• Six questions à « Pas d’enfant à la rue »
    https://www.lantivol.com/2025/02/six-questions-pas-denfant-la-rue.html

    Un an après le début, le collectif a décidé d’occuper le Palais des Sports au moment de la fin de la trêve hivernale, alors qu’une vingtaine d’enfants #scolarisés dans l’agglomération était remise à la rue par la #Préfecture.

    Après plus d’un an et demi d’existence, le collectif a obtenu :

    l’implication du Département (dont c’est la prérogative) qui prend désormais en charge les femmes seules enceintes ou avec enfants quand la Préfecture ne le fait pas ;

    l’implication de la Municipalité de #Tours (dont ce n’est pas la prérogative) dans la prise en charge (ouverture à deux reprises d’un gymnase non réquisitionné par la Préfecture, relogement temporaire en appartement de trente-deux personnes, nuits d’hôtels, recours gracieux engagé contre l’État) ;

    l’implication de la Métropole de Tours (dont ce n’est pas la prérogative) dans la prise en charge de nuits d’hôtels ;
    l’implication de la députation de la circonscription de Tours (transformation de la permanence parlementaire en hébergement d’urgence pendant une dizaine de jours, question posée au gouvernement, déblocage d’une enveloppe supplémentaire votée à l’Assemblée qui n’a d’ailleurs jamais été reversée aux Préfectures depuis) ;
    un relais médiatique sur la question.

    Les institutions et pouvoirs publics qui n’ont pas comme « prérogative » l’hébergement d’urgence inconditionnel ont pour autant des instances décisionnelles en ce qui concerne le logement social (attribution et construction). Le 115 est en partie occupé par des personnes qui sont éligibles au logement social ou qui devraient avoir une place en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) (déficit de 200 places en Indre-et-Loire). L’hébergement d’urgence journalier représente entre 600 et 850 places. Si l’on enlève les 200 places qui devraient être pourvues en CADA et celles mobilisées par les personnes relevant du logement social, il n’y a plus de problème de « surcharge » de l’hébergement d’urgence. Aussi est-il important de mentionner que les institutions dont ce n’est pas la prérogative ont tout autant leur rôle à jouer dans la chaîne générale du logement.

    #enfants_à-la_rue #luttes #occupation #hébergement_d'urgence

  • POLLINIS remporte un procès majeur pour la transparence de l’UE - Pollinis
    https://www.pollinis.org/publications/pollinis-remporte-proces-majeur-pour-transparence-ue

    Ce jeudi 16 janvier 2025, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a finalement donné raison à POLLINIS dans son procès contre la Commission européenne. Cette dernière ne peut désormais plus refuser l’accès – sans en justifier dans le détail les raisons – aux documents listant les positions des États membres sur la régulation des pesticides en Europe.

    sans en justifier dans le détail les raisons ,tout est là. On peut imaginer que le #secret_des_affaires sera une justification bien pratique.
    #pesticides #agrochimie #scopaff

  • À #France_Travail, l’essor du #contrôle_algorithmique

    « #Score_de_suspicion » visant à évaluer l’honnêteté des chômeur·ses, « #score_d’employabilité » visant à mesurer leur « #attractivité », algorithmes de #détection des demandeur·ses d’emploi en situation de « perte de confiance », en « besoin de redynamisation » ou encore à « risque de dispersion »… France Travail multiplie les #expérimentations de #profilage_algorithmique des personnes sans emploi.

    Mise à jour du 12 juillet 2024 : le directeur général de France Travail a souhaité utiliser son droit de réponse. Vous la trouverez à la suite de l’article.

    Après avoir traité de l’utilisation par la #CAF d’un algorithme de notation des allocataires, nous montrons ici que cette pratique est aussi partagée par France Travail, ex-#Pôle_Emploi. À France Travail, elle s’inscrit plus largement dans le cadre d’un processus de #numérisation_forcée du #service_public de l’#emploi.

    –-> Retrouvez l’ensemble de nos publications sur l’utilisation par les organismes sociaux d’algorithmes à des fins de contrôle social sur notre page dédiée et notre Gitlab : https://git.laquadrature.net/la-quadrature-du-net/algo-et-controle.

    Au nom de la « #rationalisation » de l’action publique et d’une promesse « d’#accompagnement_personnalisé » et de « #relation_augmentée », se dessine ainsi l’horizon d’un service public de l’emploi largement automatisé. Cette #automatisation est rendue possible par le recours à une myriade d’algorithmes qui, de l’inscription au suivi régulier, se voient chargés d’analyser nos données afin de mieux nous évaluer, nous trier et nous classer. Soit une extension des logiques de #surveillance_de_masse visant à un #contrôle_social toujours plus fin et contribuant à une #déshumanisation de l’accompagnement social.

    De la CAF à France Travail : vers la multiplication des « scores de suspicion

    C’est, ici encore, au nom de la « #lutte_contre_la_fraude » que fut développé le premier algorithme de #profilage au sein de France Travail. Les premiers travaux visant à évaluer algorithmiquement l’#honnêteté des personnes sans emploi furent lancés dès 2013 dans la foulée de l’officialisation par la CAF de son algorithme de notation des allocataires. Après des premiers essais en interne jugés « frustrants » [1], France Travail – à l’époque Pôle Emploi – se tourne vers le secteur privé. C’est ainsi que le développement d’un outil de détermination de la probité des demandeur·ses d’emploi fut confié à #Cap_Gemini, une multinationale du CAC40 [2].

    La #notation des chômeur·ses est généralisée en 2018. La présentation qui en est faite par France Travail donne à voir, comme à la CAF, l’imaginaire d’une institution assiégée par des chômeur·ses présumé·es malhonnêtes. Ses dirigeant·es expliquent que l’algorithme assigne un « score de suspicion » – dans le texte – visant à détecter les chômeur·ses les plus susceptibles « d’#escroquerie » grâce à l’exploitation de « #signaux_faibles » [3]. Une fois l’ensemble des personnes sans emploi notées, un système d’« #alertes » déclenche ainsi des #contrôles lorsque l’algorithme détecte des situations « suspectes » (emploi fictif, usurpation d’identité, reprise d’emploi non déclarée) [4].

    Pour l’heure, France Travail s’est refusé à nous communiquer le code source de l’algorithme. Au passage, notons que ses dirigeants ont par ailleurs refusé, en violation flagrante du droit français, de fournir la moindre information aux demandeur·ses d’emploi que nous avions accompagné·es pour exercer leur droit d’accès au titre du #RGPD [5]. Nous avons cependant obtenu, via l’accès à certains documents techniques, la liste des variables utilisées.

    On y retrouve une grande partie des données détenues par France Travail. Aux variables personnelles comme la nationalité, l’âge ou les modalités de contact (mails, téléphone…) s’ajoutent les données relatives à notre vie professionnelle (employeur·se, dates de début et de fin de contrat, cause de rupture, emploi dans la fonction publique, secteur d’activité…) ainsi que nos #données financières (RIB, droits au chômage…). À ceci s’ajoute l’utilisation des données récupérées par France Travail lors de la connexion à l’espace personnel (adresse IP, cookies, user-agent). La liste complète permet d’entrevoir l’ampleur de la #surveillance_numérique à l’œuvre, tout comme les risques de #discriminations que ce système comporte [6].

    #Profilage_psychologique et gestion de masse

    Fort de ce premier « succès », France Travail décide d’accroître l’usage d’algorithmes de profilage. C’est ainsi que, dès 2018, ses dirigeant·es lancent le programme #Intelligence_Emploi [7]. Son ambition affichée est de mettre l’#intelligence_artificielle « au service de l’emploi » pour « révéler à chaque demandeur d’emploi son #potentiel_de_recrutement » [8].

    Un des axes de travail retient notre attention : « Accélérer l’accès et le retour à l’emploi [via un] #diagnostic “augmenté” pour un accompagnement plus personnalisé ». Ici, l’#IA doit permettre de d’« augmenter la capacité de diagnostic » relative aux « traitements des aspects motivationnels » via la « détection de signaux psychologiques » [9]. En son sein, deux cas d’usage retenus sont particulièrement frappants.

    Le premier est le développement d’algorithmes visant à « anticiper les éventuels #décrochages », prévenir les « #risques_de_rupture » [10] ou encore « détecter les moments où ils [les personnes au chômage] peuvent se sentir découragés ou en situation de fragilité » [11].

    Ces travaux ont trouvé, au moins en partie [12], un premier aboutissement dans l’outil du #Journal_de_la_Recherche_d’Emploi (#JRE) actuellement expérimenté dans plusieurs régions de France [13]. Le JRE assigne à chaque incrit·e quatre scores de « profilage psychologique » visant respectivement à évaluer la « dynamique de recherche » d’emploi, les « signes de perte de confiance », le « besoin de #redynamisation » ou les « risques de dispersion » [14].

    Ces informations sont synthétisées et présentées aux conseiller·es sous la forme d’un tableau de bord. « Parcours à analyser », « Situations à examiner », « Dynamique de recherche faible » : des alertes sont remontées concernant les chômeur·ses jugé·es déficient·es par tel ou tel algorithme. Le ou la conseiller·e doit alors faire un « #diagnostic_de_situation » – via l’interface numérique – afin d’« adapter l’intensité » des « actions d’accompagnement ». Et là encore, ils et elles peuvent s’appuyer sur des « #conseils_personnalisés » générés par un dernier algorithme [15].

    Contrôle, #mécanisation et déshumanisation de l’accompagnement : voilà la réalité de ce que le directeur de France Travail appelle « l’accompagnement sur mesure de masse » [16].

    Diagnostic et score d’#employabilité

    Le second cas d’usage est tout aussi inquiétant. Il s’agit de déterminer la « qualité » d’un·e demandeur·se d’emploi. Ou, pour reprendre les termes officiels, son « employabilité » [17]. Ce projet n’est pas encore déployé à grande échelle, mais nous savons qu’une première version – basée, elle, sur des techniques d’intelligence artificielle [18] – a été développée en 2021 [19].

    L’algorithme alloue à chaque inscrit·e un score prédisant ses « chances de retour à l’emploi ». Véritable outil automatique de #tri des chômeur·ses, il vise à organiser la « #priorisation des actions d’accompagnement » [20] en fonction d’un supposé #degré_d’autonomie de la personne sans emploi.

    Si les informations disponibles sur ce projet sont limitées, on peut imaginer que ce score permettra le contrôle en temps réel de la « progression de la #recherche_d’emploi » via les actions entreprises pour améliorer « l’attractivité [de leur] profil » [21]. Il serait alors un indicateur d’évaluation en continu de la bonne volonté des chômeur·ses.

    Mais on peut aussi penser qu’il sera utilisé pour inciter les personnes sans emploi à se diriger vers les « #métiers_en_tension », dont une majorité concentre les conditions de travail les plus difficiles. En demandant aux chômeur·ses d’améliorer leur score, via une #réorientation, ils et elles seraient encouragé·es à accepter un emploi au rabais.

    Agenda partagé & agences virtuelles

    Mais l’étendue du processus de numérisation à l’oeuvre à France Travail va bien au-delà de ces exemples. Côté contrôle numérique, citons l’interface « #XP_RSA » [22], l’outil numérique déployé dans le cadre de la récente réforme du #RSA. Cette interface n’est rien d’autre qu’un agenda partagé permettant de déclarer, et de contrôler, les quinze à vingt « #heures_d’activité » hebdomadaires dont vont devoir s’acquitter les bénéficiaires du minima social. Son remplissage forcé est un pas supplémentaire vers le #flicage des plus précaires.

