• Aujourd’hui lors de la queue au supermarché.
    La cliente qui me précède pose habilement le petit truc séparateur entre clients derrière ses produits, je l’en remercie et et elle m’adresse un beau sourire.
    Elle n’avait pas beaucoup d’articles, mais notamment un #saucisson, c’est peut-être pourquoi la caissière lui lance un aimable « Ça sent l’apéro ».
    La cliente lui répond : « en fait c’est mon #anniversaire, mais ma famille n’est pas là, alors je vais fêter ça toute seule »
    J’ai hésité à lui proposer de partager mes bières avec son saucisson.
    Le temps de réagir, ce moment fugace était terminé.

    • Hier, on est passé à un magasin de producteurs. Comme on est dans les Hautes-Pyrénées (terre d’élevage), ils ont un très bon rayon boucherie, même pas plus cher que le supermarché.
      On est tout seuls.
      Je demande à la personne qui encaisse si c’est habituel (comme on choisit nos horaires, on cherche les heures creuses).

      « Non, là, c’est juste que les gens sont au bout. Ils n’y arrivent plus, c’est fini. ».

      Là, on parle de la classe moyenne pas trop gênée en fin de mois. C’est la clientèle du lieu.

      Le Lidl pas loin a un sas de sécurité pour entrer. Comme dans une banque. Je ne sais pas depuis combien de temps. Je pense me souvenir que la chaine avait mis en place ce système avec affichage de messages en leds lors du covid, pour filtrer/compter les clients. Je n’y vais pas souvent, mais j’ai l’impression que le dispositif ne marchait plus.

      Plus tard, je passe au Netto en bas de chez moi pour un article qui ne s’y trouve pas. J’ai voulu sortir sans achat par les caisses, comme je le fais de temps en temps quand je ne trouve rien. Cette fois, le caissier a été très agressif et m’a ordonné d’ouvrir mon sac devant tout le monde.

      Bref, ça sent pas le joie et la prospérité, tout ça.

    • La pauvreté et la faim dans l’immeuble contre ma maison. Les fins de mois sont hard et iels fument beaucoup. J’essaye d’être attentive et de faire trop à manger pour apporter aux voisin‧es. J’ai peur d’en rater d’autres. Pour des tas de raisons je ne suis pas forcément en relation avec tou‧tes vu les arrivées et départs réguliers. J’ai peur. Je mange à ma faim ainsi que deux de mes enfants adultes qui travaillent et habitent avec moi. Iels ne trouvent pas de logement .

    • Ben moi je vais au marché, et justement hier, on a convenu avec la femme portugaise qui a son stand de beignets de morue hyper bons qu’il y a des sujets qu’il ne faut pas aborder :

      Donc aujourd’hui si tu veux pas revenir déprimer chez toi avec ton cabas, et même si tu croyais avoir affaire à des humains ne parle pas
      – de politique
      – de police
      – de macron
      – de Nahel
      – d’émigration
      – du temps qu’il fait (ça c’est elle qui l’a ajouté et elle a cité un exemple que j’ai oublié où elle est revenue chez elle déprimée pour une histoire de météo)

      C’était mon tour hier de revenir déprimée parce que le volailler a trouvé que la mère de Nahel n’aurait pas du lui laisser les clefs de la voiture alors qu’il était mineur. Et pourquoi il s’est pas arrêté aussi hein. Et cinq minutes après il te dit que tout le monde déteste la police et que lui aussi. Ils sont tous moulinés à Cnews et à je sais plus quelle chaine de merde en continue qui te vomit des trucs infects et faux à répéter à tes clients au marché. Sauf la dame portugaise évidemment, mais j’ai pas creusé puisqu’on a parlé que du sujet de ne pas en parler, ça mange pas de beignet.

      Je dois être maso, je ne lâche pas l’idée que c’est à cet endroit que ça se passe. Quand j’ai la patate, je peux te retourner tout ce petit monde et tenir la conversation contre trois fachos du quotidien mais quand jaillit un « …toute la misère du monde » les bras et la langue me tombent bien souvent.

