• « STOP #amazon » : Comment la #Sarthe résiste à l’empire #logistique
    https://lvsl.fr/stop-amazon-comment-la-sarthe-resiste-a-lempire-logistique

    Promettant de nouveaux emplois à des territoires dévitalisés, les #entrepôts logistiques prolifèrent, avec leur lot de nuisances et d’impacts écocidaires. Mais la riposte s’organise. Récit d’une lutte contre Amazon dans la Sarthe.

    #Écologie #commerce #e-commerce #emploi #spéculation_foncière #Stop_Amazon

  • La profession d’enseignant-chercheur aux prises avec le #nouveau_management_public

    Ce texte se propose d’analyser différents impacts de la #néolibéralisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) sur le contenu et les #conditions_de_travail des enseignants-chercheurs (EC). L’analyse s’appuie sur les résultats d’une enquête menée entre 2020 et 2022 sur la nature, les causes et les effets des mutations du #travail des EC. Cette recherche visait dans un premier temps à objectiver les évolutions et à saisir les représentations des acteurs à leur sujet. Le second temps entendait analyser les raisons et les vecteurs de ces évolutions. Outre la mobilisation de sources bibliographiques, trois outils ont servi à recueillir des données. Un questionnaire adressé en ligne aux membres des différentes sections du CNU et aux EC en poste dans cinq établissements (aux tailles, localisations et statuts variés), à l’exception de ceux du domaine de la santé [1] a permis de travailler sur 684 réponses complètes reçues. Des entretiens semi-directifs (de 30 à 90 minutes) ont ensuite été menés avec 108 répondants au questionnaire, avec 5 présidents ou vice-présidents d’université (en poste au moment de l’échange) et avec des représentants de 6 syndicats (SNESup, SNESup école émancipée, CFDT, CGT, FO et Sud) [2]. Des résultats provisoires ont enfin été discutés au cours de 7 séminaires réunissant des EC dans le but d’alimenter la réflexion et l’analyse finale. Le livre Enseignants-chercheurs. Un grand corps malade (Bord de l’eau, 2025) rend compte de façon détaillée des résultats de cette recherche.

    On montrera d’abord comment la mise en œuvre des principes du nouveau management public (#NMP) dans l’ESR a entraîné simultanément un alourdissement et un appauvrissement des tâches d’enseignement, de recherche et d’administration incombant aux EC. On abordera ensuite les effets de #surcharge et de #débordements du travail que produisent ces transformations du travail des EC ainsi que les impacts que cela engendre sur leur #moral, leur #engagement et leur #santé.

    Le travail des EC alourdi et appauvri sous l’effet de la #néo-libéralisation et du NMP

    La #néo-managérialisation de l’ESR a démarré dans les années 1990, sans qu’il s’agisse d’une #rupture absolue avec une #université qui aurait jusque-là échappé aux logiques capitalistes dominantes. Parlons plutôt d’une évolution marquée par l’adoption et l’adaptation des principes du néolibéralisme. Promus par la Société du Mont Pèlerin fondée en 1947, puis mis en œuvre à partir des années 1980 (par Thatcher et Reagan), ces principes prônent une réduction des missions et des coûts des services publics s’appuyant sur une gestion comparable à celle des entreprises privées. Il s’agit de rationaliser leur organisation et de réduire leurs budgets, d’instaurer une mise en concurrence interne (entre établissements, départements, équipes et collègues) et externe (avec des organisations privées fournissant des services de même nature), de viser leur rentabilité et de mesurer leur performance. Cela a conduit à favoriser le fonctionnement en mode projet, la diversification des financements en valorisant les #PPP (partenariats public/privé), l’évaluation sur #indicateurs_quantitatifs, les #regroupements… Les objectifs fixés étant l’#efficacité plutôt que l’#équité, l’#efficience plus que l’#utilité_sociale, la #rentabilité avant la qualité de service.

    Ce programme s’applique donc dans l’ESR français à partir des années 1990. En 1998, le #rapport_Attali « Pour un système européen d’enseignement supérieur » répond à une commande de #Claude_Allègre (ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000) qui entend « instiller l’#esprit_d’entreprise dans le système éducatif » (Les Échos, 3 février 1998), une #orientation qui constitue une injonction à visée performative. Dans les établissements, et notamment les #universités_publiques, cette orientation va être conduite par des équipes comptant de plus en plus de technocrates et de managers formés et rompus à l’exercice du NMP qui entendent faire fonctionner une logique inscrite dans la droite ligne du « processus de production, de diffusion et de légitimation des idées néo-managériales en France depuis les années 1970 [3] »

    Le rapport Attali propose un cadre européen inspiré d’orientations de l’OCDE. Lors de la célébration du 800e anniversaire de la Sorbonne, toujours en 1998, les dirigeants français, allemand, britannique et italien lancent un appel pour « un cadre commun de référence visant à améliorer la lisibilité des diplômes, à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que leur employabilité ». Dès 1999, 25 autres pays européens signent cet appel et donnent naissance au « #processus_de_Bologne » destiné à créer un Espace européen de l’enseignement supérieur avant 2010. En mars 2000, l’Union européenne rejoint ce projet, qui débouche sur la #stratégie_de_Lisbonne proposant de créer un « #marché_de_la_recherche ». C’est dans ce contexte qu’intervient la #bureaucratisation_néolibérale de l’ESR français qui va transformer la « #gouvernance » de l’ESR, ainsi que le travail et les conditions de travail de ses salariés, dont celles des EC.

    Parallèlement à la dégradation des #taux_d’encadrement (notamment en licence [4], avec des variations entre disciplines et établissements) et aux baisses d’effectifs et de qualification des personnels d’appui, les EC assument des tâches liées à l’enseignement de plus en plus nombreuses, diverses et complexes. Il s’agit notamment d’un travail d’#ingénierie_pédagogique de plus en plus prenant, d’une coordination de plus en plus fréquente d’équipes pédagogiques comprenant des précaires en nombre croissant (dont ils doivent aussi assurer le recrutement et le suivi), de réponses aux injonctions à la « #professionnalisation » (impliquant de faire évoluer les contenus de formation, en réécrivant les maquettes de diplôme en « compétences » [5], en multipliant le nombre de #stages à encadrer et en travaillant sur les #projets_professionnels des étudiants), d’une #complexification de l’#évaluation des étudiants due à la #semestrialisation, à des délais de correction raccourcis, à la « #concurrence » du web et désormais de l’IA et d’une prise en charge d’activités de #marketing et de #communication destinées à vanter, voire à « vendre », les diplômes, les parcours, l’établissement.

    - « On subit une accumulation de #micro-tâches, qui devient chronophage même si c’est souvent des bonnes idées. Par exemple, l’université nous demande de présenter les masters en faisant venir d’anciens étudiants, ce qu’on fait déjà deux fois pour les étudiants de L3 et aux journées portes ouvertes. Ils nous demandent de faire une présentation de plus pour diffuser plus largement sur des plateformes et toucher un public plus large. […] Autre exemple, on nous demande de refaire un point sur les capacités d’accueil de nos masters, et il faut refaire le travail. […] En fait, toute l’année on nous demande des #petits_trucs comme ça. » (PU en sciences de l’éducation et de la formation, en université).

    Une même dynamique opère du côté de la recherche, les activités sont aussi accrues et diversifiées dans un contexte de raréfaction des personnels d’appui, notamment en lien avec la #concurrence aiguisée entre chercheurs, entre labos, entre UFR, entre établissements. Cette évolution c’est aussi la baisse des #budgets_récurrents et la chasse aux #financements, en répondant à des #appels_à_projets émanant de institutions publiques (ANR, ministères, UE) ou d’acteurs privés, la course aux #publications dans les revues classées, en anglais pour certaines disciplines, la multiplication des #évaluations par les établissements, les agences (AÉRES puis #HCÉRES…), les tutelles, le ministère, l’œil rivé sur les classements, notamment celui de Shanghai.

    - « Une partie du temps, on est plus en train de chercher des budgets et de faire du #reporting que de faire la recherche elle-même. Sans compter qu’il faut publier pour être valorisé. Il y a des collègues dont on se demande ce qu’ils publient, parce que leur temps de recherche en fait, c’est du temps d’écriture, mais on ne sait pas sur quoi. » (PU en civilisation américaine en université).
    - « Si on regarde les laboratoires, il y a beaucoup de chercheurs et peu de personnels associés. Nécessairement, les EC doivent faire face à plus de tâches administratives. Et d’autre part, il y a des choses qui ont été formatées, il faut remplir des fichiers, des indicateurs, cela fait beaucoup de tâches administratives à réaliser. » (PU en électronique en IUT).

    À cela s’ajoutent les activités de sélection, de recrutement et de management des étudiants et des doctorants sur des plateformes aux performances discutables (#ParcoursPlus, #Mon_master, Adum), des ATER, des postdocs et des enseignants vacataires et contractuels, ainsi que de titulaires lorsqu’il faut siéger en comité de sélection quand des postes de MCF et PU (Professeur d’Université) sont ouverts. Il faut ici souligner la #surcharge spécifique pesant sur les #femmes, notamment PU, compte tenu des règles de parité (un COS doit compter au moins de 40% de membres de chacun des deux genres) et des inégalités de #genre dans les carrières [ 7].

    Les EC doivent aussi prendre en charge des activités d’information, d’évaluation et de valorisation à destination de divers instances et organismes, dans des délais souvent courts, au moyen d’outils numériques plus ou moins fiables et compatibles. Ces comptes à rendre portent en particulier sur la qualité des cursus, les débouchés professionnels et les taux d’insertion des diplômés, les coûts en heures et en masse salariale des cours, des TD et des TP, les résultats en termes de présence aux examens, de notes, de diplômés, d’abandons en cours de cursus…

    – « Je me sens être très gestionnaire, animatrice, gentille organisatrice une grande partie de mon temps. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé en entrant dans ce métier, parce que je ne pensais pas avoir autant de #charges_administratives. […] Dès la 3è année après mon recrutement, j’étais directrice des études, à faire des emplois du temps, recruter des vacataires, travailler un petit peu le contenu de leurs interventions, mais je devais surtout faire des RH, essayer que ça convienne à chacun, récupérer les papiers qu’on lui demandait pour qu’il soit payé, etc. » (MCF en sociologie en IUT).

    On a ainsi assisté à un double mouvement d’alourdissement er d’appauvrissement du travail des EC sous les effets combinés des injonctions à la professionnalisation (la #loi-LRU de 2007 a ajouté « l’orientation et l’insertion » aux missions de l’ESR) et aux attentes des tutelles en la matière ainsi que des normes budgétaires strictes et des critères « d’#excellence » qui concrétisent l’essor des logiques et des modes de gestion du NMP et la #managérialisation de l’ESR (comparable à ce qu’a connu l’Hôpital,). Il en découle un ressenti fréquent de #perte_de_sens et un #malaise profond.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du #sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. »(MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).
    - « Quand j’ai démarré au début des années 2000, j’avais l’impression d’être en phase avec mon travail et peut-être plusieurs de mes collègues aussi. J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de vision collective partagée. Cette vision collective partagée, je la sens moins parce que je sens des #découragements, je sens des #lassitudes. Le partage de la mission de chercheur, c’est plus compliqué et le partage de la vision de la mission d’enseignement pour moi, elle est galvaudée. » (MCF HDR en chimie en université).

    Le #moral et la santé des EC pâtissent des #surcharges et débordements vécus par les EC.

    La détérioration des situations de travail vécue par les EC produit des effets à la fois sur leur état moral, leur #engagement_professionnel et leur état de santé. Les surcharges combinées au sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement sont à l’origine de nombreuses #souffrances. Leur travail a été peu à peu alourdi par une accumulation de tâches dont une partie tient à la #procédurisation qui concrétise « la #bureaucratisation_néolibérale ». Cela nourrit un important « #travail_caché », invisibilisé et non rémunéré, qui conduit à la fois à accroître et à hacher l’activité.

    Il en découle des #surcharges_temporelles (extension de la durée du travail professionnel), des #surcharges_mentales (dues à l’accumulation de sujets et de préoccupations) et des #surcharges_cognitives (liées aux changements récurrents de registres d’activité).

    - « L’université française s’écroulerait si nous ne consentions pas à faire un travail parfois considérable gratuitement ou presque. » (PU en langue et civilisation)

    L’#intensification_du_travail qui passe par un accroissement du travail invisible, ou plus justement invisibilisé, des EC, implique des débordements fréquents de leur vie professionnelle sur leur #vie_personnelle (aussi bien du point de vue du temps que de celui des lieux). Ce phénomène a été aggravé par l’usage d’outils (téléphone mobile, micro-ordinateur, tablette) et de dispositifs techniques (mails, réunions et cours à distance, remontées de datas, recherches sur le web) qui favorise le travail en tout lieu et à tout moment, et donc le brouillage des frontières entre travail et hors-travail.

    - « Je pense que tous les collègues font un peu comme moi, le temps d’écriture des articles est pris surtout sur le samedi et le dimanche, donc sur le temps personnel, en fait. Parfois, les conjoints ont du mal à s’y faire, mais moi non, mon conjoint est un chercheur. Globalement, on travaille tous les jours. Sinon, ça ne passe pas. Ou alors, on ne fait que de l’enseignement et on écrit un article par an. » (PU en histoire du droit en université).

    Le débordement temporel et spatial est un fait massif difficile à mesurer pour les EC car ceux-ci, comme tous les enseignants, ont toujours travaillé à la fois sur leur lieu de travail et à leur domicile ou en vacances (pour préparer des cours, corriger des copies et des mémoires, lire et écrire des travaux scientifiques, tenir des RV et réunions à distance).

    La porosité des frontières entre lieux de travail et de vie, entre temps de travail et hors-travail est ambivalente. D’un côté, elle permet aux EC de choisir où et quand ils travaillent, à l’inverse de la plupart des salariés. Cette souplesse d’organisation procure un sentiment de liberté, et une liberté réelle, qui facilite la conciliation entre obligations professionnelles et activités personnelles, domestiques, familiales. Mais, c’est aussi un piège qui met en péril la vie personnelle et familiale en impliquant une absence de limite aux temps et aux espaces consacrés au travail. Ce risque est d’autant plus grand que ce sont souvent les activités de recherche (à la fois les plus appréciées et les plus empêchées au quotidien) qui trouvent place en dehors des lieux et temps de travail. Beaucoup d’EC en viennent alors à accepter, voire à rechercher, ces débordements du travail pour retrouver le plaisir de faire ce qu’ils aiment dans un contexte plus favorable qu’au bureau (environnement calme et agréable) et à l’abri de sollicitations multiples (passages, appels téléphoniques, mails urgents, etc.). Ne peut-on évoquer ici une forme d’#aliénation, voire de « #servitude_volontaire » ? Cela rappelle ce que différentes enquêtes ont montré chez des cadres du secteur privé qui, en travaillant chez eux, y compris le soir, le week-end ou en congé, retrouvent comme ils le disent une « certaine continuité temporelle » et un « cadre spatial favorable à la #concentration ».

