• Égalité des salaires entre femmes et hommes au sein de l’administration fédérale

    Berne, 01.06.2018 - L’administration fédérale a contrôlé les salaires de tout son personnel, afin de déceler d’éventuelles différences salariales non justifiables entre femmes et hommes. Il ressort de ce contrôle que l’égalité salariale est garantie dans tous les départements et toutes les unités administratives. Les résultats du contrôle, dont le Conseil fédéral a pris connaissance lors de sa séance du 1er juin 2018, sont tous inférieurs au seuil de tolérance fixé à 5 %. Les salaires versés par l’administration fédérale sont donc conformes au principe « à travail égal, salaire égal » inscrit dans la Constitution.

    https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-70974.html
    #égalité_salariale #suisse #femmes #hommes #genre #égalité_des_salaires #administration_fédérale #inégalités #salaires #discriminations

    On n’est pas encore sortis de l’auberge....
    –-> « #seuil_de_tolérance fixé à 5 % »

    Pour voir le résultats du contrôles, en chiffres :
    Contrôle de l’égalité salariale au sein de l’administration fédérale
    https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/52567.pdf

  • Les #salaires, chaînon manquant de la reprise | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/salaires-chainon-manquant-de-reprise/00084603

    Encore faudrait-il pour cela que d’autres facteurs ne soient pas en jeu, ce qui nous amène au deuxième type d’explication de l’atonie des salaires, qui met l’accent non pas sur les quantités de #travail offertes et demandées, mais sur les changements structurels qui affectent le marché du travail. Ceux-ci portent, tout d’abord, sur la structure de l’#emploi, qui est bouleversée par des évolutions démographiques (le départ à la retraite de la génération des baby-boomers, qui jouissaient d’emplois à temps plein bien payés), sociologique (la féminisation de l’emploi) et technologique (la disparition des emplois industriels au profit de ceux de services). Dans tous les cas, les nouveaux emplois sont moins bien rémunérés que les anciens, ce qui pèse sur l’évolution générale des salaires.

    Il fut un temps où les choses étaient simples. Un emploi créé signifiait un chômeur en moins, le temps partiel correspondait davantage à un choix de vie, les personnes au chômage cherchaient activement un travail. Bref, le taux de chômage donnait la mesure du sous-emploi. Puis la crise est passée par là, bouleversant les frontières traditionnelles entre activité et inactivité, entre emploi et #chômage, au point que la définition classique du chômage peut sembler aujourd’hui largement obsolète. Celle-ci, qui correspond aux normes fixées par le Bureau international du travail (BIT), ne reconnaît comme chômeurs que les personnes dépourvues de tout emploi, cherchant activement un travail et immédiatement disponibles. Sont donc exclues, d’une part, les personnes qui, découragées, ont renoncé à postuler à des emplois même si elles accepteraient volontiers de travailler dans le cas où l’occasion se présenterait, et d’autre part, les personnes qui, travaillant à temps partiel (ne serait-ce qu’une heure par semaine), souhaiteraient travailler plus.

    Selon une étude de la Banque centrale européenne (BCE), pas moins de 3,5 % de la population en âge de travailler de la zone euro entreraient fin 2016 dans la catégorie des chômeurs découragés (ou non immédiatement disponibles), auxquels s’ajoutent 3 % qui s’estiment sous-employés et souhaiteraient travailler davantage. Lorsque ces deux catégories sont additionnées aux chômeurs officiels, la mesure du sous-emploi en proportion de la population active élargie (pour prendre en compte les chômeurs découragés) grimpe jusqu’à 10 % en Allemagne, 18 % en France, 24 % en Italie et 29 % en Espagne. Lorsque la conjoncture s’améliore et que les opportunités d’emploi se multiplient, le retour sur le marché du travail des chômeurs découragés et le passage à des postes à temps plein des chômeurs à temps partiel s’effectuent à des niveaux de salaires d’autant plus bas que la période d’inactivité ou de sous-emploi a été longue, ce qui freine le redressement des salaires.

    A ces effets de composition de l’emploi, s’ajoute un bouleversement silencieux, mais de plus en plus visible, de la nature de la relation de travail. La montée de ce que les organisations internationales qualifient pudiquement de « contrats de travail alternatifs » et les Américains de « gig economy » traduit le délitement progressif de la norme salariale d’après-guerre qui se caractérisait par des emplois à temps plein, à durée indéterminée et assortis d’une large couverture sociale, au profit d’une intermittence synonyme de contrats précaires, à durée déterminée ou à la tâche, qui transforme les salariés en prestataires de services attachés à l’entreprise dans des conditions de flexibilité maximale et de couverture sociale minimale. Encouragée par le développement de l’économie numérique et de la plateformisation de l’emploi (Uber, Take Eat Easy, etc.), cette mutation n’est appréhendée que très imparfaitement au niveau statistique.

  • Canada : Les femmes ont empêché le revenu des ménages de reculer depuis 40 ans Éric Desrosiers - 18 mai 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/economie/528178/analyse-les-femmes-ont-empeche-le-revenu-des-menages-de-reculer-depuis-40-

    La longue marche des femmes vers l’égalité dans le marché du travail est la meilleure chose qui pouvait arriver à l’économie tout entière, comme à leur petite famille.

    Statistique Canada a dévoilé mercredi une nouvelle étude faisant le point sur l’évolution du bien-être économique des femmes au Canada. On y présentait notamment les plus récentes statistiques sur l’évolution de la présence féminine dans le marché du travail, les tendances en matière de rémunération et la proportion d’individus vivant sous le seuil de pauvreté. On y constatait de nouveau que la longue marche des femmes vers l’égalité est loin d’être terminée en dépit de ses progrès remarquables au fil des années. Il est toutefois intéressant de constater comment l’amélioration du sort des travailleuses a notamment profité à leur famille et à leur conjoint.


    L’explosion de la proportion des femmes âgées de 24 à 54 ans sur le marché du travail (de seulement 22 % en 1950 à 82 % en 2015), l’augmentation de la moyenne de leur nombre d’heures travaillées chaque semaine et l’amélioration des programmes sociaux destinés aux enfants ont fait bondir, en termes réels, leur revenu annuel moyen de plus de 80 % entre 1976 et 2015. Cela tombe bien, pour l’économie en général, et pour le pouvoir d’achat des familles en particulier, puisque durant la même période, le revenu des hommes n’a pas avancé, mais reculé de 5 %, en tenant toujours compte de l’inflation.

    Cela donne une idée du retard qu’accusaient les femmes il y a 40 ans. Cela explique aussi pourquoi ces femmes, qui occupent un emploi, comptent désormais pour presque la moitié (47 %) du revenu de leur petite famille, contre le quart seulement en 1976. Cela a permis, depuis, aux ménages canadiens de voir leur revenu médian après impôt augmenter d’un petit 13 % en dollars constants, selon des chiffres obtenus par Le Devoir auprès de Statistique Canada, plutôt que de diminuer.

    La place grandissante des femmes dans le revenu familial aide aussi à amortir les chocs économiques, observe l’étude de StatCan. Un examen des trois dernières récessions montre en effet que les hommes sont de trois à cinq fois plus à risque de perdre leur emploi en période de crise, en raison notamment de leur plus grande présence dans des industries cycliques, comme la construction et la fabrication manufacturière, contrairement aux femmes, qu’on retrouve beaucoup en éducation, en santé et dans l’administration publique. De plus, lorsque les temps se font plus difficiles, les familles ont tendance à amortir le choc en réduisant leurs dépenses en service de garde, d’entretien ménager, de restauration et autres traiteurs, autant de tâches qu’assumera habituellement la femme de la maison.

    Encore du chemin à faire
    Les femmes continuent cependant à travailler moins d’heures par semaine (35,5 heures) que les hommes (41,1 heures), notamment parce qu’elles s’occupent plus des enfants et des parents vieillissants. Elles continuent également à toucher un salaire horaire moindre que celui des hommes (inférieur de 10 % au Québec et de 14 % au Canada), notamment parce que les emplois à forte proportion féminine sont moins bien payés et à cause du retard pris lorsqu’elles ont des enfants.

    Cela se traduit, entre autres, par une plus grande précarité financière lorsque les femmes ne sont pas en couple, plus du tiers des mères monoparentales vivant sous le seuil de faible revenu (c’était la moitié en 1976) contre un peu moins de 14 % des pères dans la même situation. Cela a un impact majeur aussi sur la capacité des femmes à accumuler de la richesse en prévision notamment de leurs vieux jours.

    Si les femmes parvenaient enfin à combler tout leur retard sur les hommes en matière de rémunération et de participation au marché du travail, l’économie canadienne gagnerait 105 milliards par an, rapportait le Globe and Mail l’an dernier. On comprendrait mal, dans ce cas, que l’objectif ne soit pas prioritaire pour les gouvernements comme les entreprises, ne serait-ce que pour des raisons bêtement économiques.

    À cet égard, un rapport de l’OCDE recommandait l’automne dernier de redoubler d’efforts contre la violence faite aux #femmes, leur retard salarial et le partage inégal du travail non rémunéré (soins des enfants, des parents âgés, tâches domestiques…). On en appelait, entre autres, à des congés parentaux réservés aux pères, à plus de filles dans les filières scientifiques plus lucratives, à plus de flexibilité dans l’organisation du travail et à une analyse des politiques gouvernementales en fonction de leurs possibles impacts sur l’égalité hommes-femmes.

    #femmes #revenus #salaires #Découverte ? #travail #égalité #capitalisme #précarité
    Il est toujours #consternant de voir des #économistes entrevoir la réalité .

  • Pourquoi il faudrait raser les écoles de commerce par #Martin_Parker - 27 avril 2018 - © The Guardia https://www.theguardian.com/news/2018/apr/27/bulldoze-the-business-school?CMP=share_btn_tw
    Un article du Guardian. Merci à Frédéric Durand pour la traduction !
    https://www.pauljorion.com/blog/2018/05/07/pourquoi-il-faudrait-raser-les-ecoles-de-commerce-par-martin-parker

    Il existe 13.000 écoles de commerce dans le monde, c’est 13.000 de trop. Je sais de quoi je parle puisque j’ai enseigné dans ces écoles pendant 20 ans.

