• Comment la raffinerie de TotalEnergies a tissé sa toile à Donges
    https://splann.org/raffinerie-totalenergies-donges

    C’est la fin d’une longue enquête sur la très industrielle agglomération de Saint-Nazaire (44) que nous publions aujourd’hui. Après avoir exploré le coût humain des paquebots de croisières, avoir mis en lumière les #Pollutions auxquelles sont exposées salariés, intérimaires et riverains dans l’indifférence de l’État, nous vous livrons aujourd’hui l’histoire de Donges, marquée par sa raffinerie. L’article Comment la raffinerie de TotalEnergies a tissé sa toile à Donges est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Santé_publique #industrie #pollution

  • [Info « Splann ! »] Fuite à la raffinerie de Donges, le rapport que TotalEnergies a voulu cacher
    https://splann.org/rapport-totalenergies-raffinerie-donges

    TotalEnergies a enterré une étude prouvant l’exposition des riverains à des taux de benzène importants, dans l’agglomération de Saint-Nazaire. Sans provoquer de réaction de la préfecture. L’article [Info « Splann ! »] Fuite à la raffinerie de Donges, le rapport que TotalEnergies a voulu cacher est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Pollutions #Santé_publique

  • [Info « Splann ! »] #incendie chez Livbag à Pont-de-Buis en 2023, un rapport pointe des failles dans les procédures d’alerte de l’usine Seveso
    https://splann.org/livbag-point-de-buis-incendie-bea-ri

    Un an après l’incendie survenu dans l’usine Livbag de Pont-de-Buis (29), le bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels (BEA-RI) écarte l’hypothèse d’un acte malveillant. Il pointe en revanche des failles dans les procédures de sécurité de ce site classé Seveso seuil haut. L’article [Info « Splann ! »] Incendie chez Livbag à Pont-de-Buis en 2023, un rapport pointe des failles dans les procédures d’alerte de l’usine Seveso est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Santé_publique #industrie

  • #Steve_Silberman : The forgotten history of autism

    Decades ago, few pediatricians had heard of autism. In 1975, 1 in 5,000 kids was estimated to have it. Today, 1 in 68 is on the autism spectrum. What caused this steep rise? Steve Silberman points to “a perfect storm of autism awareness” — a pair of doctors with an accepting view, an unexpected pop culture moment and a new clinical test. But to really understand, we have to go back further to an Austrian doctor by the name of Hans Asperger, who published a pioneering paper in 1944. Because it was buried in time, autism has been shrouded in misunderstanding ever since. (This talk was part of a TED2015 session curated by Pop-Up Magazine: popupmagazine.com or @popupmag on Twitter.)

    https://www.youtube.com/watch?v=_MBiP3G2Pzc


    #autisme #vidéo #tedx #prévalence #santé_publique #Leo_Kanner #diagnostic #épilepsie #stigmatisation #honte #Lorna_Wing #histoire #Judith_Guld #Hans_Asperger #continuum #dons #handicaps #traits_autistiques #spectre_de_l'autisme #critères #Rain_Man #tests #neurodiversité

    via @freakonometrics

  • « Lorsque la puissance publique ne parvient plus à offrir des soins, quel risque prend-on à renverser la table ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/08/09/lorsque-la-puissance-publique-ne-parvient-plus-a-offrir-des-soins-quel-risqu

    Aujourd’hui, l’#accès_aux_soins est une préoccupation majeure des Français, avant même le terrorisme, le contrôle des flux migratoires ou la lutte contre le réchauffement climatique, d’après les enquêtes d’opinion qui se succèdent (voir par exemple l’enquête Ipsos, « Ce qui préoccupe les Français », en juillet).

    Les carences sont connues, documentées et vécues par tous au quotidien. Selon le ministère de la santé, 87 % du territoire est considéré comme un désert médical, et un tiers de la population n’a pas un accès suffisant aux soins. Les #urgences souffrent, craquent, ferment ou trient. L’accès à un spécialiste ou à un centre d’expertise peut prendre des mois, à condition qu’ils acceptent encore de nouveaux patients.

    Ainsi en est-il par exemple des centres antidouleur, des centres médico-psychologiques ou des équipes de #soins_palliatifs auxquels n’ont accès que la moitié des patients qui en auraient besoin alors même qu’ils sont atteints de maladies graves en phase parfois très avancée (Cour des comptes, juin 2023). Trop souvent, l’accès aux soins est affaire de réseau. « Connais-tu un bon médecin spécialiste ? » « Pourrais-tu parler de moi ? » « As-tu quelqu’un dans ta famille qui connaît quelqu’un ? » Le capital social est ainsi devenu la meilleure assurance-maladie, ce qui crée dans le pays un fort sentiment d’insécurité médicale.

    Le soin comme engagement

    Cette réalité est un moteur profond de colère et une des causes majeures du sentiment de déclassement. L’impossibilité de parvenir à être soigné ou à faire soigner ses parents ou ses enfants génère une immense et légitime rancœur. La violence qui s’exerce parfois à l’encontre des #soignants en est une conséquence. Lorsque la puissance publique ne parvient plus à offrir des soins, quel risque prend-on à renverser la table ? Les votes des dernières semaines traduisent aussi cette réalité.

    Soignants, nous ne sommes pas là par hasard. Nous sommes là parce que ce qui compte, c’est l’humain. Infirmiers, aides-soignants, psychologues, pharmaciens ou médecins de toutes disciplines, nous accueillons tous ceux qui demandent de l’aide. Chaque jour, nous accompagnons les personnes dans leur diversité. Pour nous qui les soignons, ces personnes ne sont pas de gauche ou de droite, françaises ou étrangères, avec ou sans papiers, elles sont simplement humaines, et notre mission est de les aider à guérir ou à vivre avec la maladie et de les accompagner parfois jusqu’à la mort.

    En cela, le #soin est un engagement politique au sens le plus élémentaire, c’est notre engagement : prendre soin de tous sans distinction et avec la même attention parce que la relation de soin est un bien commun. Alors même que notre société valorise le pouvoir, le contrôle et la force, nous, soignants, nous sommes là pour entendre la détresse, pour accompagner la souffrance jusqu’à parfois même l’envie de mourir et pour essayer de comprendre, soulager et rassurer. Or, notre service public du soin est exsangue voire maltraitant, pour les personnes qu’il accueille comme pour celles qui y travaillent. Chaque jour, nous faisons avec inquiétude le constat de la fragilité de notre système de #santé et de son incapacité croissante à répondre aux besoins de tous.

    Un choix de société

    Nous sommes dans une période de grande incertitude politique. Dans ce contexte chaotique, nous invitons nos élus, d’où qu’ils viennent, à faire front commun en faveur du soin pour le bénéfice de tous. Comment souhaitons-nous habiter notre Terre pour prendre soin des humains qui la peuplent ? Comment voulons-nous collectivement prendre soin de tous et, en particulier, des personnes malades, vulnérables, âgées ou handicapées ?

    Ces questions font du soin un projet profondément politique, un choix de société au-delà des querelles de partis. Car une société qui n’accompagne pas de manière satisfaisante ceux qui ont le plus besoin d’aide face à la maladie et à la souffrance est une société où se développent la colère et l’indifférence. Soignants, nous ne pouvons nous résoudre à cette défaite annoncée qui serait celle de tous et d’abord des plus fragiles.

    Le soin rassemble et ouvre une perspective de solidarité, de progrès et de fraternité. Il replace le progrès technique au service de l’humain, peut remédier à de nombreuses pathologies sociales (isolement, sentiment d’inutilité, violences de tous ordres…). Il est un éloge de l’attention et nous invite à nous engager les uns pour les autres. Il est l’espoir de recoudre notre société fracturée. Nous espérons que s’impose la « loi du plus faible ». Ce plus faible que nous continuerons d’accompagner quoi qu’il arrive parce que c’est notre métier, notre choix et le cœur battant de notre engagement. Ce cœur qui bat pour toute notre société.