    • Cet été, suite à not’fête des voisins en décalé, on s’est retrouvés à 6 ou 7 pour terminer la soirée, dont le dernier arrivé, militaire de carrière. Autour de la table, c’est lui qui a calmé le jeu sur les émeutes... en allant à rebours des idées de CNews & cie. Les îlots d’humanité sont rares, et méritent d’être cultivés avec soin.
      J’avoue être lache la plupart du temps. Le voisin du dernier qui est raciste, j’arrête la discussion quand il se lance dans telle diatribe. Quand l’ancienne voisine flic nous lançait sur les cassos, j’essayais, mais je sentais bien que de toute façon, l’intello-bobo-chef-d-entreprise n’avait pas grande légitimité à dire quoi que ce soit à l’encontre de ces gens au contact quotidien du pire de l’humanité.

    • France travail est spécifiquement pensé pour faire des ravages.
      La fermeture de l’observatoire de la pauvreté anticipait ce qui est dans les cartons depuis le début : une paupérisation de masse dans le cadre d’une reconversion massive de la France comme pays à activité essentiellement touristique.

      Dans ce cadre précis, tu n’a pas besoin de système d’éducation ou de santé performants.

    • C’est très étonnant la tournure qu’a pris ce fil, je ne pensais pas du tout à la pauvreté quand j’ai écrit ces quelques lignes. Je pensais à la solitude, mais aussi comment dans ce supermarché (qui est l’un des plus crade de la ville où j’habite, et où je vais régulièrement) il y a des moments d’humanité. Chacun-e lit ce qu’il veut dans ces épisodes.

      Annexe 1 : c’était une caisse « chèque et carte seulement », ce que « la cliente qui me précède » n’avait pas remarqué. Devant sa détresse, la caissière a aussitôt demandé à sa voisine caissière si elle pouvait encaisser les espèces « c’est son anniversaire ». Ce qui fût fait.

      Annexe 2 : cette même caissière à également scanné mon pack de bière comme une seule canette (je soupçonne que c’est involontaire). Ça m’est déjà arrivé, et j’avais alors attiré l’attention de la caissière sur son erreur, de crainte qu’elle en pâtisse. Mais entre-temps j’ai réalisé qu’il n’y a pas de raison qu’elle soit pénalisée, alors hier j’ai rien dit.

      Annexe 3 : je me souviens d’un texte que j’ai lu sur masto dans lequel il était dit « n’essayez pas de faciliter la vie des caissières en anticipant les questions standards, vous les privez des quelques secondes de répit que la machine leur accorde ».

    • La pauvreté (le manque d’argent) crée fatalement de la solitude dans une société où chaque bouffée d’air que tu respires est devenue monétisable.
      Chaque fois que nous invitons des amis à table, on a du mal à s’en remettre.
      Ça marche aussi pour :
      – à chaque fois qu’on voyage pour rencontrer la famille qui est loin
      – à chaque fois qu’on reçoit des invitations pour un évènement local où il te faut fatalement passer à la caisse
      – à chaque fois que nous offrons des cadeaux aux enfants et petits-enfants

      Depuis 2017, (année de l’élection de la petite crapule libertarienne) on « déconsomme » de ouf. On peut se passer de beaucoup de choses mais des amis, c’est le truc le plus difficile.

      Après, tu as les bourgeois middle class qui viennent t’expliquer qu’il faut rester « positif » ... Comme si chaque gorgée d’humiliation quotidienne n’était pas encore assez amère.
      Du coup je vais passer faire un tour chez Walmart pour m’acheter des coupe-faim Ou me faire prescrire des anxiolytiques par mon MT ? J’hésite ...

