• Du génocide des Tutsis au Rwanda à la haine en ligne : l’ONU appelle à la vigilance

    Lors d’une cérémonie annuelle en mémoire des victimes du génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994, le chef de l’ONU a exhorté, lundi, la communauté internationale à tirer les leçons d’un passé encore vif.

    Plus de trente ans après les cent jours les plus sombres de l’histoire contemporaine africaine, l’ONU a une nouvelle fois marqué, lundi 7 avril, la Journée de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2021/05/18/ce-que-le-rwanda-a-enfin-appris-aux-historiens/#comment-66487

    #international #rwanda #tutsi

  • Reconnaître les souffrances congolaises sans porter atteinte à la mémoire du génocide des Tutsis
    Commémorations du génocide des Tutsis 2025

    La journée du 7 avril est dédiée chaque année, depuis 2019 en France, aux rescapé.es et aux familles des victimes du génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994. La réalité historique de l’antitutsisme, la persistance des discours négationnistes en France, et les lectures ethnicistes réductrices de la crise actuelle en République Démocratique du Congo imposent une grande vigilance pour préserver cette mémoire.

    Un concert au profit de l’Unicef, intitulé « Solidarité Congo, soutien aux enfants victimes du conflit à l’est du Congo », était prévu à l’Accor Arena de Bercy précisément le 7 avril. Il a été reporté au 22 avril suite aux protestations d’associations de rescapé.es du génocide des Tutsis, sur demande de la mairie de Paris auprès de la préfecture. Les déclarations d’un des artistes – Gims – selon lequel « c’est pas un jus d’orange qui va calmer la haine d’un Tutsi », et certains commentaires sur les réseaux sociaux ont fait craindre que le choix de la date du 7 avril ne manifeste une volonté de mettre en concurrence les victimes. Autrement dit : de recouvrir les souffrances liées au génocide perpétré contre les Tutsis par celles subies par les populations congolaises depuis 1996.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/02/questions-et-reponses-conflit-dans-la-province-du-nord-kivu-en-republique-democratique-du-congo/#comment-66140

    #international #rwanda #rdc

  • Rwanda : Londres refuse de payer à Kigali le solde de l’ancien accord sur l’expulsion de migrants
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/05/rwanda-londres-refuse-de-payer-a-kigali-le-solde-de-l-ancien-accord-sur-l-ex

    Rwanda : Londres refuse de payer à Kigali le solde de l’ancien accord sur l’expulsion de migrants
    Le Monde avec AFP
    Le gouvernement britannique a annoncé, mercredi, qu’il ne paierait pas le solde réclamé par Kigali d’un accord qui visait à expulser des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni vers le Rwanda, mais qui a été abandonné l’an dernier.« Comme indiqué clairement dans des notes verbales [des communications diplomatiques] entre le Royaume-Uni et le Rwanda, aucun autre paiement ne sera effectué », a écrit le ministère de l’intérieur britannique dans un communiqué. « Le Rwanda a renoncé à tout paiement supplémentaire », affirme-t-il. Kigali avait pourtant officiellement réclamé, lundi, le règlement du solde de l’accord, soit 50 millions de livres sterling (environ 60 millions d’euros), sur fond de tensions diplomatiques entre les deux pays.
    Le gouvernement conservateur de Boris Johnson avait annoncé en 2022 le projet très controversé d’expulser au Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Mais il ne s’est jamais concrétisé. A son arrivée au pouvoir, en juillet 2024, le travailliste Keir Starmer a en effet annoncé l’abandon de l’accord avec le Rwanda. Il s’agissait de « gaspillage de l’argent du contribuable », écrit le ministère de l’intérieur dans son communiqué.Le Rwanda avait alors prévenu que l’accord ne prévoyait pas la restitution des fonds déjà versés par Londres à Kigali (240 millions de livres sterling, soit 288 millions d’euros). Il restait 50 millions de livres sterling à payer.
    Les relations entre Londres et Kigali sont actuellement tendues. Le Royaume-Uni a annoncé la semaine dernière la suspension de la majorité de ses aides financières au Rwanda, en réponse à l’offensive du groupe armé M23 allié aux forces rwandaises dans l’est de la République démocratique du Congo.Le gouvernement rwandais a dénoncé ces « mesures punitives » et riposté en demandant le versement des « fonds auxquels le Royaume-Uni est légalement tenu » dans le cadre de l’ancien accord migratoire.
    Le M23 (Mouvement du 23 mars), qui a repris les armes fin 2021 et est appuyé par 4 000 soldats rwandais déployés dans la région, selon des experts de l’ONU, s’est emparé mi-février de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, après avoir pris fin janvier le contrôle de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu

    #Covid-19#migration#migrant#rwanda#royaumeuni#accordmigratoire#conflit#sante

  • #Rwanda : Londres refuse de payer à Kigali le solde de l’ancien accord sur l’expulsion de migrants

    Le Rwanda avait demandé au Royaume-Uni de lui verser 50 millions de livres sterling, soit le solde de l’accord sur l’expulsion de migrants au Rwanda, un projet de 2022 finalement abandonné par le nouveau gouvernement britannique.

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/05/rwanda-londres-refuse-de-payer-a-kigali-le-solde-de-l-ancien-accord-sur-l-ex
    #UK #Angleterre #facture #paiement #externalisation

    –-

    ajouté à la métaliste sur la mise en place de l’#externalisation des #procédures_d'asile au #Rwanda par l’#Angleterre (2022) :
    https://seenthis.net/messages/966443

  • RDC – RWANDA : UNE GUERRE RÉGIONALE EST-ELLE À CRAINDRE ?

    Dans le Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, Goma est désormais contrôlée par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda qui tentent de rassurer la population. Kinshasa accuse le Rwanda de lui « déclarer la guerre ». Une régionalisation du conflit est-elle à craindre ?

    À réécouter : l’émission Questions du soir : le débat, sur France Culture

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/01/30/rd-congo-les-civils-en-danger-face-a-lavancee-du-m23-sur-goma-autres-textes/#comment-64801

    #international #rdc #rwanda

  • Les « #minerais_de_sang » du #numérique, clé de la guerre en #RDC

    Au Congo, le mouvement armé #M23 soutenu par le Rwanda s’est emparé de la ville de Goma, capitale d’une province riche en #minerais_stratégiques. Indispensables aux #smartphones, ils alimentent ce #conflit meurtrier et écocidaire.

    C’est un tournant dans la guerre qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis trente ans. Dimanche 26 janvier, des combattants du #Mouvement_du_23_mars (M23), un #groupe_armé antigouvernemental, appuyés par 3 000 à 4 000 soldats rwandais, sont entrés dans Goma, la capitale de la province du #Nord-Kivu où vivent un million de personnes.

    Au cœur de ce conflit, les « minerais de sang » — #coltan, #nickel, #étain et #or — indispensables à la fabrication des équipements électroniques et notamment des smartphones. Reporterre fait le point avec #Fabien_Lebrun, chercheur en sociologie et auteur de Barbarie numérique. Une autre histoire du monde connecté (L’Échappée, octobre 2024).

    Reporterre — Quel est le lien entre le conflit à l’est de la RDC et les minerais utilisés pour fabriquer nos smartphones ?

    Fabien Lebrun — Au cœur de cette guerre se trouvent les minerais de sang, aussi appelés #minerais_de_conflits : le coltan, le nickel, l’étain et l’or. Le coltan est transformé en #tantale, indispensable à la fabrication des #condensateurs pour smartphones : sans ce #métal très résistant à la chaleur et à la corrosion qui permet la miniaturisation des composants, les téléphones chaufferaient tellement qu’ils pourraient prendre feu. Or, les deux tiers des réserves mondiales de coltan se trouvent dans et à l’est du Congo. L’Afrique des Grands Lacs — Congo et #Rwanda confondus — en assure la moitié de la production mondiale.

    L’est du Congo est également riche en #cassitérite, dont provient l’étain indispensable pour les soudures des circuits électroniques ; en #wolfram, ou #tungstène, qu’on retrouve dans les vibreurs et les haut-parleurs des téléphones portables ; et en or, dont l’industrie numérique siphonne 10 % de l’extraction mondiale pour la fabrication de ses #cartes_mères et ses circuits imprimés. Depuis la première guerre de 1996, ces minerais occupent une place dans ce qu’on peut appeler une #économie_de_guerre, une économie militarisée qui perdure à ce jour.

    Depuis avril dernier, les rebelles du M23 contrôlent la zone minière de #Rubaya, qui fournit 15 % du coltan mondial. Quel intérêt stratégique y trouvent-ils ?

    En contrôlant administrativement la zone, le M23 peut élaborer tout un système de #taxes et ainsi financer le conflit. D’après un rapport de l’ONU, le groupe exporte désormais 120 tonnes de coltan par mois et les taxes qu’il prélève sur la production lui assurent un revenu d’environ 800 000 dollars mensuels. D’un point de vue économique et financier, les intérêts sont importants.

    Le M23 est soutenu par l’armée rwandaise. Depuis plusieurs années, le président de la RDC Félix Tshisekedi accuse le Rwanda de convoiter ses #ressources en #minerai. Quel rôle ont ces ressources dans l’aggravation des tensions géopolitiques dans la région ?