    Parmi les signataires : Pr Georges Abi Lahoud, neurochirurgien, ICVNS Paris, membre de l’académie nationale de chirurgie, Thierry Amouroux, infirmier, porte-parole du SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers), Dr Cyril Boronad, pharmacien, président du Synprefh (Syndicat national des pharmaciens en établissement de santé), Dr Claire Fourcade, présidente de la SFAP (Société Française d’accompagnement et de soins palliatifs), Carole Gauvrit, présidente du CNPAS (Conseil national professionnel des aides-soignants, Dr Raphaël Gourevitch, psychiatre, hôpital Sainte-Anne, délégué de la Société médico-psychologique, Pr Olivier Guérin, président du CNP (collège national professionnel) de gériatrie, Pr Patrice Queneau Membre émérite de l’Académie nationale de médecine, membre émérite de l’Académie nationale de pharmacie, Dr Manuel Rodrigues, président de la SFC (Société française du cancer), Ghislaine Sicre, infirmière, présidente de Convergence Infirmière…

    La liste complète des signataires https://docs.google.com/document/d/18q42X6swl4VX4oY6zPt1os6z2-_9l2cp66sTpT4R3Q8/edit

    #déserts_médicaux

  • #leucémies infantiles : une nouvelle recherche débute en Bretagne, dirigée par Catherine Lavau
    https://splann.org/leucemies-infantiles-bretagne

    La chercheuse Catherine Lavau entame une nouvelle recherche à l’Irset de Rennes pour regarder les effets des polluants environnementaux dans le déclenchement des leucémies pédiatriques. L’article Leucémies infantiles : une nouvelle recherche débute en Bretagne, dirigée par Catherine Lavau est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Industrie_agroalimentaire #Santé_publique #pesticides

  • Les Padhue, ces milliers de médecins étrangers précaires | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1722506275-padhue-milliers-medecins-etrangers-precaires-hopital-sante-p

    Face à l’imposant bâtiment du ministère de la Santé, une poignée de médecins étrangers manifestent à bas bruit en ce mois de mai 2024. « On est à peine 30 alors que nous sommes des milliers dans la précarité ? », s’exaspère Mehdi (1), un diabétologue. L’homme né et diplômé en Algérie est ce qu’on appelle un « Padhue » : un praticien à diplôme hors Union européenne. Après dix ans d’expérience en Algérie, il exerce depuis quatre ans en France avec des responsabilités importantes puisqu’il forme des internes dans son hôpital en Normandie. Pourtant, comme de nombreux Padhue, il ne gagne guère plus que ces derniers, avec un salaire de 1.450 euros bruts par mois, loin des 4.500 euros bruts des praticiens hospitaliers français en début de carrière – un salaire qui évolue jusqu’à 9.200 euros bruts.

    #santé_publique #pénuries #colonialisme #précariat

  • https://www.alternatives-economiques.fr/vent-dinquietude-polluants-de-lair/00111911

    Pollution
    Vent d’inquiétude pour les « nouveaux » polluants de l’air
    Le 25 Juillet 2024 7 min
    Les scientifiques s’inquiètent de la présence dans l’air de toxiques mal mesurés et aux effets méconnus : pesticides, perturbateurs endocriniens ou carbone suie, qui peuvent interagir entre eux et nuire à notre santé.
    Par Valéry Laramée de Tannenberg

    La question de la qualité de l’air s’est invitée aux Jeux olympiques et paralympiques. Le 16 juillet, à dix jours de l’ouverture des olympiades, l’association Respire a publié une carte visualisant la pollution régnant à proximité des terrains de sport de la métropole parisienne. But de l’association : montrer que la quasi-totalité des aires sportives métropolitaines dépassent les seuils de recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    Aussi pédagogique soit-elle, la carte de Respire ne s’intéresse qu’aux polluants classiques : dioxyde d’azote (NO2) et particules fines : PM10, d’un diamètre inférieur à 10 microgrammes par m3 d’air (µm/m3), et PM2,5, de 2,5 µm/m3 de diamètre.

    Normal ! La règlementation impose la surveillance des particules fines, du NO2, du dioxyde de soufre (SO2), de certains métaux lourds (comme le plomb), de l’ozone (O3), du monoxyde de carbone (CO), des hydrocarbures aromatiques polycycliques (le benzopyrène, par exemple).

    Mais ces particules et molécules ne sont pas les seules à nous nuire. Les scientifiques en ont répertorié des centaines d’autres (557 exactement, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’Anses). Sans compter les cocktails de toxiques qui se forment au gré des émissions et des mouvements d’air.

    https://justpaste.it/g68cs

  • 78 - Book Review: Waste and the City
    https://urbanpolitical.podigee.io/78-bookreview-waste-and-the-city

    In an age of pandemics the relationship between the health of the city and good sanitation has never been more important. Waste and the City is a call to action on one of modern urban life’s most neglected issues: sanitation infrastructure. The Covid-19 pandemic has laid bare the devastating consequences of unequal access to sanitation in cities across the globe. At this critical moment in global public health, Colin McFarlane makes the urgent case for Sanitation for All. The book outlines the worldwide sanitation crisis and offers a vision for a renewed, equitable investment in sanitation that democratises and socialises the modern city. Adopting Henri Lefebvre’s concept of ’the right to the city’, it uses the notion of ’citylife’ to reframe the discourse on sanitation from a (...)

    #waste,sanitation,public_toilets,access,hygiene,city
    https://audio.podigee-cdn.net/1536450-m-96b49139a61f68bedfec63c5057c7f8a.m4a?source=feed

    • Waste and the City: The Crisis of Sanitation and the Right to Citylife

      Sanitation is fundamental to urban public life and health. We need Sanitation for All.

      In an age of pandemics the relationship between the health of the city and good sanitation has never been more important. Waste and the City is a call to action on one of modern urban life’s most neglected issues: sanitation infrastructure. The Covid-19 pandemic has laid bare the devastating consequences of unequal access to sanitation in cities across the globe. At this critical moment in global public health, Colin McFarlane makes the urgent case for Sanitation for All.

      The book outlines the worldwide sanitation crisis and offers a vision for a renewed, equitable investment in sanitation that democratises and socialises the modern city. Adopting Henri Lefebvre’s concept of ’the right to the city’, it uses the notion of ’#citylife' to reframe the discourse on sanitation from a narrowly-defined policy discussion to a question of democratic right to public life and health. In doing so, the book shows that sanitation is an urbanizing force whose importance extends beyond hygiene to the very foundation of urban social life.

      https://www.versobooks.com/products/917-waste-and-the-city
      #santé #villes #urban_matter #infrastructure_sanitaire #santé_publique #livre #podcast #audio #livre #hygiène

  • Gilead Shot Provides Total Protection From HIV in Trial of Young African Women - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/06/21/health/lenacapavir-hiv-prevention-africa.html

    Il y a des bonnes nouvelles dont il faut se féliciter (même si on sait que les bénéfices iront chez les Big Pharma... la santé des gens avant tout, en attendant le grand basculement de l’économie pharmaceutique dont nous avons besoin).

    An injection given just twice a year could herald a breakthrough in protecting the population that has the highest infection rates.

    A close-up view of a pair of hands with pink painted nails drawing diluent from a tiny plastic test tube on a blue surface.
    A self-test for H.I.V. in Harare, Zimbabwe. The every-six-months injection was found to provide better protection than the current oral drug for what’s called pre-exposure prophylaxis, also taken as a daily pill.Credit...Aaron Ufumeli/EPA, via Shutterstock
    Stephanie Nolen

    By Stephanie Nolen

    Stephanie Nolen has covered the global H.I.V. pandemic for more than 25 years.
    June 21, 2024
    Want to stay updated on what’s happening in South Africa and Uganda? Sign up for Your Places: Global Update, and we’ll send our latest coverage to your inbox.

    Researchers and activists in the trenches of the long fight against H.I.V. got a rare piece of exciting news this week: Results from a large clinical trial in Africa showed that a twice-yearly injection of a new antiviral drug gave young women total protection from the virus.

    “I got cold shivers,” said Dr. Linda-Gail Bekker, an investigator in the trial of the drug, lenacapavir, describing the startling sight of a line of zeros in the data column for new infections. “After all our years of sadness, particularly over vaccines, this truly is surreal.”

    Yvette Raphael, the leader of a group called Advocacy for Prevention of H.I.V. and AIDS in South Africa, said it was “the best news ever.”

    The randomized controlled trial, called Purpose 1, was conducted in Uganda and South Africa. It tested whether the every-six-months injection of lenacapavir, made by Gilead Sciences, would provide better protection against H.I.V. infection than two other drugs in wide use in high-income countries, both daily pills.

    The results were so convincing that the trial was halted early at the recommendation of the independent data review committee, which said all participants should be offered the injection because it clearly provided superior protection against the virus.

    None of the 2,134 women in the arm of the trial who received lenacapavir contracted H.I.V. By comparison, 16 of the 1,068 women (or 1.5 percent) who took Truvada, a daily pill that has been available for more than a decade, and 39 of 2,136 women (1.8 percent) who received a newer daily pill called Descovy were infected.

    The findings were announced by Gilead. The data has not yet been subject to peer review. A second trial, conducted in six other countries, including Brazil and the United States, is assessing the effectiveness of lenacapavir in men who have sex with men, in transgender people and in those who use injection drugs. Midterm review of those results will take place later this year.