    • @monolecte : je crois bien que tu as oublié la CAF dans ton descriptif de création de pauvreté. C’est pas pour moi que je le mentionne mais pour mon « petit » dernier (27 ans) qui tombe de Charybde en Scylla dans « l’entreprise de sa vie ». Le moindre faux pas est désormais fatal. Plus aucune chance de remonter la pente vers un niveau de vie décent. Heureusement, il lui reste la musique ...

      #non-recours (dsl pour le trollage @grommeleur)

      https://www.youtube.com/watch?v=UB_5arrnAYw

  • il est temps de noyer tous les poissons encore vivants

    A nos lecteurs, 16h24
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/09/01/reduire-la-colonisation-francaise-en-algerie-a-une-histoire-d-amour-parachev

    Nous avons décidé de retirer de notre site la tribune du politiste Paul Max Morin sur le récent voyage d’Emmanuel #Macron en #Algérie, publiée jeudi 1er septembre. Ce texte reposait sur des extraits de citations qui ne correspondent pas au fond des déclarations du chef de l’Etat. Si elle peut être sujette à diverses interprétations, la phrase « une histoire d’amour qui a sa part de tragique » prononcée par M. Macron lors de la conférence de presse n’évoquait pas spécifiquement la #colonisation, comme cela était écrit dans la tribune, mais les longues relations franco-algériennes. Le Monde présente ses excuses à ses lectrices et lecteurs, ainsi qu’au président de la République.

    @PaulMaxMorin1 11:03 AM · 1 sept. 2022·Twitter Web App
    https://twitter.com/PaulMaxMorin1/status/1565264071913529345

    Je publie aujourd’hui cette tribune dans @lemondefr et en papier « Réduire la colonisation française en Algérie à une histoire d’amour parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle »

    la bio du gars :

    Docteur @sciencespo @Cevipof Mémoires Guerre d’Algérie Auteur de Sauce Algérienne @spotifyfrance Membre du BN de @SOS_Racisme Adorateur du Sud et de la Pizza

    une #censure inespérée pour SOS-Race

    « Réduire la colonisation française en Algérie à une histoire d’amour parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle »
    https://francais-fois.com/politique/reduire-la-colonisation-francaise-en-algerie-a-une-histoire-damour-pa

    Emmanuel Macron s’est rendu pour la deuxième fois en Algérie, du 25 au 27 août, en tant que président de la République française, afin de « renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux » et de « poursuivre le travail d’apaisement des mémoires ».

    Ne nous y trompons pas. L’enjeu principal de ce voyage fut de négocier l’approvisionnement en #gaz face à la menace de coupures des gazoducs russes. De ces négociations, nous ne saurons rien ou très peu. La question des mémoires, en revanche, a une nouvelle fois servi de vitrine pour simuler des avancements [?? ndc] vers une « réconciliation ». Mais en cinq ans, la colonisation sera passée, dans le verbe présidentiel, d’un « crime contre l’humanité » (2017) à « une histoire d’amour qui a sa part de tragique » (2022).

    Les déclarations de 2017 positionnaient le candidat à la présidentielle en homme neuf, capable d’assumer le passé colonial, renvoyant de fait ses concurrents à leur propre incapacité. L’Algérie devenait la jambe gauche du président du « en même temps ». Depuis, la droitisation du paysage politique français a amené Emmanuel Macron à durcir sa ligne. Ainsi, en octobre 2021, il recyclait l’idée que la France aurait fait l’Algérie, déclarant : « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. » En janvier 2022, il reconnaissait le massacre « impardonnable pour la République » des victimes de la rue d’Isly [à Alger, en 1962], soutiens de l’Organisation de l’armée secrète.

    Prédation, violence et asservissement

    Qu’elle ait été prononcée spontanément ou non, la réduction de la colonisation à une « histoire d’amour » parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle. Elle s’inscrit dans la continuité d’une idéologie coloniale qui n’a jamais cessé d’utiliser des euphémismes pour masquer les réalités sociales et politiques. Ces déclarations constituent de plus une rupture majeure avec celles des anciens présidents français en visite en Algérie. En 2007, Nicolas Sarkozy déclarait que « le système colonial était injuste par nature » et qu’il « ne pouvait être vécu autrement que comme une entreprise d’asservissement et d’exploitation ». Le 19 décembre 2012, François Hollande reconnaissait devant les parlementaires algériens « les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien ».

