• Soutien d’Handi-Social à Karine Brailly, poussée à la mort parce que privée d’une vie digne - Handi-Social
    https://www.youtube.com/watch?v=oN7h7f01jPM

    Le 13 janvier 2025, Karine Brailly a confirmé à Jérôme Pélissier, un de ses amis militant d’Handi-Social, sa demande qu’Handi-Social médiatise et organise un rassemblement devant l’hôpital Purpan de Toulouse le 14 janvier à 14h afin de dénoncer les refus du CHU de Toulouse de lui permettre de continuer à vivre chez elle avec l’accompagnement qu’elle avait choisi et de lui refuser l’accès à des traitements thérapeutiques expérimentaux. Refus qui l’ont conduit à au moins accélérer le recours à la mort.

    [...]

    #Hospitalisée_de_force par la HAD Relais Santé en raison d’un manque d’#auxiliaires_de_vie, résultat de politiques nationales et départementales qui organisent la #maltraitance à domicile, Karine a été privée de ses outils de communication adaptés. Alors qu’elle souhaitait légitimement retourner vivre chez elle, accompagnée par un mandataire de son choix qui pouvait lui garantir des assistants-es de vie et une vie autonome, l’hôpital a refusé cette option. Au lieu de cela, l’#hôpital a tenté de l’envoyer dans une institution puis d’imposer à Karine le prestataire Vitalliance, connu pour ses pratiques maltraitantes et son incapacité à respecter les besoins fondamentaux des personnes qu’il accompagne. Une telle décision, contre l’avis de Karine, constitue une violence et violation flagrante de son droit à l’autodétermination et à la dignité.

    Face à cette situation insupportable, et faute de choix, Karine a finalement pris la décision de demander une #sédation_profonde, acceptée par ses médecins, qui lui ont refusé en même temps des conditions de vie digne.

    La sédation profonde fait durer la mise à mort, un alibi pour les médecins.

    #handicap #ségrégation #médecine #fin_de_vie #aide_à_mourir #loi_fin_de_vie

  • Affaire Pélicot : les #zones_d’ombre du #procès

    Le #verdict est tombé jeudi 19 décembre après trois mois et 17 jours d’un procès aussi médiatisé qu’insoutenable. L’ensemble des 51 prévenus de l’affaire tentaculaire des viols de Mazan a été reconnu coupable. Les peines de prison vont de 3 à 20 ans, la plus lourde étant pour #Dominique_Pélicot, qui avait commis et supervisé tous les viols de #Gisèle_Pélicot, sous l’#emprise de #produits_chimiques qui plongeaient la victime dans un #état_comateux. Pourtant, il reste de nombreuses zones d’ombre dans cette affaire, qui sont loin d’être résolues. Des questions auxquelles le procès n’a pas donné de réponse.

    Dominique Pélicot, prédateur depuis les années 1990

    Dominique Pélicot s’est présenté durant toute l’#audience comme un paisible retraité qui aurait « dérapé » sur ses vieux jours. L’homme est pourtant mis en cause pour le #viol et l’#assassinat d’une femme, et dans plusieurs autres affaires de viols et d’#agressions_sexuelles depuis les années 1990. Dans ces affaires, qui ne sont pas toutes formellement attribuées à Pélicot, le mode opératoire est identique : l’agresseur a pris rendez-vous auprès d’#agences_immobilières sous un #faux_nom et il est passé à l’acte dans l’agence ou dans un appartement.

    Dès 1991, #Sophie_Narme, âgée de 23 ans, est retrouvée nue, tuée après avoir été violée dans l’appartement qu’elle devait faire visiter à un client. Autre affaire en février 1994 à Vannes : Danielle H., 28 ans, agente immobilière, est bâillonnée, ligotée et violée. Quelques jours plus tard à Valenciennes, Céline L. âgée de 26 ans et agente immobilière est violée par un client.

    En septembre 1995, Céline D. est violée à Rambouillet, dans les Yvelines. Puis, c’est à Berre-l’Etang, dans les Bouches-du-Rhône, que Christine G. est retrouvée morte, dans son agence, en mai 2000. Enfin, en mars 2004, l’agression de Françoise L., également dans son agence, est interrompue par un témoin.

    En 1999, E. B., agente immobilière de 19 ans subit une tentative de viol très violente de la part de Dominique Pélicot, qui l’a droguée avec de l’#éther et menacée avec une arme. La victime parvient à s’échapper. Un ADN a été relevé dans le cadre de cette affaire. Il matche en 2010 : Dominique Pélicot !

