• Au #Sénégal, la farine de poisson creuse les ventres et nourrit la rancœur

    À #Kayar, sur la Grande Côte sénégalaise, l’installation d’une usine de #farine_de_poisson, destinée à alimenter les élevages et l’aquaculture en Europe, a bouleversé l’économie locale. Certains sont contraints d’acheter les rebuts de l’usine pour s’alimenter, raconte “Hakai Magazine”.
    “Ils ont volé notre #poisson”, affirme Maty Ndau d’une voix étranglée, seule au milieu d’un site de transformation du poisson, dans le port de pêche de Kayar, au Sénégal. Quatre ans plus tôt, plusieurs centaines de femmes travaillaient ici au séchage, au salage et à la vente de la sardinelle, un petit poisson argenté qui, en wolof, s’appelle yaboi ou “poisson du peuple”. Aujourd’hui, l’effervescence a laissé place au silence.

    (#paywall)

    https://www.courrierinternational.com/article/reportage-au-senegal-la-farine-de-poisson-creuse-les-ventres-

    #élevage #Europe #industrie_agro-alimentaire

    • Un article publié le 26.06.2020 et mis à jour le 23.05.2023 :

      Sénégal : les usines de farines de poisson menacent la sécurité alimentaire

      Au Sénégal, comme dans nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, le poisson représente plus de 70 % des apports en protéines. Mais la pêche artisanale, pilier de la sécurité alimentaire, fait face à de nombreuses menaces, dont l’installation d’usines de farine et d’huile de poisson. De Saint-Louis à Kafountine, en passant par Dakar et Kayar… les acteurs du secteur organisent la riposte, avec notre partenaire l’Adepa.

      Boum de la consommation mondiale de poisson, accords de #pêche avec des pays tiers, pirogues plus nombreuses, pêche INN (illicite, non déclarée, non réglementée), manque de moyens de l’État… La pêche sénégalaise a beau bénéficier de l’une des mers les plus poissonneuses du monde, elle fait face aujourd’hui à une rapide #raréfaction de ses #ressources_halieutiques. De quoi mettre en péril les quelque 600 000 personnes qui en vivent : pêcheurs, transformatrices, mareyeurs, micro-mareyeuses, intermédiaires, transporteurs, etc.

      Pourtant, des solutions existent pour préserver les ressources : les aires marines protégées (AMP) et l’implication des acteurs de la pêche dans leur gestion, la création de zones protégées par les pêcheurs eux-mêmes ou encore la surveillance participative… Toutes ces mesures contribuent à la durabilité de la ressource. Et les résultats sont palpables : « En huit ans, nous sommes passés de 49 à 79 espèces de poissons, grâce à la création de l’aire marine protégée de Joal », précise Karim Sall, président de cette AMP.

      Mais ces initiatives seront-elles suffisantes face à la menace que représentent les usines de farine et d’huile de poisson ?

      Depuis une dizaine d’années, des usines chinoises, européennes, russes, fleurissent sur les côtes africaines. Leur raison d’être : transformer les ressources halieutiques en farines destinées à l’#aquaculture, pour répondre à une demande croissante des consommateurs du monde entier.

      Le poisson détourné au profit de l’#export

      Depuis 2014, la proportion de poisson d’élevage, dans nos assiettes, dépasse celle du poisson sauvage. Les farines produites en Afrique de l’Ouest partent d’abord vers la #Chine, premier producteur aquacole mondial, puis vers la #Norvège, l’#Union_européenne et la #Turquie.

      Les impacts négatifs de l’installation de ces #usines sur les côtes sénégalaises sont multiples. Elles pèsent d’abord et surtout sur la #sécurité_alimentaire du pays. Car si la fabrication de ces farines était censée valoriser les #déchets issus de la transformation des produits de la mer, les usines achètent en réalité du poisson directement aux pêcheurs.

      Par ailleurs, ce sont les petits pélagiques (principalement les #sardinelles) qui sont transformés en farine, alors qu’ils constituent l’essentiel de l’#alimentation des Sénégalais. Enfin, les taux de #rendement sont dévastateurs : il faut 3 à 5 kg de ces sardinelles déjà surexploitées [[Selon l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO)]] pour produire 1 kg de farine ! Le poisson disparaît en nombre et, au lieu d’être réservé à la consommation humaine, il part en farine nourrir d’autres poissons… d’élevage !

