#route_migratoire

  • « En Serbie, le nombre de #réfugiés recensés par les autorités a doublé en un an ». Dans Les Échos, un reportage « à Pirot où Afghans, Syriens et Tunisiens reprennent leur souffle avant de tenter de rejoindre l’Union européenne. » (Les Échos)

    La ville de #Pirot est à l’image de la Serbie : un lieu de transit pour les exilés qui rêvent d’Union européenne. La localité de 38.000 habitants est située à 25 kilomètres de la frontière avec la #Bulgarie, sur l’axe qui relie les capitales Sofia et Belgrade. Depuis l’été et l’afflux de réfugiés sur la #route_migratoire des Balkans, elle est devenue l’une des principaux points d’entrée en Serbie. En cette fin janvier, un groupe de huit Syriens vient d’arriver dans la petite gare routière de la ville. Ils tentent de se reposer sur les chaises qui jouxtent le gros radiateur. Mohammed, le seul homme du groupe qui parle anglais, raconte par bribes le trajet qui l’a fait quitter sa famille un an auparavant. Après sept ans à vivre comme réfugié au Liban, il décide de partir à la recherche d’un pays plus sûr, où son fils, malade, pourra se faire soigner. « Là-bas, le système de santé ne fonctionne plus », soupire ce père de 33 ans, qui a un oeil gonflé et des petites griffures sur le visage.

    […] Alors qu’ils discutent, plusieurs hommes entrent dans le hall de la gare, une pièce modeste d’une trentaine de mètres carrés. En tout, ils sont une quinzaine, venus d’Afghanistan, qui s’assoient sur les quelques chaises restantes puis sur le sol. Leurs pantalons mangés par la boue jusqu’aux genoux témoignent de plusieurs jours à crapahuter dans les montagnes qui marquent la frontière Bulgarie-Serbie. « Ça fait sept jours qu’on marche dans la forêt, souffle un jeune homme de 21 ans qui se fait surnommer SK Afghan. Je n’ai rien mangé depuis trois jours et j’ai de la fièvre depuis deux jours. »

    Malgré cela, il répète qu’il est soulagé d’être arrivé en Serbie. « En Bulgarie, on était traité comme des animaux », déplore SK. Il raconte avoir passé dix-sept jours dans un camp fermé. « C’était comme une prison. La nourriture était immonde, il n’y avait aucun médicament, pas d’installations de couchage, pas de possibilité de se laver. Une fois j’ai demandé à aller aux toilettes après 22 heures, l’heure limite pour sortir des cellules, alors les gardiens m’ont tabassé », déroule le jeune Afghan, le regard noir. Tous les hommes rencontrés dans la gare ce jour-là racontent les mêmes mauvais traitements en Bulgarie et s’inquiètent de s’y faire renvoyer par la #police serbe. #harcèlement #tabassage #violence #torture

    […] L’écrasante majorité vient de Syrie ou d’Afghanistan, mais on y compte aussi des ressortissants du Maroc, de Tunisie, du Burundi, du Pakistan, d’Iran ainsi que des Kurdes d’Irak. « Environ 30.000 personnes sont passées par la gare entre août et novembre », estime la directrice depuis son petit bureau décoré de quelques posters d’icônes orthodoxes. Il n’y a alors aucune structure pour les accueillir.

    […] Le Commissariat serbe aux réfugiés et pour la #migration a compté plus de 124.000 réfugiés dans ses centres au cours de l’année 2022. Près du double de l’année précédente, 68.000. « Au vu du nombre de personnes, la situation s’apparente à un corridor ouvert, comme ce qui a pu exister en 2015-2016. Cependant, la différence est que la route est beaucoup plus dangereuse, les #violations_de_droits_humains sont systématiques », commente Stevan Tatalovic, un autre salarié de l’ONG Info Park, installé à Belgrade.

    […] « On assiste à une politique d’externalisation de la #question_migratoire de la part de l’#Union_européenne avec la volonté de repousser les personnes exilées toujours plus loin », analyse Morgane Dujmovic, chercheuse à l’EHESS. En témoignent par exemple les accords récents pour renforcer le #contrôle_migratoire en Macédoine du Nord. Ainsi, l’agence européenne Frontex a signé un nouvel accord de coopération avec Skopje en novembre. Un accord tripartite a également été conclu dans la foulée entre la Hongrie, la Serbie et la Macédoine qui prévoit de renforcer la #frontière entre les deux voisins balkaniques.

    Au fil des ans, la chercheuse Morgane Dujmovic a vu le contrôle migratoire se durcir dans les pays de l’UE. Désormais, en comparaison, la police serbe est souvent considérée comme très clémente par rapport aux pays voisins, ce qui n’était pas le cas auparavant. « Ces politiques européennes ont provoqué un déferlement de violences qui était inimaginable il y a cinq ou dix ans. C’est un glissement assez frappant », commente Morgane Dujmovic.

    #barbarie #racisme

  • Une centaine de migrants partis de #Turquie débarquent dans le sud de l’#Italie

    Cent douze migrants partis des côtes turques sont arrivés lundi dans les Pouilles, parcourant plus de 1 000 kilomètres en mer. Malgré la longue distance qui sépare les deux pays, ce débarquement n’est pas un cas isolé.

    Lundi 8 mars, 112 migrants, dont des femmes et des enfants, entassés sur un voilier d’une dizaine de mètres ont débarqué au port de Leuca, dans la région des Pouilles. Ce groupe d’exilés, pour la plupart originaires d’Irak, d’Iran et de Syrie, a parcouru plus de 1 000 kilomètres en mer pour atteindre le sud de l’Italie. Le canot a pris la mer depuis la ville de #Marmaris, au sud-ouest de la Turquie, le 3 mars, rapporte sur Twitter la journaliste italienne Angela Caponnetto.


    https://twitter.com/AngiKappa/status/1368854527676448768

    Comment une embarcation de migrants a-t-elle pu voyager sans encombre des côtes turques vers l’Italie ? Selon les enquêteurs, un « bateau-mère » aurait effectué une grande partie du voyage avant de transférer les passagers sur un voilier, à quelques kilomètres des côtes italiennes. « L’importante distance entre les deux pays rend plausible cette explication », estime Sara Prestianni, responsable de la migration et de l’asile à l’ONG EuroMed rights, contactée par InfoMigrants.
    Une route déjà existante

    Ce débarquement n’est pas un événement isolé. D’autres arrivées ont été recensées ces dernières semaines dans les Pouilles, mais aussi en Calabre et en Campanie. Si certains migrants quittent les côtes turques de manière autonome, d’autres se cachent dans des navires commerciaux. C’est le cas des 26 Irakiens découverts le 14 janvier au port de Salerne, dissimulés dans deux conteneurs appartenant au navire Vento di Scirocco, parti de Turquie.

    En 2020, plus de 1 200 personnes en provenance de Turquie ou de Grèce ont atterri dans les Pouilles et 2 500 en Calabre, indique le média italien Avvenire. Cependant, il est encore trop tôt pour parler d’une réactivation de cette route migratoire.

    « Il y a toujours eu des départs de la Turquie vers le sud de l’Italie, le nombre d’arrivées est relativement constant ces dernières années. On n’a pas constaté de pic de débarquements », signale Sara Prestianni.

    Au début des années 90, les Albanais empruntaient déjà massivement cette route. En seulement deux jours, les 7 et 8 mars 1991, environ 27 000 personnes originaires d’Albanie avaient accosté dans le sud de l’Italie. Depuis, cet itinéraire avait été plus ou moins délaissé au profit de la route des Balkans. Mais dès 2015, le renforcement des contrôles aux frontières a réactivé le trajet maritime Turquie / Italie. « Cette année-là, on a observé toute une série d’arrivées de migrants dans les Pouilles. Mais à la suite d’une visite du ministre italien de l’Intérieur en Turquie, le flux a fortement baissé », rappelle Sara Prestianni.

    Néanmoins, la forte présence militaire en mer Égée, rendant de plus en plus difficile le passage de la Turquie vers la Grèce, peut provoquer une augmentation des tentatives de traversée vers l’Italie, malgré la dangerosité du voyage. Les réseaux de passeurs s’adaptent : quand une route est fermée, une autre s’ouvre ailleurs.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/30837/une-centaine-de-migrants-partis-de-turquie-debarquent-dans-le-sud-de-l

    #route_migratoire #Méditerranée #Méditerranée_orientale #parcours_migratoires #Pouilles #migrations #asile #réfugiés #Leuca #Mer_Egée #Mer_Ionienne #Calabre

  • Après la mort de deux migrants dans la Manche, les associations alertent sur cette nouvelle route migratoire

    Pour la première fois, les corps de deux migrants ont été retrouvés lundi sur une plage du #Touquet, dans le #Pas-de-Calais. Un drame qui souligne l’augmentation préoccupante du nombre d’exilés qui tentent de rejoindre les côtes britanniques par la #voie_maritime.

    Les dépouilles de deux Irakiens ont été retrouvées lundi sur une plage du Touquet, dans le Pas-de-Calais. Ils avaient 17 et 22 ans. Ces jeunes hommes auraient tenté de traverser la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni, selon les premiers éléments recueillis par la préfecture. Une petite embarcation semi-rigide a en effet été retrouvée à proximité. Ce drame porterait donc à quatre le nombre de migrants morts en tentant de rejoindre les côtes anglaises par la voie maritime.

    Le 9 août, une Iranienne de 30 ans avait perdu la vie après être tombée d’un bateau surchargé. Le 23 août, le corps d’un Irakien avait été retrouvé au large de Zeebruges, en Belgique. Il pourrait s’agir d’un homme repéré par les secours français en train de tenter la traversée à la nage. Des morts prévisibles, selon les associations d’aide aux migrants. Depuis 2018, elles alertent régulièrement sur l’augmentation des traversées clandestines de la Manche.
    Les traversées ont plus que doublé entre 2018 et 2019

    Depuis le début de l’année 2019, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, contactée par le JDD, a dénombré 206 cas de tentatives ou de traversées. Soit environ 2.000 migrants. Lundi matin encore, huit migrants ont été secourus sur une plage près de Calais, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer.

    Rien à voir avec les chiffres en Méditerranée où 69.962 personnes ont gagné l’Europe en bateau cette année, d’après les données de l’UNHCR au 14 octobre 2019. Et 1.071 y ont laissé leur vie ou sont portés disparus.

