#s-métolachlore

  • Qui pollue notre #eau_du_robinet ?

    #Hugo_Clément a enquêté sur la pollution et la #dépollution de l’eau du robinet en #France. Ainsi, que fait-on quand une #eau_potable dépasse les #seuils_de_pollution ? Elle est tout simplement mélangée avec une autre source, plus pure, et renvoyée dans le réseau. L’enquête révèle également que l’eau est de plus en plus contaminée par des résidus de #pesticides, des polluants de l’industrie ou même des restes des guerres. La conséquence directe en est que le #traitement_de_l'eau coûte plus cher. Certains citoyens se battent pour réduire les sources de pollution en amont plutôt que de financer des usines toujours plus perfectionnées et hors de prix.

    https://www.france.tv/france-5/sur-le-front/6668603-qui-pollue-notre-eau-du-robinet.html

    voir aussi :
    https://mamot.fr/@n1k0/113545804575956333

    #pollution #contamination #seuils #vidéo #chlorothalonil_dégradé #eau_en_bouteille #taux_de_pollution #conformité #santé_publique #supermarchés #Fiée_des_lois #puits #cancers

    • Alerte : #Déclassement d’un #métabolite du chlorothalonil par l’#Anses, un #pesticide très présent dans l’eau potable !

      Générations Futures s’inquiète des conséquences d’un tel déclassement et d’un déni de l’application du #principe_de_précaution.

      D’après un avis de l’Anses publié hier (https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2024/05/eaux2023sa0142.pdf), mercredi 22 mai, le métabolite du #fongicide interdit chlorothalonil #R471811, considéré pertinent jusqu’alors, est maintenant jugé par l’agence comme non pertinent. Une fois de plus, la façon dont l’Anses gère les incertitudes et la non application du principe de précaution dans cette évaluation interroge.

      Quelles sont les conséquences d’un tel déclassement ?

      Suite à ce nouveau classement, la norme de qualité, la #concentration_maximale tolérée pour juger l’eau “conforme”, est relevée de près de 10 fois : elle passe de 0,1 µg/L à 0,9 µg/L. Conséquence directe, toutes les situations pour lesquelles le R471811 se trouvait dans l’eau potable à des concentrations comprises entre 0,1 µg/L à 0,9 µg/L redeviennent “conformes”. D’après le dernier bilan de la qualité de l’eau potable vis à vis des pesticides publié par le ministère de la Santé, ces situations concernaient seulement 0,3% des unités de distribution. Toutefois, en 2022, les recherches de ce métabolite dans le cadre du contrôle de l’eau potable étaient encore très limitées. Dans le cadre d’une campagne de mesures menée par l’Anses en 2020/2022, le R471811 était le métabolite le plus souvent quantifié (dans plus d’un échantillon sur 2) avec la plus grande fréquence de dépassement de 0,1 µg/L (34% des échantillons). Dans tous les cas, ce nouveau classement permettra d’avoir de meilleures statistiques sur les taux de conformité de l’eau potable, tout comme le permettra également le déclassement des métabolites du #S-métolachlore.

      Outre ce relèvement de la norme de qualité, cette classification en tant que non pertinent a pour conséquence que le R471811 ne sera plus retenu dans le calcul du total pesticides, censé prendre en compte l’effet cocktail dû à la présence simultanée de plusieurs substances actives et métabolites. La norme de qualité pour la somme des pesticides (substances actives et métabolites) est fixée à 0,5 µg/L mais ne sont pris en compte dans ce total uniquement les métabolites jugés pertinents. Le métabolite R471811 ne sera donc plus intégré dans le calcul du total pesticide même s’il est présent dans l’eau.

      Enfin, ce passage en non pertinent entraînera une perte d’information pour les citoyens qui ne seront plus informés qu’un métabolite de pesticide classé #cancérigène probable se retrouve dans l’eau potable dès lors que sa concentration reste inférieure à 0,9 µg/L.

      Une évaluation très incertaine

      En 2022, l’Anses avait jugé le métabolite R471811 comme pertinent (https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2021SA0020-b.pdf) en considérant le classement du chlorothalonil en tant que cancérigène probable (catégorie 1B) proposé par l’EFSA et “le manque de données pour démontrer que le métabolite R471811 ne partage pas le mode d’action de la SA parente aboutissant à des #tumeurs_rénales

      Cette nouvelle évaluation de l’Anses publiée hier s’est basée sur de nouveaux éléments fournis par Syngenta, le principal fabricant de chlorothalonil.