    Si vous vous rendez sur le campus d’une #université ordinaire il y a des chances que le bâtiment le plus récent et le plus tape à l’œil soit l’#école-de-commerce. C’est elle qui occupe le meilleur bâtiment parce qu’elle dégage les plus gros profits (par euphémisme « contribution » ou « surplus ») ce qui n’est pas surprenant de la part d’une forme de savoir qui enseigne à réaliser des bénéfices.

    Les écoles de commerces exercent une grande influence mais elles sont aussi considérées par beaucoup comme étant des lieux où la #supercherie intellectuelle règne, encourageant la culture du court-termisme et la #cupidité. (On trouve un tas de blague sur la réelle signification de Maîtrise en administration des entreprises-MBA en anglais- : « #Médiocre et #arrogant », Maitrise et accidents », « Mauvais avis et #duperies », « Maîtrise en #art_foireux » et ainsi de suite. Les critiques des écoles de commerces, sous toutes ses formes, ne manquent pas : les employeurs déplorent le manque d’expérience des diplômés, les conservateurs raillent les #arrivistes, les européens se plaignent de l’américanisation, les radicaux protestent contre la concentration du pouvoir entre les mains des tenants du capitalisme de meute. Beaucoup depuis 2008 ont avancé l’idée selon laquelle les écoles de commerces sont responsables dans l’avènement de la crise.

    Pour avoir enseigné pendant 20 ans dans les écoles de commerce j’en suis venu à la conclusion que la meilleure solution pour faire face à ces problèmes consiste à fermer définitivement ces écoles, une position peu répandue parmi mes collègues. Toutefois depuis ces dix dernières années il est remarquable de constater que la masse de critiques formulées à l’encontre des écoles de commerces proviennent de ces écoles mêmes. De nombreux professeurs des écoles de commerce, notamment en Amérique du Nord, affirment que leurs établissements se sont terriblement détournée du droit chemin. Selon eux les écoles de commerce sont corrompues par les #doyens guidés par l’argent, les #professeurs qui se plient aux attentes des clients, des chercheurs qui débitent des #poncifs dans des revues que personne ne lit et des étudiants qui espèrent obtenir un diplôme à la hauteur de leur investissement (ou plutôt celui de leurs parents). A la fin des fins la plupart des diplômés de toute manière ne deviendront pas des cadres de haut niveau mais occuperons des postes #précaires de petits soldats travaillant dans des boxes à l’intérieur d’une tour aseptisée.

    Ces critiques ne proviennent pas de professeurs de sociologie, de responsables politiques ou même d’activistes anticapitalistes indignés mais de livres écrits par des gens bien informés, des employés d’école de commerce qui eux même ressentent un malaise voire du dégout par rapport à ce qu’ils font. Bien sur ces vues divergentes appartiennent à une minorité. La plupart des écoles de commerce restent complètement indifférentes aux manifestations de doutes, les acteurs étant trop occupés à huiler les rouages pour s’inquiéter de la direction que prend la locomotive. Malgré tout la critique interne résonne de manière importante.

    Le problème c’est que cette contestation des initiés est tellement institutionnalisée dans l’épais velours des couloirs qu’elle passe désormais inaperçue comme simple contrepoint au « #business as usual ». Certains par le truchement de livres ou de journaux font carrière en déplorant vigoureusement les problèmes liés aux écoles de commerce. Deux personnes appartenant au milieu ont décrit l’école de commerce comme « une machine cancérigène produisant des #déchets inutiles et toxiques ». Même des titres tels que : Contre le management, #Management-de-merde et Le guide des salauds #cupides pour les affaires, ne semblent pas exposer leurs auteurs à quelque problème que ce soit. J’en sais quelque chose puisque je suis l’auteur des deux premiers. Franchement qu’on m’ait laissé écrire cela en toute impunité en dit long sur la totale innocuité de ce genre de critiques. En vérité c’est gratifiant car le fait de publier est plus important que ce qui est publié.

    Dans la réponse aux problèmes posées par les écoles de commerce on évite d’avoir recours à des restructurations radicales pour leur préférer un retour à de prétendues pratiques commerciales plus traditionnelles ou alors à une forme de réarmement moral enjolivé de termes comme « #responsabilité » ou « #éthique ». Toutes ces idées n’abordent pas le vrai problème à savoir que les écoles de commerce n’enseignent qu’une forme d’organisation : l’encadrement gestionnaire du marché.

    C’est pourquoi je pense que l’on devrait en appeler aux bulldozers et exiger une toute autre manière de penser le management, les affaires et les marchés. Si nous voulons que les gens du pouvoir deviennent plus responsables alors nous devons arrêter d’apprendre aux étudiants que les dirigeant héroïques dédiés aux œuvres de la transformation sont la réponse à tous les problèmes ou que le but de connaître la #fiscalité est d’échapper à l’impôts ou que la visée de la #stratégie_commerciale est de créer des nouveaux désirs Dans tous les cas l’école de commerce agit par la #propagande en vendant une #idéologie sous les habits de la #science.

    Les universités existent depuis un millénaire mais la grande majorité des écoles de commerce n’est apparue qu’au siècle précédent de commerce. En dépit de la vive et persistante affirmation qu’elles ont été inventé par les Etats-Unis il semble que la première fut L’Ecole Supérieure de Commerce créée en 1819 afin de tenter de façonner une grande école commerciale financée par des fonds privés. Un siècle plus tard des centaines d’écoles de commerces ont émergé dans toute l’Europe et les Etats-Unis pour se répandre rapidement partout ailleurs à partir de 1950.

    En 2011 « Association to Advance Collegiate Schools of Business » estimait à 13000 le nombre d’écoles de commerce dans le monde. L’#Inde à elle seule compterait 3000 écoles de commerces privées. Arrêtons-nous un moment pour se pencher sur ce chiffre. Imaginez le nombre considérable de personnes employées par ces établissements, l’armée de jeunes qui en sortent avec un diplôme en commerce, des sommes gigantesques qui circulent au nom de l’enseignement du monde des affaires. (En 2013, les vingt meilleures écoles de commerce coûtaient an moins 100 000$ (80 000€). En ce moment la #London_Business_School fait campagne en proposant une inscription à 84 5000£ (96 000€) pour son #MBA Pas étonnant dans ces conditions que la tendance continue à gagner du terrain.

    La plupart des écoles de commerces adopte des formes identiques. L’#architecture est moderne sans originalité composée de verre, de panneaux et de briques. A l’extérieur on trouve un affichage dispendieux présentant un #logo anodin, il y a des chances qu’il soit bleu et qu’il comporte un carré. Les portes sont automatiques, à l’intérieur on trouve une réceptionniste bien mise dans un code habit de bureau. Quelques créations d’art abstrait sont accrochées aux murs et il y a un bandeau comportant un ou deux slogans au contenu prometteur “We mean business”, “Teaching and Research for Impact.” On trouvera quelque part au-dessus du hall d’entrée un grand écran diffusant un téléscripteur #Bloomberg, la promotion de conférenciers de passage et des discussions sur la manière de bien formuler son #CV. Des dépliants publicitaires en papier glacé sont à disposition sur des présentoirs, on y voit sur la couverture toutes sorte de visages innocents d’étudiants. Shiny marketing leaflets sit in dispensing racks, with images of a diverse tableau of open-faced students on the cover. Sur les prospectus on trouve la liste des diplômes : MBA, MSc Management, MSc Accounting, MSc Management and Accounting, MSc Marketing, MSc International Business, MSc Operations Management.

    On y trouvera une somptueuse salle de conférence à la moquette épaisse, qui tirera peut-être son nom d’une société ou de donateurs privés. De fait on retrouve empreinte du logo imprimé presque partout comme quelqu’un qui marquerait de son nom ses affaires de peur qu’elles soient volées. Contrairement aux bâtiments défraichis des autres parties de l’université l’école de commerce s’efforce de donner une image d’efficacité et de confiance. L’école de commerce sait ce qu’elle fait et son visage bien poli est fermement tournée vers le futur plein de promesse. Il lui importe de savoir ce que les gens pensent d’elle.

    Même si la réalité n’est pas toujours aussi reluisante, un toit qui fuit des toilettes bloquées, c’est ce que les doyens aiment à penser à quoi ressemble leur école ou telle qu’ils voudraient qu’elle soit. Une rutilante machine qui transforme l’argent des étudiants en bénéfices.

    Mais qu’enseignent réellement les écoles de commerce ? C’est une question plus compliquée qu’il n’y parait. On a beaucoup écrit sur la façon dont « un programme dissimulée » serait dispensé aux étudiants de manière implicite. A partir des années 70 les chercheurs ont étudié la manière dont les catégories comme la classe sociale, le genre, les origines ethniques, la sexualité et d’autres encore étaient enseignées implicitement dans les salles de classes. Cela peut se traduire par la différenciation des étudiants comme mettre les #filles à l’économie domestique et les garçons à la métallurgie d’où découle par la suite une #norme qui’ s’impose aux différents groupes de la population. Ce programme dissimulé peut être aussi dispensé par d’autres manières, par la façon d’enseigner et d’évaluer ou par le contenu même du programme. Il nous dit également ce qui importe, quelles sont les #personnalités importantes, quels sont les lieux les plus influents et quels sont les sujets qui peuvent être écartés.

    Il y a eu de nombreux travaux sur ces sujets dans beaucoup de pays. La documentation est désormais très répandue sur l’histoire des noirs, la place de la femme dans le monde scientifique ou de la chanson populaire et la poésie. Cela ne signifie pas que le programme dissimulé ne pose plus de problème mais qu’au moins dans les systèmes d’éducation les plus progressistes il est communément admis qu’il existe un récit, un groupe d’acteurs, une manière de raconter l’histoire.

    Mais dans les écoles de commerce le programme implicite et explicite ne font qu’un. Le contenu et la forme des enseignements sont telles qu’ils riment avec la #pensée qui tient pour acquis que les vertus de l’encadrement du marché capitaliste représentent la seule vision du monde possible.

    Si l’on enseigne à nos étudiants que le caractère prédateur du #capitalisme est incontournable il ne faut pas s’étonner que l’on finisse par justifier les #salaires démesurés de ceux qui prennent des risques importants avec l’argent des autres. Si l’on enseigne que seul le résultat compte alors des notions comme la viabilité, la #diversité, la responsabilité et autres ne deviennent plus que de simples ornements. Le message souvent dispensé par la recherche en management et l’enseignement sous-tend que le capitalisme soit incontournable et que les techniques financières et légales qui dirigent le capitalisme fassent parties d’une science. Cette conjonction d’idéologie et de technocratie explique le fait que l’école de commerce soit devenue une institution si efficace et dangereuse.