    #Santé_publique #Vaccins #SIDA

  • Des centaines de médicaments génériques pourraient ne plus être vendus en Europe à cause d’irrégularités
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/06/20/en-europe-des-centaines-de-medicaments-generiques-sont-sur-la-sellette-a-cau

    Les Etats membres doivent, sur demande de Bruxelles, suspendre la commercialisation des produits visés jusqu’à leur mise en conformité, mais ils peuvent y surseoir. En France, 72 médicaments sont concernés. Une décision est attendue d’ici le 24 juin.

    Par Zeliha Chaffin
    Publié aujourd’hui à 08h24, modifié à 09h27

    Temps de Lecture 3 min.

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    URBS

    Casse-tête en vue pour les Etats membres de l’Union européenne (UE). La Commission européenne a notifié aux Vingt-Sept la suspension des autorisations de mise sur le marché de plusieurs centaines de médicaments génériques commercialisés sur le continent. Bruxelles, qui se fonde sur un avis émis par l’Agence européenne des médicaments (EMA), invoque « l’insuffisance des preuves concernant la fiabilité des données d’essai », en particulier des études de bioéquivalence, qui visent à démontrer qu’un médicament générique libère la même quantité de substance active dans l’organisme que le médicament de référence qu’il copie.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Face aux prix bas, l’industrie du médicament générique sonne l’alarme

    Les laboratoires pharmaceutiques sont sommés d’y mettre bon ordre au plus vite en fournissant de nouvelles données scientifiques conformes aux exigences de qualité européennes. Problème : la liste des médicaments notifiés, à laquelle aucun Etat membre n’échappe, est longue. L’EMA compte près de 2 250 références touchées, l’Allemagne arrivant en tête avec 208 références, devant les Pays-Bas (188), le Portugal (112) et la France (98).

    En pratique, le chiffre est plus réduit, nombre d’entre elles concernant un même médicament vendu sous des présentations (gélules, comprimés, injections, poudre à diluer…), des dosages et dans des pays différents. Ainsi, pour la France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recense tout compte fait 72 génériques affectés.
    Mettre en péril

    Malgré tout, refaire des études de bioéquivalence nécessite du temps, et l’injonction de la Commission pourrait mettre en péril l’équilibre déjà précaire de l’approvisionnement en produits de santé sur le continent. Faut-il retirer de la vente les génériques listés, au risque de créer des pénuries de médicaments délétères pour les patients, ou maintenir sur le marché ces produits aux dossiers réglementaires non conformes en attendant leur régularisation ? Bruxelles laisse le choix à chaque Etat membre de décider, produit par produit de la conduite à suivre, en donnant la possibilité de reporter la suspension de deux ans pour les génériques jugés « d’une importance cruciale au niveau national », et dont les alternatives existantes pourraient ne pas être disponibles en quantités suffisantes.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Biogaran : les législatives compliquent encore plus la vente du fleuron français des médicaments génériques

    L’Hexagone n’a pas encore tranché. L’ANSM doit se prononcer sur les 72 génériques identifiés en France avant le 24 juin. Parmi les traitements sur la sellette figurent plusieurs antirétroviraux, utilisés dans le traitement de l’infection par le VIH (sida), des antidiabétiques (metformine, sitagliptine, vildagliptine), des anticancéreux ciblant des cancers du sein, du pancréas ou du sang, des antiépileptiques (topiramate, lacosamide), mais aussi des génériques de l’olanzapine, indiqués dans les troubles bipolaires et la schizophrénie, de la betahistine (contre les vertiges) ou encore du propofol, un anesthésique courant à l’hôpital, et du tadalafil, copie du médicament de référence Cialis, connu pour ses effets similaires au très populaire Viagra.
    Inspection de routine

    L’autorité de santé indique qu’ « il n’y a pas de risque identifié pour les patients traités par l’un de ces médicaments », dont beaucoup sont commercialisés depuis de nombreuses années. L’agence est actuellement en train d’évaluer la situation au cas par cas en concertation avec les laboratoires pharmaceutiques. Une grande partie des principaux génériqueurs opérant sur le territoire, dont Biogaran, Viatris, Sandoz, Arrow ou EG Labo, ont au moins un médicament inscrit sur la liste de l’EMA. Informés de la procédure européenne depuis plusieurs mois, certains ont toutefois d’ores et déjà soumis les résultats de nouvelles études de bioéquivalence. Les éventuelles suspensions pourraient, en conséquence, être moins nombreuses qu’anticipées.
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    La décision de Bruxelles frappe par l’importance du nombre de médicaments et de laboratoires pharmaceutiques (plus d’une centaine de génériqueurs, petits ou grands, sur tout le continent). Comment l’expliquer ? Pour cela, il faut remonter au point de départ en Inde, dans les bureaux de Synapse Labs.
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    L’histoire débute en novembre 2020. L’agence espagnole du médicament mène alors une inspection de routine dans les locaux de la société indienne, installée à Pune dans la région du Maharashtra. Le sous-traitant ne fabrique pas de médicaments, mais il fournit pour les laboratoires pharmaceutiques, dont de très nombreux industriels vendant leurs traitements en Europe, des services de recherche et développement allant de la conduite d’essais cliniques à la réalisation d’études de pharmacovigilance ou de bioéquivalence. A ce titre, l’entreprise est soumise aux contrôles des autorités sanitaires des différents pays dans lesquels ses clients opèrent. Ces dernières peuvent ainsi venir s’y assurer que les prestations effectuées respectent les normes internationales de bonnes pratiques.
    Forte dépendance

    Lors de sa visite en 2020, le gendarme du médicament espagnol relève cependant des irrégularités « jetant de sérieux doutes sur la validité et la fiabilité des données des études » dans les dossiers de bioéquivalence examinés de 2009 à 2019, note un rapport de l’EMA. Une nouvelle inspection du sous-traitant indien en novembre 2022 confirme les observations constatées deux ans plus tôt. L’agence espagnole alerte alors l’Agence européenne des médicaments le 27 juin 2023.
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    S’ensuivent plusieurs mois d’échanges entre l’autorité de santé de l’UE et Synapse Labs, au cours desquels l’EMA examine minutieusement les dossiers litigieux, avant de recommander, le 21 mars, la suspension des autorisations de mise sur le marché d’une partie des génériques testés par Synapse Labs qui sont commercialisés en Europe. Deux mois plus tard, le 24 mai, l’avis de l’EMA se transforme finalement en injonction de la Commission européenne.

    L’affaire met surtout en exergue une faiblesse bien connue de l’industrie pharmaceutique, à savoir sa forte dépendance à quelques gros fournisseurs ou prestataires mondiaux, aux différents maillons de la chaîne du médicament. A l’image de la fabrication de principes actifs, concentrée pour certaines molécules très consommées, dans les mains d’une poignée d’industriels. Pour éviter l’écueil, certains laboratoires diversifient leurs sources. Mais cela a un coût que tous ne veulent pas, ou parfois ne peuvent pas, assumer.

    Zeliha Chaffin

    #Santé_publique #Médicaments #Industrie_pharmaceutique #Génériques #Tests #Mondialisation

  • La pénurie de Ventoline vient s’ajouter aux autres ruptures de stock de médicaments, voici pourquoi
    https://www.huffingtonpost.fr/life/article/la-penurie-de-ventoline-vient-s-ajouter-aux-autres-ruptures-de-stock-

    Alors que l’ANSM assure à nos confrères que des « mesures de gestions » ont été prises, les causes de cette tension peuvent s’expliquer par le prix - trop bas pour être un marché attractif pour les laboratoires par rapport aux pays voisins - et par une hausse de la demande.

  • Pollution et mise en danger de la vie d’autrui, comment l’industriel Arkema « prépare sa défense » depuis des années

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/enquete-pfas-depuis-des-annees-arkema-prepare-sa-defens

    Cet article, écrit dans le contexte de la vallée de la chimie à Lyon, révèle que l’industriel savait depuis plus de 10 ans :
    – que les PFAS était problématiques
    – qu’ils étaient rejetés dans l’environnement
    – comment les filtrer

    Mais a attendu que le scandale arrive.

    “Les sociétés cotées en bourse sont obligées de donner la priorité aux bénéfices à court terme, ce qui les empêche de prendre des mesures coûteuses qui ne sont pas absolument requises par la réglementation ou la législation, même si ces mesures sont nécessaires pour protéger la santé des travailleurs ou la santé publique”, décode encore Alissa Cordner [sociologue]

    Conclusion ? On continue de confier la décision de produire à l’économie marchande ?

