• Cartes sensibles ou subjectives

    Cartographie sensible ou subjective
    Pour Quentin Lefèvre, la cartographie sensible (ou #cartographie_subjective) peut se définir comme un média de restitution de l’#expérience du territoire ou encore comme la "#spatialisation_sensible de données sensibles".
    http://quentinlefevre.com/cartographie-sensible

    Cartographie sensible, émotions et #imaginaire
    #Elise_Olmedo cerne les contours théoriques et méthodologiques de la cartographie sensible, en décrit les étapes de création et s’interroge sur ses impacts, son utilité et ses limites, à partir d’une expérimentation faite sur le terrain au Maroc, à Marrakech, au printemps 2010.
    http://visionscarto.net/cartographie-sensible

    Cartographier les #interstices de la #ville
    En faisant remonter à la surface les éléments du #paysage, l’artiste scénographe #Mathias_Poisson délivre des informations sur l’#ambiance des lieux, qui sensorialisent la carte. Élise Olmedo rend compte de cette #expérience_urbaine subjective dans ce beau billet.
    http://www.strabic.fr/Mathias-Poisson-Cartographier-les-interstices-de-la-ville

    Cartes et cartographie des ressentis et représentations d’individus
    La cartographie d’objets tels que des #ressentis (une gêne) ou des représentations de l’#espace_vécu (un risque) relatés par des individus mobilise des bagages conceptuels et techniques nombreux, nécessitant une mise au point sémantique et méthodologique. Aurélie Arnaud discute l’état de la recherche dans ce domaine dans la revue M@ppemonde.
    https://journals-openedition-org/mappemonde/4666

    Et si les cartes permettaient aussi d’explorer l’#invisible ?
    C’est ce que propose l’atelier pédagogique de la BNF "Les cartes de l’invisible".
    http://c.bnf.fr/JtG

    L’#Otletosphère
    Cette cartographie relationnelle des personnalités et institutions liées à #Paul_Otlet cherche à mettre en visibilité la forte implication de l’auteur au sein des organisations pacifistes internationales ainsi qu’au sein des institutions bibliographiques et documentaires.
    http://hyperotlet.huma-num.fr/otletosphere/117

    Pour une pratique féministe de la #visualisation de données
    #Donna_Haraway, dans son essai fondateur sur les #savoirs_situés, offre une critique brillante non seulement de la représentation visuelle mais de la préférence extrême et perverse donnée aux yeux sur le corps dans la pensée occidentale.
    http://visionscarto.net/visualisation-donnees-feministe
    #feminisme

    Nouvelles cartographies – Lettres du #Tout-Monde
    Ce projet de création expérimental et ouvert à tou.te.s a été lancé par des artistes et journalistes associés au #Labo_148. Quelle sera la cartographie du monde après la crise sanitaire ? Que redéfinit-elle ? Quelles urgences « à rêver un autre rêve, à inventer d’autres espoirs » s’imposent ? Le “Tout-Monde” selon #Edouard_Glissant, est cette inextricabilité de nos devenirs, et en cela, il invite à une poétique active de la #mondialité, de rencontres des imaginaires. Voir notamment l’expérience de Paul Wamo Taneisi : “Je porterai moi-même ma carte géographique”
    http://www.labo148.com/category/nouvelles-cartographies

    #Cartographies_traverses
    « Cartographies traverses » est un dispositif de recherche-création qui regroupe des productions visuelles et sonores traitant des expériences migratoires contemporaines.
    http://visionscarto.net/cartographies-traverses

    Re-dessiner l’expérience, art, sciences, conditions migratoires
    #Sarah_Mekdjian et #Marie_Moreau utilisent la cartographie avec des migrants "pour un autre partage du sensible". Le projet débouche sur l’élaboration d’une très belle carte sensible (à voir).
    http://www.antiatlas-journal.net

    Cartes de migrants
    L’artiste camerounais #Jean_David_Nkot réalise des portraits avec des cartes afin de "représenter les nombreux lieux qui se bousculent dans la tête des migrants" : https://wepresent.wetransfer.com/story/jean-david-nkot

    Cartes d’ici et d’ailleurs
    Favoriser l’inclusion sociale des personnes migrantes en France à travers des ateliers de #cartographie_participative et sensible (CartONG) : tel est l’objectif global du projet “Cartes d’ici et d’ailleurs”, soutenu par la Fondation de France et mis en oeuvre par #CartONG.
    http://veillecarto2-0.fr/2018/12/21/carte-sensible-un-outil-dinclusion-sociale

    #Guerilla_Cartography
    L’objectif de Guerrilla Cartography est d’utiliser l’#art pour promouvoir une #cartographie_collaborative et engagée. Le site rassemble plusieurs atlas originaux et artistiques sur l’#eau, la #nourriture, les migrants.
    http://www.guerrillacartography.org

    Plateforme Art & Géo de Cartes Sensibles
    Proposé par le polau-pôle des arts urbains et #Crévilles, ce site regroupe des cartes artistiques et géographiques qui rendent compte d’un territoire existant en assumant un regard sensible et/ou subjective. Il est conçu comme un outil de ressource et de partage pour chercheurs, artistes et curieux.
    http://polau.org/pacs

    L’art est dans la cARTe
    #Ghislaine_Escande est artiste peintre et plasticienne. Avec ses cARTes, elle redessine le Monde et nous fait voyager.
    http://neocarto.hypotheses.org/10407

    Carte sensible du festival de #Glastonbury
    Le plan du célèbre festival de musique et d’arts de Glastonbury au Royaume-Uni selon The Word Magazine.

    La carte subjective du musicien #Nick_Cave
    Il s’agit d’une affiche de 2006 pour le concert de Nick Cave à Manchester en Angleterre. Elle contient plus de 50 énigmes basées sur les paroles de ses chansons. Voir cette vidéo qui revient sur le sens de cette carte subjective.
    http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/s/3ypdis

    Médier les récits de vie. Expérimentations de #cartographies_narratives et sensibles
    Article de Sarah Mekdjian et Élise Olmedo paru en 2016 sur le site de M@ppemonde.
    http://mappemonde.mgm.fr/118as2
    #cartographie_narrative

    Cartographier une année de sa vie
    #Nicholas_Felton est un artiste designer qui traduit les données de la vie quotidienne en objets et en expériences significatives. Il est l’auteur de plusieurs rapports annuels qui résument les événements de l’année en cartes et graphiques rendant compte de son expérience subjective.
    http://feltron.com/FAR08.html

    Cartographie du #confinement en période d’épidémie
    L’artiste britannique #Gareth_Fuller (https://fullermaps.com/artworks/quarantine-maps) raconte en 14 cartes l’expérience de survie que représente la #quarantaine. Un grand nombre de cartes décrivant différents vécus en mode confiné sur Citylab (www.citylab.com/life/2020/04/neighborhood-maps-coronavirus-lockdown-stay-at-home-art/610018/). Le confinement en croquis, vu de France : géographie politique, sociale et culturelle du monde post-Covid19 par #Jérôme_Monnet (Cybergéo : https://journals.openedition.org/cybergeo/34804). Une manière de décaler le regard sur le monde peut être d’utiliser (et d’admirer au passage) les très belles oeuvres de #street-art (https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/street-art/coronavirus-tour-du-monde-des-plus-belles-oeuvres-de-street-art-face-a-) produites dans le contexte de la pandémie. #Virginie_Estève a proposé un projet cartographique à ses élèves de 4e : cartographier leur espace vécu de confinement et aborder le paysage sensible depuis leur fenêtre. La preuve que l’on peut continuer à faire de la géographie et travailler à distance, moyennant quelques aménagements ( voir ce Genialy : https://view.genial.ly/5e80c8155ad5150d93dab237/guide-geographie-du-confinement). Julien Dupont (Kobri), professeur d’histoire-géographie en collège à Vaulx-en-Velin et auteur de fictions radiophoniques et cartographiques, a mis en ligne sur son site Kartokobri (https://kartokobri.wordpress.com) ses cartes quotidiennes du confinement. #SCOPIC (http://www.revuesurmesure.fr/issues/battre-aux-rythmes-de-la-ville/explorations-sensibles-de-notre-1km) s’est interrogée sur l’expérience du kilomètre autour de nos habitats. Pour d’autres liens, consulter le billet "Faire de la géographie en période de confinement" (https://cartonumerique.blogspot.com/2020/03/geographie-et-confinement.html).

    Maps of Home
    "Maps of Home" est une vision nostalgique faite des souvenirs de #Janesville dans le #Wisconsin, où l’auteur a grandi et où il a dû revenir à cause de la pandémie.
    http://moriartynaps.org/maps-of-home

    Suivre ses proches en temps de guerre
    Carte dessinée à la main par ma grand-mère pour suivre les mouvements de mes grands-pères pendant la Seconde Guerre mondiale (1943-1945).
    http://www.reddit.com/comments/be814f

    #Nomadways
    Le groupe Nomadways a invité 24 artistes, éducateurs et travailleurs sociaux à découvrir et explorer l’espace à partir de leurs #émotions et à créer leurs propres cartes subjectives dans un but de construction et d’inclusion communautaires.
    http://nomadways.eu/subjective-mapping-2017-france

    Cartographie autochtone, activités extractives et représentations alternatives
    Le réseau #MappingBack a pour objectif de fournir du soutien cartographique aux membres des communautés autochtones luttant contre les industries extractives sur leur territoire. MappingBack cherche à utiliser la cartographie comme un outil de #résistance.
    http://mappingback.org/home_fr
    #peuples_autochtones #extractivisme

    #Native_land, cartographier les voix autochtones
    Le site Native Land, mis sur pied en 2015 par #Victor_Temprano, propose un outil cartographique participatif permettant une conceptualisation décoloniale des Amériques, du #Groenland, de l’#Australie et de la #Nouvelle-Zélande. Lire la présentation du site.
    http://native-land.ca
    #décolonial

    Cartographie et #langues_autochtones
    #Marlena_Myles utilise son art pour célébrer sa culture et sa langue autochtones ainsi que pour aider le public (notamment les enfants) à comprendre l’importance des traditions et de l’histoire orales autochtones. Ses cartes racontent le passé, le présent et l’avenir du peuple et de la langue du #Dakota.
    http://marlenamyl.es/project/dakota-land-map
    #histoire_orale

    Counter Mapping
    #Jim_Enote, agriculteur #zuni traditionnel dans le Colorado (Etats-Unis), collabore avec des artistes pour créer des cartes qui ramènent une voix et une perspective autochtones à la terre. Ces cartes zunis s’inspirent profondément d’expériences partagées de lieux dans une volonté de #réappropriation du territoire par les #Amerindiens.
    http://emergencemagazine.org/story/counter-mapping

    Cartographie personnelle et subjective de #Mary_Jones
    Au cours de ses dérives dans la ville de #Des_Moines, Mary Jones observe les lieux et les habitant⋅e⋅s, fait des photos, remplit des carnets d’#esquisses, prend des notes, enregistre parfois aussi des sons. Une masse de matériaux bruts qu’elle assemble ensuite en images hybrides (#collages, #superpositions, #sampling_visuels) qui composent une sorte de cartographie personnelle, subjective, voire intime de la cité et de ses marges.
    http://aris.papatheodorou.net/une-flaneuse-a-la-derive

    Cartographier les espaces vécus et les émotions (#Drusec)
    La ville telles qu’elle est vécue par les usagè.re.s de drogue marginalisés de #Bordeaux.
    http://drusec.hypotheses.org/1722

    #Queering_the_Map
    Queering the Map est un projet de cartographie généré par la communauté #queer afin de géolocaliser des moments, des souvenirs et des histoires par rapport à leur espace physique. En cartographiant ces moments éphémères, Queering the Map vise à créer une archive vivante d’expériences queer.
    http://queeringthemap.com

    Cartographie subjective des Etats-Unis par #Paul_Steinberg
    Cette série de vues subjectives des Etats-Unis et du monde a été réalisée par Saul Steinberg pour des couvertures anciennes de magazines (The New Yorker ou autres)
    http://saulsteinbergfoundation.org/essay/view-of-the-world-from-9th-avenue

    La cartographie au service des théories platistes
    La théorie de la Terre Plate perdure jusqu’à aujourd’hui. La réalisation de cartes à l’image de la #terre_plate devient un objet de promotion de ces théories.
    http://veillecarto2-0.fr/2020/09/22/la-cartographie-au-service-des-theories-platistes

    Le monde vu de...
    Une série de vues du monde à partir de #New_York, #San_Francisco et différentes villes des Etats-Unis (lire notre article sur le monde vu de la Silicon Valley).
    https://imgur.com/a/XTnSn#0

    Le monde vu par les Anciens
    Cet atlas de #Karl_Müller de 1874 reproduit "les systèmes géographiques des Anciens" et d’une certaine manière la façon dont ces systèmes de représentation de l’#Antiquité étaient eux-mêmes vus au XIXe siècle.
    http://geodata.mit.edu/catalog/princeton-r207tq824

    L’Europe vue de la Russie
    L’Europe vue de Moscou et l’Asie vue d’#Irkoutsk pendant la Guerre froide (1952).
    https://www.reddit.com/r/MapPorn/comments/epdn4c/europe_from_moscowasia_from_irkutsk_time_magazine

    Cartographie et subjectivité chez #Alexander_von_Humboldt
    En scrutant minutieusement les différentes cartes réalisées par Alexander #von_Humboldt, on remarque certaines particularités, des mentions qui, à priori, n’auraient pas lieu de s’y trouver tant elles témoignent de la subjectivité de l’auteur.
    http://visionscarto.net/Humboldt-carto-subjective

    Le monde sens dessus dessous
    Un planisphère renversé montrant la Terre vue depuis l’hémisphère sud (à télécharger en haute résolution). Consulter la page des #projections cartographiques (http://cartonumerique.blogspot.com/p/projections-cartographiques.html) pour accéder à d’autres vues renversantes de la Terre.
    https://www.digitalcommonwealth.org/search/commonwealth:9s161j433

    Cartographie ultrapériphérique, et si on changeait de point de vue
    Une carte des territoires ultramarins vus depuis l’hémisphère sud.
    http://www.une-saison-en-guyane.com/extras/carte/carto-ultraperipherie-si-on-changeait-de-point-de-vue%e2%80%89

    Projections du futur
    Les projections du futur seront probablement centrées sur les océans, comme ces deux cartes du monde en projection Mercator oblique qui représentent les continents tout autour d’un océan unique.
    http://rightbasicbuilding.com/2019/09/09/the-world-maps-of-the-future

    Carte subjective de #Paris en 2050
    Cette carte imagine Paris en 2050, lorsque les effets du #réchauffement_climatique se seront durement faits ressentir... si rien n’est fait. Voir notre article de présentation : https://cartonumerique.blogspot.com/2019/02/carto-subjective-geo-prospective.html
    http://www.deuxdegres.net/projects/paris-2050
    #changement_climatique

    Utiliser des #SIG pour cartographier les #pratiques_spatiales
    Des recherches récentes montrent l’intérêt d’utiliser les données fournies par les #réseaux_sociaux pour les cartographier et mettre en évidence des comportements des individus dans l’espace.
    http://www.gislounge.com/using-gis-to-analyze-peoples-attitudes

    Cartographie collaborative
    L’objectif de ce site est de développer un ensemble d’usages pour aider à la dissémination des pratiques collaboratives en matière de cartographie, que ce soit pour le citoyen ou au sein de structures (associations, collectivités, milieu scolaire).
    http://cartographie-collaborative.eu

    #Mapquote
    Le projet collaboratif Mapquote prend la forme d’une #carte_interactive où chaque utilisateur peut déposer une #citation de #romans où il est question de cartes.
    http://neocarto.hypotheses.org/6502

    L’usage de Google Maps dans « #Netherland »
    Netherland est une belle réflexion désabusée sur les lieux et le déplacement, l’#espace et la #séparation, le fait de pouvoir être physiquement dans un lieu et mentalement dans un autre. Google Maps n’intervient que dans deux courts passages au début et à la fin du livre (source : Spacefiction)
    http://spacefiction.fr/2009/11/01/google-maps-enters-litteraturegoogle-maps-entre-dans-la-litterature