    On peut analyser son fonctionnement en s’intéressant de près à son programme et la façon dont il est enseigné. Prenons la finance par exemple, ce champ qui s’intéresse à la manière dont les gens qui ont du capital investissent leur argent. Elle repose sur le principe que les détenteurs d’argent ou de capitaux peuvent être utilisés comme garantie et suppose donc des différences importantes de revenus ou de richesses. Plus les #inégalités sont importantes dans un pays donné plus les #opportunités s’ouvrent pour la finance comme pour le marché de luxe des yachts. Les universitaires enseignant la finance considèrent que le retour sur le capital (sans se soucier de son acquisition) est une activité légitime et même louable au point d’aduler les investisseurs pour leurs compétences techniques et succès. La forme de ce savoir consiste à maximiser la #rente d’un capital, le plus souvent en développant les mathématiques ou des mécanismes légaux qui permettent de le multiplier. Les stratégies performantes en finances sont celles qui fournissent un retour maximal sur investissement en un temps le plus court, et qui du même coup aggrave d’autant plus les inégalités qui les rendaient au préalable possibles.

    Ou penchons-nous sur le management des #ressources_humains. Ce champ met en mouvement les théories de l’égoïsme rationnel- c’est-à-dire en gros l’idée selon laquelle les hommes agissent en fonction de calculs rationnels qui maximiseront leurs propres intérêts- pour l’appliquer à l’organisation des êtres humains. Le nom de ce champ est en lui-même révélateur en ce sens qu’il laisse entendre que les êtres humains sont semblables à des ressources technologiques ou financières dans la mesure où ils sont utilisés en tant que paramètre par le mangement dans le but de produire une organisation efficace. Malgré l’utilisation du mot humain, les ressources humaines font très peu de cas de ce que signifie être humain. Son intérêt se fixe sur les catégories comme les femmes, les minorités ethniques, les employés qui n’atteignent pas les objectifs, et leur rapport avec le fonctionnement de l’organisation. Cela rentre souvent dans les attributions des écoles de commerces que de s’intéresser aux formes d’organisations, incarnées habituellement par les syndicats, qui s’opposent aux stratégies du management. Et s’il était nécessaire de le rappeler le management des ressources humaines n’est pas du côté des syndicats, ce serait être partisan. Sa fonction, sous sa manifestation la plus ambitieuse, cherche à être stratégique dans le but d’aider les responsables du management à l’élaboration de l’ouverture d’une usine ici ou de la fermeture d’un bureau là.

    On pourrait appliquer la même analyse sur les autres modules d’enseignement que l’on trouve dans la plupart des écoles de commerce, la comptabilité, la mercatique, le commerce international, l’#innovation, la #logistique. Mais je finirai par l’éthique dans les affaires et la responsabilité social de l’entreprise, ce sont pratiquement les seuls domaines dans lesquels s’est développé une critique constante des conséquences de l’enseignement du management et de ses pratiques. Ces domaines se targuent d’être la mouche du coche des écoles de commerce et insistent sur la nécessité à réformer les formes dominantes de l’enseignement et de la recherche. Les griefs qui motivent les écrits et les enseignements de ces spécialités sont prévisibles mais n’en demeurent pas moins importantes, il s’agit du développement durable, les inégalités, la fabrique d’étudiants à qui l’on enseigne que la cupidité est bénéfique.

    Le problème c’est que l’éthique des affaires et la responsabilité sont des sujets de façades pour la promotion des écoles de commerce semblable à une feuille de figuier qui recouvrerait la conscience du doyen de l’école de commerce, comme si évoquer l’éthique et la responsabilité équivalait à agir. Ils ne s’attaquent pratiquement jamais à la simple idée que si les relations économiques et sociales actuelles produisent les problèmes qui sont traités par les cours d’éthique et de responsabilités sociale des entreprises alors ce sont ces mêmes relations sociales et économiques qui doivent être changées.

    Vous pourriez penser que chacune de ces spécialités d’enseignement et de recherche sont en elles même inoffensives et qu’ensemble ils ne font que traiter des différents aspects du monde des affaires, de l’argent, de la population, de la technologie, du transport, de la vente et ainsi de suite. Mais il est indispensable d’exposer les présupposés partagés par chacun des sujets étudiés en école de commerce.

    Tous ces champs partagent d’abord l’idée profondément ancrée que les formes managériales du marché qui organisent l’ordre sociale sont requises. L’accélération de commerce mondialisé, l’utilisation des mécanismes de marché et des techniques managériales, le développement des technologies comme dans la comptabilité, la finances et son fonctionnement ne sont jamais remis en cause. Il s’agit du récit progressif du monde moderne fondé sur la promesse technologique, le choix, l’opulence et la richesse.

    Au sein de l’école de commerce, le capitalisme est considéré comme marquant la fin de l’histoire, un modèle économique qui a pris le pas sur tous les autres, et qui est maintenant enseigné en tant que science, plutôt que comme une idéologie.

    La seconde est l’hypothèse selon laquelle le comportement humain, des employés, des clients, des gestionnaires et ainsi de suite, est mieux compris si nous considérons que nous sommes tous des égoïstes rationnels. Cela fournit un ensemble d’hypothèses de base qui permettent de développer des modèles qui conçoivent la façon dont les êtres humains pourraient être dirigés dans l’intérêt de l’organisation de l’entreprise. Motiver les employés, corriger les défaillances du marché, concevoir des systèmes de gestion allégée ou persuader les consommateurs de dépenser de l’argent sont tous des cas qui font partie de la même problématique. L’intérêt majeur réside ici pour celui qui cherche le contrôle, et ceux qui sont objets de cet intérêt, deviennent alors des personnes qui peuvent être manipulées.

    La dernière similitude que je voudrais souligner concerne la nature des connaissances produites et diffusées par l’école de commerce elle-même. Parce qu’il emprunte la robe et le mortier de l’université, et qu’il cache ses connaissances dans l’attirail de la science – revues, professeurs, jargon – il est relativement facile d’imaginer que le savoir prôné par l’école de commerce et la façon dont elle le vend apparaît en quelque sorte moins vulgaire et stupide qu’il ne l’est réellement

    Pour résumer simplement ce qui précède, et qui permettrait à la plupart des gens de comprendre ce qui se passe à l’école de commerce, c’est de les appréhender comme des lieux qui enseignent les méthodes pour prendre de l’argent aux gens ordinaires et de le s’approprier. Dans un certain sens, c’est une description du capitalisme, mais il y a aussi le sentiment que les écoles de commerce enseignent que « l’avidité est bonne ». Comme Joel M Podolny, ancien doyen de la Yale School of Management, a pu déclarer un jour : « La façon dont les écoles de commerce sont aujourd’hui en concurrence amène les étudiants à se demander : » Que puis-je faire pour gagner le plus d’argent ? et la forme de l’enseignement prodigué par les professeurs conduit les étudiants à ne considérer qu’après coup les conséquences morales de leurs actions.

    Cette image est, dans une certaine mesure, étayée par la #recherche, bien qu’une partie soit d’une qualité douteuse. Il existe diverses enquêtes auprès des étudiants des écoles de commerce qui suggèrent qu’ils ont une approche instrumentale de l’éducation, c’est-à-dire qu’ils veulent ce que le marketing et le #branding leur disent qu’ils veulent. En ce qui concerne les cours, ils attendent de l’enseignement des concepts et des outils simples et pratiques qu’ils jugent utiles pour leur future carrière. La philosophie c’est pour les imbéciles.

    Comme j’ai enseigné dans des écoles de commerce pendant des décennies, ce genre de constatation ne me surprend pas, bien que d’autres proposent des constats plus virulents. Une enquête américaine a comparé des étudiants en MBA à des personnes emprisonnées dans des prisons de basse sécurité et a constaté que ces dernières étaient plus éthiques. Un autre a laissé entendre que la probabilité de commettre une forme quelconque de délit d’entreprise augmentait si la personne concernée avait fait des études supérieures en administration des affaires ou si elle avait servi dans l’armée. (Les deux carrières impliquent probablement la dissolution de la responsabilité au sein d’une organisation). D’autres sondages montrent que les étudiants arrivent en croyant au bien-être des employés et à la satisfaction de la clientèle et qu’ils partent en pensant que la valeur actionnariale est la question la plus importante, et également que les étudiants des écoles de commerce sont plus susceptibles de tricher que les étudiants des autres disciplines.

    Je doute que les causes et les effets (ou même les résultats) soient aussi nets que le suggèrent des enquêtes comme celle-ci, mais il serait tout aussi stupide de suggérer que l’école de commerce n’a pas d’effet sur ses diplômés. Avoir un MBA peut ne pas rendre un étudiant cupide, impatient ou contraire à l’éthique, mais les programmes explicites et cachés de l’école de commerce enseignent des leçons. Non pas que ces leçons sont reconnues quand quelque chose ne va pas bien, parce qu’alors l’école de commerce nie habituellement toute responsabilité. C’est une position délicate, car, comme le dit un éditorial d’Economist de 2009, » Vous ne pouvez pas prétendre que votre mission est d’éduquer les leaders qui changent le monde » et de vous laver les mains des actes de vos anciens élèves lorsque leur changement a un impact nuisible. »

    Après la crise de 2007, il y avait comme un jeu à se renvoyer la balle, Il n’est donc pas surprenant que la plupart des doyens des écoles de commerce essayaient aussi de blâmer les consommateurs d’avoir trop emprunté, les banquiers d’avoir un comportement si risqué, les #brebis_galeuses d’être si mauvaises et le système d’être, eh bien, le système. Qui, après tout, voudrait prétendre qu’ils n’ont fait qu’enseigner la cupidité ?

    Dans les universités les sortes de portes qui ouvrent sur le savoir sont basées sur des exclusions. Un sujet est constitué par l’enseignement de ceci et non pas de cela, de l’espace (géographie) et non du temps (histoire), des collectifs (sociologie) et non des individus (psychologie), etc. Bien sûr, il y a des fuites et c’est souvent là que se produisent les pensées les plus intéressantes, mais cette partition du monde est constitutive de toute discipline universitaire. On ne peut pas tout étudier, tout le temps, c’est pourquoi il y a des noms de départements au-dessus des portes des immeubles et des couloirs.

