À celles et ceux qui ont marché à Sainte-Soline - expansive.info
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L’installation du campement et le passage du convoi nous montrent : premièrement qu’entre planification minutieuse dans une composition large et improvisation réactive, il est parfois possible de déjouer un dispositif asymétrique. Et que deuxièmement, nous sommes plus forts en mouvement. Cette intuition est renforcée par la tournure des événements du lendemain où d’une certaine manière, la conflictualité et l’affrontement se sont figés dans une guerre de positions, visiblement regrettable pour nous.
Si l’on oriente maintenant le regard sur le samedi, nous pouvons comprendre que la répétition tactique entre la première bataille de Sainte-Soline et la deuxième apparaisse comme une grande erreur. Au sortir de l’événement, nous peinons à refaire le fil qui nous a mené là. Malgré le bon sens qui voudrait qu’on ne tente pas deux fois le même coup, c’est comme si une réduction progressive des possibilités en entonnoir nous avait poussé à reproduire le même mouvement.
D’une certaine manière, nous n’avons pas su faire évoluer le déploiement tactique des cortèges depuis le rassemblement d’octobre. Dans cette rase campagne où les étendues s’étirent à perte de vue, il n’y a pas une infinité de voies possibles. C’est pourquoi, ce jour-là nous pensions à nouveau aller aux abords de la bassine, pour tenter de l’encercler, et d’y accéder si la situation le permettait. Nous n’étions cependant pas prêt.es à y pénétrer coûte que coûte.
Avec les contraintes topographiques que l’on connaît - une vaste étendue à découvert pour accéder à la bassine en surplomb - la difficulté était de réussir à créer la surprise. Mais dès lors que nous avions annoncé publiquement aller à Sainte Soline et/ou Mauzé sur le Mignon, nous ne pensions pas garder un quelconque secret sur les objectifs de la journée. Le camp étant en dehors de la zone rouge, nous étions inquièt.es de la possibilité de se retrouver bloqué.es et de se heurter à un dispositif en bord de zone rouge, provoquant un affrontement à des kilomètres de la bassine. La Préfecture pouvait légalement nous arrêter devant la zone rouge, mais la gendarmerie avaient tiré les leçons d’octobre. Au matin, nous avons constaté avec soulagement que les ponts aux abords de Vanzay étaient libres. En établissant un fortin autour et dans le chantier de la bassine, l’état-major de la gendarmerie s’est assuré une position défensive forte. Le « fortin » était prévisible, malgré cela, nous avons manqué de temps et de créativité pour communiquer et déjouer cette situation. Il était difficile de forcer les gendarmes à sortir de la bassine. Les canalisations font partie de l’ouvrage, nous le disons régulièrement, mais les difficultés techniques pour les désarmer ne permettaient a priori pas d’en faire un objectif partageable par des dizaines de milliers de personnes.
Malgré tout, nous avons pensé que si nous parvenions jusqu’à la bassine, le nombre nous permettrait de l’encercler et que le pourtour serait émaillé d’approches d’ordre divers, ce qui aurait permis éventuellement d’arracher de nouveau les grilles et de stopper, au moins temporairement, les travaux pendant quelques temps.
3. Changement d’échelle
Le 25 mars marque un bond dans la participation au mouvement contre l’accaparement de l’eau. Comment se coordonner et continuer à se déplacer ensemble en tenant compte de ce changement d’échelle ? Le grossissement considérable des cortèges implique l’évolution des modes de transmission de l’information et de prise de décision collective, avant et pendant la manifestation. Évolution que nous avons mal anticipée.