    “Lorsqu’une entreprise dispose d’une technologie dont elle sait qu’elle peut contribuer à éviter des effets nocifs sur la santé humaine, ses responsabilités en matière de droits de l’homme l’obligent à appliquer cette technologie afin d’assurer cette protection” [Marcos Orellana, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et les produits toxiques, ]

    Oui mais comme le but de tout entreprise est de gagner plus d’argent, cette responsabilité ne vient même pas à l’idée des gens qui y travaillent (lire l’article pour le comprendre).
    Beaucoup de révélations dans cet article qui vient de paraître :

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/enquete-pfas-depuis-des-annees-arkema-prepare-sa-defens

    On y apprend qu’en interne l’industriel savait depuis plus de 10 ans que :
    – que les PFAS était problématiques
    – qu’ils étaient rejetés dans l’environnement
    – comment les filtrer

    Mais a attendu que le scandale arrive.

    “Les sociétés cotées en bourse sont obligées de donner la priorité aux bénéfices à court terme, ce qui les empêche de prendre des mesures coûteuses qui ne sont pas absolument requises par la réglementation ou la législation, même si ces mesures sont nécessaires pour protéger la santé des travailleurs ou la santé publique”, décode encore Alissa Cordner [sociologue]

    Conclusion ? On continue de confier la décision de produire à l’économie marchande ?

    “Lorsqu’une entreprise dispose d’une technologie dont elle sait qu’elle peut contribuer à éviter des effets nocifs sur la santé humaine, ses responsabilités en matière de droits de l’homme l’obligent à appliquer cette technologie afin d’assurer cette protection” [Marcos Orellana, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et les produits toxiques, ]

    Oui mais comme le but de tout entreprise est de gagner plus d’argent, cette responsabilité ne vient même pas à l’idée des gens qui y travaillent (lire l’article pour le comprendre).

    Si responsabilité il y a, elle se loge dans la banalité de l’organisation de toute production marchande.

    Et non, contrairement à ce que disait Nicolas Thierry (1) lors de l’élaboration de la loi contre le PFAS, il n’est pas normal de confier la fabrication des objets de notre quotidien à l’absurde contrainte de gagner plus d’argent.

    #pfas #capitalisme-en-roue-libre

    (1) https://youtu.be/EzVmzDVfDPQ?t=103

  • « Moins de médicaments » : l’étonnante offensive des laboratoires pour réduire les prescriptions
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/06/05/moins-de-medicaments-l-etonnante-offensive-des-laboratoires-pour-reduire-les

    Les industriels pharmaceutiques lancent une campagne nationale visant à promouvoir la sobriété médicamenteuse auprès des patients de plus de 65 ans. Objectif : baisser le train des dépenses de l’Assurance-maladie.
    Par Zeliha Chaffin

    « Réduisons le volume. Moins de médicaments, c’est médicamieux. » Voilà un cheval de bataille que l’on n’imaginait pas venant des industriels pharmaceutiques, dont le modèle économique repose sur les ventes de médicaments. Le Leem, l’organisation professionnelle représentant les laboratoires, a pourtant dévoilé, mardi 4 juin, un plan d’action pour promouvoir la sobriété médicamenteuse.
    Lire aussi | Le risque de pénurie de médicaments a encore fortement augmenté en 2023

    Elaboré sur une durée de trois ans, ce dernier, qui sera décliné en trois volets, vise à sensibiliser les patients à leur consommation de médicaments. Car, si les Français ne sont plus, depuis 2018, les champions européens en la matière, ils restent encore en bonne position sur le podium, juste derrière l’Allemagne.
    Or ces prescriptions à rallonge ne sont pas toujours sans conséquences sur la santé, la prise simultanée de plusieurs médicaments amplifiant les risques d’interactions (perte d’efficacité, effets indésirables) entre les traitements. « Ainsi, pour chaque nouvelle spécialité ajoutée à une prescription, la probabilité qu’un patient souffre d’un effet indésirable lié au médicament augmente de 12 % à 28 % », note l’Assurance-maladie.

    Les patients âgés de plus de 65 ans, qui cumulent souvent plusieurs pathologies, sont particulièrement concernés. Près de la moitié d’entre eux prennent au moins cinq médicaments différents par jour, et 14 % en avalent même plus de dix quotidiennement. C’est justement auprès de cette population que le Leem démarre la première étape de son plan triennal. A partir du 9 juin, une campagne nationale de communication débutera dans les médias, sur les réseaux sociaux et, en septembre, sur les panneaux d’affichage publicitaires afin d’attirer l’attention sur les risques de la polymédication.

    2 millions d’euros déboursés

    En parallèle, des campagnes d’information et de formations seront déployées auprès des médecins généralistes. Un outil d’aide à la prescription sera également mis à leur disposition. Ce dernier les alertera au moment de la rédaction de l’ordonnance, lorsqu’un patient de plus de 65 ans dépasse le seuil de cinq médicaments, pour inviter le médecin à « réviser l’ordonnance ». Car, là aussi, les Français sont dans le peloton de tête : « 80 % des consultations de médecine générale donnent lieu à une prescription en France. Aux Pays-Bas, c’est 43 %, soit moins d’une consultation sur deux », observe Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale.

    Au total, le Leem a déboursé 2 millions d’euros pour financer ce premier volet, qui sera suivi, dès 2025, de deux autres : l’un ciblant la consommation d’antibiotiques et l’autre visant à lutter contre le gaspillage de médicaments.

    Cette initiative des laboratoires pharmaceutiques n’est toutefois pas fortuite. Derrière l’enjeu de #santé_publique, elle répond aussi à l’engagement pris par les industriels auprès du gouvernement dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024. Afin de réduire le train des dépenses, l’Etat avait fixé aux laboratoires un objectif annuel d’économies de 300 millions d’euros par le biais des baisses de volumes de ventes de #médicaments.

    #industrie_pharmaceutique

  • Global Health NOW: Attacks on Health Care Escalate ‘at a Relentless Pace’
    https://mailchi.mp/9240dedcdafc/global-health-now-attacks-on-health-care-escalate-at-a-relentless-pace-globa

    Attacks on Health Care Escalate ‘at a Relentless Pace’

    Attacks on health workers and hospitals spiked 25% last year—the highest level ever recorded, reports The Guardian.

    The surge was driven by new conflict in Gaza and Sudan, though such attacks continued “at a relentless pace” in 30 conflict zones including Ukraine and Burma (Myanmar), per a new report released by the Safeguarding Health in Conflict coalition.

    By the numbers:

    2,562 incidents of “violence against or obstruction of healthcare”

    487 cases of health workers killed—almost 2X the 2022 number

    685 cases of health workers being detained or kidnapped

    625 incidents of facilities damaged

    24 attacks on providers working vaccination campaigns across 10 countries

    What now? The coalition called for prosecutions of “war crimes and crimes against humanity” for health care attacks.

    The Quote: “The lack of restraint we are seeing, from the beginning of conflicts, suggests to me that the law on protecting healthcare has had no meaning to combatants,” said Leonard Rubenstein of the Johns Hopkins Center for Public Health and Human Rights and the Center for Humanitarian Health.

    Related:

    Mapping the damage to Gaza’s hospitals: Battered, abandoned and raided – The Washington Post (gift article)

    Ukraine: humanitarian, health needs soar as Kharkiv hostilities intensify – UN News

    #Santé_publique #Guerre #Droits_humains

  • « Le nouveau #plan_Ecophyto constitue une authentique #fraude_démocratique »

    Après des semaines d’attente, le gouvernement a enfin clarifié sa position sur l’avenir du plan Ecophyto, mis en « pause », début février, en réponse à la colère du monde agricole. Lundi 6 mai, la publication du nouveau plan (Ecophyto 2030) a confirmé l’abandon de toute #ambition de réduction des usages de #pesticides, à la fois problème de #santé_publique et principale cause d’effondrement de la #biodiversité sous nos latitudes. Et ce, indépendamment des efforts des agriculteurs. Ces derniers jours, le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, #Marc_Fesneau, et sa déléguée, #Agnès_Pannier-Runacher, ont fermement défendu l’idée que le cap d’une « réduction de 50 % des pesticides », à l’horizon 2030, était maintenu, au point d’accuser ceux qui en doutent de propager des « fausses informations ».

    Des propos d’une singulière légèreté qui reviennent à accuser d’affabulation le conseil scientifique et technique du plan Ecophyto – des chercheurs et des ingénieurs des organismes publics de recherche et des instituts techniques, nommés pour leur connaissance du sujet. Une prépublication rendue publique début mai, signée par la grande majorité des membres du conseil, montre en effet que le nouvel #indice européen chargé de suivre les usages et les risques des pesticides, dit « #HRI », pour #Harmonised_Risk_Indicator, ne rend compte en réalité ni de l’usage ni des risques de ces produits. Il est d’ailleurs très difficile de savoir de quoi il rend compte exactement. Une chose est sûre : c’est un thermomètre lourdement truqué.