    L’information est alors transmise au tribunal judiciaire de Meaux, où rien ne se passe. Plus aucun juge n’est saisi de cette enquête, un #non-lieu avait été rendu en 2001. Malgré la concordance de l’ADN, l’enquête n’est pas relancée, alors qu’elle aurait pu mettre un terme aux agissement de Pélicot.

    Le dossier sera finalement rouvert après l’affaire de Mazan. Lors d’une confrontation réalisée plus de 20 ans après les faits, Pélicot évoque une « chamaillerie » avec la victime. Il euphémise, mais reconnaît tout de même les faits. Il aura fallu attendre deux décennies et la médiatisation de Mazan pour que la justice enquête sérieusement…

    Le 30 juillet 2010, Pélicot est interpellé dans un centre commercial de Seine-et-Marne

    Il a été surpris en train de filmer sous les jupes des clientes, avec une caméra miniature cachée dans un stylo. C’est exactement pour les mêmes faits qu’il tombera en septembre 2020. Pourtant, en 2010, l’enquête n’est pas poussée plus loin. Il écope seulement d’une amende de 100 € dans le cadre d’une composition pénale. Une sanction légère et discrète, qui lui permet de tout cacher à son épouse. « Si j’avais été au courant, peut-être que j’aurais gagné 10 ans de ma vie », a regretté Gisèle Pelicot.

    Pendant le procès des viols de Mazan, le juge a refusé catégoriquement que ces différentes affaires passées et que les enquêtes toujours en cours soient évoquées, alors qu’elles sont cruciales pour aborder la personnalité de Pélicot, qui a donné à la Cour l’image d’un retraité sans antécédents.

    De nombreux auteurs de viols filmés restent dans la nature

    Les vidéos et écrits retrouvés par les enquêteurs indiquent que, au minimum, entre 70 et 80 hommes ont abusé de Gisèle Pelicot. Seuls 50 ont été jugés et condamnés. Pire, des éléments laissent à penser que tout n’a pas été filmé et que d’autres viols auraient pu être commis ailleurs, en-dehors du domicile conjugal, comme sur des aires d’autoroute. Cela veut dire que plus de 30 suspects n’ont pas été identifiés, et ont donc échappé à la justice. Qui sont-ils ? Pourquoi n’ont-ils pas été retrouvés ?

    Le #site_internet cité dans le dossier est crucial

    Il a servi de vivier de recrutement, et se nommait #Coco.gg. C’est sur ce site qu’un forum entier baptisé « #À_son_insu » comportait des propositions de viols sous #sédation, de la part de Pélicot mais pas uniquement.

    Ce site a été créé en 2003, et la justice le considère comme un repaire pour les pédophiles et les prédateurs sexuels sur internet. Les accusés, qui prétendaient au procès avoir été piégés par Pélicot, ont menti : personne n’arrivait sur Coco.gg par hasard.

    Le site d’informations judiciaires « Le club des juristes » lie le site à des faits de « pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d’homicides » et évoque de très nombreuses plaintes liées à ce site, concernant au total plus de 23.000 faits, au préjudice de 480 victimes entre le 1er janvier 2021 et le 7 mai 2024. En trois ans seulement.

    Une enquête internationale a finalement abouti à la fermeture de Coco.gg le 25 juin 2024, à la demande de la juridiction nationale en charge de la lutte contre la criminalité organisée du parquet de Paris. Juste avant le procès de Dominique Pélicot. Ce site était une mine d’information, et il est aujourd’hui clôturé. Les administrateurs du site n’ont pas répondu aux demandes de la juge dans l’affaire de Mazan. Des données sont-elles conservées quelque part ? Pourquoi la justice ne va-t-elle pas les chercher ?

    Des complicités médicales ?

    Pélicot n’a jamais expliqué comment il s’était procuré une telle quantité de #somnifères très puissants, sur une durée aussi longue, pour droguer son épouse. Il fallait pourtant des #ordonnances régulières pendant une décennie et hors normes en terme de quantité. Le #médecin du mis en cause a refusé d’être entendu par la juge, et n’a pas été poursuivi.