    L’annonce de la création d’une nouvelle commission d’historiens, cette fois franco-algériens, est également problématique. Elle laisse entendre que le travail de recherche et de précision sur les faits n’aurait pas été effectué. Fort heureusement, les historiens et les historiennes des deux côtés de la Méditerranée n’ont pas attendu la parole présidentielle pour travailler. De Charles-Robert Ageron à Raphaëlle Branche, en passant bien sûr par Benjamin Stora ou Mohammed Harbi, trois générations d’historiens se sont succédé. En 2014, Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour et Sylvie Thénault publiaient Histoire de l’Algérie à la période coloniale, 1830-1962 (La Découverte), un ouvrage collectif regroupant autant de spécialistes français qu’algériens. Ce travail se poursuit dans les nouvelles générations.

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    ce machin semble relever d’un choix fréquent du Monde, émettre un nuage de fumée destiné à démontrer le pluralisme et l’équilibre du journal. on publie une tribune nulle sur une question qui a suscité des avis précis qui sont largement partagés. une minute pour un juif qui s’appellerait Oncle Tom

  • La réforme des APL : l’effondrement ! · Pétition · Clementine BEGUIER a lancé cette pétition adressée à Vidal (Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation), Véran (affaires sociales) et Wargon (logement)
    https://www.change.org/p/la-réforme-des-apl-l-effondrement

    La réforme des APL
    Je m’appelle Clémentine Beguier, je suis en première année d’études en apprentissage pour devenir Educatrice Spécialisé à Poitiers.
    J’ai pris l’initiative de lancer cette pétition quand j’ai vu que je perdais mes aides et que mes amies étaient impactées elles aussi. Aujourd’hui, je constate que l’on parle de précarité étudiante dans les médias mais la réforme des APL ne vient qu’accentuer cette situation. 
    En effet, depuis janvier, l’État a changé le calcul des Aides Personnalisées au Logement.
    Elles sont maintenant calculées sur les douze derniers mois en réévaluant les ressources chaque trimestre.
    Mais quelles en sont les conséquences pour les jeunes ?
    Des étudiants déjà précaires se retrouvent avec des APL qui chutent à 0€ alors qu’elles étaient de 270€ !
    Des alternants qui se retrouvent avec 390€ d’APL supprimées !
    Des jeunes qui cumulent des jobs mais qui ne gagnent pas assez pour une prime d’activité mais trop pour des APL !
    Mathilde me confie son témoignage : « Je suis déclarée en concubinage, nous avons un loyer de 650€ et nous sommes passés de 328€ d’APL à 0. La conséquence ? Un énorme découvert. »
    Cloé m’explique : "Je touchais 248€ et aujourd’hui je n’ai plus que 29€. Je n’ai pas d’autres aides pour payer toutes mes autres dépenses (nourriture, assurance, prêt de ma voiture...) J’avais pris cette appartement en fonction de mes aides. Je ne peux pas déménager donc je dois piocher dans mes économies prévues pour d’autres projets"
    Kimberley me dit : "Je n’avais droit qu’a 84€ pour un loyer de 520€, aujourd’hui je ne touche plus rien car j’ai du travailler à côté de mes études en 2020. Je dois déménager pour un plus petit logement."

    Pendant que Le Monde explique que donner le RSA aux moins de 25 ans pose des problèmes ("soulève toujours des réticences"), des bouts de média cherchent des témoignages d’étudiants qui « ont un emploi » dont l’#APL a baissé ou a été coupée. C’est rigolo, ni étudiant, ni emploi, la mienne vient de baisser de 78e par mois, 936 euros par an dont je sais pas comment je vais pouvoir les donner au proprio.
    1,2 milliards d’économie, c’est pas ce que doit trouver MC Kinsey ?