    - « Il faut avoir le #temps de faire sa recherche, on est dans une espèce de course à l’échalote permanente. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas cracher dans la soupe, j’ai pu travailler sur ce que je veux, et après à moi de trouver de l’argent. Mais, c’est un métier où ça peut être très dangereux si on ne trouve pas son équilibre. Moi, ça m’a coûté certaines choses au niveau personnel [un divorce !] parce qu’il est arrivé un moment donné où je ne dormais plus la nuit parce que je voyais tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire. J’ai eu besoin de faire un travail sur moi pour me ressaisir et me dire que si je n’avais pas fait ça ou ça, ce n’était pas si grave, personne n’est mort à cause de ça, on se détend. J’ai eu de la chance, j’ai refait ma vie avec quelqu’un qui est professeure des écoles donc avec un rythme peu différent ». (MCF en chimie en université).

    Les inégalités de prise en charge des tâches domestiques, familiales et éducatives entre femmes et hommes, auxquelles n’échappent pas les EC, conduisent à exposer de nombreuses EC à des difficultés spécifiques (contribuant aux inégalités de déroulement de carrière à leur détriment), d’autant que la façon d’exercer le métier, de gérer les relations avec les étudiants et de prendre des responsabilités est aussi marquée par des différences de genre.

    – « Cette intensification du temps de travail s’est encore accrue au moment de mon passage PU, avec certains moments de l’année où pour pouvoir conduire mon activité et honorer mes engagements professionnels, je dois sacrifier tous mes week-ends sur une longue période. […] Il me semble que cette intensification tient aussi à une division sexuée du travail présente dans nos composantes : nombre de mes collègues hommes ayant longtemps refusé de prendre des responsabilités, en tous les cas les responsabilités chronophages et peu qualifiantes dans les CV ». (MCF en communication).
    – « Les femmes sont plus touchées que les hommes car elles assument les responsabilités de care pour les étudiants mais aussi pour leurs proches descendants ou ascendants de manière très déséquilibrée par rapport aux hommes. La charge mentale des femmes EC est très lourde. Concilier maternité et ESR (et donc espérer voir évoluer sa carrière) est mission impossible sauf pour celles qui ont un conjoint ou un réseau personnel sur lesquels s’appuyer. L’explosion des publications émanant d’EC masculins pendant la pandémie en est un bon exemple ». (MCF en anglais).

    Ces débordements s’inscrivant dans un contexte de dégradation de la qualité du travail et des conditions de sa réalisation contribuent à nourrir un sentiment d’#insatisfaction. C’est aussi de la #désillusion et diverses #souffrances_morales mais aussi physiques qui découlent de cette combinaison mortifère entre surcharges, débordements et insatisfaction.

    - « Moi, j’ai beaucoup de désillusions sur mon métier. Beaucoup d’#amertume, en fait. […] Quand on est enseignant-chercheur, on démarre, on est à fond, on en veut, etc. On a plein d’envies, on a plein d’ambition, puis on arrive dans la réalité et on prend un gros coup dans la figure et ça t’arrête net. Parce qu’on te colle tout de suite une responsabilité. […] Et tout ça pour un salaire de m… ! […] Moi je trouve que former des gens comme on les forme pour faire ça, c’est du gâchis franchement. » (Vice-présidente d’une université en poste).

    Ce qui mine et fait mal, comme l’évoquent de nombreux EC quand ils décrivent l’évolution de leur métier, c’est en particulier l’impression de devoir travailler toujours plus avec toujours moins de moyens disponibles, et donc pour un résultat dégradé ; ils ont le sentiment d’un « #travail_empêché » (comme le nomme Yves Clot) parce qu’ils se sentent empêchés de faire un travail de qualité comme ils savent et voudraient le faire ; ils ont des doutes sur la réalité de ce qu’ils font par rapport à ce qu’ils attendent de leur travail et ce qu’ils pensent que doit être le #service_public.

    Beaucoup des EC interrogés durant l’enquête se demandent ce qu’est devenu leur travail, quel sens ils peuvent encore lui donner et quel avenir attend l’université (et plus largement l’ESR). Si la plupart acceptent que le cœur de leur métier dépasse largement les seules activités de base d’enseignement et de recherche, ils doutent de plus en plus de pouvoir faire ce métier, auquel ils sont attachés, dans les règles de l’art telles qu’ils les conçoivent, et en particulier avec l’attention requise et les résultats voulus.

    - « Je pense que le métier d’enseignant-chercheur au-delà des 35 heures, ce n’est pas trop quelque chose de nouveau. Un chercheur, je pense qu’il a toujours beaucoup travaillé le soir. Mais peut-être que maintenant, on n’arrive plus à trouver le temps de tout faire ce qu’on nous demande. Et peut-être que ça, c’est nouveau ». (PU en biologie en IUT).
    – « J’ai vraiment du mal à croire qu’on puisse faire les trois choses ensemble. C’est-à-dire à la fois avoir une activité de recherche de haut niveau, avoir un investissement dans l’enseignement qui permet, enfin selon le critère qui est le mien, de renouveler ses cours extrêmement régulièrement pour ne pas se répéter, et en plus avoir des fonctions administratives ». (MCF en histoire en université).

    Cela fait émerger des questions majeures : à quoi et à qui sert aujourd’hui le travail des EC ? Sont-ils en mesure de réaliser des enseignements et des recherches de qualité ? Que devient le service public de l’ESR ? Ces questionnements rejoignent les trois dimensions majeures du sens du travail énoncées : son utilité vis-à-vis de ses destinataires, le respect de leurs valeurs éthiques et professionnelles, et le développement de leurs capacités.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. » (MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).

    Les différentes évolutions que nous venons de décrire peuvent s’interpréter comme les signes d’un risque de #déprofessionnalisation, un processus à la fois lent et peu visible prenant la forme d’une remise en cause ce qui fonde leurs « gestes professionnels » et de leur #identité_professionnelle ». Ce dont on parle ici ne concerne pas seulement tel ou tel individu, mais le groupe professionnel des EC à travers trois aspects.

    Le premier élément est une déqualification liée au fait que les EC sont de plus en plus souvent chargés de tâches ne correspondant ni au contenu, ni au niveau de leurs savoirs et de leurs objectifs. La deuxième dimension concerne la perte d’#autonomie à rebours de la #liberté_académique et de l’autonomie affirmées dans les textes. Le troisième aspect est le sentiment massivement exprimé durant l’enquête de l’#inutilité d’une part croissante du travail réalisé par rapport à ce que les EC voudraient apporter à leurs étudiants, et plus largement à la société qui finance leurs salaires, ce qui touche au cœur de l’identité fondant leur profession.

    La managérialisation de l’ESR alimente ce risque de déprofessionnalisation en enrôlant les EC dans les évolutions de leur travail et de leurs conditions de travail qui leur déplaisent, en les conduisant à faire - et pour ceux qui ont des responsabilités à faire faire à leurs collègues - ce qui les fait souffrir et que, pour partie, ils désapprouvent. C’est sans doute une des réussites du NMP que d’obtenir cette mobilisation subjective, comme la nomme la sociologue Danièle Linhart.

    La question de la déprofessionnalisation des EC mérite sans aucun doute d’être approfondie en termes de causes, de manifestations et d’effets. En l’état actuel de l’analyse, c’est une hypothèse à creuser dans le cadre d’un questionnement sur les impacts - et l’efficience - des modes de gestion impulsés par le nouveau management public et la bureaucratisation néolibérale.

    Si cette enquête ne suffit évidemment pas à établir un diagnostic global sur la santé des EC, elle permet néanmoins de mettre à jour des réalités peu connues et alarmantes. Ainsi, le terme épuisement est souvent revenu : il est employé spontanément par 45 répondants au questionnaire (dont 31 femmes). Il est évoqué 10 fois en réponse à la question : « Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés pour concilier vos différents activités professionnelles (enseignement, recherche, tâches administratives) ? Si oui, lesquelles ? ». Le stress, lui, est explicitement abordé dans 35 réponses (29 femmes) sans compter celles qui parlent du stress des étudiants et des Biatss. 17 répondants (dont 13 femmes) parlent de burn-out. Dans 7 de ces 17 cas, les répondants témoignent de burn-out subi par eux-mêmes ou par un membre de leur équipe au cours des dernières années. Les autres évoquent le risque ou la peur d’en arriver là. Les deux verbatims suivants illustrent l’importance de cette question.

    – « Il y a 20 ans, les réunions pouvaient durer 1 heure, 1 heure et demie. Aujourd’hui, il n’y a pas une réunion du CHSCT qui dure moins de 3 ou 4 heures. Parce qu’il y a un nombre incroyable de remontées au niveau des enseignants-chercheurs. […] Dans notre département, il y a eu pas moins de trois burn-out cette année, avec des arrêts maladie, des demandes de collègues de se mettre à mi-temps. » (PU, élu CGT).
    – « Je pense qu’il faut faire très, très attention. On est sur un fil raide. Ça peut basculer d’un côté comme de l’autre. Et je pense qu’on doit arrêter un peu le rythme, les gens sont fatigués, épuisés, donc il faut qu’on trouve un moyen de minimiser un peu les appels à projets. C’est sur ça qu’on se bat. Les garder, mais en faire moins. […] Bien sûr qu’on manque de moyens et bien sûr qu’il faut qu’on fasse comprendre à notre fichu pays que l’enseignement supérieur et la recherche, c’est un investissement. Je crois à ça profondément. » (Présidente d’une université en poste au moment de l’entretien).

    Pour conclure

    La profession des EC ressent assez largement un #malaise mettant en cause leur activité, voire leur carrière. Face à cela, la plupart des réponses sont aujourd’hui individuelles, elles passent pour certains par différentes formes de #surengagement (débouchant parfois sur du #stress, des #dépressions ou du #burn-out), pour d’autres (et parfois les mêmes à d’autres moments de leur carrière) à des variantes de désengagement (vis-à-vis de certaines tâches) pouvant aller jusqu’à diverses voies d’Exit (mises en disponibilité, départs en retraite avant l’âge limite, démissions très difficiles à quantifier). Les solutions collectives ont été assez décrédibilisées, notamment après l’échec du mouvement anti-LRU. De nouvelles pistes restent à imaginer et à construire pour ne pas continuer à subir les méfaits de la néo-libéralisation de l’ESR et trouver des alternatives aux dégradations en cours.

    [1] La situation des MCF-PH et des PU-PH à la fois EC à l’université et praticiens en milieu hospitalier étant très particulière.

    [2] Les verbatims présentés dans cette communication sont extraits des réponses au questionnaire ou des entretiens.

    [3] Bezès P. (2012). « État, experts et savoirs néo-managériaux, les producteurs et diffuseur du New Public Management en France depuis les années 1970 », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 3, p. 18.

    [4] La massification de l’accès au bac s’est traduite par une très forte hausse du nombre d’élèves et étudiants inscrits dans l’ESR. Sur les 4 dernière décennies, ce nombre a plus que doublé en passant d’un peu moins de 1,2 million (à la rentrée 1980) à près de 2,8 millions (à la rentrée 2020). Le nombre d’EC n’a pas suivi !

    [5] Les diplômes universitaires doivent désormais figurer dans le Répertoire national des certifications professionnelles (le RNCP) conçu dans la logique des compétences.

    [6] Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé de l’enseignement supérieur.

    [7] En dépit des principes d’égalité professionnelle, les femmes sont infériorisées dans l’ESR. Parmi les MCF, seul le domaine droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) est à parité avec 51% de femmes et 49% d’hommes. Les femmes sont sur-représentées (58%) en Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH) et sous-représentées (34%) en Sciences et Techniques (ST). Du côté des PU, les femmes sont 29% (contre 45% parmi les MCF) même si ce pourcentage a augmenté ces dernières années. Les femmes sont minoritaires parmi les PU dans les trois domaines, y compris là où elles sont majoritaires parmi les MCF : elles sont 36% en DSPEG, 45% en LLSH et 21% en ST. Et les écarts de statut ne sont pas les seules inégalités de genre entre EC.

    https://blogs.alternatives-economiques.fr/les-economistes-atterres/2025/06/17/crise-de-l-esr-contribution-2-la-profession-d-enseign
    #ESR #enseignement #recherche #new_public_management

  • Plus de 10 500 migrants interceptés en mer par les gardes-côtes libyens depuis le début de l’année - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65197/plus-de-10-500-migrants-interceptes-en-mer-par-les-gardescotes-libyens

