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    Royaume-Uni : depuis le début de l’année, deux fois plus de demandeurs d’asile pris en charge par l’État sont décédés par rapport à 2023
    Par La rédaction Publié le : 19/08/2024
    D’après les chiffres obtenus par The Guardian, 28 migrants sont décédés dans les installations pour demandeurs d’asile britanniques, contre 13 sur les six premiers mois de l’année dernière. Le nouveau gouvernement britannique pourrait être amené à changer de politique d’hébergement après les nombreux incidents survenus ces derniers mois dans les hôtels et barges flottantes pour demandeurs d’asile.
    C’est un chiffre qui inquiète les associations d’aide aux migrants Outre-Manche. 28 demandeurs d’asile sont décédés entre janvier et juin 2024 dans les installations pour demandeurs d’asile britanniques, révèle le journal The Guardian, soit plus de deux fois plus que sur la même période en 2023 (13 décès). « Le fait qu’il y ait eu une forte augmentation du nombre de décès de personnes dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile est profondément troublant », a déclaré au quotidien le directeur du Conseil britannique pour les réfugiés, Enver Solomon.
    Sur le plus long terme, les chiffres montrent que les 217 décès recensés depuis avril 2016 se sont concentrés sur les quatre dernières années. Il n’y a eu que 28 décès entre avril 2016 et décembre 2019, contre 189 entre janvier 2020 et juin 2024, soit 87 % du nombre total pendant toute la période. D’après le journal anglais, cette hausse des décès s’explique par le changement de politique d’accueil des demandeurs d’asile opéré ces dernières années. Là où le gouvernement britannique privilégiait avant la pandémie un hébergement dans des logements partagés, il a depuis décidé de relocaliser les arrivants dans des hôtels, des bases militaires réaménagées, ou encore des barges flottantes, à l’image de Bibby Stockholm, à Portland, que le nouveau gouvernement travailliste veut fermer.
    Les données de 2024 ne permettent pas encore de connaître la cause des décès. Si la plupart de ces décès résultent de maladie ou de vieillesse, plusieurs demandeurs d’asile se sont suicidés en 2023, dont Léonard Farruku, décédé le 12 décembre sur la barge Bibby Stockholm. Le corps de cet Albanais de 27 ans avait été découvert dans une des toilettes du bateau où sont retenus les exilés en attendant le traitement de leur dossier. Le recours à cette barge, dénoncé par de nombreuses associations d’aide aux migrants, est destiné à réduire la facture de l’hébergement des demandeurs d’asile qui s’élevait à 7 millions de livre par jour.
    Selon The civil fleet, un site d’information militant britannique, on comptabilise quatre suicides et quatre morts suspectes en 2023, contre trois suicides en 2022 et deux en 2021. Plus récemment, ce sont plusieurs hôtels utilisés pour héberger des demandeurs d’asile qui ont été pris pour cibles par des manifestants lors d’émeutes xénophobes causées par l’extrême droite. Le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer a depuis condamné « un acte de brutalité organisé et violent qui n’a pas sa place dans nos rues ou en ligne. » Selon les derniers chiffres de l’Observatoire des migrations parus en juillet, près de 120 000 demandeurs d’asile attendent toujours une décision du Home Office sur leur sort. De leur côté, les arrivées en small-boat sont reparties à la hausse depuis le début de l’année avec plus de 18 000 arrivées.

    #Covid-19#migration#migrant#royaumeuni#asile#mortalite#suicide#sante#santementale#hebergement#retention

  • MIGRATION : Le Gouvernement se dote de capacités en reponse aux TROUBLES PSYCHOSOCIAUX DES MIGRANTS DE RETOUR.
    https://www.dakaractu.com/MIGRATION-Le-Gouvernement-se-dote-de-capacites-en-reponse-aux-TROUBLES-PS

    MIGRATION : Le Gouvernement se dote de capacités en reponse aux TROUBLES PSYCHOSOCIAUX DES MIGRANTS DE RETOUR.
    Sous forme d’atelier de renforcement de capacités, les responsables des Bureaux d’Accueil d’Orientation et de Suivi des migrants, les agents psychosociaux nouvellement recrutés, des membres du cabinet du Secrétariat d’État aux Sénégalais de l’Extérieur (SESE) ainsi que tous les partenaires actifs sur la question de la migration se réunissent sous la directive de l’État du Sénégal menée par la Direction Générale d’Appui aux Sénégalais de l’Extérieur (DGASE) du Ministère de l’Intégration Africaine et des Affaires Etrangères (MIAAE) les 7 et 6 Août 2024 au Yuma Lodge, Saly Portudal.
    Le Sénégal ayant opté pour une territorialisation de la politique migratoire en concordance avec les trois dimensions de la réintégration durable du migrant de retour que sont : l’accompagnement psychosocial ; la dimension sociale, la dimension économique.
    Rappelons que cette importante activité a pour but de :
    – Imprégner les équipes des BAOS/DGASE sur les orientations de l’appui budgétaire ;
    – Faire la revue du document de politique Nationale de la Migration du Sénégal ;
    – Renforcer les capacités des assistants psychosociaux dans la détection et la prise en charge des besoins psychosociaux des migrants de retour.
    Le Sénégal, pour s’assurer de la compétitivité de sa Politique Nationale de la Migration compte à cet effet procéder à sa consolidation avec la dotation effective des assistants psychosociaux d’outils de détection du trouble de stress post-traumatique de la dépression, des symptômes psychotiques et de la suicidalité. En outre, ce travail important permet aussi une meilleure connaissance des équipes responsable de l’exécution budgétaire des objectifs et orientations de l’appui budgétaire de l’État du Sénégal.
    En tout et pour tout, quatre-vingt personnes (80) sont concernées par cette session afin que sur l’étendue nationale et partout où le besoin est, que les services de l’État du Sénégal à travers le MIAAE, SESE et la DGASE de par les BAOS, que les besoins en suivi psychosocial soient pris en compte. Ce travail devrait permettre une meilleure réponse face aux crises humanitaires liées à l’émigration irrégulière.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#migrationirreguliere#sante#santementale#psychosocial#retour

  • « Les jeunes préfèrent mourir en mer que mourir socialement au Sénégal »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/08/05/les-jeunes-preferent-mourir-en-mer-que-mourir-socialement-au-senegal_6268891

    « Les jeunes préfèrent mourir en mer que mourir socialement au Sénégal »
    Propos recueillis par Célia Cuordifede (Dakar, correspondance)
    Publié le 05 août 2024 à 19h00, modifié le 06 août 2024 à 07h26
    Le long des côtes sénégalaises, sur les flots périlleux de l’Atlantique, un combat se joue entre la marine nationale et les pirogues chargées de plusieurs dizaines, voire centaines de personnes en direction de l’Europe. Vendredi 26 juillet, une embarcation avec à son bord 200 migrants a été interceptée au large de Saint-Louis. La dernière en date d’une longue série ces dernières semaines.
    Au Sénégal, où 75 % de la population a moins de 35 ans et où le taux de chômage se maintient autour de 20 % depuis près de dix ans, les jeunes sont de plus en plus nombreux à fuir la pauvreté et, en dépit des périls, à prendre le chemin de l’émigration clandestine. Pour Le Monde Afrique, Abdoulaye Ngom, enseignant-chercheur en sociologie à l’université Assane-Seck de Ziguinchor, décrypte cette recrudescence des départs et leurs conséquences.
    Ces dernières semaines, on observe une recrudescence des interceptions de pirogues au large du Sénégal. Comment l’expliquez-vous ?
    La hausse du nombre de départs de bateaux irréguliers s’explique d’abord par des conditions climatiques favorables pour voyager en mer. Chaque année, pendant la période estivale, nous assistons au même phénomène.
    – Néanmoins, durant mes récentes enquêtes de terrain auprès des migrants, j’ai constaté que la politique de déguerpissement des marchands ambulants mise en place par les nouvelles autorités ces derniers mois, notamment à Dakar, a créé un appel d’air. Ces gens, qui pour la plupart n’avaient pour vivre que cette activité sur le marché informel, choisissent souvent de tenter leur chance en mer. Ces dernières semaines, ils sont surreprésentés parmi les candidats au départ. D’après le président de l’association nationale des marchands ambulants, 83 d’entre eux seraient décédés en mer au cours des trois derniers mois. Enfin, il y a une certaine désillusion de la jeunesse par rapport aux promesses faites par les nouvelles autorités, notamment en ce qui concerne l’emploi [le taux de chômage était de 23,2 % au premier trimestre, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie]. Depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, début avril, elle ne voit pas d’amélioration.
    N’est-ce pas un peu tôt pour accuser le nouveau président d’inertie ?
    –Oui, il est encore tôt pour le dire. Mais les jeunes qui ont accompagné et soutenu le projet du Pastef [le parti du président Bassirou Diomaye Faye et de son premier ministre, Ousmane Sonko] pensaient que les choses pourraient changer du jour au lendemain.
    En outre, si le phénomène de migration irrégulière est hypermédiatisé au Sénégal, on ne peut que constater le manque d’intérêt des autorités politiques, passées comme actuelles, pour cette question. C’est pourtant un dossier urgent. Des centaines de personnes sont déjà mortes ou portées disparues depuis le début de l’année.
    Les causes de départ sont-elles les mêmes aujourd’hui qu’en 2006, lors des premières vagues de départ ?
    –Le désespoir des jeunes s’est profondément accentué. En 2006, beaucoup de jeunes partaient, mais lorsqu’ils revenaient, rescapés d’un naufrage ou refoulés aux portes de l’Europe, ils ne retentaient pas ou peu la traversée, du moins de façon clandestine. Ces dernières années, 99 % des jeunes que j’ai interrogés disent qu’ils sont conscients du danger du voyage mais préfèrent mourir en mer plutôt que mourir socialement au Sénégal. Lorsqu’ils échouent à gagner l’Europe, ils retentent leur chance.En outre, depuis les années 2015, les réseaux de passeurs se sont largement développés au Sénégal, de Dakar à la Casamance [sud]. Aujourd’hui, il existe des personnes appelées les « intermédiaires », qui vont recruter les candidats à la migration. Ils vont démarcher dans les villages les plus reculés, dans les marchés, dans les ateliers de menuiserie et à tous les points de rencontre des jeunes, comme les terrains de foot…Depuis le début de l’année 2024, nous observons une multiplication des lieux de départ des pirogues le long des côtes sénégalaises. Jusqu’à présent, ceux-ci se concentraient dans les régions de Dakar, Saint-Louis [nord] et en Casamance. Désormais, il n’est plus rare de voir des embarcations partir de Djiffer, depuis le Sine Saloum [ouest], et plus largement dans la région de Fatick. C’est en grande partie lié au fait que les réseaux de passeurs organisés cherchent à déjouer la surveillance mise en place par les gardes-côtes, qui s’est renforcée notamment grâce à l’acquisition récente par la marine de trois patrouilleurs.
    Quel est le profil des candidats à l’émigration ?
    –Les personnes sans emploi et les travailleurs du secteur informel sont surreprésentés. De nombreux pêcheurs, touchés par la raréfaction des ressources halieutiques liée à la surpêche et qui ont vu leurs revenus baisser ces dernières années, font également partie des candidats au départ. D’autant plus que leur connaissance de l’océan est sollicitée par les réseaux de passeurs pour emmener des pirogues vers les îles Canaries, aux portes de l’Europe.Il faut toutefois préciser que depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, des avancées ont été faites, puisqu’il y a eu des renégociations de contrats annoncées avec les bateaux étrangers qui viennent pêcher dans les eaux sénégalaises. La situation pourrait donc favorablement évoluer pour les pêcheurs dans les prochains mois.
    Mais désormais, de plus en plus de personnes qui ont un emploi stable prennent la route de l’exil, car elles considèrent que leur salaire ne leur permet pas de « bien vivre » et qu’elles n’ont pas « réussi leur vie ». Ces deux notions sont très importantes aujourd’hui.
    Quelles sont les conséquences de ces départs sur ceux qui restent ?
    –Nous n’arrivons pas encore à les mesurer de façon précise, mais elles existent et sont de plus en plus visibles. Par exemple, en Casamance, on observe de plus en plus de champs laissés à l’abandon par leurs propriétaires qui ont émigré. Le Sénégal étant un pays d’agriculture, cela risque de poser des problèmes dans les années à venir. Dans beaucoup de villages, les hommes sont partis en masse. Restent alors les femmes, qui doivent gérer seule la charge de leurs enfants, de leur famille et de leur belle-famille. D’autre part, ceux qui restent, comme ceux qui partent, subissent des conséquences psychologiques, jusqu’ici très peu prises en charge au Sénégal. Dans les années à venir, l’un de nos défis sera de mesurer les conséquences de cette émigration.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#famille#emigration#jeune#peche#casamance#pauvrete#sante#santementale

  • Grèce : Amnesty international dénonce les « détentions arbitraires et illégales » des migrants du camp fermé de Samos - InfoMigrants
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    Grèce : Amnesty international dénonce les « détentions arbitraires et illégales » des migrants du camp fermé de Samos
    Par Leslie Carretero Publié le : 30/07/2024
    Dans un nouveau rapport publié mardi, Amnesty international dénonce « les arrestations arbitraires et illégales » des migrants, enfermés à leur arrivée dans une structure du centre fermé de Samos. L’ONG exhorte l’Union européenne à ne pas prendre ce camp en modèle pour la construction d’autres centres - prévus dans le cadre du Pacte migratoire récemment adopté.
    Amnesty international publie, mardi 30 juillet, un nouveau rapport au vitriol sur les conditions de vie des migrants dans le centre fermé de l’île de Samos (CCAC pour « centre fermé à accès contrôlé »), en Grèce. Dans ce document, qui s’intitule « Samos : ‘Nous nous sentons en prison sur l’île’ », l’ONG s’insurge notamment de la manière dont les demandeurs d’asile sont pris en charge à leur arrivée dans le camp.
    « Sous prétexte d’enregistrer et d’identifier les personnes, les autorités grecques détiennent de facto tous les résidents à leur arrivée, y compris les personnes en situation de vulnérabilité, en violation de leurs droits », rapporte Amnesty international, qui a effectué une visite à Samos en décembre 2023. « Les autorités soumettent systématiquement les demandeurs d’asile à une détention illégale et arbitraire », insiste l’organisation.
    Lorsqu’ils ont traversé la mer Égée et atteint l’île de Samos, les exilés sont transférés par les autorités dans le centre pour migrants de l’île. Là, ils sont enfermés dans une partie de la structure - en attendant leur identification - pour une durée maximum de 25 jours, où ils sont « soumis à des ordres de ‘restriction de liberté’ ». Ils ne peuvent pas sortir du camp, sauf pour des « raisons graves ».
    « Ces restrictions sont systématiquement appliquées sans évaluation individuelle. Cela va au-delà de ce qui peut être considéré comme une restriction légitime de la liberté de mouvement et équivaut à une détention illégale », affirme encore Amnesty international.
    L’ONG évoque aussi la surpopulation et ses conséquences. Lorsque le centre est saturé - 4 850 personnes hébergées en octobre 2023 pour une capacité de 3 650 places -, les migrants sont contraints de vivre dans « des espaces non résidentiels tels que les cuisines et les salles de classe (…) dans des conditions inadéquates », peut-on lire dans le rapport.Une situation qui exacerbe les problèmes déjà existants, comme l’absence de médecin permanent ou l’accès à l’eau. « Quand nous sommes arrivés au camp, il y avait de l’eau trois heures par jour. Les gens ne pouvaient pas prendre de douche en même temps. Nous mettions de l’eau dans une carafe. Nous prenons des douches, comme il y a 70 ans », raconte un Syrien cité par l’ONG.
    « Les conditions de vie des résidents, notamment en période de surpopulation dans le centre, peuvent être considérées comme inhumaines et dégradantes, en violation de l’interdiction des mauvais traitements », signale encore Amnesty international.
    Ce centre de Samos a pourtant été érigé en modèle lors de son ouverture en septembre 2021. Présenté comme ultra-moderne, en comparaison aux hotspots des îles de la mer Égée, il est présenté par l’Union européenne (UE) comme un exemple à suivre dans d’autres États membres - la Commission a investi 43 millions d’euros pour bâtir ce camp.
    Mais dès sa création, les humanitaires avaient fait part de leurs critiques. Des propos réitérés dans le rapport d’Amnesty international. « L’UE avait promis que ces centres seraient conformes aux ‘normes européennes’. Au lieu de cela, nous avons découvert un cauchemar dystopique [...] créant un environnement ‘carcéral’ », déplore l’ONG.Le site est ultra-sécurisé : barbelés permettant de délimiter le lieu, caméras de surveillance sur le site, portails métalliques de sécurité avec reconnaissance digitale et tourniquets à l’entrée, horaire de sortie autorisée entre 8h et 20h...
    « [Quand on arrive dans le camp] c’est le choc. On pense que l’on va trouver une situation agréable, mais c’est tout le contraire. C’est la prison. On dit que l’Europe c’est la liberté, mais ce n’est pas comme ça », témoigne dans le rapport Tasneem, une Soudanaise.
    « La Grèce est depuis longtemps un terrain d’essai pour des politiques migratoires de l’UE fondées sur l’exclusion (...). Les conclusions relatives à Samos montrent que ce modèle est punitif, coûteux et favorise les abus », dénonce Deprose Muchena, directeur général de l’Impact régional sur les droits humains à Amnesty International, cité dans le communiqué.L’ONG s’inquiète que la structure de Samos ne soit dupliquée dans d’autres pays européens, dans le cadre du Pacte sur l’asile et la migration. L’UE a adopté à la mi-mai une vaste réforme qui durcit le contrôle de l’immigration dont l’entrée en application est prévue mi-2026. Le texte prévoit notamment la construction de centres fermés aux frontières extérieures de l’UE. « Samos ouvre une fenêtre sur l’avenir du Pacte et offre une occasion cruciale à l’UE et à ses États membres de changer de cap. Les règles grecques en matière d’asile sur les ‘restrictions de liberté’ doivent être abrogées de toute urgence [...] », a déclaré Deprose Muchena. « Ne pas [les abroger] porterait gravement atteinte aux normes européennes en matière de droits fondamentaux, mais augmenterait aussi considérablement les traumatismes et les souffrances humaines aux frontières. »