    Cependant, l’école de commerce est un cas encore plus extrême. Elle est bâtie sur le principe qui isole la vie commerciale du reste de la vie, mais subit ensuite une spécialisation supplémentaire. L’école de commerce assume le capitalisme, les entreprises et les managers comme forme d’organisation par défaut, et tout le reste comme histoire, anomalie, exception, alternative. Du point de vue du programmes d’études et de recherche, tout le reste est périphérique.

    La plupart des écoles de commerce sont intégrées dans des universités, et celles-ci sont généralement appréhendées comme des institutions ayant des responsabilités envers les sociétés qu’elles servent. Pourquoi, dans ce cas, supposons-nous que les filières d’études commerciales ne devraient enseigner qu’une seule forme d’organisation – le capitalisme – comme si c’était la seule façon d’organiser la vie humaine ?

    Ce n’est pas un monde agréable celui qui est produit par la gestion de marché et que l’école de commerce professe. C’est une sorte d’#utopie pour les riches et les puissants, un groupe que les étudiants sont encouragés à s’imaginer rejoindre, mais ce privilège est acheté à un coût très élevé, entraînant des catastrophes environnementales, des #guerres de ressources et des migrations forcées, des inégalités à l’intérieur et entre les pays, l’encouragement de l’#hyperconsommation ainsi que des pratiques #antidémocratiques persistantes au travail.

    Promouvoir l’école de commerce fonctionne en passant outre de ces problèmes, ou en les mentionnant comme des défis et ne pas les prendre en considération ensuite dans les pratiques d’enseignement et de recherche. Si nous voulons être capables de répondre aux défis auxquels est confrontée la vie humaine sur cette planète, nous devons faire des recherches et enseigner autant de formes d’organisation différentes que nous sommes capables d’imaginer collectivement. Pour nous, supposer que le capitalisme mondial peut continuer tel qu’il est c’est prendre la responsabilité d’emprunter la voie qui mène à la destruction. Donc, si nous voulons nous écarter du business as usual, nous devons également ré-imaginer radicalement l’école de commerce telle qu’elle est. Et cela signifie plus que des murmures pieux sur la responsabilité sociale des entreprises. Cela signifie en finir avec ce que nous avons érigé, et reconstruire.

  • How the American economy conspires to keep wages down | Gabriel Winant | Opinion | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/apr/13/american-economy-wage-suppression-how-it-works

    We tend to think of employment as a market interaction: supply and demand meet to set a price, and that’s the wage you get paid. But work is much more than this. When you buy bread, there’s no other connection between you and the baker. You take your loaf and go home. But when you sell labor in the labor market, you’re entering into an ongoing power relationship. In return for your wages, you’re supposed to submit – not once but every day. It’s not just economic. Work is intrinsically political.

    #politique #économie #salaires #etats-Unis

  • Paiement au mérite, ou promotion lèche-cul ? Surveillons notre langage : soyons grossiers ! LGS - FALD
    https://www.legrandsoir.info/paiement-au-merite-ou-promotion-leche-cul-surveillons-notre-langage-so

    Un serpent de mer revient hanter les eaux de la fonction publique : le paiement au mérite.

    J’évoque souvent mon anti-carrière de petit prof chahuté en exil. Je n’ai jamais eu aucun mérite, j’en parle donc à l’aise.

    Comment appeler quelqu’un qui propose d’instituer ce qui existe
    déjà ? Un menteur ? Un escroc ? Un enfoiré ? Evitez « fils de pute », ces dames ne le méritent pas.

    Car on va donc payer les profs au mérite. Enfin ! Sauf que... c’est déjà le cas !


    Prenons mon anti-carrière de non-méritant et la carrière d’un méritant du même âge. Précisons tout de suite que je n’ai pas de jalousie, sinon celle, sans rapport avec les finances, d’avoir vu bien des collègues plus heureux que moi dans notre métier. Pour une fois, le mot « méritant » sera employé sans ironie aucune !

    Déjà, lorsque nous étions étudiants, le méritant qui avait vraiment la vocation et le niveau, il passait à dix-huit ans le concours de ce qu’on appelait les IPES, disparus depuis. Cet étudiant était payé comme un prof débutant s’il s’engageait à rester dix ans dans l’Éducation nationale. Moi, un peu paumé, sans vraie vocation et pas très doué,

    j’avais un premier échelon de bourses représentant pour un an environ deux mois de son salaire, et que je perdais quand je redoublais.

    Cet étudiant méritant décrochait bien sûr brillamment l’agrégation à vingt-et-un ou vingt-deux ans et commençait à être payé en conséquence. Moi, je me traînais jusqu’à un CAPES, le grade en dessous de l’agrégation, obtenu à vingt-sept ans, avec mention « passable », faute d’une mention « médiocre ». Je prenais donc déjà, pour gagner vraiment ma vie, cinq ans de retard sur lui.

    Par la suite, si cet agrégé était un bon prof aux yeux de l’inspection et de l’administration, pas comme moi, il grimpait les échelons à la vitesse appelée « grand choix », pendant que je les gravissais à l’ancienneté, c’est à dire le plus lentement possible. Et toujours avec un grade inférieur au sien.

    Longtemps avant sa fin de carrière, il passait bien sûr « hors-classe », c’est à dire qu’il montait encore de quelques échelons au delà du maximum prévu de onze. Moi, à soixante ans, j’étais au onzième échelon de la classe normale. Je suis certes passé hors-classe la dernière année, mais c’était l’année supplémentaire imposée par la réforme Woerth. J’ai donc juste un peu amorti les dégâts de la décote pour ma retraite.

    Il va de soi que le méritant est parti avec quelques 2800 € de retraite. Je le sais par une collègue dans ce cas qui m’a montré ses papiers tellement elle était contente. Et moi, je l’étais pour elle car, parent d’un de ses élèves en même temps que collègue, j’estimais qu’elle était mal payée de l’heure tellement elle bossait pour ses potaches, contrairement à ce que croient généralement nos ministres. Moi, je suis parti avec les 1800 crypto-dollars que j’escomptais.

    Bref, sur l’ensemble de notre carrière et après déjà quelques années de retraite, le méritant aura gagné pifométriquement au moins une fois et demie plus que moi, mieux payé pendant plus longtemps.

    Les profs sont donc payés au mérite. On peut toujours contester la manière dont ce mérite est évalué, mais on ne peut pas dire, comme nos gouvernants, que la paye des fonctionnaires est uniforme. Car dans les autres métiers de la fonction publique, c’est pareil, l’ancienneté n’est que le mode de promotion le plus lent.

    Donc, quand les princes qui nous gouvernent parlent d’introduire un paiement ou une promotion au mérite, autrement dit d’instituer ce qui existe déjà, ils ont des arrières pensées. Ce qu’ils veulent en réalité, c’est supprimer les quelques garde-fous comme les commissions paritaires chargées, autant que possible, d’éviter le piston ou la brimade. Ces princes veulent que les promotions soient à la discrétion du grand ou du petit chef, jusqu’à lui donner le pouvoir de révoquer quiconque lui dit « non », voire seulement « oui, mais... ».
    Je rappelle que je ne parle pas pour moi. J’ai connu une collègue, chargée de la formation continue car considérée comme bonne prof par les inspecteurs pédagogiques. Mais cela dérangeait la principale du collège, obligée d’en tenir compte pour faire les emplois du temps. Du coup, cette principale s’acharnait à emmerder cette collègue et à maintenir sa note administrative au plus bas. Si elle avait eu le pouvoir que veulent lui donner nos gouvernants, je vous dis pas le massacre. Et encore, je parle d’une prof bien vue des inspecteurs, ce qui la protégeait.

    Absurdité quand tu nous tiens ! Il paraît que le critère pour juger un prof méritant serait les résultats de ses élèves. Non ? Sans blague ! Je peux témoigner d’une chose que, je pense, les collègues qui liront cela partageront : les classes qui ont le mieux réussi avec moi, et après moi dans les classes supérieures, sont celles qui m’ont le moins fatigué.

    Même si je n’ai pas été très heureux dans mon métier, j’ai quand même eu des groupes où faire cours était un vrai plaisir. Préparer son cours en sachant qu’il sera apprécié et ramasser de bonnes copies faciles à corriger, c’est agréable. Et ce sont ces classes qui, selon nos juges, devraient valoir des points de « mérite » ! Par contre, se crever à enseigner quelques broutilles à de véritables foires aux cancres arrivées chez vous vierges de toute connaissance et décidées à taper le bordel, ça fait de vous un fumiste sans aucun mérite.

    Mais peu importe que les critères prétendument objectifs soient idiots, de toute façon, on dérapera très vite. Imaginez un syndicaliste un peu trop actif au goût de tous ses supérieurs, du proviseur jusqu’au recteur. Ses anciens élèves pourront squatter les premières places dans les classes supérieures et aux examens, il sera quand même considéré comme un prof catastrophique et une feignasse.

    A propos de nos syndicalistes, justement, et autres politiques de gauche. Quelque chose me gonfle à bloc depuis longtemps, c’est leur emploi systématique du vocabulaire de l’adversaire.

    D’où le titre de cet article, dont le « déclencheur », comme disent les criminologues, a été l’éditorial de Patrick Apel-Müller dans l’Huma du 2 février. Mais uniquement parce qu’il me fait repenser à des articles de « L’Université Syndicaliste » d’il y a vingt ans, ou dix, ou d’aujourd’hui, et hélas, à ce que je crains d’y trouver à l’avenir.

    Régulièrement, on trouve sous la plume ou dans la bouche de ces messieurs-dames des déclarations comme quoi ils sont contre le mérite.

    Pourtant, aucun n’aurait l’idée de dire que c’est un défaut d’avoir du mérite. Imagine-t-on un conseil de classe avec des profs majoritairement membres du SNES qui reprocherait son mérite à un élève ? Imagine-t-on tout ce beau monde méprisant une mère qui élève seule ses gosses et qui le fait bien parce qu’elle a du mérite ?

    Nos dirigeants politiques et syndicaux ne font pas assez attention à ce qui fait la force de la bourgeoisie : elle a une grande maîtrise du langage. Elle n’emploie pas les mots au hasard. Pour le sujet qui nous intéresse, les bourgeois savent que pour tout le monde, y compris pour leurs opposants les plus à gauche, avoir du mérite, c’est bien.