    Par ailleurs, pendant 10 ans, Gisèle Pélicot a fait état de pertes de mémoire, d’angoisses, d’inflammations gynécologiques… Ses proches la trouvaient perdue et épuisée, elle avait maigri de 10 kilos. Elle a passé de nombreux examens, sans que personne, jamais, ne soupçonne son calvaire. Comment est-ce possible ? S’agit-il d’une #négligence totale ou de #complicités dans le #corps_médical ? Au moins un des condamnés exerçait comme infirmier, et les enquêteurs ont retrouvé dans ses recherches en ligne les mots clés : « inceste », « soumission » et « young ».

    Des victimes non identifiées

    Non seulement tous les auteurs n’ont pas été retrouvés, mais toutes les victimes non plus. Parmi les 20.000 photos exhumées, d’autres femmes apparaissent, inconscientes et droguées. « Faute de moyens et de temps », l’enquête s’est arrêtée là selon la justice. Pourtant, Dominique Pélicot a pu se vanter d’avoir violé d’autres femmes auprès de ses coaccusés.

    Parmi les victimes identifiées, la fille de l’accusé Caroline, qui apparaît endormie dans des sous-vêtements inconnus, parties intimes apparentes, lumière allumée. A-t-elle été sédatée, violée ? Dominique Pélicot a nié durant le procès, alors qu’il avait par le passé demandé à ses petites-filles de soulever leur robe contre des bonbons, et que son petit-fils a depuis déposé plainte pour agressions sexuelles. Dans le cas de Caroline comme pour d’autres, la justice n’est pas allée chercher plus loin.

    Un réseau ?

    La plupart des accusés ont prétendu avoir rencontré Pélicot par hasard, en surfant sur le site #Coco, et ne pas le connaître, ni se connaître entre eux. La vraie nature des liens entre accusés n’a pas été réellement interrogée. Pourtant, plusieurs condamnés ont échangé par téléphone. Pourquoi ? Une chose est sûre, pendant le procès, plusieurs accusés se retrouvaient, discutaient et mangeaient ensemble pendant les pauses.

    Dans les années 1980 dans l’Yonne, l’affaire Dunand, concernant un vaste réseau de criminels séquestrant et torturant des jeunes filles de l’aide sociale à l’enfance, avait été clôturé de façon troublante par la justice. Le principal responsable, Claude Dunand, avait purgé une peine relativement clémente et était mort en 2021, emportant tous ses secrets dans sa tombe. Le procureur d’Auxerre avait déclaré que l’affaire avait « été sabotée ».

    https://contre-attaque.net/2024/12/28/affaire-pelicot-les-zones-dombre-du-proces
    #justice
    #procès_de_Mazan

  • Italie : des migrants drogués à leur insu par l’administration dans un centre de rétention - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54442/italie--des-migrants-drogues-a-leur-insu-par-ladministration-dans-un-c