    Plus de 10 500 migrants interceptés en mer par les gardes-côtes libyens depuis le début de l’année
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 17/06/2025
    Selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 10 634 exilés ont été stoppés en mer Méditerranée centrale par les gardes-côtes libyens, depuis le début de l’année, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe. Parmi eux, 9 000 hommes et environ 1 000 femmes. Ils étaient 7 800 l’année dernière sur la même période.
    Les interceptions en mer Méditerranée centrale augmentent. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 10 634 exilés ont été arrêtés par les forces maritimes libyennes entre le 1er janvier et le 14 juin 2025 en Méditerranée centrale, dans leur tentative de rejoindre les côtes européennes. C’est 37% de plus que l’année dernière à la même période (7 781 interceptions).Parmi les interceptés, 9 000 sont des hommes, 1 000 des femmes et 360 des enfants.
    La totalité des personnes qui tentent la traversée de la Méditerranée embarquent, depuis les plages libyennes, sur des canots vétustes en bois, en fibre de verre ou en métal, complètement inadaptés à de tels trajets en mer. Ils sont généralement arrêtés dans les eaux territoriales libyennes ou dans les eaux internationales – avec le soutien de l’Union européenne (UE).
    Depuis 2017, en effet, un accord entre la Libye et l’Italie soutenue par Bruxelles autorise Tripoli à prendre en charge la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale (tâche qui incombait auparavant à Rome ou à La Valette, à Malte). Le but : « endiguer » les arrivées de migrants en Europe. Depuis cet accord, non seulement la Libye est autorisée à arrêter les embarcations de migrants qui partent de ses côtes mais le pays bénéficie aussi d’une aide financière et logistique de l’Union européenne : Rome équipe les autorités libyennes et les forme aux interceptions.
    Ces arrestations en pleine mer ont été maintes fois dénoncées par les ONG, rapportant des faits de violences sur les exilés, et des intimidations envers les humanitaires qui mènent des sauvetages dans les eaux internationales.En juin 20254, par exemple, l’ONG allemande Sea-Watch avait diffusé une vidéo montrant des garde-côtes libyens, munis de bâtons, frapper des migrants qui venaient d’être secourus par un navire marchand. Sous la menace, les exilés avaient été forcés de descendre du pétrolier pour monter sur le patrouilleur libyen.
    Des navires d’ONG ont aussi été victimes d’intimidations de la part des Libyens qui n’hésitent pas à faire usage de leurs armes. Début avril 2024, des gardes-côtes de Tripoli avaient ouvert le feu en direction de l’un des canots de sauvetage du bateau humanitaire Mare Jonio. L’équipage était en train de secourir une embarcation de migrants lorsque les autorités libyennes sont intervenues, provoquant un mouvement de panique.Surtout, les exilés, ramenés contre leur gré en Libye, se retrouvent quasi-systématiquement en prison où ils sont soumis à des traitements inhumains (tortures, passages à tabac, humiliations, viols, voire assassinats) dans ces centres de détention officiels - et officieux.
    Le compte « Refugees in Libya » sur les réseaux sociaux se fait souvent l’écho de ces exilés emprisonnés. En novembre 2023, la rédaction avait relayé les images - insoutenables - de trois hommes et deux femmes violemment battus par des trafiquants d’êtres humains en Libye. Les victimes étaient détenues dans la ville de Bani Walid, à environ 200 km de Tripoli, et suppliaient qu’on leur vienne en aide.
    Malgré les enquêtes médiatiques sur le comportement des autorités libyennes et les multiples condamnations des ONG, Bruxelles n’est jamais revenu sur cet accord. Pis, ce dernier fait des émules. La Grèce a envisagé, au mois de juin, un partenariat similaire avec Tripoli pour faire face aux arrivées en Crète par la Méditerranée orientale (notamment depuis Tobrouk, à l’est de la Libye).

    #Covid-19#migrant#migration#libye#italie#UE#mediterranee#routemigratoire#trafic#sante#migrationirreguliere

  • Sénégal : sept ans de prison pour le convoyeur d’une pirogue ayant chaviré au large de Mbour en septembre dernier - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65214/senegal--sept-ans-de-prison-pour-le-convoyeur-dune-pirogue-ayant-chavi

    Sénégal : sept ans de prison pour le convoyeur d’une pirogue ayant chaviré au large de Mbour en septembre dernier
    Par RFI Publié le : 18/06/2025
    Au Sénégal, le convoyeur de la pirogue qui avait chaviré en septembre dernier au large de Mbour, avec à son bord une centaine de passagers, a été condamné lundi à sept ans de prison ferme. Ce drame de la migration clandestine, qui avait fait au moins 29 morts et des dizaines de disparus, avait suscité une vive émotion, jusqu’à pousser le président de la République à se rendre sur les lieux.
    Lundi 17 juin, Cheikh Sall, organisateur et pilote d’une pirogue ayant chaviré en septembre au large de Mbour, au Sénégal, a été condamné à sept ans de prison ferme. Son complice à deux ans, et tous deux devront verser cinq millions de francs CFA (équivalent à 7 600 euros) de dommages et intérêts aux familles des victimes.
    Les deux hommes étaient jugés suite au naufrage d’une pirogue ayant fait au moins 26 morts et des dizaines de disparus, près de Dakar. Ce drame avait ému tout le pays et poussé le président de la République à se rendre sur les lieux du drame.
    Lors de la dernière audience, il y a un mois, le procureur avait retenu contre Cheikh Sall ainsi que contre son complice les chefs d’homicide involontaire, trafic de migrants et mise en danger de la vie d’autrui. Mais il n’avait requis que deux ans de prison ferme. Pas suffisant face à la gravité des faits avaient alors estimé plusieurs représentants de la société civile. Le juge du tribunal de grande instance de Mbour leur a donc donné raison lundi.
    Fait notable : les familles des victimes, en grande majorité proches de Cheikh Sall – qui a lui-même perdu quatre enfants dans la tragédie – ont retiré leur plainte au cours de la procédure, après lui avoir accordé leur pardon. Ce geste n’a toutefois pas modifié l’appréciation du juge, qui a estimé que le retrait des plaintes ne diminuait en rien « la gravité exceptionnelle des faits ». Plusieurs associations de soutien aux migrants interrogées par RFI saluent une décision inédite par sa sévérité, et espèrent qu’elle dissuadera de futurs passeurs.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#routemigratoire#migrationirreguliere#trfaic#droit#sante#mortalite

  • A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/18/a-los-angeles-le-couvre-feu-est-leve-dans-l-attente-d-une-decision-de-justic

    A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    Le calme est revenu dans la mégapole californienne, tandis que le gouverneur de Californie tente de reprendre le contrôle de la garde nationale envoyée par Donald Trump face aux manifestants contestant sa politique migratoire.
    Le Monde avec AFP
    Le couvre-feu instauré dans le centre-ville de Los Angeles aura duré une semaine. La maire de la mégapole californienne, Karen Bass, a décidé, mardi 17 juin, de lever cette mesure exceptionnelle lancée le 10 juin pour mettre fin aux violences et aux dégradations constatées lors de manifestations contre la politique de Donald Trump. L’indignation d’une partie de la population était née d’une vague d’interpellations musclées de sans-papiers par la police de l’immigration (ICE).
    Le président américain a alors accusé les autorités locales démocrates d’avoir perdu le contrôle de la ville, et a envoyé 4 000 soldats de la garde nationale de Californie, ainsi que 700 militaires des marines. Une décision largement dénoncée par les responsables locaux, qui ont accusé Donald Trump d’instrumentaliser la situation.
    Malgré des images spectaculaires de voitures de taxis sans chauffeur incendiés, des pillages et des heurts avec la police, les incidents se sont concentrés sur quelques rues du centre-ville. Le couvre-feu nocturne décidé par la maire démocrate couvrait à peine 13 km² de cette ville tentaculaire. Cette mesure « a largement contribué à protéger les magasins, les restaurants, les entreprises et les communautés résidentielles contre les malfaiteurs qui se moquent du sort de la communauté immigrée », a estimé la démocrate mardi, en annonçant sa levée.
    Depuis ce week-end, où la marche « No Kings » (« Pas de rois ») a vu des milliers de personnes protester dans le calme, la tension est largement retombée à Los Angeles. Mardi, le centre-ville était peuplé de passants circulant au milieu de nombreux commerces encore barricadés et parfois recouverts de graffitis. Mais la maire s’est dite prête « à réinstaurer » un couvre-feu si besoin.
    En intensifiant son offensive anti-immigration à Los Angeles, Donald Trump s’est attaqué à la Californie, Etat sanctuaire pour les sans-papiers, avec une importante population immigrée. Son déploiement de la garde nationale, sans le consentement du gouverneur de l’Etat – qui a aussi autorité sur ce corps militaire – est une première depuis 1965 aux Etats-Unis.
    Le gouverneur, Gavin Newsom, a dénoncé une manœuvre autoritaire et lancé une procédure judiciaire pour en récupérer le contrôle. La semaine dernière, un juge fédéral lui a donné raison, en estimant ce déploiement illégal et que la violence constatée, limitée à quelques quartiers, est « bien loin » de la « rébellion » invoquée par le gouvernement fédéral. Mais l’exécution de sa décision a immédiatement été repoussée, le temps qu’une cour d’appel de San Francisco puisse examiner l’appel du ministère de la justice.
    Une trentaine de personnes poursuivies
    Lors d’une audience devant la cour mardi, le représentant du ministère, Brett Shumate, a affirmé que les « membres de la garde nationale sont essentiels » à Los Angeles. Leur mission est de « protéger les bâtiments fédéraux contre de nouvelles violations et des émeutes violentes impliquant des feux d’artifice, des cocktails Molotov et des morceaux de béton lancés sur les agents » de la police de l’immigration, a-t-il insisté, en rappelant qu’ils n’ont « pas de mission de maintien de l’ordre ».
    De son côté, le représentant de la Californie, Samuel Harbourt, a déclaré que les forces de l’ordre locales « font leur travail » et gèrent la situation. La police de Los Angeles a effectué près de 600 arrestations depuis le début des manifestations et, mardi, le procureur local a annoncé des poursuites contre une trentaine de personnes.Dans ces conditions, le déploiement de la garde nationale est une « mesure extrême » et injustifiée, selon M. Harbourt. Elle risque « d’aggraver encore les tensions et le risque de violence dans la ville de Los Angeles ». Attendue dans les prochains jours, la décision de la cour d’appel sera scrutée de près. L’affaire aura des conséquences importantes sur le pouvoir d’un président américain pour utiliser l’armée sur le sol national, et pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême, à majorité conservatrice. « Je suis convaincu que le bon sens prévaudra ici », a estimé, mardi, M. Newsom, dans un communiqué en marge de l’audience. « L’armée américaine a sa place sur le champ de bataille, pas dans les rues américaines », a ajouté le gouverneur démocrate.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#ICE#politiquemigratoire#immigration#droit#sante#californie

  • Trump contradicts spy chief Tulsi Gabbard on Iran’s nuclear program | Reuters
    https://www.reuters.com/business/aerospace-defense/trump-contradicts-his-spy-chief-irans-nuclear-program-2025-06-17

    WASHINGTON, June 17 (Reuters) - U.S. President Donald Trump on Tuesday repudiated Director of National Intelligence Tulsi Gabbard’s assessment that Iran has not been building a nuclear weapon, publicly contradicting his spy chief for the first time during his second term.

    Finalement, avoir des informations fiables, ça ne convient pas à chaque fois, surtout quand on a besoin d’arguments solides pour justifier ce que l’on va faire. Et en l’occurrence, rien de plus impossible à déboulonner que des mensonges.

    • La formulation est typiquement ce que les Américains qualifient désormais de « #sanewashing », qui consiste à formuler comme un choix rationnel quelque chose de complètement taré.

      Trump n’a pas juste « contredit sa chef-espionne », ni « rejeté l’évaluation de… ». Il était avachi sur une porte dans Air Force 1 et a juste balancé :

      I don’t care what she said. I think they were very close to having one.

      Et là, Reuters parvient à dire ça en utilisation 40 fois plus de mots et un niveau de langage un peu soutenu (contradicts, repudiated, assessement…) : l’article de Reuters fait 2700 caractères, pour expliciter ce que Trump a vomi en 70 lettres.

  • [Comic] Itô Noé [02]
    https://www.partage-noir.fr/comic-ito-noe-02

    Constant police surveillance regularly forced them to move, for both financial and political reasons. On April 24, 1921, #Itô_Noé_was an advisor for the founding of the “Red Wave Society” : the Sekirankai is Japan’s first socialist women’s association. Sekirankai members marche during May Day political meetings. Women activists are arrested. Article 5 of the Public Law prohibits women from taking part in political demonstrations. In October, they take part in socialist propaganda aimed at the (…) #[en]_English

    / Itô Noé , Sakae Ôsugi , #Japon

    #Sakae_Ôsugi_
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/ito_noe_-_comic.pdf

  • En cinq mois, près de 1 900 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65189/en-cinq-mois-pres-de-1-900-migrants-sont-morts-en-tentant-de-rejoindre

    En cinq mois, près de 1 900 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne
    Par Leslie Carretero Publié le : 17/06/2025
    D’après le dernier rapport de l’ONG Caminando Fronteras, 1 865 personnes ont péri en mer en tentant de rejoindre le sol espagnol entre le 1er janvier et le 31 mai. La majorité des décès ont été enregistrés dans l’Atlantique, avec 1 482 morts.Cent treize. C’est le nombre de « tragédies » documentées sur la route vers l’Espagne entre le 1er janvier et le 31 mai 2025 par l’ONG espagnole Caminando Fronteras dans son dernier rapport paru mardi 17 juin.
    Au total durant les cinq premiers mois de l’année, 1 865 migrants ont péri en tentant de rejoindre le sol espagnol, toutes routes confondues, selon Caminando Fronteras. Parmi eux, 342 enfants et 112 femmes. La majorité des accidents se sont produits dans l’Atlantique sur le chemin vers les Canaries, avec 1 482 morts recensés.D’après l’ONG, la plupart des départs de canots vers l’archipel espagnol se concentre désormais sur la côte mauritanienne. Parmi les 1 482 personnes décédées sur la route des Canaries, 1 318 étaient parties de Mauritanie - 110 du Sénégal et de la Gambie, 54 du le sud du Maroc).Le rapport révèle par ailleurs que 38 embarcations ont disparu en mer Méditerranée ou dans l’Atlantique avec l’ensemble des passagers à bord.
    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), elle, compte 40 morts sur la même voie à cette même période. Un écart avec les chiffres de Caminando Fronteras qui s’explique par des méthodologies distinctes. Caminando Fronteras s’appuie sur les appels de détresse des migrants en mer ou de leurs familles pour élaborer ses rapports. L’OIM quant à elle répertorie « tous les naufrages dont on est certains à 100%, nous sommes très stricts à ce sujet », avait expliqué l’an dernier à InfoMigrants Flavio di Giacomo, porte-parole du bureau de coordination méditerranéen de l’OIM. Des articles de presse et des témoignages indirects font partie des sources exploitées.
    « Il est plus facile d’avoir des certitudes sur la route de la Méditerranée que sur celle de l’Atlantique, plus longue, et dont les bateaux sont plus difficiles à repérer, avait-il admis. Ce chemin en plein océan est très dangereux, c’est donc probable qu’il y ait beaucoup de naufrages dont personne n’entend parler », avait ajouté le responsable de l’OIM.Dans son rapport, Caminando Fronteras pointe du doigt les services de sauvetages des différents États et estime que ces morts auraient pu être évitées. « Dans de nombreux cas, les ressources adéquates ne sont pas mobilisées, ou celles déployées sont clairement insuffisantes », signale l’ONG dans son rapport.
    Les militants regrettent par ailleurs que les opérations de sauvetage ne soient pas immédiatement lancées dès qu’une alerte est donnée - par les migrants ou les ONG. « Ces services partent du principe que, tant qu’il n’y a pas de naufrage imminent, il n’y a pas d’urgence réelle à intervenir, même si les navires ne présentent pas les garanties minimales de sécurité nautique », note Caminando Fronteras. Une pratique qui, selon l’ONG, multiplie les risques de drames. « L’activation limitée des ressources aériennes est particulièrement préoccupante » car elle « réduit considérablement les chances de sauvetage » en cas d’accident. « Les services de secours adoptent une approche restrictive envers les embarcations de migrants », déplorent les humanitaires.
    L’an dernier à la même période, Caminando Fronteras avait comptabilisé 5 054 personnes décédées sur les voies menant à l’Espagne, dont 4 808 dans l’océan Atlantique. Le nombre de morts en 2025 est donc en forte diminution par rapport à 2024. Une chute des décès qui s’explique par une autre baisse : celle des arrivées de migrants sur les côtes espagnoles.
    Entre le 1er janvier et le 31 mai, 15 000 personnes ont débarqué en Espagne, contre 20 715 à la même période de 2024, soit une baisse de 27%, d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur espagnol. La chute des arrivées est encore plus importante aux Canaries cette année, avec près de 11 000 débarquements en 2025, contre 17 000 durant les cinq premiers mois de 2024 (-35%).La route des Canaries est active depuis 2005. Un an plus plus tard est survenue la « crise des cayucos » : près de 32 000 personnes avaient débarqué dans l’archipel, du jamais vu. Mais le déploiement sécuritaire qui s’opère dans l’océan Atlantique depuis 2007 avait tari petit à petit cette route, au profit de celle de la Méditerranée centrale.
    Puis à partir de 2018, les conditions de vie des Subsahariens en Libye, la militarisation des routes qui mènent au nord de l’Afrique, ou encore la surveillance accrue des garde-côtes marocains en Méditerranée ont poussé, de nouveau, les migrants sur la route des Canaries. Et depuis la fin de la pandémie de Covid-19, les arrivées sur les îles espagnoles sont quasi quotidiennes.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#atlantique#mortalite#sante#routemigratoire#migrationirreguliere