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  • Royaume-Uni : le nouveau gouvernement annonce la fermeture du Bibby Stockholm, « prison flottante » pour demandeurs d’asile - InfoMigrants
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    Royaume-Uni : le nouveau gouvernement annonce la fermeture du Bibby Stockholm, « prison flottante » pour demandeurs d’asile
    Par Maïa Courtois Publié le : 24/07/2024
    C’est la fin d’un dispositif sous le feu des critiques depuis son ouverture il y a un an. Les travaillistes ont annoncé la fermeture, d’ici janvier, du Bibby Stockholm, ce navire-caserne hébergeant des centaines de demandeurs d’asile en attente de l’examen de leur dossier. Le contrat du Bibby Stockholm, ce navire-caserne militaire qui hébergeait des centaines de demandeurs d’asile au Royaume-Uni, ne sera pas renouvelé au-delà de janvier 2025, a annoncé mardi 23 juillet le Home Office, l’équivalent britannique du ministère de l’Intérieur.
    Amarrée au large de Portland, cette structure flottante est sous le feu des critiques depuis son ouverture il y a un an, en juillet 2023. Le Home Office, désormais sous la direction d’un gouvernement travailliste depuis les élections du 4 juillet, a déclaré que sa fermeture prochaine s’inscrivait dans un engagement à « résorber les retards » dans le traitement des demandes d’asile et à « réparer notre système d’asile ». Plusieurs dizaines de demandeurs d’asile hébergés à bord de la barge ont en effet manifesté la semaine dernière pour demander au nouveau gouvernement travailliste d’accélérer le traitement de leurs dossiers d’asile. Selon les dernières statistiques de l’asile du Parlement britannique, 86 000 premières demandes d’asile étaient encore en attente au printemps 2024. C’est certes mieux qu’à la même période en 2023 (134 000 dossiers en attente), mais cela reste quatre fois plus élevé que le rythme d’avant-Covid en 2018 (23 000 dossiers en attente).
    « Nous sommes déterminés à remettre de l’ordre dans le système d’asile, afin qu’il fonctionne de manière rapide, ferme et juste, et que les règles soient effectivement mises en œuvre », a déclaré dans un communiqué Angela Eagle, secrétaire d’État au Home Office.
    En outre, la prolongation de l’utilisation de la barge aurait coûté plus de 20 millions de livres sterling (près de 24 millions d’euros) l’année prochaine, rappelle la BBC. Et 7,7 milliards de livres sterling (plus de neuf milliards d’euros) dans les 10 prochaines années.
    Ce navire de trois étages et de 93 mètres de long était dotée de plus de 200 cabines, pouvant accueillir jusqu’à 500 demandeurs d’asile dans l’attente du traitement de leur dossier. Les arrivées à l’été 2023 avaient été chaotiques, notamment en raison de la présence de bactéries mortelles à bord. Qualifié de « prison flottante » par ses détracteurs, le dispositif est vivement critiqué depuis ses débuts. Dans un communiqué publié à l’été 2023, plus de 50 ONG l’avaient qualifié de lieu « cruel », « inhumain » et à même de raviver des traumatismes chez les exilés ayant survécu aux dangereuses traversées de la Méditerranée et de la Manche.
    Un ancien occupant avait décrit son quotidien à la BBC : « Nous avions l’impression d’être surveillés en permanence, d’être fouillés, mais aussi de ne pas être traités comme des adultes, avec un couvre-feu et l’impossibilité de sortir quand nous le souhaitions. J’avais parfois l’impression d’être un animal de zoo. »
    Le 19 mars, le quotidien anglais The Guardian avait fait part d’une action en justice initiée par la famille d’un demandeur d’asile décédé à bord. Son nom : Leonard Farruku. Le corps sans vie de ce jeune Albanais âgé de seulement 27 ans avait été retrouvé le 12 décembre dans les sanitaires de la barge. Aucun autre détail n’avait été rendu public, mais plusieurs sources avaient déclaré à la BBC que l’homme se serait suicidé.
    « Les conditions exiguës et dangereuses à bord du Bibby peuvent être profondément choquantes pour ceux qui ont survécu à la torture et à la persécution, en plus des expériences traumatisantes qu’ils ont vécues en route vers le Royaume-Uni », avait alors réagi Ann Salter de l’ONG Freedom from Torture. Les proches du jeune homme exigent depuis lors une enquête indépendante sur les circonstances de sa mort. Leonard Farruku, dont le Guardian a retracé en détails le parcours de vie avant son arrivée sur le Bibby Stockholm, rêvait de devenir musicien professionnel au Royaume-Uni.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#asile#sante#santementale#retention#migrationirreguliere

  • A Strasbourg, l’anxiété décuplée des réfugiés
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    A Strasbourg, l’anxiété décuplée des réfugiés
    Par Stéphanie Wenger (Strasbourg, correspondance)
    Ces dernières semaines, le climat politique houleux et la menace de l’arrivée du Rassemblement national (RN) au pouvoir sont entrés dans le cabinet de la psychiatre Myriam Cayemittes. Avec les patients étrangers qui redoutent le refus de leur demande d’asile ou d’hébergement. Avec ceux qui, installés depuis longtemps en France, craignent de perdre leur travail ou de devoir partir. Enfin, « la peur, aussi, d’une désinhibition de la parole et des actes racistes auxquels on est déjà confronté, comme si les résultats du premier tour avaient été une autorisation à dire et à faire. »
    Myriam Cayemittes préside aussi Parole sans frontière. Créée en 1991 à l’initiative de deux psychiatres strasbourgeois, cette association propose des consultations aux personnes migrantes « victimes de torture, de violence politique et de souffrances psychiques dues à l’exil », explique-t-elle. Trop souvent, la santé mentale des réfugiés est négligée et passe après les urgences matérielles et les questions juridiques.
    L’équipe d’une dizaine de personnes accueille aujourd’hui plus de cent patients (soixante-dix sont en liste d’attente). Les séances ont lieu avec des interprètes, les mêmes tout au long du suivi. Loin d’être des traducteurs ou des médiateurs culturels, ils « doivent laisser place à la subjectivité du patient », précise Myriam Cayemittes. Au premier étage d’un immeuble du centre-ville, dans la salle d’accueil de ­l’association, un portant chargé de vêtements et des boissons chaudes sont à disposition.
    Là, Sona Mkrtoumian est la première à être en contact avec les visiteurs. Dès l’annonce des bons scores du RN aux élections européennes, des personnes inquiètes se sont confiées à elle. Le parcours de la travailleuse sociale résonne avec le leur. Arménienne de Russie, elle est arrivée seule en France, à 16 ans. Bien qu’elle soit soulagée par les résultats du second tour, la jeune femme, issue d’une famille qui a fui le génocide en Turquie pour vivre en Russie, a été renvoyée, ces dernières semaines, à son passé douloureux.
    La perspective d’une majorité absolue du RN a secoué toute l’association, financée par des fonds publics (agence régionale de santé, ville, ministère de l’intérieur…). « La forte poussée de l’extrême droite a beaucoup occupé nos discussions, témoigne Myriam Cayemittes, qui décrit une équipe sous le choc. Ça a été difficile de contenir cette angoisse et d’être malgré tout soutenant pour les patients. Même si le RN ne parvient pas tout à fait à ses fins, il y a bien cette idée que la société française les rejette à 40 %. »Depuis quelques années, divers ateliers ont été mis en place : sophrologie – dont l’un est réservé aux femmes victimes de violences sexuelles – et arts plastiques, pour adultes et adolescents. Des activités à la fois récréatives et à visée thérapeutique. « Dans la conception occidentale, la parole est forcément libératrice, mais pour ceux dont le vécu est différent, ce n’est pas toujours le cas, elle peut créer de la souffrance… », explique Myriam Cayemittes. Elle souligne aussi les injonctions incessantes des institutions, qui attendent des récits « crédibles » et répétés pour l’obtention de l’asile ou n’importe quelle demande. « Il faut qu’on utilise d’autres moyens pour accéder à l’inconscient de certains patients, les soulager. »
    Dans la salle réservée aux ateliers, les œuvres des participants sont disposées sur une étagère ou accrochées aux murs. Sculptures en argile, aquarelles, dessins. Le jour de notre visite, les quatre personnes présentes réalisent des gravures. Après impression, la feuille révèle des dessins tracés en blanc sur fond de couleur vive : des montgolfières, des oiseaux, un visage de femme dont les cheveux se prolongent en grande fleur. Très loin des angoisses du quotidien et des débats politiques plombés.En fond sonore, Taylor Swift, à la demande de Hawa (qui n’a pas souhaité, comme les autres réfugiés cités, donner son nom de famille), 18 ans, qui sourit : « J’aime bien venir ici quand j’en ai l’énergie, j’oublie mes soucis. » Cette Tchadienne hébergée en foyer, suivie pour une grave infection de la moelle épinière, se déplace en fauteuil et est souvent hospitalisée. Le fait de peindre ou de dessiner lui offre une bulle de quiétude. Léa Fournier, l’animatrice formée à la HEAR (Haute école des arts du Rhin), confirme : « Penser à autre chose, c’est déjà énorme. Mais l’atelier permet aussi à des personnes très isolées de se retrouver, à des femmes de sortir de chez elles. On vient ou pas, pas besoin de se justifier. C’est un cadre fiable et rassurant. »
    Tout le mois de juin, Hawa a attendu une réponse pour savoir si elle pouvait intégrer une 2de professionnelle en comptabilité. Pour l’instant, c’est non. Cela prendra encore plus de temps pour son titre de séjour. Elle dit préférer ne pas se mêler de politique, mais « [s]on père, depuis le Tchad, a suivi les élections. Il [lui] en a parlé et [lui] a dit de faire attention ».Abdelmalik, réfugié afghan de 52 ans, est un habitué des ateliers artistiques et de sophrologie. « Les régimes totalitaires ont des conséquences très négatives sur l’état mental de la population », juge cet ancien militaire, qui a pu faire venir sa famille à Strasbourg et s’y sent en sécurité. Mais il raconte aussi les peines vécues par ceux qui fuient, les traumatismes causés par la guerre ou la violence, puis par l’exil et, enfin, par le racisme : « Pour ceux qui, après avoir vécu tout ça, arrivent en Europe avec l’espoir d’être accueillis, être rejeté, c’est une blessure. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#extremedroite#immigration#sante#santementale#asile

  • Dans les centres de détention bulgares, les migrants privés de leurs « droits humains fondamentaux » - InfoMigrants
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    Dans les centres de détention bulgares, les migrants privés de leurs « droits humains fondamentaux »
    Par Maïa Courtois Publié le : 17/06/2024
    Accès restreint au téléphone, présence de nuisibles, violences commises par les gardiens... Les témoignages recueillis par InfoMigrants sur les centres de détention bulgares pour migrants décrivent une réalité brutale. Pourtant, à l’orée de l’Europe, ces structures restent largement utilisées pour enfermer les exilés déboutés, ceux encore en recours, et même les demandeurs d’asile.
    Jambes très minces dans un jeans serré, bras croisés, Osman recule son buste contre sa chaise. Comme pour ne rater aucun détail de ce qu’il se passe. En même temps qu’il parle, il ouvre grand ses yeux noirs, abrités sous sa casquette de la même couleur. « C’est drôle, dès que je dis quelque chose vous le prenez en note. Comme si j’étais quelqu’un d’important ». Ce Syrien de 25 ans vient d’obtenir la protection subsidiaire de l’État bulgare. Mais le parcours avant d’obtenir cette réponse positive a été fastidieux. Arrêté il y a sept mois à Sofia en situation irrégulière alors qu’il tentait de sortir du pays pour rejoindre les Pays-Bas, le jeune homme a été placé au centre de détention de Lubiméts, au sud de la Bulgarie. Il en a été libéré au bout de 13 jours, après s’y être déclaré et enregistré comme demandeur d’asile.
    « À l’intérieur, c’est terrible. Il y a des insectes partout. Je n’arrivais pas à dormir car j’avais une phobie de la saleté. Et la police nous battait. Cela m’est arrivé quatre ou cinq fois pendant ces 13 jours », raconte-t-il. Dans ces centres de détention, les exilés n’ont qu’un accès très limité à leur téléphone. En théorie : quelques minutes par semaine. En pratique, « je n’avais aucune possibilité d’avoir mon téléphone », assure Osman.
    Lubiméts est l’un des deux centres de détention pour migrants en Bulgarie. L’autre, celui de Busmantsi, se trouve en périphérie de Sofia. Sohrab, un Afghan de 25 ans rencontré dans les rues de la capitale, a passé 14 jours dans le second. « Les conditions y étaient déplorables. Il y avait plus de 20 personnes dans une chambre », se souvient-il. Lui aussi en avait été libéré en y déposant une demande d’asile. Il existe un troisième centre fermé, à Elhovo, tout proche de la frontière turque. Fin 2022, le gouvernement bulgare « a officiellement désigné le centre de détention d’Elhovo comme centre de transit pour la redistribution des réfugiés ukrainiens nouvellement arrivés, malgré ses conditions totalement inadaptées », relate le réseau European Council on Refugees and Exiles.
    Les exilés tout juste interpellés peuvent s’enregistrer comme demandeurs d’asile à Lubiméts et Busmantsi, comme l’ont fait Osman et Sohrab. Ils sont alors libérés en quelques jours - deux semaines au maximum -, avant de rejoindre les centres d’hébergement ouverts et dédiés à ce public.Dans les centres de détention, sous l’autorité de l’Agence d’État pour les réfugiés, on trouve donc des demandeurs d’asile. Mais la majorité sont les déboutés. Ces exilés sont sous le coup d’une procédure de renvoi vers leur pays d’origine. Certains sont encore en recours, d’autres ont épuisé toutes les voies légales possibles.
    « Le problème, c’est que nombre de personnes déboutées, comme les Afghans ou les Syriens, ne peuvent pas être expulsées », souligne Victor Lilov, membre du Comité Helsinki bulgare. Et ce, faute de voie diplomatique pour obtenir des laissez-passer consulaires entre la Bulgarie et les gouvernements en place dans ces pays. « Il n’y a donc aucune raison de les maintenir enfermés ainsi », estime-t-il. La loi bulgare prévoit un enfermement d’une durée maximum de six mois.
    Mais pour certains détenus, ce délai est renouvelé jusqu’à 18 mois. Ces derniers, la plupart du temps, sont considérés comme des menaces pour l’ordre public et basculent, eux, sous la responsabilité de l’Agence d’État de la sécurité nationale. Pour justifier leur régime particulier, l’agence « produit des notes blanches [rapports d’information secrets remplis par les services de police ou de renseignement, ndlr], sans que l’on puisse connaître l’argumentaire », expose Victor Lilov. (...)
    (...) Busmantsi a tout d’une « prison sous haute surveillance », raconte Abdulrahman Al-Khalidi, depuis sa cellule, via messagerie cryptée à InfoMigrants. Il y a des « portes en fer, une présence permanente d’agents de sécurité, une absence de liberté de mouvement à l’intérieur ». Sans compter « des caméras de surveillance et du matériel d’écoute électronique actifs 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans les chambres ». Plusieurs sources racontent, comme lui, que les chambres sont verrouillées entre 22 heures et 7 heures du matin : l’accès aux sanitaires est ainsi rendu impossible. Des détenus se voient contraints d’utiliser des bidons ou des bouteilles d’eau vides pour faire leurs besoins la nuit. Photos à l’appui, Abdulrahman Al-Khalidi dénonce aussi des repas insuffisants - parfois un seul par jour. Ou encore la présence invasive d’insectes, dont des punaises de lit, causant des maladies de peau. En outre, l’accès aux machines à laver et sèche-linges leur est refusé. En avril, Human Rights Watch a dénoncé un passage à tabac subi par le Saoudien de la part d’agents du centre, et exigé l’ouverture d’une enquête. Interrogés sur ces violences, et plus généralement sur les conditions de vie décrites dans les propos et photos recueillis par InfoMigrants, le ministère de l’Intérieur et l’Agence d’État pour les réfugiés n’ont, pour l’heure, pas apporté de réponse.
    Abdulrahman Al-Khalidi, très fragile, déplore l’absence de suivi médical et psychologique. Et ce, même après une tentative de suicide en novembre 2022. Ces derniers mois, « ma dépression a atteint un pic, et les idées d’automutilation me reviennent plus fortes qu’avant », confie-t-il. Le Saoudien affirme avoir « écrit plusieurs lettres pour recevoir des soins psychologiques » à l’Agence d’État pour les réfugiés et aux services de police. Mais celles-ci auraient été « toutes ignorées : je n’ai reçu la visite d’un psychologue qu’une seule fois ». Ici, dans ce centre de détention pour migrants, « j’ai été privé de la plupart de mes droits humains fondamentaux », conclut-il. Des droits normalement « protégés par les lois internationales et européennes ».