      Cependant, beaucoup de zones d’ombres persistent :

      Concernant la cancérogénicité :

      D’après la méthodologie (https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2015SA0252.pdf) utilisée par l’Anses pour évaluer la pertinence des métabolites, “si la substance active (SA) mère est classée cat 1A ou 1B au titre du règlement 1272/2008 et ses ATP pour les effets cancérogènes, le métabolite est classé en « pertinent dans les EDCH » sauf à démontrer le contraire, essais à l’appui, en particulier sur les « endpoints » critiques de la SA”.

      L’EFSA ayant proposé de classer le chlorothalonil en cancérogène de catégorie 1B, des essais sur le métabolite sont donc nécessaires pour le classer non pertinent. Est-ce que des essais de cancérogénicité ont été réalisés sur le R471811 ? Pas du tout ! A la place de toute étude, Syngenta a fourni à l’Anses un argumentaire visant à montrer que le métabolite ne possède pas les mêmes propriétés que la substance mère. Cet argumentaire se base essentiellement sur une analyse de la structure chimique du R471811 et sur des études mécanistiques réalisées in vitro par Syngenta selon un protocole inconnu, non détaillé dans l’avis de l’Anses. Nous ne pouvons donc juger de la fiabilité de ces études in vitro. Aucune étude de toxicité chronique réalisée in vivo avec le R471811 n’a été réalisée.

      Concernant le caractère perturbateur endocrinien :

      Là encore, aucune donnée sur le métabolite n’est disponible. Selon la méthodologie de l’Anses, il est donc nécessaire de se baser sur les données disponibles sur la substance active. L’EFSA ainsi que l’Anses considèrent qu’il est “peu probable que le chlorothalonil présente des propriétés susceptibles de perturber le système endocrinien”. Cependant, cette évaluation n’a pas été réalisée selon la méthodologie la plus récente adoptée en 2018. De plus, comme indiqué par Le Monde (https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/05/22/eau-potable-les-risques-lies-a-un-metabolite-de-pesticides-revus-a-la-baisse), des chercheurs chinois estiment dans une revue de la littérature (https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0045653524011342) que le chlorothalonil peut avoir une action toxique perturbant le système endocrinien chez plusieurs espèces.

      Concernant la transformation du R471811 par les traitements de l’eau potable.

      Un autre aspect pouvant conduire à classer un métabolite pertinent est l’impact des traitements de l’eau si les éléments mettent en évidence la possible transformation du métabolite en un produit dangereux pour la santé humaine dans les filières de traitement EDCH, le métabolite est classé pertinent”. Selon l’Anses, “ il est très probable que la chloration d’eau contenant du métabolite R471811 conduise à la formation lente de N-chloroamides et de N,N dichloroamides” mais comme il reste des incertitudes et que les données sont insuffisantes, le classement comme pertinent n’a pas été retenu.

      Une approche pas suivie par l’agence de sécurité sanitaire #Suisse

      Ironie du calendrier, nos voisins Suisses, également concernés par des contaminations de leurs eaux par les métabolites du chlorothalonil ont, au contraire de l’Anses, confirmé le fait que la norme de 0,1 µg/L doit s’appliquer à ces métabolites, y compris au R471811.

      L’approche Suisse contraste nettement avec celle française. En effet, l’agence de sécurité sanitaire Suisse OSAV (https://www.blv.admin.ch/blv/fr/home/lebensmittel-und-ernaehrung/lebensmittelsicherheit/stoffe-im-fokus/pflanzenschutzmittel/chlorothalonil.html), estime qu’ “en cas de classification dans la catégorie 1B, tous les métabolites du chlorothalonil sont automatiquement considérés comme pertinents, comme le prévoit le guide européen sur l’évaluation de la pertinence des métabolites” En conséquence, l’#OSAV recommande de “respecter la valeur maximale de 0,1 µg/l afin de garantir, à titre préventif, la protection de la santé en limitant de manière générale la présence, dans l’eau potable, de métabolites de substances actives aux propriétés toxicologiques préoccupantes”.