    Côté IA, France Travail a lancé en 2024 le programme « #Data_IA » [23], successeur d’Intelligence Emploi mentionné plus haut. Présenté avec fracas au salon de l’« innovation technologique » VivaTech – organisé par le groupe Publicis –, on retrouve parmi les projets en développement une #IA_générative visant à numériser l’accompagnement et la #recherche_d’emploi (« #Match_FT ») [24]. France Travail s’intéresse aussi aux « #maraudes_numériques » pour « remobiliser les jeunes les plus éloignés de l’emploi » [25] et au développement d’« #agences_virtuelles » [26].

    #Austérité, automatisation et #précarisation

    La numérisation de France Travail signe la naissance d’un modèle de gestion de masse où coexistent une multitude d’algorithmes ayant chacun la tâche de nous classifier selon une dimension donnée. Risque de « fraude », de « dispersion », de « perte de confiance », suivi des diverses obligations : les capacités de collecte et de traitements de données sont mises au service de la détection, en temps réel, des moindres écarts à des normes et règles toujours plus complexes [27]. Cette numérisation à marche forcée sert avant tout à contrôler les personnes sans emploi [28].

    À l’heure où Gabriel Attal annonce une énième réforme de l’assurance-chômage passée en force alors que l’Assemblée nationale est dissoute, ce contrôle ne cache plus son but : forcer les plus précaires à accepter des #conditions_de_travail toujours plus dégradées [29].

    Loin des promesses de « libérer du temps pour les conseillers » ou d’offrir un accompagnement « plus réactif et plus personnalisé » [30] aux personnes sans emploi, cette numérisation contribue à la déshumanisation d’un service essentiel et à l’#exclusion des plus précaires, voire tend à une généralisation du #non-recours_aux_droits. Il ne s’agit pas d’idéaliser le traitement « au guichet », mais de rappeler que la numérisation forcée accentue les écueils de ce dernier. En accompagnant la fermeture des points d’accueil, elle transfère une partie du travail administratif aux personnes usagères du service public, participant à l’éloignement de celles et ceux qui ne sont pas en mesure de le prendre en charge [31].

    En standardisant les processus d’accompagnement, via la #quantification de chaque action et le profilage de toute une population, elle restreint les possibilités d’échange et supprime toute possibilité d’accompagnement réellement personnalisé [32].

    En facilitant le contrôle généralisé, elle accentue enfin la #stigmatisation des plus précaires et participe activement à leur #paupérisation.

    –-

    Mise à jour du 12 juillet 2024

    À la suite de notre article, France Travail, via son directeur général Thibaut Guilly, a souhaité exercer son droit de réponse que nous publions ci-dessous in extenso.

    « Madame, Monsieur,

    Je reviens vers vous suite à mon précédent courrier du 2 juillet.

    Bien que le délai de 3 jours prévu à l’article 1.1-III de la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique soit aujourd’hui expiré, je constate que le droit de réponse qui vous a été adressé n’a pas été publié. Pour rappel, le non-respect de cette obligation est passible d’une amende de 3 750 €.

    Aussi, je réitère par la présente ma demande de publication d’un droit de réponse suite à la parution le 25 juin 2024 de l’article intitulé « A France Travail, l’essor du contrôle algorithmique » (librement accessible à l’adresse : https://www.laquadrature.net/2024/06/25/a-france-travail-lessor-du-controle-algorithmique).

    Dans cet article, vous évoquez un « service public de l’emploi largement automatisé », ainsi qu’une utilisation des algorithmes qui « contribue à la déshumanisation d’un service essentiel », favorise « la stigmatisation des plus précaires et participe activement à leur paupérisation » et constitue « un pas supplémentaire vers le flicage des plus précaires ». Il s’agirait d’une « extension des logiques de surveillance de masse visant à un contrôle social toujours plus fin et contribuant à une déshumanisation de l’accompagnement social », cette « numérisation à marche forcée ser[van]t avant tout à contrôler les personnes sans emploi ». Vous faites également état de « la fermeture des points d’accueil ».

    Nous nous inscrivons en faux contre ces propos erronés qui conduisent à jeter un discrédit sur le travail des plus de 55 000 collaborateurs qui accompagnent chaque jour les demandeurs d’emploi et les entreprises et à travestir la réalité concernant l’usage que nous faisons de ces algorithmes.

    L’utilisation des algorithmes au sein de France Travail ne vise en aucun cas à remplacer le travail des conseillers. L’intelligence artificielle (IA) vient en complément et ne se substitue jamais à une intervention humaine. Au contraire, nous concevons les algorithmes et l’IA comme des outils d’aide à la décision pour les conseillers ou un moyen de leur libérer du temps administratif afin de leur permettre de se consacrer pleinement à l’accompagnement des demandeurs d’emploi.

    Toute utilisation d’algorithmes est en outre encadrée par une charte éthique (https://www.francetravail.org/accueil/communiques/pole-emploi-se-dote-dune-charte-pour-une-utilisation-ethique-de-linte) qui décrit nos engagements pour garantir un cadre de confiance respectueux des valeurs de France Travail, à l’opposé de toute « notation de chômeurs » que vous pointez dans votre article. Un comité d’éthique externe composé de personnalités qualifiées garantit le respect de ce cadre. En aucun cas, les algorithmes ne sont utilisés pour « encourager les demandeurs d’emploi à accepter des emplois au rabais ».

    Concernant la « mécanisation » ou la « déshumanisation » de l’accompagnement que vous avancez, c’est méconnaitre le travail que réalisent les conseillers quotidiennement dans plus de 900 agences ou par téléphone. Aucun projet de fermeture d’agence n’est d’ailleurs envisagé contrairement à ce que vous dites et France Travail est un des rares services publics à être ouvert tous les jours, sur flux le matin et sur rendez-vous l’après-midi. Plus de 8,8 millions de personnes sont venues dans nos agences l’année dernière. Cet accueil en agence reflète justement notre politique de proximité et d’accompagnement notamment des plus précaires. L’ambition de la loi pour le plein emploi est en outre de renforcer l’accompagnement humain des plus éloignés, en particulier des bénéficiaires du RSA.

    Vous parlez enfin de « flicage des plus précaires » à travers l’utilisation d’algorithmes concernant le contrôle de la recherche d’emploi et la lutte contre la fraude. Il convient tout d’abord de souligner que ce sont deux activités distinctes, le contrôle de la recherche d’emploi ne saurait être assimilé à de la lutte contre de la fraude, qui est, par définition, une activité illégale et susceptible de poursuites pénales. Sur ce dernier point, l’utilisation des données dans la lutte contre la fraude vise avant tout à protéger nos usagers. En effet, la majorité des situations recherchées par les équipes de France Travail ne concerne pas des demandeurs d’emploi mais des individus qui détournent les services d’indemnisation du chômage, bien souvent au préjudice de nos usagers : usurpation d’identité des demandeurs d’emploi pour s’approprier leurs droits à l’assurance chômage ou détourner leurs paiements, individus se fabricant un faux passé professionnel ou une fausse résidence en France pour ouvrir des droits indus. Concernant le contrôle de la recherche d’emploi, là encore nous réfutons vivement l’idée selon laquelle nous mènerions une chasse aux plus précaires. Tout demandeur d’emploi inscrit à France Travail bénéficie de droits mais a également des devoirs qui lui sont présentés dès son inscription, dont celui de rechercher activement un emploi. 600 conseillers sont dédiés à ce contrôle et là encore, l’IA est un outil d’aide et en aucun la pierre angulaire des contrôles réalisés par ces conseillers en contact avec les demandeurs d’emploi tout au long de ce processus de contrôle. Là encore votre article méconnaît le travail de nos conseillers et constitue une atteinte à leur engagement et à leur intégrité.

    Je vous remercie de publier sans délai ce droit de réponse. A défaut, je me réserve la possibilité de saisir les juridictions à cet effet.

    Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sincères salutations.

    Thibaut Guilluy »

    Notre réponse :

    À la suite de notre article, France Travail, via son directeur général Thibaut Guilly, nous a initialement écrit pour faire des remarques d’ordre général sur notre article. Puis, dans une nouvelle lettre reçue aujourd’hui, il est subitement passé aux menaces : nous n’aurions, selon lui, pas fait droit à sa prétendue « demande de publication d’un droit de réponse ». Ces menaces sont particulièrement malvenues et, au demeurant, totalement vaines, puisque rien dans son courrier initial n’indiquait qu’il s’agissait d’une demande de droit de réponse…

    Le directeur général de France Travail s’en tient à une poignée d’éléments de langage sans jamais répondre sur le fond. Pas un mot sur la multiplication des algorithmes de profilage à des fins de contrôle. Tout au plus y apprend-on que des algorithmes d’IA sont aussi utilisés à des fins de « contrôle de la recherche d’emploi », ce que nous ignorions.

    Cette lettre se borne ainsi à un simple exercice, maladroit et malvenu, de communication. Elle s’essaye vainement à réfuter l’expression de « flicage des plus précaires » pour décrire les outils de surveillance des allocataires du RSA. La mise en place d’un agenda partagé pour le contrôle des 15 à 20 heures d’activité de ces dernier·ès serait ainsi – il faut savoir apprécier l’humour – une mesure visant à « renforcer l’accompagnement humain ».

    Quant à l’impact de la numérisation sur l’accueil des plus précaires, le directeur général de France Travail nie la réalité, tout comme son homologue de la CNAF, afin de minimiser l’étendue de la surveillance et le projet politique sous-jacent. Qu’a-t-il donc à répondre à la Défenseure des droits qui, en 2022 dans son deuxième rapportsur la dématérialisation des services publics, rappelait la hausse des inégalités et des réclamations en raison de cette dématérialisation « à marche forcée » ?

    Enfin, opposer, comme le fait cette lettre, le travail des salarié·es de France Travail et notre action de documentation et d’alerte sur les abus de l’administration est stérile : la déshumanisation et le changement de nature du service public se font non seulement au détriment des personnes au chômage mais également des agent·es de France Travail, comme l’ont dénoncé syndicats et associations au moment de la réforme de l’assurance chômage et la transformation de Pôle Emploi en France Travail [33].

    Ce que cette lettre souligne avant tout c’est donc l’absence de recul, de capacité de remise en cause et d’esprit critique du directeur général de France Travail quant à l’extension des logiques de contrôle numérique au sein de son institution. Ou sa pleine adhésion à ce projet.
    Notes

    [1] Voir cette note de synthèsenote de synthèse revenant sur les premières expérimentation faites par Pôle Emploi.

    [2] Voir cet article sur l’implication de Cap Gemini dans la réalisation de l’outil de scoring.

    [3] L’expression « score de suspicion » est extraite de l’analyse d’impact disponible ici, celle de « signaux faibles » d’une note de suivi des travaux OCAPI 2018 disponible ici, celle d’« indices » de l’ article présentant la collaboration de France Travail avec Cap Gemini. Quant au terme d’« escroquerie », il est issu d’un échange de mails avec un·e responsable de France Travail.