    #Covid-19#migration#migrant#bulgarie#UE#politiquemigratoire#santementale#sante#droit#centrededetention

  • « Je ne veux pas rester ici » : en Bulgarie, des arrivées record de mineurs non accompagnés - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57690/je-ne-veux-pas-rester-ici--en-bulgarie-des-arrivees-record-de-mineurs-

    « Je ne veux pas rester ici » : en Bulgarie, des arrivées record de mineurs non accompagnés
    Par Maïa Courtois Publié le : 13/06/2024
    Près de 4 000 mineurs isolés ont déposé une demande de protection en Bulgarie en 2023. Un record. L’immense majorité vient de Syrie et d’Afghanistan. Mais l’Etat bulgare peine à proposer des solutions à ces enfants, en dehors d’un hébergement dans des centres pour demandeurs d’asile, sans aucun suivi rapproché. Reportages à Sofia et Harmanli.
    Maïa Courtois, envoyée spéciale en Bulgarie
    Sur le bord d’une route nationale au bitume brûlant, sur laquelle les voitures défilent à toute vitesse, deux enfants sont assis. Protégé des regards par quelques arbres bordant un sentier herbeux, le plus petit des deux mange une glace. Le plus grand, S., a 15 ans. Plein d’énergie, il explique que le garçon à ses côtés, M., n’en a que 9.
    Devant eux : le centre d’Harmanli, petite ville de quelques milliers d’habitants, située à cinquante kilomètres de la frontière avec la Turquie. C’est le premier point d’arrivée en Bulgarie, porte de l’Europe, pour les exilés venant de Turquie. Derrière eux : le centre d’accueil et d’enregistrement pour les demandeurs d’asile, où S. et M. sont tous deux hébergés.
    Comme l’immense majorité des demandeurs d’asile se trouvant actuellement à Harmanli, S. et M. sont Syriens. « Ici, dans ce centre, la situation est bonne », glisse S., juste avant que M., qui a peur d’en dire davantage à des inconnus, ne lui suggère de décamper. En une seconde, les deux petits s’évaporent, non sans un geste d’au revoir et de larges sourires.
    Mi-mai, les autorités bulgares ont inauguré une nouvelle zone d’accueil, entièrement dédiée aux mineurs non-accompagnés et aux familles, dans l’enceinte du centre de Harmanli. Géré avec l’aide du Haut commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (HCR) et de l’Unicef notamment, cette zone a une capacité d’accueil de 98 personnes. Malgré nos demandes adressées au responsable du centre de Harmanli, nous n’avons pas eu l’autorisation d’y entrer.
    Cette inauguration répond à un besoin urgent : les arrivées de mineurs non-accompagnés sont en hausse. 2023 a été une année record. Sur les 22 518 demandes d’asile enregistrées par les autorités bulgares, près de 4 000 émanaient de mineurs isolés. L’année précédente, en 2022, ils étaient déjà près de 3 300.
    « L’âge de ces mineurs que nous accompagnons a également chuté en 2023 », observe Diana Radoslavova, coordinatrice de Voice in Bulgaria, qui évoque des enfants seuls d’à peine 13 ans. Une centaine de mineurs isolés arrivés en 2023 a en effet moins de 14 ans. Cette ONG a mis en place un Centre d’aide juridique, dont les permanences se tiennent dans un bureau à Sofia, la capitale du pays, pour appuyer les exilés, y compris les mineurs isolés, dans leur demande de protection internationale.
    Entre janvier et avril 2024, d’après les dernière statistiques de la State Agency for Refugees (la division ministérielle en charge des demandeurs d’asile et réfugiés), 358 mineurs non accompagnés sont arrivés en Bulgarie et y ont demandé une protection. Plus de la moitié (191) viennent de Syrie. La seconde nationalité la plus importante : les Afghans. Suivis des mineurs égyptiens et, à la marge seulement, des enfants marocains, irakiens et pakistanais.
    Les enfants afghans sont hébergés, eux, plutôt à Sofia. Tout un étage du centre d’accueil et d’enregistrement de Voenna Rampa, en périphérie de la capitale, est réservé à ces mineurs non-accompagnés. Pour y accéder, les transports en commun sont rares et distants. Il faut cheminer plusieurs dizaines de minutes entre les entrepôts logistiques, les poids lourds plein de rouille et les décharges de ferraille d’une zone industrielle.
    Sur cette route peu hospitalière, Shahzada, 17 ans, et Khan Agha, 16 ans, marchent d’un bon pas. C’est l’heure pour eux de rejoindre la distribution du repas à l’intérieur du centre, sac plastique dans les mains. Khan Agha a quitté son pays, l’Afghanistan, il y a un an et demi. Puis il a passé plus d’un an en Turquie : « Je travaillais dans une petite ville turque, dans une usine, pour gagner ma vie et payer le passeur ». C’est aussi le cas de son ami Shahzada, parti sur les routes plus tôt, et arrivé six mois avant lui sur le territoire turc.
    « Soit on reste ici, soit on reprend notre route » vers l’Europe de l’ouest.
    (...) Khan Agha assure avoir réussi à passer de la Turquie vers la Bulgarie « sans difficulté ». Shahzada ne peut pas en dire autant : la première fois qu’il a tenté de passer, début 2024, « les garde-frontières bulgares m’ont arrêté et refoulé. Ils ont pris mon portable et mon argent ». La seconde tentative fut la bonne. Les deux jeunes hommes sont sur le territoire bulgare depuis une dizaine de jours seulement. Leur plan pour la suite ? « C’est 50/50. On ne s’est pas encore décidés : soit on reste ici, soit on reprend notre route » vers un pays plus à l’ouest de l’Europe, confient-ils, un peu perdus.
    Ici, au centre de Voenna Rampa, le troisième étage, donc, est entièrement dédié à l’hébergement des mineurs. « Il y a beaucoup d’Afghans. Le repas n’est pas mal, c’est suffisant », décrivent les deux jeunes sans se plaindre.Chaque fin d’après-midi, à 18 heures, les portes du centre se ferment. Elles ne rouvriront qu’à 9 heures le lendemain matin.
    Alors en cette fin de matinée, certains jeunes ont besoin d’aller prendre l’air. Comme Kamran, 17 ans, qui vient de sortir du centre avec deux amis, juste pour faire un tour. Lui aussi se trouve à Sofia depuis une dizaine de jours. Il a quitté l’Afghanistan fin 2022, avant de passer plus de huit mois en Turquie. En revanche, de son côté, aucune hésitation : « Je ne veux absolument pas rester en Bulgarie. Je veux aller en Allemagne. Puisque je suis mineur, on ne va pas me renvoyer ici », espère-t-il. Kamran n’est pas du tout à l’aise avec les conditions de vie à Voenna Rampa. « Le repas qu’on nous donne ici n’est ni bon ni suffisant. C’est ce qu’on donne aux prisonniers. » Surtout, il se sent mal accompagné : « Il y a un médecin, mais qui prescrit un seul médicament pour toutes sortes de douleurs. »
    Malgré nos sollicitations, l’accès à Voenna Rampa nous a aussi été refusé : « Aucun journaliste ni aucune caméra n’est autorisé à entrer dans le centre », nous fait savoir l’agent de sécurité, qui contrôle fermement les entrées et sorties.
    « Ces centres devraient être la dernière option pour ces enfants », fustige Diana Radoslavova, de Voice in Bulgaria. « Surtout les plus jeunes qui ont autour de 13 ans, voire en-dessous, 10 ans... Pour eux, nous devrions mobiliser le système de protection de l’enfance bulgare, et seulement en tout dernier recours les placer dans ces centres ». Or, très peu de mineurs isolés accèdent au dispositif national de protection de l’enfance. Les places sont rares, une fois les enfants bulgares pris en charge. Plusieurs ONG intensifient cette année leur travail de sensibilisation auprès de familles d’accueil bulgares, pour répondre au manque de solutions. « Personne ne veut d’eux », déplore Diana Dimova, responsable de l’ONG Mission Wings basé à Harmanli, qui organise des activités ludiques et sportives pour les enfants du centre. « Souvent, nous créons ici un lien avec des enfants qui, quelques mois après, disparaissent dans la nature. Nous perdons leur trace. Il est arrivé que l’on apprenne plus tard que certains sont morts plus loin, seuls, à une autre frontière. C’est le sujet le plus douloureux pour moi ».

    #Covid-19#migrant#migration#bulgarie#routemigratoire#MNA#sante#santementale#droit#enfance

  • L’Australie transfère à nouveau des demandeurs d’asile en rétention à Nauru
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/06/11/l-australie-transfere-a-nouveau-des-demandeurs-d-asile-en-retention-a-nauru_

    L’Australie transfère à nouveau des demandeurs d’asile en rétention à Nauru
    Par Isabelle Dellerba (Sydney, correspondance)
    Publié le 11 juin 2024 à 18h25
    Combien de demandeurs d’asile ont-ils été envoyés par l’Australie dans le micro-Etat de Nauru, dans le Pacifique Sud, depuis un an ? En juin 2023, il ne restait plus aucun réfugié sur l’îlot qui, depuis 2012, prend en charge des migrants illégaux sous-traités par Canberra dans le cadre de sa politique migratoire de rétention offshore. Mais dès le mois de septembre, et pour la première fois en neuf ans, l’Australie a transféré là-bas onze nouveaux clandestins suite à une « arrivée maritime non autorisée ». D’autres bateaux ont suivi, dont au moins trois en mai. Depuis, le cap des cent personnes aurait été franchi.
    Le nombre exact est gardé secret par les autorités australiennes « pour des raisons de sensibilité opérationnelle ». Le Asylum Seeker Resource Centre (ASRC), une organisation non gouvernementale qui offre un soutien et des services aux demandeurs d’asile et aux réfugiés, estimait, vendredi 7 juin, qu’ils seraient 101. « Il a été extrêmement difficile d’établir un contact avec eux. Le gouvernement a rendu cela très compliqué en leur fournissant des téléphones qui ne sont pas des smartphones. Mais nous avons finalement réussi à contacter beaucoup d’entre eux, et nous essayons de les aider », explique au Monde Ogy Simic, responsable du plaidoyer pour l’ASRC, qui s’alarme, comme toutes les ONG engagées dans le secteur, du « manque de transparence sans précédent » des autorités concernant à la fois l’identité de ces personnes, les lieux où elles sont envoyées et leurs conditions de détention.
    Arrivé au pouvoir en mai 2022, le premier ministre travailliste, Anthony Albanese, n’a pas renoncé à l’implacable mais populaire politique migratoire développée par les conservateurs en 2013, prévoyant que tout migrant illégal intercepté en mer soit expédié dans un centre de rétention offshore et se voie interdire, à vie, de la possibilité de s’établir sur l’île-continent. L’adoption de cette stratégie avait permis au pays de mettre un terme à l’arrivée de quelque 200 bateaux clandestins par an, en moyenne, entre 2010 et 2013, mais elle avait aussi envoyé en enfer 3 127 personnes originaires d’Afghanistan, du Sri Lanka ou encore du Moyen-Orient, abandonnées loin de tout pour une durée indéterminée. Le régime de traitement offshore de l’Australie constitue un « traitement cruel, inhumain ou dégradant » et viole « les règles fondamentales du droit international », avait ainsi déclaré, en février 2020, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale.
    Au fil des ans, au moins douze personnes sont mortes dans ces centres, dont la moitié se seraient suicidées. Si Canberra a finalement réussi à les vider grâce à des accords d’accueil conclus avec des pays tiers, dont les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande, cela lui a pris des années. Plusieurs centaines de migrants, rapatriés pour raisons sanitaires en Australie, sont toujours dans les limbes. « Nous sommes extrêmement déçus par le gouvernement travailliste qui, au lieu de s’engager fermement à mettre fin à la détention offshore, a renvoyé des nouveaux demandeurs d’asile à Nauru. Nous repartons à zéro. C’est un film d’horreur politique », se désole Ian Rintoul, porte-parole de la Refugee Action Coalition.
    Après les onze premières personnes transférées à Nauru en septembre, d’autres groupes ont suivi, pour atteindre 54 personnes en mars, puis 64 en mai, selon l’un des rares décomptes donnés par les autorités. Les ONG estiment qu’au moins trois bateaux seraient arrivés en Australie en mai et que la plupart de leurs passagers auraient également été transportés sur l’îlot, situé à 3 000 kilomètres au nord-est du continent austral. Là-bas, ils seraient enfermés dans le centre de rétention RPC1 qui, ces dernières années, avait essentiellement servi de petite clinique d’urgence, de centre administratif et de logement pour les gardes de sécurité, tandis que les réfugiés avaient été placés dans des centres ouverts, ce qui n’avait pas suffi à atténuer leur détresse psychologique.
    « Ces nouveaux demandeurs d’asile éprouvent également une anxiété considérable, témoigne Ogy Simic. Nous avons parlé avec des personnes souffrant de problèmes de santé mentale dont les difficultés sont minimisées. Certains d’entre eux ont également des pensées suicidaires. » Leur situation est d’autant plus préoccupante qu’ils ne sont pas compris dans les accords passés avec des pays tiers et qu’ils pourraient devoir attendre, à leur tour, des années avant qu’un Etat n’accepte de les accueillir.
    « Tout cela fait partie d’une politique de relations publiques conçue pour infliger une douleur maximale à des personnes innocentes, prétendument pour envoyer un message aux éventuels passeurs. Le gouvernement australien, qui refuse même aux parlementaires de visiter les centres de rétention, pratique une forme de cruauté performative », dénonce le sénateur David Shoebridge, responsable des questions migratoires au sein des Verts australiens, qui s’insurge également contre le coût exorbitant de cette politique, qu’il considère comme une « utilisation obscène de l’argent public ».
    Selon les derniers chiffres fournis par le gouvernement, début juin, la facture pour les neuf mois entre juillet 2023 et mars 2024 s’élève à 240 millions de dollars australiens (146 millions d’euros). Le maintien des installations, même vides, continuerait de coûter au moins 350 millions de dollars (213 millions d’euros) par an afin qu’elles restent opérationnelles, avaient indiqué les autorités en mai 2023. Depuis 2012, le coût total du régime de traitement offshore de l’Australie est estimé à près de 10 milliards de dollars (6 milliards d’euros).

