• De « C’est pas sorcier » au salon de l’aviation : les liaisons douteuses de Jamy
    https://reporterre.net/De-C-est-pas-sorcier-au-Salon-de-l-aviation-les-liaisons-douteuses-de-Ja

    Cachés derrière la façade de la science, les vendeurs d’armes se sont emparés depuis longtemps de la communication publicitaire pour masquer leurs gains à tuer des enfants avec des moyens #dernier_cri. Ils savent se trouver des larbins comme Jamy pour faire leur promotion comme depuis des années on peut par exemple l’observer à La cité de l’industrie à La Villette Paris.

    #industrie_de_l'armement #communication #salopards #vendeurs_d'armes #science

    Au fait, quel est le classement de la france dans les exportations d’armes déjà ?

  • La profession d’enseignant-chercheur aux prises avec le #nouveau_management_public

    Ce texte se propose d’analyser différents impacts de la #néolibéralisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) sur le contenu et les #conditions_de_travail des enseignants-chercheurs (EC). L’analyse s’appuie sur les résultats d’une enquête menée entre 2020 et 2022 sur la nature, les causes et les effets des mutations du #travail des EC. Cette recherche visait dans un premier temps à objectiver les évolutions et à saisir les représentations des acteurs à leur sujet. Le second temps entendait analyser les raisons et les vecteurs de ces évolutions. Outre la mobilisation de sources bibliographiques, trois outils ont servi à recueillir des données. Un questionnaire adressé en ligne aux membres des différentes sections du CNU et aux EC en poste dans cinq établissements (aux tailles, localisations et statuts variés), à l’exception de ceux du domaine de la santé [1] a permis de travailler sur 684 réponses complètes reçues. Des entretiens semi-directifs (de 30 à 90 minutes) ont ensuite été menés avec 108 répondants au questionnaire, avec 5 présidents ou vice-présidents d’université (en poste au moment de l’échange) et avec des représentants de 6 syndicats (SNESup, SNESup école émancipée, CFDT, CGT, FO et Sud) [2]. Des résultats provisoires ont enfin été discutés au cours de 7 séminaires réunissant des EC dans le but d’alimenter la réflexion et l’analyse finale. Le livre Enseignants-chercheurs. Un grand corps malade (Bord de l’eau, 2025) rend compte de façon détaillée des résultats de cette recherche.

    On montrera d’abord comment la mise en œuvre des principes du nouveau management public (#NMP) dans l’ESR a entraîné simultanément un alourdissement et un appauvrissement des tâches d’enseignement, de recherche et d’administration incombant aux EC. On abordera ensuite les effets de #surcharge et de #débordements du travail que produisent ces transformations du travail des EC ainsi que les impacts que cela engendre sur leur #moral, leur #engagement et leur #santé.

    Le travail des EC alourdi et appauvri sous l’effet de la #néo-libéralisation et du NMP

    La #néo-managérialisation de l’ESR a démarré dans les années 1990, sans qu’il s’agisse d’une #rupture absolue avec une #université qui aurait jusque-là échappé aux logiques capitalistes dominantes. Parlons plutôt d’une évolution marquée par l’adoption et l’adaptation des principes du néolibéralisme. Promus par la Société du Mont Pèlerin fondée en 1947, puis mis en œuvre à partir des années 1980 (par Thatcher et Reagan), ces principes prônent une réduction des missions et des coûts des services publics s’appuyant sur une gestion comparable à celle des entreprises privées. Il s’agit de rationaliser leur organisation et de réduire leurs budgets, d’instaurer une mise en concurrence interne (entre établissements, départements, équipes et collègues) et externe (avec des organisations privées fournissant des services de même nature), de viser leur rentabilité et de mesurer leur performance. Cela a conduit à favoriser le fonctionnement en mode projet, la diversification des financements en valorisant les #PPP (partenariats public/privé), l’évaluation sur #indicateurs_quantitatifs, les #regroupements… Les objectifs fixés étant l’#efficacité plutôt que l’#équité, l’#efficience plus que l’#utilité_sociale, la #rentabilité avant la qualité de service.

    Ce programme s’applique donc dans l’ESR français à partir des années 1990. En 1998, le #rapport_Attali « Pour un système européen d’enseignement supérieur » répond à une commande de #Claude_Allègre (ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000) qui entend « instiller l’#esprit_d’entreprise dans le système éducatif » (Les Échos, 3 février 1998), une #orientation qui constitue une injonction à visée performative. Dans les établissements, et notamment les #universités_publiques, cette orientation va être conduite par des équipes comptant de plus en plus de technocrates et de managers formés et rompus à l’exercice du NMP qui entendent faire fonctionner une logique inscrite dans la droite ligne du « processus de production, de diffusion et de légitimation des idées néo-managériales en France depuis les années 1970 [3] »

    Le rapport Attali propose un cadre européen inspiré d’orientations de l’OCDE. Lors de la célébration du 800e anniversaire de la Sorbonne, toujours en 1998, les dirigeants français, allemand, britannique et italien lancent un appel pour « un cadre commun de référence visant à améliorer la lisibilité des diplômes, à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que leur employabilité ». Dès 1999, 25 autres pays européens signent cet appel et donnent naissance au « #processus_de_Bologne » destiné à créer un Espace européen de l’enseignement supérieur avant 2010. En mars 2000, l’Union européenne rejoint ce projet, qui débouche sur la #stratégie_de_Lisbonne proposant de créer un « #marché_de_la_recherche ». C’est dans ce contexte qu’intervient la #bureaucratisation_néolibérale de l’ESR français qui va transformer la « #gouvernance » de l’ESR, ainsi que le travail et les conditions de travail de ses salariés, dont celles des EC.

    Parallèlement à la dégradation des #taux_d’encadrement (notamment en licence [4], avec des variations entre disciplines et établissements) et aux baisses d’effectifs et de qualification des personnels d’appui, les EC assument des tâches liées à l’enseignement de plus en plus nombreuses, diverses et complexes. Il s’agit notamment d’un travail d’#ingénierie_pédagogique de plus en plus prenant, d’une coordination de plus en plus fréquente d’équipes pédagogiques comprenant des précaires en nombre croissant (dont ils doivent aussi assurer le recrutement et le suivi), de réponses aux injonctions à la « #professionnalisation » (impliquant de faire évoluer les contenus de formation, en réécrivant les maquettes de diplôme en « compétences » [5], en multipliant le nombre de #stages à encadrer et en travaillant sur les #projets_professionnels des étudiants), d’une #complexification de l’#évaluation des étudiants due à la #semestrialisation, à des délais de correction raccourcis, à la « #concurrence » du web et désormais de l’IA et d’une prise en charge d’activités de #marketing et de #communication destinées à vanter, voire à « vendre », les diplômes, les parcours, l’établissement.

    - « On subit une accumulation de #micro-tâches, qui devient chronophage même si c’est souvent des bonnes idées. Par exemple, l’université nous demande de présenter les masters en faisant venir d’anciens étudiants, ce qu’on fait déjà deux fois pour les étudiants de L3 et aux journées portes ouvertes. Ils nous demandent de faire une présentation de plus pour diffuser plus largement sur des plateformes et toucher un public plus large. […] Autre exemple, on nous demande de refaire un point sur les capacités d’accueil de nos masters, et il faut refaire le travail. […] En fait, toute l’année on nous demande des #petits_trucs comme ça. » (PU en sciences de l’éducation et de la formation, en université).

    Une même dynamique opère du côté de la recherche, les activités sont aussi accrues et diversifiées dans un contexte de raréfaction des personnels d’appui, notamment en lien avec la #concurrence aiguisée entre chercheurs, entre labos, entre UFR, entre établissements. Cette évolution c’est aussi la baisse des #budgets_récurrents et la chasse aux #financements, en répondant à des #appels_à_projets émanant de institutions publiques (ANR, ministères, UE) ou d’acteurs privés, la course aux #publications dans les revues classées, en anglais pour certaines disciplines, la multiplication des #évaluations par les établissements, les agences (AÉRES puis #HCÉRES…), les tutelles, le ministère, l’œil rivé sur les classements, notamment celui de Shanghai.

    - « Une partie du temps, on est plus en train de chercher des budgets et de faire du #reporting que de faire la recherche elle-même. Sans compter qu’il faut publier pour être valorisé. Il y a des collègues dont on se demande ce qu’ils publient, parce que leur temps de recherche en fait, c’est du temps d’écriture, mais on ne sait pas sur quoi. » (PU en civilisation américaine en université).
    - « Si on regarde les laboratoires, il y a beaucoup de chercheurs et peu de personnels associés. Nécessairement, les EC doivent faire face à plus de tâches administratives. Et d’autre part, il y a des choses qui ont été formatées, il faut remplir des fichiers, des indicateurs, cela fait beaucoup de tâches administratives à réaliser. » (PU en électronique en IUT).

    À cela s’ajoutent les activités de sélection, de recrutement et de management des étudiants et des doctorants sur des plateformes aux performances discutables (#ParcoursPlus, #Mon_master, Adum), des ATER, des postdocs et des enseignants vacataires et contractuels, ainsi que de titulaires lorsqu’il faut siéger en comité de sélection quand des postes de MCF et PU (Professeur d’Université) sont ouverts. Il faut ici souligner la #surcharge spécifique pesant sur les #femmes, notamment PU, compte tenu des règles de parité (un COS doit compter au moins de 40% de membres de chacun des deux genres) et des inégalités de #genre dans les carrières [ 7].

    Les EC doivent aussi prendre en charge des activités d’information, d’évaluation et de valorisation à destination de divers instances et organismes, dans des délais souvent courts, au moyen d’outils numériques plus ou moins fiables et compatibles. Ces comptes à rendre portent en particulier sur la qualité des cursus, les débouchés professionnels et les taux d’insertion des diplômés, les coûts en heures et en masse salariale des cours, des TD et des TP, les résultats en termes de présence aux examens, de notes, de diplômés, d’abandons en cours de cursus…

    – « Je me sens être très gestionnaire, animatrice, gentille organisatrice une grande partie de mon temps. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé en entrant dans ce métier, parce que je ne pensais pas avoir autant de #charges_administratives. […] Dès la 3è année après mon recrutement, j’étais directrice des études, à faire des emplois du temps, recruter des vacataires, travailler un petit peu le contenu de leurs interventions, mais je devais surtout faire des RH, essayer que ça convienne à chacun, récupérer les papiers qu’on lui demandait pour qu’il soit payé, etc. » (MCF en sociologie en IUT).

    On a ainsi assisté à un double mouvement d’alourdissement er d’appauvrissement du travail des EC sous les effets combinés des injonctions à la professionnalisation (la #loi-LRU de 2007 a ajouté « l’orientation et l’insertion » aux missions de l’ESR) et aux attentes des tutelles en la matière ainsi que des normes budgétaires strictes et des critères « d’#excellence » qui concrétisent l’essor des logiques et des modes de gestion du NMP et la #managérialisation de l’ESR (comparable à ce qu’a connu l’Hôpital,). Il en découle un ressenti fréquent de #perte_de_sens et un #malaise profond.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du #sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. »(MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).
    - « Quand j’ai démarré au début des années 2000, j’avais l’impression d’être en phase avec mon travail et peut-être plusieurs de mes collègues aussi. J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de vision collective partagée. Cette vision collective partagée, je la sens moins parce que je sens des #découragements, je sens des #lassitudes. Le partage de la mission de chercheur, c’est plus compliqué et le partage de la vision de la mission d’enseignement pour moi, elle est galvaudée. » (MCF HDR en chimie en université).

    Le #moral et la santé des EC pâtissent des #surcharges et débordements vécus par les EC.

    La détérioration des situations de travail vécue par les EC produit des effets à la fois sur leur état moral, leur #engagement_professionnel et leur état de santé. Les surcharges combinées au sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement sont à l’origine de nombreuses #souffrances. Leur travail a été peu à peu alourdi par une accumulation de tâches dont une partie tient à la #procédurisation qui concrétise « la #bureaucratisation_néolibérale ». Cela nourrit un important « #travail_caché », invisibilisé et non rémunéré, qui conduit à la fois à accroître et à hacher l’activité.

    Il en découle des #surcharges_temporelles (extension de la durée du travail professionnel), des #surcharges_mentales (dues à l’accumulation de sujets et de préoccupations) et des #surcharges_cognitives (liées aux changements récurrents de registres d’activité).

    - « L’université française s’écroulerait si nous ne consentions pas à faire un travail parfois considérable gratuitement ou presque. » (PU en langue et civilisation)

    L’#intensification_du_travail qui passe par un accroissement du travail invisible, ou plus justement invisibilisé, des EC, implique des débordements fréquents de leur vie professionnelle sur leur #vie_personnelle (aussi bien du point de vue du temps que de celui des lieux). Ce phénomène a été aggravé par l’usage d’outils (téléphone mobile, micro-ordinateur, tablette) et de dispositifs techniques (mails, réunions et cours à distance, remontées de datas, recherches sur le web) qui favorise le travail en tout lieu et à tout moment, et donc le brouillage des frontières entre travail et hors-travail.

    - « Je pense que tous les collègues font un peu comme moi, le temps d’écriture des articles est pris surtout sur le samedi et le dimanche, donc sur le temps personnel, en fait. Parfois, les conjoints ont du mal à s’y faire, mais moi non, mon conjoint est un chercheur. Globalement, on travaille tous les jours. Sinon, ça ne passe pas. Ou alors, on ne fait que de l’enseignement et on écrit un article par an. » (PU en histoire du droit en université).

    Le débordement temporel et spatial est un fait massif difficile à mesurer pour les EC car ceux-ci, comme tous les enseignants, ont toujours travaillé à la fois sur leur lieu de travail et à leur domicile ou en vacances (pour préparer des cours, corriger des copies et des mémoires, lire et écrire des travaux scientifiques, tenir des RV et réunions à distance).

    La porosité des frontières entre lieux de travail et de vie, entre temps de travail et hors-travail est ambivalente. D’un côté, elle permet aux EC de choisir où et quand ils travaillent, à l’inverse de la plupart des salariés. Cette souplesse d’organisation procure un sentiment de liberté, et une liberté réelle, qui facilite la conciliation entre obligations professionnelles et activités personnelles, domestiques, familiales. Mais, c’est aussi un piège qui met en péril la vie personnelle et familiale en impliquant une absence de limite aux temps et aux espaces consacrés au travail. Ce risque est d’autant plus grand que ce sont souvent les activités de recherche (à la fois les plus appréciées et les plus empêchées au quotidien) qui trouvent place en dehors des lieux et temps de travail. Beaucoup d’EC en viennent alors à accepter, voire à rechercher, ces débordements du travail pour retrouver le plaisir de faire ce qu’ils aiment dans un contexte plus favorable qu’au bureau (environnement calme et agréable) et à l’abri de sollicitations multiples (passages, appels téléphoniques, mails urgents, etc.). Ne peut-on évoquer ici une forme d’#aliénation, voire de « #servitude_volontaire » ? Cela rappelle ce que différentes enquêtes ont montré chez des cadres du secteur privé qui, en travaillant chez eux, y compris le soir, le week-end ou en congé, retrouvent comme ils le disent une « certaine continuité temporelle » et un « cadre spatial favorable à la #concentration ».

    - « Il faut avoir le #temps de faire sa recherche, on est dans une espèce de course à l’échalote permanente. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas cracher dans la soupe, j’ai pu travailler sur ce que je veux, et après à moi de trouver de l’argent. Mais, c’est un métier où ça peut être très dangereux si on ne trouve pas son équilibre. Moi, ça m’a coûté certaines choses au niveau personnel [un divorce !] parce qu’il est arrivé un moment donné où je ne dormais plus la nuit parce que je voyais tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire. J’ai eu besoin de faire un travail sur moi pour me ressaisir et me dire que si je n’avais pas fait ça ou ça, ce n’était pas si grave, personne n’est mort à cause de ça, on se détend. J’ai eu de la chance, j’ai refait ma vie avec quelqu’un qui est professeure des écoles donc avec un rythme peu différent ». (MCF en chimie en université).

    Les inégalités de prise en charge des tâches domestiques, familiales et éducatives entre femmes et hommes, auxquelles n’échappent pas les EC, conduisent à exposer de nombreuses EC à des difficultés spécifiques (contribuant aux inégalités de déroulement de carrière à leur détriment), d’autant que la façon d’exercer le métier, de gérer les relations avec les étudiants et de prendre des responsabilités est aussi marquée par des différences de genre.

    – « Cette intensification du temps de travail s’est encore accrue au moment de mon passage PU, avec certains moments de l’année où pour pouvoir conduire mon activité et honorer mes engagements professionnels, je dois sacrifier tous mes week-ends sur une longue période. […] Il me semble que cette intensification tient aussi à une division sexuée du travail présente dans nos composantes : nombre de mes collègues hommes ayant longtemps refusé de prendre des responsabilités, en tous les cas les responsabilités chronophages et peu qualifiantes dans les CV ». (MCF en communication).
    – « Les femmes sont plus touchées que les hommes car elles assument les responsabilités de care pour les étudiants mais aussi pour leurs proches descendants ou ascendants de manière très déséquilibrée par rapport aux hommes. La charge mentale des femmes EC est très lourde. Concilier maternité et ESR (et donc espérer voir évoluer sa carrière) est mission impossible sauf pour celles qui ont un conjoint ou un réseau personnel sur lesquels s’appuyer. L’explosion des publications émanant d’EC masculins pendant la pandémie en est un bon exemple ». (MCF en anglais).

    Ces débordements s’inscrivant dans un contexte de dégradation de la qualité du travail et des conditions de sa réalisation contribuent à nourrir un sentiment d’#insatisfaction. C’est aussi de la #désillusion et diverses #souffrances_morales mais aussi physiques qui découlent de cette combinaison mortifère entre surcharges, débordements et insatisfaction.

    - « Moi, j’ai beaucoup de désillusions sur mon métier. Beaucoup d’#amertume, en fait. […] Quand on est enseignant-chercheur, on démarre, on est à fond, on en veut, etc. On a plein d’envies, on a plein d’ambition, puis on arrive dans la réalité et on prend un gros coup dans la figure et ça t’arrête net. Parce qu’on te colle tout de suite une responsabilité. […] Et tout ça pour un salaire de m… ! […] Moi je trouve que former des gens comme on les forme pour faire ça, c’est du gâchis franchement. » (Vice-présidente d’une université en poste).