    Mon collègue Romain Imbach a détaillé, dans un long et minutieux décryptage des travaux du conseil scientifique et technique, les moyens de ce trompe-l’œil. Quiconque en aura pris connaissance ne peut qu’être convaincu du caractère frauduleux du nouvel indicateur. Une expérience de pensée très simple permet à un enfant de cours élémentaire de le comprendre. Il faut malgré tout se concentrer un peu et rassembler toute son attention.

    Classement en quatre #catégories

    Avant tout, il faut savoir que le HRI classe les pesticides en quatre catégories. D’abord, il y a les produits à « faible risque », si rares qu’ils pèsent pour presque rien dans l’indice (groupe 1). Ensuite, viennent les produits autorisés qui ne sont pas classés cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (#CMR) ou #perturbateurs_endocriniens (groupe 2). Viennent après ceux autorisés, mais classés CMR et qui sortiront du marché à brève ou moyenne échéance (groupe 3). Enfin, il y a les produits interdits et utilisés à titre dérogatoire (groupe 4).

    Calculer le HRI est un jeu d’enfant. A chaque groupe son coefficient de risque : 1 pour le premier, 8 pour le deuxième, 16 pour le troisième et, enfin, 64 pour les produits interdits. Si vous avez suivi, vous savez désormais que 16 kilos d’un produit du groupe 1 comptent, dans le HRI, autant que 2 kilos de ceux du groupe 2, et 1 kilo de ceux du groupe 3, et 250 grammes des produits interdits.

    Nous pouvons maintenant procéder à notre expérience de pensée. En 2020, un agriculteur traite un champ de 1 hectare avec la dose réglementaire de 1 kilo d’un produit « A », appartenant au groupe 3. Le HRI correspondant à ce traitement est donc de 16. L’année suivante, en 2021, le produit « A » sort du marché et passe dans le groupe 4. L’exploitant utilise donc en remplacement le produit « B », appartenant également au groupe 3 et dont la dose réglementaire est identique, à savoir 1 kilo par hectare. Un esprit raisonnable ne peut que reconnaître que rien n’a changé entre 2020 et 2021. Et pourtant, entre 2020 et 2021, le HRI du traitement de ce même hectare a baissé de… 75 % !

    Comment une telle magie est-elle possible ? C’est simple : la décision réglementaire d’interdire le produit « A » en 2021 a un effet rétroactif sur l’année 2020, dont il faut recalculer le HRI. Celui-ci n’est plus de 16, mais de 64. Le HRI peut donc être réduit des trois quarts sans que rien n’ait en réalité changé. Imaginons maintenant que le produit « B » ait été plus efficace que le précédent, avec une dose réglementaire de 500 grammes à l’hectare pour un même résultat, la chute du HRI pour ce traitement entre 2020 et 2021 serait alors, sans aucun changement réel, de 87,5 %. Dans ces deux cas, l’indice historique de suivi du recours aux pesticides en place depuis quinze ans, le nombre de doses unités (NODU) serait resté identique d’une année sur l’autre.

    On comprend mieux que les calculs du conseil scientifique et technique montrent une baisse du HRI de quelque 33 % entre 2011-2013 et 2021, sans aucune politique volontariste du gouvernement. Ces calculs permettent d’ores et déjà d’anticiper une baisse supplémentaire de 10 points en 2022, grâce à l’#interdiction, cette année-là, d’un unique produit, le #mancozèbe. Qui sera remplacé à l’identique par des substances non encore interdites. Ce qu’il faut comprendre est que le classement CMR des pesticides est un processus dynamique : le point commun à tous les produits interdits est d’avoir été un jour autorisés. Le #chlorothalonil, le #chlorpyrifos, la #chloridazone, l’#imidaclopride ou le #S-métolachlore, par exemple : tous ces produits, récemment interdits ou en passe de l’être, ont passé des décennies, parfois plus d’un demi-siècle, sur le marché.

    L’inertie réglementaire est telle que bon nombre de produits aujourd’hui catégorisés 2 finiront par être interdits et remplacés, alimentant ainsi une baisse trompeuse et éternellement reconduite du HRI. On le voit, le plan Ecophyto 2030 ne repose pas seulement sur un choix technique controversé : il constitue une authentique #fraude démocratique. Il offrira aux prochains gouvernements, en France et en Europe, la possibilité de communiquer des chiffres spectaculaires de « réduction des pesticides », en l’absence de toute baisse réelle du recours à ces produits. Cela s’appelle tromper l’opinion.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/12/le-nouveau-plan-ecophyto-constitue-une-authentique-fraude-democratique_62326
    #Ecophyto #tromperie

  • Pesticides : « Avec son nouveau plan Ecophyto, le gouvernement persiste dans une politique d’immobilisme vieille de vingt ans »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/07/pesticides-avec-son-nouveau-plan-ecophyto-le-gouvernement-persiste-dans-une-

    Rappelons les faits. Il existe une forte présomption d’un lien entre l’exposition à plusieurs #pesticides et le développement de #cancers de la prostate, de lymphomes et de leucémies. L’exposition aux pesticides in utero ou au cours de la petite enfance dans un contexte professionnel ou domestique accroît aussi le risque de certains #cancers_pédiatriques. Les populations les plus vulnérables sont celles vivant à proximité des zones d’épandage. Ainsi, la densité des surfaces viticoles dans un rayon d’un kilomètre autour des habitations augmente la probabilité de leucémies infantiles.

    Les pouvoirs publics ont inscrit ces cancers de l’adulte aux tableaux des maladies professionnelles. Pour être clair, si un agriculteur qui a été exposé au moins dix ans à un pesticide souffre d’un lymphome ou d’un cancer de la prostate (ou même d’une maladie de Parkinson), il pourra demander une indemnisation à la Sécurité sociale et à son employeur le cas échéant. Il pourra également accéder au fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, créé en 2020.

    L’imprégnation des Françaises et des Français reste inquiétante, puisqu’on a pu identifier des insecticides pyréthrinoïdes et organochlorés dans, respectivement, 99 % et 90 % des échantillons biologiques prélevés sur nos concitoyens. En outre, le glyphosate a été détecté dans les urines de 17 % de la population et l’AMPA (l’acide aminométhylphosphonique), un produit de dégradation biologiquement actif, chez plus de 70 % des adultes et de 93 % des enfants testés. Enfin, plus de 12 millions de Français ont consommé en 2021 une #eau non conforme aux critères de qualité en raison de la présence de pesticides dépassant les normes sanitaires.

    Pollution persistante

    Les tragédies passées, comme celle de la contamination de la population antillaise par le #chlordécone, un pesticide utilisé dans les bananeraies, auraient dû instruire nos dirigeants quant à l’étendue de leurs responsabilités. L’inaction des autorités sanitaires et politiques de l’époque, malgré les données disponibles sur la toxicité de ce produit pour les humains, a engendré une pollution persistante de toute la chaîne alimentaire associée à une multiplication de pathologies graves, dont des cancers de la prostate. Le constat est accablant, et l’Assemblée nationale a d’ailleurs reconnu la responsabilité de l’Etat dans les préjudices subis par les Antillais.

    Lancé en 2008, le premier plan #Ecophyto, censé réduire de moitié la consommation de pesticides en dix ans, s’est soldé par un échec. Il en va de même pour les plans Ecophyto II et Ecophyto II +, qui visaient le même objectif à l’horizon 2025 puis 2030. En février, le gouvernement a jugé bon de suspendre le plan Ecophyto III. Il décide maintenant, dans le nouveau plan dévoilé le 6 mai, de le relancer en modifiant l’indicateur d’usage des pesticides (NODU, nombre de doses unités) qui avait pourtant fait ses preuves. Il sera remplacé par un outil de mesure européen insuffisant, l’indicateur de risque harmonisé (HRI-1).
    Avec son nouveau plan Ecophyto, le gouvernement persiste dans une politique d’immobilisme vieille de vingt ans. L’exposition délibérée, que ce soit des agriculteurs et de leurs familles ou de la population en général, à des substances nocives (ou dont la nocivité est encore inconnue pour les pesticides en cours d’agrément) va perdurer. La proposition d’un « dispositif d’indemnisation des riverains » telle qu’elle est présentée par le gouvernement, même si elle est indispensable, ne peut être considérée comme une politique préventive visant à protéger l’ensemble de nos concitoyens contre l’exposition à des produits agrochimiques.