    #Covid-19#migrant#migration#australie#asile#nauru#droit#sante#santementale#politiquemigratoire

  • Des milliers d’Africains expulsés par l’Algérie en détresse au Niger
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/06/10/au-niger-assamaka-porte-de-l-enfer-des-senegalais-chasses-d-algerie_6238507_

    Des milliers d’Africains expulsés par l’Algérie en détresse au Niger
    Par Abbas Asamaan (Dakar, correspondance)
    « Où est la rupture ? Où est le changement [promis par le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye] ? », proteste Mouhamadoul Makhtar Thiam, étudiant perdu dans l’enfer d’Assamaka, poste-frontière nigérien, à 15 kilomètres de l’Algérie et 4 000 kilomètres de Dakar. L’homme de 24 ans, joint au téléphone par Le Monde, a été jeté dans le désert, le 29 mars, par les forces de sécurité algériennes. Depuis, il multiplie les appels aux autorités sénégalaises pour être rapatrié.
    « On est 150 migrants sénégalais coincés dans le désert, témoigne, à ses côtés, un compatriote. Il y a urgence, certains sont blessés. » Le centre de santé d’Assamaka, géré par les équipes de Médecins sans frontières (MSF), est en effet débordé par l’afflux de migrants. Dans une vidéo transmise au Monde, un autre Sénégalais, Mohamed Diallo, montre les traces de brûlure qui constellent ses bras et son torse. « Un lynchage », survenu à Tamanrasset, la dernière ville du Grand Sud algérien, assure Mouhamadoul Makhtar Thiam. « Il est souffrant, on doit l’évacuer au plus vite », s’énerve-t-il, alors que l’Algérie multiplie les refoulements massifs.
    En 2023, d’après MSF, plus de 22 250 migrants subsahariens ont été expulsés à Assamaka. Selon les sources, Alger en a expulsé entre 7 000 et 9 000 autres depuis le début de l’année, provoquant un raidissement diplomatique avec le Niger. En dépit de l’émoi suscité dans les médias sénégalais – une vidéo que Mouhamadoul Makhtar Thiam avait envoyée à l’ONG sénégalaise Horizons sans frontières a été diffusée au journal télévisé de TFM, l’une des chaînes les plus regardées du Sénégal, début juin –, ni le président, Bassirou Diomaye Faye, ni son premier ministre, Ousmane Sonko, ni le secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur n’ont réagi publiquement. « On n’est pas dans l’émotionnel », s’agace une source proche de ce dernier.
    Les expulsions, elles, se font sans compassion : des camions à bestiaux partis d’Algérie déversant des sans-papiers au « point zéro » de la frontière avec le Niger, forçant, en 2023, selon une source humanitaire, au moins 16 000 personnes à parcourir 15 kilomètres sous le soleil brûlant jusqu’à Assamaka. « Je pensais que mon cauchemar allait prendre fin, confie Mouhamadoul Makhtar Thiam. Mais ça n’était que la suite de l’enfer que je vis depuis février. »
    Son exode ponctué de sept séjours en prison dans les geôles algériennes a été motivé, précise-t-il, « par le régime de répression de Macky Sall », au pouvoir jusqu’en avril. Une journée, celle du refoulement, le 29 mars, reste gravée dans sa mémoire : « Il était 13 heures, le soleil au zénith, une chaleur suffocante, et nous n’avions ni eau ni téléphone. Je voyais les gens tomber et mourir sous mes yeux, et j’étais impuissant. »
    Depuis, l’étudiant sénégalais s’efforce de survivre avec très peu d’eau potable, confronté à des rixes incessantes entre migrants, dont le nombre ne cesse de croître. « Ce mercredi encore, vingt et un ont été refoulés » d’Algérie, dit-il. Comme cent quarante de ses camarades, tous âgés de moins de 35 ans, il a fait le choix du « rapatriement volontaire », procédure de l’Organisation internationale pour les migrations.
    « Des urgences migratoires ont été résolues en une journée », rappelle pourtant une source diplomatique sénégalaise, citant le rapatriement express, en 2023, sous la présidence de Macky Sall, de trente-sept Sénégalais de l’île de Sal, au Cap-Vert, ou le retour au pays de soixante-seize autres de Tunisie, après la vague xénophobe, consécutive aux propos racistes du président Kaïs Saïed sur les Africains subsahariens.
    « On n’est pas à la hauteur au Sénégal, enrage Boubacar Sèye, président d’Horizons sans frontières. Il faut mettre en place une agence autonome chargée des migrations internationales pour avoir un réel accompagnement pour toutes ces personnes en détresse. » Sans le battage médiatique, les milliers de Sénégalais partis sur les routes maritimes ou terrestres de l’exode auraient été abandonnés à leur sort, veut croire cette infatigable vigie des questions migratoires.
    Alors qu’approche la Tabaski, l’équivalent ouest-africain de l’Aïd-el-Kébir, l’exécutif sénégalais observe avec prudence les appels à l’aide, par crainte d’éveiller une opinion choquée par les drames répétés de l’immigration clandestine et les arrivées massives de concitoyens sur les îles Canaries. D’après les autorités espagnoles, la majorité des 32 000 migrants arrivés – un record – en 2023 étaient des Sénégalais. Selon nos informations, aucune autorité consulaire sénégalaise n’a, à ce jour, rencontré Mohamed Diallo, le jeune homme qui porte des marques de brûlure. Pour le faire soigner, ses proches ont fini par le faire évacuer à Agadez, la principale ville du Nord nigérien, à quelques centaines de kilomètres de « la prison à ciel ouvert d’Assamaka », selon l’expression de Mouhamadoul Makhtar Thiam, mais encore loin de Dakar.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#niger#assamaka#algerie#espagne#canaries#MSF#OIM#refoulement#sante#santementaleagadez

  • Valeria Falaski, Cheffe intérimaire OIM/Sénégal : Les États doivent se concerter pour une migration basée sur le respect des droits humains »
    https://www.dakaractu.com/Valeria-Falaski-Cheffe-interimaire-OIM-Senegal-Les-Etats-doivent-se-conce

    Valeria Falaski, Cheffe intérimaire OIM/Sénégal : Les États doivent se concerter pour une migration basée sur le respect des droits humains »
    L’État du Sénégal et ses partenaires sont à pied d’ œuvre pour trouver une solution aux flux migratoires irréguliers devenus un fléau national. C’est pourquoi le programme de protection, de retour et de réintégration des migrants en Afrique Subsaharienne est mis en place. Sur ce, la cheffe intérimaire de OIM/Sénégal signifie que « c’est pour mettre en place un cadre de concertation technique pour l’appui au retour volontaire des migrants. La migration doit être ordonnée, sûre et régulière. Les Etats doivent se concerter pour une migration basée sur le respect des droits humains », laisse entendre la cheffe par intérim de l’Oim au Sénégal à l’occasion de l’atelier de partage et de stabilisation des termes de références du Groupe de Travail Technique autour de l’assistance à l’arrivée, la réintégration, la protection, la santé mentale et le soutien psychosocial.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#OIM#migrationirreguliere#retourvolontaire#reintegration#protection#santementale#psychosocial

  • Expulsions en Algérie : 11 migrants meurent de soif dans le désert, selon Alarme Phone Sahara - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57104/expulsions-en-algerie--11-migrants-meurent-de-soif-dans-le-desert-selo

    Expulsions en Algérie : 11 migrants meurent de soif dans le désert, selon Alarme Phone Sahara
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 20/05/2024
    En deux mois, 11 migrants sont morts de soif dans le désert algérien, à la frontière du Niger, dans la zone dite du « Point Zéro ». Les expulsions de migrants subsahariens par les autorités d’Alger se poursuivent, en dépit de toute légalité, à un rythme soutenu : depuis janvier 2024, déjà 10 000 personnes ont été abandonnées dans le désert par Alger, selon l’association Alarme Phone Sahara.
    Le 12 mai, un Malien est retrouvé inconscient dans le désert du Sahara, dans la région dite du « Point Zéro », cette zone qui marque la frontière entre l’Algérie et le Niger, par les équipes du collectif Alarme Phone Sahara. Il fait plus de 45 degrés. Abandonné là quelques heures plus tôt par les autorités algériennes, l’homme est emmené au plus vite à Assamaka, la première ville frontalière à 15 km de là, au Niger.
    « Mais il était trop tard, il est malheureusement décédé. Il faisait trop chaud », raconte à InfoMigrants Azizou Chehou, coordinateur de l’association Alarme Phone Sahara.Deux jours plus tôt, sept corps avaient été retrouvés dans la même zone, entre le Point Zéro et Assamaka. « Il s’agissait de trois Maliens, deux Guinéens, un Burkinabé, et un corps non identifié », énumère Azizou Chehou. « Eux aussi sont morts de soif ».
    Le 5 avril, autre découverte macabre : trois corps en état de décomposition sont retrouvés par les équipes d’Alarme Phone Sahara, toujours vers le Point Zéro. « Ils n’ont pas dû supporter la chaleur. Ils devaient eux aussi être épuisés, sans réserve d’eau. Nous n’avons pas trouvé de documents sur eux, nous n’avons pas pu les identifier », précise Azizou Chehou.
    C’est en plein Sahara aux portes du désert du Ténéré que sont envoyés depuis des années les exilés, majoritairement subsahariens, par les autorités d’Alger.Selon les équipes d’Alarme Phone Sahara - basées à Agadez, Assamaka, Arlit, Niamey, dans la région de Kawar (sur la route vers la Libye), déjà 10 000 migrants ont été expulsés depuis le début de l’année. « Et nous sommes seulement au mois de mai, si la tendance se maintient, on risque de dépasser le chiffre de 2023 : 23 000 expulsés ».
    Sur son compte X (anciennement Twitter), Alarme Phone Sahara documente ces abandons et les arrivées au Niger qui en résultent : le 26 avril 2024, « 647 personnes arrivées à Assamaka », le 21 avril, « 262 exilés sont arrivés à Assamaka ». « La chaleur extrême qui s’est installée dans la zone sahélienne depuis des semaines rend une fois de plus les conditions de vie des migrants difficiles & très préoccupantes », peut-on encore lire sur X.
    Au mois de janvier, Alarme Phone Sahara évoquait aussi la reprise des rafles par les autorités algériennes dans les villes du pays. « Ces arrestations arbitraires ont toujours existé mais leur fréquence varie. Aujourd’hui, on arrête les Noirs dans leur appartement, dans la rue, sur leur lieu de travail, sur les terrains de sport et puis on les envoie vers Point zéro », expliquait alors l’organisation.
    Il existe aussi des renvois « dominos ». Depuis des mois, par exemple, la Tunisie expulse elle aussi illégalement des Subsahariens vers la Libye et l’Algérie. « Quand les autorités algériennes constatent que des Noirs ont traversé la frontière, ils les arrêtent ». Puis ces migrants « sont expulsés à leur tour » vers le Niger, détaille Azizou Chehou.
    Combien meurent sans laisser de traces ? « Nous ne pouvons pas savoir, malheureusement. Nous n’avons pas le matériel ou les véhicules adéquat pour aller les chercher dans le désert », déplore Azizou Chehou. Chaque année, de nombreux exilés disparaissent dans le Sahara. Ils peuvent se perdre, mourir de déshydratation, ou être victimes de groupes mafieux.
    Amadou, un migrant contacté par InfoMigrants en juillet 2020, racontait avoir vu trois personnes mourir sous ses yeux dans le désert. « Ils étaient tellement fatigués qu’ils se sont effondrés au sol », avait expliqué le jeune Africain qui travaillait depuis deux ans en Algérie avant d’être arrêté. Face à l’intensification des violentes opérations de refoulements de Subsahariens par les autorités algériennes, la junte au pouvoir au Niger a convoqué, le 3 avril, l’ambassadeur algérien dans le pays.
    Le secrétaire général adjoint du ministère nigérien des Affaires étrangères, Oumar Ibrahim Sidi, qui a reçu le diplomate algérien, « a formellement exprimé les protestations des plus hautes autorités nigériennes contre le caractère violent du mode opératoire utilisé par les services de sécurité algériens pour mener ces opérations ». Il « a demandé » au diplomate algérien « d’intercéder » auprès des autorités de son pays, afin que les refoulements s’opèrent notamment « dans le respect de la dignité de l’intégrité physique et morale » des migrants.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#tunisie#algerie#afriquesubsaharienne#refoulement#deserttenere#agadez#assamaka#arlit#niamey#morbite#mortalite#sante#santementale

  • Royaume-Uni : en un an, des centaines de migrants condamnés pour « arrivée illégale » après avoir traversé la Manche - InfoMigrants
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    Royaume-Uni : en un an, des centaines de migrants condamnés pour « arrivée illégale » après avoir traversé la Manche
    Par La rédaction Publié le : 27/02/2024
    Depuis l’entrée en vigueur du Nationality and Borders Act en juin 2022, les autorités britanniques ont multiplié les arrestations de migrants débarqués sur son sol en « small boat ». En un an, environ 240 personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette loi, qui prévoit des peines de prison ferme pour les exilés condamnés.
    Des migrants dans l’illégalité pour avoir traversé la Manche. D’après une étude menée par l’université d’Oxford et une coalition d’organisations caritatives, quelque 240 personnes ont été accusées « d’arrivée illégale » au Royaume-Uni à la suite de la mise en place du Nationality and Borders Act (NABA). Ce délit, défini par l’article 24 de la loi a été introduit en juin 2022 et est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison.
    L’année qui a suivi l’application du NABA, de juin 2022 à juin 2023, 165 personnes ont été condamnées par la justice britannique pour ce délit.D’après les chercheurs, les ressortissants albanais, soudanais et égyptiens sont surreprésentés parmi les personnes arrêtées pour entrée illégale, au regard du nombre d’arrivées.
    Une infraction plus grave, inscrit dans l’article 25, qui consiste à faciliter l’arrivée dans le pays, est également en vigueur. Celle-ci est passible de la peine maximale de la réclusion à perpétuité. Ainsi, depuis la promulgation du NABA, 49 personnes ont été accusés d’avoir commis ce délit, en conduisant des embarcations par exemple, et sept ont été condamnées.
    L’étude pointe l’augmentation des arrestations en lien avec cet article : en 2022, une personne sur dix était arrêtée pour son rôle présumé dans la conduite du bateau. En 2023, ce chiffre est passé à une sur sept. Selon l’organisation caritative Humans for Rights Network, ces arrestations concernent aussi les mineurs. Ainsi, une quinzaine de jeunes ont été traités à tort comme des adultes et accusés des délits institués par le NABA, et 14 d’entre eux ont été incarcérés dans une prison pour adultes. Cinq ont finalement été attestés mineurs et ont été hébergés comme tels par les autorités locales. D’après le rapport, l’évaluation de l’âge des migrants se faits sur des caractéristiques physiques aléatoires, tels que la « voix cassée », une « moustache », une « mâchoire forte » ou des « épaules larges » et un « rasage évident ».
    La reconnaissance de minorité est une problématique récurrente dans le pays. En 2022, au moins 867 migrants mineurs ont été considérés à tort comme des adultes par le Home Office, d’après un rapport publié par les ONG Human Rights Network, Asylum Aid et Helen Bamber Foundation. Ces mineurs ont été « placés seuls dans des hébergements aux côtés d’adultes, ou dans des centres de détention pour migrants, exposés à des risques importants », affirmait le document.
    Un réfugié syrien, Zain, interrogé par les chercheurs de l’université d’Oxford, affirme avoir vu des adolescents dans la prison HMP Elmley, dans le Kent. « Les adolescents, quand ils arrivent à la prison, arrêtent tout de suite de manger, ils arrêtent de communiquer. Ils ont transféré [un jeune] au quatrième étage avec les détenus à haut risque, a-t-il raconté. Au bout d’un mois, il a commencé à devenir très maigre. Il a commencé à avoir des problèmes de santé mentale. Il pensait que les gardes étaient là pour le tuer, envoyés par des gens [de son pays] ».
    Depuis deux ans, le Royaume-Uni s’est lancée dans une politique punitive à l’encontre des migrants arrivés sur son sol via la mer. Cette voie prise par les autorités britanniques n’est pas sans rappeler celle appliquée - à un degré supérieur, pour le moment - par la Grèce. Régulièrement, des exilés y sont condamnés à des peines de prison dépassant la centaine d’années.Au Royaume-Uni désormais, se poster à la barre d’une embarcation suffit à incriminer un passager. Le plus souvent, les preuves sont constituées de photographies « provenant de drones ou d’officiers de la Border Force équipés d’appareils photo à long objectif », avait souligné à InfoMigrants en juillet 2023 Victoria Taylor, doctorante au Centre de Criminologie de l’Université de droit d’Oxford et membre du laboratoire de recherche Border Criminologies. Parfois aussi, les témoignages d’autres passagers du canot suffisent.
    Aussi, dans au moins une des affaires observées au tribunal par le réseau de chercheurs dont elle fait partie, "la simple « proximité » de la barre du canot a été suffisante pour justifier l’inculpation". Et ce, malgré les dénégations du prévenu.Le 23 février, un Sénégalais, Ibrahima Bah, a été condamné à 9 ans et demi de prison après le naufrage d’une embarcation, le 14 décembre 2022, qui avait coûté la mort à quatre migrants. Contrairement aux autres passagers dans le bateau, Ibrahima Bah n’avait pas payé sa traversée en échange de quoi il devait conduire le canot.Lors du procès, l’un des survivants a raconté les cris et les appels à l’aide, avant qu’un bateau de pêche ne vienne à leur secours. Il a aussi défendu Ibrahima Bah en expliquant que ce dernier avait essayé de rapprocher l’embarcation du bateau de pêche, et que sans lui « nous serions tous morts ».
    Le 2 février, un Soudanais de 22 ans a écopé, lui, de 18 mois de prison pour « facilitation » de l’immigration clandestine. Le jeune homme « a été aperçu en train de contrôler la barre [du bateau]. Il a coupé le moteur et a tenté de s’éloigner de la barre à l’approche du navire des forces frontalières », a précisé la National crime agency (NCA). Le Soudanais de 22 ans a expliqué avoir quitté son pays en février 2021 et avoir traversé le Tchad, la Libye et la Tunisie avant de traverser la Méditerranée. Arrivé en Italie, il a rejoint la France. Puis le Royaume-Uni, où il vit désormais en prison.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#prison#immigrationclandestine#smallboat#traversee#sante#santementale#droit