    • Je remonte un peu le fil d’actu et vois que c’est Ration qui a lancé la chose que FranceQ et d’autres cherchent à suivre

      Réforme des APL : une mauvaise surprise pour les jeunes
      https://www.liberation.fr/societe/logement/reforme-des-apl-une-mauvaise-surprise-pour-les-jeunes-20210206_DIY7N4V4QR

      Les bénéficiaires des aides aux logements (APL) pourraient voir, ce vendredi, leur montant d’aides changer. Parmi les premiers mécontents, les étudiants, jeunes actifs et contrats de professionnalisation qui se disent « lésés ».

      et ils ouvrent sur un cas qui ferait (presque) croire que la baisse des APL touche brutalement la mythique classe moyenne... les méritants.

      Mathilde, 25 ans, technicienne de laboratoire à côté de Lyon, ne s’était pas préparée. Jeune active depuis moins d’un an, elle gagnait en moyenne 1 300 euros et percevait 248 euros d’aide personnalisée au logement (APL) pour payer ses 590 euros de loyer. Depuis la mise en application de la réforme des APL, en janvier, elle ne touche plus rien. Et elle est loin d’être la seule dans cette situation.

      #saucissonnage

    • Décryptage
      Réforme des APL : une mauvaise surprise pour les jeunes (et les autres ont qu’a creuver du covid)
      https://www.liberation.fr/societe/logement/reforme-des-apl-une-mauvaise-surprise-pour-les-jeunes-20210206_DIY7N4V4QR

      [...]

      Manifestation d’étudiants à Paris, le 20 janvier. (Christophe Ena/AP)
      par Julie Richard et Solenne Bertrand

      [...]

      Alors que les locataires des parcs privés reçoivent, ce vendredi, leur APL pour le mois de janvier, beaucoup d’étudiants et de jeunes actifs ont constaté une diminution, voire une suppression totale de leurs aides. Au lieu de calculer les droits sur les sommes perçues deux ans avant, comme c’était le cas jusqu’en décembre 2020, la réforme des APL permet d’actualiser le montant des aides tous les trois mois, sur la base des revenus des douze mois précédents. « Nous avons fait exprès d’intégrer au maximum l’année 2020 dans le calcul des droits car cette année a été difficile et associée à d’importantes pertes de revenus pour beaucoup de Français », confie l’entourage de la ministre chargée du Logement, Emmanuelle Wargon.

      Une réforme qui suscite de l’incompréhension

      Même si le ministère refuse de parler d’une « mesure budgétaire », à terme, la réforme devrait permettre, selon eux, de réaliser entre 700 millions et 1,3 milliard d’euros d’économie. L’Etat espère ainsi réduire ses dépenses, en versant à chaque Français une aide plus proche de sa situation réelle. Interviewé sur RTL en juillet 2019, Gérald #Darmanin, à l’époque ministre des Comptes publics, avait ainsi légitimé sa réforme : « Des cadres [fraîchement diplômés] qui touchent aujourd’hui 3 000 ou 3 500 euros, continuent de toucher l’APL. » En effet, le montant de leurs droits était calculé sur leur situation financière deux ans auparavant. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Interrogés par Libération, le ministère du Logement et la Caisse d’allocations familiales (CAF) n’ont pas été en mesure de communiquer des chiffres précis sur le nombre de Français qui verront leur APL diminuer avec la réforme.