    Il n’empêche. Si la plupart des candidats à l’immigration continuent de tenter de se faufiler dans un camion (souvent en risquant leur vie, 4 personnes étant décédées en 2018 selon la Cimade), de plus en plus d’entre eux choisissent la voie maritime. Le phénomène a été repéré pour la première fois par les autorités en 2016 et connaît, depuis, une croissance exponentielle. Cette année-là, 23 tentatives ou traversées sont comptabilisées par la préfecture maritime. Puis 12 cas en 2017 et… 78 en 2018, impliquant 586 migrants. En 2019, ce chiffre a donc plus que doublé, et l’année n’est pas finie.
    Une bouée avec des bouteilles en plastique

    Une nouvelle route migratoire d’autant plus préoccupante qu’elle est extrêmement dangereuse. Car la Manche est « une autoroute de la mer », rappelle la préfecture maritime, « 25% du trafic maritime international passe par le détroit du Pas-de-Calais ». Et de comparer cette traversée au fait de franchir une voie express de nuit et à pied.

    Les exilés doivent naviguer de nuit entre ferrys et cargos, avec bien souvent des embarcations de fortune et un matériel de sauvetage insuffisant. L’Irakien repêché fin août près de Zeebruges portait une ceinture de flottaison bricolée avec des bouteilles en plastique.

    A ces difficultés, il faut ajouter les courants forts et les températures glaciales. A bord, les passagers se retrouvent vite trempés, risquant l’hypothermie. Et s’ils tombent, leurs chances de s’en sortir se réduisent drastiquement. Les conditions météorologiques ne semblent pas dissuader les départs : la préfecture a enregistré un pic à l’hiver 2018, la pire période pour naviguer.
    1.200 migrants auraient réussi la traversée, selon les médias britanniques

    Alors, pourquoi prendre ce risque, au péril de sa vie ? "Parce que certains réussissent, avance Antoine Nehr, coordinateur de l’antenne d’Utopia 56 à Calais, « c’est un mélange de désespoir et d’espoir ». La préfecture maritime ne communique aucun chiffre sur le nombre de migrants ayant réussi à atteindre les cotes anglaises mais, côté britannique, la BBC, citant le ministère de l’Intérieur estime que plus de 1.200 personnes ont réussi la traversée cette année, dont 336 en août.

    Autre facteur explicatif, selon ces associatifs : les conditions de vie toujours plus dures sur place. Depuis le démantèlement en 2016 de la « jungle » de Calais, « la politique est d’empêcher toute fixation, explique Antoine Nehr d’Utopia 56. Il y a des démantèlements des campements de fortune tous les deux jours, les forêts sont coupées pour empêcher de créer des lieux de vie, les tentes ou matériels sont jetés ». Ce qui pousserait les exilés à vouloir à tout prix parvenir au Royaume-Uni.
    Plus de contrôles et plus de risques

    « Ça ne va pas s’arrêter ! », prévient Claire Millot, secrétaire générale de l’association Salam, à l’AFP. « Parce que les conditions à Calais et Grande-Synthe sont épouvantables, avec des démantèlements réguliers, ils sont prêts à tout pour passer. » Pour elle, « ils ne sont pas prêts à entendre ce qu’on pourrait leur dire car ils sont déterminés. »

    En fait, les migrants prennent de plus en plus de risques, en camions ou par bateaux. C’est en tout cas ce qu’observent les associations interrogées. « Les contrôles se sont renforcés sur le littoral nord entre Calais et Grande-Synthe, raconte Antoine Nehr au JDD. Il y a de plus en plus de murs, de barrières. » Il ajoute que ces personnes sont souvent « des déboutés du droit d’asile, en fin de parcours, qui n’ont plus d’autre choix et tentent le tout pour le tout ». En 2019, les contrôles ont également été accrus en mer et sur les côtes. Conséquence : « On observe qu’ils partent de plus loin et sur des canots surchargés », déclare Antoine Nehr.

    Même constat pour Eva Ottavy, responsable des questions internationales à la Cimade. « Les camions n’ont plus le droit de s’arrêter dans les parkings entre Arras et Calais, indique-t-elle au JDD, pour éviter que les migrants n’y grimpent. Alors ils partent plus en amont sur la route ou prennent la mer. » Pour elle, « le renforcement des contrôles ne fait que déplacer les routes migratoires ». Tous craignent que d’autres drames soient passés sous les radars.

    https://www.lejdd.fr/Societe/apres-la-mort-de-deux-migrants-dans-la-manche-les-associations-alertent-sur-ce
    #route_migratoire #asile #migrations #réfugiés #France #Angleterre #UK #Calais #parcours_migratoire #décès #mort #mourir_dans_la_forteresse_Europe #frontières

  • Au pays des disparus

    #Taina_Tervonen remonte le fil de l’histoire d’un #migrant_anonyme, décédé à bord du chalutier clandestin qui a fait naufrage dans les eaux internationales, au large de la #Libye. Sa piste l’emmène de Milan à Catane, en passant par le #Niger et le #Sénégal. Sur sa route, elle croise des centaines de destins brisés aux portes de l’Europe, et entend le désarroi de leurs proches face à l’impossible #deuil. Une enquête, aussi bouleversante que vertigineuse, sur un des plus gros enjeux de notre temps.
    18 avril 2015. Un chalutier clandestin transportant
    800 personnes en direction de l’Italie sombre
    dans les eaux internationales, au large de la Libye.
    Au lendemain du naufrage, Matteo Renzi s’engage
    devant la presse à remonter l’épave et à donner à
    chaque victime une sépulture digne et un nom.
    Lorsque la journaliste Taina Tervonen se rend
    à la #morgue de Milan seize mois plus tard, pour
    rencontrer l’équipe en charge des identifications, elle
    découvre parmi les objets personnels des naufragés
    un téléphone Nokia jaune citron en trois morceaux
    et un bout de plastique, destiné à le protéger de l’eau.
    C’est tout ce qui reste de #PM390047, dont le #corps
    resté anonyme est enterré dans le carré des migrants
    du #cimetière de #Catane, en Sicile.
    Qui était-il ? Taina Tervonen décide de remonter
    le fil de son histoire, de Milan à Catane, en passant
    par le Niger et le Sénégal. Sur sa route, elle croise
    des dizaines de destins brisés aux portes de l’Europe,
    et entend le désarroi de leurs proches face à
    l’impossible deuil. Une enquête, aussi bouleversante
    que vertigineuse, sur un des plus gros enjeux de notre
    temps.
    Taina Tervonen est journaliste et réalisatrice.
    Elle a travaillé sur les disparus en Bosnie et en
    Méditerranée.


    https://www.fayard.fr/documents-temoignages/au-pays-des-disparus-9782213712390
    #parcours_migratoire #route_migratoire #mort #décès #livre #mourir_en_mer #migrations #réfugiés #frontières #ceux_qui_restent #anonymat #identification #celleux_qui_restent

    ping @reka @karine4 @isskein @pascaline

  • Croatian media report new ‘Balkan route’

    Croatian media have reported the emergence of a new ’Balkan route’ used by migrants to reach western Europe without passing through Macedonia and Serbia.

    Middle Eastern migrants have opened up a new ’Balkan route’ in their attempt to find a better life in western Europe after the traditional route through Macedonia and Serbia was closed. This is according to a report by Zagreb newspaper Jutarnji list.

    From Greece, the new route takes them through Albania, Montenegro, Bosnia Herzegovina, Croatia and Slovenia.

    http://www.infomigrants.net/en/post/7522/croatian-media-report-new-balkan-route?ref=tw
    #parcours_migratoires #route_migratoire #Balkans #ex-Yougoslavie #route_des_balkans #Albanie #Monténégro #Bosnie #Croatie #Slovénie #migrations #asile #réfugiés

    • Bosnia and the new Balkan Route: increased arrivals strain the country’s resources

      Over the past few months, the number of refugees and asylum seekers arriving to Bosnia has steadily increased. Border closures – both political and physical – in other Balkan states have pushed greater numbers of people to travel through Bosnia, in their attempt to reach the European Union.

      In 2017, authorities registered 755 people; this year, in January and February alone, 520 people arrived. The trend has continued into March; and in the coming weeks another 1000 people are expected to arrive from Serbia and Montenegro. Resources are already strained, as the small country struggles to meet the needs of the new arrivals.

      https://helprefugees.org/bosnia-new-balkan-route

    • Le Monténégro, nouveau pays de transit sur la route des migrants et des réfugiés

      Ils arrivent d’#Albanie et veulent passer en #Bosnie-Herzégovine, étape suivante sur la longue route menant vers l’Europe occidentale, mais des milliers de réfugiés sont ballotés, rejetés d’une frontière à l’autre. Parmi eux, de nombreuses familles, des femmes et des enfants. Au Monténégro, la solidarité des citoyens supplée les carences de l’État. Reportage.

      Au mois de février, Sabina Talović a vu un groupe de jeunes hommes arriver à la gare routière de Pljevlja, dans le nord du Monténégro. En s’approchant, elle a vite compris qu’il s’agissait de réfugiés syriens qui, après avoir traversé la Turquie, la Grèce et l’Albanie, se dirigeaient vers la Bosnie-Herzégovine en espérant rejoindre l’Europe occidentale. Elle les a conduits au local de son organisation féministe, Bona Fide, pour leur donner à manger, des vêtements, des chaussures, un endroit pour se reposer, des soins médicaux. Depuis la fin du mois d’avril, 389 personnes ont trouvé un refuge temporaire auprès de Bona Fide. L’organisation travaille d’une manière indépendante, mais qu’après quatre mois de bénévolat, Sabina veut faire appel aux dons pour pouvoir nourrir ces migrants. Elle ajoute que le nombre de migrants au Monténégro est en augmentation constante et qu’il faut s’attendre à un été difficile.

      Au cours des trois premiers mois de l’année 2018, 458 demandes d’asiles ont été enregistrées au Monténégro, plus que la totalité des demandes pour l’année 2016 et plus de la moitié des 849 demandes enregistrées pour toute l’année 2017. Il est peu vraisemblable que ceux qui demandent l’asile au Monténégro veuillent y rester, parce le pays offre rarement une telle protection. En 2017, sur 800 demandes, seules sept personnes ont reçu un statut de protection et une seule a obtenu le statut de réfugié. Cette année, personne n’a encore reçu de réponse positive. Il suffit néanmoins de déposer une demande pour avoir le droit de séjourner à titre provisoire dans le pays. C’est un rude défi pour le Monténégro de loger tous ces gens arrivés depuis le mois d’août 2017, explique Milanka Baković, cadre du ministère de l’Intérieur. Les capacités d’accueil du pays sont largement dépassées. Selon les sources du ministère, un camp d’accueil devrait bientôt ouvrir à la frontière avec l’Albanie.