    [4] L’algorithme utilisé semble se baser sur des arbres de décisions, sélectionnés via XGBoost. Les principaux cas d’entraînement semblent être la détection de périodes d’activité dites « fictives » – soit des périodes de travail déclarées mais non travaillées – d’usurpation d’identité et de reprise d’emploi non déclarée. Voir ce document.

    [5] Nous accompagnons différentes personnes dans des demandes d’accès à leurs données personnelles. Pour l’instant, France Travail s’est systématiquement opposé à leur donner toute information, en violation du droit.

    [6] Voir notamment nos articles sur l’algorithme de la CAF, en tout point similaire à cette page.

    [7] Ce programme, financé à hauteur de 20 millions d’euros par le Fond de Transformation de l’Action Publique a été construit autour de 3 axes et s’est déroulé de 2018 à 2022. Voir notamment la note de 2020 envoyée à la DINUM par France Travail, disponible ici.

    [8] Rapport annuel 2018 de Pôle Emploi disponible ici.

    [9] Voir cette note envoyée par Pôle Emploi à la DINUM.

    [10] voir note 9

    [11] Voir ce support de webinaire.

    [12] En partie puisqu’au cœur des algorithmes du JRE, nulle trace de machine learning ou de traitements statistiques complexes. Chaque score résulte de l’application de règles simples, bien loin des ambitions initiales de recours à l’intelligence artificielle. Les dirigeant·es de France Travail semblent ici avoir éprouvé les limites d’un techno-solutionnisme béat. Voir ce document. À noter aussi que ce document évoque une « brique IA Mire » portant sur la détection de « situations de décrochage ». Il se pourrait donc que des algorithmes plus avancés soient en développement.

    [13] Le JRE est une refonte de l’interface numérique. Voir à ce sujet l’excellent article de Basta disponible ici. Si le JRE ne semble pas avoir été créé dans le cadre du programme Intelligence Emploi, il semble avoir été le cadre d’expérimentations de plusieurs des solutions produites. Voir ici.

    [14] Voir le document « Fiches pratiques à destination des conseillers » portant sur le JRE disponible ici.

    [15] Les documents les plus parlants sur la mécanisation de l’accompagnement via le JRE sont ce support et ce document à destination des conseiller·es. Voir aussi les documents que nous mettons en ligne sur l’utilisation d’IA pour générer des conseils automatisés, consultables par les personnes sans emploi et les conseiller·es.

    [16] Voir cette interview du directeur actuel de France Travail.

    [17] Pour un aperçu historique de la notion d’employabilité, voir le chapitre 5 de France Travail : Gérer le chômage de massse de J.-M Pillon.

    [18] Voir cette note envoyée par Pôle Emploi à la DINUM en 2020.

    [19] Voir cette autre note envoyée par Pôle Emploi à la DINUM en 2021.

    [20] voir note 18

    [21] Voir ce document sur l’utilisation de l’IA à Pôle Emploi.

    [22] Voir ce document de présentation de XP RSA.

    [23] Voir ce document de présentation du programme Data IA.

    [24] Pour Match FT, voir cet entretien, ce tweet et cet article de la Banque des Territoires. Voir aussi Chat FT, l’IA générative pour l’instant dédiée aux conseillers·es, dans ce document.

    [25] Voir ce tweet.

    [26] Voir ce tweet.

    [27] Sur la réforme à venir, voir notamment cet article du Monde. Sur le triplement des contrôles, voir cet articledu même journal.

    [28] Sur l’histoire du contrôle à France Travail, voir le livre Chômeurs, vos papiers de C. Vivès, L. Sigalo Santos, J.-M. Pillon, V. Dubois et H. Clouet, le rapport Le contrôle des chômeurs de J.-M. Méon, E. Pierru et V. Dubois disponible Sur le triplement des contrôles, voir ici et le livre France Travail : gérer le chômage de masse de Jean-Marie Pillon.

    [29] voir note 27

    [30] Voir, entre autres, cette vidéo du responsable du programme Data IA.

    [31] Voir le livre L’Etat social à distance de Clara Deville.

    [32] Voir le texte Déshumaniser le travail social de Keltoum Brahan et Muriel Bombardi, publié dans le numéro de février 2017 de CQFD.

    [33] La CGT a dénoncé une réforme qui n’« est pas favorable » aux personnes sans emploi. La CGT Pôle Emploi y voit une numérisation du service public qui « détruira les nécessaires relations humaines, et accentuera la fracture numérique et donc la précarité » et une réforme qui va « renforcer les devoirs au détriment des droits », ou encore « accroître les tensions entre les agents et les demandeurs d’emploi ». Solidaires a dénoncé le caractère « trompeur » de l’accompagnement. Côté personnes sans emploi, le constat est le même : cette transformation rend les personnes « Coupable[s] d’être au chômage » d’après le comité National CGT des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires. Enfin, les associations de solidarité et des syndicats ont ensemble dénoncé dans le Monde le « risque des contrôles abusifs de la situation globale des ménages ».

    https://lagrappe.info/?A-France-Travail-l-essor-du-controle-algorithmique-1132
    #algorithme #chômage #profilage

  • 30e jour d’occupation de la Gaîté Lyrique - MANIFESTATION DEMAIN 15H - Collectif des jeunes du parc de Belleville

    Nous avons attendu tout ce temps sans recevoir de réponses de la Mairie, et c’est maintenant, après un mois, que la Mission d’urgence sociale accepte une réunion formelle avec le Collectif. On espérait que ce soit l’occasion pour discuter des propositions d’#hébergement, mais tel n’a pas été le cas. Ils sont venus nous expliquer où on peut se laver et manger, mais surtout ils nous ont communiqué l’intention de lancer une procédure judiciaire d’expulsion au Tribunal Administratif, la venue d’un huissier et un comptage par la #police_municipale tous les jours.

    Quelle honte : où est l’action sociale dans tout ça ? Nous, on savait où nous laver et où manger même avant leur venue et avant l’#occupation de la Gaîté Lyrique. Tous les soirs le collectif fournit 350 repas, financés avec la caisse de solidarité. Nous ne voulons pas de leur hypocrisie : au lieu de faire semblant de se préoccuper pour nous, ils auraient pu nous proposer une solution digne. La bonne nouvelle c’est qu’aujourd’hui nous sommes plus de 300 jeunes à occuper ce lieu : c’est seulement grâce à l’action et à la détermination du Collectif que la quasi-totalité des jeunes à Paris sont à l’abri, même si c’est dans des conditions très dures.

    Pendant ce temps, les différentes institutions, les centres d’évaluations, les associations comme France Terre d’Asile dirigent les jeunes vers la Gaîté, le seul lieu où un mineur en recours puisse passer la nuit à l’abri. Cela prouve que rien n’est organisé pour nous, par une mairie qui s’est positionnée publiquement contre la loi immigration le 27 janvier 2024 et qui refuse de mettre en place une vraie politique d’accueil. Contrairement à ce qui se fait en Espagne et en Italie. On se demande donc en quoi la « mission d’urgence sociale » accomplit sa mission de trouver une solution avant que la situation n’empire et ne devienne encore plus urgente.

    La mairie pense à une procédure d’expulsion alors que nous demandons une protection. Chaque année, la Mairie organise une “Nuit de la Solidarité” pour compter les gens qui dorment à la rue. Alors qu’ils ne cherchent aucune solution d’accueil réelle. Ils font semblant de se soucier d’eux et de les aider, pour se couvrir politiquement. Compter n’est pas accueillir. Nous ne sommes pas du bétail. On en a marre de tout ça. Si la Mairie n’est pas d’accord avec la politique raciste de l’État, elle n’a qu’à s’y opposer publiquement et montrer que d’autres manières de faire sont possibles.

    Le Collectif dénonce et démasque l’hypocrisie de ces institutions, et pour cela organise une manifestation le samedi 11 janvier à 15h00, au départ de la Gaîté Lyrique occupée jusqu’à l’Hôtel de Ville.

    Pour gagner, le collectif a besoin de soutien. On appelle toustes celleux qui ont compris la gravité de la situation et la nécessité d’affronter le #racisme et le fascisme à se mobiliser avec nous dans les jours à venir. Militant.es, syndicalistes, retraité.es, étudiant.es, travailleur.euses, chômeur.euses, on est tous et toutes concerné.es !

    #migrants #mineurs_isolés #scolarisation #luttes #Paris #Ville_de_Paris

  • La plus grande association d’historiens aux États-Unis condamne le « scolasticide » d’Israël - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1442467/la-plus-grande-association-dhistoriens-aux-etats-unis-condamne-le-sco

    Après avoir détaillé l’ampleur des destructions à Gaza, la résolution conclut que l’AHA, « qui soutient le droit de tous les peuples à enseigner et à apprendre librement leur histoire, condamne la violence israélienne à Gaza qui sape ce droit ». La résolution de l’AHA appelle ainsi à « un cessez-le-feu permanent pour mettre fin au scolasticide », ainsi qu’à la formation d’ « un comité pour aider à reconstruire les infrastructures éducatives de Gaza ».

    La professeure Barbara Weinstein, enseignante en histoire à l’Université de New York et ancienne présidente de l’AHA, a déclaré lundi dans une interview accordée à l’émission américaine Democracy Now ! : « Au fil des années, il est devenu de plus en plus évident que nous ne pouvons pas adopter une définition étroite de nos rôles en tant qu’historiens. »

    Weinstein a décrit l’organisation comme ayant historiquement été relativement modérée, voire conservatrice, ce qui rendrait cette résolution significative, car elle témoignerait d’une « volonté croissante de ses membres de prendre position sur des questions directement liées à nos rôles d’historiens, d’éducateurs, de chercheurs et d’archivistes ».

    Rien dans les MSM français

  • Le retour du scorbut dans les pays riches, une ancienne maladie qui frappe les pauvres mal-nourris
    https://ricochets.cc/Le-retour-du-scorbut-dans-les-pays-riches-une-ancienne-maladie-qui-frappe-

    Le « saint progrès » vanté par la civilisation industrielle nous ramène des décennies en arrière, notamment à l’époque de l’essor industriel et de ses ouvriers surexploités et mal-nourris qui se tuaient à la tâche pour que les patrons puissent s’enrichir et accumuler du Capital. Dans des pays « riches » comme la France, l’Angleterre et les USA, du fait surtout de la pauvreté et aussi des habitudes liées à la classe sociale, de plus en plus de personnes, notamment des adolescents et (...) #Les_Articles

    / #La_civilisation,_la_civilisation_industrielle

    https://www.medisite.fr/actualites-scorbut-rachitisme-ces-2-maladies-reviennent-en-europe.5714516.2

  • Le scorbut, maladie de la pauvreté, est en progression en France | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/191224/le-scorbut-maladie-de-la-pauvrete-est-en-progression-en-france

    Ces enfants atteints de scorbut ont « souvent une alimentation pauvre, essentiellement des pâtes ou du riz, qui donnent un sentiment de satiété à moindre coût. Ils mangent peu de fruits et de légumes, sans doute pour des raisons économiques, ce qui les expose à un risque élevé de carences », détaille le professeur de pédiatrie de l’hôpital Robert-Debré.

    Dans l’étude, les chercheurs et chercheuses ont comparé leurs chiffres avec les données sur l’inflation de l’Insee et celles sur la précarité alimentaire du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc). « La corrélation est forte », précise le professeur Meinzer. Autrement dit, les courbes de progression du scorbut, de l’inflation et de la précarité alimentaire progressent toutes sur une pente similaire.