    Ces #métaux sont, si ce n’est la principale cause, au moins un déterminant important dans l’#instabilité de la #région_des_Grands_Lacs. L’exploitation et la commercialisation de ces minerais de sang structurent l’#économie, l’#industrie et la #politique de la région. Elles produisent une rente qui enrichit les #élites et favorise la #corruption.

    On parle beaucoup du Rwanda, plaque tournante pour ces minerais indispensables aux équipements électroniques, mais l’Ouganda et dans une moindre mesure le Burundi sont aussi dans le coup. L’État congolais lui-même est en partie responsable de la situation : 2 000 kilomètres séparent Goma de la capitale, Kinshasa, et les institutions étatiques y sont absentes.

    Quelles sont les conséquences humaines et écologiques de l’#industrie_minière pour les habitants du Nord-Kivu ?

    Depuis le milieu des années 1990, début de la révolution numérique, le coût humain et écologique de ce conflit autour des minerais de sang est démentiel. Avant même le regain de #violence des trois dernières semaines, les analystes parlaient de plusieurs millions de #morts, de 7 millions de #déplacés dans des conditions terribles et de 4 millions de réfugiés qui ont fui le Congo. Près de 30 millions de Congolais sont en situation de #malnutrition aiguë.

    Au-delà du conflit, le bilan écologique est dévastateur. Les terres du Nord-Kivu, fertiles et qui auraient pu bénéficier à l’agriculture locale, ont été saccagées par les activités minières. L’#air est pollué d’effluves toxiques.

    « À certains endroits, il n’y a plus de vie aquatique »

    L’industrie minière est aussi en partie responsable de la destruction de la #forêt du bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical mondial crucial dans la lutte contre le changement climatique. Les espèces en voie d’extinction qui y vivent — gorilles des montagnes, bonobos, rhinocéros — sont massacrés par les groupes armés qui contrôlent les activités minières.

    Mais la première victime de l’extractivisme est l’#eau, comme l’explique l’ingénieure à SystExt Aurore Stéphant. Cela se vérifie au Congo, avec des centaines de kilomètres de cours d’eau contaminés aux #métaux_lourds — plomb, cadmium, etc. Le fleuve Congo est touché, ainsi que les #nappes_phréatiques. À certains endroits, il n’y a plus de #vie_aquatique.

    L’appétit des États occidentaux et des #multinationales de la tech pour ces ressources n’est pas étranger à ce désastre…

    Cela fait des décennies que la #responsabilité de l’#industrie_numérique dans la déstabilisation de la RDC est pointée du doigt. Mi-décembre, le président de la RDC a porté #plainte contre #Apple pour recel de #crime_de_guerre, blanchiment de faux et #tromperie des consommateurs.

    Déjà, en 2019, l’organisation internationale Right Advocates avait lancé une action collective contre Apple, #Microsoft, #Tesla, #Google et #Dell, qu’elle accusait de profiter du #travail_d’enfants dans les mines de cobalt congolaises. Malheureusement, la plainte n’avait pas abouti.

    « La production de masse de la #Playstation 2 de #Sony avait entraîné une ruée vers les activités minières »

    En 2016, Amnesty International et Afrewatch accusaient de grandes marques électroniques comme Apple, #Samsung et Sony d’acheter du cobalt à des négociants s’approvisionnant dans des mines où travaillent des enfants.

    En 2000, la flambée des prix du coltan, alimentée par la production de masse de la Playstation 2 de Sony, avait entraîné une ruée vers les activités minières à l’est de la RDC avec des conséquences très néfastes pour les communautés.

    Or, les États appuient bien souvent ces multinationales. En février, Bruxelles et Kigali signaient un accord pour un approvisionnement « durable » de l’Union européenne en minerais critiques. Alors qu’on sait très bien que 90 % des minerais de sang qui sortent du Rwanda proviennent du Congo !

    Peut-on parler de #néocolonialisme ?

    L’extractivisme est la pratique coloniale historique par excellence. Dès le XVIᵉ siècle, les conquistadors ont pillé l’or et l’argent des Amérindiens, qu’ils ont exterminés. Cet épisode a été un tournant pour l’enrichissement des États occidentaux et la naissance du capitalisme et de la mondialisation.

    Les activités minières, polluantes, génératrices de conflits sociaux, d’usages des terres et de l’eau, étaient sorties de nos imaginaires. Mais depuis trente ans, on assiste à un regain de l’extractivisme pour alimenter la #révolution_numérique.

    Il est évident que l’accord qui permet à l’Union européenne de piller la RDC en passant par le Rwanda est typiquement néocolonial. De même que la #mainmise de la #Chine sur le cobalt et le #cuivre congolais. On pourrait parler de #technocolonialisme.

    Que faudrait-il faire pour aider la région du Nord-Kivu à s’apaiser ?

    Nous ne pourrons pas diminuer la pression minière dans la région des Grands Lacs sans décroissance minérale et métallique. Pour être solidaires avec les Suds, il faudra forcément acheter moins et favoriser des appareils plus durables et mieux réparables.

    Réduire notre demande en métaux rares va aussi impliquer d’avoir des outils moins rapides, moins performants. C’est tout notre quotidien numérique et la numérisation à marche forcée qui sont à revoir.

    https://reporterre.net/Les-minerais-de-sang-du-numerique-cle-de-la-guerre-en-RDC
    #République_démocratique_du_congo #Congo #extractivisme #minerais #pollution

  • Rwanda : Assurer que l’aide humanitaire parvienne à Goma

    Il faut rétablir d’urgence l’accès à l’aide et protéger les personnes déplacées

    (Nairobi) – Les forces rwandaises et le groupe armé M23 responsable d’abus devraient d’urgence faciliter la livraison et l’accessibilité de l’aide humanitaire à la population de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les récents combats ainsi que les bombardements d’infrastructures médicales de la ville, dont le M23 s’est emparé le 27 janvier 2025, ont gravement limité l’accès à l’aide pour les personnes qui en ont besoin.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/01/30/rd-congo-les-civils-en-danger-face-a-lavancee-du-m23-sur-goma-autres-textes/#comment-64726

    #international #rwanda #rdc

  • Repubblica Democratica del #congo: l’esportazione di #coltan alla base del conflitto in Kivu
    https://radioblackout.org/2025/01/repubblica-democratica-del-congo-lesportazione-di-coltan-alla-base-de

    Nei giorni scorsi il movimento armato M23 ha conquistato la provincia del Kivu e la sua capitale Goma dalle forze governative congolesi, che si sono ritirate disordinatamente davanti all’avanzata di un gruppo ribelle che, sebbene combatta da 30 anni, si è presentato questa volta con armamenti moderni e massicciamente equipaggiato di tecnologia di ultima generazione. […]

    #L'informazione_di_Blackout #Rwanda
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/01/ANDREASPINELLIinfo.mp3

  • #RDC : les #rebelles entrent dans #Goma dans l’indifférence de la communauté internationale | Mediapart

    https://www.mediapart.fr/journal/international/270125/rdc-les-rebelles-entrent-dans-goma-dans-l-indifference-de-la-communaute-in

    RDC : les rebelles entrent dans Goma dans l’indifférence de la communauté internationale
    Le mouvement rebelle M23 soutenu par l’armée rwandaise est entré dans la ville d’un million d’habitants, sans parvenir pour l’heure à la contrôler totalement. Ni les forces internationales déployées sur place, ni les États partenaires du Rwanda n’ont pu – ou voulu – empêcher la catastrophe humanitaire qui s’annonce.

    Justine Brabant

    27 janvier 2025 à 20h49

    CelaCela faisait des jours qu’ils progressaient vers Goma, la capitale du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce 27 janvier au matin, les combattants du Mouvement du 23 mars (M23) sont entrés dans la ville.

    Des vidéos amateurs les montrent progressant à pied, en colonnes, à la lueur orangée des lampadaires. D’autres images, prises alors que le jour s’était levé, les montrent rassemblés en groupes de plusieurs dizaines, casques sur la tête et fusils en bandoulière, circulant à l’arrière de pick-up ou de camionnettes.

    « L’entrée des rebelles a été signalée vers 6 h 30 par le quartier Majengo, au nord de la ville », rapporte à Mediapart Ronely Ntibonera, journaliste congolais habitant Goma. Les combattants du M23 ont depuis été vus dans plusieurs autres quartiers de la capitale provinciale, notamment à l’ouest de la ville (vers le rond-point dit CCLK), et sur la colline où est installé le siège de la Radio-Télévision nationale congolaise, non loin du lac Kivu.

    Les rebelles sont appuyés par des soldats de l’armée régulière rwandaise, qui soutient militairement et politiquement la rébellion depuis sa création, en 2012.

    Si leur entrée dans Goma au petit jour, ce 27 janvier, a semblé se faire sans combats majeurs, les rebelles ont depuis affronté les forces armées congolaises et leurs alliés à plusieurs endroits. La déclaration de victoire du M23, qui assure avoir « pris Goma », est pour l’instant prématurée – même si cela peut être une question d’heures. Pour montrer que la ville n’est pas encore entièrement contrôlée par leurs adversaires, des soldats congolais se sont filmés en train de défendre l’aéroport de Goma.

    D’autres vidéos moins flatteuses, dont Mediapart a pu prendre connaissance, montrent des soldats congolais possiblement abandonnés par leur commandement errer en ville. « Ils ne savent plus où aller… Ils sont dans une confusion totale. Aucun officier n’est avec eux », commentent, dépités, les habitants qui les filment depuis leur balcon.