  • Royaume-Uni : un rapport s’alarme de la détention illimitée des migrants en attente de leur expulsion - InfoMigrants
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    Royaume-Uni : un rapport s’alarme de la détention illimitée des migrants en attente de leur expulsion
    Par Leslie Carretero Publié le : 09/02/2024
    Un rapport publié jeudi par le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) alerte sur la détention illimitée au Royaume-Uni de migrants en attente de leur expulsion - et s’alarme des conséquences sur leur santé mentale. Certains étrangers ont ainsi passé plusieurs années en centre de rétention britannique, alors même que leur renvoi dans leur pays d’origine était impossible.
    Nouvelle charge contre la politique migratoire du Royaume-Uni. Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) a rendu public jeudi 8 février ses conclusions sur les conditions d’enfermement des migrants dans les centres de rétention britanniques (IRC, pour immigration removal centre). L’institution soulève une série d’"inquiétudes" quant à la prise en charge des étrangers retenus dans ces structures « semblables à des prisons ».
    Le rapport fait suite à des visites dans plusieurs lieux en mars et avril 2023, notamment à l’IRC de Brook House (près de l’aéroport de Gatwick), celui de Colnbrook (près de l’aéroport d’Heathrow) ou encore de Derwentside (près de Newcastle dans le nord de l’Angleterre).
    Les inspecteurs se montrent particulièrement préoccupés par la détention illimitée des exilés aux Royaume-Uni. Un Somalien a par exemple été enfermé pendant plus de quatre ans dans le centre de Colnbrook, dans l’attente de son expulsion. Parmi ceux ayant quitté les IRC au cours des premiers mois de 2023, 30 personnes étaient détenues depuis un à deux ans et cinq depuis deux à quatre ans.
    Et ce alors que la plupart des étrangers enfermés proviennent de pays sans possibilité de retour dans un avenir proche, comme l’Afghanistan, l’Érythrée ou la Somalie. « Le fait même qu’il n’y ait pas de durée maximale de détention des migrants au Royaume-Uni et que les personnes puissent être détenues pendant plusieurs années est un élément déclencheur de trouble mentaux », signale le CPT.
    Dans les IRC d’Heathrow, d’Harmondsworth et de Colnbrook, le comité a relevé 18 cas d’automutilation pour le seul mois de mars 2023. Un exilé s’est mutilé à trois reprises malgré une surveillance accrue, puis s’est suicidé dans sa cellule. Le personnel médical a de son côté fait part de son impuissance dans le traitement des maladies mentales. Selon les équipes de santé, certains patients ne peuvent pas être soignés correctement dans ces structures, et devraient être transférés dans des hôpitaux psychiatriques.
    Aussi, le rapport exhorte les autorités à « libérer la personne lorsqu’il est établi que la rétention est préjudiciable pour celle-ci et qu’il n’y a pas de perspective imminente d’éloignement ». Les inspecteurs réitèrent leur demande d’introduire un délai de détention maximale.
    En réponse, les autorités britanniques ont publié un document de 17 pages dans lequel elles contestent les conclusions de CPT. « Le gouvernement britannique ne reconnaît pas une grande partie du contenu de ce rapport et estime qu’il ne reflète pas fidèlement le travail important que nous entreprenons pour garantir la sécurité et le bien-être des personnes dont nous avons la charge ».
    Mais le CPT ne s’arrête pas là. Il s’inquiète également de l’utilisation de la force dans les centres de rétention britanniques. Au cours des trois premiers mois de l’année 2023, le personnel de Brook House a eu recours à la force à 78 reprises, et une vingtaine de fois dans ceux d’Heathrow, Colnbrook et Harmondsworth.
    Dans certains cas, des femmes vulnérables ont été menottées à leur lit au moment de leur transfert vers un hôpital. Une pratique jugée « excessive et humiliante », et qui « n’est pas nécessaire lorsqu’une femme est escortée par au moins deux membres du personnel ».
    Une autre pratique est pointée du doigt dans le rapport : celle qui consiste à enfermer des étrangers dans des prisons. Cette dernière « n’est pas conçue pour la détention administrative », rappellent les inspecteurs.
    Dans ces lieux de privation de liberté, les exilés sont incarcérés avec des prisonniers de droit commun, potentiellement dangereux. De plus, les migrants n’ont pas accès aux services administratifs qui pourraient les aider dans l’obtention d’un titre de séjour. Ces personnes sont « clairement désavantagées dans l’exercice de leurs droits » comme l’assistance juridique ou le contact avec le monde extérieur. Enfermer un migrant 23 heures sur 24 « sur des périodes prolongées » dans « des conditions déplorables, avec peu de chances d’être expulsé pourrait constituer un traitement inhumain et dégradant », averti le CPT.Certains étrangers ayant commis un délit sont en outre maintenus en prison, même après avoir purgé leur peine, au lieu d’être transférés dans un centre de rétention.
    Autant d’observations qui ulcèrent les associations, déjà très critiques ces dernières années à l’égard de la politique britannique. Sile Reynolds, responsable de la défense du droit d’asile à l’ONG Freedom from torture évoque « une cruauté institutionnalisée croissante envers les demandeurs d’asile et autres migrants marginalisés » Quant à Steve Smith, de Care4Calais, cité par The Independent, il estime que « le gouvernement devrait prendre conscience du fait que le système de détention du Royaume-Uni détruit des vies ». Selon lui, il faut « introduire des alternatives humaines, et non chercher à étendre massivement le système cruel actuel ».Le projet de loi qui prévoit d’expulser au Rwanda les demandeurs d’asile arrivés de manière irrégulière au Royaume-Uni en est une autre démonstration, d’après les humanitaires. Il poste question pour le Comité européen pour la prévention de la torture.
    Ce « projet de loi (…) soulève de multiples préoccupations sur le traitement des personnes vulnérables et le renvoi de ressortissants étrangers vers un pays où ils pourraient être exposés à des traitements contraires à l’article 3 de la [Convention européenne des droits de l’Homme] » relatif aux traitements inhumains et dégradants, déclarent les rapporteurs.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#migrationirreguliere#detention#sante#santementale#CPT#droit

  • En Italie, le suicide d’Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, rappelle les conditions alarmantes dans les centres de rétention
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/07/en-italie-le-suicide-d-un-jeune-guineen-jette-une-lumiere-crue-sur-les-centr

    En Italie, le suicide d’Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, rappelle les conditions alarmantes dans les centres de rétention
    Par Allan Kaval (Rome, correspondant)
    . VINCENZO PINTO / AFP Le suicide d’un détenu a lancé une nouvelle alarme sur la situation problématique des centres de rétention italiens et sur les conditions de vie qui y règnent. Dimanche 4 février, Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, a mis fin à ses jours dans le centre de séjour pour les rapatriements (CPR) de Ponte Galeria, au sud-ouest de Rome. La mort du jeune homme a déclenché des protestations de la part d’autres détenus qui ont mis feu à leurs matelas et se sont confrontés aux forces de l’ordre. Ces dernières ont usé du gaz lacrymogène et ont arrêté quatorze personnes retenues dans le centre, à l’issue d’un épisode qui est loin d’être isolé.
    Quelques jours avant son suicide, M. Sylla avait ainsi été transféré du CPR de Trapani, en Sicile, à la suite, là aussi, d’un mouvement de protestation des migrants détenus. Avant de se pendre, il a écrit sur le mur de sa nouvelle cellule : « Si je meurs, j’aimerais qu’on envoie mon corps en Afrique, ma mère en sera contente. Les militaires italiens ne connaissent rien sauf l’argent. L’Afrique me manque beaucoup et ma mère aussi, elle ne doit pas pleurer pour moi. Paix à mon âme, que je repose en paix. » Le parquet a ouvert une enquête pour incitation au suicide.
    Grâce à son statut de parlementaire, le député et secrétaire général du parti libéral + Europa, Riccardo Magi, a pu se rendre, dimanche, à l’intérieur du CPR de Ponte Galeria, entre deux vagues d’affrontements avec les forces de l’ordre. « Comme dans tous les CPR que j’ai pu visiter, la situation à l’intérieur est indigne, dit-il au Monde. Les personnes détenues disent ne pas avoir eu de plat chaud depuis des semaines. Il n’y a pas d’eau chaude, pas de literie correcte, un état de saleté généralisé. Les détenus qui ne sont pas révoltés sont comateux à cause des psychotropes qui leur sont administrés pour les rendre inoffensifs. »
    L’usage de médicaments à des fins de contrôle dans les centres de rétention a été établi par une enquête de la revue italienne Altreconomia. En dehors des rares travaux journalistiques de cette nature, qui recueillent des informations filtrant difficilement de l’intérieur, et des témoignages des parlementaires et garants des droits qui peuvent s’y rendre, la réalité de ces sites est largement invisible.
    Les CPR sont au nombre de dix en Italie, gérés par des prestataires privés, répartis sur l’ensemble du territoire, pour une capacité de l’ordre du millier de détenus. Les personnes qui y sont enfermées sont des étrangers en situation irrégulière n’ayant pas fait de demande d’asile ou venant de pays sûrs et faisant l’objet d’une procédure d’expulsion. « Les CPR sont des trous noirs juridiques, où tous les droits à la défense sont entravés, explique Salvatore Fachile, spécialiste en droit de l’asile au cabinet d’avocat Antartide, à Rome. Leurs téléphones étant saisis, les détenus ont des possibilités très limitées de communication avec l’extérieur et de contact avec des avocats pour contester leur détention. »
    Fixée à trente jours, lors de la mise en place des centres de rétention de cette nature, en 1998, la limite de la période de détention a progressivement augmenté pour être portée, en 2023, à dix-huit mois, par le gouvernement dominé par l’extrême droite de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. Le nombre de détenus passés par les CPR – moins de 6 400 en 2022 – ne représente qu’une fraction du nombre de personnes arrivées irrégulièrement sur le territoire italien, estimé à près de 158 000, et du nombre d’étrangers en situation irrégulière en Italie, soit plus de 500 000. De plus, les procédures d’expulsion sont complexes, et Rome ne dispose pas toujours d’un accord de réadmission avec les pays d’origine. Ainsi, selon le rapport de 2023 du garant national des droits des personnes détenues ou privées de liberté, au terme de leur détention dans les CPR, environ la moitié des étrangers concernés restent sur le sol italien, retournant le plus souvent à une situation d’illégalité.
    Si l’efficacité des CPR est contestée par l’opposition, le gouvernement de Giorgia Meloni a répété l’objectif d’ériger un de ces centres de rétention dans chacune des vingt régions italiennes. Son ambition va même au-delà du territoire national. En novembre 2023, il a été conclu avec Tirana un accord pour l’installation de deux centres de rétention de droit italien en territoire albanais. Sur ces sites doivent être détenus des hommes – jugés non vulnérables et venant de pays sûrs – secourus hors des eaux européennes par les navires militaires italiens. En cours de ratification, cet accord permettrait la création de centres de rétention extraterritoriaux, plus éloignés encore des regards extérieurs.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#guinee#centredesejourpourrapatriement#retention#sante#santementale#mortalité#psychotrope#suicide#albanie

  • En Italie, le suicide d’Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, rappelle les conditions alarmantes dans les centres de rétention
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/07/en-italie-le-suicide-d-un-jeune-guineen-jette-une-lumiere-crue-sur-les-centr

    En Italie, le suicide d’Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, rappelle les conditions alarmantes dans les centres de rétention
    Par Allan Kaval (Rome, correspondant)
    . VINCENZO PINTO / AFP Le suicide d’un détenu a lancé une nouvelle alarme sur la situation problématique des centres de rétention italiens et sur les conditions de vie qui y règnent. Dimanche 4 février, Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, a mis fin à ses jours dans le centre de séjour pour les rapatriements (CPR) de Ponte Galeria, au sud-ouest de Rome. La mort du jeune homme a déclenché des protestations de la part d’autres détenus qui ont mis feu à leurs matelas et se sont confrontés aux forces de l’ordre. Ces dernières ont usé du gaz lacrymogène et ont arrêté quatorze personnes retenues dans le centre, à l’issue d’un épisode qui est loin d’être isolé.
    Quelques jours avant son suicide, M. Sylla avait ainsi été transféré du CPR de Trapani, en Sicile, à la suite, là aussi, d’un mouvement de protestation des migrants détenus. Avant de se pendre, il a écrit sur le mur de sa nouvelle cellule : « Si je meurs, j’aimerais qu’on envoie mon corps en Afrique, ma mère en sera contente. Les militaires italiens ne connaissent rien sauf l’argent. L’Afrique me manque beaucoup et ma mère aussi, elle ne doit pas pleurer pour moi. Paix à mon âme, que je repose en paix. » Le parquet a ouvert une enquête pour incitation au suicide.
    Grâce à son statut de parlementaire, le député et secrétaire général du parti libéral + Europa, Riccardo Magi, a pu se rendre, dimanche, à l’intérieur du CPR de Ponte Galeria, entre deux vagues d’affrontements avec les forces de l’ordre. « Comme dans tous les CPR que j’ai pu visiter, la situation à l’intérieur est indigne, dit-il au Monde. Les personnes détenues disent ne pas avoir eu de plat chaud depuis des semaines. Il n’y a pas d’eau chaude, pas de literie correcte, un état de saleté généralisé. Les détenus qui ne sont pas révoltés sont comateux à cause des psychotropes qui leur sont administrés pour les rendre inoffensifs. »
    L’usage de médicaments à des fins de contrôle dans les centres de rétention a été établi par une enquête de la revue italienne Altreconomia. En dehors des rares travaux journalistiques de cette nature, qui recueillent des informations filtrant difficilement de l’intérieur, et des témoignages des parlementaires et garants des droits qui peuvent s’y rendre, la réalité de ces sites est largement invisible.
    Les CPR sont au nombre de dix en Italie, gérés par des prestataires privés, répartis sur l’ensemble du territoire, pour une capacité de l’ordre du millier de détenus. Les personnes qui y sont enfermées sont des étrangers en situation irrégulière n’ayant pas fait de demande d’asile ou venant de pays sûrs et faisant l’objet d’une procédure d’expulsion. « Les CPR sont des trous noirs juridiques, où tous les droits à la défense sont entravés, explique Salvatore Fachile, spécialiste en droit de l’asile au cabinet d’avocat Antartide, à Rome. Leurs téléphones étant saisis, les détenus ont des possibilités très limitées de communication avec l’extérieur et de contact avec des avocats pour contester leur détention. »
    Fixée à trente jours, lors de la mise en place des centres de rétention de cette nature, en 1998, la limite de la période de détention a progressivement augmenté pour être portée, en 2023, à dix-huit mois, par le gouvernement dominé par l’extrême droite de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. Le nombre de détenus passés par les CPR – moins de 6 400 en 2022 – ne représente qu’une fraction du nombre de personnes arrivées irrégulièrement sur le territoire italien, estimé à près de 158 000, et du nombre d’étrangers en situation irrégulière en Italie, soit plus de 500 000. De plus, les procédures d’expulsion sont complexes, et Rome ne dispose pas toujours d’un accord de réadmission avec les pays d’origine. Ainsi, selon le rapport de 2023 du garant national des droits des personnes détenues ou privées de liberté, au terme de leur détention dans les CPR, environ la moitié des étrangers concernés restent sur le sol italien, retournant le plus souvent à une situation d’illégalité.
    Si l’efficacité des CPR est contestée par l’opposition, le gouvernement de Giorgia Meloni a répété l’objectif d’ériger un de ces centres de rétention dans chacune des vingt régions italiennes. Son ambition va même au-delà du territoire national. En novembre 2023, il a été conclu avec Tirana un accord pour l’installation de deux centres de rétention de droit italien en territoire albanais. Sur ces sites doivent être détenus des hommes – jugés non vulnérables et venant de pays sûrs – secourus hors des eaux européennes par les navires militaires italiens. En cours de ratification, cet accord permettrait la création de centres de rétention extraterritoriaux, plus éloignés encore des regards extérieurs.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#guinee#centredesejourpourrapatriement#retention#sante#santementale#mortalité#psychotrope#suicide#albanie

