Le philosophe Clément Rosset : entretien sur le mensonge (►https://ww...
▻https://diasp.eu/p/8635557
Le philosophe Clément Rosset : entretien sur le mensonge | #double #mensonge #rosset #réalité #vérité
Le philosophe Clément Rosset : entretien sur le mensonge (►https://ww...
▻https://diasp.eu/p/8635557
Le philosophe Clément Rosset : entretien sur le mensonge | #double #mensonge #rosset #réalité #vérité
le propre lien :
▻https://www.telerama.fr/divers/clement-rosset,100844.php
#Clément_Rosset, l’auteur du Réel et son double (1976), est décédé, huit ans après avoir cru mourir dans une crique de Majorque, épisode qu’il avait raconté dans Récit d’un noyé. Né en 1939 à Carteret en Normandie, le #philosophe, qui enseigna à la faculté de Nice entre 1967 et 1998, fin connaisseur de Schopenhauer et de Nietzsche, n’aura cessé de défendre un réalisme sans concession, décapant, mordant. Un réalisme rivé au sol du réel, et traqueur de tous les masques, illusions, doubles que l’homme s’invente pour échapper à cette insoutenable réalité, toujours trop idiote ou trop cruelle. En 2013, Clément #Rosset, féru de littérature, de cinéma, de bande dessinée et de musique, était notre invité à l’occasion d’un numéro double consacré au… mensonge. Voici cet entretien.
[...]
Que cachent ces masques ?
Si, comme la vérité, le mensonge n’avait qu’un visage, nous serions en meilleurs termes avec lui, note encore #Montaigne. Or, il existe une multiplicité de mensonges, affichant des facettes logiques et psychologiques très différentes. Dans son acception la plus simple, le mensonge est un déni de la vérité, de la réalité. Il nie ce qui est, ou affirme ce qui n’est pas. Un homme a tué, mais soutient qu’il n’a pas tué. Ainsi #Raskolnikov, dans Crime et châtiment, dira au juge d’instruction Porphyre qu’il n’a pas assassiné la vieille usurière. Il avance le faux, alors qu’il sait le vrai qu’il choisit de dissimuler. Mais, à partir du moment où le mensonge est enclenché, la vérité peut éclater à tout instant. Le menteur prend ainsi toujours le risque d’être démasqué, même si la fausse version a quelquefois la puissance d’instiller le doute, et d’encombrer les cours d’assises pendant de longues années. Le mensonge se révèle souvent plus plausible, plus vraisemblable que la réalité, parfois si rocambolesque qu’elle en devient peu crédible.
Comment le mensonge parvient-il à s’imposer ?
Toute sa force consiste à singer la vérité, à en prendre les couleurs. Le mensonge est un caméléon qui doit avoir l’apparence du vrai ; il doit pouvoir être cru, sans quoi il perd sa raison d’être. Et, pour être cru, il doit être consolidé par d’autres boniments. Le mensonge s’accompagne donc toujours d’une volonté de tromper. Celui qui énonce une proposition contraire à la vérité, sans vouloir tromper autrui, mais juste parce qu’il se trompe lui-même, est dans l’erreur, et non dans le mensonge. Le menteur, lui, est un charlatan, un spécialiste du faux qui, mieux que quiconque, sait reconnaître le vrai au premier coup d’oeil. Le menteur est au fait de la vérité, et c’est là tout le paradoxe du #mensonge.
[...]
J’ai découvert Clément Rosset en lisant L’Invisible, incroyable d’intelligence.
Hurlements en faveur du réel
►http://naqoyqatsi.blog.lemonde.fr
Hollande : illusionné normal
Dans l’illusion, c’est-à-dire la forme la plus courante de mise à l’écart du réel, il n’y a pas à signaler de refus de perception à proprement parler. La chose n’y est pas niée : seulement déplacée, mise ailleurs. Mais, en ce qui concerne l’aptitude à voir, l’illusionné voit, à sa manière, tout aussi clair qu’un autre. Cette vérité apparemment paradoxale devient sensible dès que l’on songe à ce qui se passe chez l’aveuglé, tel que nous le montre l’expérience concrète et quotidienne, ou encore apparemment plus lointainement, la pratique politique.
Hollande par exemple, à l’intérieur du roman vrai dans lequel il est plongé, voit bien, parfaitement et totalement, que la situation est critique : cette perception, qu’il accueille chaque jour sans broncher, n’est jamais remise en question. Et pourtant Hollande est aveugle non de ne pas voir, mais de ne pas accorder ses actes à sa perception. Ce qu’il voit est mis comme hors circuit : la crise de l’Euro, qui n’est pas qu’une crise de la dette non supportée par une « intégration politique », est perçue et admise, mais étrangement séparée des effets que sa reconnaissance devrait normalement entraîner sur le plan pratique.
Les différentes dimensions de l’illusion décrites ci-dessus renvoient à une même « fonction », à une même « structure », à un même « échec ». La fonction : protéger du réel. La structure : non pas dénier la vérité ni même refuser de percevoir le réel, mais le dédoubler. L’échec : reconnaître trop tard dans le double protecteur le réel même dont on croyait s’être gardé. Telle est la malédiction de l’esquive, de renvoyer, par le détour d’une duplication romantique, à l’indésirable point de départ, le réel. On voit maintenant pourquoi l’esquive est toujours une erreur : elle est toujours inopérante, parce que le réel n’a pas besoin de roman.