    La proposition de payer soi-disant au mérite est très habile. Un chef d’œuvre de démagogie. Ces gens-là savent très bien que devant les téloches dans les salles de séjour et au bistrot, tout ce que la France compte de moutons et de chèvres va approuver. Forcément !

    Récompenser ceux qui ont du mérite, c’est forcément juste !

    Et c’est là, pendant que le troupeau louche sur l’écran, que la baronne Anne-Sophie Pujadas-De-La-Taie-D’Oreiller va tendre le micro à un syndicaliste qui va se déclarer « opposé au mérite ».

    Il y pense, lui, au tas de beaufs devant leur télé ? Non, bien sûr ! Lui, il ne fréquente guère que des militants qui savent ce que cachent les propos du ministre. Alors, il emploie le même langage que lui, en supposant que tous le téléspectateurs comprennent. En fait, il ne suppose même pas, il est juste incapable de voir le niveau réel des masses.

    A quelque chose malheur est bon. Je vis isolé parmi des réacs qui croient que c’est être de gauche d’avoir voté Hamon ou Macron au premier tour de 2017. C’est dire si je connais bien les 80 à 90% de la population que justement, nos dirigeants politiques et syndicaux ignorent.

    Pour cette immense masse, il faudrait commencer par traduire systématiquement en bon français le langage de la vraie droite et de la fausse gauche.

    On ne dit pas « privatisation », mais « reprivatisation ». On ne dit pas « ultra-libéralisme », mais « ultra-capitalisme ». On ne dit surtout pas « populisme », mais « démagogie », et j’en passe, tout un dictionnaire.

    Et on n’hésite pas à être grossier pour être compris. Depuis des décennies que les émules des soi-disant adversaires Madelin et Rocard nous bassinent avec le nécessaire « paiement au mérite », je parle systématiquement de « promotion lèche-cul ». Mais je me sens très seul, moi le simple citoyen sans audience, pendant que mes dirigeants se déclarent opposés au « mérite ».

    Alors, Messieurs-Dames les politiques et syndicalistes, si vous voulez enfin être compris des masses et entrouvrir les yeux aux électeurs des réacs qui nous gouvernent, s’il vous plait, surveillez votre langage, et au besoin, soyez grossiers !

     #éducation #histoire #france #école #travail #salaire #salaires #exploitation #capitalisme #précarité #pauvreté

  • La #Chine s’attaque aux #pollutions d’origine agricole - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2018/02/28/chine-attaque-pollutions-origine-agricole

    C’est une prouesse indéniable. Jusqu’au milieu des années 2000, la Chine a réussi à nourrir la #population la plus nombreuse au monde tout en réduisant la part des Chinois sous le seuil de pauvreté. Et cela sans peser sur les grands équilibres agricoles mondiaux. Mais le pays doit affronter de nouveaux défis : les Chinois ne mangent plus la même chose qu’avant, et les conséquences sont multiples. L’#urbanisation comme la hausse du #pouvoir_d’achat des ménages ont fortement tiré la demande en produits alimentaires, notamment #animaux (viandes, lait, œufs). Ce qui a entraîné à partir de 2003 une explosion des #importations_agricoles chinoises. Face à des #ressources_naturelles toujours plus réduites, la Chine pourra-t-elle satisfaire sa demande intérieure sans augmenter sa #dépendance_alimentaire ? Saura-t-elle maintenir une main-d’œuvre agricole suffisante et motivée alors que les #salaires en ville sont beaucoup plus attractifs ? Plus crucial encore : jusqu’à quand la Chine soutiendra-t-elle un modèle agricole au potentiel productif qui atteint sa limite et à l’impact environnemental de plus en plus négatif ?

    #environnement #agriculture #alimentation #irrigation #eau #déjections_animales #cochon #porc #élevage #reconversion #planification #pollueur-payeur #taxe_environnementale

  • Léo, Roxane et Bertrand ont des boulots passionnants. Devinez combien ils gagnent - L’Obs
    http://www.nouvelobs.com/economie/20180214.OBS2172/leo-roxane-et-bertrand-ont-des-boulots-passionnants-devinez-combien-ils-g

    Une idée tout simple et efficace en matière de #journalisme_numérique

    “L’Obs” a demandé à dix personnes de dévoiler leur rémunération, primes et treizième mois compris. Avec une question : les salaires sont-ils le reflet de l’utilité sociale ?

    #Nouvelles_narrations

  • Hausse des #salaires allemands : un bon signe pour la #zone_euro ?
    https://www.mediapart.fr/journal/international/160218/hausse-des-salaires-allemands-un-bon-signe-pour-la-zone-euro

    L’accord signé par IG Metall le 5 février représente-t-il une rupture décisive avec la politique de modération salariale allemande ? Affiche d’IG Metall demandant des hausses de salaires de 6 %. © Reuters C’est certes un pas dans la bonne direction, mais encore insuffisant pour sauver l’union monétaire.

    #International #Economie #Allemagne #inflation #syndicats

  • Trump Wants Families On Food Stamps To Get Jobs. The Majority Already Work : The Salt : NPR
    https://www.npr.org/sections/thesalt/2017/05/24/529831472/trump-wants-families-on-food-stamps-to-get-jobs-the-majority-already-work

    ... the reality is, many people (44 percent) who rely on SNAP — the Supplemental Nutrition Assistance Program, as food stamps is now known — have at least one person in the family working, according to the latest figures from the U.S. Department of Agriculture.

    And when it comes to families on SNAP with kids, a majority — 55 percent — are bringing home wages, according to USDA. The problem is, those wages aren’t enough to actually live on.

    #président_de_la_ripoux_clique #Etats-unis #salaires #pauvreté #bons_alimentaires

  • Le début de sursaut collectif des salariés du jeu vidéo
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/060218/le-debut-de-sursaut-collectif-des-salaries-du-jeu-video

    Le #STJV, Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo, vient de voir le jour. Dans un milieu où les revendications sur les #salaires ou les heures de travail sont encore regardées avec étonnement, voire suspicion, certains employés du secteur sautent le pas de l’organisation collective pour changer leurs conditions de travail.

    #Economie #crunch #Heures_supplémentaires #industrie #jeux_vidéo #SNJV #syndicats

  • #Bourse de #Wall_Street : Wall Street a connu sa pire semaine en deux ans
    https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Wall-Street-a-connu-sa-pire-semaine-en-deux-ans--25921864

    La Bourse de New York a chuté de plus de 2% vendredi, sous le coup à la fois d’une envolée des rendements obligataires, déclenchée par l’annonce d’une croissance soutenue de l’emploi et surtout des #salaires aux #Etats-Unis, et par une série de résultats d’entreprise jugés décevants.

    #capitalisme

    Via Ali Abunimah

  • BRUXELLES L’occupation du siège bruxellois de Deliveroo se poursuit, annoncent les syndicats RTBF avec Belga - 25 Janvier 2018
    https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_l-occupation-du-siege-bruxellois-de-deliveroo-se-poursuit-annoncent-les-

    L’occupation du siège bruxellois de Deliveroo, entamée mercredi après-midi par le collectif des coursiers, se poursuit ce jeudi matin, indiquent les syndicats.

    Le collectif souhaite rencontrer la direction pour discuter d’un statut de salarié pour les travailleurs qui ne veulent pas du statut d’indépendant, et d’une garantie de salaire horaire minimum.

    « La direction n’a envoyé personne pour tenir cette discussion et souhaite lever le siège par voie judiciaire. Elle n’a pour le moment pas obtenu son jugement en référé pour pouvoir le faire », assure la CNE. « L’occupation a donc toujours lieu et de nombreux coursiers viennent se relayer, marquer leur soutien ou chercher des informations sur la situation en cours » , ajoute le syndicat chrétien en rappelant que ce jeudi après-midi, une délégation des coursiers ira demander au ministre de l’Emploi, Kris Peeters, pourquoi l’enquête qu’il a promise n’a toujours pas abouti.

    « Le temps presse ! Nous appelons le ministre Peeters a accélérer son enquête car le 1er février, les coursiers devront devenir des indépendants (ou arrêter leur travail) et donc assumer tous les risques afférents à leur travail, ce qui est inacceptable pour nous » , pointe de son côté l’UBT (FGTB).

    #Bruxelles #deliveroo #Syndicats #Luttes #Salaires #Belgique #ubérisation #livreurs_à_vélo #coursiers #indépendants #economie

  • Heures sup et bas #salaires, l’envers du jeu vidéo français
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/230118/heures-sup-et-bas-salaires-l-envers-du-jeu-video-francais

    Assassin’s Creed, un jeu « triple A » créé par Ubisoft en 2007. La France est depuis plus de trente ans à la pointe de l’innovation dans le jeu vidéo, mais à quel prix ? De nombreux salariés du secteur racontent un quotidien sous pression permanente, pour une rémunération modeste. Et une « culture du silence » qui n’incite pas à aborder au grand jour les questions sur ce « métier passion ».

    #Economie #crunch #industrie #jeux_vidéo #lapins_crétins #royalties #sexisme #SNJV

  • « Pour #Amazon, on est des robots »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140118/pour-amazon-est-des-robots

    Après le scandale provoqué par l’enquête de l’émission « Cash Investigation » sur #Lidl, les salariés de la distribution #low_cost et des entrepôts ont commencé à témoigner du caractère déshumanisant de leur #Travail. Élodie Kahit, préparatrice chez Amazon, et Cyrine Gardes, doctorante en sociologie, racontent les coulisses du commerce à bas coût.

    #France #automatisation #hard_discount #luttes #salaires #sante #syndicalisme

  • Le revenu salarial s’établit à 20 540 euros en moyenne en 2015 - Insee Focus - 101
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/3204195

    En 2015, le revenu salarial annuel, somme de tous les salaires nets perçus par un même individu dans l’année, est de 20 540 euros en moyenne. En euros constants, il dépasse de 0,6 % son niveau de 2014, après avoir renoué avec la croissance l’année précédente.
    Le revenu salarial des cadres est en moyenne près de trois fois plus élevé que celui des ouvriers ou des employés. Les montants sont particulièrement dispersés pour les moins de 25 ans, les ouvriers et les employés : ces catégories de salariés connaissent plus souvent que les autres des périodes d’inactivité ou de chômage au cours de l’année.