  • En Italie, le suicide d’Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, rappelle les conditions alarmantes dans les centres de rétention
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/07/en-italie-le-suicide-d-un-jeune-guineen-jette-une-lumiere-crue-sur-les-centr

    En Italie, le suicide d’Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, rappelle les conditions alarmantes dans les centres de rétention
    Par Allan Kaval (Rome, correspondant)
    . VINCENZO PINTO / AFP Le suicide d’un détenu a lancé une nouvelle alarme sur la situation problématique des centres de rétention italiens et sur les conditions de vie qui y règnent. Dimanche 4 février, Ousmane Sylla, 22 ans, migrant guinéen, a mis fin à ses jours dans le centre de séjour pour les rapatriements (CPR) de Ponte Galeria, au sud-ouest de Rome. La mort du jeune homme a déclenché des protestations de la part d’autres détenus qui ont mis feu à leurs matelas et se sont confrontés aux forces de l’ordre. Ces dernières ont usé du gaz lacrymogène et ont arrêté quatorze personnes retenues dans le centre, à l’issue d’un épisode qui est loin d’être isolé.
    Quelques jours avant son suicide, M. Sylla avait ainsi été transféré du CPR de Trapani, en Sicile, à la suite, là aussi, d’un mouvement de protestation des migrants détenus. Avant de se pendre, il a écrit sur le mur de sa nouvelle cellule : « Si je meurs, j’aimerais qu’on envoie mon corps en Afrique, ma mère en sera contente. Les militaires italiens ne connaissent rien sauf l’argent. L’Afrique me manque beaucoup et ma mère aussi, elle ne doit pas pleurer pour moi. Paix à mon âme, que je repose en paix. » Le parquet a ouvert une enquête pour incitation au suicide.
    Grâce à son statut de parlementaire, le député et secrétaire général du parti libéral + Europa, Riccardo Magi, a pu se rendre, dimanche, à l’intérieur du CPR de Ponte Galeria, entre deux vagues d’affrontements avec les forces de l’ordre. « Comme dans tous les CPR que j’ai pu visiter, la situation à l’intérieur est indigne, dit-il au Monde. Les personnes détenues disent ne pas avoir eu de plat chaud depuis des semaines. Il n’y a pas d’eau chaude, pas de literie correcte, un état de saleté généralisé. Les détenus qui ne sont pas révoltés sont comateux à cause des psychotropes qui leur sont administrés pour les rendre inoffensifs. »
    L’usage de médicaments à des fins de contrôle dans les centres de rétention a été établi par une enquête de la revue italienne Altreconomia. En dehors des rares travaux journalistiques de cette nature, qui recueillent des informations filtrant difficilement de l’intérieur, et des témoignages des parlementaires et garants des droits qui peuvent s’y rendre, la réalité de ces sites est largement invisible.
    Les CPR sont au nombre de dix en Italie, gérés par des prestataires privés, répartis sur l’ensemble du territoire, pour une capacité de l’ordre du millier de détenus. Les personnes qui y sont enfermées sont des étrangers en situation irrégulière n’ayant pas fait de demande d’asile ou venant de pays sûrs et faisant l’objet d’une procédure d’expulsion. « Les CPR sont des trous noirs juridiques, où tous les droits à la défense sont entravés, explique Salvatore Fachile, spécialiste en droit de l’asile au cabinet d’avocat Antartide, à Rome. Leurs téléphones étant saisis, les détenus ont des possibilités très limitées de communication avec l’extérieur et de contact avec des avocats pour contester leur détention. »
    Fixée à trente jours, lors de la mise en place des centres de rétention de cette nature, en 1998, la limite de la période de détention a progressivement augmenté pour être portée, en 2023, à dix-huit mois, par le gouvernement dominé par l’extrême droite de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. Le nombre de détenus passés par les CPR – moins de 6 400 en 2022 – ne représente qu’une fraction du nombre de personnes arrivées irrégulièrement sur le territoire italien, estimé à près de 158 000, et du nombre d’étrangers en situation irrégulière en Italie, soit plus de 500 000. De plus, les procédures d’expulsion sont complexes, et Rome ne dispose pas toujours d’un accord de réadmission avec les pays d’origine. Ainsi, selon le rapport de 2023 du garant national des droits des personnes détenues ou privées de liberté, au terme de leur détention dans les CPR, environ la moitié des étrangers concernés restent sur le sol italien, retournant le plus souvent à une situation d’illégalité.
    Si l’efficacité des CPR est contestée par l’opposition, le gouvernement de Giorgia Meloni a répété l’objectif d’ériger un de ces centres de rétention dans chacune des vingt régions italiennes. Son ambition va même au-delà du territoire national. En novembre 2023, il a été conclu avec Tirana un accord pour l’installation de deux centres de rétention de droit italien en territoire albanais. Sur ces sites doivent être détenus des hommes – jugés non vulnérables et venant de pays sûrs – secourus hors des eaux européennes par les navires militaires italiens. En cours de ratification, cet accord permettrait la création de centres de rétention extraterritoriaux, plus éloignés encore des regards extérieurs.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#guinee#centredesejourpourrapatriement#retention#sante#santementale#mortalité#psychotrope#suicide#albanie

  • Médecins diplômés à l’étranger : le gouvernement prolonge les autorisations de travail des praticiens ayant échoué au concours
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2024/01/22/medecins-diplomes-a-l-etranger-le-gouvernement-prolonge-leurs-autorisations-

    Médecins diplômés à l’étranger : le gouvernement prolonge les autorisations de travail des praticiens ayant échoué au concours
    Le Monde avec AFP
    Un peu de répit administratif pour les médecins qui ont un diplôme étranger et qui étaient menacés de perdre leur poste s’ils avaient échoué à un concours sélectif cette année. Le gouvernement a annoncé lundi 22 janvier prolonger leurs autorisations de travail et permettre aux lauréats du concours de rester dans leurs services actuels.
    Dans un communiqué, la ministre du travail, de la santé et des solidarités, Catherine Vautrin, explique vouloir, à la demande du président de la République, « sécuriser la situation des Padhue (praticiens à diplôme hors Union européenne), médecins devenus indispensables à notre système de santé ». Les médecins qui n’ont pas eu le concours « ne seront pas laissés sans solution : le gouvernement les autorisera à continuer de travailler durant les mois à venir », précise Catherine Vautrin.
    Ces praticiens, qui travaillent souvent depuis plusieurs années dans les établissements de santé français, étaient cette année contraints de réussir un concours appelé « épreuves de vérification des connaissances » (EVC), pour pouvoir continuer à exercer. Un régime dérogatoire qui permettait auparavant aux établissements d’embaucher des non-lauréats sous divers statuts précaires s’est « éteint » au 31 décembre 2023, rendant impossible leur maintien en poste.
    Le nombre limité de places à ce concours, avec 2 700 postes pour plusieurs milliers de candidats, dont certains le passent à l’étranger, avait laissé une grande partie d’entre eux sur le carreau. Certains se sont même retrouvés sans papiers, car leur carte de séjour est souvent conditionnée à leur travail. Les chefs de service et syndicats hospitaliers avaient aussi dénoncé la répartition territoriale prévue pour les lauréats du concours, dont l’affectation est faite par les services de l’Etat, estimant qu’elle allait priver de nombreux services d’une partie de leurs bras.
    La prolongation des autorisations de travail pour les médecins qui ont un diplôme étranger vaudra jusqu’à « la publication des textes d’application de la loi du 27 décembre 2023 visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels [dite loi Valletoux], qui permettra la délivrance d’attestations provisoires d’exercice dans l’attente d’un nouveau passage des EVC en 2024 », précise la ministre.
    « La situation des près de 2 700 candidats lauréats » est elle aussi « clarifiée » : « pour garantir la continuité des soins et ne pas désorganiser les services (…), les lauréats exerçant déjà sur le territoire national seront maintenus dans leurs fonctions et structures actuelles », assure-t-elle. « Les autres lauréats choisiront leurs postes dans les prochaines semaines. »
    « Notre système de santé souffre d’un manque de moyens humains. Nous ne pouvons nous passer de ces milliers de femmes et d’hommes qui contribuent à assurer l’offre de soins », a déclaré Catherine Vautrin à l’Agence France-Presse. « Il était temps, c’est un premier élément de réponse à cette situation d’urgence qui était inacceptable », a réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Mais des points « restent à régler », dont la durée « trop courte » des titres de séjour. Pour ceux qui se voient prolongés jusqu’aux EVC 2024, « si c’est pour refaire le même concours ça ne sert à rien », a-t-elle ajouté, estimant que ce concours est « trop académique » et « discriminant pour des médecins qui bossent soixante heures par semaine ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#PADHUE#personnelmedical#immigration#systemedesante#economie#sante#santementale#regularisation

  • Les mineurs étrangers non accompagnés, si loin de leurs parents : « Je ne peux pas tout raconter à ma mère. Ça la tuerait »
    https://www.lemonde.fr/intimites/article/2024/01/20/les-mineurs-etrangers-non-accompagnes-si-loin-de-leurs-parents-je-ne-peux-pa

    Les mineurs étrangers non accompagnés, si loin de leurs parents : « Je ne peux pas tout raconter à ma mère. Ça la tuerait »
    Par Audrey Parmentier
    Patrice, 17 ans, est fier de présenter l’appartement où il a été placé, dans le 19e arrondissement de Paris : « Ici, c’est la chambre d’un Malien, là celle d’un Ivoirien et voici ma chambre. » L’adolescent camerounais, qui (comme tous les autres mineurs interrogés) a décidé de ne pas dévoiler son identité, montre une pièce ordonnée à la décoration sommaire. Posée sur son bureau dégagé, une pochette bordeaux. A l’intérieur, une boîte d’antidépresseurs. « C’est le psychiatre qui me les a prescrits. »
    Celui qui suit une formation de menuiserie a traversé de nombreuses étapes avant d’arriver à Paris. S’il a quitté le Cameroun, c’est pour une seule personne : sa mère malade. « Elle vendait des beignets dans la rue, elle s’est intoxiquée avec la fumée », relate ce mineur non accompagné (MNA) arrivé en France en mai 2022. A Douala, capitale économique, son père tenait le foyer à bout de bras. « Il est mort il y a trois ans à cause d’une maladie à l’estomac. » Patrice gagnait un peu d’argent pour nourrir sa mère et son frère jumeau : il portait les sacs des clients dans les supermarchés contre une poignée de francs CFA. Une rémunération insuffisante qui l’a poussé à traverser la frontière sans prévenir sa famille.
    « Ma mère n’aurait jamais accepté que je parte », confie Patrice. Sa vie, il l’avait d’abord imaginée au Nigeria, où il est resté deux jours avant de marcher vers l’Europe : Niger, Algérie puis Libye. Assis sur son lit, le jeune homme raconte son calvaire à Tripoli : il y est fait esclave et emprisonné à deux reprises. « Ces choses sont trop douloureuses, je ne peux pas les raconter à ma mère. Ça la tuerait. » La veille, Patrice lui a encore envoyé de l’argent : « Mon éducatrice me conseille de tout garder, mais je ne veux pas. Ce n’est pas grave si je ne mange pas. » De la précarité qu’il connaît à Paris, sa mère ne saura rien. « Ici, c’est pire que la Libye. Quand tu arrives en France, tu penses que le cauchemar s’arrête, mais non. »
    A son arrivée dans la capitale, Patrice est évalué par le Département, qui refuse sa prise en charge, estimant que le jeune homme n’est pas mineur. Sans ressources, Patrice vit plusieurs mois dans le bois de Vincennes, le temps de former un recours devant le tribunal des enfants. En octobre 2022, il est placé par l’aide sociale à l’enfance (ASE). D’abord dans un hôtel à Châtillon (Hauts-de-Seine), puis dans cet appartement, en septembre 2023.
    Un parcours similaire à celui d’une grande majorité des mineurs non accompagnés. En attendant une date d’audience pour la reconnaissance de leur minorité, et ainsi leur prise en charge par l’ASE, ils subissent la précarité et dorment dehors. « Je mentais à ma famille, car la vérité était trop dure. Je disais que je mangeais à ma faim et que je dormais dans un lit », se souvient Thierno (prénom modifié), 17 ans, maintenant placé dans un foyer de l’ASE des Yvelines.
    Cacher la vérité permet de camoufler une désillusion amère : « Quand j’étais au pays, je voyais les choses en grand. Aujourd’hui, je me rends compte que les professeurs de géographie nous ont menti. » Le jeune homme guinéen a longtemps rêvé d’Europe. C’est d’ailleurs pour rejoindre le « Vieux Continent » qu’il a abandonné le nid familial contre l’avis de ses parents.« J’ai pris cette décision à 50 %. Un ami de mon oncle voulait que je parte avec lui et il m’a emmené », raconte ce fils d’un commerçant et d’une mère au foyer. Pendant deux mois, sa famille reste sans nouvelles de lui. « Je ne voulais pas l’avoir au téléphone, j’avais peur que ma mère me dise de revenir », ajoute Thierno, les larmes aux yeux. Parler de ses parents, cela lui fait « remonter des émotions ».
    Une fois en France, une chape de plomb s’abat sur le passé de ces garçons. Un silence alimenté par le processus de reconnaissance de leur minorité. Au cours d’une évaluation, les MNA doivent prouver deux choses : avoir moins de 18 ans et être isolés. Pour satisfaire aux critères de l’évaluateur, il leur est conseillé de dire, par exemple, que leurs parents sont morts. Même si cela n’est pas toujours vrai.Ces adolescents marchent sans arrêt sur un fil, rapporte Noémie Paté, chercheuse en sociologie et maîtresse de conférences à l’Institut catholique de Paris. « D’un côté, le juge des enfants les encourage à renouer avec leur famille, mais de l’autre, ces jeunes savent que le titre de séjour est facilité quand ils n’ont plus de contact avec leurs parents. » En 2022, 14 782 mineurs non accompagnés sont entrés dans le dispositif de protection de l’enfance.
    « Je regrette de n’avoir personne qui veille sur moi, explique Thierno, qui vit douloureusement la séparation d’avec sa famille. Hier, j’avais mal au ventre. L’éducatrice de l’ASE ne répondait pas et je voulais aller aux urgences. Quand tu as tes parents, ce sont eux qui s’occupent de ça. » Il se tourne vers Marie (qui préfère ne pas donner son nom), bénévole aux Midis du Mie, une association d’aide aux adolescents étrangers. C’est elle qu’il a contactée récemment pour une opération chirurgicale. En deuxième année de CAP boulangerie, Thierno a été mis en arrêt maladie pendant trois semaines après son opération. Angoissé, il essaie d’arracher quelques paroles rassurantes à Marie : « Tu penses que mon patron me croit ? » A plusieurs reprises, il répète ressentir « une pression » du fait de se retrouver livré à lui-même.
    En face de lui, Adama acquiesce. Flanqué d’un tee-shirt de l’équipe de France orange et violet, le jeune Malien, 19 ans, a besoin d’une vingtaine de minutes avant de se sentir à l’aise. « Il faut se cogner la tête pour se souvenir », plaisante le jeune homme avant de dérouler son histoire. En 2018, il quitte la Mauritanie direction « la tour Eiffel ». Une décision qu’il prend seul : il ment à sa mère, lui disant qu’il part à Nouakchott, la capitale. A la place, il rejoint le Maroc avec d’autres jeunes de son âge. A 14 ans, Adama laisse derrière lui un petit boulot de berger payé au lance-pierre et quatre sœurs. « Je ne regrette pas, je n’avais pas d’avenir en Mauritanie », justifie celui qui, sur les 475 euros gagnés par mois grâce à son CAP plomberie, envoie un peu d’argent à sa mère. « J’ai mis du temps avant de lui dire que j’étais à Paris, elle était très inquiète. »
    Son titre de séjour en poche, Adama est fier de son parcours. Son prochain objectif : retourner en Mauritanie pour rendre visite à sa famille qu’il n’a pas vue depuis cinq ans. Selon Noémie Paté, « certains jeunes voient le départ comme un acte d’émancipation. Ils prennent la route dans l’objectif de rompre avec la tradition parentale et de conquérir une place sociale ». L’un des schémas classiques est celui de l’aîné de la fratrie qui migre en Europe pour subvenir aux besoins de sa famille.
    Loin de leurs proches, et malgré leur maturité, ces jeunes continuent à avoir des besoins d’enfant. « Les MNA veulent être protégés, aller à l’école, avoir un lieu sûr… », considère Marie Rose Moro, cheffe de service de la Maison de Solenn, qui abrite dans le 14e arrondissement de Paris une antenne destinée aux mineurs non accompagnés. En 2022, plus de 150 jeunes y ont bénéficié d’un suivi psychologique.De temps en temps, l’intervention des parents est indispensable. Comme pour ce jeune Afghan, Massoud, qui a plusieurs tentatives de suicide à son actif. « Il avait fait le trajet depuis un camp de réfugiés en Iran avec son cousin qu’il avait perdu sur la route en Allemagne. A cause de cela, il disait avoir failli à sa mission de “chef de famille”. Il ne se sentait plus digne d’en faire partie », narre Marie Rose Moro. Face à cette situation d’urgence, la pédopsychiatre retrouve sa mère grâce à la Croix-Rouge : « Au téléphone, elle l’a rassuré et Massoud allait beaucoup mieux. »
    D’autres jeunes n’ont pas cette chance. A l’instar de Jean, un Camerounais de 16 ans, qui n’a jamais connu sa mère. Et son père ? Un voile se pose sur ses yeux : « Il était violent et voulait me mettre dans la magie noire… C’est pour cela que j’ai voulu m’échapper. » Emmitouflé dans une polaire orange fluo, le jeune homme décrit une vie sans parents : « Dès 9 ans, je dormais seul dans les rues. Très vite, je ne pouvais plus réfléchir comme un bébé. » Lui-même le constate, son enfance lui a été confisquée.
    En septembre 2023, Jean est arrivé en France et a été accueilli par une dame retraitée à Versailles, grâce au réseau de l’association d’aide aux personnes étrangères Utopia 56. Depuis, il se remet à rêver, surtout au basket, son sport préféré. « Je vais percer. Je dois me fixer la barre très haut pour réussir », dit ce fan des Lakers. Son hébergeuse lui a déjà offert un ballon, un équipement et des chaussures, pour un nouveau départ.

