Tunisie : démission démocratique ?
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Après ces différents succès, comment expliquer la décision du maire de Sayada de démissionner ? Il faut y voir une forme de lassitude face aux pressions des autorités étatiques et de certains partis politiques qui cherchent à reprendre le pouvoir à Sayada. Régulièrement, l’action du maire est surveillée voire entravée : il dérange, et on le lui fait savoir. Il semble que plus le 14 janvier 2011 s’éloigne, plus la Tunisie renoue avec ses vieux démons : hiérarchie, opacité, contrôle, intimidation, corruption... Les dispositions de l’article 139 de la nouvelle Constitution promouvant la démocratie participative sont très loin d’être appliquées dans le pays.
Ce qui vient de se passer à Sayada est-il le signe d’une remise en question de la transition démocratique tunisienne dans son ensemble ? Face au tourisme en berne, à l’économie en chute libre, à l’insécurité rampante, aux attentats et aux assassinats politiques, de nombreux Tunisiens expriment une immense déception, à la hauteur des attentes provoquées par le printemps arabe. Cependant, nombre de citoyens et d’associations, à l’image de Boswala, Doustourna ou, Lam Echaml veillent, agissent et continuent à innover au service de la démocratie. Leur travail et leur présence sont essentiels. Le bouillonnement démocratique de la société civile reconnu par le Prix Nobel de la Paix se poursuit en dépit des difficultés… Lotfi Farhane confie d’ailleurs : « Ce que nous avons réalisé ne devrait absolument pas être considéré comme exceptionnel. Ça devrait être la règle partout en Tunisie ». Espérons que l’histoire lui donne raison !