« La tension monte dans les campagnes », qui attendent leurs saisonniers
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Je n’ai jamais connu de frontières autant fermées, souligne un cadre de la police nationale. Sauf cas exceptionnels validés au plus haut niveau, comme pour le seul ingénieur capable de régler une machine-outil dans une usine de masques, c’est zone d’attente pour tout le monde. » Jusqu’au zèle ? Le 23 avril, le tribunal administratif a annulé le placement en zone d’attente d’une Guinéenne résidant en Belgique et de sa fille de six mois, de nationalité belge, alors qu’elles ne faisaient que transiter par la France pour se rendre en train en Belgique, où la famille réside.En France, la mise sous cloche du territoire génère des tensions. D’après les données de la Mutualité sociale agricole, les travaux agricoles mobilisent plus de 600 000 saisonniers par an, dont 22,6 % d’étrangers. Certains sont déjà installés sur le territoire, d’autres arrivent au gré des récoltes, en particulier en Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur. L’état d’urgence sanitaire a eu pour conséquence d’empêcher leur venue. Pourtant, le 30 mars, la Commission européenne incitait les Etats membres à faciliter le passage des frontières pour les travailleurs agricoles, « indispensables à la sécurité alimentaire de l’UE ». « Ces recommandations n’ont pas de valeur juridique contraignante, souligne Ségolène Barbou des Places, professeure de droit européen à Paris-I-Panthéon-Sorbonne. On est sur une atteinte sans précédent à la liberté de circulation des travailleurs, qui est constitutive du marché intérieur. » Courant avril, des pays comme l’Allemagne ou l’Italie ont finalement rouvert leurs frontières aux saisonniers agricoles.
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