    « Il semble y avoir des problèmes de coordination des opérations, ainsi que des problèmes au niveau des transmissions et du renseignement » du côté de l’armée congolaise, analyse Josaphat Musamba, doctorant à l’université de Gand et chercheur au Groupe d’études sur les conflits et la sécurité humaine (GEC-SH). Le chercheur, fin connaisseur des groupes armés congolais, invite à relativiser la supériorité numérique de l’armée congolaise : « Certes, l’armée congolaise est plus nombreuse. Mais les 4 000 soldats du M23 peuvent compter sur l’appui d’environ 4 000 à 6 000 soldats de l’armée rwandaise, ainsi que des combattants récemment recrutés par le M23 dans les zones qu’il contrôle. »

    Des affrontements étaient également signalés, à la mi-journée, dans le centre de Goma, notamment dans le quartier dit des Volcans. « Cela tire beaucoup aux Volcans, des armes légères et des armes lourdes, depuis ce matin », indiquait en fin d’après-midi lundi 27 janvier Catherine Batende, une habitante du quartier jointe par Mediapart. Goma, ville de plus d’un million d’habitants, abrite également depuis 2022 plusieurs centaines de milliers de personnes ayant fui les combats dans le reste du Nord-Kivu.

    « Des jeunes sortis de chez eux pour regarder ce qui se passait ont été blessés par balles », relate Ronely Ntibonera en début d’après-midi. « Il n’y a pas d’activité en ville. Les boutiques sont fermées, les stations-services aussi. On voit juste quelques motos-taxis transportant des hommes en armes. »

    Plus préoccupant encore : des échanges d’artillerie ont eu lieu de part et d’autre de la frontière avec le Rwanda voisin. L’armée rwandaise a confirmé avoir procédé à des tirs de mortier et d’artillerie sur le territoire congolais, en réponse à des tirs en provenance du Congo qui auraient tué cinq civils. Les villes se trouvant des deux côtés de la frontière (Goma côté RDC, Gisenyi côté rwandais) sont toutes les deux densément peuplées, laissant craindre un nombre important de victimes si ces bombardements se poursuivaient.

    Impuissance internationale
    Après avoir pris une première fois Goma en novembre 2012, le M23 était entré dans une phase de négociations avec les autorités de Kinshasa, puis avait déposé les armes en 2013. Le groupe armé a repris ses opérations en 2021, sur fond de tensions entre les gouvernements congolais, rwandais et ougandais, de désintérêt des acteurs internationaux et de sentiment de marginalisation des Tutsis congolais (dans les rangs desquels le M23 recrute largement).

    Car même si les conflits de l’est de la RDC ont des racines locales, le M23 est largement utilisé comme un moyen d’influence par le Rwanda, son principal soutien. « L’impulsion principale de [la] résurgence du M23 [en 2021] est extérieure à la RDC », estiment dans un rapport conjoint sur le M23 les deux principaux instituts de recherche sur la RDC – l’institut Ebuteli et le Congo Research Group Center de l’université de New York (États-Unis). Si « la faiblesse de l’État congolais a aggravé la crise », explique le rapport, le M23 « est surtout apparu comme un moyen pour le Rwanda de projeter son influence contre son voisin du nord, l’Ouganda ».

    Pour faire face au M23, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) peuvent, théoriquement, compter sur l’appui de Casques bleus de la Monusco et d’une force régionale de maintien de la paix, la force régionale d’Afrique australe. Mais cette présence internationale n’a manifestement pas empêché les rebelles d’arriver jusque dans Goma. Treize soldats issus de ces forces de maintien de la paix ont été tués dans des combats avec le M23 ces derniers jours.

    Le conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence le 26 janvier, était suivi de près par les Congolaises et Congolais qui espéraient le voir déboucher sur des actions concrètes afin de stopper la progression rebelle. Mais les déclarations condamnant fermement l’incursion du M23 et de l’armée rwandaise n’ont pas suffi à y mettre un terme.

    De quoi nourrir l’incompréhension et la colère des observateurs de cette guerre. « Il serait facile de mettre fin aux agissements du Rwanda en RDC », car « le principal instigateur du conflit du M23 est le gouvernement du Rwanda, un pays dépendant de l’aide étrangère », relève le chercheur Jason Stearns, ancien membre du groupe d’experts des Nations unies sur la RDC et professeur associé à l’université Simon Fraser (Burnaby, Canada).

    Officiellement, Paris donne peu de détails à ce sujet. Mais on en trouve trace dans plusieurs documents. Le rapport annuel 2024 sur les exportations d’armement français mentionne ainsi une licence pour une « formation opérationnelle » accordée au Rwanda pour un montant de 600 000 euros, sans donner de détails sur la nature de cette formation.

    L’armée française participe également à la formation d’officiers des forces armées rwandaises. En mars 2024, le Rwanda était mentionné parmi les pays d’origine des élèves officiers et des cadets en formation à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (promotion 2023-2024) par le bulletin interne de l’école.

    À la fin 2023, le Rwanda était également mentionné parmi les pays ayant envoyé des stagiaires lors d’une formation de cinq semaines aux écoles militaires de Draguignan, qui incluait « l’apprentissage des fondamentaux du combat interarmes », selon une autre publication interne de l’armée de terre française.

    Interrogé plus en détail sur le contenu de cette coopération militaire, le ministère des armées français n’a pas souhaité nous répondre. Également sollicité, le Quai d’Orsay nous a renvoyée vers les déclarations françaises condamnant l’offensive du M23 et des forces armées rwandaises.

    Sans préciser si les derniers événements étaient de nature à remettre en cause la coopération bilatérale avec Kigali.

    • #rwanda

      « La République démocratique du Congo est une réserve pour les dominants » | Mediapart

      https://www.mediapart.fr/journal/international/270125/la-republique-democratique-du-congo-est-une-reserve-pour-les-dominants

      « La République démocratique du Congo est une réserve pour les dominants »
      Dans « Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté », le sociologue Fabien Lebrun explique comment la révolution numérique est depuis trente ans l’une des causes des guerres dans l’est de la RDC, où une grande partie des minerais nécessaires sont disponibles. 

      Michael Pauron (Afrique XXI)

      27 janvier 2025 à 20h52

      Nous avons toutes et tous des #minerais de sang dans la poche, et sommes les #complices indirect·es de #crimes abominables pour répondre aux injonctions du monde numérique. C’est du moins le propos défendu dans Barbarie numérique, une autre histoire du monde connecté (préfacé par le philosophe québécois #Alain_Deneault, éditions L’Échappée, 2024), du sociologue #Fabien_Lebrun. Dans cet ouvrage, il revisite la « révolution #numérique » au prisme de l’histoire du capitalisme mondial et de la #République_démocratique_du_Congo (#RDCongo #RDC). Pour lui, la « transition » (qu’elle soit énergétique ou numérique) vantée par « l’idéologie du capital » n’existe pas. Seule l’addition de besoins et de technologies (production d’hydrocarbures et extractivisme pour les énergies renouvelables, la numérisation et l’intelligence artificielle) et l’accumulation financière demeurent, avec des conséquences environnementales et sociétales désastreuses.

      Les habitant·es de la RD Congo, où la situation dans l’est s’est détériorée ces derniers jours avec l’offensive du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, sont exploité·es depuis toujours pour nourrir une mondialisation effrénée, estime le sociologue. « Scandaleusement » riches, ses terres sont convoitées au mépris des Congolais·es qui vivent dessus. Hier, il s’agissait d’esclaves. Puis du caoutchouc et des minerais pour les armes (dont l’uranium qui a servi pour construire la bombe atomique lâchée le 6 août 1945 sur Hiroshima). Aujourd’hui, le cobalt, le tantale, le tungstène et d’autres terres rares nécessaires pour les smartphones et les batteries électriques suscitent autant d’appétit que l’or au temps des conquistadors, qui ont pillé les Amériques à partir du XVIe siècle.

      Les propos de l’auteur, qui semblent dépolitiser la question des guerres à répétition dans la région, sont toutefois contrebalancés par d’autres chercheurs. Comme le soulignent par exemple Christoph Vogel et Aymar Nyenyezi Bisoka dans Afrique XXI, ces points de vue (comme d’autres) ont tendance à enfermer l’Afrique « dans une vision réductrice ». La politique en tant que telle serait « purement et simplement absente ». « Ces récits tendent à réduire l’Afrique à un simple réceptacle de politiques extérieures », écrivent les chercheurs. Selon eux, ces discours perpétuent l’idée du « fardeau de l’homme blanc » ce qui « justifie ainsi les interventions internationales sous prétexte de paix, de stabilité et de développement ».

      Fabien Lebrun avance l’idée que ce « technocolonialisme » utilise les mêmes pratiques que le colonialisme et le néocolonialisme : travail forcé, fraude, financements de groupes armés… Dans cet entretien, le sociologue, également auteur d’un essai sur le rôle néfaste des écrans sur les enfants (On achève bien les enfants. Écrans et barbarie numérique, éditions Le bord de l’eau, 2020), estime qu’il est nécessaire de revoir notre rapport à la connexion et aux technologies, d’« entamer une décroissance minérale et numérique » pour préserver des vies en RD Congo. Entretien.

