• [Info « Splann ! »] Fuite à la raffinerie de Donges, le rapport que TotalEnergies a voulu cacher
    https://splann.org/rapport-totalenergies-raffinerie-donges

    TotalEnergies a enterré une étude prouvant l’exposition des riverains à des taux de benzène importants, dans l’agglomération de Saint-Nazaire. Sans provoquer de réaction de la préfecture. L’article [Info « Splann ! »] Fuite à la raffinerie de Donges, le rapport que TotalEnergies a voulu cacher est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Pollutions #Santé_publique

  • [Info « Splann ! »] #incendie chez Livbag à Pont-de-Buis en 2023, un rapport pointe des failles dans les procédures d’alerte de l’usine Seveso
    https://splann.org/livbag-point-de-buis-incendie-bea-ri

    Un an après l’incendie survenu dans l’usine Livbag de Pont-de-Buis (29), le bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI) écarte l’hypothèse d’un acte malveillant. Il pointe en revanche des failles dans les procédures de sécurité de ce site classé Seveso seuil haut. L’article [Info « Splann ! »] Incendie chez Livbag à Pont-de-Buis en 2023, un rapport pointe des failles dans les procédures d’alerte de l’usine Seveso est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Santé_publique #industrie

  • #Steve_Silberman : The forgotten history of autism

    Decades ago, few pediatricians had heard of autism. In 1975, 1 in 5,000 kids was estimated to have it. Today, 1 in 68 is on the autism spectrum. What caused this steep rise? Steve Silberman points to “a perfect storm of autism awareness” — a pair of doctors with an accepting view, an unexpected pop culture moment and a new clinical test. But to really understand, we have to go back further to an Austrian doctor by the name of Hans Asperger, who published a pioneering paper in 1944. Because it was buried in time, autism has been shrouded in misunderstanding ever since. (This talk was part of a TED2015 session curated by Pop-Up Magazine: popupmagazine.com or @popupmag on Twitter.)

    https://www.youtube.com/watch?v=_MBiP3G2Pzc


    #autisme #vidéo #tedx #prévalence #santé_publique #Leo_Kanner #diagnostic #épilepsie #stigmatisation #honte #Lorna_Wing #histoire #Judith_Guld #Hans_Asperger #continuum #dons #handicaps #traits_autistiques #spectre_de_l'autisme #critères #Rain_Man #tests #neurodiversité

    via @freakonometrics

  • « Lorsque la puissance publique ne parvient plus à offrir des soins, quel risque prend-on à renverser la table ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/08/09/lorsque-la-puissance-publique-ne-parvient-plus-a-offrir-des-soins-quel-risqu

    Aujourd’hui, l’#accès_aux_soins est une préoccupation majeure des Français, avant même le terrorisme, le contrôle des flux migratoires ou la lutte contre le réchauffement climatique, d’après les enquêtes d’opinion qui se succèdent (voir par exemple l’enquête Ipsos, « Ce qui préoccupe les Français », en juillet).

    Les carences sont connues, documentées et vécues par tous au quotidien. Selon le ministère de la santé, 87 % du territoire est considéré comme un désert médical, et un tiers de la population n’a pas un accès suffisant aux soins. Les #urgences souffrent, craquent, ferment ou trient. L’accès à un spécialiste ou à un centre d’expertise peut prendre des mois, à condition qu’ils acceptent encore de nouveaux patients.

    Ainsi en est-il par exemple des centres antidouleur, des centres médico-psychologiques ou des équipes de #soins_palliatifs auxquels n’ont accès que la moitié des patients qui en auraient besoin alors même qu’ils sont atteints de maladies graves en phase parfois très avancée (Cour des comptes, juin 2023). Trop souvent, l’accès aux soins est affaire de réseau. « Connais-tu un bon médecin spécialiste ? » « Pourrais-tu parler de moi ? » « As-tu quelqu’un dans ta famille qui connaît quelqu’un ? » Le capital social est ainsi devenu la meilleure assurance-maladie, ce qui crée dans le pays un fort sentiment d’insécurité médicale.

    Le soin comme engagement

    Cette réalité est un moteur profond de colère et une des causes majeures du sentiment de déclassement. L’impossibilité de parvenir à être soigné ou à faire soigner ses parents ou ses enfants génère une immense et légitime rancœur. La violence qui s’exerce parfois à l’encontre des #soignants en est une conséquence. Lorsque la puissance publique ne parvient plus à offrir des soins, quel risque prend-on à renverser la table ? Les votes des dernières semaines traduisent aussi cette réalité.

    Soignants, nous ne sommes pas là par hasard. Nous sommes là parce que ce qui compte, c’est l’humain. Infirmiers, aides-soignants, psychologues, pharmaciens ou médecins de toutes disciplines, nous accueillons tous ceux qui demandent de l’aide. Chaque jour, nous accompagnons les personnes dans leur diversité. Pour nous qui les soignons, ces personnes ne sont pas de gauche ou de droite, françaises ou étrangères, avec ou sans papiers, elles sont simplement humaines, et notre mission est de les aider à guérir ou à vivre avec la maladie et de les accompagner parfois jusqu’à la mort.

    En cela, le #soin est un engagement politique au sens le plus élémentaire, c’est notre engagement : prendre soin de tous sans distinction et avec la même attention parce que la relation de soin est un bien commun. Alors même que notre société valorise le pouvoir, le contrôle et la force, nous, soignants, nous sommes là pour entendre la détresse, pour accompagner la souffrance jusqu’à parfois même l’envie de mourir et pour essayer de comprendre, soulager et rassurer. Or, notre service public du soin est exsangue voire maltraitant, pour les personnes qu’il accueille comme pour celles qui y travaillent. Chaque jour, nous faisons avec inquiétude le constat de la fragilité de notre système de #santé et de son incapacité croissante à répondre aux besoins de tous.

    Un choix de société

    Nous sommes dans une période de grande incertitude politique. Dans ce contexte chaotique, nous invitons nos élus, d’où qu’ils viennent, à faire front commun en faveur du soin pour le bénéfice de tous. Comment souhaitons-nous habiter notre Terre pour prendre soin des humains qui la peuplent ? Comment voulons-nous collectivement prendre soin de tous et, en particulier, des personnes malades, vulnérables, âgées ou handicapées ?

    Ces questions font du soin un projet profondément politique, un choix de société au-delà des querelles de partis. Car une société qui n’accompagne pas de manière satisfaisante ceux qui ont le plus besoin d’aide face à la maladie et à la souffrance est une société où se développent la colère et l’indifférence. Soignants, nous ne pouvons nous résoudre à cette défaite annoncée qui serait celle de tous et d’abord des plus fragiles.

    Le soin rassemble et ouvre une perspective de solidarité, de progrès et de fraternité. Il replace le progrès technique au service de l’humain, peut remédier à de nombreuses pathologies sociales (isolement, sentiment d’inutilité, violences de tous ordres…). Il est un éloge de l’attention et nous invite à nous engager les uns pour les autres. Il est l’espoir de recoudre notre société fracturée. Nous espérons que s’impose la « loi du plus faible ». Ce plus faible que nous continuerons d’accompagner quoi qu’il arrive parce que c’est notre métier, notre choix et le cœur battant de notre engagement. Ce cœur qui bat pour toute notre société.