    Ce qui mine et fait mal, comme l’évoquent de nombreux EC quand ils décrivent l’évolution de leur métier, c’est en particulier l’impression de devoir travailler toujours plus avec toujours moins de moyens disponibles, et donc pour un résultat dégradé ; ils ont le sentiment d’un « #travail_empêché » (comme le nomme Yves Clot) parce qu’ils se sentent empêchés de faire un travail de qualité comme ils savent et voudraient le faire ; ils ont des doutes sur la réalité de ce qu’ils font par rapport à ce qu’ils attendent de leur travail et ce qu’ils pensent que doit être le #service_public.

    Beaucoup des EC interrogés durant l’enquête se demandent ce qu’est devenu leur travail, quel sens ils peuvent encore lui donner et quel avenir attend l’université (et plus largement l’ESR). Si la plupart acceptent que le cœur de leur métier dépasse largement les seules activités de base d’enseignement et de recherche, ils doutent de plus en plus de pouvoir faire ce métier, auquel ils sont attachés, dans les règles de l’art telles qu’ils les conçoivent, et en particulier avec l’attention requise et les résultats voulus.

    - « Je pense que le métier d’enseignant-chercheur au-delà des 35 heures, ce n’est pas trop quelque chose de nouveau. Un chercheur, je pense qu’il a toujours beaucoup travaillé le soir. Mais peut-être que maintenant, on n’arrive plus à trouver le temps de tout faire ce qu’on nous demande. Et peut-être que ça, c’est nouveau ». (PU en biologie en IUT).
    – « J’ai vraiment du mal à croire qu’on puisse faire les trois choses ensemble. C’est-à-dire à la fois avoir une activité de recherche de haut niveau, avoir un investissement dans l’enseignement qui permet, enfin selon le critère qui est le mien, de renouveler ses cours extrêmement régulièrement pour ne pas se répéter, et en plus avoir des fonctions administratives ». (MCF en histoire en université).

    Cela fait émerger des questions majeures : à quoi et à qui sert aujourd’hui le travail des EC ? Sont-ils en mesure de réaliser des enseignements et des recherches de qualité ? Que devient le service public de l’ESR ? Ces questionnements rejoignent les trois dimensions majeures du sens du travail énoncées : son utilité vis-à-vis de ses destinataires, le respect de leurs valeurs éthiques et professionnelles, et le développement de leurs capacités.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. » (MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).

    Les différentes évolutions que nous venons de décrire peuvent s’interpréter comme les signes d’un risque de #déprofessionnalisation, un processus à la fois lent et peu visible prenant la forme d’une remise en cause ce qui fonde leurs « gestes professionnels » et de leur #identité_professionnelle ». Ce dont on parle ici ne concerne pas seulement tel ou tel individu, mais le groupe professionnel des EC à travers trois aspects.

    Le premier élément est une déqualification liée au fait que les EC sont de plus en plus souvent chargés de tâches ne correspondant ni au contenu, ni au niveau de leurs savoirs et de leurs objectifs. La deuxième dimension concerne la perte d’#autonomie à rebours de la #liberté_académique et de l’autonomie affirmées dans les textes. Le troisième aspect est le sentiment massivement exprimé durant l’enquête de l’#inutilité d’une part croissante du travail réalisé par rapport à ce que les EC voudraient apporter à leurs étudiants, et plus largement à la société qui finance leurs salaires, ce qui touche au cœur de l’identité fondant leur profession.

    La managérialisation de l’ESR alimente ce risque de déprofessionnalisation en enrôlant les EC dans les évolutions de leur travail et de leurs conditions de travail qui leur déplaisent, en les conduisant à faire - et pour ceux qui ont des responsabilités à faire faire à leurs collègues - ce qui les fait souffrir et que, pour partie, ils désapprouvent. C’est sans doute une des réussites du NMP que d’obtenir cette mobilisation subjective, comme la nomme la sociologue Danièle Linhart.

    La question de la déprofessionnalisation des EC mérite sans aucun doute d’être approfondie en termes de causes, de manifestations et d’effets. En l’état actuel de l’analyse, c’est une hypothèse à creuser dans le cadre d’un questionnement sur les impacts - et l’efficience - des modes de gestion impulsés par le nouveau management public et la bureaucratisation néolibérale.

    Si cette enquête ne suffit évidemment pas à établir un diagnostic global sur la santé des EC, elle permet néanmoins de mettre à jour des réalités peu connues et alarmantes. Ainsi, le terme épuisement est souvent revenu : il est employé spontanément par 45 répondants au questionnaire (dont 31 femmes). Il est évoqué 10 fois en réponse à la question : « Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés pour concilier vos différents activités professionnelles (enseignement, recherche, tâches administratives) ? Si oui, lesquelles ? ». Le stress, lui, est explicitement abordé dans 35 réponses (29 femmes) sans compter celles qui parlent du stress des étudiants et des Biatss. 17 répondants (dont 13 femmes) parlent de burn-out. Dans 7 de ces 17 cas, les répondants témoignent de burn-out subi par eux-mêmes ou par un membre de leur équipe au cours des dernières années. Les autres évoquent le risque ou la peur d’en arriver là. Les deux verbatims suivants illustrent l’importance de cette question.

    – « Il y a 20 ans, les réunions pouvaient durer 1 heure, 1 heure et demie. Aujourd’hui, il n’y a pas une réunion du CHSCT qui dure moins de 3 ou 4 heures. Parce qu’il y a un nombre incroyable de remontées au niveau des enseignants-chercheurs. […] Dans notre département, il y a eu pas moins de trois burn-out cette année, avec des arrêts maladie, des demandes de collègues de se mettre à mi-temps. » (PU, élu CGT).
    – « Je pense qu’il faut faire très, très attention. On est sur un fil raide. Ça peut basculer d’un côté comme de l’autre. Et je pense qu’on doit arrêter un peu le rythme, les gens sont fatigués, épuisés, donc il faut qu’on trouve un moyen de minimiser un peu les appels à projets. C’est sur ça qu’on se bat. Les garder, mais en faire moins. […] Bien sûr qu’on manque de moyens et bien sûr qu’il faut qu’on fasse comprendre à notre fichu pays que l’enseignement supérieur et la recherche, c’est un investissement. Je crois à ça profondément. » (Présidente d’une université en poste au moment de l’entretien).

    Pour conclure

    La profession des EC ressent assez largement un #malaise mettant en cause leur activité, voire leur carrière. Face à cela, la plupart des réponses sont aujourd’hui individuelles, elles passent pour certains par différentes formes de #surengagement (débouchant parfois sur du #stress, des #dépressions ou du #burn-out), pour d’autres (et parfois les mêmes à d’autres moments de leur carrière) à des variantes de désengagement (vis-à-vis de certaines tâches) pouvant aller jusqu’à diverses voies d’Exit (mises en disponibilité, départs en retraite avant l’âge limite, démissions très difficiles à quantifier). Les solutions collectives ont été assez décrédibilisées, notamment après l’échec du mouvement anti-LRU. De nouvelles pistes restent à imaginer et à construire pour ne pas continuer à subir les méfaits de la néo-libéralisation de l’ESR et trouver des alternatives aux dégradations en cours.

    [1] La situation des MCF-PH et des PU-PH à la fois EC à l’université et praticiens en milieu hospitalier étant très particulière.

    [2] Les verbatims présentés dans cette communication sont extraits des réponses au questionnaire ou des entretiens.

    [3] Bezès P. (2012). « État, experts et savoirs néo-managériaux, les producteurs et diffuseur du New Public Management en France depuis les années 1970 », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 3, p. 18.

    [4] La massification de l’accès au bac s’est traduite par une très forte hausse du nombre d’élèves et étudiants inscrits dans l’ESR. Sur les 4 dernière décennies, ce nombre a plus que doublé en passant d’un peu moins de 1,2 million (à la rentrée 1980) à près de 2,8 millions (à la rentrée 2020). Le nombre d’EC n’a pas suivi !

    [5] Les diplômes universitaires doivent désormais figurer dans le Répertoire national des certifications professionnelles (le RNCP) conçu dans la logique des compétences.

    [6] Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé de l’enseignement supérieur.

    [7] En dépit des principes d’égalité professionnelle, les femmes sont infériorisées dans l’ESR. Parmi les MCF, seul le domaine droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) est à parité avec 51% de femmes et 49% d’hommes. Les femmes sont sur-représentées (58%) en Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH) et sous-représentées (34%) en Sciences et Techniques (ST). Du côté des PU, les femmes sont 29% (contre 45% parmi les MCF) même si ce pourcentage a augmenté ces dernières années. Les femmes sont minoritaires parmi les PU dans les trois domaines, y compris là où elles sont majoritaires parmi les MCF : elles sont 36% en DSPEG, 45% en LLSH et 21% en ST. Et les écarts de statut ne sont pas les seules inégalités de genre entre EC.

    https://blogs.alternatives-economiques.fr/les-economistes-atterres/2025/06/17/crise-de-l-esr-contribution-2-la-profession-d-enseign
    #ESR #enseignement #recherche #new_public_management

  • L’IA de recherche sur Internet génère des infos sans citer l’auteur.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4765

    Dans sa forme primaire et régénérative, le savoir a la particularité de se reproduire dès qu’il soit réparti au plus grand nombre de ses usagers et dans sa réponse il va à de vastes besoins, sans que des confins ne l’endiguent. L’IA accumule d’une manière instantanée des idées et des composantes qui iront satisfaire la doléance commanditée au préalable. Sa cinglante réplique balaie les contenus déjà livrés et a capacité à les structurer en générative réplique à une demande d’internaute. #TECHNOLOGIE,_INTERNET,_PERFORMANCES_INCLASSABLES

    / #edito, #Journalisme,_presse,_médias, #Data_-_Données, #Internet,_Web,_cyber-démocratie,_communication,_société,_médias, #IA_:_Intelligence_Artificielle, journaliste, poète, livre, écrits, Sciences & (...)

    #_journaliste,_poète,_livre,_écrits #Sciences_&_Savoir

  • #Droit_de_l’environnement : entre espoirs et reculs

    Alors que le débat autour de l’autorisation du chantier de l’A69 bat son plein, des chercheuses expliquent en quoi le droit de l’environnement motive de plus en plus d’actions citoyennes en justice et comment il peut constituer l’une des réponses à l’urgence écologique.

    L’A69 verra-t-elle le jour ? On ne sait pas encore comment se terminera ce feuilleton juridico-politique autour du projet d’autoroute de 50 km destiné à relier Toulouse à Castres. Il illustre en tout cas la difficulté du droit de l’environnement, pourtant en plein essor, à s’imposer.

    Le 27 février 2025, sept ans après la déclaration d’utilité publique, le tribunal administratif de Toulouse (à la demande des associations de défense de l’environnement qui dénonçaient la destruction illégale de 169 espèces protégées animales et végétales) a ordonné l’arrêt immédiat des travaux de l’A691. Le tribunal a jugé infondée « la raison impérative d’intérêt public majeur » ayant motivé une autorisation préfectorale de déroger au droit de l’environnement, alors même que le juge des référés avait à plusieurs reprises rejeté la demande de suspension des travaux en cours.

    Saluée comme « historique » par les défenseurs de l’environnement, la victoire des opposants à l’A69 devait marquer un tournant. Mais, le 24 mars, le ministre en charge des Transports, Philippe Tabarot, soutenu par une large partie des élus des départements concernés, faisait appel de la décision. Et, le 3 juin, la cour administrative de Toulouse autorisait la reprise du chantier2… en attendant que le Conseil d’État donne son avis, en 2026 !

    Sans se soucier de ce calendrier judiciaire, une proposition de loi dite « de validation3 » a été déposée à l’initiative de Jean Terlier, député Ensemble pour la République du Tarn, qui reviendrait à légaliser de fait cette autoroute…

    Le débat autour de l’A69 est un exemple parmi d’autres. Car il ne se passe plus un mois sans qu’un nouveau contentieux en justice lié à la dégradation accélérée de l’environnement ne surgisse dans l’actualité – internationale ou locale.
    L’espoir d’une jurisprudence

    En mars 2025 encore, tandis que les associations Bloom et Foodwatch assignaient le groupe Carrefour devant le tribunal de Paris pour « manquement au devoir de vigilance » dans sa filière thonière4, s’est ouvert en Allemagne le procès intenté par un agriculteur péruvien, soutenu par l’ONG Germanwatch, à l’un des plus gros producteurs d’énergie du pays, RWE. Le conglomérat, pourtant, n’opère pas au Pérou. Mais il compte parmi les plus gros émetteurs européens de gaz à effet de serre (GES). Saúl Luciano Lliuya lui réclame 17 000 €, soit 0,47 % (la contribution de RWE aux émissions mondiales de GES) du coût des aménagements nécessaires pour préserver sa maison, et des dizaines de milliers d’euros en plus pour les conséquences de la fonte des glaciers andins.

    Au bout de 10 ans et après enquête sur place, un tribunal allemand a certes rejeté la demande du paysan péruvien, mais, dans le même temps, a reconnu la responsabilité civile des entreprises pour des dommages climatiques résultant de leurs émissions passées de gaz à effet de serre, quel que soit le lieu de leur survenance. Les émetteurs de GES pourraient être obligés de prendre des mesures pour prévenir les dégradations et, en cas de refus, être condamnés à les réparer proportionnellement à leur part dans les émissions.

    Cette décision fera sans doute jurisprudence, ouvrant la voie à cette justice climatique mondiale que les ONG et les pays du Sud réclament aux entreprises, mais aussi aux États les plus riches et les plus polluants.
    De la marginalité à la maturité

    Discipline en plein essor que les jeunes générations sont de plus en plus nombreuses à vouloir étudier, le droit de l’environnement, seul, s’est jusqu’à présent révélé assez impuissant à enrayer la dégradation accélérée de la nature. Même s’il se diffuse au sein d’autres branches du droit (tel le droit commercial), il doit composer avec les intérêts protégés par ces dernières, dont les activités sont largement susceptibles de porter atteinte à l’environnement.

    Chercheuse en droit international de l’environnement et du climat, Marion Lemoine-Schonne5 reconnaît que son efficacité demeure donc en deçà des urgences. Elle ne l’estime pas moins fondamental : « D’abord, sans le droit international de l’environnement, la situation serait encore pire. Il joue un rôle référentiel et incitatif très important pour les décideurs. Ensuite, la force du droit, c’est de dire ce qui doit être. Quand bien même il est insuffisamment respecté, cela ne grève en rien son effet levier sur les plans sociopolitiques. » Selon elle, la multiplication des contentieux, de plus en plus souvent tranchés en faveur des défenseurs de la nature, fait fonction d’« accélérateur » d’un droit de l’environnement passé depuis les années 1980 « de la marginalité à la maturité ».

    Comme la chercheuse l’a résumé dans un livre collectif6, les premiers textes destinés à protéger la santé humaine des effets de la pollution sont adoptés au XIXe siècle. Le droit de l’environnement se construit d’abord à l’échelle internationale, avec les premières conventions multinationales de protection de grands espaces naturels, dans les années 1930, puis les accords multilatéraux cherchant deux décennies plus tard à prévenir les ravages dus à l’intensification de l’activité industrielle.

    En 1972, la déclaration onusienne de Stockholm7 fait de l’environnement une priorité mondiale indissociable des droits humains, à penser en articulation avec le développement économique et le bien-être des populations. Elle pose ainsi les fondations du droit de l’environnement. Vingt ans plus tard, lors du sommet de Rio, en 1992, la prise de conscience des changements globaux qui menacent directement la survie de l’humanité débouche sur trois conventions-cadres8 majeures concernant les changements climatiques, la désertification et la biodiversité.
    Obliger les États à coopérer

    « Depuis, précise Marion Lemoine-Schonne, le droit de l’environnement se construit tous azimuts, en lien étroit avec les évolutions des connaissances scientifiques. Nous savons que les processus de dégradation sont profondément connectés et interdépendants (climat, biodiversité, océans, pollution chimique, etc.) et qu’il est vain de lutter en silo contre les sources de pollution. Au nombre de neuf, les ”limites planétaires“ à ne pas dépasser sans compromettre gravement la stabilité de la biosphère9 sont désormais intégrées dans le droit de l’environnement. Les États sont obligés de les prendre en compte. Et cela permet à un nombre croissant de citoyens de saisir la justice sur une grande diversité de sujets. »

    En outre, le débat sur la reconnaissance de certains droits aux éléments naturels (rivières, forêts ou sols) a vu émerger dans un petit nombre de pays un véritable droit de la nature, qui reste marginal, mais n’en influence pas moins tout le champ juridique.
    La justice européenne à l’œuvre

    Une vitalité attestée aussi par Alexandra Langlais10 et Magali Dreyfus11, chercheuses au CNRS, spécialistes respectivement des droits européen et français. Ces derniers temps, à l’échelle de l’Europe, précise Alexandra Langlais, c’est plutôt devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) que ces plaintes citoyennes sont déposées, au nom notamment du « droit à la vie ». Ont ainsi eu gain de cause, en janvier 2025, des habitants des environs de Naples qui dénonçaient l’inaction de l’État italien face à la multiplication des cancers causés par les dépôts mafieux de déchets toxiques, et qui avaient été déboutés par toutes les juridictions de leur pays12.

    Alexandra Langlais cite également une décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui a pris de court différents États membres, dont la France, en annulant une dérogation qu’ils tenaient pour acquise autorisant l’usage en plein champ de produits néonicotinoïdes. « Alors que la Commission avait elle-même laissé passer ces manquements répétés à son propre règlement d’exécution, la décision de la CJUE est venue rappeler que le droit européen prime sur celui des États membres », commente la juriste.

    En France aussi, la réglementation environnementale, largement issue du droit européen, n’a cessé de s’étoffer pour pénétrer d’autres branches du droit, et notamment celui de l’aménagement et de l’urbanisme. « Les acteurs publics ou privés ne peuvent plus ignorer son existence, précise Magali Dreyfus. Tenter de passer outre comporte un réel risque financier, comme l’atteste la réaction des acteurs économiques à la suite de l’arrêt du chantier de l’A69. De même, quand le Conseil d’État ou une autre juridiction rend un arrêt, le gouvernement doit s’y conformer. Mais le rapport de force global continue de favoriser l’économie au détriment de l’environnement. D’autant plus qu’aller en justice exige des ressources importantes. »
    Le contre-pouvoir des juges

    Les actions en justice intentées contre des États ou de grands groupes privés en raison de l’insuffisance de leur effort contre le changement climatique dans le respect de l’Accord de Paris sont en constante augmentation. Et sont les plus emblématiques de l’évolution du droit de l’environnement, estiment les trois chercheuses. On ne compte plus le nombre de contentieux devant des juridictions nationales ou internationales.