    #Covid-19#migration#migrant#france#MNA#sante#santementale#minorite#ASE#ONG

  • Italie : des migrants drogués à leur insu par l’administration dans un centre de rétention - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54442/italie--des-migrants-drogues-a-leur-insu-par-ladministration-dans-un-c

    Centre de rétention administrative (CRA) Migrants Expulsions Drogues . Italie : des migrants drogués à leur insu par l’administration dans un centre de rétention
    Par Leslie Carretero Publié le : 11/01/2024
    Selon une enquête du parquet de Potenza, dans le sud de l’Italie, les conditions de vie dans le centre de rétention (CPR) de Palazzo San Gervasio sont « inhumaines ». Des étrangers enfermés dans la structure, en vue de leur expulsion, ont été forcés d’ingérer des médicaments, qui peuvent les rendre dépendants, afin de « contrôler illégalement l’ordre public ». Des violences physiques et des manquements dans l’accès aux services sanitaires, linguistiques et juridiques ont également été relevés. « L’enfer » du CPR (centre de rétention pour rapatriement) de Palazzo San Gervasio, dans le sud de l’Italie. C’est en ces termes que la structure a été décrite aux enquêteurs par une infirmière ayant travaillé un an et demi sur le site.
    L’enquête menée par le parquet de Potenza, et rendue publique mardi 9 janvier, révèle que 35 cas de mauvais traitements ont été constatés contre des personnes retenues entre 2018 (année d’ouverture du centre) et 2022. Ces maltraitances consistaient principalement en « l’administration massive » et forcée - voire parfois cachée - de drogues tranquillisantes dans le but de rendre les personnes inoffensives, « sans besoin avéré et sans leur consentement éclairé ». « L’usage [de ces médicaments] était totalement indépendant de la volonté du patient, mais correspondait au besoin spécifique [de l’administration] de contrôler illégalement l’ordre public » au sein du centre, assure le juge. Les recherches ont montré que « jusqu’à 1 315 paquets de gouttes et de comprimés de Rivotril avaient été prescrits » aux étrangers enfermés dans le CPR entre janvier et décembre 2018 et « 920 colis » livrés de janvier 2019 à août 2019.
    Et les faits ont perduré jusqu’à la fermeture du lieu, en 2022. Le 30 novembre 2021, un Tunisien de 40 ans est « immobilisé aux poignets et aux chevilles » avec « cruauté » pour l’obliger à « ingérer contre son gré des doses d’antipsychotiques et de tranquillisants » - comme le Rivotril, le Tafor et le Talofen - indique le rapport du procureur Francesco Curcio, dévoilé par la presse italienne. Le 10 mars 2022, c’est un Gambien de 31 ans qui reçoit du Valium par voie intramusculaire alors qu’il est, lui aussi, ligoté aux chevilles et aux poignets et maintenu au sol.
    En janvier 2023, une vidéo diffusée par la chaîne italienne Canale 5 montre un exilé assis sur un lit d’hôpital entouré de plusieurs policiers et d’une femme en blouse blanche. La scène se déroule dans le CPR de Palazzo San Gervasio. Un membre des forces de l’ordre faire pression sur l’homme pour qu’il ingurgite le traitement. « Prends-le ! Je ne vais pas le dire deux fois. Prends-le et je te lâche. Si tu ne le prends pas, tu restes là », entend-on dans l’enregistrement. Le migrant semble vouloir refuser d’ingérer le médicament. « Rovotril ? No Rovotril », dit-il. La femme en blouse blanche tend finalement un gobelet à un policier qui force l’homme à boire. « Avale, avale », insiste un autre agent.
    Ces médicaments, utilisés pour traiter l’anxiété, des symptômes dépressifs ou encore l’épilepsie, peuvent provoquer de fortes dépendances. La « sédation forcée continue » est une « atteinte à la dignité humaine et une violation de la liberté morale des victimes », et constitue un « risque réel de provoquer des phénomènes de toxicomanie », signale le juge. Le Rivotril, appelé « drogue du pauvre », est devenu le médicament le plus utilisé dans le CPR. Cet antiépileptique était acheté en grande quantité, grâce aux ordonnances des migrants ayant déjà quitté le centre, afin d’éviter une « révolte » des personnes devenues dépendantes. Lorsque la dépendance était devenue incontrôlable, l’administration diluait le médicament dans de l’eau, ou l’ajoutait au lait lors du déjeuner, pour en limiter la quantité. « Nous avons remarqué que ce médicament provoquait un état de stupeur chez les plus jeunes, ce qui nous a poussé à demander aux médecins de réduire les doses et de ne pas continuer à l’administrer. Cependant, il n’a jamais cessé d’être administré, même à fortes doses : jusqu’à 40 gouttes à la fois, parfois trois fois par jour », a expliqué une infirmière à la justice.
    Mais les dysfonctionnements découverts par les inspecteurs ne s’arrêtent pas là. Lors du contrat passé avec la préfecture, la société qui gère le site, Engel, s’était engagée à fournir des services sanitaires, linguistiques et juridiques aux migrants retenus. Or l’enquête a démontré qu’ils n’avaient pas été mis en place ou alors de manière insuffisante. Par ailleurs, la clinique installée dans la structure ne disposait pas d’eau courante et ne possédait pas d’instruments médicaux nécessaires à certaines consultations, comme un électrocardiogramme par exemple. Plusieurs cas de violences physiques ont également été répertoriés. Une infirmière évoque des patients traités avec « des contusions, des hématomes sur tout le corps, des fractures ». Les personnes enfermées, qui vivaient dans des « conditions inhumaines » selon la justice, pouvaient « développer des comportements obsessionnels, comme marcher en rond », a témoigné une autre. Au total, une trentaine de personnes sont visées par l’enquête et une dizaine sont mises en examen : des policiers, des médecins et des responsables du centre. Un inspecteur de police est assigné à résidence, un médecin a interdiction de pratiquer pendant un an et le directeur du centre ne peut plus diriger une entreprise pendant 12 mois. « La crédibilité de l’État est en jeu dans la gestion du CPR », a martelé le procureur Francesco Curcio. Un autre centre de rétention est également visé par la justice. Une enquête a révélé en décembre 2023 que dans le CPR de via Corelli, à Milan, les conditions de vie étaient aussi particulièrement difficiles. Le procureur a critiqué un système de santé « gravement déficient » : des étrangers souffrant de problèmes psychiatriques, atteint de maladie grave, comme des tumeurs au cerveau, ou sujets à des crises d’épilepsie n’ont jamais été soumis à des examens médicaux. Le manque de médicaments a été relevé par l’enquête, tout comme la « saleté » des dortoirs, l’état des sanitaires qualifiés d’"honteux" ou encore des aliments « malodorants, avariés, périmés ».Malgré les révélations sur ces centres, de nouvelles structures de ce type devraient bientôt voir le jour. Début mai 2023, le gouvernement italien a publié un nouveau texte, le décret Cruto - du nom d’une ville de Calabre où des dizaines de migrants avaient perdu la vie en février dans un naufrage - qui vise à diminuer les arrivées de migrants en Italie et à expulser un plus grand nombre de personnes en situation irrégulière. Les autorités veulent ainsi construire un CPR dans les 20 régions du pays. On en dénombre actuellement 10, pour une capacité totale de 1 500 places.

    #Covid-19#migrant#migration#italite#CPR#violence#santementale#antipsychotique#sedation#tranquillisant#sante#psychiatrie#retention

  • Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/10/loi-sur-l-immigration-le-marchandage-portant-sur-l-aide-medicale-d-etat-est-

    Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    Tribune Smaïn Laacher Sociologue
    Marie Rose Moro Pédopsychiatre
    La nouvelle loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » n’est pas un texte « fasciste » ou « raciste » comme cela a été dit ici et là. Elle est cependant indéniablement restrictive au sens où elle complique, rend aléatoires, voire supprime des droits fondamentaux.Bien entendu, si on la compare avec l’arsenal juridique en matière d’immigration et d’asile d’un certain nombre de pays de l’Union européenne (UE), il ne sera pas difficile de trouver « pire » que la France. C’est la Hongrie qui a construit une clôture de près de 4 mètres de haut à sa frontière avec la Serbie pour s’opposer au passage des migrants dans les Balkans.
    Alors que l’Assemblée nationale votait la loi relative à l’immigration le 19 décembre 2023, les représentants des vingt-sept Etats membres de l’UE parvenaient, le lendemain, à un accord sur le futur pacte migratoire.
    Mais ce qui apparaît à la limite de la caricature de la part de nos politiques et de nos législateurs, c’est le marchandage quasi surréaliste, pour ne pas dire obscène, portant sur l’aide médicale d’Etat (AME). Pourquoi considérer l’AME comme un « cavalier législatif » [un amendement dépourvu de lien, même indirect, avec le texte de loi examiné] ? Pourquoi les enjeux de santé des migrants sont-ils détachés des enjeux de santé liés aux conditions d’existence des fractions les plus précaires des classes populaires ?
    L’Organisation mondiale de la santé affirme que les questions de santé ne se caractérisent pas nécessairement par l’absence de maladie ou d’infirmité. Pour cette institution, la santé représente « l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». On peut parler de la « santé des migrants ». Mais si l’on veut être un tant soit peu rigoureux, nous devrions parler d’inégalités dans les domaines de la santé publique et de la santé au travail. Il suffit de prendre un seul exemple souvent cité lors de la pandémie de Covid-19 : celui des « livreurs ».
    De grandes villes comme Paris, en 2021, et Bordeaux, en février 2023, ont mis à la disposition de ces travailleurs ultra-précaires des plates-formes de livraison des lieux d’accompagnement appelés « Maisons des livreurs ». Médecins du monde et la Maison des livreurs à Bordeaux ont alerté sur « les morts brutales, la souffrance physique et psychique des livreurs ».
    Combien sont-ils à perdre la vie au « travail » ? Combien se blessent en chutant de leur moyen de locomotion ? Personne ne le sait. Et pour cause, ce ne sont pas des salariés, mais des « indépendants » non couverts par la branche accidents du travail et maladies professionnelles, qui disparaissent des statistiques. Ils ont généralement moins de 30 ans et sont le plus souvent sans titre de séjour. Des « clandestins » qui livrent députés, élus, hauts fonctionnaires, familles, etc.
    Comment cette inégalité de soins se traduit-elle concrètement ? De la manière suivante : si les livreurs ne se rendent pas chez un médecin, c’est parce qu’ils passent parfois quinze heures par jour sur leur vélo, six jours sur sept, par tous les temps. Se rendre chez le médecin parce qu’on est saisi de troubles musculo-squelettiques ou même d’une pathologie infectieuse, c’est ne plus rouler, et donc perdre une somme vitale pour survivre. Ce constat est établi par tous les professionnels de santé.Les Républicains et le Rassemblement national ont exigé d’une même voix la suppression de l’AME pour les sans-papiers. Quelle hypocrisie ! La droite estime que l’AME est trop généreuse par rapport aux dispositifs en vigueur dans l’UE et qu’elle constitue, argument central, un « appel d’air » pour tous les immigrés de la terre. Cette notion d’appel d’air est, n’ayons pas peur des mots, une escroquerie intellectuelle. Les enquêtes statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques montrent que, plusieurs années après leur arrivée, de nombreux immigrés (entre 30 % et 50 %) sont partis ailleurs. Dans le Calaisis [Pas-de-Calais et Nord], les étrangers en situation irrégulière, dans leur écrasante majorité, n’ont qu’un seul désir : partir au Royaume-Uni.
    L’appel d’air n’est donc pas un fait avéré. Ce qui est démontré, c’est que l’aide médicale d’urgence, qui remplacera probablement l’AME, lorsqu’elle sera votée, provoquera inexorablement « une augmentation du recours aux soins hospitaliers urgents, plus complexes et plus coûteux ». Ce sont des professionnels, dotés d’une solide et longue expérience, qui l’affirment dans un texte commun signé notamment par de nombreuses sociétés savantes médicales et par le syndicat SAMU-Urgences de France.
    Dans le total des dépenses de l’AME, l’hôpital tend à diminuer au profit de la médecine de ville : il représentait environ 62 % des dépenses en 2020, contre environ 69 % en 2010. Dans ces dépenses hospitalières, la psychiatrie et les soins de suite représentent respectivement 14 % et 12 %, selon un rapport de l’ancien ministre Claude Evin et du haut fonctionnaire Patrick Stefanini. Il n’est pas difficile de percevoir l’enjeu fondamental : il y a un accès très inégal à la médecine non seulement d’urgence, mais dans le soin portant sur les conséquences somatiques et psychiques de ce que les migrants ont vécu dans leur pays d’origine et, particulièrement pour les femmes et les enfants, sur le chemin de l’exil.
    Nous pensons qu’il est infondé de réduire les migrants à des êtres « vulnérables » en quête de soins. Cette vision du migrant vulnérable n’a rien à voir avec l’intégration. Il ne s’agit pas, socialement et politiquement, de la question de la fragilité individuelle des migrants, mais, bien plus largement et fondamentalement, de la capacité d’une société à insérer socialement les plus fragilisés à cause de ce qu’ils ont vécu, à cause de ce qu’ils vivent. Autrement dit, il s’agit de les aider à construire, individuellement et collectivement, du lien social. Si l’on privilégie la faiblesse personnelle, alors le danger est grand de faire porter à l’individu seul la défaillance de nos systèmes d’intégration sociale.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#AME#loiimmigration#santepublique#santementale#exil#integration