      “Nous prenons un taxi pour passer les frontières. Ensuite, nous marchons. Quand nous arrivons dans un nouveau pays, nous demandons de l’aide à la Croix Rouge.”

      Ali a quitté la Syrie il y a trois mois avec sa femme et ses enfants mineurs. Ils vivent maintenant à Spuž, dans un centre pour demandeurs d’asile établi en 2015. Avant d’arriver au Monténégro, la famille a traversé quatre pays et elle est bien décidée à poursuivre sa route jusqu’en Allemagne, pour rejoindre d’autres membres de leur famille. « Nous prenons un taxi pour passer les frontières. Ensuite, nous marchons. Quand nous arrivons dans un nouveau pays, nous demandons de l’aide à la Croix Rouge ou à qui peut pour trouver un endroit où nous pouvons rester quelques jours… Nous avons peur de ce qui peut nous arriver sur la route mais nous sommes optimistes et, si Dieu le veut, nous atteindrons notre but. »

      Comme tant d’autres avant eux, Ali et sa famille ont traversé la Grèce. Certains ont franchi la frontière entre l’Albanie et le Monténégro en camionnette en payant 250 euros des passeurs. Les autres ont emprunté une route de montagnes sinueuse et des chemins de traverse difficiles avant de traverser la frontière et de redescendre jusqu’à la route de Tuzi, sur les bords du lac de Skadar. Là, il y a une mosquée où les voyageurs peuvent passer la nuit. Certains poursuivent leur route et tentent de traverser les frontières de la Bosnie-Herzégovine, en évitant de se faire enregistrer.

      S’ils sont appréhendés par la police, les migrants et réfugiés peuvent demander l’asile et le Monténégro, comme n’importe quel autre pays, est obligé d’accueillir dans des conditions correctes et en sécurité tous les demandeurs jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise sur leur requête. Dejan Andrić, chef du service des migrations illégales auprès de la police des frontières, pense que la police monténégrine a réussi à enregistrer toutes les personnes entrées sur le territoire. « Ils restent ici quelques jours, font une demande d’asile et peuvent circuler librement dans le pays », précise-t-il. Toutefois des experts contestent que tous les migrants traversant le pays puissent être enregistrés, ce qui veut dire qu’il est difficile d’établir le nombre exact de personnes traversant le Monténégro. La mission locale du Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (UNHCR) se méfie également des chiffres officiels, et souligne « qu’on peut s’attendre à ce qu’un certain nombre de personnes traversent le Monténégro sans aucun enregistrement ».

      Repoussés d’un pays à l’autre

      Z. vient du Moyen-Orient, et il a entamé son voyage voici cinq ans. Il a passé beaucoup de temps en Grèce, mais il a décidé de poursuivre sa route vers l’Europe du nord. Pour le moment, il vit au centre d’hébergement de Spuž, qui peut recevoir 80 personnes, ce qui est bien insuffisant pour accueillir tous les demandeurs d’asile. Z. a essayé de passer du Monténégro en Bosnie-Herzégovine et en Croatie mais, comme beaucoup, il a été repoussé par la police. Selon la Déclaration universelle des droits humains, chaque individu a pourtant le droit de demander l’asile dans un autre pays. Chaque pays doit mettre en place des instruments pour garantir ce droit d’asile, les procédures étant laissées à la discrétion de chaque Etat. Cependant, les accords de réadmission signés entre Etats voisins donnent la possibilité de renvoyer les gens d’un pays à l’autre.

      Dejan Andrić affirme néanmoins que beaucoup de migrants arrivent au Monténégro sans document prouvant qu’ils proviennent d’Albanie. « Dans quelques cas, nous avons des preuves mais la plupart du temps, nous ne pouvons pas les renvoyer en Albanie, et même quand nous avons des preuves de leur passage en Albanie, les autorités de ce pays ne répondent pas de manière positive à nos demandes. » Ceux qui sont repoussés en tentant de traverser la frontière de Bosnie-Herzégovine finissent par échouer à Spuž, mais plus souvent dans la prison de la ville qu’au centre d’accueil. « Si les réfugiés sont pris à traverser la frontière, ils sont ramenés au Monténégro selon l’accord de réadmission. Nous notifions alors au Bureau pour l’asile que cette personne a illégalement essayé de quitter le territoire du Monténégro », explique Dejan Andrić.

      Selon la loi, en tel cas, les autorités monténégrines sont dans l’obligation de verbaliser les personnes pour franchissement illégal de la frontière. Cela se termine devant le Tribunal, qui inflige une amende d’au moins 200 euros. Comme les gens n’ont pas d’argent pour payer l’amende, ils sont expédiés pour trois ou quatre jours dans la prison de Spuž, où les conditions sont très mauvaises. Des Algériens qui se sont retrouvés en prison affirment qu’on ne leur a donné ni lit, ni draps. En dépit de ces accusations portées par plusieurs demandeurs d’asile, le bureau monténégrin du HCR réfute toutes les accusations de mauvais traitements. « Le HCR rend visite à ces gens et les invite à déposer une demande d’asile pour obtenir de l’aide, jamais nous n’avons eu de plainte concernant la façon dont ils étaient traités. »

      Néanmoins, un grand nombre de personnes qui veulent poursuivre leur route parviennent à gagner la Bosnie-Herzégovine. La route la plus fréquentée passe entre les villes de Nikšić et Trebinje. Du 1er janvier au 31 mars, la police a intercepté 92 personnes qui avaient pénétré dans la zone frontalière orientale en provenant du Monténégro, alors que 595 personnes ont été empêchées d’entrer en Bosnie par la frontière sud du pays. Des Monténégrins affirment avoir vu des gens qui marchaient vers la frontière durant les mois d’hiver, cherchant à se protéger du froid dans des maisons abandonnées. La police des frontières de Bosnie-Herzégovine explique que depuis le début de l’année 2018, les familles, les femmes et les enfants sont de plus en plus nombreux à pénétrer dans le pays, alors qu’auparavant, il s’agissait principalement de jeunes hommes célibataires.

      Violences sur les frontières croates

      Farbut Farmani vient d’Iran, il que son ami a tenté à cinq ou six reprises de franchir la frontière de la Bosnie-Herzégovine, et lui-même deux fois. « Une fois en Bosnie, j’ai contacté le bureau du HCR. Ils m’ont dit qu’ils allaient m’aider. J’étais épuisé parce que j’avais marché 55 kms dans les bois et la neige, c’était très dur. Le HCR de Sarajevo a promis qu’il allait s’occuper de nous et nous emmener à Sarajevo. Au lieu de cela, la police est venue et nous a renvoyé au Monténégro ». Parmi les personnes interpelées, beaucoup viennent du Moyen Orient et de zones touchées par la guerre, mais aussi d’Albanie, du Kosovo ou encore de Turquie.

      La police des frontières de Croatie affirme qu’elle fait son devoir conformément à l’accord avec l’accord passé entre les gouvernements de Croatie et du Monténégro. Pourtant, depuis l’été dernier, les frontières monténégrino-croates ont été le théâtre de scènes de violences. Des volontaires ont rapporté, documents à l’appui, des scènes similaires à celles que l’on observe aux frontières serbo-croates ou serbo-hongroises, alors que personne n’a encore fait état de violences à la frontière serbo-monténégrine.

      La frontière croate n’est d’ailleurs pas la seule à se fermer. En février, l’Albanie a signé un accord avec Frontex, l’agence européenne pour la protection des frontières, qui doit entrer en vigueur au mois de juin. L’accord prévoit l’arrivée de policiers européens, des formation et de l’équipement supplémentaire pour la police locale, afin de mieux protéger les frontières. Pour sa part, le gouvernement hongrois a annoncé qu’il allait offrir au Monténégro des fils de fer barbelés afin de protéger 25 kilomètres de frontière – on ne sait pas encore quel segment de la frontière sera ainsi renforcé. Selon le contrat, le fil de fer sera considéré comme un don, exempté de frais de douanes et de taxes, et la Hongrie enverra des experts pour l’installer.

      Pratiquement aucun migrant n’imagine son avenir dans les Balkans, mais si les frontières se ferment, ils risquent d’être bloqués, et pourraient connaître le même sort que les réfugiés du Kosovo qui sont venus au Monténégro pendant les bombardements de l’OTAN en 1999. D’ailleurs, beaucoup de Roms, d’Egyptiens ou d’Ashkali du Kosovo vivent toujours à Podgorica, souvent dans des conditions abominables comme à Vrela Ribnička, près de la décharge de la ville. L’été risque de voir beaucoup de réfugiés affluer dans les Balkans. Il est donc urgent de créer des moyens d’accueil dignes de ce nom.

      https://www.courrierdesbalkans.fr/Migrants-le-trou-noir-des-Balkans

    • Cittadini di Bosnia Erzegovina: solidali coi migranti

      La nuova ondata di migranti che passano dalla Bosnia Erzegovina per poter raggiungere l’UE ha trovato riluttanti e impreparate le autorità ma non la gente. I bosniaco-erzegovesi, memori del loro calvario, si sono subito prodigati in gesti di aiuto


      https://www.balcanicaucaso.org/aree/Bosnia-Erzegovina/Cittadini-di-Bosnia-Erzegovina-solidali-coi-migranti-188155
      #solidarité

    • La Bosnie-Herzégovine s’indigne des réfugiés iraniens qui arrivent de Serbie

      Les autorités de Sarajevo ne cachent pas leur colère. Depuis que Belgrade autorise l’entrée des Iraniens sur son sol sans visas, ceux-ci sont de plus en plus nombreux à passer illégalement par la Bosnie-Herzégovine pour tenter de rejoindre l’Union européenne.

      Par la rédaction

      (Avec Radio Slobodna Evropa) - Selon le Commissaire serbe aux migrations, Vladimir Cucić, à peine quelques centaines de réfugiés en provenance d’Iran auraient « abusé » du régime sans visa introduit en août 2017 pour quitter la Serbie et tenter de rejoindre l’Europe occidentale. « Environ 9000 Iraniens sont entrés légalement en Serbie depuis le début de l’année 2018. Il n’agit donc que d’un petit pourcentage », explique-t-il à Radio Slobodna Evropa.

      Pourtant, selon le ministre bosnien de la Sécurité, le nombre d’Iraniens arrivant en Bosnie-Herzégovine a considérablement grimpé après l’abolition par Belgrade du régime des visas avec Téhéran. Le 31 mai, Dragan Mektić a mis en garde contre un nombre croissant d’arrivées clandestines d’Iraniens en Bosnie-Herzégovine via la frontière serbe, dans la région de Zvornik et de Višegrad.