      Afrique XXI : Dans « Barbarie numérique », vous reliez les guerres qui déchirent l’est de la RD Congo depuis trente ans à l’exploitation des minerais nécessaires pour construire les appareils connectés... N’est-ce pas dépolitiser ces conflits qui ont bien souvent des ressors socio-politiques plus complexes ?

      Fabien Lebrun : Les ressources dont a besoin la « révolution numérique » sont très mal réparties sur terre : la RD Congo est sans doute le seul pays au monde qui dispose dans son sol et son sous-sol de la quasi-totalité de la table de Mendeleïev [qui recense tous les éléments chimiques connus – ndlr]. Et, depuis trente ans, des centaines de milices évoluent dans la région. Qui finance ? les puissances capitalistes et aussi le secteur extractif mondial. Pour moi, d’un point de vue économique et industriel, c’est l’élément central de ces guerres à répétition. Tout cela correspond à la période de la numérisation et de la miniaturisation.

      Agrandir l’image : Illustration 1
      Une femme sépare le cobalt de la boue et des roches près d’une mine entre Lubumbashi et Kolwezi (RD Congo) en 2015. © Photo Federico Scoppa / AFP
      Chaque année, sont vendus environ 1,5 milliard de smartphones, 500 millions de téléviseurs, 500 millions de PC, 200 millions de tablettes, 50 millions de consoles de jeux vidéo… Sans oublier les milliards d’écrans, d’objets connectés (comme le réfrigérateur, la voiture…) qui dépendent de minerais et de métaux dont une grande partie se trouve en Afrique centrale – du moins pour les plus stratégiques.

      Pour vous, tout tend à prouver que le retour du groupe armé soutenu par le Rwanda, le M23, en 2021, et qui est sur le point de faire tomber Goma, est intimement lié aux minerais… Quelle est votre hypothèse ?

      En 2021, Félix Tshisekedi [président de la RD Congo – ndlr] passe un accord avec l’Ouganda pour faciliter la construction de routes et l’acheminement de produits miniers, forestiers et agricoles. Presque au même moment, plusieurs rapports montrent qu’il va falloir davantage de tantale et de minerais stratégiques pour la 5G et la voiture électrique notamment.

      Dans ce contexte, plusieurs observateurs estiment que le Rwanda, qui ne veut pas être privé d’une partie de ce marché, a réactivé le M23 en réaction aux accords entre l’Ouganda et la RD Congo. Je penche pour cette hypothèse, d’autant que le M23 a rapidement mis la main sur la mine de Rubaya, dans le Rutshuru, où sont présentes 15 % des réserves mondiales de coltan. Cela étant dit, certains réfugiés du M23 sont en Ouganda. Kampala a donc au minimum fermé les yeux.

      La RD Congo accuse le Rwanda de piller ses sous-sols. On sait que l’Ouganda en profite également... Cette situation pourrait-elle exister sans la complicité de certaines élites congolaises ?

      Il existe des intérêts divergents et contradictoires des élites de la région. Pendant les deux guerres du Congo [de 1996 à 1997 et de 1998 à 2002 – ndlr], les armées sur place qui découvrent toutes ces richesses se sont fait beaucoup d’argent. Il y a eu toute une économie de guerre. Ensuite, les armées ne pouvaient pas rester sur place. Des groupes ont donc été téléguidés. 90 % des minerais 3TG [étain, tantale, tungstène et or – ndlr] estampillés rwandais sont congolais. Et ce pillage bénéficie de la complicité de Congolais, c’est évident.

      Plonger dans l’Histoire permet de voir une continuité dans l’apparition conjointe d’une révolution industrielle […] et un besoin de prélèvement de ressources naturelles.

      Félix Tshisekedi (comme Joseph Kabila avant lui) pourrait stopper ce pillage mais les forces armées de RD Congo participent largement à cette exploitation, comme les centaines de groupes armés. Les élites congolaises, y compris locales, signent des contrats, bradent les terres de leur population et se font beaucoup d’argent.

      Mi-décembre 2024, la RD Congo a déposé plusieurs plaintes en France et en Belgique contre des filiales d’Apple (qui rejette ces accusations) qui exploitent des « minerais de sang ». Quelles pourraient en être les conséquences ?

      Il y a déjà eu une plainte en 2019 aux États-Unis d’un collectif de juristes contre Apple, Dell, Microsoft et Tesla pour complicité de mort d’enfants dans des mines de cobalt congolaises. La plainte a finalement été rejetée en mars 2024. Mais le fait que ce soit désormais un État qui attaque est inédit. Tant mieux si cette plainte conduit à une prise de conscience plus large, car il y a déjà eu de nombreuses campagnes contre les minerais de sang sans que cela change quoi que ce soit. 

      À travers l’histoire de la RD Congo et de la « révolution numérique », vous dénoncez une continuité du capitalisme, de la traite négrière à l’extractivisme des métaux nécessaires pour construire nos appareils connectés. Quels sont les points communs entre le commerce triangulaire et l’exploitation des mines en RD Congo ?

      La démarche du livre est de remettre en perspective le dernier quart de siècle du numérique avec cette grande histoire du capitalisme. À travers la technologie et l’histoire du Congo, on reprécise ce qu’on entend par capitalisme et son développement, ses racines et sa naissance. On peut se concentrer sur ses pratiques, son rapport à la terre et à l’exploitation minière.

      Je pars de ce que Karl Marx appelait [dans Le Capital. Critique de l’économie politique, 1867 – ndlr] « l’accumulation primitive du capital », à savoir la longue période de la traite négrière et du commerce triangulaire, du XVIe au XIXe siècle, qui met en relation Europe, Afrique et Amérique. Il s’agit du commencement de la mondialisation, qui participe aux premiers profits, ou capitaux, notamment européens à travers les conquistadors et les colons (espagnols, portugais, français, hollandais et anglais). Nous assistons à la naissance de l’extractivisme : l’or et l’argent, énormément puisés sur le continent américain dès le XVIe siècle, ont fait la richesse de l’Espagne et du Portugal.

      Les pratiques criminelles se poursuivent dans ce nouveau stade du capitalisme : extractivisme, fraude et travail forcé.

      Plonger dans l’Histoire permet de voir une continuité dans l’apparition conjointe d’une révolution industrielle – ou de la transformation du capitalisme – et un besoin de prélèvement de ressources naturelles. Le Congo est à ce titre emblématique : des hommes, des femmes et des enfants ont été « prélevés » pendant la traite négrière afin de répondre à la demande de sucre, de café ou encore de cacao en Europe ; à partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, la forêt y a été exploitée de manière intensive, notamment pour le caoutchouc avec l’expansion de l’automobile et de l’industrie du pneu ; durant les guerres du XXe siècle, des métaux essentiels à l’industrie de l’armement sont exploités au Congo – citons l’uranium du Katanga et la course aux armements durant la guerre froide ; et, dans les années 1990, avec l’informatisation du monde, le pays répond une nouvelle fois présent avec la richesse de son sous-sol et sa diversité minéralogique.

      Agrandir l’image : Illustration 2
      Des soldats du groupe armé M23 quittent le camp de Rumangabo dans l’est de la République démocratique du Congo, le 6 janvier 2023. © Photo Guerchom Ndebo / AFP
      Vous expliquez que la notion d’extractivisme avait pratiquement disparu. Quand réapparaît-elle ?

      Le concept d’extractivisme est revenu il y a vingt-cinq ans lors d’une période qu’on a qualifiée de « boom minier », qui correspond au développement du numérique mais aussi à la forte demande des pays émergents (Inde, Chine…). Plusieurs travaux montrent une forte augmentation de la pression sur les terres, principalement dites « métalliques ». Cette période a été rapprochée du XVIe siècle, baptisé « le siècle de l’or ». C’est une continuité.

      Vous parlez également de la continuité du colonialisme, que vous qualifiez de néocolonialisme ou de « technocolonialisme ». Qu’entendez-vous par là ?

      L’état d’esprit des structures coloniales et des institutions, ainsi que leurs pratiques, perdurent à travers une division internationale du travail et une production mondialisée. Les pratiques criminelles se poursuivent dans ce nouveau stade du capitalisme : extractivisme, fraude et travail forcé qu’on peut comparer à l’esclavagisme. En définitive, il faut faire travailler les Congolaises et les Congolais pour alimenter notre mondialisation.

      Le colonialisme se perpétue également à travers le vocabulaire, comme l’expression de « scandale géologique » pour qualifier la RD Congo...

      L’expression vient des colons belges, et plus exactement du géologue Jules Cornet, au début des années 1880, d’abord pour parler du Katanga, puis de l’ensemble de la RD Congo. À travers ce terme, on voit bien la convoitise et la potentielle goinfrerie : le sol est considéré comme riche en matières premières pour développer différents marchés, différentes marchandises, différents produits de la société occidentale. Derrière cette expression, on parle d’un lieu voué à être exploité. C’est une réserve pour les dominants. On parle de la terre pour la maltraiter. On a là un lieu, un territoire qui va participer à l’économie mondialisée. Une projection utilitariste. Ni la nature ni l’humain ne comptent.

      Dans votre ouvrage, vous remettez en cause le langage de ce capitalisme numérique, comme les mots dématérialisation et transition. Pourquoi les considérez-vous inappropriés ?