  • Dix ans de contrôle à la frontière franco-italienne : les associations dénoncent une « mise en danger » constante - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65172/dix-ans-de-controle-a-la-frontiere-francoitalienne--les-associations-d

    Dix ans de contrôle à la frontière franco-italienne : les associations dénoncent une « mise en danger » constante
    Par La rédaction Publié le : 16/06/2025
    Une centaine de personnes était rassemblée dimanche, à l’appel d’Amnesty International, pour mettre en lumière les violations des droits des exilés depuis le rétablissement des contrôles entre la France et l’Italie. Depuis dix ans, le rétablissement de ces contrôles a engendré des formes de « mise en danger » et de « contrôles discriminatoires », sans faire baisser les arrivées puisque celles-ci repartent à la hausse ces dernières semaines.
    « Nous profitons de la journée mondiale des réfugiés le 20 juin pour commémorer les dix ans de la fermeture des frontières et dénoncer les violations des droits des personnes migrantes, leur mise en danger et les contrôles discriminatoires », introduit Christine Poupon, représentante d’Amnesty International dans les Alpes-Maritimes, auprès de l’AFP. Il y a dix ans, en juin 2015, les autorités commençaient à instaurer un contrôle systématique à la frontière franco-italienne - dont la légalité, déjà à l’époque, était contestée.
    Cette réintroduction du contrôle aux frontières intérieures a été officialisée en novembre 2015, initialement dans l’optique de la COP21 qui se tenait cette année-là. Puis, au motif des attentats du 13 novembre 2015. Depuis lors, la France reconduit ce dispositif tous les six mois. Pour rappel, ce type de contrôle est autorisé par le code Schengen « en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure d’un État ».
    Le 7 mars 2025, le Conseil d’État, saisi par des associations, a jugé que ces contrôles étaient bien conformes au nouveau règlement Schengen et proportionnés face aux menaces pesant sur la France. Les contrôles sont actuellement en vigueur jusqu’au 31 octobre.
    « Grâce à la pression que nous avons exercée, nous avons obtenu des avancées, notamment pour les mineurs non accompagnés qui ne sont plus renvoyés systématiquement en Italie mais, quand leur minorité est reconnue par la police aux frontières, remis à l’Aide sociale à l’enfance », note Christine Poupon. « Récemment, nous avons pu observer aussi que certains migrants étaient relâchés avec une convocation pour se rendre à la plate-forme des demandeurs d’asile à Nice ».
    L’une de ces avancées avait été obtenue sur le plan juridique. Le 2 février 2024, le Conseil d’État avait annulé un article du code des étrangers (Ceseda) qui permettait aux forces de l’ordre de prononcer des refus d’entrée aux étrangers arrivés aux frontières françaises en situation irrégulière, sans leur laisser la possibilité de demander l’asile. Le Conseil d’État s’était alors appuyé sur un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de septembre 2023 : selon les juges européens, la France était jusque-là dans l’illégalité et devait se conformer à la directive « retour » qui prévaut en UE.
    Mais ce répit a été de courte durée. Avec l’application du nouveau code Schengen, les règles changent. Cette révision publiée en mai 2024 renforce la possibilité de contrôles aux frontières intérieures. Auparavant d’une durée maximum de deux ans, ceux-ci peuvent désormais s’étendre sur une période de trois ans. Surtout : le nouveau code prévoit une procédure de « transfert » autorisant un État membre à renvoyer une personne arrêtée dans la zone frontalière vers l’État membre d’où elle provient. À la condition que ces transferts s’opèrent dans le cadre d’une coopération bilatérale.
    Sur le terrain franco-italien, les associations constatent depuis l’hiver dernier que les refoulements ont bel et bien repris. « On a recueilli plusieurs témoignages de personnes qui ont exprimé leur volonté de demander l’asile mais soit elles ont été totalement ignorées, soit les conditions d’entretien étaient inadaptées, parfois sans interprète », détaillait alors à InfoMigrants Isabelle Lorre, coordinatrice du programme Migration frontière transalpine à Médecins du Monde.
    Ces contrôles constants, ainsi que la récente reprise des refoulements, n’empêchent pas les arrivées. Bien au contraire : ces dernières semaines, les associations constatent une hausse importante de celles-ci. Côté italien, quelque 1 687 passages ont été recensés par le refuge Fraternita Massi sur la commune italienne de Oulx au mois de mai, contre 369 en 2024. Soit une augmentation de 357 % sur un an. En 2023, le refuge avait enregistré 876 arrivées à la même période.
    Côté français, la préfecture des Hautes-Alpes contactée par Infomigrants affirme qu’au mois de mai, « 1 004 ESI [étrangers en situation irrégulière, ndlr] dont 425 majeurs et 579 MNA [Mineurs non- accompagnés, ndlr] ont été interpellés » à la frontière, contre 291 l’année dernière à la même période.Depuis le début de l’année, la préfecture décompte 1 437 majeurs et 1 197 « individus se déclarant mineurs non accompagnés » interpellés à la frontière, soit au total 2 634 interceptions.Ces arrivées saturent les rares places d’accueil disponibles. Au niveau du point de passage du col de Montgenèvre, ces places se concentrent pour la plupart aux Terrasses Solidaires de Briançon. « On a accueilli deux fois plus de personnes au premier trimestre 2025 qu’à la même période l’année dernière », y relève Émile Rabreau, chargé de communication à l’association Refuges Solidaires qui gère l’accueil des exilés.
    Pour rappel, sur toute l’année 2024 dans les Alpes-Maritimes, 15 000 personnes en situation irrégulière avaient été interpellées le long des 100 kilomètres de frontière avec l’Italie. Un chiffre en large baisse par rapport à l’année précédente, puisque 42 000 personnes avaient été interpellées en 2023, toujours selon la préfecture.
    Face à cette situation compliquée, des militants se sont rassemblés dimanche dans la ville frontalière de Vintimille (Italie), à l’appel d’Amnesty International, pour dénoncer les violations de droits dont sont victimes les exilés depuis la « fermeture des frontières » de 2015. Ce rassemblement s’est tenu au niveau du mémorial créé fin 2022 par des citoyens solidaires au niveau du pont Saint-Ludovic, face à la mer. Ce pont marque la frontière entre l’Italie et la France : Vintimille d’un côté, Menton de l’autre. Une première stèle y avait été déposée pour Ahmed Zia Safi, âgé de 16 ans, renversé sur l’autoroute non loin de là, le 7 novembre 2022.
    Quarante-huit personnes sont décédées entre 2016 et 2025, selon une base de données de citoyens solidaires et de chercheurs rendue publique par la Ligue des droits de l’Homme de Nice mi-février. Elles venaient d’Érythrée, du Soudan, de Libye, du Tchad, du Népal, du Bangladesh ou encore d’Afghanistan. Les plus jeunes avaient 16 ans.
    La région la plus mortifère est celle de ce passage Vintimille-Menton. Face aux contrôles quasi systématiques dans les trains entre ces deux villes, les exilés tentent des voies alternatives dangereuses. Par exemple, la marche le long de la voie ferrée, de l’autoroute ; ou, la montée dans des camions. Mais aussi le passage par la montagne : entre 7 et 10 heures de marche - si l’on ne se perd pas -, sur des chemins escarpés. Le surnom de cette voie-là dit toute sa dangerosité : « Le sentier de la mort ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#italie#alpesmaritimes#routemigratoire#migrationirreguliere#frontiere#sante

  • « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/15/fiere-d-etre-brune-a-los-angeles-le-sursaut-de-solidarite-de-la-jeunesse-lat

    « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Les jeunes latinos ont montré samedi 14 juin à Los Angeles qu’ils n’avaient pas peur de descendre dans la rue pour défendre leur communauté. Donald Trump est prévenu. « Tu t’attaques à la mauvaise génération », lançait une pancarte brandie par une étudiante d’ascendance mexicaine, dans le rassemblement organisé dans la deuxième ville du pays.
    Dans tout le pays, la « No Kings day » (« la journée sans roi »), a dépassé les attentes. Le groupe 50501, l’un des organisateurs, a estimé le nombre des manifestants à 11 millions dans plus de 2000 localités. A Los Angeles, quelque 20 000 personnes se sont pressées dans Downtown, le centre-ville, entre la mairie et le Centre de détention fédéral où sont conduits les sans papiers arrêtés depuis le 6 juin. Une autre Amérique existe. Au premier rang, celle des jeunes issus de l’immigration.
    Les jeunes sont venus en force. En groupe, avec banderoles et drapeaux, dans une atmosphère pleine d’énergie et de klaxons. L’un porte le jersey de l’équipe mexicaine de foot. Un autre sa planche de surf, barrée d’une inscription réclamant le départ de la police de l’immigration du paysage de Los Angeles, et celui de Trump, de Washington.La génération L.A est dans la rue, par solidarité. Au nom des parents, des grands-parents, et de tous ceux qui n’ont pas, comme elle, la chance d’être protégés par leur passeport américain. « Les jeunes manifestent pour défendre les droits de leurs parents, explique un étudiant d’origine péruvienne. Pour nous, c’est très personnel. »
    Angie Larroque, une patissière de 34 ans, est « fière d’avoir été élevée par des immigrants ». Elle rend hommage à leur parcours. « Pour que ce qu’ils ont enduré ne soit pas oublié. » Hector explique qu’il essaie de « donner une voix » à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Ceux que les raids de l’ICE, la police de l’immigration, ont contraint à se terrer chez eux, qui ne vont plus au travail et envoient les enfants faire les courses à leur place.
    Selon une étude de 2020 de l’Université de Californie du Sud, la ville compterait près de 900 000 immigrés sans papiers, dont beaucoup installés aux Etats-Unis depuis plus de dix ans. Près d’une personne sur cinq vit dans une famille dont un membre au moins est en situation irrégulière.
    Assis sur l’herbe, dans le Parc Gloria Molina, l’espace vert au pied de la mairie, nommé d’après la première latina conseillère municipale de la ville, trois filles et un garçon venus de la localité de Pomona, mettent la dernière touche de feutre à leurs pancartes. L’une s’inquiète de la détresse américaine. « Can we fix our nation’s broken heart ? » (« Pouvons-nous réparer le cœur brisé de notre nation ? »), titre d’une chanson de Stevie Wonder. « Il y a toujours eu des expulsions. Mais il faut que cela soit fait dans la dignité », plaide Derrick, 28 ans, en masters de sociologie.
    Nicole (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), 23 ans, explique pourquoi certains membres de sa famille sont toujours en situation irrégulière, après plus de vingt ans aux Etats-Unis. « Cela prend des années pour obtenir une régularisation. Il faut payer un avocat. » Ses parents ont investi d’abord dans leur maison et, elle leur en est « reconnaissante », dans son éducation. Régulièrement, les élus du Congrès promettent d’ouvrir « une voie vers la citoyenneté » aux plus de 11 millions de sans papiers mais la réforme n’a jamais été adoptée. On en est plus loin que jamais. « Les gens sont arrêtés alors qu’ils sont au palais de justice pour leur convocation », s’indigne Jessica, 23 ans.
    En s’en prenant aux migrants, Donald Trump s’attaque à une ville dont 36 % des habitants sont nés hors des Etats-Unis. Où « tous les pays du monde, tous sans exception » sont représentés, affirmait vendredi la maire, Karen Bass, en plaidant une nouvelle fois pour l’arrêt des raids indiscriminés menés par la police de l’immigration.
    Dans le comté de Los Angeles, plus de 2 millions d’habitants ont moins de 25 ans. Face à des discours qui les ostracisent, les jeunes latinos ne craignent pas de revendiquer leur identité. Ils sont Américains, la peur a changé de camp. Une fille affiche sur son T-shirt sa « fierté d’avoir la peau brune ». Une autre vante son « héritage mexicain ». Charlie Mejia, instructeur de boxe dans un club de fitness, porte haut son affiche en lettres majuscules : « Ça se prononce Los Angeles », une manière de rappeler où l’administration Trump est venue semer le chaos : dans une ville qui porte la mémoire mexicaine dans ses noms de rues, sa culture, et considère que les hommes n’ont jamais traversé une frontière. « C’est la frontière qui les a traversés », comme l’écrit le journaliste Enrique Acevedo, dans le Washington Post.
    Tous les drapeaux sont de sortie, à commencer par le mexicain, qui donne de l’urticaire aux républicains. Une bannière qui se veut le signe de la résistance à « l’effacement » souhaité par la droite et propagé par les généralisations venimeuses de Donald Trump – qui dès 2016 qualifiait les Mexicains de « violeurs ». « Non, à la stigmatisation de toute une population, s’indigne Mark Gonzalez, membre de l’assemblée de Californie. D’accord, nous sommes dans la construction, dans la restauration. Mais nous sommes aussi médecins, professeurs et élus politiques », disait-il au lendemain de l’humiliation infligée à Alex Padilla, le premier latino à représenter la Californie au Sénat, expulsé manu militari d’une conférence de presse tenue par Kristi Noem, la secrétaire à la sécurité intérieure.
    La surprise, c’est la présence en nombre de drapeaux américains. Il est vrai que ce 14 juin est dit « flag day », la célébration annuelle de la bannière étoilée et que les organisateurs en ont distribué à la foule. Il y a d’autres drapeaux, encore. Le Salvadorien, bleu et blanc, tout comme le Nicaraguayen. Un grand costaud porte même les bannières de Guam et de Samoa sur une perche. « On ne pouvait pas ne pas venir manifester », dit Jeremy le surfeur. C’est l’identité de Los Angeles qui est attaquée.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#californie#ICE#politiquemigratoire#expulsion#latino#sante