    Parmi les signataires : Pr Georges Abi Lahoud, neurochirurgien, ICVNS Paris, membre de l’académie nationale de chirurgie, Thierry Amouroux, infirmier, porte-parole du SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers), Dr Cyril Boronad, pharmacien, président du Synprefh (Syndicat national des pharmaciens en établissement de santé), Dr Claire Fourcade, présidente de la SFAP (Société Française d’accompagnement et de soins palliatifs), Carole Gauvrit, présidente du CNPAS (Conseil national professionnel des aides-soignants, Dr Raphaël Gourevitch, psychiatre, hôpital Sainte-Anne, délégué de la Société médico-psychologique, Pr Olivier Guérin, président du CNP (collège national professionnel) de gériatrie, Pr Patrice Queneau Membre émérite de l’Académie nationale de médecine, membre émérite de l’Académie nationale de pharmacie, Dr Manuel Rodrigues, président de la SFC (Société française du cancer), Ghislaine Sicre, infirmière, présidente de Convergence Infirmière…

    La liste complète des signataires https://docs.google.com/document/d/18q42X6swl4VX4oY6zPt1os6z2-_9l2cp66sTpT4R3Q8/edit

    #déserts_médicaux

  • #leucémies infantiles : une nouvelle recherche débute en Bretagne, dirigée par Catherine Lavau
    https://splann.org/leucemies-infantiles-bretagne

    La chercheuse Catherine Lavau entame une nouvelle recherche à l’Irset de Rennes pour regarder les effets des polluants environnementaux dans le déclenchement des leucémies pédiatriques. L’article Leucémies infantiles : une nouvelle recherche débute en Bretagne, dirigée par Catherine Lavau est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Industrie_agroalimentaire #Santé_publique #pesticides

  • Les Padhue, ces milliers de médecins étrangers précaires | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1722506275-padhue-milliers-medecins-etrangers-precaires-hopital-sante-p

    Face à l’imposant bâtiment du ministère de la Santé, une poignée de médecins étrangers manifestent à bas bruit en ce mois de mai 2024. « On est à peine 30 alors que nous sommes des milliers dans la précarité ? », s’exaspère Mehdi (1), un diabétologue. L’homme né et diplômé en Algérie est ce qu’on appelle un « Padhue » : un praticien à diplôme hors Union européenne. Après dix ans d’expérience en Algérie, il exerce depuis quatre ans en France avec des responsabilités importantes puisqu’il forme des internes dans son hôpital en Normandie. Pourtant, comme de nombreux Padhue, il ne gagne guère plus que ces derniers, avec un salaire de 1.450 euros bruts par mois, loin des 4.500 euros bruts des praticiens hospitaliers français en début de carrière – un salaire qui évolue jusqu’à 9.200 euros bruts.

    #santé_publique #pénuries #colonialisme #précariat

  • https://www.alternatives-economiques.fr/vent-dinquietude-polluants-de-lair/00111911

    Pollution
    Vent d’inquiétude pour les « nouveaux » polluants de l’air
    Le 25 Juillet 2024 7 min
    Les scientifiques s’inquiètent de la présence dans l’air de toxiques mal mesurés et aux effets méconnus : pesticides, perturbateurs endocriniens ou carbone suie, qui peuvent interagir entre eux et nuire à notre santé.
    Par Valéry Laramée de Tannenberg

    La question de la qualité de l’air s’est invitée aux Jeux olympiques et paralympiques. Le 16 juillet, à dix jours de l’ouverture des olympiades, l’association Respire a publié une carte visualisant la pollution régnant à proximité des terrains de sport de la métropole parisienne. But de l’association : montrer que la quasi-totalité des aires sportives métropolitaines dépassent les seuils de recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    Aussi pédagogique soit-elle, la carte de Respire ne s’intéresse qu’aux polluants classiques : dioxyde d’azote (NO2) et particules fines : PM10, d’un diamètre inférieur à 10 microgrammes par m3 d’air (µm/m3), et PM2,5, de 2,5 µm/m3 de diamètre.

    Normal ! La règlementation impose la surveillance des particules fines, du NO2, du dioxyde de soufre (SO2), de certains métaux lourds (comme le plomb), de l’ozone (O3), du monoxyde de carbone (CO), des hydrocarbures aromatiques polycycliques (le benzopyrène, par exemple).

    Mais ces particules et molécules ne sont pas les seules à nous nuire. Les scientifiques en ont répertorié des centaines d’autres (557 exactement, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’Anses). Sans compter les cocktails de toxiques qui se forment au gré des émissions et des mouvements d’air.

    https://justpaste.it/g68cs

  • #Pesticides – Un #colonialisme_chimique

    Un essai percutant pour comprendre la gravité du problème des pesticides pour la #santé_humaine et l’#environnement, et remettre en cause le modèle agro-industriel mondial dominant et profondément inégal.

    Les pesticides, présents dans l’eau et l’alimentation de toute la population ou presque, font désormais partie de notre quotidien. Cet usage massif, nocif pour la santé humaine et l’environnement, est une conséquence directe de la mainmise de l’agro-industrie qui domine physiquement et idéologiquement toute la planète.

    Dans ce scénario mondial, le #Brésil occupe une place spéciale : il est le plus grand consommateur mondial de pesticides, lesquels sont produits en majorité par des #multinationales européennes. L’Europe exporte ainsi ces poisons qu’elle ne veut plus chez elle, et intoxique les corps et les terres étrangères. Cynique colonialisme chimique…

    Mais par l’#effet_boomerang de la #mondialisation, ces pesticides reviennent sur notre continent par le biais des #produits_agricoles brésiliens, dans un cercle d’#empoisonnement qu’il convient de briser en interdisant ces produits ici et là-bas.

    https://www.anacaona.fr/boutique/pesticides-un-colonialisme-chimique
    #colonialisme #agro-industrie #industrie_agro-alimentaire

    • « L’agriculture brésilienne intéresse démesurément les industries agrochimiques européennes »

      Dans « Pesticides. Un colonialisme chimique », la géographe Larissa Mies Bombardi pointe la responsabilité de l’agrobusiness européen dans le désastre des écosystèmes brésiliens et l’intoxication des populations autochtones. Entretien.

      C’estC’est un petit livre au titre coup de poing. Pesticides. Un colonialisme chimique, sorti cet hiver aux éditions Anacaona, nous fait prendre conscience, cartes et chiffres à l’appui, de la proximité du désastre causé par l’agriculture brésilienne. Dopée aux pesticides, permise par une déforestation à grande échelle, cette agriculture est très liée à la nôtre : c’est de là que vient le soja qui nourrit, en France, les élevages intensifs de porcs et de volailles… Et c’est là que sont exportés quantité de produits chimiques fabriqués en Europe, depuis longtemps interdits sur nos sols.

      L’autrice, Larissa Mies Bombardi, est géographe. Il y a trois ans, elle a dû quitter son pays, le Brésil, pour se réfugier en Belgique. Son travail dérange. À partir d’une cartographie des quantités épandues de pesticides et du nombre de personnes affectées par ces produits, elle établit des liens directs entre utilisation de produits phytosanitaires et pathologies humaines, et raconte la profonde asymétrie entre les pays producteurs de pesticides et ceux qui les consomment. Mediapart a pu la rencontrer à l’occasion de son passage à Paris. Entretien.

      Mediapart : Vous êtes exilée en Belgique. Pourquoi ?

      Larissa Mies Bombardi : En 2016-2017, alors que j’étais en postdoctorat en Écosse, j’ai travaillé à la réalisation d’un grand atlas, de plus de cent cinquante cartes, sur l’impact des pesticides au Brésil sur les femmes, les enfants et les populations autochtones. J’y ai mis en évidence des « cercles d’empoisonnement », en lien avec les quantités de pesticides autorisées pour chaque culture au Brésil. Et pour chaque agrotoxique fabriqué en Europe mais interdit sur place, j’indiquais les exportations vers le Brésil.

      Cet atlas a d’abord été publié en portugais. En 2019, il a été traduit en anglais par l’université de São Paolo, puis mis en ligne sur leur site. C’est à ce moment-là que tout a basculé. Ma carrière a été attaquée. On m’a accusée de vouloir abîmer l’image de l’agriculture brésilienne durable et de mentir. C’était difficile à supporter émotionnellement.

      Mais c’est allé plus loin. Au lendemain d’une interview dans un journal télévisé, où je dénonçais les pulvérisations aériennes de pesticides, j’ai reçu par e-mail les menaces de quelqu’un se présentant comme « pilote de l’aviation agricole ». Ce genre de message s’est ensuite multiplié. Après avoir pris connaissance de mon atlas, le directeur d’une grande chaîne suédoise de supermarchés bio a par ailleurs décidé de boycotter les produits brésiliens.

      Agrotoxique : le Brésil devrait exporter ce mot.

      Plusieurs personnes m’ont conseillé de quitter le pays, puis il y a eu le covid et la fermeture des frontières. En août 2020, j’ai été séquestrée pendant plusieurs heures avec ma mère dans notre maison. Nous avons été enfermées dans la salle de bain pendant que trois hommes mettaient la maison sens dessus dessous, et mon ordinateur a été emporté. C’est là que j’ai dû me décider à quitter le Brésil. Il a fallu encore attendre la réouverture des frontières, et l’acceptation de ma candidature pour un postdoctorat à l’Université libre de Bruxelles. J’ai réussi à partir avec mes deux enfants en avril 2021.

      Avez-vous l’intention de revenir un jour au Brésil ?