      Au niveau de l’idéologie, de l’utilisation des mots et de la langue, le terme dématérialisation est en effet un de mes pires ennemis. Il est central dans l’idéologie capitaliste contemporaine. Dématérialiser sous-entend numériser et informatiser. À travers ce terme et d’autres, comme cloud, cyberespace..., on cherche à rendre « éthérées » des choses sur lesquelles on n’aurait pas de prise. Or, un smartphone, c’est soixante métaux et la voiture électrique c’est soixante-dix métaux, la quasi-totalité des quatre-vingt-huit disponibles dans la croûte terrestre. Plus on vend des technologies efficaces et plus on miniaturise, plus on recourt à l’ensemble de la table de Mendeleïev. Dans les vingt à trente prochaines années, il va falloir extraire plus de métaux qu’on en a extrait dans toute l’histoire de l’humanité. Nous n’avons jamais été dans une société aussi matérielle. Parler de « dématérialisation » est simplement faux.

      Il n’y a pas de transition, il y a addition et accumulation […], conformément au principe du capitalisme qui repose sur une croissance infinie.

      C’est la même chose avec l’intelligence artificielle. Il s’agit d’une puissance de calcul basée sur une somme de données qu’il faut traiter, stocker, analyser et essayer de rendre plus performant. On va multiplier la construction des centres de données (les « data centers »), ce qui correspond à du béton, du verre, de l’acier et de l’eau pour refroidir.

      Les énergies renouvelables reposent sur le même type de ressources. L’idéologie du capital appelle ça une « transition ». Or il n’y a pas de transition, il y a addition et accumulation, comme le montre très bien l’historien Jean-Baptiste Fressoz, et conformément au principe du capitalisme qui repose sur une croissance infinie.

      Elon Musk sait que les minerais s’épuisent, raison pour laquelle il veut aller les chercher sur la Lune et sur les autres planètes ou sur les astéroïdes. Emmanuel Macron et d’autres veulent aller les chercher dans les fonds marins. La Russie et la Chine veulent aller sous les pôles. Tous pensent que le XXIe siècle est un siècle extractiviste et que ces nouveaux secteurs permettront d’éviter l’effondrement du capitalisme. Or cet effondrement est déjà entamé.

      Votre ouvrage prône la déconnexion. Comment y parvenir dans un monde ultra-connecté ? Comment limiter la marche technologique actuelle pour sauver des vies congolaises ?

      Beaucoup de gens me disent que c’est impossible. Mais si on réfléchit à la production de tous ces appareils connectés, on tombe forcément sur l’Afrique centrale et en particulier sur la RD Congo qui concentre de nombreuses problématiques liées à la production des technologies connectées. Dans ce cas, si on pense à la place que prennent ces appareils dans notre vie et aux conséquences que cela engendre au Congo, il m’apparaît évident qu’il faut revoir nos technologies, la façon dont elles sont conçues, et sans doute exiger qu’elles deviennent moins performantes, moins efficaces, afin qu’elles exigent moins de pression sur la terre, la géologie, le foncier et l’humain.

      Il faut réintroduire la notion de limite. On n’a pas le choix. Il va falloir entamer une décroissance minérale et numérique. Se déconnecter d’un seul coup est compliqué mais il faut politiser la technologie car elle donne une direction à notre monde, à notre société et à différentes formes de domination et d’oppressions. Tout cela devrait être débattu dans toutes les assemblées, dans toutes les administrations et dans toutes les entreprises.

      Il faut se questionner sur nos besoins réels et non pas ceux créés par l’industrie. Un téléphone à clapet, c’est une trentaine de métaux, soit deux fois moins de pressions qu’un smartphone. D’un point de vue coût-bénéfice, un smartphone avec soixante métaux est inutile.

      Michael Pauron (Afrique XXI)

  • Responsabilités françaises dans le génocide des Tutsis au Rwanda : les rescapé-es tutsi-es, Survie, la LDH et la FIDH se pourvoient en cassation dans l’enquête menée sur les faits de Bisesero

    Mettant fin aux investigations et blanchissant les militaires témoins assistés d’une quelconque infraction à Bisesero du 27 au 30 juin 1994, la confirmation, le 11 décembre 2024, du non-lieu dans ce dossier emblématique du double jeu de Paris au Rwanda est fondée sur des arguments très contestables. Elle appelle un pourvoi en cassation de la part des parties civiles, qui regrettent que certains documents clefs rendus accessibles aux historien-nes de la Commission dite Duclert n’aient pas été transmis aux juges d’instruction.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/12/29/responsabilites-francaises-dans-le-genocide-de

    #france #rwanda #tutsi #genocide

  • #Externalisation_de_l’asile : une coopération au mépris de la #protection_internationale et de l’#état_de_droit

    Les velléités anciennes des États européens d’externaliser le traitement des demandes d’asile se sont
    récemment concrétisées à travers les « #accords » #Royaume-Uni/#Rwanda et #Italie/#Albanie. Alors que l’initiative britannique a été abandonnée, celle de l’Italie est temporairement bloquée. Après l’annulation des deux premiers transferts d’exilés dans les camps en Albanie et dans l’attente de la décision de la Cour de cassation de Rome sur le recours du gouvernement italien, celui-ci a rappelé le personnel mobilisé sur place.

    Ces #expérimentations, que l’application du Pacte européen sur la migration et l’asile pourrait favoriser, se
    heurtent pour l’instant au droit. Malgré ces revers et leur coût exorbitant, elles suscitent un engouement décomplexé des responsables européens qui ne se cachent plus de vouloir repousser hors de leurs territoires les personnes en demande de protection internationale.

    La médiatisation et l’instrumentalisation de ces feuille- tons politico-juridiques normalisent les violations des droits des exilé·e·s, mais aussi du #droit_international qui les définit et de la hiérarchie des normes qui les garantit, face à une #souveraineté_nationale prétendument bafouée. De même, dans les pays « tiers » parfois autoritaires, les « #partenariats » migratoires conclus par l’Europe contribuent à délégitimer et irrégulariser les personnes exilées, au mépris des droits.

    L’absence de transparence et la rhétorique hypocrite, souvent humanitaire, accompagnant l’externalisation des politiques migratoires européennes ont pu donner l’illusion d’un rempart préservant le #droit_d’asile. Qu’elles concernent explicitement l’asile ou non, celles-ci engendrent pourtant non seulement l’érosion de la protection internationale, mais aussi le délitement de l’état de droit, en Europe comme au-delà.

    https://migreurop.org/article3304.html
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #Migreurop #pays_tiers

  • Charles Onana et son éditeur condamnés pour contestation du génocide des Tutsis au Rwanda :
    le tribunal de Paris condamne ,un « déploiement sans frein de l’idéologie négationniste »

    De très nombreux passages du livre de Charles Onana, Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise – Quand les archives parlent, paru en 2019, avaient alerté la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) et Survie. A l’issue d’un procès particulièrement suivi, le caractère négationniste de ces écrits a aujourd’hui été retenu par la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. Cette première condamnation en France pour contestation du génocide des Tutsis au Rwanda est une décision historique qui définit le cadre légal de ce que l’on peut dire – ou non – à son sujet, et qui préserve la mémoire et la dignité des victimes et leurs familles.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/06/21/complicite-de-genocide-a-bisesero/#comment-63775

    #international #rwanda #négationisme

  • Responsabilités françaises dans le génocide des Tutsis : la justice administrative entérine la raison d’État

    30 ans après les faits et 3 ans après la remise du « rapport Duclert » qui souligne pourtant les « responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda, les procédures engagées devant la justice pénale sont toujours au ralenti, voire au point mort. Des rescapé.es et des familles de victimes ont porté leurs espoirs d’avancée sur le droit administratif qui sanctionne les manquements d’une institution publique. Nouvelle déception : le Tribunal administratif de Paris s’est aujourd’hui déclaré incompétent pour juger les actions de l’exécutif français menées en soutien à un gouvernement génocidaire. Le Tribunal refuse ainsi d’armer le droit face à la complicité de génocide et dans la lutte contre l’impunité.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/13/responsabilites-politiques-briser-le-deni-francais/#comment-63095

    #rwanda #france #genocide #tutsi

  • #Génocide des Tutsis au #Rwanda : le tribunal administratif de Paris « incompétent » pour juger l’État français
    https://www.rfi.fr/fr/afrique/20241114-g%C3%A9nocide-des-tutsis-au-rwanda-la-justice-administrative-incomp%C3%

    De quels faits parle-t-on ? Les requérants accusent l’État français de ne pas avoir dénoncé « le traité d’assistance militaire » qui le liait depuis 1975 au gouvernement rwandais devenu génocidaire, d’avoir « détourné » l’opération militaire Turquoise de son mandat humanitaire et d’avoir aussi « abandonné » des civils tutsis sur les collines de Bisesero.

    En se déclarant incompétent, le tribunal administratif se range derrière les arguments avancés par le ministère français des Armées lors de l’examen du dossier en octobre et renonce donc à examiner le fonds des accusations de « #complicité » de génocide.

    Pour Philippe Raphaël, l’auteur de la requête, cette décision équivaut à offrir une « immunité juridique absolue » à l’État français. Il conteste le raisonnement juridique du tribunal administratif, compte tenu de la gravité des faits et annonce faire appel.

    #France

  • CPCR : La France et le génocide Tutsi : une audience historique

    L’association Survie soutient les réquérant.es rescapé.es du génocide des Tutsis au Rwanda dans le contentieux administratif pour établir les responsabilités de l’État français dans le génocide. Le Tribunal administratif examinera cette requête le 24 octobre. Voici le communiqué de presse du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) sur cette audience cruciale.