    Centre de rétention administrative (CRA) Migrants Expulsions Drogues . Italie : des migrants drogués à leur insu par l’administration dans un centre de rétention
    Par Leslie Carretero Publié le : 11/01/2024
    Selon une enquête du parquet de Potenza, dans le sud de l’Italie, les conditions de vie dans le centre de rétention (CPR) de Palazzo San Gervasio sont « inhumaines ». Des étrangers enfermés dans la structure, en vue de leur expulsion, ont été forcés d’ingérer des médicaments, qui peuvent les rendre dépendants, afin de « contrôler illégalement l’ordre public ». Des violences physiques et des manquements dans l’accès aux services sanitaires, linguistiques et juridiques ont également été relevés. « L’enfer » du CPR (centre de rétention pour rapatriement) de Palazzo San Gervasio, dans le sud de l’Italie. C’est en ces termes que la structure a été décrite aux enquêteurs par une infirmière ayant travaillé un an et demi sur le site.
    L’enquête menée par le parquet de Potenza, et rendue publique mardi 9 janvier, révèle que 35 cas de mauvais traitements ont été constatés contre des personnes retenues entre 2018 (année d’ouverture du centre) et 2022. Ces maltraitances consistaient principalement en « l’administration massive » et forcée - voire parfois cachée - de drogues tranquillisantes dans le but de rendre les personnes inoffensives, « sans besoin avéré et sans leur consentement éclairé ». « L’usage [de ces médicaments] était totalement indépendant de la volonté du patient, mais correspondait au besoin spécifique [de l’administration] de contrôler illégalement l’ordre public » au sein du centre, assure le juge. Les recherches ont montré que « jusqu’à 1 315 paquets de gouttes et de comprimés de Rivotril avaient été prescrits » aux étrangers enfermés dans le CPR entre janvier et décembre 2018 et « 920 colis » livrés de janvier 2019 à août 2019.
    Et les faits ont perduré jusqu’à la fermeture du lieu, en 2022. Le 30 novembre 2021, un Tunisien de 40 ans est « immobilisé aux poignets et aux chevilles » avec « cruauté » pour l’obliger à « ingérer contre son gré des doses d’antipsychotiques et de tranquillisants » - comme le Rivotril, le Tafor et le Talofen - indique le rapport du procureur Francesco Curcio, dévoilé par la presse italienne. Le 10 mars 2022, c’est un Gambien de 31 ans qui reçoit du Valium par voie intramusculaire alors qu’il est, lui aussi, ligoté aux chevilles et aux poignets et maintenu au sol.
    En janvier 2023, une vidéo diffusée par la chaîne italienne Canale 5 montre un exilé assis sur un lit d’hôpital entouré de plusieurs policiers et d’une femme en blouse blanche. La scène se déroule dans le CPR de Palazzo San Gervasio. Un membre des forces de l’ordre faire pression sur l’homme pour qu’il ingurgite le traitement. « Prends-le ! Je ne vais pas le dire deux fois. Prends-le et je te lâche. Si tu ne le prends pas, tu restes là », entend-on dans l’enregistrement. Le migrant semble vouloir refuser d’ingérer le médicament. « Rovotril ? No Rovotril », dit-il. La femme en blouse blanche tend finalement un gobelet à un policier qui force l’homme à boire. « Avale, avale », insiste un autre agent.
    Ces médicaments, utilisés pour traiter l’anxiété, des symptômes dépressifs ou encore l’épilepsie, peuvent provoquer de fortes dépendances. La « sédation forcée continue » est une « atteinte à la dignité humaine et une violation de la liberté morale des victimes », et constitue un « risque réel de provoquer des phénomènes de toxicomanie », signale le juge. Le Rivotril, appelé « drogue du pauvre », est devenu le médicament le plus utilisé dans le CPR. Cet antiépileptique était acheté en grande quantité, grâce aux ordonnances des migrants ayant déjà quitté le centre, afin d’éviter une « révolte » des personnes devenues dépendantes. Lorsque la dépendance était devenue incontrôlable, l’administration diluait le médicament dans de l’eau, ou l’ajoutait au lait lors du déjeuner, pour en limiter la quantité. « Nous avons remarqué que ce médicament provoquait un état de stupeur chez les plus jeunes, ce qui nous a poussé à demander aux médecins de réduire les doses et de ne pas continuer à l’administrer. Cependant, il n’a jamais cessé d’être administré, même à fortes doses : jusqu’à 40 gouttes à la fois, parfois trois fois par jour », a expliqué une infirmière à la justice.
    Mais les dysfonctionnements découverts par les inspecteurs ne s’arrêtent pas là. Lors du contrat passé avec la préfecture, la société qui gère le site, Engel, s’était engagée à fournir des services sanitaires, linguistiques et juridiques aux migrants retenus. Or l’enquête a démontré qu’ils n’avaient pas été mis en place ou alors de manière insuffisante. Par ailleurs, la clinique installée dans la structure ne disposait pas d’eau courante et ne possédait pas d’instruments médicaux nécessaires à certaines consultations, comme un électrocardiogramme par exemple. Plusieurs cas de violences physiques ont également été répertoriés. Une infirmière évoque des patients traités avec « des contusions, des hématomes sur tout le corps, des fractures ». Les personnes enfermées, qui vivaient dans des « conditions inhumaines » selon la justice, pouvaient « développer des comportements obsessionnels, comme marcher en rond », a témoigné une autre. Au total, une trentaine de personnes sont visées par l’enquête et une dizaine sont mises en examen : des policiers, des médecins et des responsables du centre. Un inspecteur de police est assigné à résidence, un médecin a interdiction de pratiquer pendant un an et le directeur du centre ne peut plus diriger une entreprise pendant 12 mois. « La crédibilité de l’État est en jeu dans la gestion du CPR », a martelé le procureur Francesco Curcio. Un autre centre de rétention est également visé par la justice. Une enquête a révélé en décembre 2023 que dans le CPR de via Corelli, à Milan, les conditions de vie étaient aussi particulièrement difficiles. Le procureur a critiqué un système de santé « gravement déficient » : des étrangers souffrant de problèmes psychiatriques, atteint de maladie grave, comme des tumeurs au cerveau, ou sujets à des crises d’épilepsie n’ont jamais été soumis à des examens médicaux. Le manque de médicaments a été relevé par l’enquête, tout comme la « saleté » des dortoirs, l’état des sanitaires qualifiés d’"honteux" ou encore des aliments « malodorants, avariés, périmés ».Malgré les révélations sur ces centres, de nouvelles structures de ce type devraient bientôt voir le jour. Début mai 2023, le gouvernement italien a publié un nouveau texte, le décret Cruto - du nom d’une ville de Calabre où des dizaines de migrants avaient perdu la vie en février dans un naufrage - qui vise à diminuer les arrivées de migrants en Italie et à expulser un plus grand nombre de personnes en situation irrégulière. Les autorités veulent ainsi construire un CPR dans les 20 régions du pays. On en dénombre actuellement 10, pour une capacité totale de 1 500 places.

