Le public touché par ce fléau se diversifie, notent les auteurs du rapport qui déplorent un nombre croissant de femmes, d’enfants et d’étrangers, européens ou pas. « La crise migratoire de 2015 et l’afflux, vers l’Europe, de 1,3 million de demandeurs d’asile a pris les Etats de court, commente M. Spinnewijn. Mais, en 2019, leur nombre est retombé à 721 000 personnes. Des pays ont su organiser et dimensionner l’accueil des réfugiés, telle l’Allemagne. » Pour Sarah Coupechoux, chargée d’études Europe à la Fondation Abbé Pierre, « d’autres pays ont été dépassés, c’est le cas de l’Espagne ou encore de la France dont le système d’hébergement des demandeurs d’asile ne fait face qu’à la moitié des besoins ». L’autre raison de la montée du sans-abrisme en Europe est le renchérissement du coût du logement pour tout le monde, à commencer, bien sûr, par les pauvres c’est-à-dire la frange de la population dont les ressources se situent au-dessous du revenu médian de chaque pays : ils représentent désormais 17,1 % des Européens, contre 16,5 % en 2010. (...). Pour les sans-abri, la crise sanitaire et le confinement qu’elle a imposé auront, selon le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, été « une parenthèse heureuse. De nombreux pays ont déployé des moyens sans précédent pour héberger le plus grand nombre de personnes dans des hôtels, des gymnases, des bâtiments vacants, et y dépêcher des équipes médicales. La France, par exemple, a ouvert 20 000 places, créé des centres Covid… » A Barcelone, la municipalité a mobilisé des logements touristiques pour les familles à la rue. Presque partout en Europe, ont été décrétés des moratoires sur les expulsions locatives : en Hongrie, Allemagne, France – par une extension de la trêve hivernale jusqu’au 10 juillet –, Autriche, Belgique, Irlande, Italie, Croatie, Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et au Luxembourg. L’Europe y a contribué en assouplissant les règles d’accès à son fonds social pour couvrir les urgences sanitaires et financer le logement temporaire, et le projet de budget 2021-2027, qui vient d’être renforcé par le plan de relance décidé mercredi 21 juillet, prévoit de financer les programmes d’insertion par le logement et la lutte contre le sans-abrisme, « une très bonne nouvelle » pour Sarah Coupechoux. « Cela montre qu’avec de la volonté, même si la motivation est d’abord sanitaire, on peut venir à bout du sans-abrisme et il ne faudrait pas, maintenant, que tout revienne à l’anormal », insiste Christophe Robert. « Il y a une opportunité historique pour apporter des réponses institutionnelles et politiques pérennes, renchérit Freek Spinnewijn. L’attention exceptionnelle portée pendant la crise sanitaire aux SDF suscite une prise de conscience sur les questions de santé publique et de logement