    #france #salaires #revenus

  • Le supposé « mystère » du gel des #salaires - Mémoire des luttes
    http://www.medelu.org/Le-suppose-mystere-du-gel-des

    « Avant », peu importe précisément quand, c’était au temps du fonctionnement normal du système-monde moderne. Les capitalistes avaient besoin du bon déroulement de ces cycles pour une augmentation maximale de la plus-value à long terme. Mais supposons que les employeurs aient compris, cognitivement ou intuitivement, que le capitalisme est entré en crise structurelle et qu’il est moribond. Que vont-ils faire ?

    S’ils n’ont plus à se préoccuper d’une demande intérieure qui permette de faire vivre le système, ils pourraient aussi bien décider d’engranger le maximum de gains tant que cela est possible. Ne visant plus que le très court terme, ils pourraient se contenter de rechercher les meilleurs rendements sur les marchés boursiers, sans aucun souci du lendemain. D’ailleurs, n’est-ce pas ce qui est en train d’arriver dans l’ensemble des pays les plus riches, et même dans quelques autres moins favorisés ?

    #surnuméraires

  • Elèves #handicapés, salariés et #collectivités subissent la méthode #Vortex
    https://www.mediapart.fr/journal/france/041217/eleves-handicapes-salaries-et-collectivites-subissent-la-methode-vortex

    Comment une entreprise, poursuivie des centaines de fois aux prud’hommes, rappelée à l’ordre par les organismes de contrôle, peut-elle continuer à travailler pour les collectivités publiques ? La société Vortex transporte des élèves handicapés aux frais des départements. Une plainte au pénal a été déposée contre ses dirigeants. Premier volet de notre enquête sur la société Vortex.

    #France #argent_public #conseils_départementaux #délégation_de_services_publics #droit_du_travail #salaires #transport_scolaire

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : 25 novembre - Mettez-vous en colère, ce monde masculin est insupportable !
    http://hypathie.blogspot.fr/2017/11/25-novembre-mettez-vous-en-colere-ce.html

    En ces journées de lutte autour du 25 novembre, je propose un billet tentant de montrer que la violence contre les femmes est un long processus, mis en place et entretenu avec soin par la société patriarcale.

    Cette journée va bien sûr être relayée partout au sens violences physiques et sexuelles faites aux femmes. Or, je pense pour ma part que la violence faite aux femmes est un continuum qui va de la violence économique à la violence sociale, à la violence psychologique pour aboutir à la violence physique et au meurtre. Si on ne s’attaque pas en priorité à la violence économique, on ne résout rien et les femmes restent dans l’impuissance. Cantonnées dans les basses zones de l’économie, à une douzaine de métiers peu payés et peu valorisés, aux salaires inférieurs de 20 à 40 % à ceux des hommes à qualifications et responsabilités égales, aux plafonds de verre, aux faibles équipements quand elles sont agricultrices ou créatrices d’entreprises, avec peu ou pas d’accès aux prêts bancaires, peu ou pas d’accès à la propriété, leurs indispensables contributions économiques ignorées des comptabilités nationales (PIB), les femmes sont pauvres, ou si elles ne le sont pas, leur richesse dépend de celle d’un homme. Elles se contentent de rôder autour des banquets des mecs qu’elles ont préparés (courses, cuisine, service et vaisselle), où elle grappillent les miettes qui tombent de la table : faibles retraites, précarité économique et sociale, sous-emplois partiels, supplétives de la « force de travail » masculine, renvoyées à la cuisine en périodes de chômage, évidemment tout cela est un programme politique voulu, exécuté en pleine connaissance par la société patriarcale et ses agents. L’empowerment des femmes passe d’abord par l’indépendance économique : éducation, profession, et plus si elles le souhaitent, mariage et maternité, mais les deux premiers piliers sont les plus importants, et les deux autres facultatifs. La valorisation de la maternité est le fait d’une société conservatrice qui ne pense les femmes qu’en terme de (re)production. L’indépendance économique, c’est ne pas dépendre d’un autre pour ses ressources donc sa vie, l’indépendance économique est la clé de l’émancipation.

    • Si on ne s’attaque pas en priorité à la #violence économique, on ne résout rien et les #femmes restent dans l’impuissance. Cantonnées dans les basses zones de l’#économie, à une douzaine de métiers peu payés et peu valorisés, aux #salaires inférieurs de 20 à 40 % à ceux des hommes à qualifications et responsabilités égales, aux plafonds de verre, aux faibles équipements quand elles sont agricultrices ou créatrices d’entreprises, avec peu ou pas d’accès aux prêts bancaires, peu ou pas d’accès à la propriété, leurs indispensables contributions économiques ignorées des comptabilités nationales (PIB), les femmes sont pauvres, ou si elles ne le sont pas, leur richesse dépend de celle d’un homme. Elles se contentent de rôder autour des banquets des mecs qu’elles ont préparés (courses, cuisine, service et vaisselle), où elle grappillent les miettes qui tombent de la table : faibles retraites, #précarité économique et sociale, sous-emplois partiels, supplétives de la « force de travail » masculine, renvoyées à la cuisine en périodes de chômage, évidemment tout cela est un programme politique voulu, exécuté en pleine connaissance par la société patriarcale et ses agents. L’empowerment des femmes passe d’abord par l’#indépendance économique : éducation, profession, et plus si elles le souhaitent, mariage et maternité, mais les deux premiers piliers sont les plus importants, et les deux autres facultatifs. La valorisation de la maternité est le fait d’une société conservatrice qui ne pense les femmes qu’en terme de (re)production. L’indépendance économique, c’est ne pas dépendre d’un autre pour ses ressources donc sa vie, l’indépendance économique est la clé de l’émancipation.

    • Pour l’e-monde.fr son macronisme est assez flagrant aussi et dans ce sens c’est assez parlant de la pensé des libéraux. Pour moi c’est déjà un journal de droit et le figaro c’est ce que je peu lire de plus à l’extrême droite.

    • Le Figaro, le Monde, Libé : ou comment espionner les « tendances lourdes » de l’ennemi ;-) Quoique, avec l’ImMonde et Libé, c’est plus subtil, ils ont parfois (pour le premier) et souvent (pour le second) quelques velléités de pensée de gôche ... mais restent furieusement capitalist-friendly.

      Or, je pense pour ma part que la violence faite aux femmes est un continuum qui va de la violence économique à la violence sociale, à la violence psychologique pour aboutir à la violence physique et au meurtre.

      Voilà ...

    • j’aime assez le commentaire qu’elle assène à un anonyme qui a du patriarcaca plein la tête : « ah mais je connais des femmes qui ne subissent pas », sa réponse est suffisamment concise et tellement vraie :

      Regardez quand même du côté de vos salaires et accessoires de salaire, avancements, si vous êtes salariée, et scrutez bien votre retraite et comparez aux hommes à situation égale par ailleurs, formation, qualification et responsabilités, si c’est votre situation, MEME si vous êtes célibataire sans enfants. Et comparez bien tout : le diable est dans les interstices, ils ne peuvent pas s’en empêcher. Il n’est pas question de « fortes natures », les fortes natures n’ont jamais empêché quelque chose qui fait système politique de fonctionner. Même moi, qui ai une culture politique, elle ne me sert qu’à voir et repérer l’inégalité de traitement et à tenter d’y parer du mieux que je peux. En Afrique les femmes n’ont pas accès à la terre ni aux prêts bancaires, mais en France, les femmes non plus, pas de prêts bancaires, les banques sont réticentes, alors que Drahi, lui, endetté jusqu’à la moelle, les banques lui prêtent sans discussion. Si vous avez eu des enfants, le travail qui consiste à les élever et les corvées de ménage n’ont jamais été comptabilisées dans le PIB français et vous vous êtes au moins tamponné une double journée, en espérant que vous n’ayez pas été obligée de prendre un « temps partiel » pour « concilier ». Mi-temps = demi-salaire = demi-chômage = demi-retraite, ça va mieux en l’écrivant ! La situation des femmes n’est pas la même partout évidemment, mais le patriarcat vampire parasite est partout, il est consubstantiel des sociétés humaines. Vous et moi n’y pouvons pas grand chose, à part le combattre. Je sais que c’est douloureux à admettre, mais je n’y peux rien du tout. C’est certainement plus facile de s’aveugler et de vivre dans l’illusion. Mon blog sert à casser l’illusion et l’aveuglement.

    • Merci de l’avoir relevé @touti c’est une excellente réponse en effet.

      Pour le message de l’anonyme à laquelle Hypathie répond, il y a une chose qui me fait tiqué depuis cet après midi que j’ai réfléchit à ce mot.

      Toutes générations confondues les femmes que j’ai côtoyées ou connues étaient de fortes natures qui n’ont pas subi l’esclavage que vous décrivez et qui ont, bon an mal an, courtoisement vécu auprès de ces « horribles » hommes !!

      C’est le mot « courtoisie » qui est sensé être cool ou enviable. Or la courtoisie c’est le respect des règles de la cours du roi, c’est à dire le léchage de cul-alpha. Vouloir le respect des règles de courtoisie ou se réclamer de la courtoisie c’est l’idée de se réjouir à l’idée de lécher des fesses dominantes en gardant un beau sourie aimable quelque soit la propreté du royal séant. En république la courtoisie on devrait la garder pour les musées car c’est complètement contraire à toute notion d’égalité.

      Ca me rappel un pote qui me disait que le mariage forcé c’était pas si horrible car parfois les femmes pouvaient avoir de bons maris. C’était dans le contexte du « temps de nos grand-mères », il ne pensait pas que la pratique est toujours commune à notre époque. Il a fallu que je lui demande si il défendrait l’esclavage au prétexte que certain·e·s sont tombé sur de bons maître pour qu’il comprenne sa biterie et ma colère.