    Par exemple, en France, à la suite d’une requête de la commune de Grande-Synthe (Nord), le Conseil d’État (la plus haute juridiction administrative) a enjoint en 2024 au gouvernement de prendre toutes les mesures permettant d’atteindre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre13. En 2021, L’Affaire du siècle, une coalition d’ONG14, voit reconnaître la « responsabilité pour carence fautive de l’État français du fait du non-respect de la trajectoire de lutte contre le changement climatique qu’il s’était fixé »15. Considérant que la condamnation n’a pas été exécutée, elle relance même une action fin 2024.

    Autre jurisprudence, celle rendue par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à la suite d’une plainte de l’association suisse Aînées pour la protection du climat. Parce que les conséquences du réchauffement touchent davantage les personnes âgées, en particulier les femmes, la requête introduite porte sur le fait que la Suisse ne remplit pas son devoir de protection qui découle du « droit à la vie » et du « droit au respect de la vie privée et familiale ». En avril 2024, la CEDH a reconnu la responsabilité particulière de la Suisse dans l’aggravation du préjudice causé aux membres de cette association en matière de droits humains et a rappelé le « droit à un environnement sain »16.
    « On ouvre des brèches »

    « Parfois, on perd pour des questions de procédure, mais le fait que le procès ait lieu constitue déjà une forme de victoire, commente Alexandra Langlais. Notamment parce qu’on ouvre des brèches pour ceux qui suivront, et qui connaîtront les failles à éviter, les ouvertures possibles. »

    Dans un récent rapport17, le Grantham Institute on Climate Change and the Environment, à Londres, qui recense plus de 200 contentieux climatiques à travers le monde pour la seule année 2023, prévoyait que les « grands-mères suisses » ouvriraient la voie à de nouveaux litiges. Avec raison, puisqu’en avril 2025, 14 citoyens français, soutenus par 3 ONG, ont demandé à l’État français de renforcer sa politique d’adaptation au changement climatique.

    « En estimant que l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme s’applique au climat et que les citoyens sont donc en droit d’agir en justice, les juges européens ont franchi un pas très important, analyse Marion Lemoine-Schonne. Très attendu, l’avis que la Cour interaméricaine des droits de l’Homme, saisie par la Colombie pour statuer sur l’effet irréversible et systémique du changement climatique quant au devenir de l’espèce humaine comme espèce vivant parmi les autres espèces, peut aussi à l’avenir influencer fortement le droit. »
    Dialogue entre juges

    Surtout, rappelle Marion Lemoine-Schonne, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye doit rendre courant 2025 un avis consultatif précisant le contenu des obligations juridiques internationales étatiques en matière de protection climatique et les sanctions que peuvent encourir les États.

    De façon générale, conclut-elle, « on constate un dialogue entre juges des différents pays, mais aussi une influence certaine entre les juges internationaux, européens et nationaux, notamment parce qu’ils se fondent tous sur les mêmes documents scientifiques, comme les rapports du Giec et l’Accord de Paris. Les États-Unis ont été les premiers à montrer le recours démocratique qu’offrait le recours en justice. Aujourd’hui, les juges européens sont devenus des contre-pouvoirs prépondérants pour rappeler les États à leurs obligations. Le droit international garde une portée limitée, puisqu’il est négocié et mis en œuvre par les États eux-mêmes – et donc conditionné à leur volonté. Le contexte politique américain, entre autres, constitue un cas d’école en termes de dérégulation climatique. »

    Magali Dreyfus, elle, pointe une autre limite : « Toute victoire arrive toujours un peu trop tard, puisque le mal est déjà fait. L’A69 constitue un cas exemplaire, la décision étant intervenue alors que les destructions d’habitats, d’arbres et de terres agricoles étaient déjà accomplies, et les GES pour la construction, émis. »
    Les États-Unis se retirent à nouveau de l’Accord de Paris

    Comme promis, le président Trump a engagé pour la deuxième fois le retrait américain de l’Accord de Paris sur le climat, conclu en 2015. Peu après, Lee Zeldin, représentant de New York climatosceptique nommé à la tête de l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA), annonçait l’abrogation imminente des « entraves » limitant la croissance économique, à commencer par des mesures destinées à réduire drastiquement les émissions de CO2.

    Il est néanmoins trop tôt pour préjuger des conséquences à long terme des coups de force et intimidations de la nouvelle administration, estime Marion Lemoine-Schonne, car « l’édifice du droit du climat, qui avait déjà bien résisté au premier retrait américain de l’Accord de Paris, n’a cessé de se solidifier depuis ».

    Ce nouveau retrait entraîne par exemple l’arrêt de toutes les subventions états-uniennes aux instances des Nations unies œuvrant pour l’environnement – soit un quart de budget en moins pour le climat, concède la chercheuse. « Mais il n’y aura pas forcément d’effet d’entraînement sur les autres États. L’Accord de Paris, qu’on dénonçait comme peu contraignant, a tenu bon autour d’une logique de progressivité des engagements. On peut imaginer que les tensions géopolitiques actuelles conduisent certains États, comme les grands pays émergents que sont la Chine, l’Inde, le Brésil ou le Mexique, à réaffirmer leurs engagements climatiques pour renforcer leur position dans d’autres enceintes diplomatiques. »
    « Vents politiques contraires »

    Certes, l’objectif le plus ambitieux de l’Accord, celui de maintenir l’augmentation globale de la température terrestre au-dessous de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, a d’ores et déjà été dépassé. Mais, affirme la chercheuse, la « « flexibilité » du texte lui permet pour l’instant de résister aux chocs. Reste que des « vents politiques contraires » soufflent aussi en Europe. Et, comme ses consœurs, Marion Lemoine-Schonne reconnaît que « la menace de détricoter ce que l’on pouvait croire acquis n’a jamais été aussi forte ».

    Ce « détricotage » a largement débuté pour le Pacte vert européen, le plan présenté en 2019 par la Commission européenne pour décarboner l’économie de l’Union européenne d’ici à 2050, déplore Alexandra Langlais : « Il s’agissait d’une avancée extraordinaire. Outre cette promesse de neutralité carbone, le plan englobait les enjeux de pollution et de biodiversité, dans une perspective de transition équitable qui devait se traduire rapidement dans des textes juridiques. Et c’est là que ça a déraillé. »

    Par exemple, détaille-t-elle, un projet de règlement européen sur l’utilisation durable des pesticides est devenu encore moins contraignant que la directive européenne préexistante. Les députés qui le soutenaient ont dû ainsi se résigner à voter contre, fin 2023. « Quant au règlement européen censé mettre en place un système d’alimentation durable, il n’a même pas vu le jour… »
    Reculs en série sur la Politique agricole commune

    Cet affaiblissement du Pacte vert, conséquence aussi de la colère des agriculteurs qui a secoué l’Europe entre 2022 et 2024, inverse une tendance de fond, poursuit la chercheuse : « Depuis que la Politique agricole commune (Pac) a été adoptée, en 1962, cette politique s’est construite en prenant de plus en plus en compte la nécessité de préserver l’environnement. C’est la première fois qu’elle recule, et c’est complètement fou quand on connaît le prix à payer – y compris pour le secteur agricole – si l’on n’agit pas. »

    En France, le principe de non-régression, introduit dans le Code de l’environnement par la loi Biodiversité de 2016, interdit théoriquement tout retour en arrière, précise Magali Dreyfus. Mais elle rappelle que le modèle d’agriculture intensive continue de faire obstacle à tout progrès décisif en la matière : « Alors que les agriculteurs sont les premières victimes de ce système, et qu’en changer représente un défi immense, le syndicat majoritaire, sous couvert d’un besoin de simplification, continue de désigner le droit de l’environnement comme la source de leurs problèmes. Il y a là quelque chose d’irrationnel. »
    Glyphosate : nouvelle action en justice

    Emblématique de ces tensions, l’autorisation du glyphosate (herbicide reconnu comme « cancérogène probable », dont Emmanuel Macron s’était engagé en 2017 à proscrire l’usage « au plus tard dans trois ans ») a été renouvelée pour 10 ans, fin 2023, par la Commission européenne, à l’issue d’un vote crucial des Vingt-Sept lors duquel la France a choisi de s’abstenir.

    La justice viendra-t-elle une fois encore au secours de ceux qui dénoncent les ravages du glyphosate sur l’environnement ? Fin 2024, plusieurs associations ont déposé une plainte devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) contre ce renouvellement.

    La recrudescence des actions en justice est proportionnelle à la montée des « vents contraires ». Raison de plus pour travailler à renforcer le droit de l’environnement à toutes les échelles. « Il reste absolument indispensable, a fortiori aujourd’hui, à l’heure où une désinformation croissante travaille à brouiller la prise en compte des connaissances scientifiques sur les enjeux de transition socio-écologique et climatique, conclut Marion Lemoine. La gravité des changements à l’œuvre, dont nous avons maintenant toutes les preuves scientifiques, ainsi que le coût de l’inaction nous obligent à nous emparer de tous les moyens juridiques disponibles pour conserver les acquis du droit de l’environnement et continuer à le protéger, pour la santé et le bien-être humain des générations actuelles et futures. »

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/droit-de-lenvironnement-entre-espoirs-et-reculs

    #environnement #justice #A69 #France #jurisprudence #Saúl_Luciano_Lliuya #Allemagne #Cour_européenne_des_droits_de_l’Homme (#CEDH) #droit_à_la_vie #Cour_de_justice_de_l’Union_européenne (#CJUE) #aménagement #urbanisme #contre-pouvoir #Accord_de_Paris #climat #changement_climatique #pollution
    #ressources_pédagogiques #agriculture #agriculture_intensive #Glyphosate #santé #santé_publique

    • Un monde commun. Les savoirs des sciences humaines et sociales

      Philosophie, sociologie, anthropologie, études littéraires, linguistique, histoire, géographie, psychologie, musicologie, esthétique, histoire de l’art, économie, sciences politiques, droit, archéologie… : les disciplines couvertes par les #sciences_humaines_et_sociales sont vastes et variées. À toutes incombent d’analyser, comprendre, décrire le monde et la façon dont les hommes, les femmes et plus largement le vivant l’ont habité, l’habitent et l’habiteront. Toutes partagent une réflexion sur un sujet rendu majeur par la crise environnementale, les bouleversements numériques, les inégalités sociales et les conflits : comment faire « #monde_commun », pour reprendre la formule de Hannah Arendt ?

      L’ouvrage propose une centaine de contributions portant sur des questions contemporaines, qui font écho aux objectifs de développement durable identifiés par l’Organisation des Nations unies (la réduction de la pauvreté, des inégalités éducatives, la protection de la planète, etc.) et explorent la manière dont la recherche actuelle en sciences humaines et sociales y répond. Méthodes, hypothèses et théorisations, mesures et approches ethnographiques, analyses et exégèses constituent autant d’outils permettant aux lecteurs de penser, d’habiter, de réparer ou de transformer nos univers communs.
      Un ouvrage richement illustré qui incarne une communauté de recherche dans toute sa diversité.

      https://www.cnrseditions.fr/catalogue/sciences-politiques-et-sociologie/un-monde-commun
      #livre

  • La World Boxing s’excuse à l’Algérie et pour sa boxeuse Imane Khelif.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4764

    La controverse entourant la participation de la boxeuse Imane Khelif aux Jeux Olympiques de Paris 2024, en France, n’a jamais existé. Pourtant, cette athlète avait participé sans remous aux compétitions de sa catégorie du sport de ring dit « noble art ». Elle a été accusée à tort d’être un athlète transgenre, par des cercles inavoués, accusation diffusée par les colporteurs de ces médisances qui se livrent aussi à une hostilité à ce qui est en lien avec l’Algérie. Sport : Le corps et l’esprit.

    / #Sport_et_compétitions_sportives, Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, société , Sciences & Savoir, #Data_-_Données, Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, (...)

    #Sport_:Le_corps_et_l’esprit. #Maghreb,_Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #Sciences_&_Savoir #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient,

  • The Rule of #Idiots - The Chris Hedges Report
    https://chrishedges.substack.com/p/the-rule-of-idiots

    The last days of dying empires are dominated by idiots. The Roman, Mayan, French, Habsburg, Ottoman, Romanoff, Iranian and Soviet dynasties crumbled under the stupidity of their decadent rulers who absented themselves from reality, plundered their nations and retreated into echo chambers where fact and fiction were indistinguishable.

    Donald Trump, and the sycophantic buffoons in his administration, are updated versions of the reigns of the Roman emperor Nero, who allocated vast state expenditures to attain magical powers; the Chinese emperor Qin Shi Huang, who funded repeated expeditions to a mythical island of immortals to bring back a potion that would give him eternal life; and a feckless Tsarist court that sat around reading tarot cards and attending séances as Russia was decimated by a war that consumed over two million lives and revolution brewed in the streets.

    In “Hitler and the Germans,” the political philosopher Eric Voegelin dismisses the idea that Hitler — gifted in oratory and political opportunism, but poorly educated and vulgar — mesmerized and seduced the German people. The Germans, he writes, supported Hitler and the “grotesque, marginal figures,” surrounding him because he embodied the pathologies of a diseased society, one beset by economic collapse and hopelessness. Voegelin defines stupidity as a “loss of reality.” The loss of reality means a “stupid” person cannot “rightly orient his action in the world, in which he lives.” The demagogue, who is always an idiote, is not a freak or social mutation. The demagogue expresses the society’s zeitgeist, its collective departure from a rational world of verifiable fact.

    • C’est ume critique du fascisme (au sens large) de l’intérieur.
      https://de.m.wikipedia.org/wiki/Eric_Voegelin

      Voegelin est l’exemple idéal pour démontrer la continuité de la pensée voire de l’idéologie bourgeoise sous les Kaiser en passant par le national-socialisme et les États Unis jusqu’au plus profond de l’état anticommuniste allemand.

      Der autoritäre Staat

      Politisch bekannte sich Voegelin Mitte der 30er Jahre zum österreichischen Ständestaat. In dieser Zeit veröffentlicht Voegelin sein Werk Der autoritäre Staat: Ein Versuch über das österreichische Staatsproblem (1936)[9], worin er den Dollfuß-Putsch (siehe Austrofaschismus) und den dadurch entstandenen Ständestaat befürwortet. Gegen Pluralität setzt er Gemeinschaft. Dabei lehnt er sich eng an das autoritäre und totalitäre Staatsdenken von Dollfuß, Carl Schmitt, Ernst Rudolf Huber und Ernst Jünger an, während er zugleich die Reine Rechtslehre von Hans Kelsen einer scharfen Kritik unterzieht

      puis

      Die Veröffentlichung (von „Rasseidee“) erfolgte auf Empfehlung von Alfred Baeumler, bei dem sich Voegelin nicht nur nach einer Publikationsmöglichkeit, sondern auch nach einer Assistentenstelle erkundigt hatte. Baeumler war der gerade nach Berlin berufene Inhaber eines Lehrstuhls für Philosophie und Politische Pädagogik. Er schrieb schon seit 1932 im Völkischen Beobachter, war Anfang 1933 im Eilverfahren in die NSDAP aufgenommen worden und schritt nach seiner Antrittsvorlesung an der Spitze seiner Studenten zur Bücherverbrennung. Publikationsstrategie wie Zukunftsplanung verweisen darauf, daß Voegelin in seinen Ausführungen kein Hindernis für eine Mitarbeit im nationalsozialistischen Wissenschaftsbetrieb sah.“

      – Hund zur Voegelin-Baeumler-Verbindung 1933

      D’ailleurs c’est un contre-sens de classer parmi les dying empires le règne de l’empereur Qin Shi Huang Di, fondateur de la Chine impériale qui a continué à exister pendant plus de deux mille ans après sa disparition.

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Dynastie_Qin

      Cet empereur n’a peut-être fondé qu’une dynastie (dynastie Qin, : 秦朝 ; Qín Cháo) à existence brève mais il a établi une culture et un système socio-économique et politique qui exerce toujours une influence sur le monde actuel.

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Qin_Shi_Huang

      Son nom de famille était Ying (嬴) et son prénom Zhèng (政), choisi dit-on parce qu’homonyme du mois de sa naissance (正), le premier de l’année chinoise. Le nom personnel du souverain n’étant pas, par respect, employé de son vivant, il était donc pour ses contemporains le « roi de Qin ». Les historiens le mentionnent néanmoins comme « roi Zheng de Qin ». En 221 av. J.-C., il prit officiellement le titre de « Premier auguste souverain » (Shi Huangdi 始皇帝), en référence aux souverains légendaires les trois Augustes et les cinq Empereurs (三皇五帝, sān huáng wǔ dì.)

      Le premier empereur de Chine aussi avait besoin d’une idéologie justifiant son régime ultra violent et il choisit l’appellation Huangdi pour symboliser sa relation imaginaire avec l’empereur jaune mythique.

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hu%C3%A1ngd%C3%AC

      L’Empereur Jaune (chinois : 黄帝, pinyin : huángdì) est, selon la tradition chinoise, un souverain civilisateur de la haute Antiquité qui aurait régné de 2697 à 2597 ou de 2698 à 2598 av. J.-C.. Il n’est pas mentionné dans les plus anciennes sources, mais il apparaît à l’époque des Royaumes combattants et occupe une place prééminente chez les historiographes de la dynastie Han.
      ....
      Il représentait le souverain idéal pour le courant philosophico-politique huanglao qui eut les faveurs de la cour jusque Han Wudi. À cet égard, de nombreux textes politiques ou techniques furent attribués à lui ou ses assistants, dont les Quatre Livres de Huangdi et le Huangdi Neijing. Divinisé, il est resté un dieu et un immortel taoïste.

      La déscription du mode de production asiatique par Marx nous a fourni une approche imparfaite quoique utile à l’histoire asiatique au contraire des idéologies qui tournent autour des dynasties, des grands hommes et leurs relation avec les êtres célestes..

      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mode_de_production_asiatique

      Les Spengler, Voegelin et al. ne nous font pas avancer dans notre compréhension du monde. Les imbéciles et meurtriers réactionnaires par contre éprouvent un bonheur pervers quand ils se servent dans ce bric à brac idéologique pour donner un semblant de sens historique à leurs méfaits.