      « Ce nouvel exemple de déclassement d’un métabolite en non pertinent illustre une fois de plus la façon dont l’Anses gère les incertitudes liées aux évaluations : même si les données sont clairement insuffisantes pour affirmer qu’un métabolite “n’engendre pas (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur” selon, l’Anses passe outre ces incertitudes et fait le choix de ne pas appliquer le principe de précaution dans ces situations, » déclare Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures. « En attendant cette façon de faire « simplifie » la tâche du gestionnaire qui aura de moins en moins de cas de non-conformité de l’eau à traiter. Peut-on s’en réjouir ? Nous pensons que non… » conclut-elle.
      Avis de l’ANSES chlorothalonil : https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2024/05/eaux2023sa0142.pdf

      https://www.generations-futures.fr/actualites/alerte-metabolite-chlorothalonil

      #industrie_agro-alimentaire

    • #Strasbourg : l’UFC Que Choisir fait analyser l’eau du robinet et retrouve huit #polluants_éternels

      L’UFC Que Choisir du Bas-Rhin a fait analyser l’eau du robinet de Strasbourg par un laboratoire indépendant. Huit polluants éternels, les #PFAS, ont été retrouvés, dont certains interdits d’utilisation depuis plusieurs années, sans que les normes ne soient dépassées.

      C’est une étude qui vient confirmer ce que Ici Alsace (à l’époque, France Bleu Alsace), vous révélait en septembre dernier. L’eau du robinet de Strasbourg contient bien plusieurs PFAS problématiques. Il y a quelques mois, Ici Alsace avait fait analyser l’eau et avait retrouvé 8 de ces polluants éternels interdits ou cancérogènes dans l’eau strasbourgeoise.

      L’UFC Que Choisir vient de faire exactement la même chose. Et la fédération d’association a aussi retrouvé 8 PFAS dont plusieurs interdits à l’utilisation depuis 6 ans. Parmi eux, des TFA, à raison de 80 nano-grammes par litre. Ce TFA à chaîne ultra-courte fait pourtant partie des molécules de dégradation de la quasi-totalité des pFAS de plus grande taille et, en particulier, des pesticides fluorés comme le Flufenacet.

      Or, l’ANSES vient de déclarer le Flufenacet comme reprotoxique en septembre dernier. Voici les relevés exacts de l’UFC Que Choisir :

      PFOS : 1,5 ng/l (PFAS interdit à la production et l’utilisation depuis 2019 en Europe

      PFHxS : 1,9 ng/l

      PFBA : 1,8 ng/l

      PFBs : 4,5 ng/l

      PFHxA : 2,1 ng/l

      PFPeA : 3,2 ng/l

      PFPrA : 6 ng/l

      TFA : 80 ng/l

      Si l’on prend en compte la norme applicable à partir de 2026, les prélèvements ne dépassent jamais les normes autorisées. Mais si ’l’on prend en compte les normes utilisées dès 2026 par le Danemark, qui sont beaucoup plus strictes, alors l’eau du robinet strasbourgeoise ne serait plus dans les normes.

      Globalement l’UFC Que Choisir estime que les citoyens ne sont pas assez informés du danger potentiel des PFAS dans l’eau. Elle demande des normes plus sévères et d’interdire la fabrication et les rejets de PFAS. « A Strasbourg même, sur les 33 PFAS recherchés, on en a retrouvé 7 qui font partie de la liste des 20 PFAS qui seront officiellement recherchés par l’ARS dès 2026, plus un qui s’appelle le TFA qui est un PFAS à chaîne ultra courte, qui est problématique dans la mesure où c’est un métabolite du Flufenacet qui est un pesticide reconnu comme étant dangereux pour la santé humaine » explique Pierre-Jean Dessez, administrateur à l’UFC Que Choisir du Bas-Rhin.

      « Cela nous inquiète dans la mesure où nous n’en savons pas assez. Nous demandons de mener des études pour améliorer la connaissance que nous avons des PFAS, sur leur éventuelle toxicité. Un projet de loi a été adopté en première lecture à l’assemblée nationale et au Sénat avant la dissolution. Depuis nous attendons que cette loi passe en seconde lecture pour être adoptée. Elle aurait l’avantage de réguler beaucoup plus qu’aujourd’hui l’usage de ces PFAS, pour nous c’est très important » poursuit le responsable. L’UFC enjoint donc les parlementaires alsaciens d’adopter sans délai la proposition de loi.

      https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/strasbourg-l-ufc-que-choisir-fait-analyser-l-eau-du-robinet-et-retrouve-h

    • #Tritium dans l’eau potable : synthèse du dossier

      Depuis 2005, le contrôle du tritium dans les eaux potables est obligatoire.

      Les résultats des analyses réglementaires des eaux potables sont bien mis à disposition du public, mais soit sur le site Orobnat très fastidieux à consulter, soit, sur data.gouv.fr, sous forme de bases de données brutes ne pouvant être consultées telles quelles.