    #Hoodmaps
    Hoodmaps permet de créer des cartes participatives pour éviter les #pièges_à_touristes et fréquenter les quartiers branchés de la ville. La typologie est assez basique, voire un peu réductrice : entre les “hipsters”, les touristes, les étudiants, les “riches”, les “costards” et les “normaux”, mais permet de rapidement identifier les différents quartiers d’une ville.
    http://hoodmaps.com

    Apprendre sur le territoire en représentant son territoire
    Carte sensible élaborée par une classe de 1re ES qui montre la vision de leur lycée. A compléter par l’interview de Sophie Gaujal pour le Café pédagogique : L’approche sensible en cours de géographie, un ingrédient du bonheur ?
    http://hal.archives-ouvertes.fr

    Cartographie ton quartier
    Les cartes postales géocartographiques permettent d’articuler géographie spontanée et géographie raisonnée. Organisé par Sophie Gaujal, en partenariat avec le Café pédagogique, la Cité de l’architecture et l’IGN, le concours Cartographie ton quartier récompense les cartes postales cartographiques réalisées par des classes.
    http://blog.ac-versailles.fr/geophotographie

    Atelier de cartographie sensible (Ehess)
    La plateforme SIG de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, met à disposition des ressources sur la cartographie sensible dans le cadre des ateliers Géomatique et humanités numériques qu’elle organise, notamment sur Gennevilliers.
    http://psig.huma-num.fr/cartes-sensibles

    #Cartes_mentales dans le nord de #Marseille
    Ce billet de #Jérémy_Garniaux relate un atelier « cartes mentales » mené à Marseille, dans les 14, 15 et 16e arrondissements, par une plate-forme culturelle hors-les-murs constituée de cinq structures culturelles du Nord de Marseille.
    http://www.mapper.fr/cartes-mentales-dans-le-nord-de-marseille

    Chicago HomeStories Project
    Le projet est né à #Chicago et commence à se diffuser dans le monde. Il s’agit d’encourager les citoyens par des #marches_civiques à en savoir plus sur leur quartier.
    http://www.nationalgeographic.org/projects/out-of-eden-walk/blogs/lab-talk/2021-04-chicago-homestories-goes-global

    Concours #cartographie_imaginaire
    Cartographier la ville de demain, son quartier dans le futur, son école ou son collège idéal...
    http://www.concourscarto.com/accueil-cci

    Concours de dessin de cartes du monde pour enfants
    Le concours #Barbara_Petchenik est un concours biennal de dessin de carte destiné aux enfants. Il a été créé par l’Association cartographique internationale en 1993 dans le but de promouvoir la représentation créative du monde sous forme graphique par les enfants.
    http://icaci.org/petchenik

    Lignes d’erre - Les cartes de #Fernand_Deligny
    Pendant des années, Deligny a dessiné et fait dessiner des cartes de ce qu’il appelle leurs #lignes_d’erre, soit les trajets « libres » des #enfants sur leur aire de séjour. Il a perçu, par l’observation, que les autistes avaient une autre façon d’être au monde, une autre manière d’incarner l’humain.
    http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna60/lna60p34.pdf

    La carte sensible de #Boulogne-Billancourt
    Un projet pédagogique conduit par une équipe d’enseignants du lycée J. Prévert de Boulogne-Billancourt avec des classes de Seconde.
    http://www.cafepedagogique.net

    La "carte du Tendre" de #Nantes
    #Gwenaëlle_Imhoff et #Emilie_Arbey, professeures de français et d’histoire géographie au collège Gutenberg de Saint-Herblain ont amené leurs 4èmes à réaliser de nouvelles « Cartes du Tendre » à la manière de Madame de Scudéry pour inventer « une géographie nantaise de l’Amour ». Enjeu de ce travail créatif et collaboratif, visuel et oral : aider les élèves à s’approprier « l’espace urbain proche et pourtant trop souvent lointain ».
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/08/31082020Article637344555283464848.aspx
    http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/lettres/continuite-pedgogique-et-numerique-en-lettres-carte-du-tendre-pr

    Cartographier l’#insécurité au collège
    Professeure d’histoire-géographie au collège Molière de Beaufort en Anjou, #Anaïs_Le_Thiec lance sa classe de 5ème dans une cartographie sensible du collège. Elle les invite à libérer leur parole via une #storymap.
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/10/18102019Article637069844590338061.aspx

    Dans ma ville on traîne
    Visite guidée et habitée par le rappeur #Orelsan, qui propose une description de la ville de #Caen. L’intérêt principal est de rappeler qu’un espace géographique, avant d’être un objet d’étude, reste surtout un lieu de vie que l’on habite. Le rappeur énumère ses souvenirs d’enfant, d’adolescent, d’étudiant. Ce faisant, il raconte SA ville. Il associe chaque action passée au lieu où elle s’est déroulée.
    http://lhistgeobox.blogspot.com/2020/10/dans-ma-ville-on-traine-visite-guidee.html

    Des lieux où l’on exprime ses sentiments
    Carte interactive des lieux où les étudiants ont déclaré avoir pleuré sur le campus de l’université de Waterloo aux Etats-Unis (avec les commentaires). Cela correspondrait-il aux bâtiments de sciences et de mathématiques ?
    http://www.reddit.com/r/dataisbeautiful/comments/l3t3xx/oc_an_interactive_map_of_where_students_have

    Psycho-géographie de la ville de #Gibellina
    Quand les artistes essaient de tromper les algorithmes de télédétection. C’est ce qu’a fait l’artiste #Burri avec une oeuvre d’art gigantesque couvrant les ruines de la vieille ville de Gibellina en Italie (à voir dans Google Maps)
    http://www.archdaily.com/958178/the-psycho-geography-of-the-cretto-di-burri

    Lyon-La Duchère 2030 : imaginer des scénarios prospectifs
    Ces #scénarios prospectifs sont proposés par des élèves de 2nde du Lycée La Martinière-Duchère concernant le projet d’aménagement urbain #Lyon-La Duchère 2030.
    http://canabae.enseigne.ac-lyon.fr/spip/spip.php?article1103

    #Cartographie_sonore du quartier de l’Union (#Lille - #Roubaix - #Tourcoing)
    Réalisé dans le cadre du projet de recherche Géographie et prospective piloté par l’IFE, cette expérimentation pédagogique a permis de découvrir par l’expérience spatiale un projet d’#aménagement_urbain d’envergure (son évolution, ses acteurs et ses enjeux) dans l’environnement proche des élèves, en privilégiant une géographie fondée sur l’expérience du terrain.
    http://ife.ens-lyon.fr/geo-et-prospective/projet/cartographie-sonore-du-quartier-de-lunion

    #Cartophonies
    Comment sonne le monde ? Le site « Cartophonies » a pour objectif d’explorer l’#expérience_sonore contemporaine et d’aider a les prendre en compte dans l’avenir et dans les projets de transformation. Il contribue à construire une connaissance des milieux habités, du vécu des espaces et des ambiances contemporaines, celles du passé proche comme celles du futur.
    http://www.cartophonies.fr
    #son

    Cartes et mise en récit des mobilités
    Dans le cadre d’une recherche doctorale, #Sylvie_Joublot-Ferré étudie les spatialités des adolescents en s’appuyant sur la cartographie de leurs déplacements quotidiens enregistrés sous forme de traces GPS et en analysant ces cartes comme des #récits_de_vie.
    http://www.researchgate.net
    http://www.radiobus.fm/episode/interview-de-sylvie-joublot-ferre-hepl

    Comment les enfants ont perdu le droit de se déplacer
    Carte montrant le territoire pratiqué pendant l’enfance sur quatre générations à #Sheffield.
    http://www.dailymail.co.uk/news/article-462091/How-children-lost-right-roam-generations.html

    Comment les jeunes géographes ressentent-ils le monde contemporain ?
    Un exercice de cartographie sensible proposé à des étudiants de master destinés à s’orienter vers le monde associatif donne un regard sur leurs représentations du monde. Environnement menacé, mobilités généralisées, et questionnements autour de la mondialisation émergent de ces cartes mentales, témoignant des inquiétudes d’une génération.
    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/carte-a-la-une/cartographie-emotions-monde-contemporain

    « Mais madame, je n’y suis jamais allé ! »
    Un #voyage_virtuel à #La_Réunion à travers la confection de #cartes_postales sensibles par des élèves de lycée professionnel. La #géographie_expérientielle ce n’est pas seulement du vécu, ce sont aussi (et surtout) des représentations (article extrait des Cahiers pédagogique, n° 559 "L’aventure de la géographie".
    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Mais-madame-je-n-y-suis-jamais-alle

    Tour de la France par deux enfants (G. Bruno)
    Cet ouvrage constitue l’archétype du roman scolaire géographique. Réédité de nombreuses fois depuis sa sortie en 1877, l’ouvrage a connu un énorme succès (plus de 9 millions d’exemplaires), contribuant à façonner une image du territoire national.
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5684551x

    Une géographie subjective à travers les romans d’aventure pour la jeunesse
    Aurélie Gille Comte-Sponville, Modernité et archaïsme des lieux dans les romans d’enquête et d’aventure pour la jeunesse pendant les Trente Glorieuses en France, thèse soutenue en 2016. L’importance des lieux correspond à la quête d’une #utopie de l’enfance éternelle, qui figerait non seulement les héros dans la perfection de leur âge, mais aussi les lieux, dans une forme d’uchronie idéalisée.
    http://www.theses.fr/2016ARTO0008

    Le #Londres des romans de #John_Le_Carré
    #Mike_Hall a été chargé de dessiner pour l’éditeur Penguin Books la carte des personnages, des lieux et des scènes de romans d’espionnage de John Le Carré.
    http://thisismikehall.com/smileyslondon

    La carte de la classe de khâgne
    Cartographie subjective de la classe khâgne par Gus (@ecsolius) : quand un khagneux dresse la carte symbolique d’une année en prépa littéraire
    http://twitter.com/ecsolius/status/1292071140047937536

    La carte des mathématiques
    La carte du "#Mathematistan" représente les rapports ambigus que l’on peut avoir les #mathématiques. Une région souvent inaccessible ?
    http://www.reddit.com/r/math/comments/2av79v/map_of_mathematistan_source_in_comments

    Cartographie de son appartement
    Géographie de mon appartement vu par Thibaut Sardier.
    http://twitter.com/tsardier/status/1326832393655816192

    Cartographie imaginaire du nourrisson
    @LittleBigData suit, en infographies et sur les réseaux sociaux, les tourments et les joies de #jeunes_parents (voir cette présentation). Le résultat est un cartographie imaginaire des premiers mois de la vie d’un enfant. Avec une magnifique carte de la première année extraite de l’ouvrage Le Bébégraphe publié par Claire Dealberto et Jules Grandin aux éditions Les Arènes en 2021.
    http://twitter.com/LittleBigData_/status/1263721598076555265

    Carte des #lieux_communs
    De "l’usine à gaz" au "terrain d’entente", @LaMineComics passe en revue tous nos lieux communs inspirés de métaphores géographiques.
    http://twitter.com/LaMineComics/status/1097068721846321152

    https://cartonumerique.blogspot.com/p/cartes-sensibles.html

    #cartographie_sensible #bibliographie #ressources_pédagogiques

    ping @visionscarto @odilon @reka

  • #VendrediLecture et sixième couverture pour la collection Fiction des Éditions Rue de l’échiquier :
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/51119530326

    Flickr

    ValK. a posté une photo :

    Pitch : « La rencontre d’un jeune esclave noir avec Henry David Thoreau et autres transcendantalistes qui dévoile les mécanismes du racisme et des privilèges. /.../ cette rencontre est également la confrontation de deux mondes : celui de Samuel Long fait de souffrance et de révolte, et celui des intellectuels blancs qui, s’ils soutiennent l’abolition de l’esclavage, se retrouvent néanmoins enferrés dans leurs propres privilèges et contradictions. S’en dégagent des portraits étonnants, et surtout très sensibles, de Henry David Thoreau et de ses confrères, à travers le regard de Samuel. » A retrouver ici https://www.ruedelechiquier.net/fiction/339-un-fugitif-a-walden-.html
    .
    Sérendipité : croiser sur #Seenthis cette analyse mordante des mythes des « éclaireurs »’ et « précurseurs » solitaires et autonomes dont Thoreau : https://sporenda.wordpress.com/2021/03/31/la-farouche-independance-virile-lautonomie-orgueilleusement-reve
    .
    ¤ autres photos : frama.link/valk
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    #livre #book #libro #lecture #reading #lectura #littérature #literature #literatura #fiction #anticipation #ficción #roman

  • Littérature bulgare

    Dans « Ballade pour Georg Henig », Victor Paskov met en scène la rencontre d’un vieux luthier tchèque – le Georg du titre – et un garçon de 11 ans, Victor, dans la Bulgarie des années 1950, dans un quartier pauvre de Sofia. La ballade est construite comme un morceau de musique organisé autour du violon dans toutes ses dimensions. Le vieux luthier construit un huitième de violon pour le petit Victor et termine sa vie en créant un violon hors norme, à la sonorité d’un orchestre, pour Dieu.

    Note sur : Victor Paskov : Ballade pour George Henig

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/16/litterature-bulgare

    #littérature #roman

  • #A_Lua_Platz - #Prendre_place

    En #Seine-Saint-Denis, des années durant, des familles roumaines cherchent des lieux où vivre. Devenus compagnons de route lors de luttes contre les expulsions, nous fabriquons ce film ensemble, comme autant de maisons ouvertes. Cheminant de villages quittés en bidonvilles, squats et cités, l’intimité de leurs récits se confronte à une banlieue en constante mutation. Des grands ensembles jusqu’au Grand Paris, leurs trajectoires retissent une histoire commune, celle de solidarités habitantes refusant la relégation.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/54367_1

    #SDF #sans-abris #France #hébergement #Roms #115 #logement #bidonville #expulsions #Roumanie #Roumains #rénovation_urbaine #travail #habitat #relogement #La_Courneuve #campement_du_Samaritain #OQTF #village_d'insertion #squat #domiciliation #police #droit #logements_vacants #intégration #Platz #collectif_Samaritain #film #documentaire #film_documentaire

  • Emmanuel Macron, le roi de l’intérim Didier Rykner vendredi 2 avril 2021
    https://www.latribunedelart.com/emmanuel-macron-le-roi-de-l-interim

    L’idée de mettre en place une procédure transparente et collégiale pour la nomination des présidents des établissements publics est un vieux serpent de mer qui plonge plus souvent qu’il ne refait surface. Jamais peut-être ces nominations n’avaient été plus opaques, et plus différentes selon les circonstances, que ce n’est le cas en ce début d’année. Non seulement la transparence n’est pas au rendez-vous, mais la volonté même de nommer, pourtant une des principales prérogatives du président de la République, semble disparaître, comme si les intérêts politiques contraires paralysaient les décisions d’un chef d’État velléitaire. On comprend mal la situations actuelle, qui n’est d’ailleurs pas nouvelle depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

    Des nominations non préparées
    Lorsqu’un président d’établissement public est nommé, la date de son renouvellement, ou de son départ de son poste est pourtant inscrite dans la loi du 1er septembre 2010 et dans les statuts de l’établissement. Pour la plupart de ces établissements, le premier mandat est de cinq ans, renouvelable deux fois par mandat de trois ans [1]. Nulle surprise donc, pour personne. Dans n’importe quel pays démocratique bien organisé, la nomination du successeur serait préparée en amont, afin que la nomination soit faite au minimum quelques jours avant la fin du mandat. En France non, et cela va même de mal en pis.

    Emmanuel Macron ne prévoit rien, ne prépare rien, et doit donc faire face à des vacances de postes qui se multiplient, tout en se donnant des contraintes absurdes et en voulant imposer ses poulains. Tout cela est complètement paradoxal. On se rappelle de la direction de la Villa Médicis (ill. 2), qui était restée avec un directeur par intérim pendant dix-huit mois. Le plus haut niveau de l’État semble s’être transformé en agence Manpower, une agence qui n’aurait d’ailleurs même pas besoin de trouver des intérimaires puisque la plupart du temps ces intérims sont tenus par les sortants qui espèrent parfois pouvoir rempiler ou prolonger, ou par les administrateurs en place. Comment peut-on gérer ainsi de grands établissements culturels ?