      #idéologie #fascisme #idéalisme #science_politique #réactionnaires #histoire #Chine #capitalisme

  • La démence du vieillissement reculera chez les jeunes générations.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4763

    À partir d’un signe d’espoir, signifiant que les jeunes générations sont moins susceptibles de développer une démence au même âge que leurs parents ou grands-parents, comprendre cette mutation pourrait permettre d’accélérer et de la propager partout l’amélioration. Bien que le risque de démence augmente avec l’âge, les experts soulignent depuis longtemps que ce n’est pas une fatalité du vieillissement. Elle peut être surmontée, une voie est ouverte. Sports / Santé

    / Sciences & Savoir, #médecine,_sciences,_technologie,_ADN,_vaccin,_médicaments,_découvertes, #UE_-_Union_Européenne, #Data_-_Données, USA, Maison Blanche, (...)

    #Sports_/_Santé #Sciences_&_Savoir #USA,_Maison_Blanche,_CIA

  • Inside a Campus Crackdown Over Wokeism in France

    At a small university in the city of Grenoble, an accusation of Islamophobia set off a wild kerfuffle and a media frenzy. Sound familiar?

    On the morning of March 4, 2021, at the Institut d’Études Politiques in Grenoble, France—colloquially known as Sciences Po Grenoble—a group, probably of students, put up a poster on the side of the main building, a bright, modern structure with a view of the French Alps. The poster called for two professors, Vincent T. and Klaus Kinzler, to step down: “Fascists in Our Lecture Halls [T.] and Kinzler Resign. Islamophobia Kills.”

    The poster was up for only a short while. But before it was removed, a student group took a picture of it and posted the photo online. Almost immediately, the media took note. The administration tried to keep a lid on things, but by March 5, the right-wing magazine Marianne had the story. The next day, the TV channel BFMTV ran an item about “two profs targeted” in Grenoble, an item that was in turn amplified by Caroline Fourest, a combative opinion journalist who made her name as a scourge of Islamism in the wake of the Charlie Hebdo killings and had more recently devoted her books and copious TV appearances to excoriating “wokeness.” Within days, the story had gone international. It was a time when accounts of campus wokeness, of out-of-control students and totalitarian social justice warriors, were at a premium, and the events in Grenoble seemed to fit the bill perfectly.

    On March 8, the minister of the interior announced that the two professors singled out on the poster were under police protection. By March 9, Germany’s conservative daily Die Welt had published a lengthy interview with Kinzler, quickly supplying an English translation as well. By March 10, he was in Le Point. By March 12, he was speaking to Die Presse in Vienna. By March 13, an English version of Kinzler’s early TV appearance had been posted on the far-right “counter-jihad” blog Gates of Vienna. By March 23, the German public broadcaster Deutsche Welle summed up the state of play as follows: “A German professor at a university in Grenoble, France, has become the target of a hate campaign for not wanting to compare antisemitism with Islamophobia.”

    For this story, I spoke with several of the people involved in the affair. The fallout from the events of March 2021 clearly still cast its shadow over their lives. Some of those I reached out to didn’t respond, and among those who did, some didn’t want to be quoted. Everyone I spoke to reflected on events with evident exhaustion. For Sciences Po, which housed around 2,000 students and 150 staff, the row had created only bad outcomes: Almost immediately, the ministry commissioned two inspectors to write a report on what had happened. The report, released in April of the same year, recommended disciplining 17 students. Only one was suspended, according to The Times of London. François Jolivet, a member of President Emmanuel Macron’s party, demanded theatrically that the institution be placed under receivership. The conservative president of Auvergne-Rhône-Alpes, the region where Grenoble is located, cut back public subsidies for the university.

    For one of the two professors mentioned in the poster, Klaus Kinzler, a German instructor who did not respond to an interview request for this story, the March events became the starting point for a campaign against his own university. In December 2021, Kinzler, a voluble and young-looking sixtysomething, told an interviewer that Sciences Po had become “a political reeducation camp” marred by “wokeism.” The BBC and The Times reported on the renewed controversy. Kinzler charged that the university explicitly encouraged students to “insult, abuse, and defame teachers who have the audacity not to share their extremist opinions.” In response, the university suspended him. A few months later, Kinzler published a book about the ordeal. Its title: L’Islamogauchisme ne m’a pas tué. Islamoleftism failed to kill me.



    This article is about that term, “islamogauchisme.” It is about the incident at Sciences Po Grenoble. “Islamogauchisme,” as a term, has a curious fate and a more curious function. And it depends on a very specific information environment in order to seem at all plausible. That information environment, and the values and hierarchies it seems to operate with, tell us everything about our age of anti-wokeness—an age in which public discourse has allowed personal smallness and pique to be recast as big principles, encouraging a kind of opportunism that goes on and on about “values,” but that in truth knows only one currency: attention.

    But the Grenoble story, the story of “islamogauchisme,” is not, or is not just, about media. It is about government. “Our society has been far too permeable to currents of thought,” declared Jean-Michel Blanquer, then minister of national education, in an interview about the supposed scourge of Islamoleftism. From the beginning, the media hubbub in Grenoble met a government all too willing to exploit it—in ways that make you wonder what type of university (or society) France’s nominally centrist, even liberal, government envisions. It doesn’t seem to be a particularly liberal one.

    The reason a reader in the United States should care about what really happened on and leading up to that March day in Grenoble is that the same media dynamics exist in the United States. And because the federal and state governments have been getting involved in much the same way. Over just the first few months of the second Trump administration, there have been extraordinary attacks on Columbia University, Harvard, and other institutions. Signs point plainly to the onslaught continuing.

    Our age has become once again obsessed with campus stories, stories that are supposed to vouch for far more and far more impactful trends than they’d seem able to sustain at first glance. Those stories are about the campus, but are incapable of paying attention to it. They race at breakneck speed away from what it’s actually like at a university, where professionals sometimes behave professionally and sometimes don’t. They dive headfirst into relentlessly abstract generality. And they appear actively impatient with the day-to-day grind that is instruction and research.

    The sociologist Éric Fassin describes this crackdown as “illiberal anti-intellectualism.” Under the guise of safeguarding the liberal university against tribalism, politicians from the political center and right are in truth trying to integrate the university into a new tribalism. Our institutions of higher education have been captured by the other tribe, they tell themselves, and thus it’s only fair for our tribe to take it back.

    You can’t understand what happened in Grenoble in March 2021 without knowing what happened in Conflans-Sainte-Honorine, a modest, pretty outer suburb of Paris, in October 2020, even though the two events were largely unrelated on their face. When the story from Grenoble became public, the name Samuel Paty, a secondary school teacher who was murdered there, was never far.

    In the fall of 2020, Paty had decided to teach a unit on free speech that included cartoons involving the prophet Muhammad. Parents and local leaders protested vociferously. On October 16, a Chechen Muslim refugee named Abdoullakh Anzorov followed Paty from school, then stabbed and beheaded the teacher. Minutes after the attack, he posted an image of Paty’s severed head to Twitter. A few moments later he was dead, shot by police. At the time of his murder, Paty was 47 years old.

    What made the homicide such a crucible was that, while Anzorov may have committed the act alone, it did not come out of nowhere. There had been a social media campaign against the teacher; various groups had amplified the case. Someone had driven Anzorov to the school, where students pointed out Paty to his killer. The prosecutor of the case, Jean-François Ricard, saw a “direct causal link” between the online campaign and Anzorov’s brutal attack.

    One of the accusations leveled against Paty was “Islamophobia”—the exact word used on the poster at Sciences Po. That’s the connection between the two events, the full extent of it, if we’re honest. The university, the anti-woke journalist Fourest wrote on Twitter shortly after the poster went up, had not just put a target on Kinzler’s back, it had “unleashed a mob against the right to question a word that has killed.”

    In the newspapers’ telling as well, the events that led up to the poster calling for Kinzler’s resignation can be traced to fall 2020. At Sciences Po, Covid had moved almost all campus activity online, and everyone was cooped up at home. Which is when the announcement email arrived that, according to Klaus Kinzler’s book, started it all. As part of the university’s “Equality Week,” there would be an event on “Racism, Islamophobia, and Antisemitism.”

    Kinzler decided to sign up for the group planning the event. Not because he believed in its mission, however. He felt that the title equated antisemitism and Islamophobia, though his real objection, it quickly emerged, was with the notion of Islamophobia in general. He didn’t think it existed. He thought the very word was dangerous.

    Kinzler’s disagreement with the other organizers led to an increasingly heated exchange via email. There were several students on the thread. The only other faculty member initially on the email chain was Claire M., who studies Jews in the Muslim world. M. wrote to Kinzler that “the notion of Islamophobia is indeed contested in the field of partisan politics,” but pointed out that “this is not the case in scholarship.” It is, she added, “a heuristic concept, used in the social sciences, and as we are at a university it seems to me quite legitimate to use it.”

    At some point, someone—probably Kinzler—looped in the political scientist Vincent T., who, like Kinzler himself, seemed to be less a specialist in any of the subjects at hand than a person with a strong opinion on Islamophobia. “I fully subscribe to Klaus’s salutary reflection,” T. wrote, “and I am dismayed to discover to what extent academics are immersed in militancy and ideology.” To speak of “Islamophobia” at this point would be to involve the Institut d’Études Politiques de Grenoble “in the fight led by Islamists.” Claire M. responded with a patient email listing scholarly articles and reputable journals to show that the notion of Islamophobia has a basis in scholarship. When Vincent T. replied, he looped in the director of the institute, political scientist Sabine Saurugger. This email was less an argument than a litany: “Charlie Hebdo was accused of Islamophobia. Samuel Paty was accused of being Islamophobic.”

    Given how the story evolved later, it is important to emphasize that the disagreement was never about whether Kinzler did or did not believe that Islamophobia was real. Claire M. simply asked him to accept that many scholars studying the issue had come to the conclusion that Islamophobia was real, and that meant it could be used as the basis for an academic panel. Kinzler’s (and Vincent T.’s) position seemed to be that the word itself was violence, was subversion, was a win for the Islamists. Claire M., for her part, seemed mostly taken aback by the lack of collegiality and respect.

    But behind it—at least in Kinzler’s and T.’s interjections—lay the charge that would define the affair, a charge that had gained currency in the wake of the Paty murder: that having a conversation about Islamophobia at Sciences Po was a sign that woke “militancy and ideology” were becoming dominant at the university, that, as T. wrote, the Sciences Po “would find itself in their”—meaning the Islamists’—“camp.” The charge was, in other words, “islamogauchisme.”

    The fight in Grenoble was ostensibly all about academic freedom. But academic expertise didn’t seem to matter. Those who wanted to analyze were told they were being hysterical, while hysteria was lauded as analysis, so long as it was the right kind of hysteria.

    “Islamogauchisme” entered the French vocabulary in 2002, with a book by Pierre-André Taguieff. Other early users of the term were the philosopher Pascal Bruckner and the journalist Caroline Fourest, whom we’ve already met, in her eager early dissemination of the Grenoble story. While there have been a few attempts to bring the term “Islamoleftism” into anglophone publications, it’s usually on blogs sporting eye-searingly garish fonts. The terms that frequently surround it when it does appear—“identity politics,” “wokeism,” “cancel culture”—have had a far more global career and impact.

    Authentically French as the expression may be, Americans of a certain age may be able to detect the traces of a U.S. vintage. After all, we remember the way early war on terrorism-rhetoric positioned leftists—particularly academic leftists—as unwitting allies of jihadists. But “islamogauchisme” and similar constructions go further. They position leftism and Islamism as essentially linked projects.

    Books and articles about “islamogauchisme” (fewer in number than books and articles about “wokisme,” but increasing in number) have a way of constructing deeply weird genealogies. Bruckner traces the genesis of this supposed alliance through British anti-colonial activists and neo-Trotskyist splinter groups in a way that feels learned, but esoteric. He even starts his historical rundown with a long quote from international assassin Carlos “The Jackal” Ramirez, whose writings are, admittedly, still huge in the undergraduate curriculum. Like the stateside work of “critical race theory”–hunter Christopher Rufo, who seems convinced that entire academic disciplines can be traced back to the influence of the Marxist feminist activist Angela Davis, these accounts shade into the conspiratorial without ever coming out and alleging a conspiracy.

    The most important thing about this discourse may be what it does, not what it represents. It never has to say outright whether it thinks academics, lefty organizers, or, in this case, a student union are useful idiots, secret fifth columnists, or actively subverting “the West.” (Many still do, of course.) It turns all analysis into apologia, it renders careful study suspect rather than necessary. And, for all its loud caterwauling about free speech, it aims to chill speech by associating critical analysis of Western societies with the “radical evil” of “Islamism.”

    One of the most interesting and troubling developments of the last 10 years—a phenomenon that started in Europe, but has now firmly established itself in the United States—is the attack on liberal democracy that presents itself as its defense. Conservatives in the United States long drew the distinction between a Christian moral order and the secular world. Europeans tended to draw on a different distinction: that between Christianity and Islam. When Europeans attacked the institutions of liberal democracy, they did so not by attacking their secularism, but by claiming to defend the institutions from capture by the Other. Whether it’s a bunch of kids camping on your university’s South Lawn to protest the war in Gaza, or the idea that wokeness has captured the faculty lounge, the message is the same: Our intellectuals, our young, our institutions are in more or less witting alliance with the Islamists. The only recourse is to attack those institutions.


    By January 2021—two months before the poster went up, in other words—the dispute between the professors appeared to have died down. Through an ombudsperson, Claire M. had written to the university director. Both M. and the director agreed that Kinzler had a right to his opinions, but that he had violated his professional ethics in how he expressed them. Professor Anne-Laure Amilhat Szary, director of the social science research center for which Claire M. worked, had written a letter affirming that there indeed was a scholarly consensus that Islamophobia was real, and that it was legitimate to organize events about it. The director of Sciences Po had demanded that Kinzler apologize for his unprofessional behavior in the email, and Kinzler had obliged—twice. That, in another world, might have been that.

    However, the students were not part of this attempt at calming the waves, even though they’d been copied on the email thread, and had in fact made up a majority of its recipients at any given moment. Over the holidays, it seems, the students reached out to their own groups, above all the “Union Syndicale.”

    French student unions are different from what North Americans would mean by that term. Unlike American graduate unions, they do not bargain collectively, but like them, they represent and advocate for the interests of their members. The Union Syndicale, one member told me slightly ironically, is not a real union, but it tries to do for students what the real unions do for workers.

    On January 7, 2021, a long note about the email kerfuffle appeared on the Facebook page of a student group called “Sciences Po Grenoble en lutte.” It detailed statements made by Kinzler in the emails—statements denying Islamophobia existed and generally parroting far-right talking points—without identifying the instructor by name.

    In February, members of the Union Syndicale reached out to other students to describe their classroom interactions with Klaus Kinzler and, above all, Vincent T. While not naming either instructor, the student union did name one of Vincent T.’s courses. Students accused the university’s administration of turning a blind eye to “Islamophobic” and “far-right” instructors and failing to protect students from them.

    That, at least, is the timeline outlined in the inspector general’s report, which laid much of the blame for the escalation at the students’ doorstep. According to those I spoke with, what the timeline doesn’t make clear is that at some point either before or during the email quarrel, Klaus Kinzler had decided to teach a class unit on the topic of “cancel culture” for his third-year German students, and had chosen to include among the course’s texts, which he was in the custom of posting on his IEP website, a PDF of his email exchange with Claire M. and the students. Based on screenshots of the syllabus, which is no longer online, it appears he also added, as a reading, a “defense of the accused” (i.e., himself), even though in the emails he had done most of the accusing.

    Whatever the case, over the course of January and February, interactions between the professor and the students escalated. Before long, he addressed his emails to “the little budding ayatollahs” and signed as “a genetic Nazi.” The report doesn’t make clear that most of the union’s communications were intended to be internal. The January 7 Facebook post that collected some of the more incendiary statements in the original exchange of emails was addressed to “the Sciences Po Grenoble Community” and meant to put pressure on the administration. And on February 22, the union posted on its Facebook page a request for “witnesses” to Islamophobic in-class behavior by T.

    These details may seem like nitpicking, but against the backdrop of the Paty murder, the difference between a public and an internal social media post is significant. Paty’s killer was from a small city in Normandy, about 60 miles from the scene of the crime. He knew about Paty from the internet. Angry parents at the secondary school had spread the news, and incendiary claims had been posted on social media and circulated by the Facebook page of a mosque. To be clear: The internet and social media are not dangerous in and of themselves. They are dangerous insofar as they might connect a disturbed or radicalized individual like Abdoullakh Anzorov with a victim like Paty.

    Throughout the inspector general’s report, however, the authors treat the digital nature of the student union’s efforts as problematic in itself. The fact that the emails Kinzler had put online were far more universally accessible than a Facebook post seemed to occasion no comparable worry on their part. It was the combination of youth and internet that worried them. Although Paty’s awful fate hung over everything that was to transpire in Grenoble, it’s worth noting that no one at Grenoble seemed to want to make the hubbub public. Until, that is, Kinzler started appearing in every medium that would have him.

    Shortly after March 4, when the poster went up at Sciences Po, the instructor went on a massive media tour. LexisNexis lists more than 50 articles featuring his name for that month. By March 12, three former students of his took to the pages of Le Figaro in order to defend Kinzler’s academic freedom. The whole thing very quickly internationalized. In fact, only through this internationalization did the vocabulary around the entire affair solidify. Brits, Germans, and French people all had begun to worry about “wokeness,” and here was a perfect story to illustrate its supposed evils.
    One year after the death of the secondary school teacher Samuel Paty, who was murdered in October 2020 for having shown cartoons involving the prophet Muhammad, mourners left flowers at a ceremony honoring him.

    Some of the immediate responses to the poster of March 4 came from the usual suspects: far-right blogs and politicos. But it didn’t stay there. Within days, the French government was interested. Emmanuel Macron had swept into office in 2017 on a broadly centrist and liberal platform. As Macron’s fortunes, and those of his party, turned, observers began to notice a shift in the rhetorical winds. In 2020, in the midst of the global protests following the death of George Floyd, Macron complained about woke “social science theories” that were brought to France by ideological super-spreaders from the United States. Macron, who had long positioned himself as a bulwark against the far-right Rassemblement National party, started borrowing its buzzwords. With that came renewed scrutiny vis-à-vis the country’s universities—and a focus on “islamogauchisme.”

    France has two ministries of education. There’s the Ministry of National Education and Youth, which in the relevant period was headed by Jean-Michel Blanquer, and the Ministry of Higher Education, Research, and Innovation, responsible for universities and research institutions, and headed then by Frédérique Vidal.

    After the Paty murder, Blanquer had enthusiastically pushed the rhetoric of “islamogauchisme.” Soon he went on the hunt among the nation’s university professors for “the intellectual accomplices of the crime.” “The fish rots from the head,” he told one interviewer, adding that islamogauchisme “was causing havoc in our universities.” Were there tons of secret terrorists hiding in French faculty lounges? Not really. But the universities were encouraging “intellectual radicalism,” which “leads to the worst”—presumably crimes like the murder of Samuel Paty.

