports, the German Foreign Ministry has issued several export licenses for warheads of an anti-tank missile since 2010. They originate from the company TDW Wirksysteme GmbH from the Bavarian town of Schrobenhausen, an offshoot of the European missile manufacturer MBDA.

    According to the report, the sales were presumably made to the state-owned Turkish company Roketsan. Equipment or parts for the production of the missiles are also said to have been exported to Turkey. The TDW guided missiles were of the “LRAT” and “MRAT” types, which are produced in Turkey under a different name. Based on the German exports, Roketsan is said to have developed the “MAM” missiles for drones; they are now part of the standard equipment of the “TB2”. These so-called micro-precision munitions are light warheads that can be used to destroy armored targets.

    Export licenses without end-use statement

    Roketsan sells the MAM guided missiles in three different versions, including a so-called vacuum bomb. Their development may have been carried out with the cooperation of the Bavarian company Numerics Software GmbH, according to ANF Deutsch. Numerics specializes in calculating the optimal explosive effect of armor-piercing weapons. According to the German Foreign Ministry, however, the company’s products, for which licenses have been issued for delivery to Turkey, are not suitable for the warheads in question.

    When the German government issues export licenses for military equipment, it can insist on a so-called end-use declaration. In the case of Turkey, the government would commit to obtaining German permission before reselling to a third country. The Foreign Ministry would not say whether such exchanges on missiles, sensors or other German technology have taken place. In total, export licenses for goods “for use or installation in military drones” with a total value of almost 13 million euros have been issued to Turkey, according to a response from last year.

    Deployment in Ethiopia

    As one of the current “hot spots”, the “Bayraktar TB2” is currently being deployed by Ethiopia in the civil war with the Tigray People’s Liberation Front (TPLF). As recently as December, the Tigrinese rebels were on the verge of entering the capital Addis Ababa, but the tide has since turned. Many observers attribute this to the air force. The Ethiopian military has 22 Russian MiG-23 and Sukhoi-27 fighter jets, as well as several attack helicopters.

    But the decisive factor is said to have been armed drones, whose armament allows far more precise attacks. “There were suddenly ten drones in the sky”, the rebel general Tsadokan Gebretensae confirmed to the New York Times in an interview. In a swarm, these had attacked soldiers and convoys. The Reuters news agency quotes a foreign military who claims to have “clear indications” of a total of 20 drones in use. However, these also come from China and Iran.

    Evidence, meanwhile, shows that the Turkish combat drones are used as before in Kurdistan and other countries for crimes under international law. On several occasions, they have also flown attacks on civilians, including in convoys with refugees. Hundreds of people are reported to have died under Turkish-made bombs and missiles.

    After the “TB2” comes the significantly larger “Akıncı”

    In the future, the Turkish military could deploy a significantly larger drone with two engines, which Baykar has developed under the name “Akıncı”. This drone will be controlled via satellites, which will significantly increase its range compared to the “TB2”. Its payload is said to be nearly 1.5 tons, of which 900 kilograms can be carried under the wings as armament. According to Baykar, the “Akıncı” can also be used in aerial combat. Unarmed, it can be equipped with optical sensors, radar systems or electronic warfare technology.

    Baykar’s competitor TAI is also developing a long-range drone with two engines. The “#Aksungur” is said to have capabilities comparable to the “#Akıncı” and was first flown for tests in 2019.

    http://kurdistan-report.de/index.php/english/1282-drone-terror-from-turkey-arms-buildup-and-crimes-under-interna
    #Turquie #Kurdistan #Kurdistan_turque #drones #armes #Allemagne #drones_de_combat #drones_armés #industrie_militaire #Rotax #Continental_Motors #SMS_Smart_Microwave_Sensors #Hengst #Wescam #Aselsan #technologie #ARGOS-II #Airbus #Optronics_Pty

  • Introduction au livre : Nous écrivons depuis la révolution. Récits de femmes internationalistes au Rojava

    Vous tenez entre vos mains un livre de témoignages, de récits que nous avons pensés collectivement à partir des expériences de douze femmes, venues passer de quelques jours à plusieurs années au Rojava.

    Pourquoi ce livre ?

    Ce livre est parti d’un désir et d’une nécessité : partager les expériences, les rencontres et les émotions qui nous ont traversées au cœur de la révolution du Rojava. Un désir, parce qu’autant de beauté, d’énergie et d’espoir doivent être diffusés le plus largement possible et doivent pouvoir imprégner chacune de nos vies, chaque lutte à travers le monde. Une nécessité parce qu’il est de notre responsabilité de ne pas faire de ce temps au Rojava une expérience personnelle, mais de faire connaître le projet et la réalité révolutionnaire de celles qui nous ont tant appris.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/03/24/introduction-au-livre-nous-ecrivons-depuis-la-revolutio

    #international #syrie #kurdistan #rojava #féminisme