    Des nominations difficiles à suivre


    3. Catherine Pégard, Présidente par intérim de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
    Nous parlions d’opacité : qui sait que Catherine Pégard n’est à l’heure où nous écrivons plus qu’une intérimaire ? Elle devait partir, selon les règles de la fonction publique (qui s’appliquent également à elle bien qu’elle soit contractuelle), le 5 mars en raison de son âge. Comme nous l’avons déjà écrit, son successeur quasi désigné, et ami d’Emmanuel Macron, est Jean d’Haussonville qui paraît-il n’est pas candidat (voir notre article). D’après nos informations, il aurait pourtant déposé un projet ! On ne sait exactement pourquoi il était à la fois impossible de nommer un successeur avant le 5 mars, ni pourquoi aucune ouverture de poste n’a eu lieu, ni pourquoi encore cette nomination déjà quasi annoncée de Jean d’Haussonville, qui semble hélas très probable, n’est pas encore faite (ce qui en soi est tout de même une bonne nouvelle). Pendant ce temps Catherine Pégard brasse peut-être autant d’énergie que ce dernier pour obtenir une prolongation et mettre fin à son intérim, ceci étant possible pour deux ans comme nous le montrons plus loin. On est en plein psychodrame, l’intérêt de Versailles passant complètement au second plan et la nomination d’un président qui serait légitime à ce poste paraissant totalement utopique. Car ni Jean d’Haussonville, diplomate, ni Catherine Pégard, journaliste politique et plume de Nicolas Sarkozy n’ont la moindre compétence à faire valoir pour un tel poste.

    Au Centre Pompidou, les choses sont à la fois proches et différentes. Proches car Serge Lasvignes, qui n’a pas davantage que les deux personnes cités plus haut la moindre compétence avérée pour s’occuper d’une institution culturelle, exerce son propre intérim depuis le 3 octobre ! Différentes car les jeux ne semblent pas encore faits, et qu’ici, une vacance de poste a été ouverte et un appel à candidature publié dans Télérama et d’autres journaux… Il faut dire que les candidats ne se bousculent pas forcément : qui a envie de prendre la présidence d’un établissement qui va fermer pendant de longues années, pour un projet dont les connaisseurs savent qu’il est d’ores et déjà sous-financé, et pour rouvrir un musée qui ne disposera pas d’un mètre carré supplémentaire de surface d’exposition ?

    Quelle peut être la légitimité d’un président intérimaire ? Dans la pratique, il devrait gérer les affaires courantes. Tel que la loi l’a prévu, il n’en est rien. Celui-ci, qui n’est théoriquement plus là que pour quelques semaines ou quelques mois (à moins qu’il ne soit renouvelé), peut engager l’établissement à beaucoup plus long terme. Nous avons cité deux exemples, mais ceux-ci se multiplient. Avant de partir pour la direction générale des Patrimoines et de l’Architecture, Jean-François Hébert a exercé plusieurs mois d’intérim à Fontainebleau ! Cela ne concerne d’ailleurs pas seulement le ministère de la Culture : Bruno Maquart, président d’Universcience qui réunit le Palais de la Découverte et La Villette est resté intérimaire de lui-même entre juin et décembre 2020, avant d’être renommé à ce poste (ce qui d’ailleurs semble devoir entraîner de facto l’allongement des onze ans maximum s’il devait à nouveau être nommé une troisième fois). Il y a un an la direction générale de la fonction publique a été vacante pendant plusieurs mois. Au ministère des Affaires Étrangères, l’Institut Français est depuis 2020 présidé par intérim par Erol Ok, son directeur général délégué ! Tout cela témoigne d’un amateurisme et d’une impréparation coupable, dont le responsable doit être recherché au plus haut niveau de l’État.

    Il s’agit d’ailleurs d’un phénomène relativement nouveau car si les nominations politiques ou de personnes pas à leur place (voir par exemple cet article du Monde en 2007) sont fréquentes depuis quelques années (il est bien loin le temps où les directeurs du Louvre s’appelaient Michel Laclotte ou Pierre Rosenberg, des personnalités incontestables), la multiplication des intérims longs ne l’était pas. Ce phénomène nouveau et dommageable a été rendu possible par l’article 10 de la « loi n° 2005-842 du 26 juillet 2005 pour la confiance et la modernisation de l’économie » (cela ne s’invente pas) qui est venu ajouter la possibilité d’un intérim pour les présidents d’établissements public. Cet intérim peut dépasser la limite d’âge, n’est pas borné dans le temps, et ne cantonne pas les actions possibles de l’intérimaire à l’expédition des affaires courantes. Cela laisse donc la porte ouverte à toutes les dérives alors que ce type d’intérim devrait seulement avoir pour objectif d’attendre l’arrivée d’un successeur désigné.

    Une situation chaotique
    Quant au prolongement (jusqu’à deux ans) au-delà de la limite du mandat, il est rendu possible par la loi n° 2011-606 du 31 mai 2011 relative au maintien en fonctions au-delà de la limite d’âge de fonctionnaires nommés dans des emplois à la décision du Gouvernement. Ce prolongement est fait « à titre exceptionnel » et doit être fait « dans l’intérêt du service » ce qui ne veut évidemment rien dire. Si l’on rajoute à la possibilité d’un intérim étendu et à la prolongation de deux ans d’autres possibilités comme le décret qui a permis au président de la Philharmonie de Paris de rester en poste jusqu’à près de 70 ans, et dont le renouvellement du mandat est même envisagé, on comprendra que tout cela relève davantage d’une république bananière que d’une démocratie. Aux nominations faites entre deux portes par copinage, et au nouveau casse-tête de la parité qui implique que pour certains postes on ne recherche plus la personne idoine, mais la femme idoine, ce qui revient à faire une discrimination sur le sexe pour un emploi (une pratique théoriquement illégale dans notre pays), s’ajoutent donc de nouveaux avatars qui n’ont certes pas été inventés par Emmanuel Macron, mais dont il est un de ceux qui en fait l’usage le plus étendu, notamment dans le domaine de l’intérim.

    Tout ceci a des conséquences nombreuses et désastreuses pour les musées : à la nomination de personnalités incompétentes mais bien en cour à la présidence des établissements publics (un classique désormais) se rajoute donc l’incertitude sur leur gouvernance par la multiplication des intérims et la prolongation indue de certaines personnes à ces postes, qui peut être bénéfique si la personne est compétente, mais qui prolonge les problèmes lorsqu’elle ne l’est pas. Sans compter que cela contribue à bloquer une génération qui pourrait aspirer à ces postes mais qui doit attendre que leurs prédécesseurs prennent une retraite bien méritée.

    Une procédure claire, anticipée, une décision collégiale sur des projets et qui retiendrait le meilleur parmi des candidates compétents : voilà comment devraient se faire les nominations. Au lieu de cela, on a comme toujours le fait du prince. Et d’un prince indécis, qui plus est.

    [1] Ce n’est pas partout pareil, néanmoins : ainsi, le président de la Philharmonie est nommé pour cinq ans, renouvelable une fois pour cinq ans.

    #intérim #intérimaire #précarité #cdd #prince #emmanuel_macron #cour #parité #discrimination #transparence #établissements_publics #république_bananière #Patrimoine #Musée #France #Rome #Villa_Médicis #Versailles

  • Les luttes féministes nécessaires pour construire une société plus juste

    La Corée du Sud comme il faut la voir grâce à ce faux vrai roman « Kim Jiyoung, née en 1982 » de Cho Nam-joo, une autrice à découvrir.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/02/les-luttes-feministes-necessaires-pour-construire-une-s

    #littérature #roman

  • Renvois : la pratique des autorités migratoires suisses menace les #droits_humains

    Le #Tribunal_administratif_fédéral prononce encore et toujours le renvoi de personnes vers des « #Etats_tiers_sûrs » ou des « #Etats_d'origine_sûrs » sans procéder à un examen suffisant de la situation des droits humains dans ces pays et à une évalutation minutieuse des #risques encourus par les personnes concernées. Aussi s’accumulent les #mesures_conservatoires (#interim_measures) à l’encontre de la Suisse, sur la base desquelles les comités onusiens suspendent provisoirement les menaces de renvoi. Conclusion : les #critères_d’examen des autorités suisses sont inadéquats du point de vue des droits humains.

    Une femme seule avec des enfants fuit un pays en guerre civile pour se rendre en #Bulgarie, où elle obtient le statut de réfugiée. Sur place, elle est victime de #violence_domestique. Ne recevant pas de protection de la part des autorités bulgares, elle se réfugie en Suisse avec ses enfants. Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) rejette sa demande d’asile, invoquant qu’elle peut retourner en Bulgarie car il s’agit d’un « État tiers sûr ». Le Tribunal administratif fédéral confirme la décision du SEM*.

    Selon la loi sur l’asile (LAsi), une demande d’asile n’est généralement pas accordée si la personne requérante peut retourner dans un « État tiers sûr » dans lequel elle résidait avant de déposer sa demande en Suisse (art. 31a LAsi). En Suisse, les États de l’UE et de l’AELE sont considérés comme des pays tiers sûrs, car ils ont ratifié la Convention de Genève sur les réfugiés et la Convention européenne des droits de l’homme, qu’ils mettent en œuvre dans la pratique selon le Secrétariat d’État aux migrations. Le Conseil fédéral peut également désigner d’autres pays comme « États tiers sûrs » si ceux-ci disposent d’un mécanisme de protection efficace contre le renvoi des personnes concernées permettant de respecter le #principe_de_non-refoulement. Enfin, sont également considérés comme des « États d’origine sûrs » les pays dans lesquels les requérant·e·s d’asile sont à l’abri de toute persécution (art. 6a al. 2 let. a et b LAsi).

    Avec le soutien de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), la mère requérante d’asile et ses enfants déposent une plainte individuelle auprès du Comité des droits de l’enfant de l’ONU. Le Comité demande instamment à la Suisse de ne pas rapatrier la famille afin d’éviter que les enfants ne subissent un préjudice irréparable du fait des violations de leurs droits humains ; il ne peut en effet pas exclure que la famille se retrouve en danger en Bulgarie. Selon Adriana Romer, juriste et spécialiste pour l’Europe au sein de l’OSAR, cette affirmation est claire : « La référence générale au respect par un État de ses obligations en vertu du #droit_international n’est pas suffisante, surtout dans le cas d’un pays comme la Bulgarie. S’il y a des indications de possibles violations des droits humains, une évaluation et un examen minutieux sont nécessaires dans chaque cas individuel ».

    Le cas d’une demandeuse d’asile qui a fui un camp de réfugié·e·s grec pour se réfugier en Suisse illustre bien la problématique. Selon le Tribunal administratif fédéral (TAF), elle n’a pas fait valoir de circonstances qui remettraient en cause la #Grèce en tant qu’« État tiers sûr » (arrêt du TAF E-1657/2020 du 26 mai 2020). Les #viols qu’elle a subis à plusieurs reprises dans le camp de réfugié·e·s et l’absence de soutien psychologique sur place n’ont pas été pris en compte. Le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des #femmes (#CEDEF) est finalement intervenu un mois plus tard. C’est un sort similaire qu’a connu un requérant ayant survécu à la #torture, reconnu comme réfugié en Grèce. Bien que celui-ci ait dû vivre dans la rue et n’ait pas eu accès aux #soins_médicaux en Grèce, l’Office fédéral des migrations et le Tribunal administratif fédéral ont décidé que la « présomption d’ État tiers sûr » s’appliquait à la Grèce dans cette affaire (arrêt du TAF E-2714/2020 du 9 juin 2020). Là encore, le Comité contre la torture de l’ONU est intervenu et a empêché le renvoi. Pour Stephanie Motz, avocate zurichoise qui a plaidé dans les trois cas, deux fois avec l’association AsyLex et une fois avec l’avocate Fanny de Weck : « La situation dans les pays tiers n’est que sommairement examinée par le SEM et l’établissement des faits n’est pas suffisant pour être conforme au droit. En outre, il est fréquent que le Tribunal administratif fédéral n’examine pas en profondeur la situation des droits humains dans ces États, mais se contente de formuler des affirmations générales. En conséquence, les comités onusiens interviennent de plus en plus dans ces procédures ».

    Les critères d’évaluation peu rigoureux des autorités suisses concernent également les transferts au titre du #Règlement_de_Dublin, par lequel les requérant·e·s d’asile sont renvoyé·e·s vers l’État membre dans lequel ils et elles ont déposé leur première demande d’asile. À la fin de l’année dernière, le Comité contre la torture de l’ONU a dû interrompre temporairement un rapatriement Dublin de la Suisse vers la Pologne (arrêt du TAF F-3666/2020 du 23 juillet 2020).

    Enfin, le Comité pour l’élimination de la #discrimination_raciale de l’ONU (#CERD) est également intervenu au début de cette année lorsque la Suisse a voulu expulser un couple de #Roms vers le nord de la #Macédoine (arrêt du TAF E-3257/2017 du 30 juillet 2020, cons.10.2). Le couple était exposé à de sérieux risques et n’était pas protégé de manière adéquate par les autorités de #Macédoine_du_Nord. Le Tribunal administratif fédéral ayant désigné la Macédoine du Nord comme un « État d’origine sûr », le couple a, avec le soutien du Réseau de solidarité Berne, déposé une plainte individuelle auprès du CERD et peut rester en Suisse à titre provisoire.

    Plusieurs années peuvent s’écouler avant que les comités de l’ONU statuent définitivement sur les cas présentés. Dans trois de ceux-ci, le SEM a entre temps accepté les demandes d’asile. Dans les deux autres cas, grâce aux mesures conservatoires, les recourant·e·s sont également protégé·e·s pendant que le Comité examine le risque concret de violations des droits humains.

    En qualifiant un grand nombre de pays de « sûrs » de manière générale, les autorités suisses font courir de graves risques aux demandeur·euse·s d’asile. Les droits humains peuvent également être violés dans des #pays_démocratiques. Les nombreuses interventions des comités de l’ONU le montrent clairement : la pratique suisse n’est pas suffisante pour respecter les droits humains.