      Depuis le mois de mars 2018, quatre vol hebdomadaires directs relient Téhéran et Belgrade. Pour Vladimir Cucić, la plupart des visiteurs iraniens sont des touristes à la découverte de la Serbie. « Les Iraniens figurent à la septième place des nationalités représentées dans les centres d’accueils serbes », ajoute-t-il, où sont hébergées 3270 personnes. « Nous comptons actuellement un peu moins de 400 réfugiés iraniens dans les camps d’accueil. Rien de dramatique ».

      https://www.courrierdesbalkans.fr/Bosnie-Herzegovine-de-plus-en-plus-de-refugies-iraniens-en-proven
      #Iran #réfugiés_iraniens

    • Bosnie : à Sarajevo, des migrants épuisés face à des bénévoles impuissants (1/4)

      Depuis plusieurs mois, des dizaines de migrants affluent chaque jour en Bosnie, petit État pauvre des Balkans. En traversant le pays, les exilés entendent gagner la Croatie tout proche, et ainsi rejoindre l’Union européenne. L’État bosnien se dit dépassé et peu armé pour répondre à ce défi migratoire. Les ONG et la société civile craignent une imminente « crise humanitaire ». InfoMigrants a rencontré de jeunes bénévoles à Sarajevo, devant la gare centrale, unique lieu de distribution de repas pour les migrants de passage dans la capitale bosnienne.


      http://www.infomigrants.net/fr/post/10148/bosnie-a-sarajevo-des-migrants-epuises-face-a-des-benevoles-impuissant

    • Réfugiés : bientôt des centres d’accueil en Bosnie-Herzégovine ?

      Au moins 5000 réfugiés sont présents en Bosnie-Herzégovine, principalement à Bihać et Velika Kladuša, dans l’ouest du pays, et leur nombre ne cesse d’augmenter. Débordés, les autorités se renvoient la patate chaude, tandis que l’Union européenne songe à financer des camps d’accueil dans le pays.

      La Fédération de Bosnie-Herzégovine possède à ce jour trois centres d’accueils, à Sarajevo, Delijaš, près de Trnovo, et Salakovac, près de Mostar, mais leur capacité d’accueil est bien insuffisante pour répondre aux besoins. Pour sa part, la Republika Sprska a catégoriquement affirmé qu’elle s’opposait à l’ouverture du moindre centre sur son territoire.

      Les réfugiés se concentrent principalement dans le canton d’Una-Sava, près des frontières (fermées) de la Croatie, où rien n’est prévu pour les accueillir. Jeudi, le ministre de la Sécurité de l’État, le Serbe Dragan Mektić (SDS), a rencontré à Bihać le Premier ministre du canton, Husein Rošić, ainsi que les maires de Bihać et de Cazin, tandis que celui de Velika Kladuša a boycotté le rencontre. Aucun accord n’a pu être trouvé.

      La mairie de Velika Kladuša, où 2000 réfugiés au moins séjournent dans des conditions extrêmement précaires, s’oppose en effet à l’édification d’un centre d’accueil sur son territoire. Pour leur part, les autorités centrales envisageaient d’utiliser à cette fin les anciens bâtiments industriels du groupe Agrokomerc, mais l’Union européenne refuse également de financer un tel projet, car ce centre d’accueil se trouverait à moins de cinq kilomètres des frontières de l’Union.

      « Nous allons quand même ouvrir ce centre », a déclaré aux journalistes le ministre Mektić. « Et ce sera à l’Union européenne de décider si elle veut laisser mourir de faim les gens qui s’y trouveront ». Pour Dragan Mektić, l’objectif est que la Bosnie-Herzégovine demeure un pays de transit. « Nous ne voulons pas que la Bosnie devienne un hot spot, et les routes des migrants sont telles qu’il faut que les centres d’accueil soient près des frontières, car c’est là que les migrants se dirigent », explique-t-il.

      “Nous ne voulons pas que la Bosnie devienne un hot spot, et les routes des migrants sont telles qu’il faut que les centres d’accueil soient près des frontières.”

      Une autre option serait de loger les familles avec enfants dans l’hôtel Sedra de Cazin, mais les autorités locales s’y opposent, estimant que cela nuirait au tourisme dans la commune. Une manifestation hostile à ce projet, prévue vendredi, n’a toutefois rassemblé qu’une poignée de personnes. Les autorités municipales et cantonales de Bihać demandent l’évacuation du pensionnat où quelques 700 personnes ont trouvé un refuge provisoire, dans des conditions totalement insalubres, mais avec un repas chaud quotidien servi par la Croix-Rouge du canton. Elles réclament également la fermeture des frontières de la Bosnie-Herzégovine, qui serait, selon elles, la seule manière de dissuader les réfugiés de se diriger vers le canton dans l’espoir de passer en Croatie.

      Le président du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine, Denis Zvizdić (SDA), a lui aussi mis en garde contre tout projet « de l’Union européenne, notamment de la Croatie », de faire de la Bosnie-Herzégovine « une impasse pour les migrants ». Les réfugiés continuent néanmoins à affluer vers ce pays depuis la Serbie, et surtout depuis le Monténégro. Pour sa part, le gouvernement autrichien a annoncé l’envoi de 56 tentes en Bosnie-Herzégovine.

      https://www.courrierdesbalkans.fr/Crise-des-migrants-bientot-des-centres-d-accueil-en-Bosnie-Herzeg

    • Migrants : la Bosnie refuse de devenir la sentinelle de l’Europe

      La Bosnie refuse de devenir la sentinelle de l’Union européenne, qui ferme ses frontières aux milliers de migrants bloqués sur son territoire.

      Le ministre de la Sécurité de ce pays pauvre et fragile Dragan Mektic, a du mal à cacher son agacement face à Bruxelles.

      « Nous ne pouvons pas transformer la Bosnie en +hotspot+. Nous pouvons être uniquement un territoire de transit », a-t-il averti lors d’une visite la semaine dernière à Bihac (ouest).

      La majorité des migrants bloqués en Bosnie se regroupent dans cette commune de 65.000 habitants, proche de la Croatie, pays membre de l’UE.

      Le ministre a récemment regretté le refus de Bruxelles de financer un centre d’accueil dans une autre commune de l’ouest bosnien, Velika Kladusa. Selon lui, l’UE le juge trop proche de sa frontière et souhaite des centres plus éloignés, comme celui prévu près de Sarajevo.

      Le Premier ministre Denis Zvizdic a lui mis en garde contre tout projet « de l’Union européenne, notamment de la Croatie », de faire de la Bosnie « une impasse pour les migrants ».

      Ceux-ci « pourront entrer en Bosnie proportionnellement au nombre de sorties dans la direction de l’Europe », a-t-il encore prévenu.

      – ’Finir le voyage’ -

      Malgré des conditions de vie « très mauvaises » dans le campement de fortune où il s’est installé à Velika Kladusa, Malik, Irakien de 19 ans qui a quitté Bagdad il y a huit mois avec sa famille, n’ira pas dans un camp l’éloignant de la frontière : « Les gens ne veulent pas rester ici, ils veulent finir leur voyage. »

      Dans ce camp, chaque jour des tentes sont ajoutées sur l’ancien marché aux bestiaux où plus de 300 personnes survivent au bord d’une route poussiéreuse, à trois kilomètres d’une frontière que Malik et sa famille ont déjà tenté deux fois de franchir.

      La municipalité a installé l’eau courante, quelques robinets, mis en place un éclairage nocturne et posé quelques toilettes mobiles.

      Pour le reste, les gens se débrouillent, explique Zehida Bihorac, directrice d’une école primaire qui, avec plusieurs enseignants bénévoles, organise des ateliers pour les enfants, aide les femmes à préparer à manger.

      « C’est une situation vraiment désespérée. Personne ne mérite de vivre dans de telles conditions. Il y a maintenant beaucoup de familles avec des enfants, entre 50 et 60 enfants, dont des bébés qui ont besoin de lait, de nourriture appropriée », dit-elle.

      « Ces gens sont nourris par les habitants, mais les habitants ne pourront pas tenir encore longtemps parce qu’ils sont de plus en plus nombreux », met-elle en garde, déplorant l’absence de l’État.

      Selon le ministère de la Sécurité, plus de 7.700 migrants ont été enregistrés en Bosnie depuis le début de l’année. Plus de 3.000 seraient toujours dans le pays, la majorité à Bihac, où l’un d’eux s’est noyé dans l’Una la semaine dernière.

      Dans cette ville, 800 à 900 déjeuners sont désormais servis chaque jour dans la cité universitaire désaffectée investie par les migrants depuis plusieurs mois, selon le responsable local de la Croix Rouge Selam Midzic.

      Le bâtiment étant désormais trop petit, des tentes sont plantées dans un bosquet proche. D’autres squats sont apparus. « Le nombre de migrants augmente chaque jour », dit Selam Midzic.

      – Motif supplémentaire de zizanie -

      Le maire, Suhret Fazlic, accuse le gouvernement de l’abandonner. « Nous ne voulons pas être xénophobes, nous souhaitons aider les gens, et c’est ce qu’on fait au quotidien. Mais cette situation dépasse nos capacités », dit-il.

      La question s’est invitée dans la campagne des élections générales d’octobre, dans un pays divisé aux institutions fragiles. Le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, a plusieurs fois prévenu que son entité n’accueillerait pas de migrants.

      Il a même accusé des dirigeants Bosniaques (musulmans) de vouloir modifier l’équilibre démographique du pays en y faisant venir 150.000 migrants pour la plupart musulmans.

      La Bosnie est peuplée pour moitié de Bosniaques musulmans, pour un tiers de Serbes orthodoxes et pour environ 15% de Croates catholiques.

      http://www.liberation.fr/planete/2018/07/09/migrants-la-bosnie-refuse-de-devenir-la-sentinelle-de-l-europe_1665144

    • Migrants : en Bosnie, la peur de « devenir Calais »

      De plus en plus de #réfugiés_pakistanais, afghans et syriens tentent de rejoindre l’Europe en passant par la frontière bosno-croate. Alors que les structures d’accueil manquent, cet afflux ravive des tensions dans un pays divisé en deux sur des bases ethniques.