    Le 24 octobre 2024, le Tribunal administratif examinera une requête portant sur la responsabilité de l’État français dans le génocide Tutsi, et son action de 1990 à 1994. Il s’agit de faire reconnaître le caractère gravement fautif et systémique d’une série d’actes manifestement illégaux.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/27/la-lancinante-question-de-la-complicite-francaise-dans-le-genocide-des-tutsi-du-rwanda/#comment-62711

    #france #rwanda #genocide

  • La France a-t-elle ’manqué de volonté’ pour arrêter le génocide des Tutsis au Rwanda ?

    Dans le cadre des trentièmes commémorations du génocide des Tutsis au Rwanda, Survie propose un colloque d’une journée à Paris dédiée aux développements récents concernant le traitement juridique des accusations de complicité de génocide visant des décideurs politiques et militaires français.

    INSCRIPTION GRATUITE ET OBLIGATOIRE ICI.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/27/la-lancinante-question-de-la-complicite-francaise-dans-le-genocide-des-tutsi-du-rwanda/#comment-62608

    #international #rwanda #tutsi #genocide

  • #Évacuations de #Libye : l’interminable #attente des migrants dans le #centre_de_transit de #Gashora au #Rwanda

    Depuis septembre 2019, le Rwanda accueille dans le centre de Gashora, à l’est du pays, des demandeurs d’asile évacués par l’#ONU des prisons libyennes. Depuis le pays est-africain, ces exilés attendent ensuite que leur dossier d’asile soit traité par un pays occidental. Irshad, jeune Darfouri, fait partie de ces « #évacués », mais son attente à Gashora s’éternise. Reportage.

    « Ne vous inquiétez pas, je vous trouverai », nous a assuré Irshad au téléphone alors que nous descendions du minibus au carrefour principal de Gashora, une petite ville située à 40 km au sud-est de Kigali, au Rwanda. Le jeune homme, de nationalité soudanaise, nous a rapidement fait signe en venant à notre rencontre sur la seule route bitumée de la ville. « Vous avez de la chance d’être venus maintenant, la route est enfin construite », sourit-il. « Elle est moins cahoteuse ».

    Irshad est l’un des 600 réfugiés du centre de transit de Gashora, qui accueille les migrants évacués de Libye dans le cadre d’un programme onusien appelé « #Mécanisme_de_transit_d'urgence » (#ETM). Mis en place par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (#HCR) en 2019, ce programme vise à évacuer les publics vulnérables des centres de détention libyens, de les installer dans le centre rwandais, puis de les transférer dans un pays occidental – où leur dossier d’asile est accepté. ETM prévoit aussi la possibilité de rentrer dans son pays d’origine ou même de rester au Rwanda.

    Sur la route principale de Gashora, ville située dans une région pauvre et encore meurtrie par le génocide d’il y a 30 ans, le revêtement de bitume a lui aussi été financé par le HCR. Nous marchons sur l’asphalte avec Irshad avant d’arriver devant la porte du #centre_de_transit. Le jeune homme nous invite à le suivre à l’étage d’un des bâtiments, dans une cafeteria avec vue sur la route flambant neuve. Nous apprenons qu’il s’agit du seul endroit à Gashora où les demandeurs d’asile du centre se retrouvent pour discuter et tuer le temps. Murs bleu turquoise et chaises en paille. Contrairement aux autres cafés du village, celui-ci ne sert pas de bière. « Et le cuisinier est érythréen », précise Irshad, nous faisant comprendre que la nourriture est bien meilleure ici que dans le reste du village.
    « J’ai des amis qui ont été acceptés en France et aux États-Unis »

    Le centre de Gashora est perçu par le HCR comme une réponse à la crise libyenne. Il permet dans le cadre du programme ETM d’offrir aux réfugiés un temps de répit au Rwanda avant de partir vers un pays tiers. Irshad, originaire du Darfour, attend cette fameuse réinstallation. Mais son transfert temporaire à Gashora s’est transformé en une attente permanente.

    Il pensait pourtant que quitter le Rwanda ne serait qu’une question de temps. « J’ai des amis qui ont été acceptés en France et aux États-Unis », explique-t-il. Un jeune Érythréen assis à côté de lui, dans le café, doit quitter Gashora le jour même. Sa demande d’asile a été acceptée en France.

    Mais pour Irshad, rien. Depuis son arrivée en 2022 au centre, il n’a toujours pas été « accepté » par un pays tiers. Sa demande de #réinstallation au Canada pour rejoindre sa sœur a été refusée il y a quelques mois. On ne lui a pas donné de raison, ni offert la possibilité de faire appel de la décision.

    Les pays tiers peuvent, en effet, refuser certains dossiers. Les demandeurs d’asile doivent alors recommencer les procédures à zéro, depuis le Rwanda, et déposer un nouveau dossier de réinstallation vers un autre État. Cela peut prendre des mois voire des années.

    « Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle ma demande vers le Canada a été refusée. Je vais devoir faire un nouveau dossier ailleurs, et cela risque de prendre des années […] Des demandeurs d’asile se trouvent à Gashora depuis l’ouverture de l’ETM en 2019 […] Ils essuient refus sur refus et n’ont d’autre choix que d’attendre et de continuer à déposer des demandes », continue le Soudanais.

    Un parcours du combattant déploré par les ONG. « En théorie, les gens ne sont pas censés rester plus de six mois, ici. Ceux qui sont orientés vers Gashora sont des personnes vulnérables et qui devraient avoir de fortes chances d’obtenir le statut de réfugié », explique R.S., un responsable d’une ONG internationale, sous couvert d’anonymat.

    L’enfer libyen

    Irshad a hâte de rejoindre un pays occidental et de laisser les traumatismes de son exil derrière lui. Le jeune Soudanais raconte son histoire, semblable à mille autres avant lui : il a rejoint la Libye avec son grand frère en 2018 avant d’être brutalement séparé de lui. « Nous sommes montés dans deux embarcations différentes pour rejoindre l’Europe. La sienne a rejoint l’Italie, la mienne a été interceptée par les gardes-côtes libyens », explique-t-il. Irshad réessaiera sept fois la traversée, en vain.

    Chacune des interceptions en mer l’a conduit en prison. En Libye, les autorités envoient automatiquement les migrants arrêtés en Méditerranée dans des centres de détention – où les exactions, les tortures, les viols sont légion. « Vous ne quittez la prison que si vous payez. Si vous ne pouvez pas payer, ils vous forcent à travailler. Vous devez essayer de rester en vie jusqu’à ce que quelqu’un paie pour vous ou qu’ils vous laissent partir », détaille-t-il en référence aux gardiens – ou aux milices - qui gèrent ces géôles libyennes.

    Autour de nous, d’autres personnes prennent des chaises et s’installent à notre table. Ce sont des amis d’Irshad, ils sont originaires d’Érythrée, de Somalie du Soudan : ils se sont tous rencontrés à Gashora. Ils se joignent à la conversation. Leurs témoignages sur les mois passés en Libye font écho à l’histoire d’Irshad. Certains montrent les cicatrices laissées par les tortures qu’ils ont subies en détention, des marques luisantes sur leurs bras, leurs jambes et leur dos.

    C’est aussi pour tenter de rompre ce cycle de violences que l’ONU a ouvert le centre de transit de Gashora. « J’ai accepté le programme du HCR parce que tout est mieux que d’être en Libye », continue Irshad. « Mais je ne savais pas que je resterais coincé ici pendant des années ».

    « Il ne fait aucun doute qu’il vaut mieux être transféré au Rwanda que de rester en détention en Libye », explique de son côté l’humanitaire R.S. « Mais l’ETM n’est pas la solution miracle. C’est un moyen d’essayer de répondre en urgence à la situation dramatique qui prévaut en Libye. Mais ce n’est pas un exemple à suivre ». Sans compter que le centre de Gashora ne compte que 600 places. L’ONU estimait en décembre 2023 que le nombre de migrants en Libye dépassait les 700 000.

    Le Rwanda, une alternative fiable pour les Européens

    Aujourd’hui, de nombreux pays de l’Union européenne (UE) considèrent le Rwanda comme un partenaire potentiel dans leur politique migratoire - alors même que le régime de Paul Kagame fait l’objet d’une surveillance internationale pour ses atteintes aux droits de l’Homme.

    En juillet dernier, le nouveau Premier ministre travailliste du Royaume-Uni, Keir Starmer, a mis fin au controversé « Plan Rwanda » qui prévoyait d’envoyer les migrants arrivés illégalement par « small boats » au Rwanda. Malgré l’échec de cet accord, l’externalisation de l’asile vers des pays tiers est toujours une option envisagée par de nombreux États membres de l’UE. L’Italie, par exemple, construit actuellement deux centres de détention en Albanie pour traiter les demandes d’asile des personnes secourues en mer.

    En mai dernier, les ministres de l’Intérieur de 15 États membres de l’UE ont même signé une lettre adressée à Ylva Johansson, alors commissaire européenne aux Affaires intérieures, décrivant l’externalisation de l’asile vers des « pays tiers sûrs » comme une solution à la migration irrégulière. Ils ont également cité l’ETM comme un modèle de « solution durable ».