      La CRIIRAD a extrait de ces bases et compilé l’ensemble des données relatives aux mesures de tritium effectuées entre janvier 2016 et février 2023. Elle les met à la disposition du public, sous forme de fichiers globaux et de cartes interactives.

      https://www.criirad.org/tritium-dans-leau-potable-la-criirad-publie-les-donnees
      #cartographie

    • Paris, Lille, Rouen… Ce que l’on sait sur le polluant éternel qui contamine l’eau du robinet de nombreuses villes

      Un polluant éternel très compliqué à éliminer de l’eau, l’#acide_trifluoroacétique (#TFA), pouvant avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, a été retrouvé dans l’eau du robinet d’une large majorité des villes où il a été recherché. Les deux études distinctes à l’origine de ces découvertes, publiées jeudi 23 janvier, ont été menées d’une part par le laboratoire Eurofins et d’autre part par les associations UFC-Que Choisir et Générations futures.

      L’Europe devrait débourser 2 000 milliards d’euros sur vingt ans pour supprimer les « polluants éternels » (PFAS, pour substances per- et polyfluoroalkylées) des eaux et des sols. Et l’un d’eux, très compliqué à éliminer, l’acide trifluoroacétique (TFA), est présent dans l’eau du robinet de nombreuses communes de France, et dans la grande majorité des cas à des taux excédant le seuil théorique de qualité.

      C’est ce que révèlent deux campagnes de mesures, rendues publiques ce jeudi 23 janvier par le journal Le Monde, et conduites séparément par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir et l’ONG environnementale Générations futures d’une part, et par le laboratoire d’analyse Eurofins d’autre part. La substance a été retrouvée dans l’eau de 24 communes sur 30 par la première campagne, et dans 61 des 63 échantillons lors de la seconde.

      (#paywall)

      https://www.humanite.fr/societe/cancer/paris-lille-rouen-ce-que-lon-sait-sur-le-polluant-eternel-qui-contamine-lea

  • « Le nouveau #plan_Ecophyto constitue une authentique #fraude_démocratique »

    Après des semaines d’attente, le gouvernement a enfin clarifié sa position sur l’avenir du plan Ecophyto, mis en « pause », début février, en réponse à la colère du monde agricole. Lundi 6 mai, la publication du nouveau plan (Ecophyto 2030) a confirmé l’abandon de toute #ambition de réduction des usages de #pesticides, à la fois problème de #santé_publique et principale cause d’effondrement de la #biodiversité sous nos latitudes. Et ce, indépendamment des efforts des agriculteurs. Ces derniers jours, le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, #Marc_Fesneau, et sa déléguée, #Agnès_Pannier-Runacher, ont fermement défendu l’idée que le cap d’une « réduction de 50 % des pesticides », à l’horizon 2030, était maintenu, au point d’accuser ceux qui en doutent de propager des « fausses informations ».

    Des propos d’une singulière légèreté qui reviennent à accuser d’affabulation le conseil scientifique et technique du plan Ecophyto – des chercheurs et des ingénieurs des organismes publics de recherche et des instituts techniques, nommés pour leur connaissance du sujet. Une prépublication rendue publique début mai, signée par la grande majorité des membres du conseil, montre en effet que le nouvel #indice européen chargé de suivre les usages et les risques des pesticides, dit « #HRI », pour #Harmonised_Risk_Indicator, ne rend compte en réalité ni de l’usage ni des risques de ces produits. Il est d’ailleurs très difficile de savoir de quoi il rend compte exactement. Une chose est sûre : c’est un thermomètre lourdement truqué.

    Mon collègue Romain Imbach a détaillé, dans un long et minutieux décryptage des travaux du conseil scientifique et technique, les moyens de ce trompe-l’œil. Quiconque en aura pris connaissance ne peut qu’être convaincu du caractère frauduleux du nouvel indicateur. Une expérience de pensée très simple permet à un enfant de cours élémentaire de le comprendre. Il faut malgré tout se concentrer un peu et rassembler toute son attention.

    Classement en quatre #catégories

    Avant tout, il faut savoir que le HRI classe les pesticides en quatre catégories. D’abord, il y a les produits à « faible risque », si rares qu’ils pèsent pour presque rien dans l’indice (groupe 1). Ensuite, viennent les produits autorisés qui ne sont pas classés cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (#CMR) ou #perturbateurs_endocriniens (groupe 2). Viennent après ceux autorisés, mais classés CMR et qui sortiront du marché à brève ou moyenne échéance (groupe 3). Enfin, il y a les produits interdits et utilisés à titre dérogatoire (groupe 4).