      Le soir tombé, ils sont des dizaines à arriver par bus ou taxi. Samir Alicic, le tenancier du café Cazablanka à Izacic, un petit village situé à la frontière entre la Bosnie et la Croatie, les observe depuis trois mois faire et refaire des tentatives pour passer côté croate dans l’espoir de rejoindre l’Europe de l’Ouest. En 2017, ces voyageurs clandestins en provenance du Pakistan, de la Syrie et de l’Afghanistan étaient seulement 755 en Bosnie-Herzégovine, selon les chiffres officiels. Ils sont plus de 8 000 à la mi-juillet 2018 et leur nombre va sans doute exploser : d’après les autorités, ils pourraient être plus de 50 000 à tenter de transiter par le pays dans les prochains mois.

      Depuis le début de l’année, un nouvel itinéraire les a menés en Bosnie, un pays pauvre au relief accidenté qu’ils évitaient jusqu’ici et qui ne dispose que de deux centres d’accueil officiels, saturés, près de Sarajevo et de Mostar. Désormais, ils arrivent - chose inédite - par l’Albanie et le Monténégro. La route des Balkans par laquelle plus d’un million de migrants sont passés en 2015 et 2016 est fermée depuis mars 2016. Et les frontières entre la Serbie et la Hongrie et la Serbie et la Croatie sont devenues infranchissables.

      Catastrophe humanitaire

      Le nouvel itinéraire est ardu. D’abord, il faudrait franchir la frontière bosno-croate. Elle s’étale sur plus de 1 000 kilomètres, mais on y est facilement repérable. Plusieurs centaines de migrants auraient été renvoyés de Croatie vers la Bosnie sans même avoir pu déposer une demande d’asile. « On les voit revenir le visage tuméfié. Ils nous racontent qu’ils ont été tabassés et volés par les flics croates », raconte Alija Halilagic, un paysan dont la maison se trouve à quelques encablures de la frontière. Ici, ils essaient de passer par les champs, la forêt, la rivière ou même par une ancienne douane éloignée seulement d’une cinquantaine de mètres de l’actuelle. Pour qu’ils ne tombent pas sur les champs de mines, encore nombreux en Bosnie, la Croix-Rouge leur distribue un plan.

      Entre la Croatie et la Slovénie, la frontière est une bande étroite : la franchir sans être repéré est quasi impossible. Ce qui fait le jeu des passeurs qui demandent jusqu’à 5 000 euros pour faire l’itinéraire depuis la Bosnie, selon des sources rencontrées à Sarajevo. Parmi ces migrants bloqués en Bosnie, seuls 684 ont demandé l’asile politique depuis le début de l’année. Les Etats balkaniques restent perçus comme des pays de transit.

      La majorité s’est massée dans le nord-ouest du pays. Surtout à Bihac, une ville de 60 000 habitants à une dizaine de kilomètres d’Izacic, où sont concentrés 4 000 migrants. Ils sont rejoints par une cinquantaine de nouveaux arrivants chaque jour.

      Sur les hauteurs de la ville, ce jour-là à 13 heures passées, des centaines de personnes patientent sous un soleil de plomb. La distribution du repas durera deux heures et demie. Ils sont plus d’un millier à être hébergés dans cet ancien internat sans toit ni fenêtre. Le sol boueux, jonché de détritus, est inondé par endroits par l’eau de pluie. Le bâtiment désaffecté sent l’urine. Entre 15 et 40 personnes dorment dans chaque pièce, sur des matelas, des couvertures, quelques lits superposés. De grandes tentes sont installées dans un champ boisé, à côté du bâtiment. « Cet endroit n’est pas safe la nuit, raconte un migrant kurde. Il y a des bagarres, des couteaux qui circulent. La police refuse d’intervenir. » Une centaine d’enfants et une cinquantaine de femmes sont hébergés ici. Le lendemain, huit familles seront relogées dans un hôtel de la région.

      « Nous manquons de tout : de vêtements, de chaussures, de couvertures, de sacs de couchage, de tentes, de lits de camp. Chaque jour, nous courons pour aller chercher et rendre aux pompiers de la ville le camion qu’ils nous prêtent pour qu’on puisse livrer les repas », raconte le responsable de la Croix-Rouge locale, Selam Midzic. Les ONG craignent que le prochain hiver ne tourne à la catastrophe humanitaire. Pour tenter de l’éviter, le bâtiment devrait être rénové à l’automne. Les migrants pourraient être déplacés vers un centre d’accueil qui serait monté dans la région. Mais aucune ville des alentours n’en veut pour l’instant.

      L’afflux de migrants, souvent en provenance de pays musulmans, ravive des tensions. Depuis la fin de la guerre, la Bosnie est divisée sur des bases ethniques en deux entités : la République serbe de Bosnie (la Republika Srpska, RS) et la Fédération croato-musulmane. Elle est composée de trois peuples constituants : les Bosniaques musulmans (50 % de la population), les Serbes orthodoxes (30 %) et les Croates catholiques (15 %). Des migrants, le président de l’entité serbe, qui parle d’« invasion », n’en veut pas. « En Republika Srpska, nous n’avons pas d’espace pour créer des centres pour les migrants. Mais nous sommes obligés de subir leur transit. Nos organes de sécurité font leur travail de surveillance », a déclaré Milorad Dodik dans une interview au journal de référence serbe, Politika.

      Vols par effraction

      « La police de la République serbe expulse vers la Fédération tous ces gens dès qu’ils arrivent. Il y a des villes de la RS qui sont aussi frontalières avec la Croatie. Et pourtant, tout le monde vient à Bihac », s’indigne le maire de la ville, Suhret Fazlic. L’élu local estime que les institutions centrales sont trop faibles pour faire face à l’afflux de migrants. En outre, le gouvernement, via son ministère de la Sécurité, « se défausse sur les autorités locales. Et les laisse tous venir à Bihac en espérant qu’ils vont réussir à passer en Croatie. Nous avons peur de devenir Calais, d’être submergés ».

      A Izacic, les esprits sont échauffés. On reproche à des migrants de s’être introduits par effraction dans plusieurs maisons, appartenant souvent à des émigrés bosniens installés en Allemagne ou en Autriche. Ils y auraient pris des douches et volé des vêtements. Quelques dizaines d’hommes se sont organisés pour patrouiller la nuit. Des migrants auraient également menacé les chauffeurs de taxi qui les conduisaient jusqu’au village et tabassé un groupe qui descendait du bus, la semaine dernière. « Moi, ils ne m’embêtent pas. Mais ce qui me dérange, c’est qu’ils détruisent nos champs de maïs, de pommes de terre, de haricots quand ils les traversent à trente ou à cinquante. On en a besoin pour vivre. Ma mère âgée de 76 ans, elle les a plantés, ces légumes », se désole Alija Halilagic, attablé au Cazablanka. Certains habitants, comme Samir Alicic, aimeraient voir leurs voisins relativiser. « Les années précédentes, les récoltes étaient détruites par la sécheresse et la grêle. A qui pourrait-on le faire payer ? » fait mine de s’interroger le patron du bar.

      http://www.liberation.fr/planete/2018/07/29/migrants-en-bosnie-la-peur-de-devenir-calais_1669607
      #réfugiés_afghans #réfugiés_syriens

    • A contre-courant, #Sarajevo affiche sa solidarité

      Quelque 600 migrants parmi les 8 000 entrés dans le pays depuis le début de l’année sont actuellement en transit dans la capitale.

      La scène est devenue familière. Sur le parking de la gare de Sarajevo, ils sont environ 300 à former une longue file en cette soirée chaude de juillet. S’y garera bientôt une camionnette blanche d’où jailliront des portions des incontournables cevapcici bosniens, quelques rouleaux de viande grillée servis dans du pain rond, accompagnés d’un yaourt. Une poignée de femmes et quelques enfants se mêlent à ces jeunes hommes, venus de Syrie, d’Irak, du Pakistan ou d’Afghanistan et de passage en Bosnie sur la route vers l’Europe de l’Ouest. Environ 600 des 8 000 migrants entrés dans le pays depuis le début de l’année sont actuellement en transit dans la capitale. La majorité est bloquée dans le nord-ouest, en tentant de passer en Croatie.

      « Ici, l’accueil est différent de tous les pays par lesquels nous sommes passés. Les gens nous aident. Ils essaient de nous trouver un endroit où prendre une douche, dormir. Les flics sont corrects aussi. Ils ne nous tabassent pas », raconte un Syrien sur les routes depuis un an. Plus qu’ailleurs, dans la capitale bosnienne, les habitants tentent de redonner à ces voyageurs clandestins un peu de dignité humaine, de chaleur. « Les Sarajéviens n’ont pas oublié que certains ont été eux-mêmes des réfugiés pendant la guerre en Bosnie[1992-1995, ndlr]. Les pouvoirs publics ont mis du temps à réagir face à l’arrivée des migrants, contrairement aux habitants de Sarajevo qui ont d’emblée affiché une solidarité fantastique. Grâce à eux, une crise humanitaire a été évitée au printemps », affirme Neven Crvenkovic, porte-parole pour l’Europe du Sud-Est du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

      En avril, 250 migrants avaient mis en place un campement de fortune, quelques dizaines de tentes, dans un parc du centre touristique de Sarajevo. L’Etat qui paraissait démuni face à cette situation inédite ne leur fournissait rien. « Dès que nous avons vu venir des familles, nous nous sommes organisés. Des gens ont proposé des chambres chez eux, ont payé des locations », raconte une bénévole de Pomozi.ba, la plus importante association humanitaire de Sarajevo. L’organisation, qui ne vit que des dons des particuliers en argent ou en nature, sert actuellement un millier de repas par jour dans la capitale bosnienne et distribue vêtements et couvertures. Lors du ramadan en mai, 700 dîners avaient été servis. Des nappes blanches avaient été disposées sur le bitume du parking de la gare de Sarajevo.

      Non loin de la gare, un petit restaurant de grillades, « le Broadway », est tenu par Mirsad Suceska. Bientôt la soixantaine, cet homme discret apporte souvent des repas aux migrants. Ses clients leur en offrent aussi. Il y a quelques semaines, ils étaient quelques-uns à camper devant son établissement. Un groupe d’habitués, des cadres qui travaillent dans le quartier, en sont restés sidérés. L’un d’eux a demandé à Mirsad de donner aux migrants toute la nourriture qui restait dans sa cuisine. « Quand je les vois, je pense aux nôtres qui sont passés par là et je prends soin de ne pas les heurter, les blesser en lançant une remarque maladroite ou un mauvais regard », explique Mirsad. Dans le reste du pays, la population réserve un accueil plus mitigé à ces voyageurs.

      http://www.liberation.fr/planete/2018/07/29/a-contre-courant-sarajevo-affiche-sa-solidarite_1669608

    • La région de #Bihać attend une réponse des autorités de Bosnie-Herzégovine

      10 août - 17h30 : Le Premier ministre du canton d’#Una-Sava et les représentants de communes de Bihać et #Velika_Kladuša ont fixé à ce jour un ultimatum au Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine, pour qu’il trouve une solution pour le logement des réfugiés qui s’entassent dans l’ouest de la Bosnie. « Nous ne pouvons plus tolérer que la situation se poursuive au-delà de vendredi. Nous avions décidé que les réfugiés qui squattent le Pensionnat devaient être relogés dans un camp de tentes à Donja Vidovska, mais rien n’a été fait », dénonce le Premier ministre cantonal Husein Rošić.

