Eoliennes et désastres climatiques
Les désastres écologiques (dérèglements climatiques, effondrement de la bio-diversité, épuisement des ressources) consécutifs à la domination absolue du système capitaliste sur la planète, devenant de plus en plus évidents, les défenseurs à tout prix, membres de la classe dominante, de ce système mortifère proposent aujourd’hui de le relooker pour le rendre éco-compatible.
De l’avis même des promoteurs de ce relookage, il n’est pas question de toucher aux fondamentaux du système. La recherche du profit maximum, l’exploitation de l’homme par l’homme, la division de la société en classes antagonistes, la sacralisation de la marchandise restent les idées maîtresses. Ce nouveau capitalisme vert toujours aussi violent, inégalitaire et injuste, se distingue simplement en ce qu’il se prétend respectueux de l’environnement. La rencontre lors de notre camping d’été (1) des membres de l’#Amassada (2), un comité d’habitants qui s’oppose à l’implantation sur leur communes d’habitation d’un transformateur électrique géant (7 hectares) et d’éoliennes industrielles, a nourri notre réflexion.
Le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables est devenu le leitmotiv des gouvernants et des capitalistes, la solution aux problèmes cruciaux de dérèglements climatiques. L’implantation d’éoliennes géantes est donc présentée comme une alternative rendue nécessaire par l’urgence. Les membres de l’Amassada nous ont présenté la face cachée de cette solution. Les éoliennes industrielles, nous ont-ils dit, ne sont pas les aimables moulins à vent d’une autre époque, les plus modernes mesurent plus de 200 m. de haut, et leurs fondations nécessitent 2 000 tonnes de béton. Pour les édifier, il faut procéder à des défrichements massifs, à la construction de nouvelles routes etc.
Chaque éolienne contient plus de 600 kgs de terre rare (du néodyme), 4 tonnes de cuivre, tous métaux dont l’extraction et le raffinage se font aux dépens des populations (Baotou, ville de Mongolie, centre de production principal du néodyme est surnommée « la ville du cancer », l’espérance de vie y est de 40 ans, les travailleurs d’Amérique du sud d’où est extrait le cuivre sont surexploités...). Enfin, ces engins qu’on nous présente comme le nec plus ultra de l’écologie, génèrent des nuisances pour les habitants (sonores et visuelles) et pour la faune (oiseaux tués par les pales en mouvement, malgré l’installation de radars), perturbations de la nidification des oiseaux et de leurs migrations, etc.). A l’évidence donc, les éoliennes géantes ne sont pas aussi écologiques qu’on nous le dit : elles transforment le paysage, nuisent aux populations et perturbent gravement la faune.
Mais alors pourquoi construire des éoliennes ? Pour l’argent pardi. A parler vrai, il n’est pas évident compte tenu de tous les coûts directs et indirects liés à la construction d’une éolienne que les bénéfices soient supérieurs aux coûts (quel est le bilan carbone final d’une éolienne ?). Mais l’Etat (donc, Monsieur tout le monde) est là pour aider les promoteurs (essentiellement des grands groupes industriels et financiers qui se cachent derrière des noms charmants, évocateur de petites entreprises : Compagnie du Vent, Energie des Collines...) en rachetant l’électricité produite à prix d’or.
En effet, EDF rachète le KWH renouvelable à un prix bien supérieur à celui du marché et, pour financer ces rachats, prélève une taxe (la Contribution au Service Public de l’Electricité) sur les consommateurs. Ainsi l’éolien est devenu une des activités les plus rentables du présent, surtout si l’on considère qu’il permet en plus d’accumuler des crédits carbone.
Depuis le protocole de Kyoto, pour lutter contre le réchauffement climatique, les entreprises et les Etats sont censés limiter leur production de gaz à effet de serre, ce qui ne veut pas dire qu’ils doivent en produire moins ! Ils peuvent dépasser les limites autorisées, à condition de compenser ce dépassement par l’acquisition de ces fameux crédits carbones ; crédits que l’on peut acheter sur un marché international, ou en investissant dans des projets écologiques : zones protégées (par exemple des monocultures d’eucalyptus) ou énergies dites vertes (par exemple des éoliennes industrielles). Les aérogénérateurs sont donc une solution parfaite pour les gros industriels qui peuvent acheter ainsi le droit de polluer tout en empochant des profits grâce à la « générosité » d’EDF !
L’énergie produite sur les montagnes aveyronnaises, ne servira même pas, nous dirent les membres de l’Amassada, aux populations locales, elle sera donc exportée vers l’Espagne ou le Maroc (pays, comme chacun le sait, où il n’y a ni vent, ni soleil !) et pour ce faire il faut construire des lignes à très haute tension : 400 000 volts (ce qui permet de diminuer fortement les pertes lors du transport de l’électricité). Pour alimenter ces lignes monstrueuses, il faut beaucoup d’éoliennes (94 éoliennes actuellement en Aveyron, 121 autres se sont vu accorder un permis de construire et José Bové souhaite voir l’Aveyron couvert d’éoliennes) et des transformateurs adaptés. Bien entendu, les frais de construction des lignes THT et des transfos sont pris en charge par EDF et donc par le contribuable.
En résumé, le consommateur va surpayer l’électricité qu’il consomme pour que des groupes industriels et financiers puissent engranger un maximum de profits, et cela grâce à l’aide de l’Etat. Nous constatons donc encore une fois que, quel que soit le parti politique au pouvoir, l’Etat et les puissances d’argent ont partie liée. L’Etat comme le reconnaît Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, ancien conseiller du président Clinton (pas vraiment un anarchiste) soutient systématiquement les très riches et les aide à faire croître leur fortune sur le dos des pauvres.
(1) - Voir ►http://seenthis.net/messages/410529
(2) - Pour suivre les informations sur la lutte de l’Amassada, dans l’Aveyron, consulter le site : ►http://douze.noblogs.org
@anarchosyndicalisme ! n°146
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