    You’ll be forgiven if you find this account confusing. With Blanquer, things always lead to other things, resemble other things, things he then won’t fully spell out. As best I can discern, the suggestion was that French universities pave the way for Islamism by practicing identity politics. The French Republic is founded on universalism and laicism, the exclusion of religion from politics, and a rejection of a focus on particular identities or communities (the French term for identity politics is “communautarisme”). People studying ethnicity or researching racism, in other words, or affinity groups of students that are open only to women or trans people, are seen as promoting the fracture of society, and thus directly preparing the ground for Islamist terror.

    But there is a strange contradiction in the way politicians like Blanquer wield universalism. For in defending universalism and laïcité as French values and achievements (and implicitly casting others as congenitally incapable of them), their opposition to identity politics can sound an awful lot like … French identity politics. “These are ideas that often come from elsewhere,” Blanquer said about communitarianism, “from a model of society that is not ours.” Something similar was in fact true of Klaus Kinzler: He had written in the email exchange that started it all that he “personally [had] no sympathy for Islam as a religion” and that he “much prefer[red] Christ.” It was left to the others on the email chain—the people who’d soon be tarred as cancel culture–crazed wokeists—to point out that this admission in fact violated the principle of laïcité.

    It was a discourse riven with internal contradictions. Whenever you heard Blanquer talking in those days, you could sense that he sensed it, too. His statements had an improvisational quality, like a three-card monte player desperately shuffling his cards around. Still, the assertions got him on TV, more often and more extensively than the other French education minister, Frédérique Vidal, who appeared desperate to get a word in “islamogauchisme”-wise. On February 16, 2021, she announced “a review of all the research” to root out “islamogauchisme” and postcolonialism—to distinguish “that which is part of academic research and what is a matter of activism and opinion.” (In March 2023, Le Monde reported that no such survey ever took place.)

    The government was, in other words, operating with an excellent theory in need of an actual event that it might explain. And Sciences Po Grenoble had the bad fortune of obliging. The government sprang into action with immense speed.

    The resulting report, which came out just a month later, in April 2021, spread the blame around: oversensitive colleagues, lack of professionalism, an administration in over its head. But it saved most of its rhetorical powder for the student union. “The gravest fault in the chain of events which led to the events of March 4, are the accusations of Islamophobia and fascism” on social media. Again and again, faculty conduct is deemed “unprofessional”; but the student speech is deemed “violent.” You read that right: Addressing students as “little budding ayatollahs” is not violent, but calling someone a fascist is.

    If this is so, someone forgot to tell Blanquer, minister of education (though, remember, not the one who called for the investigation). Blanquer had taken to a TV show to excoriate “things that resemble fascism.” His target had been a different student union, the Union Nationale des Étudiants de France. The reason was even more negligible than the contretemps at Sciences Po: Apparently the union had held affinity group meetings that were open only to certain identities. The date was March 19, 2021.

    It’s hard not to come away from the report with a sense that it holds the various protagonists of l’affaire Grenoble to vastly different standards. And it’s hard not to come away with a sense that that’s exactly the document’s point. There’s no question that everyone at Sciences Po could have benefited from dialing down the temperature on their rhetoric. But only certain forms of overheating were “violent”; others were covered by academic freedom. After all, the report seems certain, any overheated rhetoric on Kinzler’s part was merely in reaction to the rhetoric of Claire M. and the students.

    People who present themselves as victims of cancel culture, political correctness, or here “Islamoleftism” often assume a pose of a babe in the woods. They step into controversy, they tell us, without meaning anything by it, and they are shocked by the outrage their innocent interjections elicit. Kinzler asks his readers to swallow more than the usual amount of this. The authors of the report fully obliged.

    Reading through the email exchange that started it all, you do not get a sense of a well-meaning colleague guilelessly raising a point and being shouted down by fascist students. You get a distinct whiff of trolling. Kinzler had joined the email group because he didn’t believe Islamophobia was real; his arguments spoke to a steady diet of right-wing culture wars, mostly French and German varietals. And even in writing about the decision in his book, he can’t resist a weird joke about trans people that goes on for a page. Even by the standard of anti-P.C. outrage bait, Kinzler served up deeply hacky stuff.

    Kinzler’s framing of the affair reveals a man fully immersed in the information environment that would later (briefly) make him a star. As he told Germany’s Die Welt shortly after the whole episode blew up, what happened to him was connected to a whole raft of other problems at French universities: “That science is confused with political activism,” for one. That “there’s no more debating or arguing because people might feel hurt.” You may agree or disagree with him on these points. But it’s fairly clear that this was a man primed, perhaps eager, for the kind of victimization narrative he now starred in.



    But in some way, the Inspector General’s report leaves out an entire set of actors, for the simple reason that they commissioned the report. Several people who spoke with the commission told me they realized early on that the two bureaucrats had been sent to Grenoble to find what the minister wanted found, or to find what was least embarrassing to her. And they dutifully found fault among the one group their boss seemed most hostile to.

    Between the lines, the report reveals that the ministry appeared to be actively distorting the case to its own ends. For instance, France’s interior minister announced on March 8 that he had contacted the two teachers. “Protective measures are being taken, work is being done with the prefect, with the police.” This early announcement became a big part of the story. The involvement of the police practically forced the comparison to the Paty case, and it escalated what was, at first blush, a bit of a trivial dustup into a crisis.

    Something both the media stories and the ministry failed to mention: As early as March 8, the prefecture in Grenoble had offered police protection to several of the people at Sciences Po whose names had become public in connection with the poster—not just T. and Kinzler. Kinzler may have enthusiastically accepted the offer, writing in his book about getting whisked out of the Grenoble train station by police officers and being told to find a secret “safe space.” But professor Amilhat Szary, too, agreed to protection, even if she didn’t end up going on hikes with any police officers. A student I spoke to received an offer of protection (which I reviewed); he didn’t assent, he said, because he didn’t like the idea of having a cop follow him around.

    And yet the minister seems to have deliberately created the impression that there were actual threats of violence that had exclusively or mostly been directed at Kinzler and T.

    About those threats: They, too, were a big part of the ministry’s media campaign against Sciences Po. But here, too, the suggestion—both from media and from politicians—that Kinzler and T. were the main recipients of those threats turns out to be a distortion.

    The first true targets were, in fact, the students. On March 7, the student union’s email account received a short email from an anonymous account. It concluded: “Beware, soon it will be your turn to be afraid.” Another, sent March 18, named two student representatives, calling him a “bastard” and her a “verminous bitch,” and suggested they “better start training for running by 2022. They’ll need it to make good time”—presumably referring to when far-right politicians Marine Le Pen or Éric Zemmour might become president of France. “We would need courts of the type Volksgerichtshof of the little mustachioed man,” meaning Hitler, “or military courts which existed under De Gaulle to judge the vermin leading these student mafia groups, with the guillotine in their sights.”

    At some point, since journalists on the “islamogauchisme” beat seemed deeply interested in the story but equally allergic to actually talking to anyone at the university, the question turned to who had “given” the names of Kinzler and T. to the student union. They might have been able to learn that there was a PDF of the professors’ emails, put online by one of the men now claiming persecution. They did not. Instead, they decided that it was Amilhat Szary who had “leaked” the identities, never mind that her letters hadn’t mentioned anyone by name.

    Fourest got the ball rolling on this line of accusation: “According to this,” she commented on an early news report on Twitter, “it was a teacher and the research laboratory ... who inveigled the students against these two professors.” On March 9, the CNews host Pascal Praud named the director of the laboratory on his show L’Heure des Pros. “This lady is an activist,” he explained, “who advances with the feeling of impunity,” accusing Amilhat Szary of “intellectual terrorism.”

    For a group supposedly so concerned with the consequences that words can have, these journalists were shockingly uninterested in the obvious downstream effects of their own statements. On March 12, a post appeared on Facebook, where it seems to have attracted a fair bit of attention: “The Islamo-leftist Anne Laure Amilhat Szary is an instigator of the ‘fatwa’ launched against two professors at Sciences Po Grenoble! As she found it normal to distribute the professors’ photos, nothing will bother us if we distribute hers.” Again, she had not distributed them.

    We know that there were threats against Amilhat Szary because in December 2022 10 individuals were charged with “harassment by means of a communication service” and “death threats.” A month later, they were convicted of the less dramatic charge of “cyber-harassment.” According to reporting from the trial, Amilhat Szary received “hundreds” of messages, including death threats, in the days after her name was made public. The French magazine Mediapart reproduced a few of the Facebook comments below her picture: “We are going to kill you!” “To the gallows!” “We must slit her throat!” are among the few printable ones. Again, remember that these torrents of abuse were raining down on Amilhat Szary while the inspector general was already composing a report accusing the student union of “violent rhetoric.” Somehow the threats of rape and guillotine didn’t make the cut.

    So far, the only court-documented threats of violence in the entire Grenoble affair concern threats made not by “islamogauchistes” but by people claiming to oppose “islamogauchisme.” By contrast, just how many threats Kinzler and Vincent T. received is a bit of a mystery. If Kinzler received many such threats, they didn’t leave much of a trace in his book. Vincent T. filed a suit for defamation, but that suggests a different kind of message.

    Still, it’s noticeable that media reports about threats were everywhere, while Kinzler describes his situation as follows: “1500 unread messages since the day before! Skimming through a few dozen, I see that they all express support for me.” The threats the media were referring to were most likely those on the original poster. The threat they were interested in was the one contained in the charge of fascism and “Islamophobia”; they seemed entirely uninterested in the torrent of threats precipitated by yelling about “islamogauchisme” in every newspaper and talk show.

    The threat, by this line of reasoning, was saying that “Islamophobia kills,” as the students had done on their poster, a poster initially seen by a handful of people on an Alpine campus and among the social media followers of a student union. The idea that blasting an academic as an “islamogauchiste” on TV, radio, and newspapers might lead to messages like “Let her die with her ass stuffed with red rags and her mouth open,” as 73-year-old Alain B. said on Facebook about Amilhat Szary, did not seem to enter the equation.



    This is where the story of Grenoble becomes the story of the university in the present age. The present age, meaning, in this case: a resurgent far right and a liberal, centrist establishment that seems increasingly ready to share the far right’s vocabulary and preoccupations. By December 2021, when the second round of stories about Sciences Po began to hit the international papers, the institute director told a French broadcaster that she was “stunned to discover the image of the IEP in the media.”

    Grenoble was finding itself at the center of one of those campus stories that are effective, or maybe even meaningful, only when seen from the maximum possible distance. Within France, barely anyone seemed to bother to try to understand what had actually happened; and in the story’s international reception, that tendency was, if anything, heightened. Swiss newspapers could use the account to scare their readers about what might soon make its way to their own institutions of higher learning. German newspapers could combine it with a few American campus anecdotes to tell the tale of a woke virus that was threatening to spread to the Fatherland. It was that kind of international mythmaking that had led the Macron government to fixate on “islamogauchisme” in the first place. Now it was used to metabolize the events in Grenoble.

    What Sciences Po experienced is something that has begun to characterize campus life in many Western countries. The strange magic by which a demand suddenly becomes a threat, while very real, very material threats somehow fail to register. The campus where an ineffectual administration barely contains the threat from within is apparently embodied by a group of undergraduates who have gotten hold of some paper and a canister of paint.

    In the United States in 2023, seven university presidents were hauled before Congress to be yelled at by representatives of both parties for failing to discipline their students. Media and commentators seemed to desire nothing more than combat boots and truncheons raining down on blue-haired undergraduates (and in many places got exactly what they desired). The dynamics that enveloped the pretty campus in the Alps in 2021 have become an export item.

    When U.S. Representative Elise Stefanik of New York started her crusade against elite colleges, she mostly avoided talking about Islam. She instead described a university that, as she wrote in the New York Post, had been weakened by “decades of moral decay, intellectual laziness and dangerous far-left radical groupthink.” The notion that the West has weakened its institutions through relativism and thus primed them for takeover is widespread in conservative circles, but it is worth saying: Stefanik’s reasoning is “great replacement” logic applied to the university quad. During congressional hearings, Representative Kevin Kiley went further, and suggested, for instance, that Harvard’s Claudine Gay regarded “antisemites” as her “constituency.”

    The idea that woke multiculturalists were in secret and intentional alliance with Muslim terrorism has become a favorite go-to of the second Trump administration. So has the idea that this supposed alliance never had to be substantiated by more than vibes. Each letter that goes out from the interagency Task Force to Combat Antisemitism draws on a mishmash of actual complaints about antisemitism; conservative grievances over free speech, woke­ness, and “diversity, equity, and inclusion”; and accusations of terrorism. In using Title VI claims and the International Holocaust Remembrance Alliance’s definition of antisemitism, and by linking these to “woke” or “postcolonial” theories, the administration has created the perfect cudgel to attack campus life. Its aim appears to be, in each instance, state control. In April, the Trump administration sent a letter to Harvard University. The top-line items—mandated appointment of conservative scholars, curtailing of faculty governance—got most of the attention. But in between all the other demands, the federal government expressed the opinion that the venerable university literally shields students “supportive of terrorism.”

    Again and again, leaders were not responding to what was actually happening on local campuses—they were reacting to what they had been told had happened at faraway campuses. “Islamogauchisme” wasn’t explicitly invoked, but the idea that when students object to war crimes, “Hamas” is “taking over” the campus draws on the same connection. The charge of “­islamogauchisme” is a rumor about the university, insubstantial, changeable, impossible to disprove. And it is destructive of the very institution it pretends to be so concerned about.

    https://newrepublic.com/article/194678/grenoble-france-university-islamophobia-controversy-wokeism

    #affaire_de_Grenoble #université #ESR #université_grenoble_Alpes #Sciences_Po_Grenoble #islamogauchisme #woke #wokisme #Klaus_Kinzler

    Sur l’"affaire de Grenoble" :
    https://seenthis.net/messages/943294

  • A69, un chantier trop avancé pour revenir en arrière ?
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/a69-un-chantier-trop-avance-pour-revenir-en-arriere-1025510.html


    Opération de gendarmerie vendredi, sur le site de « la Cal’arbre ».
    © LTD / ED JONES/AFP

    À Verfeil, la future autoroute A69 cristallise un choc entre ambitions de développement et impératifs écologiques.

    À Verfeil, aux portes de Toulouse, le ballet incessant des tractopelles a cédé la place à un bras de fer juridique et idéologique. L’autoroute A69, reliant Toulouse à Castres, est devenue le symbole incandescent d’une fracture profonde : celle entre un « quoi qu’il en coûte » du développement et un « tout est réversible » de l’écologie. Depuis la décision du tribunal administratif de Toulouse de casser fin février l’autorisation environnementale du chantier, le débat n’est plus seulement technique, il est existentiel. Faut-il achever un ouvrage jugé déjà trop avancé, ou miser sur une réhabilitation audacieuse ?

    Le mirage de l’achèvement rapide : un argumentaire pro-A69 inébranlable
    Pour les défenseurs de l’A69, la messe est dite. Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, l’a formulé sans ambages : ne pas achever ce chantier serait « ubuesque ». L’argumentaire est simple : l’intérêt général, incarné par la désenclavement du Tarn, prime. Philippe Folliot, sénateur centriste du Tarn, fer de lance de cette vision, a même fait adopter une proposition de loi au Sénat pour contourner le jugement.

    Les chiffres d’Atosca, maître d’œuvre et futur concessionnaire, sont brandis comme des preuves irréfutables : 54 % des terrassements et 70 % des ouvrages d’art seraient achevés. Pour eux, tout arrêt serait une gabegie financière et un déni de réalité. « Si dégâts environnementaux il y a eu, un, ils n’ont été que très marginaux, et deux, ils sont faits depuis très longtemps. Aujourd’hui, il n’y a aucune raison sur le plan environnemental de continuer à stopper ces travaux », assène M. Folliot. Une position qui ne laisse que peu de place au doute ou à la marche arrière.

    La nature à l’assaut du bitume : le plaidoyer des« irréversibles »
    Pourtant, sur le terrain, une autre réalité émerge. Les opposants de La Voie Est Libre (LVEL) réfutent l’idée d’un chantier irréversible. Thomas Digard, membre du collectif, estime que le chantier « n’en est même pas à la moitié ». Le spectacle des herbes et des fleurs jaunes repoussant sur la bande de terre décapée nourrit leur optimisme. « Ça repousse de partout », se réjouit-il. Leur postulat est clair : le jugement de fin février, bien que tardif, intervient suffisamment tôt pour permettre une réhabilitation écologique. Jacques Thomas, spécialiste des sols, renchérit : « Il n’y a eu que des mouvements de terre sur ce chantier. Il n’y a pas eu de pollution, pas de bitume, donc le chantier est totalement réversible. »

    La vision des opposants est celle d’une restauration possible. Si le sol n’est pas encore bitumé, il peut être rendu à l’agriculture. Les couches superficielles de terre, pleines de matière organique et entassées, pourraient être simplement remises en place. Quant aux sols traités à la chaux pour les stabiliser, ils pourraient être « cassés » par des engins spécialisés, permettant ainsi une remise en culture. Jacques Thomas, fort de son expérience sur le barrage de Sivens, évoque une « réhabilitation » permettant de faire « repartir les fonctions des sols et leur rôle d’accueil de biodiversité ». Seule l’épineuse question des structures en béton demeure, mais même là, LVEL envisage des solutions pragmatiques, n’excluant pas de conserver les ouvrages qui pourraient avoir une utilité future.

    Au-delà du béton, le gouffre juridique et le bras de fer politique
    Le débat dépasse la simple opposition entre béton et biodiversité. Il s’ancre dans un labyrinthe juridique et un bras de fer politique. La proposition de loi de Philippe Folliot, adoptée au Sénat, est un signal fort de la volonté politique de passer outre la décision de justice. Dans le même temps, l’État a déposé un recours en justice pour faire reprendre les travaux, qui sera examiné par la cour administrative d’appel de Toulouse. Ces manœuvres soulignent la tension croissante entre le pouvoir judiciaire et la volonté des exécutifs locaux et nationaux.

    L’issue de ce conflit aura des implications majeures, non seulement pour le projet A69, mais aussi pour les futurs grands chantiers d’infrastructures en France. Elle dessinera les contours de la capacité de notre modèle économique à s’adapter aux impératifs environnementaux, et la place de la justice dans ces équilibres. La question n’est plus seulement de savoir si l’A69 se fera, mais à quel prix, et surtout, quel message cette décision enverra à la société sur la réversibilité de nos choix et la prévalence de l’urgence écologique face aux projets d’hier. L’A69, bien plus qu’une autoroute, est devenue un révélateur des tensions d’une époque.