      A ce jour, 5500 migrants et réfugiés se trouveraient dans l’ouest de la Bosnie-Herzégovine, dont 4000 dans la seule commune de Bihać, et leur nombre ne cesse de croître.


      https://www.courrierdesbalkans.fr/Bosnie-police-renforts-frontieres
      #Bihac ##Velika_Kladusa

    • EASO assesses potential support to Bosnia Herzegovina on registration, access to procedure, identification of persons with special needs and reception

      Due to an increased number of mixed migration flows in Bosnia and Herzegovina, the European Commission has been in contact with #EASO and the project partners 1 of the IPA funded Regional Programme “Regional Support to Protection-Sensitive Migration Management in the Western Balkans and Turkey” on how to best support the Bosnian ‘Action Plan to Combat Illegal Migration’ 2 within the scope of the project and possibly beyond.

      Within that framework, an assessment mission with six EASO staff from the Department for Asylum Support and Operations took place from 30 July to 3 August in Bosnia and Herzegovina. The objective of the mission was to further assess the situation in the country and discuss the scope and modalities of EASO’s support, in cooperation with #Frontex, #IOM, #UNHCR and EU Delegation.
      #OIM

      After a meeting with the Bosnian authorities, UNHCR and IOM in Sarajevo, the EASO reception team travelled throughout Bosnia to visit current and future reception facilities in #Delijas and #Usivak (Sarajevo Canton), #Salakovac (Herzegovina-Neretva Canton), #Bihac and #Velika_Kladusa (Una-Sana Canton, at the country`s western border with Croatia). The aim of the visit was to assess the conditions on the ground, the feasibility of an increase of reception capacity in Bosnia and Herzegovina and the potential for dedicated support to the Bosnian authorities by EASO on the topic of reception conditions. EASO experts met with Bosnian officials, mobile teams from IOM, field coordinators from UNHCR and various NGO partners active in reception centres.

      The reception mission visited #Hotel_Sedra near Bihac, which since the end of July has started to host families with children relocated from informal settlements (an abandoned dormitory in Bihac and an open field in Velika Kladusa) within the Una-Sana Canton. It will soon reach a capacity of 400, while the overall capacity in the country is expected to reach 3500 before winter. A former military camp in Usivak (near Sarajevo) will also start to host families with children from September onward after the necessary work and rehabilitation is completed by IOM.

      The EASO reception team is currently assessing the modalities of its intervention, which will focus on expert support based on EASO standards and indicators for reception for the capacity building and operational running of the reception facilities in Bihac (Hotel Sedra) and Ušivak.

      In parallel, the EASO experts participating in the mission focusing on registration, access to asylum procedure and identification or persons with special needs visited reception facilities in Delijas and Salakovac as well as two terrain centres of the Service for Foreigners’ Affairs, namely in Sarajevo and Pale. Meetings with the Ministry of Security’s asylum sector allowed for discussions on possible upcoming actions and capacity building support. The aim would be to increase registration and build staff capacity and expertise in these areas.

      Currently, the support provided by EASO within the current IPA project is limited to participation to regional activities on asylum and the roll-out of national training module sessions on Inclusion and Interview Techniques. This assessment mission would allow EASO to deliver more operational and tailor made capacity building and technical support to Bosnia and Herzegovina in managing migration flows. These potential additional actions would have an impact on the capacity of the country for registration, reception and referral of third-country nationals crossing the border and will complement the special measure adopted by the European Commission in August 2018. The scope and modalities of the actions are now under discussions with the relevant stakeholders and will be implemented swiftly, once agreed by the Bosnian authorities and the EU Delegation.

      https://www.easo.europa.eu/easo-assessment-potential-support-bosnia-herzegovina

      Avec cette image postée sur le compte twitter de EASO:


      https://twitter.com/EASO/status/1038804225642438656

    • No man’s land. Un reportage sulla nuova rotta balcanica

      Nel 2018 sono state circa 100.000 le persone che hanno attraversato i Balcani nel tentativo di raggiungere lo spazio Schengen. Esaurite le rotte migratorie che nel 2015 erano raccontate da tutti mass media i profughi hanno aperto nuove vie, sempre più pericolose e precarie. Il cuore nevralgico della rotta è ora la Bosnia Erzegovina. No man’s land il reportage di William Bonapace e Maria Perino lo racconta.

      Dopo la chiusura di frontiere e l’innalzamento di muri e recinti il flusso migratorio da unico e compatto si è disciolto in una serie di vie parallele e trasversali che, partendo dalla Grecia puntano in parte ancora verso la Serbia (nel tentativo questa volta di passare attraverso la Croazia), in parte verso la Bulgaria e, in altri casi, direttamente dalla Turchia imbarcandosi sul mar Nero per raggiungere la Romania. Ma oggi la via più rilevante passa attraverso l’Albania e il Montenegro per giungere in Bosnia Erzegovina e, quindi, puntare verso nord-ovest, nel cantone bosniaco di Una Sana, dove il tratto croato da dover superare, oltre il confine bosniaco, per raggiungere la Slovenia è più breve.

      In Bosnia Erzegovina nel corso del 2018 secondo l’UNHCR sono transitati circa 22.400 migranti, 20 volte in più rispetto a quelli che transitarono nel 2017 (circa 1.166). Questi numeri, nonostante non facciano la stessa impressione di quelli del 2015, vanno rapportati alla situazione che vive il piccolo paese balcanico che “si è trovato coinvolto in una vicenda di proporzioni internazionali senza reali capacità di reagire a una tale emergenza, a causa della sua disastrata situazione economica e di una politica lacerata da contrapposizioni etnico-nazionali gestite in modo spregiudicato da parte di gruppi di potere che stanno spingendo il paese in un vortice di povertà e di disperazione, sempre più ai margini dell’Europa stessa.”

      La risposta europea è stata quella di inviare soldi (in aiuti umanitari), in una misura talmente ridotta che le tensioni interne stanno aumentando e molti profughi hanno deciso di rientrare nei campi serbi per passare l’inverno viste le precarie e drammatiche condizioni delle strutture di fortuna allestite in Bosnia Erzegovina.

      http://viedifuga.org/no-mans-land-un-reportage-sulla-nuova-rotta-balcanica

      –-> Per approfondire e leggere integralmente il reportage No man’s land si può consultare il sito (http://www.dossierimmigrazione.it/comunicati.php?tipo=schede&qc=179) di Dossier Statistico Immigrazione (IDOS).

    • People on the Move in Bosnia and Herzegovina in 2018: Stuck in the corridors to the EU

      Bosnia and Herzegovina (BiH) has been part of the “Balkan route” for smuggling people, arms and drugs for decades, but also a migrant route for people who have been trying to reach Western Europe and the countries of the EU in order to save their lives and secure a future for themselves. While in 2015, when millions of people arrived in Europe over a short period of time, BiH was bypassed by mass movements, the situation started changing after the closure of the EU borders in 2016, and later on, in 2017, with the increase of violence and push backs in Croatia, and other countries at the EU borders. This report offers insight into the situation on the field: is there a system responsible for protection, security, and upholding fundamental human rights? What has the state response been like? What is the role of the international community?


      https://ba.boell.org/en/2019/02/21/people-move-bosnia-and-herzegovina-2018-stuck-corridors-eu
      #rapport #limbe #attente

  • Migrants : #Ouistreham, la nouvelle porte d’entrée de l’Angleterre

    À Ouistreham, dans le Calvados, les migrants arrivent par centaines dans l’espoir de pouvoir traverser vers le Royaume-Uni. Avec le froid qui s’abat, les habitants de la ville se désolent. Reportage.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/migrants-ouistreham-la-nouvelle-porte-d-entree-de-l-angleterre_2491229.
    #alternatives#Calais) #route_migratoire #parcours_migratoires #asile #migrations #réfugiés #France #Angleterre

  • #Migrations : Frontex s’inquiète de la hausse des traversées au départ d’#Egypte

    Le dirigeant de l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex, Fabrice Leggeri, s’inquiète mardi dans la presse allemande du nombre grandissant de migrants qui tentent de rejoindre l’Europe en entamant une traversée « très dangereuse » au départ d’Egypte.

    http://www.la-croix.com/Monde/Frontex-inquiete-hausse-traversees-migrants-depart-Egypte-2016-06-28-13007
    #asile #réfugiés #routes_migratoires #parcours_migratoires

  • I bambini sbarcati dall’Egitto segnano la nuova rotta dei migranti

    La nave che certifica la riapertura ufficiale della rotta egiziana attracca al porto di Augusta alle nove e mezza del mattino del 13 maggio. A bordo della nave Peluso della guardia costiera ci sono 342 migranti soccorsi in alto mare a 160 miglia dalle coste siciliane. Ospitati nel tendone allestito all’interno del porto, sono sottoposti a una prima sommaria identificazione.

    http://www.internazionale.it/reportage/2016/05/13/migranti-egitto-rotta-mediterraneo
    #enfants #enfance #mineurs #asile #migrations #réfugiés #Egypte #route_migratoire #parcours_migratoire #Giulio_Regeni

  • El CETI de Melilla acoge menos de 500 refugiados y migrantes por primera vez en años

    La ocupación del Centro de Estancia Temporal de Inmigrantes (CETI) de Melilla es acorde a su capacidad por primera vez en mucho tiempo. De 1.800 internos en octubre de 2015 se ha pasado a un número inferior a 500, la mayoría solicitantes de asilo. La reducción es el resultado de una mayor agilidad en la salida hacia la península de los refugiados sirios y un descenso en las llegadas a la ciudad autónoma. Sin embargo, el ministro de Interior en funciones advirtió sobre un posible cambio de ruta hacia España tras el cierre de Grecia derivado del acuerdo entre la UE y Turquía.


    http://www.eldiario.es/desalambre/CETI-Melilla-acoge-refugiados-primera_0_492401422.html
    #route_migratoire #asile #migrations #réfugiés #Méditerranée_occidentale #Maroc #Espagne

    Commentaire reçu via la mailing-list Migreurop:

    Un article qui confirme la tendance à la baisse des arrivées à la frontière de #Melilla (très peu de Syriens côté marocain) et dans le centre d’accueil de Melilla (#CETI), qui accueille en ce moment moins de 500 personnes, ce dont se félicite évidemment la Délégation du Gouvernement. Il faut encore attendre pour voir comment va évoluer cette route, notamment avec l’accord UE-Turquie qui pourrait engendrer un déplacement des routes migratoires vers l’Ouest.