    Calculer le HRI est un jeu d’enfant. A chaque groupe son coefficient de risque : 1 pour le premier, 8 pour le deuxième, 16 pour le troisième et, enfin, 64 pour les produits interdits. Si vous avez suivi, vous savez désormais que 16 kilos d’un produit du groupe 1 comptent, dans le HRI, autant que 2 kilos de ceux du groupe 2, et 1 kilo de ceux du groupe 3, et 250 grammes des produits interdits.

    Nous pouvons maintenant procéder à notre expérience de pensée. En 2020, un agriculteur traite un champ de 1 hectare avec la dose réglementaire de 1 kilo d’un produit « A », appartenant au groupe 3. Le HRI correspondant à ce traitement est donc de 16. L’année suivante, en 2021, le produit « A » sort du marché et passe dans le groupe 4. L’exploitant utilise donc en remplacement le produit « B », appartenant également au groupe 3 et dont la dose réglementaire est identique, à savoir 1 kilo par hectare. Un esprit raisonnable ne peut que reconnaître que rien n’a changé entre 2020 et 2021. Et pourtant, entre 2020 et 2021, le HRI du traitement de ce même hectare a baissé de… 75 % !

    Comment une telle magie est-elle possible ? C’est simple : la décision réglementaire d’interdire le produit « A » en 2021 a un effet rétroactif sur l’année 2020, dont il faut recalculer le HRI. Celui-ci n’est plus de 16, mais de 64. Le HRI peut donc être réduit des trois quarts sans que rien n’ait en réalité changé. Imaginons maintenant que le produit « B » ait été plus efficace que le précédent, avec une dose réglementaire de 500 grammes à l’hectare pour un même résultat, la chute du HRI pour ce traitement entre 2020 et 2021 serait alors, sans aucun changement réel, de 87,5 %. Dans ces deux cas, l’indice historique de suivi du recours aux pesticides en place depuis quinze ans, le nombre de doses unités (NODU) serait resté identique d’une année sur l’autre.

    On comprend mieux que les calculs du conseil scientifique et technique montrent une baisse du HRI de quelque 33 % entre 2011-2013 et 2021, sans aucune politique volontariste du gouvernement. Ces calculs permettent d’ores et déjà d’anticiper une baisse supplémentaire de 10 points en 2022, grâce à l’#interdiction, cette année-là, d’un unique produit, le #mancozèbe. Qui sera remplacé à l’identique par des substances non encore interdites. Ce qu’il faut comprendre est que le classement CMR des pesticides est un processus dynamique : le point commun à tous les produits interdits est d’avoir été un jour autorisés. Le #chlorothalonil, le #chlorpyrifos, la #chloridazone, l’#imidaclopride ou le #S-métolachlore, par exemple : tous ces produits, récemment interdits ou en passe de l’être, ont passé des décennies, parfois plus d’un demi-siècle, sur le marché.

    L’inertie réglementaire est telle que bon nombre de produits aujourd’hui catégorisés 2 finiront par être interdits et remplacés, alimentant ainsi une baisse trompeuse et éternellement reconduite du HRI. On le voit, le plan Ecophyto 2030 ne repose pas seulement sur un choix technique controversé : il constitue une authentique #fraude démocratique. Il offrira aux prochains gouvernements, en France et en Europe, la possibilité de communiquer des chiffres spectaculaires de « réduction des pesticides », en l’absence de toute baisse réelle du recours à ces produits. Cela s’appelle tromper l’opinion.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/12/le-nouveau-plan-ecophyto-constitue-une-authentique-fraude-democratique_62326
    #Ecophyto #tromperie

  • Pesticides : le « tour de passe-passe » pour rendre l’eau potable
    https://reporterre.net/Pesticides-le-tour-de-passe-passe-pour-rendre-l-eau-potable

    Cette soudaine amélioration n’est en réalité qu’illusoire. Le métabolite est bien toujours présent dans l’eau. Générations futures souligne qu’il existe de nombreuses alertes sur le potentiel cancérigène et reprotoxique de la molécule mère, le S-métolachlore. En juin dernier, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) classait cette dernière comme cancérigène suspecté.

    « La confiance dans l’eau potable a pris une claque, affirme pour sa part Régis Taisne, chef du département Cycle de l’eau à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). 10 à 12 millions d’habitants ont été informés que leur eau n’était pas conforme. Et aujourd’hui, on leur explique qu’elle le redevient. Les usagers peuvent se poser des questions. »