    Pour les chercheurs et les chercheuses, le covid-19 marque le début d’une série de crises sanitaires, économiques et géopolitiques (la guerre en Ukraine notamment) qui ont dangereusement creusé les inégalités sociales. Ils insistent sur « le besoin urgent d’une aide nutritionnelle adaptée pour les populations pédiatriques à risque ». Ulrich Meinzer insiste : « La réponse doit être rapide. »

  • Scurvy incidence trend among children hospitalised in France, 2015–2023 : a population-based interrupted time-series analysis - The Lancet Regional Health – Europe
    https://www.thelancet.com/journals/lanepe/article/PIIS2666-7762%2824%2900328-4/fulltext

    This study identifies a significant increase in scurvy and severe malnutrition post-COVID-19, associated with inflation and socioeconomic instability, emphasizing the urgent need for targeted nutritional support for at-risk paediatric populations.

    La science va proposer du renutryl plutôt qu’un revenu et un logement, histoire de rester neutre.

    #scorbut #malnutrition #pauvres #étrangers #enfants #France

  • Notation algorithmique : l’Assurance Maladie surveille les plus pauvres et harcèle les mères précaires
    https://www.laquadrature.net/2024/12/05/notation-algorithmique-lassurance-maladie-surveille-les-plus-pauvres-e

    Depuis 2021, nous documentons via notre campagne France Contrôle les algorithmes de contrôle social utilisés au sein de nos administrations sociales. Dans ce cadre, nous avons en particulier analysé le recours aux algorithmes de notation.…

    #Surveillance

  • #Bergère_de_France : la #filature de #laine reprise par ses salariés

    Le salon Made in France ouvre ses portes le 8 novembre 2024. 100 000 visiteurs sont attendus, l’occasion de découvrir des produits locaux et des entreprises symboles du savoir-faire français. Parmi ces marques : Bergère de France, l’incontrounable du secteur de la laine.

    Dans une mercerie parisienne, Chantal Berchot vend des pelotes de laine depuis plus de 45 ans. Aujourd’hui, la marque Bergère de France représente l’essentiel de ses ventes. Pour elle, c’est un soulagement d’apprendre que cette laine fabriquée en France a été sauvée. Pour Chantal, la marque aurait commis plusieurs erreurs : changer la qualité de sa laine et surtout augmenter trop rapidement ses prix. Depuis le début de l’année 2024, une pelote coûte un euro de plus.
    La réussite d’une longue aventure industrielle

    Il reste quand même des clientes fidèles, toujours prêtes à tricoter : “C’est bien que les employés aient repris et que cela continue parce que nous pourrons continuer à réaliser de belles choses”, se réjouit une cliente. Lancée en 1946 à Bar-le-Duc dans la Meuse, Bergère de France a su préserver son héritage jusqu’à aujourd’hui. En avril dernier, la marque avait été placée en redressement judiciaire. Depuis deux semaines, l’entreprise est officiellement une société coopérative reprise par ses salariés.

    https://www.francetvinfo.fr/economie/entreprises/bergere-de-france-la-filature-de-laine-reprise-par-ses-salaries_6885701
    #France #coopérative

  • #SCOP-TI, dix ans après, les victoires des #ex-Fralib : « On est toujours là, alors qu’on était voués au Pôle emploi »

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/06/scop-ti-dix-ans-apres-les-victoires-des-ex-fralib-on-est-toujours-la-alors-q

    Ils ont suivi à distance, et avec sympathie, l’annonce de la #reprise par ses #salariés de l’#usine de verres #Duralex au milieu de l’été. Comme une réminiscence de leur propre victoire, il y a dix ans, face à la multinationale Unilever, ses thés Lipton et ses tisanes Eléphant. Un combat à la David contre Goliath, souvent cité en exemple dans les luttes ouvrières. « Chaque histoire est unique. On n’a aucune leçon à donner », précise d’emblée Olivier Leberquier, depuis les bureaux de l’ex-usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône), devenue la société coopérative ouvrière provençale de #thés et infusions SCOP-TI.

    Aujourd’hui, il en est le président ; en 2014, il en était le délégué #CGT. A l’époque, alors que les #Fralib venaient d’obtenir le droit de reprendre leur usine en SCOP après quatre ans d’une lutte acharnée, il déclarait : « La lutte va se poursuivre, puisqu’il va falloir pérenniser notre activité. » Dix ans après, ils tiennent enfin leur vraie victoire. Celle d’avoir « réussi à faire perdurer le projet dans le temps », résume-t-il. « On est toujours là, alors qu’on était voués au Pôle emploi. [En 2024], nous allons faire notre meilleur chiffre d’affaires en dix ans, en hausse de 30 % ou 35 %, et nous serons bénéficiaires, sans artifice ni aide extérieure, juste grâce à notre activité. »

    Intarissable dans sa description passionnée du projet de l’entreprise, Nasserdine Aissaoui, qui prépare les commandes passées par Internet, ne dissimule rien de la réalité des dix années : « Jusqu’à aujourd’hui, ça a été compliqué, il n’y a rien qui est facile. » Les SCOP-TI ont su dès la reprise qu’ils partaient avec un sévère handicap : contrairement aux Duralex, ils n’ont pas obtenu de conserver la marque #Eléphant. « Ça représentait un volume de 450 tonnes, alors qu’aujourd’hui on tourne autour de 300 tonnes, donc ça aurait été tout de suite gagné ! », explique Olivier Leberquier.

  • S’émanciper par les coopératives ?

    https://laviedesidees.fr/Wagner-Cooperer-Les-Scop-et-la-fabrique

    Cependant, ces Scop « ont en commun de se construire contre la conception internationalisée et financiarisée de la propriété du capital » (p. 311). Ainsi, tout en étant « insérées dans le marché et en partie soumises à ses règles [...] elles réussissent avec succès à faire valoir leur différence » (p. 310).

    À rebours de la thèse de « dégénérescence coopérative » selon laquelle, « [n]ées d’un projet de rupture avec le capitalisme, les coopératives deviendraient inéluctablement des instruments d’intégration dans l’ordre économique dominant » (p. 275), Wagner montre que, malgré le fait de devoir jouer selon les règles du jeu, la nécessité de démontrer la viabilité économique de la coopérative est une activité militante en soi.

    #scop
    #coopératives
    #travail
    #capital
    #hiérarchie
    #autoexploitation

  • 15 organisations de la société civile attaquent l’algorithme de notation (#scoring) de la #CNAF devant le Conseil d’État. Cet algorithme cible les allocataires les plus vulnérables, en leur attribuant un score de suspicion, à la recherche d’erreurs...

    Ce recours devant le Conseil d’État porte tant sur l’étendue de la surveillance à l’œuvre que sur la discrimination opérée par cet algorithme envers des allocataires déjà fragilisés dans leurs parcours de vie. En assimilant précarité et soupçon de fraude, cet algorithme participe d’une politique de stigmatisation et de maltraitance institutionnelle des plus défavorisés. Les contrôles sont des moments particulièrement difficiles à vivre, générateurs d’une forte charge administrative et d’une grande anxiété. Ils s’accompagnent régulièrement de suspensions du versement des prestations, précédant des demandes de remboursements d’indus non motivés. Dans les situations les plus graves,

    Le communiqué de presse https://changerdecap.net/wp-content/uploads/2024/10/Contentieux-CNAF-Communique-de-presse.pdf
    Le dossier de presse : https://changerdecap.net/wp-content/uploads/2024/10/Contentieux-CNAF-Dossier-de-presse.pdf

    DOSSIER DE PRESSE – 16 OCTOBRE 2024

    La Quadrature du NetAAJDAMAequitazAmnesty International France - ANAS (Association nationale des assistants de service social) – APF France HandicapCNDH RomeuropeCollectif Changer de CapFondation Abbé PierreGISTILDH (Ligue des droits de l’Homme) – MFRB (Mouvement français pour un revenu de base) – MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires) – Le Mouton numériqueSAF (Syndicat des avocats de France)

  • khaled mahmoued
    @khaledmahmoued1
    11:26 AM · 19 sept. 2024
    https://x.com/khaledmahmoued1/status/1836698442816524290
    Long Live Scotland 🙏 and Long Live Celtic🙏
    “Celtic fans raise a banner during their Champions League match, reading: ’They can persecute you, they can arrest you, but they will not break your spirit. Gaza, Jenin, Tulkarm, Nablus... You will not walk alone.’”
    #Celtics #Scotland #Solidarity #Football

  • Comme si tout le reste n’était pas déjà suffisant (pour un petit aperçu, vous pouvez rester sur seenthis : https://seenthis.net/tag/elsevier), voici que je découvre que :
    Scientists : Elsevier has a shocking amount of data about you.
    https://fediscience.org/@ct_bergstrom/113010261685808797

    –—

    Welcome to Hotel Elsevier : you can check-out any time you like … not

    In December 2021, Robin Kok wrote a series of tweets about his Elsevier data access request. I did the same a few days later. This here is the resulting collaborative blog post, summarizing our journey in trying to understand what data Elsevier collects; what data Elsevier has collected on us two specifically; and trying to get this data deleted. A PDF version of this blog post is also available.

    Elsevier, data kraken

    Everybody in academia knows Elsevier. Even if you think you don’t, you probably do. Not only do they publish over 2,500 scientific journals, but they also own the citation database Scopus, as well as the ScienceDirect collection of electronic journals from which you get your papers. That nifty PURE system your university wants you to use to keep track of your publications and projects? You guessed it: Elsevier. And what about that marvelous reference manager, Mendeley? Elsevier bought it in 2013. The list goes on and on.

    But what exactly is Elsevier? We follow the advice of an Elsevier spokesperson: “if you think that information should be free of charge, go to Wikipedia”. Let’s do that! Wikipedia, in their core summary section, introduces Elsevier as “a Netherlands-based academic publishing company specializing in scientific, technical, and medical content.”

    The intro continues:

    And it’s not just rent-seeking. Elsevier admitted to writing “sponsored article compilation publications, on behalf of pharmaceutical clients, that were made to look like journals and lacked the proper disclosures“; offered Amazon vouchers to a select group of researchers to submit five star reviews on Amazon for certain products; manipulated citation reports; and is one of the leading lobbyists against open access and open science efforts. For this, Elsevier’s parent company, RELX, even employs two full-time lobbyists in the European Parliament, feeding “advice” into the highest levels of legislation and science organization. Here is a good summary of Elsevier’s problematic practices—suffice it to say that they’re very good at making profits.

    As described by Wikipedia, one way to make profits is Elsevier’s business as an academic publisher. Academics write articles for Elsevier journals for free and hand over copyright; other academics review and edit these papers for free; and Elsevier then sells these papers back to academics. Much of the labor that goes into Elsevier products is funded by public money, only for Elsevier to sell the finished products back e.g. to university libraries, using up even more public money.

    But in the 2020s—and now we come to the main topic of this piece—there is a second way of making money: selling data. Elsevier’s parent company RELX bills itself as “a global provider of information-based analytics and decision tools for professional and business customers”. And Elsevier itself has been busy with rebranding, too:

    This may sound irrelevant to you as a researcher, but here we show how Elsevier helps them to monetize your data; the amount of data they have on you; and why it will require major steps to change this troubling situation.
    Data access request

    Luckily, folks over at Elsevier “take your privacy and trust in [them] very seriously”, so we used the Elsevier Privacy Support Hub to start an “access to personal information” request. Being in the EU, we are legally entitled under the European General Data Protection Regulation (GDPR) to ask Elsevier what data they have on us, and submitting this request was easy and quick.