  • À #Bordeaux, une chercheuse engagée pour l’#écologie se voit interdite de labo

    De plus en plus de centres de recherche sont soumis à un #régime_administratif_spécial, qui conditionne leur #accès à une #autorisation. Les #refus – jamais motivés – sont de plus en plus nombreux.

    Ada* aurait dû commencer le 3 mars son travail postdoctoral au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (LaBRI). Mais quatre jours plus tard, alors qu’elle s’étonne de n’avoir toujours pas signé son contrat, un couperet imprévu tombe : l’accès au laboratoire lui est refusé.

    Le #LaBRI est en effet classé #zone_à_régime_restrictif (#ZRR). On ne peut y pénétrer sans l’accord du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et ce dernier a donné un avis défavorable, sans motivation.

    C’est cette décision – exceptionnelle pour une personne de nationalité française – qu’Ada contestait pour « #excès_de_pouvoir » jeudi 15 mai devant le tribunal administratif de Bordeaux. L’affaire a été mise en délibéré.

    Les zones à régime restrictif ont été créées par un #arrêté du 3 juillet 2012 relatif à « la protection du potentiel scientifique et technique de la nation ». Lorsqu’un laboratoire est classé en ZRR, il devient impossible d’y accéder sans autorisation du chef d’établissement, lequel est tenu de suivre l’avis rendu par le haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    Quatre risques justifient l’interdiction de pénétrer dans une ZRR : l’atteinte aux #intérêts_économiques de la nation ; le renforcement d’arsenaux militaires étrangers ; la prolifération d’#armes_de_destruction_massive ; le #terrorisme.

    L’#impact_environnemental de l’#intelligence_artificielle

    Ada ne rentre dans aucune de ces catégories. Elle est de nationalité française. Son casier judiciaire est vierge. Elle ignore ce qui lui est reproché, réduite aux suppositions. Sa participation aux manifestations contre la réforme des retraites en 2023, durant lesquelles il lui arriva d’être prise dans une nasse policière ? Ses engagements écologistes au sein de divers collectifs, comme l’Atelier paysan ?

    L’itinéraire intellectuel d’Ada est en cohérence avec son engagement. Sa thèse de doctorat, soutenue fin 2024, comprend deux parties distinctes, correspondant à l’évolution de sa réflexion en cours de thèse : la première de mathématiques, sa formation d’origine ; la seconde d’analyse du rôle politique du numérique inspirée de la philosophie critique des technologies.

    Le postdoctorat qu’elle aurait dû commencer à Bordeaux prolongeait cette réflexion par un travail de sociologie des controverses sur l’impact environnemental de l’intelligence artificielle.

    Ada ne s’attendait absolument pas à se voir, de fait, interdite de laboratoire. « Quand je l’ai appris, je me suis dit : alors ce ne sont pas que des mots lorsque les militants écologistes sont qualifiés d’écoterroristes. » Elle est à présent au chômage, et ses droits expireront bientôt.

    Sollicité par Mediapart, le directeur du LaBRI renvoie prudemment vers le service de presse de l’#université_de_Bordeaux, une des tutelles du laboratoire, qui se montre quelque peu gêné. Formellement, c’est le président de l’université qui a pris la décision d’interdire à Ada l’accès au LaBRI, et c’est donc lui qui était assigné devant le tribunal administratif.

    Mais même à l’issue de l’audience, l’université reconnaissait ne pas savoir encore totalement ce qui est imputé à la jeune chercheuse. « Ces dispositifs sont volontairement flous et opaques, dans le but d’empêcher les personnes mises en cause de se défendre, puisqu’elles ignorent ce qui leur est reproché », observe Ada.

    Les #sciences_humaines_et_sociales concernées

    L’#opacité entourant la mise en place des ZRR est manifeste. La liste n’en est pas publique mais leur nombre ne cesse clairement de s’accroître. En 2019, un rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques relevait déjà que « le rythme d’augmentation du nombre de ZRR, d’environ 20 % par an, ne laisse pas d’interroger ».

    En 2024, une commission d’enquête sénatoriale sur les politiques publiques face aux ingérences étrangères recensait 931 ZRR en France, dont 201 créées en 2023. L’année prochaine, la totalité des laboratoires de l’Institut national de recherche en #informatique et en #automatique vont être classés en ZRR.

    Et depuis l’arrêté du 24 octobre 2024, certaines sciences humaines et sociales sont également concernées. On voit pourtant mal en quoi des recherches en psychologie comme les « sciences et techniques des activités physiques et sportives » ou encore l’ergonomie devraient être protégées d’un risque d’espionnage.

    Dans le même temps, les refus d’accès sont devenus de plus en plus fréquents : 1,7 % jusqu’en 2019, 2,7 % en 2023 selon les rapports parlementaires précédemment cités… et 7 % en 2024 pour les 6 000 demandes d’accès gérées par le CNRS, d’après les chiffres communiqués à Mediapart par l’organisme, qui n’a pu nous préciser le nombre, parmi eux, de ressortissant·es français·es.

    Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche n’a pas donné suite à nos demandes de chiffres récents sur le nombre de ZRR et de refus d’y accéder.

    Pour Baptiste Pagnier, de la CGT des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, « il y a beaucoup de refus à bas bruit, concernant très majoritairement des étrangers. Les contestations en justice sont peu nombreuses, et rarement gagnantes ».

    Christine Buisson, de SUD Recherche, estime que « l’extension des ZRR pose un problème de #conditions_de_travail, parce qu’elle génère des complications pour les recrutements, même de stagiaires, avec des refus réguliers qui perturbent le fonctionnement des laboratoires déjà contraints de recruter beaucoup de précaires ».

    Les deux syndicats ont fait parvenir au tribunal administratif de Bordeaux des mémoires en intervention, au côté de la Ligue des droits de l’homme et de l’Assemblée des directions de laboratoire, elle aussi inquiète des contraintes administratives et des atteintes aux libertés académiques que portent en elles les ZRR.

    Tous estiment que la confirmation par le tribunal administratif de l’interdiction faite à Ada d’accéder à son laboratoire postdoctoral créerait un précédent extrêmement grave.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/160525/bordeaux-une-chercheuse-engagee-pour-l-ecologie-se-voit-interdite-de-labo
    #ESR #recherche #université #France #justice #SHS #it_has_begun

  • Les #parcs africains ou l’histoire d’un #colonialisme_vert

    Derrière le mythe d’une Afrique #sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la #nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux. L’historien #Guillaume_Blanc raconte.

    Vous avez longuement enquêté sur les politiques de #protection_de_la_nature mises en place en #Afrique depuis la fin du XIXe siècle. Comment, dans l’esprit des experts occidentaux de la conservation de la nature, a germé cette idée que le continent africain constituait le dernier éden sauvage de la planète, qu’il s’agissait de préserver à tout prix ?

    Guillaume Blanc1 Mon enquête historique s’appuie en effet sur plus de 130 000 pages de documents issus de 8 fonds d’archives répartis entre l’Europe et l’Afrique. Pour comprendre ce mythe de la nature sauvage, il faut se mettre à la place des #botanistes et des #forestiers qui partent tenter l’aventure dans les #colonies à la fin du XIXe siècle, et laissent derrière eux une Europe radicalement transformée par l’industrialisation et l’urbanisation. En arrivant en Afrique, ils sont persuadés d’y retrouver la nature qu’ils ont perdue chez eux.

    Cette vision est en outre soutenue par un ensemble d’œuvres relayées par la grande presse. C’est par exemple #Winston_Churchill qui, en 1907, publie Mon voyage en Afrique, dans lequel il décrit le continent africain comme un « vaste jardin naturel » malheureusement peuplé d’« êtres malhabiles ». Dans les années 1930, c’est ensuite #Ernest_Hemingway qui évoque, dans Les Neiges du Kilimandjaro, un continent où les #big_five – ces mammifères emblématiques de l’Afrique que sont le #lion, le #léopard, l’#éléphant, le #rhinocéros noir et le #buffle – régneraient en maîtres. Depuis, le #mythe de cette Afrique édénique a perduré à travers les reportages du #National_Geographic et de la BBC ou, plus récemment, avec la sortie du célèbre film d’animation #Le_Roi_Lion.

    Qui sont les principaux acteurs des politiques de protection de la nature en Afrique, depuis les premières réserves de faune sauvage jusqu’à la création des parcs nationaux ?
    G. B. En Afrique, la création des #réserves_de_chasse à la fin du XIXe siècle par les colonisateurs européens vise surtout à protéger le commerce des troupeaux d’éléphants, déjà largement décimés par la #chasse. À partir des années 1940, ces #réserves deviennent ensuite des espaces dédiés presque exclusivement à la contemplation de la #faune_sauvage – une évolution qui témoigne d’une prise de conscience de l’opinion publique, qui considère comme immoral le massacre de la grande #faune.

    Les principaux acteurs de cette transformation sont des écologues administrateurs, à l’image de #Julian_Huxley, le tout premier directeur de l’#Unesco, nommé en 1946. On peut également citer #Edgar_Worthington, qui fut directeur scientifique adjoint du #Nature_Conservancy (une orga­ni­sa­tion gouvernementale britannique), ou l’ornithologue #Edward_Max_Nicholson, l’un des fondateurs du #World_Wildlife_Fund, le fameux #WWF. À partir des années 1950, ces scientifiques issus de l’administration impériale britannique vont s’efforcer de mettre la #science au service du gouvernement, de la nature et des hommes.

    À l’époque coloniale, la nature africaine semble toutefois moins menacée qu’elle ne l’est aujourd’hui. N’y a-t-il pas comme une forme de contradiction de la part des experts de la conservation à vouloir présenter ce continent comme le dernier éden sauvage sur Terre et, dans le même temps, à alerter sur le risque d’extinction de certaines espèces ?
    G. B. Si on prend l’exemple des éléphants, ce sont tout de même 65 000 animaux qui sont abattus chaque année à la fin du XIXe siècle en Afrique de l’Est pour alimenter le commerce de l’#ivoire. À cette époque, les administrateurs coloniaux sont pourtant incapables de réaliser que le massacre auquel ils assistent relève de leur propre responsabilité. Car, tout autour des espaces de protection qu’ils mettent en place pour protéger la nature, la destruction des #ressources_naturelles se poursuit – ce sont les #plantations de #cacao en #Côte_d’Ivoire qui empiètent toujours plus sur la #forêt_tropicale, ou le développement à grande échelle de la culture du #café en #Tanzanie et au #Kenya.

    À mesure que ce #capitalisme_extractiviste s’intensifie, la protection de la faune et de la flore se renforce via la multiplication des #zones_protégées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui entendent préserver la nature en établissant des réserves de chasse, puis des parcs nationaux, sont aussi ceux qui la détruisent en dehors de ces espaces de protection.

    Une initiative baptisée « #Projet_spécial_africain » illustre bien cette vision de la nature africaine. En quoi consiste cette grande #mission_écologique, largement promue par les experts internationaux de la conservation ?
    G. B. Le Projet spécial africain est lancé à Varsovie en 1960 par l’#Union_internationale_pour_la_conservation_de_la_nature (#UICN), sous l’égide des Nations unies. En septembre 1961, une grande conférence internationale est organisée à Arusha, en Tanzanie, afin de promouvoir les programmes de conservation auprès des dirigeants africains arrivés au pouvoir après les indépendances. Elle réunit une centaine d’experts occidentaux ainsi qu’une trentaine de dirigeants africains.

    D’un commun accord, ces derniers déclarent vouloir poursuivre les efforts accomplis par les colons européens dans les parcs nationaux africains qui ont vu le jour depuis la fin des années 1920. Pour, je cite, « aider les gouvernements africains à s’aider eux-mêmes », des experts internationaux sont alors envoyés en Afrique. Le Projet spécial africain, qui se poursuivra jusqu’à la fin des années 1970, prend donc la forme d’une alliance entre les dirigeants africains et les experts internationaux.

    Dans le livre que vous avez publié il y a peu, La Nature des hommes, vous rappelez que les institutions internationales ont fortement incité les pays africains à exclure leurs populations des territoires de ce qui allait devenir les parcs nationaux…
    G. B. Parmi les institutions impliquées, il y a, d’un côté, les agences des Nations unies comme l’Unesco et la FAO, mais aussi des organisations non gouvernementales comme l’UICN, le WWF ou la Fauna & Flora International (FFI). Ces deux grandes catégories d’institutions ont tout d’abord servi de machine à reconvertir les administrateurs coloniaux en experts internationaux de la conservation. Ce sont elles qui vont ensuite imposer les mesures conservationnistes à l’intérieur des parcs.

    La FAO va, par exemple, conditionner son aide au Kenya, à l’Éthiopie ou à la Tanzanie pour l’achat de matériel agricole à l’acceptation des règles édictées par l’Unesco – à savoir que soient expulsées les populations qui vivent dans les parcs pour préserver les grands mammifères. C’est donc un véritable système international qui se met en place, dans lequel les agences des Nations unies vont avoir recours à des experts qu’elles vont mandater auprès de l’UICN, du WWF ou de la #FFI.

    Dans les années qui suivent la #décolonisation, les dirigeants africains participent eux aussi à cette #mythification d’un continent foisonnant de vie, car préservé des activités humaines. Quelle est leur part de responsabilité dans la construction de cet #imaginaire ?
    G. B. S’ils n’ont pas choisi ce cadre culturel imposé par les experts internationaux de la conservation, selon lequel l’Afrique serait le dernier refuge mondial de la faune sauvage, ils savent en revanche le mettre au service de leurs propres intérêts. Au #Congo, rebaptisé Zaïre en 1971 par le président Mobutu, ce dernier explique lors d’une conférence de l’UICN qui se tient à Kinshasa que son pays a créé bien plus de parcs que le colonisateur belge qui l’a précédé.

    En 1970, soit près de 10 ans après son indépendance, la Tanzanie a de son côté quadruplé son budget dédié aux parcs nationaux, sous l’impulsion de son Premier ministre #Julius_Nyerere, bien conscient que le parc national représente une véritable #opportunité_économique. Si Julius Nyerere n’envisage pas de « passer (s)es vacances à regarder des crocodiles barboter dans l’eau », comme il l’explique lui-même dans la presse tanzanienne, il assure que les Occidentaux sont prêts à dépenser des millions de dollars pour observer la faune exceptionnelle de son pays. Julius Nyerere entend alors faire de la nature la plus grande ressource économique de la Tanzanie.

    Certains responsables politiques africains mettent aussi à profit le statut de parc national pour contrôler une partie de leur population…
    G. B. Pour une nation comme l’Éthiopie d’#Hailé_Sélassié, la mise en parc de la nature donne la #légitimité et les moyens financiers pour aller planter le drapeau national dans des territoires qui échappent à son contrôle. Lorsque l’UICN et le WWF suggèrent à l’empereur d’Éthiopie de mettre en parc différentes régions de son pays, il choisit ainsi le #Simien, dans le Nord, une zone de maquis contestant le pouvoir central d’Addis-Abeba, l’#Awash, dans l’Est, qui regroupe des semi-nomades vivant avec leurs propres organisations politiques, et la #vallée_de_l’Omo, dans le Sud, où des populations circulent librement entre l’Éthiopie et le Kenya sans reconnaître les frontières nationales.

    En Afrique, la mise sous protection de la nature sauvage se traduit souvent par l’#expulsion des peuples qui vivent dans les zones visées. Quelles sont les conséquences pour ces hommes et ces femmes ?
    G. B. Ce #déplacement_forcé s’apparente à un véritable tremblement de terre, pour reprendre l’expression du sociologue américain Michael Cernes, qui a suivi les projets de #déplacement_de_populations menés par les Nations unies. Pour les personnes concernées, c’est la double peine, puisqu’en étant expulsées, elles sont directement impactées par la création des parcs nationaux, sans en tirer ensuite le moindre bénéfice. Une fois réinstallées, elles perdent en effet leurs réseaux d’entraide pour l’alimentation et les échanges socio-économiques.

    Sur le plan environnemental, c’est aussi une catastrophe pour le territoire d’accueil de ces expulsés. Car, là où la terre était en mesure de supporter une certaine densité de bétail et un certain niveau d’extraction des ressources naturelles, la #surpopulation et la #surexploitation de l’#environnement dont parlent les experts de la conservation deviennent réalité. Dans une étude publiée en 20012, deux chercheurs américain et mozambicain ont tenté d’évaluer le nombre de ces expulsés pour l’ensemble des parcs nationaux d’Afrique. En tenant compte des lacunes statistiques des archives historiques à ce sujet, les chercheurs ont estimé qu’entre 1 et 14 millions de personnes avaient été contraintes de quitter ces espaces de conservation au cours du XXe siècle.

    Depuis la fin des années 1990, les politiques globales de la #conservation_de_la_nature s’efforcent d’associer les populations qui vivent dans ou à côté des #aires_protégées. Comment se matérialise cette nouvelle philosophie de la conservation pour les populations ?
    G. B. Cette nouvelle doctrine se traduit de différentes manières. Si l’on prend l’exemple de l’#Ouganda, la population va désormais pouvoir bénéficier des revenus du #tourisme lié aux parcs nationaux. Mais ceux qui tirent réellement profit de cette ouverture des politiques globales de conservation sont souvent des citadins qui acceptent de devenir entrepreneurs ou guides touristiques. Les habitants des parcs n’ont pour leur part aucun droit de regard sur la gestion de ces espaces protégés et continuent de s’y opposer, parfois avec virulence.

    En associant les populations qui vivent dans ou à proximité des parcs à la gestion de la grande faune qu’ils abritent, la conservation communautaire les incite à attribuer une valeur monétaire à ces animaux. C’est ce qui s’est produit en #Namibie. Plus un mammifère est prisé des touristes, comme l’éléphant ou le lion, plus sa valeur pécuniaire augmente et, avec elle, le niveau de protection que lui accorde la population. Mais quid d’une pandémie comme le Covid-19, provoquant l’arrêt de toute activité touristique pendant deux ans ? Eh bien, la faune n’est plus protégée, puisqu’elle n’a plus aucune valeur. Parce qu’il nie la singularité des sociétés auxquelles il prétend vouloir s’adapter, le modèle de la #conservation_communautaire, qui prétend associer les #populations_locales, se révèle donc souvent inefficace.