  • Bulgaria as an alternative Route? | Bordermonitoring Bulgaria

    http://bulgaria.bordermonitoring.eu/2016/03/11/bulgaria-as-an-alternative-route

    The complete closing of the humanitarian corridor caused a humanitarian emergency in the Greek village Idomeni. In the recent days Bulgaria’s politicians have expressed their fear, that an alternative humanitarian corridor could emerge via Bulgaria. The Foreign Minister Daniel Mitov warned about such developments and the Interior Minister Rumyana Bachvarova stated that the EU Commission was already asked by Bulgaria for help in order to boost the security at the Greek border. Bulgaria’s Defense Minister Nikolay Nenchev talked about the possibility of building a new fence between Greece and Bulgaria. Until now Nenchev did not see it as an important step, but rather as a ‚last resort‘. He mentioned that the army at the border will only be used in “emergency cases“. In the beginning of March 2016, a drill was held by Bulgarian authorities at the border crossing Kulata-Promachonas, which is located about 125 km away from Idomeni.

    #bulgarie #migtrations #Réfugiés #asile #balkans

  • A #Lesbos: «Le plus important, c’est de dire Welcome»
    https://www.mediapart.fr/journal/international/080316/lesbos-le-plus-important-cest-de-dire-welcome

    Plus de 36 000 #migrants sont actuellement coincés en #Grèce. À Lesbos, la solidarité s’organise. Mais elle fait parfois place, aussi, au désespoir des habitants de l’île qui n’ont cessé de se mobiliser. Reportage, en son et en images.

    #International #europe #Mytilène #Pirée #réfugiés #route_migratoire #Syriens #turquie #union_européenne

  • « Le plus important, c’est de dire Welcome »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/080316/le-plus-important-cest-de-dire-welcome

    Arrivée d’une embarcation remplie de #migrants sur les côtes de #Lesbos, au petit matin © Amélie Poinssot Plus de 30 000 migrants sont actuellement coincés en #Grèce, en raison de la fermeture de la frontière macédonienne qui ne laisse plus passer, au compte-goutte, que les #Syriens et les Irakiens. A Lesbos, la solidarité s’organise. Mais elle fait parfois place, aussi, au désespoir des bénévoles. Témoignage, en son et en images.

    #International #europe #Mytilène #Pirée #réfugiés #route_migratoire #turquie #union_européenne

  • NOUVELLE ROUTE DES BALKANS

    Ce 15 septembre est parti le premier autocar de demandeurs d’asile, depuis la ville de #Preševo (sud de la Serbie), pour se rendre dans l’UE en passant par la ville de #Šid (Serbie, 7 km de la Croatie). Les réfugiés ont compris que la voie qui les faisait transiter par la Hongrie est bloquée en ce moment. Des militants distribuent des tracts à la frontière serbo-macédonienne, pour déconseiller de transiter par la Hongrie. Selon certaines sources, cinq bus seraient en route ce mercredi soir, avec un total de 300 réfugiés à bord. Des militants attirent l’attention des réfugiés sur l’existence en quelques endroits de #mines et la nécessité de ne pas quitter les routes lorsque la présence de mines est indiquée (je joins une carte avec les emplacements). D’autre part, il est à craindre que des opposants aux migrants soient présents à proximité de la ville de #Tovarnik et les militants pro-réfugiés invitent les réfugiés à faire appel à la police croate en cas de besoin – les autorités ne font pas preuve d’hostilité, si l’on survole la presse croate.

    Source: Tanjug, Prvi autobus sa izbeglicama iz Preševa krenuo prema Šidu, 15 septembre 2015.
    http://www.tanjug.rs/full-view.aspx?izb=199246 - HRT, Zaobilazi se Mađarska Srbija preusmjerila izbjeglice prema Hrvatskoj, 15 septembre 2015. http://vijesti.hrt.hr/298892/volonteri-izbjeglicama-dijele-putokaze-za-hrvatsku

    Reçu via la mailing-list Migreurop

    #migrations #asile #réfugiés #Balkans #route_migratoire #itinéraire_migratoire #Serbie #Hongrie #Croatie

  • Déplacement de la route migratoire pour aller en Angleterre... De la #France à la Belgique :
    Calais migrants head to Belgium to cross channel to UK

    A highway parking lot in Belgium has become a staging point for migrants heading towards #Calais in France and onto the UK.

    Big trucks pull into the Jabbeke service station, located off the E40 highway just west of Bruges, around a one-hour drive from the French port.

    https://euobserver.com/justice/129788
    #migration #asile #réfugiés #route_migratoire #itinéraire_migratoire #Belgique #UK #Angleterre #Manche
    cc @reka

  • #Agadez, si discrète capitale des migrants africains

    AGADEZ (#Niger), 6 juillet 2015 - A Agadez, les migrants sont partout. Et nulle part. Ils sont des dizaines à y arriver chaque jour, des centaines à y dormir chaque nuit. Autorités et humanitaires pronostiquent que 100, 120, 150.000 d’entre eux transiteront cette année par « la perle du désert », à destination de la Libye, puis éventuellement de l’Europe. Mais leur présence au quotidien ne s’appréhende que par bribes. De multiples saynètes qui font ressentir la cruelle réalité des « clandestins ».

    23H00. Tous les soirs, des autocars en provenance de Niamey, la capitale du Niger, déversent leurs lots de rêveurs, de désespérés aux gares routières d’Agadez. Ils sont Sénégalais, Ghanéens, Burkinabès, Sierra-Léonais... généralement Ouest-Africains, plus rarement Kenyans, Somaliens ou encore Erythréens. La plupart sont de jeunes adultes, certains de grands enfants.


    http://blogs.afp.com/makingof/?post/niger-agadez-la-si-discrete-capitale-des-migrants-africains
    #asile #migration #réfugiés #hub #route_migratoire #itinéraires_migratoires #photographie
    cc @albertocampiphoto

  • Sinai Trafficking: Origin and Definition of a New Form of Human Trafficking

    The phenomenon that is coined “Sinai Trafficking” started in 2009 in the Sinai desert. It involves the abduction, extortion, sale, torture, sexual violation and killing of men, women and children. Migrants, of whom the vast majority are from Eritrean descent, are abducted and brought to the Sinai desert, where they are sold and resold, extorted for very high ransoms collected by mobile phone, while being brutally and “functionally” tortured to support the extortion. Many of them die in Sinai. Over the last five years broadcasting stations, human rights organisations and academics have reported on the practices in the Sinai and some of these reports have resulted in some confusion on the modus operandi. Based on empirical research by the authors and the analysis of data gathered in more than 200 recorded interviews with Sinai hostages and survivors on the practices, this article provides a definition of Sinai Trafficking. It argues that the term Sinai Trafficking can be used to differentiate a particular new set of criminal practices that have first been reported in the Sinai Peninsula. The article further examines how the new phenomenon of Sinai Trafficking can be framed into the legal human trafficking definition. The interconnectedness of Sinai Trafficking with slavery, torture, ransom collection, extortion, sexual violence and other severe crimes is presented to substantiate the use of the trafficking framework. The plight of Sinai survivors in Israel and Egypt is explained to illustrate the cyclical process of the trafficking practices especially endured by Eritreans, introduced as the Human Trafficking Cycle. The article concludes by setting out areas for further research.

    http://www.cogitatiopress.com/ojs/index.php/socialinclusion/article/view/180
    #Egypte #Sinaï #migration #asile #réfugiés #Erythrée #route_migratoire #parcours_migratoire
    cc @reka

  • Migrations Asile Maroc - Cette histoire toujours banale mais toujours triste postée par Reece Jones sur Facebook

    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=720057011410967&set=a.101895756560432.3992.100002200237554&

    On our last stop in Tangiers before the ferry back to Spain, a number of young men rushed to our bus and climbed inside the engine and the wheel wells. Our driver told us later that the x-ray machine at the port spotted 6, but the police could only find 5 of them so they brought in a dog that found 2 more.

    #migrations #asile #maroc #espagne frontières #murs

  • Egypte/Sinaï « un trafic d’êtres humains d’une ampleur considérable » - RFI

    http://www.rfi.fr/afrique/20141109-migrants-corne-afrique-plus-plus-exposes-torture/?aef_campaign_date=2014-11-09

    C’est un trafic d’êtres humains d’une ampleur considérable. Depuis 2009, environ 50 000 Erythréens ont été torturés dans le désert du Sinaï. Fuyant la dictature, ils sont enlevés à la sortie de leur pays puis déportés à 3 000 kilomètres dans ce désert coincé entre l’Egypte et Israël. Enchaînés les uns aux autres, ils sont alors torturés quotidiennement afin de pousser leurs familles à payer une rançon atteignant jusqu’à 50 000 dollars. Ceux qui n’y parviennent pas ou qui ne survivent pas aux sévices qu’ils subissent sont jetés dans des fosses communes. Les journalistes Cécile Allegra et Delphine Deloget ont enquêté sur ce trafic d’êtres humains qui se développe au Soudan, en Libye ou encore au Yémen. Cécile Allegra est l’invité de RFI.

    RFI : Les séances de tortures se déroulent d’une façon très précise, à savoir qu’elles se déroulent avec un téléphone portable allumé. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?

    Cécile Allegra  : Effectivement, la méthode est particulière. On appelle un proche sur un téléphone, sur un portable, et au moment où le proche décroche, la torture commence en direct au téléphone. Il faut bien comprendre que les chefs bédouins ne prennent que rarement part à ces séances de torture qui sont en général pratiquées par des petites mains, qui sont payées au migrant et qui donc torturent d’autant plus violemment qu’ils ont besoin d’un turn-over pour gagner leur vie.