  • La police belge met au jour un gigantesque réseau de prostitution
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/16/la-police-belge-met-au-jour-un-gigantesque-reseau-de-prostitution_6613583_32

    La police belge met au jour un gigantesque réseau de prostitution
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
    Au bout d’une enquête qui aura duré plus de huit années, la police belge a mis au jour un gigantesque réseau sino-belge de prostitution qui aurait exploité un millier de jeunes Chinoises. A Gand, la chambre du conseil a, le 10 juin, renvoyé vers un tribunal correctionnel 38 prévenus, qui seront jugés à l’automne, notamment pour trafic d’êtres humains, proxénétisme, blanchiment, faux et usage de faux, et appartenance à une organisation criminelle.
    La justice n’a, dans un premier temps, pas communiqué sur ce dossier, baptisé « Lotus », considéré comme « l’un des plus importants de l’histoire judiciaire du pays » par une source policière. Il est désormais détaillé et révèle les secrets et l’ampleur inédite de cette organisation. A partir d’une perquisition menée en juin 2017 à Anvers, les enquêteurs ont découvert une structure tentaculaire qui regroupait plusieurs « cellules » autonomes dirigées chacune par un chef et dotées de recruteurs, de chauffeurs, d’employés d’un centre d’appels devant organiser les rendez-vous, ainsi que de coursiers chargés de convoyer l’argent et de distribuer les préservatifs.
    Myria, le centre fédéral pour la migration, s’est constitué partie civile dans cette affaire, qui n’est pas la première touchant à des réseaux étrangers de prostitution mais, à coup sûr, la plus spectaculaire. L’organisation démantelée ferait d’ailleurs partie d’un ensemble plus vaste, géré depuis une ville espagnole – sans doute Barcelone, selon le quotidien néerlandophone De Standaard, qui a livré des détails sur l’affaire samedi 14 juin – et doté de ramifications en France, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas et en République tchèque.
    La saisie des téléphones de deux prostituées lors de la perquisition d’Anvers, en 2017, avait indiqué qu’elles avaient été contraintes de travailler en Italie, en Pologne et en Slovaquie. Dans des appartements privés ou des locations Airbnb, ce qui permettait d’échapper aux contrôles de police.
    Les jeunes femmes chinoises étaient généralement recrutées par le biais de sites Web promettant à « des jolies filles qui veulent gagner de l’argent » de mener une vie de luxe en Europe ou d’y bénéficier gratuitement d’opérations de chirurgie esthétique. Une fois arrivées en Belgique, elles étaient contraintes de se prostituer durant deux années au moins et étaient fréquemment déplacées d’un endroit à un autre. Certaines se voyaient ensuite offrir la possibilité d’exercer des fonctions dans le groupe mafieux : opératrices dans l’un des centres d’appels établis dans le royaume, puis dirigeantes de ceux-ci. Un seul de ces centres d’appels établi à Bruxelles gérait 911 comptes sur des sites de rencontre, ont découvert les policiers.
    Même s’ils s’entouraient du plus grand secret, les organisateurs du réseau, dont des Belges, étaient forcés de communiquer entre eux, et c’est ce qui aura causé leur perte. Ils échangeaient sur la messagerie chinoise WeChat. La création de comptes sur des sites de rencontre afin d’attirer des clients a également laissé des traces qu’ont suivies les inspecteurs de la police judiciaire fédérale, aidés par Europol. Aucune des jeunes femmes identifiées n’a voulu, ou osé, porter plainte, y compris celles qui se voyaient offrir un statut de témoin protégé, mais elles ont livré quelques renseignements qui ont permis d’identifier des dirigeants et des membres actifs de la structure.
    Une première vague d’arrestations de 25 suspects a eu lieu en février 2023, à Bruxelles, dans trois autres villes belges et à Barcelone. L’un des principaux membres de l’organisation serait un Chinois de 80 ans, propriétaire d’un hôtel et d’appartements dans le centre de la capitale belge. Selon le parquet fédéral, lui et sa famille, présents en Belgique depuis cinquante ans, auraient gagné des centaines de milliers d’euros grâce à la location de chambres dans lesquelles des jeunes femmes étaient contraintes de se prostituer. Un homme de 51 ans a été identifié comme le dirigeant présumé du réseau mafieux en Espagne, un autre suspect, de nationalité chinoise et appréhendé en Norvège, a été extradé il y a quelques jours vers la Belgique.
    Les principaux prévenus risquent des peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison et cinq d’entre eux sont, en outre, suspectés de complicité de meurtre : une femme qu’ils auraient forcée à se prostituer avait été assassinée dans la banlieue d’Anvers en janvier 2023Un premier procès de proxénètes chinois présumés avait eu lieu en 2018 devant la cour d’appel de Bruxelles. Trois prévenus étaient poursuivis pour tentative d’exploitation sexuelle de jeunes filles mineures non identifiées, mais la cour avait jugé que les faits n’étaient pas établis. Depuis, la prostitution de jeunes Chinoises, notamment à Bruxelles, est régulièrement confirmée, ce qui semble indiquer que les proxénètes ont adapté leurs méthodes en recourant notamment au dark Web. Le travail du sexe a été totalement dépénalisé en Belgique en 2022, ce qui permet à des femmes d’échapper aux poursuites, mais l’activité de réseaux criminels exploitant des jeunes filles précarisées persiste, dénoncent plusieurs organisations.

    #Covid-19#migration#migrant#chine#belgique#traite#prostitution#sante#droit#trafic

  • Des enfants français devenus majeurs dans les camps syriens demandent leur rapatriement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/16/des-enfants-francais-devenus-majeurs-dans-les-camps-syriens-demandent-leur-r

    Des enfants français devenus majeurs dans les camps syriens demandent leur rapatriement
    Le Monde avec AFP
    Une délégation française composée d’associations, d’un élu et d’avocats, de retour de camps en Syrie où sont détenues des familles françaises de djihadistes présumés de l’organisation Etat islamique (EI), a relayé la volonté d’une vingtaine d’enfants et de mères d’être rapatriés en France, lundi 16 juin.
    Depuis la défaite de l’EI en Syrie, il y a plus de cinq ans, les forces kurdes contrôlent plusieurs camps et prisons dans la région, où sont retenues des dizaines de milliers de personnes soupçonnées de liens avec l’organisation djihadiste. Parmi elles figurent environ 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises, selon la délégation, qui était composée notamment d’Amélie Morineau, présidente de la commission libertés et droits de l’homme du Conseil national des barreaux (CNB) et de l’eurodéputé (Les Ecologistes) Mounir Satouri.
    Le groupe s’est rendu dans le camp Roj ainsi que dans les centres Orkesh et Houri et dans la prison d’Alaya. Ils sont revenus « avec des demandes de consentement » à rentrer, qui ont été filmées, de cinq jeunes détenus ainsi que de quatre mères demandant le rapatriement de leurs enfants âgés de 6 à 16 ans et, pour trois d’entre elles, leur retour à elles aussi, a déclaré Marie Dosé, lors d’une conférence de presse. Les dernières demandes ont été refusées par les autorités françaises, selon elle.
    « Ça suffit, ce cauchemar », témoigne notamment dans une vidéo prise par la délégation et diffusée lundi Adem, 22 ans, dont le nom de famille n’a pas été donné, emmené de force en Syrie quand il avait 11 ans. Selon Matthieu Bagard, président du pôle expertise Syrie de l’ONG Avocats sans frontières France, leur séjour en Syrie est la preuve que les conditions sécuritaires actuelles « n’empêchent pas non plus les rapatriements effectués par un très grand nombre d’autres pays », dont l’Allemagne et la Russie. Et ce, y compris depuis que les nouvelles autorités islamistes ont renversé le président Bachar Al-Assad et pris le pouvoir en décembre. « Les soldats-enfants, en droit international, sont des victimes de guerre », a rappelé Marie Dosé, annonçant avoir déposé, en France, le 10 avril, auprès du doyen des juges d’instruction, une plainte pour détention arbitraire et traitement inhumain et dégradant.
    En février, l’administration kurde a annoncé, en coordination avec l’ONU, son intention de vider d’ici à la fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de djihadistes. La France, frappée par des attentats djihadistes fomentés par l’EI, notamment en 2015, a cessé les rapatriements à l’été 2023 après avoir mené quatre opérations en un an, malgré plusieurs condamnations internationales dont celle, en 2022, de la Cour européenne des droits de l’homme.

    #Covid-19#migrant#migration#france#syrie#mineur#rapatriement#droit#sante

  • Sans retenue

    Le podcast « Sans retenue » donne la parole à celles et ceux qui militent contre l’#enfermement des #personnes_étrangères. Ces personnes retenues pour raison administrative n’ont commis aucun délit : simplement, elles ne possèdent pas les bons papiers. Masquer

    Ce podcast s’inscrit dans le cadre d’action de #sensibilisation de la société civile pour témoigner de la réalité de l’enfermement des personnes étrangères. #Zones_d’attente, locaux et #centres_de_rétention_administrative, prisons… ce podcast a pour objectif de donner à voir les conséquences concrètes de l’enfermement sur les premier⋅es concerné⋅es, de rendre visible leurs #témoignages et #luttes pour y mettre fin.
    Décliné en #série, ce podcast aborde tous les aspects de l’enfermement : la vie dans ces lieux, les audiences judiciaires, le rôle des associations, les luttes à l’intérieur et aux abords… Cette série a également une vocation pédagogique lorsque sont abordés des thèmes méconnus et plus complexes.
    Ce podcast est réalisé par l’Observatoire de l’Enfermement des Etrangers (OEE), créé en 2010, qui rassemble seize associations militant contre l’enfermement, sous toutes ses formes, subi par les personnes étrangères. Ses membres défendent leur accès effectif aux droits fondamentaux, sans distinction de genre, de langue, de nationalité, d’opinion politique, d’orientation sexuelle, d’origine ou de religion.

    https://spectremedia.org/sans-retenue
    #podcast #audio
    #migrations #réfugiés #sans-papiers #rétention #détention_administrative #laissez-passer_consulaire (#LPC)

    ping @isskein @karine4

  • #Pastoralism is facing existential threat in #West_Africa - ScienceDirect
    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0962629825000952

    #Political_Geography
    Volume 121, August 2025, 103363
    Political Geography
    Guest editorial
    Pastoralism is facing existential threat in West Africa
    Olivier J. Walther, Lacey Harris-Coble, Leif Brottem, Mirjam de Bruijn, Han van Dijk, Cletus F. Nwankwo, Adegbola T. Adesogan

    https://doi.org/10.1016/j.polgeo.2025.103363

    In March 2025, pro-government militias killed more than 130 Fulani pastoralists in the western Boucle du Mouhoun region of Burkina Faso, according to Human Rights Watch (HRW, 2025). This attack against unarmed civilians is far from an isolated incident in West Africa. It reflects a larger and disturbing trend in the region, where pastoralists are routinely accused of siding with violent extremist organizations affiliated with Al Qaeda and the Islamic State, and targeted by government forces and their allied militias.
    The increased frequency of such massacres is but one of the many threats facing pastoralism, a vital sector of the West African economy that contributes to the livelihoods of an estimated 25 million people in the Sahel and outskirts of the Sahara. From Senegal to Chad, pastoralists supply meat and dairy products to a rapidly growing population. Beyond the economic sphere, pastoralism is a cultural system in which animals are regarded as a source of social standing. Fulani, Tuareg, Moore and Tubu pastoralists are the carriers of unique conflict resolution mechanisms, knowledge of production systems, religious networks, political organizations, and gender roles.
    While they remain crucially important to West African #societies, these #pastoral_systems have experienced major crises since the second half of the 20th century. In the 1970s and 1980s, the great #Sahelian #droughts decimated livestock and led pastoral populations to adopt other modes of subsistence based on mobility, such as trade, tourism, and war. A new form of pastoralism emerged, managed by absentee owners, #neo-pastoralists, politicians, and businessmen, who abandoned the traditional equilibrium based on ecological complementarities. More than a result of climatic conditions, these changes were encouraged by state policies implemented to control the movements of populations deemed too politically independent (Walther & Retaillé, 2021). #Sedentarization, intensification, and privatization policies were also widely supported by international donors, despite a history of failure in the region and the reluctance of the pastoralists themselves to change their way of life.

    Je peux fournir le PDF si besoin !

    • Au #Tchad, la justice menace de poursuites les journalistes enquêtant sur un massacre d’#éleveurs
      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/16/au-tchad-la-justice-menace-de-poursuites-les-journalistes-enquetant-sur-un-m

      Le procureur de la République de N’Djamena a menacé de poursuites judiciaires, samedi 14 juin, les journalistes ou acteurs de la société civile qui se rendent à Mandakao (sud-ouest du Tchad), sur les lieux d’un massacre commis en mai et visant des éleveurs locaux.