      Ce nouveau mode de calcul, présenté comme « plus juste » par le gouvernement, ne passe pas pour Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement. « Quand on fait 1,5 milliard d’économie, c’est autant d’argent qui n’est pas versé aux Français, explique-t-il. Dans une période où les jeunes ont besoin de sécurité et de confiance, est-ce que c’était le moment de mettre en application une réforme qui va créer de la tension et de l’incompréhension ? »

      Dans l’incompréhension, François, 30 ans, l’est depuis quelques semaines. Intermittent du spectacle dans un théâtre de Cherbourg (Manche), il a perdu ses 70 euros d’aide personnalisée au logement. Depuis le début de la crise sanitaire, le technicien régisseur a réussi à signer quelques contrats mais la plupart des événements culturels auxquels il devait participer ont été annulés. « On m’a supprimé mes APL car la moyenne de mes revenus de l’année dernière était trop élevée. Sauf qu’actuellement, je touche 1 300 euros de chômage et une fois que j’ai versé mon loyer, remboursé mon crédit à la consommation et payé toutes mes factures, il ne me reste plus grand-chose pour vivre. Je suis à découvert tous les mois et ce n’est pas comme si la situation allait s’améliorer pour les intermittents du spectacle. » Il espère retrouver ses aides personnalisées au logement dans trois mois, après réactualisation du calcul, comme la réforme le prévoit.

      Parmi les étudiants et les jeunes actifs, l’inquiétude grandit aussi. Sur Twitter, les témoignages se multiplient.

      Les contrats de professionnalisation, grands perdants de la réforme ?

      « Ma situation par rapport à l’an passé n’a pas évolué ou presque pas, et pourtant, aujourd’hui, je me retrouve avec près de 300 euros de moins par mois sans aucune explication. » Juliette peine à cacher sa colère. Etudiante en Master 2 dans une école de commerce à Paris, la jeune femme de 22 ans est depuis sa troisième année de licence en contrat de professionnalisation. Avant la réforme, la Parisienne touchait 309 euros d’APL. Désormais, elle n’a plus rien. « Je suis payée 1 000 euros par mois. Une fois mon loyer de 650 euros et mes charges réglés, je n’ai plus que 200 euros pour vivre à Paris, ce qui n’est pas assez. Je vais sans doute devoir vivre dans mon 15 m² avec une amie qui est dans la même situation que moi pour pouvoir diviser mon loyer par deux », souffle la jeune femme.

      Sabrine (1) a aussi été prise de court. En deuxième année de contrat de professionnalisation (rémunéré à 1 200 euros), l’étudiante en master de ressources humaines à Paris touchait 292 euros d’APL pour payer son studio de 680 euros à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Début janvier, alors qu’elle se connecte par hasard sur son compte, elle se rend compte que celles-ci sont passées à 62 euros : « Je ne sais même pas comment je vais faire pour vivre. Depuis lundi, je suis très mal. J’ai personne sur qui compter, explique-t-elle. J’hésite à me chercher un petit job étudiant mais je ne sais pas si ça vaut le coup car cela risque de m’enlever ma prime d’activité de 180 euros. »

      Comme Juliette et Sabrina, ils sont près de 240 000 jeunes en France à être en contrat de professionnalisation. Différents des contrats d’apprentissage, ces contrats s’inscrivent dans le cadre d’une formation continue et ne sont par conséquent pas soumis au régime des étudiants pour les APL, un statut spécial basé sur un « forfait indépendant » des revenus perçus. Mais alors pourquoi des étudiants se retrouvent-ils dans cette situation ? Interrogé par Libération, le ministère du Logement précise : « Aujourd’hui, au regard de la loi en France, il n’y a aucune raison qu’un étudiant en alternance soit en contrat de professionnalisation. Il doit être en apprentissage. Si les entreprises détournent les contrats d’apprentissage pour les mettre en contrat pro, ça nous dépasse totalement. »

      Quoi qu’il en soit, une chose est sûre (et le ministère le confirme) : les travailleurs en contrats de professionnalisation pourraient bien être les grands perdants de la réforme pour qui aucun régime d’APL n’est prévu. « Pour l’heure, le problème est sur la table mais nous n’avons encore aucune réponse concrète à proposer », avoue le cabinet d’Emmanuelle Wargon.