  • « La loi “immigration” remet gravement en cause notre modèle de santé humaniste » : l’appel de plus de 5 000 professionnels de santé
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/23/la-loi-immigration-remet-gravement-en-cause-notre-modele-de-sante-humaniste-

    « La loi “immigration” remet gravement en cause notre modèle de santé humaniste » : l’appel de plus de 5 000 professionnels de santé
    Tribune. Nous, femmes et hommes des professions de santé, du social, du soin et de la recherche, souhaitons placer le président de la République et son gouvernement devant leur immense responsabilité, et alerter l’ensemble de nos concitoyens sur les conséquences sanitaires et sociales du vote de la loi « immigration », le 19 décembre. Cela notamment pour que tous les responsables et ministres prennent la mesure, comme l’a fait courageusement Aurélien Rousseau [le ministre de la santé a présenté sa démission à la suite du vote de la loi], des effets dramatiques de leurs décisions.
    Rappelons en premier lieu les principes fondamentaux de notre République, énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », et « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ». Ces droits incluent le droit à la santé, « état de complet bien-être physique, mental », selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, ce qui suppose des conditions de vie dignes.
    Pour le monde entier, la France est non seulement le pays des droits humains, mais aussi celui des « French doctors » et d’une médecine performante et humanitaire, présente partout au chevet des populations malades et victimes des guerres et des crises. Notre système de santé et notre sécurité sociale universelle ont permis d’offrir, durant des décennies, des soins de grande qualité accessibles à tous. La loi « immigration » remet gravement en cause notre modèle de santé humaniste, et pas seulement du fait des menaces qui planent encore sur l’aide médicale d’Etat (AME).
    Nous tenons à dire d’abord les conséquences des mesures annoncées pour la santé des plus vulnérables, les enfants. Conformément aux alertes de l’Unicef, le texte voté par le Parlement est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant, protégeant la vie familiale et garantissant le principe de non-séparation, du fait de plusieurs mesures : limitation du regroupement familial, complication des démarches administratives nécessaires pour les mineurs isolés protégés par l’aide sociale à l’enfance, limitation des hébergements d’urgence, et menaces sur les soins en cas de restriction de l’AME.
    De manière concrète, les aides deviennent conditionnées à la reconnaissance d’un travail et, même dans ce cas, leur attribution sera différée considérablement. La perte des allocations familiales et les mesures de restriction de l’aide au logement pour les personnes sans emploi ou travaillant de manière informelle signifient donc qu’elles ne bénéficieront d’aucune aide, notamment pour élever leurs enfants ou se loger. On peut redouter alors une dégradation intolérable de la mortalité infantile, qui s’est déjà accrue depuis dix ans en France et est devenue supérieure à celle de nos voisins européens, du fait des inégalités sociales notamment.
    De façon générale, les restrictions sur le logement pour les immigrants en situation irrégulière menacent de les marginaliser davantage, les forçant à vivre dans des conditions précaires et insalubres. Ces environnements peuvent avoir des effets dévastateurs sur leur santé physique et mentale, augmentant le risque de maladies et d’isolement social. L’absence de logement personnel expose aussi à la rue et à des situations de vulnérabilité sexuelle pouvant conduire à des violences ou à l’infection par le VIH.
    La suspension de la prise en charge médicale pour les demandeurs d’asile déboutés et les restrictions du titre de séjour pour maladie grave sont des décisions alarmantes. Le risque est non seulement d’augmenter les urgences médicales, mais aussi d’assister à la propagation de maladies infectieuses, mettant en danger la santé publique dans son ensemble. La santé est un droit universel, indépendamment du statut administratif.
    Les restrictions professionnelles imposées dans cette loi concerneraient notamment les personnes exerçant dans les champs de la santé. Il faut rappeler que 25 % des médecins exerçant à l’hôpital aujourd’hui sont des « praticiens à diplôme hors Union européenne ». Des facilitations sont prévues pour les médecins et les soignants, considérés comme des métiers en tension, mais leurs statuts respectifs demeurent très précaires et sous-valorisés. Et comment concevoir humainement que l’on attire en France des médecins au détriment de leurs pays d’origine, tout en refusant de soigner les malades de ces mêmes pays ?
    De plus, la restriction du droit d’étudier en France, à travers notamment le versement d’une « caution » imposée aux étudiants étrangers, heurte gravement notre tradition d’accueil et de formation, en particulier en médecine et en santé. Elle contribuera à restreindre l’attractivité de la France et à nous priver d’étudiants brillants, qui sont beaucoup des talents de la France d’aujourd’hui. Dans quel type de société souhaitons-nous vivre ? Une société qui met en péril la santé et les droits des plus vulnérables ?
    Nous appelons donc à la mobilisation de l’opinion publique pour défendre la santé et le bien-être intégral de chaque individu. Et nous demandons solennellement au président de la République de ne pas promulguer cette loi, comme la Constitution l’y autorise, en conformité avec les engagements internationaux de la France en matière de droits humains et de santé publique, notre politique migratoire ne pouvant aller à l’encontre de la dignité des personnes. C’est notre devoir en tant que professionnels de santé, c’est notre engagement en tant que citoyens. Nous réitérons également notre appel au maintien de l’AME, sans restriction et assortie de mesures de réduction des barrières à son accès.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loimigration#AME#sante#mortalite#santepublique#bienêtre#vulnerabilite#droit#santementale

  • Alter Echos – Des voix au-dedans de soi
    https://www.alterechos.be/webdoc/des-voix-au-dedans-de-soi

    Entendre des voix a longtemps été considéré par la psychiatrie comme un symptôme à éradiquer et une signature de la folie. Pourtant, jusqu’à 25% de la population pourrait faire cette expérience au cours de sa vie. Né à la fin des années 80, le Mouvement des entendeurs de voix propose une approche novatrice basée sur l’acceptation des voix. En Wallonie et à Bruxelles, ces groupes d’entraide existent depuis une dizaine d’années. Ils s’inscrivent dans la philosophie du rétablissement, qui replace l’expérience subjective au cœur du soin.

    -- Permalien

    #santémentale

  • Des femmes enceintes et des mères avec des nouveau-nés sans hébergement d’urgence
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/12/des-femmes-enceintes-et-des-meres-avec-des-nouveau-nes-sans-hebergement-d-ur

    Des femmes enceintes et des mères avec des nouveau-nés sans hébergement d’urgence
    Par Claire Ané et Minh Dréan
    Les équipes parisiennes du numéro d’urgence 115, maintes et maintes fois appelées, n’ont pas été en mesure de lui proposer un nouveau toit. Elle a dormi jusqu’à l’accouchement, sur le canapé d’une dame rencontrée dans le salon de coiffure afro où elle travaillait. Elle explique que, sitôt l’enfant née, à l’hôpital Lariboisière, elle appelait « tout le temps, de 6 heures le matin jusqu’à tard le soir. » Il lui a fallu deux jours pour réussir à joindre un écoutant de ce service débordé. Sept jours après la naissance, elle a dû sortir de la maternité, sans solution d’hébergement.
    Si elle avait accouché il y a un an, elle n’aurait quitté l’hôpital qu’une fois obtenue une chambre en centre ou en hôtel, où, en vertu du droit à la continuité de l’hébergement d’urgence, elle aurait pu rester aussi longtemps que nécessaire. Mais la situation s’est dégradée. Après avoir atteint un nombre record de 205 000 places d’hébergement d’urgence durant l’hiver 2022-2023, et consommé l’essentiel des crédits prévus pour l’année 2023, le gouvernement a décidé de réduire la voilure, bien que le besoin n’ait pas faibli.
    En Ile-de-France, fin juin, la Préfecture a annoncé aux associations gérant ces places qu’il fallait en fermer 3 000. Pour Paris, la perte, bien que limitée à 200 ou 300 places, a conduit à revoir des critères déjà drastiques. « Depuis septembre, nous n’arrivons même plus à répondre à toutes les personnes en priorité 1, dont font partie les femmes enceintes de plus de sept mois et les familles avec des bébés de moins de 3 mois. C’est inédit et [cela] montre une défaillance du système », reconnaît la directrice générale du Samusocial de la capitale, Vanessa Benoît. La situation est encore plus compliquée en Seine-Saint-Denis, où l’Etat a souhaité supprimer 2 000 places. « On a obtenu de fermer des places progressivement, sans remises à la rue, afin de respecter la continuité de l’hébergement prévue dans la loi. Mais presque plus personne ne peut entrer dans le dispositif », déplore le directeur adjoint de l’association Interlogement93, Maxence Delaporte. Lors du dernier décompte, le 5 décembre, 700 personnes sont restées à la rue bien qu’elles aient réussi à joindre le 115. Parmi elles, 51 étaient des femmes enceintes et 95 étaient des enfants de moins de 3 ans.
    (...)« C’est une catastrophe !, s’indigne Julia Lucas, assistante sociale de Solipam, un réseau qui suit des femmes en grande précarité durant leur grossesse et jusqu’aux 3 mois de l’enfant. En 2022, on avait 37 % de femmes à la rue à l’entrée dans notre dispositif. En 2023, c’est 60 % ! Et malgré nos efforts, en novembre, un tiers étaient toujours ou à nouveau à la rue au moment de sortir de notre dispositif. » Quand accueil il y a, la discontinuité prime : une jeune mère a eu 25 hébergements différents en quelques mois, situés dans six départements, et connu 18 retours à la rue, où elle se trouve encore. L’avocat Samy Djemaoun, qui multiplie depuis décembre 2022 les actions en justice pour faire respecter le droit à l’hébergement d’urgence, se souvient d’avoir déposé coup sur coup, fin octobre, des recours pour trois familles avec des nouveau-nés de moins de 18 jours, auxquelles le 115 n’avait pas pu proposer de solution. Il a défendu plusieurs autres cas similaires depuis. « Il y a encore trois mois, de tels recours permettaient d’obtenir, souvent avant l’audience, une place d’hébergement d’urgence durable. Désormais, même pour des femmes qui ont accouché récemment, j’obtiens surtout des orientations en sas d’accueil temporaire régional, loin de Paris, avec seulement trois semaines d’hébergement garanties », explique-t-il.
    Cette saturation de l’hébergement d’urgence rejaillit sur les hôpitaux. L’Agence régionale de la santé d’Ile-de-France observe une « augmentation forte depuis quelques semaines » des femmes qui restent à la maternité non par nécessité de soins, mais faute d’autre solution : elle a décompté jusqu’à 50 « bed blockers » (« bloqueuses de lit ») en simultané, au lieu de 20 ou 30 habituellement, sur 27 maternités recensées. L’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), est en première ligne. Ses sages-femmes, qui refusent de mettre dehors ces mères en détresse, ont envoyé, le 30 octobre, un courrier d’alerte. Le département de Seine-Saint-Denis a rouvert une centaine de places, mais seulement 6 jeunes mères ont pu quitter la maternité. Treize y restent bloquées. Avec des effets délétères. « On passe des heures à essayer de transférer vers d’autres hôpitaux des femmes qui devaient accoucher chez nous, ou qui viennent d’accoucher. Il faut laisser des mamans dans les couloirs ou dans des salles inadaptées, avec une douche pour 10 accouchées », s’alarme la sage-femme Edith Rain, qui n’a jamais connu une telle situation en 28 années passées dans cet hôpital.La chute du nombre d’accouchements pratiqués au sein de la maternité a pour effet de diminuer ses financements. Mais plus que ce coût financier, c’est le coût humain, immense, qui inquiète.(...) Pour les femmes laissées ou remises à la rue, le quotidien est plus difficile encore. Parfois, elles reçoivent, tard le soir, une proposition d’hébergement.
    Souvent, il y a la fatigue et l’angoisse des nuits passées à marcher, ou à essayer de dormir dans des bus de nuit, des gares, des halls d’hôpital, des parcs, des squats, ou chez des inconnus. Les vols et les agressions sont fréquents. « Une dame enceinte de 7 mois me confiait avoir dû accepter de coucher avec l’homme qui l’hébergeait. Et ces “services sexuels” ne sont pas rares », raconte une psychologue souhaitant rester anonyme et rattachée à « l’une des quelques maternités parisiennes qui acceptent d’accueillir les patientes à la rue ». « Ces femmes sont des guerrières », dit admirative Nora Zedek. Non sans souffrances, complète Maryse Rossi : « Elles ont plus de pathologies, plus de risques de développer un diabète gestationnel, car elles ne mangent pas tous les jours, plus de risques d’accoucher prématurément, plus de risques d’avoir une césarienne. Et plus de risques que leur situation santé mentale se dégrade. »Leurs nouveau-nés aussi paient le prix fort. « La mortalité infantile est plus élevée, on a beaucoup de bébés de petit poids, ils sont aussi plus exposés aux bronchiolites. Certains sont épuisés, d’autres ne sourient pas. Leurs parents, accaparés par la survie, n’ont pas les ressources pour se mettre au rythme de l’enfant, le stimuler », énumère Mme Rossi. L’un des bébés restés plusieurs mois à l’hôpital Delafontaine y a attrapé une grave maladie nosocomiale.Quel est l’horizon ? Le ministre du logement, Patrice Vergriete, a annoncé, le 7 novembre, la création de 500 postes dans les services sociaux d’urgence, et le versement de primes à ceux qui y travaillent. « Ces postes sont indispensables pour mieux répondre à ceux qui appellent le 115, pour évaluer les situations et travailler l’accès au logement – à condition qu’il y ait plus de logement social », selon Vanessa Benoît, du Samusocial de Paris. Celui-ci a vu son plafond de nuitées hôtelières rehaussé de 400 places mi-novembre, pour atteindre 17 100, mais ses équipes ne parviennent pas à trouver d’hôteliers volontaires.
    Le ministre déclare au Monde envisager la création d’une mission parlementaire pour mieux connaître la situation des personnes en hébergement d’urgence. Mais il ne prévoit pas d’augmenter le nombre total de places, bien que les sénateurs aient voté en faveur d’une rallonge de 6 000 places pour 2024. « Si rien n’est fait, la maternité de Delafontaine va mourir, car elle n’aura plus de sages-femmes acceptant d’y travailler vu la situation dégradée », prévient Edith Rain. « On n’est même plus capables d’héberger ceux qui sont les plus fragiles. Et il ne faut pas oublier tous les autres publics qu’on laisse à la rue », déplore Maxence Delaporte qui ajoute « craindre des drames pour cet hiver ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#hebergement#urgence#sante#santementale#femme#maternite

  • Quelles prises en charge pour les femmes victimes de violences durant leur parcours migratoire ? - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53445/quelles-prises-en-charge-pour-les-femmes-victimes-de-violences-durant-

    Grand angle
    Comment mieux prévenir les violences sexuelles qui frappent encore davantage les femmes demandeuses d’asile ? Crédit : Getty Images
    Quelles prises en charge pour les femmes victimes de violences durant leur parcours migratoire ?
    Par RFI Publié le : 24/11/2023
    Selon une étude du Lancet, en France, les femmes demandeuses d’asile sont davantage exposées aux violences sexuelles que le reste de la population. Environ 26 % des 273 participantes à cette étude témoignent de violences subies, lors de la première année de leur arrivée sur le territoire français. Des prises en charge particulières existent-elles pour protéger cette population particulièrement vulnérable ? Entretien avec Claudi Lodesani de Médecins sans frontières (MSF). Est-ce que les femmes sont exposées pendant leur parcours migratoire à des risques particuliers en terme de santé ? Existe-t-il des prises en charge particulières par rapport à ces populations migrantes ? Entretien avec Dr Claudia Lodesani, infectiologue et responsable des programmes Migration pour Médecins sans frontières (MSF) en France et en Libye.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#parcoursmigratoire#femme#santementale#violencesexuelle#france#MSF#libye#demandeusedasile