    Limiter les sources d’exposition

    Il ne s’agit évidemment pas de nier ici la crise profonde que traverse le monde agricole et les situations désespérées qu’elle peut engendrer. Cependant, encourager une #agriculture_productiviste fondée sur l’utilisation de substances chimiques toxiques, au détriment de la santé des exploitants, des ouvriers agricoles, des riverains et de la population dans son ensemble, ne résoudra pas les maux du monde rural. La création, en 2011, par des agriculteurs de l’association Phyto-Victimes atteste que le monde paysan est aussi conscient de la dégradation de ses conditions sanitaires du fait de l’usage massif des pesticides.

    Ce dont nous avons besoin, c’est une politique volontariste et courageuse. Le nombre de cancers ne cesse d’augmenter en France, avec 433 000 nouveaux cas par an, soit un doublement en trente ans. Quarante pour cent de ces cancers sont évitables, c’est-à-dire qu’ils n’apparaîtraient pas si l’exposition aux facteurs de risque connus était prévenue, aux premiers rangs desquels le tabagisme et la consommation d’alcool. L’Institut national du cancer a placé la prévention parmi les priorités de sa stratégie décennale de lutte contre les cancers, mais celle-ci doit s’accompagner d’un engagement fort des pouvoirs publics pour limiter les sources d’exposition aux agents cancérogènes, que ce soit dans l’environnement professionnel ou domestique.

    Nous, patients, chercheurs, soignants, personnes impliquées dans des associations, des sociétés savantes, caritatives ou des institutions, qui nous battons au quotidien contre le cancer, ne pouvons accepter que la #santé_publique soit sacrifiée à des intérêts court-termistes. Apaiser la colère légitime du monde agricole en perpétuant son exposition aux pesticides n’est pas la solution. Il est encore temps pour le gouvernement de reconsidérer ses décisions qui mettent en danger la vie de nos concitoyens. Nos responsables politiques doivent avoir le courage de faire le choix de la santé publique, pas celui du cancer.

    Signataires : Corine Bertolotto, directrice de recherche à l’Inserm ; Marc Billaud, directeur de recherche au CNRS ; Fabien Calvo, professeur émérite pharmacologie à l’AP-HP ; Thierry Facon, président de la Société française d’hématologie ; Judith Favier, directrice de recherche à l’Inserm ; Gilbert Lenoir, professeur émérite génétique médicale à Paris-Saclay ; Fatima Mechta-Grigoriou, directrice de recherche à l’Inserm ; Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer ; Julie Pannequin, directrice de recherche au CNRS ; Pierre Sujobert, professeur d’hématologie, hospices civils de Lyon ; Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm. Retrouvez la liste complète des signataires à cette adresse.

  • Opinion | The Point: Conversations and insights about the moment. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/live/2024/04/02/opinion/thepoint#avian-flu-cows-outbreak

    The discovery of the country’s second human case of H5N1 avian flu, found in a Texas dairy farm worker following an outbreak among cows, is worrying and requires prompt and vigorous action.

    While officials have so far said the possibility of cow-to-cow transmission “cannot be ruled out,” I think we can go further than that.

    The geography of the outbreak — sick cows in Texas, Idaho, Michigan, Ohio and New Mexico — strongly suggests cows are infecting each other as they move around various farms. The most likely scenario seems to be that a new strain of H5N1 is spreading among cows, rather than the cows being individually infected by sick birds.

    Avian flu is not known to transmit well among mammals, including humans, and until now, almost all known cases of H5N1 in humans were people in extended close contact with sick birds. But a cow outbreak — something unexpected, as cows aren’t highly prone to get this — along with likely transmission between cows, means we need to quickly require testing of all dairy workers on affected farms as well as their close contacts, and sample cows in all the dairy farms around the country.

    It is possible — and much easier — to contain an early outbreak when an emergent virus isn’t yet adapted to a new host and perhaps not as transmissible. If it gets out and establishes a foothold, then all bets are off. With fatality rates estimated up to 50 percent among humans, H5N1 is not something to gamble with.

    Additionally, H5N1 was found in the unpasteurized milk of sick cows. Unpasteurized milk, already a bad idea, would be additionally dangerous to consume right now.

    Public officials need to get on top of this quickly, and transparently, telling us the uncertainties as well as their actions.

    The government needs to gear up to potentially mass-produce vaccines quickly (which we have against H5N1, though they take time to produce) and ensure early supplies for frontline and health care workers.

    It’s possible that worst-case scenarios aren’t going to come true — yet. But evolution is exactly how viruses get to do things they couldn’t do before, and letting this deadly one have time to explore the landscape in a potential new host is a disastrously bad idea.

    #H5N1 #Zeynep_Tufekci #contagion #Santé_publique

  • Une organisation en #souffrance

    Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de #démissions, les chiffres des #accidents et des #arrêts_de_travail étaient plutôt le signe de #conditions_de_travail délétères.

    Jeté dans une #concurrence accrue du fait d’un #management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une #pression inédite...

    L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre #santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours : “Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la #santé_mentale. Grâce au travail, votre #identité s’accroît, votre #amour_de_soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre #résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”

    Pourtant, la #quête_de_sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son #organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le #lien_social ?

    Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda : “Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-organisation-en-souffrance-5912905

    #travail #audio #sens #reconnaissance #podcast #déshumanisation #grande_distribution #supermarchés #Carrefour #salariat #accidents_du_travail # location-gérance #jours_de_carence #délai_de_carence #financiarisation #traçabilité #performance #néo-taylorisme #taylorisme_numérique #contrôle #don #satisfaction #modernisation #mai_68 #individualisation #personnalisation #narcissisation #collectif #entraide #épanouissement #marges_de_manoeuvre #intensification_du_travail #efficacité #rentabilité #pression #sous-traitance #intensité_du_travail #santé_au_travail #santé #épidémie #anxiété #dépression #santé_publique #absentéisme #dégradation_des_conditions_de_travail #sommeil #identité #amour_de_soi #santé_par_le_travail #tournant_gestionnaire #gouvernance_de_l'entreprise #direction_d'entreprise #direction #règles #lois #gestionnaires #ignorance #objectifs_quantitatifs #objectifs #performance #mesurage #évaluation #traçabilité #quantification #quantitatif #qualitatif #politique_du_chiffre #flux #justice #charge_de_travail

    25’40 : #Jean-Pierre_Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes :

    « On finit par oublier ce qu’on a appris à l’école nationale de la magistrature, c’est-à-dire la motivation d’un jugement... On finit par procéder par affirmation, ce qui fait qu’on gagne beaucoup de temps. On a des jugements, dès lors que la culpabilité n’est pas contestée, qui font abstraction de toute une série d’éléments qui sont pourtant importants : s’attarder sur les faits ou les expliquer de façon complète. On se contente d’une qualification développée : Monsieur Dupont est poursuivi pour avoir frauduleusement soustrait 3 véhicules, 4 téléviseurs au préjudice de Madame Durant lors d’un cambriolage » mais on n’est pas du tout en mesure après de préciser que Monsieur Dupont était l’ancien petit ami de Madame Durant ou qu’il ne connaissait absolument pas Madame Durant. Fixer les conditions dans lesquelles ce délit a été commis de manière ensuite à expliquer la personnalisation de la peine qui est quand même la mission essentielle du juge ! Il faut avoir à chaque fois qu’il nous est demandé la possibilité d’adapter au mieux la peine à l’individu. C’est très important. On finit par mettre des tarifs. Quelle horreur pour un juge ! On finit par oublier la quintessence de ce métier qui est de faire la part des choses entre l’accusation, la défense, l’auteur de faits, la victime, et essayer d’adopter une sanction qui soit la plus adaptée possible. C’est la personnalisation de la peine, c’est aussi le devenir de l’auteur de cette infraction de manière à éviter la récidive, prévoir sa resocialisation. Bref, jouer à fond le rôle du juge, ce qui, de plus en plus, est ratatiné à un rôle de distributeur de sanctions qui sont plus ou moins tarifées. Et ça c’est quelque chose qui, à la fin de ma carrière, c’est quelque chose qui me posait de véritables problèmes d’éthique, parce que je ne pensais pas ce rôle du juge comme celui-là. Du coup, la qualité de la justice finit par souffrir, incontestablement. C’est une évolution constante qui est le fruit d’une volonté politique qui, elle aussi, a été constante, de ne pas consacrer à la justice de notre pays les moyens dont elle devait disposer pour pouvoir fonctionner normalement. Et cette évolution n’a jamais jamais, en dépit de tout ce qui a pu être dit ou écrit, n’ai jamais été interrompue. Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation de détresse absolue. La France est donc ??? pénultième au niveau européen sur les moyens budgétaires consacrés à sa justice. Le Tribunal de Nîme comporte 13 procureurs, la moyenne européenne nécessiterait qu’ils soient 63, je dis bien 63 pour 13. Il y a 39 juges au Tribunal de Nîmes, pour arriver dans la moyenne européenne il en faudrait 93. Et de mémoire il y a 125 greffiers et il en faudrait 350 je crois pour être dans la moyenne. Il y avait au début de ma carrière à Nîmes 1 juge des Libertés et de la détention, il y en a aujourd’hui 2. On a multiplié les chiffres du JLD par 10. Cela pose un problème moral et un problème éthique. Un problème moral parce qu’on a le sentiment de ne pas satisfaire au rôle qui est le sien. Un problème éthique parce qu’on finit par prendre un certain nombre de recul par rapport aux valeurs que l’on a pourtant porté haut lorsqu’on a débuté cette carrière. De sorte qu’une certaine mélancolie dans un premier temps et au final un certain découragement me guettaient et m’ont parfois atteint ; mes périodes de vacances étant véritablement chaque année un moment où la décompression s’imposait sinon je n’aurais pas pu continuer dans ces conditions-là. Ce sont des heures de travail qui sont très très chargés et qui contribuent aussi à cette fatigue aujourd’hui au travail qui a entraîné aussi beaucoup de burn-out chez quelques collègues et puis même, semble-t-il, certains sont arrivés à des extrémités funestes puisqu’on a eu quelques collègues qui se sont suicidés quasiment sur place, vraisemblablement en grande partie parce que... il y avait probablement des problèmes personnels, mais aussi vraisemblablement des problèmes professionnels. Le sentiment que je vous livre aujourd’hui est un sentiment un peu partagé par la plupart de mes collègues. Après la réaction par rapport à cette situation elle peut être une réaction combative à travers des engagements syndicaux pour essayer de parvenir à faire bouger l’éléphant puisque le mammouth a déjà été utilisé par d’autres. Ces engagements syndicaux peuvent permettre cela. D’autres ont plus ou moins rapidement baissé les bras et se sont satisfaits de cette situation à défaut de pouvoir la modifier. Je ne regrette rien, je suis parti serein avec le sentiment du devoir accompli, même si je constate que en fermant la porte du tribunal derrière moi je laisse une institution judiciaire qui est bien mal en point."