    After a few weeks, we both received responses by email. We had been assigned numbers 0000034 and 0000272 respectively, perhaps implying that relatively few people have made use of this system yet. The emails contained several files with a wide range of our data, in different formats. One of the attached excel files had over 700,000 cells of data, going back many years, exceeding 5mb in file size. We want to talk you through a few examples of what Elsevier knows about us.
    They have your data

    To start with, of course they have information we have provided them with in our interactions with Elsevier journals: full names, academic affiliations, university e-mail addresses, completed reviews and corresponding journals, times when we declined review requests, and so on.

    Apart from this, there was a list of IP addresses. Checking these IP addresses identified one of us in the small city we live in, rather than where our university is located. We also found several personal user IDs, which is likely how Elsevier connects our data across platforms and accounts. We were also surprised to see multiple (correct) private mobile phone numbers and e-mail addresses included.

    And there is more. Elsevier tracks which emails you open, the number of links per email clicked, and so on.

    We also found our personal address and bank account details, probably because we had received a small payment for serving as a statistical reviewer1. These €55 sure came with a privacy cost larger than anticipated.

    Data called “Web Traffic via Adobe Analytics” appears to list which websites we visited, when, and from which IP address. “ScienceDirect Usage Data” contains information on when we looked at which papers, and what we did on the corresponding website. Elsevier appears to distinguish between downloading or looking at the full paper and other types of access, such as looking at a particular image (e.g. “ArticleURLrequestPage”, “MiamiImageURLrequestPage”, and “MiamiImageURLreadPDF”), although it’s not entirely clear from the data export. This leads to a general issue that will come up more often in this piece: while Elsevier shared what data they have on us, and while they know what the data mean, it was often unclear for us navigating the data export what the data mean. In that sense, the usefulness of the current data export is, at least in part, questionable. In the extreme, it’s a bit like asking google what they know about you and they send you a file full of special characters that have no meaning to you.

    Going back to what data they have, next up: Mendeley. Like many, both of us have used this reference manager for years. For one of us, the corresponding tab in the excel file from Elsevier contained a whopping 213,000 lines of data, from 2016 to 2022. For the other, although he also used Mendeley extensively for years, the data export contained no information on Mendeley data whatsoever, a discrepancy for which we could not find an explanation. Elsevier appears to log every time you open Mendeley, and many other things you do with the software—we found field codes such as “OpenPdfIn InternalViewer”, “UserDocument Created”, “DocumentAnnotation Created”, “UserDocument Updated”, “FileDownloaded”, and so on.

    They use your data

    Although many of these data points seem relatively innocent at first, they can easily be monetized, because you can extrapolate core working hours, vacation times, and other patterns of a person’s life. This can be understood as detailed information about the workflow of academics – exactly the thing we would want to know if, like Elsevier, our goal was to be a pervasive element in the entire academic lifecycle.

    This interest in academic lifecycle data is not surprising, given the role of Elsevier’s parent company RELX as a global provider of information-based analytics and decision tools, as well as Elsevier’s rebranding towards an Information Analytics Business. Collecting data comes at a cost for a company, and it is safe to assume that they wouldn’t gather data if they didn’t intend to do something with it.

    One of the ways to monetize your data is painfully obvious: oldschool spam email tactics such as trying to get you to use more Elsevier services by signing you up for newsletters. Many academics receive unending floods of unsolicited emails and newsletters by Elsevier, which prompted one of us to do the subject access request in the first place. In the data export, we found a huge list of highly irrelevant newsletters we were unknowingly subscribed to—for one of us, the corresponding part of the data on “communications” has over 5000 rows.

    You agreed to all of this?

    Well, actually, now that you ask, we don’t quite recall consenting to Mendeley collecting data that could be used to infer information on our working hours and vacation time. After all, with this kind of data, it is entirely possible that Elsevier knows our work schedule better than our employers. And what about the unsolicited emails that we received even after unsubscribing? For most of these, it’s implausible that we would have consented. As you can see in the screenshot above, during one day (sorry, night!), at 3:20am, within a single minute, one of us “signed up” to no fewer than 50 newsletters at the same time – nearly all unrelated to our academic discipline.

    Does Elsevier really have our consent for these and other types of data they collected? The data export seems to answers this question, too, with aptly named columns such as “no consent” and “unknown consent”, the 0s and 1s probably marking “yes” or “no”.

    You can check-out any time you like…?

    Elsevier knows a lot about us, and the data they sent us in response to our access request may only scratch the surface. Although they sent a large volume of data, inconsistencies we found (like missing Mendeley data from one of us) make us doubt whether it is truly all the data they have. What to do? The answer seems straightforward: we can just stop donating our unpaid time and our personal and professional data, right? Indeed, more than 20,000 researchers have already taken a stand against Elsevier’s business practices, by openly refusing to publish in (or review / do editorial work for) Elsevier.

    But that does not really solve the problem we’re dealing with here. A lot of your data Elsevier might monetize is data you cannot really avoid to provide as an academic. For example, many of you will access full texts of papers through the ScienceDirect website, which often requires an institutional login. Given that the login is uniquely identifiable, they know exactly which papers you’ve looked at, and when. This also pertains to all of the other Elsevier products, some of which we briefly mentioned above, as well as emails. Many emails may be crucial for you (e.g. from an important journal), and Elsevier logs what emails you open and whether you click on links. Sure, this is probably standard marketing practice and Elsevier is not the only company doing it, but it doesn’t change the fact that as an active academic, you basically cannot avoid giving them data they can sell. In fact, just nominating someone for peer review can be enough to get them on their list. Did you ever realize that for most reviews you’re invited to, you actually never consented to being approached by the given journal?

    Elsevier has created a system where it seems impossible to avoid giving them your data. Dominating or at least co-dominating the market of academic publishing, they exploited free labor of researchers, and charged universities very high amounts of money so researchers could access scientific papers (which, in part, they wrote, reviewed and edited themselves). This pseudo-monopoly made Elsevier non-substitutable, which now allows their transition into a company selling your data.

    Worse, they say that “personal information that is integral to editorial history will be retained for as long as the articles are being made available”, as they write in their supporting information document on data collection and processing we received as part of the access request. What data exactly are integral to editorial history remains unclear.

    If not interacting with Elsevier is not a sustainable solution in the current infrastructure, maybe some more drastic measures are required. So one of us took the most drastic step available on Elsevier’s privacy hub: a deletion of personal information request.

    This was also promptly handled, but leaves two core concerns. First, it is not entirely clear to us what information was retained by Elsevier, for example, because they consider it “integral to editorial history”. And second, how sustainable is data deletion if all it takes to be sucked back into the Elsevier data ecosystem again is one of your colleagues recommending you as a reviewer for one of the 600,000 articles Elsevier publishes per year?

    Conclusion

    Some of the issues mentioned here, such as lack of consent, seem problematic to us from the perspective of e.g. European data protection laws. Is it ok for companies to sign us up to newsletters without consent? Is it ok to collect and retain personal data indefinitely because Elsevier argues it is necessary?

    And when Elsevier writes in the supporting information that they do “not undertake any automated decision making in relation to your personal information” (which may violate European laws), can that be true when they write, in the same document, that they are using personal information to tailoring experiences? “We are using your personal data for […] enhancing your experience of those products, for example by providing personalized recommendations based on your use of the products.”

    We are not legal scholars, and maybe there is no fire here. But from where we stand, there seems to be an awful lot of smoke. We hope that legal and privacy experts can bring clarity to the questions we raise above—because we simply don’t know what to do about a situation that is becoming increasingly alarming.

    https://eiko-fried.com/welcome-to-hotel-elsevier-you-can-check-out-any-time-you-like-not

    #données #édition_scientifique #Scopus #ScienceDirect #RELX #information_analytics #business

  • Marcia per Nahel un anno dopo la sua uccisione da parte della polizia francese
    https://radioblackout.org/2024/07/marcia-per-nahel-un-anno-dopo-la-sua-uccisione-da-parte-della-polizia

    Diverse centinaia di familiari, amici e solidali si sono riuniti sabato nel sobborgo parigino di Nanterre per ricordare Nahel Merzouk, 17 anni, ucciso a bruciapelo da un agente di polizia a un posto di blocco il 27 giugno 2023: un omicidio. Inizialmente il poliziotto che ha sparato all’adolescente invoca la legittima difesa, ma il video […]

    #L'informazione_di_Blackout #banlieue #francia #scontri #violenza_poliziesca
    https://radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/07/2024-07-01-14.21.29.ogg

  • À Clermont-Ferrand, la success story de la librairie Les Volcans, sauvée par le modèle coopératif | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200424/clermont-ferrand-la-success-story-de-la-librairie-les-volcans-sauvee-par-l

    Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).– « Nous nous sommes fait confiance. » En une phrase, Martine Lebeau révèle le secret de la réussite d’une entreprise que banquiers et autres experts jugeaient promise à un échec cuisant. En effet, comment de simples chef·fes de rayon et des caissiers et caissières auraient-ils pu gérer avec succès une librairie de plus de trente salarié·es, là où des managers confirmés n’avaient pu éviter la liquidation ? Et pourtant, ils et elles l’ont fait.

  • Vous reprendrez bien un peu de #scories_trotskistes ... ;-)

    L’assassinat par les États-Unis et Israël des travailleurs humanitaires de World Central Kitchen - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2024/04/06/pers-a06.html

    Depuis un demi-siècle, les actions de l’État d’Israël sont utilisées par Washington comme un précédent pour la politique américaine. L’exemple le plus significatif est la doctrine des « assassinats ciblés », ou assassinats organisés par l’État, qui a été développée par Israël avant d’être adoptée par les États-Unis, y compris contre leurs propres citoyens.

    Ce qu’Israël fait aujourd’hui contre la population de Gaza, ses bailleurs de fonds impérialistes le feront dans un avenir proche. Les actions du régime sioniste dans le génocide actuel serviront de précédent à l’utilisation d’armes de haute technologie, y compris l’intelligence artificielle, pour commettre des crimes de guerre à grande échelle, couplés à une famine de masse contre les populations urbaines rebelles.

    L’irruption de la guerre, du génocide et de la répression politique n’est pas une aberration. L’impérialisme, comme l’a noté Lénine, n’est pas simplement une politique, mais plutôt une étape historique spécifique du développement capitaliste. L’opposition à l’impérialisme est donc une question révolutionnaire, qui ne vise pas à faire pression sur un gouvernement, mais à remplacer le capitalisme par le socialisme.

    • Comment Lénine a étudié Hegel
      https://www.marxiste.org/theorie/philosophie/3443-comment-lenine-a-etudie-hegel

      À l’automne 1914, Lénine entreprit une étude détaillée des écrits de Hegel. Les annotations de Lénine constituent un brillant aperçu de la méthode dialectique, dans laquelle il était passé maître. Dans cet article, publié dans le numéro 1 de Défense du marxisme, Hamid Alizadeh dégage les aspects essentiels de cette méthode et souligne l’importance fondamentale de la théorie pour le mouvement communiste .