      Une augmentation des #prix

      Au-delà de cette prédation ravageuse des sardinelles, chaque installation d’usine induit une cascade d’autres conséquences. En premier lieu pour les mareyeurs et mareyeuses mais aussi les #femmes transformatrices, qui achetaient le poisson directement aux pêcheurs, et se voient aujourd’hui concurrencées par des usines en capacité d’acheter à un meilleur prix. Comme l’explique Seynabou Sene, transformatrice depuis plus de trente ans et trésorière du GIE (groupement d’intérêt économique) de Kayar qui regroupe 350 femmes transformatrices : « Avant, nous n’avions pas assez de #claies de #séchage, tant la ressource était importante. Aujourd’hui, nos claies sont vides, même pendant la saison de pêche. Depuis 2010, quatre usines étrangères se sont implantées à Kayar, pour transformer, congeler et exporter le poisson hors d’Afrique, mais elles créent peu d’#emploi. Et nous sommes obligées de payer le poisson plus cher, car les usines d’#exportation l’achètent à un meilleur prix que nous. Si l’usine de farine de poisson ouvre, les prix vont exploser. »

      Cette industrie de transformation en farine et en huile ne pourvoit par ailleurs que peu d’emplois, comparée à la filière traditionnelle de revente et de transformation artisanale. Elle représente certes un débouché commercial lucratif à court terme pour les pêcheurs, mais favorise aussi une surexploitation de ressources déjà raréfiées. Autre dommage collatéral enfin, elle engendre une pollution de l’eau et de l’air, contraire au code de l’environnement.

      La riposte s’organise

      Face à l’absence de mesures gouvernementales en faveur des acteurs du secteur, l’#Adepa [[L’Adepa est une association ouest-africaine pour le développement de la #pêche_artisanale.]] tente, avec d’autres, d’organiser des actions de #mobilisation citoyenne et de #plaidoyer auprès des autorités. « Il nous a fallu procéder par étapes, partir de la base, recueillir des preuves », explique Moussa Mbengue, le secrétaire exécutif de l’Adepa.

      Études de terrain, ateliers participatifs, mise en place d’une coalition avec différents acteurs. Ces actions ont permis d’organiser, en juin 2019, une grande conférence nationale, présidée par l’ancienne ministre des Pêches, Aminata Mbengue : « Nous y avons informé l’État et les médias de problèmes majeurs, résume Moussa Mbengue. D’abord, le manque de moyens de la recherche qui empêche d’avoir une connaissance précise de l’état actuel des ressources. Ensuite, le peu de transparence dans la gestion d’activités censées impliquer les acteurs de la pêche, comme le processus d’implantation des usines. Enfin, l’absence de statistiques fiables sur les effectifs des femmes dans la pêche artisanale et leur contribution socioéconomique. »

      Parallèlement, l’association organise des réunions publiques dans les ports concernés par l’implantation d’usines de farines et d’huile de poisson. « À Saint-Louis, à Kayar, à Mbour… nos leaders expliquent à leurs pairs combien le manque de transparence dans la gestion de la pêche nuit à leur activité et à la souveraineté alimentaire du pays. »

      Mais Moussa Mbengue en a conscience : organiser un plaidoyer efficace, porté par le plus grand nombre, est un travail de longue haleine. Il n’en est pas à sa première action. L’Adepa a déjà remporté de nombreux combats, comme celui pour la reconnaissance de l’expertise des pêcheurs dans la gestion des ressources ou pour leur implication dans la gestion des aires marines protégées. « Nous voulons aussi que les professionnels du secteur, conclut son secrétaire exécutif, soient impliqués dans les processus d’implantation de ces usines. »

      On en compte aujourd’hui cinq en activité au Sénégal. Bientôt huit si les projets en cours aboutissent.

      https://ccfd-terresolidaire.org/senegal-les-usines-de-farines-de-poisson-menacent-la-securite-a

      #extractivisme #résistance

    • Moi je trouve que c’est du foutage de gueule. Si y a besoin d’un site pour donner ses surplus de fruits, il doit y avoir un souci quelque part.

      Y a toute une constellation d’initiatives comme ça qui « encouragent » à zapper ses voisins pour se retrouver dans des cercles de gens similaires à soi (biais écologie / internet), où à faire des choses pour les autres sans les rencontrer.