    #Covid-19#migrant#migration#italite#CPR#violence#santementale#antipsychotique#sedation#tranquillisant#sante#psychiatrie#retention

  • Je suis pour qu’on lui fasse subir ce qu’il a fait subir aux malades qui lui demandaient de les euthanasier.

    TEMOIGNAGE. « J’ai changé d’avis sur l’euthanasie » : un médecin en fin de vie raconte comment la maladie l’a transformé
    https://www.francetvinfo.fr/societe/euthanasie/temoignage-j-ai-change-d-avis-sur-l-euthanasie-un-medecin-en-fin-de-vie

    Du temps où il exerçait encore, le docteur Bail était un homme de principes. Du genre à vous réciter le serment d’Hippocrate, le code de déontologie médicale et le cinquième commandement. « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément », lui soufflait une petite voix. « Tu ne tueras point », répétait une autre. Droit dans sa blouse, il contournait les rares appels de patients qui lui demandaient une euthanasie en douce. « Je m’engageais à rester leur médecin jusqu’à la fin et je parvenais à apaiser leurs souffrances par mes visites et par ma maîtrise des morphiniques et des antalgiques », assure-t-il.

    Pionnier des soins palliatifs dans la région de Lannion, il professa à la faculté de médecine de Brest cet art qui consiste à soigner jusqu’au bout les patients que l’on ne peut plus guérir. Il fallut l’épreuve de la maladie, en 2019, pour le faire « changer d’avis » sur l’euthanasie et le suicide assisté. « En tant que médecin, je défendais le principe que chaque vie est digne d’être vécue. Je ne le renie pas, mais j’ai compris autre chose en tant que malade », explique-t-il.

    • Mariés depuis 47 ans, Philippe Bail et sa femme, Chantal, en conviennent : avoir recours à une euthanasie au début de la maladie les aurait « privés de beaucoup de choses ». Mais le têtu Breton n’a jamais renoncé à décider du moment de sa mort. Quand il le souhaitera, il pourra demander l’arrêt de son respirateur artificiel et être plongé dans un ultime coma pour mourir, chez lui, « en quelques heures », sans souffrir de l’asphyxie qui l’attend. Il bénéficiera d’une sédation profonde et continue, maintenue jusqu’au décès, une pratique inscrite dans la loi [depuis le 04/02/2016] pour les situations de pronostic vital engagé à court terme.

      "Cette garantie de liberté ultime m’a soulagé de l’angoisse du mourir et m’a permis de me consacrer à ma faim de vivre."

    • Droit dans sa blouse, il contournait les rares appels de patients qui lui demandaient une euthanasie en douce. « Je m’engageais à rester leur médecin jusqu’à la fin et je parvenais à apaiser leurs souffrances par mes visites et par ma maîtrise des morphiniques et des antalgiques », assure-t-il.

      Exactement le même modèle que le médecin responsable des hospitalisations à domicile lors de l’agonie de mon père. Ce dernier n’était plus qu’à demi-conscient, sous perf glucosée, s’étouffait à moitié dans ses glaires, et quand on demandait à ce toubib ne serait-ce qu’augmenter la morphine, tout juste s’il ne nous traitait pas d’assassins. Crevure, saloperie. Je ne suis pas près de l’oublier ce fumier.
      Heureusement que la médecin de famille était plus lucide, et vraiment présente, elle, pas une fois par semaine comme ce salopard non, tous les jours alors qu’elle était en congés.