      À l’été 1914, la guerre éclate en Europe et le cours de l’histoire mondiale change du jour au lendemain. Avec la bénédiction des traîtres qui dirigent la social-démocratie, la bourgeoisie européenne entraîne l’humanité dans une spirale infernale de carnage, qui envoie à la boucherie des dizaines de millions d’ouvriers et de paysans.

      La trahison de sa direction a déchiré la Deuxième Internationale, la principale organisation du mouvement ouvrier international, laissant le prolétariat mondial sans défense alors que la réaction relevait partout sa tête hideuse. Dans le même temps, les forces du marxisme révolutionnaire étaient réduites à une infime minorité dispersée à travers l’Europe, sans plate-forme ni direction claires.

      Lénine se trouve en Pologne lorsque la guerre éclate et doit en hâte s’installer en Suisse. Il n’avait pas anticipé la trahison des dirigeants de l’Internationale, et il est d’abord choqué d’apprendre que le parti allemand a voté les crédits de guerre au Reichstag. Désormais, l’Internationale est en ruine, la lutte des classes recule en Russie à cause de la guerre, et Lénine est isolé de tous ses camarades, à l’exception d’une poignée d’entre eux.

      C’est pourtant précisément à ce moment-là, alors que les tâches organisationnelles et politiques immédiates allaient devenir plus importantes que jamais, que Lénine se lance dans une étude approfondie de la philosophie hégélienne. Pourquoi se plonger dans des questions théoriques abstraites au milieu d’une telle crise ? Pour un esprit mécaniste, cela peut sembler étrange, voire ridicule. Qu’en est-il des « besoins » du parti ? Dans une telle situation, les questions pratiques immédiates sont évidemment prioritaires !

      Une telle réponse s’accorderait certainement avec le portrait grossier de Lénine par la bourgeoisie. Elle le représente comme un homme d’action borné, un « conspirateur » sévère qui ne saurait se livrer à une chose aussi triviale que la réflexion philosophique. Soit dit en passant, cette image n’est pas très éloignée de la caricature stalinienne de Lénine.

      En réalité, ce portrait est en complète contradiction avec la méthode réelle de Lénine et du marxisme en général. Ce qui distinguait Lénine des autres dirigeants de la Deuxième Internationale, c’était avant tout sa clarté et la cohérence de sa position de classe, qualités qui reposaient uniquement sur sa perspicacité théorique.

      En 1914, la guerre balaye la situation mondiale comme une gigantesque tornade, arrachant sur son passage tout ce qui était ferme et solide. Tous les pays sont en proie à de violentes turbulences. Toutes les tendances politiques sont mises à l’épreuve et les moindres faiblesses sont impitoyablement mises au jour. Dans de telles conditions, l’improvisation impressionniste n’aboutit à rien.

      Les marxistes avaient prévu la guerre. Néanmoins, elle créait une situation nouvelle qui exigeait une réorientation correcte du parti. C’est dans ce contexte que Lénine entreprit un nouveau voyage dans la philosophie pour approfondir sa compréhension des lois de la nature et de la société.

      Ses carnets philosophiques de cette période, et en particulier ses notes sur la Science de la Logique de Hegel, ne sont pas seulement un trésor d’idées. Ils jettent aussi une vive lumière sur l’attitude de Lénine à l’égard de la théorie.

      La méthode de Lénine

      En août 1914, Lénine connaissait déjà bien Hegel et la philosophie en général. Il avait étudié attentivement les œuvres philosophiques de Marx et Engels, ainsi que les écrits philosophiques de Plekhanov, qui ont joué un rôle clé dans la formation du premier noyau de révolutionnaires marxistes en Russie.

      Au lendemain de la révolution de 1905, il s’était lancé dans une période d’études philosophiques approfondies et avait écrit un ouvrage, Matérialisme et empiriocriticisme, qui combattait les idées révisionnistes de Bogdanov, un dirigeant bolchevik qui s’était placé dans l’orbite de la philosophie bourgeoise réactionnaire.

      Ainsi, comme le révèlent ses carnets philosophiques, Lénine était déjà passé maître en dialectique avant 1914. Pourtant, on ne perçoit jamais chez lui le moindre soupçon d’autosatisfaction confortable quant à son niveau politique et théorique. Tout au long de sa vie, Lénine a abordé la théorie avec l’humilité et l’assiduité d’un étudiant, ce qui est la marque d’un véritable maître.

      Il étudie méthodiquement la Science de la logique de Hegel, prend des notes détaillées et médite chacun des concepts qui y sont présentés. Ce n’était pas une tâche facile. Selon ses propres termes, certaines parties de l’ouvrage apparaissent comme le « meilleur moyen d’attraper mal à la tête »[1]. Mais rien de valable ne vient sans lutte, et l’acquisition des idées les plus avancées exige nécessairement un travail sérieux.

      Dans ses notes, nous pouvons voir comment Lénine, à la façon d’un anatomiste, dissèque soigneusement et évalue chaque partie de l’œuvre de Hegel, avant de les rassembler et d’en considérer les idées comme un tout. Ce faisant, il maîtrise non seulement la méthode de Hegel, mais il la soumet aussi à la critique, séparant le noyau vivant de son enveloppe morte. La méthode d’étude de Lénine est elle-même un cours magistral de dialectique. Trotsky a résumé cette façon de faire dans son article Comment Lénine a étudié Marx[2] :

      « L’étude véritable, qui n’est pas une simple répétition mécanique, implique aussi un effort créatif, mais de type inverse : résumer l’œuvre d’un autre, c’est mettre à nu son ossature logique, en laissant de côté les preuves, les illustrations et les digressions. C’est avec joie et ferveur que Vladimir s’est engagé dans cette voie difficile, résumant chaque chapitre, parfois une seule page, au fur et à mesure qu’il lisait, réfléchissait et vérifiait la structure logique, les transitions dialectiques, la terminologie. S’appropriant les résultats, il assimilait la méthode. Il gravissait les échelons successifs du système d’un autre comme s’il le construisait lui-même à nouveau. Tout cela s’est solidement ancré dans ce cerveau merveilleusement ordonné sous le puissant dôme de son crâne ».

      Les carnets philosophiques de Lénine témoignent de la détermination de son esprit, qui recherchait sans cesse de nouvelles idées et de nouveaux points de vue susceptibles d’élargir sa compréhension du monde qui l’entourait. Alors qu’il répondait aux questions d’organisation avec la plus grande souplesse, son insistance sur la clarté théorique l’a distingué comme un dirigeant exceptionnel, et le Parti bolchevik comme le seul courant révolutionnaire cohérent de son époque.

      Avons-nous besoin de la philosophie ?

      « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. On ne saurait trop insister sur cette idée à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites de l’action pratique va de pair avec la propagande à la mode de l’opportunisme. »[3]

      De nombreux communistes peuvent citer de mémoire ces deux phrases de Lénine – ou du moins la première – et ne perdent pas une occasion de le faire. Mais est-ce qu’ils en comprennent toute la portée ? La familiarité peut être trompeuse, peut bercer chacun d’un faux sentiment de certitude et l’empêcher de saisir la profondeur des choses.

      Nous voyons ici la différence entre le marxisme et l’empirisme qui, d’une façon ou d’une autre, caractérise la philosophie bourgeoise contemporaine. Pour le marxiste, le matériau immédiat à portée de main n’est qu’un instantané, une facette ou un aspect d’un phénomène donné ; il doit être étudié, déplié et compris dans sa totalité concrète. Pour l’empiriste, il n’y a rien de plus que l’immédiat – et tout le reste est un livre scellé de sept sceaux.

      Les réformistes adoptent sans esprit critique la philosophie bourgeoise. Ils s’agenouillent devant les prétendus « faits établis ». C’est le noyau philosophique de l’opportunisme.

      L’attitude des réformistes lors de la Première Guerre mondiale en est un parfait exemple. Les classes dirigeantes d’Europe ont chacune abordé la guerre du point de vue de leurs intérêts nationaux étroits, qu’elles ont justifiés en se référant à de nobles abstractions, telles que la « défense de la patrie » ou le « droit des nations à disposer d’elles-mêmes ».

      On raconte que les dirigeants des nations européennes sont entrés en guerre suite à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, chacun reprochant à l’autre d’avoir provoqué les hostilités. C’est ainsi que les bourgeois comprennent la Première Guerre mondiale : comme une série de décisions prises par une série de dirigeants. Et certes, en surface, ces événements ont bien eu lieu. Mais il y a autre chose que la surface.

      Les sociaux-démocrates de l’époque développaient le même type d’arguments, mais selon une rhétorique de gauche. A Vienne, les sociaux-démocrates autrichiens se faisaient l’écho des sentiments anti-russes et anti-serbes du parti de la guerre. En Russie, Plekhanov et les opportunistes de la social-démocratie brandissaient la menace de l’impérialisme allemand et le devoir de secourir la Serbie opprimée. De leur côté, les sociaux-démocrates allemands votaient les crédits de guerre au nom de la lutte contre l’impérialisme russe. Et ainsi de suite.

      Tous considéraient la guerre uniquement du point de vue de leur propre bourgeoisie nationale – et, sur cette base, se sont précipités dans la « défense de la patrie ». Ils ont voté avec enthousiasme l’envoi de millions de travailleurs à la mort.

      Lénine, à l’inverse, expliquait que la guerre est le produit de toute la période précédente de développement capitaliste. La montée en puissance des grands monopoles industriels et la domination du capital financier ont marqué une nouvelle étape – impérialiste – dans l’histoire du capitalisme : le besoin constant d’exporter des capitaux a propulsé une poignée de grandes puissances dans une lutte féroce pour le partage et le redécoupage du globe, à la recherche de sources de matières premières, de champs d’investissement, de marchés et de sphères d’influence.

      Dans ces conditions, soulignait Lénine, la « défense de la patrie » n’est qu’une couverture pour la défense des intérêts particuliers des classes dirigeantes de chaque nation, c’est-à-dire des intérêts des exploiteurs et des oppresseurs des masses laborieuses.

      Nous voyons ici, en pratique, la différence entre l’acceptation aveugle de la philosophie dominante de la classe dirigeante et l’adoption d’un point de vue philosophique révolutionnaire conscient.

      Dans la phase ascendante du capitalisme, la philosophie bourgeoise était une arme puissante contre le féodalisme et l’Eglise catholique. Sous la bannière de la science et de la raison, cette philosophie démasquait l’hypocrisie et l’irrationalité de la société féodale.

      Mais avec le déclin du capitalisme, la philosophie bourgeoise a changé de nature ; elle est devenue entièrement conservatrice. Comme les dogmes de l’Eglise qu’elle a autrefois combattus, elle défend désormais le statu quo.

      Alors que les anciens dogmes de l’Eglise prescrivaient la foi et les Écritures comme voie d’accès à la vérité, les grands prêtres universitaires et autres experts rémunérés d’aujourd’hui prêchent l’irrationalité de la nature et de la société. Tout est censé se réduire à une expérience subjective immédiate – leur expérience subjective, bien sûr !

      Autrefois, les clercs prêchaient l’« ordre divin des choses », avec le roi au sommet, suivi des seigneurs féodaux et, en bas, des classes inférieures. Aujourd’hui, les grands prêtres du capital prêchent l’inviolabilité du capitalisme – du marché, de la propriété privée, de l’Etat-nation et tout le fumier moral qui en découle. Telle serait l’essence immuable de l’humanité.