      Selon les autorités, 42 personnes ont péri dans cette tuerie. Les victimes sont des éleveurs peuls dont majoritairement des femmes et des enfants, selon des sources locales. « Certains journalistes et membres des sociétés civiles se permettent de se rendre, de leur propre initiative, à Mandakao (…) pour interroger certains habitants de ce village », a écrit le procureur Oumar Mahamat Kedelaye dans un communiqué parvenu à l’Agence France-Presse (AFP) dans la nuit de samedi à dimanche.

      Le 21 mai, l’opposant tchadien et ancien premier ministre, Succès Masra, avait été placé en détention provisoire sur des accusations « d’incitation à la haine » à la suite du massacre de Mandakao. Le chef du parti Les Transformateurs, candidat malheureux à la présidentielle de 2024, avait été arrêté cinq jours plus tôt à N’Djamena.

      « Compte tenu de la sensibilité de l’affaire, toute autre démarche parallèle [à la justice] est susceptible de constituer un empiétement sur les fonctions judiciaires », écrit le procureur dans son communiqué, ce qui selon lui pourrait entraîner des « poursuites judiciaires ».

  • [Comic] Itô Noé [01]
    https://www.partage-noir.fr/comic-ito-noe-01

    Text : MLT & Drawings : OLT (CC BY-NC-SA) - Translated : DLR #Itô_Noé_was born on the island of Kyushu on January 21, 1895. Graduates from Tokyo’s Ueno Girls’ School at age 16. Forced into an arranged marriage, she ran away from home. Her English teacher, Tsuji Jun, the libertarian poet and translator of Stirner, takes her in. He supported Itô Noé in her studies. They married and had two sons. In Tokyo in 1912, she joined the first feminist groups and contributed to the cultural (…) #[en]_English


    / Itô Noé , #Jun_Tsuji, Sakae Ôsugi , #Japon

    #Sakae_Ôsugi_

  • Une centaine de migrants tentant d’atteindre le Royaume-Uni secourus dans la Manche en vingt-quatre heures
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/14/une-centaine-de-migrants-secourus-dans-la-manche-en-vingt-quatre-heures_6613

    Une centaine de migrants tentant d’atteindre le Royaume-Uni secourus dans la Manche en vingt-quatre heures
    Le Monde avec AFP
    Une centaine de migrants tentant de gagner le Royaume-Uni à bord d’embarcations clandestines ont été secourus dans la Manche en vingt-quatre heures, ont annoncé samedi 14 juin les autorités françaises. En tout, 99 candidats à l’exil ont été secourus dans plusieurs opérations distinctes entre jeudi soir et vendredi soir, explique la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar), dans un communiqué. La nuit de jeudi à vendredi a été marquée par de nombreux départs d’embarcations de migrants, souligne la Premar. Selon le décompte des autorités britanniques, 919 migrants ont traversé la Manche vendredi, sur quatorze embarcations.
    L’une des opérations de sauvetage menées vendredi portait sur une embarcation qui prenait l’eau au large de Dunkerque, détaille la Premar. Un patrouilleur de service public a récupéré à son bord 63 personnes. Les seize autres occupants du canot ont refusé dans un premier temps d’être secourus alors que l’embarcation continuait de se dégonfler. Ils ont finalement été récupérés par deux autres navires et ramenés sur les côtes françaises.
    En début de soirée vendredi, alors que le département du Pas-de-Calais était classé en vigilance orange aux orages et que les conditions météorologiques se sont dégradées, neuf occupants d’une embarcation ont été secourus. Dans la soirée de jeudi, « une embarcation flottante mais sans moteur » avait aussi été repérée à la dérive et les trois personnes qui se trouvaient à bord récupérées.
    Depuis le début de l’année, au moins quinze personnes sont mortes dans la Manche, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) à partir de chiffres officiels. En 2024 elles étaient 78, un record depuis l’apparition en 2018 des traversées de la Manche en « small boats », ces embarcations clandestines précaires souvent surchargées.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#manche#routemigratoire#migrationirreuguliere#sante

  • Les risques nucléaires augmentent avec l’émergence d’une nouvelle #course_aux_armements – Parution du nouveau « #SIPRI Yearbook »

    L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) publie aujourd’hui son évaluation annuelle de l’état des armements, du désarmement et de la sécurité internationale. L’une des principales conclusions du « SIPRI Yearbook 2025 » fait état de l’émergence d’une nouvelle course aux armements nucléaires dangereuse, à un moment où les régimes de contrôle des armements sont gravement affaiblis.

    Les arsenaux nucléaires mondiaux s’agrandissent et se modernisent

    La quasi-totalité des neuf États dotés de l’#arme_nucléaire – États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) et Israël – ont poursuivi en 2024 leurs programmes intensifs de modernisation nucléaire, avec une mise à niveau des #armes_nucléaires existantes, auxquelles s’ajoutent des versions plus récentes.

    Sur le total de l’inventaire mondial soit environ 12 241 ogives en janvier 2025, près de 9 614 étaient mises en stocks militaires en vue d’une potentielle utilisation (voir tableau ci-dessous). Environ 3 912 de ces #ogives ont été déployées avec des missiles et des avions et le reste a été stocké dans un entrepôt central. Environ 2 100 ogives déployées ont été maintenues en état d’alerte opérationnelle élevée sur des #missiles balistiques. Presque toutes ces ogives appartiennent à la Russie ou aux États-Unis, mais également à la Chine qui pourrait désormais conserver certaines ogives sur ses missiles en temps de paix.

    Depuis la fin de la guerre froide, le démantèlement progressif des ogives retirées du service par la Russie et les États-Unis a dépassé le déploiement de nouvelles ogives, ce qui a entraîné une diminution annuelle globale du stock mondial d’armes nucléaires. Cette tendance devrait s’inverser dans les années à venir, le rythme du démantèlement ralentissant tandis que le déploiement de nouvelles armes nucléaires s’accélère.

    « L’ère de la réduction du nombre d’armes nucléaires dans le monde, en cours depuis la fin de la guerre froide, touche à sa fin », souligne Hans M. Kristensen, chercheur principal associé au programme Armes de destruction massive du SIPRI et directeur du Nuclear Information Project à la Federation Of American Scientists (FAS). « Au lieu de cela, nous observons une nette tendance à l’augmentation des arsenaux nucléaires, à l’exacerbation de la rhétorique nucléaire et à l’abandon des accords de contrôle des armements. »

    La Russie et les États-Unis possèdent à eux seuls près de 90 % des armes nucléaires mondiales. La taille de leurs arsenaux militaires respectifs (c’est-à-dire les ogives utilisables) semble être restée relativement stable en 2024, mais les deux États mettent en œuvre d’importants programmes de modernisation susceptibles d’accroître la taille et la diversité de leurs arsenaux à l’avenir. En l’absence d’un nouvel accord visant à plafonner leurs arsenaux, le nombre d’ogives déployées sur leurs missiles stratégiques devrait augmenter après l’expiration, en février 2026, du Traité de 2010 sur les mesures visant à réduire et à limiter davantage les armements stratégiques offensifs (New START).

    Le vaste programme de #modernisation_nucléaire des États-Unis progresse, mais en 2024, il a été confronté à des difficultés de planification et de financement qui pourraient le retarder et augmenter considérablement le coût du nouvel arsenal stratégique. De plus, l’ajout de nouvelles armes nucléaires non stratégiques à l’arsenal américain accentuera la pression sur le programme de modernisation.

    Le programme de modernisation nucléaire de la Russie connaît également des difficultés, avec notamment en 2024 : l’échec d’un essai, un retard pris pour le lancement du nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) #Sarmat et une modernisation plus lente que prévu d’autres systèmes. Par ailleurs, l’augmentation du nombre d’ogives nucléaires non stratégiques russes, prévue par les États-Unis en 2020, ne s’est pas encore concrétisée.

    Néanmoins, il est probable que le déploiement d’armes nucléaires russes et américaines sera plus important dans les années à venir. L’augmentation russe résulterait principalement de la modernisation des forces stratégiques restantes, permettant d’emporter davantage d’ogives sur chaque missile, et du rechargement de certains silos précédemment vidés. L’augmentation américaine, quant à elle, pourrait résulter du déploiement d’ogives supplémentaires sur les lanceurs existants, de la réactivation de lanceurs vides et de l’ajout de nouvelles armes nucléaires non stratégiques à l’arsenal. Les partisans du nucléaire aux États-Unis préconisent ces mesures en réaction aux nouveaux déploiements nucléaires chinois.

    Selon les estimations du SIPRI, la Chine possède désormais au moins 600 ogives nucléaires. Son arsenal nucléaire croît plus rapidement que celui de tout autre pays, d’environ 100 nouvelles ogives par an depuis 2023. En janvier 2025, la Chine a achevé, ou était sur le point de le faire, la construction d’environ 350 nouveaux silos d’ICBM dans trois vastes zones désertiques du nord du pays et trois zones montagneuses de l’est. Selon la manière dont elle décidera de structurer ses forces, la Chine pourrait potentiellement posséder au moins autant d’ICBM que la Russie ou les États-Unis d’ici la fin de la décennie. Pourtant, même si la Chine atteint le nombre maximal prévu de 1 500 ogives d’ici 2035, cela ne représentera toujours qu’environ un tiers des stocks nucléaires actuels de la Russie et des États-Unis.

    Bien que le Royaume-Uni ne semble pas avoir augmenté son arsenal d’armes nucléaires en 2024, son stock d’ogives devrait augmenter à l’avenir, après que l’Integrated Review Refresh de 2023 a confirmé les plans antérieurs de relèvement du plafond du nombre d’ogives. Lors de la campagne électorale, le gouvernement travailliste élu en juillet 2024 s’est engagé à poursuivre la construction de quatre nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), à maintenir la dissuasion nucléaire continue en mer du Royaume-Uni et à moderniser l’arsenal nucléaire britannique à l’avenir. Cependant, le gouvernement est aujourd’hui confronté à d’importants défis opérationnels et financiers.

    En 2024, la France a poursuivi ses programmes de développement d’un SNLE de troisième génération et d’un nouveau missile de croisière à lanceur aérien, ainsi que la rénovation et la modernisation des systèmes existants, notamment un missile balistique amélioré doté d’une nouvelle ogive modifiée.

    L’Inde aurait une fois de plus légèrement élargi son arsenal nucléaire en 2024 et continué à développer de nouveaux types de vecteurs nucléaires. Ses nouveaux conteneurs de missiles, transportables avec des ogives associées, pourraient être capables d’emporter des ogives nucléaires en temps de paix, voire plusieurs ogives par missile, une fois ceux-ci opérationnels.

    En 2024, le Pakistan a également poursuivi le développement de nouveaux vecteurs et a accumulé de la matière fissile, ce qui laisse penser que son arsenal nucléaire pourrait s’accroître au cours de la prochaine décennie.

    Début 2025, les tensions entre l’Inde et le Pakistan ont brièvement dégénéré en conflit armé.

    « La combinaison frappes contre des infrastructures militaires nucléaires et désinformation aurait pu transformer ce qui relevait d’un conflit conventionnel en une crise nucléaire », précise Matt Korda, chercheur principal associé au programme Armes de destruction massive du SIPRI et directeur associé au Nuclear Information Project à la Federation Of American Scientists (FAS). « Cela devrait servir d’avertissement sévère aux États qui cherchent à accroître leur dépendance aux armes nucléaires. »

    La Corée du Nord continue de donner la priorité à son programme nucléaire militaire, élément central de sa stratégie de sécurité nationale. Le SIPRI estime que le pays a désormais assemblé une cinquantaine d’ogives, qu’il possède suffisamment de matière fissile pour en produire encore jusqu’à 40 supplémentaires et qu’il accélère encore la production de matière fissile. En juillet 2024, des responsables sud-coréens ont averti que la Corée du Nord était dans les « phases finales » du développement d’une « arme nucléaire tactique ». En novembre 2024, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a appelé à une expansion « sans limite » du programme nucléaire du pays.

    Israël, qui ne reconnaît pas publiquement posséder l’arme nucléaire, modernise son arsenal nucléaire. En 2024, il a procédé à l’essai d’un système de propulsion de missiles qui pourrait être adapté aux missiles balistiques à capacité nucléaire Jericho. Israël poursuit également la mise à niveau de son site de production de plutonium à Dimona.
    Le contrôle des armements en crise dans un contexte de nouvelle course aux armements

    Dans son introduction au SIPRI Yearbook 2025, le directeur du SIPRI, Dan Smith, met en garde contre les défis auxquels est confronté le contrôle des armes nucléaires et les perspectives d’une nouvelle course aux armements nucléaires.

    Dan Smith observe que « le contrôle bilatéral des armements nucléaires entre la Russie et les États-Unis est entré en crise il y a quelques années et est désormais quasi caduque ». Bien que le traité New START – le dernier traité de contrôle des armements nucléaires limitant les forces nucléaires stratégiques russes et américaines – reste en vigueur jusqu’à début 2026, rien n’indique qu’il y ait des négociations pour le renouveler ou le remplacer, ni que l’une ou l’autre des parties souhaite le faire. Le président américain Donald J. Trump a insisté pendant son premier mandat et répète aujourd’hui encore que tout futur accord devrait également inclure des limites à l’arsenal nucléaire chinois, ce qui ajouterait une nouvelle complexité à des négociations déjà difficiles.

    Dan Smith lance également une mise en garde sévère contre les risques d’une nouvelle course aux armements nucléaires : « Les signes indiquent qu’une nouvelle course aux armements se prépare, comportant bien plus de risques et d’incertitudes que la précédente. » Le développement et l’application rapides d’un éventail de technologies – par exemple dans les domaines de l’intelligence artificielle (IA), des cybercapacités, des ressources spatiales, de la défense antimissile et de la technologie quantique – redéfinissent radicalement la doctrine de défense et de dissuasion nucléaires, créant ainsi des sources potentielles d’instabilité. Les progrès de la défense antimissile et le déploiement océanique de la technologie quantique pourraient à terme avoir un impact sur la vulnérabilité d’éléments clés des arsenaux nucléaires des États.

    De plus, l’IA et d’autres technologies accélérant la prise de décision en cas de crise, le risque d’éclatement d’un conflit nucléaire suite à une mauvaise communication, un malentendu ou un accident technique est accru.