      Y vivre pour l’instant est inenvisageable pour moi, mes recherches continuent de me mettre en danger. Pour des événements cependant, j’y retourne si l’on peut me garantir une sécurité. C’était le cas pour une conférence organisée le 27 juin à Brasília avec l’Alliance internationale sur les standards de pesticides [Ipsa, une organisation soutenue par l’ONU qui milite pour un cadre international de régulation des pesticides et vise, sur le long terme, l’élimination progressive de ces substances – ndlr] à laquelle j’ai pu me rendre, grâce à une protection assurée par le Mouvement des sans-terre.

      Une autre conférence se tiendra à Bruxelles en octobre. Nous cherchons à obtenir l’interdiction, au niveau mondial, des épandages aériens de pesticides, ainsi que des substances les plus toxiques. Il faut que les mêmes règles s’appliquent dans tous les pays.

      « En plus d’être le triste champion du monde de l’utilisation d’agrotoxiques, le Brésil se classe également parmi les pays où le taux de violence dans les campagnes est le plus élevé, et est en tête du classement des assassinats de défenseur·es de l’environnement, avec 342 meurtres entre 2012 et 2021 », écrivez-vous. Le climat d’hostilité à l’égard de la cause écologique et du monde militant n’a-t-il pas changé après la fin de l’ère Bolsonaro et le retour de Lula au pouvoir ?

      Lula a créé ce ministère des droits humains, avec un programme spécial pour les victimes de persécution. Il y a une reconnaissance des conflits et de la vulnérabilité. Mais les violences continuent dans le pays, le danger est toujours là.

      Votre atlas fournit la matière de votre livre publié chez Anacaona. À partir de quelles données avez-vous travaillé ?

      J’ai utilisé les données du ministère de la santé brésilien sur les populations intoxiquées qui se sont rendues à l’hôpital. Ce sont des données accessibles au Brésil, contrairement à la France et à plusieurs pays européens. Une ONG européenne, PAN [Pesticide Action Network – ndlr], se bat d’ailleurs pour obtenir cette transparence.

      Dans la majeure partie des cas, il s’agit d’intoxication aiguë : le produit a été respiré ou s’est retrouvé en contact avec la peau des gens.

      Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le problème est beaucoup plus vaste. Il y a énormément de maladies de Parkinson, de problèmes hormonaux… Mais comme ces pathologies sont multifactorielles, il est difficile de les relier à un seul phénomène. On estime que, pour un cas déclaré, cinquante ne le sont pas. Et seulement 5 % des cas enregistrés concernent des maladies chroniques.

      En outre, dans les questionnaires médicaux, la question de la profession n’apparaît pas. Autrement dit, on ne sait pas s’il s’agit d’agriculteurs ou d’agricultrices.

      Tout cela n’est guère étudié au Brésil. Dans les écoles de médecine, par exemple, la toxicologie au travail n’est pas une discipline obligatoire.

      J’ai croisé ces données avec les chiffres d’utilisation de pesticides par État, région et commune. J’ai superposé tout ça, et cela montre combien les populations des zones agricoles sont touchées par les pesticides. Le Mato Grosso [État du centre-ouest qui partage une frontière avec la Bolivie – ndlr], avec ses gigantesques cultures de soja, est la région où l’on trouve le plus de victimes.

      Dans votre livre, vous parlez d’« agrotoxiques » plutôt que de pesticides ou de produits phytosanitaires. Pourquoi ce choix lexical ?

      Le terme a été créé à la fin des années 1970 par l’agronome brésilien Adilson Paschoal. Depuis, il est dans notre loi et dans notre Constitution. Il est d’une importance politique capitale, car il dit que la substance, en soi, est toxique. Le Brésil devrait exporter ce mot !

      Pesticide – pesticida en portugais –, selon moi, est un mauvais terme. Peste, en portugais, désigne une maladie, un animal nuisible, mais aussi le diable. Comme dans d’autres langues, cela donne à ce mot une connotation erronée.

      Nous avons des technologies modernes, un processus de déforestation […] et un génocide des populations autochtones.

      Le Brésil est le pays au monde qui consomme le plus d’agrotoxiques. C’est peut-être pour cela qu’on a réussi à définir plus justement le problème. Cela dit, il y a eu des tentatives pour changer les termes de la loi. Dans le cadre du « paquet empoisonné » – ensemble de textes négocié sous Bolsonaro, surnommé ainsi par ses détracteurs –, une proposition avait été d’intituler la nouvelle loi « loi des défenseurs agricoles » ou « loi des pesticides ». Le texte, qui accélère les processus d’homologation des produits, a été malheureusement adopté. Mais Lula a mis son veto au changement de terme.

      Pouvez-vous nous donner quelques ordres de grandeur sur la consommation de produits chimiques dans l’agriculture brésilienne ?

      En 2023, le Brésil a consommé 700 000 tonnes d’agrotoxiques, pour environ 92 millions d’hectares de terres agricoles. On est sur une pente ascendante. La quantité a augmenté de 78 % en dix ans. Dans le même temps, elle a diminué de 3 % en Europe [qui compte environ 162 millions d’hectares de terres agricoles – ndlr].

      Y a-t-il une prise de conscience dans le pays de la toxicité de ces produits ?

      Oui, elle se développe depuis une dizaine d’années. Un mouvement important s’est formé autour d’une campagne nationale « contre les agrotoxiques et pour la vie », elle-même liée au mouvement des paysans sans terre. Des liens se sont noués avec d’autres entités de la société civile : associations de consommateurs, WWF, Greenpeace… Toutes ces organisations travaillent ensemble et, désormais, pour beaucoup de candidates et candidats aux élections municipales, ce sujet fait partie de leur programme.

      Votre livre fait explicitement référence à Karl Marx. Qu’apporte-t-il dans l’analyse que vous faites aujourd’hui de la consommation de pesticides du Brésil ?

      Dans la section du Capital intitulée « L’accumulation primitive du capital », Marx raconte ce moment où les paysannes et paysans écossais sont expulsés, au cours du processus d’enclosure qui supprime les cultures pour les transformer en pâturages. Cela ressemble beaucoup à ce qui se passe dans les campagnes brésiliennes encore aujourd’hui.

      Je me sers également des idées de Rosa Luxemburg, pour qui les formes de travail qui accompagnent le développement du capitalisme ne sont pas nécessairement des formes de travail capitalistes. C’est ainsi que l’esclavage est contemporain du développement des relations de travail moderne.

      Ces auteurs m’aident à comprendre ce moment complexe que nous vivons au Brésil. Nous avons, dans le même temps, des technologies modernes, un processus de déforestation, des relations de travail analogues à de l’esclavage, et un génocide des populations autochtones. Tout cela pour les intérêts des grandes multinationales productrices de pesticides.

      Des multinationales qui perpétuent un schéma colonialiste… « La pulvérisation de pesticides n’est ainsi que la dernière modalité de la violence historique exercée contre les populations autochtones et paysannes au Brésil », écrivez-vous.

      Oui, et sur cette lecture coloniale, je m’inspire des travaux du géographe Porto-Gonçalves. Il parle notamment de « colonialité » pour décrire la structure sociale de l’Amérique latine, où une portion minime de la population contrôle une part énorme des terres, et où les propriétaires fonciers sont surreprésentés dans les institutions politiques et judiciaires. Ces sociétés se sont structurées sur l’inégalité et l’exclusion : les esclaves étaient exclus de la terre. En bénéficient une petite élite et des intérêts économiques extérieurs.

      Comme les exportations brésiliennes de canne à sucre au XVIIe siècle, le modèle agro-exportateur du pays aujourd’hui intéresse démesurément les industries agrochimiques européennes, et ces entreprises exercent un lobby directement sur le Congrès brésilien. La France et l’Union européenne, en exportant des produits interdits chez elles, sont également responsables de cette situation.

      Quelles sont ces cultures que l’on arrose de pesticides ?

      Plus de 50 % des agrotoxiques utilisés au Brésil le sont pour le soja OGM. Ensuite, on trouve le maïs, la canne à sucre, le coton, puis le pâturage.

      La molécule la plus utilisée est le glyphosate, avec un autre herbicide, le 2.4-D [un composant de l’« agent orange », utilisé à large échelle durant la guerre du Vietnam – ndlr]. On trouve également en grandes quantités l’herbicide atrazine et l’insecticide acéphate, tous deux depuis longtemps interdits en Europe.