    Des mesures destinées à exclure les humains des espaces naturels protégés continuent-elles d’être prises par certains gouvernements africains ?
    G. B. De telles décisions restent malheureusement d’actualité. Les travaux de l’association Survival International l’ont très bien documenté au #Cameroun, en #République_démocratique_du_Congo ou en Tanzanie. En Éthiopie, dans le #parc_du_Simien, où je me suis rendu à plusieurs reprises, les dernières #expulsions datent de 2016. Cette année-là, plus de 2 500 villageois ont été expulsés de force à 35 km du parc. Dans les années 2010, le géographe américain Roderick Neumann a pour sa part recensé jusqu’à 800 #meurtres liés à la politique de « #shoot_on_sight (tir à vue) » appliquée dans plusieurs parcs nationaux d’Afrique de l’Est. Selon cette doctrine, toute personne qui se trouve à l’intérieur du parc est soupçonnée de #braconnage et peut donc être abattue par les éco-gardes. Dans des pays où le braconnage n’est pourtant pas passible de peine de mort, de simples chasseurs de petit gibier sont ainsi exécutés sans sommation.

    En Europe, les règles de fonctionnement des parcs nationaux diffèrent de celles qui s’appliquent aux espaces de protection africains. Si on prend l’exemple du parc national des Cévennes, l’agriculture traditionnelle et le pastoralisme n’y sont pas prohibés, mais valorisés en tant qu’éléments de la culture locale. Comment expliquer ce « deux poids, deux mesures » dans la façon d’appréhender les espaces de protection de la nature en Europe et en Afrique ?
    G. B. Le parc national des Cévennes, créé en 1970, abrite plus de 70 % du site des Causses et Cévennes, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial depuis 2011. Or la valeur universelle exceptionnelle qui conditionne un tel classement est, selon l’Unesco, « l’agropastoralisme, une tradition qui a façonné le paysage cévenol ». C’est d’ailleurs à l’appui de cet argumentaire que l’État français alloue des subventions au parc pour que la transhumance des bergers s’effectue à pied et non pas en camions, ou bien encore qu’il finance la rénovation des toitures et des murs de bergeries à partir de matériaux dits « traditionnels ».

    En revanche, dans le parc éthiopien du Simien, la valeur universelle exceptionnelle qui a justifié le classement de ce territoire par l’Unesco est « ses #paysages spectaculaires ». Mais si les #montagnes du Simien ont été classées « en péril3 » et les populations qui y vivaient ont été expulsées, c’est, selon les archives de cette même organisation internationale, parce que « l’#agropastoralisme menace la valeur du bien ».

    À travers ces deux exemples, on comprend que l’appréciation des rapports homme-nature n’est pas univoque en matière de conservation : il y a une lecture selon laquelle, en Europe, l’homme façonne la nature, et une lecture selon laquelle, en Afrique, il la dégrade. En vertu de ce dualisme, les activités agropastorales relèvent ainsi d’une #tradition à protéger en Europe, et d’une pratique destructrice à éliminer en Afrique.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/parcs-Afrique-colonialisme-histoire-nature-faune
    #colonialisme #animaux #ingénierie_démographique

    • La nature des hommes. Une mission écologique pour « sauver » l’Afrique

      Pendant la colonisation, pour sauver en Afrique la nature déjà disparue en Europe, les colons créent des parcs en expulsant brutalement ceux qui cultivent la terre. Et au lendemain des indépendances, avec l’Unesco ou le WWF, les dirigeants africains « protègent » la même nature, une nature que le monde entier veut vierge, sauvage, sans hommes.
      Les suites de cette histoire sont connues : des millions de paysans africains expulsés et violentés, aujourd’hui encore. Mais comment a-t-elle pu advenir ? Qui a bien pu organiser cette continuité entre le temps des colonies et le temps des indépendances ? Guillaume Blanc répond à ces questions en plongeant le lecteur au cœur d’une étrange mission écologique mondiale, lancée en 1961 : le « Projet spécial africain ».
      L’auteur raconte l’histoire de ce Projet, mais, plutôt que de suivre un seul fil narratif, il redonne vie à quatre mondes, que l’on découvre l’un après l’autre : le monde des experts-gentlemen qui pensent l’Afrique comme le dernier refuge naturel du monde ; celui des colons d’Afrique de l’Est qui se reconvertissent en experts internationaux ; celui des dirigeants africains qui entendent contrôler leurs peuples tout en satisfaisant les exigences de leurs partenaires occidentaux ; celui, enfin, de paysans auxquels il est demandé de s’adapter ou de disparaître. Ces hommes ne parlent pas de la même nature, mais, pas à pas, leurs mondes se rapprochent, et ils se rencontrent, pour de bon. Ici naît la violence. Car c’est la nature des hommes que d’échanger, pour le meilleur et pour le pire.

      https://www.editionsladecouverte.fr/la_nature_des_hommes-9782348081750
      #livre

  • Un cœur artificiel à un enfant de 7 ans, exploit soigneux de la Chine.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4758

    Pour ce genre de sujet, alliant les investissements économiques réussis et les avancées médicales, il y a une adéquation entre l’effort national et les bienfaits concrets dont bénéficie la population. La Chine affirme sa place non seulement comme géant économique, mais aussi comme pionnier médical et technologique. Un cœur artificiel qui, de sa miniaturisation, bat dans la poitrine d’un enfant, au cas jugé désespéré, c’est aussi le battement d’un pays en pleine transformation. High-tech / Sciences

    / Chine, réforme, développement, environnement, Asie, , Sciences & Savoir, #médecine,_sciences,_technologie,_ADN,_vaccin,_médicaments,_découvertes, Socialisme, Amérique Latine, Chine, marxisme, égalité, pauvreté, justice, (...)

    #High-tech_/_Sciences #Chine,réforme,_développement,_environnement,_Asie, #Sciences_&_Savoir #Socialisme,_Amérique_Latine,_Chine,_marxisme,_égalité,_pauvreté,_justice,_sociale

  • Publication de la Petite #encyclopédie de la science ouverte

    Développée par le #Comité_pour_la_science_ouverte, la Petite encyclopédie de la science ouverte vise à diffuser des connaissances claires et complètes sur dix sujets clés de la science ouverte :

    - #Infrastructures de science ouverte
    - #Données de recherche ouvertes
    - Langues scientifiques
    - Usages de la science ouverte
    - Monitoring de la science ouverte
    - #Bibliométrie
    - Economie de la science ouverte
    - Accès diamant
    - #Transparence de la #recherche
    - #Intégrité de la recherche

    haque sujet est traité séparément dans un article encyclopédique publié en anglais et en français, qui synthétise plusieurs sources telles que des publications scientifiques, des rapports, des ressources bibliographiques et des données.

    Conçu dès le départ comme un bien commun, chaque article est publié sous licence libre, sur deux espaces : une première fois sous la forme d’un article encyclopédique sur le site web encyclo.ouvrirlascience.fr (https://encyclo.ouvrirlascience.fr), et une deuxième fois sous la forme d’un article Wikipédia mis à jour de manière indépendante. La version Wikipédia évoluera de façon autonome avec le système de contribution collective de l’encyclopédie collaborative.

    https://www.ouvrirlascience.fr/publication-de-la-petite-encyclopedie-de-la-science-ouverte
    #ESR #économie
    #science_ouverte #édition_scientifique

    • https://www.esa.int/Applications/Observing_the_Earth/FutureEO/Biomass

      [...]

      This groundbreaking mission will offer unprecedented insights into the state and evolution of the world’s forests. By mapping the woody material in Earth’s forests, this revolutionary satellite will play a crucial role in deepening our understanding of how forests influence the global carbon cycle.

      ESA’s #Biomass Project Manager, Michael Fehringer, said, “After years of innovation and cooperation with the scientific community and the space industry, we’re more than excited to see the satellite ready for launch. This new mission will advance our ability to quantify forest carbon stocks and fluxes, which is key to understanding and assessing the impacts of climate change.

      [...]

  • Un livre pour ma vie - Yuval Noah #harari - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/118865-008-A/un-livre-pour-ma-vie-yuval-noah-harari

    Yuval Noah Harari, historien, philosophe et auteur à succès, expose dans cet entretien sa perspective sur la dynamique entre la #science, la narration et le comportement humain. Il soutient que, bien que la science offre une compréhension du monde infiniment plus complexe et imaginative que la mythologie, son principal défi réside dans son incapacité à raconter des histoires captivantes. Or, les humains sont motivés à l’action par les récits, non par les faits seuls. Harari explique que les mythes qui façonnent les sociétés (sur l’immigration, les conflits, l’identité nationale ou religieuse) puisent souvent leur force dans des "drames biologiques" fondamentaux (rivalité tribale, peur de la perte parentale, dynamique familiale), compréhensibles même au niveau mammifère. Ces récits, bien (...)

    #biology #mythology #anthropology #storytelling #books #narrative #language #stories #imagination #evolution #bureaucracy #conspiracy #cognition #bias #management #organizations #complexity #reality #bestof

  • « TotalEnergies chercherait à utiliser le Collège de France comme support publicitaire qu’il ne s’y prendrait pas autrement »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/04/totalenergies-chercherait-a-utiliser-le-college-de-france-comme-support-publ


    A Bouguenais (Loire-Atlantique), le 14 novembre 2022. STEPHANE MAHE / REUTERS

    « Désagréments » : c’est le mot qu’a choisi le Collège de France pour qualifier les effets du changement climatique, dans sa présentation d’un événement qui doit se tenir le 15 mai. L’événement est un colloque sur la #géo-ingénierie, c’est-à-dire « l’ensemble des techniques qui visent à manipuler et modifier le climat et l’environnement de la Terre à grande échelle » et destinées, précisément, à éviter ces « désagréments ». Le colloque est organisé dans le cadre de la chaire Avenir commun durable, lancée en 2021 par la prestigieuse institution et consacrée « aux enjeux de la transition écologique et énergétique ». En 2025, la chaire est dévolue au climat ; elle compte la société pétrolière #TotalEnergies parmi ses deux « grands mécènes ».

    https://archive.ph/xTL9f

    #sciences #climat

  • Les faveurs pour qu’un être soit plus rapide qu’un autre.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4752

    La nature a façonné une incroyable diversité de formes corporelles, chacune adaptée et optimisée pour des niches écologiques et pour réaliser des modes de déplacement spécifiques. La demande d’une rapidité arrive avec les exigences qui imposent au sujet d’assumer sa survie et son évolution, d’où son besoin d’une diligence conduite et façonnée avec al continuelle synergie. High-tech / Sciences

    / #énergie, #Data_-_Données, Sciences & Savoir, Robot - humanoïde & robotique

    #High-tech_/_Sciences #Sciences_&_Savoir #Robot_-_humanoïde_&_robotique

  • Fascisme et science-fiction
    http://journals.openedition.org/resf/2652

    De nombreuses critiques récentes ont montré que la SF était « naturellement » libérale et progressiste. Cet article soutiendra que de telles affirmations sous-estiment la diversité du genre, négligeant la manière dont certains tropes fondateurs et certaines structures narratives (ce qui apparaît le plus clairement dans la SF pulp) convoquent des intrigues et des figures plus proches du fascisme que de la pensée progressiste. Pour certains critiques, la politique anti-progressiste de nombreuses œuvres de l’époque des pulps est une fâcheuse bizarrerie historique, transcendée et oubliée depuis longtemps. Cet article soutient, d’autre part, qu’une sorte de fascisme latent de l’ère des pulps subsiste même dans les formes contemporaines ostensiblement progressistes. Retracer la vie après la mort des tropes et des thèmes fascistes complexifie de nombreuses affirmations critiques sur les tendances idéologiques du genre.

  • Thread de #Julien_Gossa sur Mastodon :
    Les scientifiques américains sont réellement en danger. Jouer avec ce type de situation seulement pour gagner un peu de crédit politique est très dangereux.
    https://social.sciences.re/@juliengossa/114375605162671356

    « On n’a déjà pas assez d’argent pour fonctionner normalement » : la France peut-elle accueillir des scientifiques étrangers ?
    https://www.leparisien.fr/futurs/on-na-deja-pas-assez-dargent-pour-fonctionner-normalement-la-france-peut-

    D’abord, il faut bien le dire : ce n’est pas une petite embrouille qui permet pépouze de tirer quelques marrons du feu.

    Les scientifiques américains sont réellement en danger, pour de bon. Pour l’instant, ça coupe surtout dans les #budgets. Mais les #arrestations_arbitraires ont déjà commencé.

    Donc on n’est plus dans le contexte #MakeOurPlanetGreatAgain ou #AIforHumanity, où on pouvait se permettre de raconter n’importe quoi, de claquer quelques millions puis d’oublier le bouzin après s’être auto-congratulé.

    Là, il va y avoir des conséquences concrètes, plus que juste gâcher du fric.
    https://www.huffingtonpost.fr/international/article/macron-a-t-il-vraiment-made-our-planet-great-again-un-an-apres-sa-phr

    Or, tout pousse à croire qu’il ne s’agit qu’un d’un coup de com’ à l’usage exclusif de l’image de M. Macron.

    « Un conseiller a lâché dans les grilles de l’Elysée : "Incroyable, Trump l’a sauvé" ».

    « sauver » M. Macron coute beaucoup moins cher que sauver des scientifiques. Mais à quel prix ?

    https://www.liberation.fr/politique/a-lelysee-le-dernier-carre-des-fideles-demmanuel-macron-20250418_VHMP3NU645AZ5DFC6DNZIHGCIA/?redirected=1

    Dans ce fil, je donnais trois conditions pour que cette démarche se passe bien.

    Aucune n’est remplie, et ça va même à l’exact inverse. On a pratiquement la garantie que ça se passe mal.

    1. Bien accueillir des #scientifiques_étrangers sans mieux traiter en même temps les #scientifiques_français va générer mécaniquement du #mécontentement et du #quiet-quitting.

    Globalement, on ne sauve rien, on ne fait que dégrader la science (qui ne va déjà pas bien du tout).

    Mais en plus le #dispositif est parti pour être famélique, donc pour décevoir les espoirs des scientifiques américains.

    C’est en fait un simple « outil », et l’État financera au maximum la moitié du coût de l’opération.

    https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/lancement-de-la-plateforme-choose-france-science-une-

    Donc plus de la moitié du coût va reposer sur les université d’accueil, qui ne peuvent déjà pas boucler leur budget.

    On imagine le CA :
    – Point 1 : 15 M€ pour accueillir des ricains 💪
    – Point 2 : -20% de postes, -30% de budget des composantes, suppression du chauffage au bâtiment B
    https://www.francetvinfo.fr/sciences/ils-sont-motives-par-la-liberte-academique-le-president-d-aix-marseille

    Le Ministre le sait bien, et ouvre déjà son parapluie : L’effort d’accueil des chercheurs américains « doit se faire au niveau européen ».

    Donc c’est soit les universités, soit l’Europe qui doit payer. En somme, tout le monde, sauf l’État français qui en pourtant commanditaire.
    https://www.nouvelobs.com/sciences/20250419.OBS102961/l-effort-d-accueil-des-chercheurs-americains-doit-se-faire-au-niveau-euro

    Le chiffrage me parait totalement délirant : 330 k€/an pour une équipe, c’est une toute petite équipe, déjà installée en France, et avec un environnement papier/crayon/laptop.

    Et on ne prévoit rien pour accueillir les familles de ces scientifiques, les loger, l’école des mioches, etc.

    Ça mène au point 2, la #politique_scientifique.

    Elle se voit sur la #liste fermée des #thématiques concernées par le dispositif.

    D’abord, cette liste montre qu’on n’est pas du tout sur du papier/crayon/laptop. 330k€ pour une équipe dans ces domaines, c’est juste une blague.

    Surtout, on constate que cette liste exclut les #SHS - c’est-à-dire la discipline la plus en risque aux USA. Et pas seulement en risque de définancement. Ça pue la prison à plein nez.

    Le Ministre répond en substance "oui c’est vrai, mais il y a écologie qui est aussi menacée". L’aveu est terrible.

    L’aveu est terrible car il montre bien que l’intention n’est pas d’accueillir des scientifiques empêchés et persécutés, mais de profiter de la situation pour voler une paire de cerveaux considérés comme rentables par notre gouvernement.

    Tout ça en parlant de refuge pour les #libertés_académiques.

    Se prévaloir des libertés académiques tout en restreignant politiquement les #domaines_de_recherche. Formidable !👏

    Et il y a #écologie et écologie : l’écologie Total (pétrole à tous les étages, mais "vert") et l’écologie "arrêtez vos conneries on va tous crever".

    Laquelle vise le gouvernement ?

    Et là on arrive au point 3. la politique démocratique.

    L’administration Trump attaque très exactement les mêmes scientifiques que Macron attaquait dès 2020 en les considérant « coupable » de « casser la République en deux ».

    Les mêmes qu’on exclu du dispositif de « refuge ».

    https://www.lesinrocks.com/actu/macron-juge-le-monde-universitaire-coupable-davoir-casse-la-republique-e

    M. Macron aurait pu - même sans le reconnaitre publiquement - réaliser que l’offensive obscurantiste à laquelle il a lui-même participé pouvait conduire à des choses très graves, comme ce qui se passe notamment aux USA.

    Mais il a préféré s’entêter, et rester une politique de #vol_des_cerveaux.

    Tout cela est très dangereux, parce que ça va casser le moral des scientifiques français, mais qu’en plus ça va générer beaucoup de #frustration et de #déception auprès des scientifiques américains, dont beaucoup ont réellement besoin d’un #refuge.

    C’est le contraire de l’#humanisme.

    Pour les petits besoins de sa com’ personnelle, M. Macron est en train d’engager la responsabilité et la réputation de la France, mais sans mettre les moyens, et en ciblant l’inutile.

    En vouloir à la France va être tout à fait légitime. Et c’est très grave.