      Par la force des choses, la philosophie bourgeoise s’est transformée en son contraire. Au lieu de faire émerger la vérité, son véritable objectif, comme celui de la religion officielle, des médias, des écoles, etc., est de dissimuler la vérité.

      La vérité est donc l’arme la plus importante de la classe ouvrière. Comme toutes les classes révolutionnaires avant lui, le salariat doit adopter une philosophie révolutionnaire consciente. C’est le seul moyen de comprendre le fonctionnement du capitalisme et la manière dont il peut être aboli...

  • En pleine crise de recrutement, le gouvernement Zelensky se prépare à mobiliser les prisonniers ukrainiens - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2024/03/13/lkwl-m13.html

    Les forces armées ukrainiennes, armées et soutenues par l’OTAN, luttent actuellement pour maintenir leur territoire face à l’avancée des forces russes dans la région du Donbass, dans un contexte de grave pénurie d’hommes et de munitions. À la suite de la perte par l’Ukraine de la ville stratégique d’Avdeevka le 17 février, les forces russes ont avancé 5 km plus à l’est.

    Comme l’a admis le Washington Post dans un article intitulé « Zelensky dans l’impasse sur la façon de recruter plus de troupes face à l’avancée des troupes russes », la question de la mobilisation « alimente de profondes divisions au sein du parlement ukrainien et plus largement dans la société ukrainienne ».

  • « Ce n’est pas non plus par solidarité : il y a belle lurette que le maniement des saloperies du Service Général, les belles et les laides paroles, les abus de confiance taularde, m’ont écœurée de pratiquer, ici, le scoutisme. Ce n’est pas non plus par amitié : l’amitié, qu’elle date de toujours ou de la semaine dernière, consiste à mon sens à laisser les amis se débattre tout seuls jusqu’au moment où on les voit perdre le cigare et commencer à faire des conneries ; mais je n’ai jamais envoyé mon amitié aux demandes d’emploi.
    Jane a l’air propre, je veux dire qu’elle n’a pas l’air enculé, mais c’est tout de même une cavette. Alors ?
    Quelque chose, tout à fait distinct de la sympathie sommaire que nous nous portons, me pousse à la ménager, à la préserver, comme si elle était une manifestation de ma chance, une gangue à ouvrir, quelqu’un en somme. »

    #solidarité #amitié #solitude #scoutisme

  • « L’algorithme de la #CAF conduit à un surcontrôle des populations les plus précaires » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/lalgorithme-de-caf-conduit-a-un-surcontrole-populations-plus-pr/00109069

    Fin novembre et début décembre, l’association La Quadrature du Net et le journal Le Monde ont chacun fait paraître une enquête sur l’utilisation du data mining (l’exploration de données) par les caisses d’allocations familiales (CAF), pour détecter les indus et les fraudes. Les deux enquêtes montrent que ce système, qui permet de scanner des milliers de données de 32 millions de personnes (les allocataires et leurs proches) et sur la base duquel sont déclenchés les contrôles, cible les plus pauvres, notamment les mères isolées.

    L’algorithme utilisé attribue un score de risque aux allocataires allant de 0 à 1. Plus on est proche de 1, plus on est exposé à la probabilité d’un contrôle. Parmi les critères pénalisants, le fait d’avoir changé de loyer plus de quatre fois en un an et demi, d’avoir un enfant à charge de 19 ans ou plus, ou encore de déclarer chaque trimestre ses ressources pour percevoir l’allocation adulte handicapé (AAH).

    • on sait _qui_ à pondu ledit algorithme, sur ordre de qui, et selon les specification de qui ? ou c’est secret défense ? (voire, secret défonce)

    • #Notation des allocataires : fébrile, la CAF s’enferme dans l’#opacité

      Alors que la contestation monte (voir ici, ici, ici ou ici) concernant son algorithme de notation des allocataires à des fins de #contrôle_social, la CAF choisit de se réfugier dans l’opacité tout en adaptant, maladroitement, sa politique de communication. Suite à son refus de communiquer le code source de son algorithme, nous avons saisi la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA).

      Comme nous l’expliquions ici, la CAF utilise depuis 2012 un algorithme de #profilage attribuant à chaque allocataire une note ou « #score_de_risque ». Construite à partir des centaines de données dont la CAF dispose sur chaque allocataire, cette note est ensuite utilisée pour sélectionner celles et ceux qui seront contrôlé·es.

      Cet algorithme symbolise l’étendue des #dérives de l’utilisation des outils numériques au service de politiques de contrôle social portées par des logiques policières de suspicion généralisée, de #tri et d’#évaluation continue de chacun de nos faits et gestes.

      Ici, comme c’est généralement le cas par ailleurs, ce tri cible les plus précaires. Les rares informations disponibles à ce sujet laissent apparaître que parmi les critères dégradant la note d’un·e allocataire, et augmentant ses chances d’être contrôlé·e, on trouve pêle-mêle : le fait de disposer de faibles revenus, d’habiter dans un quartier défavorisé, d’être une mère célibataire ou encore d’être né·e hors de France.

      Pour en avoir le coeur net, nous avons donc demandé à la CAF de nous communiquer le #code source de son algorithme1. Et sa réponse est affligeante2.

      Sortir de la précarité pour “tromper l’algorithme”

      Si la CAF a bien accepté de nous communiquer le code de l’algorithme… ce n’est qu’après avoir masqué la quasi-totalité des noms des variables comme on peut le voir sur l’illustration de cet article, qui est une photo de ce que la CAF nous a répondu.

      En d’autres termes, le fichier fourni nous permet simplement d’apprendre combien de #critères sont utilisés pour le calcul de la note des allocataires. Rien de plus. Ce qui n’empêche pas la CAF de préciser dans son courrier qu’elle espère que sa communication nous « permettra de comprendre le modèle »3.

      Les responsables de la CAF ont toutefois tenu à justifier le caviardage du fichier. Ces dernier·es précisent que le #code_source a été « expurgé des mentions qui, si elles étaient communiquées, pourraient donner des indications aux fraudeurs pour tromper l’algorithme »4. Et pour être tout à fait honnête, nous n’étions pas préparé·es à cette réponse.

      La CAF croit-elle vraiment que les critères liés à la #précarité (situation professionnelle instable, faibles revenus, logement situé dans un quartier défavorisé…) pourraient être modifiés par la seule volonté de l’allocataire ? Qu’afin d’augmenter leur note et de « flouer » l’algorithme, des millions d’allocataires pourraient décider, d’un coup, de sortir de la pauvreté ?

      Ce raisonnement frise l’#absurdité. A vrai dire, il est méprisant et insultant pour celles et ceux vivant des situations difficiles.

      Pire, le secrétaire général de la CAF entretient publiquement la confusion entre #fraudes et #erreurs de déclarations involontaires, prenant ainsi le risque de stigmatiser les personnes ciblées par l’algorithme, et ce, dans le seul but de justifier l’opacité de son institution.

      En réponse à un journaliste de Radio France5 l’interrogeant sur la réponse de la CAF à notre demande, il l’expliquait en disant qu’« il y a un certain nombre de données dont on pense que, si elles sont connues, peuvent nourrir des stratégies de contournement de personnes dont le but c’est de frauder le système ». Et d’ajouter : « Il faut que l’on ait un coup d’avance ».

      Faut-il donc lui rappeler que l’algorithme de la CAF n’est pas entraîné à détecter les fraudes mais les erreurs de déclaration, par définition involontaires6. Et que sa réponse pourrait donc être reformulée ainsi : « Nous ne communiquerons pas le code de l’algorithme de peur que les allocataires arrêtent de faire des erreurs ».

      De notre point de vue, cette réponse révèle l’ampleur de l’embarras des responsables de la CAF vis-à-vis de leur algorithme. Ils et elles ont peut-être en tête le scandale entourant un algorithme, en tout point similaire, de notation des allocataires ayant été utilisé aux Pays-Bas et dont les suites ont amené à la démission du gouvernement7 ?

      #Déni_de_justice

      Pire, cette opacité est aussi appliquée, à l’échelle individuelle, aux allocataires ayant été séléctionné·es par l’algorithme pour être controlé·es et qui chercheraient à obtenir des informations sur la raison de ce contrôle. Et ce, alors même que la loi prévoit que tout individu ayant fait l’objet d’une décision prise sur le fondement d’un traitement algorithmique (ici le fait d’être contrôlé) a le droit de connaître les données utilisées ainsi que les #paramètres de cet algorithme8. Ce qui signifie que les personnes ayant fait l’objet d’un contrôle9 sont censées avoir un droit d’accès plus étendu qu’une association comme la Quadrature.

      Nous avons pu consulter la réponse à la demande d’informations réalisée par une personne ayant été contrôlée sur la base de sa note. Le courrier, signé par le délégué à la protection des données de la CNAF, se contente de renvoyer l’allocataire à la page “Internet et Libertés” de la CAF.

      Sur cette page sont présents deux documents relatifs à l’algorithme de notation : un communiqué de la CAF et l’avis de la CNIL associé10. Aucun ne fournit d’informations sur les paramètres utilisés par l’algorithme, ni sur leur impact sur le score de risque.

      Cette réponse est un déni de justice pour celles et ceux ayant fait l’objet d’un contrôle déclenché algorithmiquement, l’opacité entretenue par la CAF les empếchant de contester juridiquement le bien-fondé du contrôle dont ielles ont fait l’objet.
      La discrimination : un savoir-faire à protéger

      Nous avions aussi demandé la liste des variables utilisées pour l’entraînement du modèle, c’est à dire sa phase de création. Cette question est importante car elle permet de comprendre l’étendue des données utilisées par l’algorithme. Et donc le degré d’intrusion dans la vie privée des allocataires que la construction d’un tel modèle nécessite.

      En effet, en mettant régulièrement en avant dans sa communication que son algorithme n’utilise « que » quelques dizaines de variables11, la CAF fait mine d’ignorer qu’elles sont le fruit d’une sélection qui nécessite l’analyse d’un nombre bien plus grand de variables au préalable12.

      Et la justification apportée par les responsables de la CAF est, là aussi, déconcertante. Ces dernier·es avancent que la communication de ces variables n’est pas possible car elles constituent un « savoir-faire »13. La CAF souhaiterait-elle monétiser son algorithme et le revendre à d’autres administrations ? Penserait-elle pouvoir équiper les équipes de contrôleurs.ses des institutions sociales du monde entier de son algorithme assimilant les plus précaires à de potentiel·le·s fraudeurs ou fraudeuses ?

      A défaut de réponse, nous nous en remettons à ce que, techniquement, tout·e data-scientist ferait pour entraîner un modèle le plus « précis » possible. Il suffirait de partir de l’intégralité des variables à sa disposition et, par itérations successives, décider lesquelles garder pour le modèle final. Dans cette hypothèse, ce serait alors la quasi-totalité des variables détenues par la CAF sur chaque allocataire qui serait utilisée pour l’entraînement de son modèle.