      Les aliments produits au Brésil et exportés vers le Vieux Continent contiennent des résidus de ces produits : la contamination ne concerne donc pas seulement la population brésilienne.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/170724/l-agriculture-bresilienne-interesse-demesurement-les-industries-agrochimiq

  • 78 - Book Review: Waste and the City
    https://urbanpolitical.podigee.io/78-bookreview-waste-and-the-city

    In an age of pandemics the relationship between the health of the city and good sanitation has never been more important. Waste and the City is a call to action on one of modern urban life’s most neglected issues: sanitation infrastructure. The Covid-19 pandemic has laid bare the devastating consequences of unequal access to sanitation in cities across the globe. At this critical moment in global public health, Colin McFarlane makes the urgent case for Sanitation for All. The book outlines the worldwide sanitation crisis and offers a vision for a renewed, equitable investment in sanitation that democratises and socialises the modern city. Adopting Henri Lefebvre’s concept of ’the right to the city’, it uses the notion of ’citylife’ to reframe the discourse on sanitation from a (...)

    #waste,sanitation,public_toilets,access,hygiene,city
    https://audio.podigee-cdn.net/1536450-m-96b49139a61f68bedfec63c5057c7f8a.m4a?source=feed

    • Waste and the City: The Crisis of Sanitation and the Right to Citylife

      Sanitation is fundamental to urban public life and health. We need Sanitation for All.

      In an age of pandemics the relationship between the health of the city and good sanitation has never been more important. Waste and the City is a call to action on one of modern urban life’s most neglected issues: sanitation infrastructure. The Covid-19 pandemic has laid bare the devastating consequences of unequal access to sanitation in cities across the globe. At this critical moment in global public health, Colin McFarlane makes the urgent case for Sanitation for All.

      The book outlines the worldwide sanitation crisis and offers a vision for a renewed, equitable investment in sanitation that democratises and socialises the modern city. Adopting Henri Lefebvre’s concept of ’the right to the city’, it uses the notion of ’#citylife' to reframe the discourse on sanitation from a narrowly-defined policy discussion to a question of democratic right to public life and health. In doing so, the book shows that sanitation is an urbanizing force whose importance extends beyond hygiene to the very foundation of urban social life.

      https://www.versobooks.com/products/917-waste-and-the-city
      #santé #villes #urban_matter #infrastructure_sanitaire #santé_publique #livre #podcast #audio #livre #hygiène

  • ALERTE FS-SSCT du CSA MESR – Lettre ouverte FERC CGT à la ministre
    https://academia.hypotheses.org/56915

    Les représentant·es des personnels CGT en FSSSCT MESR À : Mme la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche S/C de M. Boris Melmoux-Eude, directeur général des Ressources Humaines M. Guillaume Aujaleu, chef du service des personnels ingénieurs, administratifs, techniques, … Continuer la lecture →

    #Démocratie_universitaire #En_partage #Gouvernance_de_l'ESR #Santé_au_travail #EHESS #INP_Toulouse #INRAE

  • Gilead Shot Provides Total Protection From HIV in Trial of Young African Women - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/06/21/health/lenacapavir-hiv-prevention-africa.html

    Il y a des bonnes nouvelles dont il faut se féliciter (même si on sait que les bénéfices iront chez les Big Pharma... la santé des gens avant tout, en attendant le grand basculement de l’économie pharmaceutique dont nous avons besoin).

    An injection given just twice a year could herald a breakthrough in protecting the population that has the highest infection rates.

    A close-up view of a pair of hands with pink painted nails drawing diluent from a tiny plastic test tube on a blue surface.
    A self-test for H.I.V. in Harare, Zimbabwe. The every-six-months injection was found to provide better protection than the current oral drug for what’s called pre-exposure prophylaxis, also taken as a daily pill.Credit...Aaron Ufumeli/EPA, via Shutterstock
    Stephanie Nolen

    By Stephanie Nolen

    Stephanie Nolen has covered the global H.I.V. pandemic for more than 25 years.
    June 21, 2024
    Want to stay updated on what’s happening in South Africa and Uganda? Sign up for Your Places: Global Update, and we’ll send our latest coverage to your inbox.

    Researchers and activists in the trenches of the long fight against H.I.V. got a rare piece of exciting news this week: Results from a large clinical trial in Africa showed that a twice-yearly injection of a new antiviral drug gave young women total protection from the virus.

    “I got cold shivers,” said Dr. Linda-Gail Bekker, an investigator in the trial of the drug, lenacapavir, describing the startling sight of a line of zeros in the data column for new infections. “After all our years of sadness, particularly over vaccines, this truly is surreal.”

    Yvette Raphael, the leader of a group called Advocacy for Prevention of H.I.V. and AIDS in South Africa, said it was “the best news ever.”

    The randomized controlled trial, called Purpose 1, was conducted in Uganda and South Africa. It tested whether the every-six-months injection of lenacapavir, made by Gilead Sciences, would provide better protection against H.I.V. infection than two other drugs in wide use in high-income countries, both daily pills.

    The results were so convincing that the trial was halted early at the recommendation of the independent data review committee, which said all participants should be offered the injection because it clearly provided superior protection against the virus.

    None of the 2,134 women in the arm of the trial who received lenacapavir contracted H.I.V. By comparison, 16 of the 1,068 women (or 1.5 percent) who took Truvada, a daily pill that has been available for more than a decade, and 39 of 2,136 women (1.8 percent) who received a newer daily pill called Descovy were infected.

    The findings were announced by Gilead. The data has not yet been subject to peer review. A second trial, conducted in six other countries, including Brazil and the United States, is assessing the effectiveness of lenacapavir in men who have sex with men, in transgender people and in those who use injection drugs. Midterm review of those results will take place later this year.

    #Santé_publique #Vaccins #SIDA

  • Des centaines de médicaments génériques pourraient ne plus être vendus en Europe à cause d’irrégularités
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/06/20/en-europe-des-centaines-de-medicaments-generiques-sont-sur-la-sellette-a-cau

    Les Etats membres doivent, sur demande de Bruxelles, suspendre la commercialisation des produits visés jusqu’à leur mise en conformité, mais ils peuvent y surseoir. En France, 72 médicaments sont concernés. Une décision est attendue d’ici le 24 juin.

    Par Zeliha Chaffin
    Publié aujourd’hui à 08h24, modifié à 09h27

    Temps de Lecture 3 min.

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    URBS

    Casse-tête en vue pour les Etats membres de l’Union européenne (UE). La Commission européenne a notifié aux Vingt-Sept la suspension des autorisations de mise sur le marché de plusieurs centaines de médicaments génériques commercialisés sur le continent. Bruxelles, qui se fonde sur un avis émis par l’Agence européenne des médicaments (EMA), invoque « l’insuffisance des preuves concernant la fiabilité des données d’essai », en particulier des études de bioéquivalence, qui visent à démontrer qu’un médicament générique libère la même quantité de substance active dans l’organisme que le médicament de référence qu’il copie.
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    Les laboratoires pharmaceutiques sont sommés d’y mettre bon ordre au plus vite en fournissant de nouvelles données scientifiques conformes aux exigences de qualité européennes. Problème : la liste des médicaments notifiés, à laquelle aucun Etat membre n’échappe, est longue. L’EMA compte près de 2 250 références touchées, l’Allemagne arrivant en tête avec 208 références, devant les Pays-Bas (188), le Portugal (112) et la France (98).

    En pratique, le chiffre est plus réduit, nombre d’entre elles concernant un même médicament vendu sous des présentations (gélules, comprimés, injections, poudre à diluer…), des dosages et dans des pays différents. Ainsi, pour la France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recense tout compte fait 72 génériques affectés.
    Mettre en péril

    Malgré tout, refaire des études de bioéquivalence nécessite du temps, et l’injonction de la Commission pourrait mettre en péril l’équilibre déjà précaire de l’approvisionnement en produits de santé sur le continent. Faut-il retirer de la vente les génériques listés, au risque de créer des pénuries de médicaments délétères pour les patients, ou maintenir sur le marché ces produits aux dossiers réglementaires non conformes en attendant leur régularisation ? Bruxelles laisse le choix à chaque Etat membre de décider, produit par produit de la conduite à suivre, en donnant la possibilité de reporter la suspension de deux ans pour les génériques jugés « d’une importance cruciale au niveau national », et dont les alternatives existantes pourraient ne pas être disponibles en quantités suffisantes.
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    L’Hexagone n’a pas encore tranché. L’ANSM doit se prononcer sur les 72 génériques identifiés en France avant le 24 juin. Parmi les traitements sur la sellette figurent plusieurs antirétroviraux, utilisés dans le traitement de l’infection par le VIH (sida), des antidiabétiques (metformine, sitagliptine, vildagliptine), des anticancéreux ciblant des cancers du sein, du pancréas ou du sang, des antiépileptiques (topiramate, lacosamide), mais aussi des génériques de l’olanzapine, indiqués dans les troubles bipolaires et la schizophrénie, de la betahistine (contre les vertiges) ou encore du propofol, un anesthésique courant à l’hôpital, et du tadalafil, copie du médicament de référence Cialis, connu pour ses effets similaires au très populaire Viagra.
    Inspection de routine