    Ils ont besoin que la famille paye plus rapidement pour ensuite libérer le prisonnier et en prendre un autre…

    Absolument. Ensuite, plus on avance dans les mois de détention, plus les tortionnaires deviennent nerveux, ont envie de récupérer leur argent et s’ils ne voient pas leur argent venir, la torture s’intensifie. Il faut bien comprendre que ce ne sont pas des gens qui sont torturés une fois par jour, ils sont torturés toutes les heures quand ils sont en détention, toutes les heures. Nuit et jour. Ce sont des gens qui deviennent une sorte de bouillie de chair humaine, ils sont complètement à vif à force d’être torturés. Et quand ils n’arrivent pas à payer rapidement, les tortionnaires basculent dans une forme de folie. C’est là qu’ont lieu les pires atrocités, dont très souvent les détenus ne se remettent pas, c’est-à-dire qu’ils meurent des suites de leurs blessures bien sûr.

    Comment expliquer une telle cruauté ?

    C’est la question centrale de notre enquête. Pourquoi est-ce qu’ils les torturent à ce point ? Il y a deux éléments de réponse à cette question. La première, elle tient à la spécificité des personnes qui dirigent ces camps de torture. Ce sont des Bédouins du Sinaï qui appartiennent à la tribu des Sawarka. Ce sont des personnes qui ont été très longtemps persécutées après la rétrocession du Sinaï à l’Egypte parce que ce sont des personnes qui sont bloquées dans un no man’s land, qui font du trafic qui dérange l’Egypte, qui dérange Israël.

    Les descentes armées, les séquestrations d’hommes, les viols de femmes, ce sont des choses qu’ils connaissent. Quand on a rencontré avec Delphine les tortionnaires, puisqu’on en a rencontré, ils nous ont dit : « Mais écoutez, on leur met une balle dans le pied, mais on les soigne, on n’est pas des tortionnaires ». Ce qui vous donne une idée en fait du degré de violence qu’eux-mêmes sont capables d’endurer.

    Deuxième élément, il faut que les détenus payent très rapidement parce que sinon on ne peut pas en faire venir d’autres. Il faut retrouver la mise. Un tortionnaire nous disait : « Moi tout ce que je veux, c’est retrouver mon argent. J’ai payé pour les faire venir, je veux faire ma plus-value et qu’ensuite ils s’en aillent. Moi je ne leur veux rien de mal, je veux juste retrouver mon argent ».

    Cécile Allegra avec Delphine Deloget, vous avez rencontré des trafiquants, notamment un trafiquant repenti. Dans le documentaire, pourquoi dit-il que « les Erythréens valent de l’or » ?

    Les Erythréens valent de l’or pour les Bédouins du Sinaï parce qu’ils savent parfaitement que c’est la principale population en fuite dans la Corne de l’Afrique. Vous avez des Soudanais qui sont en mouvement, des Ethiopiens également, des Somaliens, mais les Erythréens quittent massivement le pays. Il y en a 3 000 à 4 000 par mois qui quittent l’Erythrée parce qu’ils fuient la dictature. Issayas Afeworki est un dictateur complètement paranoïaque, alcoolique, qui enferme les gens dans un service militaire à vie. Les Erythréens savent ce qui les attend quand ils partent au service militaire, donc ils fuient. Et les Bédouins savent que les Erythréens fuient massivement et ils savent aussi qu’il y a une forte diaspora à l’étranger. Donc ils savent qu’ils peuvent récupérer de l’argent. Et ça les a même surpris d’ailleurs. Les tortionnaires nous le disaient : « On ne s’imaginait pas qu’on pouvait en tirer autant ».

    Comment font les familles pour récolter de l’argent ?

    C’est une catastrophe parce que les Erythréens de l’étranger sont très solidaires entre eux. Ils essaient de ramasser l’argent puisque les rançons sont exorbitantes. On parle de 30 000, 40 000, parfois 50 000 dollars en Erythrée par prisonnier et personne n’a cette somme sauf des proches du régime, on va dire. Ce qui fait en fait que toute la communauté érythréenne est mobilisée pour récolter cette somme.

    Simplement ça fait tellement longtemps que cette situation dure, les sommes récoltées deviennent de plus en plus importantes. Les rançons deviennent de plus en plus salées, ce qui fait que ça déstructure toute une communauté qui vit à l’étranger. Les gens se ruinent sur plusieurs générations, ce qui est un fardeau terrible à porter pour les rescapés du Sinaï qui vivent avec la culpabilité d’avoir détruit financièrement leur famille, mais aussi les proches de leur famille, et les proches des proches de leur famille.

    Où va l’argent qui est ainsi extorqué à ces Erythréens ?

    C’est une très bonne question et c’est une grande question. Pour l’instant, on n’a que des hypothèses de travail. D’abord, il est utilisé à des fins d’enrichissement personnel par les tortionnaires. Et ensuite, pour le reste ce sont des hypothèses. Certains experts de la région mettent en évidence un lien direct avec les cellules jihadistes qui opèrent dans le Sinaï. Enfin la dernière hypothèse la plus importante qui a été soulevée depuis un an par l’ONU, c’est que l’état-major du dictateur Issayas Afeworki a des parts directes dans le trafic d’Erythréens.

    Ce qui serait quelque chose d’historique, puisque si cette hypothèse était vérifiée et c’est ce à quoi s’emploient les enquêteurs de l’ONU, les enquêteurs de l’Union européenne dans les années à venir, ça serait le premier cas de tortures hors les murs organisé par un dictateur lui-même. Donc une superbe trouvaille puisque ça lui permettrait de torturer les fuyards, mais pas sur son propre sol, donc en évitant les observateurs internationaux, et ça lui permettrait par la même occasion de faire revenir de l’argent à l’intérieur des frontières de l’Erythrée. Et c’est cette hypothèse-là qui en ce moment fait l’objet de toutes les attentions de la communauté internationale.

    Donc ils sous-traiteraient la torture à l’étranger et c’est le chef d’état-major d’Issayas Afeworki qui serait à l’origine de ce trafic, c’est-à-dire qu’il les laisserait volontairement fuir leur pays ?

    Il y a pire que ça, c’est-à-dire que dans la dernière année il y a eu des cas avérés où la police et l’armée sont allées chercher des Erythréens et les ont eux-mêmes déportés et remis entre les mains des trafiquants d’êtres humains. C’est une mécanique qui commence à aller très loin.

    Comment expliquer le développement de ce trafic dans le Sinaï notamment, en particulier le fait que le Sinaï, ce désert entre l’Egypte et Israël, est une zone totalement abandonnée. D’ailleurs le trafiquant le dit...

    Les deux tortionnaires nous ont dit : « vous comprenez, ici c’est un no man’s land. On a fait de nous une zone tampon, puis on nous a dit, on vous donne une maison, on vous donne un bout de désert et vous vous débrouillez. Vous vivez là. Comment voulez-vous qu’on survive ? On fait ce qu’on peut, donc on fait du trafic, donc du trafic d’êtres humains comme on pourrait faire du trafic de lait concentré, ou du trafic d’armes, de drogue. On fait ce type de trafic parce qu’on n’a pas le choix ».

    Et que fait le gouvernement égyptien dans cette affaire ?

    Absolument rien. Le gouvernement égyptien a une position très fautive dans cette histoire puisque les trafiquants franchissent la frontière égyptienne comme ils veulent et en versant moult bakchichs. En plus de cela, dans le Sinaï, l’Etat égyptien n’a jamais mené aucune opération de recherche de déportés. Et pour finir, une fois que les rescapés du Sinaï sont relâchés et qu’ils arrivent pour certains par miracle jusqu’au Caire, au Caire ils ont une vie extrêmement dure. Personne ne vient à leur secours. Il y a un fort racisme envers les Erythréens.

    On pense évidemment à une accusation de crimes contre l’humanité derrière tout ce que vous racontez. Est-ce que la Cour pénale internationale pourrait se saisir de ce problème ?

    Bien sûr, ils pourraient se saisir de ce problème et en Europe, il y a des militants qui y travaillent. C’est principalement des militants érythréens. Il y a Fessaha Alganesh qui est une militante italienne, qui se rend sur place en Egypte, au Soudan, en Ethiopie, pour recueillir des preuves qui reconstituent un petit peu tous les maillons de ce terrible trafic. Il y a Meron Estefanos qui depuis la Suède collecte les témoignages, travaille pour l’Union européenne, essaie de constituer un corpus de preuves pour condamner les trafiquants.

    Mais c’est vrai qu’ils ne sont pas nombreux. Ils ne sont pas nombreux parce qu’on est sur une problématique qui est transnationale. Vous avez plusieurs pays impliqués dans le trafic avec des populations très différentes avec peut-être un pays d’origine lui-même impliqué, c’est une enquête extrêmement longue. Et pour arriver jusque La Haye, il manque encore quelques étapes, mais on en est proche.

    Ce trafic commence à se développer dans d’autres pays de la région, dans quelles proportions ?

    Dans des proportions absolument tragiques. Vous avez des dizaines, des dizaines de maisons de torture en Libye déjà, il y en a plusieurs dizaines également au Soudan, le Yémen commence à s’y mettre. Partout où vous avez des migrants de la Corne de l’Afrique qui affluent, les gens ont compris : vous les parquez, vous les séquestrez, vous les torturez terriblement, et ils finissent par cracher un peu d’argent. Donc forcément, ça fait des petits.

    Et il ne faut pas qu’on oublie que si ce système de camps de torture se propage à tout le Maghreb, on va voir le Maghreb transformé en antichambre de la torture avant le passage des migrants par la Méditerranée. Donc nous, Européens, on a une responsabilité dans la manière dont on traite ces gens une fois qu’ils arrivent sur notre territoire parce que, ce qu’ils vivent ce n’est plus simplement une migration économique, mais c’est un drame épouvantable.

    Le documentaire « Voyage en barbarie » de Cécile Allegra et Delphine Deloget a été diffusé sur la chaîne française Public Sénat et leur enquête est publiée en plusieurs volets dans le journal Le Monde.

    Sur @OrientXXI Égypte, Sinaï, Libye, Israël : les routes sanglantes des migrations http://orientxxi.info/magazine/egypte-sinai-libye-israel-les,0388

  • Balkans, les nouvelles routes des migrants

    http://blogs.mediapart.fr/blog/francois-bonnet/241013/balkans-les-nouvelles-routes-des-migrants

    Il y a bien sûr Lampedusa, ses drames, et les milliers de migrants qui périssent en tentant de traverser la Méditerranée. Le conseil européen de ce 25 octobre est censé apporter des réponses : ce pourrait être de cadenasser un peu plus encore l’espace Schengen ! Et il y a ces autres milliers de migrants qui tentent de pénétrer la forteresse Europe en passant par les Balkans. Les drames y sont tout autant terribles, même si moins médiatisés.

    #balkans #migrations #asile