    *Pour la protection de la famille concernée, la référence correspondante n’est pas publiée.

    https://www.humanrights.ch/fr/qui-sommes-nous/autorite-migratoires-mesures-conservatoires
    #renvois #expulsions #migrations #asile #réfugiés #Suisse #TAF #SEM #justice #ONU #Dublin #renvois_Dublin

  • #Sangue_giusto. #Francesca_Melandri

    Roma, agosto 2010. In un vecchio palazzo senza ascensore, Ilaria sale con fatica i sei piani che la separano dal suo appartamento. Vorrebbe solo chiudersi in casa, dimenticare il traffico e l’afa, ma ad attenderla in cima trova una sorpresa: un ragazzo con la pelle nera e le gambe lunghe, che le mostra un passaporto. «Mi chiamo Shimeta Ietmgeta Attilaprofeti» le dice, «e tu sei mia zia.» All’inizio Ilaria pensa che sia uno scherzo. Di Attila Profeti lei ne conosce solo uno: è il soprannome di suo padre Attilio, un uomo che di segreti ne ha avuti sempre tanti, e che ora è troppo vecchio per rivelarli. Shimeta dice di essere il nipote di Attilio e della donna con cui è stato durante l’occupazione italiana in Etiopia. E se fosse la verità? È così che Ilaria comincia a dubitare: quante cose, di suo padre, deve ancora scoprire? Le risposte che cerca sono nel passato di tutti noi: di un’Italia che rimuove i ricordi per non affrontarli, che sopravvive sempre senza turbarsi mai, un Paese alla deriva diventato, suo malgrado, il centro dell’Europa delle grandi migrazioni.Con Sangue giusto Francesca Melandri si conferma un’autrice di rara forza e sensibilità. Il suo sguardo, attento e profondissimo, attraversa il Novecento e le sue contraddizioni per raccontare il cuore della nostra identità.

    https://rizzoli.rizzolilibri.it/libri/sangue-giusto
    #livre #littérature #Italie_coloniale #migrations #colonialisme #corne_d'Afrique #colonisation #histoire #fascisme #roman

    –—

    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien :
    https://seenthis.net/messages/871953
    Et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/871953#message900659

    • Le livre Sangue giusto a été traduit en français avec le titre

      Tous, sauf moi

      2010, Rome. Ilaria, la quarantaine, trouve sur le seuil de sa porte un jeune Éthiopien qui dit être à la recherche de son grand-père, Attilio Profeti. Or c’est le père d’Ilaria. À quatre-vingt-quinze ans, le patriarche de la famille Profeti est un homme à qui la chance a toujours souri : deux mariages, quatre enfants, une réussite sociale éclatante. Troublée par sa rencontre avec ce migrant qui déclare être son neveu, Ilaria commence à creuser dans le passé de son père.
      À travers l’enquête d’Ilaria qui découvre un à un les secrets sur la jeunesse de son père, Francesca Melandri met en lumière tout un pan occulté de l’histoire italienne : la conquête et la colonisation de l’Éthiopie par les chemises noires de Mussolini, de 1936 à 1941 – la violence, les massacres, le sort tragique des populations et, parfois, les liens qu’elles tissent avec certains colons italiens, comme le fut Attilio Profeti.
      Dans ce roman historique où l’intime se mêle au collectif, Francesca Melandri apporte un éclairage nouveau sur l’Italie actuelle et celle des années Berlusconi, dans ses rapports complexes avec la période fasciste. Naviguant habilement d’une époque à l’autre, l’auteur nous fait partager l’épopée d’une famille sur trois générations et révèle de façon bouleversante les traces laissées par la colonisation dans nos sociétés contemporaines.

      http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Tous-sauf-moi
      #Tous_sauf_moi

    • « Tous, sauf moi », le roman qui met l’Italie face à son héritage colonial

      Francesca Melandri dynamite la #mémoire sélective entretenue sur le passé impérial de l’Italie en Afrique. Son dernier livre pulvérise les couches de silence accumulées depuis l’ère fasciste et combat le révisionnisme historique des années Berlusconi.

      Le roman s’ouvre en 2012 à Rome, sur le décès d’un vieillard de 97 ans. « Tous, sauf moi » était le mantra d’Attilio Profeti, obsédé par l’idée d’être le dernier de sa génération à quitter ce bas monde. Depuis bien longtemps, les enfants issus de sa double vie avaient découvert leur existence mutuelle. Mais cela ne faisait que deux ans que sa fille Illaria avait vu débarquer sur son palier un certain Shimeta Ietmgeta Attilaprofeti. Venu d’Éthiopie, celui-ci s’était présenté comme son neveu, c’est-à-dire le petit-fils dudit vieillard, à la mémoire déjà trop effilochée pour confirmer quoi que ce soit.

      Ce point de départ fournit le prétexte à une investigation filiale qui tient le lecteur en haleine pendant plus de 500 pages facilement dévorées, en lui faisant remonter le temps jusqu’à cent ans en arrière. Dans cet ouvrage publié en 2019, à (re)découvrir dans les librairies déconfinées, l’écrivaine Francesca Melandri enchevêtre plusieurs récits de vie qui éclairent de manière sensible l’histoire récente de l’Italie. Sa prose alterne subtilement entre l’empathie pour ses personnages, un humour féroce, des descriptions cliniques et quelques rebondissements surprises.

      On suit ainsi le long parcours d’Attilio Profeti, fils d’un cheminot étranger aux idées fascistes, dont l’enfance sera néanmoins tout entière marquée par le régime de Mussolini. Engagé en Éthiopie, dont la conquête en 1936 fit beaucoup pour l’adhésion populaire au nouveau régime, il y laissera une femme et une progéniture qu’il ne reconnaîtra jamais, au contraire de certains compagnons « ensablés », émigrés ou anciens soldats jamais repartis du pays. Beau et chanceux, il trouvera après la guerre un protecteur auprès de qui bénéficier des nombreux avantages d’une démocratie chrétienne hégémonique et corrompue.

      Avec sa fille Illaria, une femme indépendante ayant grandi pendant la dégénérescence du système de partis de la Première République, voilà le lecteur plongé dans les années Berlusconi, cauchemardesques pour quiconque ayant conservé des idéaux de gauche, ou tout simplement une haute idée de l’action publique. Son enquête l’incitant à s’accommoder avec les principes moraux qu’elle s’était fixés, Illaria voit s’échapper son fantasme de rester imperméable au climat d’abaissement et de compromission encouragé par le magnat transalpin des médias.

      Motivée par une oppression politique bien plus directe et brutale, l’odyssée du jeune Éthiopien jusqu’à Rome fait écho aux tragédies migratoires vécues ces dernières années entre la Corne de l’Afrique et les côtes européennes, en passant par le Soudan et la Libye. « Qu’est-ce qu’une frontière au milieu du désert ?, lit-on au commencement de son parcours éprouvant. Une ligne invisible au-delà de laquelle il y a ceux qui te frappent, ceux qui te donnent à boire, ceux qui volent ton argent et ceux qui font un peu tout ça à la fois. Ou bien encore, là où il n’y a plus personne parce que le chauffeur a perdu la piste et alors on meurt. »

      La grande réussite de Melandri est de ne pas dérouler ces récits en silos, mais de les faire résonner les uns avec les autres. Elle nous fait ainsi découvrir, ou mieux entendre, les échos du passé impérialiste italien dans la vie politique contemporaine, par exemple lors de la réception de Kadhafi par Berlusconi en 2010. En reliant par la fiction des destins individuels, la romancière réunit dans le même geste des fragments d’histoire nationale artificiellement séparés – et surtout excessivement négligés – dans la mémoire collective.

      C’est en effet l’impensé colonial de son pays (lire l’article de Ricardo Antoniucci) que Melandri met au jour, dans une sorte de forage impitoyable de la psyché nationale. Elle le fait sans ménagement, n’épargnant pas au lecteur les récits atroces – sans être gratuits – des violences sexuelles et crimes de guerre commis par l’armée italienne. Sur la base d’une documentation solide, et avec les armes d’un art populaire, elle entreprend de défaire les couches de silence qui ont enveloppé cette histoire qui n’a rien eu d’anecdotique.

      Par honte, peur de la justice ou déni psychologique, les « revenants » d’Abyssinie avaient été avares de témoignages : « Tous se taisaient. Chacun de ces petits ruisseaux de silence confluait avec le grand fleuve des omissions officielles, qui, à son tour, alimentait la grande mer de la propagande sur l’Afrique orientale. »

      Une fois le fascisme vaincu, la reconstruction mémorielle du pays a débouché sur le mythe d’un pays victime d’un phénomène politique aberrant : « Tout ce qui, à tort ou à raison, était associé au fascisme était considéré comme un corps étranger, une parenthèse, une déviation du vrai cours de l’histoire de la patrie, celui qui reliait l’héroïsme du Risorgimento à celui de la Résistance. L’Italie était un ancien alcoolique qui, comme tout nouvel adepte de la sobriété, ne voulait pas être confondu avec le comportement qu’il avait eu lors de sa dernière cuite. »

      Tout en rappelant que l’entreprise coloniale a été lancée plus de vingt ans avant l’avènement du régime mussolinien, Melandri insiste sur la centralité de l’impérialisme dans le fascisme italien. Elle s’inscrit dans le sillage de réflexions similaires menées dans le champ académique, comme chez Marie-Anne Matard-Bonucci. Dans un ouvrage important, Totalitarisme fasciste, celle-ci insiste sur le fait que le culte de la violence se situait bien au cœur du mouvement puis du régime politique de Mussolini (voir notre entretien vidéo).

      « Pour le pouvoir fasciste, écrit l’historienne, la terreur [dans les colonies] n’était pas une dérive, mais une façon de faire de la politique. » Un chapitre entier de son ouvrage est d’ailleurs consacré à la propagande viriliste déployée en arrière-fond des conquêtes coloniales, dans lequel elle explique comment le « spectre du métissage », signe d’une radicalisation raciste du régime, a finalement débouché sur une réglementation stricte de la sexualité en terrain colonial.

      Or, c’est précisément dans cette torsion idéologique que s’inscrit la biographie inventée d’Attilio Profeti : adolescent contemplant des cartes postales de corps animalisés et « exotisés », soldat parmi ceux confrontés à leur disponibilité au cours d’une conquête militaire les ayant transformés en proies faciles, amoureux préférant délaisser l’objet de sa fascination plutôt que d’hypothéquer son avenir au sein d’un régime ne tolérant pas l’altération du pur sang italien.

      À plusieurs reprises, dans les pages les plus contemporaines, la romancière étrille le révisionnisme historique encouragé par Berlusconi et ses alliés de droite dès leur arrivée au pouvoir. Comme l’a montré un autre historien, Olivier Forlin, les années 1990 ont de fait été le moment d’une « relativisation de l’héritage fasciste » et d’une mise en équivalence douteuse entre partisans et fascistes pendant la guerre civile de 1943-45, présentée comme un moment regrettable de division nationale.

      De façon plus générale, c’est la dégénérescence morale incarnée par Berlusconi dont témoignent les personnages du roman. Parmi eux, l’amant d’Illaria, Piero Casati, est décrit comme un élu « entré en politique avec une idée d’efficacité conservatrice [...] ; où les excès des hommes d’État de la Première République seraient corrigés par un peu de marché sain, par l’allègement de la lourdeur du fonctionnement de l’administration », mais qui se retrouve plongé dans « un climat de Bas-Empire, de foire d’empoigne, avec des rats dans la soute qui rongent les dernières croûtes avant que le bateau ne s’écrase sur les rochers ».

      Les adversaires de centre-gauche de Berlusconi ne sont pour autant pas épargnés dans le roman. À plusieurs occasions, Melandri souligne leur responsabilité partagée dans l’absence de travail mémoriel satisfaisant, et dans la mise en œuvre de lois désastreuses pour la dignité et l’intégrité physique des migrants ayant tenté leur chance depuis l’autre côté de la Méditerranée.

      Épique et subtil autant qu’éprouvant, Tous, sauf moi s’inscrit dans un mouvement de pluralisation de la mémoire italienne, que d’autres romanciers et chercheurs ont lancé à la lumière d’une histoire impériale réévaluée. L’originalité de Melandri est de montrer en quoi le legs colonial pèse encore dans l’inconscient, les représentations et les affects contemporains. Il est heureux que les lectrices et lecteurs français y aient aujourd’hui accès, deux ans après sa parution en Italie.

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/010620/tous-sauf-moi-le-roman-qui-met-l-italie-face-son-heritage-colonial
      #impensé_colonial

    • “I wanted to become an Abyssinian”: Rewriting Indro Montanelli’s memories of colonial Africa in Francesca Melandri’s Sangue giusto (2017)

      This article focuses on journalist Indro Montanelli’s memories of Destà/Fatìma or Fatuma, the 12-year-old child he bought as his “wife” while he was a volunteer in the 1935 Italo-Ethiopian war, and on a colonial narrative echoing his story in the 2017 novel Sangue giusto by Francesca Melandri. It considers the roles of race, gender, sexuality, and national memory in the texts, moving from the debate around the monument dedicated to the prominent journalist in the city of Milan to the analysis of the power dynamics in the novel. John Akomfrah’s notion of memory as “a deconstructive gesture against white mythologies” and Aimé Césaire’s and Michel Foucault’s idea of memory as counter-cartography are used to analyse both Montanelli’s recollections of Destà and the relationship between Attilio Profeti, the main character of Melandri’s novel, and Ababa, the girl he turned into his servant and lover during the fascist occupation of Ethiopia.

      https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17449855.2022.2158359

  • Un journaliste russe d’opposition…

    Un journaliste russe d’opposition, Mikhaïl Chevelev, dans « Une suite d’événements », son premier roman, nous projette dans notre monde barbare.
    Note sur : Mikhaïl Chevelev : Une suite d’événements

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/02/12/un-journaliste-russe-dopposition

    #littérature #roman

  • #Romain_Rancière
    Professeur d’économie à l’Université de Californie du Sud

    Cyril Benoit
    Banquier d’investissement

    « Si nous ne mettons pas en place une #solidarité entre victimes et #gagnants de la #pandémie de #Covid-19, nous en paierons le prix collectif »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/25/si-nous-ne-mettons-pas-en-place-une-solidarite-entre-victimes-et-gagnants-de

    « L’économiste Romain Rancière et le financier Cyril Benoit proposent, dans une tribune au « Monde », que les entreprises dont le chiffre d’affaires a progressé de plus de 5 % par rapport à la moyenne des trois années précédentes s’acquittent d’une contribution exceptionnelle destinée à financer les pertes de profit des PME et indépendants.

    [...]

    Mécanismes inégalitaires redoublés
    De surcroît, les effets de la pandémie sur l’offre seront démultipliés par la baisse de la demande qui suivra la destruction des entreprises victimes du choc d’injustice (« Macroeconomic Implications of Covid-19 : Can Negative Supply Shocks Cause Demand Shortages ? », Veronica Guerrieri, Guido Lorenzoni, Ludwig Straub et Iván Werning, « Working Paper » n° 26918, NBER, avril 2020).

    Deux risques, donc. Celui d’assister à la disparition d’un grand nombre d’entreprises économiquement viables, voire innovantes. Et celui de voir les conséquences négatives de cette crise s’approfondir en déprimant encore plus la demande globale. Les pertes d’activités et d’emplois viendraient alors éteindre les espoirs d’une reprise vigoureuse. C’est ce second impact que la solidarité fiscale interentreprises que nous proposons devrait également permettre de prévenir.

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : « Pour sauver l’économie, il faut d’abord sauver les gens »
    Notre proposition s’inscrit dans le contexte plus large d’une réflexion, qui s’est intensifiée ces dernières années, sur l’impact redistributif des chocs et des politiques macroéconomiques. La politique monétaire a principalement favorisé les détenteurs d’actifs financiers, ou encore les plus grosses entreprises qui émettent des obligations achetées par la Banque centrale européenne (BCE), auxquelles les autres n’ont pas accès.

    La pandémie redouble les mécanismes inégalitaires, et demande donc des politiques fiscales redistributives renforcées. L’économiste Antoine Monserand soutenait récemment l’idée d’une contribution de solidarité sur l’ensemble des revenus, ménages et entreprises. Notre proposition se concentre sur les entreprises. Mais poser la question de la taxation de l’épargne accumulée durant la crise par les plus fortunés, au travers, par exemple, de la réintroduction d’un impôt de solidarité financière, va de soi.

    Danger social et politique
    L’alternative aux politiques de solidarité que nous proposons est prévisible : une combinaison de renoncement à amortir le choc d’injustice et l’émission massive de nouvelle dette. Si celle-ci semble aujourd’hui relativement indolore (en raison des taux nuls et des achats massifs de la BCE), on sait qu’elle entraînera tôt ou tard une « réflexion » sur la trajectoire des finances publiques, en réalité des coupes dans les dépenses publiques, alors même que la crise a révélé les effets délétères des coups de rabot répétés sur les moyens publics conçus pour faire face à de tels chocs, à l’hôpital et ailleurs.

    La composition de la récente Commission sur l’avenir des finances publiques est, par les profils conservateurs qui ont été nommés, annonciatrice de tels plans de réduction des dépenses publiques.

    L’enjeu de la mise en place de politiques fiscales redistributives exceptionnelles est considérable face à l’injustice provoquée par la pandémie et à l’ignorance, feinte ou naïve, des conséquences de l’endettement massif sur l’action publique. Si elle n’est pas traitée avec responsabilité et sérieux, cette incertitude radicale pourrait être la source d’un danger social et politique qui le serait encore plus.

    L’histoire garde la mémoire des graves émeutes causées sous l’Ancien Régime par la dénonciation des « accapareurs ». Ceux des gagnants qui refuseraient d’être solidaires se désigneraient comme tels. Nous sommes une nation solidaire. Nous devons nous épauler, aujourd’hui plus que jamais.