  • Faire les deuils - Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2020/09/23/faire-les-deuils

    J’ai beaucoup hésité à écrire sur ce sujet (la maladie de ma mère, son agonie puis sa mort en juillet) et à le publier. Si j’ai l’habitude de prendre la colère comme moteur d’écriture, je ne suis pas sûre que les sentiments qui m’animent aujourd’hui me réussissent tout autant. Je ne suis pas non plus habituée à parler publiquement d’évènements aussi intimes. Mais je me dis que cracher tout cela publiquement me permettra de, peut-être, enfin réussir à dormir au lieu de ressasser ce qu’il s’est passé.

    Je me dis également que lorsque j’ai appris la maladie de ma mère et que j’ai cherché à me préparer à sa mort (ce fut un échec), j’aurais voulu (et non pas aimé) lire ce que je vais écrire là. Dans tout ce merdier, si je peux en tirer quelques analyses, si cela peut être utile à quelqu’un, toute cette souffrance n’aura peut-être pas été totalement vaine.

    Enfin les articles autour de Alain Cocq ont été l’ultime déclic. Cocq souffre d’une maladie dégénérative très douloureuse. Après le refus de Macron de lui permettre d’être sédaté jusqu’à sa mort, il a choisi d’arrêter ses soins, de boire et de manger. Tout ceci fut extrêmement médiatisé. A bout de souffrances, Cocq a décidé d’accepter les soins palliatifs et a repoussé ensuite sa décision de mourir. Et là il n’y avait plus aucun media s’intéressant à lui. J’aurais aimé savoir si Cocq avait, avant sa décision de mourir, bénéficié de soins palliatifs de qualité et si sa douleur avait convenablement été prise en charge. C’est une chose de vouloir mourir, c’en est une autre que de le vouloir parce que la médecine ne gère pas vos douleurs alors qu’elle peut le faire.

    #agonie #soin #soins_palliatifs #validisme #fin_de_vie #sédation_terminale

  • Fin de vie : la sédation profonde « peine à se mettre en place », Par François Béguin
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/11/29/fin-de-vie-la-sedation-profonde-peine-a-se-mettre-en-place_5390291_1651302.h

    Dans un rapport, le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie relève la « frilosité » des soignants à mettre en œuvre cette procédure

    C’était l’une des dispositions phares de la loi Claeys-Leonetti « créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie », promulguée le 2 février 2016. La #sédation_profonde et continue jusqu’au décès devait permettre, sous certaines conditions, aux patients qui en faisaient la demande de « dormir avant de mourir pour ne pas souffrir ». Combinée à un développement des #soins_palliatifs, la mesure devait contribuer à mettre fin au « mal mourir » en France.
    Près de trois ans plus tard, ce dispositif « peine à se mettre en place sur le terrain », constate le groupe de travail mandaté par le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV), dans un document publié mercredi 28 novembre. Cette difficulté de mise en œuvre de la loi est toutefois difficile à mesurer avec précision, le nombre de sédations profondes et continues mises en œuvre n’étant pas officiellement recensé. La première enquête quantitative menée par le CNSPFV en 2017 ne fournit pas non plus de résultat probant.

    Dans le sillage de l’inspection générale des affaires sociales, qui avait jugé en juin que le droit à bénéficier d’une telle sédation était « encore peu exercé et de manière très hétérogène », le CNSPFV fait état d’une « certaine frilosité » des équipes soignantes à mettre en œuvre cette procédure, même pour « l’accès à des pratiques sédatives banales qui ne posaient aucune question éthique jusque-là ». Conséquence : « Cela engendre de l’incompréhension, voire parfois de la colère chez les familles qui ont essayé de l’obtenir pour leur proche en #fin_de_vie et qui avaient compris que c’était devenu un droit acquis depuis la loi de 2016. »

    Ambiguïté originelle de la loi
    Selon la loi, un #médecin ne peut pas s’opposer à une demande de sédation profonde et continue de la part d’un patient atteint d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et qui présente une « souffrance réfractaire aux traitements » ou lorsque sa « décision d’arrêter un traitement engage son pronostic vital à court terme et est susceptible d’entraîner une souffrance insupportable »

    Or, dans les faits, « il y a une potentielle résistance médicale à ce droit », a fait valoir mercredi Valérie Mesnage, neurologue à l’hôpital Saint-Antoine à Paris et membre du groupe du travail. A l’origine de cette résistance, des « paradoxes » et des freins liés à l’ambiguïté originelle de la loi.
    Il y a d’abord la façon dont les patients formulent leur demande. Ils disent « vouloir être endormis », « que ça s’arrête », « ne plus souffrir », « ne pas vouloir mourir étouffé », sans forcément explicitement demander une « sédation profonde et continue jusqu’au décès ». En n’employant pas les termes consacrés par la loi, « cela peut créer un malaise chez les soignants, qui ne savent pas exactement ce que les patients entendent par les termes qu’ils utilisent et ce qu’ils attendent d’eux exactement », relèvent les auteurs de l’étude.