      La caricature pour moi c’est les Incroyables comestibles,

      Y a plus de place pour facebook que pour les personnes pour qui ils sont censés faire tout ça

    • Je serais pas si catégorique sur cette initiative-là, dans le sens où je ne la vois pas tant « encourager » à zapper son voisinage, plutôt à en chercher un différent. Tout le monde n’a pas un voisinage immédiat avec qui établir ce type d’échanges (exemple : quartier rempli de résidences secondaires, cercle d’amis non intéressées par le chou branchu ou l’Apios americana, etc...).
      Ça peut permettre d’établir des contacts. Après, il y a effectivement le biais internet, mais rien n’empêche de fonctionner en plus low-tech (coller des petites annonces ça et là...)

    • En ce moment, j’ai l’impression que grâce à internet on va pouvoir échanger des cageots de pommes contre.. des cageots de pommes :-)
      Je fais de l’ironie mais globalement je ne fais pas la fine bouche, de toutes façons la télé nous a déjà radicalement éloignés de nos voisins, Cabrel nous avait prévenu en 1979. Ne désespérons pas, peut être qu’internet nous fera à terme retrouver nos voisins !

      LES VOISINS
      Paroles et musique : Francis Cabrel

      Ils vivaient dans de mondes lointains où ils étaient des voisins
      Chacun d’eux sagement replié sur son bout de palier
      Il y a tellement de gens malhonnêtes qu’il faut bien qu’on s’inquiète
      Ils rêvaient à peu près chaque nuit qu’ils seraient des amis

      Ils s’échangeaient des mots sans chaleur dans le même ascenseur
      Ils couraient fermer à tout allure leur quarante serrures
      Puis il s’endormaient dans les filés d’un poste de télé
      En rêvant à peu près chaque nuit qu’il seraient des amis

      Ils avaient lu leur nom sur le dos d’une boîte aux lettres
      Ils pensaient que c’était bien assez se connaître
      Pourtant ils se sentaient sourire
      Et même ils s’entendaient dormir
      Mais ils ne se sont jamais rencontrés ils ont déménagé

      Ils vivaient dans de mondes lointains où ils étaient des voisins
      Mais chacun son côté de cloison et chacun son feuilleton
      Ils fermaient les volets de leur coeur tous les soirs à dix heure
      En rêvant à peu près chaque nuit qu’ils seraient des amis

      Ils avaient lu leur nom sur le dos d’une boîte aux lettres
      Ils pensaient que c’était bien assez se connaître
      Pourtant ils se sentaient sourire
      Et même ils s’entendaient dormir
      Mais ils ne se sont jamais rencontrés puisqu’ils se disaient :

      « C’est pas la peine d’aller leur parler puisqu’on a la télé »
      "C’est pas la peine de se chercher des mots puisqu’on a la radio"
      « C’est pas la peine de se donner du mal puisqu’on a le journal »

      « C’est pas la peine d’aller leur parler puisqu’on a la télé »
      "C’est pas la peine de se chercher des mots puisqu’on a la radio"
      « C’est pas la peine de se donner du mal puisqu’on a le journal »

      « C’est pas la peine d’aller leur parler puisqu’on a la télé »
      "C’est pas la peine de se chercher des mots puisqu’on a la radio"
      « C’est pas la peine de se donner du mal puisqu’on a le journal »

    • Ce qui me choque avec le site d’échange de fruits, c’est que c’est une ressource qui trouve très facilement preneur. Autant des sites comme http://fr.freecycle.org‎ sont un peu plus utiles car des fois c’est difficile ou pénible de trouver des amis qui veulent un grille pain ou une plaque de cuisson.

      Et je rejoins @aude_v sur le côté national, le fait que ce soit national provoquera sans doute la perte de ce site, car il y aura surement trop peu de relais à un endroit précis pour créer un effet de seuil. Il me semble que j’en ai vu des dizaines de sites de ce genre (prête/cherche un jardin par exemple).

      Pour les courgettes, il faut les faire sécher, voir le bouquin de #Carole_deppe ;)

    • Dans mon cas (loin d’être unique) c’est pas la télé qui m’a éloigné de mes voisins, c’est la gentrification/touristification d’anciens espaces ruraux périurbains qui a éloigné de moi ceux qui auraient pu être mes voisins. Ça a un côté pratique pour éviter les pollinisations croisées quand on récolte ses graines de légumes (pas un seul potager aux alentours), mais pour le reste ça lie la mocheté urbaine à l’absence d’échanges humains autres que formels et épisodiques.
      Donc je pense qu’une initiative de ce type, même top-down, reste malgré tout porteuse de potentiels non-récupérables par le top.

      EDIT @nicolasm effectivement les fruits ne sont pas parmi les choses les plus difficiles à faire circuler. je pensais plutôt aux potagers en fait.