    Min. 33’15, #Christophe_Dejours, psychanaliste :

    « Mais quand il fait cela, qu’il sabote la qualité de son travail, qu’il bâcle son travail de juge, tout cela, c’est un ensemble de trahisons. Premièrement, il trahi des collègues, parce que comme il réussi à faire ce qu’on lui demande en termes de quantité... on sait très bien que le chef va se servir du fait qu’il y en a un qui arrive pour dire aux autres : ’Vous devez faire la même chose. Si vous ne le faites pas, l’évaluation dont vous allez bénéficier sera mauvaise pour vous, et votre carrière... vous voulez la mutation ? Vous ne l’aurez pas !’ Vous trahissez les collègues. Vous trahissez les règles de métier, vous trahissez le justiciable, vous trahissez les avocats, vous leur couper la parole parce que vous n’avez pas le temps : ’Maître, je suis désolé, il faut qu’on avance.’ Vous maltraitez les avocats, ce qui pose des problèmes aujourd’hui assez compliqués entre avocats et magistrats. Les relations se détériorent. Vous maltraitez le justiciable. Si vous allez trop vite... l’application des peines dans les prisons... Quand vous êtes juges des enfants, il faut écouter les enfants, ça prend du temps ! Mais non, ’va vite’. Vous vous rendez compte ? C’est la maltraitance des justiciables sous l’effet d’une justice comme ça. A la fin vous trahissez la justice, et comme vous faites mal votre travail, vous trahissez l’Etat de droit. A force de trahir tous ces gens qui sont... parce que c’est des gens très mobilisés... on ne devient pas magistrat comme ça, il faut passer des concours... c’est le concours le plus difficile des concours de la fonction publique, c’est plus difficile que l’ENA l’Ecole nationale de magistrature... C’est des gens hyper engagés, hyper réglo, qui ont un sens de la justice, et vous leur faites faire quoi ? Le contraire. C’est ça la dégradation de la qualité. Donc ça conduit, à un moment donné, à la trahison de soi. Ça, ça s’appelle la souffrance éthique. C’est-à-dire, elle commence à partir du moment où j’accepte d’apporter mon concours à des actes ou à des pratiques que le sens moral réprouve. Aujourd’hui c’est le cas dans la justice, c’est le cas dans les hôpitaux, c’est le cas dans les universités, c’est le cas dans les centres de recherche. Partout dans le secteur public, où la question éthique est décisive sur la qualité du service public, vous avez des gens qui trahissent tout ça, et qui entrent dans le domaine de la souffrance éthique. Des gens souffrent dans leur travail, sauf que cette souffrance, au lieu d’être transformée en plaisir, elle s’aggrave. Les gens vont de plus en plus mal parce que le travail leur renvoie d’eux-mêmes une image lamentable. Le résultat c’est que cette trahison de soi quelques fois ça se transforme en haine de soi. Et c’est comme ça qu’à un moment donné les gens se suicident. C’est comme ça que vous avez des médecins des hôpitaux, professeurs de médecine de Paris qui sautent par la fenêtre. Il y a eu le procès Mégnien, au mois de juin. Il a sauté du 5ème étage de Georges-Pompidou. Il est mort. Comment on en arrive là ? C’est parce que les gens ont eu la possibilité de réussir un travail, de faire une oeuvre, et tout à coup on leur casse le truc. Et là vous cassez une vie. C’est pour cela que les gens se disent : ’Ce n’est pas possible, c’est tout ce que j’ai mis de moi-même, tous ces gens avec qui j’ai bossé, maintenant il faut que ça soit moi qui donne le noms des gens qu’on va virer. Je ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible.’ Vous les obligez à faire l’inverse de ce qu’ils croient juste, de ce qu’ils croient bien. Cette organisation du travail, elle cultive ce qu’il y a de plus mauvais dans l’être humain. »

    #suicide #trahison #souffrance_éthique

    • Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail #jusqu’à_la_retraite ?

      En France, en 2019, 37 % des salariés ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. L’exposition à des #risques_professionnels – physiques ou psychosociaux –, tout comme un état de santé altéré, vont de pair avec un sentiment accru d’#insoutenabillité du travail.

      Les métiers les moins qualifiés, au contact du public ou dans le secteur du soin et de l’action sociale, sont considérés par les salariés comme les moins soutenables. Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière.

      Une organisation du travail qui favorise l’#autonomie, la participation des salariés et limite l’#intensité_du_travail tend à rendre celui-ci plus soutenable. Les mobilités, notamment vers le statut d’indépendant, sont également des moyens d’échapper à l’insoutenabilité du travail, mais ces trajectoires sont peu fréquentes, surtout aux âges avancés.

      https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quels-facteurs-influencent-la-capacite-des-salaries-faire-
      #statistiques #chiffres

  • Why Eating Disorder Content Keeps Spreading on Platforms Like TikTok - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/02/06/well/move/tiktok-legging-legs-eating-disorders.html?campaign_id=2&emc=edit_th_2024020

    Talya Minsberg

    By Talya Minsberg
    Feb. 6, 2024

    In late January, a volunteer at the help line for the National Alliance for Eating Disorders fielded a call from someone who had seen an alarming trend on TikTok. The hashtag #legginglegs had started taking off as users posted about the slim bodies seemingly deemed the most desirable for leggings.

    The organization, which works directly with social media companies including TikTok, Meta and Pinterest, quickly flagged the trend to TikTok. Less than a day later, the platform banned the hashtag and began directing users who searched for it toward the organization’s hotline and other resources.

    Trends like “legging legs” are part of a long history of harmful body image content that has proliferated online since the early days of the internet. “The minute they ban one hashtag, another one will pop up,” said Amanda Raffoul, an instructor at Harvard Medical School and Boston Children’s Hospital who studies eating disorders. But she and other eating disorder experts said that the evolution of social media platforms has presented an even more vexing issue: how to approach algorithms that build on a user’s interests to curate a feed that can quickly turn dangerous for people who are particularly vulnerable.

    For example, if a teenager searched for healthy snack ideas or interacted with certain cooking posts, a platform may then serve videos about low-calorie foods. That may signal an interest in weight loss — and soon, that teenager might see advice for restricting snacks or tips for crash diets. A user’s feed could then be filled with posts supporting unhealthy behaviors, or celebrating one body type over others.

    “I don’t think we are in a space where we can ignore the harms that can be happening in the algorithm,” said Johanna Kandel, the chief executive officer of the National Alliance for Eating Disorders. “The fact is that individuals can start a journey of health and wellness and within a few minutes can be served content that is extremely unhealthy for them.”