      #vocabulaire #monarchisme #misarchie

    • hihi ravi que ca te plaise @touti

      J’ai été voire « Galanterie » aussi :

      Maladie vénérienne. Donner, attraper une galanterie (Ac. 1798-1835). La maladie de cette vieille reine (...) c’était une suite de galanteries si mal guéries qu’elle ne pouvait tomber sans se casser un os (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 121).

      http://www.cnrtl.fr/definition/galanterie

      Ravir c’est tout un poème aussi : http://www.cnrtl.fr/definition/ravi
      Tu remarquera le choix des exemples très genré et très violophiles

      Ravir un baiser. Embrasser quelqu’un contre son gré, par surprise. Je n’étais plus maître de moi : j’osai ravir ce baiser qu’elle me refusait (Duras, Édouard,1825, p. 194).
      b) Enlever quelqu’un de force. Ce même roi que Triboulet pousse au rapt, ravira sa fille à Triboulet (Hugo, Roi s’amuse,1832, p. 341).La fête delle Marie (des Maries) rappelait les fiançailles, l’enlèvement et la rescousse de douze jeunes filles, lorsqu’en 944 elles furent ravies par des pirates de Trieste (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 397).
      2.
      a) Ravir qqc. à qqn.Priver quelqu’un de quelque chose, lui ôter quelque chose. Ravir l’honneur d’une femme. Les amis de M. Necker sentaient avec quel art Mirabeau cherchait à lui ravir la faveur publique (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 247).

      VS

      2. [Sens affaibli] Procurer un vif plaisir. Synon. charmer, enchanter, plaire.
      a) [Le suj. désigne une chose] Elle courait avec une grâce qui ravit Julien (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 321).

      Espérons que Julien reste maître de lui et ne la ravisse pas en retour.

      J’ai été voire « femme » et la définition commence par un exemple tellement typique de la misogynie française :

      FEMME, subst. fém.

      I.− Être humain de sexe féminin.
      − [En emploi générique ou attributif] :
      1. Selon Adler, l’enfant se représente ce rapport d’infériorité à supériorité selon le double schéma : faiblesse, infériorité, petitesse, bas égal féminin, force, supériorité, grandeur, haut égal masculin. Tout garçon cherche à s’élever à la masculinité. Toute fillette et toute femme, sans qu’il faille parler pour autant d’hermaphrodisme, éprouve un sentiment d’infériorité du fait même qu’elle est femme. Cette aspiration générale au pôle viril conçu psychiquement (et non génitalement) comme le pôle de la supériorité, constitue la « protestation virile ». L’enfant aspire « vers le haut » à rejoindre les adultes, et plus précisément son père. Mounier, Traité caract.,1946, p. 597.

      http://www.cnrtl.fr/definition/femme

  • Le chômage, la dette, la Grèce des affaires bien rentables ! – Le Blog de Denis Garnier
    https://denisgarnier.blog/2017/11/19/le-chomage-la-dette-la-grece-des-affaires-bien-rentables

    Les mesures « en faveur » de l’#emploi s’accumulent depuis 40 ans sans effet durable et c’est normal. La France a connu une fulgurante ascension du #chômage à partir des années 70 et un maintien dans un tunnel de 8% à 10% depuis 1980. Un enchaînement machiavélique va donner les pleins pouvoirs au marché. La déréglementation des marchés financiers des années 70 provoque une explosion des #dettes et place les Etats dans une totale dépendance. La révolution #numérique des années 90 amplifie formidablement les outils spéculatifs qui permettent de transformer le monde de l’entreprise en un produit financier.
    Il existe pourtant des réponses qui permettraient d’infléchir ces constats. Trois méthodes principales sont soutenues par Thomas Piketty dans son dernier livre : « l’impôt sur le #capital, l’inflation et l’#austérité », en soulignant immédiatement que l’impôt exceptionnel sur le capital privé est la solution la plus juste et la plus efficace »
    Mais l’emploi n’est pas une priorité pour l’#Europe. La Grèce est un laboratoire d’expériences ratées conduisant les peuples dans la plus grande désespérance. C’est une volonté délibérée des dirigeants européens de privilégier les rentiers au détriment des travailleurs. Le chômage et la dette sont devenus leurs outils essentiels pour abaisser les #salaires, précariser l’emploi et rendre plus servile le monde du travail. Pour justifier cette austérité, il est dit que la France vivrait au-dessus de ses moyens. C’est vrai ! La multiplication des cadeaux fiscaux et des niches fait chuter les recettes de l’Etat de 100 milliards d’euros par an. Depuis 30 ans, ce sont quelques 200 milliards d’euros qui sont détournés chaque année du monde du travail pour satisfaire les envies toujours plus insatiables des #rentiers.
    L’Europe se trompe mais persiste. Lorsque les spéculateurs demandent un rendement de 10% par an aux entreprises alors que les richesses produites n’évoluent que de 1% ou 2%, la différence est forcément prélevée sur le restant produit. C’est pourquoi, sans changement radical du système actuel, les politiques qui se succèdent au pouvoir depuis plus de 40 ans maintenant continueront de contenir le chômage dans la fourchette des 8% à 10% car c’est vraiment une affaire trop rentable.

  • Macron radie en masse les chômeurs de listes de Pôle Emploi
    http://www.wsws.org/fr/articles/2017/nov2017/chom-n13.shtml

    Les nouvelles mesures de #contrôle des chômeurs ont surtout pour but d‘aider à « flexibiliser » les salariés et à ancrer dans l‘#économie une masse de travailleurs qui doivent travailler à des conditions n‘ayant plus aucun rapport avec ce qui est jugé acceptable par la majorité des salariés jusqu’ici. Il s‘agit de les faire rivaliser avec les #salaires et les conditions d‘exploitation des travailleurs en Europe de l‘Est, en Afrique du Nord ou en Asie du Sud-est.

    La classe dirigeante entreprend l‘extension massive du marché du travail à bas salaire alors que le niveau de #pauvreté atteint déjà des proportions catastrophiques. Le 9 novembre, l‘organisation caritative Secours Catholique, qui s‘est occupée en 2017 de près d‘un million et demi de pauvres, a publié son rapport annuel où elle analyse la pauvreté et reprend les chiffres de l‘Insee, selon laquelle à 9 millions de personnes, soit 14 pour cent de la population, ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté (un peu plus de 1000 euros mensuels).

    Les gens accueillis par le Secours Catholique avaient un revenu mensuel moyen de 548 euros, qui n‘avait augmenté que de 3 euros en 6 ans ; 19 pour cent n‘avaient aucune ressource, 42 pour cent ne pouvaient payer leur loyer, 41 pour cent l’électricité ou le gaz, 22 pour cent étaient à découvert avec leur banque, 17 pour cent ne pouvaient pas payer leur eau, 56 pour cent avaient du mal à se nourrir. Le rapport souligne « une #précarisation croissante des familles ». 53 pour cent étaient étrangers sans statut légal stable, n‘ayant donc pas le droit de travailler ni de toucher des aides sociales.

    La publication récente des « Paradise papers », qui lève un peu le voile sur le détournement massif de ressources financières par les super-riches, souligne aussi le mépris froid de l’aristocratie financière et de ses serviteurs politiques Les documents montrent comment les lobbys spécialisés dans les affaires « offshore » s‘activent auprès des gouvernements pour empêcher que d‘éventuelles lois destinées à boucher des échappatoires fiscaux ne voient le jour.

    #chômage

  • La France est l’homme malade du #capitalisme européen – Le Reste du Monde
    https://ecointerview.wordpress.com/2017/10/28/la-france-est-lhomme-malade-du-capitalisme-europeen

    Comment expliquer la contre performance des entreprises françaises ?

    Très probablement parce que la main d’oeuvre française est encore protégée par un droit social efficace, ce qui se traduit en langage marxiste par un taux d’#exploitation de la main d’oeuvre assez faible. Rappelons que le taux d’exploitation (ou « taux de plus-value ») désigne ce que chaque euro investi dans la masse salariale rapporte en profit net, ce qui correspond au ratio profit net/ #salaires

    • Le taux d’exploitation en France n’est pas optimum - Macron s’rmploie à le redresser au profit de la classe possédante - et ce serait la preuve de « la ruine du marxisme » ? Moi pas comprendre.

    • La phrase que tu cites n’est pas discutable, l’optimum capitaliste n’est trop élevé que lorsque la luttes de classes menace ou ruine la profitablilité. Mais l’article est absurde, anté sur le travail industriel. Pour LO, ça le fait, mais il se trouve que déduire de Marx ce qu’est le capitalisme aujourd’hui est débile (faible, sans effet, sauf pour les capitaliste qui utilisent idéologiquement la théorie de la valeur travail pour discipliner, du PS au FMI, de Wauquiez à Macron). Marx n’était pas marxiste selon ses propres dire, jamais il n’aurait envisagé de ne pas réinventer une méthode critique depuis son objet, le présent. C’est pas la fabrique d’épingles (qui peut bien continuer à exister) qui « explique » le TGV et le nucléaire et l’informatique. Par exemple, les quelques passages où Marx pointe la destructivité capitaliste, non seulement à l’encontre des humains mais aussi de « la nature » auraient sans doute une tout autre ampleur aujourd’hui ; le concept de général intellect (et d’une impossibilité de rapporter la production de richesse au volume d’emploi) une tout autre allure. L’histoire n’est pas l’arrière plan d’une téléologie.
      Contre (et parfois avec) les marxismes donc, lire Marx depuis le présent, voir, par exemple (mais le filon est ancien)
      https://seenthis.net/sites/1293643

  • #Flat_tax #macron : des dizaines de milliards évaporés par an, merci qui ?
    https://reflets.info/flat-tax-macron-des-dizaines-de-milliards-evapores-par-an-merci-qui

    Gabriel #Zucma, professeur d’économie à l’université de Berkeley (Californie, Etats-Unis d’Amérique) vient nous alerter sur la « mesure phare » du quinquénat Macron : la « Flat Tax ». Ce prélèvement forfaitaire unique de 30% a été budgétisé à -1,5 […]

    #Breves #Economie #Politique #dividendes #Optimisation_fiscale #ruine_de_l'Etat #Salaires #sécurité_sociale

  • De la #pauvreté mondiale à l’#exclusion et à la détresse : allons à contre-courant de la guerre et de la #mondialisation | Mondialisation - Centre de Recherche sur la Mondialisation
    https://www.mondialisation.ca/de-la-pauvrete-mondiale-a-lexclusion-et-a-la-detresse-allons-a-contre-courant-de-la-guerre-et-de-la-mondialisation/5612918

    Le programme néolibéral, qui se démarque par l’imposition d’un « remède économique » énergique (mesures d’#austérité, gel des #salaires, #privatisation, abandon des programmes sociaux), soutient depuis les 30 dernières années une #délocalisation généralisée de l’industrie manufacturière vers des havres économiques dans des pays en développement où il y a une #main-d’œuvre bon marché (faibles salaires). Cela contribue aussi à appauvrir à la fois les pays développés et les pays en développement.