    Dan Smith soutient qu’avec toutes ces nouvelles technologies et variables en jeu, « cerner qui est en tête dans la course aux armements sera encore plus difficile et intangible qu’il ne l’était autrefois. Dans ce contexte, les anciennes formules de contrôle des armements, essentiellement numériques, ne suffiront plus ».
    De plus en plus d’États envisagent de développer ou d’héberger des armes nucléaires

    La relance des débats nationaux en Asie de l’Est, en Europe et au Moyen-Orient sur le statut et la stratégie nucléaires laisse penser qu’un plus grand nombre d’États pourraient développer leurs propres armes nucléaires.

    Par ailleurs, les accords de partage nucléaire suscitent un regain d’intérêt. En 2024, la Biélorussie et la Russie ont réitéré leurs allégations selon lesquelles la Russie aurait déployé des armes nucléaires sur le territoire biélorusse, tandis que plusieurs membres européens de l’OTAN ont manifesté leur volonté d’accueillir des armes nucléaires américaines sur leur sol, et le président français Emmanuel Macron a répété que la dissuasion nucléaire française devrait avoir une « dimension européenne ».

    « Il est essentiel de rappeler que les armes nucléaires ne garantissent pas la sécurité », souligne Matt Korda. « Comme l’a amplement démontré la récente flambée des hostilités en Inde et au Pakistan, les armes nucléaires n’empêchent pas les conflits. Elles comportent également d’immenses risques d’escalade et d’erreurs de calcul catastrophiques - en particulier lorsque la désinformation est omniprésente - qui peuvent finir par aggraver la sécurité des populations, et non la renforcer. »
    Un péril grandissant pour la sécurité et la stabilité mondiales

    La 56e édition du SIPRI Yearbook révèle la détérioration continue de la sécurité mondiale au cours de l’année écoulée. Les guerres en Ukraine, à Gaza et ailleurs se sont poursuivies, exacerbant les divisions géopolitiques, en plus des terribles conséquences humaines. De plus, l’élection de Donald Trump a créé une incertitude supplémentaire – en Europe mais aussi au-delà – quant à l’orientation future de la politique étrangère américaine et à la fiabilité des États-Unis en tant qu’allié, donateur ou partenaire économique.

    Outre les analyses détaillées habituelles sur les questions de maîtrise des armements nucléaires, de désarmement et de non-prolifération, l’annuaire du SIPRI présente des données et des analyses sur l’évolution des dépenses militaires mondiales, des transferts internationaux d’armes, de la production d’armes, des opérations de paix multilatérales, des conflits armés, des cybermenaces et des menaces numériques, de la gouvernance de la sécurité spatiale, et plus encore.

    https://www.obsarm.info/spip.php?article699
    #rapport #armes #armement #chiffres #statistiques #Russie #USA #Etats-Unis

  • #Glyphosate : une nouvelle étude confirme le risque de #cancer

    Une étude scientifique menée sous l’égide de l’institut Ramazzini à Bologne, en Italie, et publiée jeudi dans la revue « Environmental Health », apporte de nouvelles preuves du caractère cancérogène de l’#herbicide le plus utilisé au monde (https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-025-01187-2).

    En novembre 2023, il était réautorisé dans l’Union européenne pour dix ans. Le glyphosate, herbicide le plus utilisé au monde, n’était pas considéré comme cancérogène par l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, et le gouvernement français ne s’était pas opposé à son maintien sur le marché.

    Une nouvelle étude, publiée jeudi 12 juin dans la revue scientifique Environmental Health, vient cependant d’apporter des preuves supplémentaires du caractère cancérogène de la molécule. Menée par l’institut Ramazzini à Bologne en Italie, en collaboration avec d’autres centres de recherche, notamment britannique et états-unien, elle montre un risque démultiplié de leucémie, mais aussi d’autres types de cancers, sur des rats exposés à différentes doses de glyphosate considérées jusqu’ici comme sans effet sur la #santé humaine ou celle des rongeurs.

    Considérée par l’ONG de lutte contre les pesticides PAN Europe comme « l’étude indépendante la plus complète jamais conduite sur le glyphosate à partir d’animaux de laboratoire », la publication vient compléter de nombreuses recherches scientifiques déjà effectuées sur le sujet.

    Car le glyphosate est reconnu comme « cancérogène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Pointé dans une expertise de l’Inserm, en 2021, qui faisait le lien entre exposition des agriculteurs et agricultrices et apparition du lymphome non hodgkinien – un cancer du sang –, il était aussi au centre, en 2019, d’une méta-analyse qui établissait, pour la population agricole exposée au glyphosate, un risque augmenté de 40 % de développer cette maladie.

    Le biologiste Daniele Mandrioli travaille depuis des années sur les #causes_environnementales des cancers. C’est lui qui a dirigé cette nouvelle recherche. Entretien.

    Mediapart : Comment avez-vous travaillé pour cette étude ?

    Daniele Mandrioli : C’est la plus large étude jamais réalisée en toxicologie sur le glyphosate. Les expériences ont été menées dans notre laboratoire à Bologne sur plus de 5 000 animaux, et nous avons travaillé en collaboration avec une dizaine d’instituts scientifiques dans le monde. Nous avons commencé en 2019 et avons donc mis six ans pour aboutir à ces résultats reconnus par les pairs pour le volet #cancérogénicité.

    Pourquoi avoir choisi d’étudier les effets du glyphosate ?

    Notre laboratoire est le plus grand laboratoire de toxicologie en Europe, et le deuxième au monde, en termes de nombre de produits étudiés pour leur cancérogénicité – plus de deux cents. Nous avons donc travaillé sur de nombreuses substances, et nous savions que concernant le glyphosate, il y avait un manque de connaissance à combler sur son possible caractère cancérogène, mais aussi neurotoxique, ou encore sur ses effets sur le microbiote intestinal.

    Nous pensions aussi qu’il fallait davantage étudier l’exposition prénatale à la molécule. C’est souvent ce qui s’avère le plus déterminant. Dans le cas du chlorure de vinyle, par exemple, une molécule utilisée pour produire le PVC, on s’est ainsi aperçu au cours des années 1970 et 1980 qu’une exposition pendant la #grossesse pouvait être extrêmement toxique pour le fœtus, alors qu’une exposition aux mêmes doses à l’âge adulte n’avait pas du tout les mêmes effets [il est classé cancérogène certain par le CIRC depuis 1987 – ndlr].

    À quels résultats avez-vous abouti ?

    Nous avons exposé les rats à différentes doses de glyphosate, et cette expérience a montré que près de la moitié d’entre eux – 40 % pour être précis – ont été atteints de #leucémie et en sont morts, et ce, avant d’avoir atteint l’âge de 1 an – ce qui correspond à l’âge de 35-40 ans chez les humains.

    Cependant, aucun cas de leucémie n’a été détecté au cours de la première année de vie chez les animaux témoins qui n’ont pas été exposés au glyphosate dans le cadre de notre expérience. De même, aucun cas de leucémie n’a été observé au cours de la première année de vie chez plus de 1 600 animaux de contrôle dans le cadre des études de cancérogénicité menées par notre institut et le Programme fédéral de toxicologie états-unien.

    C’est donc un résultat inquiétant et révélateur sur la mortalité précoce de ce cancer.

    Autre résultat remarquable de notre étude : la variété des organes touchés par cette exposition au glyphosate. La leucémie n’est pas la seule maladie que l’on a observée. Le foie, la peau, les reins, la vessie, l’utérus, la rate, les glandes mammaires… Le spectre des organes affectés est très large.

    Nos résultats viennent donc confirmer l’évaluation du CIRC publiée il y a dix ans, à savoir qu’il existe des « preuves suffisantes » que le glyphosate est cancérogène pour les animaux de laboratoire et qu’il est un cancérogène probable pour les humains, mais aussi d’autres études scientifiques qui avaient déjà démontré la cancérogénicité de la molécule.

    Qu’apporte votre étude de nouveau par rapport aux précédentes ?

    Ce qui est nouveau, au-delà d’avoir testé l’exposition in utero, c’est le niveau de l’exposition : nous avons donné aux rats des doses plus faibles que nos prédécesseurs, et qui sont considérées comme sans danger pour les humains. Et nous ne les avons pas seulement exposés au glyphosate pur, mais aussi aux produits commercialisés qui le contiennent : le #Roundup_Bioflow [utilisé dans l’Union européenne – ndlr] et le #Ranger_Pro [utilisé aux États-Unis – ndlr].

    Le caractère dévastateur de l’#exposition_prénatale et le large spectre des organes touchés auxquels nous avons abouti n’avaient pas été démontrés dans les études précédentes.

    Vous avez travaillé sur les rats. Que cela signifie-t-il pour les humains ?

    La #toxicologie repose depuis une cinquantaine d’années sur le principe que les expérimentations sur les rats sont ce qu’il y a de plus prédictible pour les humains. Il faut savoir que la leucémie est une maladie avec une latence d’au moins dix ans et les tumeurs solides ont des latences encore plus longues. Les études épidémiologiques menées sur les cohortes humaines sont donc très longues à réaliser, et cela demande de suivre énormément de gens avant de pouvoir tirer des conclusions. Les études toxicologiques nous permettent d’avoir d’autres types de résultats, et de façon plus rapide.

    Pas assez rapide, cependant, pour pouvoir interdire le glyphosate sur le sol européen, réautorisé fin 2023 pour dix ans…

    Nous espérons que nos résultats éclaireront les décideurs, pas seulement en Europe, mais dans le monde entier. Notre étude apporte des #preuves, mais ce n’est pas à nous de prendre les décisions, ce n’est pas notre rôle. Nous sommes des scientifiques indépendants.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/130625/glyphosate-une-nouvelle-etude-confirme-le-risque-de-cancer
    #agriculture #industrie_agro-alimentaire

  • #Enterrement des droits des personnes migrantes - Chambéry

    La République Française a le regret de vous annoncer le décès des #droits_fondamentaux des personnes migrantes, exilées et sans papiers, qui vivent sur son territoire.

    https://www.youtube.com/watch?v=BYHXCiqqv-w


    #fanfare #droits_des_migrants #migrations #asile #réfugiés #sans-papiers #droits #cortège_funèbre #Chambéry #droits_humains #hospitalité #accès_aux_droits #ci-gît #témoignage

    ping @isskein @karine4

    • By Fernando Esteche – Jun 10, 2025

      Various layers of conflict in the protests of Los Angeles.

      The militarization of Los Angeles

      Los Angeles is bleeding. In the streets of a city that for decades stood as a symbol of the American dream, today the cries of resistance of those who built its greatness from the shadows resonate. The massive raids by Immigration and Customs Enforcement Enforcement (ICE), have unleashed a spiral of urban violence that reflects an uncomfortable truth: as in Europe, the metropolis has war within its own borders.

      Since January 20, 2025, when Donald Trump took office promising to carry out the largest mass deportations in American history, Los Angeles has become the epicenter of a confrontation that transcends immigration. In his first month in office, 37,660 people were deported nationwide, but it is in this Californian metropolis where the resistance has taken its most visceral and organized form.

      Los Angeles is a fundamentally Latino city. With a population of nearly 4 million, 48% of its residents are of Hispanic origin, forming the economic and cultural backbone of the city. This is not a demographic coincidence, but the result of centuries of displacement, exploitation, and resistance.

      California, the nation’s most populous state, has a demographic reality that terrifies white supremacists: Latinos now outnumber the white population. Since 2014, Hispanic Californians have begun to surpass white Californians, reaching nearly 15 million people. This demographic transformation is not just statistical; it’s historic.

      The recent raids have unleashed a fury that has been pent up for generations. On June 6, 2025, federal authorities detained at least 50 migrants in coordinated operations that sparked immediate demonstrations. The clashes erupted near a Home Depot in Paramount, a predominantly Latino city south of Los Angeles, where the migrant community gathers in search of daily work.

      The escalating violence has forced Trump to take an unprecedented step: deploying 2,000 National Guard troops to Los Angeles. This measure, taken just five months after taking office, exposes the fragility of the established order when faced with organized and massive resistance.

      The conflict has generated an institutional crisis between the federal and state governments. California Governor Gavin Newsom has staunchly opposed the military deployment, creating a constitutional tension reminiscent of the darkest moments in American history. California, with its sanctuary laws, has become a bastion of institutional resistance, while local sheriffs find themselves caught between federal deportation orders and state protection laws.

      Flags of Dignity: The Symbolism of Resistance
      In demonstrations that have blocked freeways like the 110, protesters have displayed the flags of Mexico, El Salvador, Guatemala, Honduras, and other Central American countries. These national symbols are not mere nostalgia, but profound political statements. Every Mexican flag waving in the streets of Los Angeles is a reminder that this land was forcibly seized in 1848.

      Central American flags tell stories of countries bled dry by civil wars financed and orchestrated from Washington. Each Salvadoran flag bears witness to the 75,000 dead from the 1980s civil war; each Guatemalan flag commemorates the genocide of 200,000 indigenous people; each Honduran flag speaks of the 2009 coup d’état that plunged the country into chaos.

      Conservative white supremacist media outlets talk about an “invasion” to describe Latin American migration, but the historical reality is exactly the opposite. Los Angeles was founded in 1781 as “The Town of Our Lady Queen of the Angels” by Mexican settlers. This city, like all of California, was Mexican territory until the United States annexed it by force after the Mexican-American War.

      The real invader was the Anglo-Saxon conquistador who arrived with a Puritan Bible in one hand and a rifle in the other. Los Angeles was built on the systematic dispossession of Mexican lands, the exploitation of Chinese labor on the railroads, and the plundering of the entire region’s natural resources. The wealth of this metropolis is not a product of American entrepreneurial genius, but of the organized plundering of half a continent.

      During the 20th century, Los Angeles became the heart of the global entertainment industry, but its prosperity always depended on the invisible labor of Latin American migrants. Latino farmers, mostly undocumented, represent 96% of California’s agricultural workforce. Without their hands, American supermarkets would be empty, restaurants would be closed, and gardens would be withered.

      Organized Resistance: Beyond Survival
      What’s happening in Los Angeles goes beyond spontaneous protests. It’s an organized resistance that has learned from decades of repression, coordinated by organizations that have spent decades building power from the most vulnerable bases of society.

      CHIRLA (Coalition for Humane Immigrant Rights) has become the most visible voice of the resistance. Angélica Salas, CHIRLA’s executive director, has reported that the raids took place in at least seven locations, including Home Depot parking lots and a donut shop. The organization estimated at least 45 arrests and denounced the “terror” sown in Latino communities. CHIRLA, with nearly 40 years of experience, represents the institutionalization of immigration resistance in California.