    Le gouvernement : "Tout sauf ces sales wokes. On ne veut que du top star grobraino en énergies fossiles ou en IA."
    L’ED : "Le gouvernement ouvre les frontières aux sales wokes"

    C’était couru, mais la stratégie du gouvernement est vraiment perdante-perdantes.
    ¯\(ツ)

    #France #recherche #accueil #chercheurs_en_danger #scholars_at_risk #ESR #USA #Etats-Unis #disciplines

    • Donc mon université a fait l’ouverture du journal de 8h de France culture avec son programme d’accueil des collègues états uniens dont les recherches sont en danger. 15 millions d’euros pour 10 à 20 collègues, sur le modèle #CPJ. Pour comparaison, j’ai appris que l’accueil de 3 collègues Palestiniens dans le cadre de Pause coûte à la même université... 75 000 euros

      Pour qu’on prenne bien la mesure de la #différence_de_traitement, alors que la présidence de l’université annonce qu’elle mobilise ses équipes pour trouver un logement et des places en école pour les familles des collègues états-uniens, voilà le message que les collègues nous envoient pour pouvoir assurer le minimum décent pour les collègues Palestiniens :

      Et voici le message d’appel à #solidarité concernant le troisième collègue palestinien, qui a le mérite de rappeler les conséquences matérielles de la guerre à Gaza et leur impact scientifique :

      #Palestine #deux_poids_deux_mesures

    • Accueil des chercheur∙ses internationaux en France : de qui se moque-t-on ? Communiqué intersyndical CGT-FO-FSE-FSU-Unef-Sud, 2 mai 2025

      Le 5 mai Emmanuel Macron organise un ersatz de cérémonie d’accueil pour « les chercheurs du monde entier » qu’il appelle à rejoindre la France. Ce soudain intérêt du président pour la recherche, nationale ou internationale, questionne alors que l’enseignement supérieur et la recherche sont très brutalement attaqués aux Etats-Unis, avec une remise en cause tout à la fois des libertés qui président partout à la vie universitaire, de la libre détermination des sujets d’enseignement ou de recherche par les enseignants et les chercheurs, ou des financements permettant le plein fonctionnement des institutions d’enseignement et de recherche.

      Des chercheur·ses sont brutalement licenciés, les budgets d’agences de recherche sur le climat comme la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), sur la santé comme la NIH (National Institutes of Health) ou sur l’espace comme la NASA (National Aeronautics and Space Administration) sont largement amputés, des bases de données sont brutalement fermées, les financements fédéraux de plusieurs universités sont gelés, des étudiant·es sont poursuivis par la justice. De nombreux projets de recherche internationaux sont à l’arrêt, les déplacements de chercheur·ses états-uniens sont entravés, leur participation à des groupes internationaux comme le GIEC remis en question.

      Face à cette lame de fond à laquelle sont confrontées l’université et la recherche publiques, l’intersyndicale de l’ESR rappelle que pour lutter contre l’obscurantisme, il est urgent de défendre la liberté de production et de diffusion des savoirs, comme bien commun et facteur de progrès social. La solidarité envers la communauté de recherche mondiale s’impose et il est indispensable de pouvoir accueillir ces collègues tout comme celles et ceux empêché·es de travailler ou persécuté·es dans leur pays, quel qu’il soit.

      Dans ce contexte, la mise en place d’une plateforme “Choose France for Science”, annoncée par le Président de la République française, en réponse à la situation des chercheur·es aux Etats-Unis est choquante, voire indécente.

      Indécente, car la politique du Président Macron depuis 2017 a considérablement affaible l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) en France non seulement par un sous-financement chronique, des regroupements forcés et un pilotage accru, mais aussi par des atteintes quasi incessantes à la liberté académique : attaques sans fondement de la Ministre Frédérique Vidal contre les sciences humaines et sociales, supposées gangrénées par de supposés chercheur·ses « wokistes » ou « islamo-gauchiste », sanctions disciplinaires contre des chercheur·ses qui ont exprimés leur solidarité au peuple palestinien, interdiction de conférences et de séminaires sur la situation à Gaza dans les Universités de Lille, Lyon, Bordeaux, etc. S’y ajoutent les dispositions des Zones à Régime Restrictif (ZRR), qui conduisent à des dérives inquiétantes sur les libertés (dont celle de publication) et les recrutements sous couvert de sécurité nationale.

      Et bien sûr le meilleur moyen d’affaiblir la recherche et la diffusion des connaissance est tout simplement d’assécher les finances publiques des établissements concernés. Sous la présidence Macron (2017 – 2022), le nombre de personnels enseignants titulaires a continué de baisser (-3,1% depuis 2015) tandis que celui des personnels enseignants contractuels explosait dans des proportions inquiétantes (+18,5%) et que le nombre d’étudiant·es augmentait (+325 000 / + 12,5%), la part de la richesse nationale consacrée à la recherche est passée de 2,25 % à 2,22 % (quand les États-Unis y consacrent 3,47 %), le bâti universitaire est en phase de délabrement accéléré (57 % de passoires énergétiques, 1/3 de bâtiments « vétustes »). Après les coupes brutales dans les budgets de l’ESR en février 2024 (-600M€), le gouvernement Macron a encore taillé 950 M€ en 2025 (dont -493 M€ sur la mission enseignement supérieur et recherche)…

      Dans ce contexte, les annonces du gouvernement Macron-Baptiste (ministre de l’ESR) ainsi que certains président·es d’université ne visent qu’à redorer leur image à peu de frais.

      Loin de répondre aux besoins criants des travailleur·ses et des étudiant·es de l’ESR public, ces annonces sont choquantes : évoquer une enveloppe de plus de 300 000 € par an par chercheur·se états-unien accueilli quand le salaire moyen d’un·e enseignant·e–chercheur·ses en France s’élève à 63 000 € brut / an (rapport social unique 2022), quand des milliers d’ATER (attaché·es temporaires d’enseignement et de recherche) payés 22 % au-dessus du SMIC (ou 13 % en-dessous pour les 1/2 ATER), quand 170 000 vacataires sont payés sous le SMIC avec plusieurs mois de retard, quand 35 % des agent·es du secteur ont un statut précaire de contractuel. Et que dire de l’effondrement (-27 % depuis 2000 selon l’INSEE) du pouvoir d’achat des agent·es du secteur public, qui conduit à la paupérisation de toutes et tous, et en particulier des plus modestes (collègues de catégorie B et C notamment), qui assurent l’entretien et l’administration indispensables au fonctionnement de nos universités et organismes de recherche.

      La recherche est œuvre collective, et la concentration des moyens sur quelques individus ou sur quelques laboratoires (comme le prévoyait le projet des Key Labs), dont la contrepartie est leur raréfaction pour la masse des autres, est en réalité un frein aux progrès indispensables.

      Les organisations signataires, outre l’accueil décent de collègues empêchés ou persécutés dans leur pays, continuent de demander un budget ambitieux, à la hauteur des enjeux, pour le service public de l’ESR.

      https://academia.hypotheses.org/62050

    • « #Choose_Europe_for_Science » : l’#opération_Potemkine de Macron sur la recherche française

      Le président de la République veut accueillir les cerveaux américains, martyrisés par l’administration Trump. Mais sa peinture de la France en paradis de la recherche et des libertés académiques ne passe pas.

      « Nous« Nous sommes à un moment de rupture où l’impensable est devenu notre réalité. » Les mots d’Emmanuel Macron lundi 5 mai, en clôture de l’événement franco-européen « Choose Europe for Science », ont dû résonner étrangement aux oreilles de la communauté scientifique publique hexagonale : le président de la République parlait-il des États-Unis ou de la France ?

      Notre pays est bien sûr loin de vivre la guerre impitoyable contre la recherche menée par Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir, sœur de celles lancées par Javier Milei en Argentine ou encore par Narendra Modi en Inde. Mais, comme le rappelle avec force le professeur de physique Bruno Andreotti, du collectif Stand Up for Science, des « formes de continuité » existent.

      Elles se nichent dans une série de mesures réactionnaires et austéritaires qui nuisent à la qualité de la production scientifique française et qui contribuent à installer, y compris sous la présidence d’un Emmanuel Macron, un « imaginaire fasciste » hostile aux libertés académiques.

      Parlons gros sous, d’abord : ce n’est pas aux États-Unis mais en France que, de crédits rabotés en argent non versé, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche a fondu de près 10 % ces quatre derniers mois (environ 2,5 milliards d’euros en moins sur les 25 milliards d’enveloppes prévues).

      Structurellement, la recherche publique a vu son financement chuter de 2 % depuis 2019 et le temps nécessaire pour accéder à un emploi stable n’a jamais été aussi long : les contrats courts et précaires y explosent. Plusieurs universités françaises sont même au bord de la faillite, peinant à trouver l’argent pour simplement payer les salaires et les fluides.
      Pour les chercheurs, l’ironie du désespoir

      Les mots, dans ce cadre, ont un sens : interrogée en décembre sur le sort budgétaire réservé à l’enseignement supérieur et à la recherche française, Hélène Boulanger, présidente de l’université de Lorraine, évoquait auprès de Mediapart une véritable « saignée », qui en médecine évoque un traitement de choc pour éviter la mort.

      Le président de la République peut donc bien lancer son « appel de la Sorbonne », mettre 100 millions d’euros sur la table afin d’accueillir les chercheur·es martyrisé·es par l’administration Trump, chérir « la science libre et ouverte », « trésor » du continent européen.

      « Aux États-Unis, [les universités] furent riches, cannibales, miraculeuses, écrit la philosophe Nadia Yala Kisukidi, dans le magazine Politis. En France, elles rament et on les enfonce depuis plus d’une décennie. »

      Les chercheur·es français·es, sur les réseaux sociaux et dans les boucles de messageries professionnelles, ne sont pas dupes : ils et elles rappellent avec l’ironie du désespoir leurs bricolages de bouts de ficelle, les bureaux délabrés, les amphis bondés, les étudiant·es refusé·es en licence, en master, en thèse, ainsi que les efforts déployés chaque jour dans les laboratoires de recherche pour payer un billet de train, financer les contrats postdoctoraux décents, assumer les frais d’un colloque, répondre à une invitation à l’étranger, y compris dans les domaines les plus prestigieux.

      « Dans mon université, à Rennes 2, je ne vais jamais voir la couleur de ces millions, et on se bat quotidiennement pour sauver des postes, s’est ainsi indignée Anaïs Lefevre-Berthelot, maîtresse de conférences spécialiste du genre et des médias aux États-Unis, à l’occasion de la conférence de presse du collectif Stand Up for Science ayant suivi les annonces présidentielles. On va offrir quoi à nos collègues américains, un contrat court de trois ans et un retour au pays ? C’est une opération de communication. »

      Pour la CGT du supérieur, ces annonces en grande pompe sont même « choquantes », surtout quand il s’agit de dédier, comme l’a fait récemment le président de l’université d’Aix-Marseille Éric Berton, entre 600 000 et 800 000 euros par chercheur·e accueilli·e sur trois ans. Le salaire moyen d’un·e enseignant·e-chercheur·e en France s’élève à 63 000 euros brut par année (selon le rapport social unique de 2022 cité par le syndicat) et des milliers de vacataires, parfois payé·es moins que le Smic, attendent des mois avant de recevoir leur dû.

      Personne ne se risque cependant à minimiser les enjeux du séisme scientifique, mais aussi sanitaire et démocratique, engendré par la chasse aux sorcières que vivent actuellement les États-Unis. « Des gens vont mourir » en raison des décisions de l’administration Trump d’arrêter les recherches sur le VIH, sur les vaccins, sur le climat, insiste encore Anaïs Lefevre-Berthelot.

      Le professeur Alain Fischer, spécialiste des déficits immunitaires génétiques, a lui souhaité souligner la nécessaire, bien que minimale, prise de position européenne du jour : « Ursula Van der Leyen et Emmanuel Macron ont rappelé que les valeurs académiques sont indispensables, c’est bien et important qu’ils le fassent. »

      D’autres, et Emmanuel Macron le premier, ont pris garde aussi à ne pas réactiver une forme de concurrence mortifère, se faisant les promoteurs de la solidarité vitale entre communautés académiques. « Il n’y aura pas d’effet d’éviction, n’en déplaise aux malthusiens. La science se nourrit de cette émulation, de cette capacité à recruter et à attirer les meilleurs talents », a ainsi martelé le président à la Sorbonne.

      Mais qui notre pays souhaite-t-il réellement accueillir, et dans quel but ? « Attention de ne pas penser qu’aux stars de la recherche, quand on devrait accueillir en priorité les jeunes, les post-doctorants vulnérables, ceux qui ont sans doute le plus à perdre », a noté Alain Fisher.

      S’agissant des profils, Libération a révélé que les chercheur·es en étude de genre ou travaillant sur les minorités, thèmes honnis par l’équipage trumpiste, seraient exclu·es de la politique d’accueil « à la française ». « On peut défendre nos intérêts stratégiques et en même temps porter une vision universaliste », a assumé l’Élysée auprès de nos confrères. Que les « Marie Curie de demain » (pour citer encore le président) qui souhaitent traverser l’océan afin de rejoindre « l’Europe du savoir » se le disent…
      La France n’a rien d’un paradis académique

      Ce n’est pas non plus la première fois que la diplomatie scientifique fonctionne à géométrie variable : un peu plus de 5 000 visas « recherche » ont été délivrés entre 2023 et 2024, selon les statistiques du ministère de l’intérieur, soit une hausse de 12,5 % en un an, mais la grande majorité des chercheurs et chercheuses accueilli·es dans les laboratoires français sont d’abord… européen·nes.

      La réforme des frais d’inscription pour les étudiantes et étudiants étrangers, mise en œuvre à l’occasion du premier mandat d’Emmanuel Macron, s’applique, elle, chaque année plus durement, pénalisant notamment les étudiant·es venu·es du continent africain, souvent moins doté·es financièrement.

      Enfin, le programme Pause, qui finance depuis 2021 des scientifiques en exil (afghans, syriens, turcs, ukrainiens, russes, et récemment palestiniens, dont la sortie est le plus souvent bloquée par Israël…), a vu son budget passer de 7 millions d’euros en 2023 à 3 millions l’an passé, s’inquiète un membre du conseil d’administration.

      Le décalage entre les discours et la réalité semble tout aussi patent sur la défense des libertés académiques. C’est le même Emmanuel Macron qui, en plein délire sur « l’islamogauchisme », accusait en 2020 les universitaires de « casser la République en deux » et de favoriser « l’ethnicisation de la question sociale », son ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer organisant deux ans plus tard à la Sorbonne un colloque indigent en forme du procès du « wokisme ».

      Après le 7 octobre 2023, plusieurs universitaires ont également dénoncé une forme de traque de toute parole jugée propalestinienne, tandis que Gabriel Attal, alors premier ministre, attaquait directement Sciences Po, dont il disait ceci, dans une sorte d’anti-intellectualisme primaire : « Le poisson pourrit toujours par la tête. »

      Qu’à cela ne tienne : « Le racisme systémique, le nationalisme chrétien, la suprématie blanche, la haine de la culture, le capitalisme hardcore et le vin qui arrache, c’est là-bas. Pas chez nous, écrit d’une plume teintée d’ironie et d’amertume la philosophe Nadia Yala Kisukidi. En France, l’État de droit est en grande forme. Les espaces critiques, qui renforcent la bonne santé des démocraties libérales (médias, justice, université, multipartisme), ne flanchent pas. »

      Depuis la tribune de Choose Europe for Science, on entend enfin, dans la bouche du président de la République, un opportunisme politique à la limite du cynisme. Il s’agit d’attirer et d’accueillir les chercheuses et chercheurs étrangers soucieux d’une « science libre », mais aussi d’en profiter pour réformer « en profondeur » le système français.

      C’est-à-dire « simplifier », « alléger » les processus dans « la transmission entre recherche fondamentale et appliquée », favoriser encore davantage les « financements publics-privés », « aller plus loin dans les contrats d’objectifs, de moyens et de performance » qui s’imposent désormais aux universités françaises, favoriser les grosses unités comme Paris-Saclay, pourtant contestées.

      En bref, copier le « modèle américain », plus efficace que le modèle européen « ces trois dernières décennies », selon Emmanuel Macron. Sans tirer aucune leçon de la rapidité avec laquelle ce même système, brillant et envié partout dans le monde occidental, a été brisé, en à peine quelques mois, par la force d’un seul homme.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050525/choose-europe-science-l-operation-potemkine-de-macron-sur-la-recherche-fra

    • Etudes sur le #genre ou les #minorités : les scientifiques que la France ne veut pas sauver du trumpisme

      L’Etat veut bien accueillir les chercheuses et chercheurs empêchés de travailler aux Etats-Unis, mais pas tous. Les thématiques considérées comme « wokes » ne font pas partie des cibles du gouvernement.

      C’est l’éléphant qui manque dans la pièce. La France déploie ce lundi 5 mai un grand #plan pour accueillir les scientifiques empêchés de travailler aux Etats-Unis. Dévoilée le 18 avril, la plateforme #Choose_France_for_Science « recensera les projets de recherche » autour d’une liste de #thématiques parmi lesquelles on trouve la santé, le climat, l’intelligence artificielle, le spatial, l’agriculture, les énergies ou encore le numérique. Les études de genre, ou décoloniales, n’y figurent pas. Elles font pourtant partie des thématiques frontalement attaquées par l’administration Trump.

      « Cela n’est pas étonnant. Les attaques contre les recherches médicales ou sur le climat indignent beaucoup plus, en France comme ailleurs, que les attaques ciblant les #sciences_sociales, de la sociologie à l’histoire », se désole la sociologue du CNRS Laure Bereni. Anne Fraïsse, latiniste et présidente de l’université de Montpellier Paul-Valéry, voit là « une forme d’#opportunisme pour attirer des chercheurs étrangers mais pas pour répondre à une forme d’exclusion ».

      Equilibres politiques nationaux

      A l’Elysée, on assume. « On peut défendre nos #intérêts_stratégiques et en même temps porter une #vision_universaliste. Pour le coup, cette initiative est à la croisée de ces deux ambitions-là », assure un conseiller. Les domaines privilégiés sont en lien avec la stratégie, assumée, de « réaffirmer la recherche comme étant un enjeu fort pour le #développement_économique et notre #souveraineté_industrielle ».

      Mathias Bernard, président de l’université Clermont Auvergne, « regrette » lui aussi cette orientation. « Il y a, y compris en France, tout un discours contre les universités qui repose sur la montée en épingle de ce que l’on appelait hier l’#islamogauchisme et aujourd’hui le #wokisme », constate celui qui dirigeait déjà son établissement en 2021, quand sa ministre de tutelle, Frédérique Vidal , dénonçait l’ « islamo-gauchisme »qui, selon elle, « gangrenait » les universités .

      Laure Bereni voit aussi dans ce choix le poids des équilibres politiques nationaux. « Il paraît sans doute plus prudent pour un gouvernement de centre droit dont la légitimité repose sur le soutien tacite du RN, de ne pas défendre des recherches scientifiques sur le genre, la question raciale ou les minorités, qui sont actuellement sous le feu des attaques de droite et d’extrême droite », avance-t-elle. Choisissez la France pour les sciences, donc, mais pas pour toutes les sciences.

      https://www.liberation.fr/sciences/etudes-sur-le-genre-ou-les-minorites-ces-scientifiques-que-la-france-ne-v

      #universalisme