    Le CNSPFV estime par ailleurs que la loi Claeys-Leonetti, par son ambiguïté, a « échoué » à éloigner la question de l’#euthanasie, la différence entre #sédation_profonde_et_continue_jusqu’au_décès et euthanasie n’étant pas « perçue de façon si claire sur le terrain ». Certains patients s’en saisiraient d’ailleurs « pour qu’on les accompagne vers la mort à défaut de pouvoir avoir accès à une euthanasie active ».

    Réticences des équipes
    Autre frein pointé par le CNSPFV : les réticences des membres des équipes de soins palliatifs à mettre en place ce type de sédation irréversible, alors même qu’ils sont souvent les premiers à recevoir ce type de demande. « Or un certain nombre d’entre eux sont réservés vis-à-vis de cette pratique, estimant qu’elle n’est pas la plus conforme à l’accompagnement qu’ils souhaitent apporter aux patients en fin de vie », note le document.
    « Une demande de mort est souvent inacceptable pour une équipe, remarque Pascale Gabsi, psychologue clinicienne au CHU de Toulouse, qui raconte avoir dû « mener un combat au sein de son établissement pour faire appliquer la loi » et être devenue, pour cette raison, au fil des mois, « le bouc émissaire » de son équipe.

    #hôpital #mort

  • Comment devient-on djihadiste ?

    "L’offre djihadiste capte des jeunes qui sont en détresse du fait de failles identitaires importantes. Elle leur propose un idéal total qui comble ces failles, permet une réparation de soi, voire la création d’un nouveau soi, autrement dit une prothèse de croyance ne souffrant aucun doute. Ces jeunes étaient donc en attente, sans nécessairement montrer des troubles évidents. Dans certains cas, ils vivent des tourments asymptomatiques ou dissimulés  ; ce sont les plus imprévisibles, parfois les plus dangereux, ce qui se traduit après le passage à l’acte violent par des témoignages tels que  : «  C’était un garçon gentil, sans problème, serviable, etc.  » Dans d’autres cas, les perturbations se sont déjà manifestées à travers la délinquance ou la toxicomanie."

    "L’offre radicale répond à une fragilité identitaire en la transformant en une puissante armure. Lorsque la conjonction de l’offre et de la demande se réalise, les failles sont comblées, une chape est posée. Il en résulte pour le sujet une sédation de l’angoisse, un sentiment de libération, des élans de toute-puissance. Il ­devient un autre. Souvent, il adopte un autre nom. Voyez combien les discours des radicalisés se ressemblent, comme s’ils étaient tenus par la même personne  : ils abdiquent une large part de leur singularité. Le sujet cède à l’automate fanatique. Cela dit, il ne faut pas confondre expliquer et excuser  : l’analyse de la réalité subjective sous-jacente à ce phénomène ne signifie ni la folie ni l’irresponsabilité, sauf exception. De plus, le fait «  psy  » n’est pas un minerai pur, il se recompose avec le contexte social et politique.

    Les failles identitaires ne sont évidemment pas l’apanage des enfants de migrants ou de familles musulmanes, ce qui explique que 30 à 40 % des radicalisés soient des convertis. Ces sujets cherchent la radicalisation avant même de rencontrer le produit. Peu importe qu’ils ignorent de quoi est fait ce produit, pourvu qu’il apporte la «  solution  ». La presse a rapporté le cas de djihadistes qui avaient commandé en ligne l’ouvrage L’Islam pour les nuls . Aujourd’hui, l’islamisme radical est le produit le plus répandu sur le marché par ­Internet, le plus excitant, le plus intégral. C’est le couteau suisse de l’idéalisation, à l’usage des désespérés d’eux-mêmes et de leur monde."

    Fethi Ben­slama

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/11/12/pour-les-desesperes-l-islamisme-radical-est-un-produit-excitant_4808430_3224