      NDLON (National Day Laborer Organizing Network), based in Los Angeles, coordinates the resistance at the national level. NDLON is a national network of more than 50 member organizations across the country working to unify and strengthen its members to develop leadership, mobilize, and organize day laborers. Founded in 2001 in Northridge, California, NDLON operates as a direct democracy where day laborers in member organizations directly vote on policies at NDLON’s biannual assemblies.

      These organizations are not simply pressure groups, but grassroots power structures that have transformed the most vulnerable workers into an organized political force. They have called for demonstrations outside the immigration jail in downtown Los Angeles, coordinating a resistance that combines legal action with street mobilization.

      Human rights organizations have built protection networks, clandestine shelters, and communication systems that allow communities to resist raids. CHIRLA has led important mobilizations, such as marches for immigration reform and protests against the criminalization of immigrants, with an inclusive approach that seeks to unite different sectors of society.

      Protesters have succeeded in blocking major highways, blocking federal buildings, and creating a state of civil resistance that forces federal power to reveal its true face: that of the military occupation of their own cities. Every National Guard soldier deployed in Los Angeles is a confession that the system has lost legitimacy among millions of its residents.

      The Los Angeles crisis is not an isolated incident, but rather the prelude to a historic transformation. Latinos are no longer a minority pleading for rights, but a demographic majority demanding historic justice. The current resistance does not simply seek to halt deportations, but rather to challenge the very right of the U.S. state to exist in territories that were stolen.

      The flags waved at the demonstrations are not symbols of nostalgia, but of vindication. They speak not of the past, but of the future. A future where the descendants of the dispossessed recover what always belonged to them: not just the land, but the dignity to decide their own destiny.

      Los Angeles is burning, but it’s not burning out. It’s transforming. Like a phoenix rising from its own ashes, the city is giving birth to a new reality where yesterday’s barbarians are tomorrow’s builders, and where the real invasion was the one that arrived under the Star-Spangled Banner.

      The Los Angeles resistance is not just a fight for survival; it’s a war for historical memory and intergenerational justice. It’s a moment when the ghosts of the past take their revenge, and the children of those who were plundered reclaim their inheritance on the streets of the city their grandparents built with blood and sweat.

      The Federalization of Force: When Washington Invades California
      The Los Angeles crisis has exposed a constitutional fracture that defines the current American political moment. The federal government has seized control of the California National Guard, an extraordinary measure that demonstrates the extent to which Trump is willing to subvert federalism to impose his supremacist agenda.

      The National Guard, traditionally under the command of state governors, can be federalized by the president in situations of national emergency. This decision puts Gavin Newsom, the Democratic governor of California, in an impossible position: he must watch as federal troops occupy his state against his express will. Newsom called the measure “deliberately inflammatory” and warned that it “will only escalate tensions.”

      This isn’t the first time the immigration issue has sparked a clash between the federal government and a state. In 2024, Republican Texas Governor Greg Abbott seized control of the border by installing barbed wire and arresting migrants in Eagle Pass, directly challenging Joe Biden ‘s policies.

      Abbott invoked his state’s “constitutional authority to defend itself,” creating a dangerous precedent of state disobedience that Trump is now using in reverse. What in Texas was a conservative rebellion against a Democratic president is in California a Republican federal occupation against a Democratic governor. The difference reveals the nature of Trump ‘s exercise of power.

    • Israel has launched an extensive series of airstrikes on Iran.

      The western media are of course unquestioningly regurgitating the Israeli government’s evidence-free claim that these strikes were “preemptive”.

      The Trump regime is attempting to spin this as a completely unilateral Israeli attack which had nothing to do with the United States — a claim you could be forgiven for believing if you were born yesterday.

      Here’s a list of future headlines we can expect from The New York Times:

      – Iranian strikes rock Israel in unprovoked attack.

      – Israeli families take shelter amid antisemitic terror bombing.

      – Israeli defense minister: U.S. campus protesters somehow knew about Iranian strikes in advance, indicating Tehran coordination.

      – Trump privately voices frustration with #Netanyahu over Iran conflict the U.S. is just passively, innocently witnessing.

      – American Jews feeling anxious, unsupported amid spiraling wars in the #MiddleEast.

      – Opinion: I feared for my life during airstrikes on Tel Aviv. Nobody in the world can possibly understand what this is like.

      – Opinion: Is the U.S. at risk of being drawn into another Middle Eastern war?

      – Opinion: Is the U.S. stumbling into another Middle Eastern war?

      – Opinion: Is the U.S. accidentally oopsie poopsie bungling into another Middle Eastern war?

      – Opinion: Is the U.S. being dragged kicking and screaming into a war in the Middle East, something it historically tries to avoid at all cost?

      – US launches strikes on Iran in preemptive attack.

      – Opinion: Is the U.S. being sucked into a third world war?

      – Opinion: Is the U.S. tumbling headlong into a nuclear exchange with Russia and China?

      – Opinion: The sky is darkening as nuclear radiation creeps across our land, so we must all come together and condemn Hamas.

      – Opinion: The earth is a barren wasteland. Nothing remains. Check on your Jewish friends.

  • La Libye, dernière escale avant l’Europe pour les migrants du Bangladesh
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/11/la-libye-derniere-escale-avant-l-europe-pour-les-migrants-du-bangladesh_6612

    La Libye, dernière escale avant l’Europe pour les migrants du Bangladesh
    Par Mustapha Kessous
    Bangladesh-Libye-Italie. Ce trajet, long de près de 8 000 km, est aujourd’hui l’itinéraire le plus emprunté par les migrants bangladais souhaitant rallier l’Europe. Du 1er janvier au 9 juin, sur les 57 222 exilés arrivés sur le Vieux Continent – principalement par voie maritime (bassin méditerranéen et océan Atlantique) –, 5 840 personnes sont originaires de ce pays d’Asie du Sud, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), faisant d’elles le premier contingent de migrants clandestins à entrer en Europe.
    Ces ressortissants bangladais débarquent sur les côtes italiennes, à Lampedusa ou à Naples, après avoir transité par la Libye. Au premier semestre 2025, ils représentent 37 % des 22 734 migrants partis de ce pays d’Afrique du Nord, loin devant les Erythréens (1 748) et les Pakistanais (1 705). Comme en 2024 : sur les 66 617 arrivées en Italie, 14 284 personnes, soit environ 21 %, venaient de ce pays lointain.« Il ne s’agit pas d’un flux [migratoire] nouveau, mais il prend de l’importance d’année en année », précise Flavio Di Giacomo, un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les Bangladais représentaient 14,5 % des arrivées en Italie en 2022, autour de 12 % en 2020 et en 2021, seulement 3,3 % en 2015.
    La raison de ce périple compliqué est simple : si les conditions de vie imposées aux migrants en Libye sont souvent inhumaines, « il est très facile de se rendre là-bas. Un visa touriste ou un permis de travail suffit », relate Shahanur Islam, président de The Justice Makers Bangladesh in France, une association basée en banlieue parisienne qui documente les violations des droits de migrants bangladais et les accompagne dans leurs démarches juridiques et administratives.
    « Dans les faits, la Libye est facilement accessible. Ce ne sont pas des visas mais des papiers ou des passeurs qu’on achète. Rien ne semble dissuader d’aller en Libye », ajoute Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). « Les gens partent aussi à cause de la misère et de la récente crise politique », explique par ailleurs Shahanur Islam.
    En août 2024, le régime de la première ministre Sheikh Hasina – critiquée pour sa dérive autocratique – a été renversé, après quinze ans passés au pouvoir, par un mouvement d’étudiants, confrontés au chômage de masse. Dix-huit millions de Bangladais âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi. « Partir est donc une solution et tout un système existe pour quitter le pays », souligne le juriste.
    Les autorités du Bangladesh encouragent depuis des années la migration de sa main-d’œuvre pour soutenir la croissance de ce pays de 171 millions d’habitants. Selon l’OIM, chaque année, quelque 500 000 personnes partent travailler à l’étranger, notamment dans le golfe Persique. Plus de 11 millions de Bangladais résident hors de leurs frontières et les fonds envoyés par cette diaspora sont conséquents pour l’économie nationale. En 2023, les transferts d’argent s’élevaient à près de 22 milliards de dollars (19 milliards d’euros), soit 5 % du PIB national, selon la Banque mondiale.
    Ce « système » s’appuie sur un réseau d’agences de recrutement, dont plus de 1 700 opèrent au Bangladesh, certaines de manière officieuse. « C’est alors que tout commence », indique Shahanur Islam. Des intermédiaires, appelés dalals – courtiers en bengali –, recrutent des candidats au départ pour ces agences. « Ils promettent un bon travail dans le bâtiment ou dans le nettoyage et de s’occuper des démarches administratives », précise-t-il. « Un réseau de passeurs sophistiqué les aide à obtenir des visas et des billets d’avion », ajoute Chris Borowski, porte-parole de l’agence européenne des frontières, Frontex.
    Il en coûtera entre 3 000 et 4 500 euros aux candidats au voyage pour se rendre en Libye, qui pour financer leur départ « doivent vendre leurs biens ou contracter des prêts qui deviennent excessifs, les menant à une situation de servitude pour dettes [une forme de travail forcé assimilée à de l’esclavage] », notait Felipe Gonzalez Morales, alors rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains des migrants, après sa visite effectuée au Bangladesh en janvier 2023.
    C’est donc par avion, souvent avec une escale en Turquie ou aux Emirats arabes unis, que ceux-ci rejoignent la Libye, où les réseaux de passeurs prospèrent notamment du fait de la rivalité entre deux autorités concurrentes. L’une basée à Tripoli, reconnue par l’ONU, et l’autre à Benghazi, dans l’est du pays, sous l’égide du maréchal Khalifa Haftar. Dans un rapport publié le 3 juin, Frontex s’inquiète ainsi que « la Libye orientale demeure un carrefour essentiel pour les migrants » et que « l’aéroport Benina de Benghazi y joue un rôle crucial ».
    Selon Adala for All, une ONG basée en France, qui promeut l’accès à la justice et les droits humains en Afrique du Nord, Berniq Airways, compagnie liée au clan Haftar, faciliterait l’entrée des migrants bangladais en Libye grâce à une liaison aérienne Dubaï- Benghazi, ouverte depuis avril 2024. « A leur arrivée, ces migrants se voient accorder des visas d’entrée », précise l’organisation.
    Mais une fois sur place, nombre d’entre eux ne trouvent pas le travail qu’ils attendaient. Certains migrants sont enlevés, torturés puis rançonnés par des policiers, des militaires ou des groupes armés, et contraints d’appeler leurs proches pour leur demander de l’argent en échange de leur libération, comme a pu le rapporter l’ONG Human Rights Watch (HRW). Une fois relâchés, il faut trouver un travail, de l’argent pour payer la traversée de la Méditerranée qui peut coûter jusqu’à 4 000 euros. Selon l’OIM, en 2024, un peu plus de 21 000 Bangladais, âgés de 20 à 39 ans, sur les quelque 800 000 migrants, vivaient en Libye.
    « Il y a une particularité complexe avec les migrants bangladais : tous ne veulent pas venir en Europe, soutient Flavio Di Giacomo. Beaucoup auraient préféré rester travailler en Libye, mais la façon dont ils sont traités les pousse à traverser la Méditerranée. » Ce constat rejoint celui de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui, après une mission au Bangladesh en 2023, notait : « La frontière entre migration légale et illégale est floue et, du fait de la prévalence de la corruption et de la vulnérabilité des candidats au départ, un parcours migratoire à l’origine légal peut facilement basculer dans l’illégal, voire dans l’exploitation. »
    A leur arrivée en Italie, les Bangladais cherchent à s’y établir ou se dirigent en France pour obtenir l’asile, constituant ainsi la deuxième nationalité la plus représentée parmi les demandeurs. En 2023, sur les 8 568 dossiers présentés à l’Ofpra, 520 ont obtenu le statut de réfugié. « Malgré les dangers, ils continueront à partir », répète le juriste Shahanur Islam. Par la Libye ou ailleurs. « On commence à voir des Bangladais traverser l’Atlantique, rien de massif, quelques centaines, relate Chris Borowski, de Frontex. Les réseaux sont capables d’organiser des voyages jusqu’aux Canaries. »

    #Covid-19#migrant#migration#libye#bangladesh#routemigratoire#migrationirreguliere#trafic#sante#asile

  • Vitré Communauté a subventionné une entreprise poursuivie par le #Parquet_national_financier
    https://splann.org/vitre-communaute-a-subventionne-une-entreprise-poursuivie-par-le-parquet-nat

    Une collectivité locale, attribuant 1,2 million d’euros « d’aides Covid » à une multinationale, poursuivie par le Parquet national financier. C’est l’histoire peu banale d’Idemia et de Vitré Communauté. L’article Vitré Communauté a subventionné une entreprise poursuivie par le Parquet national financier est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Démocratie_locale #Sans_catégorie #Idemia #subvention #Vitré_Communauté

  • #Kosovo Agrees to Shelter up to 50 US Deportees

    Kosovo has agreed to host up to 50 immigrants deported from the US – one of the few countries to respond positively to a US request for its allies to take in deportees.

    Kosovo on Wednesday offered to shelter up to 50 people deported from the US as President Donald Trump’s crackdown on illegal or unauthorised immigrants steps up.

    “Individuals who are subject to this decision, during the time of their stay in Kosovo, will act in line with the legislation in force and enjoy rights designated according to the law,” the Kosovo government said.

    Albin Kurti, the Acting Prime Minister, said the decision followed a US request for its allies to admit citizens from third countries.

    “Our country will accept and shelter up to 50 individuals for a one-year period with the aim to facilitate their safe return to their countries of origin. Selection of these individual will be done from a proposed list as long as they fulfill the designated criteria regarding rule of law and public order,” Kurti said.

    “The United States remain our unwavering partner and the Republic of Kosovo will always be their trusted partner,” he added.

    Last week, Bloomberg reported that Trump’s administration is pushing Serbia and other Balkan nations to take in migrants deported from the US. Serbia’s authorities have not commented on the proposal.

    The Trump administration, which claims to have deported 17,000 people in April, is currently facing protests across the country opposing federal immigration raids and the deployment of Marines.


    https://balkaninsight.com/2025/06/11/kosovo-agrees-to-shelter-up-to-50-us-deportees
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