    L’autorité de santé indique qu’ « il n’y a pas de risque identifié pour les patients traités par l’un de ces médicaments », dont beaucoup sont commercialisés depuis de nombreuses années. L’agence est actuellement en train d’évaluer la situation au cas par cas en concertation avec les laboratoires pharmaceutiques. Une grande partie des principaux génériqueurs opérant sur le territoire, dont Biogaran, Viatris, Sandoz, Arrow ou EG Labo, ont au moins un médicament inscrit sur la liste de l’EMA. Informés de la procédure européenne depuis plusieurs mois, certains ont toutefois d’ores et déjà soumis les résultats de nouvelles études de bioéquivalence. Les éventuelles suspensions pourraient, en conséquence, être moins nombreuses qu’anticipées.
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    La décision de Bruxelles frappe par l’importance du nombre de médicaments et de laboratoires pharmaceutiques (plus d’une centaine de génériqueurs, petits ou grands, sur tout le continent). Comment l’expliquer ? Pour cela, il faut remonter au point de départ en Inde, dans les bureaux de Synapse Labs.
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    L’histoire débute en novembre 2020. L’agence espagnole du médicament mène alors une inspection de routine dans les locaux de la société indienne, installée à Pune dans la région du Maharashtra. Le sous-traitant ne fabrique pas de médicaments, mais il fournit pour les laboratoires pharmaceutiques, dont de très nombreux industriels vendant leurs traitements en Europe, des services de recherche et développement allant de la conduite d’essais cliniques à la réalisation d’études de pharmacovigilance ou de bioéquivalence. A ce titre, l’entreprise est soumise aux contrôles des autorités sanitaires des différents pays dans lesquels ses clients opèrent. Ces dernières peuvent ainsi venir s’y assurer que les prestations effectuées respectent les normes internationales de bonnes pratiques.
    Forte dépendance

    Lors de sa visite en 2020, le gendarme du médicament espagnol relève cependant des irrégularités « jetant de sérieux doutes sur la validité et la fiabilité des données des études » dans les dossiers de bioéquivalence examinés de 2009 à 2019, note un rapport de l’EMA. Une nouvelle inspection du sous-traitant indien en novembre 2022 confirme les observations constatées deux ans plus tôt. L’agence espagnole alerte alors l’Agence européenne des médicaments le 27 juin 2023.
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    S’ensuivent plusieurs mois d’échanges entre l’autorité de santé de l’UE et Synapse Labs, au cours desquels l’EMA examine minutieusement les dossiers litigieux, avant de recommander, le 21 mars, la suspension des autorisations de mise sur le marché d’une partie des génériques testés par Synapse Labs qui sont commercialisés en Europe. Deux mois plus tard, le 24 mai, l’avis de l’EMA se transforme finalement en injonction de la Commission européenne.

    L’affaire met surtout en exergue une faiblesse bien connue de l’industrie pharmaceutique, à savoir sa forte dépendance à quelques gros fournisseurs ou prestataires mondiaux, aux différents maillons de la chaîne du médicament. A l’image de la fabrication de principes actifs, concentrée pour certaines molécules très consommées, dans les mains d’une poignée d’industriels. Pour éviter l’écueil, certains laboratoires diversifient leurs sources. Mais cela a un coût que tous ne veulent pas, ou parfois ne peuvent pas, assumer.

    Zeliha Chaffin

    #Santé_publique #Médicaments #Industrie_pharmaceutique #Génériques #Tests #Mondialisation

  • La pénurie de Ventoline vient s’ajouter aux autres ruptures de stock de médicaments, voici pourquoi
    https://www.huffingtonpost.fr/life/article/la-penurie-de-ventoline-vient-s-ajouter-aux-autres-ruptures-de-stock-

    Alors que l’ANSM assure à nos confrères que des « mesures de gestions » ont été prises, les causes de cette tension peuvent s’expliquer par le prix - trop bas pour être un marché attractif pour les laboratoires par rapport aux pays voisins - et par une hausse de la demande.

  • Pollution et mise en danger de la vie d’autrui, comment l’industriel Arkema « prépare sa défense » depuis des années

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/enquete-pfas-depuis-des-annees-arkema-prepare-sa-defens

    Cet article, écrit dans le contexte de la vallée de la chimie à Lyon, révèle que l’industriel savait depuis plus de 10 ans :
    – que les PFAS était problématiques
    – qu’ils étaient rejetés dans l’environnement
    – comment les filtrer

    Mais a attendu que le scandale arrive.

    “Les sociétés cotées en bourse sont obligées de donner la priorité aux bénéfices à court terme, ce qui les empêche de prendre des mesures coûteuses qui ne sont pas absolument requises par la réglementation ou la législation, même si ces mesures sont nécessaires pour protéger la santé des travailleurs ou la santé publique”, décode encore Alissa Cordner [sociologue]

    Conclusion ? On continue de confier la décision de produire à l’économie marchande ?

    “Lorsqu’une entreprise dispose d’une technologie dont elle sait qu’elle peut contribuer à éviter des effets nocifs sur la santé humaine, ses responsabilités en matière de droits de l’homme l’obligent à appliquer cette technologie afin d’assurer cette protection” [Marcos Orellana, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et les produits toxiques, ]

    Oui mais comme le but de tout entreprise est de gagner plus d’argent, cette responsabilité ne vient même pas à l’idée des gens qui y travaillent (lire l’article pour le comprendre).
    Beaucoup de révélations dans cet article qui vient de paraître :

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/enquete-pfas-depuis-des-annees-arkema-prepare-sa-defens

    On y apprend qu’en interne l’industriel savait depuis plus de 10 ans que :
    – que les PFAS était problématiques
    – qu’ils étaient rejetés dans l’environnement
    – comment les filtrer

    Mais a attendu que le scandale arrive.

    “Les sociétés cotées en bourse sont obligées de donner la priorité aux bénéfices à court terme, ce qui les empêche de prendre des mesures coûteuses qui ne sont pas absolument requises par la réglementation ou la législation, même si ces mesures sont nécessaires pour protéger la santé des travailleurs ou la santé publique”, décode encore Alissa Cordner [sociologue]

    Conclusion ? On continue de confier la décision de produire à l’économie marchande ?

    “Lorsqu’une entreprise dispose d’une technologie dont elle sait qu’elle peut contribuer à éviter des effets nocifs sur la santé humaine, ses responsabilités en matière de droits de l’homme l’obligent à appliquer cette technologie afin d’assurer cette protection” [Marcos Orellana, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et les produits toxiques, ]

    Oui mais comme le but de tout entreprise est de gagner plus d’argent, cette responsabilité ne vient même pas à l’idée des gens qui y travaillent (lire l’article pour le comprendre).

    Si responsabilité il y a, elle se loge dans la banalité de l’organisation de toute production marchande.

    Et non, contrairement à ce que disait Nicolas Thierry (1) lors de l’élaboration de la loi contre le PFAS, il n’est pas normal de confier la fabrication des objets de notre quotidien à l’absurde contrainte de gagner plus d’argent.

    #pfas #capitalisme-en-roue-libre

    (1) https://youtu.be/EzVmzDVfDPQ?t=103

  • « Moins de médicaments » : l’étonnante offensive des laboratoires pour réduire les prescriptions
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/06/05/moins-de-medicaments-l-etonnante-offensive-des-laboratoires-pour-reduire-les

    Les industriels pharmaceutiques lancent une campagne nationale visant à promouvoir la sobriété médicamenteuse auprès des patients de plus de 65 ans. Objectif : baisser le train des dépenses de l’Assurance-maladie.
    Par Zeliha Chaffin

    « Réduisons le volume. Moins de médicaments, c’est médicamieux. » Voilà un cheval de bataille que l’on n’imaginait pas venant des industriels pharmaceutiques, dont le modèle économique repose sur les ventes de médicaments. Le Leem, l’organisation professionnelle représentant les laboratoires, a pourtant dévoilé, mardi 4 juin, un plan d’action pour promouvoir la sobriété médicamenteuse.
    Lire aussi | Le risque de pénurie de médicaments a encore fortement augmenté en 2023

    Elaboré sur une durée de trois ans, ce dernier, qui sera décliné en trois volets, vise à sensibiliser les patients à leur consommation de médicaments. Car, si les Français ne sont plus, depuis 2018, les champions européens en la matière, ils restent encore en bonne position sur le podium, juste derrière l’Allemagne.
    Or ces prescriptions à rallonge ne sont pas toujours sans conséquences sur la santé, la prise simultanée de plusieurs médicaments amplifiant les risques d’interactions (perte d’efficacité, effets indésirables) entre les traitements. « Ainsi, pour chaque nouvelle spécialité ajoutée à une prescription, la probabilité qu’un patient souffre d’un effet indésirable lié au médicament augmente de 12 % à 28 % », note l’Assurance-maladie.