  • La couleur de la peau, les corbeaux et les cavaliers blancs…

    Halifax, Africville. La traite négrière, les « marrons », celles et ceux qui franchissent les frontières – dans la pluralité de sens du terme – le Canada, la fièvre du cabanon…

    Note sur : Jeffrey Colvin : Africville

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/02/06/la-couleur-de-la-peau-les-corbeaux-et-les-cavaliers-bla

    #littérature #roman

  • Quand j’ai onze ans

    Le je, l’âge, le temps d’hier, l’arrivée et la vie en Afrique colonisée, le père et sa femme D, les interdits, « J’ai onze ans et je m’ennuie », les souvenirs d’autres âges d’enfance, la puberté et le corps qui se transforme, les interdits renforcés et l’autorité paternelle, l’auto-défense, « Plutôt que de pleurer ma mère je me défends de mes agresseurs, je me construis, me maintenant sur les bords glissants d’un abîme, car je ne sais rien de moi », l’odorat, les trébuchements et les gouffres de vérité…

    Note sur : Catherine Weinzaepflen : L’odeur d’un père

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/01/30/quand-jai-onze-ans

    #littérature #roman

  • L’étincelle dans le vent, mais l’étincelle qui cherche la poudrière

    Dans sa préface, Feu dans la nuit rouge, Alex Januário parle de lumière, du positionnement d’insurgé et de surréaliste de Michael Löwy, de rigueur critique et poétique, de l’amour, la poésie et la liberté, « Ces trois forces que l’on retrouve comme des éléments moteurs dans chacun de ces deux champs, sont des pierres alchimiques de lumière noire, des rayons qui peuplent la nuit et les rêves, autant de rets incantatoires qui évoquent ici les images orageuses du mystère qui les entoure », des gouffres de l’âme et des mouvements révolutionnaires, des forces d’insoumission et de réenchantement, « La Comète incandescente déchire le soleil noir et s’installe dans la nuit aimante comme la lumière de la plus-réalité poétique, abrasive, transformatrice. Magique et séminale, l’illumination profane et subversive »…

    note sur : Michael Löwy : La Comète incandescente
    Romantisme, surréalisme, subversion

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/01/26/letincelle-dans-le-vent-mais-letincelle-qui-cherche-la-

    #surréalisme #romantisme #art #politique

  • Sur la frontière gréco-turque, à l’épicentre des tensions

    L’Union européenne entend sanctionner la politique de plus en plus expansionniste de la Turquie, qui ravive en Grèce les souvenirs des conflits du passé. Ligne de rupture, mais aussi d’échanges entre Orient et Occident, la frontière gréco-turque ne respire plus depuis la crise sanitaire. De #Kastellorizo à la #Thrace en passant par #Lesbos, les deux pays ont pourtant tant de choses en commun, autour de cette démarcation qui fut mouvante et rarement étanche.

    Petite île aux confins orientaux de la Grèce, Kastellorizo touche presque la #Turquie. Le temps s’écoule lentement dans l’unique village, logé dans une baie profonde. En cette fin septembre, de vieux pêcheurs jouent aux cartes près des enfants qui appâtent des tortues dans les eaux cristallines. Devant son café froid, M. Konstantinos Papoutsis observe, placide, l’immense côte turque, à guère plus de deux kilomètres, et la ville de Kaş, son seul horizon. « Nous sommes une île touristique tranquille, assure cet homme affable qui gère une agence de voyages. Je l’ai répété aux touristes tout l’été. » Attablée autour de lui, la poignée d’élus de cette commune de cinq cents âmes reprend ses propos d’un air débonnaire : « Il n’y a aucun danger à Kastellorizo ! »

    Un imposant ferry, qui paraît gigantesque dans ce petit port méditerranéen, vient animer le paysage. Parti d’Athènes vingt-quatre heures plus tôt, il manœuvre difficilement pour débarquer ses passagers, parmi lesquels une cinquantaine d’hommes en treillis et chapeaux de brousse. Les soldats traversent la baie d’un pas vif avant de rejoindre les falaises inhabitées qui la dominent. « C’est une simple relève, comme il y en a tous les mois », commente M. Papoutsis, habitué à cette présence.

    Selon le #traité_de_Paris de février 1947 (article 14), et du fait de la cession par l’Italie à la Grèce du Dodécanèse, les îles dont fait partie Kastellorizo sont censées être démilitarisées. Dans les faits, les troupes helléniques y guettent le rivage turc depuis l’occupation par Ankara de la partie nord de Chypre, en 1974, précisent plusieurs historiens (1). Cette défense a été renforcée après la crise gréco-turque autour des îlots disputés d’Imia, en 1996. La municipalité de Kastellorizo refuse de révéler le nombre d’hommes postés sur ses hauteurs. Et si les villageois affichent un air de décontraction pour ne pas effrayer les visiteurs — rares en cette période de Covid-19 —, ils n’ignorent pas l’ombre qui plane sur leur petit paradis.

    Un poste avancé d’Athènes en Méditerranée

    Kastellorizo se trouve en première ligne face aux menaces du président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui veut redessiner les cartes et imposer son propre #partage_des_eaux. Depuis les années 1970, les #îles du #Dodécanèse font l’objet d’un #conflit larvé entre ces deux pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). La Turquie conteste la souveraineté grecque sur plusieurs îles, îlots et rochers le long de sa côte. Surtout, elle est l’un des rares pays, avec notamment les États-Unis, à ne pas avoir signé la convention des Nations unies sur le droit de la mer (dite #convention_de_Montego_Bay, et entrée en vigueur en 1994), et ne reconnaît pas la revendication par la Grèce d’un plateau continental autour de ses îles. Athènes justifie dès lors leur #militarisation au nom de la #légitime_défense (2), en particulier depuis l’occupation turque de Chypre et en raison d’une importante présence militaire à proximité : la marine et l’armée de l’air turques de l’Égée sont basées à İzmir, sur la côte occidentale de l’Asie Mineure.

    Si proche de la Turquie, Kastellorizo se trouve à 120 kilomètres de la première autre île grecque — Rhodes — et à plus de 520 kilomètres du continent grec. Alors que l’essentiel de la #mer_Egée pourrait être revendiqué par Athènes comme #zone_économique_exclusive (#ZEE) (3) au titre de la convention de Montego Bay (voir la carte ci-contre), ce lointain îlot de neuf kilomètres carrés lui permet de facto de jouir d’une large extension de plusieurs centaines de kilomètres carrés en Méditerranée orientale. Or, faute d’accord bilatéral, cette ZEE n’est pas formellement établie pour Ankara, qui revendique d’y avoir librement accès, surtout depuis la découverte en Méditerranée orientale de gisements d’#hydrocarbures potentiellement exploitables. À plusieurs reprises ces derniers mois, la Turquie a envoyé dans le secteur un bateau de recherche sismique baptisé #Oruç_Reis, du nom d’un corsaire ottoman du XVIe siècle — surnommé « #Barberousse » — né à Lesbos et devenu sultan d’Alger.

    Ces manœuvres navales font écho à l’idéologie de la « #patrie_bleue » (#Mavi_Vatan). Soutenue par les nationalistes et les islamistes, cette doctrine, conçue par l’ancien amiral #Cem_Gürdeniz, encourage la Turquie à imposer sa #souveraineté sur des #zones_disputées en #mer_Noire, en mer Égée et en #Méditerranée. Ces derniers mois, M. Erdoğan a multiplié les discours martiaux. Le 26 août, à l’occasion de l’anniversaire de la bataille de Manzikert, en 1071, dans l’est de la Turquie, où les Turcs Seldjoukides mirent en déroute l’armée byzantine, il avertissait la Grèce que toute « erreur » mènerait à sa « ruine ». Quelques semaines plus tard, le 21 octobre, lors d’une rencontre avec les présidents chypriote et égyptien à Nicosie, M. Kyriakos Mitsotakis, le premier ministre grec conservateur, accusait la Turquie de « fantasmes impérialistes assortis d’actions agressives ».

    Sous pression en août dernier, Athènes a pu compter sur le soutien de la République de Chypre, de l’Italie et de la France, avec lesquelles elle a organisé des manœuvres communes. Ou encore de l’Égypte, avec laquelle elle vient de signer un accord de partage des #zones_maritimes. Déjà en conflit ouvert avec son homologue turc sur la Syrie, la Libye et le Caucase, le président français Emmanuel Macron s’est résolument rangé aux côtés d’Athènes. « C’est un allié précieux que l’on voudrait inviter à venir sur notre île », déclare l’adjoint à la municipalité de Kastellorizo, M. Stratos Amygdalos, partisan de Nouvelle Démocratie, le parti au pouvoir. À la mi-septembre 2020, la Grèce annonçait l’acquisition de dix-huit Rafale, l’avion de combat de Dassault Aviation.

    « Erdoğan se prend pour Soliman le Magnifique. Mais il perd du crédit dans son pays, la livre turque s’effondre. Alors il essaie de redorer son image avec des idées de conquêtes, de rêve national… », maugrée de son côté M. Konstantinos Raftis, guide touristique à Kastellorizo. La comparaison entre le sultan de la Sublime Porte et l’actuel président turc revient fréquemment dans ce pays qui fit partie de l’Empire ottoman durant quatre siècles (de 1430, date de la chute de Salonique, à l’indépendance de 1830). La résistance hellénique a forgé l’identité de l’État grec moderne, où l’on conserve une profonde suspicion à l’égard d’un voisin encombrant, quatre fois plus riche, six fois plus grand et huit fois plus peuplé. Cette méfiance transcende les clivages politiques, tant le #nationalisme irrigue tous les partis grecs. Athènes voit aujourd’hui dans la doctrine de la « patrie bleue » une politique expansionniste néo-ottomane, qui fait écho à l’impérialisme passé.

    À l’embouchure du port de Kastellorizo, la silhouette d’une mosquée transformée en musée — rare vestige de la présence ottomane — fait de l’ombre à un bar à cocktails. L’édifice trône seul face aux vingt-six églises orthodoxes. La Constitution précise que l’orthodoxie est la « religion dominante » dans le pays, et, jusqu’en 2000, la confession était inscrite sur les cartes d’identité nationales. La suppression de cette mention, à la demande du gouvernement socialiste, a provoqué l’ire de la puissante Église orthodoxe, plus de 95 % des Grecs se revendiquant alors de cette religion. « Pendant toute la période du joug ottoman, nous restions des Grecs. Nos ancêtres ont défendu Kastellorizo pour qu’elle garde son identité. Nous nous battrons aussi pour qu’elle la conserve », s’emballe soudainement M. Raftis.

    Son île a dû résister plus longtemps que le reste du pays, insiste le sexagénaire. Après le départ des Ottomans, Kastellorizo, convoitée par les nations étrangères pour sa position géographique aux portes de l’Orient, a été occupée ou annexée par les Français (1915-1921), les Italiens (1921-1944), les Britanniques (1944-1945)… L’îlot n’est devenu complètement grec qu’en 1948, comme l’ensemble des îles du Dodécanèse. Depuis, il arbore fièrement ses couleurs. Dans la baie, plusieurs étendards bleu et blanc flottent sur les balcons en encorbellement orientés vers la ville turque de Kaş (huit mille habitants). Le nombre de ces drapeaux augmente quand la tension s’accroît.

    Trois autres grands étendards nationaux ont été peints sur les falaises par des militaires. En serrant les poings, M. Raftis raconte un épisode qui a « mis les nerfs de tout le monde à vif ». À la fin septembre 2020, un drone d’origine inconnue a diffusé des chants militaires turcs avant d’asperger ces bannières d’une peinture rouge vif, évoquant la couleur du drapeau turc. « C’est une attaque impardonnable, qui sera punie », peste l’enfant de l’île, tout en scrutant les quelques visages inconnus sur la promenade. Il redoute que des espions viennent de Turquie.

    « Les #tensions durent depuis quarante ans ; tout a toujours fini par se régler. Il faut laisser la Turquie et la Grèce dialoguer entre elles », relativise pour sa part M. Tsikos Magiafis, patron avenant d’une taverne bâtie sur un rocher inhabité, avec une vue imprenable sur Kaş. « Les querelles sont affaire de diplomates. Les habitants de cette ville sont nos frères, nous avons grandi ensemble », jure ce trentenaire marié à une Turque originaire de cette cité balnéaire. Adolescent, déjà, il délaissait les troquets de Kastellorizo pour profiter du bazar de Kaş, du dentiste ou des médecins spécialisés qui manquent au village. Les Turcs, eux, ont compté parmi les premiers touristes de l’île, avant que la frontière ne ferme totalement en mars 2020, en raison du Covid-19.

    À Lesbos, les réfugiés comme « #arme_diplomatique »

    À 450 kilomètres plus au nord-ouest, au large de l’île de Lesbos, ce ne sont pas les navires de recherche d’hydrocarbures envoyés par Ankara que guettent les Grecs, mais les fragiles bateaux pneumatiques en provenance de la côte turque, à une dizaine de kilomètres seulement. Cette île montagneuse de la taille de la Guadeloupe, qui compte 85’000 habitants, constitue un autre point de friction, dont les migrants sont l’instrument.

    Depuis une décennie, Lesbos est l’une des principales portes d’entrée dans l’Union européenne pour des centaines de milliers d’exilés. Afghans, Syriens, Irakiens ou encore Congolais transitent par la Turquie, qui accueille de son côté environ quatre millions de réfugiés. En face, le rivage turc se compose de plages peu touristiques et désertes, prisées des passeurs car permettant des départs discrets. Les migrants restent toutefois bloqués à Lesbos, le temps du traitement de leur demande d’asile en Grèce et dans l’espoir de rejoindre d’autres pays de l’espace Schengen par des voies légales. Le principal camp de réfugiés, Moria, a brûlé dans des conditions obscures le 8 septembre, sans faire de victime grave parmi ses treize mille occupants.

    Pour M. Konstantinos Moutzouris, le gouverneur des îles égéennes du Nord, ces arrivées résultent d’un calcul stratégique d’Ankara. « Erdoğan utilise les réfugiés comme arme diplomatique, il les envoie lorsqu’il veut négocier. Il a une attitude très agressive, comme aucun autre dirigeant turc avant lui », accuse cette figure conservatrice locale, connue pour ses positions tranchées sur les migrants, qu’il souhaite « dissuader de venir ».

    Il en veut pour preuve l’épisode de tension de mars 2020. Mécontent des critiques de l’Union européenne lors de son offensive contre les Kurdes dans le nord de la Syrie, le président turc a annoncé l’ouverture de ses frontières aux migrants voulant rejoindre l’Europe, malgré l’accord sur le contrôle de l’immigration qu’il a passé avec Bruxelles en mars 2016. Plusieurs milliers de personnes se sont alors massées aux portes de la Grèce, à la frontière terrestre du Nord-Est, suscitant un renforcement des troupes militaires grecques dans ce secteur. Dans le même temps, à Lesbos, une dizaine de bateaux chargés de réfugiés atteignaient les côtes en quelques jours, déclenchant la fureur d’extrémistes locaux. « Nous ne communiquons plus du tout avec les autorités turques depuis », affirme M. Moutzouris.

    Athènes assume désormais une ligne dure, quitte à fermer une partie de sa frontière commune avec la Turquie aux demandeurs d’asile, en dépit des conventions internationales que la Grèce a signées. Le gouvernement a ainsi annoncé mi-octobre la construction d’un nouveau #mur de 27 kilomètres sur la frontière terrestre. Au début de l’année 2020, il avait déjà déclaré vouloir ériger un #barrage_flottant de 2,7 kilomètres au large de Lesbos. Un ouvrage très critiqué et jugé illégal par les organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains. Un projet « absurde », juge M. Georgios Pallis, pharmacien de l’île et ancien député Syriza (gauche). Plusieurs sources locales évoquent une suspension de la construction de ce barrage. Le gouvernement, lui, ne communique pas à ce sujet.