    Mais le pays plait-il vraiment aux exilés ? Bien que le programme ETM offre la possibilité d’un séjour permanent au Rwanda, aucune des 2 000 personnes passées par Gashora n’a choisi d’y rester. « Personne ne veut rester au Rwanda », déclare Irshad, en regardant ses camarades. « Ce n’est pas parce que le Rwanda n’est pas sûr », poursuit-il. « Le Rwanda est très sûr si vous ne créez pas d’ennuis. Le problème, c’est qu’on n’a aucune certitude. Quelles garanties avons-nous que nous ne serons pas renvoyés au Soudan ? »
    "Pas de travail au Rwanda"

    L’autre obstacle réside dans le manque de perspectives professionnelles et économiques. « Il n’y a pas de travail pour les réfugiés au Rwanda. C’est un fait », affirme Irshad.

    Les demandeurs d’asile du camp de Gashora ne sont pas autorisés à travailler, même si nombre d’entre eux se rendent dans les villes voisines et arrondissent l’allocation hebdomadaire qui leur est versée en travaillant au noir. "Vous savez combien je touche pour une journée de travail à Kigali ? demande Irshad. « 2 000 francs rwandais [environ 1,5 dollar américain]. Ici, un paquet de cigarettes coûte 1 500 francs rwandais. Comment pouvez-vous survivre ainsi ? »

    « Je suis reconnaissant [envers l’ONU et le Rwanda] de m’avoir permis de quitter la Libye. Mais faire venir des migrants depuis l’Europe jusqu’ici pour traiter leur demande d’asile, c’est une très mauvaise idée. Les Rwandais ont du mal à trouver du travail. Comment peut-on s’attendre à ce que des réfugiés traumatisés par l’exil, qui ne connaissent pas le pays, ne parlent pas la langue puissent le faire ? »

    https://www.infomigrants.net/fr/post/60501/evacuations-de-libye--linterminable-attente-des-migrants-dans-le-centr

    ping @karine4 @_kg_

    • Citation :

      Depuis septembre 2019, le Rwanda accueille dans le centre de Gashora, à l’est du pays, des demandeurs d’asile évacués par l’#ONU des prisons libyennes. Depuis le pays est-africain, ces exilés attendent ensuite que leur dossier d’asile soit traité par un pays occidental. Irshad, jeune Darfouri, fait partie de ces « #évacués », mais son attente à Gashora s’éternise.

      Voilà un nouveau mot à ajouter à la liste de #mots pour désigner les personnes en migration : « évacués »
      –—

      ajouté à la métaliste sur les mots de la migration :
      https://seenthis.net/messages/414225
      #vocabulaire #terminologie #mots

  • Ruben Morin : Charles Onana devant la justice
    Négationnisme

    Ce 7 octobre débutera le procès du « journaliste » Charles Onana et des éditions du Toucan. La suite d’une plainte pour contestation de crime contre l’humanité déposée par plusieurs associations, dont Survie.

    « La thèse conspirationniste d’un régime hutu ayant planifié un “génocide” au Rwanda constitue l’une des plus grandes escroqueries du XXe siècle ». C’est ce qu’écrit Charles Onana à la page 198 de son livre Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise – Quand les archives parlent, paru en 2019 [1]. Le journaliste y affirme également que « le conflit et les massacres du Rwanda n’ont rien à voir avec le génocide des Juifs » (p.34). Ou encore : « Continuer à pérorer sur un hypothétique “plan de génocide” des Hutus ou une pseudo-opération de sauvetage des Tutsis par le FPR est une escroquerie, une imposture et une falsification de l’histoire » (p.460).

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/27/la-lancinante-question-de-la-complicite-francaise-dans-le-genocide-des-tutsi-du-rwanda/#comment-62541

    #international #rwanda #genocide #tutsi #négationisme

  • Expulsions à Mayotte : Bruno Retailleau annonce des « vols groupés » de Congolais en situation irrégulière - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60319/expulsions-a-mayotte--bruno-retailleau-annonce-des-vols-groupes-de-con

    Expulsions à Mayotte : Bruno Retailleau annonce des « vols groupés » de Congolais en situation irrégulière
    Par La rédaction Publié le : 03/10/2024
    Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé que des vols allaient décoller ce mois d’octobre pour ramener chez eux des Congolais en situation irrégulière. Les Africains de la région des Grands Lacs sont de plus en plus nombreux à entrer de manière clandestine à Mayotte. Depuis des années, l’île française n’arrive plus à faire face au flux d’arrivées de migrants.
    Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir ordonné au préfet de Mayotte, archipel français dans l’océan Indien, d’organiser des « vols groupés » pour reconduire les ressortissants en situation irrégulière de République démocratique du Congo (RDC) dans leur pays."Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte [en a eu] l’instruction", a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement.
    L’entourage du ministre a précisé à l’AFP que quatre vols groupés avaient été organisés depuis février et qu’il y en a « au moins trois prévus pour le seul mois d’octobre pour vider en partie le centre de rétention administrative » (CRA) de Mayotte.La coopération avec la RDC est « excellente », selon la même source. Le ministre français de l’Intérieur a également annoncé des « accords de sécurité bilatéraux avec les pays » de la zone de l’Afrique des Grands Lacs (RDC, Burundi, Rwanda, Tanzanie) pour « arrêter les flux ».
    Depuis la fin des années 2010, des centaines de migrants originaires de l’Afrique des Grands Lacs, en particulier de la République démocratique du Congo et du Rwanda rentrent chaque année sans autorisation à Mayotte après un voyage en « kwassa kwassa » (petites barques en bois) depuis les côtes de l’Afrique de l’Est, de Madagascar ou des Comores voisines.
    Au 1er décembre 2023, les Africains représentaient 48% des 3 000 demandes d’asile déposées sur l’année dans le 101e et dernier département français. En 2022, ils comptaient pour 25% des dossiers examinés par la France. Une hausse qui inquiète les autorités. « C’est une situation que l’on ne connaissait pas il y a encore 10 ans, et qui prend aujourd’hui des proportions considérables », confirmait déjà en février 2022 à InfoMigrants un policier en fonction sur l’île.
    À Mayotte, le réseau d’hébergement des demandeurs d’asile – un statut qui octroie aux exilés le droit d’être hébergé par l’État - est complètement saturé. Ses 600 places sont occupées en permanence. Les migrants et les demandeurs d’asile s’installent donc dans des camps de fortune, notamment celui du stade de Cavani, à Mamoudzou, le chef-lieu de l’île - désormais démantelé. Mais cette situation a provoqué des tensions avec des habitants : les exilés se disent régulièrement victimes de violences et d’intimidations d’une partie de la population du territoire.
    « Les agressions sont quotidiennes, encore plus récurrentes que lorsque nous étions dans le camp », racontait en juin à InfoMigrants Desire*, une Rwandaise qui a vécu trois mois à Cavani. Elle décrivait des prises à partie qui interviennent de jour comme de nuit par des « jeunes délinquants » armés de bâtons, machettes et pierres.Au mois de janvier 2024, les habitants de l’île, excédés, avaient aussi bloqué les principaux axes routiers de l’île principale.
    Pour désengorger Mayotte, les autorités françaises ont également mis en place un dispositif permettant à toutes les personnes ayant obtenu le statut de réfugié d’obtenir un « laissez passer » afin de prendre l’avion et rejoindre la Métropole, à condition de pouvoir payer le billet d’avion. Près de la moitié des habitants ne possèdent pas la nationalité française à Mayotte, où la population au 1er janvier était estimée à 321 000 personnes par l’Institut national de la statistique (Insee).

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#RDC#charter#migrationirreguliere#violence#rwanda#politiquemigratoire#sante

  • UN NÉGATIONNISME FRANÇAIS

    Si le négationnisme de la Shoah a été le fait d’individus isolés ou de réseaux d’extrême-droite, ainsi que du Front national jusque dans les années 2000, il n’en va pas de même du négationnisme du génocide des Tutsis, qui a été nourri, avant le rapport de la commission Duclert, par une grande partie de la classe politique et de l’appareil d’État français.

    https://survie.org/billets-d-afrique/2024/337-juin-2024/article/un-negationnisme-francais
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/27/la-lancinante-question-de-la-complicite-francaise-dans-le-genocide-des-tutsi-du-rwanda/#comment-62466

    #france #rwanda #génocide #negationisme

  • Rwanda : une décision très attendue sur les complicités françaises dans le génocide des Tutsis ?

