Contrat « zéro heure » : travailler et n’être payé que s’il y a des clients, possible en France ? O commentaire
Même Buckingham Palace s’y est mis. Durant l’été, la résidence de la famille royale à Londres s’ouvre à la visite, et embauche pour ce faire 350 salariés à temps partiel. A temps parfois très partiel, révélait mardi le site du Guardian : les nouvelles recrues signent des contrats « zéro heure ».
Selon ceux-ci, les personnes embauchées n’ont aucune heure de travail assurée : tout dépend de la fréquentation. Le contrat – d’une durée de trois à quatre mois – stipule par ailleurs qu’elles n’ont pas le droit de travailler pour un autre employeur, histoire d’être toujours disponibles.
Deux jours après avoir découvert que la chaîne de magasins de sports Sports Direct appliquait la même méthode à ses 20 000 salariés, le Guardian a également épinglé la Tate Gallery et une chaîne de cinéma bien connue outre-Manche, Cineworld.
Une telle flexibilité est-elle possible en France ?
Vais-je travailler demain ?
L’été, Buckingham Palace emploie des personnes comme vendeurs dans les boutiques de souvenirs, guides (cette année, il y aura une exposition de bijoux royaux par exemple), ou encore agents d’accueil. Le Guardian a pu lire une copie du contrat proposé par le palais, qui date de 2009. La formule qui nous intéresse est alambiquée :
« Vos heures de travail seront déterminées par le manager et seront tributaires des exigences appliquées aux assistants de vente à Buckingham Palace et, ce, tant que de besoin. »
Autrement dit, aucune durée minimum de travail n’est garantie, comme le confirme la porte-parole du palais contactée par le quotidien britannique. La porte-parole a cependant refusé de parler de « contrat zéro heure », arguant du fait que les employés bénéficient, les jours où ils sont en poste, de certains avantages : un déjeuner gratuit, un uniforme, des congés payés, etc.
Le Bureau des statistiques nationales estime que 200 000 travailleurs ont signé un tel contrat en Grande-Bretagne. Mais, d’après le Guardian, « les experts pensent aujourd’hui que ce chiffre est bien plus élevé ».
Or, le problème, c’est que ces contrats exposent les employés à des réductions soudaines des temps de travail prévus à un moment donné, quand il ne s’agit pas d’annulation pure et simple et ce, à la discrétion des responsables.
Des dizaines d’employés qui ont signé ces contrats ont également raconté au Guardian que s’ils n’étaient pas disponibles le jour où le manager les appelait, il était peu probable que des heures leur soient à nouveau proposées dans le mois.