    Les patients âgés de plus de 65 ans, qui cumulent souvent plusieurs pathologies, sont particulièrement concernés. Près de la moitié d’entre eux prennent au moins cinq médicaments différents par jour, et 14 % en avalent même plus de dix quotidiennement. C’est justement auprès de cette population que le Leem démarre la première étape de son plan triennal. A partir du 9 juin, une campagne nationale de communication débutera dans les médias, sur les réseaux sociaux et, en septembre, sur les panneaux d’affichage publicitaires afin d’attirer l’attention sur les risques de la polymédication.

    2 millions d’euros déboursés

    En parallèle, des campagnes d’information et de formations seront déployées auprès des médecins généralistes. Un outil d’aide à la prescription sera également mis à leur disposition. Ce dernier les alertera au moment de la rédaction de l’ordonnance, lorsqu’un patient de plus de 65 ans dépasse le seuil de cinq médicaments, pour inviter le médecin à « réviser l’ordonnance ». Car, là aussi, les Français sont dans le peloton de tête : « 80 % des consultations de médecine générale donnent lieu à une prescription en France. Aux Pays-Bas, c’est 43 %, soit moins d’une consultation sur deux », observe Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale.

    Au total, le Leem a déboursé 2 millions d’euros pour financer ce premier volet, qui sera suivi, dès 2025, de deux autres : l’un ciblant la consommation d’antibiotiques et l’autre visant à lutter contre le gaspillage de médicaments.

    Cette initiative des laboratoires pharmaceutiques n’est toutefois pas fortuite. Derrière l’enjeu de #santé_publique, elle répond aussi à l’engagement pris par les industriels auprès du gouvernement dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024. Afin de réduire le train des dépenses, l’Etat avait fixé aux laboratoires un objectif annuel d’économies de 300 millions d’euros par le biais des baisses de volumes de ventes de #médicaments.

    #industrie_pharmaceutique

  • Global Health NOW: Attacks on Health Care Escalate ‘at a Relentless Pace’
    https://mailchi.mp/9240dedcdafc/global-health-now-attacks-on-health-care-escalate-at-a-relentless-pace-globa

    Attacks on Health Care Escalate ‘at a Relentless Pace’

    Attacks on health workers and hospitals spiked 25% last year—the highest level ever recorded, reports The Guardian.

    The surge was driven by new conflict in Gaza and Sudan, though such attacks continued “at a relentless pace” in 30 conflict zones including Ukraine and Burma (Myanmar), per a new report released by the Safeguarding Health in Conflict coalition.

    By the numbers:

    2,562 incidents of “violence against or obstruction of healthcare”

    487 cases of health workers killed—almost 2X the 2022 number

    685 cases of health workers being detained or kidnapped

    625 incidents of facilities damaged

    24 attacks on providers working vaccination campaigns across 10 countries

    What now? The coalition called for prosecutions of “war crimes and crimes against humanity” for health care attacks.

    The Quote: “The lack of restraint we are seeing, from the beginning of conflicts, suggests to me that the law on protecting healthcare has had no meaning to combatants,” said Leonard Rubenstein of the Johns Hopkins Center for Public Health and Human Rights and the Center for Humanitarian Health.

    Related:

    Mapping the damage to Gaza’s hospitals: Battered, abandoned and raided – The Washington Post (gift article)

    Ukraine: humanitarian, health needs soar as Kharkiv hostilities intensify – UN News

    #Santé_publique #Guerre #Droits_humains

  • « Le nouveau #plan_Ecophyto constitue une authentique #fraude_démocratique »

    Après des semaines d’attente, le gouvernement a enfin clarifié sa position sur l’avenir du plan Ecophyto, mis en « pause », début février, en réponse à la colère du monde agricole. Lundi 6 mai, la publication du nouveau plan (Ecophyto 2030) a confirmé l’abandon de toute #ambition de réduction des usages de #pesticides, à la fois problème de #santé_publique et principale cause d’effondrement de la #biodiversité sous nos latitudes. Et ce, indépendamment des efforts des agriculteurs. Ces derniers jours, le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, #Marc_Fesneau, et sa déléguée, #Agnès_Pannier-Runacher, ont fermement défendu l’idée que le cap d’une « réduction de 50 % des pesticides », à l’horizon 2030, était maintenu, au point d’accuser ceux qui en doutent de propager des « fausses informations ».

    Des propos d’une singulière légèreté qui reviennent à accuser d’affabulation le conseil scientifique et technique du plan Ecophyto – des chercheurs et des ingénieurs des organismes publics de recherche et des instituts techniques, nommés pour leur connaissance du sujet. Une prépublication rendue publique début mai, signée par la grande majorité des membres du conseil, montre en effet que le nouvel #indice européen chargé de suivre les usages et les risques des pesticides, dit « #HRI », pour #Harmonised_Risk_Indicator, ne rend compte en réalité ni de l’usage ni des risques de ces produits. Il est d’ailleurs très difficile de savoir de quoi il rend compte exactement. Une chose est sûre : c’est un thermomètre lourdement truqué.

    Mon collègue Romain Imbach a détaillé, dans un long et minutieux décryptage des travaux du conseil scientifique et technique, les moyens de ce trompe-l’œil. Quiconque en aura pris connaissance ne peut qu’être convaincu du caractère frauduleux du nouvel indicateur. Une expérience de pensée très simple permet à un enfant de cours élémentaire de le comprendre. Il faut malgré tout se concentrer un peu et rassembler toute son attention.

    Classement en quatre #catégories

    Avant tout, il faut savoir que le HRI classe les pesticides en quatre catégories. D’abord, il y a les produits à « faible risque », si rares qu’ils pèsent pour presque rien dans l’indice (groupe 1). Ensuite, viennent les produits autorisés qui ne sont pas classés cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (#CMR) ou #perturbateurs_endocriniens (groupe 2). Viennent après ceux autorisés, mais classés CMR et qui sortiront du marché à brève ou moyenne échéance (groupe 3). Enfin, il y a les produits interdits et utilisés à titre dérogatoire (groupe 4).

    Calculer le HRI est un jeu d’enfant. A chaque groupe son coefficient de risque : 1 pour le premier, 8 pour le deuxième, 16 pour le troisième et, enfin, 64 pour les produits interdits. Si vous avez suivi, vous savez désormais que 16 kilos d’un produit du groupe 1 comptent, dans le HRI, autant que 2 kilos de ceux du groupe 2, et 1 kilo de ceux du groupe 3, et 250 grammes des produits interdits.

    Nous pouvons maintenant procéder à notre expérience de pensée. En 2020, un agriculteur traite un champ de 1 hectare avec la dose réglementaire de 1 kilo d’un produit « A », appartenant au groupe 3. Le HRI correspondant à ce traitement est donc de 16. L’année suivante, en 2021, le produit « A » sort du marché et passe dans le groupe 4. L’exploitant utilise donc en remplacement le produit « B », appartenant également au groupe 3 et dont la dose réglementaire est identique, à savoir 1 kilo par hectare. Un esprit raisonnable ne peut que reconnaître que rien n’a changé entre 2020 et 2021. Et pourtant, entre 2020 et 2021, le HRI du traitement de ce même hectare a baissé de… 75 % !

    Comment une telle magie est-elle possible ? C’est simple : la décision réglementaire d’interdire le produit « A » en 2021 a un effet rétroactif sur l’année 2020, dont il faut recalculer le HRI. Celui-ci n’est plus de 16, mais de 64. Le HRI peut donc être réduit des trois quarts sans que rien n’ait en réalité changé. Imaginons maintenant que le produit « B » ait été plus efficace que le précédent, avec une dose réglementaire de 500 grammes à l’hectare pour un même résultat, la chute du HRI pour ce traitement entre 2020 et 2021 serait alors, sans aucun changement réel, de 87,5 %. Dans ces deux cas, l’indice historique de suivi du recours aux pesticides en place depuis quinze ans, le nombre de doses unités (NODU) serait resté identique d’une année sur l’autre.