    Communiqué commun LDH et FIDH

    La cour d’appel de Paris rendra sa décision le 11 décembre 2024 dans l’affaire Turquoise. Elle aura à se prononcer sur le non-lieu rendu par les juges d’instruction en charge de l’affaire, alors que les autorités militaires et politiques françaises sont mises en cause pour leur implication dans le massacre de Bisesero, dans l’ouest du pays.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/27/la-lancinante-question-de-la-complicite-francaise-dans-le-genocide-des-tutsi-du-rwanda/#comment-62414

    #international #france #rwanda #tutusi #genocide

  • Immigration : le Britannique Keir Starmer intéressé par les « solutions » de l’extrême droite italienne
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/17/immigration-le-britannique-keir-starmer-interesse-par-les-solutions-de-l-ext

    Immigration : le Britannique Keir Starmer intéressé par les « solutions » de l’extrême droite italienne
    Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante) et Olivier Bonnel (Rome, correspondance)
    La complicité était évidente entre le Britannique Rishi Sunak, un conservateur défendant les expulsions de demandeurs d’asile vers le Rwanda, et Giorgia Meloni, la première ministre italienne et cheffe de file du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Malgré sa promesse de « changement » aux Britanniques, le travailliste Keir Starmer a multiplié, comme son prédécesseur, les démonstrations d’amitié à l’égard de son homologue italienne lors de sa première visite officielle à Rome, lundi 16 septembre.
    Sous un soleil radieux, avec, en toile de fond, la superbe Villa Doria Pamphilj, M. Starmer a trouvé « fantastique d’être ici » et a loué les « remarquables progrès » de l’Italie pour limiter les arrivées de migrants et lutter contre les gangs de passeurs. Il faut dire qu’au lendemain d’un nouveau drame dans la Manche – huit personnes ont perdu la vie dans le naufrage de leur fragile bateau, dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 septembre, au large du Pas-de-Calais –, le dirigeant est pressé d’apporter des réponses à l’arrivée continue de demandeurs d’asile sur le sol britannique − 801 personnes ont réussi la traversée du bras de mer, le 14 septembre, selon le Home Office.
    Avec presque 22 000 traversées, depuis le 1er janvier 2024, la migration est un sujet de préoccupation important outre-Manche. Les émeutes racistes du début d’août ont montré que des agitateurs d’extrême droite étaient capables d’exploiter les peurs et les fantasmes suscités par les migrants pour semer la violence. Downing Street s’inquiète aussi de la percée du parti antimigrants Reform UK, qui a réussi à faire élire cinq députés à la Chambre des communes aux élections générales en juillet.
    M. Starmer a donc adopté un discours dur, pas si éloigné de celui des conservateurs, à ceci près qu’il ne promet plus, comme Rishi Sunak, de « stopper » les bateaux traversant la Manche – il s’est empressé, à son arrivée à Downing Street, de mettre fin à l’« accord Rwanda », qui prévoyait d’envoyer des demandeurs d’asile à Kigali. Cet accord, initialement proposé par Boris Johnson, était « un gadget », a-t-il répété depuis Rome. Il a coûté des centaines de millions de livres sterling sans qu’aucun demandeur d’asile ait pu être expulsé, l’accord ayant été contesté en justice.
    Pour autant, la stratégie travailliste se limite, pour l’instant, à une lutte renforcée contre les passeurs avec la nomination, lundi, d’un « commandant à la sécurité des frontières », Martin Hewitt, un ex-chef de la police. Depuis le Brexit, le Royaume-Uni ne peut plus faire valoir le règlement de Dublin pour renvoyer des demandeurs d’asile ailleurs en Europe et il ne dispose plus de mécanisme pour décourager les passages − c’était le but de l’« accord Rwanda ». D’où l’intérêt de Londres pour les solutions migratoires italiennes, alors que les autorités transalpines se félicitent des derniers chiffres du ministère de l’intérieur montrant une baisse de 62 %, sur les six premiers mois de 2024, par rapport à la même période, en 2023, du nombre d’arrivées sur les côtes du pays (33 480 personnes).
    Mme Meloni vante un « modèle » transalpin, après avoir signé, fin 2023, un accord d’externalisation des demandes d’asile avec Tirana. Deux centres de rétention ont été construits en Albanie, aux frais de l’Italie, avec une capacité d’accueil de 3 000 personnes. Y seront détenus des migrants secourus par des navires militaires italiens dans les eaux internationales.
    Cet accord ressemble au britannique, en un peu moins dur : les personnes retenues en Albanie, dont la demande d’asile est acceptée, pourraient être accueillies en Italie − ceux qui auraient été envoyés au Rwanda ne pouvaient plus prétendre à l’asile au Royaume-Uni. L’accord albanais « pourrait être reproduit dans de nombreux pays et faire partie d’une solution structurelle pour l’Union européenne », se félicitait Giorgia Meloni, en juin, lors d’une visite en Albanie.
    Les centres d’accueil albanais ne sont toujours pas opérationnels et l’accord est coûteux : 800 millions d’euros sur les cinq prochaines années, selon le ministère de l’intérieur italien. Dans la Péninsule, de nombreuses voix ont dénoncé un « gâchis d’argent public ». Et l’accord avec Tirana « viole le droit d’asile inscrit dans la Constitution », a accusé la secrétaire générale du Parti démocrate (centre gauche).
    Keir Starmer est « très intéressé » par cet accord albanais, a pourtant assuré Mme Meloni, lundi, ce que le dirigeant britannique s’est bien gardé de confirmer. Il a préféré louer l’autre volet du « plan Meloni », la coopération renforcée avec les pays d’Afrique pour tenter notamment, par l’aide au développement, de traiter les causes de la migration. Lors d’un sommet Italie-Afrique, en janvier, à Rome, Giorgia Meloni a reçu les représentants de vingt-six pays africains et les autorités de l’Union européenne. Un accord bilatéral a été signé avec la Côte d’Ivoire pour lutter contre le trafic d’êtres humains. Des négociations similaires sont en cours avec la Guinée et l’Egypte. M. Starmer ne devrait pas copier la stratégie « coûteuse et inefficace » de l’Italie, surtout l’accord avec l’Albanie, a cependant mis en garde l’International Rescue Committee (IRC), une importante ONG de protection des réfugiés, présidée par David Miliband, ex-ministre des affaires étrangères de Gordon Brown et frère du ministre à l’énergie de Keir Starmer.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#royaumeuni#politiquemigratoire#accordmigratoire#albanie#rwanda#asile#droit#sante

  • La France a-t-elle ’manqué de volonté’ pour arrêter le génocide des Tutsis au Rwanda ?

    Dans le cadre des trentièmes commémorations du génocide des Tutsis au Rwanda, Survie propose un colloque d’une journée à Paris dédié aux développements récents concernant le traitement juridique des accusations de complicité de génocide envers l’État français.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/27/la-lancinante-question-de-la-complicite-francaise-dans-le-genocide-des-tutsi-du-rwanda/#comment-62266

    #france #rwanda #genocide #tutsi

  • Responsabilités politiques : briser le déni français

    Dans son dernier livre [1], l’historien Vincent Duclert dénonce, avec des limites, les responsabilités de l’État français dans le génocide des Tutsis au Rwanda et le déni persistant aujourd’hui quant à cette politique.

    Il a approfondi les recherches effectuées par la commission qu’il a présidée pendant deux ans et qui avait abouti en 2021 à la publication du rapport éponyme. Au travail mené sur les archives françaises de la période 1990-1994 qui avaient été mises à sa disposition, Vincent Duclert a ajouté d’autres sources ainsi que de nombreux articles de presse. Il pointe clairement les responsabilités écrasantes de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda, comme cela avait déjà été fait dans de nombreux ouvrages, dont ceux de François-Xavier Verschave, de Jean-Paul Gouteux, de Raphaël Doridant et François Graner, de Jacques Morel [2], ainsi que dans son Rapport.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/13/responsabilites-politiques-briser-le-deni-fran

    #france #rwanda #tutsi

  • Germany : Migration commissioner proposes Rwanda deportations

    #Joachim_Stamp accused Russia and Belarus of encouraging migration to the EU as part of their “hybrid warfare.” These migrants should be sent to a third country such as Rwanda, he suggested.

    Amid Germany’s increasing debate over deportation policy, federal migration commissioner Joachim Stamp discussed the possibility of deporting migrants to Rwanda if there were difficulties returning them to their homelands.

    Speaking to the podcast Table.Briefings on Thursday, Stamp said that migrants coming to Germany via Russia and Belarus could be sent to the east African country.

    He described an influx of migrants from the two countries as part of Russian President Vladimir Putin and his Belarusian counterpart Aleksander Lukashenko’s “hybrid warfare” against the West.

    The pair are “deliberately sending migrants across the eastern border of the European Union,” Stamp said, adding that it was likely part of a plot to entice Syrian, Iraqi, and Afghan refugees to reach Europe by way of Minsk and Moscow.

    Stamp, a member of the neoliberal Free Democrats (FDP), said that the German government “could utilize the existing structures that were originally prepared for the British.”

    Successive conservative UK governments had sought a wide-ranging deal to send large numbers of asylum seekers to Rwanda. However, this plan was declared unlawful by the country’s high court and was eventually scrapped after Prime Minister Keir Starmer came to power.
    Deportation top priority for Scholz government

    Stamp added the caveat, however, that this would require Germany to amend some of its deportation laws. Currently, migrants can only be deported to a country beside their homeland if they have some connection to it, such as relatives residing there.

    Deportation has become a hot topic in Germany following a deadly knife attack in the city of Solingen by a rejected Syrian asylum-seeker who had been slated for deportation. Further complicating deportations to places like Syria and Afghanistan is that a person’s homeland has to be both willing to receive them and considered safe.

    In the wake of the Solingen attack, Chancellor Olaf Scholz has vowed to present new draft laws to speed up deportations by December.

    https://www.infomigrants.net/en/post/59669/germany-migration-commissioner-proposes-rwanda-deportations

    #Allemagne #Rwanda #externalisation #migrations #réfugiés #asile
    #guerre_hybride #Russie #Ukraine

    –-

    ajouté à la métaliste sur les tentatives de différentes pays européens d’#externalisation non seulement des contrôles frontaliers (https://seenthis.net/messages/731749), mais aussi de la #procédure_d'asile dans des #pays_tiers :
    https://seenthis.net/messages/900122