      Ceci serait cohérent avec un document publié en 2013 dans lequel un statisticien de la CAF que « les statisticiens chargés de la modélisation disposaient d’environ un millier d’informations par allocataire contrôlé » et que « la base d’apprentissage contient toutes les données habituelles des fichiers statistiques »14.
      Vingt ans de développement… et aucun compte-rendu de réunions

      Quant à notre demande relative aux documents internes (notes, comptes-rendus, échanges…) concernant le développement de l’algorithme, la CAF nous a tout simplement répondu qu’en presque 20 ans de travail aucune réunion technique n’a fait l’objet de compte-rendu…15

      Pour être tout à fait honnête, c’est une première dans l’histoire de nos demandes CADA.
      Le retour de l’alibi technique

      A ceci s’ajoute, depuis le début de l’année, la mise en place de ce qui apparaît comme une véritable communication de crise par l’institution autour de son algorithme. En juin 2022, la CAF a notamment publié un communiqué intitulé « Contrôle et datamining » dans lequel elle tente de répondre aux critiques soulevées par son algorithme16.

      A sa lecture, on prend toute la mesure du rôle d’alibi technique à une politique de contrôle discriminatoire que joue l’algorithme, ce que nous dénoncions déjà ici.

      L’algorithme y est décrit comme étant un objet purement scientifique dont le caractère politique est nié. Il est ainsi expliqué que la note des allocataires est le fruit d’une « démarche scientifique d’étude statistique […] menée par des experts » se fondant sur des critères « scientifiquement pondérés » ayant été sélectionnés « sur seuls critères statistiques ». Le secrétaire général de la CAF ajoute17 de son côté que cet outil serait un « miroir des situations statistiques » servant à identifier des « environnements de risques ».

      Ce faisant, les responsables de la CAF cherchent à nier leur responsabilité (politique) dans la conduite, et la validation, d’une politique de contrôle discriminatoire. Nul part n’apparaît que que si les erreurs se concentrent sur les plus précaires, c’est tout simplement parce qu’au fil des ans se sont multipliées les règles et contraintes encadrant l’accès aux minima sociaux, et ce, dans le seul but de restreindre leur accessibilité18.

      On mesure enfin l’impact des logiques gestionnaires appliquées aux institutions sociales. Logiques réduisant des millions de vies et d’histoires, à de simples notions statistiques, déshumanisantes, froides et vides de sens.
      Communication mensongère

      La deuxième partie du document est consacrée à un « Vrai/Faux » portant sur l’algorithme où transpire la malhonnêteté intellectuelle.

      A l’affirmation « Les scores de risques les plus élevés concernent toujours les plus pauvres », la CAF répond Faux car « les scores de risques sont calculés pour tous les allocataires ». Ce qui n’a tout simplement aucun sens…

      A la question « Les contrôleurs sont payés aux résultats », la CAF répond que ce serait faux, bien qu’elle admette que l’Etat lui fixe bien un objectif à atteindre en termes de détection de fraude. Ici encore, l’institution joue avec les mots. S’il est vrai que les contrôleurs.ses n’ont pas de « prime sur leurs résultats », ils et elles touchent un intéressement, tout comme l’ensemble du personnel de la CAF, dont le montant dépend bien de l’atteinte de ces objectifs de contrôle19.

      A la question « Plus de 1000 données concernant les allocataires sont utilisées dans le modèle de datamining des CAF », la CAF répond que seules une quarantaine seraient utilisées. Elle détourne ainsi la question puisque – comme expliqué ci-dessus – elle omet de dire que ces quarante variables sont sélectionnées après une phase d’entraînement du modèle qui nécessite l’utilisation, et le traitement, de plus de mille variables par allocataire20.

      Enfin, aux questions « Les contrôleurs de la Caf ont accès à toutes les infos qu’ils souhaitent à l’insu des allocataires », et « Les allocations sont suspendues pendant le contrôle », la CAF répond que non car « aucune demande n’est faite à d’autres administrations, sans en avoir averti auparavant l’allocataire, aucune procédure vis-à-vis d’un tiers n’est engagée à l’insu de celui-ci. » Et ajoute que, lors d’un contrôle, « les allocations ne sont pas suspendues ».

      Sur ces deux derniers points, nous vous invitons à lire les témoignages collectés par le Défenseur des Droits, les collectifs « Stop Contrôles », « Changer de Cap » et différentes associations de lutte contre la précarité21 qui alertent depuis des années sur les suspensions abusives d’allocations pendant les contrôles et les pratiques invasives (consultation des comptes bancaires, relevés d’électricité, analyse de l’adresse IP etc…) des contrôleurs·ses de la CAF à l’insu des allocataires.
      Fraude à enjeux et lutte contre le non-recours : des contre-feux médiatiques

      A ceci s’ajoute diverses annonces de la CAF participant à nourrir une stratégie de diversion médiatique autour de son algorithme de notation.

      Dans son dernier rapport annuel sur la « lutte contre la fraude », nulle référence n’est faite à l’algorithme alors que celui-ci était mis à l’honneur, en première page, l’année précédente. La CAF précisant au passage qu’il était loué par la Cour des Comptes et l’Assemblée Nationale.

      A sa place, la CAF a préféré cette année mettre en avant son équipe de contrôleur.ses dédiée à la « lutte contre la fraude à enjeux »22, c’est à dire des fraudes organisées (usurpation d’identités, faux documents, fraude au RIB) à grande échelle. Soit 30 agentes et agents qui d’après les dires de la CAF sont, ni plus ni moins, chargé·es de « protéger le système de sécurité sociale français des risques de pillage » et qui font rentrer la CAF dans « une nouvelle dimension de la lutte contre la fraude »23.

      A titre de comparaison, nous tenons à rappeler que ce sont pas moins de 700 contrôleuses et contrôleurs qui, guidé·es par son algorithme discriminatoire, sont chargé·es de traquer les moindre erreurs de déclaration faites par les plus précaires.

      Deuxième angle d’attaque : la mise en avant de l’utilisation d’algorithmes de profilage à des fins de lutte contre le non-recours24. Comme si l’application des techniques de profilage à des fins « positives » pouvait justifier leur application à des fins répressives. Sur ce sujet, la CAF omet pourtant de dire le plus important : depuis maintenant plus de 10 ans, elle a systématiquement favorisé l’application de ces techniques à des fins de contrôle plutôt que de lutte contre le non-recours.

      Ses équipes de « data-scientist » regrettaient dès 2013 que les techniques de profilage des allocataires soient uniquement utilisées à des fins de contrôle et non de lutte contre le non recours25. Cette réalité est rappelée dans un rapport de l’Assemblée Nationale daté de 2016 qui précise que « l’extension explicite de l’usage du data mining à d’autres fins, notamment celle de lutte contre le non-recours, était envisageable dès l’origine, mais cette possibilité a été écartée, au moins dans les premières années d’utilisation de cet outil »26. Il aura fallu attendre 2017 pour que la CAF commence à mener des expérimentations, et il semblerait qu’aujourd’hui le profilage contre le non-recours est limité à la prime d’activité et l’allocation de soutien familial27.

      Le sociologue Vincent Dubois ajoute que cette situation « interroge sur la réalité des slogans institutionnels “tous les droits rien que les droits” qui en fait est beaucoup plus tournée vers l’identification des indus, frauduleux ou non, que vers les cas de non-recours qui sont en fait beaucoup plus nombreux »28.

      En tout état de cause, l’histoire politique de l’utilisation par la CAF des techniques de profilage à des fins de lutte contre le non-recours ne semble pas très glorieuse.

      Ce dernier point interroge aussi sur le fantasme entretenu autour de l’automatisation de l’état social pour répondre aux problèmes sociaux. A l’heure où le gouvernement lance l’expérimentation d’un « RSA sous conditions », la mise en avant de solutions techniques pour lutter contre le non-recours dépolitise la question de l’accès aux droits. Tout en taisant les problèmes que génèrent, pour des millions de personnes, la dématérialisation des services publics.

      Enfin, la CAF a annoncé en grande pompe la nomination d’une médiatrice nationale chargée, entre autres, des questions de données personnelles à la CNAF29 en juin 2022. Parmi ses missions : « la protection des données et de la sécurité des usagers dans le cadre des systèmes d’information. » Et le communiqué accompagnant sa nomination ajoute qu’elle « sera également la référente nationale déontologie ». Nous serions plus que ravi·es d’entendre son avis sur l’algorithme de notation de la CAF.
      Lutter au-delà de la transparence

      La transparence que nous exigeons auprès de la CAF ne doit pas masquer le fond du problème. En un sens, ce que nous savons déjà de l’algorithme de cette institution, sans même avoir eu accès à son code, nous suffit à nous y opposer.

      La transparence n’est donc pas une fin en soi : c’est un moyen que nous souhaitons mobiliser pour mettre en lumière, et critiquer, un discours politique cherchant à légitimer la volonté de contrôle d’un appareil étatique via l’entretien d’un discours de suspicion généralisée et la stigmatisation de certaines catégories de la population.

      Volonté de contrôle qui, hélas, profite aujourd’hui de la puissance des outils numériques et de l’exploitation de nos données personnelles afin de toujours plus nous évaluer et, ainsi, nous trier.

      A l’heure où un nombre toujours plus grand d’institutions, sociales et policières, mettent en place de telles solutions de surveillance algorithmique, nous continuerons de les documenter et de faire ce que nous pouvons, à notre niveau, pour les contrer.

      Au côté des collectifs Stop Contrôles, Changer de Cap et de toutes les associations et collectifs de lutte contre la précarité qui font face, depuis des années, aux dérives du tout numérique et au développement sans limite des politiques de contrôle social, nous espérons que vous serez nombreux.ses à nous rejoindre.

      Enfin, nous ne doutons pas que ce sentiment d’injustice est partagé par la plupart des employé·es de la CAF. C’est pourquoi nous tenons à encourager celles et ceux qui, révolté·es par ces pratiques, pourraient nous aider à les documenter. Vous pouvez nous contacter par mail, téléphone, en venant nous rendre visite ou déposer de manière anonyme des documents sur notre SecureDrop. A l’heure où les responsables de la CAF font le choix de l’opacité, nous avons plus que jamais besoin de vous.

      https://www.laquadrature.net/2022/12/23/notation-des-allocataires-febrile-la-caf-senferme-dans-lopacite
      déjà sur seenthis (via @colporteur) :
      https://seenthis.net/messages/984668

      #algorithme #discrimination #mères_isolées #risque

    • C’est la réponse qui a toujours été faite aux syndicats qui réclament depuis des années les barèmes et algo pour pouvoir contester dans le cadre des TRÈS nombreuses erreurs de calcul.

      « gna gna gna, vous allez tricher ! ».

      Marrant comme on accuse toujours l’autre de ses propres turpitudes.

      Oui, des fois, les gens pourraient refuser une miette de boulot de merde qui va faire sauter tous leurs droits de manière disproportionnée et les foutre encore plus dans la merde. Oui, des fois, les gens pourraient s’organiser pour ne pas se retrouver dans une trappe à contrôle ou une situation encore plus dégradée.

      Oui, t’imagine ? Les gens pourraient juste faire valoir leurs droits si souvent déniés sans même avoir à avancer un début de justification.

      Et ils pourraient se rendre compte que ce n’est pas l’algo, mais bien un agent malintentionné qui a niqué leur dossier.

    • y aurait pas moyen de « retourner » (comme une chaussette) leur truc de la caf ? Genre, une expérience de science participative :-) on pourrait : 1./ demander que le "score" soit communiqué à chaque administré (e.g. via CNIL), 2./ collecter score et infos perso sur la base du volontariat, éventuellement en anonymisant les données, et 3./ faire un modèle « externe » avec ces données, le publier, et enfin 4./ s’en servir pour identifier les cas de non-recours (et au moins les compter)