    « Les réfugiés payent la rupture du dialogue gréco-turc », déplore M. Pallis entre deux mezze arrosés de l’ouzo local, près du port bruyant de Mytilène, dans le sud de l’île. « Des retours forcés de migrants sont organisés par les gardes-côtes grecs. » En septembre, le ministre de la marine se targuait, au cours d’une conférence de presse, d’avoir « empêché » quelque dix mille migrants d’entrer en 2020. Un mois plus tard, le ministre de l’immigration tentait, lui, de rectifier le tir en niant tout retour forcé. À Lesbos, ces images de réfugiés rejetés ravivent un douloureux souvenir, analyse M. Pallis : « Celui de l’exil des réfugiés d’Asie Mineure. » Appelé aussi en Grèce la « #grande_catastrophe », cet événement a fondé l’actuelle relation gréco-turque.

    Au terme du déclin de l’Empire ottoman, lors de la première guerre mondiale, puis de la guerre gréco-turque (1919-1922), les Grecs d’Asie Mineure firent l’objet de #persécutions et de #massacres qui, selon de nombreux historiens, relèvent d’un #génocide (4). En 1923, les deux pays signèrent le #traité_de_Lausanne, qui fixait les frontières quasi définitives de la Turquie moderne et mettait fin à l’administration par la Grèce de la région d’İzmir-Smyrne telle que l’avait décidée le #traité_de_Sèvres de 1920 (5). Cet accord a aussi imposé un brutal #échange_de_populations, fondé sur des critères religieux, au nom de l’« #homogénéité_nationale ». Plus de 500 000 musulmans de Grèce prirent ainsi le chemin de l’Asie Mineure — soit 6,5 % des résidents de Lesbos, selon un recensement de 1920 (6). En parallèle, le traité a déraciné plus de 1,2 million de chrétiens orthodoxes, envoyés en Grèce. Au total, plus de 30 000 sont arrivés dans l’île. Ils ont alors été péjorativement baptisés les « #graines_de_Turcs ».

    « Ils étaient chrétiens orthodoxes, ils parlaient le grec, mais ils étaient très mal perçus des insulaires. Les femmes exilées de la grande ville d’İzmir étaient surnommées “les prostituées”. Il a fallu attendre deux générations pour que les relations s’apaisent », raconte M. Pallis, lui-même descendant de réfugiés d’Asie Mineure. « Ma grand-mère est arrivée ici à l’âge de 8 ans. Pour s’intégrer, elle a dû apprendre à détester les Turcs. Il ne fallait pas être amie avec “l’autre côté”. Elle n’a pas remis les pieds en Turquie avant ses 80 ans. »

    Enfourchant sa Vespa sous une chaleur accablante, M. Pallis s’arrête devant quelques ruines qui se dressent dans les artères de #Mytilène : d’anciennes mosquées abandonnées. L’une n’est plus qu’un bâtiment éventré où errent des chatons faméliques ; une autre a été reconvertie en boutique de fleuriste. « Les autorités n’assument pas ce passé ottoman, regrette l’ancien député. L’État devrait financer la reconstruction de ces monuments et le développement du tourisme avec la Turquie. Ce genre d’investissements rendrait la région plus sûre que l’acquisition de Rafale. »

    En #Thrace_occidentale, une population musulmane ballottée

    Dans le nord-est du pays, près de la frontière avec la Turquie et la Bulgarie, ce passé ottoman reste tangible. En Thrace occidentale, les #mosquées en activité dominent les villages qui s’élèvent au milieu des champs de coton, de tournesols et de tabac. La #minorité_musulmane de Grèce vit non loin du massif montagneux des #Rhodopes, dont les sommets culminent en Bulgarie. Forte d’entre 100 000 et 150 000 personnes selon les autorités, elle se compose de #Roms, de #Pomaks — une population d’origine slave et de langue bulgare convertie à l’#islam sous la #domination_ottomane — et, majoritairement, d’habitants aux racines turques.

    « Nous sommes des citoyens grecs, mais nous sommes aussi turcs. Nous l’étions avant même que la Turquie moderne existe. Nous parlons le turc et nous avons la même #religion », explique M. Moustafa Moustafa, biologiste et ancien député Syriza. En quelques mots, il illustre toute la complexité d’une #identité façonnée, une fois de plus, par le passé impérial régional. Et qui se trouve elle aussi au cœur d’une bataille d’influence entre Athènes et Ankara.

    Rescapée de l’#Empire_ottoman, la minorité musulmane a vu les frontières de la Grèce moderne se dessiner autour d’elle au XXe siècle. Elle fut épargnée par l’échange forcé de populations du traité de Lausanne, en contrepartie du maintien d’un patriarcat œcuménique à Istanbul ainsi que d’une diaspora grecque orthodoxe en Turquie. Principalement turcophone, elle évolue dans un État-nation dont les fondamentaux sont la langue grecque et la religion orthodoxe.

    Elle a le droit de pratiquer sa religion et d’utiliser le turc dans l’enseignement primaire. La région compte une centaine d’écoles minoritaires bilingues. « Nous vivons ensemble, chrétiens et musulmans, sans heurts. Mais les mariages mixtes ne sont pas encore tolérés », ajoute M. Moustafa, dans son laboratoire de la ville de #Komotini — aussi appelée #Gümülcine en turc. Les quelque 55 000 habitants vivent ici dans des quartiers chrétiens et musulmans érigés autour d’une rivière méandreuse, aujourd’hui enfouie sous le béton. M. Moustafa n’a presque jamais quitté la Thrace occidentale. « Notre minorité n’est pas cosmopolite, nous sommes des villageois attachés à cette région. Nous voulons juste que nos descendants vivent ici en paix », explique-t-il. Comme de nombreux musulmans de la région, il a seulement fait ses études supérieures en Turquie, avant de revenir, comme aimanté par la terre de ses ancêtres.

    À cent kilomètres de Komotini, la Turquie demeure l’« État parrain » de ces musulmans, selon le traité de Lausanne. Mais l’influence de celle que certains nomment la « mère patrie » n’est pas toujours du goût de la Grèce. Les plus nationalistes craignent que la minorité musulmane ne se rapproche trop du voisin turc et ne manifeste des velléités d’indépendance. Son statut est au cœur de la discorde. La Turquie plaide pour la reconnaissance d’une « #minorité_turque ». La Grèce refuse, elle, toute référence ethnique reliée à une appartenance religieuse.

    La bataille se joue sur deux terrains : l’#éducation et la religion. À la fin des années 1990, Athènes a voulu intégrer la minorité dans le système d’éducation publique grec, appliquant notamment une politique de #discrimination_positive et offrant un accès facilité à l’université. Les musulmans proturcs plaident, eux, pour la création de davantage d’établissements minoritaires bilingues. Sur le plan religieux, chaque partie nomme des muftis, qui ne se reconnaissent pas mutuellement. Trois représentants officiels sont désignés par la Grèce pour la région. Deux autres, officieux, le sont par les musulmans de Thrace occidentale soutenus par Ankara, qui refuse qu’un État chrétien désigne des religieux.

    « Nous subissons toujours les conséquences des #crises_diplomatiques. Nous sommes les pions de leur jeu d’échecs », regrette d’une voix lasse M. Moustafa. Le sexagénaire évoque la période qui a suivi le #pogrom dirigé principalement contre les Grecs d’Istanbul, qui avait fait une quinzaine de morts en 1955. Puis les années qui ont suivi l’occupation du nord de #Chypre par la Turquie, en 1974. « Notre minorité a alors subi une violation de ses droits par l’État grec, dénonce-t-il. Nous ne pouvions plus passer le permis de conduire. On nous empêchait d’acheter des terres. » En parallèle, de l’autre côté de la frontière, la #peur a progressivement poussé la communauté grecque de Turquie à l’exil. Aujourd’hui, les Grecs ne sont plus que quelques milliers à Istanbul.

    Ces conflits pèsent encore sur l’évolution de la Thrace occidentale. « La situation s’est améliorée dans les années 1990. Mais, maltraités par le passé en Grèce, certains membres de la minorité musulmane se sont rapprochés de la Turquie, alimentant une méfiance dans l’imaginaire national grec. Beaucoup de chrétiens les considèrent comme des agents du pays voisin », constate M. Georgios Mavrommatis, spécialiste des minorités et professeur associé à l’université Démocrite de Thrace, à Komotini.
    « Ankara compte des milliers d’#espions dans la région »

    Une atmosphère de #suspicion plane sur cette ville, sous l’emprise de deux discours nationalistes concurrents. « Les gens de l’extrême droite grecque nous perçoivent comme des janissaires [soldats de l’Empire ottoman]. Erdoğan, lui, nous qualifie de soydas [« parents », en turc] », détaille d’une voix forte Mme Pervin Hayrullah, attablée dans un café animé. Directrice de la Fondation pour la culture et l’éducation en Thrace occidentale, elle se souvient aussi du passage du président turc dans la région, fin 2017. M. Erdoğan avait dénoncé les « discriminations » pratiquées par l’État grec à l’égard de cette communauté d’origine turque.

    Une chrétienne qui souhaite rester anonyme murmure, elle, que « les autorités grecques sont dépassées. La Turquie, qui est bien plus présente sur le terrain, a davantage de pouvoir. Ankara compte des milliers d’espions dans la région et donne des millions d’euros de budget chaque année au consulat turc de Komotini ». Pour Mme Hayrullah, qui est proche de cette institution, « le consulat ne fait que remplir une mission diplomatique, au même titre que le consulat grec d’Edirne [ville turque à quelque deux cents kilomètres, à la frontière] ». L’allure du consulat turc tranche avec les façades abîmées de Komotini. Surveillé par des caméras et par des gardes en noir, l’édifice est cerné de hautes barrières vertes.

    « La Grèce nous traite bien. Elle s’intéresse au développement de notre communauté et nous laisse exercer notre religion », vante de son côté M. Selim Isa, dans son bureau calme. Le président du comité de gestion des biens musulmans — désigné par l’État grec — est fier de montrer les beaux lustres et les salles lumineuses et rénovées d’une des vingt mosquées de Komotini. « Mais plus les relations avec la Turquie se détériorent et plus le consulat étend son influence, plus il revendique la reconnaissance d’une minorité turque », ajoute M. Isa, regard alerte, alors que l’appel du muezzin résonne dans la ville.

    À l’issue du sommet européen des 10 et 11 décembre, l’Union européenne a annoncé un premier volet de #sanctions contre la Turquie en raison de ses opérations d’exploration. Des mesures individuelles devraient cibler des responsables liés à ces activités. Athènes plaidait pour des mesures plus fortes, comme un embargo sur les armes, pour l’heure écarté. « C’était une proposition-clé. Nous craignons que la Turquie s’arme davantage. Sur le plan naval, elle est par exemple en train de se doter de six #sous-marins de type #214T fournis par l’#Allemagne, explique le diplomate grec Georgios Kaklikis, consul à Istanbul de 1986 à 1989. M. Erdoğan se réjouit de ces sanctions, qui sont en réalité minimes. » Le président turc a réagi par des #rodomontades, se félicitant que des pays « dotés de bon sens » aient adopté une « approche positive ». Bruxelles assure que d’autres mesures pourraient tomber en mars 2021 si Ankara ne cesse pas ces actions « illégales et agressives ».

    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/01/PERRIGUEUR/62666
    #Grèce #Turquie #frontière #asile #migrations #réfugiés
    #Oruc_Reis #murs #Evros #barrières_frontalières #histoire

    ping @reka

    –—

    #terminologie #mots #vocabulaire :
    – "Le traité (de Lausanne) a déraciné plus de 1,2 million de chrétiens orthodoxes, envoyés en Grèce. Au total, plus de 30 000 sont arrivés dans l’île. Ils ont alors été péjorativement baptisés les « #graines_de_Turcs »."
    – "Les femmes exilées de la grande ville d’İzmir étaient surnommées “les prostituées”."

    –-> ajoutés à la métaliste sur la terminologie de la migration :
    https://seenthis.net/messages/414225

    ping @sinehebdo

  • La femme qui fuit… mais qui nous revient.

    Dans ce livre, on accompagne Anaïs Barbeau-Lavalette sur les traces de sa grand-mère évaporée. Pourquoi cette inconnue a-t-elle choisi, quarante ans plus tôt, de laisser derrière elle deux enfants qui seront confiés à l’assistance publique ? Pour renouer les fils de cette histoire, la fiction vient remplir les blancs de la biographie. Les courts chapitres dressent des instantanés de la vie incandescente de cette femme irréductible aux normes, qui traversa les années 50 au Québec, de l’avant-garde artistique à la sécession politique.

    Note sur : Anaïs Barbeau-Lavalette, La femme qui fuit

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/01/01/la-femme-qui-fuit-mais-qui-nous-revient

    #littérature #roman

  • La briser, la figer dans le marais, l’arrêter avant qu’elle s’en aille

    Un rituel de violence, le froid, le corps effrayé, la mise à nue, « Elle gémit. L’écho de ses lamentations résonne dans le marais, à travers les branches de sorbier et de bouleau », des cordes, « l’heure du pas tout à fait »…

    Note sur : Sarah Moss : Dans la lande immobile

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/12/26/la-briser-la-figer-dans-le-marais-larreter-avant-quelle

    #littérature #roman

  • Macron, Maurras, Pétain et l’antisémitisme - Juives et juifs révolutionnaires
    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=3571764989559921&id=795943817142066&__tn__=K-R

    Dans un récent interview a l’express , Emmanuel Macron est revenu une nouvelle fois a la charge dans sa tentative de réhabilitation de deux figures antisémites et nationalistes majeures, #Pétain et #Maurras.

    Il s’agit ici d’une stratégie claire visant a réaffirmer le « roman national » et ainsi donner des gages au #nationalisme, en entérinant sa réhabilitation définitive dans l’imaginaire politique, la période de la seconde guerre mondiale et l’#antisémitisme étant ainsi réduits a un « incident de parcours » voir a un détail de leur histoire politique. Un appel du pied très clair a l’électorat fasciste.

    Macron prétend dissocier le Pétain de 1917, présenté comme un héros de guerre, de celui de 1940. Pourtant c’est bien le même homme qui a mis fin aux sanglantes offensives du général Nivelle, réprimé les mutins de 1917, massacré des Marocains révoltés pendant la guerre du Riff, appelé a cesser le combat face a Hitler, mis en place les lois antisémites et livré les Juifs et Juives de France aux nazis.

    Si Macron ne va pas jusqu’au révisionnisme d’Éric Zemmour et qu’il prétend condamner l’antisémitisme de Pétain, Il s’inscrit bien ici dans l’offensive nationaliste de réhabilitation de Pétain qui fait de son antisémitisme et de sa participation au génocide des Juifs et des Rroms un « point de détail » de son histoire.

    Emmanuel Macron a également évoqué Charles Maurras, en prétendant dissocier l’écrivain, le théoricien monarchiste de l’antisémite virulent. Il s’inscrit ici dans une volonté de réhabiliter un référent central pour la pensée de droite en faisant comme si son antisémitisme était accessoire dans sa pensée politique, alors qu’il est central dans sa construction théorique d’un nationalisme intégral définissant le corps national français comme blanc et catholique et faisant des juifs la figure centrale de l’antifrance (le principal des 4 prétendus « états confédérés ») contre laquelle il faudrait unifier et mobiliser les « vrais français ».

    Avec une telle rhétorique de blanchiment par dissociation, il est possible de réhabiliter nombre de criminels de guerre, qu’il s’agisse de la seconde guerre mondiale ou des guerres coloniales.

    Il n’est des lors guère étonnant de voir Macron s’inscrire au cours de la même interview dans la continuité sarkozyste de la rhétorique de « l’#identité_nationale », une tentative précédente de réhabilitation et de banalisation des thèmes nationalistes.

    Quand il parle pour appuyer son propos de la place accordée à la parole des victimes, qui serait selon lui trop importante, Emmanuel Macron reprend également une version du thème de la prétendue « dictature des minorités » qui est centrale dans la pensée d’#extrême_droite. C’est une manière de nier la réalité des rapports de force et une rhétorique d’inversion du réel dans laquelle la lutte pour la reconnaissance des effets du système raciste et ses conquêtes, arrachées le plus souvent après des années de déni par la mobilisation, sont présentées comme une prétendue preuve du « pouvoir des minorités ». En faisant passer les revendications historiques de reconnaissance et de réparation pour une « dictature émotionnelle » on les disqualifie comme objectif politique.