    #TikTok #Apparence_corporelle #Santé_publique #Algorithme

  • #Productivisme et destruction de l’#environnement : #FNSEA et #gouvernement marchent sur la tête

    Répondre à la #détresse des #agriculteurs et agricultrices est compatible avec le respect de l’environnement et de la #santé_publique, expliquent, dans cette tribune à « l’Obs », les Scientifiques en rébellion, à condition de rejeter les mesures productivistes et rétrogrades du duo FNSEA-gouvernement.

    La #crise de l’agriculture brasse croyances, savoirs, opinions, émotions. Elle ne peut laisser quiconque insensible tant elle renvoie à l’un de nos #besoins_fondamentaux – se nourrir – et témoigne du #désarroi profond d’une partie de nos concitoyen·nes qui travaillent pour satisfaire ce besoin. Reconnaître la #souffrance et le désarroi du #monde_agricole n’empêche pas d’examiner les faits et de tenter de démêler les #responsabilités dans la situation actuelle. Une partie de son #traitement_médiatique tend à faire croire que les agriculteurs et agricultrices parleraient d’une seule voix, celle du président agro-businessman de la FNSEA #Arnaud_Rousseau. Ce directeur de multinationale, administrateur de holding, partage-t-il vraiment la vie de celles et ceux qui ne parviennent plus à gagner la leur par le travail de la terre ? Est-ce que les agriculteur·ices formeraient un corps uniforme, qui valoriserait le productivisme au mépris des #enjeux_environnementaux qu’ils et elles ne comprendraient soi-disant pas ? Tout cela est difficile à croire.

    Ce que la science documente et analyse invariablement, en complément des savoirs et des observations de nombre d’agriculteur·ices, c’est que le #modèle_agricole industriel et productiviste conduit à une #catastrophe sociale et environnementale. Que ce modèle concurrence dangereusement les #alternatives écologiquement et socialement viables. Que cette agriculture ne s’adaptera pas indéfiniment à un environnement profondément dégradé. Qu’elle ne s’adaptera pas à un #réchauffement_climatique de +4 °C pour la France et une ressource en #eau fortement diminuée, pas plus qu’à une disparition des #insectes_pollinisateurs.

    Actuellement, comme le rappelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’agriculture représente le deuxième secteur d’émissions de #gaz_à_effet_de_serre, avec 18 % du total français, derrière les transports. La moitié de ces émissions agricoles (en équivalent CO2) provient de l’#élevage_bovin à cause du #méthane produit par leur digestion, 14 % des #engrais_minéraux qui libèrent du #protoxyde_d’azote et 13 % de l’ensemble des #moteurs, #engins et #chaudières_agricoles. Le HCC rappelle aussi que la France s’est engagée lors de la COP26 à baisser de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique. L’agriculture, bien que répondant à un besoin fondamental, doit aussi revoir son modèle dominant pour répondre aux enjeux climatiques. De ce point de vue, ce qu’indique la science, c’est que, si l’on souhaite faire notre part dans le respect de l’accord de Paris, la consommation de #viande et de #produits_laitiers doit diminuer en France. Mais la solidarité avec nos agriculteur.ices ainsi que l’objectif légitime de souveraineté et #résilience_alimentaire nous indiquent que ce sont les importations et les élevages intensifs de ruminants qui devraient diminuer en premier.

    Côté #biodiversité, la littérature scientifique montre que l’usage des #pesticides est la deuxième cause de l’effondrement des populations d’#insectes, qui atteint 80 % dans certaines régions françaises. Les #oiseaux sont en déclin global de 25 % en quarante ans, mais ce chiffre bondit à 60 % en milieux agricoles intensifs : le printemps est devenu particulièrement silencieux dans certains champs…

    D’autres voies sont possibles

    Le paradoxe est que ces bouleversements environnementaux menacent particulièrement les agriculteur·ices, pour au moins trois raisons bien identifiées. Tout d’abord environnementale, à cause du manque d’eau, de la dégradation des sols, des événements météorologiques extrêmes (incendies ou grêles), ou du déclin des insectes pollinisateurs, qui se traduisent par une baisse de production. Sanitaires, ensuite : par leur exposition aux #produits_phytosanitaires, ils et elles ont plus de risque de développer des #cancers (myélome multiple, lymphome) et des #maladies_dégénératives. Financière enfin, avec l’interminable fuite en avant du #surendettement, provoqué par la nécessité d’actualiser un équipement toujours plus performant et d’acheter des #intrants pour pallier les baisses de production engendrées par la dégradation environnementale.

    Depuis des décennies, les #traités_de_libre-échange et la compétition intra-européenne ont privé la grande majorité des agriculteur·ices de leur #autonomie, dans un cercle vicieux aux répercussions sociales tragiques pouvant mener au #suicide. Si la FNSEA, les #JA, ou la #Coordination_rurale réclament une forme de #protectionnisme_agricole, d’autres de leurs revendications portent en revanche sur une baisse des #contraintes_environnementales et sanitaires qui font porter le risque de la poursuite d’un modèle délétère sur le long terme. Ce sont justement ces revendications que le gouvernement a satisfaites avec, en particulier, la « suspension » du #plan_Ecophyto, accueilli par un satisfecit de ces trois organisations syndicales rappelant immédiatement « leurs » agriculteurs à la ferme. Seule la #Confédération_paysanne refuse ce compromis construit au détriment de l’#écologie.

    Pourtant, des pratiques et des modèles alternatifs existent, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et préservant la biodiversité ; ils sont déjà mis en œuvre par des agriculteur·ices qui prouvent chaque jour que d’autres voies sont possibles. Mais ces alternatives ont besoin d’une réorientation des #politiques_publiques (qui contribuent aujourd’hui pour 80 % au #revenu_agricole). Des propositions cohérentes de politiques publiques répondant à des enjeux clés (#rémunération digne des agriculteur·ices non soumis aux trusts’de la grande distribution, souveraineté alimentaire, considérations climatiques et protection de la biodiversité) existent, comme les propositions relevant de l’#agroécologie, qu’elles émanent du Haut Conseil pour le Climat, de la fédération associative Pour une autre PAC, de l’IDDRI, ou encore de la prospective INRAE de 2023 : baisse de l’#élevage_industriel et du cheptel notamment bovin avec soutien à l’#élevage_extensif à l’herbe, généralisation des pratiques agro-écologiques et biologiques basées sur la valorisation de la biodiversité (cultures associées, #agro-foresterie, restauration des #haies favorisant la maîtrise des bio-agresseurs) et arrêt des #pesticides_chimiques_de_synthèse. Ces changements de pratiques doivent être accompagnés de mesures économiques et politiques permettant d’assurer le #revenu des agriculteur·ices, leur #accès_à_la_terre et leur #formation, en cohérence avec ce que proposent des syndicats, des associations ou des réseaux (Confédération paysanne, Atelier paysan, Terre de liens, Fédérations nationale et régionales d’Agriculture biologique, Réseau salariat, …).

    Nous savons donc que les politiques qui maintiennent le #modèle_agro-industriel sous perfusion ne font qu’empirer les choses et qu’une réorientation complète est nécessaire et possible pour la #survie, la #dignité, la #santé et l’#emploi des agriculteur·ices. Nombre d’enquêtes sociologiques indiquent qu’une bonne partie d’entre elles et eux le savent très bien, et que leur détresse témoigne aussi de ce #conflit_interne entre le modèle productiviste qui les emprisonne et la nécessité de préserver l’environnement.

    Une #convention_citoyenne

    Si le gouvernement convient que « les premières victimes du dérèglement climatique sont les agriculteurs », les mesures prises démontrent que la priorité gouvernementale est de sanctuariser le modèle agro-industriel. La remise en cause du plan Ecophyto, et la reprise en main de l’#Anses notamment, sont en totale contradiction avec l’urgence de s’attaquer à la dégradation environnementale couplée à celle des #conditions_de_vie et de travail des agriculteur·ices. Nous appelons les citoyen·nes et les agriculteur·rices à soutenir les changements de politique qui iraient réellement dans l’intérêt général, du climat, de la biodiversité. Nous rappelons que le sujet de l’agriculture et de l’#alimentation est d’une redoutable complexité, et qu’identifier les mesures les plus pertinentes devrait être réalisé collectivement et démocratiquement. Ces mesures devraient privilégier l’intérêt général et à long-terme, par exemple dans le cadre de conventions citoyennes dont les conclusions seraient réellement traduites dans la législation, a contrario a contrario de la précédente convention citoyenne pour le climat.

    https://www.nouvelobs.com/opinions/20240203.OBS84041/tribune-productivisme-et-destruction-de-l-environnement-fnsea-et-gouverne
    #tribune #scientifiques_en_rébellion #agriculture #souveraineté_alimentaire #industrie_agro-alimentaire