    On comprend mieux que les calculs du conseil scientifique et technique montrent une baisse du HRI de quelque 33 % entre 2011-2013 et 2021, sans aucune politique volontariste du gouvernement. Ces calculs permettent d’ores et déjà d’anticiper une baisse supplémentaire de 10 points en 2022, grâce à l’#interdiction, cette année-là, d’un unique produit, le #mancozèbe. Qui sera remplacé à l’identique par des substances non encore interdites. Ce qu’il faut comprendre est que le classement CMR des pesticides est un processus dynamique : le point commun à tous les produits interdits est d’avoir été un jour autorisés. Le #chlorothalonil, le #chlorpyrifos, la #chloridazone, l’#imidaclopride ou le #S-métolachlore, par exemple : tous ces produits, récemment interdits ou en passe de l’être, ont passé des décennies, parfois plus d’un demi-siècle, sur le marché.

    L’inertie réglementaire est telle que bon nombre de produits aujourd’hui catégorisés 2 finiront par être interdits et remplacés, alimentant ainsi une baisse trompeuse et éternellement reconduite du HRI. On le voit, le plan Ecophyto 2030 ne repose pas seulement sur un choix technique controversé : il constitue une authentique #fraude démocratique. Il offrira aux prochains gouvernements, en France et en Europe, la possibilité de communiquer des chiffres spectaculaires de « réduction des pesticides », en l’absence de toute baisse réelle du recours à ces produits. Cela s’appelle tromper l’opinion.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/12/le-nouveau-plan-ecophyto-constitue-une-authentique-fraude-democratique_62326
    #Ecophyto #tromperie

  • Pesticides : « Avec son nouveau plan Ecophyto, le gouvernement persiste dans une politique d’immobilisme vieille de vingt ans »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/07/pesticides-avec-son-nouveau-plan-ecophyto-le-gouvernement-persiste-dans-une-

    Rappelons les faits. Il existe une forte présomption d’un lien entre l’exposition à plusieurs #pesticides et le développement de #cancers de la prostate, de lymphomes et de leucémies. L’exposition aux pesticides in utero ou au cours de la petite enfance dans un contexte professionnel ou domestique accroît aussi le risque de certains #cancers_pédiatriques. Les populations les plus vulnérables sont celles vivant à proximité des zones d’épandage. Ainsi, la densité des surfaces viticoles dans un rayon d’un kilomètre autour des habitations augmente la probabilité de leucémies infantiles.

    Les pouvoirs publics ont inscrit ces cancers de l’adulte aux tableaux des maladies professionnelles. Pour être clair, si un agriculteur qui a été exposé au moins dix ans à un pesticide souffre d’un lymphome ou d’un cancer de la prostate (ou même d’une maladie de Parkinson), il pourra demander une indemnisation à la Sécurité sociale et à son employeur le cas échéant. Il pourra également accéder au fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, créé en 2020.

    L’imprégnation des Françaises et des Français reste inquiétante, puisqu’on a pu identifier des insecticides pyréthrinoïdes et organochlorés dans, respectivement, 99 % et 90 % des échantillons biologiques prélevés sur nos concitoyens. En outre, le glyphosate a été détecté dans les urines de 17 % de la population et l’AMPA (l’acide aminométhylphosphonique), un produit de dégradation biologiquement actif, chez plus de 70 % des adultes et de 93 % des enfants testés. Enfin, plus de 12 millions de Français ont consommé en 2021 une #eau non conforme aux critères de qualité en raison de la présence de pesticides dépassant les normes sanitaires.

    Pollution persistante

    Les tragédies passées, comme celle de la contamination de la population antillaise par le #chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies, auraient dû instruire nos dirigeants quant à l’étendue de leurs responsabilités. L’inaction des autorités sanitaires et politiques de l’époque, malgré les données disponibles sur la toxicité de ce produit pour les humains, a engendré une pollution persistante de toute la chaîne alimentaire associée à une multiplication de pathologies graves, dont des cancers de la prostate. Le constat est accablant, et l’Assemblée nationale a d’ailleurs reconnu la responsabilité de l’Etat dans les préjudices subis par les Antillais.

    Lancé en 2008, le premier plan #Ecophyto, censé réduire de moitié la consommation de pesticides en dix ans, s’est soldé par un échec. Il en va de même pour les plans Ecophyto II et Ecophyto II +, qui visaient le même objectif à l’horizon 2025 puis 2030. En février, le gouvernement a jugé bon de suspendre le plan Ecophyto III. Il décide maintenant, dans le nouveau plan dévoilé le 6 mai, de le relancer en modifiant l’indicateur d’usage des pesticides (NODU, nombre de doses unités) qui avait pourtant fait ses preuves. Il sera remplacé par un outil de mesure européen insuffisant, l’indicateur de risque harmonisé (HRI-1).
    Avec son nouveau plan Ecophyto, le gouvernement persiste dans une politique d’immobilisme vieille de vingt ans. L’exposition délibérée, que ce soit des agriculteurs et de leurs familles ou de la population en général, à des substances nocives (ou dont la nocivité est encore inconnue pour les pesticides en cours d’agrément) va perdurer. La proposition d’un « dispositif d’indemnisation des riverains » telle qu’elle est présentée par le gouvernement, même si elle est indispensable, ne peut être considérée comme une politique préventive visant à protéger l’ensemble de nos concitoyens contre l’exposition à des produits agrochimiques.

    Limiter les sources d’exposition

    Il ne s’agit évidemment pas de nier ici la crise profonde que traverse le monde agricole et les situations désespérées qu’elle peut engendrer. Cependant, encourager une #agriculture_productiviste fondée sur l’utilisation de substances chimiques toxiques, au détriment de la santé des exploitants, des ouvriers agricoles, des riverains et de la population dans son ensemble, ne résoudra pas les maux du monde rural. La création, en 2011, par des agriculteurs de l’association Phyto-Victimes atteste que le monde paysan est aussi conscient de la dégradation de ses conditions sanitaires du fait de l’usage massif des pesticides.

    Ce dont nous avons besoin, c’est une politique volontariste et courageuse. Le nombre de cancers ne cesse d’augmenter en France, avec 433 000 nouveaux cas par an, soit un doublement en trente ans. Quarante pour cent de ces cancers sont évitables, c’est-à-dire qu’ils n’apparaîtraient pas si l’exposition aux facteurs de risque connus était prévenue, aux premiers rangs desquels le tabagisme et la consommation d’alcool. L’Institut national du cancer a placé la prévention parmi les priorités de sa stratégie décennale de lutte contre les cancers, mais celle-ci doit s’accompagner d’un engagement fort des pouvoirs publics pour limiter les sources d’exposition aux agents cancérogènes, que ce soit dans l’environnement professionnel ou domestique.

    Nous, patients, chercheurs, soignants, personnes impliquées dans des associations, des sociétés savantes, caritatives ou des institutions, qui nous battons au quotidien contre le cancer, ne pouvons accepter que la #santé_publique soit sacrifiée à des intérêts court-termistes. Apaiser la colère légitime du monde agricole en perpétuant son exposition aux pesticides n’est pas la solution. Il est encore temps pour le gouvernement de reconsidérer ses décisions qui mettent en danger la vie de nos concitoyens. Nos responsables politiques doivent avoir le courage de faire le choix de la santé publique, pas celui du cancer.

    Signataires : Corine Bertolotto, directrice de recherche à l’Inserm ; Marc Billaud, directeur de recherche au CNRS ; Fabien Calvo, professeur émérite pharmacologie à l’AP-HP ; Thierry Facon, président de la Société française d’hématologie ; Judith Favier, directrice de recherche à l’Inserm ; Gilbert Lenoir, professeur émérite génétique médicale à Paris-Saclay ; Fatima Mechta-Grigoriou, directrice de recherche à l’Inserm ; Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer ; Julie Pannequin, directrice de recherche au CNRS ; Pierre Sujobert, professeur d’hématologie, hospices civils de Lyon ; Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm. Retrouvez la liste complète des signataires à cette adresse.

  • La dégradation de la santé mentale des jeunes Britanniques affecte l’économie RTS - Catherine Ilic

    Le Royaume-Uni fait face à une hausse préoccupante des troubles psychiques chez les 18-24 ans, selon une étude publiée le 26 février par le centre de réflexion britannique indépendant Resolution Foundation. L’économie nationale, déjà mise à mal par la pénurie de main d’oeuvre, s’en retrouve affectée, alerte l’auteure du rapport dans Tout un monde vendredi.