    Un tel discours démontre bien l’hypocrisie du pouvoir politique et d’Emmanuel Macron lorsqu’ils prétendent lutter contre l’antisémitisme alors même qu’ils œuvrent a réhabiliter les bourreaux de nos familles. Il est également un indicateur fort de la période politique que nous vivons, où le retour a un discours nationaliste de plus en plus décomplexé s’inscrit dans une réhabilitation progressive de ses théoriciens et ses figures historiques et la réduction du génocide et de l’antisémitisme au rang de détail de l’histoire française et européenne.

    Cela doit sonner comme un rappel de la nécessité de reconstituer un front uni contre le racisme, dont l’antisémitisme, d’où qu’il vienne.

    #fascisation #identité_nationale #roman_national (palimpseste du)

    • Pas d’accès à l’interview de l’Express, mais je relève ce passage dans l’article du Figaro :

      Complotisme, intégration, Pétain et privilège blanc : les grands sujets de l’interview de Macron à l’Express
      https://www.lefigaro.fr/politique/complotisme-integration-petain-et-privilege-blanc-les-grands-sujets-de-l-in

      Nous sommes devenus une société victimaire et émotionnelle. La victime a raison sur tout. Bien sûr, il est très important de reconnaître les victimes, de leur donner la parole, nous le faisons. Mais dans la plupart des sociétés occidentales, nous assistons à une forme de primat de la victime. Son discours l’emporte sur tout et écrase tout, y compris celui de la raison », juge-t-il.

      « Par conséquent, celui qui a tenu un discours antisémite ou a collaboré tombe forcément dans le camp du mal radical. Je combats avec la plus grande force l’antisémitisme et le racisme, je combats toutes les idées antisémites de Maurras mais je trouve absurde de dire que Maurras ne doit plus exister », distingue Emmanuel Macron, avant de revenir sur Pétain. « Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l’esprit de défaite et de l’antisémitisme de Pétain mais je ne peux pas nier qu’il fut le héros de 1917 et un grand militaire. On doit pouvoir le dire. À cause de la société de l’indignation, qui est bien souvent de posture, on ne regarde plus les plis de l’Histoire et on simplifie tout ».

      Un aspect frappant c’est qu’il aborde la question de la l’antisémitisme (de Pétain et Maurras) dans la foulée de sa tirade sur la « société victimaire » (« la victime a raison sur tout », « le discours [de la victime] écrase […] celui de la raison »). Quand j’ai lu ça, les bras m’en sont tombés. Il parle de victimisation, et vlan il glisse sur l’antisémitisme et la collaboration ? Il dit quoi, là, que l’attitude « victimaire » des victimes juives du génocide nazi « écrasent » le discours de la raison qui permettrait d’affirmer que Maurras et Pétain étaient de grands Hommes ?

      Le mec est pas bien dans sa tête, c’est pas possible d’être aussi con.

    • Merci pour l’info.
      Ça m’intéresse de lire la source et de lire par moi-même à quel point il serait passé d’un sujet à l’autre. Parceque de là où je me place ça pourrait très bien être des collés de moments d’interview comme ça se voit quand même très souvent pour faire le buzz sur le net...
      Surtout de la part d’un média que je trouve douteux qu’est le Figaro,. Je ne m’appuierait pas sur un article du Figaro même pour critiquer Macron (ou autre politique) c’est dire !

    • Je pense aussi qu’il s’agit d’un remontage. Mais il me semblait que l’antisémitisme et la collaboration, c’était justement presque la définition du mal radical en Europe.

    • Je me méfie aussi de la césure entre les deux parties. Mais il y a tout de même ce passage cité d’un seul bloc, qui établit à nouveau très explicitement le lien entre les deux (avoir le droit de dire que Pétain est un Grand Homme, mais on ne plus parce que posture de l’indignation victimaire…) :

      Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l’esprit de défaite et de l’antisémitisme de Pétain mais je ne peux pas nier qu’il fut le héros de 1917 et un grand militaire. On doit pouvoir le dire. À cause de la société de l’indignation, qui est bien souvent de posture, on ne regarde plus les plis de l’Histoire et on simplifie tout

    • Le « mal »... c’est pleins de choses selon moi, la mal-informations en fait partie ;-)
      Macron est un imbécile et un pantin qui se fout bien de notre gueule, par contre moi j’ai aucun soucis à séparer les actes militaire qui aurait permis à une époque lointaine (de plus d’un siècle) à la France de ne pas perdre une guerre directement chez nous, et ceux qui aurait largement participer aux meurtres en grandes quantité des moins nantis de l’époque.

    • De toute façon, c’est n’importe quoi. Petain est le pelé, le galeux depuis 1945. C’est pas d’aujourd’hui. En fait c’est Macron qui a une posture victimaire (on peut plus rien dire), ce qui est assez savoureux. Sans compter que les moins de 40 ans s’en foutent de Petain. Le traditionnel faux problème complaisamment relayé par les média mainstream. Classique.

    • Oui, je suis d’accord, c’est lui qui se comporte le plus en victime (ce qui in duit que nous aussi ? ;-) ), il ramène toujours tout à lui et à des complots politique soit-disant dirigés vers lui (ce qui est un comble quand on y réfléchit).
      Le Brut montrait vraiment ça d’ailleurs.

    • Cela fait un bon moment que la « réhabilitation de Pétain » est en cours (et peu importe, et pas seulement pour Zemmour, que son zèle ait consisté à en faire davantage que ce que les nazis exigeaient), un moment aussi qu’un philosémitisme affiché va de pair avec un antisémitisme plus ou moins larvé.
      La réhabilitation de Pétain est exemplaire du culte des chefs, des grands hommes, des hommes providentiels, dont y compris l’émergence de Mélenchon relevait.
      Malin ou pas, c’est pas l’affaire d’un type, mais dune machine de pouvoir. Le bénef escompté, lorsqu’un tenant de la mondialisation affiche en même temps son nationalisme (où on embauche des identitaires et des chevenementistes), c’est de racler du souverainiste, y compris une partie de ces gilets jaunes décomposés par la défaite.
      Le slogan pour 2022 : "Nous, français" (c’est moi ! E.M !)

      Par delà ces péripéties, il y a une thèse : il faut des personnages hors du commun (qu’ils soient experts, courageux, technocrates, militaires, ...) qui aient la force de décider pour tous et toutes, pour les riens, les imbéciles, les pas assez munis pour être dignes d’une quelconque responsabilité collective.

      #haine_de_la_démocratie.

    • Cette histoire d’hommes providentiels est à la fois un truisme et une erreur d’analyse. Parce qu’en admettant qu’on ait besoin d’un HP, pourquoi ne pas en choisir un qui ne pose pas ou peu de problème, genre de Gaulle ? A part des nonagenaires ex OAS ou PSU, il ferait l’unanimité. Alors pourquoi Petain qui fait vraiment tâche ? Parce qu’il fait tâche probablement, ça donne un petit côté non conformiste du meilleur effet. Et Macron, qui tient à son côté soi disant disruptif, aime bien ce côté dessalé, je-brise-tous-les-tabous. En fait, c’est probablement juste un connard, pleurnichard comme tous les connards. On ne tient jamais assez compte du rasoir d’Hanlon.

    • Ah... le coup d’État de de Gaulle ne posait pas de problèmes en 58 et ensuite ? Passons.

      C’est Macron qui veut se poser en homme providentiel (eh oui, ils osent tout). Ils sont nombreux à penser que la crise de la démocratie représentative, de la politique, l’absence radicale de tout projet, implique de jouer cette carte. Du sanitaire à l’environnement, il y a de la place pour des formules autoritaires qui ne reposent pas seulement sur le racisme et le nationalisme.

    • Ben oui. Plus facile de se réclamer de de Gaule que de Petain, non, quand on veut s’adosser a un homme providentiel qui fait l’unanimité ? Evidemment, c’est plus gratifiant de s’imaginer Manu en Hitler et Darmanin en Kaltenbrunner, mais c’est juste du bullshit. Petain ne peut pas juste s’expliquer par la recherche d’une legitimation d’un executif fort.

    • Ah oui, au fait, en 58, c’est pas un coup d’etat de de Gaulle mais celui d’Alger qui l’a amené au pouvoir. Ca n’en fait pas un personnage sympathique pour autant, mais nettement plus que Petain.

  • La Finlande au fil d’une vie de femme

    « La colonelle », une femme dominée par un vieux nazi, incapable de voir le monde en face. Un peu pédophile, incapable de dominer ses peurs et ses angoisses, il bat ses épouses jusqu’à les tuer. Violée, elle cherche à oublier, se croyant coupable et sa faiblesse la conduit dans les bras quasi paternels de ce Colonel qui a l’âge de son père mort trop tôt pour elle.

    Note sur : Rosa Liksom : La colonelle

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/12/17/la-finlande-au-fil-dune-vie-de-femme

    #littérature #roman

  • #Patrouilles_anti-migrants : trois #identitaires relaxés en appel

    Deux responsables de #Génération_identitaire ainsi qu’un ex-cadre ont été #relaxés en appel mercredi. Ils avaient été condamnés à six mois de #prison ferme en 2019 pour avoir « exercé des activités dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une #fonction_publique ».

    Ils ont finalement été relaxés. #Clément_Gandelin, président de l’association d’ultra-droite Génération identitaire, #Romain_Espino, porte-parole, et #Damien_Lefèvre [connu sous le nom #Rieu – ndlr], ancien cadre du mouvement, ont été relaxés par la cour d’#appel de Grenoble mercredi 16 décembre.

    Ils avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Gap, le 29 août 2019, à six mois de prison ferme, 2 000 euros d’amende et des privations de droits civiques, civils et familiaux pendant cinq ans. Le trio était poursuivi pour avoir « exercé des activités dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique ». Le groupe Génération identitaire, poursuivi en tant que personne morale, avait écopé d’une amende de 75 000 euros.

    « La #cour_d’appel a estimé que les éléments constitutifs de cette #infraction n’étaient pas caractérisés en l’espèce, retenant une action de pure #propagande à visée médiatique et annoncée comme telle », a indiqué le parquet général de la cour d’appel de Grenoble dans un communiqué mercredi.

    « La cour a estimé que la seule infraction qui aurait pu leur être reprochée aurait été l’interpellation de migrants le jour de la chaîne humaine, ce qui n’a pas été le cas », précise Agnès Antoine, membre de l’association Tous Migrants, qui vient en aide aux exilés dans le Briançonnais, à la frontière franco-italienne.

    Les avocats de l’association, Mes Vincent Brengarth et William Bourdon, disent leur « totale incompréhension » face à cette décision. « La cour a considéré que leur action du 21 avril 2018 au #col_de_l’Échelle n’était pas de nature à créer une confusion dans l’esprit du public avec l’exercice d’une fonction publique, expliquent-ils. Cette décision potentialise le risque que des #milices viennent imposer leur loi à la #frontière en violation des #droits_fondamentaux des personnes exilées. »

    De son côté, Damien Lefèvre, dit « Rieu », a annoncé sa « victoire » dans une vidéo publiée sur Twitter (https://twitter.com/DamienRieu/status/1339240515108220934). Il affirme avoir été « persécuté judiciairement » et fait le lien entre migrations et terrorisme, en évoquant l’attentat de Nice. Il s’adresse enfin à « toute la sphère d’en face, l’islamosphère, la gauchosphère, Cédric Herrou, les fan[s] de Karim Benzema, les mangeurs de tacos et tous les islamistes qui [le] rêvaient en prison depuis des mois. Ça ne va pas se passer comme ça, je bois vos larmes », se gargarise-t-il.

    Pour les conseils de Tous Migrants, cette décision crée « un #deux_poids_deux_mesures par rapport à la criminalisation des maraudeurs », « dans un contexte de basculement autoritaire semblant chaque jour un peu plus désinhiber certains comportements qui devraient être condamnables » (lire notre article sur l’aide humanitaire mise à mal à la frontière franco-italienne : https://www.mediapart.fr/journal/france/101220/migrants-la-frontiere-franco-italienne-l-aide-humanitaire-mise-mal-les-ass).

    Depuis la mi-novembre, les effectifs de la police aux frontières de #Montgenèvre ont augmenté afin de « lutter contre le terrorisme » dans les #Hautes-Alpes et les associations d’aide aux migrants dénoncent un harcèlement des policiers à l’égard des exilés et des bénévoles. Deux #maraudeurs sont d’ailleurs poursuivis pour « aide à l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’étrangers en situation irrégulière en leur faisant franchir la frontière pédestrement » et sont renvoyés devant le tribunal de Gap en avril 2021.

    Nous republions ci-dessous l’article d’Elisa Perrigueur paru le 29 août 2019, à l’occasion de la condamnation des trois militants identitaires par le tribunal de Gap.

    *

    Six mois de prison ferme, 2 000 euros d’amende et des privations de droits civiques, civils et familiaux pendant cinq ans. Clément Gandelin, 24 ans, le président de l’association d’ultra-droite Génération identitaire, Romain Espino, 26 ans, porte-parole, et Damien Lefèvre, 29 ans, ex-cadre du mouvement, ont tous les trois été condamnés jeudi 29 août par le tribunal de Gap pour leur opération anti-migrants effectuée dans les Alpes au printemps 2018.

    Les trois militants d’ultradroite étaient plus précisément poursuivis pour « activités exercées dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique » (article 433-13), lors de cette action médiatique qui avait pour but affiché de bloquer un point de passage frontalier emprunté par les exilés passés par l’Italie, à l’époque souvent des mineurs venus d’Afrique de l’Ouest.

    Le groupe Génération identitaire, également poursuivi en tant que personne morale, a, lui, écopé d’une amende de 75 000 euros. Le tribunal a estimé que la prison ferme s’imposait « compte tenu de la nature extrêmement grave des faits, de l’importance du trouble à l’ordre public occasionné non seulement pendant leur période de commission mais de manière durable dans le département, de l’importance des valeurs protégées par les infractions reprochées et du passé pénal des prévenus », d’après la motivation du jugement consultée par l’AFP.

    Les trois prévenus n’ont pas tardé à réagir jeudi soir, sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, où deux d’entre eux ont diffusé des vidéos soigneusement mises en scène.

    Alors que Clément Gandelin, dit « Galant » chez les militants du groupe, s’exprime face caméra, des dizaines de personnes sont alignées derrière lui, figées en arrière plan, bras croisés. Le militant évoque une amende « exorbitante » pour son mouvement et parle d’une « justice politique qui frappe aujourd’hui les résistants identitaires ». Il ajoute aussi dans son tweet que « pour [l’]aider à payer [les] frais de justice », il faut se rendre sur le site du groupe extrémiste. Il y publie ses coordonnées bancaires pour le « soutenir » ou propose l’envoi de dons par chèque au mouvement.

    Selon l’article 40 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, il est « interdit d’ouvrir ou d’annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d’indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires, en matière criminelle et correctionnelle, sous peine de six mois d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ».

    Sur une autre vidéo partagée sur Twitter, le militant Damien Lefèvre, dit « Rieu », prend davantage en compte cette interdiction. « Vous le savez depuis l’affaire Leetchi, il est interdit de recevoir des dons », détaille-t-il, une carte du monde en arrière plan, faisant référence à l’arrêt d’une cagnotte sur ce site participatif, lancée en 2017 après la condamnation de plusieurs militants du groupe, qui lui même avait écopé d’une amende, en raison de l’occupation de la mosquée de Poitiers en 2012. L’ancien cadre de Génération identitaire propose donc de « financer » l’un des « projets » d’un autre collectif.

    « Ils se font passer pour des victimes »

    Ladite « Mission Alpes », pour laquelle les militants ont cette fois été condamnés, et dont ils s’étaient autoproclamés investis, s’était tenue entre le 21 avril et le 29 juin 2018 dans les Alpes françaises, à six kilomètres de la frontière italienne.