      Le casse-tête des étudiants

      Même côté étudiant, l’incompréhension demeure. Anya, 21 ans, inscrite en master 1 d’école d’ingénieur à Angers, explique : « L’an dernier, je recevais 220 euros d’APL, cette année je n’en reçois que 60 alors que rien dans ma situation n’a changé. » Pour Ludivine, 21 ans, et étudiante en deuxième année de BTS management commercial, la situation est identique : « Avant la réforme, il me restait à charge 260 euros de loyer par mois, là je suis passée à plus de 300 euros. J’ai perdu près de 50 euros d’APL alors que mon dossier n’a pas bougé d’un pouce. »

      Interrogé par Libération, le ministère s’étonne de ce constat : « La nouvelle réforme est pensée pour être plus avantageuse pour les étudiants. Avec l’ancien système, un étudiant salarié avait des APL moins importantes qu’un étudiant qui ne travaillait pas en parallèle de ses études. » Désormais, les aides sont calculées sous forme de « forfait étudiant », un régime spécial pensé pour être protecteur et qui est le même pour tous à condition que les revenus ne dépassent pas 7 000 euros par an. [soit le montant très théorique et tout maximal du RSA par mois, 580e, ndc]

      A la question de savoir pourquoi certaines APL auraient diminué chez les étudiants, le ministère du Logement reste catégorique : « Si ça bouge, ce n’est pas normal, il y a erreur ou le dossier est incomplet. La réforme n’a pas été pensée pour diminuer les APL des étudiants. » Et d’ajouter : « Il est donc primordial de penser à réactualiser son dossier tous les ans. »

      Le cas de jeunes actifs

      La situation des jeunes actifs pose aussi question. Deux cas de figure se présentent : ceux qui quittent le logement familial et les autres. Les jeunes actifs qui s’installent pour la première fois pourront bénéficier d’un coup de pouce financier de 1 000 euros. Une mesure votée et adoptée jeudi soir par le gouvernement en partenariat avec Action logement. En revanche, pour ceux qui touchaient déjà les APL l’année dernière, aucune aide forfaitaire n’est prévue. Au grand regret de Mathilde, 25 ans, jeune active depuis un peu moins d’un an. « J’aurais préféré qu’on me laisse les APL pendant deux ans. Cela m’aurait permis de m’installer un peu plus confortablement, sans que ce soit trop la galère. »

      le #logement, un territoire zéro #chômeur ?

  • Instant pleasure : un long déplaisir | Marie Docher
    https://atlantesetcariatides.wordpress.com/2017/10/08/instant-pleasure-un-long-deplaisir

    Il n’y aurait eu aucune raison de mentionner ici le nom de Mathias Pfund, jeune artiste Suisse, s’il n’avait posé une de ses sculptures intitulée Instant Pleasure (clitoris) sur le Rond-Point de l’Europe à Neuchâtel, et prétendu inscrire son projet dans une « perspective pédagogique ». Que certain·es réclament le retrait de ce qui est donc censé être un clitoris n’est pas le sujet de cet article. Il y a bien longtemps que les pénis et scrotums de mâles statues ponctuent nos promenades dans les parcs publics ou nous pissent dessus à Bruxelles sans que ça n’émeuvent les tenant·es de la morale. Ce qui nous mobilise ici, c’est le parfait cas d’école que Pfund nous fournit pour illustrer l’opportunisme de certains artistes et la récupération à leur profit des luttes anti-sexistes que mènent des femmes. On y (...)

    • Marrant que tu passes ce reportage, alors qu’en rentrant hier, j’ai croisé sur l’autoroute pendant plus de 2 heures la caravane du tour de France qui remontait vers le nord. Des bagnoles, des camions bariolés, des motards de la police nationale par escadrilles entières, quelque chose de monstrueux dans sa démesure, des milliers de gens impliqués, des sommes colossales engagées alors qu’on ne trouve jamais de pognon pour la santé ou l’éducation... alors, pendant que je les croisais sans cesse, je me disais que tout le monde devait bien s’en foutre des pauvres bougres sur leurs vélos qui doivent se camer jusqu’aux oreilles pour que le spectacle continue...