    Bien que ce soit le cas dans de nombreux pays d’Europe, dont la Suisse, cette tendance a de plus lourdes conséquences outre-Manche.

    Selon l’étude https://www.resolutionfoundation.org/press-releases/efforts-to-tackle-britains-epidemic-of-poor-mental-health-shou , les Britanniques de 18 à 24 ans ont la pire santé mentale de tous les groupes d’âge. Il y a 20 ans, c’étaient pourtant eux qui avaient la meilleure santé mentale.


    « Un jeune sur trois fait état d’un trouble psychique qu’il s’agisse d’anxiété, de dépression ou encore de bipolarité », note Louise Murphy, économiste et auteure du rapport, sur le plateau de la RTS. « C’est un chiffre qui a considérablement augmenté. Au tournant des années 2000, la proportion était d’un sur quatre. »

    Les résultats de l’étude s’appuient sur trois ans de recherche sur la santé mentale des jeunes et l’impact sur le marché du travail.

    « Sérieux problème pour l’économie »
    Selon l’économiste, cette tendance affecte l’économie. « C’est un sérieux problème, pas seulement pour les jeunes, mais aussi pour l’économie en général. »

    « Il y a 25 ans, il était beaucoup plus fréquent d’avoir des personnes âgées en incapacité de travailler en raison d’un problème de santé ». Tandis qu’aujourd’hui, cette tendance touche plus les jeunes que ceux qui entament la quarantaine, précise-t-elle encore.

    Cinq pour cent des Britanniques de 18-24 ans ne travaillent pas à cause d’un problème de santé, alors que le pays souffre d’une pénurie de main d’oeuvre.

    Réseaux sociaux dans le viseur
    L’isolement pendant les confinements du Covid, le climat général actuel de guerre et la crise du coût de la vie sont régulièrement pointés du doigt pour expliquer cette tendance. Mais, pour Sarah Jarvis, médecin généraliste, les réseaux sociaux y sont aussi pour quelque chose.

    « Je vois une incroyable augmentation de jeunes qui vont mal. Je pense que les réseaux sociaux ont une responsabilité considérable : les jeunes ont désormais des attentes complètement irréalistes. Ils pensent que tous les gens autour d’eux ont des vies fabuleuses et cela peut être très dur quand votre vie est à mille lieues de cette réalité enjolivée », déplore-t-elle.

    L’éducation aussi en cause
    La baisse de la stigmatisation des personnes concernées, qui conduit à une augmentation du nombre de diagnostics effectués, explique en partie cette hausse du nombre de cas. Mais il ne faut pas voir partout des jeunes avec des problèmes psychiques, met en garde Frank Furedi, sociologue connu outre-Manche. Selon lui, l’impact des souffrances psychiques sur les enfants est visible depuis une vingtaine d’années et il accuse l’éducation de jouer un rôle dans ce phénomène.

    « Lorsque les enfants sont encouragés à utiliser le langage de la psychologie pour parler de leurs problèmes, ils ne ressentent pas la déception, l’échec et le rejet comme des difficultés de la vie, mais comme des troubles psychiques ».

    Et de poursuivre : « Ce qui est dramatique, c’est que ce phénomène n’est pas récent. A chaque génération, le problème est pire. Par conséquent, plus vous êtes jeune, plus vous êtes susceptible d’avoir des troubles psychiques parce que vous avez été éduqués comme cela. »

    Cette éducation est transmise depuis de nombreuses années par les écoles et universités au Royaume-Uni, et en Europe. C’est ce qu’on appelle l’"éducation bienveillante".

    La médecin généraliste Sarah Jarvis ajoute que le problème de cette éducation est qu’elle incite les jeunes à percevoir la moindre difficulté de la vie comme anormale. « Au cours de cette dernière génération, les parents ont élevé leurs enfants dans le culte du bonheur, en pensant qu’il fallait qu’ils soient tout le temps heureux. Malheureusement, ce n’est pas réaliste et cela fait croire aux enfants qu’être en colère, triste ou frustré n’est pas acceptable... »

    « Le résultat, je le vois dans mon cabinet : les jeunes ne vont vraiment pas bien », constate-t-elle encore.

    Besoin de trouver un meilleur équilibre
    Sarah Jarvis ne plaide pas pour un retour aux méthodes anciennes, mais pour la nécessité de trouver un meilleur équilibre. Ce que partage Louise Murphy, l’auteure du rapport sur la santé mentale des jeunes.

    « Je pense qu’il y a un débat très important à avoir sur la bonne approche à adopter. Il faudrait pouvoir aider les jeunes en réelle difficulté, sans créer de problèmes parmi ceux qui n’ont pas vraiment de soucis au départ. (...) Il faudrait faire beaucoup plus de recherches dans ce domaine », avance-t-elle.

    Ce blues croissant des jeunes est un vrai enjeu de société. Les problèmes de santé mentale - tous âges confondus - ont un coût énorme pour l’Etat britannique : près de 120 milliards de livres par année, soit 5% du PIB.

    #jeunes #smartphones #éducation #troubles_psychiques #santé_mentale #société #santé #économie #bonheur #réalité

    Source : https://www.rts.ch/info/monde/2024/article/la-degradation-de-la-sante-mentale-des-jeunes-britanniques-affecte-l-economie-28

  • Opinion | The Point: Conversations and insights about the moment. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/live/2024/04/02/opinion/thepoint#avian-flu-cows-outbreak

    The discovery of the country’s second human case of H5N1 avian flu, found in a Texas dairy farm worker following an outbreak among cows, is worrying and requires prompt and vigorous action.

    While officials have so far said the possibility of cow-to-cow transmission “cannot be ruled out,” I think we can go further than that.

    The geography of the outbreak — sick cows in Texas, Idaho, Michigan, Ohio and New Mexico — strongly suggests cows are infecting each other as they move around various farms. The most likely scenario seems to be that a new strain of H5N1 is spreading among cows, rather than the cows being individually infected by sick birds.

    Avian flu is not known to transmit well among mammals, including humans, and until now, almost all known cases of H5N1 in humans were people in extended close contact with sick birds. But a cow outbreak — something unexpected, as cows aren’t highly prone to get this — along with likely transmission between cows, means we need to quickly require testing of all dairy workers on affected farms as well as their close contacts, and sample cows in all the dairy farms around the country.

    It is possible — and much easier — to contain an early outbreak when an emergent virus isn’t yet adapted to a new host and perhaps not as transmissible. If it gets out and establishes a foothold, then all bets are off. With fatality rates estimated up to 50 percent among humans, H5N1 is not something to gamble with.

    Additionally, H5N1 was found in the unpasteurized milk of sick cows. Unpasteurized milk, already a bad idea, would be additionally dangerous to consume right now.

    Public officials need to get on top of this quickly, and transparently, telling us the uncertainties as well as their actions.

    The government needs to gear up to potentially mass-produce vaccines quickly (which we have against H5N1, though they take time to produce) and ensure early supplies for frontline and health care workers.

    It’s possible that worst-case scenarios aren’t going to come true — yet. But evolution is exactly how viruses get to do things they couldn’t do before, and letting this deadly one have time to explore the landscape in a potential new host is a disastrously bad idea.

    #H5N1 #Zeynep_Tufekci #contagion #Santé_publique

  • [Psylence Radio] Allô le #107 ?
    https://www.radiopanik.org/emissions/psylence-radio/allo-le-107

    Réforme 107 ? D’accord une réforme tout le monde a une petite idée de ce que c’est. Mais qu’est-ce donc que ce 107 qui lui est accolé ? Un nouveau numéro d’urgence qu’on appelle quand la folie nous guette, quand tout devient fou ? Ou 107, ce serait le numéro d’un vol aérien ? Mais d’où a-t-il décollé ? Quel est sa destination ? Qui est aux commandes dans le cockpit ? Et si on dit #réforme_107, c’est parce qu’il y en a déjà eu 106 avant ? Vous naviguez en plein flou ? Ne vous inquiétez pas, nous allons tacher de vous éclairer tout au long de cette émission. Et pour ce faire, nous pouvons compter aujourd’hui sur la présence de 2 invité·es de choix : Melissa Chebieb, Adjointe à la Coordination Fédérale de la réforme des soins en #santé_mentale et Robin Susswein, Sociologue, chargé de recherches à la Ligue bruxelloise pour la (...)

    #autre_lieu #santé_mentale,autre_lieu,107,réforme_107
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/psylence-radio/allo-le-107_17503__1.mp3