    Une centaine de membres de Génération identitaire reconnaissables à leur doudoune bleue, avaient d’abord occupé, le temps d’une journée, le col de l’Échelle, qui culmine à 1 760 mètres d’altitude, entre les versants donnant sur le village français de Névache d’un côté et la gare italienne de Bardonecchia de l’autre. Une dizaine de militants identitaires, dont les trois prévenus, étaient ensuite restés pour « patrouiller », se vantaient-ils, pendant plusieurs semaines dans le Briançonnais.

    Doté d’une flotte tape-à-l’œil de pick-up, de deux hélicoptères et d’un avion, le groupe avait alors communiqué de façon boulimique sur son action, à grand renfort de selfies, de vidéos, comme il l’avait fait l’année précédente, pour son opération spectacle anti-migrants à bord du navire C-Star, qui avait croisé dans les eaux internationales entre la Libye et l’Italie.

    Ce mouvement de jeunesse des identitaires (plus connu anciennement sous le nom de Bloc identitaire) créé en 2012, qui compte « au cœur du groupe quelque 500 personnes », « renverse la situation », explique Stéphane François, historien des idées et politologue. « Ils se font passer pour des victimes, des rebelles. Ces condamnations sont des trophées [comme le souligne Damien Rieu dans sa réaction jeudi 29 août, il s’agit d’un « honneur, d’une médaille » – ndlr], ils se font passer pour des personnes persécutées [par le système], rappelait le spécialiste des droites radicales, interrogé en juillet sur la question. Leur stratégie d’action est inspirée par le Bloc identitaire lui-même, inspiré du mouvement écologique Greenpeace : des campagnes chocs qui n’entraînent généralement pas ou peu de poursuites pénales. Cette nouvelle génération veut en découdre, il y a une multiplication des actes… Ils ne sont pas très nombreux mais peuvent être très violents. »

    La peine correspond aux réquisitions du procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, prononcées le 11 juillet, lors de la première convocation des trois prévenus. Elles prenaient en compte « le casier judiciaire », avait-il alors justifié, deux d’entre eux n’étant pas « éligibles à du sursis simple », en raison de leurs précédentes condamnations. L’avocat des trois prévenus, Me Pierre-Vincent Lambert, qui réclamait quant à lui la relaxe, a annoncé que ses clients feraient appel de la décision, selon l’AFP.

    Au cœur de son réquisitoire, le procureur a placé la délicate notion de « confusion » dans l’exercice d’une fonction publique, un délit « pas simple à manier », selon lui, en raison du « très peu de jurisprudences ». Raphaël Balland précise que Génération identitaire a voulu créer la « confusion avec l’exercice d’une fonction publique ou d’une activité réservée aux officiers publics ou ministériels » au cours de cette mission.

    Il a parfois été reproché au procureur son « deux poids deux mesures » dans ses poursuites desdits « pro- » et « anti-migrants » dans ce département montagneux devenu le théâtre de fortes tensions autour de l’accueil des exilés.

    Ce même tribunal de Gap avait en effet condamné ceux que l’on connaît dans la vallée sous l’appellation des « 3+4 de Briançon » à 12 mois de prison pour deux d’entre eux et à six mois avec sursis pour les autres, pour avoir « facilité l’entrée » à la frontière d’une vingtaine de migrants lors d’une marche organisée en réponse à l’opération de Génération identitaire, le 22 avril 2018.

    Certains bénévoles ont regretté par ailleurs que le procureur n’ait pas poursuivi les trois militants d’extrême droite au « chef d’immixtion dans une fonction publique », plus sévère, sanctionné de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende. « Le délit d’immixtion ne tient pas », leur a rétorqué le procureur, lui préférant le délit de confusion.

    Le 11 juillet, seul Clément Gandelin s’était présenté à la barre. Il n’avait pas souhaité s’exprimer, restant silencieux tout au long de cette première audience de quatre heures. Il avait simplement déclaré à la fin que « ce procès n’[était] rien d’autre que politique et que jamais [le groupe Génération identitaire] n’av[ait] dit qu[’il prendrait] la place de la police ».

    Clément Gandelin avait été condamné en 2015 pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique. Son coaccusé, Damien Lefèvre, l’avait également été – entre autres – en 2017. Pour l’occupation de la mosquée de Poitiers en 2012, il avait écopé d’un an de prison avec sursis et d’une mise à l’épreuve de deux ans. Cette action avait mis en lumière ce mouvement de jeunesse – alors nouvellement créé – des identitaires. Un nouveau procès doit avoir lieu en appel.

    L’association locale d’entraide Tous migrants avait demandé à se constituer partie civile au nom de leur collectif. Leur but, expliquaient deux de ses responsables, était de rappeler que « ce procès mascarade est un dérivatif du vrai problème », à savoir « le droit des migrants à cette frontière ».

    Le collectif qui vient en aide aux migrants à Briançon a joint au dossier un recueil de témoignages de quatre exilés anonymes. Portée au dossier, la parole de ces exilés inconnus a rapidement été écartée, jugée non recevable par la présidente du tribunal.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/161220/patrouilles-anti-migrants-trois-identitaires-relaxes-en-appel?onglet=full

    #condamnation #justice #relaxe #frontière_sud-alpine #Alpes #montagne #asile #migrations #réfugiés

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    Ajouté à la chronologie sur le Briançonnais :
    https://seenthis.net/messages/756096

    –-> chronologie signalée dans la métaliste sur la même région :
    https://seenthis.net/messages/733721

  • La sensation qu’un visage n’est que le reflet d’un autre


    Je propose quant à moi une lecture très subjective, un cheminement tout en distance et présence derrière les mots. Le temps au singulier de l’énonciation d’Alice, les lieux quotidiens, « Alice se sentait comme une taupe là-dedans, asphyxiée par la profusion des galeries, en veux-tu des boîtes, en veux-tu des barquettes, en veux-tu des paquets, en veux-tu des sachets, en veux-tu des bouteilles, et en veux-tu, en veux-tu… », la Mère souffrante, la sensation d’être démunie et envahie par la culpabilisation, la tristesse d’un jour et sa répétition, les yeux de métisse et l’héritage du Père, le déchirement, « c’était une sorte de déchirement qui lui flanquait un blues monstre », l’impossible dialogue et la réduction de quelques mots au silence, l’embarras et en quelque sorte son rituel, « Elle savaient seulement se parler de manière abrupte », ce qui a pu être transmis et ce qui ne le fut pas…

    Note sur : Sandrine-Malika Charlemagne : La voix du Moloch

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/12/05/la-sensation-quun-visage-nest-que-le-reflet-dun-autre

    #littérature #roman

  • L’Etat et les #Roms : de la #stigmatisation à la #négation_des_droits. En réponse au préfet #Leschi

    Par le Comité de soutien aux habitants roms de Bobigny

    L’#expulsion du #bidonville des #Coquetiers à #Bobigny, en #Seine-Saint-Denis, a abouti à un désastre. Des quatre-vingts enfants scolarisés du terrain, seuls huit vont encore à l’école aujourd’hui. Familles séparées, dispersées aux quatre coins de #France, bébés et vieillards malades jetés à la rue, formations professionnelles interrompues brutalement, voilà le bilan de cette expulsion qui se voulait « exemplaire ».

    A la journaliste de France Info qui l’interrogeait ce mardi sur ce bilan, #Didier_Leschi, préfet délégué à l’Egalité des chances, répondait en insistant sur les moyens inédits déployés pour cette opération. Certes, de l’argent, on en a dépensé : 320 000 euros d’argent public, brandis comme une médaille. Ce n’est pas faute d’avoir lésiné sur les moyens, disait le préfet désemparé. Mais vous comprenez, avec les Roms, on a affaire à « une sociologie qui nous échappe ».

    Tout est là. Imputer l’échec de l’opération à la « sociologie » des #Roms, c’est dire, une fois de plus, que les Roms sont différents, et que c’est cette différence consubstantielle qui met, qui mettra toujours, en échec nos tentatives pourtant généreuses, pourtant bienveillantes, pour les « aider ».

    Avec les Roms, disait Didier Leschi, « on ne sait pas faire ».

    C’est dommage, parce que les Roms des Coquetiers, eux, dans leurs baraques en bois, ils ne se débrouillaient pas si mal.

    Mugurel, par exemple. Ses deux enfants étaient scolarisés et il était depuis deux ans élu délégué des parents au conseil d’école. Mugurel travaillait pour de vrai, avec un vrai contrat, à Aulnay. Mugurel venait d’ailleurs de recevoir une proposition de logement social à Bobigny.

    Mugurel, on l’a expulsé du terrain où il vivait. Sa situation, ses efforts d’intégration ? Aucun intérêt.

    On a proposé à Mugurel une chambre d’hôtel à Hardricourt, à 60 km… Il se lève tous les matins à 4h pour partir à 6h accompagner ses enfants à l’école avant de prendre le chemin de son travail. Bien sûr, s’il perd son travail, il pourra dire adieu à son logement social. Combien de temps va-t-il encore tenir ?

    On aurait aussi pu aller rencontrer Habibe, la maman de Dragan. Habibe, c’est une femme énergique, qui a appris le français aux cours du soir de l’école. Elle servait même d’interprète aux intervenants, sur le terrain. Son fils Dragan est rentré en septembre en CAP.

    Aujourd’hui, Habibe, son mari et son fils se retrouvent à Belfort. Exit le CAP qui aurait permis à Dragan d’avoir un métier, de devenir un contribuable comme les autres.

    Et Abel, Adelin et Lola, les trois cousins qui venaient chaque jour au collège, qui avaient appris à parler français, à lire, à écrire ? Pourtant, ça n’a pas toujours été facile avec les autres élèves. Venir à l’école, quand on est un enfant rom, c’est aussi se heurter au rejet de certains enfants, et même de certains adultes. Mais ils sont venus chaque jour. Abel voulait être policier, Lola voulait être coiffeuse. La maman d’Abel et Adelin venait à chaque réunion parents-profs. Les parents avaient à cœur d’acheter la photo de classe, avec leurs petits moyens.

    Aujourd’hui, ces trois enfants dorment dans des camionnettes, bien loin du collège. On leur avait bien proposé une solution de relogement, mais on avait séparé la famille. Lola et ses parents sont arrivés dans une chambre sans eau, sans électricité, avec trois couvertures pour sept personnes. Et il n’y avait pas de classe d’accueil au collège, là-bas. Lola ne pouvait pas poursuivre sa scolarité.

    Finalement, ils ne se débrouillaient pas si mal, ces gens. Ils ne demandaient pas grand-chose. Une inscription à l’école pour leurs enfants, comme tout le monde. Le ramassage de leurs ordures ménagères, comme tout le monde. Du travail, comme bien d’autres avant eux. Du travail, l’école, un minimum d’hygiène, le droit de tenter sa chance comme tout un chacun… c’est cela, une sociologie qui nous échappe ?

    Non, à vrai dire, rien ne nous échappait.

    Si l’objectif avait été d’accompagner ces familles, de trouver des solutions pour de vrai, on n’aurait pas procédé de cette façon. On n’aurait pas sommé des familles, le lundi après-midi, de prendre le premier train du mardi pour une destination inconnue, en abandonnant l’école du petit, les études du grand, le travail du père, les grands-parents par-dessus le marché, et en jetant à la rue 60 % des habitants du terrain, avec leurs bébés, sous la pluie et sous les quolibets des CRS. La méthode employée ne pouvait mener qu’à l’échec. Cette expulsion était simplement une obsession du préfet Galli et une promesse de campagne du candidat Stéphane de Paoli à la mairie de Bobigny. Elle n’avait pas « vocation à » aider les familles, seulement à s’en débarrasser.

    Trop de familles roms en Ile-de-France, dans des zones déjà sinistrées par le chômage, certes. Des bidonvilles insalubres et dangereux pour leurs habitants, certes. Des solutions pouvaient, devaient être proposées, c’est vrai. Mais il aurait fallu anticiper, accompagner les familles, les préparer à un changement de vie et d’environnement, ne pas les disperser, ne pas briser leurs efforts d’intégration. Et surtout, il aurait fallu faire avec elles, en partant de ce qu’elles avaient déjà construit. Pas les traiter, encore et toujours, comme des objets qui seraient incapables d’agir par eux-mêmes.

    Qu’est ce que cela coûtait d’attendre la fin de l’année scolaire, de laisser les enfants finir leur année, et surtout de laisser aux intervenants le temps d’accompagner véritablement, de trouver des places en apprentissage ailleurs en France, de laisser à tous le temps de se projeter dans un avenir nouveau ? Pourquoi cette absurde précipitation qui a tout détruit, qui a plongé ces familles dans des complications inextricables ?

    Peut-être aurait-il fallu les rencontrer, ces gens. Prendre le temps de leur parler, au-delà du « diagnostic », réduit à la collecte de quelques données administratives. Mais c’est sans doute inenvisageable… pensez donc, aller parler d’égal à égal avec des gens dont la « sociologie » nous échappe à ce point !

    Les démarches entreprises pour faire évoluer la situation des familles roms en France n’ont pas vocation à fonctionner tant qu’elles reposeront sur cet éternel préjugé que pour les Roms, c’est différent, qu’on ne peut pas parce qu’ils ne veulent pas. Tant qu’on refusera de considérer les Roms comme des migrants du travail, on ira à l’échec. On continuera à orchestrer une chasse au Rom, une chasse coûteuse pour l’Etat et désastreuse pour les familles. Nous, qui les avons accompagnés pendant plusieurs années, nous savons qu’ils ne demandent rien de plus, rien d’autre que ce que nous demandons chaque jour à la vie. Ils ne sont pas substantiellement différents.

    Il n’y a pas de culture de la misère, pas de culture de la saleté ni de la mendicité ; seulement les affres de la misère et de l’exclusion, seulement des choix qu’on fait quand on n’a pas le choix. Ce ne sont pas les pauvres qu’il faut combattre mais bien la pauvreté. Comment peut-on avoir encore besoin d’énoncer cette évidence en 2014 ?

    Tant que nous considérerons les Roms comme une sous-catégorie d’hommes, tant que nous resterons convaincus que nous ne pouvons pas agir avec eux, tant que nous leur refuserons le statut de sujets, nous donnerons aux préfets et aux élus toute latitude pour tuer dans l’œuf les efforts d’intégration des Roms. Nous leur permettrons, comme aujourd’hui, d’entretenir et d’aggraver la misère aux frais de l’Etat. Et certes, il y a là quelque chose qui nous échappe.

    https://www.ldh-france.org/letat-les-roms-stigmatisation-negation-droits
    #droits

  • Toute la fragilité du monde s’enfuit dans le sel de tes yeux

    « Aujourd’hui, je m’aperçois que je t’écris depuis sept mois. J’ai commencé à le faire un peu moins de deux mois après t’avoir vue pour la première fois. Aujourd’hui, la lettre que je t’adresse dépasse les 150 pages. Ses proportions ne cessent d’enfler »

    Note sur : Fanny Chiarello : Le sel de tes yeux
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/11/21/toute-la-fragilite-du-monde-senfuit-dans-le-sel-de-tes-

    #littérature #roman

  • Recherche famille perdue

    L’écho des promesses » – un titre bien trouvé – fait partie de la catégorie docu-fiction. Le point de départ est le lot de bien des familles séparées par la guerre et le nazisme. Un amour passionné naît entre une jeune juive et un fils de banquiers qui trafique avec les autorités d’Occupation.

    Note sur : Mélanie Levensohn : L’écho des promesses

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/11/14/recherche-famille-perdue

    #littérature #roman

  • En chaque personne que tu connais, il y a quelqu’un que tu ne connais pas

    Des abeilles et des rêves éparpillés, la destruction d’un monde et d’Alep, « nous venons du pire endroit sur terre ». Nuri et Afra, « j’ai peur des yeux de ma femme » et le récit d’un exil au temps des frontières fermées. La perte de la vue et la confusion des enfants. Le long voyage des migrant·es, « Nous sommes une dizaine, dans cette pension décrépie au bord de la mer, tous originaires d’endroits différents, tous dans l’attente », les parias et leurs souffrances, leurs rêves aussi…

    Note sur : Christy Lefteri : L’apiculteur d’Alep

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/11/07/en-chaque-personne-que-tu-connais-il-y-a-quelquun-que-t

    #littérature #roman