    « La pauvreté, c’est bon pour les affaires. » Elle permet d’approvisionner l’#industrie et des secteurs de l’économie de services en biens fabriqués à bon marché partout dans le monde.

    Ce processus de #restructuration économique généralisé (qui a atteint de nouveaux sommets) repose sur la compression des salaires et du coût de la main-d’œuvre partout dans le monde, tout en réduisant le pouvoir d’achat de centaines de millions de gens. Cette compression de la demande des consommateurs finit par provoquer une #récession et une hausse du #chômage.

    L’#économie de faibles salaires va de pair avec des taux de chômage excessivement élevés qui, dans les pays en développement, découlent de la #destruction de la production régionale et locale, sans oublier la déstabilisation de l’économie rurale. Cette « armée de réserve des sans-emploi » (Marx) contribue à maintenir les salaires au strict minimum.

    La Chine constitue le plus important havre de main-d’œuvre bon marché au chapitre de l’assemblage industriel, avec ses 275 millions de travailleurs migrants (selon des sources chinoises officielles). Ironiquement, les anciennes colonies de l’Occident, tout comme les pays qui ont été victimes de l’agression militaire et des crimes de guerre des USA (ex. Vietnam, Cambodge, Indonésie), ont été transformés en havre de main-d’œuvre bon marché. Les conditions qui prévalaient au lendemain de la guerre du Vietnam ont pour une large part contribué à l’imposition d’un programme néolibéral à partir des années 1990.

    Une main-d’œuvre bon marché est aussi importée de pays appauvris (Inde, Bangladesh, Philippines, Indonésie, etc.) et utilisée par l’industrie de la construction et l’économie de services.

    Les taux de chômage élevés permettent de maintenir les salaires à des niveaux exagérément faibles.

    Demande globale

    Cette restructuration économique mondiale a entraîné une hausse spectaculaire de la pauvreté et du chômage. Bien que la pauvreté soit considérée comme un avantage côté offre, parce qu’elle favorise des niveaux de salaires faibles, l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché entraîne inévitablement un effondrement du pouvoir d’achat, qui à son tour fait monter les taux de chômage.

    La main-d’œuvre bon marché et la compression du pouvoir d’achat sont des piliers du #néolibéralisme. Les politiques keynésiennes orientées sur la demande des années 1970 ont fait place au programme macroéconomique néolibéral dans les années 1980. Le programme de politique économique néolibérale adopté partout dans le monde soutient l’économie mondiale basée sur une main-d’œuvre bon marché. Avec l’abandon des politiques orientées sur la demande, le néolibéralisme ressort comme le paradigme économique dominant.

    Ajustement structurel dans les économies développées

    L’effondrement généralisé des niveaux de vie, qui est la conséquence du programme macroéconomique, ne se limite plus aux soi-disant pays en développement. Aux États-Unis, le chômage est généralisé ; dans plusieurs pays de l’UE, dont l’Espagne, le Portugal et la Grèce, les taux de chômage sont extrêmement élevés. Simultanément, les revenus de la classe moyenne sont comprimés, les programmes sociaux sont privatisés, les filets de sécurité sociale, y compris les prestations d’assurance-chômage et les programmes d’aide sociale, sont amoindris.

  • Victoire ouvrière chez Volkswagen Investigaction - 26 Sep 2017 Philippe Descamps _

    « Une demande irresponsable », avait jugé Mme Lucia Kovarovič Makayová, la porte-parole de #Volkswagen (VW) en #Slovaquie, lorsque les ouvriers avaient réclamé une augmentation de salaire de 16 %. Pourtant, le 26 juin dernier, après six jours d’une grève largement suivie, les 12 500 employés du groupe ont obtenu 14,1 % sur deux ans, assortis d’une refonte de la grille des bas salaires, d’une prime immédiate de 500 euros et d’un jour de congé additionnel.

    « La grève a grondé comme une tempête après un très long silence, raconte M. Ján Macho, chargé du contrôle technique des moteurs dans l’usine de Martin et délégué de Moderné Odbory (Syndicat moderne). Les investisseurs savent que les Slovaques travaillent bien et ne protestent jamais. Ils ont bénéficié au maximum du fort taux de chômage et de la peur des salariés de perdre le peu qu’ils avaient. Mais, aujourd’hui, notre niveau de qualification nous permet de ne plus nous laisser intimider par les menaces de délocalisation. »

    Depuis le rachat des usines #Škoda, en 1991, Volkswagen a beaucoup misé sur ce paradis des constructeurs d’automobiles, profitant au mieux des dix années de « vacances fiscales » offertes en 2001 par le gouvernement libéral de M. Mikuláš Dzurinda et d’une main-d’œuvre bon marché et compétente. En 2016, les ouvriers slovaques du premier groupe automobile mondial ont assemblé 388 000 véhicules de plusieurs marques, notamment les modèles les plus prestigieux : #Porsche Cayenne, #Audi Q7 ou Volkswagen Touareg.

    Toutefois, ils auraient bien du mal à rouler dans ces bolides de luxe, quasi exclusivement destinés à l’exportation vers l’Europe occidentale, la Chine ou les États-Unis. Car, en dépit d’une productivité équivalente à celle de leurs collègues allemands, les salariés de VW #Slovaquie gagnent en moyenne trois fois moins : 679 euros par mois en début de carrière à Bratislava, alors qu’à six cents kilomètres de là les ouvriers de #Wolfsbourg commencent à 2070 euros.

    L’effet de surprise a profité aux grévistes : « La direction n’a pas cru à un arrêt de travail massif. Les Allemands ont pensé qu’il suffirait de proclamer que nous sommes mieux payés que les autres Slovaques, en parlant de 1 800 euros en moyenne, précise le syndicaliste. Cela a mis en rage la plupart des ouvriers, qui gagnent moins de 1 000 euros. »

    Le piquet de grève devant l’usine de #Bratislava a pris un caractère festif, largement exposé par les médias et sur Internet. « Les ouvriers de VW Slovaquie ont su s’adresser à tous les Slovaques en leur disant : “Ici, on lutte aussi pour vos #salaires et pour vous” », explique M. Karol Klobušický, conseiller de Moderné Odbory. La plupart des organisations politiques ont fini par soutenir le mouvement, comme le président du Parlement Andrej Danko, du Parti national slovaque, et le premier ministre Robert Fico. « Il a compris que nous allions l’emporter, s’amuse M. Macho. En outre, cela n’engage pas le gouvernement à payer, comme pour les enseignants ou les infirmières… »

    Pour les syndicalistes, le plus dur a eu lieu avant le blocage des chaînes de montage, d’abord pour se convaincre qu’ils pouvaient gagner, puis pour s’affranchir d’OZ Kovo, l’organisation attachée à la confédération historique KOZ. Proche du parti social-démocrate Smer-SD et héritier de la centrale unique du régime communiste, le syndicat de la métallurgie a conservé ses vieux réflexes de « courroie de transmission » du pouvoir, alors que le taux de syndicalisation est passé de près de 70 % en 1993 à guère plus de 10 % aujourd’hui (1).

    Lassé de sa passivité et de l’opacité de ses financements, un petit groupe mené par M. Zoroslav Smolinský a voulu bousculer l’inamovible président d’OZ Kovo, M. Emil Machyna, en se présentant contre lui. En réponse, ce dernier a obtenu la mise à pied d’une quinzaine de dissidents par la direction de Volkswagen. Il a fallu l’intervention d’#IG_Metall, le syndicat très influent dans l’entreprise en #Allemagne, pour que la direction lève sa sanction, puis reconnaisse la représentativité de la nouvelle organisation. Moderné Odbory revendique désormais 9 500 adhérents, soit trois salariés de VW Slovaquie sur quatre…

    Les conséquences de cette grève se mesurent à l’importance du secteur dans l’économie slovaque : plus de 40 % de la production industrielle, un tiers des exportations et un quart du produit intérieur brut. Si l’on rapportait le nombre d’automobiles à celui des habitants, la Slovaquie serait le premier fabricant du monde. Entre 2000 et 2016, les nouveaux modèles du groupe Volkswagen, ainsi que l’arrivée de #PSA #Peugeot #Citroën et de #Kia, ont porté la production de 200 000 à plus d’un million de voitures par an. Et l’usine de #Jaguar Land Rover en construction à Nitra assemblera 150 000 véhicules supplémentaires à partir de 2018.

    « Je suis sûr que cette grève aura une importance historique, poursuit M. Macho. Pour la première fois, tout le monde a dû parler de notre position dans l’#union_européenne. Nous n’acceptons plus d’être les #esclaves des entreprises occidentales. Nous ne pouvons pas rester le tiers-monde de l’Europe. » « Les gens aspirent avant tout au respect, renchérit M. Klobušický. Ils veulent que les compagnies étrangères les considèrent comme des êtres humains. »

    Les ouvriers de PSA Peugeot Citroën viennent de monter une section Moderné Odbory. Chez Kia, OZ Kovo a déjà obtenu 8,8 % d’augmentation. Cette bataille pour la dignité salariale sonnerait-elle le début de la fin du travail bradé en #Europe_centrale, comme le premier ministre conservateur de #Hongrie en a pris acte en augmentant le salaire minimum, ou comme le revendiquent les sociaux-démocrates tchèques en campagne pour les élections législatives d’octobre (2) ?

    En janvier, les ouvriers d’Audi Hongrie (11 500 salariés) ont débrayé deux heures pour obtenir autant que leurs 4 000 compatriotes de #Daimler, soit environ 20 % d’augmentation sur deux ans. À Kragujevac (Serbie), la première ministre Ana Brnabić a dû sermonner en personne les travailleurs de #Fiat #Chrysler Automobiles pour qu’ils mettent fin à une grève de vingt jours. Les 20 000 salariés de l’usine Škoda de Mladá Boleslav, en Tchéquie, évoquent à leur tour une action prochaine.

    Notes :
    (1) Magdalena Bernaciak et Marta Kahancová, Innovative Union Practices in Central-Eastern Europe, European Trade Union Institute, Bruxelles, 2017. https://www.etui.org/Publications2/Books/Innovative-union-practices-in-Central-Eastern-Europe

    (2) Ja Lopatka, « No more low cost : East Europe goes up in the world », Reuters, 25 juillet 2017. http://www.reuters.com/article/us-easteurope-economy-analysis/no-more-low-cost-east-europe-goes-up-in-the-world-idUSKBN1AA1RE